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Chapitre 5

Quelles relations entre le diplôme, l’emploi et le


salaire ?

Ce que dit le programme


• Comprendre que la poursuite d’études est un investissement en capital humain et
que sa rentabilité peut s’apprécier en termes de salaire escompté, d’accès à l’emploi
et de réalisation de ses capabilités.
• Savoir que le manque de qualification est une cause de chômage.
• Comprendre que le salaire est déterminé par le niveau de formation.
• Savoir qu’à niveau de diplôme égal, le salaire peut varier selon différents facteurs
notamment l’expérience acquise, le type d’entreprise, le genre.
• Comprendre que les chances d’accès aux formations diplômantes sont socialement
différenciées.

PLAN DU CHAPITRE 4
Dossier 1 : Les études, un investissement en capital humain ?
Dossier 2 : Quelle influence exerce le diplôme sur le salaire et l’embauche?
Dossier 3 : Quels sont les autres facteurs qui jouent sur le salaire ?
Dossier 4 : L’accès au diplôme est-il le même pour tous ?

Notions clés
CAPITAL CULTUREL PRÉCARITÉ DE L’EMPLOI
CAPITAL HUMAIN PRODUCTIVITÉ
CHÔMAGE QUALIFICATION
DIPLÔME SALAIRE
DISCRIMINATION TRAVAIL
EMPLOI

«  Poverty is not just a lack of money, it’s not having the capability to realize one’s
full potential as a human being  »
Amartya Sen

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1 Les études, un investissement en capital humain ?
Document 1

INSEE, Enquête 2018

Q1. Parmi les formulations suivantes, quelles sont celles qui sont correctes en 2017 ?
• 5,2 % des Français qui ont un diplôme de niveau Bac +2 ou plus sont au chômage.
• En France, 9,4 % des actifs sont au chômage.
• 17 % des chômeurs ont un niveau d’études inférieur ou égal au brevet des collèges.
Q2. Comparez les taux de chômage selon le diplôme. Que peut-on en déduire ?
Q3. Cela signifie-t-il qu’avoir un diplôme de l’enseignement supérieur garantit d’éviter le
chômage ?
Document 2

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« Enquête 2016 auprès de la Génération 2013 », CÉREQ Bref, 2017.

Q4. Faites une phrase exprimant chacune des deux données entourées.

Q5. D’après ce tableau, quels avantages y a-t-il à faire des études longues ? Illustrez votre
réponse à l’aide de données pertinentes.

Q6. Selon vous, quels sont les coûts créés par la poursuite d’études ?

Q7. À votre avis, pourquoi les étudiants choisissent-ils de faire des études plutôt que de
chercher un emploi ?

Ne fait-on des études que pour le salaire et l’embauche ?

Pour [Amartya] Sen , la vie est faite d’un ensemble de « fonctionnements » liés entre eux,
composés des états et des actions des personnes. Ces « fonctionnements » individuels
peuvent aller du plus simple (avoir suffisamment mangé, être en bonne santé, avoir un toit
pour dormir, etc.) au plus complexe (être heureux, participer à la vie démocratique, rester
digne à ses yeux, etc.). Les « capabilités » d’une personne déterminent les diverses
combinaisons de « fonctionnements » qu’elle peut accomplir. Elles représentent alors […] la
liberté pour les personnes de choisir entre différents modes de vie. L’éducation représente

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un vecteur de l’augmentation des capabilités réelles des personnes, car elle renforce
l’autonomie et l’émancipation de tous.
France Picard, Noémie Olympio Orientation scolaire et professionnelle, mars 2015.

è Le terme « capabilité » est un néologisme issu des travaux d’Amartya Sen (né en 1933,
économiste et philosophe indien).

Il désigne la possibilité pour un individu de choisir la vie qu’il veut mener, et avoir les moyens
de réaliser cet objectif. Cette possibilité vient de l’éducation. Elle permet d’échapper aux
rapports sociaux traditionnels (par exemple ne pas reproduire les mêmes manières de vivre,
les mêmes professions que les parents) et de gagner en autonomie et en liberté.

Définissons !

CAPABILITÉS
Ensemble des capacités d’un individu qui le rendent apte à se comporter de manière
informée dans le monde et à être en mesure de choisir lui-même la vie qui lui convient.

CAPITAL HUMAIN
Ensemble des capacités et aptitudes d’un individu qui le rendent apte à exécuter des tâches
de production données. Un capital humain élevé signifie que l’on est plus productif, et donc
que l’on peut espérer une rémunération plus élevée.

DIPLÔME
Titre scolaire qui garantit un certain niveau d’études et de compétences.

SALAIRE
Rémunération des travailleurs salariés.

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En synthèse

Dans notre société, ceux qui ont fait les plus longues études sont en règle générale ceux qui
obtiennent les emplois les plus prestigieux et les meilleurs salaires. Ils sont aussi moins
souvent au chômage et obtiennent plus facilement des emplois stables en contrats à durée
indéterminée (CDI).

Sachant cela, les individus adoptent un comportement rationnel : ils essayent d’obtenir les
diplômes les plus valorisés possibles afin de s’insérer sur le marché du travail de la meilleure
des façons.
Il s’agit d’un calcul économique : il faut évaluer si les dépenses réalisées aujourd’hui (coût
des études, renoncement au salaire) sont inférieures au supplément de salaire escompté
dans le futur. La poursuite d’études est alors vue comme un investissement en capital
humain.
Il faut noter, cependant, que les individus ne font pas des études uniquement pour des
raisons financières : ils peuvent aussi souhaiter améliorer leurs « capabilités », c’est-à-dire
leurs capacités à choisir la vie qui leur plaît et à s’épanouir.

2 Quelle influence exerce le diplôme sur le salaire et l’embauche ?

Document 3
Les entreprises demandent du travail et du capital en raison de leur productivité. Mais les
facteurs ne sont pas gratuits et les producteurs comparent bien entendu ce que les facteurs
rapportent (la productivité) et ce qu’ils coûtent. Le coût du travail comprend l’ensemble des
rémunérations versées aux travailleurs sous diverses formes (salaires, primes, honoraires)
et des cotisations aux différents régimes de sécurité sociale. Dans le discours théorique et
dans ce qui suit, on regroupe la totalité du coût du travail sous le terme de « salaire ».
[…] Si le salaire réel payé pour une heure dépasse la productivité réelle de cette heure de
travail, l’entreprise perd de l’argent et renonce à utiliser cette heure de travail. En revanche si
la productivité horaire est supérieure au salaire réel horaire, le profit s’améliore et
l’employeur est incité à utiliser davantage de travail.
Jacques Généreux, Introduction à l’économie, Le Seuil, 2017.

Q8. Quels sont les coûts que doit supporter l’entreprise quand elle emploie un salarié ?
Q9. À quelle condition l’entreprise embauchera-t-elle un salarié ?
Q10. Expliquez pourquoi le diplôme est censé accroître la productivité et la qualification du
travailleur.

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Document 4

Q11. Les trois personnes dont il est question ici sont-elles très diplômées ?
Q12. Pour chacune d’entre elles, comment expliquer leur haut niveau de revenu ?

Définissons !

PRODUCTIVITÉ
Efficacité d’un travailleur, qui se calcule en rapportant ce qu’il produit au temps qu’il
met à le produire.

QUALIFICATION DE L’EMPLOI
Ensemble des compétences nécessaires pour occuper un poste de travail donné.

PRÉCARITÉ DE L’EMPLOI
Impossibilité d’accès à l’emploi stable qui oblige à alterner emplois en CDD et
périodes de chômage.

Je m’auto-évalue !

Complétez avec les termes suivants : capital, coût, embauche, salaire.


Quand un individu choisit de faire une année d’études supplémentaire, il compare
le de cette année avec la hausse de
qu’il escompte gagner grâce à cette année supplémentaire. Ainsi, les études s’apparentent à
un investissement en humain. Elles améliorent aussi les conditions
d’

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En synthèse

La poursuite d’études entraîne une augmentation du capital humain et donc de la qualification.


Cette hausse de qualification est synonyme d’une productivité plus élevée, qui facilite
l’embauche par une entreprise. Les plus diplômés sont donc en mesure d’être plus efficaces
lorsqu’une entreprise les recrute. C’est pour cette raison qu’un diplôme plus élevé permet
d’espérer un salaire plus élevé. Plus précisément, l’entreprise n’acceptera d’embaucher un
salarié que si le salaire qu’elle doit lui verser est inférieur à sa productivité.

Tous les salariés n’ont pas la même productivité : sur les segments hautement qualifiés du
marché du travail, par exemple, les travailleurs ont fait des études prestigieuses et leur
diplôme leur permet de trouver facilement un emploi très qualifié et très bien payé.
D’ailleurs, les entreprises, qui savent que ces salariés sont particulièrement bien formés et
efficaces, sont prêtes à faire des efforts en termes de rémunération pour les recruter.

Cependant, cette loi économique qui lie diplôme et salaire ne fonctionne pas toujours et
connaît des exceptions.
C’est tout d’abord le cas d’individus qui ont réalisé de longues études mais qui sont au
chômage ou connaissent une précarité de l'emploi du fait d’un manque de demandes dans le
secteur correspondant à leurs qualifications.
À l’inverse, ceux qui possèdent des talents particuliers sans avoir forcément fait d’études
(artistes, sportifs, inventeurs), et qui ont par conséquent une productivité exceptionnelle dans
leur domaine, peuvent espérer une rémunération élevée.

3 Quels sont les autres facteurs qui jouent sur le salaire ?

Document 5

Les niveaux de rémunération des cadres sont corrélés à leur âge et à la durée de leur
expérience professionnelle, deux critères étroitement liés. Ils s’élèvent régulièrement au
cours de la première moitié de la vie professionnelle puis se stabilisent autour de 50 ans. Le
salaire médian des cadres âgés de moins de 30 ans s’établit à 37 k€ ; il atteint 55 k€ chez
les cadres âgés de 55 ans et plus. […] Le salaire varie également selon la fonction exercée
par le cadre, les compétences à mettre en oeuvre et les caractéristiques du poste occupé.
Parmi les missions qui sont à l’origine des principaux écarts de salaire se trouvent la
responsabilité hiérarchique et la gestion d’un budget. La dimension internationale intervient
également dans les différences constatées pour près d’un cadre sur deux.
La taille de l’entreprise est déterminante pour la rémunération des cadres. Plus elle est
importante, plus les niveaux de rémunération sont élevés. Ainsi, dans les entreprises de
moins de 20 salariés, la rémunération annuelle brute médiane s’établit à 45 k€, alors qu’elle
atteint 51 k€ dans les entreprises de plus de 1 000 salariés.
Association pour l’emploi des cadres (APEC), « Les salaires dans les fonctions cadres,
édition 2018 »
Q13. Quel est le lien entre expérience professionnelle et salaire ? Illustrez votre réponse
avec des données tirées du texte.
Q14. Comment ce lien peut-il être expliqué ?
Q15. Comment la taille de l’entreprise jouet-elle sur le niveau de rémunération ?
Q16. D’après vous, quels sont les avantages des petites entreprises ?

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Document 6

DISCRIMINATION
Traitement différent réservé à un individu parce que l’on sous-estime ses capacités du fait de
ses caractéristiques : genre, couleur de peau, handicap, traits physiques, etc.

Q17. Parmi les phrases suivantes, lesquelles vous paraissent correctes ?


 Les femmes cadres gagnent 3 561 euros de plus que les hommes cadres.
 Le salaire des ouvrières est en moyenne de 1 483 € contre 1 765 € pour les hommes
ouvriers.
 Les femmes employées gagnent en moyenne 148 € de moins que les hommes ouvriers,
soit 8,5 % de moins.
Q18. Selon vous, comment les inégalités de salaire entre hommes et femmes peuvent-elles
s’expliquer ?

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Je m’auto-évalue

Ces propositions sont-elles vraies ou fausses ?


On mesure la productivité de M. Gilbert à 27 € de l’heure. Il demande 19 € de l’heure, il n’a
donc aucune chance d’être recruté.
Un ouvrier avec 10 ans d’expérience est en général moins bien payé qu’un ouvrier avec 35
ans d’expérience.
Les jeunes préfèrent les PME car ils y sont mieux payés que dans les grandes entreprises.
Les femmes sont moins bien payées que les hommes car elles ont en général une
productivité moins élevée.

En synthèse

Le diplôme n’est pas le seul déterminant du salaire. Tout ce qui accroît le capital humain, et
donc la productivité, est susceptible de pousser les entreprises à embaucher à un salaire
plus élevé. C’est le cas en particulier de l’expérience : plus un salarié a une ancienneté
importante sur un poste, plus il en maîtrisera les enjeux, les gestes, les techniques, et plus il
sera efficace.
Le salaire varie également selon la taille de l’entreprise. Souvent, les salariés ont tendance à
préférer les petites entreprises, dans lesquelles, selon eux, le travail est moins pénible, la
proximité avec l’employeur plus grande et où l’autonomie et les responsabilités du salarié
sont favorisées. Face à ce défaut d’attractivité, les grandes entreprises proposent des
salaires plus élevés et des carrières plus prometteuses.
Le salaire est enfin variable selon certaines caractéristiques propres au salarié : le genre, la
couleur de peau, l’origine géographique, le handicap ou certains attributs physiques
(l’obésité par exemple). On observe alors un phénomène de discrimination : les recruteurs
sous-estiment les compétences de ces salariés et ne les recrutent pas, ou bien les recrutent
à un salaire moindre. Dans le cas des femmes, il en résulte qu’elles occupent des emplois
moins valorisés, qu’elles ont du mal à accéder aux postes les plus prestigieux et, qu’à
qualifications égales, elles reçoivent souvent un salaire moins élevé que celui des hommes.

4 L’accès au diplôme est-il le même pour tous ?

Document 7
En 1991, le sociologue Pierre Bourdieu est interrogé pour son travail sur les inégalités de
réussite scolaire selon l’origine sociale.
On observe que les inégalités de réussite scolaire ne sont pas expliquées complètement à
partir des inégalités économiques. Donc il a fallu inventer une notion, que j’ai appelée le
capital culturel, c’est l’idée que nous héritons de notre famille pas seulement des moyens
matériels, nous héritons des instruments de connaissances, d’expressions, des savoir-faire,
des savoirs, des techniques, des manières de travailler. Par exemple, il y a des tas de
choses qui sont transmises inconsciemment par la famille et qui contribuent énormément à
la réussite scolaire. D’autant plus que le système scolaire les exige souvent sans les donner.
[…]
Je pense qu’un des avantages majeurs des enfants des catégories intellectuelles, outre
qu’ils entendent dans leur famille un langage qui est assez proche de celui qui se parle à

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l’école, et que l’école exige ; outre le fait qu’ils ont un rapport à la culture […] très proche de
ce que l’école demande ; il y a le fait qu’ils reçoivent de leur famille des indications […]
concernant la manière de travailler, la manière d’organiser le travail dans le temps : « Laisse
tomber ça, fais plutôt ça maintenant […]. »
Transcription d’un extrait du documentaire « Chercheurs de notre temps, Pierre Bourdieu », de
Dominique Bollinger, CNDP, 1991

Q19. D’après Pierre Bourdieu, les inégalités scolaires s’expliquent-elles uniquement par des
différences de revenu ?
Q20. Comment la socialisation familiale des enfants peut-elle jouer sur leur réussite
scolaire ?

Définissons !

CAPITAL CULTUREL
Ensemble des connaissances culturelles d’un individu qui sont valorisées par la société dans
laquelle il vit : niveau de langage soutenu, connaissances des œuvres de littérature,
fréquentation des musées, etc.

En synthèse

La réussite scolaire est intimement liée à l’origine sociale. En effet, en général, les enfants
d’ouvriers obtiennent de moins bons résultats scolaires que les enfants de cadres et sont
sous-représentés dans les filières les plus valorisées (baccalauréat général, grandes écoles,
masters).
Une première explication réside dans la transmission, par la socialisation familiale, d’un
capital culturel aux enfants. Le langage soutenu parlé dans le foyer familial ou la pratique
régulière de la lecture augmentent les chances de réussite. L’auto-sélection peut constituer
une autre explication : à résultats égaux, les enfants d’ouvriers renoncent plus souvent que
les autres aux études les plus valorisées, en ayant le sentiment qu’ils ont moins d’atouts
pour réussir.
Cependant, ce constat pessimiste peut être nuancé. En effet, en s’intéressant à ce qui se
passe au sein même des milieux populaires, il apparaît que certains parents ont mis en
place des dispositifs assurant la réussite scolaire de leurs enfants, mais aussi que les
trajectoires de ces enfants peuvent les conduire à obtenir de hauts niveaux de diplôme.

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