Le cadre logique est un outil qui a été développé dans les années 1970 et utilisé depuis lors
par de nombreuses organisations de développement (USAID, EuropeAid, GIZ, DFID, DANIDA,
AFD,...).
Le cadre logique est un document qui synthétise sous forme de tableau (une matrice) toutes
les informations clés d'un projet: objectifs, résultats, activités, risques, programmation,
ressources. La méthode du cadre logique est la succession d'étapes et d'analyses qui va
permettre l'élaboration progressive de la matrice.
• une méthode de planification des projets ciblée sur les objectifs (gestion axée sur les
résultats)
• aide à définir les objectifs, facilite la conception, améliore l'exécution
• permet de résumer un projet
• implique une uniformisation des documents
• un support de communication entre les parties prenantes: bénéficiaires, bailleurs de
fonds, gestionnaires du projet
• un document dynamique qui s'enrichit à chaque étape de la vie du projet et reflète
son évolution
Avant et en vue d'élaborer le cadre logique, il va falloir passer par une phase d'analyse qui
comprend quatre étapes:
La manière dont les projets sont planifiés et réalisés suit un enchaînement répondant au nom
de cycle de projet. Le cycle débute par l'identification d'une idée et développe cette idée
pour en faire un plan de travail qui puisse être mis en oeuvre et évalué. Le cycle de projet
fournit une structure visant à garantir la consultation de toutes les parties prenantes et la
mise à disposition des informations pertinentes, afin de faciliter la prise de décisions
éclairées à chaque étape de la vie d'un projet. Le cycle de projet comporte six phases:
programmation, identification, instruction, financement, mise en oeuvre et évaluation.
Le cadre logique est élaboré pour décrire sur quatre niveaux la conception initiale du projet:
A chaque niveau correspondent des indicateurs spécifiques et pour le niveau "activités" des
moyens (type de ressources) et des coûts.
1ère colonne
La logique d'intervention
Chaque niveau doit permettre d'atteindre le niveau supérieur.
Pour les objectifs et résultats, la formulation décrit la situation souhaitée, l'état à atteindre
sous forme d'un verbe conjugué:
Ex: les jeunes créateurs d'entreprise ont accès au crédit
Pour les activités, on choisira un verbe à l'infinitif, un verbe d'action
Ex: mobiliser, former, financer
Se construit de haut en bas puis se relit de bas en haut afin de vérifier la cohérence.
2ème colonne
Les indicateurs objectivement vérifiables
Facteurs ou variables, de nature quantitatives ou qualitatives, qui constituent un moyen
simple et fiable de mesurer et d’informer des changements liés à l’intervention ou d’aider à
apprécier la performance d’un acteur du développement.
La pertinence des indicateurs est aussi fondamentale que celle des objectifs. Ceux-ci doivent
être bien pensés, SMART:
3ème colonne
Sources de vérification:
Quelles sont les sources d'information? D'où sont issues les données qui vont permettre de mesurer et
déterminer les indicateurs de la deuxième colonne?
4ème colonne
Hypothèses:
Facteurs externes qui, à chaque niveau de la première colonne peuvent influencer l'évolution
du projet
Gestion par les risques: quels sont les risques sur lesquels le projet n'a pas prise et qui
pourraient affecter l'atteinte des objectifs, des résultats, la mise en oeuvre des activités?
Les ressources humaines, matérielles et financières requises pour entreprendre les actions
programmées.
Source : IFAD Utiliser le suivi-évaluation pour une gestion orientée vers l’impact
Analyse des parties prenantes
L’analyse des parties prenante permet de synthétiser et de récapituler les informations sur
l’ensemble des personnes, groupes de personnes, organismes et institutions concernées d’une
manière ou d’une autre par le futur projet.
Il s’agit identifier tous les groupes pour qui le projet (éventuel) présente un intérêt
significatif; d’examiner leurs rôles respectifs, leurs différents intérêts, leur pouvoir et leur
capacité à participer, puis d’estimer le degré de collaboration ou de frictions potentielles entre
les différents acteurs, pour finalement intégrer les résultats de l'analyse à l’élaboration du
projet.
On distinguera :
Questions clés
• Analyse SWOT
• Diagrammes de Venn
• Graphiques en toile d'araignée
• Analyse systémique
Quels sont les problèmes rencontrés par les différents groupes cibles et bénéficiaires ?
L'ensemble des parties prenantes doit bien sûr participer à cet exercice en particulier les
futurs usagés du programme.
ITC/ILO
Exemple vierge
COOPAMI
Exemple 1
COOPAMI
Exemple 2
FAO
Exemple 3
Indaba
L'analyse des objectifs
Lors de cette troisième étape, il s'agira d'inverser les problèmes identifiés précédemment en
les reformulant par leur contraire. En envisageant des situations souhaitables mais néanmoins
réalistes: les objectifs.
On vérifie la cohérence entre les objectifs, la relation de cause à effet, chaque objectif doit
amener à la résolution du problème de niveau supérieur. Cette chaine logique doit être
retravailler jusqu'à obtenir un cohérence totale, quitte à écarter des objectifs non-réalistes.
Exemple illustré
Indaba
La démarche suivante est de confronter l'ensemble des solutions répertoriées à votre réalité et
à votre contexte.
Quelle est votre plus-value ? Quels sont vos moyens ? Quelle complémentarité avec d'autres
organisation déjà actives sur les champs identifiés ?
Il s'agit en quelque sorte du rendez-vous entre votre organisation, son objet, ses capacités, ses
spécificités et l'ampleur de la tâche à résoudre.
Le choix stratégique d'un objectif ou d'une famille d'objectif parmi l'ensemble qui avait été
détecté réinterroge l'ensemble du projet, sa cohérence globale. Faut-il se limiter à une famille
unique de solutions ou entreprendre des activités dans plusieurs familles?
Pour définir votre stratégie et donner une cohérence maximale à votre projet, il s'agira de
garder en tête l'ensemble des critères d'évaluation.
• Pertinence
• Cohérence
• Efficacité
• Efficience
• Impact
• Durabilité
Sans oublier vos usagers. Quelle stratégie permet d'atteindre votre public cible ou les
populations les plus vulnérables ?
L'analyse des stratégies et plus globalement la gestion de projet est comme une partie d'échec,
en plus complexe... L'ensemble des parties prenantes déplacent sans cesse des pièces sur
l'échiquier du projet et il s'agit d'anticiper le maximum de mouvements...
Exemple
Zewo
Le but d'une évaluation est d'analyser les effets d'un programme et de porter un jugement. Ce
jugement s'articule autour d'une palette de critères :
Cinq critères recommandés par le CAD font référence dans le domaine du développement :
• Pertinence
• Efficacité
• Efficience
• Impact
• Viabilité
Voir principes du CAD pour l'évaluation de l'aide au développement et Evaluer la coopération pour
le développement - récapitulatif des normes et standards de référence - Partie 2
• La pertinence
Mesure selon laquelle les objectifs de l’action correspondent aux attentes des bénéficiaires et aux
besoins du territoire. La pertinence concerne la valeur ajoutée du projet. Sa mise en oeuvre est-elle
motivée?
La pertinence d’un projet repose principalement sur sa conception. Elle concerne la mesure dans
laquelle les objectifs envisagés par le projet répondent correctement aux problèmes
identifiés ou aux besoins réels. La pertinence doit être évaluée tout au long du cycle du projet.
Dans l’hypothèse où des changements se produiraient tant au niveau des problèmes initialement
identifiés, que du contexte (physique, politique, économique, social, environnemental ou
institutionnel), une mise au point ou une nouvelle orientation devrait être donnée. La pertinence
concerne l’adéquation du projet avec les problèmes à résoudre à deux moments donnés :
lors de sa conception et lors de son évaluation.
• L’efficacité
L'efficacité décrit la réalisation des objectifs. C’est la comparaison entre les objectifs fixés au départ
et les résultats atteints : d’où l’importance d’avoir des objectifs clairs au départ. L’intérêt est de
mesurer des écarts et de pouvoir les analyser.
• L'efficience
L'efficience concerne l’utilisation rationnelle des moyens à disposition et vise à analyser si les
objectifs ont été atteints à moindre coût (financier, humain et organisationnel).
Le critère d’efficience mesure la relation entre les différentes activités, les ressources disponibles, et
les résultats prévus. Cette mesure doit être quantitative, qualitative et doit également porter sur la
gestion du temps et du budget. La question centrale que pose le critère d’efficience est "le projet a-t-
il été mis en oeuvre de manière optimale ?" Il pose la question de la solution économique la plus
avantageuse. Il s’agit donc de voir si des résultats si des résultats similaires auraient pu être
obtenus par d’autres moyens, à un coût moins élevé et dans les mêmes délais.
• L'impact
L’étude de l’impact mesure les retombées de l'action à moyen et long terme, c’est l'appréciation de
tous les effets, du projet sur son environnement, effets aussi bien positifs que négatifs, prévus ou
imprévus, sur le plan économique, social, politique ou écologique. C’est l’ensemble des
changements significatifs et durables dans la vie et l’environnement des personnes et des groupes
ayant un lien de causalité direct ou indirect avec le projet.
L'impact porte sur les relations entre le but (ou l’objectif spécifique) et les objectifs globaux du projet.
En d’autres termes, l’impact mesure si les bénéfices reçus par les destinataires ciblés ont eu un
effet global plus large sur un plus grand nombre de personnes dans le secteur, la région ou le pays
dans son ensemble. Cette analyse devra dans la mesure du être aussi bien quantitative que
qualitative.
• La durabilité (pérennité, viabilité)
Le cinquième critère, la durabilité (ou encore pérennité ou viabilité), vise à savoir si les effets du
programme perdureront après son arrêt. C'est l'analyse des chances que les effets positifs de
l'action se poursuivent lorsque l'aide extérieure aura pris fin. La viabilité, permet de déterminer si les
résultats positifs du projet (au niveau de son objectif spécifique) sont susceptibles de perdurer une
fois taris les financements externes.Viabilité financière mais aussi opportunité de reproduire ou
généraliser le programme à plus grande échelle.
Ces critères sont spécifiques aux objectifs poursuivis par l'UE et à son identité mais
leurs sens peuvent être réintroduits dans une palette de critères plus vaste, voir
notamment dans la liste ci-dessous :
- cohérence externe/complémentarité
- cohérence interne/valeur ajoutée institutionnelle
Autres critères
Des critères supplémentaires sont à inclure suivant le type du projet. Les termes de
référence devront définir sur quels critères porte l’évaluation. Les questions
évaluatives viendront par la suite préciser des problématiques spécifiques au sein
de chaque critère sélectionné.
Exemple de critères :
• La cohérence externe/complémentarité
• La cohérence interne :
Quelle adéquation entre le projet et l'objet de l'organisation qui le porte ? Quelle adéquation entre les valeurs
affichées en externe et le mode de gouvernance effective de la structure ?
• La couverture:
• L’utilité:
Quel est l’apport du projet, quels bénéfices en tirent les bénéficiaires ? La société
en général ?
• La faisabilité :
• L’organisation:
• Evaluation ex-ante
• Evaluation à mi-parcours
Permet de réorienter l'action. Peut être mise en œuvre pour vérifier, au milieu du cycle du
projet, si les besoins sont toujours présents, si la gestion du programme se déroule comme
prévu ou nécessite une amélioration et pour analyser éventuellement les premiers effets du
programme.
• Evaluation finale
• Evaluation ex-post
Après l'arrêt du programme, se situe nettement après la clôture de l'action et
s'intéresse aux effets à moyen ou long terme (impacts).
Evaluation effectuée tout au long du déroulement d’une politique, d’un programme, d’une
action.
• l'auto-évaluation
Réalisée par une ou plusieurs personnes directement impliquées dans l'action évaluée.
• l'évaluation interne
Effectuée par un agent relevant de la structure responsable de l'action mais n'ayant pas été
impliqué dans la conception ou la mise en oeuvre de celle-ci.
• l'évaluation externe
Glossaire
source: CAD/OCDE - glossaire des principaux termes relatifs à l’évaluation et la gestion
axée sur les résultats
Évaluation participative
Méthode d’évaluation selon laquelle les représentants des agences d’aide et des autres parties
prenantes (y compris les
bénéficiaires) collaborent pour concevoir et conduire une évaluation et en tirer les
conclusions.
Auto-évaluation
Évaluation réalisée par ceux qui ont la responsabilité de concevoir et de mettre en oeuvre
une action de développement.
Bénéficiaires
Individus, groupes ou organisations qui bénéficient de l’action de développement,
directement ou non, intentionnellement ou non.
Finalité
Objectif global vers lequel l’action de développement doit contribuer.
Redevabilité
Obligation de rendre compte du fait que le travail a été conduit selon les règles et les normes
convenues, ou obligation de rendre compte de façon claire et impartiale sur les résultats et la
performance, au regard du mandat et/ou des objectifs fixés. Cela peut exiger une
démonstration précise, voire juridique, que le travail a été accompli selon les termes du
contrat.
Effet
Changement escompté ou non, attribuable directement ou indirectement à une action.
Termes connexes : résultats, réalisation.
Pertinence
Mesure selon laquelle les objectifs de l’action de développement correspondent aux attentes
des bénéficiaires, aux besoins
du pays, aux priorités globales, aux politiques des partenaires et des bailleurs de fonds.
Efficience
Mesure selon laquelle les ressources (fonds, expertise, temps, etc.) sont converties en
résultats de façon économe.
Impacts
Effets à long terme, positifs et négatifs, primaires et secondaires, induits par une action de
développement, directement ou non, intentionnellement ou non.
Viabilité (Pérennité, durabilité)
Continuation des bénéfices résultant d’une action de développement après la fin de
l’intervention. Probabilité d’obtenir des bénéfices sur le long terme. Situation par laquelle les
avantages nets sont susceptibles de résister aux risques.
Indicateur
Facteur ou variable, de nature quantitatif ou qualitatif, qui constitue un moyen simple et
fiable de mesurer et d’informer des changements liés à l’intervention ou d’aider à apprécier
la performance d’un acteur du développement.
Hypothèses
Suppositions déduites de facteurs ou de risques pouvant avoir des répercussions sur le
progrès ou le succès de l’action de développement.
Extrant (Produit)
Biens, équipements ou services qui résultent de l’action de développement. Le terme peut
s’appliquer à des changements
induits par l’action qui peuvent conduire à des effets directs.
Triangulation
Utilisation d’au moins trois théories, sources ou types d’informations, ou démarches
d’analyse, pour vérifier et soutenir une appréciation ou un point de vue.
Validité
Disposition selon laquelle les stratégies et les instruments de collecte d'information
permettent de mesurer ce qu'ils sont censés mesurer.
Processus visant à doter les individus, groupes, organisations et sociétés des aptitudes
techniques, des comportements, des relations et des valeurs propres à leur permettre
d’améliorer leur performance et de réaliser leurs objectifs de développement au fil du temps.
Il faut divers types d’interventions pour créer des capacités car le processus comporte
différentes étapes. Il consiste notamment à renforcer les procédures, systèmes et règles qui
régissent les comportements et les performances individuels et collectifs dans toute action de
développement, ainsi que l’aptitude et la volonté des uns et des autres à jouer de nouveaux
rôles en matière de développement et à s’adapter à de nouvelles exigences et situations. On
parle aussi de consolidation ou de renforcement des capacités.
Distorsion (Bias)
Terme se référant au contexte statistique. Représentation inexacte qui produit une erreur
systématique dans les constatations tirées d’une recherche. La déformation peut aboutir
à surestimer ou sous-estimer certaines caractéristiques de la population considérée. Elle peut
résulter d’une information incomplète ou de méthodes incorrectes de collecte des données et
peut être intentionnelle ou
non.
Rétro-information (Feedback)
Transmission, sous une forme appropriée, des conclusions des activités de suivi et
d’évaluation pour diffusion aux utilisateurs en vue d’améliorer la gestion des programmes, la
prise des décisions et les connaissances au sein de l’organisation. La rétro-information
provient du suivi et des activités d’évaluation et peut comprendre des résultats, des
conclusions, des recommandations et des enseignements tirés de l’expérience.
Théorie-programme (Programme theory)
Méthode de planification et d’évaluation des interventions pour le développement. Elle
consiste à étudier systématiquement les liens existant entre les activités, les produits, les
effets directs, l’impact et le contexte des interventions. Elle indique d’emblée comment
les activités mèneront aux produits, aux effets directs et à l’impact escompté à long terme et
identifie les conditions qui, dans le contexte, pourraient influer sur la réalisation des
résultats.
Définitions
• « évaluer une politique, c'est reconnaître et mesurer ses effets propres » Rapport du
Plan (rapport Deleau 1985)
• « évaluer une politique, c'est former un jugement sur sa valeur » Rapport Viveret,
1989