Mars 2011
Rédaction
Contributions
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Sommaire
1.Introduction.......................................................................................................................................... 1
2. Présentation du concept de fonds tournants et sa mise en œuvre dans l’UTO Campo Ma’an .......... 1
2.3 La gestion des fonds tournants dans les organisations faitières : ................................................ 4
Liste de schéma
Schéma 1: Acteurs intervenants dans le processus de mise en œuvre des fonds tournants à Campo
ma’an..................................................................................................................................... 2
Schéma 2: Modèle de structuration et de gestion des fonds tournants dans une organisation faitière 4
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1. Introduction
Situé dans la Région du Sud Cameroun, le Parc National de Campo Ma’an (PNCM) a été créé
en Janvier 2000. Il s’étend avec sa zone tampon sur une superficie de 771 668 ha (le parc en lui-
même représente 264 064ha), soit environ 16% de la superficie totale de toute la Région du Sud. Le
parc abrite plusieurs espèces fauniques menacées de disparition à l’instar des éléphants, des gorilles,
des chimpanzés, des tortues marines, ainsi que plusieurs espèces végétales endémiques à la région
dont la préservation est d’une importance capitale. Cette préservation passe certes par une
délimitation et une surveillance des frontières du parc, mais il est de plus en plus établit sur la base
des multiples expériences et études que la gestion d’une aire protégée n’est possible et durable que
si elle intègre d’une part, l’implication des communautés riveraines à la gestion durable des
ressources naturelles, et d’autre part, si elle s’articule aux impératifs du développement et à la lutte
contre la pauvreté. Pour ce dernier aspect stratégique de la préservation de la biodiversité, le PNCM
a mis en place un programme de cogestion et d’écodéveloppement qui vise entre autres à améliorer
les conditions de vie des populations riveraines dont le nombre est estimé à 60 338 habitants.
L’amélioration des conditions de vie des populations passe entre autres par la création des
richesses qui, dans un contexte d’économie libérale nécessite une création et développement des
entreprises et surtout de la micro-entreprise pour ce qui est du monde rural. Le développement des
micro-entreprises et activités génératrices de revenus (AGRs) impliquent deux éléments
fondamentaux : L’existence des opportunités économiques et des entrepreneurs, signe du
dynamisme de la population. L’UTO Campo Ma’an présente plusieurs opportunités économiques
inhérentes à l’exploitation des ressources naturelles (multiples produits de la pêche, collecte des
produits forestiers non ligneux) par les populations locales, la demande locale en denrées
agroalimentaires des salariés des grandes entreprises (agro-industries exploitants forestiers) et le
personnel des services administratifs, ainsi que celle des grandes villes de la Région du Sud en
l’occurrence Ebolowa et Kribi, à laquelle on peut ajouter celle de la Guinée Equatoriale, pays voisin
dont les frontières avec le Cameroun sont délimitées par une partie de l’UTO.
L’accès aux services financiers (microcrédit) et non financiers (formation, conseil, information
…) sont des facteurs importants pour stimuler l’entrepreneuriat dans les milieux défavorisés (faible
niveau d’éducation et de revenus, déficit d’infrastructures de communication…). Pour le premier
aspect, le Fonds mondial pour la nature (WWF), partenaire technique pour le service de la
conservation a mis sur pied en collaboration avec des structures locales 2 mécanismes de
financement pour la promotion des activités génératrices de revenus et micro entreprises : le
mécanisme de fonds tournant et une offre spécifique de microcrédit FIFFA.
La mis en œuvre des fonds tournants a permis en un an de financer plus de 200 AGRs dans la
périphérie du parc et améliorer les revenus de nombreux ménages. Le présent document vise à
.vulgariser cette approche de financement des AGRs en présentant le concept de fonds tournant et
quelques résultats et expériences de sa mise en œuvre dans l’UTO Campo Ma’an par le WWF.
2. Présentation du concept de fonds tournants et sa mise en œuvre dans l’UTO Campo Ma’an
2.1 Principe
Le fonds tournants ou encore revolving funds est un mécanisme de micro crédit bâtit autour
du principe suivant : ‘’J’utilise l’épargne des autres pour fonctionner, pour produire, et je dois une
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fois ma production assurée, rembourser pour permettre aux autres d’emprunter ou pour remettre
son capital à celui qui a mis à disposition les fonds.’’ En général, les fonds ne sont pas stockés, ils sont
immédiatement mis à la disposition des demandeurs dès lors que des remboursements sont
effectués.
Tel que présenté dans le schéma ci-dessous, 4 principaux types acteurs interviennent dans le
processus de mise en œuvre des fonds tournants dans l’UTO Campo Ma’an:
Relation
AUTORITES d’encadrement et
LOCALES de gestion de
conflits
FACILITATEURS
GESTIONNAIRES
(ONGs et
PLAFFERCAM) (Organisation BENEFICIAIRES
Faitières)
Relation de
Relation
prestation de
d’encadrement et
service
d’animation du
système
a) Les bénéficiaires
Les bénéficiaires des fonds tournants sont les communautés locales, regroupées en GICs,
associations ou toute personne physique menant une activité productrice rentable dont la durabilité
est démontrée, en même temps que l’impact positif sur les conditions socioéconomiques du ménage
ou de la communauté.
Des fonds sont alloués aux bénéficiaires via les organisations faitières. Celles-ci mettent en
place au sein de leur organisation une structure de gestion appropriée pour assurer la collecte,
l’évaluation, le financement et le suivi de la réalisation des projets soumis à financement. Tel que
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présenté dans le tableau ci-dessous, au total 11 associations dont les plateformes communales des
femmes des arrondissements de Niété, Campo, Kribi 1er, Akom2, Ma’an en ont fait parti.
3 Association ENFEMME
CSPA 09 024
c) Les facilitateurs
Environ 6 ONG locales (SDD, APED, ONED, CADER, FODER, CEPFILD) et l’organisation
fédérative des associations communales de femmes (PLAFFERCAM) ont participé au processus de
mise en œuvre en faisant une sensibilisation et un suivi de proximité des associations faitières dans
le respect des règles et l’utilisation des outils de gestion du fond.
Les autorités administratives (sous préfets et chefs de village) et les maires ont été impliqués
dans le processus de mise en œuvre et de suivi des fonds tournants. Celles-ci de par leur présence
participent à la sensibilisation des populations bénéficiaires du fonds, assure la gestion des conflits
éventuels entre les structures de gestion et les bénéficiaires de fonds.
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2.3 La gestion des fonds tournants dans les organisations faitières :
a) Structuration
Tel que évoqué plus haut, l’objectif des organisations faitière dans le système est de mettre à
la disposition des bénéficiaires des services financiers appropriés leur permettant de développer
leurs activités génératrices de revenus. A ce titre, un dispositif organisationnel interne a été mis sur
pied dans plusieurs de ces organisations pour faciliter le fonctionnement effectif des fonds tournants.
Un modèle de structuration est présenté dans le schéma 2 ci-dessous.
Transmission des
projets soumis et
Information sur les
Bureau exécutif de fonds disponibles
Transmission des
projets validés
Transmission des
décisions du Expression de besoins
comité de gestion de financement des
membres du GIC
Financement des
projets validés et Caution morale et
suivi des solidaire pour les
remboursements porteurs de projet
Suivi de la Expression de
réalisation des besoins de
projets et du financement
remboursement
des prêts
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Le comité de gestion est l’organe d’évaluation et de sélection des microprojets à financer. Le
nombre de projets validés et le montant dépend de la disponibilité en fonds. Mais pour fonctionner,
elle a besoin de deux autres organes. Le bureau exécutif qui a la situation de la demande et de la
disponibilité en fonds suite aux remboursements des prêts. Les associations ou GIC membres qui
collectent les demandes en fonds et si possible les remboursements de prêts de leur membre les
transmet au bureau exécutif. Elles servent généralement de caution morale pour les demandeurs
dans la mesure où elles sont supposées bien les connaitre pour prendre des engagements à leur
place.
b) Le service financier
Les crédits octroyés sont généralement des crédits à court terme (1 à 6 mois), dont les
montants sont plafonnés à 150 000 Fcfa dans les associations. Chaque demandeur doit remplir une
fiche de projet indiquant le projet à réaliser, le lieu et le coût global du projet, et enfin le montant de
crédit sollicité. Le taux d’intérêt est compris entre 2 et 5% selon les associations. Ce taux permet de
couvrir les frais de gestion des fonds et de développer le niveau fonds afin de satisfaire à la longue
plusieurs demandeurs.
La Plateforme communale des femmes rurales de Campo Ma’an, en abrégé PLAFCOFERC est
une association de droit commun, créé en Février 2007 à Campo, un arrondissement du
Département de l’Océan, dans la Région du Sud Cameroun. Elle regroupe en son sein plusieurs
associations et groupements de femmes productrices vivant dans les villages de l’arrondissement de
Campo. En début d’année 2011, elle comptait en tout 36 Groupes et associations.
La PLAFCOFERC doit son existence –à la CAMAMF ou Forêt Modèle de Campo Ma’an dont la
mission est de donner aux acteurs organisés en plateformes les moyens d’initier leurs stratégies de
développement et de gérer leur propre environnement dans un système de partenariat fort, durable
et équitable.
L’objectif de la PLAFCOFERC est l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales de
Campo, dans un environnement aménagé et protégé. Elle travaille en étroite collaboration avec la
plateforme des plateformes de femmes rurales de l’UTO Campo Ma’an à savoir la PLAFFERCAM
Au sein de la PLAFCOFERC, les crédits sont octroyés aux membres au cours des réunions
mensuelles. Les montants octroyés sont plafonnés à 100 000 Fcfa, remboursables sur des périodes
allant de 1 à 4 mois.
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2% pour les frais de fonctionnement du comité de gestion
Après environ 1 an et demi de gestion des fonds tournants, la PLAFCOFERC a financé plus de
60 personnes à travers leur groupe pour la mise en œuvre des AGRs dans l’arrondissement
de Campo. Dans certaines localités rurales comme Bouandjo et Mabiogo, les activités
d’achat, de transformation et de vente des produits de la pêche par les femmes se sont
considérablement développées. Dans d’autres, l’achat des semences améliorées à travers
des crédits a permis d’améliorer la production et la vente des denrées agroalimentaires
(Manioc, arachides, piments …).
Bien que quelques retards soient parfois enregistrés, le taux de remboursement du fonds
initial est de 100%. Avec les intérêts, ce fonds a augmenté de plus de 25%, permettant de
couvrir plus de demande de crédit ;
Fort du succès enregistré dans la gestion des fonds, des initiatives de collaboration avec des
structures de micro finance classique ont été entreprises. A ce titre, un cadre de
collaboration avec la Mutuelle de Crédit Communautaire de la CCEI Bank sera bientôt défini.
Il permettra à la PLAFCOFERC de bénéficier des fonds supplémentaires pour le financement
des demandes de crédits allant de 50 000 à 200 000Fcfa.
4.1 Avantages
Une bonne gestion des fonds tournants telle que présentée plus haut procure plusieurs
avantages pour les organisations faitières et les promoteurs de développement local. Nous pouvons
citer entre autres :
Le crédit basé sur des réseaux sociaux favorise un fort taux de remboursement
Les perspectives de développement du fonds initial à travers les taux d’intérêts sont
assurées
L’essor des activités économiques dans les milieux défavorisés cible peut favoriser une
collecte de l’épargne et développer le système de crédit.
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4.2 Conditions de succès
Pour arriver à un résultat important et tirer profit des avantages évoqués plus haut, un ensemble de
règles fondamentales doivent être observées par les organisations de gestion des fonds.
1. Le dynamisme de l’association qui se matérialise par une tenue régulière des séances
réunions et une participation effective des membres aux activités de l’association
2. La qualité des AGRs à financer : Celles-ci doivent être de préférence des projets rentables à
court terme et ne nécessitant pas un gros capital.
3. La qualité des bénéficiaires : Les prêts doivent être faits prioritairement aux individus
appartenant à un groupe légalisé membre de l’organisation faitière, lequel groupe doit se
porter garant du suivi et du remboursement du prêt.
4. La perception du fonds par les membres : Ceux-ci doivent être suffisamment sensibilisés sur
l’importance et les opportunités du fonds, et doivent participer à l’élaboration et
l’application des règles de gestion interne.
5. L’implication des autres acteurs du système dans la gestion du fonds : Les associations
doivent impliquer les autorités administratives et municipales locales, ainsi que les ONG
d’encadrement en leur informant régulièrement sur leurs activités et la gestion des fonds
tournants