Vous êtes sur la page 1sur 15

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités.

Année universitaire 2021-2022

SÉANCE 2 : LES NÉGOCIATIONS ET LA PHASE PRÉCONTRACTUELLE

Points sensibles :
* La liberté de négocier et son encadrement ;
* La dif culté de dé nir le devoir de bonne foi ;
* La dif culté à cerner la hauteur du préjudice ;
* L’obligation d’information et son périmètre (cette notion sera à mettre en lien avec la séance
sur les vices du consentement) ;
* Le devoir de con dentialité et son ef cacité.

I. La liberté de négocier et ses limites

Document n° 1 : Cass. Com., 7 janvier 1997, n° 94-21.561


Document n° 2 : Cass. Com., 26 novembre 2003, Bull. Civ. IV, n° 186
Document n° 3 : Cass. Civ. 3ème, 31 mai 2018, n° 17-17.539
Document n° 4 : Cass. Com., 13 octobre 2009, n° 08-16.634
Document n° 5 : Article 1112 du Code civil

II. L’obligation d’information

Document n° 6 : Cass. Civ. 1ère, 3 mai 2000, Bull. Civ. I, n° 131


Document n° 7 : Cass. Civ. 3ème, 17 janvier 2007, Bull. Civ. III, n° 5
Document n° 8 : Article 1112-1 du Code civil
Document n° 9 : Cass. Civ. 1ère, 10 avril 2019, n° 18-14.987 (publication au bulletin à venir)

III. Le devoir de con dentialité

Document n° 10 : Cass. Com., 3 octobre 1978, Bull. Civ. IV, n° 208


Document n° 11 : Article 1112-2 du Code civil

IV. Exercice : Cas pratique

Page 1 sur 15

fi
fi

fi
fi
fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

I. La liberté de négocier et ses limites

Document n°1 : Cass. Com., 7 janvier 1997, n° 94-21.561.

Sur le moyen unique pris en ses deux branches :

Attendu, selon les énonciations de l'arrêt attaqué (Paris, 16 septembre 1994), qu'en décembre
1990, la société Eurolocatique, spécialisée dans l'ingénierie en matière de crédit-bail et de
location et la Banque franco-allemande qui se proposait de créer un département de crédit-bail
au sein de ses services, sont entrées en relations en vue d'un contrat de collaboration; que durant
une année, des réunions se sont tenues, la société Eurolocatique a effectué des études et a
présenté trois projets de contrat à la Banque franco-allemande qui a nalement indiqué qu'elle ne
donnait pas suite au projet; que la société Eurolocatique a assigné la Banque franco-allemande en
paiement de la facture représentant le temps consacré à l'étude;

Attendu que la Banque franco-allemande fait grief à l'arrêt de l'avoir condamnée au paiement de
la somme de 180 000 francs à titre de dommages-intérêts, alors, selon le pourvoi, d'une part, que
la responsabilité de l'auteur de la rupture de pourparlers, ne peut être retenue que si celui-ci a fait
preuve d'une volonté de nuire en poursuivant ces pourparlers ou a agi avec mauvaise foi au cours
de la négociation en abusant de son droit de rompre les pourparlers ; qu'en l'espèce l'arrêt s'est
borné à relever qu'elle avait fait part tardivement à la société Eurolocatique de l'impossibilité
pour elle d'acquérir un portefeuille de contrats de crédit-bail tandis que la société Eurolocatique
lui avait communiqué son savoir-faire et avait procédé à des études détaillées utiles à celle-ci, tout
en constatant expressément qu'il n'était pas établi que, par une quelconque manoeuvre, elle ait
sollicité de telles informations; qu'ainsi, en retenant néanmoins sa responsabilité, sans relever
aucun fait de nature à établir son intention de nuire ou à tout le moins sa mauvaise foi, dans la
conduite des pourparlers, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article
1382 du Code civil ;

et alors, d'autre part, que les juges du fond ne mettent pas la Cour de Cassation en mesure
d'exercer son contrôle lorsque leur décision s'appuie sur des documents soumis au débat
contradictoire qui ne sont pas exactement désignés et qui ne sont pas analysés, même de façon
sommaire; qu'ainsi, en fondant son arrêt sur "trois propositions" émanant de la société
Eurolocatique ainsi que sur des "modi cations" sollicitées par elle, sans identi er ni analyser ces
prétendues propositions et modi cations, la cour d'appel a violé les articles 455 et 458 du
nouveau Code de procédure civile;

Page 2 sur 15


fi

fi

fi
fi
Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

Mais attendu, d'une part, qu'après avoir retenu que les pourparlers entre les deux sociétés
s'étaient déroulés pendant une longue période, et que des contacts prolongés avaient été
volontairement maintenus pour parvenir au projet nal en demandant qu'il soit apporté des
modi cations aux trois propositions élaborées par la société Eurolocatique, et que la Banque
franco-allemande avait, sans explication, refusé ces trois propositions et, sans motif légitime,
rompu brutalement les pourparlers, la cour d'appel justi e ainsi légalement sa décision en
déduisant de ces constatations que la banque franco-allemande a eu un comportement fautif;

Et attendu, d'autre part, qu'en constatant l'existence de trois propositions et des modi cations y
apportées, sur le contenu desquelles elle n'était pas appelée à se prononcer et dont le caractère
sérieux n'était pas contesté, la cour d'appel a mis la Cour de Cassation en mesure d'exercer son
contrôle sur l'abus du droit de la Banque franco-allemande de rompre les pourparlers ;

D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n°2 : Cass. Com., 26 novembre 2003, Bull. Civ. IV, n° 186

Sur le moyen unique du pourvoi formé par les consorts X..., pris en ses deux branches :

Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt de les avoir condamnés à payer à la société Alain
Manoukian la somme de 400 000 francs à titre de dommages-intérêts alors, selon le moyen :

1 / que la liberté contractuelle implique celle de rompre les pourparlers, liberté qui n'est limitée
que par l'abus du droit de rompre qui est une faute caractérisée par le fait de tromper la
con ance du partenaire ; que la cour d'appel, qui n'a relevé aucun élément à la charge du cédant
de nature à caractériser un tel comportement, contraire à la bonne foi contractuelle, a privé sa
décision de toute base légale au regard des articles 1382 et 1383 du Code civil ;

2 / que celui qui prend l'initiative de pourparlers en établissant une proposition d'achat de la
totalité des actions d'une société, soumise à plusieurs conditions suspensives affectées d'un délai
de réalisation, et qui ne manifeste aucune diligence pour la réalisation de ces conditions, ne
saurait imputer à faute la rupture par son partenaire des pourparlers, après l'expiration de ce
délai, de sorte que la cour d'appel, en statuant comme elle l'a fait, a violé les articles 1382 et 1383
du Code civil ;

Page 3 sur 15
fi

fi

fi
fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

Mais attendu, d'une part, qu'après avoir relevé, d'un côté, que les parties étaient parvenues à un
projet d'accord aplanissant la plupart des dif cultés et que la société Alain Manoukian était en
droit de penser que les consorts X... étaient toujours disposés à lui céder leurs actions et, d'un
autre côté, que les actionnaires de la société Stuck avaient, à la même époque, conduit des
négociations parallèles avec la société Les complices et conclu avec cette dernière un accord dont
ils n'avaient informé la société Alain Manoukian que quatorze jours après la signature de celui-ci,
tout en continuant à lui laisser croire que seule l'absence de l'expert-comptable de la société
retardait la signature du protocole, la cour d'appel a retenu que les consorts X... avaient ainsi
rompu unilatéralement et avec mauvaise foi des pourparlers qu'ils n'avaient jamais paru
abandonner et que la société Alain Manoukian poursuivait normalement ; qu'en l'état de ces
constatations et appréciations, la cour d'appel a légalement justi é sa décision ;

Et attendu, d'autre part, que la cour d'appel ayant relevé, par un motif non critiqué, que les
parties avaient, d'un commun accord, prorogé la date de réalisation des conditions suspensives, le
moyen pris de la circonstance que la rupture des pourparlers aurait été postérieure à cette date
est inopérant ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

Sur le premier moyen du pourvoi formé par la société Alain Manoukian:

Attendu que la société Alain Manoukian fait grief à l'arrêt d'avoir limité à 400 000 francs la
condamnation à dommages-intérêts prononcée à l'encontre des consorts X... alors, selon le
moyen, que celui qui rompt brutalement des pourparlers relatifs à la cession des actions d'une
société exploitant un fonds de commerce doit indemniser la victime de cette rupture de la perte
de la chance qu'avait cette dernière d'obtenir les gains espérés tirés de l'exploitation dudit fonds
de commerce en cas de conclusion du contrat ; qu'il importe peu que les parties ne soient
parvenues à aucun accord ferme et dé nitif ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté que les
consorts X... avaient engagé leur responsabilité délictuelle envers la société Alain Manoukian en
rompant unilatéralement, brutalement et avec mauvaise foi les pourparlers qui avaient eu lieu
entre eux au sujet de la cession des actions de la société Stuck exploitant un fonds de commerce
dans le centre commercial Belle Epine ; qu'en estimant néanmoins que le préjudice subi par la
société Alain Manoukian ne pouvait correspondre, du seul fait de l'absence d'accord ferme et
dé nitif, à la perte de la chance qu'avait cette société d'obtenir les gains qu'elle pouvait espérer
tirer de l'exploitation du fonds de commerce et en limitant la réparation du préjudice subi par la
société Alain Manoukian aux frais occasionnés par la négociation et aux études préalables qu'elle
avait engagées, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;

Page 4 sur 15
fi


fi
fi
fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

Mais attendu que les circonstances constitutives d'une faute commise dans l'exercice du droit de
rupture unilatérale des pourparlers précontractuels ne sont pas la cause du préjudice consistant
dans la perte d'une chance de réaliser les gains que permettait d'espérer la conclusion du contrat ;

Attendu que la cour d'appel a décidé à bon droit qu'en l'absence d'accord ferme et dé nitif, le
préjudice subi par la société Alain Manoukian n'incluait que les frais occasionnés par la
négociation et les études préalables auxquelles elle avait fait procéder et non les gains qu'elle
pouvait, en cas de conclusion du contrat, espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce ni
même la perte d'une chance d'obtenir ces gains ; que le moyen n'est pas fondé ;

Et sur le second moyen du même pourvoi :

Attendu que la société Alain Manoukian fait encore grief à l'arrêt d'avoir mis hors de cause la
société Les Complices alors, selon le moyen, que le seul fait pour l'acquéreur de garantir par
avance le vendeur de toute indemnité en cas de rupture des pourparlers auxquels ce dernier
aurait pu se livrer avec un tiers antérieurement constitue une faute dont l'acquéreur doit
réparation envers la victime de la rupture des pourparlers dès lors qu'une telle garantie constitue
pour le vendeur, et pour le pro t de l'acquéreur, une incitation à rompre brutalement des
pourparlers, fussent-ils sur le point d'aboutir, sans risque pour lui ; qu'en l'espèce, la cour d'appel
a constaté qu'aux termes de la convention de cession liant les consorts X... à la société Les
complices, celle-ci s'était engagée à garantir les vendeurs de toute indemnité que ceux-ci seraient
éventuellement amenés à verser à un tiers pour rupture abusive des pourparlers ; qu'en
considérant néanmoins que la société Les complices, dont les juges du fond ont constaté qu'elle
avait pro té des manoeuvres déloyales commises par les consorts X... à l'encontre de la société
Alain Manoukian, n'avait commis aucune faute envers la société Alain Manoukian, victime de la
rupture brutale des pourparlers qu'elle avait engagés avec les consorts X..., peu important qu'il
n'ait pas été démontré que la société Les complices avait eu connaissance de l'état d'avancement
de ces pourparlers, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;

Mais attendu que le simple fait de contracter, même en connaissance de cause, avec une personne
ayant engagé des pourparlers avec un tiers ne constitue pas, en lui-même et sauf s'il est dicté par
l'intention de nuire ou s'accompagne de manoeuvres frauduleuses, une faute de nature à engager
la responsabilité de son auteur ;

Attendu qu'ayant relevé que la clause de garantie insérée dans la promesse de cession ne suf sait
pas à établir que la société Les Complices avait usé de procédés déloyaux pour obtenir la cession
des actions composant le capital de la société Stuck, ni même qu'elle avait une connaissance

Page 5 sur 15

fi

fi

fi
fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

exacte de l'état d'avancement des négociations poursuivies entre la société Alain Manoukian et les
cédants et du manque de loyauté de ceux-ci à l'égard de celle-là, la cour d'appel a exactement
décidé que cette société n'avait pas engagé sa responsabilité à l'égard de la société Alain
Manoukian, peu important qu'elle ait en dé nitive pro té des manoeuvres déloyales des consorts
X... ; que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE les pourvois ;

Document n° 3 : Cass. Civ. 3ème, 31 mai 2018, n° 17-17.539

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 3 mars 2017), que, les 14 et 15 décembre 2005, la SCI
Résidence Excalibur (la SCI) a donné à bail commercial à la société BGP Alliance (la société
BGP), devenue les Jardins d'Hermine, des locaux à usage de résidence pour personnes âgées ;
que, le 17 septembre 2007, la SCI a vendu l'immeuble à la société Bail entreprise qui a conclu un
contrat de crédit-bail immobilier avec la société Foncière de l'Ouest ; que la société BGP et la
société Foncière de l'Ouest, projetant ensemble, la première d'augmenter la capacité d'accueil de
l'établissement et la seconde de réaliser des travaux d'extension du bâtiment, ont parallèlement
mené des négociations en vue de la conclusion d'un nouveau bail ; que, le 18 février 2010, en
l'absence d' accord et à la suite du départ des lieux de la société locataire, la société bailleresse l'a
assignée en paiement de dommages et intérêts pour rupture fautive des pourparlers ; que, le 15
octobre 2010, la société Le Noble Age a acquis les actions de la société BGP ; que, le 30 avril
2012, la société Foncière de l'Ouest l'a appelée en garantie ;

Attendu que la société Foncière de l'Ouest fait grief à l'arrêt de rejeter ses demandes ;

Mais attendu qu'ayant relevé qu'à aucun moment, les parties n'avaient pu s'accorder sur les
clauses du bail devant les lier, notamment sur le montant du loyer et ses modalités de calcul, que,
si les pourparlers s'étaient poursuivis pendant trois ans, ils n'avaient abouti qu'à des ébauches de
projets de bail, élaborées en 2008 et 2009, que la société locataire n'avait pas souhaité naliser,
allant jusqu'à refuser de signer le projet établi par notaire le 27 juillet 2009, la cour d'appel, qui
n'était tenue de procéder, ni à des recherches sur la bonne foi de la société BGP et sur l'existence
d'un motif légitime de rupture que ses constatations rendaient inopérantes, ni à une recherche
sur le défaut d'information de l'intention de rompre les négociations qui ne lui était pas
demandée, a pu retenir qu'aucune faute n'était caractérisée à la charge de la société BGP, qui
n'avait fait qu'user de la liberté qu'elle avait, à ce stade des négociations, de ne pas contracter ;

Page 6 sur 15


fi

fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi (…)

Document n° 4 : Cass. Com., 13 octobre 2009, n° 08-16.634

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 8 avril 2008), que la société Advent, société de gestion de
fonds d'investissement, a engagé, en avril 2004, avec les actionnaires du groupe de sociétés Idex
dont M. et Mme Alain X... (les consorts X...) des négociations en vue du rachat des actions des
sociétés de ce groupe et a formalisé, le 8 juillet 2004, une offre d'acquisition ; que les parties ont
convenu une période d'exclusivité totale expirant le 31 juillet 2004 et une période d'exclusivité de
signature expirant le 31 août 2004, prorogée au 17 septembre 2004 ; qu'après réunions et
échanges de projets entre équipes et conseils, les parties ont décidé de tenir une réunion xée au
10, puis au 17, et en n au 20 septembre 2004, au cours de laquelle tous les points de désaccords
subsistants devaient être résolus ; que, le 19 septembre 2004, M. Alain X... a demandé à la
société Advent de préciser certains points ; que le 20 septembre, les vendeurs ont refusé de tenir
la réunion et ont demandé à la société Advent sa position nale sur les points en suspens ; que
cette dernière a adressé, le 21 septembre, une nouvelle offre en prévision de la réunion du 27,
traduisant des concessions de sa part sur les questions encore en discussion ; que, le 24 septembre
2004, les consorts X... ont indiqué par téléphone qu'ils mettaient n aux négociations et ont
annulé la réunion du 27; que les vendeurs ont trouvé quelques jours plus tard un accord avec un
autre fonds d'investissement qui a été concrétisé avant la n de l'année 2004 ; que la société
Advent a assigné les consorts X... en réparation du préjudice résultant de la rupture fautive des
pourparlers ;

Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt d'avoir retenu un manquement à l'obligation de
bonne foi dans la conduite des pourparlers et de les avoir condamnés à réparer le préjudice subi,
alors selon le moyen :

1°/ que la partie à qui une convention est proposée est toujours libre de ne pas la souscrire ;
qu'hormis le cas où elle est tenue par un engagement antérieur, elle n'est pas tenue de justi er sa
décision, qui est discrétionnaire ; que la cour d'appel constate qu'à l'époque où les consorts X...
ont refusé les dernières offres de la société Advent International Corporation, soit le 24
septembre 2004, les engagements d'exclusivité et de bonne foi qu'ils avaient contractés le 9 juillet
2004, et qui sont venus à leur terme le 17 septembre 2004 à 19 heures, étaient caducs ; qu'en leur
reprochant, dans ces conditions, d'avoir fait volte-face et d'avoir mis brutalement n à des

Page 7 sur 15


fi

fi
fi
fi
fi
fi
fi
Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

pourparlers qu'ils étaient libres de rompre à leur gré, sans déduire de raison ou de motif, la cour
d'appel a violé le principe de la liberté contractuelle, ensemble l'article 1382 du code civil ;

2°/ que les conventions tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ; qu'en reprochant à M. Alain
X... de n'avoir pas informé la société Advent International Corporation, au cours des
négociations qu'il conduisait avec elles, de son intention de ne pas contracter, quand elle constate
qu'il était tenu, jusqu'au 31 juillet 2004, à minuit, par une exclusivité totale lui interdisant de
nouer des relations ou d'engager des pourparlers avec quiconque, et jusqu'au 17 septembre 2004
à 19 heures, par une exclusivité partielle lui interdisant de conclure ou de s'engager à traiter avec
autrui, ainsi que, du 9 juillet au 17 septembre 2004, par une obligation contractuelle de bonne
foi, la cour d'appel, qui souligne que la rupture s'est produite le 24 septembre 2004, c'est-à-dire :
une semaine seulement après l'échéance du terme auquel les obligations d'exclusivité et de bonne
foi se trouvaient soumises, a violé le principe de la liberté contractuelle et l'article 1382 du code
civil ;

3°/ que les conventions tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ; que la cour d'appel, qui
énonce que M. Alain X... a pris, «au cours des négociations», la décision de ne pas traiter,
n'indique pas à quelle date exactement cette décision a été prise ; qu'elle ne dit pas si M. Alain
X... a décidé de rompre à une époque où il était contractuellement tenu de se conformer à une
obligation d'exclusivité ou à une obligation de bonne foi ; qu'en n'indiquant pas la date à laquelle
M. Alain X... a pris la décision de rompre, circonstance décisive pour quali er la faute qu'elle
impute aux consorts X..., la cour d'appel a violé le principe de la liberté contractuelle et l'article
1382 du code civil ;

4°/ que la réparation allouée à la victime a pour mesure nécessaire le dommage qu'elle a subi ;
qu'en allouant à la société Advent International Corporation une indemnité liquidée sur le pied
des frais inutiles qu'elle a exposés, sans préciser la date à laquelle M. Alain X... aurait pris la
décision de ne pas traiter et, ce faisant, conduit la société Advent International Corporation à
exposer des frais inutiles, la cour d'appel a violé le principe indemnitaire, ensemble l'article 1382
du code civil ;

Mais attendu, en premier lieu, que l'arrêt relève par motifs adoptés que le refus par les vendeurs
de tenir de véritables réunions de négociations pour tenter de résoudre les dernières dif cultés
coïncide avec la reprise, n août 2004, de négociations avec un autre fonds d'investissement et le
choix de M. Alain X... d'une solution dans laquelle, loin de vendre ses titres, il en faisait apport et
conservait un rôle de dirigeant ; qu'il retient encore, par motifs propres, que la rupture des
pourparlers trouve une explication dans le choix fait par M. Alain X... pendant le cours des
négociations, et dont il n'a pas informé la société Advent, de refuser la solution proposée par cette

Page 8 sur 15

fi
fi

fi
Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

dernière, à la n du mois de juillet 2004, quant à son rôle opérationnel au sein du groupe après la
cession de celui-ci, à savoir la présidence du conseil de surveillance et d'un "comité stratégique"
mais non celle du directoire et quant aux conditions nancières de son intéressement et de
donner la préférence à une solution dans laquelle il faisait apport de ses titres à une nouvelle
société détentrice du contrôle du groupe Idex et conservait ses fonctions de dirigeant, tout en
prolongeant les pourparlers avec la société Advent alors même qu'il n'avait plus l'intention de
contracter ; qu'il relève en n que les discussions se sont poursuivies à la demande des vendeurs
après le 17 septembre 2004 ; qu'ayant ainsi fait ressortir que les consorts X... avaient brutalement
rompu les négociations sans motif légitime après avoir laissé croire à la société la conclusion
proche du contrat, la cour d'appel, qui n'était pas tenue de faire la recherche inopérante de la
date à laquelle M. X... avait pris la décision de rompre, n'a pas violé le principe de la liberté
contractuelle ;

Et attendu, en second lieu, que l'arrêt retient que, si les manquements à leur obligation de bonne
foi caractérisés à l'encontre des consorts X... n'avaient pas été commis, une partie des très
importants frais liés au travail qu'elle a accompli et aux études et prestations qui lui ont été
facturées par ses conseils et qu'elle a, sans imprudence de sa part, exposées en vue de conduire à
bonne n ses négociations avec les actionnaires d'Idex, la cour d'appel a respecté le principe de la
réparation intégrale du préjudice subi ;

D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS: REJETTE le pourvoi (…)

Document n° 5 : Article 1112 du Code civil

«  L’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles sont libres. Ils


doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi.
En cas de faute commise dans les négociations, la réparation du préjudice qui en résulte ne peut
avoir pour objet de compenser ni la perte des avantages attendus du contrat non conclu, ni la
perte de chance d'obtenir ces avantages ».

II. L’obligation d’information

Document n° 6 : Cass. Civ. 1ère, 3 mai 2000, Bull. Civ. I, n° 131, « arrêt Baldus ».

Vu l'article 1116 du Code civil ;

Page 9 sur 15

fi

fi

fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

Attendu qu'en 1986, Mme Y... a vendu aux enchères publiques cinquante photographies de X...
au prix de 1 000 francs chacune ; qu'en 1989, elle a retrouvé l'acquéreur, M. Z..., et lui a vendu
successivement trente-cinq photographies, puis cinquante autres photographies de X..., au même
prix qu'elle avait xé ; que l'information pénale du chef d'escroquerie, ouverte sur la plainte avec
constitution de partie civile de Mme Y..., qui avait appris que M. X... était un photographe de
très grande notoriété, a été close par une ordonnance de non-lieu ; que Mme Y... a alors assigné
son acheteur en nullité des ventes pour dol ;

Attendu que pour condamner M. Z... à payer à Mme Y... la somme de 1 915 000 francs
représentant la restitution en valeur des photographies vendues lors des ventes de gré à gré de
1989, après déduction du prix de vente de 85 000 francs encaissé par Mme Y..., l'arrêt attaqué,
après avoir relevé qu'avant de conclure avec Mme Y... les ventes de 1989, M. Z... avait déjà vendu
des photographies de X... qu'il avait achetées aux enchères publiques à des prix sans rapport avec
leur prix d'achat, retient qu'il savait donc qu'en achetant de nouvelles photographies au prix de 1
000 francs l'unité, il contractait à un prix dérisoire par rapport à la valeur des clichés sur le
marché de l'art, manquant ainsi à l'obligation de contracter de bonne foi qui pèse sur tout
contractant et que, par sa réticence à lui faire connaître la valeur exacte des photographies, M.
Z... a incité Mme Y... à conclure une vente qu'elle n'aurait pas envisagée dans ces conditions ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'aucune obligation d'information ne pesait sur l'acheteur, la
cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE (…)

Document n° 7 : Cass. Civ. 3ème, 17 janvier 2007, Bull. Civ. III, n° 5

Sur le moyen unique :

Vu l'article 1116 du code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 27 octobre 2005), que M. X..., marchand de biens,
béné ciaire de promesses de vente que M. Y... lui avait consenties sur sa maison, l'a assigné en
réalisation de la vente après avoir levé l'option et lui avoir fait sommation de passer l'acte ;

Attendu que pour prononcer la nullité des promesses de vente, l'arrêt retient que le fait pour M.
X... de ne pas avoir révélé à M. Y... l’information essentielle sur le prix de l'immeuble qu'il

Page 10 sur 15

fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

détenait en sa qualité d'agent immobilier et de marchand de biens, tandis que M. Y..., agriculteur
devenu manoeuvre, marié à une épouse en incapacité totale de travail, ne pouvait lui-même
connaître la valeur de son pavillon, constituait un manquement au devoir de loyauté qui
s'imposait à tout contractant et caractérisait une réticence dolosive déterminante du
consentement de M. Y..., au sens de l'article 1116 du code civil ;

Qu'en statuant ainsi, alors que l'acquéreur, même professionnel, n'est pas tenu d’une obligation
d’information au pro t du vendeur sur la valeur du bien acquis, la cour d'appel a violé le texte
susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE (…)

Document n° 8 : Article 1112-1 du Code civil

«  Celle des parties qui connaît une information dont l'importance est déterminante pour le
consentement de l'autre doit l'en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette
information ou fait con ance à son cocontractant.
Néanmoins, ce devoir d'information ne porte pas sur l'estimation de la valeur de la prestation.
Ont une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le
contenu du contrat ou la qualité des parties.
Il incombe à celui qui prétend qu'une information lui était due de prouver que l'autre partie la lui
devait, à charge pour cette autre partie de prouver qu'elle l'a fournie.
Les parties ne peuvent ni limiter, ni exclure ce devoir.
Outre la responsabilité de celui qui en était tenu, le manquement à ce devoir d'information peut
entraîner l'annulation du contrat dans les conditions prévues aux articles 1130 et suivants ».

Document n° 9 : Cass. Civ. 1ère, 10 avril 2019, n° 18-14.987 (publication au bulletin


à venir)

Vu l'article 1382, devenu 1240 du code civil ;

Attendu que les conséquences d'un engagement librement souscrit et judiciairement déclaré
valable ne constituent pas un préjudice réparable ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, suivant acte reçu le 30 janvier 2012 par M. B... (le notaire
instrumentaire), avec la participation, pour assister l'acquéreur, de Mme Y... V... (le notaire en
participation), notaire associé au sein de la société civile professionnelle C... V... et P... Y... V... (la

Page 11 sur 15


fi
fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

SCP), titulaire d'un of ce notarial, M. N... (le vendeur) et son épouse, depuis lors décédée, ont
vendu à M. L... (l'acquéreur) un immeuble ; que, celui-ci présentant plusieurs désordres,
l'acquéreur a, le 22 juillet 2013, assigné le vendeur en résolution de la vente pour vices cachés et
le notaire en participation ainsi que la SCP en responsabilité et indemnisation ;

Attendu que, pour condamner le notaire en participation et la SCP à indemniser l'acquéreur,


après avoir énoncé que l'avant-contrat du 25 octobre 2011 ne constituait pas un accord dé nitif
sur la chose et sur le prix valant vente parfaite, et rejeté les demandes dirigées contre le vendeur,
l'arrêt retient que le notaire en participation a manqué à son devoir de conseil et d'information en
ne transmettant pas à l'acquéreur les documents afférents aux désordres litigieux, reçus du
notaire instrumentaire avant la vente, et que, dès lors, il lui a fait perdre une chance de renoncer
à l'acquisition ou de la conclure à un moindre prix ;

Qu'en statuant ainsi, alors que, selon ses propres constatations, l'acquéreur avait été informé des
désordres affectant l'immeuble avant la signature de l'acte authentique, la cour d'appel a violé le
texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen : CASSE
ET ANNULE (…)

II. Le devoir de con dentialité

Document n° 10 : Cass. Com., 3 octobre 1978, Bull. Civ. IV, n° 208

SUR LE PREMIER MOYEN, PRIS EN SES DEUX BRANCHES : ATTENDU QUE


SELON L'ARRET ATTAQUE (PARIS, 19 NOVEMBRE 1976) ROUSSET, QUI A MIS AU
POINT UN PROCEDE POUR L'ERECTION DE CONSTRUCTIONS EN BETON, A
DEPOSE UNE DEMANDE DE BREVET LE 7 JUIN 1971 ;

QUE FIN 1971 IL A PROPOSE CE PROCEDE A L'ENTREPRISE CHARGEE DE


REALISER LE TUNNEL SOUTERRAIN DU PASSAGE DU MAINE, LA SOCIETE LES
CHANTIERS MODERNES QUI, APRES VISITE DU CHANTIER DE FABRICATION
DES ELEMENTS DE MISE EN OEUVRE DE CE PROCEDE ET COMMUNICATION
D'UN DOSSIER DE PRE-ETUDE, N'A PAS DONNE SUITE A CES PROPOSITIONS ;

QU'EN SEPTEMBRE 1972, ROUSSET A FAIT CONSTATER QUE SON ETUDE AVAIT
ETE UTILISEE POUR LA CONSTRUCTION DE CE TUNNEL ;

Page 12 sur 15


fi
fi

fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

ATTENDU QU'IL EST REPROCHE A LA COUR D'APPEL D'AVOIR ACCUEILLI


L'ACTION EN CONCURRENCE DELOYALE ENGAGEE PAR ROUSSET A
L'ENCONTRE DE LA SOCIETE LES CHANTIERS MODERNES ALORS QUE, SELON
LE POURVOI, D'UNE PART NE COMMET PAS DE FAUTE CONSTITUTIVE DE LA
CONCURRENCE DELOYALE CELUI QUI SE CONTENTE D'UTILISER UN PROCEDE
QUI EST DANS LE DOMAINE PUBLIC ;

QU'EN L'ESPECE LA SOCIETE DE CONSTRUCTION N'A PU S'EMPARER


ABUSIVEMENT DU PROCEDE DE L'INGENIEUR AU COURS DES ENTRETIENS
QU'ELLE A EUS AVEC LUI QUE SI CE PROCEDE ETAIT ORIGINAL ET POUVAIT
PAR CONSEQUENT FAIRE L'OBJET D'UNE APPROPRIATION, QU'EN NE
RECHERCHANT PAS DES LORS SI LE PROCEDE QUE L'INGENIEUR PRETENDAIT
ETRE LE SIEN, ETAIT ORIGINAL, LA COUR D'APPEL A PRIVE SA DECISION DE
TOUTE BASE LEGALE, ET D'AUTRE PART QUE DANS SES CONCLUSIONS D'APPEL
LA SOCIETE DE CONSTRUCTION FAISAIT VALOIR, SUR LE FONDEMENT DU
RAPPORT DE L'EXPERT X... PAR LE PREMIER JUGE, QUE LE PROCEDE DE
L'INGENIEUR N'AVAIT RIEN D'ORIGINAL ET QU'IL APPARTENAIT AU DOMAINE
PUBLIC, QU'ELLE EN DEDUISAIT QU'ELLE N'AVAIT COMMIS AUCUNE FAUTE
D'AUCUNE SORTE EN L'UTILISANT, QU'EN NE REPONDANT PAS A CES
CONCLUSIONS DONT LA PERTINENCE RESULTE DES CONSIDERATIONS
EXPOSEES DANS LA BRANCHE PRECEDENTE, LA COUR D'APPEL A PRIVE SA
DECISION DE MOTIFS ;

MAIS ATTENDU QUE L'ACTION EN CONCURRENCE DELOYALE AYANT POUR


OBJET D'ASSURER LA PROTECTION DE CELUI QUI NE PEUT, EN L'ETAT, SE
PREVALOIR D'UN DROIT PRIVATIF, CE QUI ETAIT LE CAS DE ROUSSET DONT LE
BREVET N'A ETE DELIVRE QU'ULTERIEUREMENT, LES JUGES DU FOND
N'AVAIENT PAS A RECHERCHER SI LE PROCEDE DONT IL ETAIT L'AUTEUR
ETAIT OU NON DEPOURVU D'ORIGINALITE ET TOMBE DANS LE DOMAINE
PUBLIC ;

QU'EN ENONCANT QU'IL RESULTE DES DOCUMENTS VERSES AUX DEBATS, LA


PREUVE QUE LES CHANTIERS MODERNES SE SONT, A L'OCCASION DES
POURPARLERS AVEC ROUSSET, EMPARES DES INDICATIONS TECHNIQUES
FOURNIES PAR CELUI-CI, ET ONT SANS AUTORISATION ABUSIVEMENT MIS EN
OEUVRE LES METHODES AINSI VENUES A LEUR CONNAISSANCE, LA COUR
D'APPEL, QUI A REPONDU AUX CONCLUSIONS ALLEGUEES EN DECLARANT, A

Page 13 sur 15


Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

JUSTE TITRE, QUE LEUR DEMANDE, EN CE QUI TOUCHAIT A LA BREVATIBILITE


DE L'INVENTION DE ROUSSET ETAIT IRRECEVABLE, A PU, EN L'ETAT DE CES
CONSTATATIONS, RETENIR A L'ENCONTRE DE L'ENTREPRISE L'EXISTENCE
D'UNE FAUTE DE CONCURRENCE DELOYALE ;

QU'EN SES DEUX BRANCHES, LE MOYEN N'EST PAS FONDE ;

SUR LE SECOND MOYEN : ATTENDU QU'IL EST ENCORE FAIT GRIEF A L'ARRET
D'AVOIR CONDAMNE LA SOCIETE LES CHANTIERS MODERNES A VERSER 75.000
FRANCS DE DOMMAGES-INTERETS A L'INGENIEUR ROUSSET, AUX MOTIFS,
SELON LE POURVOI, QUE L'AUTEUR DE LA CONCURRENCE DELOYALE A FAIT
PERDRE UN CLIENT A LA VICTIME ET QUE LE DOMMAGE PEUT ETRE EVALUE
A L'AIDE DES CONVENTIONS QUE CELLE-CI A SIGNEES AVEC DES TIERS, ALORS
QUE CE MOTIF HYPOTHETIQUE EST INSUSCEPTIBLE DE CONFERER LA
MOINDRE BASE LEGALE A LA DECISION QUI LE CONTIENT, QU'EN EVALUANT,
DES LORS, LE PREJUDICE QU'ELLE ENTENDAIT REPARER A L'AIDE DE
CONVENTIONS DONT RIEN NE PERMET DE PENSER QU'IL EN AURAIT ETE
CONCLU UNE PAREILLE EN L'ESPECE, LA COUR D'APPEL, QUI S'EST FONDEE
SUR UN MOTIF HYPOTHETIQUE, A PRIVE SA DECISION DE BASE LEGALE ;

MAIS ATTENDU QUE SOUS COUVERT D'UN GRIEF NON FONDE DE


MOTIVATION HYPOTHETIQUE, LE MOYEN NE TEND QU'A REMETTRE EN
QUESTION L'EVALUATION SOUVERAINE, FAITE PAR LA COUR D'APPEL, DU
PREJUDICE CAUSE A ROUSSET PAR LA SOCIETE LES CHANTIERS MODERNES ;

QU'IL NE PEUT DONC ETRE ACCUEILLI ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI (…)

Document n° 11 : Article 1112-2 du Code civil

«  Celui qui utilise ou divulgue sans autorisation une information con dentielle obtenue à
l'occasion des négociations engage sa responsabilité dans les conditions du droit commun ».

Page 14 sur 15


fi

Fiche de TD de droit des obligations - L2 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2021-2022

IV. Exercice : Cas pratique

Hippolyte vient vous consulter, en raison de dif cultés qu’il rencontre, a n que vous l’éclairiez.

Il est le dirigeant de la société « BôDécors », société spécialisée dans la décoration des salles de
réception. Depuis le 7 janvier 2019, il élaborait avec Béatrice, propriétaire d’un château sur les
bords de Loire, un partenariat. Par celui-ci, la société «  BôDécors  » aurait été en charge de la
décoration de la salle de bal du Château. Cette salle est louée au public dans le cadre de
réceptions. Ce partenariat devait être conclu pour une durée de dix années. Pour satisfaire aux
exigences de Béatrice, qui voulait donner à cette salle un décor baroque, sans pour autant
dénaturer les lieux, Hippolyte s’est déplacé à de très nombreuses reprises au château. Cela l’a
notamment conduit à engager des frais de déplacement depuis l’étranger, et bien sûr des nuitées
d’hébergement. Il a dû, par ailleurs, faire réaliser des expertises a n de s’assurer, ainsi que le lui
demandait, Béatrice que les lustres, très lourds, n’endommagent pas les plafonds ornés de
dorures.

Malgré qu’il ait, selon lui, satisfait toutes les exigences de Béatrice, celle-ci a décidé, le mois
dernier, de ne pas donner suite au projet, alors que celui-ci était sur le point d’être nalisé.
Furieux, Hippolyte vous explique qu’il ne compte pas « se laisser faire ». Ce projet lui a demandé
beaucoup de temps, d’énergie, il a engagé des frais, il a délaissé d’autres projets, et il ne peut
même pas compter sur les béné ces que le partenariat devait lui octroyer. Que peut-il faire ?

Hippolyte revient vous voir une semaine plus tard. Il connaît maintenant les raisons qui ont
conduit Béatrice à ne pas conclure le partenariat. Celle-ci a constitué sa propre société de
décoration, et souhaite s’occuper de l’embellissement de la salle de réception. Hippolyte estime
que les idées qu’elle dit avoir sont en fait les siennes. Quid juris ?

Page 15 sur 15


fi

fi

fi
fi
fi

Vous aimerez peut-être aussi