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Chapitre 2 Exercice du pouvoir de monopole Lors de l'étude d'un marché en monopole, deux précisions clés doivent.étre faites. Il est d'abord nécessaire d'analyser si lentreprise en monopole (appelée le monopole par la suite) produit un bien durable ou non. Un bien est dit durable lorsqu'l y a coexistence de plusieurs générations du méme bien. Il peut alors exister des marchés doccasion. La production d'un bien durable affaiblit alors le pouvoir de monopole puisque les consommateurs peuvent dans oé\cas’attendre que le prix du bien baisse. Un bon exemple de bien durable, est jdonné par le marché de informatique. Par ailleurs, il est important de déterminer si(le monopole est discriminant ou non Un monopole non discriminant est un monopole”qui pratique le méme prix unitaire quelque soit lacheteur et quelques soient»les quantités achetées, cest-d-dire un monopole pratiquant une tarification linéaire: Etudions d'abord le cas le plus simple, celui d'un monopole non discriminant produisant un bien non durable 2.1 Monopole simple On analyse dans cette section le comportement d’un monopole simple (non discrimi-nant, produisant un bien non durable). On étudie séparément le cas d'un monopole ne produisant qu'un seul produit et celui d'un monopole multi-produits. 2.1.1 “Monopole mono-produit Soit un marché définit par une fonction de demande q = D(p) (continue, décroissante avec p = D~'(q) = P (q) fonction de demande inverse) et régit par un monopole représenté par sa fonction de cot C(q) (avec C(q) fonction de coi marginal positive ou nulle). II est utile pour la suite de définir élasticité prix de la demande e(p) = aa aul mesure la sensibilité de la demande au prix 2.1. MONOPOLE SIMPLE Le monopole cherche 4 maximiser son pro’t, c'est-i-dire p* et q” tels que : max, I= pq C(q) C'= pC quand ¢ > +0). Par ailleurs, par"(2.2), on obtient : a “4 24 P(q)+ aP (q)— CO <= RMA=CMA On a done une égalisation entre le cotit marginal et Ia recette marginale. En se rappelant que dans le cas de la concurrence, on avait une égalisation entre prix et coiit marginal, on remarque que () du fait de cofits marginaux non décroissants (1 les quantités vendues diminuent par rapport a Ia concurrence (ef. graphique ci-dessous). u CHAPITRE 2, EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE ar rapport & notre cas de référence, le prix a augmenté et les quantités ont diminté_ Gn a done sans ambiguité, une perte de surplus pour les consommateurs. Par dénition, le pro"ty(EBs-adire le surplus du producteur) @ augmenté (Ja solution de concurrence fait partie des possilesdafs le programme de ‘maximisation du monopole). Cependant, comme on le remarque sur le graphighte-précédent, le surplus social total diminue de maniére non am 1 lorsqu‘on passe du cas de la conedtrenge & celui d'un monopole. Cela étant, une question légitime est de se demander (dupoitt de vue du législateur) comment réduire la perte de surplus lige au monopole. La solution la plus évidente semble étre de taxer la/Production du monopole, Etudions cette situation en introduisant une taxe unitaire ¢ & la consommation (type TVA). Le monopole choisit alors p tel qué? mak [pD(p + t) - CD + 0)] P pp +0 ++ np-cl (3) Avn de restauree JOplithum social on veut que le prix payé par les consommateurs p+ t soit égal au cout marginal C/, in Betdans ce cas, le surplus social s Grit w-u+ll+G ‘ott G représente le surplus du gouvernement issu de la récolte de la taxe. On a donc : W= ViDE+D)-_+HOD—+E) + pPiPHD- COH+D +H +0) NE et maxp W donne wv oe+n-c! ww rm" +0=0 2 2:1. MONOPOLE SIMPLE clest a dire p+t=C(Dip+t) le comportement du commateur (max,U) donnant V(D(p +t)) = p +t. Or 'équation (2.3) peut s'écrire [Dip + t)- tip + t)] + Dip +t)(p +t-C)=0 Pour restaurer ‘optimum social on doit done avoir t = D(p+t)/D'(p+t) < Oc'est-dire quill faut subventionner la production du monopole. On est done ici devant un paradoxe, puisqu'il faut subventionnér une entreprise qui posséde (déja) un pouvoir de monopole. Cela vient en fait (du fait que le probléme du ‘monopole est qu'il conduit a une sous-consommation. Pour-obtenit une allocation efficace, il est donc nécessaire de subventionner le bien. En plus de cette considération éthique, il est nécessaire pour appliquer cette taxation optimale que le, régulateur connaisse parfaitement la fonction de demande D(.). Une solution alternative est la mise en place d'une politique de la concurrence et plus particuligrement de démantélement des monopoles. Cette politique posséde toutefois elle aussi certains problémes, notamment la"mlltiplication des coats fixes (c'est-a-dire les coats indépendants de la quantité produite)/ 2.1.2 Monopole multi-produits On a vu que le monopdle*Mmono-produit entrainait une perte de surplus social. Analysons maintenant dans quelle riiesure les choses changent lorsque le méme monopole produit plusieurs biens. Pour cela fidus allons étudier le modéle le plus simple de monopole multi-produits appelé modele du “learning by doing”. On considére que les deux produits (différents) vendus par le monopole sont en fait deux fois le méme produit mais vendu a deux dates différentes. Soit un monopole qui produit a deux dates t = 1 et t= 2. Ala date t la demande s'écrit q.= Di(p,). On suppose que les demandes aux deux dates sont indépendantes (on étudie un bien non durable), A la date 1, le coat total s'écrit C,(qu) alors que le codt total a la date 2 est C2(qz, qi) avec * 283 0, On a donc un effet d'apprentissage (“learning by doing") : plus l'entreprise aura produit en date 1, moins il sera cher pour elle de produire en date 2. 13 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE Le monopole maximise alors son profit en fonction de p, et pz, les prix aux deux dates : PaD2(P2) ~ C,(Da(p1)) + 8 [P2D2(P2) ~ C.(Da(P2), Da(P2))] 011 0< 6 < 1 est le facteur d'escompte (qui représente le prix du temps) Ala date t = 2, le monopole égalise donc revenu marginal et coat marginal (comme un monopole mono-produit) : P= C3(D2(p2), Dey) p21 Et ala date 1: ed Pa & Ainsi, le monopole demande en premiere période uf prix’moins élevé que le prix de monopole statique (myope) pour profiter de l'effet dlapprentissage. Cela a pour effet de diminuer le prix (et augmenter les quantités vendues}endeuxieme période. Autrement dit, cette firme aurait sous-produit si elle avait été (conduite par 2 managers consécutifs ne siintéressant qu’au profit de court terme. 2.2 L'auto-concurrence (le*Cas des biens durables) Dans le modale précédent, on a tonsidéré que les ventes en premiére période n'avaient pas d'impact sur la demande/eii\déuxiéme période, On relache cette hypothese dans cette section, consacrée aux bien’ durables. Il est tout d'abord'a noter que l'étude des biens durables n'est pas a négliger puisque ce type de bienssreprésente environ 60% de la production mondiale, Par ailleurs, cette caractéristique inttoduit une nouvelle problématique puisqu'elle conduit & une concurrence inter-temporélle entre les nouveaux et anciens biens. En vendant sur plusieurs périodes, le monopole ®st\ainsi en concurrence avec lui méme. La principale différence avec les biens non durables est qu'en achetant le bien (durable) & une date donnée, le consommateur peut le consommer (c'est-a-dire créer de lutilité) 4 cette date mais aussi dans le futur. Cela crée une nouvelle problématique pour le monopole. Imaginons un modéle & deux périodes : t= 1 et t = 2. Soit pyle prix du bien a la période t, t = 1, 2. Le bien étant durable, les consommateurs ayant déja acheté le bien en t = 1 n’achétent pas en t = 2. Ainsi, pour attirer de nouveaux consommateurs en t = 2, le monopole doit baisser son prix : pr < Px Cependant, si les consommateurs anticipent cette baisse des prix, voudrontils toujours acheter le bien en t=1? 14 2.2. LIAUTO-CONCURRENCE (LE CAS DES BIENS DURABLES) Pour simplifier "étude d'un tel modéle, on suppose une demande unitaire : chaque consommateur achéte une unité de bien, ou rien, L'utilité inter-temporelle nette s'écrit done (1+ 6)v-pisiilachete a t=1 u= 9 8(v—p2) 7 si il achéte a si il n'achéte pas oli les v, appelées “évaluations", représentent la valeur que les consommateurs‘assOcient au bien, On suppose que les consommateurs ont des évaluations hétérogenes”et\due celles-ci sont réparties uniformément sur [0,1] On a vu précédemment que le probléme du monopole résidait dans l'anticipation des consommateurs sur sa séquence de prix. On étudie donc successivertiént deux situations, une premigre dans laquelle la firme peut s'engager (de maniére cr€dible) & ne pas réduire son prix 2 et une seconde oii un tel engagement n'est pas possible, 2.2.1 Lengagement a ne pas réduire’lé prix (On suppose dans cette section quéprs= Pz = p. Si le prix ne diminue pas en t = 2, aucun consommateur n'a intérét acheter en t = 2. Par ailleurs, si un consommatéur avec une évaluation v achéte le bien (en t=1), tous les consommateurs avec des “consentements a payer" v > vont aussi intérét a l'acheter ((1 + 6) - pyest en eet croissant en 4), Toulours danfis un souci Le consommateur ‘indifférent entre acheter en t = 1 et ne pas acheter le bien est le consommateur avee.nnieévalnation @(p1) = 25. Comme la distribution des évaluations est 5 e profit du monopole devient alo — #5) uniforme, la deiltinde s’écrit done 1— #75: Le profit du monopole devient alors : px (1 — 785). 5 écrit Le pri bptimal (maximisant le profit) est done | = 45% et le profit optimal s fas Comparons cet optimum ce quill se passe lorsque le monopole ne peut pas s'engager sur une séquence de prix. 2.2.2. Sans engagement Sill ne s'engage pas sur une séquence de prix, le monopole optimise en deuxiéme période en fonction de ce qu'il a vendu en premiére période. Pour chaque prix p, donné, on cherche donc optimum p*,(p:) 15 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE On suit la méme méthodologie que précédemment : si le consommateur v achéte en t = 1, alors tous les consommateurs v’ > v achétent également en t = 1. En notant v"i(p:) le consommateur indi‘érent (entre acheter en t = 1 et t = 2), on obtient que si v2 v"(p,) alors v achate At =1 et si v0,6 fT =0,9.0,4 + 0,3.0,3 = 0,45 niachéte pas achéte en t=1 16 2.2, VAUTO-CONCURRENCE (LE CAS DES BIENS DURABLES) En sengageant a ne pas baisser les prix nachéte pas | achdte en =1 (au prix 1) siv siv<05 20,5 TP =1.0.5=0,5>0, 45 Ce résullat sur les pro’ts.a été obtenu dans un cas particulier avec deux périodes eftne demande unitaire mais peut étre généralisé. 2.2.3. Cas général : la conjecture de Coase Lorsqu’on considére un bien durable, le monopole est donc en compétition avec lui méme. Deux variables sont fondamentales dans une telle analyse : le nombré de périodes n et le taux descompte 5 (qui définit le poids relatif de chaque période). On peut montrer que si le nombre de périodes est infini et 8 > 1 alors le profit inter-temporel tend vers zéro IT* > 0 ! En effet, si 5 tend vers 1 et si le nombre de périodes est infini, les consommateurs ne perdent pas d'utilité a attendre la (les) période(s) suivante(s) pour acheter le bien. Le monopole doit done fixer un prix qui tend vers zéro (son cofit marginal) pour que les{corisommateurs acceptent dacheter le bien, Test donc frappant de constater que méme en monopole, la production d'un bien durable peut conduire a un profit nul. Le monopole peut toutefois mettrésen place diverses stratégies pour faire face a ce ‘probléme’. Comme on I'a vu, il peal sengager sur une séquence de prix, en fonction de sa crédibilité et de sa réputation. Il,péut également recourir a la location, au crédit-bail ou au processus de remboursement garantic Par ailleurs, la situation modélisée peut étre contournée grice & lapparition de nouveaux consommateurs ou via lobsolescence planifiée cest-a-dire la création de nouvelles versions du la mise en place de mises a jour. Etudions une déses solutions qui consiste & louer le bien plutét que le vendre. On retrouve alors ynl\niodéle dans lequel on a un prix par période mais oit le consommateur ne posséde pas le’produit. Ainsi le bien n'est durable que pour le monopole. Soit pyle prix & la période t, Le consommateur loue le bien sil en retire une ultilité positive sur la période, cest-A-dire si py < v. La demande s'écrit donc Di(p) = 1 ~ p, (@ cause de ka distribution uniforme) et le profit & la période t est : Th(pd_= pi ~ p)- En considérant deux périodes les prix optimaux sont donc p; = p2= 1/2 et le pro“t optimal devient II, =! + 6! = 48, On retrouve dof le pro’t qtobtenait le monopole lorsquiil pouvait s‘engager sur une séquence de prix II, =11Th, 7 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE 2.3. Monopole discriminant Dans les modéles précédents, nous avons supposé que le prix des biens considérés était Ie méme pour tous les acheteurs. Il existe cependant de multiples situations dans lesquelles ce fest pas le cas. On parlera alors de discrimination par les prix. Plus précisément, un monopole est dit discriminant Hil applique une tarification différente suivant les individus, ou les groupes ingfiaidewemple : tarif Studiant), ou si Hil applique une tarification dégressive, cest-d-dire un escompte quantitatif (par exemple via des ofires promotionnelles ou des abonnements). Le prix unitaire change alors selon les quantités achetées. Par ailleurs, on considérera qu'il y a discrimination s'il y a_uhe’diflérence significative entre les tanx de marge (=) de denx services. Cette définitio’ s'applique particulidre- ment an cas du transport aérien entre la classe aflaire et fa’ dase économique. La discrimination par les prix n'est toutefois pas(fodjotirs possible, Elle dépend en fait du niveau dinformation que ka firme posséde et de la *transférabilité * des biens et/ou de la demande. Afin de discriminer, la firme a dabord beSoin diinformations sur la demande a laquelle elle fait face. On distingue trois niveatte“dinformation, correspondant a trois degrés de discrimination. la firme posséde une information compléte sur chacun des acheteurs potentiels, on parlera de discrimination parfaite (ou du premier degré). 2. Sila firme sait quil existe différents groupes dans la population mais ne peut pas identifier lappartenance dun,individu & un groupe, on parlera de discrimination du deuxitme degré. Le monopole proposera alors des options (classe économique, classe affaire) et les consommateurs choisiront eux-mémes & quel groupe ils appartiennent. Les options proposées par la firme seront généralement di’ érents couples (prix, qualité) ou différents couples (prix, quantité) 3. Si la'firme n'a pas information sur chaque consommateur en particulier mais sait repérer lappartenance d'un consommateur 4 un groupe (ou a un ensemble particulier de consommateurs) et connait les caractéristiques globales de la demande de chacun de ces groupes, on parlera de discrimination du troisiéme degré. Il sagira par exemple de tarifs particuliers pour les étudiants ou les personnes agées, mais également de tarifs di’ érents selon les pays oi le bien est acheté. 2.3. MONOPOLE DISCRIMINANT La question de la transférabilité est également extrémement importante lorsqu’on aborde la question de la discrimination, En effet, si on considére des biens homogénes (identiques, de meéme qualité), il est nécessaire pour que la firme puisse discriminer que les biens soient non transférables (d'un acheteur a un autre) ou que les coiits de transfert soient élevés. Sil y a une possibilité d'arbitrage (cest-a-dire de transfert) sans cot, il n'y a pas de discrimination possible. Par ailleurs, si les biens ne sont pas homogenes (sils sont de qualité différente) la firme a toujours possibilité de discriminer mais elle doit tenir compte de la transférabilité de la demande. Par exemple, dans le cas du transport aérien, la demande est transférable\puisqu'un voyageur en classe a’aire peut également porter son choix sur la classe éconontiqtie, il n'est pas satisfait du prix ou du service en classe a’ aire. 2.3.1 La discrimination parfaite (du premier degré) Dans le cas de la discrimination parfaite, on est en présenée dun monopole qui connait parfaitement les di’ érents acheteurs de son bien. On suppose paruilleurs dans cette section qu'il nly a pas d arbitrage possible. Lidée est que la firme va essayer de choisir, fotir) chaque consommateur un prix lui permettant de capter la totalité du surplus. Une-telle stratégie peut étre représentée par le graphique suivant. La quantité produite q* cofréspond alors & la production de concurrence, mais la distribution (des quantités produites) n'esvpas la méme, pas plus que le(s) prix. se Pa Afin d’étudier comment une telle stratégie est possible, analysons le cas d'une demande unitaire, Cas d'une demande unitaire Dans le cas d'une demande unitaire (oi le consommateur achéte une unité du bien si le prix est inférieur & son valuation du bien et n'achéte pas sinon), la firme connaissant parfaitement chaque consommateur, elle fait payer & chaque individu exactement son prix de réservation (Cest-d-dire son évaluation). On a done un prix par consommateur. 19 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE En formalisant, on écrit “—p ate a =f MOP Stil achete a sinon et 4 foptimum, le prix individuel pest égal 8 Févaluation v; tant que v;>-, le coat marginal du monopole. Une telle formalisation nous permet d’étudier Impact de la discrimination sur letbien-étre, Cest-a-dire sur le surplus social total. Par construction, le surplus de chaque consom-mateur est, égal & zéro. Ainsi le surplus des consommateurs est nul. Cependant, chaque contsommateur qui aune évaluation y,> c achate le bien. Le profit du monopole s'écrit done : T= Ye o=w On retrouve ainsi le surplus social de concurrence. Le surplus sociaLest done maximal, meme si il vient uniquement du surplus du producteur. Cette obser¥ation? nous fait remarquer que par définition, le surplus social (notre mesure du bien-étre) ri prénid absolument pas en compte les inégalités puisqu'il pondére de la méme fagon consommateuts et producteurs. Cas d’ume demande élastique Dans Ie cas d'une demande élastique“le surplus dun consommateur est défini par ‘4:) —T.(qi) od T;(q:) représente ceguéleconsommateur é paye pour obtenir une quantité a; et of Vi(q) représente Futilité (brite) retirée de Ja consommation d'une quantitée g; du bien (avec V; > Oet V;' < 0), Dans le cas de la distrimifiation du premier degré, on suppose que la firme connait parfaitement (toutes les fonetions) V,. On étudie dans cette section, la tarification T\() que kt firme va imposer danfcette situation, Autrement dit, on va analyser comment la firme peut faire en sorte que la totalitédu surplus de chaque consommateur lui revienne Pour cela\la firme va prendre en compte le comportement optimal des consommateurs qui revient a nfaximiser leur surplus. On a donc Vig) = Tid) (2.4) Afin d'absorber la totalité du surplus de chaque consommateur le monopole doit done fixer Tq) tel que: Vig) = Tia) (25) (la firme capte tout le surplus) Tg) = t=c (E«) (2.6) oi (la firme maximise son profit) 20 2.3. MONOPOLE DISCRIMINANT. En effet, la maximisation du profit donne max Il e raga) — “| 5) 9) apres (2.5) 4 vena a) ve © N@=c ($0) ea) Afin d'arriver 4 Pégalité (2.6), le monopole peut par exethiple @ppliquer un tarif bi- nome Tilas) = As + tay avee = C'(D a) SY et Vig) = AeredS, a). ie AS = VGN pt at Ajreprésente alors la partie fixe du tarif €Ciyle prix unitaire variable. I apparait donc que via un tarif de type “abonnement” (ou "droit d'entrée"), le monopole arrive a capter la totalité du surplus des consommateurs dans le cadr® d'une discrimination du premier degré, 2.3.2 La discrimination du troisiéme degré : la segmentation des marchés. Considéron$ inaintenant la discrimination du troisi¢me degré. On rappelle que dans ce cas, |a firme a la possibilité de discriminer entre des groupes de consommateurs (Cest-a-dire quill n'y a pas datbitrage entre les groupes) et de repérer lappartenance d'un consommateur & un groupe ou & autre. Par ailleurs, on suppose que la firme connait les caractéristiques de la demande globale de chaque groupe. Afin d’étudier cette situation, on considére un modéle dans lequel il existe m groupes dachetemrs différents (j = 1,...,m). Chaque groupe j est caractérisé par une fonction de demande globale D,(p;) (avec D, < 0) connne par la firme. On suppose par ailleurs que la fonetion de cout total de Fentreprise est : CCD q,) avec q les quantités vendues an groupe 3. 21 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE Dans le cadre de la discrimination du troisiéme degré, Ventreprise doit pratiquer le miéme prix & Vintérieur de chaque groupe. Le profit du monopole s’éerit alors T= Yo p;Dj;) -C (= Ds(p3) 7 7 Ainsi en maximisant le profit sur les prix p;, on obtient all a Ds(p;) +9;Div4) — C' (= ie) Dp) =0 7 Ops 3 - OD; ad 1 Pit) Vj=1.,m Pi oe de marge it €;(p,) est Vélasticité prix de la demande du groupe) 9 : Py D kop), ej(P;) Dial” La "rme pratique donc des prix plus élevés surfes marchés ott 'élasticité prix de la de-mande est faible (et inversement). En compafant la discrimination et la non-discrimination, on remarque que les groupes de consommateurs qui ont une faible élasticité prix de la de-mande payent plus cher que dans un cas.sanis discrimination, alors que les groupes de consommateurs qui ont une forte élasticité pride lademande y gagnent. De plus, la "rme gagne & discriminer (puisque la solution non diseriminante fait partie de lensemble sur lequel la “rme maximise son pro’t). Cependant, i appabaitque les autorités européennes soubaitent limiter la discrimination en limitant les 6earts,d6 prix sur le marché : | p; — p; |S ¢, ou en limitant le rapport des prix 1a < 28611 +a, ce qui signifierait que la discrimination est une manyaise chose. Il semble donc intéressant d'analyser si la discrimination est vraiment socialement plus mauvaise que Tabsence de discrimination, en comparant le surplus social en monopole discriminant (noté W?) au surplus social en monopole non discriminant (W"?). 22 2.3. MONOPOLE DISCRIMINANT. Soient py, P2y-sPm les prix dans le cas discriminant et py. le prix du monopole non discriminant Pour cette éude, on suppose également que le coat total s’écrit C(g) = F + og, cest- Acdire que le cont marginal est fixe Alors, les surplus s"écrivent WR = yy —) S2Di(Pyo) + YUP) — F 7 7 WP = Yj) - 9Dilos) + Uw) - F : 7 On va chercher & inajorer la différence W? — W?, cest-d-dine HW? — WH < H. H < 0 on aura W? < WYP, ¢ dire que Ja diScrimination améliorera le |. Au contraire, si W? > WNP alors H > 0. Alor bien-etre soci On rappelle, concernant le surplus du consomupaggte, que Uy(p) = Uj{p) = —Dylp) et U;(p) = —DiXp) > 0. Qn dang if Ujosds=[ex9]” Gop - we, ‘ii a D,(s)ds. Ainsi or Uj Gre aan = ep) — Uj (yp) > f[ Uj Ppp ds I», Uj(s) > Uj Pun) V8 > Pro AD Usb) — TslPrea) > 5 ~ PvP) (2.7) car U;(Py.5) constant ele meme Uj(0;) ~ Us(yo) <(P5 ~ Pye U(P5) (28) Ainsi, WP WNP = S™ ilps) — UiPun)] + Ys — IDI) — Pun — VY) DilPyn) WP WNP > SLD — puoi Pn0)] + Dos — Ds) ~ Pro - 9) S PsPro) apres (2.7) : : : Fe? = > “Lies Paro) Dj Ove) + Ls DADs) — (Po — IPA Paro) => Wows rm (p3) — DslPyn)) (Py = 23, CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE On en conclue que si D,(Di(P3) — Dy(Py-n)(pj — 0) 2 0 alors WP > WP (condition suflisante). ente la somme des écarts de production entre les deux situations, iciaires du monopole discriminant. Les écarts comptent d'au- un marché discritniné, c’est-d-dire que Cette expression repré pondérée par les marges tant plus dans cette somme que le prix est dle Vélasticité prix est faible. De méme, si on utilise (2.8), on obtient wP Ww? (Dim) DiPuo)\ Pun — 9 Ainsi, S9(Dj(p;) — Dj(Pyn)) 5 0 W < WN? (condition Sufiseinte), 7 Et WP > WNP = SO (Di(pj) — Djlpy.p}) > 0 (conditfonnécessaire) Test done nécessaire, pour que ka discrimination.ai'entraine pas une baisse du surplus social, qu'elle entraine une hansse de la production, Pour mettre en évidence Fimportance dee, iltat, considérons Fexemple suivant. Exemple : Dj(p) = aj — bjp et C(q) ser On soubaite éindier dans ce cas sillaediscrimination améliore le bien-étre social. Pour cela étudions si la discrimination eritraine’ une hausse de la production. 1, En monopole discriminant, a; - a;— yt n= w 7 5 b; xy 4% =0 sm 2, Bugudhopole non discriminant Dyai-4 Dip) a; — Po P= ae Sh ze Dyas Dag dit. Syay— 24 => max 2.3. MONOPOLE DISCRIMINANT 3. Comparaison bye + =D (85) =n On a vu que pour que la discrimination n'entraine pas une baisse de surplus so- cial, il était nécessaire quelle entraine une hausse de la production. Or, ici elle ne Taugmente pas, donc dans ce cas la discrimination n'améliore pas le surplus social. On n'est toutefois pas certain que la discrimination soit toujours mauvaise pour le bien-étre social, il faut étudier cas par cas. Sur la base des lois récentes, notamment européennes on peut toutefois*se demander si la nation au troisiéme degré est légale. En fait, la discrimination au Seme degré est tout & fait permise. Une méme marque peut pratiquer des prix di’ érent6 & différentes localisations ou des prix différents aux seniors ou aux étudiants. Cependait, “empécher Tarbitrage (ou la transférabilité) entre consommateurs est interdit. Des sanctions iinpor-tantes ont dailleurs été imposées par la Commission Européenne pour restrictions d'imports paralléles. On peut par exemple citer le cas de Nintendo condamné a verser une amende de 168 millions de en 2002 ou ceux des constructeurs automobiles Volkswagen, Opel et Daimler Chrysler condamnés respectivement a hauteur de 90, 43 et 73 millionse. discrim 2.3.3. La discrimination du deuxiéme degré : l'auto-sélection des acheteurs Etudions maintenant ladiserimination du deuxigme degré. Ce type de discrimination (aussi appelé screening) peut &tre mis en place lorsque la firme ne sait pas distinguer entre les différents consommateurs mais sait en quoi ils different (i.e. la distribution des types). La firme peut alors discriminet“en offrant des options différentes dans lesquelles les acheteurs vont se répartir. Ces options sont souvent des couples prix/qualité (ex : classe économique, classe affaire) Il existe ainsi deux fagons de discriminer au second degré : soit en proposant différents couples prix/qualitS, soit en imposant une tarification non linéaire (cest-i-dire différents couples prix/quantité). Monopole et qualité des produits Considérons deux types d’achetenrs caractérisés par des préférences ponr la qualité différentes : @,. Un individu de type # retire comme surplus d’utilité pour Pachat d’un produit de qualité q au prix p Oq—p siil achéte une unité Uap) mn o{ 0 sinon 25 CHAPITRE 2, EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE, On suppose que le groupe 1 est constitué de ny acheteurs de type et le groupe 2.de ny acheteurs de type 0, (on suppose 0,> 0;). Le choix d'un consommateur se fait donc en deux temps. Diabord il décide d'acheter ou non le produit. Ensuite, sil décide acheter, il doit déterminer le type de produit quil achete. Ila le choix entre un produit de bonne qualité & un prix élevé et un produit de plus faible qualité & un prix moins élevé. La “rme propose ainsi deux types de biens caractérisés par les couples (q,, p:)t (qp, po). On suppose ici que le coat de la production ne dépend que de la qualité. La fonctiomde coat s crit donc C(q) avec C(q) > Oet C (q) > 0. La firme essaye alors de mettre en place ces deux options de sorte que Foption 1 (qs, pi) destinée aux individus du groupe 1 et Foption 2 (q2, p2) soit destinge aurcindividus du groupe 2. Elle doit ainsi tenir compte de deux contraintes. Il est stout dabord nécessaire que les consommateurs aient intérét & consommer. On parlera alors de Contraintes de participation, Cependant, dans le contexte de la discrimination au deuyiéme degré, il faut également que les consommateurs aient intérét a choisir Foption que la-firme leur destine (option 1 pour les consommateurs de type 1 et option 2 pour les consomimateurs de type 2). On parlera alors de contraintes dincitation ou d/auto-sélection, Le profit sera ainsi égal a : T= ra (pr PEG) + 2 bp — Cla) Si les contraintes suivantes sont Ssatisfaites : ‘tih — 3 0 (2.9) oq pr > 0 (2.10) Ain — Pi 9192 — po (2.11) P22 — De ots — Pr (2.12) Les contrainites Wauto-sélection (2.11) et (2.12) signifient que chaque consommateur ne doit pas avoir un Suéplus inférieur en choisissant loption qui lui est destinge plutot que celle destinée aux consomfhateurs de Tautre groupe. Sila firme ne tient pas compte des contraintes (2.11) et (2.12), elle sature les contraintes (2.9) et (2.10), ie. qulelle absorbe tout le surplus des consommateurs de chacun des groupes : pi = G,qu et p2 = Caqa: Alors Oaqs ~ ps > Osqu ~ pi = 0 = Gaqa~ pret les consommateurs du groupe 2 préférent loption (qj, p:) qui leur donne un surplus strictement pos Le comportement optimal de Ia firme consiste done & max IL Pipa sc. (2.11), (2.12), (2.9), (2.10) 26 2.3. MONOPOLE DISCRIMINANT. , lest facile de voir qu’a partir du moment od (2.9) et (2.12) sont vérifiées, (2.10) est automatiquement vérifiée (avec une inégalité striete) : 8q—p2 > 241 —Pr > Big —Pr > 0. Le surplus des consommateurs a forte préférence pour la qualité est donc toujours strictement positif & Péquilibre car ces consommateurs ont toujours la possibilité de choisir (@1,71)- Le surplns obtenn est alors appelé rente informationnelle. Ce surplus stricte- ment positif vient du fait que seuls les consommateurs savent leur forte préfférence pour la qualité, La firme ne la connaissant pas, elle ne peut pas leur proposer un couple (q3,p2) qui leur permettrait de capter tont le surplus. On n'a done pas besoin de la contxdinte (2.10). On peut également démontrer que (2.11) est toujours satisfaite a 'équilibre)(la démons- tration est laissée a la charge du lecteur). On cherche done max TI sc. Aim —m >0 O20 — De > On peut maintenant démontrer par l'absurde qtle(29) est toujours saturée, Supposons 4a — pr > 0. On peut alors augmenter le profit, 6h augmentant py, sans contredire la contrainte (2.12). On n’était done pas & optimum. Ain Sune Pi = 0 (2.13) aduréeé 'équilibre. On s De meme, (2.12) est toujou ppose Fag — po > Aaqi — Pr La firme peut alors dans une certaine mesure augmenter p2 sans que cela n’ait d'incidence sur (2.9). On n’était donc pasPoptimum. Ainsi, & Voptimum : ote — Pa = Both — Pa (24) Comme (2.13) dofine pr = 61g: on a alors pp = b2q2 — (82 — 61)qi. Etant donné que 6, > 61, cola signifidyhe { — —(@, — 61) < 0. Lorsqu’on augmente la qualité du bien ou service propos¢ atix consommateurs du groupe 1, le prix maximal qu'on peut offrir aux consomunatelits du groupe 2 diminue. Cola provient du fait que la firme doit alors compenserle fait que Foption (41,2) devienne plus attractive pour les consommatenrs du groupe InLa firme aura alors tendance a proposer une moindre qualité qy. En remplagant p; et py par lenr valenr dans la fonetion du profit, on obtient par ailleurs ms [0191 — C(a1)] + 72 [Pade — (2 — 91)4 — C(ae)| max IL “a am me [2 — C'(@2)] (2.15) all Bq 7 Tl Ca) ~ malls ~ 81) =0 (2.16) 7 CHAPITRE 2. EXERCICE DU POUVOIR DE MONOPOLE Ainsi, pour ny > 0 et mz > 0 On obtient par (2.15), C(B pour Ie bien de type 2 de type 2. Cependant, par (2.16), il apparait que '(@) = % ‘optimum, le cont marginal de la qualité al a Putilité marginale de la qualité des consommatenrs 6). Le coiit marginal de la qualité du bien de type 1 est done inférieur 4 Yoptimum a Tutilité marginale de la qualité pour les consommateurs de type 1. Par ailleurs, plus le poids relatif des consommateurs du groupe 2 est important, plus la firme a intérét & diminyet Ja qualité de produit proposé au groupe 1 Comparons cet équilibre avec la solution qui maximiserait le surplu§ sogial. Pour un consommateur du groupe i, le surplus social s‘érit Oa —P) + (p-C@) = harXCla) ey, ea, seplas d'un oon ster profit par cons Ainsi le surplus social total s’écrit W =m [6m — Clan) + 2 lam — C(@)] et max W “a h = C'(qi) et 2 = C'(qs). Ona done: qThs=q,*et qTh, < q,*Ainsi, la qualité offerte aux consommateurs du groupe 2 est la qualité socialement optimalegloty que la firme réduit la qualité offerte aux consommateurs du groupe 1 (par rapport la quillité Socialement optimale). En conclusion, il apparait Qu’ Voptimum, les consommateurs a faible préférence pour la qualité (groupe 1) ne.rétirent aucun surplus de l'échange, au contraire des consommateurs & forte préférence pout la Qualité (groupe 2) qui profitent dune rente informationnelle, Par ailleurs, il n'y agpas de distorsion de Toptimum social "au sommet” (qTh mais une distorsion "a ki base” (qh, < q,") On peut ebtenir les mémes conclusions en généralisant notre modéle an groupes avec Oy > Oy 1> > 0). A Foptimum, on peut alors remarquer que 1, Les consommateurs du groupe 1 ne retirent aucune rente : U; = 0 2, At contraire de tous les autres groupes U,> 0, Vi > 1. De plus, plus Ja préférence pour la qualité d'un groupe est grande, plus son surplus est important : U,> U,1 >.> U> U;=0 3. Loptimum social n'est pas distordu au sommet : qTh,= 4", 4, mais il fest pour tous les autres groupes : qTh;< g,*, Vi

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