Objectifs:
Item 176 : Prescription et surveillance des Psychotropes
Plan
1. DEFINITION
2. CLASSIFICATION
3. LISTE DES SUBTANCES CLASSEES COMME PSYCHOTROPES
2. Classification
Les Psychotropes regroupent:
• Les Neuroleptiques
• Les Anxiolytiques
• Les Hypnotiques
• Les Antidépresseurs
• Les Thymorégulateurs
• Les Psychostimulants Amphétamine ; Adrafinil / Olmifon®; pémoline ; caféine (non traité dans ce
polycopié)
• Les Psychodysleptiques : LSD, Hashish, Cocaïne (non traités dans ce polycopié)
Première partie
Cette partie comprend les substances ci-après énumérées ainsi que leurs sels et les préparations renfermant
lesdites substances ou leurs sels.
Amobarbital Flunitrazépam
Buprénorphine Glutéthimide
Butalbital Pentobarbital
Cathine Cyclobarbital
Seconde partie
Troisième partie
Cette partie comprend les substances ci-après énumérées ainsi que leurs sels et les préparations renfermant
lesdites substances ou leurs sels :
zaléplone
zopiclone
Objectifs:
- Connaître les mécanismes d’action des neuroleptiques
- Connaître les effets pharmacologiques, les effets thérapeutiques et les indications
- Connaître la classification clinique des neuroleptiques
- Connaître les effets indésirables graves et leur mécanisme d’action s’il est connu
- Connaître et savoir expliquer les contres-indications
- Savoir expliquer les règles du bon maniement des neuroleptiques
- Savoir distinguer les effets de classe des neuroleptiques et les effets spécifiques à un médicament
Plan
Introduction
1. Définition
2. Classification chimique
3. Mécanisme d’action et effets pharmacologiques
4. Effets thérapeutiques - Pharmacologie clinique - Indications
5. Effets indésirables
6. Interactions médicamenteuses
7. Les médicaments : classification clinique, éléments de pharmacocinétique
8. Maniement– Contre-indications
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
Cette classe médicamenteuse comporte plus d’une trentaine de molécules différentes. Ce chapitre
présente les propriétés communes à la classe ainsi que quelques points spécifiques à certains
neuroleptiques.
1. Définition
La définition classique des neuroleptiques est celle donnée par Delay et Deniker. Elle associe différents
critères présentés ci-dessous :
Les cinq critères de Delay et Deniker (1957)
- Création d’un état d’indifférence psychomotrice
- Diminution de l’agressivité et de l’agitation
- Réduction des psychoses
- Production d’effets neurologiques et végétatifs
- Action sous corticale dominante
(in: Méthodes chimiothérapiques en psychiatrie. Les nouveaux médicaments psychotropes. J. Delay et P.
Deniker, Masson Ed, Paris 1961)
Ces critères correspondent surtout aux premiers neuroleptiques ou « neuroleptiques typiques ». Les
neuroleptiques plus récents (ou « neuroleptiques atypiques ») sont caractérisés par des effets
extrapyramidaux moindres aux posologies thérapeutiques (Cf. § 7 Les médicaments).
2. Classification chimique
Dans la classe des neuroleptiques, la classification chimique a un intérêt car certains effets indésirables
sont liés à une classe chimique. Toutefois pour un bon maniement des neuroleptiques, la classification
clinique est plus utile (Cf. § 7 Les médicaments).
Chlorpromazine Largactil ®
Lévomépromazine Nozinan ®
Cyaménazine Tercian ®
Thioridazine Melleril ® retiré du marché le 10 janvier 2005
Propériciazine Neuleptil ®
Phénothiazines pipérazinées
Thiopropérazine Majeptil ®
Fluphénazine Moditen ®
Pipotiazine Piportil ®
Trifluopérazine Terfluzine ®
Thioxanthènes
Flupenthixol Fluanxol ®
Clopenthixol Clopixol ®
Neuroleptiques atypiques
Proche des butyrophénones
Pimozide Orap ®
Benzamides substitués
Sulpiride Dogmatil ®, Synédil ®, Aiglonyl ®
Amisulpiride Solian ®
Tiapride Tiapridal ®, Tiapride ®, Equilium ®
Sultopride Barnétil ®, Sultopride ®
Benzisoxazoles
Rispéridone Rispéridal ®
Dibenzo-oxazépines
Laxapine Loxapac ®
0 Dibenzodiazépines
Olanzapine Zypreca ®
Clozapine Leponex ®, Clozapine ®
Mécanisme d’action
Le mécanisme de l’action antipsychotique des neuroleptiques est très imparfaitement connu dans la
mesure où la physiopathologie de la schizophrénie reste elle-même du domaine des hypothèses. Selon les
hypothèses les plus généralement acceptées figurent celles de dysfonctionnements monoaminergiques
correspondant aux trois grandes catégories de symptômes observés dans la maladie schizophrénique :
Les neuroleptiques modifieraient, par leurs actions sur différents récepteurs monoaminergiques, les
équilibres perturbés au cours de la pathologie schizophrénique. Le tableau ci-dessous illustre les effets de
quelques neuroleptiques au niveau des récepteurs :
Ce tableau montre que le principal mécanisme d’action des neuroleptiques est l’inhibition des récepteurs
dopaminergiques D1 et/ou D2 , en fait il semble que les effets antipsychotiques des neuroleptiques
typiques soient considérés comme relevant d’un blocage préférentiel du récepteur D2. Pour les
neuroleptiques atypiques, d’autres récepteurs dopaminergiques sont également concernés : D3 par
exemple pour le sulpiride, D2 du système mésolimbique pour la clozapine. Il existe d’ailleurs une bonne
corrélation entre l’affinité des neuroleptiques pour le récepteur D2 (exprimé par l’IC50) et la posologie
quotidienne moyenne utilisée. Toutefois d’autres effets non liés directement à l’inhibition des récepteurs
ont été décrits :
- augmentation des métabolites de la dopamine dans le cerveau
- augmentation du nombre de récepteurs dopaminergiques
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 4
« Les neuroleptiques » - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
L’implication respective de ces différents mécanismes dans les effets précoces et tardifs des
neuroleptiques n’est pas clairement définie.
L’inhibition de ces récepteurs est également à l’origine d’un certain nombre d’effets indésirables (Cf. §
5. effets indésirables) :
- l’inhibition des récepteurs D2 au niveau nigrostriatal est responsable du syndrome parkinsonien des
neuroleptiques
- l’inhibition des récepteurs Alpha est impliquée dans l’hypotension
- l’inhibition des récepteurs muscariniques est responsable d’effets indésirables « atropine-like »
comme la sécheresse buccale
- l’inhibition des récepteurs 5HT et histaminiques est responsable de l’effet sédatif des neuroleptiques
NB : Les neuroleptiques atypiques (clozapine, rispéridone) associent l’effet antagoniste des récepteurs D2
à l’inhibition d’autres récepteurs comme les récepteurs alpha, 5 HT2.
Effets pharmacologiques
Avec les différents modèles expérimentaux permettant de tester les psychotropes, il a été montré que les
neuroleptiques sont particulièrement actifs pour supprimer les réponses conditionnées et les
comportements moteurs (jusqu’à la catalepsie – l’animal est inactif mais répond aux stimulis), de même
les neuroleptiques réduisent les comportements sociaux.
Autres effets : certains sont utiles, d’autres se rapprochent plutôt d’effets indésirables
- Renforcement de toutes les influences hypnotiques et modification de la qualité du sommeil
- Effet anti-émétique : elle est efficace sur les vomissements induits par l’irradiation, les opiacés ou
par certains anticancéreux mais pas sur le mal des transports. Il est attribué à l’inhibition des
récepteurs D2 mais aussi au blocage des récepteurs 5-HT3
- Dépression du fonctionnement des centres thermorégulateurs
- Dépression des centres modérateurs de l’appétit avec tendance boulimique
- Action favorisante sur la survenue de crise convulsivante
Indications
En Psychiatrie
- Agitation psychotique; état d’agitation majeure
5. Effets indésirables
Avec des médicaments possédant des effets aussi divers que les neuroleptiques, les effets indésirables
sont nombreux. Il est nécessaire de connaître les effets indésirables les plus fréquents (les effets
neurologiques) et de distinguer les effets indésirables selon leur degré de gravité.
Effets indésirables neurologiques
Il faut distinguer :
- Le Syndrome extrapyramidal (=syndrome neuroleptique, = syndrome parkinsonien) immédiat,
survenant au début du traitement. Il survient de préférence avec les neuroleptiques incisifs (Cf. § 7 les
médicaments), il est généralement dose dépendant et peut être antagonisé par des antiparkinsoniens
anticholinergiques. Leur usage systématique est toutefois contesté. Les principales manifestations
cliniques de ce syndrome extrapyramidal sont : hypertonie, rigidité, tremblement, salivation, diction
monotone. Elles peuvent être associées à un syndrome akinéto-hypertonique (akathisie ou
impossibilité de rester assis, tasikinésie ou impossibilité de rester immobile) : Ces dyskinésies
précoces peuvent être transitoires et régressives. Les bêta bloquants et les benzodiazépines permettent
de corriger certains effets dyskinétiques.
- Les dyskinésies tardives (ex : mouvements anormaux de la face) qui apparaissent (mais pas toujours)
après un traitement prolongé. Ces effets sont souvent invalidants et définitifs. Ils ne sont pas corrigés
par les antiparkinsoniens anticholinergiques.
6. Interactions médicamenteuses
Sultopride
Contre-indication + Antiarythmiques de classe I, Antidépresseurs imipraminiques,
bradycardisants, médicaments donnant des torsades de pointe (
amiodarone, bépridil, disopyramide, erythromycine IV, halofantrine,
pentmidine, quinidiniques, sotalol, sparfloxacine, vincamine) =: risque
majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de
pointe
Clozapine
Association déconseillée + Carbamazépine = augmentation des effets hématologiques graves
Pimozide
Contre-indication + antifongiques azolés (fluconazole, itraconazole, kétoconazole,
miconazole) , antiprotéases, delavirdine, fluoxétine, macrolides
(érythromycine, clarithromycine, josamycine), quinidine,
hydroquinidine =: risque majoré de troubles du rythme ventriculaire,
notamment de torsades de pointe
De manière générale, le choix d’un neuroleptique se fait selon les symptômes visés. Pour cela il peut être
utile de se reporter à une classification clinique des neuroleptiques qui distingue les médicaments selon
les effets thérapeutiques prévalents de chaque molécule.
SEDATIFS INCISIFS
Lévomépromazine Chlorpromazine
Halopéridol
Trifluopérazine
Thioridazine
Classification donnée par la fiche de transparence de l’Agence Française de Sécurité sanitaire des
Produits de Santé (AFSsaPS : les neuroleptiques http://afssaps.sante.fr/htm/5/indftr.htm) qui intègre les
molécules plus récentes.
A. Neuroleptiques sédatifs
halopéridol, pipotiazine, fluphénazine, trifluopérazine, tripéridol ; ils induisent des effets secondaires
surtout neurologiques (dystonie aiguë, parkinsonisme).
Capables d'agir davantage sur les symptômes psychotiques déficitaires. Ceci est le cas de divers
neuroleptiques à petites doses, en particulier du sulpiride, de l'amisulpride, de la pipotiazine.
Les neuroleptiques atypiques (thioridazine, rispéridone, sulpiride, amisulpride, clozapine) ont l'avantage
d'induire moins de symptômes parkinsoniens aux posologies thérapeutiques. Ils peuvent être
particulièrement indiqués en cas d'intolérance du fait des effets extrapyramidaux des neuroleptiques
classiques.
La clozapine occupe une place à part : en raison du risque d'agranulocytose (environ 1% des traitements),
elle est strictement réservée aux schizophrénies chroniques sévères, évoluant depuis au moins 2 ans,
résistantes (non modifiées malgré la prescription d'au moins deux neuroleptiques différents prescrits à
posologie élevée) ou aux cas d'intolérances neurologiques sévères et invalidantes aux neuroleptiques,
impossibles à corriger par un meilleur ajustement posologique ou à l'aide des médications correctives
habituelles.
Certaines molécules sont disponibles sous une forme estérifiée : il s'agit des neuroleptiques d'action
prolongée (NAP) injectables permettant de prendre le relais du traitement per os lorsque la posologie
individuelle est établie, l'effet thérapeutique constaté, ce qui nécessite plusieurs semaines ou mois. Le
choix du neuroleptique peut donc se faire dans cette perspective de mise en place d'un traitement au long
cours avec un neuroleptique retard dont les avantages sont : réduction de la quantité totale de
Eléments de pharmacocinétique
Pratiquement tous les neuroleptiques sont administrables per os ; quelques-uns le sont par voie
parentérale IM ou IV. Les formes retard sont administrables par voie IM à des intervalles de plusieurs
jours ou plusieurs semaines.
La résorption digestive des neuroleptiques (forme per os) ainsi que leur diffusion dans tout l’organisme y
compris le système nerveux central sont rapides (résorption : 2 - 4 h en moyenne), mais leur
biodisponibilité est faible et variable, il existe un effet de premier passage important expliquant la grande
variabilité des taux sanguins.
Certains neuroleptiques ont une fixation tissulaire importante (chlorpromazine).
Le métabolisme est hépatique avec une grande variabilité selon les médicaments et les patients.
L’élimination des nombreux métabolites est urinaire.
Les demi-vies d’élimination sont très variables :
- Phénothiazines : 10 à 75 heures
- Halopéridol : 16 - 35 heures
- Penfluridol : 100 - 200 heures
- Benzamide : 3 – 10 heures
8. Maniement– Contre-indications
Objectifs:
- Savoir distinguer les différents types d’anxiolytiques
- Connaître les mécanismes d’action des benzodiazépines
- Connaître les effets pharmacologiques, les effets thérapeutiques et les indications des anxiolytiques
- Savoir distinguer les benzodiazépines anxiolytiques et les benzodiazépines hypnotiques
- Connaître les effets indésirables
- Savoir expliquer les règles du bon maniement des benzodiazépines
Plan
Introduction
1. Classification
2. Les benzodiazépines
2.1. Les médicaments
2.2. Effets pharmacologiques - Mécanismes d’action
2.3. Effets cliniques - indications
2.4. Pharmacocinétique
2.5. Effets indésirables
2.6. Interactions médicamenteuses
2.7. Maniement –contre-indications
3. Les Carbamates
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
- 20-25 % de la population française utilisent des anxiolytiques (79 millions de boites en France en 1995)
- cette surconsommation est spécifique à la France comme le montrent les chiffres ci-dessous :
France 69,2
Italie 28,9
Allemagne 12,6
Royaume Uni 7,1
Une bonne connaissance de cette classe est nécessaire même pour les généralistes car ils prescrivent 85 %
des anxiolytiques (10 % par psychiatres).
La prescription des anxiolytiques doit reposer sur une analyse soigneuse de la situation clinique (30 % des
patients sont traités par des anxiolytiques pour une action autre que «tranquillisante») et doit être
régulièrement réévaluée. La prescription de ces médicaments fait l’objet d’une RMO (voir en annexe : la
fiche de transparence : les anxiolytiques).
1. Classification
Les anxiolytiques sont des médicaments de structure chimique assez variable qui ont tous en commun de
réduire ou de supprimer l’angoisse et de provoquer une sédation. Ils n’ont pas d’effet psychotique et n’ont
pas d’action antidépressive.
La classification des anxiolytiques est chimique. On distingue clairement les benzodiazépines d’une part, ils
dominent la classe par leur nombre, et les « autres » : carbamates , hydroxyzine, buspirone.
2. Les Benzodiazépines
Seules les propriétés communes à cette classe seront exposées ici.
Clotiazépam Vératran ®
Oxazépam Séresta®
Alprazolam Xanax®, Alprazolam®
Lorazépam Témasta®, Lorazépam®, Equitam®
Bromazépam Lexomil®, Anyrex®, Bromazépam®
Diazépam Valium®, forme orale et injectable
Clorazépate Tranxène ® forme orale et injectable
Clobazam Urbanyl ®
Prazépam Lysanxia®
Nordazépam Nordaz®
Loflazépate Victan®
De manière simplifiée, on peut caractériser les benzodiazépines anxiolytiques par les propriétés
pharmacologiques suivantes :
- sédative : cet effet est particulièrement utilisé dans l’indication d’hypnotique, elle donne lieu à une
réaction de rebond marquée lors du sevrage. L’effet anxiolytique et l’effet sédatif sont obtenus avec les
mêmes doses de benzodiazépines
- myorelaxante : relève d’une diminution des réflexes spinaux au niveau du cervelet. On observe une
diminution du tonus musculaire et de la coordination. Cet effet s’observe avec toutes les
benzodiazépines mais à une dose supérieure à celle nécessaire pour induire l’anxiolyse et la sédation.
- anticonvulsivante : chez l’animal, l’effet anticonvulsivant est plus marqué dans des modèles à épilepsie
pharmacologique (bicuculline, leptazole) que dans les modèles de convulsion par choc électrique. Cet
effet est obtenu pour des concentrations élevées.
Mécanismes d’action
En 1977, l’existence de récepteurs cérébraux spécifiques aux benzodiazépines était démontrée
simultanément par deux groupes. On observe une fixation spécifique et de forte affinité des benzodiazépines
pour ce récepteur. Il existe une bonne corrélation entre l’affinité des benzodiazépines pour le récepteur et
leurs effets pharmacologiques. La répartititon des récepteurs dans d’autres tissus est très faible ou inexistante
et au niveau du cerveau on observe une distribution particulière de ces récepteurs : ils sont très nombreux
dans le cortex cérébral et plus rares dans le système limbique.
Sur le plan moléculaire, le récepteur des benzodiazépines est associé à la sous-unité alpha du complexe
formé par le récepteur GABA- A /canal chlore. (Voir représentation schématique ci-dessous). Rappel : Ce
complexe est aussi le site de fixation des barbituriques.
Ce complexe est formé de plusieurs sous-unités qui fixent soit le GABA et les barbituriques, soit les
benzodiazépines. Le GABA en se fixant à son récepteur, induit une modification conformationelle du
domaine moléculaire formant le canal chlore. Par ce mécanisme, il permet l’entrée du chlore dans la cellule.
Selon leur structure, les benzodiazépines auront soit un effet agoniste, agoniste inverse ou antagoniste sur le
complexe.
Benzodiazépine antagoniste
Pas d’effet électrophysiologique, déplace les benzodiazépines de leur site de fixation de la sous-unité
alpha,
ex: Flumazépil (Anexate®), benzodiazépine antagoniste des anxiolytiques
Les effets cliniques sont parallèles aux effets pharmacologiques. S’y ajoute un effet amnésiant antérograde.
- anxiolyse
- sédation
- effet myorelaxant
- anticonvulsivant
- amnésiant
Les effets anxiolytique, sédatif et amnésiant sont mesurés par des échelles d’évaluation. et des tests
d’attention, de mémorisation ou de vigilance. L’effet myorelaxant est testé par l’enregistrement du tonus
musculaire. Il n’y a pas ou peu d’effets périphériques.
2.4. Pharmacocinétique
Certaines propriétés sont communes aux benzodiazépines comme la résorption et la distribution, par
contre chaque molécule a un métabolisme spécifique dont pour certaines la formation de métabolites actifs et
une durée d’élimination propre.
- Résorption : elle est rapide et importante (70-90%) avec toutefois une variabilité interindividuelle, en
moyenne, le Tmax est obtenu en 1 heure (sauf pour oxazépam, lorazépam qui sont résorbés plus
lentement). On peut retenir que l’effet sédatif est souvent majoré en cas de résorption très rapide.
- Distribution : la fixation aux protéines plasmatiques est généralement élevée, le volume de distribution
moyen est de 1 L/kg de poids corporel suggérant une accumulation tissulaire.
- Métabolisme : variable et complexe, dépendant des molécules. Il conduit pour certaines benzodiazépines
à la formation de métabolites actifs. Selon le nombre d’étapes du métabolisme (glucuroconjugaison
directe ou non) qui détermine leur durée d’action, on distingue deux types de composés : les
benzodiazépines à action brève et celles à action prolongée. De plus il faut retenir la présence de
métabolite actif à longue durée d’action ( la demi-vie du nordiazépam : métabolite actif du diazépam, du
prazépam et du clorazepate est de 60 heures). Le tableau ci-dessous illustre la grande variabilité des
demi-vies d’élimination des benzodiazépines.
Demi-vie (moyenne)
Clotiazépam 5 heures
Oxazépam 10 heures
Alprazolam 12 heures
Lorazépam 12 heures
Bromazépam 20 heures
Diazépam 32 heures
Clorazépate 40 heures
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 4
«Les anxiolytiques » - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
Clobazam 20-50 heures
Prazépam 65 heures
Nordazépam 65 heures
Loflazépate 77 heures
Il est nécessaire de souligner qu’en raison de son métabolisme hépatique, on observe une variation
importante des demi-vies d’élimination en fonction de l’âge comme l’illustre le tableau suivant :
Ils sont généralement peu fréquents (< 4-5 %). Ils sont en rapport avec la dose et /ou la sensibilité
individuelle
- Troubles de la vigilance : somnolence,
- Altération des performances psychomotrices : difficultés de concentration, hypotonie
- troubles de la mémoire (amnésie antérograde)
- perte de l’équilibre, sensations ébrieuses
- en cas de traitement prolongé : développement d’une tolérance et risque de dépendance physique et
psychique pouvant entraîner à l’arrêt un syndrome de sevrage (anxiété, insomnie, irritabilité, céphalées,
myalgies, épisodes confusionnels, hallucinations convulsions). Ces effets apparaissent chez 15-30 % des
patients traités depuis plusieurs semaines.
En cas de surdosage : les benzodiazépines sont nettement moins dangereuses que les antidépresseurs. Ils
induisent un sommeil prolongé mais sans dépression respiratoire, ni cardio-vasculaire sévère (sauf en cas
d’administration IV ). Par ailleurs il est possible d’utiliser le flumazénil comme antagoniste.
Pour plus de détails, voir en annexe la fiche de transparence 1999 : les anxiolytiques
Contre-indications
Surtout myorelaxant et sédatif avec peu de diminution de l’activité locomotrice. Le mécanisme d’action des
carbamates reste mal connu : il passerait également par le complexe récepteur GABA/canal chlore.
- Anxiolytique
- sédatif et myorelaxant
- effet hypnotique à fortes doses
- effet inducteur enzymatique modéré
- dépression des systèmes respiratoires et cardio-vasculaires aux doses élevées.
Comparés aux benzodiazépines, on peut considérer que les carbamates ont plutôt une efficacité
pharmacologique et clinique inférieure et une toxicité supérieure.
Indications
Méprobamate par voie orale : anxiété excessive, insomnies d’endormissement, contractures musculaires
douloureuses.
Méprobamate par voie IV : états d’agitation, delirium tremens, crises d’angoisse aiguës, prémédication
avant certains examens.
Atrium® : en raison de sa toxicité importante en cas de surdosage (en raison de l’association avec le
phénobarbital) les indications de ce médicament ont été limitées au seul sevrage alcoolique avec une durée
de traitement ne devant pas dépasser 4 semaines y compris la période de diminution de la posologie.
3.3. Pharmacocinétique
La résorption est rapide avec un Tmax moyen de 1-2 heures, la demi-vie varie de 6 à 16 heures.
Métabolisme hépatique important avec élimination des dérivés inactifs (80 %) par voie urinaire. Passage
transplacentaire et passage important dans le lait (avec taux > taux plasmatiques).
Ils sont beaucoup plus nombreux et fréquents que pour les benzodiazépines.
- Somnolence diurne (surtout en début de traitement)
- Tolérance lors d’un traitement prolongé avec dépendance et syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal du
traitement
- Plus rarement : éruptions cutanées allergiques, nausées, vomissements, céphalées, vertiges, ataxie,
troubles de l’accommodation
- Atteintes hépatiques (surtout si le traitement est prolongé)
Savoir que de nombreuses spécialités comportent des carbamates dans des indications sans rapport avec
l’anxiété : exemple : excitabilité cardiaque (Palpipax ®), syndrome prémenstruel (Précyclan Léo ®).
Pour plus de détails sur le maniement des carbamates dans l’indication de l’anxiété, voir en annexe la fiche
de transparence 1999 : les anxiolytiques
Contre-indications
insuffisance respiratoire, porphyries, grossesse au premier trimestre et allaitement.
L’Hydroxyzine est un anxiolytique peu utilisé sauf en cas de manifestations mineures de l’anxiété. C’est un
antihistaminique de type H1 qui a également des effets cholinergiques. L’Hydroxyzine est sédative et
anxiolytique mais son efficacité est peu documentée. Elle n’induit pas de dépendance mais on observe un
syndrome de sevrage à l’arrêt du traitement. Elle est indiquée dans le traitement des anxiétés excessives mais
aussi comme les antihistaminiques H1 dans les réactions allergiques avec prurit, éruptions cutanées et
urticaires cholinergiques.
Sa pharmacocinétique est caractérisée par une résorption digestive rapide avec un Tmax en 15 –30 min., un
métabolisme complet, une demi-vie de 6 - 8 heures.
Ses effets indésirables sont : somnolence diurne, effets atropiniques surtout à fortes doses, troubles oculaires
avec augmentation de la pression intra-oculaire et risque de poussées aiguë de glaucome.
Contre-indications : glaucome, grossesse au cours du premier trimestre et allaitement
Buspirone
Buspirone Buspar ®
C’est un anxiolytique agoniste 5HT1 mimant les effets inhibiteurs de la sérotonine avec diminution des
récepteurs 5HT2 dans le cortex cérébral. Il a aussi des effets sur les récepteurs de la dopamine, mais les
effets anxiolytiques sont liés au récepteur 5HT1. Chez l’animal, il n’a pas d’effet sédatif, ni myorelaxant, ni
anticonvulsivant.
En clinique, l’effet anxiolytique est comparable à celui des benzodiazépines mais avec un délai d’action de 1
à 3 semaines. Il n’y a pas d’effet sédatif, ni myorelaxant, ni anticonvulsivant. Il n’entraîne aucune
dépendance, ni réaction de sevrage à l’arrêt du traitement.
Indications : anxiété excessive (traitement d’une durée maximale de 12 semaines)
4.3. Pharmacocinétique
Ils sont plutôt rares et généralement transitoires : nausées, vomissements, gastralgie , céphalées, vertiges,
sensations ébrieuses
Pour plus de détails, voir en annexe la fiche de transparence 1999 : les anxiolytiques
4.7. Contre-indications
Objectifs:
- Savoir distinguer les différents types d’hypnotiques
- Connaître les effets des hypnotiques sur le sommeil
- Savoir distinguer les benzodiazépines hypnotiques et les benzodiazépines anxiolytiques
- Connaître les effets indésirables
- Savoir expliquer les règles du maniement des hypnotiques
Plan
Introduction
1. Définition
2. Les benzodiazépines
3. Les apparentés aux benzodiazépines
4. Les antihistaminiques H1
5. Maniement général des hypnotiques
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
0. Définition
Médicaments qui permettent aux insomniaques de dormir
Les troubles du sommeil sont un motif fréquent de plainte : difficulté d’endormissement (délai de plus
de 30 min.), sommeil entrecoupé de réveils, sommeil non réparateur… La prescription de
médicaments hypnotiques doit être évaluée et ne doit pas être la réponse médicale systématique à une
plainte d’insomnie.
Quelques rappels sur le sommeil et l’insomnie sont utiles à une bonne compréhension de la
pharmacologie des hypnotiques :
L’insomnie n’est pas une maladie mais un symptôme aux contours très variables dans ses formes et
dans le temps ; elle peut être : occasionnelle, transitoire ou chronique. De nombreux facteurs peuvent
occasionner une insomnie :
Il faut souligner la difficulté de définir la qualité du sommeil par le patient lui-même car l’avis est très
subjectif comme illustré ci-dessous. Les données d’une étude clinique sur la qualité du sommeil
montrent les différences entre « bons » et « mauvais » dormeurs.
1. Les benzodiazépines
1-4 benzodiazépine
Flunitrazépam Noriel®, Rohypnol®
Nitrazépam Mogadon®
Lormétazépam Noctamide®
Témazépam Normison®
Triazolo-benzodiazépine
Estazolam Nuctalon®
Triazolam Halcion®
Imidazolo-benzodiazépine
Loprazolam Havlane®
Chimiquement, ces médicaments appartiennent aux mêmes familles que les benzodiazépines prescrites
comme anxiolytiques .
Pharmacologie clinique
Ces effets sont susceptibles de s’estomper avec la durée du traitement et correspondent à un effet de
tolérance.
- Modification de l’organisation du sommeil lent :
stade I : augmentation ou diminution ;
stade II : augmentation aux dépends du stade III et stade IV surtout qui peut être absent.
sommeil paradoxal : augmentation de la latence d’apparition et diminution de la durée totale.
En cas d’arrêt brutal des benzodiazépines : on observe une augmentation du sommeil paradoxal ce qui
correspond à un phénomène de rebond.
Pharmacocinétique
Elle est caractérisée par plusieurs points importants qui permettent de distinguer les benzodiazépines
anxiolytiques des benzodiazépines hypnotiques :
- vitesse de résorption rapide avec pic plasmatique atteint en 30 à 120 min.
- action relativement courte pour diminuer l’effet résiduel, cette action courte est la résultante d’une
demi-vie relativement courte.
Ces valeurs sont à comparer avec les demi-vies des benzodiazépines anxiolytiques qui sont en
moyenne de 50 heures :
- Elimination urinaire sous forme de métabolites glycuroconjugués inactifs
- Passage transplacentaire et dans le lait maternel
Effets indésirables
Mêmes effets indésirables que les benzodiazépines anxiolytiques. Se reporter au chapitre "les
Anxiolytiques". Il faut rappeler que ces effets sont en rapport avec la posologie et/ou la sensibilité
individuelle.
Certains doivent plus particulièrement être pris en compte dans cette indication :
- amnésie rétrograde
- réactions paradoxales (plus particulièrement avec le triazolam mais aussi avec le Flunitrazépam)
- dépendance physique et psychique en cas de traitement prolongé (facteur important de
surconsommation, 40 millions de boites/an en France) pouvant entraîner à l’arrêt un syndrome de
sevrage (anxiété, insomnie, irritabilité, céphalées, myalgies)
- tolérance
Interactions médicamenteuses
De manière générale, il faut considérer que tous les hypnotiques sont des dépresseurs du système
nerveux central et peuvent, en association avec un autre dépresseur du système nerveux central
(notamment un dérivé morphinique) ou de l’alcool, entraîner une majoration de l’effet sédatif.
Triazolam
Maniement- Contre-indications
- Des troubles du comportement ont été décrits : ils sont importants s’il y a augmentation des doses
ou lors d’un réveil inopiné, le risque de syndrome de sevrage est très important.
- rapport bénéfice/risque moindre qu’avec les autres benzodiazépines.
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 4
« Les Hypnotiques » - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
- Durée maximale de prescription: 2 semaines (RMO).
- Myorelaxant ;
- Hypnosédatif ;
- Anticonvulsivant chez l’animal.
Mécanisme d’action
La zopiclone facilite la transmission gabaergique. Les techniques de liaison au récepteur ont montré
que la zopiclone déplace les benzodiazépines fixées sur le complexe GABAA-canal Cl. En fait, des
études plus poussées ont permis de définir que cette molécule se fixe soit sur un site distinct de celui
des benzodiazépines, soit induit des modifications conformationelles du complexe qui sont différentes
de celles des benzodiazépines.
Pharmacologie clinique
- Hypnotique sans effet myorelaxant, ni anticonvulsivant
- Effets dose-dépendants chez les volontaires sains.
- Peu de perturbations de la physiologie du sommeil
Diminution de la latence du sommeil,
diminution du nombre de réveils,
augmentation de la durée et de la qualité du sommeil avec une efficacité comparable à celle des
benzodiazépines.
Diminution latence stade I, pas d’effet sur stade II, stades III et IV : tendance à l’augmentation.
Pas d’effet sur le sommeil paradoxal.
- Tolérance et rebond : la tolérance ne semble pas apparaître mais il existe une possibilité de rebond
(rare)
- Dépendance ( dépend de la durée du traitement et de la dose).
Pharmacocinétique
Résorption supérieure à 95%, demi-vie plasmatique de 3,5 à 6 heures, volume de distribution de 100
l/kg, biodisponibilité de 80%, pratiquement complètement métabolisé par le foie (d’où la possibilité
d’un allongement de la demi-vie en cas d’insuffisance hépatocellulaire). Passe le placenta et dans le
lait maternel.
Effets indésirables
- Dépendance
- Goût métallique dans la bouche, amertume
- Amnésie rétrograde
Plus rarement :
Mécanisme d’action
Le zolpidem agit également au niveau de la transmission gabaergique mais à un site différent de celui
des benzodiazépines et de la zopiclone.
Pharmacologie clinique
- hypnotique sans effet myorelaxant, ni anticonvulsivant (aux doses utilisées chez l’homme)
- peu de perturbations de la physiologie du sommeil :
diminution de la latence du sommeil,
diminution du nombre de réveils,
augmentation de la durée et de la qualité du sommeil avec une efficacité comparable à celle des
benzodiazépines.
Diminution latence stade I, pas d’effet sur stade II, stades III et IV : tendance à l’augmentation.
Pas d’effet sur le sommeil paradoxal.
- Tolérance et rebond : la tolérance ne semble pas apparaître mais il existe une possibilité de rebond
(rare)
- Dépendance (dépend de la durée du traitement et de la dose).
Pharmacocinétique
Résorption rapide : 0,5 et 3 h .Entièrement métabolisé par le foie . Passe le placenta et dans le lait
maternel.
Effets indésirables
Bien toléré en général, mais certains effets persistent avec une faible fréquence (< 5%)
- Dépendance
- Amnésie rétrograde,
- Dépendent de la sensibilité du patient,
- Episodes confusionnels, troubles de la perception visuelle, céphalées, cauchemars,
- Rarement : rebond, insomnie.
Interactions médicamenteuses
Précaution d’emploi + rifampicine = diminution des concentrations plasmatiques et de
l’efficacité du zolpidem.
Phénothiazines (seules)
Doxylamine Donormyl ®
Aliménazine Théralène®
Niaprazine Nopron®
Pharmacologie expérimentale
Mécanisme d’action
Inhibiteur compétitif de l’histamine au niveau des récepteurs H1 mais aussi activité anticholinergique
(effet antiémétique), anesthésique locale et faible antagoniste des récepteurs alpha.
Pharmacologie clinique
- Sédation,
- Effet sur le sommeil : diminution du nombre de réveils, augmentation de la durée totale du réveil,
surtout aux stades III et IV, sommeil paradoxal plus ou moins modifié.
- Antitussif (H1),
- Antiémétique (péristaltisme H1),
- Pas de dépendance, pas d’amnésie rétrograde,
Pharmacocinétique
Résorption supérieure à 80%, rapide mais biodisponibilité réduite (25%) par un premier passage
hépatique important, Demi-vies plasmatiques longues entraînant un effet résiduel important :
Effets indésirables
- Effets résiduels, entraînant une somnolence diurne, effet atropinique : sécheresse buccale,
constipation.
- Excitation chez le nouveau-né et l’enfant si surdosage
- Risque de photo-sensibilisation
Maniement – Contre-indications
Pour les règles de maniement voir la Fiche de transparence Prescription des hypnotiques et
anxiolytiques: dans le chapitre précédant.
Objectifs:
- Connaître les concepts biologiques qui sont à la base des traitements antidépresseurs
- Savoir distinguer les différents types d’antidépresseurs
- Connaître les mécanismes d’action des différentes classes d’antidépresseurs
- Pour chaque classe d’antidépresseur (ou le cas échéant pour un médicament donné) connaître
la propriété pharmacocinétique utile en prescription
- Connaître les effets indésirables graves
- Connaître les contre-indications (par interactions médicamenteuses ou de prescription)
Plan
Introduction
1. Modèles pharmacologiques – evaluation clinique
2. Classification – Les médicaments
3. les antidépresseurs imipraminiques
4. les IMAO
5. Les Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
6. les antagonistes de la recapture de la NA et 5Ht
7. les autres antidépresseurs
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
La classe pharmacologique des antidépresseurs reste très hétérogène tant au niveau des mécanismes
d’action qu’au niveau des effets indésirables ; la différentiation entre les produits d’une même famille
reste toujours difficile. Le rapport efficacité /tolérance reste l’élément principal dans le choix d’un
antidépresseur.
Les propriétés pharmacologiques des premiers antidépresseurs ont contribué à la mis en place d’une
théorie biochimique de la dépression. La dépression serait la conséquence d’un déficit fonctionnel des
neurotransmetteurs noradrénaline et sérotonine. Le site précis de ce déficit n’est pas clairement défini.
Lors d’épisodes dépressifs, la neurotransmission aminergique est diminuée, offrant ainsi aux
thérapeutes une corrélation anatomo-clinique de la dépression. Cependant d’autres grands systèmes de
neurotransmission sont impliqués de façon plus ou moins partielles dans la dépression, citons le
système cholinergique, le système GABA-ergique, le système dopaminergique, les récepteurs N-
méthyl-D-aspartate (NMDA).
La biologie de la dépression n’est pas simple et tous les mécanismes d’action des antidépresseurs ne
sont pas encore élucidés. Toutefois ces hypothèses ont permis de proposer différentes possibilités
d’augmenter les taux de neurotransmetteurs, par une intervention pharmacologique comme :
- inhibition de la dégradation des neurotransmetteurs
- inhibition de la recapture des neurotransmetteurs
Antidépresseurs imipraminiques
Clomipramine Anafranil®
Imipramine Tofranil®
Amoxapine Défanyl®
Amitriptyline Elavil® ,Laroxyl®
Opipramol Insidon®
Maprotiline Ludiomil®
Desipramine Pertofran®
Dosulepine Prothiaden®
Doxepine Quitaxon®, Sinéquan®
Trimipramine Surmontil®
La découverte des 2 formes A et B de la monoamine oxydase, différant l’une de l’autre par l’affinité
de la forme A pour la NA et la 5HT et de la forme B pour la dopamine (DA), a conduit aux inhibiteurs
sélectifs et réversibles de la monoamine oxydase A. On distingue ainsi, le moclobemide et la
toloxatone. Ces caractères réversibles et sélectifs différencient ces nouveaux produits des anciens
IMAO.
La notion de sélectivité d’effet sur un neurotransmetteur est apparue avec les inhibiteurs spécifiques
de la recapture de la sérotonine ( 5-hydroxytryptamine ou 5HT). Les essais cliniques de phase III
ont démontré pour ces nouvelles molécules une efficacité équivalente aux antidépresseurs de première
génération et une meilleure sécurité, notamment en cas de surdosage.
Pour ce qui est des derniers antidépresseurs connus, il est clair que leur effet thérapeutique résulte
d’une action simultanée sur plusieurs grands systèmes de neurotransmission. Ainsi la mirtazapine, le
milnacipran et la venlafaxine agissent à la fois sur les voies noradrénergiques et sur les voies
sérotoninergiques.
3. Antidépresseurs imipraminiques
3.1. Mécanismes d’action
Les effets immédiats de ces molécules seraient dus au blocage de la recapture de la noradrénaline
(NA) et de la sérotonine (5HT) sans effet sur les autres étapes du devenir des amines (synthèse,
stockage et libération). Toutefois d’autres effets ont été décrits : inhibition de la recapture de la
Dopamine, effet sur les récepteurs histaminergique et muscarinique. L’utilité de la sélectivité
NA/5HT a été longtemps discutée pour le choix des molécules en clinique mais elle reste à valider
bien qu’il y ait une relation entre l’amélioration de l’humeur et 5HT et que l’activité psychomotrice
soit liée à la noradrénaline. Par ailleurs comme le montre le tableau ci-dessous, la discussion sur la
relation entre le mécanisme d’action et les effets cliniques est compliquée par l’existence de
métabolites actifs dont les profils pharmacologiques sont souvent différents de ceux de la molécule
mère.
Ils sont considérés (avec les IMAO) comme les plus efficaces, notamment dans les dépressions
endogènes. Si la dose est bien adaptée, ils sont efficaces chez 70% des patients. Les antidépresseurs
tricycliques sont en règle considérés comme les traitements de référence dans les essais de phase III.
Il est important de savoir que leur effet antidépresseur est long à se mettre en place (15-20 jours). Dans
les premiers jours du traitement apparaissent :
- sédation
- confusion
- diminution de la coordination motrice
Selon les molécules l’effet antidépresseur est dominé soit par l’effet sédatif, soit par un effet
psychotonique. Le choix se faisant en fonction de la symptomatologie du patient.
Indications
Ce sont les états dépressifs de toutes natures, mélancolique ou névrotique, sachant que le caractère
endogène de la dépression est classiquement décrit comme facteur prédictif d’une bonne réponse au
traitement. Aujourd'hui, les imipraminiques restent la référence dans la prise en charge des
dépressions sévères.
3.3. Pharmacocinétique
La pharmacocinétique des imipraminiques est complexe et très variable d’un molécule à l’autre. De
manière générale, on peut tout de même retenir les points suivants :
- bonne résorption
- très forte fixation aux protéines plasmatiques (80-95%)
- volume de distribution élevé (10-50 L/kg de poids corporel)
- métabolisme par N-deméthylation avec formation de métabolites actifs
- demi-vies prolongées (voir quelques exemples ci-dessous) permettant souvent une seule prise
quotidienne.
- Il existe un passage transplacentaire et dans le lait maternel.
IMIPRAMINIQUES T ½ Substance-mère
Clomipramine ?
Imipramine 9 – 20 h
Amoxapine 7,7 h
Amitriptyline 24
Opipramol 23 h
Maprotiline 27 – 58 h
Desipramine 22 h
Dosulepine 30 h
Trimipramine 24 h
C’est souvent sur le profil des effets indésirables que va se faire le choix d’un antidépresseur.
Pour les imipraminiques, les effets indésirables sont fréquents, ils sont souvent bénins, ne nécessitant
que rarement l’arrêt complet du traitement.
On distingue :
- Les effets neuropsychiques : Des réactivations anxieuses ou délirantes sont possibles, ainsi qu’une
inversion trop rapide de l’humeur pouvant conduire à un état maniaque. Classiquement, on décrit
la levée de l’inhibition comportementale (plus rapide que l’amélioration de l’humeur dépressive)
majorant le risque suicidaire et pouvant nécessiter une co-thérapie, aujourd’hui non standardisée
- Les effets atropiniques : C’est le pendant des propriétés anticholinergiques des antidépresseurs
tricycliques. La sécheresse buccale est fréquente (le sulfarlem est parfois nécessaire) ainsi que la
constipation par diminution de la motilité intestinale. Au niveau oculaire, mydriase et troubles de
l’accommodation sont décrits. La dysurie avec risque de rétention urinaire sur obstacle peut être
observée.
- Les effets endocriniens : Les troubles de la sexualité seront imputés avec prudence aux
antidépresseurs car ils font partie de la symptomatologie dépressive. Cependant les baisses de la
libido ou des défauts d’érection en cours de traitement sont bien décrits. Des dysménorrhées, une
hyperprolactinémie, une prise de poids et des mastodynies sont décrites.
- Les troubles hématologiques sont exceptionnels. Des rashs cutanés allergiques, des réactions
anaphylactiques aux sulfites contenus dans certaines formes injectables, des hépatites
choléstatiques sont possibles.
Elles sont nombreuses et relèvent généralement des associations déconseillées et des précautions
d’emploi mais certaines sont des Contre- indications (celles ci - doivent être connues en raison du
risque de syndrome sérotoninergique):
Contre- indications + IMAO non sélectifs = syndrome sérotoninergique qui se manifeste par
l’apparition (éventuellement brutale) d’un ensemble de symptômes
pouvant entraîner le décès : agitation, confusion, hypomanie, hypo ou
hypertension, tachycardie, myoclonies, tremblements, rigidité,
hyperactivité)
+ sultopride = risque majoré de troubles du rythme
Contre-indications :
Les plus absolues sont représentées par les troubles sévères de la conduction cardiaque, le glaucome
par fermeture de l’angle, les hypertrophies et adénomes prostatiques, l’hypersensibilité à l’un des
produits.
L’association aux IMAO non sélectifs est contre-indiquée, la règle étant de respecter un intervalle de
15 jours après l’arrêt des IMAO (inversement, un intervalle de 5 jours est suffisant pour passer des
antidépresseurs tricycliques aux IMAO).
On distingue ainsi 2 types d’IMAO utilisés comme antidépresseurs: les IMAO non sélectifs et les
IMAO-A
Ces groupements se fixent de manière covalente sur l’enzyme, il en résulte une inhibition non
compétitive, irréversible et de longue durée (environ plusieurs semaines). Les IMAO ne sont pas
particulièrement spécifiques de cette enzyme et inhibent plusieurs enzymes du métabolisme d’où la
possibilité d’interactions médicamenteuses.
Les inhibiteurs de la MAO produisent une augmentation rapide et prolongée de la 5 HT (+++), de la
NA (++) et de DA ( +) dans le cerveau. Cette augmentation existe aussi dans d’autres tissus comme le
cœur, le foie et l’intestin ainsi que dans le plasma.
En fait cette augmentation est largement liée à l’accumulation dans les neurones, il n’y a pas de
réglage de neurotransmetteurs en réponse à l’augmentation de l’activité nerveuse, pas non plus
d’effets au niveau des vésicules de stockage. L’augmentation de ce pôle cytoplasmique induit
indirectement une augmentation du relargage d’amines sympathomimétiques comme la tyramine (ex :
chez les animaux traités par IMAO, la tyramine provoque une augmentation importante de la pression
artérielle – voir effet « cheese reaction ».§ maniement).
- euphorie
4.1.3 Pharmacocinétique
Mal connue.
Les effets indésirables sont liés essentiellement au blocage de la dégradation des catécholamines,
notamment périphériques : Les hypotensions orthostatiques sont fréquentes, les accès hypertensifs
soudains sont décrits, notamment en cas de prise alimentaire de tyramine. Des troubles neurologiques
comme des polynévrites, des convulsions, sont possibles. Des hépatites fulminantes sont à l’origine du
retrait du marché de la plupart des IMAO de type hydrazide. En cas d’anesthésie générale, un délai
de quinze jours doit être respecté. Les aliments riche en tyramine sont interdits pendant le traitement,
ainsi que l’association à d’autres médicaments.
Les Contre- indications sont nombreuses et compliquent le maniement de cette classe (celles ci -
doivent être connues, risque de syndrome sérotoninergique):
- Ne pas associer aux aliments riches en tyramine et tryptophane. (fromage « cheese effect »,
choux,), ni caféine (risque crise hypertensive)
- Effets inhibiteurs prolongés même après arrêt du traitement.
- Interactions médicamenteuses
- Mise en garde du malade contre automédication en raison des interactions
- Contrôles réguliers pression artérielle, fonction rénale, fonction hépatique.
Contre-indications
insuffisance hépatique, phéochromocytome, grossesse, insuffisance cardiaque décompensée
4.2.2 Pharmacocinétique
- Troubles digestifs
- Vertiges, céphalées
- Hépatites sévères (exceptionnelles)
- Levée de l’inhibition psychomotrice
5.3. Pharmacocinétique
Effets indésirables très divers et propres à chaque molécule : en résumé on peut retenir :
Elles sont à connaître, les IRSS étant capables d’interagir avec des médications concomitantes, selon
les mécanismes suivants :
Lors d’un changement de classe respecter un intervalle sans traitement suffisant pour limiter les
interactions médicamenteuses :
- passage d’un IMAO non sélectifs (ou de type B) vers les IRSS : 15 jours
- passage d’un IRSS vers un IMAO non sélectifs (ou de type B) : 7 jours ( 5 semaines pour la
fluoxétine)
Contre-indications
- Associations médicamenteuses
- Grossesse et allaitement : innocuité non établie
Les surdosages observés n’ont jamais entraîné de décès. Aucune cardiotoxicité n’a été observée.
Il est recommandé de réduire la posologie en cas d’insuffisance rénale.
La venlafaxine :
Cette molécule inhibe la recapture à la fois de la sérotonine et de la NA, mais ses effets
sérotoninergiques sont moins importants que ceux des IRSS.
Demi-vie d’élimination de 11 heures. Le métabolisme de la venlafaxine donne naissance à un
métabolite actif (le O-demethyl-venlafaxine.
Les effets indésirables principaux sont : nausées, somnolence, insomnie.
7.3. Pharmacocinétique :
Très variable et spécifique à chaque molécule
Rares ou assez rares, ils sont de type gastriques ( gastralgies, nausées, sécheresses buccale) ou
neuropsychiques.
Certains effets spécifiques mais graves doivent être connus :
- miansérine : agranulocytose (impose l’arrêt immédiat et définitif du traitement)
- tianeptine : hépatite (impose l’arrêt immédiat du traitement)
Interactions médicamenteuses
--------------------------------------------------------------
Objectifs:
Pour le lithium
- Connaître les effets cliniques et les indications
- Connaître la pharmacocinétique du lithium et savoir en expliquer les conséquences
- Connaître les effets indésirables
- Connaître les contre-indications (par interactions médicamenteuses ou de prescription)
- Connaître les règles de maniement du lithium et en particulier le suivi thérapeutique
Pour la carbamazépine
- Connaître les effets cliniques et les indications
- Connaître l’effet inducteur et savoir en expliquer les conséquences
- Connaître les effets indésirables
- Connaître les contre-indications (par interactions médicamenteuses ou de prescription)
- Connaître les règles de maniement et en particulier le suivi thérapeutique
Plan
Introduction
1. Le lithium
1.1 Les sels de lithium
1.2 Effets pharmacologiques – mécanisme d’action
1.3 Pharmacocinétique
1.4 Effets thérapeutiques – indications
1.5 Effets indésirables – contre-indications
1.6 Interactions médicamenteuses
1.7 Maniement
2 La carbamazépine
2.1 Effets pharmacologiques – mécanisme d’action
2.2 Pharmacocinétique
2.3 Effets thérapeutiques - indications
2.4 Effets indésirables – contre-indications
2.5 Interactions médicamenteuses
2.6 Maniement
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
1. Le lithium
C’est en 1954, que Schou, un psychiatre danois montre que les patients sous lithium ont moins de
rechute de leur maladie maniaco dépressive. Dans cette indication, le lithium est le médicament le plus
actif dont on dispose, il est capable de corriger une maladie mentale bien décrite et de permettre une
activité professionnelle ou familiale normale. Cette pathologie n’est pas exceptionnelle : le traitement
par le lithium est généralement démarré en milieu spécialisé, mais le suivi au long cours peut-être du
domaine du généraliste qui doit connaître les règles du maniement de ce médicament.
Deux sels de lithium sont utilisés en France. La quantité de lithium varie selon le sel utilisé et la forme
galénique comme l’illustre le tableau suivant :
Il n’y a pas vraiment de modèle animal reproduisant la maladie maniaco-dépressive. Par ailleurs à
doses « normales », il n’y a pas d’effet pharmacologique chez l’animal. A doses plus élevées on
observe un effet sédatif chez le cobaye. Sur les modèles expérimentaux d’agressivité ou d’hyper
excitabilité, le lithium a un effet tranquillisant.
Le mécanisme d’action du lithium reste un sujet de recherche. Il a été montré que le lithium prend la
place du Na+ dans plusieurs mécanismes de transport du Na+ au niveau des membranes cellulaires.
Toutefois au niveau de la pompe Na+ K+ ATPase, on observe un effet inhibiteur du à la lente
dissociation du lithium.
Différents effets ont été décrits au niveau du SNC aussi bien au niveau des neurotransmetteurs que des
récepteurs :
Une inhibition de la voie des inositols phosphates a également été démontrée. Elle empêche la
reconstitution du stock membranaire d’IP3 avec comme conséquence des modifications du
comportement électrophysiologique des membranes cellulaires.
Distribution :
Il n’y a pas de liaison aux protéines plasmatiques. Le lithium présente un volume de distribution peu
élevé (0,8 l/kg en moyenne). Les concentrations dans le SNC restent inférieures à celle mesurée dans
le plasma car le lithium passe assez mal la barrière hémoencéphalique et l’on observe un décalage du
Tmax. Le lithium passe dans le placenta et dans le lait maternel.
Métabolisme et excrétion :
Il n’y a pas de métabolisme. La voie prédominante d’excrétion est le rein (95 %) avec une
réabsorption tubulaire de 75% qui suit celle du Na+. Par contre dans la partie distale du tubule, le
lithium semble exercer un effet inhibiteur de la réabsorption du Na+.. Le schéma ci-dessous replace les
différents sites de réabsorption et d’élimination du sodium aux quels peuvent être superposés ceux du
lithium :
Li +
Li +
Li +
Li +
Contre-indications
Absolues :
- Comprimé à 250 mg : Hypersensibilité ou intolérance au gluten, en raison de la présence
d’amidon de blé (gluten)
- Femme qui allaite (Cf. § maniement : Grossesse et Allaitement)
Relatives :
- Insuffisance rénale, à moins de pouvoir exercer une surveillance très stricte et très régulière de la
lithiémie.
- Au cours du traitement par les diurétiques, au cours des régimes désodés et, de façon générale, lors
de toute déplétion hydrosodée, il est déconseillé de prescrire des sels de lithium en raison du
risque de réabsorption tubulaire accrue, sauf cas particulier.
- AINS, carbamazépine, diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, inhibiteurs des
récepteurs de l’angiotensine II et neuroleptiques : cf. Interactions.
L’index thérapeutique du lithium est très étroit : 0,5 mmol/l à 0,80 mmol/l
La posologie doit être individualisée pour chaque malade selon les concentrations sanguines (Cf. suivi
thérapeutique) et la réponse clinique. Les doses nécessaires pour maintenir la lithiémie active varient
selon les individus. Il faut la stabiliser au plus faible taux efficace.
Surdosage
Les signes les plus fréquents d’un surdosage sont les nausées, le tremblements, la soif et les troubles
de l’équilibre. En cas d’apparition de ces signes, il est nécessaire de surveiller la lithiémie et d’adapter
le traitement.
En cas d’intoxication grave, les principaux signes sont cardiovasculaires, avec perturbation de l’ECG
et neurologiques : vertiges, troubles de la vigilance, hyperréflexie puis coma vigile.
L’apparition de ces symptômes nécessite :
- l’arrêt immédiat du traitement,
- le contrôle en urgence de la lithiémie,
- L’augmentation de l’excrétion du lithium par alcalinisation des urines, diurèse osmotique
(mannitol) et adjonction de chlorure de sodium.
Suivi thérapeutique
L’adaptation posologique se fait sur la base d’un suivi thérapeutique répondant à différentes règles :
La concentration minimale efficace doit être mesurée à un horaire qui diffère selon la forme
pharmaceutique administrée :
- avec Téralithe 250 mg comprimé (forme à libération immédiate), la concentration plasmatique
minimale efficace se situe le matin, c’est-à-dire 12 heures après la dernière prise de la veille au
soir, et juste avant la première prise du jour;
- avec Téralithe LP 400 mg comprimé (forme à libération prolongée), la concentration plasmatique
minimale efficace se situe le soir, c’est-à-dire 24 heures après la dernière prise unique de la veille
au soir, et juste avant la prise unique du soir.
En cas de taux sériques insuffisants, la dose est augmentée par palier. Une fois la lithiémie efficace
atteinte, les dosages sanguins sont effectués toutes les semaines pendant le premier mois, puis tous les
mois pendant le premier trimestre, puis tous les deux mois.
Chez le sujet âgé, les posologies initiales et d’entretien doivent être plus basses et augmentées plus
progressivement.
Au cours du traitement :
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 6
« Les thymorégulateurs » - M. Grima - Mise à jour : janvier 2005
- Assurer le maintien du taux sérique de lithium comme indiqué pour chacune des 2 formes
pharmaceutiques
- Ne pas modifier les apports sodés
- Il est indispensable d’expliquer le principe du traitement au malade car l’équilibration de la
lithiémie est impossible sans la régularité des prises et la rigueur des contrôles
- Eviter les boissons alcoolisées.
Grossesse et allaitement:
- Chez l’animal le lithium possède un potentiel tératogène (malformations cardio-vasculaires).
- Sa prescription chez la femme en âge de procréer doit obéir à des règles de sécurité : Plusieurs
études confirment la possibilité d’un effet malformatif, réel mais faible, du lithium, touchant
essentiellement le cœur et les gros vaisseaux.
- Il existe un risque de déséquilibre du traitement au 3e trimestre et après l’accouchement.
- Chez le nouveau-né de mère traitée, on rapporte des cas d’hypotonie, de difficulté de succion et
d’hypothermie on .s’assurera, par un test de grossesse que la femme en âge de procréer n’est pas
enceinte.
Par conséquent, chez une femme en âge de procréer des moyens efficaces de contraception seront
instaurés. Cependant, chez une femme souhaitant un enfant et par ailleurs, bien équilibrée par le
lithium, une conception n’est pas formellement à proscrire dans la mesure où un diagnostic anténatal
par échographie cardiaque fœtale est possible. Il est souhaitable de contrôler plus fréquemment la
lithiémie maternelle tout au long de la grossesse et en particulier au 3e trimestre de gestation.
D’autre part, il est indispensable de ne pas modifier les apports sodés au cours de cette période et
d’éviter tout traitement diurétique associé. Dans la mesure du possible, il est souhaitable de diminuer
les posologies, voire d’arrêter momentanément le traitement dans la semaine qui précède
l’accouchement pour éviter l’imprégnation du nouveau-né.
- Chez ce dernier, il est justifié de pratiquer une lithiémie à la naissance et une surveillance de la
fonction cardiaque.
Allaitement : Contre-indiqué en raison d’un passage variable du lithium dans le lait maternel et
d’effets rapportés chez le nouveau-né (hypotonie, hypothermie, cyanoses).
2. La carbamazépine
La carbamazépine est également utilisée comme anticonvulsivant (Cf. Chapitre « Les
anticonvulsivants »).
Le mécanisme d’action de ses effets thérapeutiques reste mal connu ; in vitro, la carbamazépine
bloque l’influx de Ca2+ induit par l’AMPc ; c’est aussi un antagoniste des récepteurs à l’adénosine.
En pharmacologie expérimentale, les effets observés sont :
- sédation
- effet anticonvulsivant dans les modèles de convulsion par choc électrique; moindre efficacité dans
les modèles de convulsion chronique.
2.2. Pharmacocinétique
- Prévention des rechutes de psychose maniaco-dépressive, notamment dans les cas rebelles ou
lorsque l’utilisation des sels de lithium est contre-indiquée.
- Effet anticonvulsivant (efficacité comparable à celle de la phénytoïne, Cf. Chapitre des
anticonvulsivants).
- Sédatif.
- Effet antinévralgique. ( traitement des névralgies faciales)
- Effet antidiurétique.
2.6. Maniement
Suivi thérapeutique
L’adaptation posologique se fait sur la base d’un suivi thérapeutique (concentration minimale efficace
mesurée juste avant la prise). Fourchette thérapeutique : l’activité thérapeutique est généralement
observée pour des concentrations plasmatiques de 4 à 10mg/l. Les réactions toxiques sont observées
au dessus de 15 mg/l.
Précautions d’emploi
Elles sont nécessaires dans certains terrains particuliers :
- Affections hépatiques : bilan hépatique préalable puis surveillance hépatique
- Insuffisance cardiaque
- Personne âgée
Un bilan hématologique préalable doit être fait puis une surveillance régulière est poursuivie.
-------------------------------------------------
Item 235 : Epilepsie de l'enfant et de l'adulte : argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi
du patient
Objectifs:
- Connaître les mécanismes d’action des anticonvulsivants
- Connaître les propriétés pharmacocinétiques qui jouent un rôle dans le maniement des
anticonvulsivants
- Comprendre le rôle de la relation entre concentration plasmatique et les effets cliniques et les
indications
- Connaître les principaux effets indésirables
- Connaître les interactions médicamenteuses et plus particulièrement les contre-indications (par
interactions médicamenteuses ou de prescription)
- Connaître les règles de maniement des anticonvulsivants au cours de la grossesse
PLAN
Introduction
1. Les modèles expérimentaux
2. Les médicaments
3. Mécanisme d’action et effets pharmacologiques
4. Pharmacocinétique
5. Pharmacologie clinique -Effets thérapeutiques- Indications
6. Effets indésirables
7. Interactions médicamenteuses
8. Maniement – Contre-indications
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information importante (à connaître)
• Information complémentaire
Modèles génétiques
- Animaux à crises récurrentes spontanées : rats présentant des absences.
- Rats résistants à la phénytoïne (modèle de pharmaco-résistance).
- Animaux sensibles à des stimulations sensorielles : crises audiogènes chez la souris DBA/2.
- Animaux modifiés génétiquement : souris mutantes ("tottering" ; "weaver" ; "stargazer") ; souris
léthargique (lh/lh) vrai modèle de crises non convulsives.
2 Les médicaments
Benzodiazépines
Clonazepam Rivotril®
Diazépam Valium®
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 2
« les anticonvulsivants » - M. Grima - Mise à jour : mars 2006
Anticonvulsivants de 2ème génération
Valpromide Dépamide®
Felbamate Taloxa ®
Progamide Gabrène®
Vigabatrin Sabril®
Lamotrigine Lamictal ®
Gabapentine Neurotin ®
Tiagabine Gabitril ®
Topiramate Epitomax ®
Les hypothèses physiopathologiques de l’épilepsie reposent sur une hypersensibilité des récepteurs de
type NMDA aux acides aminés excitateurs (glutamate, aspartate) dans l'hippocampe. La transmission
glutamatergique médiée par les récepteurs NMDA est exagérée alors que la transmission GABA-
ergique est diminuée, notamment celle se projetant sur les neurones pyramidaux de l'hippocampe.
L'exagération de la neurotransmision glutamatergique apparaît comme un marqueur de
l'épileptogénèse, et expliquerait la perte cellulaire survenant dans l'épilepsie chronique ainsi que la
morphologie dendritique anormale observée dans le lobe temporal épileptique. Une élévation marquée
des concentrations de glutamate, d'aspartate et de glycine est associée à la crise focale.
Le tableau ci-dessous donne quelques indications sur les effets pharmacologiques et les mécanismes
d’action cellulaire de quelques anticonvulsivants :
Effet sur la
Médicaments modèles expérimentaux décharge Mécanisme cellulaire
neuronale
choc leptazol
électrique
Phénobarbital Ì Ì Ì Ê effet GABA
+ inhibition des réponses synaptiques
excitatrices
Ì glutamate
Primidone Ì Ì Ì Idem
Phénytoïne Ì - Ì automatisme Blocage canal Na+ voltage-dépendant
sans modification
de la vitesse de
conduction
Valproate de Na Ì ou Ø Ì ? Blocage canal Na+ voltage-dépendant
inhibiteur GABA transaminase
Carbamazépine Ì Ì Ì Ì Na+,Ì Ca2+
inhibiteur adénosine
Benzodiazépines - Ì Ì Ê effet GABA
Ethosuximide - Ì ? Ì Ca 2+par blocage des canaux de
type T
Progabide Ì Ì ? Agoniste GABA
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 3
« les anticonvulsivants » - M. Grima - Mise à jour : mars 2006
Tableau (suite)
Effet sur la
modèles expérimentaux décharge Mécanisme cellulaire
Médicaments
neuronale
choc leptazol
électrique
Vigabatrin Ì Ì ? Inhibe GABA- transaminase
Lamotrigine / / / Blocage des canaux sodiques
+/- blocage du glutamate
Topiramate / / / Blocage des canaux sodiques
Potentialisation du GABA
Blocage du glutamate
Felbamate / / / Blocage des canaux sodiques
Potentialisation du GABA
Blocage du glutamate (++)
Tiagabine Potentialisation du GABA
Gabapentine Blocage des canaux sodiques (+/-)
Potentialisation du GABA (+)
Blocage du glutamate (+/-)
4 Pharmacocinétique
Ces aléas expliquent le recours systématique, chez le malade, au suivi thérapeutique avec monitoring
plasmatique, à la recherche de concentrations plasmatiques considérées comme optimales (fourchette
de concentration), variables selon les médicaments.
A ce titre, les anticonvulsivants de deuxième génération représentent un progrès (le monitoring
plasmatique est inutile). (Cf. §8 Maniement).
Voir page suivante le tableau illustrant les propriétés pharmacocinétiques des anticonvulsivants de
première génération.
Pharmacologie clinique
La pharmacologie clinique des anticonvulsivants fait l’objet d’une réflexion spécifique sur les
méthodes de développement des produits, les plans expérimentaux (exemple de l'ajout d'un deuxième
produit ou d'un placebo à un traitement de base) la bioéthique (le recours au placebo seul n'est plus
possible), les cas rebelles ou considérés comme pharmacorésistants, les études de recherche de doses
(définition du meilleur ratio bénéfice/risque), les études consacrées à l'épilepsie de l'enfant.
Conformément à l'evidence-based-medicine les indications précises et les posologies "optimales"
seront issues des essais cliniques publiés.
Globalement les anticonvulsivants de seconde génération ont tous pour indication les épilepsies
partielles. Ils sont le plus souvent indiqués en bithérapie, sauf, pour l'instant la gabapentine et la
lamotrigine. Ce dernier médicament est également indiqué dans les épilepsies généralisées. Le
felbamate est strictement réservé au syndrome de LENNOX-GASTAUT et délivré par des centres de
prescription réservés.
Rappel : certains anticonvulsivants ont d’autres indications : douleur (carbamazépine), troubles
bipolaires (carbamazépine, acide valproïque).
6 Effets indésirables
Ils sont nombreux et fréquents. Ils conditionnent la compliance, les arrêts de traitement et les
modifications de posologies. Ils peuvent être précoces ou d’apparition plus tardives et concernent aussi
bien le système nerveux central que le système gastro-intestinal, cutané ou d’autres. Il est impossible
d’en faire ici une liste exhaustive. Le tableau ci –dessous résume les effets graves et les plus fréquents.
7 Interactions médicamenteuses
Les interactions pharmacodynamiques sont mal explorées chez l'homme (interactions au niveau des
récepteurs ; potentialisation d'effet par action sur des cibles différentes...). Le tableau ci-dessous donne
un aperçu des interactions pharmacodynamiques connues.
Association
Effet anticonvulsivant Neurotoxicité
médicamenteuse
PHT + PB A A-
PHT + CBZ A A
CBZ + PB A A
VPA + ESM A A-
VPA + PB A A
VPA + CBZ A A-
VPA + PHT A ++ A
PRM + PB A ++ A-
Les interactions pharmacocinétiques les plus classiques ont lieu au niveau des systèmes enzymatiques
du métabolisme.
Ainsi par exemple :
Le Felbamate augmente les concentrations plasmatiques de phénytoïne, d'acide valproïque, de
carbamazépine, de lamotrigine. La clairance du tiagabine, topiramate et zonisamide est augmentée en
présence d'inducteur enzymatique. Le vigabatrin diminue les concentrations de phénytoïne après 4 à 5
semaines de cothérapie (mécanisme inconnu).
La te1/2 de la tiagabine peut être diminuée de 2 à 3 heures en présence d'anticonvulsivants inducteurs
enzymatiques. La lamotrigine a une élimination ralentie par l'acide valproïque. Le topiramate diminue
l'élimination de la phénytoïne.
Evolution des concentrations plasmatiques des anciens produits lorsque l'on rajoute un
médicament de seconde génération(d’après H. Alain les Anticonvulsivants , www.med.univ-
rennes1.fr)
En conclusion, les interactions avec les anticonvulsivants sont nombreuses. Leurs conséquences
cliniques relèvent généralement d’un niveau de gravité moyen de type « précaution d’emploi ».
Voir les autres interactions médicamenteuses sur le site de l’AFSSaPS : Sécurité sanitaire et
vigilances les interactions médicamenteuses mise à jour décembre 2004
http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/iam/indiam.htm
8 Maniement – Contre-indications
Suivi Thérapeutique
Le dosage plasmatique des médicaments de première génération s'impose, de manière régulière (prise
de sang le matin à jeun avant la première prise de médicament, lorsque la cinétique est considérée à
l'équilibre [steady-state]). Ce dosage est en particulier à pratiquer chaque fois qu'il y a modification
posologique, coprescription ou échappement thérapeutique.
L'intérêt de ce monitoring est quadruple : ajustement posologique; compréhension des interactions;
limitation des effets indésirables; vérification de la compliance.
Tous anticonvulsivants confondus, il a été montré que, dans la descendance de femmes épileptiques
traitées, le taux global de malformations est deux à trois fois supérieur à celui de la population
générale (2 à 3 % environ). Bien que l’on ait observé une augmentation du risque malformatif en cas
Compte tenu de ces données, si une grossesse est envisagée chez une épileptique traitée, il n’est pas
légitime de la lui déconseiller : c’est l’occasion de peser à nouveau l’indication des traitements
anticonvulsivants. L’allégement d’un traitement est toujours souhaitable à condition de respecter son
efficacité. Si une grossesse a déjà démarré sous traitement, l’arrêt brutal sans avis spécialisé peut être
préjudiciable à la mère et au fœtus, de même qu’un changement intempestif d’une thérapeutique
jusqu’alors efficace. L’attitude globale sera modulée en fonction des anticonvulsivants administrés.
Risque tératogène
- Carbamazépine : des données récentes laissent supposer la possibilité dans environ 1% des cas
d’anomalies de la fermeture du tube neural (spina bifida, myéloméningocèle).
- Phénytoïne : on a évoqué la possibilité de survenue d’un syndrome particulier associant
dysmorphie faciale, hypoplasie des phalanges distales, retard de croissance intra-utérin, retard
mental. Ni sa fréquence, ni la relation de causalité avec la phénytoïne ne sont clairement établies .
- Phénobarbital : les résultats de différentes études sont contradictoires. Le risque tératogène pour
une exposition au premier trimestre, s’il existe, paraît faible.
- Acide valproïque : le valproate de sodium semble induire des anomalies de fermeture du tube
neural dans environ 1% des cas. Par ailleurs, quelques cas de polymalformations et de dysmorphie
faciale ont été rapportés. Ceci justifie une surveillance anténatale spécifique. En fin de grossesse,
un syndrome hémorragique est possible, selon un mécanisme probablement différent de celui des
inducteurs enzymatiques. Il est souhaitable de rechercher des troubles hématologiques (
numération, plaquettes, fibrinogène, temps de coagulation ) à la naissance.
- Ethosuximide : En l’absence d’information des effets malformatifs chez l’animal et chez l’homme,
il est souhaitable de s’abstenir de prescrire ce médicament.
- Lamotrigine : pas d’effet tératogène chez l’animal, en clinique, il n’existe pas actuellement de
données suffisamment pertinentes pour évaluer un effet éventuel malformatif ou foetotoxique de
la lamotrigine pendant la grossesse.
- Progamide, vigabatrin : données limitées, innocuité non établie
Risque néonatal
Chez le nouveau-né de mère traitée, les anticonvulsivants inducteurs enzymatiques ont parfois
provoqué un syndrome hémorragique dans les 24 premières heures de la vie (prévention par un apport
de vitamine K). Plus rarement un syndrome de sevrage modéré (mouvements anormaux, succion
inefficace) ou des perturbations du métabolisme phosphocalcique et de la minéralisation osseuse ont
été observés.
Allaitement
Déconseillé en général. (Cf. ci dessous)
Contre-indications
En dehors de l’hypersensibilité au produit, elles sont spécifiques à chaque médicament.
- Phénobarbital,
Insuffisance respiratoire sévère, porphyries,
Primidone
- Phénytoïne Allaitement
- Valproate de Na Hépatite aiguë ou chronique, antécédents familiaux d’hépatite sévère
notamment médicamenteuse,
- Benzodiazépines Insuffisance respiratoire, apnées du sommeil, myasthénie
- Carbamazépine Bloc auriculo-ventriculaire, antécédents d’hypoplasie médullaire,
porphyrie aiguë intermittente
- Vigabatrin Toxicité oculaire connue due au vigabatrin
- Felbamate Antécédents de troubles hématologiques ou hépatiques
- Topiramate Insuffisance hépatique sévère, épilepsies généralisées et syndrome de
Lennox-Gastaut
- Lamotrigine Altérations graves des fonctions hépatiques
Objectifs:
- Connaître la physiopathologie de la maladie de Parkinson
- Connaître les bases pharmacologiques des traitements de la maladie de Parkinson
- Savoir distinguer les différentes classes d’antiparkinsoniens sur le plan de leurs indications
- Connaître les mécanismes d’action des différentes classes d’antiparkinsoniens
- Connaître les effets indésirables
- Connaître les interactions médicamenteuses et plus particulièrement les contre-indications (par
interactions médicamenteuses ou de prescription)
Plan
Introduction
1. La maladie de Parkinson
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
La maladie de Parkinson est l'une des rares atteintes dégénératives du système nerveux central
accessibles à la thérapeutique médicamenteuse. Aujourd'hui encore, la L-DOPA demeure le meilleur
traitement symptomatique de cette maladie, presque 30 ans après sa commercialisation. Cependant, la
nécessité d'une transformation intraneuronale en dopamine en constitue le point faible puisque, au
cours de la maladie, la perte cellulaire altère les possibilités de synthèse et de stockage de ce
neuromédiateur à partir du précurseur que constitue la L-DOPA. Ce phénomène contribue
vraisemblablement à l'émergence des fluctuations motrices DOPA-induites observées chez certains
patients après quelques années de traitement. La synthèse, dans les années 70, d'agonistes
dopaminergiques actifs directement sur les récepteurs post-synaptiques et possédant une durée d'action
plus importante que la L-DOPA a contribué à combler cet inconvénient de la dopathérapie. La mise au
point d'inhibiteurs de la monoamine - oxydase - B (IMAO-B) et plus récemment d'inhibiteurs de la
catéchol - O - méthyl - transférase (ICOMT) prolongeant la demi-vie de la L-DOPA a constitué un
autre progrès.
1. La maladie de Parkinson
La pathologie est caractérisée par une triade sémiologique : Tremblements, akinésie, rigidité.
Les tremblements s’observent surtout au repos et démarrent généralement aux mains. L’akinésie
correspond à une diminution de la fréquence des mouvements volontaires et résulte d’une inertie du
système moteur.
- Altérations anatomiques
La maladie de Parkinson atteint essentiellement les neurones des formations pigmentées du tronc
cérébral, et tout particulièrement les neurones dopaminergiques à l'origine de la voie nigro-striée,
situés dans la pars compacta du locus niger.
La raréfaction neuronale atteint cependant d'autres noyaux du tronc cérébral non dopaminergiques,
comme le locus coeruleus, le noyau dorsal du vague, la formation réticulée mésencéphalique, le noyau
basal de Meynert, rendant compte des signes de la maladie résistant à la L-DOPA.
De façon très grossière, on peut considérer que l'activité motrice est régulée physiologiquement au
sein d'un ensemble complexe de boucles intra-cérébrales incluant la substance noire, le striatum et le
thalamus. Le thalamus sélectionnerait les programmes moteurs, et serait freiné dans cette tâche par le
striatum. Au cours de la maladie de Parkinson, c'est l'inhibition dopaminergique provenant des
neurones de la pars compacta du locus niger qui apparaît déficitaire. Certains interneurones striataux
deviennent en conséquence hyperactifs, libérant le tonus glutamatergique sous-cortical Le résultat
final de ces modifications est un freinage accru du thalamus moteur et la supression de l’influence
exercée normalement par le locus niger sur les cellules du striatum d’où une hyperactivité
cholinergique secondaire (voir figure 1).
- Altérations biochimiques
Elles concernent essentiellement la dopamine : une lésion du locus niger abaisse le taux de dopamine
dans le striatum. Les symptômes cliniques apparaissent lorsque le taux de dopamine devient inférieur
à 40% du taux normal. Toutefois d’autres neurotransmetteurs sont affectés : GABA, 5HT,
Noradrénaline, glutamate, substance P. on considère que l’hypokynésie proviendrait essentiellement
des altérations dopaminergiques alors que la noradrénaline, le GABA et la sérotonine joueraient un
rôle dans les tremblements et la rigidité.
Figure 2 . Les sites d’action des principaux médicaments antiparkinsoniens (P. Le Cavorzin et al, 1999)
Métabolisme dopaminergique
La voie naturelle de biosynthèse de la DOPA (dihydroxyphénylalanine) utilise la tyrosine.
L'hydroxylation en méta du noyau benzènique de la tyrosine par la tyroxine hydroxylase produit le
noyau pyrocatéchol (dihydroxy-1,2 benzène), commun aux catécholamines. La décarboxylation en
dopamine est ensuite réalisée par la DOPA-décarboxylase.
La dopamine est inactivée dans l'espace synaptique par deux enzymes s'attaquant aux radicaux
impliqués dans son activité pharmacologique. La catéchol - O - méthyl - transférase (COMT) catalyse
la méthylation du groupement hydroxyle situé en méta, tandis que la mono-amine-oxydase (MAO)
réalise l'hydrolyse du radical amine primaire. Ces deux enzymes sont actives à l'égard de l'ensemble
des catécholamines. La MAO participe également au catabolisme de la sérotonine. Il en existe deux
formes (A et B). Le type B prédomine dans le cerveau. La COMT est très répandue dans l'organisme,
(foie, rein, tube digestif et cerveau). La forme périphérique est soluble, tandis que la forme cérébrale
est liée à la membrane cellulaire.
Récepteurs dopaminergiques
On dénombre actuellement 5 sous-types de récepteurs dopaminergiques, regroupés en deux formes
structurelles du récepteur D1 (D1A et D5 : collectif D1) et trois formes du récepteur D2 (D2, D3, D4 :
collectif D2). Il semble exister des interactions entre les sous-types de récepteurs au niveau
synaptique. Par exemple, la stimulation des récepteurs D1 réduirait l'affinité des récepteurs D2 pour la
dopamine, permettant un effet neuromodulateur . En pratique, la stimulation simultanée des D1 et D2
semble synergique, comme le suggère la plus grande efficacité chez l'homme des agonistes
dopaminergiques associant une activité D1 et D2 (apomorphine > pergolide > bromocriptine). Ainsi,
l'agoniste dopaminergique le plus puissant parmi les dérivés de l'ergot de seigle est le pergolide, et
c'est aussi celui possédant la plus forte affinité pour les récepteurs D1.
Trihexyphénydile Artane ®
Bipéridène Akineton ®
Scopolamine Génoscopolamine®
Tropatépine Lepticur ®
Pharmacocinétique
Elle est mal connue. On peut retenir que ces médicaments ont une résorption digestive rapide et
complète avec un Tmax d’une heure. La demi vie d’élimination est d’environ 3 heures. Le
métabolisme hépatique est partiel. Les médicaments ont passent le placenta et dans le lait maternel.
Effets indésirables
Ils sont fréquents, souvent sévères et dose-dépendants. Des effets indésirables périphériques
muscariniques subsistent (sécheresse buccale, troubles de l'accommodation, rétention urinaire,
constipation), mais sont moins marqués qu'avec l'atropine.
Interactions médicamenteuses
Tous les psychotropes qui majorent les effets confusionnels (précaution d’emploi).
Maniement- contre-indications
Ne jamais commencer un traitement avec une forme LP. Ne jamais interrompre un traitement de
manière brutale.
3.2. La L-DOPA
Introduction
C'est le médicament le plus utilisé car le plus actif. Il s'agit d'un précurseur de la dopamine capable de
traverser la barrière hémato-encéphalique.
Elle y est décarboxylée en dopamine et stockée à l'intérieur des neurones. La décarboxylation
périphérique interdisant le passage encéphalique et étant la source d'effets indésirables (hypotension
artérielle, nausées et vomissements), l'association de la L-DOPA à des inhibiteurs de la décarboxylase
périphérique (AADC ou aromatic L-amino acid decarboxylase) a été généralisée dans les années 70.
Ces inhibiteurs (le bensérazide ou la carbidopa) ne passent pas la barrière hémoencéphalique. Ils ont
permis de réduire considérablement les effets indésirables liés à la formation périphérique de
dopamine, et de multiplier la biodisponibilité de la dopa dans le cerveau par 10-20.
La dopamine stimule tous les récepteurs dopaminergiques et l'on pourrait penser que la L-DOPA
constitue le médicament idéal. Ce n'est pas tout à fait le cas en termes pharmacocinétiques. En effet, la
demi-vie plasmatique de la L-DOPA est courte, de l'ordre de 1,5 à 3 heures (en présence d'un
inhibiteur de la dopa-décarboxylase). Ce sont les neurones dopaminergiques survivants qui assurent
l'amortissement de cette cinétique, grâce à leur capacité de stockage et de sécrétion endogène de
dopamine. Lorsque la perte neuronale devient critique, la seule dopathérapie ne permet plus d'assurer
une stimulation dopaminergique stable. L'état moteur du patient tend alors à suivre précisément
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 5
« les antiparkinsoniens» - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
l'évolution de la concentration plasmatique en L-DOPA, et des troubles moteurs nouveaux
apparaissent (fluctuations motrices, dyskinésies).
La dopamine a des effets périphériques liés aux récepteurs dopaminergiques ou aux autres récepteurs :
ainsi en pharmacologie expérimentale on observe :
- Des effets cardio-vasculaires via les récepteurs DA : vasodilatation spécifique des artères rénales,
mésentériques, cérébrales et coronaires sans baisse de la pression artérielle systémique.
- Une action rénale spécifique (via récepteur DA): augmentation du débit sanguin rénal,
augmentation de la filtration glomérulaire, majoration de l’élimination de l’eau et du sodium.
- Des effets via d’autres récepteurs : effet inotrope, chronotrope et bathmotrope positifs (récepteur
bêta), vasoconstriction généralisée (récepteur alpha), en plus au niveau gastro-intestinal, la
dopamine diminue le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage, diminue la motricité et la
pression intragastrique
Au niveau du SNC
- les effets de la dopamine au niveau de la voie nigrostriée expliqueraient la régulation des
mouvements automatiques
- le contrôle des comportements affectifs passerait par la voie mésolimbique
- au niveau de la voie tubéroinfandibulaire, la dopamine entraînerait la libération d’hormones
mélanotropes (LHRH, GH).
- En dehors de la barrière hémo encéphalique, la dopamine aurait également des effets sur le bulbe
dans la zone de contrôle des vomissements ce qui expliquerait ses effets émétiques.
Effets périphériques
- Chez l’homme, les effets cardio-vasculaires sont variables (fonction de la dose), ces effets sont
absents en cas d’utilisation d’un inhibiteur de la décarboxylase.
Indications
Maladie de Parkinson, notamment dans les formes akinéto-hypertoniques, et chez les sujets âgés ou
dont l’activité nécessite une correction maximale de leur troubles
Pharmacocinétique L-DOPA
La pharmacocinétique de la L-DOPA (seule) est complexe et peu favorable, elle est dominée par une
biodisponibilité très mauvaise,
- Résorption : complète avec 50-75% de la dose décarboxylés dès le passage dans la paroi de
l’estomac, par ailleurs au niveau de l’intestin, il existe une compétition avec d’autres acides
aminés pour un mécanisme de transport actif qui est aussi saturable expliquant une part de la
variation intra-individuelle d'activité du médicament.
- Biodisponibilité : 15 % et très sensible à tout ce qui modifie la vidange gastrique, le Tmax est
atteint en 1-2 heures en moyenne avec une variabilité de 1-10 h selon les individus. On observe
plusieurs pics plasmatiques
- Distribution : le passage de la barrière hémo-encéphalique se fait pas un mécanisme de transport
actif d’acides aminés qui est compétitif et saturable, le taux intracérébral est mal connu, mais il
existe une relation entre l’effet thérapeutique et les concentrations plasmatiques pour un malade
donné
L’addition d’un inhibiteur de décarboxylase n’a pas comme seule conséquence de diminuer les effets
indésirables périphériques de la L-DOPA mais aussi de modifier sa biodisponibilité globale qui est
multipliée par deux. Au niveau central, les taux sont multipliés par 10-20. La concentration
périphérique est diminuée ce qui contribue à la diminution des effets indésirables périphériques.
Effets indésirables
Interactions médicamenteuses
Maniement
La L-DOPA est le traitement le plus efficace dans la maladie de Parkinson . Toutefois, il existe une
discussion non clairement tranchée pour le moment entre les partisans d’une mise en route immédiate
de la dopathérapie et ceux, qui en raison d’une éventuelle neurotoxicité de la L-DOPA, préfèrent une
mise en route différée.
Introduction
Les médicaments
Apomorphine Apokinon ®
Bromocriptine Pardorel ®, Bromo-kin ®
Péribédil Trivastal ®
Lisuride Dopergine®, Arolac ®
Ropinirol Requip ®
Mécanisme d’action
Bromocriptine C'est un agoniste D2 et un antagoniste D1. Il possède également des propriétés alpha-
adrénolytique et agoniste sérotoninergique.
Péribédil c'est un agoniste D2 et D3. Il est de plus faiblement agoniste D1 par l'un de ses
métabolites, le S-584, possédant une analogie de structure avec la dopamine.Agoniste
DA1 + DA2
Ropinirol C'est un agoniste D2, mais aussi D3 et D4. Il serait plus efficace que la bromocriptine
Ropinirole Maladie de Parkinson en monothérapie en 1ère intention (pour différer la mise sous
dopathérapie) ou en association à la lévodopa (en cas de diminution ou
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2004/2005 8
« les antiparkinsoniens» - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
fluctuations des effets de la L-DOPA
Pharmacocinétique
Effets indésirables
Interactions médicamenteuses
Elles relèvent des associations déconseillées ; et sont souvent liées à des antagonismes de type
pharmacodynamique (interactions sur les mêmes récepteurs) ou pharmacocinétiques (inducteur,
inhibiteur, compétition au niveau des cytochromes P450)
- Voir les interactions médicamenteuses sur le site de l’AFSSaPS : Sécurité sanitaire et vigilances
les interactions médicamenteuses mise à jour décembre 2004
http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/iam/indiam.htm
Ce produit possède un léger effet symptomatique propre et prolonge effectivement la durée d'action de
la L-DOPA. L'effet thérapeutique est prolongé, puisque lié au turn-over de la MAO, voisin de 10
jours.
Indications
- traitement de la maladie de Parkinson en monothérapie au début de l’affection (où la sélégiline
permet de retarder de quelques mois le recours à la L-DOPA)
- traitement de la maladie de Parkinson en association à la L-DOPA afin de renforcer son action et
diminuer sa posologie
- traitement de la maladie de Parkinson en association avec la L-DOPA au stade des fluctuations de
fin de dose afin de prolonger son action
Pharmacocinétique
Sa demi-vie plasmatique est longue, de l'ordre de 40 heures. Son métabolisme est hépatique avec des
métabolites apparentés aux amphétamines.
Effets indésirables
Ceux sont les mêmes que ceux de la L-DOPA qu’ils renforcent et prolongent. De plus : élévation
modérée des transaminases, troubles du rythme supra-ventriculaire.
Interactions médicamenteuses
L’Entacapone agit essentiellement au niveau périphérique (tube digestif, foie et plasma), en inhibant la
transformation par la COMT de la L-DOPA en 3-O-méthyldopa (3-OMD), un métabolite inactif
présumé antagoniser la pénétration de la L-DOPA dans le cerveau.
Les ICOMT augmentent la biodisponibilité de la L-DOPA (au minimum doublement de l'aire sous la
courbe) et sa demi-vie plasmatique. L'effet thérapeutique peut être considéré comme un lissage des
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« les antiparkinsoniens» - M. Grima - Mise à jour : janvier 2008
concentrations plasmatiques en L-DOPA. Ces molécules ont montré une activité dans le traitement des
fluctuations d'effet d'intensité modérée (augmentation de la durée des périodes "on").
Indications
Adjuvant aux traitement standard par L-DOPA/inhibiteur de décarboxylase chez des patients atteints
de la maladie de Parkinson et de fluctuations motrices de fin de dose qui ne peuvent être stabilisés
avec cette association.
Effets indésirables
Ils sont tout d’abord liés à l’augmentation de l’activité dopaminergique, ceux ci se produisent le plus
souvent en début de traitement.
Plus spécifiquement pour l’entacapone :
- symptômes gastro-duodénaux : diarrhée
- De rares augmentations cliniquement significatives des enzymes hépatiques ont été rapportées.
Interactions médicamenteuses
L’amantadine (Mantadix®)
Son usage reste marginal. C’est un agent antiviral dont les propriétés antiparkinsoniennes ont été
découvertes fortuitement en phase IV. Le mécanisme d'action est mal connu (inhibition de la recapture
de la dopamine et effet dopamimétique direct post-synaptique, antagoniste des récepteurs NMDA,
effet antimuscarinique).
L’effet antiparkinsonien qui s’exerce surtout sur l’akinésie et l’hypertonie, est modéré et s’épuise en
quelques mois. Le délai d’action est d’environ deux semaines et l’efficacité est inconstante.
Indications
Pharmacocinétique
La résorption digestive est rapide, pas de métabolisme, élimination urinaire augmentée par
l’acidification des urines. Demi-vie de 20 heures doublée en cas d’insuffisance rénale sévère (clairance
de la créatinine < 10 ml/min)
Effets indésirables
Ils sont dose-dépendants :
- troubles neuro psychiques, insomnie (30% des cas, éviter la prise d’amantadine après 17 heures),
difficultés de concentration,
- troubles digestifs : anaorexie, nausées, douleurs abdominales, vomissement
- œdèmes des membres, dyspnées, toux, hypotension orthostatique
Maniement
- en raison des propriétés antivirales : ne pas prescrire chez un sujet déjà grippé (risque
d’émergence de virus résistants.
- Diminution de la posologie si la clairance de la créatinine est inférieure à 50ml/min.
Tryptophane Sérotonine
Trois grands types de récepteurs à la sérotonine ont été décrits : 5-HT1, 5-HT2 et 5-HT3. Dans
la dernière période, les récepteurs 5HT-1 ont été subdivisés en 5-HT1A, 5-HT1B et 5-HT1D et les
récepteurs
5-HT4 , 5-HT5, 5-HT6 et 5-HT7 ont été isolés. Ils sont tous associés à des protéines G sauf le récepteur
5-HT3 qui est canalaire.
Les actions cardiovasculaires sont dépendantes de nombreux facteurs (dose, espèce, voie
d’administration…). La sérotonine contracte les artères rénales saines, en revanche elle dilate les
artères coronaires normales mais contracte les artères coronaires athéromateuses. Parce-qu’elle
contracte les veines et qu’elle est proagrégante plaquettaire, elle favorise la survenue de thromboses
veineuses. Elle augmente aussi la perméabilité capillaire.
Les récepteurs vasculaires de la sérotonine semblent être essentiellement du type 5-HT2.
Elle a des effets chronotropes et inotropes positifs qui semblent impliquer des récepteurs 5-HT4
cardiaques. En conséquence de ces effets cardiaques et vasculaires complexes, la sérotonine a des
effets tensionnels qu’il n’est pas possible de systématise ou de prévoir.
Elle contracte les muscles lisses intestinaux, utérins, bronchiques et urétéraux. Elle augmente
donc la motilité intestinale et provoque des diarrhées que l’on observe en particulier au cours du
syndrome carcinoï-dien. Les récepteurs intestinaux semblent être aussi de type 5-HT4.
La sérotonine a des effets émétisants d’origine centrale et périphérique. Des récepteurs 5-HT3 se
trouvent sur les terminaisons vagales du tube digestif et dans l'area postrema qui est une zone du
cerveau non protégée par la barrière hémato-encéphalique jouant le rôle d’un centre du vomissement.
Elle est par ailleurs ulcérigène à fortes doses. Elle est broncho-constrictrice et utéro-tonique.
Parmi ces médicaments, on trouve la famille des triptans dont le chef de file est le
sumatriptan (Imigrane*, Imiject*). Ce sont des agonistes des récepteurs 5-HT1A et B. Ils contractent
les vaisseaux cérébraux, en particulier les anastomoses artério-veineuses carotidiennes. Cette action
n’est cependant pas spécifique des vaisseaux cérébraux et peut se produire dans d’autres territoires
vasculaires, en particulier les artères coronaires. Les triptans sont utilisés dans le traitement des crises
Les substances antagonistes sélectives des récepteurs 5-HT2A sont utilisées dans le
traitement des symptômes productifs et déficitaires de la psychose. Leur chef de file est la clozapine
(Clozapine*, Léponex*). Elle n’est cependant pas très sélective des récepteurs à la sérotonine car elle
est également antagoniste des récepteurs D4 de la dopamine. Ces effets indésirables sont nombreux
et en limitent l’usage, le plus grave étant la survenue de neutropénies ou d'agranulocytoses. Par
ailleurs, ce produit peut provoquer des thrombopénies, des thrombocytoses, de la somnolence, de la
fatigue, des crises épileptiques, des hypertensions artérielles, des tachycardies, dépressions
respiratoires et des troubles digestifs à type de nausées, vomissements ou constipation.
La rispéridone (Risperdal*) est un antagoniste des récepteurs 5-HT2, mais aussi de récepteurs
à la dopamine, elle présente même des activités 1- bloquantes. Elle n’est donc pas sélective. Elle
n’expose pas au risque d'agranulocytose. En dehors de cet aspect, ses effets indésirables sont
similaires à ceux de la clozapine. Ses indications sont les mêmes.
L’olanzapine (Zyprexa*) est un médicament anti-psychotique non spécifique, mais qui exerce
son effet antagoniste, entre autres, sur les récepteurs 5-HT2A, 5-HT2C, 5-HT3 et 5-HT6. Il est analogue
au précédent sur le plan des indications et des effets indésirables auxquels il faut ajouter l’aggravation
des glaucomes à angle fermé en raison de ses activités muscariniques.
Les antagonistes sélectifs des récepteurs 5-HT3 ont la capacité de prévenir les vomissements
induits par les médicaments anti-cancéreux comme le cisplatine ou la doxorubicine et d’une façon
générale de tous les médicaments cyto-toxiques. Ceux-ci libèrent de la sérotonine à partir du tractus
digestif. Comme on l’a déjà vu, cette sérotonine induit des nausées et des vomissements par
l’activation des récepteurs 5-HT3 situés sur les terminaisons vagales et dans le "centre du
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 4
« Sérotonine et médicaments » - P Bousquet - Mise à jour : 2001
vomissement » (area postréma). Le chef de file de ces médicaments est l’ondansétron (Zophren*). Ils
sont d’une efficacité remarquable et ont modifié considérablement le confort des malades cancéreux
traités médicalement.
Les effets indésirables les plus fréquents sont des céphalées, de l’asthénie, des somnolences,
des variations de pression artérielle. Il existe des formes orales et injectables de ce produit.
Le granisétron (Kytril*) et le Tropisétron (Navoban*) et le dolasétron (Anzemet*) sont des
médicaments analogues.
Des substances qui certes antagonisent les récepteurs sérotonénergiques, en particulier les
récepteurs 5-HT2, mais sont également anti-histaminiques voire sédatifs sont utilisés depuis des
décennies dans le traitement de la migraine.
Les produits de ce type disponibles sont les suivants : le pizotifène (Sanmigram*), la
cyproheptadine (Périactine*), l’oxétorone (Nocertone*) et le méthysergide (Desernil*). La
cyproheptadine est par ailleurs orexigène et le méthysergide qui présente des effets indésirables
sévères de type vasoconstrictions, fibroses rétropéritonéales, doit être réservé au traitement des
migraines qui ne répondent pas aux autres médicaments disponibles. Hormis ces effets indésirables
particuliers, on peut observer une somnolence et des états de fatigue, une prise de poids et des
nausées, des vertiges et douleurs musculaires.
Item 114 : Allergies cutanéo-muqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et
de contact : argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
LES ANTIHISTAMINIQUES
Les antagonistes des récepteurs H1 et les antihistaminolibérateurs.
Définition de l’allergie
L’allergie est une pathologie relevant d’une séquence d’évènements de nature immunologique,
caractérisée par une libération de médiateurs due à une stimulation antigénique. Ces médiateurs sont
principalement : l’histamine, la sérotonine et les divers produits de la voie de l’acide arachidonique
(prostaglandines, leukotriènes, PAF …).
La réaction anaphylactique est à différencier de la « simple » histaminolibération qui peut être due à
de nombreux medicaments : opiacés, curares, produits radiologiques de contraste, atropine, dextran …
Ce dernier phénomène survient en l’absence de sensibilisation préalable et n’a pas pour origine la
production d’immunoglubulines spécifiques (IgE). L’histaminolibération non allergique peut aussi être
déclenchée par des agents physiques (urticaire au froid ou au soleil par exemple). La symptomatologie
pourra néanmoins être prévenue ou traitée par des antagonistes des récepteurs H1 de l’histamine.
B. Séquence d’évènements
1. Première exposition : sensibilisation
Lors de cette phase, les lymphocytes B sont activés suite à l’exposition à un antigène
seul ou à un antigène fixé sur une protéine porteuse ou à un polysaccharide (haptène).
Ces lymphocytes vont produire des immunoglobulines E (Ig E) qui vont se fixer sur
des récepteurs spécifiques localisés sur la membrane plasmique des leucocytes
basophiles et des mastocytes.
2. Effets biologiques
¾ En périphérie : les anti H1 s’opposent à tous les effets locaux et systémiques de
l’histamine en particulier dans le lit vasculaire, la peau et les bronches. Les anti
H1 n’ont aucun effet sur la sécrétion acide gastrique du fait de leur forte sélectivité
pour ce sous-type de récepteurs.
On peut y ajouter les effets particuliers de certains produits : effet antitussif pour
l’alimémazine (Théralène*) et anxiolytique pour l’hydroxyzine (Atarax*).
¾ Système nerveux central : pour les antihistaminiques qui franchissent la barrière
hématoencéphalique, on peut observer à la fois sédation et stimulation en fonction
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006 2
« les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
des sujets et de la dose employée. Néanmoins, l’effet sédatif est le plus fréquent et
peut être observé aux doses usuelles.
3. Indications thérapeutiques
¾ Prévention des manifestations allergiques (rhume des foins, rhinites allergiques,
conjonctivites allergiques)
¾ Prévention et traitement des manifestations prurigineuses cutanées
¾ Prémédication avant une anesthésie générale
¾ Intolérance au froid
¾ Prévention des vomissements du mal des transports (Dramamine* Nautamine*)
¾ Antitussif (Théralène*)
4. Effets indésirables
¾ Effet sédatif et hypnotique
¾ Effets résultants de l’activité anticholinergique (bouche sèche, tachycardie,
troubles de l’accomodation, rétention urinaire)
¾ Troubles digestifs divers
¾ Réaction allergique qui peut paraître paradoxale mais qui peut survenir en
particulier pour les formes topiques
¾ Troubles du rythme cardiaque. Certains antihistaminiques (astémizole, cétirizine,
loratidine et anciennement la terfénadine) peuvent bloquer des canaux potassiques
cardiaques (HERG) et provoquer des troubles de repolarisation. Ces troubles se
traduisent sur le plan électrocardiographique par un allongement de l’intervalle
QT et par la possibilité se survenue de torsades de pointe. Ces effets sont favorisés
par la prise simultanée de médicaments modifiant la kaliémie (diurétiques) et par
l’association à des substances diminuant le métabolisme hépatique des
antihistaminiques (macrolides et en particulier l’érythromycine et la
clarythromycine, cimétidine, miconazole, isoconazole etc…).
En ce qui concerne la terfénadine (Teldane*) qui a été retirée du marché en
1997, son métabolite hépatique, la féxofénadine (Telfast*), reste
antihistaminique mais n’est plus torsadogène et a donc remplacé la
terfénadine.
¾ Grossesse : en raison d’effets thératogènes chez l’animal, les
antihistaminiques sont contre-indiqués chez la femme enceinte.
¾ ANTIHISTAMINIQUES ANTICHOLINERGIQUES
• Non sédatifs
Méquitazine PRIMALAN® QUITADRILL®
• Sédatifs
Hydroxyzine ATARAX®
Cyproheptadine PERIACTINE®
Diphénylhydramine ALLERGA® NAUTAMINE®
Prométhazine PHENERGAN®
Alimémazine THERALENE®
Buclizine APHILAN RETARD®
Bromphéniramine DIMEGAN LP®
Dexchlorphéniramine POLARAMINE REPETABS®
2. Antihistaminolibérateurs :
• cromoglycate disodique Nalcron* Intercron* Lomudal* et nédocromil Tilade*
• Mode d’action : antiallergiques de la famille des cromones réduisant la
dégranulation des mastocytes
• Indications : allergies alimentaires (cromoglycate disodique oral) et asthme
(Lomudal* en aérosol et Tilade*)
Item 290 : Ulcère gastrique et duodénal : Gastrite : argumenter l’attitude thérapeutique et planifier
le suivi du patient
Les antihistaminiques
Les antagonistes des récepteurs H2 ou anti H2
Introduction
L'ulcère gastrique est une pathologie qui résulte d'un déséquilibre entre la production d'acide
par la paroi de l'estomac et le synthèse des facteurs protecteurs (mucus, bicarbonates …).
Le traitement médical de l'ulcère gastrique (sans parler du problème d'Helicobacter Pilori)
comporte donc deux volets:
1. Renforcer les barrières de protection: pansements gastriques, stimulants de la production
de mucus (prostaglandines).
2. Diminuer la production d'acidité: antagonistes muscariniques de l'Ach, antagonistes de la
gastrine, antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine et inhibiteurs de la "pompe à
protons".
Figure 1
Ce schéma explique la puissance relative des différentes classes d'anti-ulcéreux: "plus on se rapproche
de la voie finale commune plus on est efficace".
Les anti-H2
1. Les produits
Cimétidine Tagamet* Stomédine*
Famotidine Pepdine* Pepcidac*
Nizatidine Nizaxid*
Ranitidine Raniplex* Ulcirex* Azantac*
Dérivés de l'histamine qui possèdent une longue chaine en lieu et place du radical éthyl-amine
et:
2. Pharmacologie
a. Propriétés pharmacologiques
Les anti-H2 sont des antagonistes compétitifs (réversibles), sélectifs des récepteurs H2.
Ces drogues ont peu d'effets dans d'autres tissus que la paroi gastrique.
b. Effets tissulaires
• Estomac: ces substances réduisent la sécrétion acide gastrique basale et
stimulée de manière dépendante de la dose. Ce blocage s'exerce le jour (y
compris lors de stimulations par: les repas, la distention gastrique ou par des
agents pharmacologiques comme l'acétylcholine ou la gastrine) mais aussi la nuit
(cet élément pouvant expliquer la grande efficacité de ces produits. Ils diminuent
le volume des sécrétions et augmentent leur pH.
• Flore bactérienne intestinale: par l'augmentation du pH gastrique, ces
composés peuvent augmenter la production de nitrosamines, sans répercussions
cliniques.
• Facteur intrinsèque: les anti-H2 réduisent sa production mais cet effet est trop
faible pour pouvoir modifier l'absorption de la vitamine B12.
• Motricité gastro-oesophagienne: les anti-H2 réduisent le tonus du sphincter
du bas œsophage, sans modification de la fonction gastrique.
• SNC: très peu d'effets car trop peu de passage de la BHE (composés très
hydrophiles).
3. Pharmacocinétique
Ces produits sont très bien absorbés par voie orale mais un effet de premier passage
hépatique important en limite la biodisponibilité aux alentours de 50% sauf pour la
nizatidine (environ 90%). Demi-vies: aux alentours de 2 à 3 heures.
Liaison aux protéines plasmatiques de l'ordre de 30%.
Elimination: urinaire +++ sans métabolisme. Il est donc important d'adapter les
posologies au niveau de la fonction rénale.
4. Effets indésirables
Ils sont faibles et ne sortent dans les statistiques que parcequ'un très grand nombre de
patients ont été traités. On peut ainsi considérer qu'aux posologies usuelles, les anti-H2
autres que la cimétidine n'induisent aucun effet indésirable.
Avec la cimétidine et chez moins de 1% des patients, on peut observer: céphalées,
nausées, fatigue, myalgies et "rash" cutanés. A dose forte et chez les sujets insuffisants
5. Interactions médicamenteuses
La cimétidine (mais pas les autres anti-H2) est un inhibiteur du cytochrome P450
hépatique et modifie donc le catabolisme de tous les médicaments dégradés par cette
voie oxydative. Elle va donc prolonger la demi-vie de: la phénytoïne, la théophylline, le
phénobarbital, la ciclosporine, la carbamazépine, le propranolol, les anti-calciques, la
quinidine, la méxilétine …
6. Utilisations thérapeutiques
• Ulcère duodénal: efficaces sur la symptomatologie et la cicatrisation des lésions.
Deux à trois administrations quotidiennes. On peut facilement augmenter la
posologie. Importance de la dose du soir.
• Ulcère gastrique: efficace, 2 mois de traitement suffisent chez 50 à 75% des
patients.
• Syndrome de Zollinger-Ellison (tumeur pancréatique productrice de gastrine):
les inhibiteurs de la pompe à protons sont plus efficaces.
• Reflux gastro-oesophagien: les produits sont efficaces.
Récepteur dela
+
gastrine
AC AMP
+
+ +
Histamine H2 K
+ H+,K+
AC
ATPas
Mu +
Cellule H
Entérochromaffine
Cellule
Figure 1
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 4
« Les antihistaminiques H2 » - M. Monassier - Mise à jour : 2001
Chapitre 12: LES MEDICAMENTS DES PATHOLOGIES DIGESTIVES :
Item 290 : Ulcère gastrique et duodénal : Gastrite : argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le
suivi du patient
Objectifs:
- Connaître le mécanisme d’action des inhibiteurs de la pompe à protons
- Connaître les indications des inhibiteurs de la pompe à protons
- Connaître les effets indésirables, les interactions et les règles de maniement des inhibiteurs de
la pompe à protons
Plan
Introduction
Les médicaments
1. Effets pharmacologiques - mécanismes d’action
2. Effets cliniques - indications
3. Pharmacocinétique
4. Effets indésirables
5. Interactions médicamenteuses
6. Maniement
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
La pompe H+/K+-ATPase ou pompe à protons est une enzyme magnésium-dépendante qui assure
l’échange d’un proton contre un ion potassium à travers une membrane. Elle est présente au niveau du
colon, du rein, mais surtout de l’estomac où elle est particulièrement active.
Au niveau de l’estomac, cette pompe assure la sécrétion de protons responsables de l’acidité du liquide
gastrique. Elle génère un gradient de pH de plus de 6 unités : alors que le pH du sang est de 7,3, celui
du liquide gastrique est voisin de 1. La pompe à protons est située au pôle apical, c’est-à-dire luminal,
des cellules pariétales de la muqueuse gastrique. Elle présente beaucoup d’analogie avec la pompe
Na+/K+-ATPase.
Elle échange un ion potassium contre un proton d’une manière électroneutre, c’est-à-dire sans
modification de la polarisation cellulaire. L’énergie requise pour assurer cet échange est fournie par
l’hydrolyse de l’ATP synthétisée par les mitochondries. La sécrétion de Cl- est probablement couplée
à celle du K+ qui est recyclé. Le principal stimulant de la pompe H+/K+-ATPase est la prise d’aliments
qui agit par libération d’histamine, de gastrine et d’acétylcholine, lesquelles activent, par
l’intermédiaire de l’AMP cyclique ou du calcium, les protéines kinases qui, elles-mêmes, activent la
H+/K+-ATPase.
LES MEDICAMENTS
Dans le micro-canal où le pH est bas, voisin de 2, ces inhibiteurs sont ionisés et transformés en
molécules actives qui établissent des liaisons covalentes avec le groupe SH de la cystéine de la sous-
unité α de la pompe. La pompe est ainsi inhibée d’une manière irréversible. La reprise d’activité de
pompage nécessite la synthèse de nouvelles pompes. Comme la demi-vie de renouvellement des
pompes est de l’ordre de 18 à 24 heures, une prise unique permet une inhibition de près de 24 heures.
Le fait que les inhibiteurs ne soient actifs qu’en milieu acide, après protonation, explique qu’ils ont
peu d’effets sur la H+/K+-ATPase extra-gastrique située au niveau du rein et du colon.
Si ces inhibiteurs étaient administrés sous forme non gastro-résistante, ils se transformeraient en
métabolite actif dans l’estomac, mais sans pour autant atteindre au niveau du micro-canal une
concentration suffisante pour inhiber la pompe à protons.
La sécrétion de Cl- qui est parallèle à celle de H+ pour donner HCl, n’est pas directement modifiée par
les inhibiteurs de la H+/K+-ATPase. Le mécanisme de la sécrétion de Cl- reste mal connu. Elle paraît
couplée à celle du potassium, ce qui permet le recyclage de ce dernier.
Une conséquence de l’inhibition de H+/K+-ATPase gastrique est l’élévation réactionnelle de la
gastrinémie, très importante chez le rat, mais faible chez l’homme. L’hypergastrinémie pourrait
entraîner une hyperplasie des cellules entérochromaffines.
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 2
« Les inhibiteurs de la pompe à protons » -M. Grima - Mise à jour : janvier 2005
2 Effets cliniques – indications
Ils réduisent de façon très importante (95 %) la sécrétion acide gastrique sans modification du volume
de sécrétion, ni de la motricité gastrique. Leur durée d’action est prolongée (>24 heures). Leur
efficacité est supérieure à celles des autres anti-ulcéreux. Ils peuvent même abolir complètement la
sécrétion gastrique à fortes doses ce qui les rend irremplaçables dans les syndromes de Zollinger-
Ellison.
Remarque
L’ulcère gastroduodénal n’apparaît et ne se maintient que s’il y a sécrétion acide de l’estomac, sans
pour autant que l’acidité gastrique soit la cause directe de la maladie. Celle-ci est liée à la présence
au niveau de la muqueuse gastrique de helicobacter pylori.
L’inhibition de la sécrétion gastrique acide permet d’obtenir une guérison de l’ulcère gastrique ou
duo-dénal. Mais en absence d’éradication de Helicobacter pylori la maladie risque de reprendre à
l’arrêt du traitement antisécrétoire. L’éradication de Helicobacter pylori par un traitement associant
deux antibiotiques (ou un antibiotique et un sel de bismuth) pendant environ deux semaines constitue
le traitement étiologique.
Indications
- Ulcère duodénal évolutif :cicatrisation endoscopique dans 75 à 90 % des cas après 4 semaines de
traitement, plus de 90 % des cas après 6-8 semaines, plus de 80 % des cas après 8 semaines dans
les cas rebelles aux antihistaminiques H2.
- Oesophagite par reflux gastro-oesophagien résistant aux autres traitements, notamment les
oesophagites érosives
- Syndromes de Zollinger-Ellison pour lequel ils forment le traitement de référence
3 Pharmacocinétique
L’oméprazole, la lansoprazole et le pantoprazole sont administrés par voie buccale sous une forme
gastrorésistante, à délitement intestinal.
Administrés par voie buccale, ils sont absorbés par l’intestin en 3 à 6 heures et se distribuent dans
l’ensemble de l’organisme malgré une fixation à 95 % aux protéines plasmatiques. Leur demi-vie
plasmatique est d’environ une heure mais, comme ils inhibent l’enzyme H+/K+-ATPase d’une manière
irréversible, leur action dure le temps du renouvellement de l’enzyme, c’est-à-dire près de 24 heures.
4 Effets indésirables
Ils ont en commun avec les autres antisécrétoires de favoriser le développement de bactéries
intragastriques par diminution du volume et de l’acidité du suc gastrique. Plus spécifiquement les
effets indésirables des inhibiteurs de la pompe à protons sont généralement très rares (< 4 %) et
transitoires en début de traitement :
- nausées, vomissements, flatulence
- céphalées et vertiges
- réactions cutanées allergiques (très rares)
5 Interactions médicamenteuses
6 Maniement
Bien qu’ils n’aient pas montré d’effet tératogène lors des expérimentations animales, leur
prescription, comme celle de beaucoup de médicaments récents, est déconseillée pendant la grossesse,
notamment durant le premier trimestre.
________________
• Il n'y a pas lieu, dans l'ulcère duodénal, de prolonger le traitement anti-ulcéreux à doses d'attaque
[prescrit ou non après un traitement d'éradication d'H. pylori] (**), sauf en cas de persistance des
symptômes et après réévaluation clinique.
• Il n'y a pas lieu, dans l'ulcère duodénal, en cas d'éradication d'Helicobacter pylori, de prescrire un
traitement anti-ulcéreux d'entretien.
• Il n'y a pas lieu de prescrire des formes injectables d'anti-ulcéreux quand la voie orale est possible.
(*) Anti-ulcéreux : ce vocable recouvre les différentes classes d'anti-ulcéreux tels qu'ils sont définis dans la
fiche de transparence. Sont donc inclus : les inhibiteurs des récepteurs H2 à l'histamine, les inhibiteurs de la
pompe à protons, les analogues des prostaglandines, le sucralfate, les anti-acides ayant l'indication de
l'Autorisation de Mise sur le Marché dans l'ulcère.
(**) La dose d'attaque est prescrite, selon les médicaments concernés, pendant 4 à 8 semaines.
RMO parues au JO du 14 novembre 1998
PHYSIOPATHOLOGIE
L’ulcère duodénal et gastrique est en général la conséquence d’une infection de la muqueuse par Helicobacter
pylori (HP), d’une toxicité médicamenteuse (AINS, aspirine) et/ou d’une hypersécrétion acide.
Il existe deux grandes classes de traitement anti-ulcéreux : les anti-ulcéreux "classiques" (anti-sécrétoires,
sucralfate, antiacides, analogue des prostaglandines) et les antibiotiques efficaces sur HP en association avec des
antiulcéreux.
Quand les biopsies de l’antre gastrique montrent la présence d’HP, l’éradication de ce germe par l’association de
deux traitements antibiotiques à un traitement antisécrétoire permet de diminuer très significativement le
pourcentage de rechute de l’ulcère.
CLASSIFICATION
• Antiulcéreux
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 4
« Les inhibiteurs de la pompe à protons » -M. Grima - Mise à jour : janvier 2005
Les antisécrétoires
• Les inhibiteurs des récepteurs H2 à l’histamine (cimétidine, ranitidine, famotidine, nizatidine) inhibent
fortement la sécrétion gastrique acide, basale et stimulée par un repas ou par différents stimulants
pharmacologiques.
• Les inhibiteurs de la pompe à protons (oméprazole, lansoprazole et pantoprazole) sont des anti-
sécrétoires gastriques qui agissent en inhibant l’activité enzymatique de l’ATPase H + K + au niveau de
la cellule pariétale gastrique. Leur activité antisécrétoire est puissante et prolongée.
Le sucralfate, sel d’aluminium de sucrose octo-sulfate, agit localement sur l’ulcération par un effet protecteur et
topique. Il stimule la synthèse des prostaglandines endogènes gastriques.
Les antiacides ayant l’indication de l’AMM dans l’ulcère agissent en neutralisant la sécrétion acide dans
l’estomac.
L’analogue des prostaglandines (misoprostol) a un effet antisécrétoire et un effet cytoprotecteur sur les cellules
de la muqueuse gastro-duodénale.
L’éradication d’HP est obtenue avec plus de succès par l’association de certains antisécrétoires à certains
antibiotiques :
QUAND PRESCRIRE ?
L’ulcère gastrique ou duodénal évolutif endoscopiquement prouvé, est l’indication essentielle de l’éradication
d’HP après mise en évidence de ce germe. Le principe de l’éradication repose sur l’association d’un
antisécrétoire et de deux antibiotiques. Après cette trithérapie, il convient de poursuivre le traitement
antisécrétoire seul afin d’obtenir la cicatrisation de l’ulcère. La durée globale du traitement est de 4 semaines en
cas d’ulcère duodénal et de 4 à 6 semaines en cas d’ulcère gastrique.
L’éradication d’HP permet de diminuer très significativement le pourcentage de rechute de l’ulcère au cours de
l’année suivante.
Chez les patients où HP n’est pas retrouvé, le traitement de cicatrisation fait appel aux anti-sécrétoires.
En l’absence d’éradication d’HP, les inhibiteurs H2, le lansoprazole, l’oméprazole, le sucralfate ont fait la preuve
de leur efficacité dans la prévention des rechutes de la maladie ulcéreuse. Un traitement d’entretien par
l’oméprazole et le lansoprazole peut être indiqué en cas de rechute d’ulcère duodénal malgré un premier
traitement d’entretien par inhibiteur H2. Les inhibiteurs H2, l’oméprazole, le lansoprazole ont également comme
indication le rare syndrome de Zollinger-Ellison.
En cas d’ulcérations gastro-duodénales induites par les AINS, le traitement curatif peut utiliser le misoprostol ou
l’oméprazole, en se limitant aux patients chez qui la poursuite des AINS est indispensable. Le misoprostol et
l’oméprazole peuvent être prescrits à visée préventive en association avec les AINS chez les patients à risque
(notamment âge supérieur à 65 ans, antécédents d’ulcère gastro-duodénal ou d’intolérance aux AINS) pour
lesquels un traitement anti-inflammatoire est jugé indispensable.
Aucun de ces traitements médicamenteux n’a de justification dans le traitement symptomatique des
épigastralgies non liées à un ulcère ou à un reflux gastro-œsophagien.
Les médicaments anti-ulcéreux ont tous fait la preuve de leur efficacité contre placebo dans le traitement de la
maladie ulcéreuse évolutive.
Ces données sur la cicatrisation avec les anti-ulcéreux sont secondaires par rapport à l’éradication d’HP qui est le
but principal à atteindre pour éviter les récidives. Cette éradication semble être obtenue avec succès en utilisant
pendant 7 jours un inhibiteur de la pompe à protons (oméprazole, lansoprazole, pantoprazole) à double dose,
associé à deux antibiotiques : clarithromycine et amoxicilline ou clarithromycine et imidazolés ou encore
amoxicilline et imidazolés dans le cas du pantoprazole. La ranitidine peut être aussi utilisée pendant 14 jours
associée à deux antibiotiques : clarithromycine et métronidazole (ou tinidazole) ou clarithromycine et
tétracycline.
COMMENT PRESCRIRE ?
Quelle que soit la cause de l’ulcère, l’association de deux anti-ulcéreux "classiques" est illogique et n’apporte
aucun gain d’efficacité. Le malade doit être averti que le fait de fumer retarde la cicatrisation de l’ulcère évolutif
et favorise les récidives. Le contrôle endoscopique à la fin du traitement n’est nécessaire que pour l’ulcère
gastrique.
• Ulcères associés à HP
En cas de présence d’HP, le traitement comporte une phase d’éradication du germe et une phase de finalisation
de la cicatrisation de l’ulcère.
L’efficacité du traitement dépend du respect du schéma posologique, du strict respect des durées de traitement et
en particulier les antibiotiques ne doivent pas être pris pour des durées plus courtes que celles préconisées.
Quatre anti-ulcéreux "classiques" ont prouvé leur efficacité associés aux antibiotiques actifs sur HP :
oméprazole, lansoprazole, pantoprazole et ranitidine :
• l’oméprazole s’utilise à double dose (20 mg matin et soir) pendant 7 jours en association aux deux
antibiotiques (phase d’éradication) puis :
• pendant 3 semaines supplémentaires à 20 mg/jour dans l’ulcère duodénal,
• le pantoprazole s’utilise à double dose (40 mg matin et soir) pendant 7 jours en association aux deux
antibiotiques (phase d’éradication) puis :
• pendant 3 semaines supplémentaires à 40 mg/j dans l’ulcère duodénal,
• la ranitidine s’utilise à double dose (300 mg matin et soir) pendant 14 jours en association à deux antibiotiques
(phase d’éradication) puis :
• pendant 2 semaines supplémentaires à 300 mg en cas d’ulcère duodénal,
• Ulcères sans HP
Inhibiteurs H2
En cas d’ulcère évolutif sans HP, la dose quotidienne est de 800 mg pour la cimétidine, de 300 mg pour la
ranitidine, de 40 mg pour la famotidine et de 300 mg pour la nizatidine. Cette dose peut être administrée en une
seule prise le soir au coucher ou au dîner ou répartie en 2 prises égales, matin et soir. La durée du traitement est
en général de 4 à 6 semaines. Si un traitement préventif des rechutes apparaît nécessaire, la dose est la moitié de
celle utilisée pour l’ulcère évolutif sans HP, le soir au coucher ou au dîner. La tolérance des inhibiteurs H2 est
excellente bien que des effets indésirables soient possibles. La prescription à long terme des antisécrétoires
semble sans inconvénient sur la physiologie gastrique.
Oméprazole
En cas d’ulcère duodénal évolutif sans HP, la posologie est de 1 gélule à 20 mg par jour pendant 4 semaines. En
cas d’ulcère gastrique sans HP, la posologie est de 1 gélule à 20 mg le matin pendant 4 à 6 semaines.
Dans le cas d’ulcère duodénal sans HP ayant résisté à un traitement d’entretien par les inhibiteurs H2, un
traitement d’entretien par l’oméprazole peut être prescrit à la posologie de 1 gélule à 20 mg par jour.
Lansoprazole
En cas d’ulcère duodénal évolutif sans HP, la posologie est de 1 gélule à 30 mg par jour pendant 4 semaines. En
cas d’ulcère gastrique évolutif sans HP, la posologie est de 1 gélule à 30 mg le matin pendant 4 à 6 semaines. En
cas d’ulcère duodénal sans HP, un traitement d’entretien par le lansoprazole peut être prescrit à la posologie de 1
gélule à 15 mg par jour.
Pantoprazole
En cas d’ulcère duodénal évolutif sans HP, la posologie est de 1 comprimé à 40 mg par jour pendant 4 semaines.
En cas d’ulcère gastrique évolutif sans HP, la posologie est de 1 comprimé à 40 mg/jour pendant 4 à 8 semaines.
Sucralfate
En cas d’ulcère évolutif sans HP, la posologie est de 4 g par jour en 2 ou 4 prises pendant 4 à 6 semaines. En
prévention des rechutes, elle est de 2 g par jour en 1 ou 2 prises.
Antiacides
En cas d’ulcère duodénal évolutif sans HP, la posologie du produit ayant l’AMM est de 10 ml 4 fois par jour
pendant 4 à 6 semaines.
En cas d’ulcère gastrique et duodénal évolutif sans HP, la posologie est de 200 µg 4 fois par jour pour le
misoprostol. En cas d’ulcère duodénal sans HP, cette dose peut être répartie en 2 prises égales, matin et soir pour
le misoprostol. La durée du traitement est de 4 à 8 semaines. En cas de traitement préventif des ulcères induits
par les AINS chez les sujets à risque, quand un traitement anti-inflammatoire est jugé indispensable, la posologie
est de 1/2 comprimé à 200 µg 4 fois par jour ou 1 comprimé à 200 µg 2 fois par jour, soit 400 µg par jour
pendant 10 jours, puis si cette dose est bien tolérée, 1 comprimé à 200 µg 4 fois par jour, soit 800 µg par jour [en
cas d’intolérance (diarrhée) à la dose élevée, la dose de 400 µg par jour doit être poursuivie].
Les interactions médicamenteuses de ces produits sont nombreuses. Elles peuvent avoir des conséquences
cliniques : se reporter au cahier des interactions médicamenteuses (Dictionnaire Vidal).
Objectifs:
- Connaître les mécanismes d’action des immunosuppresseurs
- Savoir distinguer les différentes molécules
- Connaître les propriétés pharmacocinétiques utiles pour le suivi des patients traités
- Connaître les effets indésirables
- Connaître les règles de maniement des imunosuppresseurs et les modalités de surveillance
Plan
Introduction
1. Ciclosporine et Tacrolimus
2. Mycophenolate mofétil
3. Azathioprine
Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante
• Information très importante
• Information importante
Pour parvenir à une immunosuppression cliniquement significative, il est nécessaire de tenir compte
des principes suivants :
- il est plus facile d’inhiber la réponse immune primaire (le processus antigénique, la prolifération
cellulaire, la synthèse des lymphokines) que les réponses secondaires
- les agents immunosuppresseurs ne doivent pas systématiquement produire le même effet sur
toutes les cibles potentielles
- la réponse immunosuppressive est plus efficace en cas de traitement précoce et même si possible
anticipé.
1 Ciclosporine et Tacrolimus
Bien que ces deux médicaments n’aient aucun point commun au niveau de leurs structures, ils ont la
même cible : l’inhibition de la transcription de cytokines.
La ciclosporine appartient à la famille des polypeptides cycliques dérivés du champignon
Tolypocladium inflatum gans. La ciclosporine est lipophile et très hydrophobe ce qui implique sa
solubilisation pour un usage clinique.
Le tacrolimus est un antiobiotique de la famille des macrolides extrait de Streptomyces tsukubaensis.
La ciclosporine est un médicament majeur, découvert et utilisé en thérapeutique avant que l’on ne
connaisse son mécanisme d’action au niveau moléculaire. Elle a été sélectionnée parce qu’elle inhibait
le rejet de greffes chez l’animal. Par la suite elle s’est montrée efficace en thérapeutique dans la même
indication.
Le mécanisme d’action de la ciclosporine est le suivant : elle inhibe la synthèse de certaines cytokines,
en particulier celle de l’IL2 par les lymphocytes T Helper. Son effet sur les lymphocytes T est sélectif
et réversible. Cette inhibition s’opère selon les mécanismes suivants :
a) La ciclosporine pénètre dans le cytoplasme des lymphocytes T Helper où elle se lie à une
immunophiline, la cyclophiline, qui est une enzyme, la peptidyl-prolyl-cis-trans-isoménase ou
rotamase.
b) Le complexe cyclophiline-ciclosporine se lie à la calcineurine et inhibe son activité
phosphatasique, ce qui conduit à l’accumulation de phosphoprotéines parmi lesquelles le NF-AT,
« Nuclear factor of activated T cell ». Sous forme phosphorylée, le NF-At ne pénètre pas dans le
noyau et n’induit pas la synthèse d’IL 2.
Le tacrolimus a une action similaire à celle de la ciclosporine dont il ne partage toutefois pas le site de
fixation moléculaire qui est la protéine FKBP12. Le complexe tacrolimus/ FKBP12 bloque l’activité
phophatasique de la calcineurine avec inhibition de la synthèse d’IL2.
Indications
Ciclosporine
- Transplantations d’organes (rein, cœur, poumon, foie, pancréas) en monothérapie ou avec de
faibles doses de corticoïdes et/ou éventuellement d’azathioprine
- Greffes de moelle osseuse : prévention du rejet en association au méthotrexate, traitement du rejet,
prévention et traitement de la réaction du greffon contre l’hôte
- Traitement de 2ème intention des formes étendues et sévères de psoriasis en cas d’échec ou
d’intolérance ou de contre-indications des traitements classiques (puvathérapie, rétinoïdes..)
- Traitement de 2ème intention des dermites atopiques sévères de l’adulte
- Traitement de 2ème intention des syndromes néphrotiques avec lésions glomérulaires minimes
- Traitement de 2ème intention des formes actives et sévères de polyarthrite rhumatoïde
- Traitement des aplasies médullaires acquises sévères et ne pouvant bénéficier d’une greffe de
moelle allogénique
Tacrolimus
- Prévention du rejet de greffe au décours de transplantations rénales et hépatiques
- Traitement du rejet rebelle cortico-résistant après transplantation d’organes
1.3 Pharmacocinétique
Ciclosporine
Résorption lente (Tmax : 1 – 4 heures) et variable, avec une biodisponibilité de 30-50 % pour la
ciclosporine sous forme Sandimmun®. La mise au point de la forme microémulsionnée (Néoral ®) a
permis d’améliorer la biodisponibilité et de réduire la variabilité inter et intra individuelle. Le volume
de distribution de la ciclosporine est important : 13 l/kg de poids corporel indiquant une accumulation
tissulaire de ce composé. En fait on retrouve la ciclosporine dans les érythrocytes et les leucocytes
(liaison à la cyclophiline). Dans le plasma, la ciclosporine est fixée sur les lipoprotéines. La
ciclosporine est largement métabolisée au niveau hépatique avec plus de 30 métabolites formés. Ce
sont les chaînes latérales du cycle qui sont métabolisées par les cytochromes P450 (essentiellement
3A4).
Son métabolisme peut être modifié, soit accéléré, soit ralenti, par d’autres médicaments :
- accéléré par les inducteurs enzymatiques comme la rifampicine, la carbamazépine, le
phénobarbital, qui diminuent sa concentration plasmatique.
- ralenti par les inhibiteurs du cytochrome P-450 comme l’érythromycine et le kétoconazole qui
entraînent une élévation de sa concentration plasmatique.
Ciclosporine
- Hépatotoxicité : hépatites cholestatiques (rares et réversibles à l’arrêt du traitement)
- Troubles électrolytiques : hyperuricémie (45 à 80 % ) avec possibilités de crises de goutte,
hyperkaliémie
- hiperhirsutisme (30 %), HTA, hypertophie gingivale, vomissements, oedèmes du visage,
Tacrolimus
- neurotoxicité sévère (3-8%) avec tremblements, céphalées, paresthésies, agitation, anxiété,
insomnie
- hyperglycémie (40 %) voir diabète induit ,
- effets cardio-vasculaires : HTA (40 %), tachycardie, oedèmes, cas isolées d’insuffisance
cardiaque
- Troubles électrolytiques : hyperuricémie, hyperkaliémie
- Elles sont nombreuses et essentiellement liées au métabolisme par le CYP4503A4 ; sont rappelées
ici les interactions de type contre-indications et associations déconseillées. Pour les autres
consulter la description détaillée dans les monographies du Vidal ou le site de l’AFSSaPS :
Sécurité sanitaire et vigilances les interactions médicamenteuses mise à jour décembre 2004
http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/iam/indiam.htm
Contre-indications
Grossesse (les données expérimentales ont montré une tératogénicité chez l’animal pour le
tacrolimus).
2 Mycophenolate mofétil
Prévention des rejets aigus d’organe chez les patients ayant bénéficié d’une allogreffe rénale ou
cardiaque, en association avec la ciclosporine et aux corticoïdes (alternative à l’association
ciclosporine + corticoïdes + azathioprine)
2.3 Pharmacocinétique
Le mycophénolate mofétil est bien résorbé (biodisponibilité de 94 %), il est immédiatement métabolisé
en MPA qui est soumis à un cycle entéro-hépatique. Son volume de distribution est de 4 l/kg. Le
métabolite glucuronoconjugué du MPA est éliminé dans les urines.
Ils sont dominés par des troubles hématologiques nombreux (51,5%) et sévères dans certains cas :
neutropénies, anémie, thrombopénie et les troubles gastriques (32 %) avec nausées et vomissements,
constipation.
Les autres effets indésirables sont plus rares :
- survenue d’infection, syndrome pseudo-grippal,
- douleurs, céphalées ,vertiges, insomnie, somnolence
- élévation de la créatinémie,
- troubles rénaux : hématurie, protéinurie, nécrose tubulaire
Non documentées
3 Azathioprine
L’Azathioprine est une prodrug de la 6-mercaptopurine contenant un cycle imidazolé fixé sur le
groupement sulfure d’un noyau purine.
Il s’agit d’un inhibiteur de la synthèse des purines . Son effet s’exerce aussi bien au niveau des
lymphocytes T que de l’ensemble des cellules hématopoiétiques . Toutefois son effet antiprolifératif
est moindre que celui d’autres cytotoxiques comme le cyclophosphamide et l’azathioprine a donc une
toxicité moindre.
Indications
- Transplantation d’organes en association avec des corticoïdes ou d’autres immunosuppresseurs
- Maladies auto-immunes (surtout en cas de cortico-résistance ou cortico-dépendance, afin de
réduire les posologies de corticoïdes) : lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde
sévère, myasthénie, hépatite chronique active, purpura thrombopénique idiopathique…
3.3 Pharmacocinétique
L’Azathioprine est relativement bien toléré toutefois il faut se souvenir de sa toxicité hématologique :
- leucopénie (réversible), thrombopénie, anémie
- autres effets (rares) : fièvres, éruptions cutanées, nausées, vomissements, diarrhée, myalgies,
alopécie, hépatite (exceptionnelle), fréquence accrue des tumeurs malignes lymphoréticulaires et
épithéliales
Surveillance hématologique, examen régulier de la peau en évitant toute exposition au soleil en raison
de la fréquence accrue de cancers de la peau. La prise du médicament pendant les repas améliore la
tolérance gastrique.
Contre-indications
Grossesse en raison du risque hématologique chez le nouveau né exposé in-utéro.
Plan ____________________________________________________________
Introduction
1. les statines
2. les fibrates
Introduction_____________________________________________________
Traiter une dyslipidémie revient le plus souvent à tenter de réduire le risque de maladies
cardiovasculaires. Deux étapes sont à respecter : établir le diagnostic précis de l’hyperlipidémie et
évaluer le risque cardiovasculaire global du patient, en tenant compte de l’existence d’autres facteurs
de risque. De ces éléments dépendra la stratégie thérapeutique (abstention, diététique, traitement
pharmacologique) et l’objectif à atteindre en terme de réduction de l’hyperlipidémie.
1. Les statines____________________________________________________
Mécanisme d’action
Ce sont des inhibiteurs de l’HMG CoA réductase (3-hydroxy 3-méthyl-glutaryl coenzyme A
réductase), enzyme clé de la synthèse endogène du cholestérol au niveau cellulaire. L’action
prédomine au niveau des hépatocytes. La diminution de la synthèse de cholestérol stimule l’expression
du gène des récepteurs au LDL par la levée du rétrocontrôle négatif exercé par le cholestérol
intracellulaire. L’augmentation de la synthèse des récepteurs aux LDL entraîne une augmentation de la
captation des LDL plasmatiques et de leur catabolisme par les cellules, et donc une diminution du taux
de LDL circulantes.
Efficacité clinique
Indications
- Hypercholestérolémies pures (type IIa) ou mixtes (type IIb) en complément du régime.
- Chez le coronarien avéré hyper- ou normocholestérolémique (LDL-cholestérol > 3,20 mmol/L) pour
la pravastatine.
- En prévention primaire (absence de coronaropathie avérée) si le cholestérol total est supérieur à
7,7mmol/L (3 g/l) après régime, ou supérieur à 6,4mmol/L (2,5 g/l) après régime et en présence d’un
risque cardiovasculaire
élevé pour la pravastatine. En fait, on se base actuellement sur le taux de LDL-cholestérol et sur le
risque cardiovasculaire pour décider de l’indication d’un traitement pharmacologique (cf. tableau
1).
- Chez le transplanté cardiaque quel que soit le taux de cholestérol pour la pravastatine.
- Hypercholestérolémie familiale homozygote en addition à d’autres thérapeutiques
hypolipémiantes (LDL-aphérèses) pour l’atorvastatine et la rosuvastatine.
Contre-indications
- Absolues : insuffisance hépatique, affection hépatique évolutive, élévation prolongées des
transaminases, myopathie, femme en âge de procréer sans contraception, hypersensibilité à l’un des
constituants, traitement par la ciclosporine.
Une attention particulière doit être portée aux patients qui présentent une insuffisance rénale modérée
Effets indésirables
Ils sont le plus souvent modérés et transitoires. La tolérance est habituellement excellente. La
fréquence des atteintes musculaires et hépatiques est dose dépendante.
- Cliniques : atteinte musculaire (1% des patients) : myalgies, crampes, rhabdomyolyse. L’atteinte
musculaire est favorisée par l’hypothyroïdie et l’existence d’une myopathie. Troubles digestifs,
insomnies, céphalées, asthénie. Plus rarement : manifestation d’hypersensibilité (angio-oœdème,
urticaire). Paresthésies, neuropathie périphérique. Pancréatite, ictère cholestatique, hépatite,
anorexie, vomissements. Réactions cutanées, prurit, rash, photosensibilisation, alopécies.
Impuissance.
- Biologiques : élévation des transaminases (1% des patients), des enzymes musculaires. Plus
rarement : hyper- ou hypoglycémie, thrombopénie.
Interactions médicamenteuses
- fibrates : majoration du risque de rhabdomyolyse à forte dose.
- AVK : augmentation de l’effet des anticoagulants par déplacement de leur liaison aux protéines
plasmatiques.
- Certaines statines (simvastatine, atorvastatine) sont métabolisées par le cytochrome P450 3A4
(CYP 3A4). Par conséquent, l’association de ces statines avec des médicaments susceptibles
Pharmacocinétique
Absorption rapide, faible biodisponibilité, importante liaison aux protéines plasmatiques, métabolisme
essentiellement hépatique et élimination par voie biliaire principalement.
Conduite du traitement
Le traitement par statine est débuté chez un patient hypercholestérolémique lorsque la réduction du
LDL-cholestérol obtenu par le régime seul est insuffisante, en fonction du risque cardiovasculaire. Il
est utile de disposer d’un bilan biologique hépatique de référence avant la prescription. On débute
habituellement par une faible dose, qui sera progressivement majorée (sans dépasser la posologie
maximale conseillée) jusqu’à obtention de l’objectif en terme de LDL-cholestérol.
Le contrôle du bilan lipidique est effectué tous les 2 mois, puis, une fois l’objectif atteint, tous les 6 à
12 mois.
L’indication d’un traitement par statine dépend non seulement du taux de LDL-cholestérol, mais
également du risque cardiovasculaire du patient. Le seuil d’intervention (valeur du LDL-cholestérol
pour laquelle un traitement est indiqué) sera d’autant plus bas que le risque cardiovasculaire est élevé,
et l’objectif thérapeutique (valeur cible) également (cf. tableau 1).
Le rythme de la surveillance des transaminases n’est pas codifié, mais il semble souhaitable de
pratiquer un premier contrôle à un mois, puis tous les trois mois durant la première année, et plus
fréquemment en cas d’élévation de celles-ci. Une augmentation persistante supérieure à 3 fois la
normale nécessite un arrêt du traitement. Les CPK seront dosées en cas d’apparition de symptômes
musculaires, et éventuellement systématiquement chez les patients à risque (insuffisants rénaux ou
hépatiques, associations médicamenteuses...).
Statines disponibles
Catégorie de patients ayant une élévation du LDL-cholestérol Valeur d’instauration du traitement Valeur d’instauration du traitement Valeurs cibles (g/L)
diététique (g/L) médicamenteux (g/L)
Prévention primaire, plus de 2 autres FDR ≥ 1,30 (3,4mmol/L) ≥ 1,30 (3,4mmol/L) < 1,30 (3,4mmol/L)
Mode d’action :
Les fibrates diminuent principalement les triglycérides par l’activation de protéines nucléaires les
PPAR alpha (peroxysome mroliferator activated receptor alpha) qui stimulent le gène de la
lipoprotéine lipase. Il y a alors diminution de la concentration des lipoprotéines de très faible densité
(VLDL) et augmention du transport inverse du cholestérol.
Les fibrates stimulent également via les PPAR alpha l’expression des gènes des Apo A1 et A2,
constituants essentiels des lipoprotéines HDL dont la synthèse est alors favorisée. L’expression des
gènes des récepteurs aux Apo A1 et A2 est également augmentée. Ces médicaments corrigent la
structure des LDL, qui sont anormales chez les patients dyslipidémiques (plus denses et plus
athérogènes).
Efficacité clinique :
Elle est moins bien établie que pour les statines, bien que plusieurs essais cliniques récents aient
démontré un effet favorable chez le coronarien en prévention secondaire, en particulier lorsque le
LDL-cholestérol est normal et le HDL-cholestérol bas (études VA-HIT et DAIS).
Indications :
- - hypercholestérolémies pures (type IIa) : bien que les statines soient plus efficaces, les fibrates
restent indiqués, surtout en cas d’intolérance aux statines.
- - dyslipidémies mixtes (type IIb et III) : en particulier lorsque l’anomalie prédominante est une
hypertriglycéridémie ou une hypoHDLémie.
- - Hypertriglycéridémies endogènes (type IV) : associant souvent un HDL-cholestérol bas à
l’hypertriglycéridémie. C’est l’indication préférentielle des fibrates.
Contre-indications :
Insuffisance rénale, insuffisance hépatique. Fénofibrate : antécédent de phototoxicité avec le
fénofibrate ou le kétoprofène.
Les fibrates ne sont pas indiqués durant la grossesse, en dehors des hypertriglycéridémies majeures > à
11,3mmol/L ( soit > 10 g/l).
Interactions médicamenteuses :
- - Statines : risque accru de rhabdomyolyse. Association actuellement déconseillée (malgré un gain
d’efficacité), et même contre indiquée pour le gemfibrozil (Lipur®).
- - AVK : augmentation de l’effet anticoagulant par déplacement de leur liaison aux protéines
plasmatiques.
Fibrates disponibles :
Ciprofibrate (Lipanor®), fénofibrate (Lipanthyl®, Sécalip®), gemfibrozil (Lipur®), bézafibrate
(Béfizal®).
Items ENC
Item 27 : Contraception
Item 28 : Interruption volontaire de grossesse
Item 55 : Ménopause et andropause
Item 56 : Ostéoporose
Item 159 : Tumeurs du sein
Objectifs:
- Connaître les effets biologiques des oestrogènes et de la progestérone
- Connaître les effets pharmacologiques de l’éthinylestradiol
- Connaître la classification des contraceptifs oraux
- Connaître les effets indésirables des oestro-progestatifs
- Connaître et savoir expliquer les bases pharmacologiques qui permettent de bien choisir une
contraception pharmacologique
- Connaître les antagonistes des récepteurs des oestrogènes et de la progestérone ainsi que leurs
indications
Plan
Les stéroïdes sexuels, leurs antagonistes et la contraception hormonale.
A. Les oestrogènes et leurs antagonistes :
1. Classification des oestrogènes
2. Mode d’action des oestrogènes : cas du 17 ß-oestradiol
3. Classification pharmacologique des ligands des récepteurs des oestrogènes
4. Tissus cibles des oestrogènes – Effets physiologiques
5. Utilisations thérapeutiques des oestrogènes
6. Interactions médicamenteuses de l’éthinylestradiol
7. Effets secondaires et complications de l’éthinylestradiol
8. Les anti-oestrogènes
B. Les progestatifs et leurs antagonistes
1. Effets pharmacologiques des progestatifs
2. Effets tissulaires
3. Pharmacocinétique
4. Les progestatifs en thérapeutique
5. Indications
6. Produits
7. La mifépristone Mifégyne*
C. La contraception hormonale
1. Historique et considérations générales
2. Les oestroprogestatifs
3. Contraception progestative
Les stéroïdes sexuels, leurs antagonistes et la contraception hormonale.
A. Les oestrogènes et leurs antagonistes :
1. Classification des oestrogènes : 3 classes.
a. Oestrogènes naturels :
Les oestrogènes naturels sont composés de 3 hormones principales : le 17 ß-oestradiol qui
constitue l’oestrogène de référence, l’estrone et l’oestriol. Le principal œstrogène naturel
utilisé en thérapeutique est le 17 β-oestradiol comme traitement hormonal substitutif de la
ménopause (THS).
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17 β-oestradiol
b. Oestrogènes de synthèse :
On trouve des oestrogènes synthétiques stéroïdiens ou non-stéroïdiens.
Les dérivés stéroïdiens :
Ces substances sont des dérivés alkylés en position 17 de l’oestradiol. Les deux produits de
référence sont : l’éthinylestradiol et le mestranol. Le principal produit à connaître est
l’éthinylestradiol qui entre dans la composition des contraceptifs oraux.
Les dérivés non stéroïdiens :
Ces produits font partie de la famille des stilbènes avec pour prototype le diétylstilboestrol
Distilbène*. Ce composé est formellement contre-indiqué chez la femme et a pour seule
indication le cancer de la prostate. Il a été rendu responsable d’infertilités et de cancer du
vagin à petites cellules chez des filles de femmes l’ayant pris pendant leur grossesse.
8. Les antioestrogènes :
a. Modes d’action des anti-oestrogènes:
Ces produits sont des antagonistes non-stéroïdiens des récepteurs des oestrogènes.
Le mode d’action de ces produits est complexe dépendant largement du tissu considéré. On
peut ainsi observer des :
¾ Effets-antioestrogènes : diminution de la prolifération des cellules
cancéreuses mammaires, « flush » vasomoteur (bouffées de chaleur), diminution de
la densité osseuse. Ces effets sont classiquement qualifiés d’antagonistes.
¾ effets oestrogéniques : induction de la prolifération des cellules
endométriales avec apparition d’hyperplasie ou de polypes de l’endomètre. Ici, le
produit reproduit un effet de type oestrogénique et donc constituerait un agoniste.
¾ ni l’un, ni l’autre : en particulier, les antioestrogènes n’ont pas d’effet
sur le métabolisme lipidique.
Ainsi, en fonction du tissu considéré, ces produits peuvent se comporter comme des agonistes,
des agonistes partiels ou des antagonistes (pas d’activité intrinsèque). L’origine de ces effets
provient de la fixation possible sur différents sites du récepteur du 17-ß oestradiol. Lorsque le
produit se fixe sur le site de liaison « physiologique » de cette hormone, il se comporte
comme un antagoniste compétitif, limitant la fixation du médiateur endogène.
Le produit peut aussi se lier sur un site différent du « site agoniste physiologique » et y
induire une activation faible du récepteur ; c’est l’effet agoniste partiel, visible en particulier
pour le tamoxifène dans l’endomètre.
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2. Effets tissulaires
a. Périphériques :
Un préalable capital à l’action périphérique des progestatifs est l’existence d’une
imprégnation oestrogénique, l’inverse n’étant pas vrai. En effet, seuls les oestrogènes sont
capables d’induire la synthèse et l’expression des récepteurs de la progestérone. Dans ces
conditions, la progestérone va pouvoir exercer ses effets « anti-oestrogènes » ainsi que ses
activités propres :
effets antioestrogènes : effets antiprolifératifs et constitution d’un endomètre
sécrétoire avant d’induire la desquamation de la muqueuse utérine
diminution de la production de la glaire cervicale qui devient épaisse et
«hostile » au passage des spermatozoides
relaxation du corps utérin avec contraction de l’isthme
induction d’une prolifération alvéolo-acineuse mammaire pour la progestérone
naturelle. Les dérivés synthétiques ont plutôt l’effet inverse.
b. Centraux :
réajustement du thermostat interne hypothalamique avec augmentation de la
température centrale de l’ordre de 3 à 5 dixièmes de degrés
effet sédatif voire anesthésique (progestatifs anesthésiques).
c. Métaboliques:
La progestérone a très peu d’effets métaboliques qui sont essentiellement dus au blocage
compétitif du récepteur des minéralocorticoïdes.
3. Pharmacocinétique
Trois facteurs doivent être pris en compte pour pouvoir envisager la pharmacocinétique des
progestatifs : la nature de la molécule, la voie d’administration et les traitements associés
a. Nature de la molécule
¾ Transformation hépatique : elle est très forte pour la progestérone.
Certains dérivés de la progestérone constituent des prodrogues qui requièrent un
métabolisme hépatique pour devenir actives : lynestrénol, éthynodiol,
noréthistérone.
¾ Transport sanguin : la progestérone circule dans le plasma sous forme
liée à l’albumine et à la transcortine.
b. Voie d’administration
¾ voie orale : la progestérone peut être administrée par cette voie sous
forme de capsules micronisées La biodisponibilité est faible et la demi-vie
d’élimination brève.
¾ Voie intramusculaire : certains progestatifs peuvent être mis en
suspension dans des supports microcristallins ou huileux qui en augmentent la
durée de libération et donc d’action jusqu’à quelques mois (Cf contraception
progestative à effet retard).
¾ Voie sous cutanée : il existe des implants utilisés comme contraceptifs
et dont la durée d’action peut être de plusieurs années.
¾ Voie percutanée pour l’obtention d’effets locaux dans le traitement de
certaines mastoses (Progestogel*).
c. Interactions médicamenteuses
Les progestatifs sont inactivés par de nombreux inducteurs enzymatiques hépatiques au rang
desquels il faut citer les barbituriques, les hydantoïnes et la rifampicine.
5. Indications
a. Carences progestéroniques
troubles menstruels et syndrome prémenstruel
troubles périménopausiques : méno-métrorrhagies, mastopathies bénignes
traitement substitutif de la ménopause en association avec un œstrogène
grossesse : la progestérone micronisée orale est préconisée dans le maintien
des grossesses chez des patientes à risque de fausse couche spontanée. Sa
biodisponibilité est médiocre et, compte tenu des concentrations plasmatiques
élevées de cette hormone en début de grossesse, son efficacité réelle (en dehors
d’un effet placebo) est probablement très faible.
b. Contraception (Cf plus loin)
c. Endométriose
d. Acné et hirsutisme : pour les composés à effets antiandrogéniques
e. Puberté précoce
f. Cancérologie : cancer de l’endomètre, cancer du sein métastasé, cancer de la prostate
7. Produits
dydrogestérone Duphaston*, progestérone Utrogestan*, lynestrénol Orgamétril*,
chlormadinone Lutéran*, nomegestrol Lutényl*, promegestone Surgestone* etc …
C. La contraception hormonale:
1. Historique et considérations générales:
Au début du 20ème siècle, Béard, Prenant et Loeb décrivent pour la première fois que la
grossesse aboutit à une suppression complète de l’ovulation. Ils émettent l’hypothèse selon
laquelle le corps jaune fabriquerait une substance bloquant la maturation folliculaire. Ce
concept est repris en 1927 par le physiologiste autrichien Haberlandt qui réalise des
expériences de stérilisation temporaire chez des lapines nourries avec des extraits ovariens et
placentaires. La progestérone est ensuite purifiée.
1937 : la progestérone bloque l’ovulation chez la lapine (Makepeace et coll.)
1939 : la progestérone bloque l’ovulation chez le rat (Astwood et Fevold)
1957 : première étude clinique. Pincus, Garcia et Rock montrent qu’un traitement par la
progestérone ou par un 19 norpregnane bloque l’ovulation chez la femme. Il montrent aussi
que son association à un oestrogène (le mestranol) réduit le volume des menstruations lors de
ce traitement.
1959 : Pincus, Garcia, Rock et coll. réalisent un vaste « essai clinique » à Haiti et à Puerto
Rico et démontrent l’efficacité contraceptive de l’association mestranol + noréthinodrel. Cette
association est mise sur le marché dans la même année sous le nom d’ENOVID*. Elle est
suivie en 1962 par l’association mestranol + noréthindrone ORTHO-NOVUM*.
1966 : on démontre l’efficacité contraceptive prolongée des implants de progestatifs.
1980-82 : apparition des oestroprogestatifs mini dosés, bi et triphasiques.
2. Les oestroprogestatifs:
a. Mode d’action
Effet principal : inhibition centrale de l’ovulation
¾ Progestatif : il exerce un effet hypothalamique (diminution de la fréquence des
pics de LHRH) et un effet hypophysaire (inhibition du pic de LH préovulatoire induit par
les oestrogènes).
¾ Oestrogène : il bloque la libération de FSH conduisant à une inhibition de la
croissance folliculaire.
Effets additionnels apportés par le progestatif: diminution de la vitesse de
transfert tubaire et modification de la qualité de la glaire cervicale qui devient
défavorable au passage des spermatozoïdes.
Il n’existe plus à l’heure actuelle de méthode séquentielle (oestrogène seul pendant 7 jours ou
15 jours suivie d’une association oestroprogestative pendant 7 ou 15 jours) et toute les pilules
utilisent maintenant le principe de la méthode combinée qui consiste en l’utilisation
simultanée de l’oestrogène et du progestatif.
¾ Avantages : l’association des deux composés permet d’obtenir un effet
synergique et donc d’en réduire les doses. De plus, le progestatif réalise le «verrou
de sécurité » périphérique.
¾ Inconvénient : la stimulation oestroprogestative permanente de
l’endomètre conduit à un mauvais contrôle endométrial suceptible d’induire des
accidents tels que « spotting », aménorrhée, métrorragies. On va essayer de
compenser ce problème en faisant varier le rapport oestrogène/progestatif au cours
du cycle.
La discussion sur la notion de phase des contraceptifs oraux a été récemment balayée par
l’apparition des contraceptifs contenant un progestatif de troisième génération (désogestrel,
gestodène, norgestimate) où ce dernier exerce un effet antigonadotrope tellement puissant
qu’il permet de réduire la dose d’EE. On a ainsi assisté au retour des pilules combinées
monophasiques où la posologie quotidienne d’EE a été réduite à moins de 30 μg/j.
Ex : Cycléane* 20*: EE (20 μg/j) + désogestrel (0.15mg/j) de J1 à J21.
Méliane*: EE (20 μg/j) + gestodène (75g/j) de J1 à J21.
Mélodia* : EE (15 μg/j) + gestodène (60g/j) de J1 à J21.
Comme vous avez pu le voir, la dose d’EE change d’un contraceptif à l’autre et le choix d’une
pilule plutôt que d’une autre va devoir reposer sur la sélection d’un climat hormonal adapté à
chaque patiente.
3. Contraception progestative:
a. Progestatifs macrodosés en discontinu (J5 à J25)
Mode d’action :
Les progestatifs macrodosés en discontinu bloquent l’ovulation dans 70 à 80% des cycles en
réduisant la fréquence et l’amplitude des pics de LHRH. Cet effet est principalement
hypothalamique. L’efficacité contraceptive est heureusement supérieure (96 à 98%) grâce aux
verrous périphériques mis en place (Cf plus haut).
Produits utilisés : Lynestrénol Orgamétril*, Promégestone Surgestone*
Intérêts (2)
On les utilise quand l’oestroprogestatif est contre-indiqué ou quand il y a une nécessité
thérapeutique : mastodynies avec ou sans mastose, fibromes, endométriose …
Inconvénients (2)
¾ Métaboliques : prise de poids, sensation de gonflement
¾ Endométriaux : cette méthode nécessite une imprégnation oestrogénique
endogène suffisante. Sans cette imprégnation on s’expose à des risque de saignements
intercycliques et à une aménorrhée par atrophie endométriale progressive.
b. Progestatifs microdosés en continu
Mode d’action : il est complexe, résultant d’une modification sans blocage
complet de l’ovulation associée à une altération de la glaire cervicale et à des effets
endométriaux très variables. A noter que la Cérazette* contient un progestatif de
troisième génération (désogestrel) dont on peut attendre un meilleur effet
antigonadotrope central.
Intérêts : on peut avoir recours à cette méthode en cas d’intolérance ou de
contre-indication à l’utilisation d’un oestroprogestatif, d’autant plus que la tolérance
clinique et biologique est excellente. On peut conseiller ce type de contraception aux
femmes en post-partum et qui allaitent.
Inconvénients : cette méthode est moins efficace que la méthode
oestroprogestative et peut induire un spotting mais surtout un allongement de la durée
des cycles. Ce dernier point peut poser des problèmes psychologiques compte tenu de
la moindre sécurité de la méthode.
Produits : désogestrel Cérazette*, lévonorgestrel Microval*, noréthistérone
Milligynon*, norgestriénone Ogyline*
INTRODUCTION
Le paludisme (ou malaria) est la maladie tropicale la plus répandue dans le monde. Il tue actuellement
près de 2 millions de personnes chaque année.
Dans les années cinquante, l’espoir de l’éradiquer était réel, fondé sur le DDT (susceptible de
supprimer l’anophèle, moustique vecteur) et sur la chloroquine, médicament actif et bon marché.
Cinquante ans après, la perspective de l’éradication est abandonnée par l’Organisation Mondiale de la
Santé, tant le niveau de transmission en Afrique est intense, alors que les moustiques ont développé
des résistances au DDT (posant par ailleurs des problèmes de pollution pour l’agriculture) et que les
Plasmadium sont devenus résistants à la chloroquine (notamment en Afrique) et/ou à l’association
sulfadoxine-pyriméthamine (surtout en Asie du Sud-Est). En l’an 2000, 40% de la population mondiale
vit dans des zones impaludées (voir les sites de l’OMS : www.who.int ou de l’association « Roll Back
Malaria : www.rbm.who.int). Trois mille enfants meurent chaque jour de paludisme (et 1300 de moins
de quinze ans par jour pour le SIDA en 1999). Pourtant, la recherche de nouvelles approches
thérapeutiques, la vaccination par exemple, ne progresse pas. Une ouverture intéressante pourrait
être la modification du génome des anophèles pour les rendre incapables de transmettre le
Plasmodium.
Ce cours envisage les bases pharmacologiques des principaux médicaments antipaludéens pour la
prise en charge et la chimioprophylaxie du paludisme d’importation à Plasmodium falciparum. Il est
• Schizonticides érythrocytaires :
¾ Amino-4-quinoléine : chloroquine, amodiaquine
¾ Arylamino-alcools :
- Quinoléines méthanols : quinine, méfloquine
- Phénanthrène méthanol : halofantrine
- Qinghaosu et dérivés : artémisinine, arthéméther
• Schizonticides érythrocytaires et tissulaires :
¾ Antifoliques : sulfamides (sulfadoxine)
¾ Antifoliniques : pyriméthamine : proguanil
¾ Antibiotiques : cyclines
• Schizonticides tissulaires hépatiques et gamétocytocides : amino-8-quinoléines
(primaquine)
B. LES MEDICAMENTS
I. CHLOROQUINE (NIVAQUINE*)
1. Mécanisme d’action
La chloroquine est capable de traverser la membrane de l’érythrocyte parasité et de se concentrer très
fortement dans la vacuole digestive du parasite. Le médicament mène ainsi à une accumulation
toxique pour le Plasmodium de molécules d’hèmes (produit de dégradation de l’hémoglobine)
polymérisées entraînant la lyse du parasite. Une inhibition de la synthèse d’ADN et/ou d’ARN par
fixation de la chloroquine sur l’ADN du parasite pourrait aussi intervenir.
L’apparition de la résistance est liée à une incapacité à accumuler le médicament dans la vacuole
digestive du parasite, sans doute à la suite d’une mutation (selon un mécanisme comparable à celui
décrit pour les cellules cancéreuses humaines dans le phénotype "multidrug-resistance »).
2. Pharmacocinétique
La biodisponibilité est satisfaisante mais variable, améliorée par la prise concomitante d’aliments. La
chloroquine diffuse facilement dans l’organisme, et se fixe dans les érythrocytes et les tissus riches en
mélanine (choroïdes et corps ciliaires). Cette fixation explique une demi-vie d’élimination longue
(phase terminale de 20 à 60 jours). Le médicament est en partie métabolisé en métabolites actifs
(dont la déséthyl-chloroquine), essentiellement par les CYP 3A4 et 2D6. l’élimination est rénale. Chez
les insuffisants rénaux, une baisse de posologie est logique.
Les effets indésirables sont rares dans le cadre d’une chimioprophylaxie (moins de 1 effet grave sur
100.000 traitements). Les signes d’une toxicité potentiellement grave surviennent en cas de
surdosage, d’intoxication aiguë, ou de traitements très prolongés (par ex. en rhumatologie).
C’est alors que risquent de survenir des troubles ophtalmologiques (troubles de l’accommodation,
rétinopathies, opacités cornéennes), cardiovasculaires (allongement de l’espace QTc, troubles majeurs
de la conduction, choc cardiogénique), cutanés (prurit, photosensibilisation, éruption), hématologiques
(effet myélo-suppresseur dose-dépendant) ou neurologiques (exceptionnels troubles du
comportement ou convulsions).
4. Grossesse
La chloroquine traverse la barrière placentaire et est excrétée dans le lait maternel. La grossesse
majore le risque d'impaludation et de survenue de formes sévères de paludisme.
En clinique, l'analyse d'un nombre élevé de grossesse exposées lors de traitements antipaludiques n'a
apparemment révélé aucun effet malformatif ou foetotoxique particulier de la chloroquine. Toutefois,
seules des études épidémiologiques permettraient de vérifier l'absence de risque. En conséquence, la
chloroquine peut être prescrite pendant la grossesse dans la prévention ou le traitement du
paludisme.
Dans les autres indications, les données cliniques sont insuffisantes. En conséquence, dans les autres
indications où des posologies plus élevées peuvent être nécessaires et compte tenu du risque
théorique de survenue d'effets indésirables oculaires ou auditifs pour l'enfant, il est souhaitable de
recourir aux posologies les plus faibles possibles.
5. Interactions médicamenteuses
Les pansements gastro-intestinaux peuvent réduire la résorption de la chloroquine. La cimétidine et le
vérapamil permettent in vitro d'augmenter la sensibilité de Plasmodium falciparum à la nivaquine :
cette observation n'a pas encore trouvé d'application clinique.
II. QUININE
C'est toujours sous la forme de l'alcaloïde extrait de l'écorce d'un arbre tropical, le quinquina, que la
quinine est utilisée. Sous forme injectable ou orale, elle est présentée sous forme de plusieurs
spécialités mentionnées sur le tableau 1 page suivante.
Il est important d'y reconnaître les concentrations en quinine-base pour les choix de posologie.
1
Une liste des médicaments susceptibles de provoquer une telle crise, constamment tenue à jour, est disponible sur Minitel
(36.17 code AFARP) ou sur Internet: www.porphyries.com.fr
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 3
« Les antipaludéens » - JL Imbs - Mise à jour : 2002
Le QUINIMAX*, constitué d'un mélange archaïque associant trois alcaloïdes de l'écorce de quinquina à
la quinine, impose la prise de produits a priori non utiles et aux effets indésirables peu explorés.
Attention, certaines de ces spécialités (QUINOFORME*) contiennent des SULFITES2 comme excipients
pouvant entraîner ou aggraver des réactions anaphylactiques.
1. Mécanisme d'action
La quinine se concentre dans la vacuole digestive du Plasmodium mais à des concentrations moindres
que la chloroquine. Comme pour la méfloquine, une fixation sur des sites protéiques du parasite
pourrait être favorisée par la lipophilie du médicament.
2. Pharmacocinétique
3. Effets indésirables
Ils sont dose-dépendants, en dehors de réactions immuno-allergiques qui contre-indiquent l'utilisation
ultérieure de quinine.
L'apparition de "cinchonisme", série d'effets indésirables peu graves (troubles digestifs et visuels,
céphalées, nausées) est relativement fréquente.
Les signes de toxicité surviennent pour des concentrations plasmatiques élevées, utilisées lors d'accès
palustres graves. Ce sont principalement :
• toxicité cardio-vasculaire (troubles de la conduction et troubles du rythme) ;
• toxicité oculaire amaurose par atteinte des cellules rétiniennes) ;
• toxicité auditive (altération de l'audition pour les fréquences élevées) ;
• toxicité neurologique (acouphènes, vertiges) ou cutanée (photo-sensibilisation) ou hématologique.
La quinine induit une augmentation de la sécrétion d'insuline par le pancréas : elle peut entraîner une
hypoglycémie, de diagnostic parfois difficile au cours d'un accès palustre.
4. Grossesse
La quinine traverse la barrière foeto-placentaire et passe dans le lait maternel. Aux posologies
usuelles, elle peut être utilisée chez la femme enceinte. Jadis, la quinine était utilisée à doses toxiques
dans un but abortif : des cas d'anomalies oculaires et d'atteintes auditives ont été rapportés chez
l'enfant dans ces conditions.
5. Interactions médicamenteuses
Elles sont peu documentées et ne semblent pas représenter de problème préoccupant au cours du
traitement de l'accès palustre.
2
Une liste actualisée des médicaments contenant des sulfites, formellement contre-indiqués chez des personnes allergiques à
ce conservateur, peut vous être adressée sur demande au Centre Régional de Pharmacovigilance Alsace.
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 5
« Les antipaludéens » - JL Imbs - Mise à jour : 2002
Il est classique de rappeler que la quinine (base) voit son excrétion urinaire diminuée par les
alcalinisants urinaires (tel l'acétazolamide).
1. Mécanisme d'action
Il est commun avec celui de la quinine. Le mécanisme d'apparition des résistances fait sans doute
intervenir une mutation conduisant à l'expulsion du médicament par le parasite.
2. Pharmacocinétique
E l'absence de forme injectable disponible, la biodisponibilité absolue n'a pu être mesurée. Les
améliorations des formes galéniques orales disponibles assurent une biodisponibilité satisfaisante,
majorée par la présence d'aliments. La méfloquine se fixe pour 98% de son taux plasmatique aux
protéines. Elle a une excellente diffusion tissulaire. Les voies métaboliques chez l'Homme sont peu
connues. La demi-vie d'élimination est longue, de 10 à 28 jours. L'élimination est principalement
digestive.
3. Effets indésirables
Ils sont relativement fréquents, le plus souvent neuropsychiatriques mais bénins. En raison de la
longue demi-vie d'élimination de la méfloquine, les effets indésirables peuvent survenir ou persister
plusieurs semaines après la dernière prise.
Les effets indésirables neuropsychiatriques vont d'une insomnie, cauchemars, vertiges jusqu'à des
convulsions, diplopie, troubles de la conscience. Ils sont vraisemblablement dose-dépendants et sans
doute favorisés par la prise d'alcool.
La méfloquine peut entraîner des troubles du rythme cardiaque, le plus souvent une bradycardie
sinusale.
4. Grossesse
Jusqu'à une révision récente par l'Afssaps des données récentes concernant la grossesse, la
méfloquine était contre-indiquée en raison de l'observation, ancienne, d'une tératogénicité chez
l'animal.
En clinique, l'analyse d'un nombre élevé de grossesses exposées n'a apparemment révélé aucun effet
malformatif ou foetotoxique particulier de la méfloquine administrée à titre prophylactique. Les
données en traitement curatif sont moins nombreuses mais font craindre un risque accru de mort-nés.
Des études complémentaires sont nécessaires pour établir l'absence de risque.
La méfloquine ne sera utilisée pour le traitement curatif chez la femme enceinte qu'en cas de
nécessité absolue : soit en cas de contre-indication à la quinine, soit en cas de résistance avérée du
Plasmodium à la quinine.
Compte tenu des données cliniques actuellement disponibles, la découverte d'une grossesse sous
méfloquine dans les trois mois qui suivent l'arrêt du traitement ne constitue pas un argument pour en
conseiller l'interruption systématique mais conduit à une attitude de prudence et à une surveillance
prénatale.
5. Interactions médicamenteuses
Voir le tableau commun en fin de chapitre.
1. Pharmacocinétique
Les paramètres pharmacocinétiques présentent une très grande variabilité individuelle, liée à une
résorption digestive très irrégulière mais majorée en présence du bol alimentaire riche en lipides. Le
médicament est largement métabolisé par les CYP 3A4 et 2D6. Il inhibe l'activité de l'isoforme 2D6 du
cytochrome P450. La demi-vie d'élimination, en moyenne de 24 à 48 heures, varie de 10 à 160
heures.
2. Effets indésirables
Au début des années 90, alors que le médicament a été mis sur le marché en France en 1988, des
observations de troubles du rythme cardiaque graves ont justifié une enquête de
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 7
« Les antipaludéens » - JL Imbs - Mise à jour : 2002
pharmacovigilance. Celle-ci a établi que l'halofantrine provoquait un allongement de l'espace QTc sur
l'ECG, cette anomalie de la conduction pouvant se compliquer de torsades de pointe, trouble du
rythme ventriculaire mettant le pronostic vital en jeu. Ce risque apparaît dose-dépendant et peut donc
être favorisé par l'augmentation de la biodisponibilité (multiplié par 6) du médicament lorsqu'il est
absorbé avec un repas. Il a donc été décidé de :
• contre-indiquer l'halofantrine chez des patients présentant des antécédents familiaux
d'allongement de QTc congénital, ou en association avec des médicament (voir interactions
médicamenteuses en fin de chapitre), ou une situation clinique (en particulier comportant une
bradycardie ou une hypokaliémie) favorisant l'allongement de l'espace QT corrigé ;
• recommander la prise du médicament à jeun et de ne pas dépasser la posologie totale
quotidienne de 24 mg/kg, à répartir en trois prises espacées de 6 heures.
C. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES
(cahier des interactions du Dictionnaire Vidal pour les antimalariques)
Objectifs pédagogiques____________________________________________
Plan___________________________________________________________
Introduction
1. Les biguanides
2. Les inhibiteurs des alpha-glucosidases
3. Les sulfamides hypoglycémiants
4. Les métaglinides
5. Les glitazones
6. Les associations d’ADO commercialisées
7. Le futur des ADO
7.1. Les Gliptines
7.2. L’exénatide
7.3. Les agonistes pan-PPAR mixtes, α, β, γ.
Introduction____________________________________________________
Le diabète de type 2 résulte à la fois d’anomalie de secrétion de l’insuline par les cellules ß
des îlots de Langerhans du pancréas et de résistance périphérique des tissus à l’action de
l’insuline. L’approche thérapeutique consiste à :
o Stimuler la secrétion d’insuline ;
o Favoriser l’utilisation périphérique du glucose et diminuer sa production hépatique ;
o Réduire la résorption intestinale des hydrates de carbones.
L’objectif d’un traitement par les ADO est d’obtenir un taux d’HbA1c inférieur à 6,5 %.
Mécanismes d’action
Eléments de pharmacocinétique
La biodisponibilité orale de la metformine est de 50 à 60% chez le sujet sain. Aux posologies
usuelles, les concentrations plasmatiques à l’équilibre sont atteintes en 24-48h.
La fixation aux protéines plasmatiques est négligeable. La metformine n’est pas
métabolisée et est éliminée sous forme active par la voie rénale (50 à 85% en 24 h). Son
élimination est réduite en cas d’insuffisance rénale.
La posologie doit être réajustée au besoin en fonction des résultats de la glycémie 10-15 jours
après le début du traitement puis en fonction du taux d’HbA1c en cours de traitement.
o Troubles autres :
o Réactions cutanées (très rares) : érythème, prurit, urticaire ;
o Perturbations du goût (fréquentes).
Interactions médicamenteuses
La tolérance gastrointestinale est améliorée par la prise au cours ou à la fin des repas. La mise
en œuvre d’un traitement par la metformine n’exclut pas, bien au contraire un régime
alimentaire adapté. Il est nécessaire d’évaluer au préalable puis régulièrement la fonction
rénale.
La metformine administrée en monothérapie ne provoque pas d’hypoglycémie. En association
aux sulfamides hypolycémiants ou à l’insuline, le risque d’hypoglycémie est par contre
augmenté.
D’autre part la survenue d’une insuffisance rénale nécessite une adaptation posologique voir
impose l’arrêt du traitement lorsque la clairance à la créatinine est < à 60mL/min.
Mécanismes d’action
L’acarbose est un tétrasaccharide d’origine bactérienne qui agit par inhibition compétitive et
réversible des alpha-glucosidases intestinales (enzyme de la bordure en brosse des entérocytes
qui hydrolyse les poly-, oligo-, et disaccharides en monosaccharides absorbables tels le
glucose et le fructose) et diminue ainsi la dégradation des carbohydrates en monosaccharides
absorbables. L’acarbose agit donc en diminuant l’hyperglycémie postprandiale et n’entraîne
pas d’hyperinsulinisme.
Le miglitol présente le même mécanisme d’action et réduit également la glycémie à jeun.
Eléments de pharmacocinétique
L’acarbose est dégradé au niveau intestinal par les enzymes bactériennes et les enzymes de la
muqueuse digestive en un métabolite pharmacologiquement actif. L’acarbose et son
métabolite sont très peu absorbés (biodisponibilité de 1%). L’acarbose est peu fixé aux
protéines plasmatiques. La demi-vie d’élimination est de 6-8 h. Les métabolites intestinaux
inactifs sont excrétés par voie urinaire (35% de la dose administrée) et dans les féces (51% de
la dose administrée). En raison de sa faible absorption et de son métabolisme digestive, les
paramètres pharmacocinétiques de l’acarbose ne sont pas modifiés chez l’insuffisant rénal
modéré et chez l’insuffisant hépatique.
Contrairement à l’acarbose, le miglitol est complètement absorbé et se fixe très peu sur les
protéines plasmatiques (<4%). Il n’est pas métabolisé et est éliminé sous forme inchangée par
voie rénale. La demi-vie plamatique est de 2-3 h.
Les patients qui présentent des maladies chroniques associant des troubles de la digestion et
de l’absorption, une maladie inflammatoire chronique des intestins, des antécédents de
syndromes occlusifs ne doivent pas recevoir ce traitement.
L’absence de données cliniques ne permet pas l’administration chez les enfants de moins de
15 ans, les insuffisants rénaux sévères (clairance créatinine <25mL/min) et les femmes
allaitantes ou enceintes.
Les inhibiteurs des alpha-glucosidases majorent l’effet des autres ADO lors d’administrations
concomittantes et ne doivent pas être utilisés en même temps que des adsorbants intestinaux.
L’administration est recommandée au début des repas en raison de leur mode d’action
En cas d’hypoglycémie sous traitement il est recommandé d’administrer du glucose pour
obtenir une augmentation rapide de la glycémie (monosaccharide directement absorbable par
l’intestin lorsque les alpha-glucosidases sont inhibées).
Chez l’insuffisant hépatique une surveillance des transaminases doit être réalisée en cas de
traitement par l’acarbose.
Mécanismes d’action
Les sulfamides se fixent sur la protéine SUR (SulfonylURée) des canaux KATP des cellules ß
des ilots de Langerhans. Ils induisent la fermeture des canaux potassiques ATP-sensibles, la
dépolarisation des cellules et la secrétion de l’insuline. L’efficacité hypoglycémiante des
sulfamides dépend donc de la capacité résiduelle du pancréas à secréter de l’insuline.
Eléments de pharmacocinétique
La résorption digestive est rapide et complète avec une forte liaison aux protéines
plasmatiques.
La demi-vie des sulfamides est à dissocier de leurs durées d’action. La demi-vie peut aller
jusqu’à 10 h sauf pour le carbutamide où elle atteint 45 h alors que la durée d’action s’étend
jusqu’à 24 h voir 60 h pour le carbutamide.
Les réponses postprandiales sur la secrétion de l’insuline peuvent continuer à être augmentées
même six mois après l’arrêt du traitement.
Les différentes durées d’action permettent de scinder les sulfamides hypoglycémiants en trois
classes :
o de durée d’action moyenne (glipizide) ;
o de longue durée d’action (glimépiride, glibenclamide, gliclazide, gliclazide à
libération modifiée, glibornuride) ;
o de très longue durée d’action (carbutamide, glipizide à libération prolongée) .
Les transformations et les demi-vie sont variables selon les produits. L’élimination se fait par
voie rénale. Les sulfamides passent par voie transplacentaire.
Le principal effet secondaire est le risque d’hypoglycémie. Il est observé avec tous les
sulfamides et en particulier avec les premières générations de longue durée d’action
(carbutamide). Ces hypoglycémies sont décrites comme graves et prolongées.
L’incidence annuelle est de 2 cas pour 10000 . Elles surviennent dans 75% des cas chez les
patients de plus de 65 ans. Elles sont à l’origine pour 5 à 10 % d’entre elles d’un décès et pour
5 à 10 % de séquelles cérébrales. Le risque d’hypoglycémie est plus important chez les
patients âgés, chez les malades dénutris et les insuffisants rénaux.
Les hypoglycémies mineures, « de fin d’après midi », constituent l’effet secondaire le plus
fréquent. Elles sont généralement de courte durée et traitées par un resucrage. Elles sont plus
fréquentes chez le sujet agé, chez les patients traités par plusieurs ADO, lors d’activité
physique irrégulière et lorsque les repas ne sont pas pris à heures fixes. Du fait des resucrages,
elles favorisent la prise de poids.
Les autres effets secondaires sont : une prise de poids modérée, secondaire à la stimulation de
l’insulino-secrétion mais également un effet antabuse avec le chlorpropamide, le
glibenclamide, le glipizide. Il a également été décrit des troubles digestifs et des hépatites
cholestatiques (rare).
De façon plus exceptionnelle, il a été décrit :
o Des allergies cutanées (de gravité variable : urticaire, syndrome de Lyell) ;
o Des thrombopénies auto-immunes, anémies hémolytiques ;
o Des agranulocytoses ;
o Des hépatites cytolitiques.
Interactions médicamenteuses
Les sulfamides intéragissent avec de nombreux médicaments. Les interactions peuvent être de
plusieurs types :
o Même mécanisme d’action : les sulfamides antibactériens conservent une activité
hypoglycémiante (ex : Bactrim®= trimethoprime + sulfamethoxazole) même s’ils sont
utilisés pour leurs propriétés antibactériennes ;
o Potentialisation de l’action hypoglycémiante des sulfamides par modification de leurs
métabolismes (inhibition enzymatique) : miconazole (Daktarin®), fluconazole
(Triflucan®) ;
o Diminution de leur élimination urinaire : médicaments susceptibles d’entraîner une
insuffisance rénale aigue ;
o Amélioration de la tolérance au glucose et majoration de l’effet hypoglycémiant des
sulfamides : IEC ;
o Modification de la disponibilité des sulfamides par déplaçant de leurs liaisons aux
protéines plasmatiques (augmentation de l’effet hypoglycémiant) : phénylbutazone
(Butazolidine®), AINS, dextropropoxyphène (Di-antalvic®).
Contre-indications
demi-vie Durée
Spécialité DCI
plasmatique d'action
sulfamide de plusieurs
Glucidoral® carbutamide 4-5 h
1° génération jours
Daonil faible ® glibenclamide 5-10 h ≥24h
Hémi-Daonil® glibenclamide 5-10 h
≥24h
Miglucan® glibenclamide 5h
≥24h
Daonil® glibenclamide 5-10 h
≥24h
sulfamide de
Euglucan® glibenclamide 5h
2° génération ≥24h
Glutril® glibomuride 8h ≥24h
Diamicron® gliclazide 6-12 h ≥24h
Glibénèse®,
glipizide 2-4h < 24h
Minidiab®
Ozidia® glipizide 2-4h ≥24h
Amarel® glimepiride 5-8h =24h
Mécanismes d’action
Eléments de pharmacocinétique
Comme pour la plupart des ADO, des hypoglycémies ont été observées après administration
(rare : 1/1000 et 1/10000). Elles sont majorées lors d’association avec la metformine.
D’autres effets indésirables rares ont été observés de type troubles gastro-intestinaux,
allergies. Les troubles de la vision et les troubles hépatiques (augmentation des enzymes
hépatiques) sont très rares.
Interactions médicamenteuses
o Gemfibrozil (hypoglycémie) ;
o Triméthoprime : suivi médical et de la glycémie nécessaire en cas d’association avec
un inducteur du CYP 2C8 (rifampicine, millepertuis).
Contre-indications
Novonorm® 0,5 ; 1 ; 2 mg
Mécanismes d’action
Ce sont des agonistes sélectifs des récepteurs nucléaires PPARγ (récepteurs activateurs de la
prolifération des péroxisomes). Ils réduisent l’insulinorésistance périphérique (tissus adipeux,
muscle squelettique, foie).
Eléments de pharmacocinétique
o Rétention hydrique dose dépendante (en particulier lors des associations avec les
sulfamides hypoglycémiants) qui peut aggraver une insuffisance cardiaque congestive
(fréquent). Par ailleurs, une augmentation des accidents coronariens sous traitement a
été observée aux Etats Unis.
o Prise de poids dépendante de la dose (fréquent) (augmentation de la graisse sous
cutanée mais diminution des graisses viscérales et intra-hépatiques);
o Troubles oculaires (risque d’œdème maculaire) (fréquent);
o Trouble du métabolisme et de la nutrition (trouble du bilan lipidique, prise de poids,
hypoglycémie)(fréquent pour la rosiglitazone) ;
o Affections hématologiques et du système lymphatique (anémie par hémodilution,
leucopénie) (fréquent pour la rosiglitazone).
o Troubles hépatiques (augmentation des enzymes hépatiques ALAT) (rare) ;
contre-indications
Interactions médicamenteuses
Une vigilance particulière doit être apportée chez la femme préménopausée où une reprise de
l’ovulation peut être observée. La patiente doit être informée de ce possible effet indésirable.
L’administration des glitazones se fait en 1 ou 2 prises journalières, indépendemment des
repas (1 prise pour la pioglitazone).
L’intérêt d’associer les glitazones avec les sulfamides hypoglycémiants ou les biguanides
réside dans les effets synergiques sur le contrôle de la glycémie qui peuvent être obtenus
(mécanismes d’action différents mais complémentaires : les thiazolidinediones réduisent
l’insulinorésistance, les biguanides réduisent la production endogène de glucose). Une
attention particulière doit être cependant accordée aux risques supplémentaires de rétention
hydrique en particulier chez les patients qui présentent déjà une insuffisance cardiaque.
7.2 L’exénatide
L’exénatide est un hypoglycémiant voisin de l’insuline administré par voie sous-cutanée
indiqué dans le traitement dans le diabète de type 2 en association à la metformine ou à un
sulfamide hypoglycémiant alors que les doses maximales tolérées d’ADO standards ne
Objectifs terminaux :
I - Fondements de la prescription
" les médecins sont tenus, dans tous les actes et prescriptions, d’observer, dans le cadre de la
législation et de la réglementation en vigueur, la plus stricte économie compatible avec la qualité, la
sécurité et l’efficacité des soins.
>>> maîtrise médicalisée des dépenses de santé et respect des RMO
4. Autres contraintes :
¾ dans l’exercice de l’art médical, ces deux entités sont étroitement liées
¾ pour les caisses de SS, ces deux éléments sont bien différenciés au niveau des feuilles de soins
La CCAM définit et code tous les actes pouvant être réalisés par les médecins.
Au niveau de l’objectif des dépenses de santé, il est établi que les dépenses de prescription
concernent :
• les médicaments, les pansements,
• les honoraires des paramédicaux et leurs frais de déplacements
• les actes de biologie
• l’optique, les appareillages
• les cures thermales
• les frais de transport
• les indemnités journalières (maladie et AT)
1/ COÛTS DIRECTS
-dépenses médicales
-dépenses annexes...
2/ COÛTS INDIRECTS
-pertes de production
-temps pris
-années de vie perdues...
3/ COÛTS PSYCHOLOGIQUES
-souffrance
-gêne...
I-6-1 1. Le contexte
1.1. Assurance maladie assure la couverture des frais : médicament prescrit, sur la liste
remboursable avec des indications ouvrant à une prise en charge (commission de
transparence),
1.2. Les médicaments remboursables : tous les médicaments prescrits ne sont pas
remboursables
1.3. Prise en charge collective des médicaments : pas de liberté des prix (comité économique
des produits de santé)
1.1. Le service médical rendu (SMR) : majeur ou important = 65% -modéré ou faible =35%-
insuffisant =pas de remboursement
1.2. Remarques sur le remboursement
1.2.1. Taux de remboursement : notion de ticket modérateur
1.2.2. Application du remboursement AMM (NR)
1.2.3. Conditions du remboursement : amélioration du service médical rendu et/ou
économie dans le coût du traitement
- Ne peut être rédigée que par une personne ayant le droit d'exercer la médecine.
- Document médico-légal ---> responsabilité du médecin sur tous les plans : pénal, civil, disciplinaire.
- Nécessaire au remboursement des médicaments par la Sécurité Sociale.
- Elle ne peut être rédigée qu'après examen du patient
- Limitations économiques, éthiques.
- Il doit respecter le secret médical.
- Les ordonnances doivent être dupliquées.
- Elles sont la propriété du malade
L’ordonnance doit :
- être claire
- rédigée en langue française ( traduction possible)
- datée
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 7
« Cadre réglementaire de la prescription» - J Kopferschmitt – A Muller - Mise à jour : janvier 2005
- permettre l’identification du médecin
- être signée par le prescripteur, lisiblement.
Règles communes :
Règles particulières :
3. Les médicaments inscrits sur la liste des stupéfiants (Art. R 5209-5213 du CSP et décret du 31 mars
1999) :
o particularités du support sécurisé
o écriture en toute lettre
o non chevauchement et non renouvellement
6. Préparations magistrales
1. Cas particuliers
1. Les prescriptions réalisées dans le cadre des affections de longue durée (ALD) : ordonnances
bizones
2. Les médicaments d’exception (Art. R 163-2 du CSS)
3. Les médicaments soumis à prescription restreinte
5.3.1. Les médicaments réservés à l’usage hospitalier
5.3.2. Les médicaments à prescription hospitalière
5.3.3. Les médicaments à prescription initiale hospitalière
5.3.4. La prescription initiale réservée à des prescripteurs
5.3.5. Les médicaments nécessitant une surveillance particulière
4. Autres prescriptions
- prescription pour les anciens combattants et victimes de guerre
- prescription d’appareillage
- prescription d’un régime diététique (cf cours spécifique )
- prescription d’une cure thermale (cf cours spécifique )
- par le prescripteur :
- relire l’ordonnance faite, surtout si informatisée confusions possibles +++, exemple
VASTAREL et VASTEN
- à haute voix pour le patient
- par le pharmacien :
- qui vérifie la régularité formelle : date, identification, libellé, signature
- qui délivre pour la durée réglementaire
- qui fait un contrôle technique : si décèle un risque pour le patient par erreur,
plusieurs ordonnances, fausse ordonnance >>> refus de vente ou modification de
l’ordonnance après accord du médecin prescripteur
Le médecin doit expliciter certaines mentions qui étaient implicites dans une prescription
contenant un nom de marque.
Il devra préciser :
2) Le dosage en principe actif dans la forme moléculaire choisie, ou, si la forme choisie est un
dérivé pour lequel le dosage n’est pas connu, le dosage équivalent en fraction thérapeutique
1 Origine et définition
- Ordonnances de 24 avril 1996 : existence légale.
- Journal Officiel du 12 juin 1999 :modalités
2 Prescription
• Aucune ASMR attendue
• Répertoire officiel des groupes génériques = base à la substitution.
• Encourager la prescription :
• Incitation économique et civique
• La substitution est un droit accordé au pharmacien de choisir la marque du produit avec lequel
il entend honorer une prescription.
• Le prescripteur conserve l’initiative de sa prescription et qu’il peut s’opposer à ce que le
pharmacien fasse usage de son droit de substitution. ( art. R. 5143 - 11 du code de la santé
publique ) : « non substituable », et non « NS »
• Encourager la prescription : prescription en DCI
• Lutter contre les réticences :
• Un générique n’est donc pas un sous-produit
• Un générique n’est pas une copie absolue (excipient)
• Les éventuels « excipients à effets notoires ». la substitution ne doit pas introduire une
modification dans le régime thérapeutique du malade
• malade chronique, polymédiqué, âgé, le changement de forme, de couleur ou de marque
des médicaments d’un mois sur l’autre au gré des renouvellements risquerait fort
d’entraîner des confusions ou des défauts d’observance, générateurs de défauts d’efficacité
ou d’incidents voire d’accidents thérapeutiques.: la substitution graduelle
Conférences de consensus rédigées par des experts (selon une procédure définie), selon
niveau de preuve, consensus professionnel, et concernent les démarches proposées dans
une pathologie donnée
Autorisation de mise sur le marché (AMM) : agrément d’un produit délivré de manière
nationale par l’AFSSAPS, ou européenne par la commission de Bruxelles. Accompagnée
d’un résumé des caractéristiques du produit (RCP) qui définit indications, contre-
indications, posologies,…et qui figure dans le Vidal.
Liste I Ordo. sécurisée limitée à 12 mois pour 30 jours maximum sur non renouvelable sauf
présentation ,la première fois mention précise sur
,d'une ordonnance datant de l'ordonnance
moins de 3 mois
(Ex. Tab. A)
Liste II Ordo. sécurisée limitée à 12 mois pour 30 jours maximum sur renouvelable sauf mention de
présentation ,la première fois de
,d'une ordonnance datant de non renouvellement
moins de 3 mois
(Ex. Tab. C)
DCEM3-Pharmaco_Chap19-Prescription_2005.doc 13
Chapitre 20: LES ANALGESIQUES CENTRAUX OPIACES
PLAN
I. Quelques mots de définition.
II. Les récepteurs des opiacés : définitions, types de couplage, effets cellulaires,
distribution et fonctions régulées.
III. Les ligands endogènes : localisations, types de neurones, structure, synthèse et
dégradation.
IV. La morphine : sélectivité réceptorielle, effets biologiques, pharmacocinétique.
V. Bases neurophysiologiques et pharmacologiques de l’activité analgésique de la
morphine.
VI. Les différentes classes de ligands des récepteurs opioïdergiques.
VII. Principaux analgésiques opiacés (en dehors de la morphine).
VIII. L’intoxication aiguë.
IX. L’intoxication chronique.
II. Les récepteurs des opiacés : définitions, types de couplage, effets cellulaires,
distribution et fonctions régulées.
Les récepteurs des opiacés sont des récepteurs métabotropes à 7 hélices
transmembranaires et couplés aux protéines G (Figure 1). Leur activation conduit
habituellement à une hyperpolarisation du neurone sur lequel ils se trouvent. On dénombre 3
familles de récepteurs des opiacés : les récepteurs µ (mu), κ (kappa) et δ (delta).
Figure 7 : Effets de la
Figure 6 : Structure de la morphine, de la morphine qui disparaissent chez la souris
codéine et de l’héroïne. invalidée pour les récepteurs µ.
Les effets de cet agoniste des récepteurs µ sont nombreux et traduisent la répartition
extrêmement vaste de ses cibles.
La morphine est bien résorbée après administration orale mais subit un métabolisme
hépatique important, majoritairement par glucuronoconjugaison en positions 3 et 6. Le
métabolite glucuronoconjugué en position 6 est environ 100x plus actif que la morphine sur
ses récepteurs mais passe mal la barrière hématoencéphalique. Au total, sa biodisponibilité
orale n’est que d’environ 25%. La morphine est ensuite éliminée par voie urinaire.
Figure 11.
Figure 12 : la buprénorphine.
En dépit d’une demi-vie d’élimination courte (3 heures), ses effets sont prolongés du
fait d’une vitesse de dissociation lente des récepteurs µ provenant de sa forte affinité.
Toujours à cause de cette forte affinité, la dépression respiratoire qu’elle induit peut
être prévenue par un antagoniste mais ne pourra être réversée que difficilement.
Comme elle est un agoniste partiel, elle peut précipiter un sevrage chez l’héroïnomane
et son effet maximal sera toujours moindre que celui de la morphine. En cas de réponse
thérapeutique à la buprénorphine insuffisante, il faudra la remplacer par de la morphine
(agoniste entier) mais la majoration de l’effet thérapeutique nécessitera d’attendre que
la morphine déplace la buprénorphine de ses sites de liaison sur les récepteurs µ.
Le traitement de cette intoxication repose sur la mise en place d’une ventilation assistée
et d’un antagoniste injectable (naloxone Narcan*). Il ne faut jamais mettre en route une
oxygénothérapie sans ventilation assistée car les opiacés induisent une perte de la
sensibilité des centres respiratoires bulbaires à l’hypercapnie et font que la ventilation
n’est maintenue que grâce à l’hypoxie. Une oxygénothérapie instaurée sans ventilation
assistée provoquerait un arrêt respiratoire rapide.
La naloxone Narcan* est un antagoniste non sélectif qui ne présente aucun effet
biologique en absence d’opiacés exogènes. Elle réverse rapidement la dépression
respiratoire et provoque un syndrome de sevrage chez le sujet dépendant. Son effet est
bref durant de 1 à 4 heures. Elle est bien résorbée dans le tube digestif mais subit un
effet de premier passage hépatique complet. Sa biodisponibilité orale est donc nulle et il
faut l’administrer par voie parentérale. Cette propriété peut être exploitée pour éviter
que les toxicomanes ne s’injectent les produits de substitution par voie intraveineuse. En
effet, l’association de naloxone à de la méthadone conduit au blocage immédiat des
effets de la méthadone si les deux sont injectés par voie veineuse. Au contraire, leur
administration orale ne « laisse pas passer » la naloxone au travers du filtre hépatique
mais seulement la méthadone qui peut donc alors avoir son effet thérapeutique. La
Plan
Introduction
La pharmacologie des AINS a beaucoup évolué au cours de la dernière période tant sur le plan de la
synthèse de nouveaux médicaments que sur celui de la découverte de leur mode d’action. En effet,
la découverte de leur action inhibitrice de la synthèse des prostaglandines, et de quelques autres
autacoïdes, a permis de préciser le mécanisme d’action de ces substances et de stimuler les recherches
visant à élaborer des produits nouveaux, possédant moins d’effets indésirables, en particulier
gastriques. De nouvelles indications de l’aspirine (prévention secondaire de l’infarctus du myocarde)
ont été validées et la découverte de l’isoforme 2 de la cyclo-oxygénase a ouverte de nouvelles
perspectives pour la mise au point d’AINS mieux tolérés.
Les phénomènes pathologiques à l’origine de la fièvre (agents pathogènes, processus tumoral, rejet de
greffe, allergène…) ont tous en commun d’activer le système immunitaire et d’induire la production et
la libération dans le sang d’une série de protéines de petits poids moléculaires (8 à 25 kDa) appelées
« facteurs pyrogènes ». Ces facteurs font partie de la grande famille des cytokines ; parmi celles-ci
l’interleukine 1 et le Tumor Necrosis Factor α (TNF-α) sont considérés comme des pyrogènes. Ils
vont dérégler le thermostat interne par induction de la synthèse de prostaglandine E2 (PG2) dans la
région hypothalamique périventriculaire. Cette PGE2 est à l’origine d’une augmentation des taux
Le scénario décrit ci-dessus a été confirmé par de nombreuses approches expérimentales au rang
desquelles on peut noter les éléments suivants :
• l’injection de PGE2 dans un ventricule cérébral latéral ou directement dans l’hypothalamus induit
une fièvre
• les AINS n’ont aucun effet sur la fièvre provoquée par l’injection intracérébrale de PGE2
• les AINS diminuent la fièvre induite par l’IL-1.
Il semble donc exister un lien entre l’IL-1, la PGE2 et l’effet anti-pyrétique des AINS. Ces relations
seront évoquées plus loin.
Les AINS sont des antalgiques parfois indûment appelés analgésiques « mineurs » alors que les
opiacés seraient les analgésiques « forts ». Il est important de caractériser la douleur en fonction de son
intensité mais aussi par son origine et sa nature. Les AINS sont efficaces contre des douleurs
impliquant un processus inflammatoire ou contre des hyperalgies telles que celles observées en post-
opératoire ou lors des dysménorrhées, où ces produits peuvent être autant voire plus efficaces que des
opiacés.
La douleur est la perception consciente d’un stimulus nociceptif. Elle met en jeu plusieurs partenaires
constituant une chaîne reliant le site de « l’agression » au cortex cérébral. Le stimulus va activer ces
voies que l’on peut séparer en deux parties : les voies centrales (localisées dans le système nerveux
central) et les voies périphériques de la douleur. C’est sur ces dernières qu’agissent les antalgiques
périphériques dont font partie les AINS. Les « capteurs » périphériques des stimuli nociceptifs ne sont
pas des structures précisément identifiées sur le plan histologique. Ils sont constitués par les
arborescences terminales des fibres C et Aδ localisées dans la peau, les muscles striés squelettiques
ainsi que dans la paroi des viscères. Ces neurones, dont les corps cellulaires sont localisés dans les
ganglions spinaux, véhiculent les messages nociceptifs vers les premiers relais centraux localisés dans
la corne postérieure de la moelle épinière.
L’initiation d’un message nociceptif provient de la stimulation des terminaisons des fibres C et Aδ par
des médiateurs endogènes comme la bradykinine, l’Il-1, l’IL-6 ou le TNF-α libérés au voisinage des
tissus agressés ou lésés. Dans ce contexte, des doses élevées de prostaglandines telles que la PGE2 et
la PGF2α peuvent aussi déclencher un influx douloureux. Cependant, le rôle principal des
prostaglandines dans la douleur n’est pas celui-là. En effet, des doses plus faibles ne suffisent pas à
déclencher une douleur mais sensibilisent les nocicepteurs en abaissant leur seuil de réponse. Ainsi,
pour une même stimulation périphérique, qu’elle soit mécanique ou chimique, la présence de
prostaglandines favorise puis augmente l’intensité du message nociceptif.
L’inflammation est un processus complexe faisant intervenir de multiples partenaires cellulaires qui
ne seront pas détaillés ici. Cette réaction est physiologique et paraît essentielle dans l’élaboration des
défenses immunitaires. Cependant, dans certains cas, elle se développe de manière exagérée, dure
trop longtemps et devient délétère, sans raison apparente.
Le processus inflammatoire implique une série d’événements immunologiques déclenchée par des
stimuli tels que des agents infectieux, l’ischémie, la chaleur, des réactions antigéniques… Chaque type
de stimulus est à l’origine d’une réaction particulière mais toutes ces variantes ne constituent que des
petites variations autour d’un même thème. En effet, la réaction inflammatoire se caractérise par un
trépied classique association douleur, chaleur et œdème, évoluant en trois phases principales :
Les effets produits par l’injection intradermique de doses faibles de prostaglandines ressemblent
beaucoup à une réaction inflammatoire caractéristique. Ainsi la prostaglandine E2 (PGE2) et la
prostacycline (PG12) induisent un érythème et une augmentation du débit sanguin local. Ces effets
locaux, s’exerçant sur les vaisseaux cutanés et les veines superficielles, vont durer plusieurs heures
et vont être de nature à contrecarrer les actions vasoconstrictrices de substances comme les
catécholamines et l’angiotensine II. La PGE1 et la PGE2 sont aussi capables d’induire un œdème
après administration locale. Les prostaglandines semblent donc bien participer au phénomène
inflammatoire. Mais les actions induites par des « doses dites pharmacologiques », c’est-à-dire
élevées ne sont généralement pas celles induites par des « doses dites physiologiques ». On décrit
même des effets anti-inflammatoires de cette prostaglandine dans des pathologies comme la
polyarthrite rhumatoïde où elle supprime la fonction des lymphocytes T auxiliaires et des
lymphocytes B, tout en diminuant la production d’IL-1. Au contraire, dans d’autres situations et
phases de l’inflammation, les prostaglandines stimulent la libération de médiateurs responsables d’une
partie des symptômes cliniques.
Phospholipides membranaires
Phospholipase A2
ACIDE ARACHIDONIQUE
Ac. Hydroperoxyeicosatetraenoïques
Prostaglandine (HPETE)
endoperoxyde H2
Ac. Epoxyeicosatriènoïques
Leukotriènes
PROSTANOIDES Lipoxines
Hépoxilines
Trioxilines
Prostaglandines Ac. Dihydroeicosatriènoïques
(PGl2, PGE2, PGF2α)
Thromboxane A2
Thromboxane B2
Les prostanoïdes sont des produits de la voie de l’acide arachidonique (AA), mise en route lors de
l’activation de la phospholipase A2 qui transforme certains phospholipides membranaires en AA. Ce
dernier est le substrat de la cyclo-oxygénase pour former les prostanoïdes qui serviront de base à la
synthèse des prostaglandines et du thromboxane A2. L’acide arachidonique peut aussi (en fonction du
type cellulaire considéré) être métabolisé par les lipoxygénases et les époxygénases. Il existe deux
isoformes de cyclo-oxygénases (COX) : la cyclo-oxygénase 1 qui est constitutive dans les tissus et la
cyclo-oxygénase 2 qui est induite par les phénomènes inflammatoires.
Les actions cardiovasculaires des prostanoïdes sont diverses. Seuls leurs principaux effets utiles pour
la compréhension de leurs activités pharmacologiques seront présentées ici.
a) Les prostaglandines
De manière générale, on peut considérer que les prostaglandines sont vasodilatatrices et induisent
donc une diminution de la pression artérielle. Cette dilatation concerne les artérioles, les sphincters
pré-capillaires et les veinules post-capillaires. Certaines prostaglandines sont vasoconstrictrices. En
fait, l’effet cardiovasculaire d’une prostaglandine dépend d’au moins trois éléments : sa nature, la
dose utilisée et le lit circulatoire considéré.
La PGD2 est vasodilatatrice à doses faibles dans tous les lits vasculaires, y compris les lits
mésentérique, coronaire et rénal. A dose plus forte, elle devient vasoconstrictrice. Quant au lit
circulatoire pulmonaire, il constitue une exception puisque la PGD2 y est toujours vasoconstrictrice.
L’injection intraveineuse de PGl2 (prostacycline) induit une hypotension majeure qui est environ 5
fois plus importante que celle induite par la PGE2. Cette hypotension est accompagnée d’une
tachycardie réflexe.
b) Le thromboxane A2 (TXA2)
c) Les leukotriènes
a) La prostacycline (PGl2)
La prostacycline est produite par les cellules de l’endothélium vasculaire et contribue à l’effet
antithrombotique de l’endothélium intact par inhibition de l’agrégation plaquettaire. Cette
production serait dépendante de la COX 2.
b) Le thromboxane A2 (TXA2)
Le TXA2 est le principal produit dérivé de la voie de l’acide arachidonique dans les plaquettes. Il
induit de manière très puissante leur agrégation. Dès lors, l’inhibition de sa production constitue une
manière efficace d’inhiber l’agrégation plaquettaire. Ce produit est très instable ; sa demi-vie « in
vivo » ne dépasse pas 30 secondes. Il se trouve donc essentiellement sous sa forme hydrolysée, stable
mais inactive : le thromboxane B2.
Les effets musculaires lisses (exploités en thérapeutique) des principaux prostanoïdes sont résumés
dans le tableau suivant :
Utérus
Prostanoïde Bronche
NON Gravide Gravide
PGFs - + +
PGD2 - 0 0
PGE1 - - 0
PGE2 - - +
PGF2α + 0 +
PGI2 - - -
TXA2 + + +
- : relaxation
+ : contraction
0 : pas d’effet à retenir
a) Transit
Les effets des prostanoïdes sont complexes puisque leurs actions peuvent être opposées en fonction de
la couche musculaire considérée. Ainsi, la PGE2 relâche la couche musculaire circulaire alors
qu’elle contracte la couche longitudinale. Il est donc important de connaître l’effet fonctionnel
résultant. On retiendra que les prostaglandines sont à l’origine d’une réduction globale du transit
intestinal et peuvent donc provoquer des douleurs abdominales à type de crampes associées à des
nausées et à des vomissements.
b) Sécrétions digestives
Les PGE et la prostacycline (PGI2) inhibent la sécrétion acide gastrique en agissant à la fois sur le
volume et l’acidité. Au contraire, elles augmentent la production de mucus tout au long du tractus
digestif. On considère donc que ces actions sont à l’origine d’un effet protecteur de la muqueuse
gastro-intestinale.
Les prostaglandines modifient l’excrétion hydro-sodée en modifiant le flux sanguin rénal mais aussi
par des actions directement tubulaires. Ainsi, la prostacycline et la PGE2 majorent le flux sanguin
rénal et augmentent la diurèse, la natriurèse et la kaliurèse. Ces effets sont de nature à limiter les effets
antidiurétiques de l’ADH.
La grande diversité des effets biologiques des prostaglandines découle en grande partie de la grande
hétérogénéité des récepteurs qui constituent cette famille de récepteurs à 7 domaines
transmembranaires couplés à des protéines G. Ils ont tout d’abord été analysés par des études de
DP - PGD2 ↑ AMPc
EP - PGE2 ↑ AMPc
FP + PGF2α IP3/DAG/Ca++
IP - - PGl2 ↑ AMPc
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’antagoniste des récepteurs des prostaglandines et dérivés utilisés
en clinique. Néanmoins, de nombreux produits sont à l’étude. Ainsi des produits comme le sulotroban
et le vapiprost sont des antagonistes des récepteurs TP et bloquent, in vitro et in vivo, les effets pro-
agrégants plaquettaires, vaso- et bronchoconstricteurs du TXA2. L’utilisation clinique de ces
composés nécessite encore des précisions mais ils se sont déjà avérés intéressants dans des indications
telles que la prévention de l’occlusion des pontages coronaires ou la réduction de la protéinurie du
syndrome néphrotique.
De même, des antagonistes des récepteurs des prostaglandines sont à l’essai mais leur état de
développement est encore trop précoce pour que l’on puisse clairement définir des indications
thérapeutiques. Sont-ils les antalgiques, anti-inflammatoires et antipyrétiques de demain ?
Les effets curatifs d’extraits d’écorce de saule sont connus depuis longtemps puisque l’utilisation de
décoctions réalisées à partir de cet arbre est décrite dans le traitement des fièvres infectieuses depuis
l’Antiquité. C’est en Angleterre, vers le milieu du 18ème siècle, que le révérend Edmund Stone
rapportait des effets antipyrétiques des extraits d’écorce de saule. La substance active a été isolée par
Leroux en 1829 et est constituée par un glycoside appelé salicine (substance provenant du saule, salix
en latin). Cette substance s’hydrolyse en libérant du glucose et de l’alcool salicylique. Cet alcool peut
L’aspirine fait donc partie de la famille des salicylés où on trouve la salicine et l’acide salicylique.
L’acide acétylsalicylique est résorbé et se retrouve tel quel dans la circulation portale. A ce niveau, il
va acétyler la COX 1 des plaquettes sanguines et empêcher ainsi toute production de thromboxane A2.
Cette inhibition est irréversible et ne peut pas être contrecarrée par une nouvelle synthèse de cyclo-
oxygénases par la plaquette puisque celle-ci est quasiment complètement dépourvue de capacité de
synthèse protéique. Une dose unique d’aspirine va donc bloquer définitivement la production de
TXA2 pour toute la vie de la plaquette soit 8 à 10 jours. Cette action explique la persistance d’un effet
anti-agrégant de l’aspirine à distance de la dernière prise médicamenteuse et nécessite donc l’arrêt
d’une thérapeutique par ce médicament 4 à 8 jours avant tout acte potentiellement hémorragique
(intervention chirurgicale, extraction dentaire…). Cet effet est obtenu pour des doses faibles d’environ
40 mg par jour. Néanmoins, à l’heure actuelle, en prévention secondaire de l’infarctus du
myocarde, on recommande l’utilisation de doses quotidiennes allant de 160 à 325 mg, doses qui ont
fait la preuve de leur efficacité.
Les effets anti-inflammatoires de l’aspirine sont connus depuis longtemps et impliquent de multiples
processus : inhibition de la production de prostaglandines, réduction de la production
d’anticorps ainsi que de la formation des complexes antigènes/anticorps et blocage de la libération
d’histamine stimulée par les antigènes. Les salicylés ont aussi la propriété de réduire l’augmentation
de la perméabilité capillaire et donc de l’œdème observé lors de tout processus inflammatoire. Mais,
certains de ces effets ne sont observés que pour des doses fortes d’aspirine et la part respective de ces
différents phénomènes dans les actions thérapeutiques de ce médicament constitue encore un sujet de
recherche.
Cet effet est observé à dose thérapeutique. A dose forte, en cas d’intoxication, l’aspirine augmente
la température centrale en accroissant la production de chaleur par les cellules. Cette action provient
d’une réduction du rendement énergétique de ces cellules et peut conduire une déshydratation du fait
de l’importante sudation ainsi produite.
Ces effets sont directement liés à l’inhibition de la cyclo-oxygénase et constituent donc des effets
indésirables vrais de l’aspirine. En effet, ils sont complètement indissociables des activités
thérapeutiques.
L’ingestion d’aspirine peut provoquer des douleurs épigastriques, des nausées et des vomissements.
Elle est à l’origine de micro-ulcérations de la muqueuse gastrique mais peut aussi majorer un ulcère
préexistant. Ces actions, associées aux effets anti-agrégants plaquettaires, expliquent l’incidence
élevée des saignements digestifs chez les patients traités de manière chronique par l’aspirine.
Comme dans le cas des effets gastro-intestinaux, les actions gynéco-obstétricales de l’aspirine peuvent
être considérées comme d’authentiques effets indésirables.
L’aspirine peut augmenter le volume et la durée des menstruations. Elle réduit de manière très
importante, comme les autres anti-inflammatoires, l’efficacité contraceptive des dispositifs intra-
utérins.
L’intoxication, à craindre chez des sujets âgés ou chez les jeunes enfants peut être dramatique voire
mortelle. Chez l’adulte, la dose toxique est de plus de 12 g par jour alors qu’il faut dépasser 150 à
200 mg/kg chez l’enfant, la létalité étant observée pour plus de 500 mg/kg et par jour. On pourra
observer l’association de troubles métaboliques et respiratoires (fièvre, hyperventilation, cétose,
alcalose respiratoire ou acidose métabolique) pouvant aboutir à un collapsus cardiovasculaire. Chez
l’enfant, l’ingestion de doses massives peut être à l’origine d’une encéphalopathie associée à une
cholestase anictérique (syndrome de Reye).
L’aspirine est rapidement absorbée après administration orale. Elle est désacétylée par le foie et se
trouve, sous forme d’acide salicylique, hautement liée aux protéines plasmatiques. Sa demi-vie est de
3 à 9 heures, variant en fonction de la dose administrée. Elle est éliminée par voie urinaire.
L’aspirine se trouve en association dans de très nombreux médicaments, souvent avec du paracétamol
ou des antispasmodiques.
Les AINS sont tous des inhibiteurs de cyclo-oxygénases. Sur le plan du mode d’action, il existe 3
familles de produits :
• Les inhibiteurs compétitifs réversibles dont l’action est liée à la capture des radicaux libres.
En effet, la cyclo-oxygénase est couplée à une peroxydase pour former un complexe
enzymatique : la prostaglandine endoperoxyde synthétase. Ce complexe forme la PGH2, plaque
tournante de la synthèse des prostaglandines, du thromboxane et de la prostacycline. Cette réaction
nécessite la présence de radicaux libres. Si ces derniers sont fixés par des capteurs de radicaux
libres (AINS dérivés phénoliques), la réaction enzymatique est bloquée.
L’ensemble des effets pharmacologiques des AINS sont donc la conséquence de l’inhibition de la
synthèse des prostaglandines et vont donc à l’inverse des actions de ces substances.
En dépit d’un mode d’action commun, certains AINS ont moins d’effets indésirables que d’autres. Ces
différences pourraient s’expliquer par des différences d’affinité pour les deux principales isoformes de
cyclo-oxygénases: la COX 1 et la COX 2. La COX 1 est constitutive et participe à la formation
physiologique des prostaglandines et de leurs dérivés. Au contraire, la COX 2 est essentiellement une
enzyme inductible, en dehors de rares tissus comme l’ovaire et certaines zones cérébrales où elle est
constitutive, apparaissant en particulier lors de processus inflammatoires. Il serait donc théoriquement
idéal, pour traiter un phénomène inflammatoire, de bloquer sélectivement la COX 2, en évitant le
blocage de la COX 1 responsable en particulier de la gastrotoxicité des AINS.
C’est sur cette hypothèse que se sont développés et ont été commercialisés les inhibiteurs dits
«sélectifs de la COX 2 ou « coxibs ». Les deux représentants de cette classe étaient le rofécoxib
VIOXX® et le célécoxib CELEBREX®. Le rofécoxib a été retiré du marché en septembre 2004 pour
une augmentation du risque d’accidents cardiovasculaires chez les malades à risque prenant ce
traitement. La première question qui se pose face à cette description pharmacologique est celle de
l’existence d’une réelle sélectivité vis-à-vis de ces deux isoformes enzymatiques. Celle-ci a été étudiée
dans un travail portant sur le ratio du blocage COX 2/COX 1 dans des cellules transfectées par ces
deux isoformes (Warner TD et coll. Proc Natl Acad Sci 1999, 96 : 7563-7568). Le résultat en est
représenté sur la figure suivante :
Ibuprofène ADVIL®
a) Les oxicams
Méloxicam MOBIC®
b) Les pyrazolés
Tous les AINS sont antalgiques, anti-inflammatoires et antipyrétiques mais avec des profils
pharmacologiques parfois différents. Les raisons de ces différences au sein d’une même classe de
médicaments ne sont pas bien connues mais pourraient découler de variations d’affinité de l’enzyme
en fonction de son environnement tissulaire. Un exemple qui illustre cet aspect est celui du
paracétamol. Ce produit est, comme les AINS, un inhibiteur des cyclo-oxygénases. Il est d’ailleurs
antalgique et très antipyrétique. Cependant, il n’est pas anti-inflammatoire. La raison de cette absence
d’effet sur l’inflammation résulte de son incapacité à bloquer l’enzyme en présence d’un
environnement très riche en peroxydes, ce qui est le cas dans un foyer inflammatoire.
Comme antalgiques, les AINS sont utiles pour traiter les douleurs de moyenne importance. Leur effet
maximal est toujours plus faible que celui des opiacés mais sans effets psychotropes. Ils s’avèrent
particulièrement efficaces pour traiter les douleurs post-opératoires. Un cas particulier est celui des
Tous les AINS sont antipyrétiques. Mais, par rapport au paracétamol, il faudra cependant bien peser
l’intérêt de leur prescription vis-à-vis du risque de survenue d’effets indésirables.
C’est dans les processus inflammatoires aigus ou chroniques que les AINS trouvent leurs indications
de choix : les douleurs de la petite traumatologie, la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite
ankylosante. Dans les processus chroniques, les AINS réduisent la douleur et l’inflammation mais sont
incapables de freiner l’aggravation de la pathologie lors des poussées évolutives.
Une dernière indication est tout particulièrement à retenir pour l’indométacine (Indocid®). Les
prostaglandines ont en effet été impliquées dans le maintien de l’ouverture du canal artériel.
L’indométacine est donc utilisée chez le nouveau-né pour fermer ce canal lorsqu’il est
anormalement resté perméable.
Après administration orale, les AINS ont une bonne biodisponibilité (de l’ordre de 70 à 80 %). Ils vont
diffuser dans la plupart des tissus et fluides de l’organisme. De même, ils diffusent dans le lait
maternel mais à des concentrations trop faibles pour qu’elles soient cliniquement significatives lors de
traitements à court terme. Par ailleurs, la diffusion de ces substances est facilitée dans les tissus
inflammatoires.
Les AINS sont transportés essentiellement (de 60 à 100 %) sous forme liée aux protéines
plasmatiques.
Ces médicaments subissent un métabolisme hépatique avant d’être éliminés pour 1/3 dans les selles
et pour 2/3 dans les urines sous forme inactive.
La classification chimique des AINS s’avère peu utile sur le plan de la prescription pratique courante.
Il est en effet plus important de connaître leur demi-vie d’élimination qui conditionne directement leur
rythme d’administration. Ainsi on trouve :
Quelques AINS sont disponibles pour un usage pédiatrique puisque l’on trouve sur le marché : le
Nifluril® suppo. pour enfants (à partir de 6 mois), l’Advil® suspension buvable (à partir de 6 mois),
le Voltarène® suppo. pour enfants (enfant de plus d’un an) et l’Apranax® suspension buvable
(enfant de plus de 5 ans).
La phénylbutazone est un AINS mal toléré pouvant induire, en plus des effets indésirables classiques,
des effets hématologiques (granulopénie, thrombopénie, anémie) et une toxicité hépatique se
manifestant par une altération des tests hépatiques (augmentation des transaminases, des phosphatases
alcalines et des gamma GT). Il est à noter que ces répercussions peuvent aussi être observées avec
d’autres AINS mais à des fréquences nettement moindres.
L’indométacine est aussi mal tolérée pouvant être responsable, en plus des effets classiques, de
céphalées frontales ou de vertiges. Il a même été décrit des effets psychodysleptiques à type de
dépression, hallucination ou des psychoses ayant pu conduire au suicide.
Les AINS qui ont la réputation d’être les mieux tolérés font partie de deux familles : les oxicams et les
arylcarboxyliques. Ce point reste néanmoins discuté.
Les coxibs, bien que très bien tolérés sur le plan digestif, posent un problème particulier qui avait déjà
été suspecté dans l’étude analysant l’incidence des effets secondaires sous traitement par rofécoxib
(étude VIGOR : Vioxx Gastrointestinal Outcomes Research). Ce travail portait sur 8076 malades
présentant une polyarthrite rhumatoïde et avait révélé une augmentation de la mortalité ainsi que des
accidents cardiovasculaires cérébraux et coronariens chez les malades prenant ce produit. Au
contraire, l’étude CLASS (CeLecoxib Arthritis Study) n’avait pas trouvé le même résultat alors qu’elle
portait sur les mêmes malades. Je n’analyserai pas ici ces deux travaux mais il est important de noter
que l’AMM de ces deux produits porte exclusivement sur la polyarthrite rhumatoïde et les douleurs
chroniques de l’arthrose. L’utilisation de ces deux substances pour d’autres indications n’a pas été
validée et surtout le risque correspondant à d’autres malades et pour des utilisations sporadiques n’a
pas été étudié. Cependant, le VIOXX® a été retiré du marché à cause de ce risque. L’emploi du
CELEBREX® doit impérativement respecter l’AMM et la nécessité de son emploi chez un malade à
risque d’accident cardiovasculaire, mais présentant aussi des troubles digestifs sous AINS, imposera
l’association à des doses faibles d’aspirine (80 à 150 mg/jour).
a) Autre AINS
b) Anticoagulants
Les AINS sont contre-indiqués avec tous les anticoagulants (héparines et anticoagulants oraux) du fait
de l’augmentation du risque hémorragique. De plus, un grand nombre d’AINS peuvent potentialiser
les effets des anticoagulants oraux en les déplaçant de leurs sites de liaison sur les protéines
plasmatiques. Ceci a pour effet d’en augmenter la fraction libre et donc active.
c) Lithium
L’AINS principalement responsable de cette interaction est l’indométacine mais cet effet a aussi été
décrit avec d’autres produits (diclofénac, ibuprofène, phénylbutazone et quelques oxicams). Il s’agit
d’une augmentation de la lithiémie par diminution de son excrétion rénale. Il est à noter que cette
interaction n’existe pas pour les salicylés.
d) Méthotrexate
e) Sulfamides hypoglycémiants
Toujours en déplaçant les produits de leurs sites de liaison plasmatique, l’association d’un AINS et
d’un sulfamide hypoglycémiant peut induire des accidents hypoglycémiques.
Plan
Introduction
1. Les glucocorticoïdes
1.1 Synthèse, mode d’action cellulaire et effets biologiques
Les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) constituent une vaste famille de médicaments dérivés du
cortisol, principal glucocorticoïde surrénalien. On peut y associer un produit dérivé de l’ACTH
(corticotrophine) tel que le tétracosactide (Synactène®) qui en stimulant la synthèse et la sécrétion
surrénalienne de cortisol, va lui aussi induire des effets anti-inflammatoires.
1. LES GLUCOCORTICOÏDES
Les glucocorticoïdes sont des substances dérivées du cholestérol, dont la production est stimulée
par l’ACTH libérée selon un cycle nycthéméral par le lobe antérieur de l’hypophyse. Le cortisol,
glucocorticoïde endogène de référence, est produit par les cellules de la zone fasciculaire de la
corticosurrénale. Sa synthèse est résumée dans le schéma suivant :
Cholestérol
Prégnénolone 17-hydroxyprégnénolone
Progestérone 17-hydroxyprogestérone
11-désoxycortisol
CORTISOL
Dans leurs tissus cibles, les glucocorticoïdes se fixent sur des récepteurs intracellulaires dont
l’activation aboutit à la régulation de gènes spécifiques. La réponse physiologique dans une cellule
sensible passe donc par l’induction ou la répression d’une synthèse protéique. On considère
qu’environ 600 protéines cellulaires (dont une vingtaine est identifiée) seraient ainsi sous le
contrôle des corticoïdes surrénaliens.
Le récepteur du cortisol est sous forme inactive dans le cytoplasme cellulaire. Lorsqu’il fixe un
glucocorticoïde, il s’active et migre dans le noyau. La forme inactive du récepteur est en fait un
complexe formé de plusieurs protéines : le récepteur, des « heat shock protein » (l’HSP 90 et l’HSP
70) et une immunophiline (protéine de 56 kDa qui fixe la ciclosporine). Cette association est
nécessaire puisqu’elle met le site de liaison du ligand dans un état de haute affinité pour l’agoniste et
favorise donc ainsi sa liaison. La fixation de l’agoniste va conduire à la dissociation du complexe
permettant son transfert nucléaire. C’est au sein de ce noyau que le complexe hormone/récepteur va se
fixer, au moyen de deux structures dites en « doigts de zinc » (portions très conservées entre tous les
récepteurs des hormones stéroïdes), sur les éléments accepteurs du génome.
Le récepteur du cortisol présente une très haute affinité pour des substances comme la
dexaméthasone ou la progestérone mais n’a aucune affinité pour la testostérone ou le 17-β-
L’activation du récepteur du cortisol peut donc induire une synthèse de protéines comme c’est le cas
pour la licoportine, protéine qui inhibe la phospholipase A2. Mais, elle induit aussi la répression de
gènes tels ceux qui codent pour l’ACTH (phénomène à l’origine du rétrocontrôle négatif exercé par
le cortisol), de nombreuses cytokines (molécules impliquées dans divers processus immunologiques)
ou de collagénases et de la stromélysine (enzymes en particulier impliquées dans la destruction des
cartilages dans les arthropathies inflammatoires). Ces effets peuvent être directs ou passer aussi, au
moins en partie, par la répression de l’expression des protéines codées par les proto-oncogènes c-fos et
c-jun qui, tous deux, activent la production des cytokines et des collagénases.
Le cortisol possède des affinités voisines pour son récepteur et pour celui de l’aldostérone. Ce
glucocorticoïde devrait donc être à l’origine d’une rétention hydrosodée. En fait, à concentration
plasmatique physiologique, ceci ne se produit pas car le cortisol est transformé en périphérie (dans les
organes cibles des minéralocorticoïdes) par la 11-β-hydroxystéroïde oxydoréductase, en cortisone qui
ne présente aucune affinité pour le récepteur de l’aldostérone. Le déficit congénital en cette enzyme
est appelé le « Syndrome du pseudo-hyperminéralocorticisme » qui associe les habituels signes
cliniques du syndrome de Cohn. Ce tableau peut être reproduit avec des bloqueurs pharmacologiques
de cette enzyme comme la carbénoxolone, dérivé synthétique de l’acide glycirrhyzique qui se trouve
en grande quantité dans la réglisse.
a) Effets métaboliques
• Tissu adipeux : les effets des glucocorticoïdes sont doubles : une redistribution des masses
grasses et une augmentation de la sensibilité du tissu adipeux aux agents lipolytiques
(catécholamines, glucagon ou hormone de croissance). La nouvelle répartition de la masse grasse
proviendrait d’une hétérogénéité de réponse des diverses zones de la masse grasse aux stimuli
lipolytiques :
• Muscle strié squelettique : augmentation du flux d’acides aminés vers la circulation sanguine (à
destination du foie) aboutissant à une réduction de la masse musculaire voire à une amyotrophie.
• Tissu osseux : le cortisol induit un catabolisme osseux global conduisant à l’ostéoporose chez
l’adulte et à un arrêt réversible de la croissance chez l’enfant.
Les glucocorticoïdes sont anti-inflammatoires selon plusieurs mécanismes qui impliquent tous une
interaction avec leur récepteur : réduction de la perméabilité capillaire, réduction de la production de
facteurs chimiotactiques, réduction de la phagocytose, blocage de la libération de sérotonine,
d’histamine et de bradykinine…
Une partie des effets anti-inflammatoires des corticoïdes passe par l’inhibition de la production des
prostaglandines et des leukotriènes par blocage de la phospholipase A2. Ce blocage est obtenu par
l’induction de la synthèse de la lipocortine (protéine de 40 kKa) qui inhibe directement la PLA2. Ce
blocage conjoint de la production des prostaglandines et des leukotriènes pourrait, au moins en partie,
expliquer la supériorité des effets anti-inflammatoires des AIS par rapport aux AINS qui ne bloquent
que la formation des prostanoïdes.
c) Effets immunosuppresseurs
Ces effets sont étroitement intriqués avec les actions anti-inflammatoires et ce, d’autant plus, que de
nombreux processus inflammatoires résultent de l’activation de phénomènes immuns ou autoimmuns.
Ces actions extrêmement importantes, passent par l’inhibition de la production de cytokines
(interleukines 1, 2, 3 et 6 ; interféron γ, TNF α) et se répercutent sur l’immunité à médiation aussi bien
cellulaire qu’humorale.
d) Effets rénaux
Le cortisol est pris comme référence, ses effets gluco- et minéralo-corticoïdes étant (en absence de 11-
β-hydroxystéroïde oxydoréductase périphérique), voisins sur les deux types de récepteurs.
L’hydrocortisone ainsi que la majorité de ses dérivés synthétiques sont efficaces lorsqu’ils sont
administrés par voie orale. On peut réaliser des administrations intraveineuses avec des esters
Le nombre important des effets indésirables liés à leur administration systémique, a conduit à
l’élaboration de formes galéniques utilisables pour des traitements locaux ou locorégionaux. Ainsi, on
trouve des corticoïdes inhalés dans le traitement de l’asthme, des crèmes pour des utilisations
dermatologiques, des collyres ophtalmiques ou des solutions pour pulvérisations nasales. Il est à
noter que, du fait de leur grande lipophilie, les glucocorticoïdes traversent aisément la peau. Une
application cutanée prolongée ou sur une grande surface pourra donc exposer le patient à des effets
systémiques y compris à une inhibition de son axe hypothalamo-hypophysaire. Il existe aussi des
formes locorégionales telles que le cortivazol (Altim®) utilisables pour des administrations intra-
articulaires, péri-articulaires ou épidurales.
Les glucocorticoïdes naturels et de synthèse sont bien absorbés après administration orale. Ils se
retrouvent dans la circulation sanguine où ils peuvent soit, comme le cortisol, être transportés par la
CBG (Corticosteroid Binding Globulin) soit, comme la dexaméthazone, circuler dans le plasma
sous forme libre.
Les glucocorticoïdes sont métabolisés et inactivés dans le foie avant d’être glucurono- ou sulfo-
conjugués pour être éliminés par voie rénale. La demi-vie d’élimination des divers produits naturels et
de synthèse est variable et on distingue des drogues à durée d’action courte, moyenne ou longue. Il
faut cependant noter que le mécanisme d’action de ces substances implique leur rétention
intracellulaire et que la durée des effets biologiques dépassera toujours celle de la demi-vie
plasmatique. Quelques exemples sont donnés dans le tableau suivant :
Crèmes : les dermocorticoïdes sont classés en 4 niveaux d’activité : très forte, forte, modérée et faible.
Cette classification est fondée sur le test de Mc Kenzie (1962) qui a établi qu’il existe une corrélation
entre la puissance de l’effet anti-inflammatoire et son effet vasoconstricteur sur une peau saine, jugée
dans des conditions standardisées.
• Activité très forte : clobétasol Dermoval®, bétamathasone Diprolène® (activité très forte du fait de
sa solubilisation dans du propylène glycol, qui en augmente la diffusion transcutanée).
A noter qu’il existe des dermocorticoïdes associés à l’acide salicylique ou à des antibactériens (surtout
de la néomycine).
Inhalation : cette voie est devenue une voie d’administration préférentielle des corticoïdes pour le
traitement de l’asthme :
On trouve aussi des collyres qui associent un corticoïde et un antibiotique (cycline, aminoside ou
phénicolé).
Du fait de l’introduction d’une hypokaliémie, les corticoïdes sont tous susceptibles de majorer le
risque de survenue de torsades de pointes en association avec des produits torsadogènes : bépridil,
érythromycine intraveineuse, sultopride…
• Excitation avec euphorie et troubles du sommeil (effet recherché dans le dopage par les
corticoïdes), plus rarement : états dépressifs.
Deux composés de ce type sont actuellement sur le marché, avec des modes d’action différents et des
indications distinctes : la métyrapone Métopirone® et l’aminoglutéthimide Orimétène®.
a) Mode d’action
b) Utilisations cliniques
a) Mode d’action
b) Utilisations cliniques
2.1.1. Origine
L’ACTH est une hormone peptidique, composée de 39 acides aminés, libérée par le lobe antérieur de
l’hypophyse. Elle provient d’un grand peptide précurseur, la pro-opiomélanocortine (POMC) suite à
des clivages protéolytiques. Cette POMC est, comme son nom l’indique, aussi à l’origine d’autres
peptides importants : des opiacés (β-endorphine), des lipotrophines et de l’hormone stimulante des
mélanocytes (γ-MSH). La surproduction de POMC, comme cela est observé dans l’insuffisance
surrénalienne, conduit au tableau clinique typique de la « maladie bronzée d’Addison ». L’activité
biologique complète de l’ACTH est portée par les 24 premiers acides aminés de sa partie N-terminale.
Cette portion isolée est appelée tétracosactide. Les acides aminés 25 à 39 ne confèrent à l’ACTH que
sa spécificité d’espèce. De part sa structure, l’ACTH ne peut pas être administrée par voie orale car
elle est complètement protéolysée. Il n’existe donc que des formes parentérales IM ou IV. Sa demi-vie
est courte (20 à 25 minutes) et elle est dégradée conjointement par le foie et les reins.
• Rétrocontrôle négatif exercé par les glucocorticoïdes : il prend deux aspects : un rétrocontrôle
rapide effectué par les variations rapides des taux de cortisol qui ne semble pas impliquer un effet
nucléaire de cette hormone et un rétrocontrôle lent dont le mécanisme a été discuté plus haut.
L’ACTH stimule des récepteurs localisés à la surface des cellules surrénaliennes productrices de
cortisol, dans les zones fasciculaires et réticulaires. Ces récepteurs sont des classiques récepteurs à 7
hélices transmembranaires qui sont couplés à des protéines Gs. Leur activation par l’ACTH conduit
donc à une augmentation des taux intracellulaires d’AMPc passant par la stimulation de l’adénylate
cyclase. Cet effet aboutit à une entrée de calcium et à la translocation du cholestérol vers la membrane
interne mitochondriale, selon un mécanisme encore imparfaitement connu, et amorce ainsi toute la
voie de la biosynthèse du cortisol.
Aux doses habituelles, ce sont ceux des glucocorticoïdes. On décrit aussi des actions
extrasurrénaliennes (lipolyse, hypoglycémie, résistance à l’insuline) chez des animaux
surrénalectomisés, mais seulement pour des doses élevées, non physiologiques, d’ACTH.
2.2.1. Nature
Il s’agit d’une corticostimuline de synthèse n’ayant que les 24 acides aminés responsables de l’effet
biologique de l’ACTH. Par rapport à une ACTH d’origine animale, il manque la partie comportant les
acides aminés 25 à 39 responsables de la spécificité d’espèce. Ceci limite fortement le risque de
réaction allergique.
• Le Synactène® immédiat : le taux plasmatique de cortisol s’élève dès la première minute suivant
l’injection pour atteindre un maximum en une heure et retourner à la normale en 3 à 4 heures.
• Synactène® retard : suite à son injection intramusculaire, la cortisolémie s’élève lentement et
atteint son plateau après une heure et pour une durée d’environ 36 heures. Ce taux retourne à la
normale, de même que se rétablit le cycle nycthéméral vers la 48ème heure.
a) A visée thérapeutique
Les indications thérapeutiques du Synactène® sont celles de la corticothérapie par voie générale
chez les patients à fonction surrénalienne normale. L’avantage d’un traitement par l’ACTH, par
rapport à un traitement par glucocorticoïdes, est une répression moindre de l’axe hypothalamo-
hypophysaire et un risque moindre d’arrêt de croissance chez les enfants. Cependant, il occasionne
plus d’effets indésirables, principalement du fait de la stimulation de la production de
minéralocorticoïdes et d’androgènes : rétention hydrosodée, hirsutisme et acné. De plus
l’administration prolongée d’ACTH est à l’origine d’une augmentation de la pigmentation cutanée.
Ainsi, il semble que les inconvénients dépassent les avantages et que les glucocorticoïdes restent
préférables.
Le Synactène® est utilisé pour le diagnostic étiologique d’une insuffisance surrénalienne avec des
tests :
Ainsi, le Synactène® permet de faire la part entre une insuffisance surrénalienne périphérique et
une insuffisance d’origine centrale au cours de laquelle la réponse à l’ACTH est « explosive ».
Plan
Introduction
1. Le Paracétamol
1.1. Quelques points d’histoire
2. Autres antalgiques
2.1. La noramidopyrine
2.2. La floctafénine Idarac®
2.3. Le néfopam Acupan®
Les antalgiques non opiacés constituent une vaste famille de produits aux structures et aux modes
d’action divers dont le chef de file est le paracétamol, prototype des antalgiques dits « périphériques ».
On peut aussi y trouver des analgésiques centraux non opiacés comme le néfopam (Acupan®). Il faut
noter que les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont aussi antalgiques (Cf chapitre concernant les
AINS) mais que certains AINS, comme l’ibuprofène, sont antalgiques à doses faibles alors que la dose
anti-inflammatoire est beaucoup plus élevée.
1. Le paracétamol
L’acétanilide, dont le paracétamol dérive par hydroxylation, est le premier produit de cette famille et
fut introduit en thérapeutique en 1886. Ses propriétés anti-pyrétiques ont été découvertes de manière
fortuite par Cahn et Hepp. Ces deux médecins strasbourgeois travaillaient sur les effets de dérivés du
naphtalène sur des parasitoses intestinales. A court de produit, ils s’approvisionnent dans une
pharmacie de la ville. A leur grande surprise, le produit livré ne présente aucune activité antiparasitaire
mais révèle une puissante action antipyrétique. La substance fournie n’est pas du naphtalène mais de
l’acétanilide. Ainsi apparaissait le premier antipyrétique non salicylé. Il devient rapidement un
médicament commercialisé sous le nom d’Antifébrine® . Cependant, l’acétanilide est très toxique et de
nombreuses recherches ont porté sur l’élaboration de drogues dérivées et mieux tolérées. La
phénacétine, dérivé acétylé de l’acétanilide, a été utilisée dès 1887. Mais cette dernière a vu son
utilisation limitée en raison d’effets néphrotoxiques au point que son utilisation chronique fut
strictement réglementée puis totalement interdite. Le paracétamol, dérivé hydroxylé et non
néphrotoxique de l’acétanilide, est apparu en 1893, son emploi s’est étendu de manière considérable
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, surtout depuis 1949 lorsqu’on a mis en évidence qu’il
constitue le principal métabolite actif de l’acétanilide et de la phénacétine.
Métabolisme et toxicité
Aux doses thérapeutiques, 90 à 100 % du paracétamol sont retrouvés dans les urines sous forme
conjuguée avec l’acide glucuronique (60 %), sulfurique (35 %) ou la cystéine (3 %). La demi-vie sera
prolongée chez l’enfant qui possède des capacités de glucuronoconjugaison inférieures à celles de
l’adulte. Une faible proportion du paracétamol est métabolisée par un système oxydatif dépendant du
cytochrome P450, qui le transforme en un composé hautement réactif, la N-acétyl-p-benzoquinone-
L’intoxication par le paracétamol, pouvant survenir après absorption de plus de 10 grammes par jour
chez l’adulte (soit plus d’une boîte complète de Doliprane®) ou de plus de 100 à 150 mg/kg chez
l’enfant (plus de 2 à 3 fois la dose maximale quotidienne tolérée), se manifeste essentiellement par les
signes associés à une importante cytolyse hépatique : nausées, vomissements, douleurs abdominales,
augmentation des transaminases, de la bilirubinémie, de la LDH et diminution du taux de
prothrombine (dans les 12 à 48 heures après l’ingestion). Cette nécrose hépatique est consécutive à la
dénaturation des protéines cellulaires par la N-acétyl-p-benzoquinone-imine. Ce composé est produit
en trop grandes quantités du fait de la saturation des processus de conjugaison et de l’impossibilité du
foie à le métaboliser consécutivement à l’effondrement de ses stocks de glutathion.
Le paracétamol est un antalgique et un anti-pyrétique efficace. L’origine de ces effets est quasiment
superposable à celui de l’aspirine et des AINS. En effet, le paracétamol bloque de façon réversible la
cyclo-oxygénase et empêche donc la production des prostaglandines responsables de la fièvre (effet
anti-pyrétique central) et de la sensibilisation des nocicepteurs périphériques (effet antalgique
périphérique). Cependant, de façon inattendue, le paracétamol n’est que faiblement anti-
inflammatoire (il ne l’est qu’à très fortes doses chez l’animal). La raison de cette inefficacité n’est
pas encore totalement élucidée. L’hypothèse avancée est que le paracétamol ne pourrait pas inhiber
la cyclo-oxygénase dans un milieu riche en radicaux peroxydes, ce qui est le cas de la zone
inflammatoire. Il reste que cela n’explique pas pourquoi le paracétamol n’est ni gastrotoxique, ni
antiagrégant plaquettaire, deux tissus (ou cellules) non inflammatoires en situation normale.
• Paracétamol seul
2. Autres antalgiques
2.1. La noramidopyrine
La noramidopyrine administrée par voie orale n’est pas retrouvée dans le plasma. En effet, elle est
rapidement hydrolysée dans le tube digestif et quasiment complètement résorbée sous sa forme
active : la 4-méthylamino-antipyrine (4-MAA). Ce produit est un dérivé de pyrazolone, dont la
structure est voisine de celle de la phénylbutazone (Cf les anti-inflammatoires non stéroïdiens).
Elle présente donc un mode d’action et des effets indésirables voisins. Ainsi, le 4-MAA est
antalgique et antipyrétique mais apparaît dépourvu d’effets anti-inflammatoires. Pourtant, comme
la phénylbutazone, il inhibe la cyclo-oxygénase.
• Effets indésirables
Ils peuvent être graves et impliquent que l’utilisation de noramidopyrine doit être strictement
réservée aux cas de douleurs rebelles, résistantes aux antalgiques usuels. On trouve des effets de
nature allergique ou immunoallergique.
Face à une douleur rebelle la question que doit se poser le prescripteur est de savoir si, en terme de
rapport bénéfice/risque, il ne serait pas préférable d’utiliser un morphinique dit mineur
(buprénorphine, dextropropoxyphène). La noramidopyrine, trouvée par exemple dans la
Viscéralgine Forte®, est donc d’un emploi difficile et qui, en conséquence, devrait être limité.
Le 4-MAA est métabolisé dans le foie par acétylation dépendante du cytochrome P450. Puis, ce
métabolite acétylé est glucoruono-ou sulfo-conjugué avant d’être éliminé par voie urinaire. Son
métabolisme et son élimination seront donc modifiés chez l’insuffisant rénal ou hépatique.
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 5
« Les antalgiques non-opiacés» - L. Monassier - Mise à jour : janvier 2005
• Formes commerciales
• Effets thérapeutiques
• Effets indésirables
Le néfopam est un antidépresseur possédant des effets analgésiques d’origine centrale non
morphiniques. Sur le plan structural, il dérive de la famille des benzoxazocines. Son mécanisme
d’action passerait par l’inhibition de la recapture de neurotransmetteurs comme la noradrénaline,
la sérotonine et la dopamine, sans que l’on puisse clairement établir de relation de cause à effet
entre ces actions cellulaires et les propriétés antalgiques. Il n’a pas d’action sur les récepteurs des
opiacés et n’en possède donc pas les effets indésirables. Son efficacité antalgique est cependant
notable puisque, à dose identique, il présente une efficacité de l’ordre de 20 % de celle de la
morphine (sur des douleurs post-opératoires). Comparé à l’aspirine, le néfopam s’avère à peu près
10 fois plus actif. Son efficacité est augmentée lorsqu’il est administré par voie parentérale,
intraveineuse ou intramusculaire. Ainsi, par voie intramusculaire il démontre un rapport
d’efficacité de 0,6 par rapport à la morphine. Cependant, à partir d’une dose maximale quotidienne
de 60 à 120 mg, son effet antalgique atteint un plateau à partir duquel toute augmentation de dose
est inutile. La recherche d’un effet analgésique supérieur requiert alors l’utilisation d’un
morphinique.
• Métabolisme
Le néfopam subit un métabolisme hépatique intense, ses métabolites étant, pour l’essentiel
inactifs. Il est ensuite à près de 90 % dans les urines.
• Effets indésirables
Ils sont peu importants à type de nausées, sueurs, somnolences et quelques réactions de type
atropiniques (ce produit étant faiblement antagoniste des récepteurs muscariniques de
l’acétylcholine) : sécheresse buccale, tachycardie, rétention d’urine, excitabilité, irritabilité. Son
utilisation prolongée n’entraîne ni dépendance, ni accoutumance et son arrêt n’aboutit à aucun
phénomène de sevrage.
• Contre-indications
Risque de rétention urinaire lié à des troubles prostatiques, risque de glaucome par fermeture de
l’angle.
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 2005/2006 6
« Les antalgiques non-opiacés» - L. Monassier - Mise à jour : janvier 2005
Chapitre 24 : PROLACTINE, THYROIDE
Item 246 : Hyperthyroïdie, argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du
patient
Item 248 : Hypothyroïdie, argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
LA PROLACTINE
I. Structure et métabolisme
La prolactine est une hormone glycopeptidique d’un poids moléculaire de 23kDa et de 199
acides aminés, synthétisée dans les cellules lactotropes de l’antéhypophyse. Elle peut être
sécrétée sous forme de monomères (23kDa), de dimères (big-prolactine de 48 à 56kDa) et de
polymères (big-big prolactine (>100kDa). De surcroît, la prolactine monomérique peut
circuler dans le plasma sous forme de fragments de 8 et 16 kDa. Ces diverses formes n’ont
pas les mêmes activités biologiques et les mêmes immunoréactivités. Ainsi, le dosage
radioimmunologique de la prolactine n’est pas toujours le reflet exact de l’activité de
l’hormone.
2. Le quinagolide NORPROLAC*
Ce produit est un agoniste des récepteurs D2 de la dopamine sans être un dérivé de l’ergot de
seigle.
Pharmacologie : voisine de celle des dérivés de l’ergot de seigle utilisés dans cette indication.
A noter que les macrolides n’affectent pas le métabolisme du quinagolide.
PHARMACOLOGIE DES ANTITHYROIDIENS
B. Actions périphériques
La T3 se lie à un récepteur nucléaire (clôné en 1986) qui ressemble beaucoup aux récepteurs
des hormones stéroïdes, de la vitamine D et de l’acide rétinoïque. Cette fixation conduit à la
modification de l’expression de nombreux gènes. Les effets des hormones thyroïdiennes sont
importants et divers. On peut citer : l’accroissement du métabolisme cellulaire de base,
l’hyperglycémie, leur implication dans la croissance, la régulation de la fertilité, la lactation,
l’hématopoïèse et le développement lors de la grossesse. Les hormones thyroïdiennes ont des
action cardiovasculaires multiples (tachycardie, augmentation de la consommation d’oxygène
myocardique, vasodilatation cutanée superficielle) dont certaines sont directes et d’autres
passent par l’augmentation du métabolisme de base général ainsi que par la stimulation du
système nerveux sympathique.
2. Mode d’action
a) Thyroïdiens
Le benzylthiouracile est pris comme substrat par la peroxydase. Il est alors
iodiné puis dégradé dans la thyroïde. Il y a donc une compétition entre le
benzylthiouracile et la thyroglobuline et l’iode qui est utilisé pour iodiner ce
médicament est perdu pour la synthèse hormonale. De plus, ce produit empêche le
couplage des molécules d’iodothyrosine.
Le carbimazole est métabolisé en thiamazole qui est le produit actif. Son mode
d’action est similaire à celui décrit pour le benzylthiouracile mais en étant 10x plus
puissant.
b) En dehors de la thyroïde
Le benzylthiouracile inhibe la conversion périphérique de la T4 en T3 dans le foie et dans le
rein. Le carbimazole n’a pas cet effet.
3. Pharmacocinétique
Produits Benzylthiouracile Carbimazole
Demi-vie (h) 1 3-5
Liaison prot. plasm. (%) 80 0
Vol. distribution (l) 30 40
Passage lait et placenta + +++
A noter que ces produits sont stockés dans la thyroïde et que leurs concentrations dans ce tissu
sont 100x supérieures à celles mesurées dans le plasma. De plus, la pharmacocinétique de ces
substances est largement modifiée par des changements de la fonction hépatique et/ou rénale.
2. Le lithium
Le lithium comme traitement de la psychose maniaco-dépressive peut provoquer une
hypothyroïdie par blocage de la réponse cellulaire à la TSH. Par contre, au contraire de l’iode,
le lithium n’interfère pas avec la biosynthèse des hormones thyroïdiennes.