Sommaire :
a- Le liquidateur
L'expert judiciaire ne doit pas être confondu avec le liquidateur. Alors que le
premier relève de la loi n°93-61du 23 juin 1993, relative aux experts judiciaires
et sa mission consiste à dresser un rapport pour donner un avis purement
technique, le second relève de la loi n°97-71 du 11 novembre 1997, relative aux
liquidateurs, mandataires de justice, syndics et administrateurs judiciaires.
Pour être inscrit sur la liste des liquidateurs, l'article 4 de cette loi exige que le
candidat ait la nationalité tunisienne et dispose d'une aptitude physique et
mentale. Il doit également jouir de ses droits civils et politiques et n'avoir été ni
déclaré en état de faillite, ni poursuivi préalablement pour un délit intentionnel.
En outre, Il doit avoir accompli le premier cycle supérieur en matière de
sciences juridiques ou économiques ou de gestion, et cela dans l'une des facultés
ou dans de hautes écoles d'études commerciales, ainsi qu'une expérience
effective de cinq ans au moins.
Le liquidateur peut être désigné à l'amiable par les parties concernées ou par
une décision du juge.
1
Le liquidateur d'une société peut être nommé conformément aux statuts de la
société et cas de silence des statuts, par une décision prise en assemblée
générale. Lorsqu'il s'agit de la dissolution est judiciaire, c'est le tribunal qui
procède à la nomination du liquidateur et lui détermine la rémunération qu'il
percevra en contre partie de sa mission. Au cours de cette mission, c'est le
liquidateur qui représente la société.
En principe ce liquidateur est choisi parmi les personnes inscrits sur la liste des
liquidateurs judiciaires. Cette liste n'est pas la même que celle des experts
judiciaires. Mais il faut reconnaître que dans la pratique, les juges ont parfois
tendance à créer la confusion entre les listes, en ce sens qu'ils confient très
souvent une mission de liquidation à un expert judiciaire.
2
La clôture des opérations de la liquidation implique la convocation des associés
à une assemblée générale. Au cours de cette assemblée, les associés vont statuer
sur l'approbation des comptes définitifs et donner quitus au liquidateur pour sa
gestion.
b- L'administrateur judiciaire
Pour être inscrit sur la liste des administrateurs judiciaires, le candidat doit
remplir, outre les conditions d'inscriptions sur la liste des liquidateurs, d'autres
conditions supplémentaires. En effet, il doit être titulaire d'une licence ou
maîtrise en sciences juridiques ou économiques ou de gestion ou d'un diplôme
équivalent et dispose d'une expérience effective dans le domaine de la gestion
ou dans l'administration des entreprises de dix ans au moins.
3
rapprochement entre les deux missions a été établie et ce, bien que les deux
statuts ne relèvent pas de la même loi comme nous l'avons indiqué au par avant.
L'administrateur judiciaire est soumis aux mêmes obligations qui pèsent sur un
auxiliaire de justice. Ainsi, il est tenu de respecter le secret professionnel. Il lui
est strictement interdit de se porter acquéreur d'un droit né de l'exercice de sa
mission ou même de se livrer à une activité identique à celle de cette entreprise
et ce, durant trois ans à partir de la fin de sa mission.
4
L'administrateur est tenu également de présenter au juge commissaire un rapport
tous les trois mois sur le déroulement de sa mission.
5
Thème n°1
La loi de 1993 est venue créer un régime administratif d'inscription sur la liste des
experts judiciaires. L'établissement de cette liste n'a pas pour effet d'organiser les
experts judiciaires en une profession ou un ordre professionnel.
Dans sa version initiale, la loi n° 93- 61 du 23 juin 1993 prévoyait des conditions
générales qui doivent êtres remplies cumulativement par chaque candidat à
l'inscription sur la liste des experts judiciaires. Mais, la réforme introduite en vertu de
la loi n°2010-33 du 21 juin 2010 prévoit que la liste des experts judiciaires contient
deux tableaux et envisage pour chaque tableau des conditions d'inscription à part
entière. Elle fait également la distinction entre les experts personnes physiques et les
experts personnes morales.
L'article 3 nouveau de la loi du 21 juin 2010 prévoit que la liste des experts comporte
désormais un tableau "A" et un tableau "B":
- le tableau "A" comporte les experts qui sont habilités à exercer leurs missions au
niveau national et qui peuvent être désignés par les différentes instances judiciaires
de la République.
-et le tableau "B" illustre les experts habilités à exercer leurs missions au niveau
régional. Ils ne peuvent être désignés que par les instances judiciaires du ressort de la
Cour d'appel du lieu de leur activité.
6
A- Les conditions d'inscription sur le tableau "A"
Le candidat qui postule pour l'inscription sur le tableau "A" des experts judiciaires
doit justifier d'une inscription préalable au tableau "B" (I). Ce passage obligatoire par
le tableau "B" trouve exception pour les experts judiciaires personnes morales (II).
Pour s'inscrire au tableau "A", le postulant doit remplir les conditions suivantes 2:
-avoir exercé d'une manière effective, durant au moins dix ans, une activité dans la
spécialité requise.
-faire preuve durant cette période minimale de 10 ans d'une expérience convenable.
Ces conditions sont prévues par l'article 4 nouveau de la loi de 2010. Cet article
prévoit des conditions relatives aux experts judiciaires personnes physiques (I) et
d'autres pour les experts judiciaires personnes morales (II).
2
art. 4 bis.
7
Conformément à l'article 4 nouveau, l'inscription sur le tableau "B" de la liste des
experts judiciaires (personnes physiques) est subordonnée au respect de ces
conditions cumulativement:
- La moralité: le postulant doit jouir de ses droits civils et politiques et n'avoir été
déclaré ni en faillite, ni condamné par une décision définitive pour crime ou délit
intentionnel ou par une décision disciplinaire pour atteinte à l'honneur;
- L'expérience: pour s'inscrire sur la liste, il faut avoir exercé une profession ou une
activité dans la spécialité objet de la demande d'inscription pendant cinq ans au
moins pour le titulaire d'un diplôme et de dix ans pour les autres;
Il est requis pour l'inscription d'une personne morale dans la liste des experts 3:
3
art. 4 nouveau.
8
-que les dirigeants de la personne morale doivent remplir les conditions exigées pour
les experts personnes physiques indiquées auparavant.
son activité ne doit pas être incompatible avec l'indépendance nécessaire à l'exercice
de missions d'expertise judiciaire,
avoir son siège social ou celui de l'une de ses succursale lié à sa spécialité, dans le
ressort du tribunal où elle a fait sa demande d'inscription.
La personne morale ne peut être inscrite sur la liste des experts judiciaires si elle
prend l'exécution des missions d'expertise judiciaire comme objet social principal ou
accessoire4.
L'ouverture des candidatures à l'inscription sur la liste des experts judiciaires est fixée
par un arrêté du Ministre de la justice. L'arrêté détermine les spécialités requises
pour les besoins des tribunaux et fixe les pièces à fournir ainsi que les délais à ne pas
dépasser pour le dépôt des demandes.
-soit auprès de la commission régionale au niveau de chaque cour d'appel pour les
candidats qui veulent s'inscrire sur le tableau "B" de la liste des experts judiciaires.
4
art. 4 nouveau in fine.
9
La procédure de l'inscription comporte deux étapes: l'instruction de la demande (A)
et la décision d'inscription (B).
A- L'instruction de la demande
B- La décision d'inscription
Une fois l'avis transmis par les commissions chargées d'examiner les demandes
d'inscription au Ministre de la justice. Ce dernier fixe par arrêté la liste des experts
judiciaires inscrits à la circonscription de chaque tribunal de première instance. Cette
10
liste est adressée aux tribunaux et mise à la disposition du public au greffe de chaque
tribunal.
L'inscription sur la liste des experts judiciaires est faite pour une durée de cinq ans
renouvelable sauf s'il ya lieu une réinscription. En effet, l'expert judiciaire peut
demander sa réinscription sur la liste des experts judiciaires, un an avant le terme de
l'inscription en cours (art. 27 nouveau).
L'expert ne peut être inscrit que dans une seule spécialité et au ressort d'un seul
tribunal de première instance. Toutefois, plusieurs experts peuvent être inscrits dans
une même discipline.
L'expert inscrit pour la première fois doit ainsi que le dirigeant de la personne morale,
avant d'être chargé des missions d'expertise, prêter serment devant la cour d'appel
du lieu de son activité (art. 7 nouveau). De même, l'expert judiciaire ainsi que le
représentant de la personne morale inscrite sur la liste des experts judiciaires doit
assister aux sessions de formation organisées dans le but d'approfondir ses
connaissances.
L'empêchement d'exercer une mission d'expertise en cas de décès ou pour tout autre
cause (incapacité physique )est notifié au Ministre de la justice par le premier
président de la cour d'appel dont relève l'expert (art. 28 nouveau). Ce dernier se
charge également de désigner un autre expert, dans la même spécialité, pour
procéder à la liquidation des dossiers de l'expert devenu en état de cessation de
fonction (art. 30).
11
Section II- Le régime juridique des responsabilités de l'expert judiciaire
Le statut des expert judiciaire tel qu'il résulte des dispositions de la loi de 1993 nous
permet de déduire que les experts judiciaires sont des auxiliaires de justice qui ne
sont pas regroupés dans un ordre. Et même si les experts sont missionnés par le juge
étatique et ils agissent pour le compte des juridictions étatiques, ils ne sont pas pour
autant considéré comme agents de l'Etat d'autant plus le paiement des frais et
honoraires d'expertise sont à la charge des parties. De ce fait, si l'expert, dans le
cadre de l'accomplissement d'une mission qui lui a été confiée par le juge, une faute
préjudiciable, il assume une responsabilité personnelle et l'Etat ne peut être appelé à
réparer le dommage causé du fait de cet expert.
Par ailleurs, il est admis que bien que les honoraires de l'expert sont mis à la charge
des parties, celles-ci ne sont pas en relation contractuelle avec l'expert et par
conséquent la responsabilité civile de l'expert judiciaire n'est pas une responsabilité
12
contractuelle5 mais une responsabilité de nature délictuelle ou quasi-délictuelle dont
le fondement est soit l'article 82 ou bien l'article 83 du code des obligations et des
contrats.
Le préjudice peut être différent selon que la faute de l'expert a été découverte avant
ou après le jugement. S'il a été découvert avant, bien souvent c'est la nullité du
rapport de l'expert qui sera demandée et non pas une action en responsabilité qui
sera engagée. Si le préjudice est découvert après le jugement, et que le jugement a
tenu compte du rapport d'expertise manifestant la faute de l'expert, c'est la
responsabilité de l'expert qui est généralement invoquée par la partie lésée. Et dans
cadre, il est admis que "le juge n'étant pas lié par l'expertise, les fautes d'analyse ou
d'appréciation de l'expert ne peuvent être causes de dommages que dans la mesure
où elles sont reconduites par le juge".
5
Et ce contrairement à l'expert non judiciaire, choisi par les parties en dehors de toute intervention du juge.
13
appréciation du travail du juge mais, d'établir le rapport de causalité directe entre la
faute de l'expert et le dommage causé à la partie lésée.
Le respect du secret professionnel est un devoir qui pèse sur l'expert en vertu duquel
il doit s'abstenir de divulguer les secrets qui a pu avoir connaissance lors de ses
missions en dehors des conditions établies pas la loi et hors la limite fonctionnelle qui
lui est strictement définie.
Cette interdiction est prévue par l'article 8 de la loi de 1993 qui dispose que "l'expert
judiciaire doit garder les secrets dont il a pris connaissance en vertu de ses missions".
De même, l'article 254 du code pénal punit d'un emprisonnement de six mois et
d'une amende de 500 francs, les médecins, (...) et toutes autres dépositaires, par état
ou par profession, de secrets qu'on leur confie, qui hors le cas de la loi les oblige ou
les autorise à se porter dénonciateur auront révélé ces secrets".
B- La corruption
14
retarder ou d'omettre d'accomplir un acte entrant d'une façon directe ou indirecte
dans le cadre de ses fonctions. Les fonctions du corrompu peuvent être privées ou
publiques. Mais le caractère public va entrainer une peine plus lourde que celle
prévue pour la corruption privé.
-donner son avis dans un sens autre que celui qui doit le faire.
C- Le faux
15
disciplinaire. Ces sanctions sont applicables à l'expert judicaires indépendamment
des condamnations pénales ou sanctions civiles, voire même
Les sanctions disciplinaires exposées par la loi de 1993 de deux types. Elles sont
classés en fonction de leur gravité. Ainsi on trouve des sanction de premier degré et
des sanction de second degré.
Cette liste de sanction n'est pas une liste limitative. En effet, la jurisprudence voit
dans la violation du principe de contradictoire ou d'indélicatesse une violation d'un
devoir professionnel susceptible de donner lieu à une sanction disciplinaire de second
degré.
B- La procédure disciplinaire
Les sanctions de premier degré sont prononcées par le premier président de la cour
d'appel au vue d'un rapport du président du tribunal de première instance du lieu
d'exercice de l'expert judiciaire en question ou sur plainte d'une personne ayant
intérêt, et ce après avoir demandé à l'expert judiciaire mis en cause, de présenter ses
observations par écrit dans un délai d'une semaine.
16
Les sanctions du second degré sont prononcées par le Ministre de la justice après avis
du conseil de discipline. L'article 21 de la loi de 1993 détermine la composition et le
mode de fonctionnement du conseil de discipline. Le conseil de discipline est institué
au niveau de chaque cour d'appel. Il est composé :
-du président du tribunal de première instance dans le ressort duquel est désigné
l'expert judiciaire déféré (membre)
-de deux représentants des experts en fonction dans le ressort de la cour d'appel
compétente, désignés par le Ministre de la justice pour une période d'une année
renouvelable (membres).
L'expert exerce ses droits de défense. Il est convoqué par le président du conseil de
discipline par lettre recommandée avec accusé de réception quinze jours avant la
date de l'audience. Il a le droit d'obtenir communication de son dossier et de
présenter toutes conclusions écrites trois jours avant la réunion du conseil de
discipline. L'expert peut se présenter lui-même ou se faire assister par l'entremise
d'un avocat ou d'un expert délégué ou de toute autre personne de son choix.
17
cessation de toute mission d'expertise à lui confiée, et ce par ordonnance du premier
président de la cour d'appel. Ce dernier doit en informer le Ministre de la justice par
un rapport motivé. Le Ministre prend à cet effet la décision requise. (ex. de faute
grave: la corruption, le non accomplissement personnel de la mission).
La loi de 1993 n'a pas déterminé les voies de recours possibles à l'encontre des
sanctions disciplinaires. Seront alors appliquées les règles de droit commun. Les
sanctions de second degré sont déférées devant le juge administratif 6. Ce dernier
peut apprécier si la sanction prononcée est proportionnelle à la faute commise. Il
reste de voir si le juge administratif se reconnaît compétent pour des recours contres
les sanctions de premier degré 7.
6
dans la mesure où c'est le Ministre de la justice qui les prononce.
7
puisqu'elles sont prononcées par le juge judiciaire.
18
Thème n°2
L'expert judiciaire intervient aussi bien devant les juridictions civiles que pénales.
Puisque la désignation d'un expert judiciaire est une question de fait, il est important
de signaler que cette décision ne relève pas de la compétence de la Cour de cassation
(A). En outre, préconiser que la commission d'un expert judiciaire a pour objectif
l'analyse d'une question technique inhérente au fond du litige nous conduit à se
poser la question de savoir si le juge des référés est compétent pour prendre une
telle décision ? (B)
19
Par ailleurs, il est important de savoir si la désignation d'un expert judiciaire doit être
faite dans le cadre d'un procès en cours ou bien elle peut avoir lieu en dehors d'une
affaire en instance. une interrogation qui nous conduit à analyser la désignation de
l'expert judiciaire par voie d'ordonnance sur requête (C)
Etant une juridiction de droit, la Cour de cassation ne peut se prononcer sur une
question de fait. Elle se limite à contrôler la motivation proposée par les juges du
fond et à vérifier si la loi a été bien appliquée aux faits sans pour autant juger l'affaire
quant au fond. De surcroît, elle ne peut pas réexaminer les faits qui ressortent de
l'affaire objet du pourvoi pour donner sa propre appréciation. Ces faits sont
souverainement appréciés par les juges du fond et la Cour de cassation doit les
considérer "comme définitivement établis par la décision attaquée".
Force est de constater que la désignation d'un expert judiciaire ne peut avoir lieu par
la Cour de cassation. en effet, le recours à l'expertise intervient dans le cadre de
l'examen des faits attachés à une affaire pendante. Or, cet examen est exclusivement
réservé aux juges du fond. Certes, il arrive que le pourvoi en cassation invoque une
question attachée à l'expertise judiciaire mais ceci se fait dans le cadre d'une
mauvaise application de la loi par les juges du fond tel que ceci figure dans les cas
d'ouverture à cassation indiqués par l'article 175 CPCC.
20
droit la plus appropriée à appliquer. Il s'agit, des juridictions du premier degré et des
juridictions du second degré.
Les juridictions du premier degré sont constituées par des juridictions de droit
commun8 et des juridictions d'exception9.
Les juridictions du second degré sont des juridictions qui sont compétentes pour
réexaminer en appel une affaire qui a été jugé par des juges du premier degré. Il
s'agit de du tribunal de première instance10 et la Cour d'appel11.
8
La juridiction de droit commun est une juridiction qui dispose d'une compétence générale lui permettant de
statuer sur tous les litiges à l'exception de ceux qui lui ont été retirés par une loi spéciale aux juridictions
particulières. il s'agit du tribunal de première instance.
9
Les juridictions d'exception sont des juridictions qui ont une vocation spéciale leur permettant de statuer sur
des litiges déterminés expressément par la loi. il s'agit du tribunal cantonal, du conseil de prud'hommes et du
tribunal immobilier.
10
le tribunal de première instance est appelé à jouer le rôle d'une juridiction d'appel lorsque l'appel est
formulé à l'encontre de jugements rendus par le juge cantonal en premier ressort.
11
La Cour d'appel est compétente pour examiner les demandes d'appel interjetées contre les décisions
rendues en premier ressort par le tribunal de première instance ou par le conseil de prud'hommes.
12
par application de l'article 62 du Code de droits et procédures fiscaux, le tribunal ordonne d'office une
expertise pour évaluer la valeur vénale des immeubles, des droits immobiliers et de fonds de commerce cédés.
21
La saisine du juge des référés est présidée par une urgence nécessitant l'intervention
de l'autorité juridictionnelle afin de sauvegarder des droits ou des intérêts en péril.
Cette saisine est subordonnée à une condition primordiale qui limite la compétence
du juge des référés: le juge statue "sans préjudice au principal".
De ce fait, la commission d'un expert judiciaire par le juge des référés est possible
tant que cette mesure d'instruction ordonnée n'est pas de nature à préjudicier au
principal. L'expertise est ordonnée en référé dès lors que le demandeur justifie d'un
intérêt légitime et que la mesure d'instruction en question est nécessaire à la
protection des droits de la partie qui l'a sollicitée.
Généralement, la commission d'un expert judiciaire se fait dans le cadre d'un procès
en cours. Cette désignation peut être faite à tout moment du procès. Qu'il s'agisse
des audiences préparatoires ou de l'audience de plaidoirie.
13
art. 214 CPCC.
22
Lorsque le juge l'estime nécessaire, il procède à la nomination d'un ou de plusieurs
experts. En principe et par souci d'économie, un seul expert est commis. Mais, le juge
peut se trouver dans l'obligation d'opter pour la pluralité d'experts. En effet, il arrive
qu'une affaire nécessite la commission de plusieurs experts spécialisés dans des
domaines différents ou bien si l'Etat ou une collectivité publique est partie au
procès14. Dans ce dernier cas l'article 102 CPCC, prévoit que "l'expertise ne peut se
faire que par trois experts, à moins que les parties ne consentent qu'il y soit procédé
un seul".
Néanmoins, cette règle n'est pas d'ordre public et sa violation ne peut être soulevée
pour la première fois devant la Cour de cassation. Et on trouve des dérogations
prévues par des textes spéciaux à la règle de la multiplicité des experts. C'est le cas de
l'article 18 de la loi du 11 août 1976 relative à l'expropriation pour cause d'utilité
publique qui prévoit que le juge des référés désigne un expert unique pour
déterminer le montant de l'indemnité provisoire d'expropriation. Le juge des référés
ne peut déroger à cette règle et désigner plusieurs experts à la fois que si deux
conditions sont vérifiées: d'une part, les experts doivent être de spécialité différente
et d'autre part, l'immeuble exproprié doit comporter des installations commerciales
ou industrielles.
L'expert est choisi par le juge à la lumière de la liste officielle d'experts judiciaire.
Mais n'ayant qu'une valeur indicative, le juge peut choisir un expert en dehors de
listes15 et sa liberté n'a de limite que le respect de l'exigence d'une spécialisation chez
l'expert.
B- Contenu de la décision
14
Selon la Cour de cassation, les entreprises publiques sont soumises à la solution de droit commun du
moment qu'elles sont régies par des règles de droit privé: Cass. civ., 8 juin 1999, Bull. I. 53.
15
Cass. civ., 25 nov. 1982, Bull. 1982. IV 65.
23
1/la mission avec toute précision et exactitude ainsi que les diverses opérations à
accomplir;
L'expert peut, dans les cinq jours qui suivent la réception de la mission qui lui a été
confiée, demander à être déchargé notamment s'il justifie ceci par un motif légitime.
Dans ce cas, le président du tribunal ou son délégué décide de son remplacement 18.
16
Art. 103 CPCC.
17
Art.105 CPCC.
18
Art. 106 CPCC.
24
Par ailleurs, l'ordonnance de nomination fixe le délai de paiement de la provision 19.
Rien n'empêche son fractionnement si son montant est élevé. le juge peut proroger
le délai de paiement. A défaut de paiement de la partie désignée ou par toute autre
partie de la provision dans le délai imparti, l'expert n'est pas tenu d'accomplir sa
mission. Le défaut de paiement de l'avance entraîne la caducité de la décision
commettant l'expert. Il peut être dérogé à cette sanction en cas de motif légitime (cas
de force majeur20).
Si après l'exercice d'un recours, le jugement est annulé, la nullité s'étendra au rapport
d'expertise qui en est l'exécution.
Par ailleurs, le remplacement de l'expert se fait soit à la demande l'expert lui même
soit à la demande des parties.
La première hypothèse est prévue par l'article 106 CPCC qui prévoit que "expert, peut
dans les cinq jours qui suivent la réception de la mission qui lui a été confiée,
demander à en être déchargé". Dans ce cas, le président du tribunal ou son délégué
décide de son remplacement21.
19
art. 104 CPCC.
20
Art. 104 CPCC.
21
Art. 106 CPCC.
25
Il est admis que le remplacement n'est possible qu'au cas où l'expert ne remplit pas
sa mission dans le délai ( sauf s'il justifie d'un empêchement ) 22. Dans ce cas l'expert
sera condamné à payer des dommages-intérêts et à restituer les frais frustratoires.
-S'il a reçu des cadeaux, en cours d'instance, de la partie qui a sollicité l'expertise;
La récusation doit avoir lieu dans un délai ne dépassant pas cinq jours à compter de la
date où la partie a eu connaissance de la nomination23.
22
Art. 107 CPCC.
23
Art. 108 CPCC.
24
Art. 109 CPCC.
26
Il est indispensable de faire la distinction entre la récusation de l'expert et la
contestation relative à sa qualification professionnelle. Celle-ci peut être invoquée à
tout moment.
L'expert remplacé doit restituer les frais frustratoires et ce sur une simple
ordonnance du président du tribunal. L'ordonnance est susceptible d'opposition
comme en matière d'apposition à taxation des frais et honoraires 25.
25
v. infra (les honoraires de l'expert judiciaire).
27
Thème n°3 - Le déroulement de l'expertise
L'expertise doit se dérouler en respect des droits de la défense (§1). Elle est assurée
personnellement par l'expert commis (§2). Les parties sont tenues à un devoir de
collaboration (§3). Et l'expert est tenu de se limiter à la mission (§4) et aux délais
impartis pour sa réalisation (§5).
L'expert doit veiller à convoquer les parties aux réunions par lettre recommandée
avec accusé de réception. Cette obligation s'explique par le fait que la pertinence de
l'avis exprimé par l'expert dépend de la participation aux opérations d'expertise.
L'expert ne peut se contenter de recueillir des renseignements émanant d'une seule
partie. Il doit mentionner dans son avis la suite qu'il a donné aux déclarations des
parties.
L'absence des deux parties ou de l'une d'entre elles n'est pas de nature à faire
obstacle à la poursuite des travaux d'expertise si elles sont régulièrement
convoquées. Mais une procédure judiciaire irrégulière à son déclenchement peut être
régularisée si l'adversaire se présente aux travaux d'expertise. La partie non
convoquée peut soulever la nullité devant le juge de fond. Elle ne peut contester la
validité de l'expertise pour la première fois devant la cour de cassation.
Les parties doivent avoir accès à tous les documents ayant servi à l'élaboration du
rapport d'expertise et ce avant le dépôt du rapport.
28
La présence des parties n'est pas nécessaire lorsque l'expert procède à des simples
constatations matérielles ou à des investigations purement scientifiques.
L'expert doit accomplir la mission qui lui est confiée personnellement. Il ne peut en
donner délégation à un tiers, même s'il est expert. Il peut arriver que certaines
investigations ne relèvent pas de la compétence technique de l'expert commis (par
exemple recourir à un laboratoire d'analyse). Le code de procédure civile et
commerciale ne précise pas si l'expert peut y recourir sans en référer au juge. Mais la
prudence est recommandée dans ce cas.
Les parties sont tenues à un devoir de collaboration en vertu du quel elles doivent
remettre à l'expert les documents qu'il estime nécessaire à l'accomplissement de sa
mission.
L'expert doit se limiter à la mission qui lui est confiée. Il ne peut de son chef étendre
sa mission. L'expert n'a pas pouvoir de concilier les parties. Il se peut que pendant
l'expertise les parties se concilient. Dés lors, l'expert doit constater que sa mission est
devenue sans objet.
29
Section 2- Le rapport d'expertise
Se l'expertise a été faite par plusieurs experts, chacun d'entre eux doit dresser un
rapport comportant son avis. Mais, tous les experts commis peuvent se mettre
d'accord pour en rédiger un seul comportant l'avis motivé de chacun d'eux.
Le rapport ainsi que tous les documents remis à l'occasion de la mission sont
déposés par l'expert au greffe. Et il en informe les parties par lettre recommandée
dans un délai de 24 heures.
L'expert mentionne au bas de son rapport les frais exposés et ses honoraires et le
remet au président du tribunal ou son délégué pour taxe. Une fois l'ordonnance de
taxation est rendue, l'expert demande paiement. Il peut différer le dépôt du rapport
d'expertise au greffe tant qu'il n'a pas été intégralement réglé des ses frais et
honoraires dûment taxés.
L'article 112 CPCC énonce que l'avis de l'expert ne lie pas le tribunal. Il faut préciser
que le tribunal ne peut adopter le rapport d'expertise que s'il est fondé sur des
éléments certains. Ainsi, le juge peut évaluer l'avis rendu par l'expert, généralement à
la lumière des observations des parties. S'il est convaincu de leur pertinence, il peut
s'écarter de l'avis de l'expert, mais dans ce cas, il doit motiver sa décision.
En cas de contradiction des expertises le tribunal doit ordonner une autre expertise
ou faire valoir l'une d'entre elles en motivant sa décision. Le tribunal peut fonder sa
décision sur l'avis de la majorité des experts.
30
Si le juge n'est pas suffisamment éclairé par le rapport d'expertise, il peut entendre
l'expert en présence des parties ou les défenseurs de celles-ci. Le juge peut demander
à l'expert de préciser ou expliquer ses conclusions soit par écrit soit à l'audience. Il
peut aussi étendre sa mission ou confier une mission particulière à un autre expert.
De même, le juge peut opter pur une contre expertise.
L'expert a le droit de se défendre lorsqu'il fait l'objet d'une sanction disciplinaire (v.
responsabilité disciplinaire). Il a également le droit à une rémunération qui
correspond au travail qu'il a accompli (§1). Et il dispose à ce titre d'un droit de
rétention comme garantie de paiement de cette rémunération (§2).
Le droit de rétention peut s'exercer sur des documents ayant une valeur intrinsèque,
tels les récépissés de connaissement maritime, les titres au porteur...
31
peut empêcher qu'un droit de rétention puisse être exercer sur un document médical
(radiographie) afin de respecter la vie privé de l'individu. De même, l'ordre public
politique pourrait faire obstacle à la rétention d'une carte d'identité ou d'un
passeport.
32
Thème n° 4
La désignation du commissaire aux apports par le juge est obligatoire pour les
sociétés par actions. Et ce abstraction faite de la valeur de l'apport1. Cette
désignation se fait par ordonnance sur requête rendue par le président du
tribunal de première instance du lieu du siège social. Le commissaire est choisi
parmi les experts judiciaires en fonction de la nature du bien apporté. Si les
apports sont de nature différente, il sera procédé à la désignation de plusieurs
commissaires aux apports.
1
art. 173 et 391 C.S.C.
2
art. 100 et 151 C. S. C.
1
33
-Les personnes qui ont fait l'apport en nature objet de l'évaluation et les
fondateurs;
3
art. 173 C. S.C.
4
art. 174 in fine C. S. C.
2
34
Le commissaire aux apports désigné a pour mission d'évaluer la valeur des
apports en nature et d'établir un rapport à cet effet. Ce rapport doit donner
une description détaillée de chaque apport ainsi que sa valeur et l'intérêt qu'il
présente à la société 5. Le commissaire aux apports engage sa responsabilité en
cas de surévaluation de l'apport 6. De même, une peine d'emprisonnement d'un
an à cinq ans et d'une amende de 1.000 à 10.000 D est prévue pour ceux qui
auront, à l'aide de manœuvres frauduleuses, fait attribuer à un apport en
nature une évaluation supérieure à sa valeur réelle 7.
5
art. 173 al. 2 C. S. C.
6
art. 173 al. 2 C. S. C. V. S. DOYEN, "Etendue de la mission du commissaire aux apports", G. P., 1982. II. Doct.
486.
7
art. 186 C. S. C.
8
art. 173 al. 3 C. S. C.
9
art. 173 al 2 C. S. C.
10
le terme particulier implique la désignation de la ou des personnes qui peuvent bénéficier de ces avantages
3
35
Section II- L'évaluation des droits sociaux
Pour les SARL, cette procédure d'agrément est suivie pour les cas de cession de
parts sociales à un tiers étranger à la société 11. En cas de désaccord sur le prix
de cession des parts sociales dans une SARL, un expert judiciaire est désigné
par les parties ou par ordonnance sur requête rendue par le président du
tribunal de première instance du lieu du siège social, à la demande de la partie
la plus diligente12. Dans le but de réduire l'arbitraire de l'expert" 13, les parties
peuvent fixer à l'expert des critères pour déterminer le prix de la cession.
Dans les SA, lorsque les statuts contiennent une clause d'agrément qui limite la
libre cessibilité de l'action en soumettant la cession de l'action à une
autorisation de la société (le conseil d'administration ou le directoire) 14. En cas
de conflit sur le prix de cession, un expert judiciaire est désigné à cet effet.
Cette désignation se fait par le juge des référés du lieu du siège social 15.
L'expert désigné établit son rapport dans les délais fixés par le juge. Il peut
demander un délai supplémentaire pour achever sa mission. L'ordonnance qui
11
art. 109 C.S.C al.1.
12
art. 109 C.S.C.
13
MELLOULI (S.) et FRIKHA (S.), Les sociétés commerciales, 2013. P155.
14
ces clauses d'agrément ne sont pas valables dans les sociétés anonymes faisant appel public à l'épargne. art.
321 C.S.C. De même, ces clauses ne jouent que dans le cas de cession d'actions à un tiers. et elles ne produisent
aucun effet lorsque la cession est faite à un conjoint de l'actionnaire, un ascendant, ou un descendant ou
lorsque cette cession s'opère par voie de succession.
15
JACOMET (TH.), "l'expertise sur le prix de rachat en cas de refus d(agrément", JCP. E. 1998. P.790.
4
36
fait droit à cette demande de prorogation implique une prorogation du délai
d'agrément.
Il est admis que si l'expert commet une erreur grossière qui consiste dans le fait
de ne pas suivre la méthode d'évaluation définie par les parties, le juge peut ne
pas suivre les conclusions de l'expert.
Le prix fixé par l'expert judiciaire peut s'avérer insatisfaisant pour le cédant.
Dans ce cas, et par application de l'article 579 COC 16, le cédant peut renoncer à
la cession. Lorsque l'insatisfaction est du côté du cessionnaire proposé par la
société, celui-ci garde la liberté pour ne pas acheter. Par conséquent, le cédant
poursuivra la vente initialement prévue avec le cessionnaire qui s'est vu refuser
l'agrément.
16
cet article dispose qu'"on ne peut en rapporter la détermination du prix à un tiers".
17
art. 411 al. 1 C. S. C.
37
financière de l'actif et du passif d'après les états financiers et une évaluation
économique de l'entreprise).
L'expert à la fusion est désigné par ordonnance sur requête par le président du
tribunal de première instance dans lequel se trouve le siège social de l'une des
sociétés concernées par la fusion. Il est choisi parmi la liste des experts
judiciaires.
L'expert désigné est chargé d'analyser les documents qui lui sont communiqués
par la société concernée par la fusion. Et à la lumière de ces documents, il doit
établir un rapport sur les modalités de la fusion. Il doit également se prononcer
sur le caractère équitable de la parité d'échange, le caractère réel de la valeur
attribuée au patrimoine transmis, les méthodes suivies pour la détermination
du rapport d'échange et les difficultés particulières d'évaluation 18.
Lorsqu'il s'agit d'une fusion par absorption 19, l'expert désigné est appelé à jouer
le rôle d'un commissaire aux apports pour évaluer les apports en nature objet
de l'absorption (sauf si la société absorbée n'a comme actif que des comptes
bancaires). Mais s'il s'agit d'une fusion par création d'une société nouvelle,
l'expert spécialisé ne peut jouer le rôle d'un commissaire aux apports car dans
18
art. 417 al.2 C. S. C.
19
Conformément à l'article 424 C. S .C, lorsque la société absorbante détient la totalité des actions de la société
absorbée, il n'est pas nécessaire d'établir un rapport d'expert spécialisé.
6
38
cette hypothèse la procédure de nomination d'un commissaire aux apports par
ordonnance sur requête doit être suivie 20.
L'expertise de gestion, qui est une mesure initialement prévue pour la SARL, a
été étendue par l'article 15 de la loi n°2007-69 du 27 décembre 200721, relative
à l'initiative économique, à la société anonyme.
Dans les SARL, seule une (ou plusieurs) opération de gestion accomplie par le
gérant peut faire l'objet d'une demande d'expertise (à exclure de l'objet de la
demande les délibérations des assemblées générales des associés). Le
demandeur doit préciser l'opération de gestion en cause. La demande est
présentée par les associés qui détiennent au moins le dixième du capital au
juge des référés24.
20
art. 418 in fine.C. S. C.
21
en introduisant un article 290 bis du code des sociétés commerciales.
22
F. PASQUALINI, "Brèves remarques sur l'expertise de gestion", J. C. P. éd. E. 1999. n°30.
23
Y. GYON, "Les nouveaux aspects de l'expertise de gestion", JCP 1985. I. 14593.
24
art. 139 C. S. C.
25
art. 139 C. S. C.
7
39
Dans les SA, l'article 290 du code des sociétés commerciales, un ou plusieurs
actionnaires détenant au moins dix pour cent du capital social peuvent,
individuellement ou conjointement, demander au juge des référés la
désignation d'un expert ou d'un collège d'experts qui aura pour mission de
présenter un rapport sur une ou plusieurs opération de gestion accomplie par
les organes chargés de la gestion sociale. Il peut s'agir d'acte accomplit par le
conseil d'administration ou par le directeur général (pour les SA qui optent
pour modèle classique d'administration) ou par le directoire (pour les SA qui
optent pour le modèle moderne d'administration). La demande doit spécifier
l'opération de gestion à contrôler.
Le rapport d'expertise est largement diffusé. En effet, l'article 290 du code des
sociétés commerciales indique que le rapport d'expertise est communiqué au
demandeur, au ministère public et au conseil du marché financier si la société
fait appel public à l'épargne ainsi qu'aux organes de gestion et de contrôle. Il
est également mis à la disposition des actionnaires en vue de la prochaine
assemblée générale ordinaire ou extraordinaire.
40
Section VI - expertise et procédures collectives
La loi n°36 du 29 avril 2016 relative aux procédures collectives 26 est une loi qui
tente d'optimiser les chances de redressement des entreprises en difficultés
économiques. Cette optimisation se manifeste à travers plusieurs facettes
parmi les quels on note l'apport des experts dans le sauvetage des entreprises
en difficultés et ce dans le cadre du règlement amiable (section 1) ou
règlement judiciaire (Section 2).
La procédure de règlement amiable est réservée aux entreprises qui n'ont pas
atteint le stade de cessation de paiement 27. Elle est destinée à favoriser les
ententes entre les créanciers et le débiteur. La demande d'ouverture de la
procédure de règlement amiable est déposée au prés du président du tribunal
de première instance du lieu de l'entreprise débitrice 28. En acceptant la
demande, le président du tribunal désigne un conciliateur (ou confie la
conciliation à la commission de suivi des entreprises économique si le débiteur
l'accepte).
26
Cette loi a abrogé le livre 4 du code de commerce. JORT n°38 du 10 mai 2016 page 1724 et s.
27
Art. 422 du C. com.
28
Art. 417 et 423 du C. com.
9
41
une solution à leur différend. Une proposition qui s'inspire à la fois, de l'équité
et de l'état de droit.
La désignation d'un conciliateur ne dessaisit pas le juge qui peut prendre à tout
moment d'autres mesures, notamment la suspension des poursuites
individuelles et d'exécution visant le recouvrement d'une créance antérieure à
la date d'ouverture du règlement amiable 31.
29
Lorsque le juge confie la mission de conciliation à la commission de suivi des entreprises économiques, la
conciliation est gratuite.
30
Art. 425 C. com.
31
Art. 427 du C. com.
10
42
de diagnostic sur l'entreprise en question. Ces informations seront par la suite
transmises par le président du tribunal au conciliateur.
Le conciliateur est choisi en raison de ses compétences, qu'il soit inscrit ou non
sur une liste32. Le conciliateur est tenu d'établir un rapport mensuel qui sera
transmit au président du tribunal. Le rapport dresse à la fois les observations et
les travaux accomplis.
Le règlement judiciaire est une procédure ouverte aux entreprises ayant cessé
leurs paiements 35 c'est à dire les entreprises qui ne peuvent pas faire face à
leur passif exigible au moyen de leur actif disponible 36. La procédure de
32
La liste des conciliateur est fixée par le Ministre de la justice. Rien n'interdit au juge de choisir un conciliateur
parmi les experts judiciaires.
33
Art. 428 du C. com.
34
Art. 432 du C. com.
35
Art. 434 du C. com.
36
E. LE CORBE-BROLY, Droit des entreprises en difficultés, Dalloz, 2001, p. 36.
11
43
règlement judiciaire est entamée par l'ouverture d'une période d'observation
dans laquelle les créanciers sont astreints à la suspension de leur droit de
poursuite individuelle et d'exécution 37. La période d'observation38 est destinée
à permettre l'élaboration d'un plan de redressement 39. Un administrateur
judiciaire est désigné à ce titre par le président du tribunal.
37
A. BRAHMI, Le droit de redressement des entreprises en difficultés, 2002, p. 101.
38
Il s'agit d'une période de neuf mois prorogeable une seule fois de trois mois (Art. 439 C. com).
39
Art. 449 C. com.
40
v. Introduction.
41
Art. 440 du C.com.
12
44
qui permet de préciser la situation de l'entreprise et de déterminer les causes
de sa défaillance42.
Ensuite, le plan doit comporte un volet financier qui dresse les modalités de
règlement du passif et les garanties éventuelles que le chef de l'entreprise doit
souscrire pour en assurer l'exécution. Ainsi, si le projet de plan envisagé tend à
la continuation, il conviendra de préciser les remises consenties par les
créanciers, les délais qu'ils ont acceptés et ceux qu'il est envisagé de solliciter
du tribunal pour les créanciers ayant refusé les propositions de règlement
42
E. LE CORBE-BROLY, Droit des entreprises en difficultés, Dalloz, 2001, p. 199.
43
Art. 443 du C. com.
13
45
proposées. Si par contre, le projet tend à la cession, il indique le montant du
prix de cession proposé par les diverses offres de reprise présentées 44.
Enfin, le projet de plan contient un volet social qui expose les perspectives de
l'emploi au sein de l'entreprise ainsi que les conditions sociales envisagées pour
la poursuite d'activité45.
44
Art. 452 al. 1 et 2 du C. com.
45
Art. 452 al. 3 du C. com.
46
Art. 452 al. 4.
47
Art. 453 du C. com.
14
46
15
47
L’arbitrage
Conditions de l’arbitrage
La convention peut prendre la forme soit d’un compromis soit d’une clause
compromissoire. Dans les deux cas, l’engagement doit être formulé par écrit. La
clause compromissoire est une clause insérée dans un contrat principal qui
manifeste la volonté des contractants à soumettre le différend, qui pourrait
naître entre eux , à l’arbitrage (le litige n’est pas encore né).
C- L’arbitrabilité du litige
Les parties n’ont pas le droit de soumettre les litiges suivants à l’arbitrage :
48
* Les contestations relatives à la nationalité ;
L’arbitre doit être une personne physique, majeur, compétent et il doit jouir de
tous ses droits civils. Il doit être indépendant et impartial vis-à vis des parties.
Le juge ou l'agent public peut être arbitre à la double condition de ne pas faillir
à ses fonctions principales et d'obtenir, préalablement à toute mission
2
49
d'arbitrage, une autorisation de l'autorité compétente. L'agent public doit, en
outre, veiller à ce que la mission n'affecte pas les intérêts de l'administration".
*La révocation des arbitres est décidée par le tribunal de première instance
dans le ressort du quel se trouve le lieu de l'arbitrage et ce à défaut d'accord
unanime entre les parties. La révocation de l'arbitre peut avoir lieu soit en cas
d'impossibilité de droit ou de fait de remplir la mission soit par ce que l'arbitre
n'entame pas la procédure d'arbitrage dans le délai de 30 jours à partir de la
saisine des parties.
*la récusation peut intervenir pour deux types de motifs: soit par ce que
l'arbitre ne possède pas les qualifications convenues entre les parties ou bien
parce qu'il existe des causes non révélées de nature à soulever des doutes
légitimes sur l'indépendance ou l'impartialité de l'arbitre. Les causes visées
englobent les motifs de récusation des magistrats (qui sont énumérés par
1
Alors que dans l'arbitrage international l'article 60 prévoit que le sauvegarde du tribunal arbitral dans le cas
du décès ou l'empêchement ou désistement de l'arbitre est obligatoire, en ce sens que l'arbitre décédé ou qui
s'est désisté sera remplacé. Dans l'arbitrage interne, la décision de poursuivre la procédure arbitrale dans le cas
du décès, désistement ou empêchement d'un arbitre reste facultative et dépend de la volonté des parties.
3
50
l'article 248 du cpcc2) ainsi que toutes autres circonstances de nature à limiter
l'indépendance de l'arbitre.
Pour que l'une des causes de récusation soit prise en considération encore
faut-il qu'elle ait occultée par l'arbitre lors de sa déclaration précédant sa
nomination. En effet, l'article 22 du code de l'arbitrage limite le droit de
récusation aux causes dont le demandeur n'a eu connaissance qu'après la
nomination de l'arbitre.
-Le délai pour le commencement des travaux ( au plus tard 30 jours à compter
de la saisine du tribunal. passé ce délai sans avoir entamé la procédure, les
arbitres encourent la révocation).
2
il s'agit des affaires où l'arbitre est lui même partie ou co-intéressé, ou co-obligé de l'une des parties ou
exposé à un recours en garantie; les affaires de la femme de l'arbitre même après la dissolution du mariage; les
affaires où les parents ou alliés de l'arbitres à l'infini en ligne directe, et en ligne collatérale, de leurs parents
jusqu'au sixième degré, ou alliés jusqu'au quatrième degré; les affaires où l'arbitre a agi comme représentant
de l'une des parties; les affaires où l'arbitre a été entendu comme témoin ou dont il a connu juge ou comme
arbitre à propos desquelles il a précédemment exprimé une opinion; si l'arbitre est créancier ou débiteur de
l'une des parties, si l'une des parties est employeur à gage de l'arbitre; si l'arbitre a procès entre lui et l'une des
parties.
4
51
-La durée de l'arbitrage ( liberté des parties pour fixer le délai. A défaut de
précision, la sentence doit être rendue dans un délai ne dépassant pas 6 mois.
avec possibilité pour les arbitres de proroger ce délai légal )
-Le tribunal arbitral valablement constitué est compétent pour statuer sur sa
propre compétence et sur le fond du litige.
-Les arbitres doivent appliquer le droit, à moins que les parties ne leur
confèrent, dans la convention d’arbitrage, la qualité d’amiable compositeur.
Dans cette hypothèse, les arbitres ne sont pas tenus d’appliquer le droit mais
de statuer en équité.
-Le tribunal arbitral procède à toutes les investigations par audition des
témoins, commission d’experts ou par tout autre acte pour découvrir la vérité.
La sentence arbitrale
-Le tribunal arbitral, après délibération, rend sa sentence à la majorité des voix.
Cette sentence a la même valeur qu’un jugement rendu par la justice étatique.
Ainsi, et si elle n’est pas exécutée spontanément par la partie succombante (qui
n'a pas obtenu gain de cause), elle peut faire l’objet d’une exécution forcée par
le biais de la procédure d'exequatur requise auprès les juridictions judiciaires.
-La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un certain nombre de voies de
recours :
*l’appel devant la Cour d’appel si les parties ont prévu cette possibilité dans la
convention d’arbitrage. Mais il faut noter que l’appel n’est possible à l’encontre
52
des sentences arbitrales rendues par les arbitres ayant la qualité d’amiable
compositeurs ;
53
TITRE I- LE RECOURS A L'ARBITRAGE
-Liberté des parties à organiser la procédure: les parties ont le choix entre le
recours à l'arbitrage ad-hoc ou à l'arbitrage institutionnel.
-Liberté de déterminer les règles applicables: les parties ont la liberté pour
choisir entre l'application des règles de droit ou les règles d'équité.
54
procès arbitral, la réduction des voies de recours et la disponibilité des arbitres
pour l'affaire) .
-La possibilité de faire appel à des experts pour juger l'affaire notamment
lorsque le problème est plutôt d'ordre technique.
55
CHAPITRE I
LA CONVENTION D'ARBITRAGE
§1 - La clause compromissoire:
56
l'interprétation du contrat principal, jugent qu'il dans leur intérêt de soumettre
leur différend à l'arbitrage.
10
57
§1 - La forme écrite: une condition de validité ou moyen de preuve.
58
dispose que ".... la référence dans un contrat, à un document contenant une
clause compromissoire, vaut convention d'arbitrage, à condition que ledit
contrat soit établi par écrit, et que la référence soit telle qu'elle fasse de la
clause une partie du contrat". De ce fait, il suffit qu'il y a un écrit qui sert de
référence et que cette référence soit claire pour que la preuve de l'existence
d'une convention d'arbitrage soit faite.
Pour ce qui est de la capacité des deux parties, l'article 8 du code de l'arbitrage
indique que ne peuvent compromettre que les personnes capables de disposer
de leurs droits. Ce qui implique l'exclusion des mineurs, les interdits, les faillis.
Et en raison du caractère particulier de l'objet des conventions arbitrales et leur
gravité, on estime que, pour les mandataires, il faut que l'aptitude au
compromis soit expressément énoncée dans leurs pouvoirs.
Il en résulte donc que les entreprises tunisienne ne peuvent trancher les litiges
résultant de leurs relation avec l'Etat, les établissements publics à caractère
administratif et les collectivités locales par l'arbitrage. Néanmoins, cette
interdiction ne s'applique pas aux entreprises et établissements publics à
caractère industriel et commercial (ex. STEG).
12
59
§3- L'arbitrabilité du litige
* dans les matières touchant à l'ordre public. C'est le cas de la faillite. Ainsi, la
convention d'arbitrage devient inopérante dès la déclaration en faillite. de ce
fait, l'instance arbitrale est interrompue et les parties doivent recourir aux
tribunaux étatiques qui deviennent exclusivement compétents. De même, on
admet également l'exclusion des matières touchant à la validité des brevets
d'invention ou des marques, la nullité des sociétés, le droit de la concurrence.
* dans les matières où on ne peut transiger. Il s'agit des matières régies par les
articles 1461 à 1464 du coc (tel que l'administration des habous, le droit aux
aliments...).
13
60
* dans les contestations concernant l'Etat, les établissements publics à
caractère administratif et les collectivités locales, à l'exception des
contestations découlant des rapports internationaux, d'ordre économique,
commercial ou financier, régis par les dispositions relatives à l'arbitrage
international.
La liquidation amiable d'une personne morale n'a aucun effet sur l'existence de
la convention d'arbitrage qui continue à produire ses effets juridiques.
14
61
CHAPITRE II
Le tribunal arbitral
Le juge ou l'agent public peut être arbitre à la double condition de ne pas faillir
à ses fonctions principales et d'obtenir, préalablement à toute mission
d'arbitrage, une autorisation de l'autorité compétente. L'agent public doit, en
outre, veiller à ce que la mission n'affecte pas les intérêts de l'administration".
15
62
ce que soit impartial l'arbitre qui ne serait pas indépendant. Néanmoins,
l'indépendance constitue une présomption d'impartialité 4".
Le terme agent public est une notion plus générale que le fonctionnaire public.
Le juge est un agent public mais le législateur a expressément utilisé le terme "
juge" pour éviter toute source de difficulté notamment que le juge étatique est
appelé à intervenir dans la phase de l'exequatur ou à l'occasion des voies de
recours exercées à l'encontre de la sentence. En plus certaines législations
interdisent aux magistrats d'être désignés en tant qu'arbitre (ex. décret libanais
de 1961).
c- les magistrats à l'instar des autres agents publics sont autorisés à exercer la
fonction d'arbitre à une double condition:
4
Robert (J.), L'arbitrage, droit interne; droit international privé Dalooz 1993, p. 112.
16
63
Par ailleurs, et en ce qui concerne la nationalité de l'arbitre, il est admis qu'un
étranger peut valablement être chargé d'une mission d'arbitrage interne.
17
64
L'acceptation de la mission par l'arbitre emporte conclusion d'un contrat
appelé contrat d'investiture. Lorsque le compromis ou la clause
compromissoire désigne nommément un ou plusieurs arbitres, le refus de l'un
d'entre
eux rend sans effet la convention d'arbitrage à moins que les parties ne se
mettent d'accord pour remplacer l'arbitre qui décline la mission. L'arbitre ne
peut plus déporter sans cause valable après qu'il ait accepté sa mission sous
peine de dommages et intérêts (art. 11 al.2 c.arb).
*La révocation des arbitres est décidée par le tribunal de première instance
dans le ressort du quel se trouve le lieu de l'arbitrage et ce à défaut d'accord
unanime entre les parties. La révocation de l'arbitre peut avoir lieu soit en cas
d'impossibilité de droit ou de fait de remplir la mission soit par ce que l'arbitre
5
Alors que dans l'arbitrage international l'article 60 prévoit que le sauvegarde du tribunal arbitral dans le cas
du décès ou l'empêchement ou désistement de l'arbitre est obligatoire, en ce sens que l'arbitre décédé ou qui
s'est désisté sera remplacé. Dans l'arbitrage interne, la décision de poursuivre la procédure arbitrale dans le cas
du décès, désistement ou empêchement d'un arbitre reste facultative et dépend de la volonté des parties.
18
65
n'entame pas la procédure d'arbitrage dans le délai de 30 jours à partir de la
saisine des parties.
*la récusation peut intervenir pour deux types de motifs: soit par ce que
l'arbitre ne possède pas les qualifications convenues entre les parties ou bien
parce qu'il existe des causes non révélées de nature à soulever des doutes
légitimes sur l'indépendance ou l'impartialité de l'arbitre. Les causes visées
englobent les motifs de récusation des magistrats (qui sont énumérés par
l'article 248 du cpcc6) ainsi que toutes autres circonstances de nature à limiter
l'indépendance de l'arbitre.
Pour que l'une des causes de récusation soit prise en considération encore
faut-il qu'elle ait occultée par l'arbitre lors de sa déclaration précédant sa
nomination. En effet, l'article 22 du code de l'arbitrage limite le droit de
récusation aux causes dont le demandeur n'a eu connaissance qu'après la
nomination de l'arbitre.
66
limiter la possibilité de soulever les incidents susceptibles de remettre en
question le tribunal arbitral.
20
67
TITRE II
LE DEROULEMENT DE L'ARBITRAGE
CHAPITRE I
1- Lieu de l'arbitrage
De même, les parties peuvent choisir une institution d'arbitrage étrangère qui
se chargera de l'organisation de la procédure arbitrale. Et rien n'interdit à ce
que les arbitres soient de nationalité étrangère.
2- la langue de l'arbitrage
21
68
La question est régie par le principe de la liberté des parties. Celles-ci peuvent
convenir de la langue arbitrale. A défaut d'accord, les arbitres décident de cette
langue à travers des indices tels que la langue utilisée pour rédiger le contrat
litigieux, les correspondances, la convention d'arbitrage....
cette liberté est consacrée par l'article 13 du code de l'arbitrage. Mais les
arbitres sont tenus de respecter les principes fondamentaux de la procédure
civile est commerciale (le principe du contradictoire, le droit de la défense, la
neutralité).
c- le déroulement de l'arbitrage????
22
69
-Le délai pour le commencement des travaux ( au plus tard 30 jours à compter
de la saisine du tribunal. passé ce délai sans avoir entamé la procédure, les
arbitres encourent la révocation).
-La durée de l'arbitrage ( liberté des parties pour fixer le délai. A défaut de
précision, la sentence doit être rendue dans un délai ne dépassant pas 6 mois.
avec possibilité pour les arbitres de proroger ce délai légal )
4- Le droit applicable
l'arbitrage peut être effectué soit par application des règles de droit ou des
règles d'équité. Dans ce dernier cas on parle d'arbitrage en amiable
composition.
les parties peuvent convenir de choisir même dans le cadre d'un arbitrage
interne, l'application du droit tunisien ou d'un droit étranger du pays de leur
choix.
23
70