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Vanessa Casadella
2018/2 n° 32 | pages 11 à 16
ISSN 1953-6119
ISBN 9782343146539
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2018-2-page-11.htm
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La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
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Vanessa CASADELLA
UPJV, CRIISEA
vanessa.casadella@u-picardie.fr
Pourquoi l’Afrique ?
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considérée comme un outil de la domination coloniale (Pourtier, 2010).
Les systèmes éducatifs étaient des systèmes totalement importés dans
leurs structures comme dans leurs finalités par les différents
colonisateurs (Martin, 2006).
Avec 58 millions d’enfants non scolarisés en 2012 (Unesco, 2015),
l’Afrique Sub-saharienne a été la plus touchée par les difficultés
inhérentes à la réalisation des objectifs de l’EPT. La réalisation de ces
objectifs a été très laborieuse malgré les sommes investies ces dix
dernières années permettant une scolarisation sans précédent. En effet, il
ressort de l’édition 2015 du Rapport mondial de suivi sur l’Éducation
Pour Tous (EPT) que les taux nets de scolarisation dans le primaire se
sont sensiblement améliorés en atteignant 93 % en 2015, contre 84 % en
1999. Mais en 2015, date clé pour les Objectifs du Millénaire du
Développement (OMD), grand nombre de pays d’Afrique subsaharienne
sont toujours loin d’avoir généralisé l’accès à l’éducation primaire. Des
franges entières de la population demeurent exclues du système éducatif.
L’Éducation pour tous semble être un mirage qui se déplace au fur et à
mesure que l’on croit s’en rapprocher.
Malgré tout, le continent africain est loin d’être uniforme. La grande
diversité des situations à l’intérieur du continent est la règle et non
l’exception, y compris entre des pays géographiquement proches,
culturellement similaires ou de niveaux économiques comparables.
Considérés comme un droit et un moteur du développement par
fertilisation des processus économiques, l’accès, la qualité et le
financement de l’éducation posent encore un très grand nombre de
questions, sur lesquelles la recherche est amenée à travailler pour
envisager l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) en
2030.
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dans une détérioration irréversible des termes de l’échange des produits
primaires, ce qui génère un cercle vicieux de la pauvreté. Par ailleurs, ces
pays ont été soumis par le FMI aux programmes d’ajustement structurel
dont l’un des aspects comportait une réduction des dépenses publiques
dans les secteurs sociaux, dont l’éducation. Dans beaucoup de pays
africains, ces programmes ont eu pour effet de freiner, voire de faire
régresser la scolarisation (Martin, 2006).
Lorsqu’elles sont mises en place, les politiques éducatives introduisent
de nombreuses orientations stratégiques telles que l’élargissement et la
continuité de l’offre éducative, l’amélioration de l’efficience du système
éducatif, le dynamisme de l’enseignement technique et la formation
professionnelle ou la promotion de la culture de l’éducation. Très
souvent, elles s’accompagnent de dispositifs institutionnels leur
permettant d’atteindre plus rapidement leurs objectifs à moyen terme.
Ces politiques éducatives sont très hétérogènes d’un contexte à l’autre,
d’un territoire à l’autre et d’une région à l’autre. Pour autant, et
globalement, l’analphabétisme reste très important et la scolarisation
primaire encore loin d’être démocratisée. Doit-on en conclure sur
l’inadaptation de ces dernières ? Leur pertinence reste largement discutée
malgré leurs enjeux, trop peu valorisés.
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Afrique passe nécessairement par une expertise aux méthodes
renouvelées, centrées sur la pratique et sachant opportunément tirer les
leçons des expériences infructueuses des dernières années.
Le second article, proposé par Rohen d’Aiglepierre, aborde le thème de
l’ « Enseignement privé et du développement de l’éducation en A.S.S ». Cet auteur
revient d’abord sur la difficulté à tracer une limite précise et immuable
entre enseignement public et privé, malgré l’importance du phénomène.
Selon ce dernier, l’enseignement privé est un acteur ancien et
incontournable de la scène éducative de la plupart des pays de l’Afrique
Sub-Saharienne. Dès lors, il n’est pas opportun de bloquer toutes les
initiatives privées ou de les laisser se développer sans véritable contrôle
ni incitation, malgré le danger particulièrement important de voir se
mettre en place un système éducatif dual.
Le troisième article, rédigé par Marc Pilon, « Démographie, éducation et
développement en Afrique », revient sur le thème, tant évoqué ces dernières
années, du défi du nombre et dividende démographique en Afrique Sub-
Saharienne. Marc Pilon montre que les relations entre démographie,
éducation et développement sont fortes, mais aussi très complexes. Le
niveau élevé de la croissance démographique de la plupart des pays
subsahariens va constituer, pour de nombreuses années encore, une
véritable contrainte nécessitant toujours plus de ressources financières
pour parvenir enfin à atteindre la tant attendue scolarisation primaire
universelle.
Le quatrième article, écrit par Jacques Kiambu Di Tuema, « Politiques de
l’éducation et développement du capital humain : Le cas de la République
Démocratique du Congo (RDC) », revient sur l’étude des politiques
éducatives appliquées en RDC, à l’époque coloniale et postcoloniale.
Selon ce dernier, les politiques libérales, qui prônent la marchéisation de
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des systèmes d’innovation africains. Les institutions de la connaissance et
tous les dispositifs institutionnels de formation et d’apprentissage
doivent être en connexion permanente avec les systèmes productifs pour
générer de l’innovation et produire des connaissances. Cette connexion
n’est pourtant pas assez reconnue actuellement, freinant l’émergence de
pôles d’innovation.
La septième proposition, d’Emmanuel Moussone et Prosper Metougue
Nang, « Le renforcement de la formation technique et l’industrialisation en Afrique
Sub-Saharienne : le cas du Gabon » montre que les processus économiques
de rente et de coopération postcoloniaux en place depuis les
indépendances n’ont pas permis de favoriser de véritables transferts de
compétences et la création des filières industrielles. Or, face aux
mutations actuelles de l’environnement international, la formation
technique apparait comme une condition nécessaire à l’acquisition des
compétences indispensables à l’appropriation des innovations et à la
création des filières industrielles.
Le huitième papier, écrit en anglais par Daniel Perlman, Fatima Adamu,
et Quentin Wodon, « Why Do Adolescent Girls Drop Out of School in Niger ? »,
revient sur les causes selon lesquelles les jeunes femmes au Niger
abandonnent l’école prématurément dans les zones rurales. Dans la
région de Maradi au Niger, il semble y avoir un consensus selon lequel si
l’éducation en milieu rural était de qualité suffisante pour être un moyen
efficace d’assurer un avenir pour les filles, l’investissement serait réel.
Mais l’éducation est souvent considérée comme une obligation religieuse
d’une qualité si médiocre qu’elle offre peu de possibilités pour l’avenir.
Enfin, la dernière contribution, écrite dans la rubrique « témoignages
et récits d’experts » : Politiques éducatives et développement en Afrique, par
Philippe Hugon, analyse les dynamiques éducatives, les effets de
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BIBLIOGRAPHIE
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Afrique subsaharienne : l’éducation en jeu », CEPED, Nogent-sur-
Marne, p.147-161.
POURTIER, R., 2010, « L’éducation, enjeu majeur de l’Afrique post-
indépendances. Cinquante ans d’enseignement en Afrique : un bilan en
demi-teinte », Afrique contemporaine, vol. 235, no. 3, p. 101-114.
UNESCO, 2015, Rapport de suivi sur l’Education Pour Tous, Unesco,
Paris.
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