2. L’e caduc
En finale du vers, il n’est jamais compté (=prononcé). C’est ce qu’on appelle l’apocope du e caduc.
À l’intérieur du vers, la règle est la suivante :
• S’il est placé devant voyelle, le e n’est pas compté :
Reste de Rom(e). Ô mondain(e) inconstanc(e) !
• S’il est placé devant consonne, il est compté :
Reste de Rome. Ô mondaine inconstanc(e) !
3. Diérèse et synérèse
La diérèse est la séparation syllabique de deux voyelles en contact dans un même mot : « Lionne »
se prononce en deux syllabes.
La diérèse est en général un moyen d’insister sur un mot. Elle peut servir à amplifier un terme isolé
ou faire ressortir le sens classique par la prononciation archaïsante. La diérèse peut également
équilibrer les mots les uns par rapport aux autres, quand il s’agit, par exemple, de créer une
antithèse. Ainsi, le mot « hier » pourrait être prononcé en deux syllabes (en faisant la diérèse) pour
le mettre sur le même plan que « demain » dans un poème, par exemple, pour mettre en valeur une
antithèse.
La synérèse en revanche consiste à réunir dans une même syllabe deux voyelles placées l’une à
côté de l’autre. Ce phénomène est moins remarquable, il est employé généralement pour garantir le
nombre de syllabes d’un vers : « fière » se prononce en une seule syllabe.
4. L’identification des vers
• L’alexandrin : il tient son nom d’un poème sur Alexandre le Grand qui avait connu un
certain succès à la fin du XIIe siècle. Tous les alexandrins classiques sont divisés en deux
groupes de six syllabes appelés hémistiches séparés par la césure.
5. Le vers libre
Le vers libre est une création de la fin du XIX e siècle (avec les poètes symbolistes, mais aussi avec
l’apparition du poème en prose). Ils sont regroupés en séquences, ensemble librement constitués,
sans qu’il y ait de structure fixe ou récurrente.
Le vers libre est donc assez difficile à cerner. On peut simplement dire qu’il se caractérise par une
certaine liberté dans l’organisation des vers. Il existe aussi une certaine liberté du lecteur.
▪ L’enjambement : il se répartit de manière à peu près égale de part et d’autre de la limite du vers,
et ne prétend pas à un autre effet que ce dépassement (pas de pause rythmique). Exemple :
Nouveau venu qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n’aperçois
▪ Le rejet : qui place un groupe bref au-delà de la limite du vers alors qu’il est lié syntaxiquement à
ce qui précède et le met ainsi en valeur. Exemple :
Ces globes, qu’en prisons Seigneur, vous transformâtes
Errent, et sur les flots tortueux et funèbres.
▪ Le contre-rejet : qui, à l’inverse, met en avant de la limite du vers un élément bref, lié
syntaxiquement à ce qui suit et a, par conséquent, un effet de soulignement. Exemple :
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur.
▪ Le rythme peut aussi être aussi marqué par le retour de segments de phrase plus ou moins de
même taille pour créer un rythme binaire (lorsque deux segments se suivent) ou un rythme
ternaire (lorsque trois segments se suivent). Si ces segments de phrase sont de taille croissante, on
parlera de rythme croissant (du moins long au plus long), s’ils sont de taille décroissante on
parlera de rythme décroissant. Enfin, s’ils sont de tailles variées, entrecoupés de signes de
ponctuation comme la virgule, le point-virgule, le tiret, ils viendront créer un rythme heurté.
Exemple :
- « Rome seule pouvait à Rome ressembler,
Rome seule pouvait Rome faire trembler » → rythme binaire mis en valeur par le parallélisme et la
répétition du mot « Rome ».
IV. La rime
La rime est la répétition de mêmes sons (homophonie) à la fin d’au moins deux vers.
1. La disposition des rimes :
- Rimes embrassées : abba.
- Rimes croisées ou alternées : abab.
- Rimes plates ou suivies : aabbcc
2. Le genre des rimes
- Un rime est dite féminine lorsqu’elle se termine par un « e » muet (=caduc)
- Une rime est dite masculine dans tous les autres cas.
3. La qualité des rimes
• Rime pauvre : un seul phonème commun (c’est à dire la dernière voyelle accentuée. Ex :
Rameaux, tombeaux.
• Rime suffisante : deux homophonies, soit par exemple : voyelle + consonne. Ex : silenc(e),
avanc(e) ou encore, consonne + voyelle : horizon, gazon.
• Rime riche : trois homophonies. Ex : ombr(e), sombr(e).
Il existe d’autres types de rimes qui se rencontrent surtout à certaines époques où les poètes ont tout
particulièrement travaillé la langue, notamment à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, à
l’époque des Grands Rhétoriqueurs1.
• Rime équivoquée : elle associe deux mots ou groupe de mots dans une même série
phonétique venant créer un jeu de mots à la fin du vers : déserts/des airs ou adversité/à vers
cité, laide/Leyde
• Rime batelée : elle se place entre la fin d’un vers et la fin du premier hémistiche du vers
suivant : « Nymphes des bois, pour son nom sublimer / Et estimer, sur la mer sont allées »
• Rime couronnée : elle se termine par une répétition de la syllabe de rime :
1 Le premier des Grands Rhétoriqueurs est le poète Jean Meschinot, poète à la cour de François II de Bretagne.
« Dieu tout-puissant, prince d’honneur donneur / Vrai rédempteur, homme seul parfait
fait »
• Rime léonine : lorsque les deux hémistiches d’un même vers riment ensemble :