Hyponatrémies en réanimation
J.-C. Orban, C. Gentelet, C. Ichai
Résumé : La natrémie est le déterminant majeur de l’hydratation intracellulaire. Le cerveau est capable
de réguler son volume face à des variations de tonicité plasmatique, permettant de limiter les risques
d’œdème cérébral en cas d’hyponatrémie. Devant une hyponatrémie, il faut calculer la tonicité plas-
matique et mesurer la glycémie de façon à éliminer les hyponatrémies isotoniques et hypertoniques.
Face à une hyponatrémie hypotonique, il faut faire son diagnostic de gravité, seul élément qui condi-
tionne le traitement. Celui-ci repose sur l’importance des signes cliniques neurologiques qui témoignent de
l’importance de l’œdème cérébral. En cas de signes neurologiques graves, il est recommandé d’administrer
en urgence un bolus de sérum salé hypertonique de façon à réduire l’œdème cérébral. Le diagnostic étio-
logique se fait dans le même temps de façon à pouvoir poursuivre le traitement étiologique. Sur un plan
physiopathologique, la classification étiologique est fondée sur l’état du volume extracellulaire (VEC). En
pratique, il est recommandé de rechercher la prise de diurétique, de mesurer l’osmolarité urinaire (OsmU)
et la natriurèse. Une OsmU basse évoque le diagnostic de potomanie. En cas d’OsmU élevée et après
élimination de la prise de diurétiques, il convient de distinguer deux situations : une natriurèse basse
évoque la présence d’une hypovolémie circulante avec baisse du VEC (pertes digestives ou cutanées) ou
avec augmentation du VEC (insuffisance cardiaque congestive, cirrhose) ; une natriurèse élevée peut être
associée à une normovolémie (SIADH) ou une hypovolémie en rapport avec des pertes rénales (insuf-
fisance surrénalienne ou syndrome de perte de sel). Dans tous les cas, la rapidité de correction de la
natrémie obéit à des règles bien établies. Le risque de surcorrection avec myélinolyse centropontine n’est
présent qu’en cas de correction trop rapide d’une hyponatrémie chronique pauci- ou asymptomatique.
Dans ces situations, la restriction hydrique, l’administration d’urée ou d’antagonistes des récepteurs à la
vasopressine sont possibles.
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Plan Introduction
■ Introduction 1 Le sodium est le cation essentiel du secteur extracellulaire. Sa
■
concentration plasmatique et sa quantité sont étroitement régu-
Natrémie et métabolisme de l’eau 2
lées. La natrémie est fortement impliquée dans la régulation
■ Définition et épidémiologie des hyponatrémies 5 du métabolisme de l’eau et donc dans l’hydratation intracel-
■ Diagnostic des hyponatrémies 6 lulaire. Sont rappelées dans un premier paragraphe quelques
■ Traitement des hyponatrémies 12 notions fondamentales de physiopathologie (mouvements d’eau
de l’organisme, principaux mécanismes de régulation de la
■ Conclusion 15 balance hydrique et du maintien du volume cellulaire). Le para-
■ Annexe A. Mécanismes de régulation de la balance hydrique 15 graphe suivant est consacré aux définitions et à l’épidémiologie
■ Annexe B. Mouvements d’eau et aquaporines 15 des hyponatrémies en réanimation. Les différentes recommanda-
■
tions d’experts pour la prise en charge des hyponatrémies sont
Annexe C. Mécanismes de régulation du volume cellulaire 15
concordantes pour la majorité des points. Elles suivent plusieurs
■ Annexe D. Arginine vasopressine et copeptine 16 étapes qui consistent à affirmer le diagnostic d’hypotonie, d’en
évaluer la gravité, paramètres indispensables qui conditionnent
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SEC SIC
SEC SIC SEC SIC
MC
MC MC
Eau
Sodium extracellulaire Sodium extracellulaire Potassium Sodium extracellulaire Osmole inactive
intracellulaire
Potassium intracellulaire Osmole active Potassium intracellulaire
A B C
SEC SIC Figure 1. Tonicité plasmatique et mouvements d’eau entre le secteur intracellulaire (SIC) et le secteur
extracellulaire (SEC) à travers la membrane cellulaire (MC).
A. Situation normale : l’osmole active principale du SEC est le sodium (rond) ; celle du SIC est le
potassium (carré). Il n’existe pas de gradient osmotique transmembranaire et l’hydratation intra- et
MC extracellulaire sont normales.
B. Situation d’hypertonie plasmatique : l’élévation de tonicité plasmatique induit un gradient osmo-
tique transmembranaire qui entraîne un transfert d’eau du SIC vers le SEC, donc une déshydratation
intracellulaire.
C. Situation d’isotonie plasmatique : la répartition en concentration égale d’osmoles inactives induit
une hyperosmolarité extracellulaire, mais aussi intracellulaire dans les mêmes proportions. Ainsi, il n’y a
Eau
pas de gradient osmotique transmembranaire, donc pas de mouvement d’eau entre les deux secteurs
Sodium extracellulaire ni anomalie de l’hydratation intracellulaire.
Potassium intracellulaire D. Situation d’hypotonie plasmatique : la baisse de tonicité plasmatique induit un gradient osmo-
tique transmembranaire qui entraîne un transfert d’eau du SEC vers le SIC, donc une hyperhydratation
D intracellulaire.
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Hyponatrémies en réanimation 36-860-A-05
est donc l’outil le plus exact et le plus pratique pour évaluer l’état biteurs de la recapture de la sérotonine) qui activent de nombreux
d’hydratation intracellulaire : un stress hypotonique indique tou- récepteurs spécifiques disséminés dans le cerveau. Des données
jours une hyperhydratation intracellulaire (œdème cellulaire) et récentes ont montré qu’à côté de la régulation classique systé-
inversement. mique dite « homéostatique » de sensation de la soif, il existe une
régulation très précoce avant toute variation d’osmolarité plas-
matique et qui survient par anticipation à certains phénomènes
Balance hydrique et sa régulation comme l’hyperthermie, les repas, le rythme circadien, etc. [6–8] .
Le même phénomène d’anticipation survient également en sens
En situation physiologique, l’équilibre de la balance hydrique inverse pour la satiété (Annexe A).
permet de prévenir les variations de tonicité plasmatique donc La balance hydrique de l’organisme est ainsi contrôlée au
d’hydratation intracellulaire. Le témoin de la tonicité plasmatique niveau des entrées exogènes d’eau grâce à la sensation de soif.
est généralement la natrémie, mais pas dans tous les cas (cf. infra). Le contrôle des sorties se fait essentiellement au niveau rénal en
Il faut aussi distinguer la natrémie qui est une concentration plas- faisant varier le volume et la concentration des urines. En activant
matique de la quantité globale de sodium de l’organisme. Ce les récepteurs V2 (V2R) rénaux, l’ADH augmente la perméabilité
dernier paramètre contrôle le volume extracellulaire (VEC) et fait du tube collecteur à l’eau en activant des canaux à eau appelés
aussi l’objet d’une régulation étroite. La régulation de la balance aquaporines qui permettent une réabsorption importante d’eau.
hydrique est assurée essentiellement par trois mécanismes : L’effet est donc une concentration des urines ou antidiurèse. La
l’hormone antidiurétique (ADH) appelée aussi arginine vasopres- fixation de l’ADH sur les V2R active l’expression des aquaporines 3
sine (AVP), la soif, et les capacités de concentration/dilution des (AQP3) de la membrane basale des cellules tubulaires rénales, ce
urines par le rein (Fig. 2) [1, 4, 6–8] . qui déclenche une cascade de réactions intracellulaires aboutis-
L’ADH comme la soif sont soumis à plusieurs types de méca- sant à l’expression des AQP2 sur la membrane apicale des cellules
nismes de régulation pour maintenir conjointement la tonicité tubulaires. La phosphorylation des AQP2 permet alors la réabsorp-
plasmatique malgré les variations quotidiennes d’entrées et de tion d’eau par les cellules rénales. Elle active dans le même temps
sorties d’eau de l’organisme (Fig. 3, 4). La régulation osmotique la réabsorption rénale de sodium par le canal épithélial (ENaC) du
neurohormonale est la plus puissante et la plus sensible. Une tube collecteur [6–8, 14–16] . Au niveau des cellules musculaires lisses
augmentation de 1 à 2 % de tonicité plasmatique déclenche la des vaisseaux, l’AVP se fixe sur les récepteurs V1R et induit une
libération d’ADH dans le sang et la sensation de soif grâce à un vasoconstriction intense.
signal provenant des osmorécepteurs situés au niveau des noyaux Alors que la rétention rénale d’eau sous l’effet de l’ADH
supraoptiques et paraventriculaires cérébraux. Au-delà d’un seuil atteint un maximum (concentration maximale des urines :
de 280 mOsm kg−1 , la concentration plasmatique d’ADH aug- 1200 mOsm l−1 ), la soif n’a pas de limite supérieure, ce qui
mente de façon linéaire ainsi que la sensation de soif [1, 2, 6–10] . explique qu’un sujet dont la sensation de soif n’est pas altérée
En deçà de cette valeur, la concentration plasmatique d’ADH et qui a un accès libre aux boissons ne devrait pas développer
est indétectable et la soif n’est pas présente. Il existe plusieurs d’hypertonie plasmatique.
types de régulation non osmotique. Parmi ceux-ci, le système
hormonal baro-volumique est le plus important et repose sur
l’angiotensine II et le facteur atrial natriurétique [1, 7, 8, 11–13] . Ces
deux hormones régulent l’ADH et la soif en activant/inhibant
Volume cellulaire et sa régulation
des baro-volorécepteurs périphériques situés principalement au Les cellules et tout particulièrement les cellules cérébrales ne se
niveau du sinus carotidien et de la crosse aortique. C’est par comportent pas comme des osmomètres parfaits et sont capables
ces voies que l’hypotension artérielle et l’hypovolémie stimulent de réguler en partie leur volume face à des variations d’osmolarité
l’ADH et la soif indépendamment des variations osmotiques. plasmatique. Au niveau cérébral, ce processus, appelé osmorégu-
Cependant, une baisse d’au moins 5 à 10 % de pression arté- lation cérébrale, est particulièrement efficace pour éviter l’œdème
rielle ou de volémie est nécessaire pour activer cette régulation. Les cérébral qui peut aboutir à la mort encéphalique par hypertension
principaux stimuli non osmotiques, non baro-volumiques sont les intracrânienne. Les cellules mettent en place une régulation de
nausées-vomissements, la douleur, l’hypoxie, le stress, ainsi que leur volume malgré la persistance de valeurs anormales de toni-
de nombreux médicaments (morphiniques, antidépresseurs inhi- cité plasmatique [1–3, 9, 10, 17–19] . En cas d’hypotonie plasmatique,
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Sang Sang
après une augmentation transitoire, le volume cellulaire va tique lente (chronique), la régulation du volume cellulaire fait
décroître rapidement : c’est le mécanisme de régulation par dimi- appel à des modifications de contenu intracellulaire en osmoles
nution de volume ou « regulatory volume decrease » (RVD). organiques appelées osmoles idiogéniques ou osmolytes [9, 18, 20] .
En cas d’hypertonie plasmatique, c’est le mécanisme inverse L’hypotonie induit une sortie de ces molécules de la cellule. Il
de « regulatory volume increase » (RVI). Ce phénomène fait s’agit de trois familles biochimiques incluant les acides aminés
appel à des modifications du contenu intracellulaire en sub- (glutamate, glycine, alanine), de polyols (myo-inositol, sorbitol)
stances osmotiques actives (Fig. 5). Dans le cas d’une régulation et des triéthylamines. À côté des variations osmotiques de volume
de volume rapide, les molécules impliquées sont des électro- cellulaire, il existe d’autres voies de transfert d’eau transmembra-
lytes qui permettent une régulation rapide mais incomplète. naires. En effet, la membrane cellulaire est peu perméable à l’eau
Ainsi, en cas d’hypotonie aiguë, le contenu intracellulaire céré- et les capacités de flux hydrique de certaines membranes cellu-
bral en électrolytes va rapidement diminuer, ce qui va atténuer laires (cérébrales, rénales) peuvent être largement accrues grâce
le gradient osmotique transmembranaire et limiter l’importance à des cotransporteurs d’ions et des canaux à eau de type aqua-
de l’œdème cérébral. En cas de variation de tonicité plasma- porines [4, 14, 16, 21, 22] . Au sein de ce groupe fonctionnel, les AQP2,
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l’hyponatrémie. Le scanner (ou l’imagerie par résonance magné- port dans 80 % des cas avec une anomalie de dilution des urines.
tique [IRM]) cérébral et/ou le Doppler transcrânien peuvent être Cependant, la difficulté d’évaluer de façon simple et fiable le
utiles pour éliminer d’autres diagnostics et préciser l’importance VEC en réanimation rend cette stratégie diagnostique peu réaliste
d’un l’œdème cérébral. en pratique clinique [55, 56] . C’est pourquoi, les recommandations
Les hyponatrémies chroniques ont été longtemps considé- européennes proposent un algorithme pragmatique fondé sur
rées comme asymptomatiques. Néanmoins, les données actuelles la mesure de l’OsmU suivie de la détermination de la natriu-
montrent que celles-ci ne sont pas totalement bénignes et que rèse (NaU) [24] . Une OsmU inférieure ou égale à 100 mOsm kg−1
l’hyponatrémie chronique légère est un facteur indépendant indique un excès d’entrée d’eau avec une réponse rénale adap-
de survenue d’effets indésirables tels que chute, troubles de la tée. Un seuil de 30 mmol l−1 de NaU permet dans la majorité
marche, fractures et même décès [28, 45–49] . Ces symptômes sont des cas de distinguer avec une bonne sensibilité et spécificité les
indépendants de l’âge et du sexe [47, 48] . L’hyponatrémie chro- hypo-, hyper- et normovolémies, à l’exception des situations de
nique accentue la déminéralisation osseuse en stimulant l’activité prise de diurétiques natriurétiques pour lesquelles une NaU supé-
ostéoclastique [50] . Aux États-Unis, 1 % des hyponatrémies seraient rieure à 30 mmol l−1 peut s’associer à tout type de variation de
aiguës symptomatiques et 4 % asymptomatiques. Quinze à 25 % volémie [31, 56, 57] . Pour avoir une interprétation plus précise, les
des chroniques seraient symptomatiques et 75 à 80 % asympto- prélèvements urinaires doivent être réalisés le plus tôt possible
matiques [51] . (avant tout traitement si possible) sur un échantillon urinaire
associé au prélèvement sanguin (Fig. 7). Lorsque la cause de
l’hyponatrémie reste discutée, il est nécessaire d’y ajouter d’autres
données biologiques telles que l’évaluation de la fonction rénale
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Osmolarité urinaire
Non
Augmentation du Baisse du Oui VEC normal Baisse du VEC
VEC VEC
SIAD(H) Vomissement
Insuffisance Diarrhée,
Insuffisance Insuffisance
cardiaque vomissement
surrénalienne surrénalienne
Cirrhose Diurétiques
secondaire primaire
hépatique au long court
Diurétiques « Cerebral et renal
Syndrome 3e espace salt wasting
Hypothyroïdisme
néphrotique
syndrome »
Diurétiques
Figure 7. Arbre décisionnel. Diagnostic étiologique d’une hyponatrémie. VEC : volume extracellulaire ; SIAD : syndrome inapproprié d’antidiurèse ; SIADH :
syndrome de sécrétion inappropriée d’ADH.
d’acide urique sera plutôt diminuée du fait de la baisse de réabsorp- facilement affirmée devant les œdèmes périphériques, la turges-
tion rénale induite par l’hypovolémie. La perfusion de sérum salé cence jugulaire, et les œdèmes périphériques. Logiquement, la
permet de rétablir la volémie et de corriger la natrémie stoppant natriurèse devrait être basse en raison de l’hyperaldostéronisme
la sécrétion non osmotique d’ADH. secondaire, mais elle est souvent ininterprétable du fait de la prise
Hyponatrémies à volume extracellulaire diminué. Les de diurétiques, fréquente dans ces circonstances. L’hyponatrémie
causes les plus fréquentes sont les pertes gastro-intestinales. Les s’installe progressivement de sorte que les signes neurologiques
vomissements, aspirations et fistules digestives hautes sont clas- sont le plus souvent absents. Ces hyponatrémies représentent une
siquement associées à une alcalose métabolique du fait d’une complication métabolique fréquente au cours de l’insuffisance
perte concomitante de chlore, alors que les pertes digestives cardiaque congestive. Elles représentent un facteur prédictif indé-
basses (diarrhées) sont associées à une acidose métabolique. Les pendant de mortalité [66, 69, 70] . C’est aussi une complication
pertes cutanées importantes (brûlures) représentent également fréquente de la cirrhose, observée chez 50 % des patients pour
une cause d’hyponatrémie hypovolémique. Toutes ces hypo- des seuils de natrémie inférieurs à 135 mmol l−1 , et 21,6 %
natrémies sont souvent favorisées par la perfusion de solutés d’entre eux en considérant des seuils d’hyponatrémie inférieurs à
hypotoniques. L’administration prolongée de diurétiques peut 130 mmol l−1 . L’hyponatrémie s’associe plus souvent à des signes
aussi être responsable d’une hyponatrémie hypovolémique, sou- de décompensation tels qu’encéphalopathie, ascite réfractaire,
vent aggravée par un apport excessif d’eau. syndrome hépatorénal et infection d’ascite [68] . L’insuffisance
Hyponatrémies à volume extracellulaire augmenté. Elles rénale oligoanurique et le syndrome néphrotique peuvent aussi
sont dues à une rétention d’eau et de sel, prédominant sur l’eau. se compliquer d’hyponatrémie à VEC augmenté, surtout à la
La rétention de sel explique l’augmentation du VEC. Ces hypona- faveur de perfusions de solutés hypotoniques. Chez les alcooliques
trémies sont retrouvées chez 25 % des hyponatrémies des patients chroniques dénutris, un régime pauvre en sodium peut entraîner
de réanimation [53] . Le mécanisme de survenue de l’hyponatrémie un défaut d’excrétion rénale d’eau libre [71] . L’hypertension arté-
dans ces contextes est complexe [33, 66–68] . Au cours de l’insuffisance rielle (HTA) secondaire à une sténose de l’artère rénale est une
cardiaque congestive et de la cirrhose, il existe une hypovolé- autre cause d’hyponatrémie à VEC augmenté : c’est le syndrome
mie circulante en rapport avec la baisse du débit cardiaque et/ou d’hyponatrémie hypertensive. Il s’observe plus souvent chez les
la vasoplégie. Ces anomalies activent l’axe neurohormonal qui sujets âgés et associe céphalées, confusion, polyurie-polydipsie
stimule le système nerveux sympathique et le système rénine- avec hypokaliémie et augmentation de réninémie. Le mécanisme
angiotensine-aldostérone, aboutissant à une rétention rénale de de l’hyponatrémie reste mal connu : activation du système rénine-
sodium et au maintien de la pression artérielle. L’hypovolémie cir- angiotensine-aldostérone, stimulation non osmotique de la soif.
culante systémique (et de la circulation splanchnique) active en
même temps les barorécepteurs vasculaires, ce qui stimule l’AVP Hyponatrémies avec natriurèse supérieure à 30 mmol l−1
et donc la rétention rénale d’eau. Le tableau clinique est en géné- La natriurèse élevée témoigne d’une perte sodée rénale. La prise
ral évocateur, orienté par le contexte. L’augmentation du VEC est de diurétiques, en particulier les thiazidiques, reste une cause
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Tableau 3.
Critères diagnostiques différentiels entre le syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH) et le syndrome de perte de sel cérébral
(cerebral salt wasting syndrome [CSW]).
SIADH CSW
Signes cliniques
Pression artérielle Normale Basse/normale (hypotension orthostatique)
Fréquence cardiaque Normale Normale/haute
Pression veineuse centrale Normale Basse
Diurèse Normale Haute
Paramètres biologiques
Azotémie Normale/basse Normale/haute
Uricémie Normale/basse Basse
Fraction excrétée de sodium > 0,5 % Oui Non
Fraction excrétée d’urée > 55 % Oui Non
Fraction excrétée d’acide urique > 12 % Oui Non
fréquente [32, 34, 62, 63] . Les thiazidiques activent l’excrétion rénale tions plasmatiques élevées d’ADH, la diurèse reprend associée à
de sodium ainsi que celle de potassium et de magnésium, et sti- une OsmU basse, mais une NaU élevée supérieure à 30 mmol l−1 .
mulent la sécrétion non osmotique d’AVP. Dans cette situation, la Ce processus est la conséquence d’une diminution des récepteurs
première étape diagnostique consiste donc à rechercher la prise rénaux V2R et de l’expression des AQP2 au niveau des tubes col-
de diurétiques ou l’existence d’une maladie rénale chronique. lecteurs [39, 76, 77] . Ainsi, malgré la persistance de concentrations
Ces deux situations affectent la natriurèse, indépendamment du plasmatiques élevées d’ADH, la diurèse reprend associée à une
VEC, et peuvent conduire à des erreurs diagnostiques [52, 56, 58, 63, 67] . OsmU basse, mais une NaU élevée supérieure à 30 mmol l−1 . Des
Après avoir éliminé ces deux diagnostics, il faut distinguer les anomalies de la perception de la soif participent au développe-
hyponatrémies à VEC bas de celles à VEC normal. ment de l’hyponatrémie dans le SIADH, expliquant la persistance
Hyponatrémies à volume extracellulaire diminué. d’absorption d’eau malgré l’hypotonie plasmatique. Le diagnostic
L’insuffisance minéralo-surrénalienne primaire (maladie de SIADH reste malgré tout un diagnostic d’élimination, retenu en
d’Addison) associe pertes rénales de sodium et rétention de l’absence de toute stimulation non osmotique de l’ADH [9, 10, 24, 25]
potassium. Les pathologies cérébrales exposent à la survenue Les critères de diagnostic du SIADH sont de deux types [44, 77, 78] .
d’hyponatrémies hypovolémiques par pertes urinaires de sel : Les critères absolus ou essentiels incluent :
c’est le syndrome de perte de sel cérébral ou « cerebral salt • hyponatrémie hypotonique (tonicité plasmatique inférieure à
wasting syndrome » (CSW) qui est bien documenté en post- 275–280 mOsm kg−1 ) ;
opératoire de neurochirurgie, dans les hémorragies méningées • OsmU supérieure à 100 mOsm kg−1 ;
ou encore pathologies traumatiques, tumorales, vasculaires ou • normovolémie clinique ;
infectieuses cérébrales [64, 72–75] . L’existence d’un tel syndrome • natriurèse supérieure à 30 mmol l−1 avec ingestion normale de
reste débattue du fait de la difficulté de mise en évidence de sodium ;
l’hypovolémie et de mécanismes proches de ceux du SIADH : • fonctions rénale, surrénalienne et thyroïdienne normales ;
modifications hormonales du système nerveux adrénergique du • pas de prise récente de diurétiques. Les critères relatifs
système rénine-angiotensine-aldostérone, de l’ADH et des pep- retiennent :
tides natriurétiques [64, 73] . Toutefois, la littérature recommande ◦ correction partielle de l’hyponatrémie par la restriction
de distinguer le SIADH du CSW chez les patients cérébrolésés hydrique,
car le traitement du premier fait appel à la restriction hydrique, ◦ absence de correction de l’hyponatrémie lors d’un apport de
alors que l’apport de NaCl est préconisé dans le CSW [6, 24, 25, 72] . NaCl 0,9 % associé à une augmentation de la fraction excrétée
En dehors des classiques paramètres biologiques sanguins et uri- de sodium,
naires et des fractions excrétées précités (Tableau 3), des données ◦ uricémie et azotémie basses. La classique normovolémie du
récentes proposent de considérer la balance hydrique qui est SIADH explique que l’excrétion rénale de sodium, urée et
négative dans le CSW mais pas dans le SIADH [64, 65] . Il existe acide urique est maintenue.
également des syndromes de perte de sel dans des néphropathies Ainsi, l’azotémie et l’uricémie sont basses dans le SIADH, alors
avec perte de sel (syndrome de perte de sel rénal [RSW]). que les fractions excrétées de sodium, urée, et acide urique sont
Hyponatrémies à volume extracellulaire normal. Ce sont élevées (FeNa > 0,5–1 %, FeUrée > 55 %, FeAcideUrique > 12 %)
les causes les plus fréquentes d’hyponatrémies chez les patients (Tableau 3). Le calcul des Fe fait appel à la formule suivante :
hospitalisés [26, 53] . Elles sont dues à un apport d’eau excessif ou FeX (%) = (UX/PX) × (Pcréat/Ucréat) × 100, X étant la substance,
une rétention d’eau sans modification du capital sodé, expli- UX, PX, Ucréat, Pcréat étant les concentrations urinaires et plas-
quant la normovolémie. Dans ces situations, la concentration matiques de la substance X et de la créatinine [59, 61, 79] . Enfin,
des urines est inappropriée, trop élevée par rapport à l’hypotonie le test de perfusion de NaCl peut aussi permettre de distinguer
plasmatique. Ce sont toutes les situations d’antidiurèse, caracté- ces deux situations. Dans le SIADH, cette perfusion ne corrige
risées par une OsmU supérieure à 100 mOsm kg−1 [6, 10, 23–25, 60] . pas l’hyponatrémie et va s’accompagner d’un accroissement de
Les principales causes de ces hyponatrémies sont le syndrome la natriurèse, à l’inverse des hyponatrémies hypovolémiques. Le
de sécrétion inappropriée d’ADH ou SIADH, certaines anomalies dosage de la concentration plasmatique d’ADH n’est pas recom-
endocriniennes et les causes iatrogènes médicamenteuses dont le mandé en routine pour le diagnostic de SIADH [9, 24] . En effet,
diagnostic différentiel est fondé sur la valeur de la natriurèse. quatre tableaux biologiques ont été observés chez des patients
Syndrome de sécrétion inappropriée d’ADH. L’antidiurèse avec SIADH et recevant une perfusion de NaCl 0,9 %. Le type A ou
peut résulter d’une sécrétion inappropriée d’ADH au niveau « random SIADH », présent chez 30 à 40 % des patients, se traduit
de la glande hypothalamo-hypophysaire ou d’une localisation par une sécrétion élevée et erratique totalement indépendante de
ectopique. Elle peut également résulter d’anomalies au niveau la tonicité plasmatique. Le type B ou « leak SIADH », retrouvé
des récepteurs de l’ADH ou d’anomalies des aquaporines. Ainsi, chez 30 % des patients, est caractérisé par un taux basal d’ADH
le SIADH est ou plus exactement le syndrome inapproprié élevé mais qui augmente normalement en cas d’hypertonie plas-
d’antidiurèse (SIAD) couvre de nombreuses situations. Le main- matique. Le type C ou « reset osmostat », aussi présent chez 30 %
tien d’un VEC normal résulte d’une stimulation de la diurèse des patients, correspond à une baisse du seuil de sécrétion osmo-
et d’un rétablissement de la balance sodée sous l’effet de fac- tique d’ADH de sorte que la concentration plasmatique d’ADH
teurs natriurétiques : c’est le phénomène « d’échappement rénal augmente pour un seuil anormalement bas de tonicité plasma-
à la vasopressine ». Ainsi, malgré la persistance de concentra- tique. Le type D, présent chez les 10 % restants de patients, ne
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Hyponatrémies en réanimation 36-860-A-05
Tableau 4.
Principales causes de syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone
antidiurétique (SIADH). “ Point fort
Lésions du système nerveux central
Infectieuse (bactérienne, virale, fungique, tuberculeuse) : encéphalite, Le diagnostic étiologique des hyponatrémies hypoto-
méningite, abcès niques repose sur un interrogatoire avec recherche des
Traumatisme crânien prises médicamenteuses, en particulier de diurétiques,
Tumeur cérébrale primitive ou secondaire
un examen clinique soigneux, mais aussi la mesure de
Thrombose du sinus caverneux, atrophie cérébrale, hydrocéphalie
Accident vasculaire cérébral, encéphalopathie postanoxique
l’osmolarité urinaire et de la natriurèse dès que possible
Neuropathie périphérique et syndrome de Guillain-Barré sur un échantillon des urines. Une OsmU basse indique
Porphyrie aiguë, sclérose multiple un excès d’apport d’eau en rapport avec une polydip-
Délirium tremens, syndrome de Shy-Dräger, syndrome des sie primaire le plus souvent. La natriurèse est un outil
antiphospholipides d’évaluation pratique de la volémie circulante. Face à une
Lésions pleuropulmonaires OsmU haute associée à une NaU haute, il faut avant tout
Cancer anaplasique à petites cellules, mésothéliome éliminer la prise de diurétiques. Si ce n’est pas le cas, la
Infection (bactérienne, virale, fungique, tuberculeuse) NaU élevée peut témoigner d’une antidiurèse anormale
Syndrome de détresse respiratoire de l’adulte avec normovolémie et dont la cause la plus fréquente
Ventilation artificielle en pression positive, bronchopneumopathie
est le SIADH. La natriurèse élevée peut aussi être due
chronique obstructive
Asthme, pneumothorax à une perte rénale de sel avec hypovolémie circulante
comme observée dans le « cerebral wasting syndrome »
Lésions néoplasiques
ou l’insuffisance surrénalienne primaire. Si la NaU est
Poumon, tube digestif, pancréas, arbre urinaire, thymus, mésothéliome
Lymphomes, sarcomes
basse, il s’agit d’hyponatrémies avec baisse de volémie
Larynx, pharynx, langue circulante associées à un VEC bas (pertes digestives ou
Autres cutanées souvent exacerbées par des perfusions de solu-
tés hypotoniques) ou à un VEC augmenté (insuffisance
Traitement par ocytocine, desmopressine, chlorpropamide,
carbamazépine, IMAO, antidépresseurs, inhibiteurs de la recapture de la cardiaque congestive, cirrhose œdémato-ascitique, syn-
sérotonine, clofibrate, anti-inflammatoires non stéroïdiens, drome néphrotique).
antimitotiques, neuroleptiques, amitriptyline, tolbutamide, ecstasy
Postopératoire, sida, sevrage d’alcool, idiopathique
Exercice prolongé
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Hyponatrémies en réanimation 36-860-A-05
Tableau 6.
Principes et prise en charge pratique thérapeutiques des hyponatrémies hypotoniques.
Hyponatrémie symptomatique grave ou Hyponatrémie chronique pauci- ou asymptomatique
modérément grave (indépendamment du caractère
aigu ou chronique)
Principes Bolus immédiat de sérum salé hypertonique Pas de sérum salé hypertonique
Si possible arrêt de la cause et traitement de la cause
Objectifs Éviter et prévenir l’œdème cérébral Éviter et prévenir la démyélinisation osmotique
Augmenter la natrémie de 4–6 mmol l–1 et améliorer Augmenter la natrémie de 4–6 mmol l–1 dans les 24 heures
les signes neurologiques dans les 1 à 2 heures pour les hyponatrémies profondes (< 125 mmol l–1 )
Limites Ne pas excéder une augmentation de 6–10 mmol l–1 Ne pas excéder une augmentation de 8–10 mmol l–1 dans
dans les 24 premières heures et 8 mmol l–1 par jour les 24 premières heures et 8 mmol l–1 par jour dans les
dans les jours suivants jours suivants
Toujours stopper les sérums salés hypertoniques quand Discuter de la possibilité de rebaisser la natrémie si la
la natrémie atteint 130 mmol l–1 correction est trop rapide (surcorrection)
(desmopressine/soluté hypotonique) avec un expert
Prise en charge pratique 150 ml de NaCl3 % en intraveineuse sur 15–20 min Stopper tout facteur qui induit ou contribue à
complété par 1 ou 2 boli additionnels si objectifs non l’hyponatrémie (diurétiques si possible)
atteints Administrer le traitement spécifique étiologique
Prise en charge en soins critiques ou structure Hyponatrémie hypovolémique : remplissage vasculaire
permettant une surveillance clinico-biologique étroite Hyponatrémie normo- et hypervolémique : restriction
Établir le diagnostic étiologique hydrique ± diurétiques de l’anse ou urée ou vaptans
traitement dès que les signes neurologiques de gravité ont disparu. Conduite à tenir en cas de surcorrection
L’intubation orotrachéale, la ventilation artificielle, le traitement Pour certains, l’utilisation de formules permet d’évaluer le défi-
antiépileptique et la recharge en potassium sont des traitements cit en sodium et de proposer un débit de perfusion du soluté salé
symptomatiques indispensables si nécessaire. hypertonique [10] . Cependant, aucune formule ne permet de pré-
diction fiable et applicable à tous les patients car elles considèrent
Traitement des hyponatrémies aiguës un système clos et figé qui ne tient pas compte des volumes de
distribution, des entrées et des sorties rénales concomitantes de
asymptomatiques ou modérément sodium, de potassium et d’eau. Par ailleurs, il est bien difficile
symptomatiques d’avoir une évaluation fiable de la totalité de l’eau corporelle (60 %
du poids corporelle n’étant qu’une approximation moyenne).
La première étape est d’éliminer une erreur de mesure de la C’est pourquoi, il est préférable de ne pas utiliser de formules qui
natrémie. Après confirmation de l’hyponatrémie et de l’absence peuvent aboutir à une correction cinq fois plus importante que ce
de signes cliniques graves, il est recommandé de traiter en premier qui était prédit [9, 24] . Il faut privilégier le monitorage étroit avec
la cause de l’hyponatrémie et d’arrêter tous les facteurs qui contri- examens cliniques et biologiques répétés au moins toutes les deux
buent ou induisent l’hyponatrémie (médicaments, perfusion de heures au début du traitement actif des hyponatrémies graves.
liquides hypotoniques). La perfusion d’un bolus de NaCl 3 % peut La surcorrection peut s’observer chez les patients pour lesquels
être suggérée si la baisse rapide de natrémie excède 10 mmol l−1 la cause de rétention d’eau est rapidement réversible comme chez
en s’aidant d’un monitorage étroit de la natrémie [24] . les potomanes ou polydipsies primaires, les buveurs de bière,
lors d’arrêt des médicaments responsables de SIADH ou lors de
traitement substitutif d’insuffisance surrénalienne ou par thia-
Traitement des hyponatrémies chroniques zidique [9, 10, 24] . Dans ces cas, le rétablissement des capacités
asymptomatiques ou modérément d’excrétion rénale d’eau libre va permettre une remontée spon-
symptomatiques tanée de la natrémie d’environ 2 mmol l−1 h−1 qui va s’ajouter à
celle induite par l’apport de solutés salés si celui-ci est poursuivi.
Principes et risques Le traitement actif de l’hyponatrémie doit donc être interrompu
en même temps que l’arrêt des facteurs déclenchants. Si la vitesse
La mise en route de l’osmorégulation en déplétant le contenu
de correction est trop rapide, certains préconisent de faire rebais-
cérébral en osmolytes protège partiellement le cerveau d’un
ser la natrémie en administrant de la desmopressine sans attendre
œdème mais, dans le même temps, il l’expose au développe-
les signes cliniques de MCP [9, 87–89] . Actuellement, les modalités
ment de lésions de démyélinisation osmotique si la natrémie
d’administration restent encore discutées (doses, critères de mise
se normalise trop rapidement. En effet, la normalisation du
en route, surveillance). Une revue systématique récente montre
contenu en osmolytes lors du traitement n’est pas immédiate
que les données cliniques sont limitées et de faible évidence pour
et se fait lentement. Une remontée trop rapide de la natré-
proposer la généralisation d’une telle stratégie. Sa mise en route
mie se comporte comme un réel stress osmotique responsable
doit faire appel à des experts dans un service approprié [9, 17, 24, 86] .
de diverses lésions cérébrales (apoptose, perte d’étanchéité de
L’administration de 3 à 10 ml kg−1 de solutés hypotoniques peut
la barrière hématoencéphalique, démyélinisation). Il est donc
être une alternative thérapeutique [9, 17, 24, 87] .
recommandé dans ces situations de ne pas administrer de sérum
salé hypertonique [9, 17, 24] . La stratégie thérapeutique consiste en
premier à arrêter tous les éléments qui contribuent au déve- Myélinolyse centropontine ou syndrome
loppement d’une hyponatrémie (apports exogènes oraux ou de démyélinisation osmotique
intraveineux d’eau, médicaments) et à apporter un traitement Les mécanismes physiopathologiques de la MCP se précisent,
spécifique étiologique [10, 24, 43] . Il est recommandé d’avoir pour ouvrant de nouvelles perspectives de traitement. Il s’agit de lésions
objectif une remontée de 4 à 6 mmoles l−1 par jour pour les hypo- histologiques de démyélinisation axonales localisées plus particu-
natrémies chroniques profondes (< 125 mmol l−1 ) ou modérées lièrement au niveau pontique, mais qui peuvent atteindre d’autres
(125–129 mmol l−1 ), sans excéder une augmentation de natrémie territoires du cerveau [9, 90] . Pendant de nombreuses années, la
de 10 mmoles l−1 le premier jour, et de 8 mmoles l−1 les jours sui- survenue d’une MCP a été attribuée exclusivement à une correc-
vants (Fig. 7). Il n’est pas utile de viser une élévation de la natrémie tion trop rapide de l’hyponatrémie, conduisant à une altération
pour les hyponatrémies chroniques légères (130–139 mmol l−1 ). de la barrière hématoencéphalique qui devient perméable. Ces
Des objectifs plus faibles sont conseillés chez les patients à risque lésions autorisent le passage anormal de cytokines et de lympho-
de démyélinisation osmotique (Tableau 5). cytes dans le cerveau causerait une atteinte des oligodendrocytes
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Hyponatrémies en réanimation 36-860-A-05
Ces molécules n’ont aucune place à ce jour dans le traitement la sécrétion d’ADH et la sensation de soif. Les TRVP4 sont plutôt
des hyponatrémies aiguës symptomatiques dont le traitement de activés par l’hypo-osmolarité plasmatique et l’œdème cellulaire
référence reste l’apport de solutés salés hypertoniques. responsable de la sensation de soif.
La balance hydrique est aussi régulée par un mécanisme de
« feedback » interne hormonal baro-volumique via l’angiotensine
Conclusion II (ATII) principalement, mais aussi l’AVP et la soif. Ce sont les
variations de volémie et de pression artérielle qui activent la sécré-
tion d’ATII. Le signal présynaptique arrive au niveau des noyaux
Le maintien de la balance hydrique et celui du volume cellu-
de la lamina terminalis et déclenche le signal postsynaptique par
laire sont régulés de façon très étroite. Les mécanismes principaux
les TRVP aussi.
de cette régulation sont principalement la soif pour les entrées
Des données plus récentes confirment l’existence d’un méca-
d’eau et l’ADH pour les sorties rénales d’eau. Ces mécanismes
nisme de régulation externe qui permet d’anticiper la sécrétion
permettent en situation physiologique de maintenir la tonicité
d’AVP et la soif dans certaines conditions sans attendre la sur-
plasmatique et donc le maintien du volume cellulaire. La prise en
venue de variations d’osmolarité plasmatique ou volémique. Ces
charge d’une hyponatrémie se fait en plusieurs étapes. La première
signaux qui fonctionnent par un mécanisme de contrôle antici-
étape consiste à calculer la tonicité plasmatique et à mesurer la
patif (« forward control ») sont régulés par le rythme circadien,
glycémie pour éliminer les hyponatrémies hypertoniques en rap-
l’alimentation, la boisson, les variations de température corpo-
port le plus souvent avec une hyperglycémie et les hyponatrémies
relle, etc. Le déclenchement se fait grâce à de nombreux récepteurs
isotoniques. Seules les hyponatrémies hypotoniques induisent
présents dans la langue, l’œsophage, l’estomac et qui détectent
une hyperhydratation intracellulaire avec œdème cérébral et
l’absorption d’eau ou de sel, les variations de pH, etc. Le signal
risque vital. La deuxième étape doit évaluer la gravité clinique de
converge au final au noyau central SFO de la lamina terminalis.
l’hyponatrémie hypotonique, que celle-ci soit aiguë ou chronique.
Sur un plan pratique, cette évaluation repose sur l’importance des
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ioniques et l’activation de kinases. À côté des AQP précédemment reste discutée du fait de la grande variabilité interindividuelle des
citées, le chlore via ces canaux voltage-dépendants appelés ClC mesures et de la faible sensibilité du dosage. À ce jour, la généra-
semble aussi jouer un rôle majeur. Les échanges de chlore à tra- lisation du dosage de copeptinémie dans les hyponatrémies reste
vers des canaux sont réalisés sous la forme de cotransports avec donc controversée et apparaît comme un outil complémentaire
d’autres anions ou cations. Les plus connus sont les Na+ /Cl– (NCC), pouvant aider à porter un diagnostic étiologique dans les hypo-
les K+ /Cl– (KCC), et les Na+ /K+ /Cl– (NKCC). NCC et NKCC faci- natrémies.
litent l’entrée de sodium, potassium et chlore dans les cellules
et sont inhibés par une augmentation du chlore intracellulaire.
Les canaux ClC3 et ClC2 semblent particulièrement impliqués Références
dans la régulation du volume cérébral. Plusieurs études expé-
rimentales confirment le rôle du chlore et des cotransporteurs [1] Ichai C, Bichet DG. Water and sodium balance. In: Ichai C, Quintard
NKCC, NCC et KCC dans la régulation du volume cellulaire de H, Orban JC, editors. Metabolic disorders and critically ill patients:
divers organes tels que cerveau, rein ou endothélium. L’hypotonie from pathophysiology to treatment.. Switzerland Springer International
plasmatique active le c-transporteur KCC3 qui extrude le K+ et Publishing; 2018. p. 3–31.
le Cl– de la cellule. C’est le mécanisme de régulation par dimi- [2] Ichai C, Orban JC. Sodium disorders. In: Ichai C, Quintard H,
nution de volume ou « regulatory volume decrease » (RVD) qui Orban JC, editors. Metabolic disorders and critically ill patients:
atténue l’œdème cérébral. À l’inverse, en cas d’hypertonie plas- from pathophysiology to treatment. Switzerland: Springer International
matique aiguë, la régulation par augmentation de volume ou Publishing; 2018. p. 33–69.
« regulatory volume increase » (RVI) passe par l’activation du [3] Mount DB. Hyponatremia. Semin Nephrol 2010;29:1–137.
[4] Knepper MA, Tae-Hwan K, Nielsen S. Molecular physiology of water
cotransporteur NKCC1 qui enrichit la cellule en Na+ , K+ et Cl– et
balance. N Engl J Med 2015;372:1349–58.
donc atténue la déshydratation cellulaire cérébrale. L’AVP, en
[5] Harring TR, Deal NS, Kuo DC. Disorders of sodium and water balance.
stimulant les récepteurs V1R, active les NKCC au niveau de la bar-
Emerg Med Clin North Am 2014;32:379–401.
rière hématoencéphalique, ce qui contribue au développement de [6] Giszowski C, Bourque CM. The neural basis of homeostatic and anti-
l’œdème cérébral post-ischémique. Les NKCC1 jouent également cipatory thirst. Nat Rev Nephrol 2018;14:11–25.
un rôle dans la survenue de l’œdème astrocytaire. Sur un modèle [7] Bichet DG. Vasopressin and the regulation of thirst. Ann Nutr Metab
de rats, la délétion de KCC3 abolit totalement le RVD des neu- 2018;72(Suppl. 2):3–7.
rones de l’hippocampe en cas d’hypotonie plasmatique. Toutes [8] Bichet DG. Regulation of thirst and vasopressin release. Annu Rev
ces données suggèrent fortement un rôle majeur des mouvements Physiol 2019;81:359–73.
du chlore et du potassium dans les mécanismes de régulation [9] Sterns RH. Disorders of plasma sodium: causes, consequences and
de volume cellulaire. Le rôle de NKCC dans la régulation de correction. N Engl J Med 2015;372:55–65.
volume des cellules épithéliales rénales après stress osmotique [10] Adrogue HJ, Madias NE. Diagnosis and treatment of hyponatremia.
a été également mis en évidence expérimentalement. Ces don- Am J Kidney Dis 2014;64:681–4.
nées physiopathologiques pourraient ouvrir de nouvelles voies [11] Danziger J, Zeidel ML. Osmotic homeostasis. Clin J Am Soc Nephrol
thérapeutiques pour diminuer l’œdème cérébral. Le déclenche- 2014;10:852–62.
ment de RVD passe par une activation des neurones osmosensibles [12] Daniels D. Diverse role of angiotensin receptor intracellular pathways
qui s’hyperpolarisent et abolissent les décharges électriques. La in the control of water and salt intake. In: De Luca Jr LA, Menani
détection des variations osmotiques par des neurones dédiés JV, Johnson AK, editors. Neurobiology of Body Fluid Homeostasis:
(« neurons osmosensing ») fait intervenir des canaux cationiques Transduction and Integration. Boca Raton (FL): CRC Press; 2014.
du groupe des récepteurs transitoires de potentiel (« transient [13] Mecawi Ade S, Ruginsk SG, Elias LL, Varanda WA, Antunes-
Rodrigues J. Neuroendocrine regulation of hydromineral homeostasis.
receptor potential » [TRP]), tout particulièrement les TRP4 et TRP1.
Compr Physiol 2015;5:1465–516.
Cette activation pourrait inhiber la soif et la sécrétion d’AVP.
[14] Juul KV, Bichet DG, Nielsen S, Nørgaard JP. The physiological and
pathophysiological functions of renal and extrarenal vasopressin V2
receptors. Am J Physiol Renal Physiol 2014;306. F931-41.
Annexe D. Arginine [15] Noda Y. Dynamic regulation and dysregulation of the water channel
aquaporin-2: a common cause of and promising therapeutic target for
vasopressine et copeptine water balance disorders. Clin Exp Nephrol 2014;18:558–70.
[16] Su W, Cao R, Zhang X, Guan Y. Aquaporins in the kidney: physiology
Le dosage plasmatique est peu disponible en routine clinique. and pathophysiology. Am J Physiol Renal Physiol 2020;318. F193-203.
Ainsi, ce dosage n’est pas utilisable en pratique clinique pour dif- [17] Verbalis JG, Goldsmith SR, Greenberg A, Korzelius C, Schrier RW,
férencier les causes d’hyponatrémies avec défaut de dilution des Sterns RH, et al. Diagnosis, evaluation, and treatment of hyponatremia:
urines dépendantes de celles indépendantes de l’AVP. Ainsi, dif- expert panel recommendations. Am J Med 2013;126:S1–42.
férencier un SIADH d’un CSW] se révèle difficile d’autant plus [18] Sterns R, Silver SM. Brain volume regulation in response to hypo-
que ces deux syndromes surviennent dans des contextes cliniques osmolality and its correction. Am J Med 2006;119(Suppl. 7A). S12-16.
d’atteintes cérébrales identiques. Jusqu’à présent, le diagnostic dif- [19] Pasantes-Morales H, Cruz-Rangel S. Brain volume regulation: osmo-
férentiel repose sur l’évaluation hypothétique de la volémie, le lytes aquaporin perspectives. Neuroscience 2010;168:871–84.
calcul des fractions excrétées de sodium, d’urée et d’acide urique [20] Ayus JC, Achinger SG, Arieff A. Brain cell volume regulation: role
et des tests thérapeutiques de restriction hydrique ou d’apport de of sex, age, vasopressin and hypoxia. Am J Physiol Renal Physiol
NaCl 0,9 %. 2008;295. F619-24.
L’AVP est synthétisée dans l’hypothalamus sous forme d’une [21] Badaut J, Fukuda AM, Jullienne A, Petry KG. Aquaporin and brain
protéine précurseur non active, la préprovasopressine. Cette der- diseases. Biochim Biophys Acta 2014;1840:1554–65.
nière subit un clivage enzymatique lors de son transfert vers la [22] Bichet DG. Central vasopressin: dendritic and renal actions. Clin Kid-
neurohypophyse en trois peptides : l’AVP, la neurophysine II et ney 2014;7:242–7.
la copeptine. La copeptine est la portion C-terminale de la pré- [23] Ellison DH, Berl T. The syndrome of inappropriate antidiuresis. N Engl
J Med 2007;356:2064–72.
provasopressine. Son dosage plasmatique est simple et fiable et
[24] Spasovski G, Vanholder R, Allolio R, Annane D, Ball S, Bichet D.
il représente un marqueur indirect de la libération d’AVP. Ses
Hyponatraemia Guideline Development Group. Clinical practice gui-
variations sont superposables à celles de l’AVP lors de modifi- deline on diagnosis and treatment of hyponatraemia. Intensive Care
cations osmotiques et volémiques. Le dosage de copeptinémie Med 2014;40:320–31.
représente donc un outil supplémentaire d’aide au diagnostic étio- [25] Sterns RH, Hix JK, Silver SM. Management of hyponatremia in the
logique des hyponatrémies. Une copeptinémie basse associée à ICU. Chest 2013;144:672–9.
une OsmU basse permet d’affirmer le diagnostic de polydipsie pri- [26] Hoorn EJ, Lindemans J, Zietse R. Development of severe hypona-
maire avec une grande fiabilité. La copeptinémie est inchangée traemia in hospitalized patients: treatment-related risk factors and
en cas de prise de diurétiques, et elle est élevée dans les SIADH. Sa inadequate management. Nephrol Dial Transplant 2006;21:70–6.
valeur est plus élevée dans les hyponatrémies à volume extracellu- [27] Thompson CJ. Hyponatraemia: new associations and new treatments.
laire diminué. Néanmoins, la valeur diagnostique de ce paramètre Eur J Endocrinol 2010;162:S1–3.
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Hyponatrémies en réanimation 36-860-A-05
[28] Corona G, Giuliani C, Parenti G, Norello D, Verbalis JG, Forti G, et al. [56] Fenske W, Maier SK, Blechschmidt A, Allolio B, Störk S. Utility and
Moderate hyponatremia is associated with increased risk of mortality: limitations of the traditional diagnostic approach to hyponatremia: a
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[29] Sherlock M, Sullivan EO, Agha A, Behan LA, Owens D, Finucane [57] Musch W, Decaux G. Utility and limitations of biochemical parame-
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Orban J-C, Gentelet C, Ichai C. Hyponatrémies en réanimation. EMC - Anesthésie-Réanimation
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