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Technologies des procédés

Université Akli Mohand Ouelhadj –Bouira-


Institut de Technologie

Département de Génie de Procédés

Niveau : 3ème Année Licence

Filière : Génie des Procédés

Spécialité : Génie Chimique

Polycopié du cours Technologies


des procédés

Réalisé par: Dr. A. Aichour

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Technologies des procédés

Objectifs du cours
Option Génie des Procédés:
 Maîtriser la technologie.
 La conception et le dimensionnement des colonnes et des réacteurs
industriels.

Contenu du cours

Chapitre I : Calcul de colonnes et réacteurs industriels

 Notion de Distribution des temps de séjour.


 Conception et dimensionnement des colonnes, hydrodynamique des
colonnes.
 Etude de réacteurs réels.
 Réacteurs polyphasiques.

Chapitre II : Technologies industrielles


 Colonnes à garnissage, divers types de garnissage, nature, propriétés,
choix.
 Colonnes à plateaux, à calottes, à soupapes, à grilles perforées.
 Comparaison des colonnes à plateaux et des colonnes à garnissages,
critères de choix, implantation.
 Technologie des réacteurs industriels.
 Choix du matériel.
 Schématisation.

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Chapitre I : Calcul de colonnes et réacteurs industriels


Avant de débuter un cours de Technologie des procédés, il faut bien définir le contexte dans
lequel il doit être développé et donc répondre à ces différentes questions :
1. Qu’est-ce qu’un « Procédé » ?
2. Qu’est-ce qu’un « Réacteur industriel » ?
3. A quoi servent-ils ??
4. Comment établit-on des bilans pour le Calcul de colonnes et réacteurs industriels?
I.1. Généralités sur les réacteurs :
I.1.1. Définition :
Un réacteur est une enceinte ou récipient apte à la réalisation et l'optimisation de
réactions chimiques et généralement de procédés de transformation de la matière
(Génie des Procédés) Le but recherché dans un réacteur est l'homogénéité du milieu
réactionnel du point de vue de la température et du mélange des réactifs.

Figure 1 : Facteurs gouvernants le fonctionnement d’un réacteur chimique.


Dans la pratique industrielle, les réacteurs se comportent rarement comme des
réacteurs idéaux : une géométrie complexe (présence d’équipement de contrôle et

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régulation…), une mauvaise distribution du fluide…etc peuvent perturber


l’écoulement; ce qui en résulte que les performances d’un réacteur réel s’éloignent de
ses performances prédites par les modèles idéaux.

I.1.2. Réacteurs idéaux :


Dans le domaine de Génie chimique, on trouve trois grandes classes des réacteurs :
1. Les réacteurs qui travaillent avec des flux continus (régime permanant).
 Les réacteurs parfaitement agités, (CSTR: Continuous Stirred-Tank reactor).
 Les réacteurs à écoulement piston (PFTR : Plug Flow Tubular Reactor).
2. Les réacteurs discontinus ou fermés (batch reactor).
3. Les réacteurs semi-continus ou semi- fermés (fed-batch) qui se situent entre le
réacteur fermé et le réacteur ouvert.
Ces réacteurs sont appelés aussi réacteurs idéaux, car ils servent de modèle de base
pour le design de procédés chimiques. Ils sont définis par un certain nombre
d'hypothèses qui facilitent la modélisation du procédé.
 Trois remarques importantes doivent être faites :
 Les réacteurs presque idéaux sont utilisés dans des nombreux procédés
industriels.
 Les réacteurs idéaux, fermés ou continus, permettent d’établir aisément l’équation
cinétique des réactions.
 L’association des réacteurs idéaux permet de décrire les réacteurs réels.
Les réacteurs idéaux sont des cas limites de réacteurs réels. Nous distinguerons trois
réacteurs idéaux (parfaits) de base :
1. Un réacteur fermé uniforme RFU.
2. Un réacteur parfaitement agité continu RPAC.
3. Un réacteur en écoulement piston RP.

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Figure 2 : Réacteurs idéaux.


I.1.3. Bilans de matière dans les réacteurs idéaux :
Pour une transformation chimique d’un constituant Aj dans un réacteur chimique de
volume V, la conservation de la matière exige qu’à chaque instant existe la relation :

La réaction peut être irréversible ou réversible. Elle pourra être endothermique ou


exothermique (ΔH > 0 ou ΔH < 0 respectivement).

I.2. Etude des réacteurs réels :


Dans la réalité, les hypothèses ne sont pas respectées et ceci d'autant plus si le
réacteur est volumineux. Ainsi, dans un réacteur de plusieurs milliers de litres, la
température n'est pas uniforme, ce qui engendre des profils de concentrations, car la
vitesse de réaction, dépendante de la température, n'est pas uniforme dans la masse
réactionnelle.
Afin de mesurer l'idéalité d'un réacteur, il existe une technique, la distribution de
temps de séjour (DTS). Cette technique permet, via la mesure de la concentration
d'un traceur à différents endroits du réacteur, de comparer un réacteur avec les
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modèles ci-dessus et le cas échéant de corriger le modèle pour tenir compte des
déviations.
L’écoulement réel est en fait intermédiaire entre les deux extrêmes : l’écoulement
parfaitement agité continu et l’écoulement de piston mais les calculs de réacteur sont
généralement basés sur les concepts d’écoulements idéaux.
I.2.1 Notions d’âge, d’espérances de vie, et de temps de séjour :
Avant de définir précisément la Distribution des Temps de Séjour, il est intéressant
de donner quelques définitions qui caractérisent chaque molécule (M) présente dans
un réacteur de section d’entrée « E» et de section de sortie «S».

Figure 3 : Age interne, espérance de vie et temps de séjour d’une molécule (M) dans
un réacteur ouvert.
Pour la distribution des temps de séjour, on peut affecter à chaque molécule :
 Un âge (α), c’est-à-dire le temps qui s’est écoulé entre son entrée dans le réacteur
et le moment de l’observation ;
 Une espérance de vie (λ), c’est-à-dire le temps qui lui reste à passer entre le
moment d’observation et sa sortie du réacteur ;
 Un temps de séjour réel (t)s qui représente la durée totale de présence de la
molécule au sein du réacteur peut s’écrire de la manière suivante :

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1.2.2. Notion de Distribution des temps de séjour


La notion de distribution des temps de séjour (DTS) est utilisée en Génie des
Procédés. Elle a été initiée par Danckwerts en 1953 en proposant une
approche systémique pour décrire le comportement hydrodynamique des
écoulements dans les réacteurs réels. La méthode systémique, qui consiste à
obtenir des informations macroscopiques utiles à partir de mesures
expérimentales simples.
La Distribution des temps de séjour est une pratique q ui est utilisé pour deux
principales applications
 Tout d’abord, la détection de défauts d’écoulement sur des
équipements existant.
 Et en deuxième application importante, la modélisation
l’hydrodynamique des équipements.
 La détection de défauts d’écoulement :

Entrée Sortie

Figure 4 : Distribution des temps de séjour.


Il est rare que tous les éléments fluides ou solides qui pénètrent au même instant
dans un système (réacteur, port, etc.) sortent ensemble de ce volume. Ces éléments
n'ont pas tous le même "temps de séjour" individuel : comme l'illustre la Figure 13,
certains (1) passent directement de l'entrée à la sortie, d'autres (2) y séjournent plus
ou moins longtemps ; il peut exister des zones de recirculation (3), ou encore des
zones immobiles (4) (zones mortes).
La distribution des temps de séjour dans un système est une caractéristique
importante de celui-ci, car elle influence de façon notable les performances d'un
réacteur ou l'efficacité d'une roche comme barrière contre la pollution.

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1.2.3. Fonction de distribution de temps de séjour :


C'est le mérite de DANCKWERTS d'avoir imposé dès 1953 une approche systémique
à ce problème en définissant une fonction de distribution aisément accessible à
l'expérience. La fonction de distribution des temps de séjour E est telle que "la
fraction de fluide qui séjourne dans l'installation pendant un temps compris entre ts
et ts+dts égale le produit E(ts).dts", comme illustré sur la Figure 5.

Figure 5 : Fonction de distribution des temps de séjour.


I.2.4. Propriétés de la fonction DTS :
 E(t) est toujours une fonction positive.

 E(t) est normalisé c'est-à-dire :

 : Représente la fraction des molécules ayant

séjourné tout le temps dans le réacteur.

 : La fraction du débit qui est restée un temps compris

entre t 1 et t 2 .

 : La fraction du débit plus jeune que t 1 .

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Figure 6 : Distribution des temps de séjour.


Le but de ce chapitre est d'étudier les distributions des temps de séjour (DTS) dans
les systèmes en écoulement, de voir quelles informations on peut en tirer quant à leur
fonctionnement hydrodynamique et de rendre compte de ces distributions à l'aide de
modèles représentatifs. Dans tout ce qui suit la notion de "réacteur" est prise au sens
large. Les méthodes décrites s'appliquent en effet à toute portion d'espace traversée
par des éléments mobiles qui y séjournent pendant des durées variables : aussi bien
les appareils industriels, que les bassins fluviaux, les organes d'un être vivant, ou une
autoroute la veille d'un week-end prolongé.
I.2.5. Détermination expérimentale de la fonction de Distribution de
temps de séjour :
Le principe de l’expérimentation est une introduction d’un nombre de moles n (ou
une masse M) pendant un temps très court et la mesure de la concentration C(t) en
sortie de réacteur. Pour caractériser l'hydrodynamique d'un système on peut
imaginer de suivre l'histoire d'un traceur introduit dans l'écoulement.
Le principe de la méthode des traceurs consiste à "marquer" des molécules entrant
dans le système, et à les dénombrer dans le courant de sortie en fonction du temps.
Ainsi on applique, à l'aide d'un traceur, un certain signal à l'entrée du système et on
examine sa réponse en sortie, pour en déduire des renseignements sur le
comportement interne du fluide sous la forme d'une fonction de transfert : c'est donc
une méthode systémique.
I.2.5.1. Conditions d'application de la méthode de traceur :
L'application de cette méthode est soumise à 3 hypothèses principales :

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1. L'écoulement doit être en régime permanent,


2. Le fluide doit être incompressible.
3. L'écoulement doit être déterministe, c'est à dire qu'il ne fait pas intervenir de
processus aléatoires macroscopiques, du moins à grande échelle de temps et
d'espace (un processus aléatoire stationnaire tel que la turbulence est quasi-
déterministe à l'échelle de l'expérimentateur).
Toutefois, les résultats présentés ici peuvent être généralisés aux cas d'écoulements
en régime transitoire, aux fluides compressibles ou dilatables, ou au cas
d'alimentations multiples, mais ces aspects ne seront pas détaillés ici.
Des conditions supplémentaires sont imposées en entrée et en sortie du système :
 l'écoulement dans les conduites d'entrée et de sortie doit être SANS diffusion
(type piston).
 le fluide doit être homogène dans la zone de mesure.

I.2.5.2. Choix du traceur :


Le traceur choisi doit respecter certaines caractéristiques.
Plusieurs types de traceurs et de méthodes de détection peuvent être envisagés : les
plus courantes sont listées dans le Tableau 1.
Tableau 1. Exemples de couples traceur / moyen de détection.
Traceur Moyen de détection
Sel Conductimétrie
Colorant Colorimétrie
Isotope radioactif Gammamétrie

I.2.5.3. Propriétés de traceurs :


On utilise des traceurs: un colorant, un acide, un gaz, etc…
o Il ne doit pas perturber l’écoulement et les propriétés physico-chimiques des
molécules.
o Détectable en sortie par des appareils de mesure: conductimètre, pH mètre,
chromatographie, etc…
o Injection du traceur à l’entrée du réacteur (en zone de turbulence) et détection
en sortie (en zone de turbulence).

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o Utilisation des signaux faciles (impulsion, échelon).


o Pas de réaction durant cette étude.
I.2.5.4. Types d’introduction des traceurs :
L'introduction du traceur, peut se faire de deux méthodes simples suivantes :
une injection de type impulsion(ou Dirac) (Figure 7-a)
une injection de type échelon (Figure 7-b).
On note que la 1ère méthode est la plus utilisée généralement dans les recherches.

Figure 7 : Injections de type impulsion (a) ou échelon (b).


On définit des paramètres associés à la distribution tel que:

Moyenne :

Variance :

1. L'injection impulsion :
Elle consiste à introduire N moles de traceur pendant un temps très court (au moins
100 fois inférieur au temps de passage τ). Le volume de traceur introduit doit être
très faible par rapport au volume V du système afin de ne pas perturber son
écoulement. On note C0 = N/V, la concentration qu'aurait le traceur uniformément
réparti dans tout le volume.

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Réponse à une impulsion : la fonction de distribution E

Figure 8 : Réponse d’une injection de type impulsion.


Le traceur est injecté dans le réacteur pendant un laps de temps très court à l’instant
initial. C(t)/C0 est appelée fonction C.
A débit constant, on a:

La fonction de distribution des temps de séjour E possède les propriétés usuelles des
distributions. En particulier on peut définir les moments de cette distribution.

 Moments de la distribution
Le moment d'ordre n de la fonction de distribution des temps de séjour est :

Le moment d'ordre 0, est le facteur de normation. Il est unitaire puisque

Le moment d'ordre 1 représente la moyenne de la distribution. Il est relié au temps


de séjour moyen par :

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Le moment d'ordre 2 représente l'étalement autour du temps de séjour moyen. Il est


lié à la variance par :

Le moment d'ordre 3 représente l'asymétrie de la distribution et le moment d'ordre 4


son aplatissement.

2. L'injection échelon :
Elle consiste à faire passer brusquement la concentration en traceur dans le flux
d'alimentation du système d'une concentration nulle à une concentration C0, sans
perturber l'écoulement dans le système. La réponse normalisée est appelée "fonction
F".

Réponse à un échelon : la fonction F


La fonction F est simplement l'intégrale de la fonction de distribution des temps de
séjour E, elle apporte donc la même information. La méthode de mesure de la DTS
par injection échelon est donc dite "méthode intégrale".

Figure 9 : Réponse d’une injection de type échelon.

Relations mathématiques :
C(t)/C0 : représente la fraction des molécules en sortie ayant séjournées moins
longtemps que t, donc :

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Donc :

Considérons l’injection impulsion et établissons un bilan de matière sur le traceur


entre deux instants:

D’où :

Par conséquent :

Dn/n0 : Représente la fraction des molécules ayant séjournées entre deux instants.

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