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Clément KOHLER
Camille MERY
Endocardite infectieuse
Cas clinique : Peintre de 35 ans se plaint d'asthénie, amaigrissement et fièvre oscillante depuis 10 j :
- Pas d'ATCD (ni cardiovasculaires ni médicaux)
- Examen physique : Température 38.2°C et souffle systolique de pointe 2/6 avec irradiation
dans l'aisselle.
Quel diagnostic ? Quelle définition ?
→ Endocardite infectieuse subaigüe (Endocardite d'Osler) : s'installe progressivement, la fièvre
traîne, etc.
A l'inverse de l'endocardite aigue : tableau brutal avec fièvre et un souffle très mal toléré.
I. Epidémiologie
Il y a des terrains favorables : Personne âgées, les patients avec des prothèses, les immunodéprimés,
toxicomanes, PM ou DAI, ATCD d’EI…
Les EI sont préférentiellement situés à gauche (aortique plus fréquent que mitral). Les endocardites
pulmonaires sont exceptionnelles.
Localisation G>D, Aortique > Mitral et Tricuspide >> Pulmonaire.
II. Physiopathologie
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Les lésions valvulaires sont toujours graves et nécessitent une opération la plupart du temps.
Sur une suspicion d'endocardite (fièvre + AEG + souffles) on va rechercher des signes extra
cardiaques (de l’endocardite infectieuse gauche) :
- Signes cutanés (peu fréquents mais à rechercher systématiquement) :
o Le faux panaris d'Osler, nodosité qui sont fugaces, douloureux et violacés. A
rechercher à l’interrogatoire.
o Erythème palmo plantaire de Janeway.
o Purpura pétéchial.
o Taches de Roth (fond œil).
- Splénomégalie (non spécifique)
- Arthralgie / Lombalgie/ Spondylodiscite : évoque une atteinte articulaire.
III. Diagnostic
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- Emboles périphériques (ces localisations sont à rechercher pour une endocardite gauche) :
→ Ici spléniques et rénales via un scanner.
→ Scanner ou IRM cérébral.
→ Doppler artériel des MI.
Embole rénal donne un tableau aigu
Suite du cas :
72h après la mise en route d'une antibiothérapie adaptée le patient se plaint d'une dyspnée
aggravée. Quelle complication évoquez vous et quel est votre CAT ?
Quelles autres complications connaissez vous dans l'endocardite subaigue d'Osler ?
Conduite à tenir :
- On refait une échographie pour confirmer.
- On traite l'insuffisance cardiaque (diurétique) : oxygénothérapie etc.
- Chirurgie
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IV. Complications
- Cardiaques :
o Insuffisance cardiaque (hémodynamique)
o Abcès septal : BAV 1° 2° ou 3°
o Abcès avec Fistules locales entre cavités : Souffles
o Péricardite banale
- Neurologique
o AVC ischémique
o AVC hémorragique CI +++ aux anticoagulants
o abcès cérébral
o anévrysme mycotique (fièvre persistante)
- Rénale :
o Glomérulonéphrite immunologique : auto immune
o Insuffisance rénale par néphrotoxicité des médicaments +++ : Aminosides etc.
o Infarctus rénal : douleur abdo
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Mode de révélation :
- Aigue mal tolérée (staphylocoque) : Insuffisance cardiaque aigue, OAP, choc cardiogénique.
Les lésions sont très importantes, la fuite est massive et le ventricule n'a pas eu le temps de
s'adapter. Le traitement est facilement chirurgical.
- Embolie ou AVC fébrile
- Spondylodiscite : localisation articulaire assez fréquente.
Germes :
- Staphylocoques le plus fréquent (récent)
o Aureus : PaceMaker, valve
o Epidermidis : lésions cutanées (pédicure)
- Streptocoques
o Viridans, sanguis : dent, sphère ORL
o Bovis (D) digestif (cancer)
L'imagerie échographique en cas de valve prothétique est peu concluante, l'examen sera alors mené
par scanner ou PET-scan en cas de doute, à la recherche de lésions ou de végétations.
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VI. Traitement
Le traitement est assuré par une équipe pluridisciplinaire ; avec le cardiologue au centre bien sûr,
suivi du chirurgien, d'un anesthésiste et d'un infectiologue.
L'identification et la prise en charge de la porte d'entrée sont primordiaux, et des conseils d'hygiène
de vie doivent être prodigués.
1) Traitement médical:
Il se base sur une antibiothérapie bactéricide (donc à fortes doses), prolongée et en intraveineuse.
Les anticoagulants sont contre-indiqués car ils augmentent le risque de rupture d'anévrysme
mycotique et donc d'hématome cérébral ou d'hémorragie méningée.
ATTENTION : Ils doivent cependant être administrés si le patient a une prothèse valvulaire (afin
d'éviter une thrombose sur prothèse) ou si le patient est en fibrillation atriale, les bénéfices d'une
anticoagulothérapie étant dans ces cas-là plus importants que les risques liés à une rupture
d'anévrysme mycotique.
2) Traitement chirurgical (l’ATB doit quand même être poursuivie par la suite)
Tendance a opéré assez tôt ce n’est plus un geste exceptionnel
Il est possible mais seulement lorsqu'il existe différentes indications :
- Hémodynamiques : insuffisance cardiaque ou lésions valvulaires s'aggravant ne pouvant pas
être contrôlées par les médicaments.
- Endocardite infectieuse résistante aux antibiotiques
- Lésions péri-valvulaires telles que les abcès septaux, qui donnent des BAV complets car les
ATB sont inefficaces
- Embolique : Végétations dépassant les 30 mm donc risque d'embolie majeur ; Végétations
dépassant les 10 mm associés à un accident embolique ou fuite sévère.
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3) Prophylactie:
Qui? Pourquoi? Et Comment?
Qui ? Chez tout patient ayant une prothèse valvulaire, des ATCD d'endocardite infectieuse, ou une
cardiopathie congénitale cyanogène non opérée ou récemment opérée avec shunt résiduel.
Pourquoi ? La prophylaxie est exclusivement réservée avant les gestes stomatologiques impliquant
une effraction de la muqueuse buccale ou gingivale.
Comment ? Par amoxicilline per os 2 grammes, 2h avant la réalisation du geste. (Clindamycine 600mg
per os)
4) Surveillance:
Elle est d’abord clinique, quotidienne et recherche des signes d'insuffisance cardiaque (apparition
d'un souffle) et la palpation des pouls périphériques (recherche d'ischémie sub-aigue), un examen
neurologique rapide (absence d'hémiplégie) afin de s'assurer de la non-survenue d'un accident
embolique.
La fièvre doit disparaître en 7j sous traitement antibiotique bien mené, et les hémocultures seront
répétées 1 fois par semaine jusqu'à ce qu’elles soient stériles auquel cas on n'en refera pas, à moins
que la fièvre réapparaisse. Les dosages sanguins de la concentration en antibiotique et la surveillance
de la fonction rénale ont déjà été abordés et ne doivent pas être oubliés.
L'ECG évidemment (ETT puis ETO), 1 fois par semaine ou dès qu'un élément nouveau est repéré (un
souffle, un BAV).
VII. EI droite
Très rares, elles surviennent principalement sur les sondes endocardiaques de pacemaker ou du à un
DAI et sont des endocardites infectieuses atteignant exclusivement le cœur droit et donc la valve
tricuspide, de ce fait elles embolisent uniquement dans les poumons !
La recherche d'emboles spléniques ou cérébraux par scanner est inutile, les seuls examens
d'imagerie nécessaires étant ceux de scanner thoracique ou de scintigraphie pulmonaire.
Son diagnostic est difficile : le tableau clinique est celui d'une fièvre oscillante durant plusieurs mois.
Le diagnostic se fait à l'aide d'hémocultures mettant en évidence des staphylocoques, mais durant les
pics fébriles uniquement.
Il peut exister un souffle tricuspide systolique (au niveau sternal) d'insuffisance aiguë et une
splénomégalie, cependant tous les signes périphériques d'origine immunologique tels que les signes
cutanés ne seront pas retrouvés en cas d'endocardite infectieuse droite, car il n'existe pas de
syndrome immunologique.
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A l’examen physique :
souffle d’IT ;
inspecter la loge du PM ;
splénomégalie
Une endocardite infectieuse sur sonde de pacemaker est possible même en l'absence de souffle.
Le bilan recherche des emboles pulmonaires par scanner thoracique ou scintigraphie, un bilan
inflammatoire est également réalisé (CRP, NFS) ainsi qu'un bilan rénal (néphrotoxicité des
antibiotiques, pacemakers chez patients souvent âgés) et sanguin.
Pas de bilan immunologique, pas de bilan cérébral!
L'ECG n'a aucun intérêt car le pacemaker va tout masquer.
Le traitement:
Il se fait par extraction du matériel puis antibiothérapie, et réimplantation du pacemaker en position
controlatérale après 10 jours.
Si le patient est en BAV complet, une stimulation temporaire est mise en place.
Cette chirurgie est à haut risque de perforation du ventricule ou de la paroi. Car de la fibrose se
forme autour de la sonde du PM.
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