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Les ouvrages de la collection sont tous soumis au principe de l’évaluation par les pairs.
Un comité éditorial est régulièrement constitué pour chaque ouvrage. Il est composé
d’un à trois experts compétents dans le champ et du directeur de collection qui jugent
du sérieux et de la pertinence des productions soumises au regard de la ligne éditoriale.
Cette étape est incontournable et les propositions d’ouvrages doivent sans exception
satisfaire ce principe.
5
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
6
Introduction
7
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
sur qui elle est. Il en ira tout autrement si elle vous explique tout aussi
longuement qu’elle préfère les « Français » aux « Arabes ». Toutefois, si
vous êtes menuisier, il se peut que votre conversation sur les chaises
et les tabourets vous apprenne quelque chose sur votre interlocuteur.
Dans cette perspective, même un roman ou une œuvre d’art peuvent
devenir des objets sociaux, pour peu que leur propos ou leur significa-
tion entre en résonance avec les préoccupations d’un ou de plusieurs
groupes sociaux2.
Ce dernier exemple nous conduit à un des éléments essentiels de cet
ouvrage. Il suggère en effet que les interprétations que nous pouvons
faire de notre environnement sont dépendantes de nos interac-
tions à autrui et des contextes dans lesquelles elles se déroulent. Ces
contextes se déclinent de différentes façons. Il peut s’agir d’un sujet
de conversation ou d’une activité professionnelle. Il peut s’agir aussi
de contraintes liées aux situations dans lesquelles nous nous trouvons
ou de la position sociale de nos interlocuteurs, etc. C’est au travers de
ces systèmes complexes d’interactions que nous intégrons ou construi-
sons nos visions du monde, de nous-même et des autres. La psycho-
logie sociale est la science de ces interactions, de leurs conséquences
sur nos comportements et sur nos croyances. Mais jusqu’à présent,
cette science ne s’est jamais vraiment intéressée au rôle que jouent
ces croyances lorsque nous interprétons une image ou lorsque, par le
moyen du dessin ou de la photographie, nous produisons des images
du monde qui nous entoure. Cet ouvrage est probablement le premier
à aborder cette question. Il tente de dresser un état des lieux de ce
que nous savons à son propos et dans le même temps, il ambitionne
de jeter les bases d’un nouveau champ de recherche que l’on pourrait
appeler la psychologie sociale de l’image.
Il y a peu, je discutais avec une jeune diplômée de psychologie sociale.
Elle m’expliquait alors qu’en découvrant cette discipline, elle avait
eu l’impression qu’il s’agissait de « la science des vérités vraies ».
2. On peut par exemple penser au récent roman de Michel Houellebecq, Soumission (2015).
8
Introduction
Elle voulait signifier par-là que bien souvent, les résultats issus de
cette discipline ne venaient que confirmer le sens commun. C’était
évidemment peu flatteur, mais ce n’était pas complètement inexact.
Par bien des aspects, la psychologie sociale est effectivement la science
du sens commun. Elle nous explique comment se construisent nos
croyances sur le monde qui nous entoure, comment nous les utili-
sons et comment elles orientent parfois nos conduites. Nous allons
maintenant essayer de comprendre comment elles orientent aussi la
production et l’interprétation des images de notre société.
Chapitre 1
Les images
11
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
que les images graphiques et optiques sont des objets présents dans
l’environnement extérieur du sujet. Au contraire, les images percep-
tuelles, mentales et verbales appartiennent à l’univers intérieur du
sujet. Évidemment, notre appréhension et notre compréhension des
images graphiques et optiques sont étroitement liées à nos activités
perceptives et cognitives. À l’inverse, les images présentes dans notre
univers cognitif ne sont pas directement reliées à la présence d’objets
graphiques ou optiques dans notre environnement. C’est notamment
le cas des images mentales et verbales qui nous permettent justement
d’évoquer des objets absents et non directement perceptibles. Et même
si les images perceptuelles correspondent à des objets présents autour
de nous, elles résultent d’un travail cognitif de sélection et de trai-
tement des données sensorielles qui font d’elles autre chose que de
simples reflets de la réalité. Dès les années 1950, les théoriciens du
new look (Bruner, 1958), l’avaient compris et les illusions d’optique
en sont une démonstration saisissante.
Images
Enfin, on doit remarquer que dans cette typologie, les images percep-
tuelles et mentales ne peuvent être formées que par le sujet lui-même.
Au contraire, les images graphiques, optiques et verbales peuvent être
produites par d’autres personnes que celui qui les reçoit. Ce point
paraît particulièrement important car il permet de comprendre que
ces images peuvent se situer dans un rapport de communication.
En complément de la proposition de Mitchell, il semble que la typo-
logie proposée par Darras (1998), apporte des précisions intéressantes.
Cet auteur suggère en effet de catégoriser les images (graphiques ou
12
Les images
On doit ici rajouter que les objets représentés par le schéma, l’ico-
notype ou le pictogramme n’appartiennent pas nécessairement au
monde physique visuellement perceptible. Il en va ainsi par exemple
de la représentation graphique d’un processus (i. e. les étapes de
la transformation d’un produit), d’un système de relations (i. e.
un organigramme) ou d’un phénomène (i. e. évolution d’une courbe
13
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
La sémiotique est la science des signes. Elle s’intéresse aux liens unis-
sant des formes à des significations ainsi qu’à l’utilisation de ces signes
dans la communication. La rhétorique est la science du discours. Elle
s’intéresse à ses contenus et à sa structure ainsi qu’à la manière dont ces
aspects contribuent à l’efficacité persuasive de l’argumentation. Bien
que la notion de « signe iconique » soit relativement ancienne (Peirce,
1931-1935), c’est probablement Barthes (1964) qui sera le premier
à envisager l’image comme un discours composé de signes. Depuis
lors, de nombreux travaux ont été consacrés à cette problématique.
Parmi ceux-ci on peut citer ceux d’Eco (1970) ou les productions du
« Groupe µ » (Groupe Mu, 1992). Mon intention n’est pas ici de faire
une présentation, même brève, des propositions de ces auteurs. Je ne
14
Les images
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
SAVOIRS
PRÉALABLES
Producteur-diffuseur Spectateur-récepteur
encodage – sélection décodage
IMAGE
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Les images
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
18
Les images
3. On se souviendra ici de la photo de la petite Kim Phuc au Vietnam, dont on dit qu’elle a
déclenché un mouvement d’opinion conduisant à la fin de la guerre en 1973. Plus récem-
ment, on peut songer à la photo du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage de Turquie.
19
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Puisque j’ai choisi de m’intéresser aux images situées dans des rapports
de communication, il nous faut à présent examiner les formes que
ces rapports peuvent revêtir lorsqu’ils impliquent des sources et des
audiences. Dans ces situations de communication collective, la source
peut être un organe de presse (un journal, une chaîne de télévision, un
site internet), tandis que l’audience sera composée de l’ensemble des
individus touchés par cette source. Les travaux de Moscovici (1961,
1976) vont ici nous être d’une grande utilité. Cet auteur distingue en
effet trois grands systèmes de relations source/audience : la diffusion,
la propagation et la propagande.
La diffusion
Dans ce premier système, les sources ont pour objectif principal d’at-
teindre les audiences les plus vastes possible. Ce souci peut reposer
sur des motivations diverses. Il peut s’agir de servir l’intérêt général
(service public d’information), mais tout aussi bien de servir un intérêt
économique propre à la source (vendre un maximum de journaux,
attirer des annonceurs). Ces motivations ne sont évidemment pas
exclusives. L’objectif d’une audience la plus vaste possible a des consé-
quences sur le positionnement de la source ainsi que sur la forme de
ses messages.
Du point de vue du positionnement, une source qui pratique la diffu-
sion va constamment tenter d’entretenir une posture de neutralité. Il
s’agira donc de ne jamais prendre parti dans un débat et de faire état,
à parts égales, d’éventuels points de vue contradictoires. Il s’agira aussi
d’éviter de laisser penser que l’on s’adresse à un sous-groupe particulier,
que cette particularité soit fondée sur des critères socio-économiques,
culturels ou idéologiques. Enfin, la source tentera d’entretenir une
relation de proximité, voire de similitude avec son audience. Elle ne
revendiquera pas d’autres distinctions que sa capacité à accéder à une
information que l’audience ne pourrait obtenir directement. Dans
la diffusion, la source se positionne donc comme un intermédiaire
20
Les images
La propagation
Dans la propagation, les sources revendiquent une orientation idéo-
logique. Elles consentent donc à des audiences de moindre ampleur
que celles de la diffusion. De fait, elles visent un public composé
d’individus qui partagent les orientations qu’elles revendiquent. Leur
objectif principal est alors de délivrer un contenu en respectant les
principes et les valeurs dictés par l’orientation idéologique revendi-
quée. Le positionnement de la source est donc clair. Elle ne se prétend
pas neutre et son audience le sait. Ainsi, par exemple, les lecteurs d’un
quotidien clairement identifié de « droite » ou de « gauche » viennent
chercher (en le lisant), un point de vue de « droite » ou un point de vue
de « gauche », et ils le font en toute connaissance de cause.
Du point de vue de la forme des messages, la propagation se caractérise
par le rappel régulier des principes et des valeurs issus de l’orientation
idéologique revendiquée. Elle se caractérise aussi par les sélections
qu’elle opère dans ses contenus puisque généralement, elle passera
sous silence des contenus susceptibles de contredire ou de mettre en
question les principes et les valeurs qu’elle partage avec son audience.
Par exemple, un journal favorable à tel ou tel parti politique omettra
de parler des éventuels ennuis judiciaires du responsable de ce parti,
ou bien tentera de les minimiser, etc.
21
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
La propagande
Dans la propagande, les sources revendiquent aussi une orientation
idéologique et leurs audiences la partagent, mais leurs objectifs sont
différents de ceux de la propagation. La propagande vise en premier
lieu un renforcement de la cohésion de son audience. Il s’agit d’exalter
un sentiment d’appartenance chez les individus qui la composent. Elle
tente en second lieu de susciter l’action. En d’autres termes, elle vise
l’engagement des individus dans des actes.
Du point de vue du positionnement de la source, ces objectifs
l’obligent à adopter une posture d’autorité.
Du point de vue de la forme des messages, la propagande se caractérise
d’abord par son style conflictuel. Il s’agit de dénoncer, de désigner à
la vindicte publique, de combattre. Ce style se comprend au regard
du premier objectif de la propagande. L’une des meilleures façons
de renforcer la cohésion d’un groupe est en effet de lui désigner un
ennemi. Mais la propagande se caractérise aussi par les transformations
qu’elle opère sur ses contenus. Ce travail de reformatage se comprend
au regard du second objectif. Puisqu’il s’agit de susciter l’action, il
convient de donner du monde une image qui rendra cette action légi-
time. Par exemple, si l’on souhaite encourager le vote en faveur d’un
candidat prônant une politique ultra-sécuritaire, on insistera sur les
taux de criminalité en prenant quelques libertés avec les statistiques.
À l’origine, Moscovici s’intéressait à la presse, et sa proposition
concernait surtout les relations entre des sources médiatiques et leurs
audiences. On peut toutefois étendre la description des trois systèmes
évoqués plus haut moyennant quelques aménagements. Ils consistent
à prendre en considération deux variables invoquées par l’auteur :
– Les principes, valeurs ou idéologie revendiqués par la source. On
distinguera donc des sources qui affichent ces principes, valeurs ou
idéologie et des sources qui ne les affichent pas. Tout en admettant,
dans le second cas, que l’absence d’affichage ne signifie pas forcé-
ment que la source n’adhère pas à certains de ces éléments.
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Les images
Non Oui
Non
fiction publicité politique, fiction
Oui Information, publicité Propagation, propagande
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Les images
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Les images
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Penser l’environnement social
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Penser l’environnement social
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Penser l’environnement social
Le processus de catégorisation
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
sans difficultés avec les chats et qu’il est propriétaire d’un matou, vous
risquez d’avoir de sérieux problèmes lorsque partant en vacances, vous
lui confierez la garde du rongeur préféré de vos enfants…
En théorie, il est possible de distinguer deux étapes du processus. L’une
se rapporte à l’élaboration ou à l’apprentissage d’un système catégoriel
tandis que l’autre concerne son utilisation.
L’apprentissage renvoie à des modes de socialisation divers (famille,
école, etc.). Quant à l’élaboration d’un système catégoriel, elle pourrait
relever de trois stratégies différenciées. Celle basée sur l’objet suppose
que ce sont les propriétés communes aux objets qui s’imposeraient
aux individus, leur permettant alors de construire des catégories. Celle
basée sur le sujet suggère que les individus choisiraient les caractères
communs aux objets classés dans une même catégorie. Enfin, celle
basée sur l’interaction entre le sujet et l’objet propose de considérer
une catégorie comme étant « le fruit des interactions entre la nature
de l’objet perçu et les théories naïves du sujet percevant » (Corneille
et Leyens, 1994, pp. 52-53). Il s’agirait, dans ce dernier cas, d’un
compromis entre les aspects « objectifs » de la réalité et la subjectivité
des individus.
Lorsqu’un système catégoriel est stabilisé, le processus de catégori-
sation se confond avec l’assignation d’un exemplaire à une classe.
Cette opération suppose qu’à partir des caractéristiques perçues de
l’exemplaire, nous soyons capables d’identifier la catégorie à laquelle
on pourra l’assigner. On parle ici de l’aspect inductif du processus.
Mais lorsque l’assignation est réalisée, on parle de son caractère déduc-
tif puisqu’il nous conduit à associer à l’exemplaire les propriétés de la
classe à laquelle nous l’avons assignée.
Bien qu’étant extrêmement utile dans notre appréhension du monde,
le processus de catégorisation présente quelques imperfections. En
premier lieu, il implique parfois une simplification exagérée de notre
perception des objets environnants. Convaincus de l’utilité de nos
systèmes de catégories, nous avons tendance à les considérer comme
prioritaires par rapport aux objets que nous leur assignons, quitte
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Penser l’environnement social
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Penser l’environnement social
Restaurant
Entrer Commander
Cours d’actions
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Mais depuis les années 1970, des chercheurs genevois ont commencé
à porter un regard différent sur ces questions (Deschamps, 1973 ;
1977 Lorenzi-Cioldi, 1988). Ils ont en effet eu l’idée de prendre en
considération les rapports de domination ou de subordination sociale
qui unissaient les groupes impliqués dans des processus de catégorisa-
tion sociale mutuelle. Ils ont alors découvert un phénomène d’asymé-
trie, spécifique à la catégorisation sociale. Pour le comprendre, il faut
d’abord préciser que les situations de domination ou de subordination
d’un groupe social se définissent au regard des ressources (matérielles,
culturelles et statutaires) dont il dispose (cf. Bourdieu, 1998). Par
exemple, aujourd’hui en France, les cadres de sexe masculin occupent
une position de domination par rapport à des employées de sexe fémi-
nin percevant des rémunérations moins élevées et qui ont un niveau
d’éducation moindre. Dans des situations de domination/subordina-
tion sociale, on va constater que les membres de groupes dominants
élaborent des systèmes de catégories selon lesquels ils se perçoivent
très différents les uns des autres, tandis qu’ils perçoivent les membres
du groupe dominé comme très semblables. Au contraire, les membres
du groupe dominé se perçoivent comme très ressemblants alors qu’ils
perçoivent les membres du groupe dominant comme très différents
les uns des autres (Lorenzi-Cioldi, 1988). On commence peut-être ici
à comprendre les différences constatées entre l’iconographie des chefs
d’entreprise et celle des instituteurs…
Les stéréotypes
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Penser l’environnement social
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Penser l’environnement social
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Penser l’environnement social
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
partagent les individus à l’égard d’un objet sont à la fois des éléments
d’identification au groupe (on se ressemble puisque l’on pense les
mêmes choses) et des éléments de différenciation vis-à-vis de l’exté-
rieur (ils sont différents de nous puisqu’ils pensent différemment).
Dans un travail récent sur les représentations de l’Islam chez de jeunes
tunisiens, Souissi (2013), montre bien comment l’idée de tolérance
fonde la différenciation entre musulmans tunisien et musulmans
« d’Orient »6. Pour les jeunes interrogés, l’Islam tunisien est supposé
tolérant tandis que celui des musulmans d’Orient est perçu comme
plus traditionaliste et intransigeant.
La troisième fonction des représentations sociales se rapporte à
l’évaluation. Elles fournissent en effet aux individus des critères leur
permettant de porter des jugements sur les objets de leur environ-
nement (Moliner, 1994, 1995). Mais elles permettent aussi de justifier
des prises de position ou des conduites. Par exemple à propos de la
contamination par le VIH, on interroge des médecins généralistes
(Morin, Souville, Obadia, 1996). On constate alors que pour certains
d’entre eux, la contamination est pensée comme la conséquence de
modes de vie dissolus. Et c’est justement chez ces médecins que l’on
constate le taux le plus important de refus lorsqu’il s’agit de prendre
en charge un patient infecté. En d’autres termes, le jugement moral
vient justifier la pratique.
On ne pourrait faire ici une présentation exhaustive de la théorie
des représentations sociales. Le lecteur intéressé se tournera vers un
ouvrage récent qui décrit les dernières avancées de cette théorie (Moli-
ner et Guimelli, 2015).
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Croyances collectives et iconographie
L’iconographie du mythe
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Croyances collectives et iconographie
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Un programme de recherche
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Croyances collectives et iconographie
parler des mythes. Mais ce sont bien des croyances collectives qui
structurent notre perception et notre compréhension de l’environ-
nement social. Partant, on peut faire l’hypothèse qu’ils déterminent
à la fois la production des représentations iconographiques de cet
environnement et leur interprétation. La figure 5 va permettre de
préciser le propos.
Catégorisations,
Stéréotypes, Interprétation
Représentations sociales
Significations
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Imagerie mentale et cognition sociale
9. Nos capacités d’évocation mentale ne sont pas exclusivement réservées à des objets
visuellement perceptibles. Nous pouvons évoquer mentalement un son, une odeur ou
un goût.
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Imagerie mentale et cognition sociale
10. À quelques exceptions près, par exemple « table à repasser » est considéré comme
équivalent à « planche à repasser ».
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Imagerie mentale et cognition sociale
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Imagerie mentale et cognition sociale
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Catégories d’hommes
Cadre dirigeant Efféminé
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Imagerie mentale et cognition sociale
Catégories de femmes
Femme au foyer Prostituée
Mais les traits les plus consensuels dans l’imagerie des femmes actives
(career woman) surprennent par leur nombre et leur précision. Comme
il est surprenant que pour les féministes, le seul trait d’imagerie qui
dépasse les 60 % soit relatif à leur poids. Enfin, on s’étonne que la
posture debout ne suscite des consensus significatifs que pour les cadres
dirigeants et les femmes actives. Ainsi, pour les femmes au foyer, elle
n’est évoquée que par 15 % des participants, 38 % pour les prostituées,
47 % pour les féministes, 52 % pour les hommes efféminés, 19 %
pour les homosexuels et 12 % pour les intellos. Il y a là assurément
des logiques difficiles à déceler. On peut toutefois remarquer que ce
sont les catégories définies par des statuts sociaux (cadres dirigeants,
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Imagerie mentale et cognition sociale
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
IMAGERIE MENTALE
Les images mentales associées aux induits ont été réparties en trois
catégories selon qu’elles correspondaient à des personnes, des objets
et des lieux ou enfin qu’elles n’appartenaient à aucune de ces deux
catégories. Pour ce qui concerne les mots associés au trouble mental
et sans entrer dans le détail de cette étude, on constate aisément qu’ils
relèvent de deux registres. L’un plutôt naïf ou très général (folie, mala-
die), tandis que l’autre est plus spécialisé et expert (schizophrénie,
psychose, paranoïa). Pour ce qui concerne les images mentales qui leur
sont associées, on remarque aussi que chaque mot établit un consensus
assez net d’imagerie mentale. Le terme schizophrénie évoque l’image
d’une personne pour 57 % des sujets, tandis que « folie », « psychose »
et « maladie » évoquent plutôt des images d’objets et de lieux. Il faut
ici préciser que les images mentales de chaque catégorie relèvent
d’une assez grande diversité. Ainsi par exemple, dans la catégorie
des personnes, on trouve aussi bien l’évocation d’un membre de la
famille (i. e. « mon cousin »), que celle d’un personnage de fiction
(i. e. « Dr Jekill »). Quoi qu’il en soit, il semble bien que les représen-
tations sociales puissent elles aussi générer des imageries mentales rela-
tivement consensuelles. Dans cette étude, 70 % des sujets interrogés
évoquent finalement l’image d’une personne lorsqu’elles mobilisent
leur représentation du trouble mental. En cela, ce résultat s’inscrit
parfaitement dans la lignée des travaux de Jodelet (1989), qui avait
montré que la représentation sociale de la maladie mentale définissait
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Imagerie mentale et cognition sociale
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Imagerie mentale et cognition sociale
9. Nos capacités d’évocation mentale ne sont pas exclusivement réservées à des objets
visuellement perceptibles. Nous pouvons évoquer mentalement un son, une odeur ou
un goût.
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10. À quelques exceptions près, par exemple « table à repasser » est considéré comme
équivalent à « planche à repasser ».
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Catégories d’hommes
Cadre dirigeant Efféminé
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Catégories de femmes
Femme au foyer Prostituée
Mais les traits les plus consensuels dans l’imagerie des femmes actives
(career woman) surprennent par leur nombre et leur précision. Comme
il est surprenant que pour les féministes, le seul trait d’imagerie qui
dépasse les 60 % soit relatif à leur poids. Enfin, on s’étonne que la
posture debout ne suscite des consensus significatifs que pour les cadres
dirigeants et les femmes actives. Ainsi, pour les femmes au foyer, elle
n’est évoquée que par 15 % des participants, 38 % pour les prostituées,
47 % pour les féministes, 52 % pour les hommes efféminés, 19 %
pour les homosexuels et 12 % pour les intellos. Il y a là assurément
des logiques difficiles à déceler. On peut toutefois remarquer que ce
sont les catégories définies par des statuts sociaux (cadres dirigeants,
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IMAGERIE MENTALE
Les images mentales associées aux induits ont été réparties en trois
catégories selon qu’elles correspondaient à des personnes, des objets
et des lieux ou enfin qu’elles n’appartenaient à aucune de ces deux
catégories. Pour ce qui concerne les mots associés au trouble mental
et sans entrer dans le détail de cette étude, on constate aisément qu’ils
relèvent de deux registres. L’un plutôt naïf ou très général (folie, mala-
die), tandis que l’autre est plus spécialisé et expert (schizophrénie,
psychose, paranoïa). Pour ce qui concerne les images mentales qui leur
sont associées, on remarque aussi que chaque mot établit un consensus
assez net d’imagerie mentale. Le terme schizophrénie évoque l’image
d’une personne pour 57 % des sujets, tandis que « folie », « psychose »
et « maladie » évoquent plutôt des images d’objets et de lieux. Il faut
ici préciser que les images mentales de chaque catégorie relèvent
d’une assez grande diversité. Ainsi par exemple, dans la catégorie
des personnes, on trouve aussi bien l’évocation d’un membre de la
famille (i. e. « mon cousin »), que celle d’un personnage de fiction
(i. e. « Dr Jekill »). Quoi qu’il en soit, il semble bien que les représen-
tations sociales puissent elles aussi générer des imageries mentales rela-
tivement consensuelles. Dans cette étude, 70 % des sujets interrogés
évoquent finalement l’image d’une personne lorsqu’elles mobilisent
leur représentation du trouble mental. En cela, ce résultat s’inscrit
parfaitement dans la lignée des travaux de Jodelet (1989), qui avait
montré que la représentation sociale de la maladie mentale définissait
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Imagerie mentale et cognition sociale
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
va tenter d’y détecter des formes et des objets qu’elle pourra dénommer.
Ces éléments vont alors lui fournir autant d’indices lui permettant de
se livrer à une interprétation. On comprend ainsi que le processus sera
d’autant plus simple à mener que vous-même et cette personne parta-
gez une vision commune du travail. En d’autres termes, si la source
et le récepteur d’une image partagent une même représentation de
l’objet, alors l’interprétation de l’image en sera facilitée. Au contraire,
si la source et le récepteur ont des représentations différentes de l’objet,
alors la source proposera au récepteur une image de l’objet qui sera
difficile à comprendre par ce dernier.
On arrive ici à la première question de recherche évoquée à la fin du
troisième chapitre de cet ouvrage. Lorsqu’une source et un récepteur
ne partagent pas un même ensemble de cognitions sociales à l’égard
d’un objet, la représentation iconographique de cet objet par la source
sera-t-elle comprise par le récepteur ? Nous allons voir comment on
peut essayer de répondre à cette question à partir d’approches intercul-
turelles et à partir de travaux menés en psychologie du développement.
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Communiquer par l’image
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
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Communiquer par l’image
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Communiquer par l’image
90
80
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50
40
30
20
10
0
CE1 CE2 CM1 CM2
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PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
13. À l’exception des individus atteints de troubles du développement tel que l’autisme et
chez qui on observe une déficience assez nette dans la reconnaissance des émotions
(Ozonoff, Pennington et Rogers, 1991).
14. C’est-à-dire n’ayant aucun trouble particulier.
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Communiquer par l’image
70.00%
60.00%
50.00%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
8 ans 10 ans 12 ans 14 ans
79
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Par exemple, dans l’une d’entre elles (figure 8), la première image montre
une femme qui semble vendre des ballons attachés à des fils. Un enfant
est en train de lui en acheter un. La seconde image montre l’enfant
manifestement joyeux jouant avec son ballon flottant au bout du fil qu’il
tient dans la main. La troisième image montre le ballon qui échappe à
l’enfant et s’élève vers le ciel. Enfin, la dernière image montre l’enfant
en train de pleurer. À l’arrière-plan, on voit le ballon haut dans le ciel.
Ces séries d’images sont présentées aux enfants dans le désordre. On
leur explique que les images racontent une histoire et que pour la
connaître, il faut les remettre dans l’ordre. Certaines séries tolèrent
plusieurs ordres cohérents. Par exemple pour la série du ballon, il est
possible de répondre 1, 2, 3 et 4, mais aussi 2, 3, 4 et 1 (l’enfant était
heureux avec son ballon, il le perd, il pleure, il va en acheter un autre),
ou encore 3,4,1 et 2 (l’enfant perd le ballon, il pleure, il en achète un
autre, il est à nouveau heureux). La figure 9 montre les pourcentages
moyens d’enfants ayant donné des réponses cohérentes.
80
Communiquer par l’image
70.00%
60.00%
50.00%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
Moyens Grands Cours préparatoire
Encore une fois, on constate une différence nette entre les perfor-
mances des enfants les plus jeunes et celles des enfants les plus âgés.
Ainsi, probablement parce qu’ils ne comprennent pas tous les détails
des images, mais aussi parce que la logique de l’enchaînement des
scènes leur échappe, ils ne sont qu’un peu plus de 10 % à reconstituer
ces séquences d’images de façon cohérente.
81
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
83
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Les formes
Lorsque nous regardons une image, nous pouvons identifier des confi-
gurations de lignes et de couleurs qui dessinent des formes naturel-
lement perceptibles telles que des personnes, des animaux, des plantes,
des paysages ou des objets. Les formes entretiennent un rapport d’ana-
logie variable avec les objets auxquelles elles correspondent. Mais elles
sont justement des formes parce que nous reconnaissons en elles ces
objets. L’inventaire objectif des formes contenues dans une image
constitue donc le premier moment de l’analyse iconologique.
Les motifs
La co-occurrence de plusieurs formes permet d’identifier des situa-
tions ou des événements. Par exemple une image qui montre plusieurs
personnes assises autour d’une table, chacune ayant un papier et un
crayon devant elle et chacune tournée vers les autres permet d’identi-
fier une situation du type « réunion ». Ainsi, le motif se définit comme
une combinaison de formes. Dans la plupart des cas, l’identification
du motif d’une image unique ne soulève pas de difficulté particulière.
Il en va tout autrement lorsque l’on se trouve confronté à un corpus
de plusieurs centaines d’images dans lequel on tentera d’identifier des
motifs récurrents. Nous verrons plus loin comment certaines tech-
niques d’analyse des données permettent de résoudre ce problème.
Les thèmes
Un thème correspond à un concept (i. e. l’amour, la guerre, le travail,
etc.), il peut aussi correspondre à une classe d’objets, de personnes ou
de situations (les plantes, les chômeurs, les transports en commun,
etc.). Enfin, il peut correspondre à un récit mythique voire à une
œuvre littéraire (le mythe de Narcisse, les misérables, etc.). Un thème
peut être illustré par différents motifs qui seront à leur tour iconogra-
phiés par le biais de différentes formes. Dans le cadre de l’iconographie
des objets sociaux, le thème est évidemment résumé par la dénomi-
nation de ces objets (i. e. l’iconographie de la femme dans les médias,
du travailleur immigré, du malade mental, etc.).
84
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
85
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
86
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
87
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
FORMES
Triangle Cercle Rectangle
image 1 1 2 0
image 2 0 0 4
image 3 1 0 1
image 4 3 1 0
image 5 1 0 2
image 6 2 2 0
image 7 1 1 2
image 8 0 0 5
image 9 0 0 4
image 10 2 0 1
image 11 0 1 3
image 12 2 1 1
image 13 0 1 0
image 14 0 0 1
image 15 1 0 0
Total 14 9 24
% 29,79 % 19,15 % 51,06 %
88
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
total de formes recensées (ici 47), soit 6,38 %. Plus cet indicateur se
rapproche de 0 et plus le corpus est monotone, c’est-à-dire composé
de peu de formes différentes, comme c’est le cas dans notre exemple.
Intrinsèquement, ces indicateurs n’ont aucune valeur. Ils peuvent
toutefois être très utiles lorsque l’on souhaite comparer deux corpus
d’images. Ajoutons enfin qu’il est possible de sophistiquer davantage
l’analyse. On peut par exemple s’intéresser aux surfaces occupées par
certaines formes, aux couleurs ou au positionnement des formes sur
le support (haut, bas, droite, gauche), ou encore à la position des
unes par rapport aux autres, etc. Mais dans tous les cas, il est primor-
dial d’éviter de construire des catégories d’analyse qui laissent une
part trop importante à l’interprétation. Plusieurs auteurs ont déjà
proposé des méthodes d’analyse du contenu des images (voir notam-
ment Rose, 2007). Mais ces méthodes reposent le plus souvent sur
des grilles d’analyse qui renvoient autant à ce que montrent les images
(les formes) qu’à ce qu’elles signifient. Or, se référer aux éléments de
signification pose un problème dans la mesure où ces éléments sont
très souvent ambigus. Souvenons-nous du tableau de Landon (fig. 4).
Sa description à partir du seul inventaire des formes qu’il contient
conduira à noter que « Dédale a les bras tendus ». Mais sa description
à partir de catégories signifiantes pourra nous conduire à noter que
« Dédale pousse Icare », aussi bien que « Dédale tente de retenir Icare ».
Ainsi, pour contourner ce problème, il est plus prudent de s’en tenir
à un inventaire strict des formes plutôt que d’essayer de leur accorder
la moindre signification.
89
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
90
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
On constate alors que le premier facteur explique plus des deux tiers
de la variation totale. Et l’on voit apparaître une opposition très nette
entre les images de notre corpus. Globalement, à gauche du graphique,
on voit une majorité d’images qui montrent des personnes, soit par la
représentation du corps entier (4, 6 et 1), soit par la représentation du
visage (10, 12 et 7). À droite on voit plutôt des bâtiments, immeubles
(9 et 8), ou maisons (5 et 3). Évidemment, certaines images échappent
à cette classification. À gauche, l’image 13 est un simple cercle, à
droite l’image 2 évoque un visage tandis que la 11 suggère un corps.
Mais dans l’ensemble, il semble possible d’avancer la présence de deux
motifs dans notre corpus initial : le motif humain (les personnes), et
le motif non humain (les bâtiments), tous deux également reliés au
thème de « La rue ».
Signalons enfin que l’ACP permet de traiter des tableaux hétérogènes.
Par exemple, avec cette méthode, on pourra traiter un tableau compa-
rable au tableau 11 avec trois colonnes supplémentaires, chacune
d’entre elles contenant les surfaces occupées dans chaque dessin par
les trois formes de base, exprimées en cm2 ou en pourcentage de la
surface totale de chaque image. La seule limite dans cette précision
de l’analyse réside dans le rapport qu’il convient de respecter entre
le nombre d’unités statistiques (les images), et le nombre de critères
utilisés pour les qualifier. Pour que l’AFC produise des résultats statis-
tiquement acceptables, il convient en effet que le nombre d’unités
statistiques soit au moins cinq fois supérieur au nombre de critères
(Gorsuch, 1974).
16. L’ACP est également déconseillée lorsque les critères utilisés pour qualifier les images
sont insuffisamment corrélés les uns aux autres.
91
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Triangle
Cercle
Rectangle
20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
92
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
93
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
94
Une méthode pour l’analyse des corpus d’images
Forme
Triangle
Forme
Rectangle
Forme
Cercle
Représentations sociales
et production iconographique
97
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
98
Représentations sociales et production iconographique
La représentation
Dans une première phase de la recherche, les participants se voyaient
proposer une tâche d’association verbale. Ils devaient ainsi produire
cinq mots ou expressions à partir du terme inducteur « gestion de
l’eau ». Les techniques d’association verbale constituent une voie
désormais classique d’approche des représentations sociales (Wagner
et al., 1999), et il existe aujourd’hui différentes variantes plus ou moins
99
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
100
Représentations sociales et production iconographique
19. Ici et dans les pages qui vont suivre, le terme « significatif » renvoie à une marge d’erreur
statistique inférieure à 5 %.
101
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Eau
Canal
Fermer
Vannes
Économiser
Devoir
Utilisation
Irriguer
Gaspillage
Partage
Disponibilité
20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
102
Représentations sociales et production iconographique
Figure 15. Répartition des onze induits cités par au moins 20 % des
participants selon leur classe d’appartenance (Préservation vs Utilisation)
et selon les sites (Nzhelele vs New Forest).
90.00% 83.63%
80.00%
70.00%
61.39%
60.00%
50.00%
38.61%
40.00%
30.00%
16.37%
20.00%
10.00%
0.00%
New Forest Nzhelele
Préservation Utilisation
La production iconographique
Le deuxième temps de cette recherche consiste à analyser les photo-
graphies produites par les participants des deux sites. Pour ce faire,
Orne-Gliemann met en œuvre la démarche exposée dans le chapitre
précédent (chap. 6). Elle identifie ainsi dix-sept formes à partir
desquelles elle code les 1 532 photographies du corpus. Après une
première analyse des fréquences d’apparition de ces formes sur les
photographies, elle ne retient que les formes qui sont contenues dans
103
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Figure 16. ACP sur les sept formes apparaissant dans au moins 20 %
des photographies réalisées sur l’un ou l’autre des deux sites.
Eau Infrastructure
distribution 0,5 Paysage
Champ
Personne seule
0
-1 -0,5 0 0,5 1
-0,5 Groupe
Domicile
-1
104
Représentations sociales et production iconographique
70.00%
59.51%
60.00%
54.17%
50.00%
45.83%
40.49%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
New Forest Nzhelele
105
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
20. Une photographie qui exprime parfaitement un motif contient les deux formes qui le
composent sans contenir aucune des deux formes de l’autre motif. Ont été évacuées
de l’analyse les photos neutres (aucune forme des deux motifs), et mixtes (deux formes
appartenant respectivement à chacun des deux motifs). Au total, 596 photographies
ont été retenues.
106
Représentations sociales et production iconographique
La représentation
L’étude de la représentation du territoire marin s’intéresse aux points
d’ancrage de cette dernière. Il s’agit de comprendre les cadres de
référence à partir desquels le territoire marin est appréhendé. Dans
ce but, Le Moel propose aux participants d’associer quatre termes
au territoire marin parmi une liste de huit (risque, conflits d’usage,
protection, responsabilité, ressource, développement économique,
aménagement, organisation des territoires). Ces termes avaient été
identifiés comme de probables points d’ancrage de la représentation
lors d’entretiens préalables. Elle demande ensuite aux participants
d’associer à chacun des quatre termes choisis cinq termes parmi une
liste de quarante. Ces termes avaient été identifiés lors d’entretiens
préalables et reflétaient les contenus de la représentation. Une première
analyse des données (Moliner et Le Moel, 2014) semble indiquer deux
représentations du milieu marin. Selon la première, le milieu marin est
envisagé comme une menace. Selon la seconde, il est davantage envi-
sagé comme une ressource pour la commune. Mais une analyse plus
fine des données (Le Moel, Moliner, Ramadier, 2015) permet finale-
ment d’identifier trois sous-groupes. Dans le premier (n = 71, 52 %
des élus), c’est l’ancrage « Protection-Aménagement » qui est privilé-
gié. Dans le second (n = 34, 25 %), c’est l’ancrage « Développement
économique-Organisation » qui domine. Enfin dans le troisième
sous-groupe (n = 31, 22 %), c’est l’ancrage « Risque-Responsabilité »
qui est privilégié.
Afin d’explorer les contenus de la représentation du milieu marin,
Le Moel procède à une analyse de similitude sur les choix effectués
par les participants dans la liste des quarante items qui leur étaient
proposés pour décrire les points d’ancrage qu’ils avaient désignés.
107
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
108
Représentations sociales et production iconographique
infrastructures portuaires
préfecture
26 Scot
41
30
36
23
40 ressource. vivante
mouillages
foncier organisés
109
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Sous-groupes d’élus
Lorsque deux valeurs d’une même ligne n’ont aucune lettre en commun : seuil de signi-
ficativité < 5 %.
Lorsque deux valeurs d’une même ligne sont soulignées : seuil de significativité < 10 %.
D’après Le Moel, Moliner et Ramadier, 2015.
110
Représentations sociales et production iconographique
Les dessins
Les dessins produits par les participants ont été analysés selon la
méthode décrite dans le chapitre 6. Sept formes ont été identifiées :
la plage, le trait de côte, les éléments dessinés en mer (digues, épis,
bateaux), les axes routiers, les éléments architecturaux (immeubles), les
axes fluviaux, les limites-frontière de la commune. Ici, il faut préciser
qu’après avoir produit leur dessin, les participants étaient amenés à le
commenter, ce qui permettait de préciser la signification de certaines
formes.
Pour ce qui concerne l’analyse des motifs, l’ACH permet de repérer
deux classes de formes.
111
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Figure 19. ACH sur les formes contenues dans les dessins.
Méthode de Ward, distance euclidienne.
Éléments architecturaux
Axe routier
Trait de côte
Limite-frontière
Axe fluvial
Plage
65 70 75 80 85 90 95 100 105
112
Représentations sociales et production iconographique
Sur la base de cette analyse, chaque dessin a été caractérisé par trois
scores correspondant à chacun des motifs identifiés (urbain, maritime
et sectorisé). Ces scores résultent de la somme des choix pour les items
d’un même motif, divisée par le nombre d’items qui composent le
motif. Ils varient donc de 0 à 1. Ces scores ont fait l’objet d’une analyse
de variance selon un plan simple (groupes élus × motif ), où le facteur
« motif » est intra-individuel.
Sur l’ensemble des dessins, on constate en premier lieu que le motif
« urbain » est significativement plus présent que le motif « sectorisé » et
significativement plus présent que le motif « maritime ». On constate
ensuite une différence significative concernant les motifs présents dans
les dessins des trois groupes d’élus.
Comme on le voit sur la figure 20, les dessins des élus du groupe
« Protection » et ceux du groupe « Risque » montrent à peu près la
même hiérarchisation de motifs. Ils ne diffèrent significativement
entre eux que par rapport au motif « sectorisé ».
Figure 20. Scores moyens des motifs Urbain, Sectorisé et Maritime pour
les trois sous-groupes d’élus. Écart-type entre parenthèses.
0.20
0.10
0.00
Protection Développement Risque
113
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
115
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
116
Catégorisation sociale, stéréotypes et interprétation iconographique
117
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
Le Noir et le Blanc
118
Catégorisation sociale, stéréotypes et interprétation iconographique
80.00%
70.00%
60.00%
50.00%
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
Noir Blanc
119
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE
De l’hostilité à la joie
21. Dans une thèse récente, Hamhami (2015) s’inspire du protocole de Ducan en filmant
un enfant autiste dans plusieurs situations. Le film est montré aux participants avec
deux étiquettes : soit l’enfant est présenté comme autiste, soit il est présenté comme
déficient intellectuel. Les résultats vont dans le sens de la recherche de Duncan.
120
Catégorisation sociale, stéréotypes et interprétation iconographique
22. La procédure est un Test d’association implicite (Greenwald, McGhee & Schwarz, 1998).
121
PSYCHOLOGIE SOCIALE DE L ’ IMAGE