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CHARGE DE COURS : MEITE Méké

TITRE 3 : LES MECANISMES DU CREDIT

Les relations entre une banque et son client nécessitent une formalité juridique
préalable simple, la signature d’une convention destinée à fixer les règles qui
s’appliqueront à toutes les opérations entre les parties. Grâce à cette convention,
appelée compte bancaire, une négociation complète ne sera pas nécessaire avant
chaque opération. Ainsi, à travers cette convention, le banquier et son client
pourront mettre en œuvre une variété d’opérations.

CHAPITRE I : LE CADRE DES OPERATIONS DE CREDIT : LE COMPTE


BANCAIRE

Les opérations de banque peuvent être faites par caisse ou en compte. Elles sont
faites par caisse lorsqu’elles sont isolées et font l’objet d’un règlement immédiat en
l’espèce. Ex. une opération de change. Mais lorsque ces opérations sont amenées à
se multiplier et impliquent une relation permanente entre la banque et son client,
l’ouverture d’un compte s’impose. Seront successivement étudiés la théorie
générale du compte (section I) et le compte courant qui présente des particularités
(section II).

Section I : La théorie générale du compte bancaire

La notion de compte est étroitement liée à celle d’opération bancaire. Ouvrir un


compte, c’est renoncer à un paiement immédiat de chaque opération au profit d’un
règlement global et périodique de la totalité des opérations. Ouvrir un compte, c’est
déjà effectuer une opération de crédit. La notion de compte est également liée à la
comptabilité générale. Le compte est un tableau comportant deux parties : crédit et
débit dans lesquels on inscrit chronologiquement les différentes opérations traduites
en termes monétaires.
Au crédit du compte figurent toutes les sommes dont le client est propriétaire. Au
débit, on inscrit les dettes du client envers la banque. Et toutes les opérations ayant
une incidence financière donneront lieu à des écritures de crédit et de débit.
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Le compte fournit donc un mécanisme de règlement global des dettes et créances


du client par rapport à la banque. Ce mécanisme repose sur le principe de la
compensation. Grâce à ce mécanisme, la banque peut offrir à son client une
multitude de services en fonction des besoins de celui-ci.

Paragraphe 1 : L’ouverture des comptes bancaires

Le compte étant une convention, c'est-à-dire un contrat, son ouverture obéit au


principe consensuel. Il en résulte que le banquier peut refuser d’ouvrir un compte
sans engager sa responsabilité. Non seulement le banquier choisit librement ses
clients, mais il est tout aussi libre dans le choix du type de compte qu’il se propose
d’ouvrir à son client. Inversement, le client choisit librement la banque qui lui
convient en fonction de données qu’il est seul à maîtriser. Et la législation de
l’UEMOA ne fait aucune obligation d’ouvrir un compte si ce n’est aux
commerçants. Article 9 du règlement n° 15/2002/cm/UEMOA.
Cependant, lorsqu’une personne décide d’avoir un compte bancaire, elle devra
savoir que la convention de compte est soumise au consentement des parties, à leur
capacité et à leur pouvoir.

A. Le consentement

La loi communautaire prévoit que toute ouverture de compte donne lieu à la


conclusion d'une convention de compte écrite entre l'établissement assujetti et son
client. Il faut donc le consentement des deux parties. Cette convention précise la
nature et les modalités de fonctionnement du compte. Mais généralement,
l’ouverture du compte se manifeste par l’enregistrement d’une première opération
constatant le dépôt d’une somme indiquée. Ce premier dépôt donne au compte une
existence comptable.
Le problème s’est posé de savoir si le banquier pouvait refuser l’ouverture d’un
compte. Le règlement n° 15/2002/cm/UEMOA a pris position par rapport à ce
problème. L’article 8 dispose : « Toute personne physique ou morale établie dans

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l’un des Etats membres, possédant un revenu régulier dont la notion est définie par
une instruction de la Banque Centrale, a droit à l’ouverture d’un compte auprès
d’une banque, telle que définie par l'article 3 de la Loi portant Réglementation
Bancaire, ou auprès des services financiers de la Poste.
En cas de refus d’ouverture de compte opposé par trois établissements
successivement, la Banque Centrale peut désigner d’office une banque qui sera
tenue d’ouvrir un compte donnant droit à un service bancaire minimum.
En dehors de cette hypothèse particulière, le banquier peut refuser l’ouverture d’un
compte au demandeur. Seulement, il doit l’en informer par écrit mais il n’est pas
nécessaire que la décision de refus soit motivée.

B. La capacité et le pouvoir

L’ouverture d’un compte suppose en principe la capacité civile du client. Le


banquier doit vérifier cette capacité et parfois aussi le pouvoir du client. Il faut
distinguer différentes hypothèses notamment le cas du mineur, des majeurs
protégés ou des personnes morales.

1. Le cas du mineur

En principe, le mineur non émancipé ne peut se faire ouvrir un compte. Seul le


représentant légal peut ouvrir le compte au nom du mineur. Le mineur émancipé
quant à lui peut se faire ouvrir un compte dans les mêmes conditions que le majeur
puisqu’il a en principe pleine capacité pour les actes de la vie civile. Mais, il ne
peut s’agir de compte commercial.

2. Le cas des majeurs protégés

Le majeur en tutelle est dans les mêmes conditions que le mineur non émancipé et
ne peut se faire ouvrir un compte sans l’assistance du tuteur. Le majeur sous
sauvegarde de justice pour sa part, conserve la faculté de se faire ouvrir un compte
sans assistance. Mais le juge peut néanmoins désigner un mandataire à cet effet. Le

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majeur sous curatelle peut se faire ouvrir et faire fonctionner le compte avec
l’assistance du curateur.

3. Le cas des personnes morales

Toute personne morale de droit privé ou de droit public peut se faire ouvrir un
compte en banque. Le problème se pose surtout du pouvoir des représentants
légaux que le banquier doit vérifier sinon il engage sa responsabilité à l’égard de la
société et même des tiers.
Une société commerciale en cours de création n’a pas de personnalité juridique
avant son inscription au RCCM. Mais il est admis qu’elle peut se faire ouvrir un
compte dont le sort dépend de deux situations :
-Si la société reprend les actes de fondateurs, ceux-ci sont réputés avoir été faits dès
l’origine par la société elle-même. Le compte sera considéré comme ouvert dès
l’origine au nom de la société.
- Si la société ne reprend pas les actes de fondateurs par exemple parce qu’elle n’a
pas été constituée par la suite, les fondateurs demeurent personnellement et
solidairement responsables.
En cas de dissolution de la société, sa personnalité morale subsiste ou survit pour
les besoins de la liquidation, le compte est donc maintenu jusqu’à la clôture de la
liquidation.
La diversité de leurs services a conduit les banques à concevoir une diversité
de types de comptes selon la nature des opérations qu’ils ont destinés à recevoir.

Paragraphe 2 : La classification des comptes bancaires

La question qui demeure est de savoir qui peut être titulaire d’un compte bancaire.
La réponse est double. Une même personne peut se faire ouvrir plusieurs comptes ;
un seul compte peut être ouvert au nom de plusieurs personnes.

A. Une personne ayant plusieurs comptes individuels

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Le compte bancaire individuel est le plus courant qui existe. Une unique personne
ouvre un ou plusieurs comptes auprès d’une ou de plusieurs banques, et sera la
seule à même de réaliser des opérations sur ce(s) compte(s). Personne ne pourra
retirer de l’argent ou mettre en place des prélèvements sans son autorisation
explicite comme une procuration. Cette situation répond à une certaine logique.
Elle permet au client d’adapter ses comptes à ses besoins en les spécialisant. Ainsi
une seule et même personne peut ouvrir un compte de dépôt, un compte courant, un
compte d’épargne … Il se pose alors la question de savoir si ces comptes sont
indépendants les uns des autres. Cette question ne se pose pas lorsque les comptes
sont ouverts dans des établissements bancaires différents. Dans cette hypothèse,
l’indépendance des comptes s’impose. La question se limite donc à l’hypothèse où
les comptes sont ouverts dans un seul établissement bancaire. Le principe est là
aussi, l’indépendance des comptes. Cela veut dire qu’une opération réalisée sur un
compte débiteur ne pourra pas être payée sur un compte créditeur ; et surtout en cas
de procédure collective ou de déconfiture, le solde créditeur d’un compte sera versé
à l’ensemble des créanciers. La banque sera obligée de concourir avec les autres
créanciers pour le solde des comptes débiteurs. La compensation n’est pas possible
en raison de l’indépendance des comptes. Pour obtenir la dépendance, il est
nécessaire que le client et la banque aient recours à une convention expresse. Il peut
alors s’agir soit d’une convention de gage ou d’affectation de garantie, soit d’une
convention de fusion des comptes ou d’unicité des comptes. Au nombre des
comptes individuels, on peut citer le compte à vue, le compte à terme, le compte de
dépôt, le compte courant.

1. Le compte à vue / le compte à terme

Dans le compte à vue, les fonds peuvent être retirés à tout moment c’est-à-dire par
caisse, par chèque ou par virement. Dans le compte à terme, les fonds sont déposés
dans une perspective de placement ou d’épargne. C’est le cas du compte d’épargne.

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2. Le compte de dépôt / le compte courant

Le compte de dépôt ou compte chèque ou compte ordinaire est celui ouvert par le
banquier à son client en contrepartie d’un dépôt généralement fait par les
particuliers qui procèdent à des opérations de retrait par caisse, chèque, virement au
fur et à mesure de leurs besoins. Le compte courant par contre, généralement ouvert
aux commerçants, est un compte destiné à recevoir des remises de fonds
réciproques.

B. Un compte ayant plusieurs titulaires

1. Les comptes joints

Il est ouvert au nom de plusieurs personnes et permet à chacun des co-titulaires de


faire fonctionner seul le compte, comme s'il était le seul titulaire. Il est souvent
ouvert par des couples mariés et le décès d'un des co-titulaires du compte joint
n'entraîne pas le blocage du compte. Ce type de compte se caractérise par une
double solidarité : La solidarité active qui permet à chacun des co-titulaires
d’effectuer toute opération sur le compte sous sa seule signature. Mais aussi la
solidarité passive grâce à laquelle, la banque peut poursuivre chacun des co-
titulaires pour la totalité du solde débiteur du compte.

2. Les comptes indivis

Il est ouvert au nom de plusieurs titulaires qui sont appelés les indivisaires. La
signature de l'ensemble des indivisaires est indispensable pour le fonctionnement
du compte (sauf mandataire commun). Ce type de compte se rencontre notamment
à l'ouverture d'une succession. Les co-titulaires du compte seront tenus
solidairement de tous les engagements contractés dans le cadre du fonctionnement
du compte.

Paragraphe 3 : Le fonctionnement du compte bancaire.

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Le fonctionnement du compte bancaire est soumis à certaines règles générales qui


concernent la tenue du compte, les opérations sur le compte et les obligations du
banquier.
A. La tenue matérielle du compte

Un compte bancaire fonctionne comme un compte ordinaire. Au crédit du compte


on porte ce dont le client est créancier et qui représente une dette de la banque. Au
débit, ce dont le client est débiteur et qui représente une créance de la banque.
Chaque opération constitue un article de compte. Pour chacune le banquier
mentionne la nature de l’opération, sa date, le montant au débit et au crédit, le solde
provisoire qui se dégage après l’opération et éventuellement la date de valeur (c'est-
à-dire la date d’entrée en compte des créances ou des dettes du client à l’égard de la
banque). Selon ce système, lorsque le client débite son compte, l’opération est
inscrite antérieurement au jour effectif du débit. Lorsqu’il crédite son compte,
l’opération est enregistrée postérieurement au jour effectif du crédit.
Au lieu d’être considérées au jour de l’opération, les sommes sont prises en
considération à une date antérieure s’il s’agit d’un débit et postérieure s’il s’agit
d’un crédit. Les dates de valeur sont fixées par l’autorité monétaire.
Les erreurs matérielles doivent être modifiées même si le compte doit en principe
être tenu sans rature. Si une écriture erronée est portée, elle ne peut être annulée
que par une écriture en sens inverse, on parle alors de contre-passation.
La banque adresse régulièrement au client des relevés de compte qui retracent
l’ensemble des opérations d’une période donnée. Le relevé est généralement
mensuel. Le client bénéficie d’un certain délai au cours duquel il peut contester les
opérations inscrites sur le relevé. En l’absence de contestation au bout de ce délai, il
est supposé avoir accepté ces opérations.

B. Les opérations sur le compte

Généralement les opérations sur le compte sont effectuées par les titulaires dans les
conditions de pouvoir et de capacité précédemment étudiées. Mais le titulaire peut
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désigner un mandataire pour le faire. Le banquier devra vérifier la validité du


mandat et les pouvoirs du mandataire. Lorsque le mandat est temporaire, il devra
refuser d’exécuter les ordres postérieurs à l’expiration du mandat. Il doit faire de
même en cas de révocation du mandat ou du décès du mandant s’il en a été
informé. Quant aux opérations proprement dites, elles sont nombreuses et variées
mais répondent au même régime en ce qui concerne l’entrée en compte et les
problèmes des intérêts et commissions.

1. L’entrée en compte

L’alimentation du compte se fait par des remises directes (versement d’argent) ou


indirectes (remise d’effets ou de chèques).Ces sommes ainsi confiées au banquier
peuvent parfois faire l’objet d’une affectation spéciale.
Les retraits se font en espèce, par chèque, virement, carte bancaire ou prélèvement.
Les ordres de paiement doivent être exécutés sans retard à condition qu’ils soient
compatibles avec la nature éventuellement particulière du compte. Il faut distinguer
l’entrée en compte qui est la prise en compte juridique d’une créance et
l’inscription en compte qui est la régularisation comptable de l’opération.
Pour entrer en compte, une créance doit être certaine, liquide et exigible.

2. Les intérêts et commissions (voir Règlement UEMOA sur l'usure et


les conditions de banque)
Le fonctionnement du compte peut donner lieu à la production des intérêts quelque
soit la nature du compte. On distingue généralement entre les intérêts créditeurs et
les intérêts débiteurs.
-Les intérêts créditeurs : Le client a droit à une rémunération de la part de la
banque s’il laisse des fonds d’un certain montant et pendant un certain temps à la
disposition de la banque. C’est cette rémunération que l’on appelle intérêts
créditeurs. Elle n’est possible que pour certains types de comptes.
-Les intérêts débiteurs : Ils sont dus par le client sur le solde débiteur du compte.
En effet, lorsque le client sollicite un crédit, la banque a droit à une rémunération
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sous forme d’intérêt débiteur. Ce, même si la position du compte est créditrice. Le
taux d’intérêt doit être fixé lors de l’ouverture du compte. Dans le cas contraire, il
est celui qui ressort des conditions générales de banque mais il doit répondre aux
exigences légales.
Le problème se pose en cas de clôture de savoir si le compte clôturé continue à
produire intérêts et à quel taux. On admet que, à compter de la clôture, le solde
débiteur continue à produire intérêts mais à défaut de convention expresse, c’est le
taux légal.
- Les commissions : La tenue d’un compte implique pour le banquier l’obligation
d’effectuer un certain nombre d’opérations. En contrepartie, il a droit à une
rémunération. C’est la commission.
Les commissions sont donc les frais qui rémunèrent les différents services rendus
par la banque à son client. Il s’agit : des commissions de mouvement, des
commissions de découvert, de la commission d’engagement et des commissions
diverses non assises sur les crédits notamment commission de transfert et de
change, de virement, de certification de chèques, etc. La loi impose au banquier
d’informer le public sur les différentes conditions de banque parmi lesquelles
figurent les commissions. Cette information se fait principalement par voie
d’affichage dans les locaux de l’établissement de crédit ou de microfinance.

C. Les saisies de comptes en banque

La saisie constitue un incident de fonctionnement du compte. Le solde créditeur


d’un compte, créance du client sur le banquier, constitue un élément de son
patrimoine qui peut être saisi par un créancier du client par le biais d’une saisie-
arrêt. La saisie porte sur le solde du compte et non sur le compte lui-même et peut
concerner aussi bien les comptes d’épargne, de dépôt que les comptes courants.
Le blocage du compte par le biais de la saisie ne doit pas avoir pour effet de faire
obstacle à l’incessibilité et à l’insaisissabilité du salaire. Le client devrait donc,

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malgré la saisie, effectuer des retraits dans la limite des portions insaisissables ou
incessibles.
La détermination du solde objet de la saisie pose des problèmes. En effet, des
opérations peuvent être en cours au jour de la saisie de même que d’autres peuvent
apparaître postérieurement à la signification de l’exploit de saisie arrêt.
Le résultat de ces opérations doit-il modifier le solde saisi et par là, la créance
saisie arrêtée ?
Le jour où la saisie est signifiée à la banque, celle-ci bloque les sommes disponibles
sur les comptes concernés pendant une certaine durée ; à l’exception du solde
bancaire insaisissable. Ce délai permet de procéder au calcul des sommes
effectivement disponibles sur le compte pour payer les créanciers, en intégrant les
opérations initiées avant la saisie et non encore comptabilisées.
Il faut donc distinguer entre les opérations nouvelles, postérieures à la saisie et les
opérations en cours, antérieures à la saisie.
-Les premières (opérations nouvelles, postérieures à la saisie), c’est-à-dire celles
dont le processus est commencé après la saisie ou qui sont conclues après cette
saisie, ne peuvent en aucune façon modifier le solde tel qu’il apparaît au jour de la
saisie ni être affectées par cette saisie. La saisie opère à ce niveau une sorte de
blocage du compte.
-Les secondes (opérations en cours, antérieures à la saisie) doivent être liquidées et
leur résultat peut éventuellement modifier le solde du compte tel qu’il apparaît au
jour de la signification.
Le solde peut donc être affecté à l’avantage ou au préjudice du saisissant par les
opérations suivantes :
Ainsi, à son avantage, le solde des comptes peut être augmenté des remises à
l’encaissement antérieures à la saisie. À son préjudice, il sera diminué du montant
des chèques émis par le débiteur et déjà remis à l’encaissement par leurs
bénéficiaires, des retraits effectués dans les distributeurs, des chèques revenus
impayés, ou d’intérêts dus à la banque mais non encore comptabilisés.

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