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Le Plan national de développement (PND 2018-2022)

Lomé vient de se doter d’une feuille de route quinquennale couvrant la période 2018-
2022. Très attendu pour remplacer la Scape ayant permis au Togo d’amorcer des
transformations économiques profondes, notamment la modernisation de ses
infrastructures, le Plan national de développement (PND) a été adopté ce vendredi 03
août en Conseil des ministres.

Les grands chantiers

Fruit d’un processus participatif intense ayant impliqué les différentes parties prenantes
de l’administration publique, des institutions de la République, du secteur privé, de la
société civile, des régions ainsi que des partenaires techniques et financiers, le PND se
donne le défi de faire du Togo, la plateforme économique par excellence dans la sous-
région.

Le programme quinquennal, qui désormais servira de document de référence pour le


pilotage de l’action gouvernementale et les relations avec l’ensemble des partenaires du
Togo, permettra de mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires
de premier ordre dans la sous-région, apprend-on.

Cette stratégie se concentrera sur l’amélioration des infrastructures et des procédures au


Port de Lomé, pour l’instant, le seul en eaux profondes de la sous-région, le
renforcement des infrastructures routières et le hub aérien, déjà très animé par la
compagnie panafricaine Asky, partenaire d’Ethiopian Airlines et d’autres acteurs
majeurs africains. Plusieurs projets sont attendus dans le numérique. Des
infrastructures clés devraient être renforcées pour augmenter la qualité des services
fournis aux usagers dans ce secteur.

Le PND ambitionne aussi de révéler le Togo comme un centre de tourisme d’affaires et


d’ériger la capitale Lomé, déjà centre par excellence des institutions financières (Boad,
Bidc, Orabank, Ecobank, AFG ex-fonds Gari), comme plateforme financière et d’affaires
de premier rang en Afrique.

Le deuxième axe va s’atteler à développer des pôles de transformation agricole,


manufacturiers et d’industries extractives. Ainsi, l’ambitieux projet de création des
agropoles, soutenu par divers partenaires dont la Corée du Sud, la Boad et la Bad, la
mise en place de parcs industriels, la stratégie nationale d’électrification qui table sur un
taux de pénétration de 50% à l’horizon 2020 et 75% en 2025, la relance du secteur
minier ainsi que la promotion des entreprises artisanales et des activités commerciales,
sont la cheville ouvrière de ce deuxième pilier fondamental du PND.

Enfin, le programme d’actions du gouvernement togolais cherchera à consolider le


développement social et renforcer les mécanismes d’inclusion. Le renforcement du
système éducatif et de la formation professionnelle, la fourniture des services sociaux de
base (soins de santé de qualité, eau, électricité domestique), l’employabilité des jeunes,
l’inclusion financière, l’équité et l’égalité des sexes, la protection sociale et de
l’environnement, sont le plat de résistance de l’axe 3.

En 5 années de mise en œuvre, plus de 4622,2 milliards FCFA (environ 8,3 milliards $)
de ressources seront nécessaires pour transformer structurellement l'économie pour une
croissance forte, durable, résiliente, inclusive et créatrice d'emplois, améliorant le bien-
être social.

7,6% de croissance, 500 000 emplois directs décents

Dans le viseur, on s’attend à ce que la croissance économique résultant d’une mise en


œuvre soumise à un monitoring innovant, se situe à 6,6% en moyenne par an pour
atteindre 7,6% en 2022. Cette performance notable devrait contribuer à améliorer la
création d’emplois, la redistribution de la richesse nationale afin réduire drastiquement
la pauvreté ainsi que le niveau de développement humain grâce à un meilleur accès aux
services sociaux de base.

Les objectifs sont clairs et quantifiés. Dans le détail, le PND devrait permettre de fournir
à plus de 500 000 personnes un emploi direct durable et décent. L’amélioration de la
compétitivité et de la productivité de l'économie contribuera elle, à relever le revenu par
habitant de 9,7% à 670 $, avec une amélioration de la distribution, selon une première
estimation.

Sur l'indice Mo Ibrahim sur la gouvernance en Afrique, le Togo, deuxième pays le plus
réformateur sur les 10 dernières années derrière la Côte d’Ivoire, ambitionne de
redoubler d’efforts pour améliorer son rang de 10 places. Du côté du Doing Business de
la Banque mondiale, le pays qui s’est doté fin 2017 d’une Cellule Climat des affaires
(CCA), qui coordonne les reformes dans le sens de l’amélioration de l’environnement
des affaires, compte bondir chaque année de 10 rangs dans le classement mondial, sur le
quinquennat.

La part belle au secteur privé

Si le PND nécessitera de gros investissements estimés à plus de à 4622,2 milliards


FCFA, le rôle du secteur privé sera prépondérant. Figure de proue de cette stratégie de
développement, les privés pourraient y participer à hauteur d’un peu plus 2999,1
milliards de FCFA (5,4 milliards $), soit 65% du coût global du PND. Les dépenses
d’investissement public, quant à elles, sont attendues à 1623,1 milliards de FCFA (2,9
milliards $), représentant 35% du coût global.

Selon le communiqué du Conseil des ministres, le président Faure Gnassingbé,


aurait « vivement instruit le gouvernement d’accentuer et d’intensifier le dialogue et la
concertation avec toutes les composantes de la société togolaise, en particulier le
secteur privé, les acteurs politiques, les organisations syndicales ainsi que les
organisations de la société civile en vue de favoriser une meilleure appropriation du
PND et d’assurer la mobilisation et la contribution de tous à sa mise en œuvre ainsi
qu’à l’atteinte des objectifs poursuivis. »

Soutiens tous azimuts

Très ambitieux, le PND ne cesse d’engranger les soutiens de toute part. La Banque
mondiale dans son nouveau cadre de partenariat a annoncé qu’elle renforcera l’aide au
pays pour soutenir le PND. Le FMI, satisfait de la finalisation de la feuille de route, a
relevé dans une récente revue, les perspectives économiques. Le PNUD très engagé au
Togo, fier du programme quinquennal, en a apprécié l’approche participative. L’IFC,
bras de la Banque mondiale destiné au secteur privé, et l’Alliance solaire internationale
(ASI), ont estimé que la stratégie d’électrification du Togo à l’horizon 2030, qui est en
ligne avec le plan, est une vision réaliste et « la première en Afrique ». A cette pléthore,
s’ajoutent la Bad, la Boad qui soutiennent le Mifa ainsi que le projet des agropoles.

D’autres partenaires, notamment Afreximbank, la Chine, pourraient également mettre


le pied à l’étrier une fois le PND lancé officiellement.

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