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La microfinance dans l’UEMOA

LA MICROFINANCE DANS L'UEMOA

Origine

La microfinance connaît un développement particulier ces dernières années dans l'Union


Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Le mouvement s'est amorcé à partir de la
crise bancaire des années 1980 en prenant appui sur une tradition séculaire de finance
informelle. En effet, pour permettre à une frange importante de la population, qui se retrouvait en
marge du système bancaire classique, d'accéder à des services financiers, la BCEAO a décidé de
promouvoir de nouveaux intermédiaires financiers dont les systèmes financiers décentralisés
(SFD) ou institutions de microfinance (IMF). Ces structures apparaissent aujourd'hui comme des
vecteurs efficaces indispensables pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion financière. Ce
faisant, elles constituent des outils de transformation économique fournissant aux agents
économiques cibles des services financiers durables, capables de soutenir leurs activités
économiques et leur processus d'accumulation.

État des lieux du secteur

Au cours des dix dernières années, le secteur de la microfinance a connu une forte expansion
comme l'attestent les principaux indicateurs d'accès aux services financiers offerts par les SFD et
le volume des transactions enregistrées. Depuis 1993, date de l'adoption de la réglementation
spécifique à la microfinance et de la mise en œuvre de mesures d'accompagnement, l'offre des
services financiers de proximité s'est accrue. Le nombre de SFD officiellement recensés dans
l'UEMOA a été multiplié par six, pour se situer à 626, tandis que celui des points de services est
passé de 1 136 en 1993 à 2 597 en 2003. Le nombre des bénéficiaires des services offerts par ces
institutions est également en progression constante. De moins de 313 000 en 1993, il s'est établi à
plus de cinq millions en décembre 2003, représentant près de 7 % de la population totale de
l'Union et 15 % de la population active. A titre de comparaison, le taux de bancarisation dans
l'UEMOA se situait à moins de 3 % à fin juin 2003. En outre, près de 44 % des bénéficiaires de
services offerts par la microfinance sont des femmes.

Au plan de l’intermédiation financière, les SFD ont enregistré un accroissement régulier des
dépôts de leur clientèle. Les ressources collectées sont estimées à FCFA 204,7 milliards à fin
décembre 2003, contre FCFA 19,3 milliards à fin décembre 1994. Le montant des crédits
distribués, établi à FCFA 19,4 milliards en 1994, a été multiplié par plus de dix, pour se situer à
FCFA 200 milliards en 2003. Dans l'ensemble, 67 % des financements accordés ont une échéance
de moins d’un an et sont orientés principalement vers les activités génératrices de revenus dans
les secteurs du commerce, de la restauration et de l'agriculture. Par ailleurs, la qualité du
portefeuille qui demeure au delà de la norme de 5 % généralement admise dans le secteur, s'est
sensiblement améliorée depuis 2001, le ratio revenant à 7,2 % en 2003. Une dizaine de SFD
réalise près de 80 % des opérations de collecte de l'épargne et de distribution de crédit. Dans
chacun des pays de la sous–région, une ou deux IMF qui fédèrent plusieurs petites institutions ou
caisses de base, concentrent plus de 50 % des activités d'épargne et de crédit.

BANQUE DE FRANCE – Rapport Zone franc – 2003 81


La microfinance dans l’UEMOA

L'accroissement du volume des transactions est allé de pair avec la diversification des
bénéficiaires des services offerts. La clientèle des institutions de microfinance se retrouve de plus
en plus dans toutes les couches de la société. Le montant des crédits accordés par les SFD varient
de moins de FCFA 10 000 à près d'une dizaine de millions, avec une moyenne de FCFA 210 000
en 2002. L'élargissement de l'accès des services offerts à toutes les couches sociales se traduit par
une vive concurrence entre les IMF et le système bancaire, notamment sur le segment du marché
des crédits aux PME et aux classes moyennes. Ainsi, certains grands réseaux bancaires
envisagent de créer un établissement financier spécialisé dans la mobilisation des ressources
longues devant leur permettre de couvrir leurs emplois à terme.

Nonobstant ces évolutions, la microfinance dans l'UEMOA est confrontée à des défis portant sur
les déficiences des systèmes d'information et de gestion des SFD et à un suivi limité de ces
structures par les autorités de contrôle. En outre, la contribution de ce secteur à la mobilisation
de l'épargne et au financement des économies de l'Union demeure faible, au voisinage de 5 % du
total du système financier.

Perspectives

Eu égard à l'importance prise par les SFD au sein des États de l'Union et afin d'apporter des
solutions appropriées et durables aux difficultés identifiées, il est apparu nécessaire d'œuvrer à la
consolidation des performances enregistrées et, subséquemment, d'inscrire les efforts déployés
par les Autorités monétaires en faveur du secteur dans une démarche résolument prospective.
Cette préoccupation se justifie également par le souci de tenir compte des dernières évolutions de
la finance décentralisée qui mettent en exergue l'accentuation de la concurrence, l'entrée dans le
secteur de nouveaux acteurs (banques commerciales, fonds d'investissement, etc.) et la
consolidation des SFD (fusion, réseautage, etc.).

Dans cette perspective, la BCEAO a élaboré en 2003 un programme régional d’appui à la finance
décentralisée (PRAFIDE) pour la période 2004-2008. Ce nouveau dispositif, dont les volets
essentiels ont fait l'objet d'une large concertation impliquant l'ensemble des acteurs du secteur,
vise à maintenir, voire à consolider les fondations existantes et à bâtir un secteur solide et
performant capable de répondre durablement à la demande sociale. Cette stratégie d'intervention
se décline en quatre axes principaux : l'aménagement du cadre juridique, le renforcement des
capacités des acteurs et la valorisation de l'expertise locale, l'amélioration de l'information sur le
secteur (modernisation des systèmes d'information de gestion) et l'accroissement de l'efficacité
des mécanismes de surveillance interne et externe.

Encart rédigé par la BCEAO, Direction des systèmes financiers décentralisés.

82 BANQUE DE FRANCE – Rapport Zone franc – 2003

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