1. Introduction :
Le chapitre précédent nous a permis de comprendre ce que l’on attend d’un système asservi : il
doit être suffisamment robuste pour satisfaire trois niveaux ou critères de performance :
- Une bonne stabilité
- Une bonne précision statique ou erreur minimale en régime permanent
- Une bonne précision dynamique ou rapidité de réponse.
Malheureusement les critères sont contradictoires : la précision statique comme la rapidité de réponse
sont liées au gain. Or trop de gain déstabilise le système.
Asservir un système consiste à trouver une compatibilité entre les trois critères et le correcteur
constitue l’organe intelligent à concevoir pour satisfaire cet objectif. A l’action proportionnelle
correspondant au correcteur P, on associe :
- Une action intégrale conduisant au correcteur PI
- Une action dérivée conduisant au correcteur PD
- Des actions intégrale et dérivée donnant le correcteur PID.
Ces correcteurs sont appelés correcteurs à actions exactes. Il existe d’autres correcteurs appelés
correcteurs à actions approchées plus simples à implémenter en pratique. On peut citer :
- Le correcteur à avance de phase
- Le correcteur à retard de phase
- Le correcteur à avance/retard de phase.
2. Correcteur Proportionnel P :
On considère l’asservissement caractérisé par la figure suivante :
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
0 t
0 ℶ≥1 t ℶ ≡ 0,43; 𝐷% = 23; 𝑀𝑑𝑏 = 2,3; 𝑀∅ = 45°; 𝑀𝐺 > 8𝑑𝐵
1
Méthode de synthèse dans le plan de Black :
a) Abaque de Black-Nichols :
L’abaque de Black-Nichols appliqué aux systèmes à retour unitaire exclusivement, permet
d’étudier graphiquement les performances en régime harmonique d’un système bouclé.
L’abaque représente des contours à amplitude constante et à phase constante du gain bouclé
Acl (un exemple est donné ci-après).
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Construction des contours d’amplitude |𝑨𝒄𝒍(𝒋𝝎)|dB = MdB = cte
e + s
G(p)
-
Le gain de boucle T(p) = G(p) peut s’écrire en régime harmonique par : 𝑇(𝑗𝜔) = |𝑇|𝑒 𝑗𝜑𝑇
𝑇(𝑝) |𝑇|.𝑒 𝑗𝜑𝑇
Le gain en B.F Acl (p) = donc 𝐴𝑐𝑙(𝑗𝜔) =
1+𝑇(𝑝) 1+|𝑇|𝑐𝑜𝑠𝜑𝑇 +𝑗|𝑇|𝑠𝑖𝑛𝜑𝑇
|𝑇|
|𝐴𝑐𝑙| = Cette relation conduit à l’équation suivante qui permet de tracer les
√1+2|𝑇|𝑐𝑜𝑠𝜑𝑇 +|𝑇|2
contours à amplitude constante pour le module du gain bouclé :
𝑴𝟐 − 𝟏
|𝑻|𝟐 + 𝟐𝒄𝒐𝒔𝝋𝑻 . |𝑻| + 𝟏 = 𝟎 (𝟏)
𝑴𝟐
Propriétés de l’équation (1) :
- Symétrie par rapport à l’axe module de T du fait de la parité de la fonction cos
- Symétrie par rapport à – (2k+1)π du fait de la périodicité de cos
Procédure :
𝑠𝑖𝑛𝜑𝑇
tan(𝐴𝑟𝑔(𝐴𝑐𝑙)) = = 𝑁 = 𝑐𝑡𝑒
𝑐𝑜𝑠𝜑𝑇 + |𝑇|
D’où l’équation : (𝒄𝒐𝒔𝝋𝑻 + |𝑻|) 𝑵 − 𝒔𝒊𝒏𝝋𝑻 = 𝟎 (𝟐) qui permet de tracer les contours
à argument constant pour le gain bouclé.
Procédure :
3
Intérêts de l’abaque :
1) Le simple tracé du lieu de transfert du système en B.O de départ sur l’abaque de Black-
Nichols permet de déduire graphiquement le lieu en B.F.
2) Une résonance se produit en B.F lorsque le lieu de transfert du système devient tangent à un
contour d’amplitude constante. Le point de tangence indique la pulsation de résonance et le
contour de tangence donne l’amplitude à la résonance. Nous pouvons déduire immédiatement
le facteur de surtension ou acuité de résonance par : 𝑀𝑑𝐵 = |𝐴𝑐𝑙(𝑗𝜔𝑟 |𝑑𝐵 − |𝐴𝑐𝑙(0)|𝑑𝐵
3) La bande passante BP-3dB = [0, ωc-3dB] peut être déterminée graphiquement par la relation :
|𝐴𝑐𝑙(𝑗𝜔𝑐−3𝑑𝐵 |𝑑𝐵 = |𝐴𝑐𝑙(0)|𝑑𝐵 − 3 où la pulsation de coupure à – 3dB notée ωc-3dB est
déterminée par l’intersection du lieu de transfert du système avec le contour donnée par cette
valeur.
Application : On considère un système défini par :
1
𝐺(𝑝) =
𝑝(1 + 𝑝)(1 + 0,25𝑝)
1
𝐺0 (𝑝) = (1+𝑝)2 (1+10𝑝)
1) Régler le gain de l’amplificateur pour obtenir en régime harmonique une surtension de 2,3 dB.
En déduire la pulsation de résonance et le facteur de surtension
2) Déterminer la bande passante BP-3dB du système bouclé
3) Calculer l’écart permanent pour un échelon de position d’entrée.
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3. Correcteur Proportionnel/Intégral : PI
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
𝐾𝐼
Gc(p) représente la transmittance du correcteur à appliquer : Gc(p) = Kp + 𝑝
= 𝐾𝑐 (1 + 𝑝𝑇𝑖 ) et G0(p)
𝐾𝑜 𝑁(𝑝)
celle du système à asservir de la forme : 𝐺𝑜(𝑝) = 𝑝𝛼 𝐷(𝑝)
avec N(0)=D(0)=1
2
𝐺0 (𝑝) =
(1+0,5𝑝)(1+2𝑝)
Contraintes imposées :
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Erreur statique nulle
5
4. Correcteur Proportionnel/Dérivé : PD
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
10
𝐺0 (𝑝) =
𝑝(1+0,1𝑝)(1+𝑝)
Contraintes imposées :
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Erreur statique de 10%
6
5. Correcteur Proportionnel/Intégral/Dérivé : PID
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
𝐾𝐼
Gc(p) représente la transmittance du correcteur à appliquer : Gc(p) = Kp + + 𝐾𝑑 𝑝 = 𝐾𝑐 (1 + 𝑝𝑇𝑖 )(1 + 𝑝𝑇𝑑 ) et
𝑝
𝐾𝑜 𝑁(𝑝)
G0(p) celle du système à asservir de la forme : 𝐺𝑜(𝑝) = avec N(0)=D(0)=1
𝑝𝛼 𝐷(𝑝)
𝑲𝒄
Méthode de synthèse de Gc (p) = 𝒑
(𝟏 + 𝒑𝑻𝒊 )(𝟏 + 𝒑𝑻𝒅 ) :
1
𝐺0 (𝑝) = (1+0,5𝑝)(1+5𝑝)(1+20𝑝)
Contraintes imposées :
- Système bien stable
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Rapidité de réponse
- Erreur de position nulle
- Erreur de vitesse ou d’accélération de 50%
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6. Correcteurs à actions approchées :
Lorsque le cahier des charges n’impose pas nécessairement une annulation de l’erreur en régime
permanent mais une valeur de celle-ci, nous pouvons utiliser les correcteurs à actions approchées plus
simples à implémenter en pratique. Un exemple de circuit électronique est donné par la figure
suivante : C2
R4
R2
C1
R3
- -
+
e(t) + s(t)
R1
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
𝐾𝑐 (1+𝑝 𝑎 𝑇𝑑 )
Gc(p) représente la transmittance du correcteur à appliquer : 𝐺𝑐 (𝑝) = avec a>1 et G0(p) celle du
1+𝑇𝑑 𝑝
𝐾𝑜 𝑁(𝑝)
système à asservir de la forme : 𝐺𝑜(𝑝) = avec N(0)=D(0)=1
𝑝𝛼 𝐷(𝑝)
𝑲𝒄 (𝟏+𝒑 𝒂 𝑻𝒅 )
Méthode de synthèse de : Gc (p) = 𝟏+𝑻𝒅 𝒑
:
8
1+𝑎 𝑇𝑑 𝑝
7) Tracer le système corrigé 𝐺𝑜𝑐 (𝑝) = 𝐾𝑐 1+𝑇𝑑
. 𝐺0 (𝑝) (domaine fréquentiel) et mesurer la
marge de phase Mφ
8) Si Mφ ne satisfait pas au cahier des charges, réestimer ∆𝜑𝑚 (retour à l’étape 4), sinon écrire le
correcteur, tracer le système corrigé pour vérifier les contraintes imposées.
1
𝐺0 (𝑝) = (1+0,5𝑝)(1+5𝑝)(1+20𝑝)
Contraintes imposées :
- Système bien stable
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Rapidité de réponse
- Erreur statique de 9%
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
𝐾𝑐 (1+𝑝 𝑇𝑖 )
Gc(p) représente la transmittance du correcteur à appliquer : 𝐺𝑐 (𝑝) = avec d >1 appelé facteur de
1+𝑑 𝑇𝑖 𝑝
𝐾𝑜 𝑁(𝑝)
diminution du gain dynamique et G0(p) celle du système à asservir de la forme : 𝐺𝑜(𝑝) =
𝑝𝛼 𝐷(𝑝)
N(0)=D(0)=1
Ko = Gain statique du système et α désigne le nombre d’intégrateurs
Kc : gain du correcteur, Ti la constante de temps.
𝐾𝑜𝑐 𝑁(𝑝)
Le lieu corrigé s’écrit : G0c(p) = G0(p).G0(p) = (1 + 𝑝 𝑇𝑖 ) où K0c = K0.Kc désigne le
𝑝𝛼 (1+𝑑 𝑇𝑖 𝑝) 𝐷(𝑝)
gain total du système corrigé.
Les contraintes optimales pouvant être satisfaites par ce correcteur sont :
- Un système bien stable
- Une réponse indicielle apériodique ou oscillatoire optimale
- Une erreur statique imposée
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𝑲𝒄 (𝟏+𝒑 𝑻𝒊)
Méthode de synthèse de : Gc (p) = :
𝟏+𝒅 𝑻𝒊 𝒑
0,5
𝐺0 (𝑝) = (1+0,01𝑝)(1+0,025𝑝)(1+0,1𝑝)
Contraintes imposées :
- Système bien stable
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Erreur statique de 2,9%
e(t) + s(t)
Gc(p) G0(p)
-
𝐾𝑐 (1+𝑎 𝑇𝑑 𝑝)(1+𝑝 𝑇𝑖 )
Gc(p) représente la transmittance du correcteur à appliquer : 𝐺𝑐 (𝑝) = avec a > 1 et d >1
(1+𝑇𝑑 𝑝)(1+𝑑 𝑇𝑖 𝑝)
𝐾𝑜 𝑁(𝑝)
G0(p) celle du système à asservir de la forme : 𝐺𝑜(𝑝) = N(0)=D(0)=1
𝑝𝛼 𝐷(𝑝)
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𝑲𝒄 (𝟏+𝒂𝑻𝒅 𝒑)(𝟏+𝒑 𝑻𝒊 )
Méthode de synthèse de : Gc (p) = :
(𝟏+𝑻𝒅 𝒑)(𝟏+𝒅 𝑻𝒊 𝒑)
1) Utiliser la méthode de correction du retard de phase pour obtenir une marge de phase
d’environ 10°
2) Ramener cette marge de phase à 45° (pour une réponse oscillatoire optimale) avec le
correcteur à avance de phase
3) Tracer le système corrigé pour vérifier les contraintes imposées
Application : On considère l’asservissement donné par la figure suivante :
e(t) + G0(p) s(t)
Gc(p)
-
50
𝐺0 (𝑝) =
(1+0,01𝑝)(1+0,025𝑝)(1+0,1𝑝)
Contraintes imposées :
- Système bien stable
- Réponse indicielle oscillatoire optimale
- Rapidité de réponse
- Erreur statique de 1,1%
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