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Séance 1: Introduction générale

Depuis la nuit des temps, la notion de commerce existe et trouve des


structures et des codifications qui l’organisent. Le premier code dans
l’histoire de l’humanité, le code Hammourabi, (1700 ans avant JC) évoque
par exemple déjà le contrat de société ainsi que les prêts avec intérêt.
Bien plus tard, c’est avec Napoléon 1er qu’on verra apparaître le code de
commerce en France, en 1807.
Le 21 septembre 2000, un nouveau code de commerce a été publié, et il
rassemble toutes les règles relatives aux commerçants, aux sociétés, à
la faillite, au droit de la concurrence etc.
Au Liban le code du commerce est apparu le 24/12/1942, 10 ans après la
rédaction du code des obligations et des contrats. Et il a connu quelques
amendements importants en 2018, dont nous parlerons plus tard.
Contrairement au droit civil, le droit commercial ou droit des affaires se
caractérise par son formalisme réduit. « Time is money » est le motto qui
représente le mieux le milieu des affaires, et par conséquent, la loi a prévu
une plus grande souplesse des règles, pour mieux cadrer avec les
exigences de célérité du commerce. Ceci ne signifie nullement,
cependant, que le droit commercial soit plus laxiste que le droit civil, au
contraire. Les sanctions prévues pour les mauvais payeurs sont
rigoureuses et leurs procédures d’exécutions sont rapides. Aussi, le
commerce est réservé aux professionnels, qui savent bien qu’ils prennent
des risques.

En tout état de cause, et, malgré le fait que le commerce a donc son
régime particulier et ses propres règles, il n’est pas isolé des règles plus
générales du droit civil, notamment le droit des obligations.
Il faut aussi prendre en compte les réglementations internationales en
matière du droit des affaires, notamment ce qu’on appelle la lex
mercatoria, ou la loi marchande, et qui représente en quelque sorte les
principes généraux du droit commercial non écrits.

Le commerçant

Quand on parle de droit des affaires ou droit commercial, on doit tout


d’abord se poser la question de savoir qui sont les personnes concernées
par ce droit : les commerçants.

Qu’est-ce qu’un commerçant ? Comment déterminer sa qualité ?


Comment savoir si une personne peut être qualifiée de commerçant, et
surtout quelles conséquences va-t-on en tirer ?

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Selon l’article 121-1 du code de commerce français, « sont commerçants
ceux qui exercent des actes de commerce et en font leur profession
habituelle. »
Selon l’article 9 du code de commerce libanais : « Les commerçants sont :
1- les personnes dont la profession consiste en la conclusion d’actes de
commerce. 2- les sociétés dont l’objet est commercial. »

Ces deux définitions renvoient, pour caractériser un commerçant


(personne physique), à l’acte de commerce. Ainsi, pour savoir si nous
avons affaire à un commerçant ou pas, il faut étudier le genre d’acte qu’il
exerce. Par ailleurs, une condition importante pour considérer qu’une
personne est commerçante est le fait qu’elle exerce cette activité de
manière indépendante : un salarié par exemple n’est pas considéré
comme commerçant parce qu’il accomplit ces actes pour le compte d’une
autre personne et pas pour son propre compte.

Les deux codes, libanais et français, donnent par ailleurs une définition
de l’acte de commerce. Cette définition est complétée par les tribunaux.

a) La définition de l’acte de commerce dans les codes

Le commerce est entendu dans un sens assez large : il comprend


l’industrie et les services.
L’article 6 du code de commerce libanais énumère les activités
considérées comme juridiquement commerciales, mais précise en même
temps que ce ne sont pas d’autres activités similaires peuvent être aussi
considérées comme commerciales. Le législateur agit souvent de cette
sorte afin de laisser justement la possibilité pour les tribunaux de
compléter la définition.
L’article 110-1 du code de commerce français énumère lui aussi une
dizaine d’actes considérés comme actes de commerce.

Voyons un peu quels sont les principaux actes énumérés par les codes :

1- Tout d’abord, l’achat de biens meubles dans l’objectif de les revendre.


L’objectif de revente est primordial : si j’achète un téléphone et que je le
revends au bout de quelque temps parce que je veux acheter un plus
neuf, je ne fais pas un acte de commerce. Parce qu’au moment où je l’ai
acheté, ce n’était pas dans l’intention de le revendre.
Acheter un bien meuble dans l’objectif de le louer est aussi un acte de
commerce.

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2- Ensuite, l’achat de biens immeubles dans l’objectif de les revendre. Là
aussi, ce qui importe c’est que l’achat soit fait à la base dans un objectif
de revente avec bénéfices.

3- Les activités industrielles sont des activités commerciales : elles ont


pour objectif la transformation d’une matière dans un objectif de revente
avec bénéfices, donc elles rentrent tout à fait dans le schéma des actes
de commerce.

4- Les activités financières, les banques, les assurances…

5- Le transport terrestre ou maritime.

6- Les prestations de service. Ici, la fenêtre est importante pour l’inclusion


de différents actes, à condition, à chaque fois, de s’assurer que l’objectif
principal, derrière l’acte, est d’effectuer des bénéfices.
Ex : une compagnie industrielle charge une agence de publicité de
produire une campagne. Cette société est un prestataire de services : il
ne vend pas vraiment quelque chose de palpable, mais plutôt son service.

7- La loi française dit expressément que les lettres de change (ou traites)
sont des actes de commerce, entre toutes personnes, c’est-à-dire qu’il
importe peu que la personne soit un commerçant ou pas. L’acte en lui-
même est objectivement un acte de commerce et obéit par conséquent
aux règles légales commerciales.

b) L’acte de commerce devant les tribunaux

Les tribunaux français et libanais ont depuis toujours considéré que l’acte
de commerce se caractérise principalement par la recherche d’un profit,
c’est ce qu’on appelle l’intention spéculative.
Ce critère est intéressant, mais il n’est pas suffisant à lui seul pour
caractériser les actes de commerce. Les activités libérales telles le métier
d’avocat sont faites dans l’objectif d’engendrer un profit mais ne
constituent pas du tout des actes de commerce. En fait la loi et les
tribunaux ont depuis toujours séparé strictement les statuts de
commerçant de celui d’activité libérale. On considère que dans le cadre
d’une activité libérale on produit une œuvre intellectuelle plutôt que
commerciale, même si l’objectif est d’engendrer non pas un profit au sens
propre, mais une rémunération.
La doctrine et la jurisprudence ont retenu que pour qualifier un acte
d’activité commerciale, il faut non seulement l’intention spéculative, mais

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aussi le fait que cette activité soit habituelle, et qu’il ne s’agisse pas d’un
acte isolé.

Il y a aussi ce qu’on appelle les actes de commerce accessoires, c’est-à-


dire des actes qui ne sont pas par leur nature des actes de commerce,
mais qui sont considérés comme tels parce qu’ils sont accomplis par le
commerçant pour les besoins de ses activités commerciales. Exemple :
un commerçant qui s’achète un ordinateur pour gérer ses ventes. L’achat
en lui-même n’a pas un objectif commercial : c’est un acte de commerce
accessoire.

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