DES ELFES ET DE

DE LA
CORRUPTION

La corruption est partout. Dans les cœurs, dans les âmes, dans les gestes. Il faut
se protéger continuellement pour ne pas sombrer dans le gouffre des Horreurs.
Mais de tous les peuples de Donneurs-de-noms, les plus sensibles à la corruption
sont les elfes. Méfiez vous toujours des elfes, même ceux qui se prétendent vos
amis.
.
- Ulnish, tavernier troll, 1505 TH

Le texte qui suit est inspiré d’un discours de Damz le Troubadour, Erudit et
Artiste à la Cour de sa Majesté Varulus III, roi de Throal. Les propos ont été
échangés il y a de cela quelques années au cours d’une conversation animée, dans
une taverne que fréquentent habituellement les archivistes de la bibliothèque : La
Haimelle..

D e l’empire théran ou du bois de Sang : lequel est le plus

corrompu ? Les deux puissances ennemies entre elles, et plus ou
moins adversaires du Royaume de Throal, ne sont cependant pas tout
à fait comparables. Il est important pour l’explorateur qui adhère aux
idées de Throal et de la plupart des peuples de Barsaive, de savoir à
qui il a affaire si jamais il était amené à rencontrer des ressortissants
de ces deux nations. Toutes deux sont considérées par bien des gens
comme corrompues, ce qui renforce notre conviction qu’il s’agit
d’ennemis. Mais qu’en est-il vraiment ?
Des Thérans et de la folie des Passions
Au premier abord, l’empire théran ne semble pas vraiment
corrompu. Par contre, son emprise sur le monde actuel est telle
que ses égarements, et certains sont de grande ampleur,
peuvent être très nocifs.
A l’origine, Théra rassembla des adeptes et érudits elfes
ayant décidé de ne plus vivre comme les pions de la Cour
elfique et de sa Reine. Ces elfes ont donc fondé le sanctuaire de
Nehr’esham, leur lieu sacré, que nous connaissons aujourd’hui
sous le nom de Théra. Ils y ont bâti les fondations de leur
empire, grâce aux fameux Livres du Tourment et leur
connaissance des Rites de Protection et de Passage. Leur
objectif initial était donc de se libérer du joug de la Cour
elfique. Sauf qu’à être si puissants, ils ont basculé peu à peu
dans la condescendance puis un certain mépris.
Leur désir de puissance et d’élévation des soi-disant
"peuples barbares" fait que par certains aspects, ils engendrent
le mal et la souffrance (esclavage, guerre, pillage des
ressources...). Cette quête de pouvoir les amène aussi sur la
voie dangereuse de la magie du Sang... Cela dit, leur société
n’est pas astralement corrompue : c’est une société dirigée vers
une certaine vision du bien qui, bien que discutable, ne se
rapproche en rien de la corruption engendrée par les Horreurs
(corruption astrale).
Néanmoins, on peut aussi considérer que l’influence des
passions, notamment Dis qui est toujours vénérée comme la
principale passion à Théra, a engendré une corruption de tout
l’Empire, et surtout de son fonctionnement administratif. Dis
est en effet considérée par la plupart des peuples de Barsaive et
de l’empire théran comme une passion folle, corrompue par les
Horreurs. Seuls les dirigeants thérans continuent de s’accrocher
aux croyances envers Dis, ce qui ne laisse d’inquiéter les autres
provinces.
Cependant, on se rend bien compte que la passion Dis
n’est pas complètement corrompue. Elle a seulement été
rendue folle par le Châtiment. Aujourd’hui, cette passion
s’apparente plutôt aux déments terrifiés par les Horreurs, qui
errent dans les rues de Throal suite à une rencontre
malheureuse et terrible... Corruption par des Horreurs et Folie
engendrée par leur contact ne sont pas tout à fait la même
chose, même si nous ne pouvons souhaiter ni l’une ni l’autre
pour nos contemporains…
Hélas ! Dis a les pouvoirs et l’influence d’une passion, à la
différence d’un Donneur-de-noms dément. En ce qui concerne
la nature de la corruption, il ne s’agit effectivement pas d’une
corruption astrale directe (pas comme un adorateur d’une
Horreur) mais de quelque chose de beaucoup plus subtil,
pernicieux... et dangereux !
Selon que l’on considère la folie de Dis comme une marque
de corromption ou non, il semble donc possible qu’à travers
Dis, la corruption des Horreurs ait pu s’insinuer dans de
nombreux aspects de la puissance thérane. Ce qui tendrait à
dire que quels que soient leurs choix, les elfes sont incapables
de diriger un royaume correctement sans qu’il soit finalement
corrompu !
Du sort terrible des elfes de Sang
De son côté, la reine Alachia, en provoquant le schisme
elfique et en laissant partir les fameux elfes qui fondèrent
Théra, s’est mise d’elle-même dans une situation délicate. On
comprend qu’elle n’ait jamais voulu se soumettre à l’empire,
ceux-là même qui ont renié sa souveraineté. Cet orgueil, à la
fois compréhensible et autoritaire, l’a menée à sa perte, elle et
tout le peuple elfique : la corruption effective (astrale) du bois
et de ses habitants. La malédiction qui pèse sur les elfes est
terrible... Elle peut par certains égards être considérée comme
belle, mais elle résulte néanmoins d’une corruption réelle,
contrairement celle de l’empire théran.
Les elfes de Sang ne sont pas cependant corrompus au sens
habituel du terme : tout comme les Thérans, ils ne semblent
pas être sous l’influence des Horreurs. Au contraire, leur
terrible Rituel des Epines les a admirablement et terriblement
protégés de ces entités.
Néanmoins, les effets néfastes de ce rituel de magie du
Sang à très grande échelle ont prouvé que les conséquences
peuvent être presque aussi terribles que la corruption des
Horreurs elles-mêmes. Les elfes de Sang n’ont plus grand-
chose à voir avec les elfes du reste de Barsaive, et ils peuvent
tout à fait être considérés comme corrompus.
Physiquement et astralement, ils ont été déformés, mutilés
par leur terrible choix. Leur arogance s’en est encore accrue.
Cette corruption liée à un usage de magie du Sang à une échelle
titanesque a perverti l’ensemble de leur patrie, à un point tel
qu’aujourd’hui le bois de Sang est l’une des contrées les plus
dangereuses de Barsaive, au même titre que les zones souillées
par les Horreurs, comme les Mauvaises Terres ou la Forêt
empoisonnée.
Des différentes formes de corruption
corruption
Le problème pour distinguer la corruption des thérans et
celle du bois de Sang vient essentiellement du fait que que le
mot corruption peut vouloir dire des tas de choses différentes :
corruption au sein d’une société (pots-de-vin, marchandage...),
corruption astrale liée aux Horreurs, perversion liée à l’usage
de la magie du Sang, etc. Il faut toujours se méfier de ce terme,
car il n’est pas très précis et peut recouvrir de nombreuses
situations différentes.
Ce qui ressort de nos études tendrait à prouver que
l’empire théran est moins corrompu au sens magique que le
bois de Sang, mais beaucoup plus au sens propre (corruption
de fonctionnaires, pots-de-vin...) ce qui est sans doute une
manifestation de la folie de Dis, passion de la bureaucratie, du
travail inutile et de l’esclavage. Et vue la puissance et
l’impérialisme des Thérans, cette corruption est peut-être plus
nocive pour les autres peuples que celle de la Cour elfique.
De son côté, la corruption du bois de Wyrm est terrible car
elle a défiguré les elfes et le bois, mais elle n’est pas non plus de
la même nature que la corruption engendrée directement par
les Horreurs. Sinon, les elfes de Sang auraient depuis
longtemps cherché à détruire leurs voisins, alors qu’ils
demeurent paisiblement cloîtrés au sein de leurs frontières. Ils
ne montrent aucune amitié envers les autres peuples de
Barsaive, mais au moins ne constituent-ils pas de menace non
plus, tant que nous ne cherchons pas à pénétrer leur Bois.
Il faut bien distinguer ces types de corruption pour tenter
de comprendre la politique barsaivienne : on peut être
barsaivien, Théran ou elfe de Sang et être persuadé d’œuvrer
pour le bien des Donneurs-de-noms. On peut aussi dans tous
ces cas devenir de vrais vilains. La corruption n’est pas le fait
d’un seul peuple, mais une question d’individus… ou
d’Horreurs.
Si, fort heureusement, aucune des deux grandes nations
que nous considérons bien souvent comme corrompue n’est
complètement souillée par les Horreurs (pas au point de
vénérer ces terribles entités), il ne faut pas non plus chercher à
excuser les errements de ces deux peuples, leurs choix pouvant
s’avérer à long terme préjudiciables bien au-delà de leurs
propores frontières..