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David Manise
MANUEL DE (SURjVIE
EH HILIEU NATUREL
l(^ m p h o ln
L'EDITEUR DES SPDRTIFS
SO M M A IR E
AVANT-PROPOS.....................................................11 Prioriser
L'entraînem ent de l'e sp rit
COMMENT LIRE CE LIVRE ? .................................13 Facteurs altérant la vigilance...............................38
M an q u e d e s o m m e il
CHAPITRE 1
Psychotropes divers
LA PYRAMIDE........................................................ 16
H yp o th e rm ie e t hyp e rth e rm ie
L'attitude
Les compétences D éshydratation
Le physique Effet d e g ro u p e
La tortue Risque ch im iq u e
Le n id _ B ouchon en bois
Le « fo u r »
Faire un feu ........................................................ 135 CHAPITRE 13
CHAPITRE 12 La pêche...............................................................169
de la déshydratation......................................... 150
Comment boire ?............................................... 151 CHAPITRE 14
Où trouver de l'eau dans la nature ?...............152 Gérer vos déchets sur le terrain........................ 174
Éviter les am p o u le s
Le p ie d de tranchée CHAPITRE 16
LE MOT DE LA F IN ............................................. 214
CHAPITRE 15
LA PRÉPARATION................................................ 190 BIBLIOGRAPHIE.................................................. 218
Attitude : préparation mentale......................... 192
D é v e lo p p e r e t m a in te n ir une a ttitu d e ju ste REMERCIEMENTS...............................................220
p o u r vivre e t su rv iv re ...
Connaissances ;
soit on progresse, soit on régresse................. 193
D é fin ir ses cham ps d 'in té rê t
Préparation physique : y
être un bon 4x4.................................................... 194
A lim e n ta tio n
M o d è le pa lé o
M o d è le W a rrio r diet, je û n e s in te rm itte n ts
Sommeil................................................................ 198
AVERTISSEMENT :
La m icrosieste
M é th o d e Everyman «Ni l'auteur ni l'éditeur ne sauraient être tenus
Ça to m b e bien. Car j'ai é crit ce livre p récisém ent p o u r vous. Et je l'ai é crit sur le terrain. Lit
téralem ent. M on vieil o rd in a te u r p o rta b le cabossé dans le sac à dos, j'ai souvent profité de
m om ents de pause p e n d a n t nos stages de survie - ou de la nuit, d epuis m on hamac - p our
progresser sur ce texte. J'ai é crit dans la fo rê t. J'ai é crit dans la m ontagne. J'ai écrit sous
des orages et dans les tem pêtes. J'en ai é crit des bouts dans des trains et dans des avions.
Au m o m e n t où j'écris ces mots, il fa it -6 °C et un feu de cam p brûle devant moi. Les étoiles
du H aut-D iois b rille n t fe rm e m e n t dans un ciel avec une clarté im pressionnante. La voie
lactée se pro file au-dessus de moi, bien nette. Ma chienne d o rt contre ma jam be, ronflant
paisiblem ent. Et j'ai les d o ig ts lents dans leurs allers-retours sur le clavier, à cause du fro id ...
En vous offrant des outils et des concepts p a rticip a n t à a u g m e n te r votre sécurité et votre
confort, j'espère que vous vivrez plus lo n g te m p s. Ou que vous réaliserez davantage de
choses de votre vie sans p re n d re davantage de risques.
La liberté e t la sécurité sont deux vases com m unicants. On p eut rarem ent avoir les deux à
la fois. Mais en co m p re n a n t m ieux et plus fin e m e n t ce qui est vraim ent dangereux (et en
sachant que to u t le reste ne l'est pas), on p e u t cesser de p re ndre des mesures de sécurité
inutiles. Cela p e rm e t de g a g n e r en lib e rté sans p erdre en sécurité. Et inversem ent, en évi
tant de m o u rir bêtem ent, on gag n e aussi en liberté.
Bref, encore plus que la vie p o u r la vie, c'est la lib e rté que je chéris, et que je vous souhaite
au travers de ces hum bles pages.
Profitez-en bien !
C O M M E N T LIRE CE LIVRE ?
Cet ouvrage est, au final, le résultat d'u n e vie d e p ra tiq u e de la nature, de lectures, d'études
universitaires, de recherches e t d'exp érim e n ta tio n s. Il est aussi p o n d é ré par une expérience
de 12 ans à enseigner la survie à te m p s plein, à différents publics, p rin cip a le m e n t civils et
occasionnellem ent m ilitaires.
La m é th o d e que je pro p o se est issue d 'u n e analyse lo n g ue et besogneuse de « com m ent
les gens m eurent », tous b io to p e s et to u te s situations confondus. Cette m éthode est très
souvent valable dans la nature, mais aussi en ville, sous l'eau, quand on p ilo te un avion ou
dans la vie de tous les jo u rs ... peu im p o rte . Q uelques p oints critiques fa cile m e n t repé
rables é m e rg e nt et sont re g ro u pé s dans la « règle des 3 » et surtout le « CCVMD », l'acro
nyme où nos p rincipau x m oyens de survie sont listés : conscience, com m unication, vision,
m obilité, dextérité.
Mon o b je c tif est de fo u rn ir une m é th o d e g é n é riq u e qui augm ente vos chances de survie
(ou votre confort, ou vo tre efficacité) p artout, to u t le tem ps, et de vous d o n n e r les pistes et
les outils p o u r progresser dans cette vo ie par vous-m êm e. Les quelques caractéristiques
propres aux m ilieux tels que la m ontagne, la mer, le désert, les zones arides, les forêts tro
picales, p o u rro n t être couvertes dans des ouvrages spécifiques.
Ainsi form ulés, les p rin cip e s de pré ve n tio n des risques et les m éthodes de survie délivrés
dans ce livre sont, je l'espère, sim ples. On en vie n t à d é m ystifie r beaucoup de choses. À
transform er certains arts plus ou m oins ésotériques en te chniques basiques, rapidem ent
apprises et aisées à a p p liq u e r. Je souhaite que vous puissiez « m o u rir m oins souvent », et
que to u t le m onde puisse a u g m e n te r son niveau de sécurité (et d o n c de lib e rté !) facile
m ent e t par lui-m êm e. Parce que « le seul secret, c'est q u 'il n'y a pas de secret ».
David
CHAPITRE 1
LA PYRAMIDE
* L'ATTITUDE
* LES COMPÉTENCES
* LE PHYSIQUE
¥ LES KITS
\, r1 l \
V iJ Ji!_
LA PYRAMIDE
J i . ,<VM/
— ......... '■ ■• ■-
^ le s k i t s
L'ATTITU D E
A d o p te r l'attitude juste est le plus im p o rta n t de to u t. Ce subtil m élange entre envie de
vivre, m otivation et in te llig e n ce sensible, conscience de l'environnem ent. Ce p e tit rien de
« marche ou crève », mais avec la capacité de m archer dans la bon n e d irection. Notez bien
que l'envie de vivre e t la p e u r de m o u rir sont de u x sentim ents très différents. Tout le m onde,
a priori, a p eur de m o u rir... jusqu'à ce que la m o rt devienne la solution de facilité, quand
la survie d e vie n t plus difficile. Pour avoir vra im e n t envie de vivre, il faut une bonne raison.
Et, paradoxalem ent, c'est g é n é ra le m e n t la raison m êm e p o u r laquelle on est p rê t à mourir.
^LES CO M PÉTENCES
Quand on sait allum er un feu sous la pluie, la vie sous la pluie est m oins pénible. Q uand on
sait com m ent le corps fo n ctio n n e sous stress, on co m p re n d et on adapte. Q uand on sait
que le duvet naturel po m p e l'eau et n'isole plus une fois m ouillé, on le garde au sec et on
survit. Etc. La masse de connaissances et de com pétences p o u r survivre en m ilieu naturel est
infinie. Je creuse le sujet d epuis 35 ans, au bas mot, et j'en apprends encore tous les jours.
* L E P H Y S IQ U E
Une bonne c o n d itio n physique générale est utile p o u r survivre. Pas la peine de tro p se
spécialiser. Un bon 4x4 vaut m ieux q u 'u ne b e lle fo rm u le 1 lorsqu'il s'agit de fo n ctio n n e r
en m ode d é g ra d é ! Une bon n e pré p a ratio n physique générale inclut du travail de force,
de co ordination, de souplesse, de m o b ilité articulaire, d'endurance, de capacité cardio
respiratoire, d 'é q uilib re , de p ro p rio c e p tio n ... Elle in clu t aussi l'acclim atation au chaud ou
au fro id , l'entretien d'un bon terrain im m unitaire, entre autres.
* LES KITS
C'est-à-dire le m atériel. Tous les o utils du m o n d e ne sont rien de plus que le p ro lo n g e m e n t
de nos com p é te n ce s... ou de notre incom pétence. Posséder un beau scalpel n'a jamais fait
de q u ico n q u e un chiru rg ie n . Et avoir un accès Internet sur un o rd in a te u r puissant ne donne
à personne l'envergure in te lle ctu e lle d'u n prix N obel de physique.
Pour vous préparer à vivre et à survivre, vous devez développer vos compétences dans
chacun de ces quatre domaines. On peut toujours progresser quelque part...
CHAPITRE 2
LA REGLE DES 3
¥ 3 SECONDES SANS VIGILANCE
* 3 M O IS SANS HYGIÈNE
ri ^ 1fj T) \ l
1J i J i i l y j
1
La règle des 3 définit nos besoins de base, sur le terrain, en situation de survie, mais aussi
dans la vie de tous les jours (avant qu'une situation ne dégénère). Cette check-list sert à faire
attention aux bonnes choses dans le bon ordre. Com m e to u te bonne check-list elle n'est pas là
pour penser à notre place, mais bien p o u r nous pousser à penser correctem ent. On peut ainsi
l'utiliser en préparant son sac, pour ne rien o u b lie r ou, dans le feu de l'action, p our analyser
la situation point par point. Cette règle des « 3 » est un classique du regretté Ron Hood
(instructeur de survie aux Etats-Unis) que j'ai repris à ma sauce et com plété.
* 3 S E C O N D E S SANS V IG IL A N C E
Ici, on est dans la g e stio n du risque e t la p ré v e n tio n des accidents. C o n crè te m e n t, dans la
nature, o utre les lo u ps-garous e t les vam pires, les chutes d e pierres, branches e t arbres,
et les accidents divers (de varappe, p a rapente, w in g su it, base ju m p , chasse, etc.) restent
souvent m ortels. La p ru d e n c e d e base est un must, s u rto u t en m ilieu e n g a g é ou é lo ig n é .
Pour le reste, l'histo ire est re m p lie d e faits d ivers so rd id e s où des gens n o rm a le m e n t
co m p é te n ts e t in te llig e n ts o n t co m m is des erreurs to ta le m e n t im b é c ile s e t grossières.
C ertaines leur o n t été fatales. Et q u a n d on creuse, on se rend g é n é ra le m e n t c o m p te
qu'un ou plusieurs ont, le jo u r J, altéré le u r vig ila n ce , s'o rie n ta n t eux-m êm es vers des
situations dangereuses, des blessures graves ou la m ort, b ê te et m échante.
Plusieurs facteurs p e u ve n t a lté re r la v ig ila n c e e t la ca p a cité à « être p ru d e n t », d o n t de
très classiques.
► Le stress : un peu de stress a ide à se c o n c e n tre r e t m o b ilis e les ressources in te lle c
tuelles. « Trop » de stress p répare, en revanche, à la fu ite ou au c o m b a t p u re m e n t p h y
sique. Ce faisant, la circu la tio n sanguine se co n ce n tre a u to u r des g ros g ro u p e s m us
culaires, des organes n obles (cœ ur, p o u m o n s e t cerveau) e t m o d ifie la p e rc e p tio n en
profondeur. Sous stress, on d e v ie n t plus fo rt, mais s u rto u t plus b ê te e t m oins ca p a b le de
percevoir l'enviro n n e m e n t c o rre c te m e n t ou fin e m e n t. A insi, le stress e t la p e u r so n t des
outils de survie m agn ifiq u e s, mais à d o u b le tra n ch a n t. Ils po u sse n t s o u ve n t à p e rd re cer
taines des facultés les plus utiles p o u r p ré v e n ir les situations dangereuses. Savoir g é re r et
lim ite r son stress est in d ispensable.
► La dynam ique de groupe : un g ro u p e est g é n é ra le m e n t b e a u c o u p plus id io t q u e le
plus id io t de ses m em bres ; la d y n a m iq u e d e g ro u p e - où les rôles e t re sp o n sa b ilité s de
chacun sont mal dé fin is - est l'une des causes classiques d 'a ccid e n ts to u t à fa it stupides.
Par exem ple : le je u n e c o p ilo te qui v o it le vieux p ilo te ch e vro n n é c o m m e ttre une é n o rm e
erreur, mais qui n'ose pas le lui dire. O u le g ro u p e d e ra n d o n n e u rs q u i suit son g u id e
aveuglém ent, sans jam ais re g a rd e r la carte, e t se re tro u ve en très fâcheuse p o stu re q u a n d
le g u id e en questio n fa it un malaise.
► La fatigue : avec q u e lq u e s heures de d é fic it de so m m e il, la m é m o ire à co u rt term e
périclite e t la capacité d e ra iso n n e m e n t la su it d e près. Savoir d o rm ir n 'im p o rte où et
n 'im porte qu a n d , p o u r la désorm ais cé lè b re m icrosieste, est une a p titu d e inestim able
pour m a in te n ir son p o te n tie l d e survie.
► Le chaud et le froid : en h y p e rth e rm ie ou en h y p o th e rm ie , le Q l est g é n é ra le m e n t
inférieur à la p o in tu re d e ses chaussures. Savoir rester en c o n fo rt th e rm iq u e est un atout
majeur.
► La déshydratation : la ca p a cité d 'a tte n tio n se dessèche en m êm e te m p s q u e le corps !
► Les psychotropes divers : alcool, m éd ica m e n ts, d ro g u e , to u te substance p ouvant m o
difier l'état de conscience ou a lté re r la v ig ila n c e est à tra ite r avec b e a u co u p de précaution
en m ilieu naturel où, de fait, la sé cu rité ne d é p e n d q u e d e soi.
► L'anoxie ou la narcose : en haute a ltitu d e , le cerveau m a n q u e parfois d 'o xygène e t la
conscience s'altère. À l'inverse, sous l'eau, sous les 25 mètres, la narcose des p ro fo n d e u rs
guette. Dans ces m ilieux, les p ro c é d u re s e t le m atériel visant à p a llie r une mauvaise v ig i
lance sont indispensables.
* 3 S E M A IN E S S A N S M A N G E R
Le corps sait jeûner. Et s'il ne sait pas le faire, il sait ap p re n d re . Trouver à m anger reste une
question secondaire, su rto u t si, en te m p s norm al, on jo u it d'u n e bonne santé générale ac
com pagnée d'une alim entation variée, é q u ilib ré e et de bon n e qualité.
* 3 M O IS SA N S H Y G IE N E
Le lavage des mains a p ro b a b le m e n t sauvé plus de vies, dans l'histoire de l'H um anité, que
la m édecine (certains pourraient, à juste titre, affirm e r que c'est la m édecine qui a c o n d u it
l'H um anité au lavage des mains, mais bon, vous m'aurez com pris !). L'hygiène prévient la
transm ission de nom breuses m aladies. Et une peau p ro p re s'infectera m oins souvent.
* C O N S C IE N C E
Point te lle m e n t critique qu'on le place dans toutes les check-lists, car la conscience et la
vigilance sont indispensables. La conscience, c'est à la fois la capacité à être a tte n tif à son
environnem ent et à soi-m êm e. En am o n t : p re ndre les infos utiles avant d'être au pied du
mur. Pendant : observer l'environnem ent, ses changem ents, ses lois, ses dangers et ses
opportunités... La conscience, c'est aussi être a tte n tif à son p ro p re état et à celui des autres :
est-ce que je suis fatigué ? stressé ? Est-ce que je sens encore mes orteils ou est-ce qu'ils
com m encent à ge le r ? C om bien me reste-t-il d'eau ? C om m e n t va Julie, la plus légère du
groupe ? Est-ce qu'elle a fro id ? C om m e n t se porte Robert, un peu e n ro b é et pas très s p o rtif?
Pas tro p essoufflé ? Pas tro p déshydraté à force de tra n sp ire r plus que les autres ? Etc. Bref,
globalem ent, être attentif, vigilant, conscient. Il n'y a pas vraim ent de recette m iracle p o u r
dé ve lop p e r cette conscience, à part l'entraînem ent m ental et l'expérience bienveillante. Et
éviter to u t ce qui pourra lui nuire : laxisme, psychotropes, fatigue, stress, etc.
¥ C O M M U N IC A T IO N
La com m unication est la base in co n to u rn a b le de la co o p é ra tio n . Elle p e rm e t de d e m a n d e r
ou d 'o ffrir de l'aide. En te m p s norm al, p o u v o ir c o m m u n iq u e r cla ire m e n t (et d o n c suffisam
m ent maîtriser les codes ; verbal, paraverbal, co d e morse, langue locale, etc.) représente
un atout p o u r fonctionner. En situation d 'urgence, un m oyen de c o m m u n ica tio n est sou
vent le seul lien avec les secours. Le té lé p h o n e p o rta b le fa cilite é v id e m m e n t b e a ucoup les
échanges, mais il ne passe pas p artout. Le té lé p h o n e satellitaire, lui, a une fia b ilité assez re
lative. D'autres moyens plus « low tech » et à p o rtée m o in d re existent (signaler sa présence,
etc.). Assurer ses moyens de co m m u n ica tio n est l'un des 5 essentiels en survie, e t dans la
vie courante.
V IS IO N
Inutile de vous dire à qu e l p o in t la vision, p o u r un Honno sapiens, est vitale. De nombreuses
situations d 'u rg e n ce co m m e n ce n t ou s'aggravent à cause d'u n e vision défaillante : perte
des verres correcteurs, panne de lam pe de poche, b ro u illa rd qui se lève, blessure aux
yeux... P rolonger et p ro té g e r en to u t te m p s sa vision est un ato u t majeur. En m ilieu isolé,
la privation de la vision (to u t ou partie) m arque g é n é ra le m e n t le d é b u t des ennuis sérieux,.
% M O B IL IT É
Je parle de la capacité de se d é p la c e r du p o in t A au p o in t B. Pour ce faire, un appareil
locom oteur qui fo n ctio n n e est très utile. Mais de bonnes chaussures, un sac à dos léger,
une bo m b e anti-crevaison, des te ch n iq u e s d'escalade, de natation, de franchissem ent...
une bonne capacité à s'orienter e t à naviguer... p e rm e tte n t aussi de p ro lo n g e r la m obilité.
Plus généralem ent, de l'argent, un passeport et un b ille t d'avion sont des gages de m o b ilité
im portants aussi. Bref, ce p o in t des 5 essentiels d o it vous p o rte r à réfléchir sur vos dé p lace
ments et votre capacité à vous déplacer.
* DEXTER ITE
La dextérité est ce qui a perm is à notre espèce, p lu tô t faible, chétive, pas très rapide ni très
robuste, de survivre à tro is ères glaciaires, de m a n g e r du m a m m o u th ... et de saccager de
bonnes parties de son p ro p re b io to p e . Je parle de notre capacité à utiliser et à transform er
notre en viro n n e m e n t p o u r su b ve n ir à nos besoins (voir la règle des 3 I). Tout ce qui nuit à
ma d extérité est à proscrire : blessures aux mains, gelures, hypo th e rm ie , stress, etc. Tout
ce qui p ro lo n g e ma de xté rité ou l'am plifie représente un ato u t m ajeur : le sens de la d é
brouille, bien sûr, et le fa it de savoir « faire plus avec m oins », mais aussi quelques outils de
base : un outil coupant, de la fice lle , du d u ct tape, une pince m ulti-outils, du d é g rip p a n t et
du fil de fe r... e t des gants.
*WD-40 : huile pénétrante, protégeant le métal de la rouille et de la corrosion, libérant les mécanismes bloqués.
CHAPITRE 4
DEFINITION
l'UNE SITUATION DE SURVIE
* QUELQUES CAS DE MISE EN SITUATION DE SURVIE
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Qu'est-ce qu'une situation de survie ? S im plem ent, une situation où notre vie est menacée,
bien sûr. Mais co m m e n t la reconnaître sur le terrain ? C om m ent, idéalem ent, la prévenir, la
voir arriver, et réagir avant que ça ne de vie nn e c o m p liq u é ?
En situation de survie, l'un de nos besoins ou l'un de nos 5 « essentiels » est menacé ou perdu :
► Je n'ai plus d'oxygène qui arrive à m on cerveau ? situation de survie.
► Je n'ai plus d'eau et je ne sais pas où en tro u v e r ? situation de survie.
► Je suis au m ilieu de nulle part e t j'ai p e rdu ma m o b ilité ? situation de survie.
► J'ai perdu mes lunettes, je n'arrive plus à lire ma carte et je ne sais plus com m ent faire
pour rejoindre le point d'eau que je visais ? exemple typique d'une situation de survie où
plusieurs éléments se combinent, comme aux échecs, pour tenter de me mettre « échec et mat».
Tout est lié. Et quand on co m p re n d bien la puissance de ces deux « check-lists » de la règle
des 3 et des 5 essentiels, on arrive à re p re n dre pie d p o u r réfléchir plus facilem ent.
LES PROFONDEURS
* (SUR)VIVRE AVEC LA PEUR ET L'INCERTITUDE
« L A PEUR ET LE STRESS
« LE CONDITIONNEMENT
« GERER LE STRESS
☆ Mitiger les effets du stress
iîr Fonctionner malgré le stress
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Les situations de survie, les vraies, sont des m om ents vra im e n t uniques. Terribles, e t en
mêm e tem ps assez fascinants. Q uand l'in té g rité physique ou la survie sont m enacées, on
se trouve p lo n g é dans des m om ents é m o tio n n e ls extrêm es, vo ire des états d e conscience
altérée, exacerbée. Ces m om ents e xceptionnels a lim e n te n t d e p u is la n u it des te m p s le
folklore guerrier, autant que certains aspects du m ysticism e ou de la sp iritu a lité .
C ôtoyant la m ort, on ressent souvent la vie avec une acuité e t une intensité extrêmes.
La différence ultim e entre ceux qui survivent e t ceux qui m eu re n t tie n t b e a u co u p plus de la
posture mentale, dans ses états intérieurs, que de to u t le reste. On a vu des colosses suren
traînés et suréquipés s'effondrer à la prem ière vraie d ifficu lté . On a aussi vu des gam ines
chétives et sans la m o in d re expérience de terrain survivre à des situations c o m p lè te m e n t
infernales, grâce à un recul et une vo lo n té de vivre fo rça n t l'adm iration.
☆ Prioriser
Dans un e n vironnem ent non com plaisant, s'accrocher, investir de l'énergie m entale dans la
résolution de faux pro b lè m e s (par conséquent, n é g lig e r les vrais) reste la m anière la plus
sûre de m ourir. Une bon n e connaissance du m ilieu aidera fo rcé m e n t à centrer l'attention
sur les priorités, mais ne suffira pas. Il fa u t aussi savoir se servir co rre cte m e n t de son im a
ginaire. Savoir te n ir son e sp rit en laisse, le co n tra in d re à rester fixé sur les o b je ts utiles, le
convaincre de lâcher tous les fantôm es q u 'il p o u rsu it en vain. Penser moins, mais mieux. Et
sans cesse revenir au concret : « ici, e t m aintenant, je fais ça ». Poursuivre to u s ces fantôm es
(scénarios catastrophes, doutes, in certitudes q u a n t à l'issue d'u n e situation) est non seule
m ent vain p o u r tro u v e r des solutions, mais g é n é ra te u r d'u n stress s u p p lém e n ta ire d o n t on
peut généralem ent se passer dans une situation déjà d ram atique. Ainsi, com m e le p ré co
nisait M yam oto Musashi il y a déjà fo rt lo n g te m p s, il fa u t a b a n d o n n e r l'issue et être p le in e
m ent présents dans le geste. Q uasim ent to u t se jo u e là. Dans la vie com m e dans la survie.
☆ L'entraînement de l'esprit
C om m e dans tous les dom aines, p o u r arriver à e x p lo ite r c o rre cte m e n t son e sp rit en si
tuation extrêm e, il faudra l'avoir préparé lo n g te m p s avant. Nos réactions e t notre habileté
à conduire notre engin m ental sont dé te rm in ée s en partie par des facteurs innés, mais
surtout par l'entraînem ent. De nom breuses te ch n iq u e s existent, mais to u te s reviennent aux
mêm es principes :
• entraîner l'esprit à se centrer sur un p o in t précis ;
• entraîner l'esprit à rester centré lo n g te m p s sur ce p o in t ;
• s'entraîner à dé te cte r p ré co ce m en t les m om ents où l'esprit glisse vers un autre o b je t...
et à le recentrer.
A cette fin, n 'im p o rte q u e lle te c h n iq u e de m é d ita tio n /p le in e conscience, selon vos p ré
férences, convient : vous con ce n tre r sim p le m e n t sur un o b je t p e n d a n t une p é rio d e d o n
née constitue déjà un excellent travail de base. Peu im p o rte vo tre choix, ta n t que cela ne
dem ande pas de réflexion : le m o u ve m e nt de vo tre respiration, vos mains qui lavent la
vaisselle, vos pieds qui fo u le n t le sol, ou un repère visuel... M ille fo is vo tre e sp rit glissera,
et m ille fois vous reviendrez vers l'o b je t sur lequel vous vous concentrez. Ce faisant, vous
entraînerez votre e sp rit à rester conscient et stable. Et com m e c'est notre im aginaire d é b o r
dant qui provoqu e gé n é ra le m e n t b e a ucoup de stress inutile, en p ra tiq u a n t régulièrem ent,
vous verrez que m ieux « te n ir » vo tre e sp rit pourra a m é lio re r votre q u a lité d e vie, d im in u e r
votre niveau de stress, vous rendre plus ada p ta b le , et ainsi p ré ve n ir un bon nom b re de
situations urgentes.
* FACTEURS A LTÉR A N T LA V IG IL A N C E
Plusieurs facteurs sont susceptibles d 'in flu e n c e r l'état de conscience et la vigilance. C er
tains peuvent deve n ir des causes d 'a ccid e n t ou d'erreurs coûteuses. D'autres sont des fac
teurs aggravants, p rovoqués par des erreurs préalables, et qui c o n trib u e n t à nous e n foncer
plus loin dans les abysses d'u n e situation déjà critiq u e . Dans to u s les cas, avoir conscience
de ceux-ci perm e t d 'y être attentif, de p ré ve n ir e t de g é re r leurs effets, le cas échéant.
☆ Manque de sommeil
Après seulem ent qu e lqu e s mauvaises nuits, les capacités co g n itives sont fo rte m e n t alté
rées. Le som m eil étant nécessaire p o u r é lim in e r les in fo rm a tio ns inutiles de la m ém oire, la
prem ière fo nction à d é clin e r p e n d a n t les phases d 'h y p o s o m n ie est la m ém oire d e travail.
Cette m ém oire à c o u rt term e, in d ispensable p o u r réaliser des tâches m êm e très sim ples,
se trouve saturée et ne p eut plus stocker de nouvelles données. Ainsi, on p erd litté ra le m e n t
des données im portantes, com m e l'e n d ro it où l'on a d é p o sé son couteau, ou dans q u e lle
poche on a rangé sa boussole. On perd to u t, on o u b lie to u t, on patauge, et on est m oins
efficace. Mais des solutions existent :
► Soigner son confort et prendre soin de soi : on reconnaît les gens ine xp érim e n té s à
leur propension à n é g lig e r leur co n fo rt e t leurs te m p s de repos, alors que les gens ex
périm entés - ayant l'h u m ilité de reconnaître leurs lim ites, d o n c - savent l'im p o rta n ce de
prendre soin de leur corps et de leur e sp rit p o u r durer. Ainsi, j'ai vu un de mes amis, o fficie r
issu du rang dans la Légion étrangère, cap a b le de to lé re r les co n d itio n s de vie les plus
insupportables et ayant pataugé dans les théâtres les plus e n gagés de ces deux dernières
décennies, sortir un p e tit o re ille r g o n fla b le et un d ra p de soie d e son sac à dos, un soir de
bivouac, avec un plaisir non d issim u lé ... Le ventre p lein, les d o ig ts de pieds en éventail, il
s'est allongé et tre n te secondes plus tard il ro n fla it com m e une m o to russe. Le repos est
une arm e...
« Dors quand tu peux, m ange q u a n d tu p e u x » est une règle valable en situation engagée.
Profiter de chaque instant de récupération possible p e rm e t de m a in te n ir sa capacité de
travail et d'attention à un niveau le plus élevé possible p e n d a n t les phases où les nuits sont
hachées ou inexistantes. Aussi, vous entraîner à vous e n d o rm ir n 'im p o rte où e t vite est une
com pétence réelle m e n t utile en contexte d é g ra d é , ou p o u r les phases d'activité intense.
Pour aller plus loin ;
http://\w w w .ceets.org/le-som m eil-polyphasique-la-toute-puissance-de-la-m icro-sieste/
Des procédures gén é riq u e s p o u r les p o te n tie lle s tâches im p o rta n te s ou récurrentes sur le
terrain s'avèrent un ato u t énorm e, su rto u t en m o d e d é g ra d é . Toujours a llu m e r son feu avec
le m êm e m atériel et en suivant les m êm es procédés, to u jo u rs ra n g e r son sac de m anière
id entique et dans le m êm e ordre, to u jo u rs avoir les m êm es o utils au m êm e e n d ro it sur
soi... C et ensem ble de principes p e rm e t de lib é re r d e la m ém oire de travail et de fo n c
tionner, y com pris lorsque réfléchir est devenu d ifficile . La sim p licité vie n t avec la pratique.
☆ Psychotropes divers
C'est-à-dire alcool, azote/narcose des p rofondeurs, m é d ica m e n ts/a n tid o u le u rs puissants,
et to u t p ro d u it altérant le fo n c tio n n e m e n t des neurones.
On a tendance à largem ent sous-estim er les m o d ifica tio n s du fo n c tio n n e m e n t cérébral.
La vigilance étant une fo n ctio n du cerveau, elle d é clin e souvent en m êm e te m p s que les
autres fonctions. En p lo n g é e sous-m arine, c'est souvent le b in ô m e le m oins a tte in t par la
narcose des profo n d e u rs qui sauve la palanquée d'u n e erreur grossière, en assistant (par
fois d'autorité) un p lo n g e u r qui perd ses repères. L'expérience aidant, on arrive à sentir les
altérations des capacités plus fin e m e n t e t d 'y ré agir à tem ps.
Pour le reste, une anticip atio n des effets des p ro d u its consom m és (n o ta m m e n t sur la capa
cité à se réveiller si on a fro id , dans le cas des opiacées ou de fo rte s doses d 'a lco o l) est in
dispensable : adaptez les activités e t les stratégies en fo n ctio n d e vos capacités (exem ple :
ne conduisez pas, n'exécutez pas de tâches à risques d e m a n d a n t de la c o o rd in a tio n ou des
réflexes, etc.).
☆ Hypothermie et hyperthermie
Les variations im portantes de te m p é ra tu re centrale co rp o re lle o n t des effets majeurs sur
les capacités cognitives. Sous une te m p é ra tu re centrale d'environ 35 °C, e t au-dessus
d'environ 39 °C (les sensibilités personnelles varient un peu), nous som m es g lo b a le m e n t
beaucoup m oins vigilants. Le fro id aura des effets sur la psyché assez sim ilaires à ceux du
stress. La chaleur entraînera des conséquences parfois surprenantes : lé th a rg ie ou apathie
d'abord puis, arrivé à un certain seuil, des co m p o rte m e n ts c o m p lè te m e n t incohérents
(irritabilité, perte de repères, hyperactivité, voire h a llucinations...). Parvenir à conserver une
tem pérature centrale la plus stable possible sur le terrain est l'une des plus indispensables
com pétences et le gage d'u n e expérience a gréable en o u td o o r.
☆ Déshydratation
La déshydratation am enuise à peu près to u te s les capacités physiques et m entales. Résis
tance au froid, capacité de tra n s p o rt d'oxygène, résistance à la chaleur... et aussi capacités
cognitives. Elle représente un fa cte u r aggravant g lo b a l e t une m anière certaine de perdre
de précieux points de Ql. Pour d o n n e r un o rd re de g ra n d e u r ap p ro xim a tif, une déshydrata
tion de 2 % prive d'environ 10 % des capacités mentales et physiques.
Cinq pour cent de déshydratation (classique après une journée de marche) et ce sont 25 % des
capacités qui sèchent. Rester bien hydraté en perm anence est une assurance de confort et de
sécurité sur le terrain.
r
☆ Effet de groupe
Les interactions, non-dits, mauvais partages des tâches et des responsabilités, ou l'absence
de procédures claires au sein des groupes, sont souvent un fa cte u r de risque im portant
sur le terrain, La pression sociale ainsi que la d ilu tio n des responsabilités (effet bien connu
qui veut que chaque m em bre du g ro u p e se sente seulem ent p o rte r une p e tite partie de
la responsabilité des actions du g ro u p e ) favorisent é g a lem e n t des com portem ents très
inadaptés et parfois dangereux.
Un g ro u p e qui fo n ctio n n e bien est une force. Un g ro u p e d ysfonctionnel p e u t s'avérer très
dangereux p o u r lui-m êm e ou p o u r son e nvironnem ent. Prendre un b re f m om ent p our
parler de l'organisation du g ro u p e e t rendre son fo n c tio n n e m e n t explicite p e rm e t souvent
d'éviter de nom breux problèm es.
* LA PEUR ET LE STRESS
La peur, le stress e t l'adrénaline sont des réalités inhérentes aux situations d'urgence. Ceux
qui p ré te n d e n t ne pas avoir p e u r qu a n d leur in té g rité c o rp o re lle est incertaine sont soit des
menteurs, soit des inconscients... soit des m enteurs inconscients.
Et m êm e si certaines personnes p a rticu liè re m e n t insensibles au stress existent, le com m un
des m ortels se retrouve souvent dans des circonstances où il é prouve la peur, le stress, et
surtout leurs effets im po rta n ts sur les capacités. Il fa u t en être conscients ; sous stress, nos
capacités CHANGENT.
Le stress est apparu très tô t au cours de l'évolution des espèces. Il s'est révélé salutaire p our
la survie dans des contextes extrêm es et face à des m enaces physiques très banales et b ru
tales. Pouvoir m o b ilise r ra p id e m e n t et intensém ent des ressources p o u r fu ir ou com battre
faisait la différence en m atière d'espérance de vie. Les in d ivid u s dotés de ces a ptitudes ont
survécu plus souvent que les autres, jusqu'à ce que ce tra it devienne com m un à de n om
breuses espèces.
C ependant, il est im p o rta n t de c o m p re n d re que le stress est une réponse géné riq u e du
corps, et que cette réponse, souvent bien adaptée, se révèle parfois to ta le m e n t contre-
productive. Dans une situation où la précision e t la finesse seront la bonne solution, le
stress d evient un handicap : l'expérience, com m e la recherche, d é m o n tre qu'un hum ain
stressé est un humain :
• fo rt mais m aladro it : perte de m o tricité fin e au p ro fit de la g ra n d e m o tric ité e t de la puis
sance musculaire ;
• d o n t l'esprit et les sens se focalisent sur un seul o b je t à la fois (vision tunnel, exclusions
auditives, etc.) ;
• qui acquiert une inertie m entale im p o rta n te : il a d o p te ra une lig n e de c o n d u ite e t s'y
tiendra, parfois m êm e si c'est une im m ense bêtise. S'il marche, il marchera. S'il ne fa it rien,
il sera d ifficile de le m ettre en m ouvem ent, etc.
La motricité lourde
Sous l'effet de l'adrénaline, les capillaires e t les vaisseaux sanguins p é rip h é riq u e s se
contractent, alors que les grosses a utoroutes sanguines qui irrig u e n t les grands g ro u p e s
musculaires se d ila te n t p o u r y p e rm e ttre un afflux m assif de ressources é n e rgétiques. La
contractilité des muscles augm e n te en m êm e tem ps, e t l'on d e vie n t plus fo rt et plus rapide,
mais m oins précis dans les gestes. Par conséquent, la m o tricité fin e se d é té rio re assez
vite au p ro fit des grands m ouvem ents sim ples : courir, g rim p e r, a g rip p e r, m ordre, sauter,
frapper...
La persévérance
L'un des facteurs clé de la survie de nos lointains ancêtres éta it to u t sim p le m e n t de
persévérer dans leur action ; co n tin u e r à co m b a ttre m êm e blessés, c o n tin u e r à co u rir m êm e
épuisés, continuer à g rim p e r m êm e poursuivis, co n tin u e r à ne pas b o u g e r m êm e qu a n d le
tig re à dents de sabre s'a p p ro ch a it... L'hésitation et la réflexion é ta ie n t souvent m ortelles :
il fallait prendre une o p tio n et s'y tenir. C'est p o u rq u o i l'évolution a sélectionné les in d ivid u s
qui, sous stress intense, p e rd a ie n t to u t sens d e l'hésitation et co n tin u a ie n t coûte que coûte
leur action, ou leur inaction to ta le , leur im m o b ilité {utile p o u r se cam oufler), etc. C'était
alors souvent la bonne c o n d u ite à a d o p te r... Or, quand il s'agit de s'adapter à une situation
com plexe, quand il s'agit de re vo ir les p rio rité s et les stratégies, cette inertie mentale
acquise sous stress d e vie n t un handicap réel.
* LE C O N D IT IO N N E M E N T
La psychologie co m p o rte m e n ta le e x p liq u e ce p h é n o m è n e : le système nerveux autonom e
réagit à des stim uli à p a rtir d'associations. À chaque stim ulus est associée une réponse
p h ysio lo g iq u e q u e lcon q u e , e t cette réponse est g é n é ra le m e n t acquise (et plus rarem ent
innée). L'exem ple du chien de Pavlov, à qui l'on faisait ente n d re une cloche avant chaque
repas, est un classique. Le système nerveux a u to n o m e du chien, associanx le son de la
cloche à son repas, s'est b ie n tô t mis à saliver dès q u 'il retentissait, que le repas lui soit
présenté ou non. C ette association entre un stim ulus (la cloche) et une réponse (saliver)
s'appelle, dans le ja rg o n de la psych o log ie c o m p o rte m e n ta le , un c o n d ition n e m e n t.
En p sychologie co m p o rte m e n ta le , le tra ite m e n t des p h o b ie s se base sur ce p rin cip e sim ple
de co n d ition n e m e n t, où l'on « re p ro g ra m m e » p ro gressivem ent les réponses du système
nerveux autonom e à un stim ulus do n n é . Par exem ple, une personne arachnophobe se
verra exposée g ra d u e lle m e n t à une araignée inoffensive, d 'a b o rd de très loin, puis de plus
en plus près. Le sujet aura alors p o u r tâche de se d é te n d re en utilisant une te ch n iq u e de
relaxation de son choix. Ainsi le corps ap p re n d à associer l'araignée non plus à de l'anxiété,
mais bien à un sentim en t de calme, et les réponses p h ysio lo g iq u e s s'ajustent.
Notre arach n o p h o b e se désensibilisera aux araignées jusqu'à en laisser une co u rir sur sa
main sans ressentir la m o in d re peur.
Pendant mes cours de survie, je laisse ré g u liè re m e n t mes élèves passer des m om ents seuls
en forêt. S'isolant du gro u p e , chacun se ch o isit un p e tit coin de fo rê t q u 'il tro u ve accueillant
et y passe un peu de tem ps, à ob se rve r la nature, à se d é b a rb o u ille r ou à relire ses notes...
peu im p o rte . Le b u t de cet exercice est sim p le m e n t de les désensibiliser à la crainte de la
solitude en forêt. Se sentant à l'aise dans ce contexte, ils p o u rro nt, par exem ple, se perdre
sans avoir à g é re r - en plus de to u s les facteurs de stress légitim es - cette peur.
Ce m êm e p rin cip e pe u t s'a p p liq u e r aussi à la p e u r des hauteurs ou des insectes, aux
habitudes et aux attachem ents divers. En s'entraînant à vivre autrem ent, longtem ps à
l'avance et progressivem ent, nous nous lib é ro n s de to u te s ces contraintes artificielles qui
sont autant d'obstacles à su rm o n te r en situation de survie.
L
MANUEL DE (SUR)VIE EN MILIEU NATUREL 45
^ GÉRER LE STRESS
Dans la mesure où le stress est causé par l'id e n tifica tio n , par le cerveau, d 'u n e menace
réelle ou im aginaire, la prem ière et p rin cip a le m é th o d e p o u r le g é re r consiste en deux
attitudes assez évidentes :
► Utiliser son imagination correctement : le cerveau prim itif, e t notam m ent l'am ygdale
{responsable du déclenchem ent des réponses « stress » dans le corps), ne fa it aucune
distinction entre ce que nous im aginons et ce qui se p ro d u it réellem ent. U tiliser correctem ent
son im aginaire pour lim iter les film s catastrophes in u tile m e n t stressants, et visualiser si
possible des issues positives aux situations, est le p ropre des gens sereins et détendus. Il est
utile de prendre l'habitude de se créer une im agerie m entale positive (mais réaliste) et de
toujours form uler ses pensées et ses phrases en incluant les solutions, et le p endant positif.
Dire p lu tô t « il va fa llo ir batailler d u r p o u r sortir de cette situation » que « j'a i bien p e u r qu'on
n'en sorte jam ais ». Dire p lu tô t « to u t va se jo u e r au m om ent de la traversée de ce glacier, on
devra être très prudents » que « si on ne fait pas gaffe en passant sur le glacier, on va tous y
rester»... Les deux phrases, p o u r le cerveau « lo g iq u e » sem blent synonymes, mais p o u r ses
couches profondes et instinctives, elles o n t des effets et des répercussions co m p lè te m en t
différentes. L'hypnose ericksonienne e m p lo ie ce prin cip e depuis des décennies avec,
d'ailleurs, des résultats parlants. Et c'est aussi un prin cip e de base en p é d a g o g ie : toujours
form uler les critiques positivem ent (« Fais p lu tô t com m e ceci, ça fonctionnera m ieux »).
► Agir : l'un des m eilleurs rem èdes à l'anxiété et au stress reste l'action, q uelle qu'elle soit. Un
stress accumulé qui ne s'accom pagne pas d'action est beaucoup plus d o m m a g ea b le p o u r
l'organisme et la psyché qu'un stress qui p eut être évacué dans l'action. A tte n tio n cependant
à ne pas aggraver sa situation concrète en agissant à to rt et à travers. L'action d o it être vue
com m e un investissement : to u te action est une dépense de tem ps et d'énergie qui d o it
avoir un résultat positif. Faute de mieux, quand je suis anxieux ou un peu tro p stressé, je me
rabats sur une activité sim ple et sans risque qui ne coûte pas beaucoup d'énergie : je range
mon matériel, je fais le p o in t sur mon sac à dos, j'a jo u te ou j'enlève une couche de vêtem ents,
je nettoie un truc, je scrute mes camarades p o u r vo ir s'ils vo n t bien, s'ils n'ont rien o u b lié
d'im portant, si je peux leur être u tile ... peu im porte. L'idée est de redevenir acteur dans la
situation, ici et m aintenant. Ainsi, juste en agissant un peu, le stress dim in u e beaucoup, et
je peux me consacrer plus in te llig e m m e n t à des tâches qui seront désorm ais réellem ent
efficaces. C'est le d é b u t d'un cercle vertueux qui a fait ses preuves.
S'entraîner et répéter
Répéter e t recom m ence r jusqu'à ce que lire la carte, a llum er le feu, m o n te r l'abri ou faire
les noeuds soient des actes presque autom atiques, exécutés sans réfléchir. J'insiste ici sur
l'im portance de s'entraîner bien, p lu tô t que souvent. La q u a lité l'e m p o rte sur la quantité,
car sous stress nous rep ro d uiso n s te x tu e lle m e n t l'entraînem ent effectué en am ont.
« On co m b a t com m e on s'entraîne » est un adage qui reste vrai p o u r to u te action qui se
déroulera sous stress. En m o d e d é g ra d é , nous répétons le plus souvent ce que nous avons
déjà réalisé plusieurs fois dans un contexte plus ou m oins sim ilaire.
CHAPITRE 6
nF i Ifil \\
_J J
1:
,^J
1 LJ J A ,J J J F
La peur n'exclut pas le danger.
Que ce soit po u r préparer une sortie, un tre k ou un gros p ro je t d 'e xp éd itio n , ou plus
sim plem ent p o u r prendre la m oins mauvaise analyse possible en situation critique, il est
salutaire de p o u vo ir analyser les risques. Une saine analyse d o it s'opérer sur des bases les
plus objectives possible. Les ém otions, les peurs ou l'excès de confiance sont de mauvais
conseillers lorsqu'il faut p re ndre des décisions en m ilieu é lo ig n é ou engagé. Se fie r au seul
ressenti et à ses ém otions p o u r d é te rm in e r ce qui est dangereux est... très risqué.
* M É T H O D E S IM P L IF IÉ E P O U R ÉVALUER UN RISQ UE
Un risque, p o u r résum er en term es sim ples, c'est un « b o b o p o te n tie l ». Deux facteurs, en
fait, à prendre en co m p te : le « b o b o » e t la p ro b a b ilité q u 'il survienne.
Une m é th o d e sim p lifié e d'évaluation des risques consiste, to u t bonnem ent, en la
m ultiplication de deux facteurs, de 0 à 5.
► La g ra v ité : là, on évalue le « b o b o ». Voici un exem ple d'échelle (ayant com pris le
principe, vous pourrez la m o d ifie r en fo n c tio n de vos besoins/contextes) :
• 0 : pas de blessure ;
• 1 : blessure légère, facile à tra ite r ;
• 2 : blessure sérieuse, nécessitant une assistance m édicale ;
• 3 : blessure grave, nécessitant une évacuation ;
• 4 : blessure grave avec séquelles perm anentes, handicapants ;
• 5 : décès.
► La p ro b a b ilité : ici, on évalue la p o ssib ilité que le « b o b o » survienne, et quand.
Par exem ple :
• 0 : n'arrivera pas ;
• 1 : p o u rra it arriver un jo u r ;
• 2 : va arriver un jo u r ;
• 3 : se p ro d u it ré g u liè re m e n t ;
• 4 : risque d'arrive r b ie n tô t ;
• 5 : im m in e n t et certain.
Pour chaque risque que l'on souhaite évaluer ou com parer, on dé term ine le plus honnêtem ent
possible la p ro b a b ilité q u 'il survienne, et sa gravité le cas échéant. En cas de doute, on
choisit l'option pessimiste, de m anière à préférer l'excès de prudence p lu tô t que l'inverse.
Prenons, par exem ple, l'éventualité d'être attaqué par un ours dans les Rocheuses
canadiennes :
• probabilité : 2 (les statistiques p a rle n t d'elles-m êm es, ces attaques existent mais sont
rares) ;
• gravité : 5 (ça p e u t être bénin ou m o rte l... On ch o isit d o n c l'o p tio n la plus grave
envisageable : le décès) ;
• risque : 2 x 5 = 10.
Si ce niveau de risque est acceptable en l'état, on peut dé cid er de ne rien faire de plus. On
peut aussi chercher à le réduire si cela nous sem ble nécessaire. Pour ce faire, il sera plus
efficace de chercher à dim in u e r la p ro b a b ilité de la survenue du risque. En to u te logique, il
vaut mieux éviter d'avoir un accident de voiture p lu tô t que de chercher à en avoir seulem ent
un petit... Il vaut mieux ne pas être attaqué du to u t par un ours que de chercher à ce que
la confrontation soit moins nocive, etc. Q uand on ne peut plus d im in u e r la p robabilité, on
s'attaque alors à m itig e r les effets du problèm e potentiel (ceinture de sécurité, trousse de
secours, etc.).
Très souvent, dim in u e r la p ro b a b ilité liée au risque ne nécessite aucun matériel et se fait
sim plem ent en utilisant des stratégies différentes ou des com portem ents adaptés. Tout cela
est permis en com prenant la m écanique du risque en question. En com prenant COMMENT
il fonctionne. Ainsi, si on com prend le co m p o rte m e n t des ursidés, que l'on sait par exem ple
qu'ils sont attirés par la nourriture des trekkeurs, on fait en sorte d 'é lo ig n e r le sac de victuailles
du lieu de bivouac. En m ettant en place ces mesures simples, on ré d u it à 1 la p ro b a b ilité
d'attaque d'ours, pour un risque de 5. Ce niveau de risque com m ence à être acceptable p our
beaucoup de gens.
L'important à retenir est que cette analyse de risque constitue, à la fois, un outil de prise de
décision (je fais/je ne fais pas : selon le contexte, c'est à vous de fixer la lim ite) et une manière
de repérer les dangers inhérents aux activités et de tro u ve r les moyens les plus efficients
possible pour réduire les risques. On p eut égalem ent utiliser cet outil, en situation dégradée,
com parer deux risques et choisir la « moins mauvaise » solution, faute de mieux.
^ TO U TE M ESURE DE SÉCURITÉ A U N C O Û T
Il est im p o rta n t que vous co m preniez que to u te mesure de sécurité e t to u te te n ta tive de
réduire les risques o n t un coût. Et ce c o û t se mesure to u jo u rs en p erte de lib e rté : lib e rté de
m ouvem ent d im inu é e à cause du p o id s du m atériel, lib e rté de ch a n g e r d e plan, fle xib ilité ,
capacité de déplacem ent, etc.
En to u te lo gique, il co n vie nt d o n c de te n ir co m p te des effets secondaires liés à la gestion
du risque.
La peur et le danger sont deux choses
souvent très différentes. Un passage à flanc
de falaise comme celui-ci (sentier large, sans
dévers ni gros risque de chutes de pierres)
est impressionnant pour certains, mais ne
représente pas de risque objectif im portant..
CHAPITRE 7
* LA SCIE
☆ Laisser la scie travailler
☆ Éviter de pincer la lame
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* LE C O U TE A U
☆ Ce qui fait qu'un couteau
coupe et choix des outils coupants
Un couteau sert essentiellem ent à co n ce n tre r la force
sur une très p e tite surface. Le fil de la lame - large
de qu e lqu e s m icrons seulem ent -, sur lequel on
a p p liq u e une fo rce de q u e lqu e s kilos, génère des
pressions de plusieurs to n n e s par ce n tim è tre carré,
ce qui d é tru it litté ra le m e n t la m atière au p o in t de
contact.
Fil de la lame et point de contact s
pression énorme. Le couteau d o it se frayer un passage dans la matière
coupée. Plus il est m ince et que le p ro fil général de
lame est fin, m ieux ça rentre dans la m atière d u re ...
mais plus c'est fra g ile . A l'inverse, plus un couteau est
épais, plus il sera so lid e ; mais il avancera d iffic ile m e n t
dans la m atière d ure (com m e le bois ou l'os).
En conséquence, il est assez rare d 'avoir un seul
couteau qui puisse être efficace pa rto u t. V o u sp p te re z
souvent p o u r un couteau m ince et co u p a n t bien,
associé à un autre o u til plus robuste : un couteau
de cam p (grosse lame épaisse qui sert p o u r les gros
travaux), une hachette, une scie, etc.
▼
Quelques outils coupants avec des profils de lame différents.
☆ Règles de sécurité
De nom breux accidents - d o n t certains affectent sérieusem ent la m otricité fine à cause de
blessures sur les mains ou les d o ig ts - surviennent suite à l'utilisation im prudente de cou
teaux ou d'objets coupants. Un couteau qui coupe réellem ent bien est extrêm em ent dange
reux : une très légère pression suffit p o u r qu 'il entaille la peau et les couches plus profondes.
Les règles de sécurité, une fois réellem ent bien intégrées, évitent la plu p art des accidents, et
aussi d'égarer son couteau, outil de survie indispensable s'il en est...
☆ M ode de port
Pour po u vo ir utiliser efficacem ent et su rto u t ra nger fa cile m e n t vo tre couteau (faute de quoi,
on le pose parfois par terre), m ieux vaut choisir un m o d e de p o rt bien ad a p té aux besoins
et très e rgonom iq u e . Vous devez p o u v o ir so rtir e t ra n g e r votre couteau dans to u te s les
positions (debout, assis, à genoux, accroupi) en m oins de deux secondes, sans d a n g e r et
sans tro p réfléchir.
'A^ J/
Les étuis m odernes en kydex sont une vraie b é n é d ictio n , car ils p e rm e tte n t une rétention
ferme, un d é p lo ie m e n t e t un ra n g e m en t sans autre m a n ip u la tio n que d e s o rtire t rengainer le
couteau. Em ployé avec Une sim ple drisse, ce genre d'étui p e rm e td 'a c c ro c h e rle couteau dans
de nom breuses configurations, y co m p ris tê te en bas si le kydex est suffisam m ent « ferm e »
(ce qui pe u t être fa cile m e n t ajusté avec un bon « p lie u r » de kydex).
Au besoin, un bouton-pre ssio n sécurisera davantage encore le m aintien.
Les plus grosses lames, elles, auro n t to u t avantage à être portées à l'horizontale sur la
ceinture. Dans cette position, elles sont très faciles à d é g a in e r et rengainer.
☆ Couper en tirant
Les muscles du dos, chez l'hum ain, sont
beaucoup plus gros e t puissants que les muscles
qui servent à pousser. Pour faire des copeaux ou
pour ta ille r un bâton en pointe, par exem ple,
vous pouvez p ro fite r de cette g ra n d e fo rce de
traction. En vous servant du genou co m m e p o in t
d'appui du dos de la lame e t en tira n t sur l'o b je t à
couper, vous arracherez très fa cile m e n t de gros
copeaux et sans d a n g e r (seul le m orceau de
bois bou g e ; la lame, elle, reste fixe et ne d é co lle
jamais du genou).
☆ Bétonner pour couper en deux
Pour rem placer la scie e t co u p e r un bâton en deux
(pour enlever un nœ ud afin de faire plus fa cile m e n t
des allum ettes, par exem ple), voici la m é th o d e à
suivre :
1. Posez le bâton à co u p e r au sol, sur une bosse de
terre qui perm ettra d 'é vite r l'effet « ressort».
2. Placez le couteau à 45° par ra p p o rt aux fibres,
dos de la lame vers l'extérieur (p o u r conserver son
a m plitude de frappe).
3. Tapez sur la lame p o u r e n ta ille r le bois à l'aide d'un
bâton solide et te n a n t bien en main.
4. Lorsque la lame com m ence à co in ce r e t ne va pas
Appui ferme au sol, couteau à 45°
plus loin, retournez l'ensem ble, retirez p ru d e m m e n t
vers vous : bâtonner pour couper,
le couteau, et recom m encez. ouvrir la fente pour garder à 45°.
☆ Gratter
G ratter avec le dos du couteau p e rm e t d e re tire r un
surplus d'écorce hum ide ou de tire r des étincelles d'un
bâtonnet de ferrocérium . Je vous in d iq u e une p e tite
subtilité, p our davantage de contrôle, de précision et
de sécurité : placez le pouce sur le côté de la lame,
orientez le tranchant vers l'extérieur (p o u r plus de
sûreté) et grattez.
Gratter avec le dos de la lame : pouce sur le côté de la lame
et tranchant vers l’extérieure.
☆ Couper des fibres étirées
Les fibres, en tension, sont plus proches de leur
point de ru p tu re et d o n c plus faciles à couper.
Lorsque vous com m encez à les couper, elles se
rétractent, laissant ainsi le cham p libre à la lame
qui pénètre la m atière sans e ffo rt ou presque.
Vous pouvez ainsi c o u p e r un arbrisseau assez fa ci
lem ent avec un sim ple couteau bien affûté : il suffit
de le plier.
Couper un arbrisseau en le pliant.
* LA SCIE
Les scies pliantes m ode rn es sont une vé rita b le b é n é d ic tio n lorsqu'il s'agit de survivre en
milieu forestier. Bien plus légères e t m oins e n com brantes que les haches (200 g environ
pour une scie pliante ou rétractable d ig n e de ce nom), on les tro u ve p o u r un prix raison
nable au rayon ja rd in a g e d e to u s les magasins de b ricolage. Leurs lames sont souvent
rem plaçables fa cile m e n t e t leur efficacité est ph é n o m é n a le sur du bois, m êm e d u r et sec,
jusqu'à un dia m è tre de 10 cm environ.
☆ Éviter d e p in c e r la la m e
Encore une astuce p o u r c o u p e r plus fa cile m e n t avec
une scie : utilisez un s u p p o rt e t laissez pen d re le m o r
ceau de bois à couper. Le p o id s du bois ouvre la fen te
p lu tô t que de la referm e r et de p in ce r la lame. Vous
pouvez a p p liq u e r un peu de force vers le bas si les
conditions le perm etten t, ce qui revient à c o u p e r des
fibres étirées (voir plus haut).
L.
CHAPITRE
S'ORIENTER
* INTERPRETER UNE CARTE
☆ Échelle
☆ Fiabilité des cartes en fonction des pays
☆ La légende
☆ Ce qui est fiable sur une carte
☆ Les courbes de niveau
☆ Du général au particulier
☆ Simplifier
☆ Se situer sur une carte
☆ Étalonner ses pas
☆ Trois points de référence
☆ Déterminer que l'on est perdu
☆ Limites de la lecture de carte
* UTILISER LE SOLEIL
☆ L'ombre du bâton
1
* INTERPRÉTER U N E CARTE
Pour vous orienter, il est in d ispensable de savoir c o rre cte m e n t faire le ra p p o rt entre ce qui
est dessiné sur la carte et les divers élém ents vus sur le terrain. Peu im p o rte le m oyen utilisé
ensuite p o u r naviguer.
☆ L'échelle
L'échelle de la carte corre sp o nd à son niveau de précision. Sur un m êm e m ètre carré de
papier, on pe u t dessiner le schéma d'u n pays e n tie r (échelle 1:20 000), ou seulem ent
quelques kilom ètres carrés d'un massif m on ta g n e u x (échelle 1:25 000). Sur une échelle
à 1:25 000, chaque ce n tim è tre représente 25 000 cm sur le terrain.
La carte est 25 000 fois plus p e tite que ce q u 'elle représente. Sur une carte 1:25 000 :
• 1 cm sur la carte = 250 m sur le te rrain ;
• 4 cm sur la carte = 1 km sur le te rrain ;
• 1 mm sur la carte = 25 m sur le terrain.
La Suisse (dém ocratique, riche et den sé m e n t p e u p lé e ) a ainsi des cartes d 'u n e précision
et d'une fia b ilité dém oniaques. Le Canada (d é m o cra tiq u e et riche, mais d o n t la densité
est m oindre) possède des cartes m oins rigoureuses (les cartes sont fiables au niveau
gé o log iq u e , mais les mises à jo u r sont espacées du fa it des faibles b u d g e ts par kilo m è tre
carré à couvrir). De m anière générale, plus les b u d g e ts alloués à la ca rto g ra p h ie sont
conséquents, plus on aura accès à des cartes détaillées, à échelle im p o rta n te (1 :25 000 en
France, rarem ent m ieux q u e 1:10 0000 en Turquie). Des b u d g e ts im portants pe rm e ttro n t
aussi une to lé ra n ce d 'e rre u r plus fa ib le et des mises à jo u r plus fréquentes.
☆ La légende
Toute carte qui se respecte possède une légende. Elle se situe dans la marge de la carte ou
parfois à l'endos. Elle est la clé d 'in te rp ré ta tio n des signes inscrits sur la carte. Il est prim ordial
de vous y fam iliariser p o u r co m p re n dre le « code » de la carte. Mêm e si, un peu partout
dans le m onde, on représente l'eau par du bleu et la fo rê t par du vert, de nom breux détails
peuvent varier. Il est utile de prêter une attention to u te particulière à l'échelle, à l'équidistance
des courbes de niveau... et, bien sûr, à l'année d 'é d itio n et de révision de la carte !
La p lu p art des cartes, m êm e dans les pays riches, sont établies à p artir de photos aériennes
ou satellites, qui sont ensuite croisées et reportées sché m a tiq u e m e n t à une échelle précise.
Ce travail est g é n é ra le m e n t a cco m p li en une seule fois p o u r plusieurs décennies ; par la
suite, seules des mises à jo u r d e détail sont réalisées. Par exem ple, dans le Vercors et aux
alentours (l'une de nos zones de p ré d ile c tio n p o u r les stages de survie), la p lu p a rt des cartes
IGN se basent sur des levés p h o to g ra m m é triq u e s établis entre 1951 et 1958 ! Evidem m ent,
des mises à jo u r sont établies ré g u liè re m e n t, mais il est im p o ssib le de vérifie r tous les
détails. Ainsi, au fil du tem ps, des erreurs se glissent. Les lisières des forêts bougent, les
sentiers changent de tra cé suite à des ébou le m e n ts, des sources se tarissent, des maisons
to m b e n t en ruine, des cham ps so n t abandonnés, etc.
De nom breux détails p e u ve n t ch a n g e r sur une carte en 5 ans, 10 ans ou 25 ans. Fort
heureusem ent, certains élém ents sont suffisam m ent fiables et stables p o u r que m êm e les
cartes les plus obsolètes puissent être em ployées.
☆ Du général au particulier
Vous devez toujou rs lire et in te rp ré te r une carte en partant du plan d 'ensem ble, du général,
et en augm entant progressivem ent le niveau de détail jusqu'aux p o in ts p articuliers :
1. Soyez certain d 'a vo ir la bon n e carte (sous stress, dans le noir, avec la fa tig u e , il est
parfaitem ent possible de retrouver sur le te rrain des élém ents d 'u n e carte c o rre sp o n d a n t
à un autre coin du pays !).
2. O rientez votre carte en d irig e a n t des élém ents rem arquables de la carte vers des points
rem arquables du terrain (p ito n rocheux ici, villa g e là-bas, falaise là...) ou en utilisant
sim plem ent votre boussole, et calez le nord de la carte sur le nord du te rrain (dans certains
cas, il faudra te n ir co m p te de la déclinaison m agnétique).
3. Repérez g lo b a le m e n t dans q u e lle zone vous vous trouvez.
4. D éterm inez dans le d é ta il où vous vous situez et « q u o i correspond à q u o i » dans votre
environnem ent proche.
☆ Simplifier
Il est im p o rta n t de savoir vous s im p lifie r l'existence qua n d vous cherchez à lire une carte.
Le cerveau et la m ém oire de travail o n t leurs lim ites. Si on p e u t fa cile m e n t « jo u e r »,
m entalem ent et en 3D, avec tro is ou quatre élém ents (un fo n d de vallée, une ligne de crête,
une route et une autre lig n e de crête, par exem ple), au-delà de cinq ou six, cela d evient plus
co m pliqué e t on co m m e t des erreurs. En lecture de carte, si vous êtes capable de situ e rtro is
ou quatre élém ents a u to u r de vous et sur la carte avec certitu d e , c'est g é n éralem ent plus
que suffisant p o u r vous re p é re r et dé g ro ssir votre p osition. Par la suite, vous appliquerez
le m êm e processus à plus p e tite échelle, au besoin, à l'in té rie u r d'u n e p o rtio n précise de
la carte où vous vous trouvez. Vous « rentrez » ainsi dans la carte avec un zoom avant, en
passant d'un ensem ble d e tro is ou quatre élém ents à un autre, plus petit. De même, p our
vous déplacer, il suffit g é n é ra le m e n t de vous fixe r une lim ite gauche, une lim ite d ro ite et un
« fond de tiro ir » p o u r progresser. Par e xem ple : lim ite gauche, le ruisseau ; lim ite droite, la
crête ; fo n d de tiroir, la route. Ce systèm e s im p lifié p e rm e t d'être fle x ib le et de ne pas devoir
sans arrêt faire le p o in t au m icro d é ta il près (sauf si la co n fig u ra tio n du terrain le nécessite,
évidem m ent).
En d éplacem ent, il pe u t être a cceptable de ne vous situer que sur une seule courbe à la fois
(sentier, azimut, autoroute), à c o n d itio n de d é te c te r si vous allez tro p loin et d'évaluer les
distances. Si vous ne pouvez vous situer sur aucune courbe, vous êtes « perdu ».
• On déterm ine sa localisation précise en se situant sur deux éléments linéaires.
• On déterm ine son chemin en se situant sur un élém ent linéaire.
• On se perd en ne se situant sur aucun élém ent linéaire.
☆ 3 points de référence
En déplacem ent, il est utile de to u jo u rs g a rd e r à l'esprit 3 p o in ts d e référence avec une
certitude to ta le :
1. Où vous étiez : le d e rn ie r p o in t sûr où vous avez pu vous situer avec précision sur la carte
(deux courbes croisées identifiables).
2. Où vous êtes : au m oins a p p ro xim a tive m e n t. Il fa u t savoir vous p la ce r sur au m oins l'une
des deux courbes qui sont n o rm a le m e n t croisées p o u r se situer. Si vous savez que vous
vous trouvez qu e lq u e part sur une co u rb e id e n tifia b le sur la carte (sentier, lig n e de crête,
route, piste, cours d'eau), vous n'êtes pas perdu.
3. Où vous allez : le p o in t à a tteindre d o it être reconnaissable avec précision sur la carte et
sur le terrain (deux courbes croisées identifiables).
moyen de vous situer avec précision au cours du trajet. Ainsi, tel le Petit Poucet, vous allez
de p o in t en point, et chaque p o in t est localisable avec ce rtitu d e grâce au p rincipe de base :
croiser deux courbes id e n tifiab le s à la fois sur le terrain et la carte.
Définition
Être perdu : être dans l'incapacité de savoir comment se rendre là où on veut aller.
* N A V IG A T IO N DE BASE À LA B O U SSO LE
La boussole à plateau m o d e rn e est un in stru m en t à d o u b le usage. Elle sert à la fois de
ra pporteur d'angle et de com pas : elle possède une a ig u ille qui s'aligne sur le cham p
m agnétique terrestre. Elle p eut d o n c servir à in d iq u e r le nord m a g n é tiq u e et à m esurer un
angle entre ce nord m ag n é tiq u e et une d ire ctio n . C et angle s'appelle un « azim ut ».
Pour suivre cet azim ut sur le terrain, je règle ma boussole sur le nom b re correspondant
(exem ple 180° : plein sud). Je p ivo te ensuite jusqu'à ce que l'aiguille « N » de ma boussole
et le nord du cadran coïncident. Cela a p o u r effet d 'o rie n te r ma boussole sur le bon cap par
rapport au cham p m a g n é tiq u e terrestre. La flèche de d ire ctio n de la boussole in d iq u e alors
la direction à p rendre sur le te rrain p o u r m archer à 180°.
Dans m on cham p de vision, je choisis alors un p o in t de repère visible qui soit sur ce cap,
et je le rejoins. Une fois ce p o in t de repère franchi, je recom m ence la m anœ uvre avec un
point de repère plus é lo ig n é . Si je perds de vue le p o in t de repère en cours de route, je
recom m ence to u t sim p le m e n t (une erre u r latérale de qu e lqu e s mètres est insignifiante,
seules les erreurs constantes de cap p e u ve n t le d e ve n ir sur la distance).
ARRIVÉ£
NORD
MAGtlÉTiQUE
☆ Contourner un obstacle en se servant de la boussole
Pour contourner un obstacle, il existe plusieurs m éthodes :
► Toute sim ple : o b liq u e z à 90° d'u n côté, com ptez le no m b re de pas vous é lo ig n a n t de
votre azimut initial. Ensuite, reprenez l'azimut, puis o b liq u e z à nouveau à 90°, et refaites le
mêm e nom bre de pas en dire ctio n de votre azim ut de dé p a rt, p o u r le re p re n dre ensuite.
Sur la boussole, cette m é th o d e revient à faire (si vous évitez un obstacle par la d ro ite ) ;
+90°, -90°, -90° et fin a le m e n t + 9 0 °... Très sim ple à exécuter, d ifficile de se tro m p e r.
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► Vous pouvez aussi o p é re r de m anière id e n tiq u e mais avec un autre angle. Par exemple,
faites un « p lu s/m o in s/m o in s /p lu s » avec 2 1 °... Vous o b liq u e z à gauche de 27° (et vous
mesurez la distance parcourue), vous reprenez le cap initial, sur un chem in parallèle, virant
à d ro ite de 27° ; vous revenez ensuite au chem in initial en virant à d ro ite de nouveau de
27° (et en parcourant la m êm e distance que lors de la déviation initiale), et vous reprenez
finalem ent votre cap en virant une d e rn iè re fois à gauche de 27°.
Page précédente et ci-contre, contourner un obstacle à la boussole : version 90° et version 27°.
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☆ Faire demi-tour
Pour sim plem ent revenir sur vos pas, deux o p tio n s : ajoutez 180° à votre a zim ut... ou faites
coïncider le nord du cadran et le sud de la boussole, ce qui évite les erreurs de calcul.
¥ UTILISER LE SOLEIL
I
Le soleil peut être un système re lativem ent fia b le p o u r naviguer e t re m p la ce r p a rtie lle m e n t
la boussole, avec une précision qui varie avec une m arge d 'e rre u r de 5° à 15°, selon la
saison et la latitude.
☆ L'ombre du bâton
Dans les tropiques, selon la saison, le soleil
passe au nord ou au sud à m idi. En revanche,
il se lève toujours à l'est et se couche toujours
à l'ouest. En plantant un bâton dans le sol,
toutes les 15 minutes environ, marquez le
tracé de la pointe de son om bre en y déposant
un pe tit objet. L'ombre en question dessine
une parabole assez aplatie et g lo balem ent
orientée est-ouest (elle est vraim ent alignée
est-ouest entre 11 heures et 13 heures, heure
solaire). Dans les hémisphères, le système
fonctionnera e xactem entde la mêm e manière.
En dehors de la p é rio d e du solstice d'été,
la m éthode sera beaucoup plus imprécise
le matin et le soir (la parabole dessinée par
l'om bre du bâton étant beaucoup plus arquée
Bâton planté / cadran solaire qui donne
une ligne est-ouest autour de midi. quand le soleil se déplace bas sur l'horizon).
CHAPITRE 9
^ PRINCIPES DE BASE
^ VOIES AERIENNES
☆ Corps étranger ☆ Œdème ☆ Trachéo d'urgence ?
☆ Position Latéral de Sécurité
☆ Plaies à la cage thoracique ☆ Lésions des côtes et du volet thoracique
☆ Hyperventilation
☆ État de choc
^ IMMOBILISER UN MEMBRE
☆ Membre supérieur ☆ Membre inférieur
* L'HYPOTHERMIE
☆ Conduite à tenir
^ DEPLACER UN BLESSE
☆ Support pour cloche-pied ☆ Brancard de fortune
* PLAIES
☆ Prévention des infections
^ ALLEZ V O U S F O R M E R !
C om m e p o u r to u t le reste du livre, ce genre d'e xp lica tio n s ne rem place pas une vé rita b le
form ation, délivrée par des enseignants com pétents. Et ne rem place ni la p ra tiq u e ni l'en
traînem ent, toujours plus riches e t com plexes que to u t ce que l'on p e u t dire.
O utre ces recom m andations sur les m é thodes de secourism e, nous verrons ici quelques
cas courants qui nécessitent une évacuation de la victim e vers une assistance m édicale.
Savoir les dé te cte r et les reconnaître assez tô t p e u t parfois c o m p e n se r l'é lo ig n e m e n t et
vous faire évacuer la victim e à tem ps. Je consacrerai q u e lqu e s paragraphes à vous trans
m ettre un peu de culture générale sur le fo n c tio n n e m e n t du corps face au fro id , aux hé
m orragies, aux blessures, entres autres, p rin c ip a le m e n t p o u r vous p e rm e ttre d e lire un peu
m ieux les situations et de c o m p re n d re g lo b a le m e n t « c o m m e n t ça marche ». Votre cerveau
et votre bon sens feront, je l'espère, le reste !
^ P R IN C IP E S DE BASE
Le secourism e est un cham p d'expertise à p a rt entière, co m p lé m e n ta ire d e la m édecine.
J'aime dire que le secouriste a p o u r fo n c tio n d e s'occuper de la partie lo g is tiq u e du
tra ite m e n t d'une victim e : il em b a lle et il expédie. S chém atiquem ent, il rend la victim e
transportable, autrem ent d it il s'assure autant que possible q u 'e lle arrivera vivante entre les
mains d'un m édecin co m p é te n t qui la soignera.
¥ P R IO R IT E S DU S E C O U R IS TE EN M IL IE U ELO IG N E
Une fois le suraccident bien g éré e t évité, les prio rité s du secouriste, dans l'action com m e
dans l'évaluation de l'état d 'u n e victim e, p e u ve n t être reg ro u pé e s sous l'acronym e (en an
glais) « ABCDE » :
• Airways : les voies respiratoires. Elles sont la p rio rité absolue (sauf hém orragie massive),
sinon to u t le reste de la p ro cé d u re ne servira à rien. A près qu e lqu e s m inutes sans respirer,
le cerveau se dé té rio re, le coeur s'arrête, etc.
• Breathing : la respiration. Elle d o it fo n c tio n n e r e t être efficace. Q u ico n q u e respire a nor
m alem ent é g a lem e n t le cœ ur qui b a t... Inutile de s'en in q u ié te r à ce niveau.
• Circulation ; on parle ici de la circulation sanguine. Pour q u 'elle soit efficiente, une te n
sion artérielle m inim ale d o it être présente. Le systèm e circulatoire d o it être étanche et suffi
sam m ent « plein » de vo lu m e sanguin. Pour le secouriste de base, le rôle principal consiste
à colm ater ra p id e m e n t et efficacem ent les fuites dans le système circulatoire.
• Disability : ici, on évalue le niveau de conscience et on en recherche les tro u b le s ou les
causes possibles d'une inconscience to ta le ou partielle.
• Exposure : l'idée est de p o u v o ir exam iner le corps en e n tie r si nécessaire. Sur le terrain,
cela se révèle souvent d iffic ile ou risqué, co m p te tenu des élém ents. Retenez m algré to u t
l'im portance de to u jo u rs aller VOIR une blessure et d'exam iner co rre cte m e n t la zone afin
de ne rien négliger.
Selon les cas, vous devrez inverser certaines étapes, bien évidem m ent. Une fém orale qui
saigne (la personne risquant de se v id e r en q u e lqu e s secondes) n'attendra pas forcém ent
le rétablissem ent de la ve n tila tion . Mais, dans la p lu p a rt des cas, cette « check-list » perm et
de ne pas o u b lie r tro p de choses.
^ V O IE S A É R IE N N E S
Pour oxygéner le sang et les tissus, il est in d ispensable de respirer et, donc, d 'avoir des voies
aériennes ouvertes. Nous allons passer en revue q u e lqu e s cas récurrents d 'o b s tru c tio n des
voies aériennes en m ilieu naturel e t d é crire quelques-unes des solutions p otentielles.
FOSSES T R O t^ re
NASALES j /£ üstache
NA50PHARy/YX
Vo/LÊ JV PALAh
EPIGLOTTE e ru je iT E
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O u rritA G E T H yR ûiP £ -
(pOMMej>'APAM )
L A R y tlK CeSOPHA&E
CARTIlASe CPicdivE T R A C H EE
►Si la victime est consciente et que ses voies respiratoires sont bouchées, elle ;
• s'agite ;
• ouvre les yeux très grands, d e vie n t to u te rouge, puis g ra d u e lle m e n t ble u e ;
• ouvre et ferm e la bouche, parfois en sortant la langue (elle « fa it le poisson ») ;
• ne peut PAS tousser ni ém ettre le m o in d re son (une personne qui tousse se p ro tè g e déjà
d'elle-m êm e, il ne faut pas intervenir).
►Si la victime n'arrive pas à expulser ce corps é tra n g e r d 'e lle -m ê m e en q u e lq u e s se
condes, il faut :
1. La faire se pencher en avant (tronc parallèle au sol ou plus loin encore) e t lui d o n n e r
5 tapes du plat de la main entre les om oplates. Les tapes sont inefficaces si la personne
n'est pas penchée en avant. Le corps é tra n g e r d o it p o u v o ir descendre hors de la g o rg e par
la force de gravité.
CHAPITRE 9 PREM IERS SEC O U R S EN M ILIE U É L O IG N É
2. Effectuer la m anœ uvre de H eim lich : placez-vous d e rriè re la victim e, en passant les
bras autour d'elle : un p o in g juste sous le sternum , l'autre main e n ve lo p p a n t fe rm e m e n t le
poing. Tirez alors v io le m m e n t vers le haut en e nfonçant le p o in g dans le diaphragm e, sous
le sternum , ce qui p ro v o q u e une « to u x » a rtificielle p e rm e tta n t d'expulser le corps étranger.
► Si la v ic tim e est in c o n s c ie n te :
1. Lui ouvrir la bouche et inspecter visuellem ent, s'assurer qu'aucun liquide ou o b je t (pro
thèse dentaire, dents, fragm ents osseux, sang, etc.) ne puisse o bstruer les voies respiratoires.
2. Les o b je ts p euvent être retirés avec p ru d e n ce en enfo n ça n t les d o ig ts le long d'une jo u e
et en allant les chercher p a r-d e rriè re en fo rm a n t un crochet avec les doigts. Ne jam ais pous
ser dessus ou te n te r de les saisir d ire c te m e n t ; vous risquez de les e nfoncer dans la gorge.
3. Si des saignem ents, sécrétions ou n 'im p o rte quel liq u id e sont présents au niveau du nez,
de la bouche ou de la g o rg e , il fa u t placer la victim e en position latérale de sécurité (PLS),
sinon elle se noiera, to u t sim p le m e n t.
4. M êm e en l'absence de liquides, la langue d 'u n e personne inconsciente a tendance à
redescendre vers l'arrière et à b lo q u e r les voies respiratoires : la PLS p révient efficacem ent
ce genre de problèm e.
☆ « Trachéo » d 'u rg e n c e ?
Les film s m ontrent parfois des scènes très farfelues où le héros d é g a in e un cran d'arrêt,
perce en vitesse la trachée de son ami et y insère un stylo à b ille p o u r lui sauver im m é d ia
te m e n t et facilem e n t la vie ... C'est beau, le ciném a !
Ce genre de procédure est extrê m e m e n t risqué. Il est la rg e m e n t possible de sectionner
une artère ou d 'e n d o m m a g e r la thyroïde, ou de p u re m e n t e t sim p le m e n t tu e r une p e r
sonne déjà mal en point, en lui perçant la trachée au mauvais e n d ro it ou à mauvais escient.
Cette technique, sans le m atériel adapté et sans appareil d 'a spiration/succion, manifestera
une efficacité très lim itée. Une ve n tila tion som m aire p e u t se p ro d u ire dans le tro u créé,
mais elle reste très fa ib le (essayez de respirer à travers le corps d'u n stylo p e n d a n t une
m inute et vous sentirez to u t de suite p o u rq u o i) et des flu id e s (sang, sécrétions) v ie n d ro n t
gêner la respiration rapidem ent. Bref, on est très loin d 'H o lly w o o d .
Le nom de la te ch n iq u e utilisée a ctu e llem e n t par les m édecins urgentistes (et certains se
couristes des forces spéciales expressém ent instruits p o u r le m ilieu é lo ig n é ) est une crico
tom ie, p lu tô t qu'une tra ch é o to m ie . Je le m e n tio nn e afin que vous puissiez vous fo rm e r à
la bonne m éthode, déjà, en évitant la tris te m e n t cé lè b re « tra ch é o de terrain » si risquée.
Dans certains cas, la pression d'air augm ente progressivem ent dans la cavité pleurale, no
tam m ent lorsque la form e de la lésion crée une valve laissant entrer l'air dans la cavité, mais
ne le laissant pas sortir. Cet air augm ente alors en pression avec chaque mouvem ent respira
toire, com prim e peu à peu le cœ ur et l'aorte, risquant d'entraîner de graves complications qui
peuvent causer le décès avant l'évacuation de la victime.
La déviation de la trachée, qui o b lique en direction du côté sain sous la pression, représente
un signe évident de ce type de pneum othorax (dit compressif). Le cœ ur se retrouve ainsi com
primé et la situation risque de se co m p liq u e r assez vite vers une arythmie ou un état de choc.
Toute suspicion de pneum othorax com pressif d o it être prise au sérieux et déclencher une éva
cuation ou, au moins, un appel vers un centre de secours pour dem ander conseil.
Le traitem ent initial, qui est un geste médical, consiste à percer (avec une seringue de bon
diamètre) la cage thoracique sous la 2“ côte et à installer un cathéter qui permettra à l'air de
s'évacuer.
☆ Lésions d es cô tes e t du v o le t th o ra c iq u e
En cas de traum atism e grave de la cage th o ra ciq u e , et n o ta m m e n t la fracture de plusieurs
côtes en au m oins deux points, la paroi th o ra c iq u e n'a parfois plus assez de rig id ité p o u r as
surer sa fonction de mise en pression/dépression du p o u m o n . Cela lim ite é n o rm é m e n t (et
généralem ent très doulou re u se m e n t) l'efficacité du m o u ve m e nt respiratoire e t p ro vo q u e
une détresse respiratoire qui p eut d e ve n ir im p o rta n te . Le risque de c o m p lica tio n est é g a
lem ent élevé, notam m ent le pneum othorax.
Le taux de C 0 2 dans le sang retrouve alors une valeur norm ale et les sym ptôm es dispa
raissent im m édiatem en t.
Les prem iers signes et sym ptôm es d'u n état de choc sont d o n c :
• pouls rapide (le corps accélère le cœ u r p o u r m a in te n ir la pression sanguine) ;
• peau pâle et fro id e , extrém ités fro id e s (le corps contracte les vaisseaux sanguins p é rip h é
riques p our augm e n te r la pression sanguine en prio risa n t les organes vitaux) ;
• fatigue, faiblesse, accom pagnées parfois d'un se n tim e n t d'angoisse ou d e p e u r latente (à
cause de l'adrénaline qui dé fe rle ) ;
• soif intense ;
• sensation de fro id ;
• tête qui tourne, vertiges ;
• nausées, vom issem ents.
Si la tension artérielle con tin u e de dim inuer, le choc s'installe ré e lle m e n t e t p e u t é voluer
vers le coma. A term e, si la pression sanguine d im in u e tro p , le re to u r veineux ne se fa it plus
correctem ent et la p o m p e cardiaque se désam orce : la m o rt est alors im m inente.
Trois principales causes p euvent p ro v o q u e r la d im in u tio n de la pression sanguine jusqu'à
l'état de choc : la d im in u tio n du vo lu m e sanguin (choc hyp o vo lé m iq u e ), un mauvais fo n c
tio n n e m e n t de la p o m p e cardiaque (choc ca rd io g é n iq u e ) ou une d ila ta tion brutale des
vaisseaux sanguins p é rip h é riq u e s (choc d istrib u tif).
Dans tous les cas, il s'agit d'u n e urgence vitale q u 'il est très d iffic ile de g é re r sur le terrain.
Toute situation pouvant faire glisser une victim e vers un état de choc est d o n c à p re ndre
très au sérieux ; une assistance m édicale s'im pose.
■f Choc hypovolém ique (m anque de volume sanguin)
Le volum e sanguin p e u t être ré d u it par ;
• hém orragie (interne ou externe) ;
■f Choc cardiogénique (causé par le cœur), obstructif, tam ponnade cardiaque, etc.
Pour une raison ou une autre (infarctus, choc au niveau du cœ ur qui le fa it gonfler, pn e u m o
thorax de tension qui c o m p rim e le m uscle cardiaque, m anque ou excès de potassium , etc.),
la po m p e cardiaque ne fo n c tio n n e plus co rre cte m e n t et ne p a rvient pas à p o m p e r assez
de sang p o u r m aintenir la pression sanguine. Une assistance m édicale d 'u rg e n ce s'im pose.
Choc distributif
Le choc d is trib u tif est causé par une dila ta tion tro p im p o rta n te des vaisseaux sanguins p é ri
phériques. C ette d ila ta tio n in d u it une chute im p o rta n te de la résistance vasculaire p é rip h é
rique et un état de choc qui p e u t être causé par :
• une réaction a lle rg iq u e vio le n te (choc anaphylactique) ;
• une infection généralisée (choc se p tiq u e ) ;
• une a u gm entation rapid e de la te m p é ra tu re c o rp o re lle (on parle alors de « faux coup de
chaleur »). Ce d e rn ie r est te m p o ra ire e t sans gravité.
En cas de choc d istrib u tif, la peau d e la victim e est souvent ro uge e t chaude, au lieu d'être
blanche et fro id e com m e p o u r les autres types de choc, ce q u i p e rm e t de l'id e n tifie r plus
facilem ent. Les risques (com a, désam orçage de la p o m p e cardiaque) sont les mêmes.
Le choc d is trib u tif est prévenu en évitant ou en s o ig n an t les infections (il ne survient pas
dans les situations d 'urge n ce , mais p lu tô t q u e lqu e s jo u rs après), ou en injectant de l'adré
naline en intram usculaire p o u r les cas de choc a lle rg iq ue .
¥ IM M O B IL IS E R U N M E M B R E
Pour im m o b ilise r un m em b re blessé, on observe deux principes de base :
1. Toujours respecter la d o u le u r et laisser la personne se placer dans une position co n fo r
table. Si votre victim e p e u t se d é p la c e r en te n a n t son bras contre elle sans autre interven
tion de votre part, et que c'est m oins d o u lo u re u x p o u r elle de cette façon, ce sera souvent
la m oins mauvaise solutio n !
2. On im m o b ilise un m em b re en suivant le p rin c ip e des deux articulations : une articulation
au-dessus et une articulation en dessous de la zone lésée. Par exem ple, p o u r une fracture
de l'avant-bras, on im m o b ilis e le p o ig n e t et le coude.
☆ M e m b r e s u p é rie u r
► Épaule - Bras - C oude
Bras en écharpe avec chèche + objet dans la main pour stabiliser le poignet.
Après seulem ent q uelqu e s m inutes passées sous 36,7 °C, nous com m ençons à uriner co
pieusem ent. Tout le sang qui se tro u v a it dans la peau, d é fe rla n t dans les vaisseaux p rin ci
paux, augm ente la tension a rtérielle et le corps p ro d u it ra p id e m e n t de l'urine p o u r éviter
l'hypertension. On p e u t ainsi u riner jusqu'à de u x litres d'eau presque pure en m oins d'une
heure. C ette perte hyd riq u e devra être com pensée dès que le corps se réchauffera et que
le sang retournera aux extrém ités. En attendant, nous fo n ctio n n e ro n s sim p le m e n t avec un
volum e sanguin m oins im p o rta n t e t un sang plus visqueux.
Si la te m p é ra tu re centrale a tte in t les 36,4 °C, nous sentons que nous nous refroidissons
« à l'in té rie u r ». La sensation de fro id gag n e le th o ra x et le dos, voire l'abdom en. Nous fris
sonnons légèrem ent, à intervalles irréguliers.
À ce stade, le systèm e im m u n ita ire est litté ra le m e n t en hibernation. En effet, les globules
blancs (leucocytes) o n t besoin d'u n e te m p é ra tu re m inim ale de 36,5 °C p o u r fo n ctio n n e r
correctem ent. Ce qui e x p liq u e que l'on « prenne fro id » : le fro id à lui seul ne p e u t pas d o n
ner un rhum e, mais com m e il m et te m p o ra ire m e n t en som m eil le système im m unitaire, il
facilite l'installation des m icrobes dans le système.
Lorsque la te m p é ra tu re du sang a tte in t les 36 °C, nous com m ençons à frissonner plus ré
g ulièrem ent et plus intensém ent. Ces frissons p euvent se d é clencher plus tô t chez une
personne habituée à la chaleur, ou plus tard chez une personne bien acclim atée au fro id ,
mais 36 °C est une bonne m oyenne. Dès lors, les divers m écanism es de p ro d u c tio n de cha
leur du corps s'activent ré e lle m e n t p o u r que la te m p é ra tu re centrale rem onte. À ce stade,
la sensation de fro id est déjà vra im e n t très intense. Elle envahit to u t le corps, et on p eut
difficile m e n t penser à autre chose.
Si la tem pérature c o rp o re lle co ntinue de descendre, les frissonnem ents s'in te n sifie n t et
s'étendent sur de plus longues périodes, jusqu'à d e ve n ir p ra tiq u e m e n t continus.
A une tem pérature de 35 °C, nous nous sentons déjà eng o u rd is. La m o tric ité fin e est très
largem ent altérée à cause des frissons et de l'e n g o u rd isse m e n t général, et l'esprit (com m e
to u t le reste du corps) fo n ctio n n e au ralenti. Nous q u itto n s le d o m a in e du sim ple re fro id is
sem ent p o u r entrer dans le m o n d e de l'h y p o th e rm ie légère.
L'esprit to urne rée lle m e n t au ralenti. Les p e rce p tio n s so n t altérées et nous atte ig n o n s p ro
gressivem ent un état de d é ta ch e m e n t étrange où to u t sem ble fu tile et dé p lacé . La réso
lution de problèm es, m êm e simples, est d iffic ile ... La d e rn iè re fois où je me suis retrouvé
dans cet état (lors d'u n e expérience volontaire), je devais m e ré p é te r la phrase « marche
p o u r te réchauffer » en boucle, m entalem ent, p o u r ne pas o u b lie r ce que j'avais à faire. Je
sentais m on esprit, com m e m on corps to u t entier, s'e n g o u rd ir com m e les g u ê p e s en au
tom ne. Je me voyais glisser le n te m e n t vers un état très te n ta n t de b ien-être a p a th iq u e ...
avec une sérénité p lu tô t dérangeante !
•f Hypotherm ie m odérée (environ 3 4 - 32 °C)
Sous 34 °C, la conscience est altérée. Nous som m es claire m e n t désorientés, incapables de
penser ni de fo nctionner. Les frissons c o n tin u e n t mais ils sont entrecoupés de contractions
musculaires plus longues ressem blant à des cram pes. La tension artérielle chute. La peau
apparaît m arbrée et de plus en plus violacée, voire bleutée. A ce stade, il est presque im
possible de marcher. Bien que nous en soyons encore, parfois, p hysiquem ent capables,
nous ne som m es souvent plus en mesure de d é c id e r de le faire, ni de co m p re n dre claire
ment p o u rq u o i on devra it le faire.
Plus le cerveau se refroid it, plus un s e n tim e n t d'anesthésie envahit le corps. Privés de nos
sensations, nous nous sentons bien et nous n'avons plus fro id . C'est à ce stade que bien
des alpinistes et des explorateurs des régions polaires se re trouvent allongés dans la neige
à se dire que la m o rt par h y p o th e rm ie n'est pas une si vilaine chose après to u t... Chaque
m ouvem ent est te lle m e n t d iffic ile ... Seule une personnalité e xtrêm em ent com bative et des
raisons de vivre très claires p e u ve n t pousser à se relever une fois a tte in t ce stade où l'aban
don est si tentant. Se laisser glisser dans l'e n g o u rd isse m e n t in d o lo re ou co ntinuer à lutter
pour survivre ? Sans aide extérieure efficace, c'est le d e rn ie r choix que nous aurons à faire.
Si on cesse de lu tte r à cet instant, on glisse en q u e lqu e s m inutes vers une hypotherm ie
profonde et le coma.
En cas d 'h y p o th e rm ie m odérée, des c o m p lica tio n s (fib rilla tio n cardiaque, notam m ent) sont
fréquentes lors du réchauffem ent du corps, su rto u t s'il est tro p rapide ou si le corps est ré
chauffé de l'extérieur (bo u illo tte s, couvertures chauffantes, etc.). Les gelures sont presque
une constante si la te m p é ra tu re am biante est au-dessous du p o in t de congélation.
C ependant, il faut savoir qu'on p e u t très bien se retrouver à ce stade d 'h yp o th e rm ie à des
tem pératures de l'ordre de 10 °C, su rto u t si on est affaibli ou m o uillé (sous une pluie d'au
tom ne, par exem ple). Le nom b re d e chasseurs canadiens qui m eurent d 'h y p o th e rm ie à la
fin du mois d 'o cto b re (où les pluies sont fréq u e n te s et où les tem pératures oscillent géné
ralem ent entre 5 °C et 10 °C) est là p o u r le prouver.
☆ C o n d u ite à te n ir
A vant to u te chose, on p révient l'h y p o th e rm ie en réagissant de m anière efficace e t agres
sive dès les prem iers signes de refroidissem ent.
Une victim e qui n'a plus les ressources suffisantes p o u r lu tte r contre le fro id p e u t être aidée
par des bouillottes, des boissons chaudes, ou en éta n t placée dans un ou plusieurs sacs
de couchage avec une autre personne. L'idée est d e lui p e rm e ttre de se réchauffer et de
reconstituer son stock d'é n erg ie e t de com bativité.
A partir du stade où la victim e com m ence à avoir des tro u b le s de la conscience, les risques
de com plications devenant im portants, on stabilise sa te m p é ra tu re en l'iso la n t précau
tionneusem ent (m atelas isolant, duvets, etc.), e t on a p p e lle les secours sans ch ercher à
la réchauffer activem ent. On évitera soig n eu se m e n t de la fric tio n n e r ou de surélever ses
mem bres, p o u r ne pas fo rc e r un re to u r de sang fro id des extrém ités vers le cœ u r (risque
im portant de fibrilla tio n ).
☆ Brancard de fortune
Avec deux perches solides de 3 m environ, vous pouvez im p ro vise r un brancard avec un
poncho ou n 'im p o rte q u e lle to ile (sauf le silnylon qui a te n d a n ce à glisser).
Trois étapes simples, après avoir vérifié la so lid ité des perches :
1. Poser le poncho à plat.
2. Poser les deux perches à la largeur du dos de la victim e sur le poncho.
3. Plier le to u t en trois, de m anière à o b te n ir tro is épaisseurs de tissu sous le dos de la vic
tim e. L'ensemble tie n t par frictio n , sans plus de m anipulations.
* LAISSER U N E V IC T IM E DERRIÈRE S O I P O U R TR O U VER DU SECOURS ?
Si l'état de la victim e ne p e rm e t pas de la d é p la ce r sans a ggraver son cas, et que vous savez
com m ent tro u ve r de l'aide (m o n te r sur un p o in t plus haut p o u r avoir une liaison radio ou
GSM, par exem ple), vous devrez vous résoudre à la laisser de rriè re tem p o ra ire m e n t.
En l'absence de d o u le u r ou de g o n fle m e n t dans les deux heures qui suivent une morsure
de vipère, on p e u t souvent écarter l'envenim ation. Dans tous les cas, il sera to u t de mêm e
utile de vous rendre aux urgences p o u r faire tra ite r la plaie. C om m e p o u r to u te autre m or
sure, le p rincipal risque est l'in fe ctio n . Le nettoyage en p ro fo n d e u r de la plaie et la désin
fection rigoureuse sont de mise. Un rappel a n tité ta n iq u e p e u t être indiqué.
• Couleuvre :
- deux crochets suivis de plusieurs petites dents ;
- espacem ent plus im p o rta n t entre les rangées de dents ;
- pas de venin, donc pas de douleur vive ni d'œdème ; par contre, le risque d'infection reste entier !
* PLAIES
En m ilieu naturel, et n o ta m m e n t en m ilieu forestier, l'usage d'outils coupants p o u r travailler
le bois est pra tiq u e m e n t une constante. Aussi, les coupures et lacérations sont assez fré
quentes, surtout si on ne respecte pas les règles de sécurité (voir p. 57).
Pour une plaie ouverte, l'h é m o rra g ie constitue é vid e m m e n t le principal risque à co u rtte rm e .
Une hém orragie correspond à une perte sanguine im p o rta n te qui ne cesse pas spontané
ment. Pour l'arrêter, la com pression des vaisseaux sanguins sectionnés offre une m éthode
rapide e t efficace. En m ilieu éloigné, préférez a p p liq u e r d ire cte m e nt un pansem ent com
pressif ou un équivalent (tam pon relais), afin de g a rd e r les mains libres p o u r jo in d re les
secours, a b rite r la victim e ou la transporter.
Lorsqu'on prête assistance à une victim e, on p révient systém atiquem ent les risques d'in fe c
tion par voie sanguine (VIH, hépatites, etc.) en évitant de to u c h e r d ire cte m e nt son sang. Cette
règle est p articulièrem en t im p o rta n te en m ilieu naturel où l'on a pra tiq u e m e n t toujours des
petites écorchures e t des entailles sur les
mains, qui sont autant de points d'entrée
grands ouverts p o u r les virus. Des gants
(de préférence en vinyle, de plus en plus
de gens étant allergiques au latex), placés
au-dessus de la trousse de prem iers se
cours, s'avéreront utiles dans ce cas.
Cas particuliers
► Si un corps étranger de taille im portante est présent dans la plaie et crée une perforation
(couteau, branche, éclat de verre ou de métal, etc.), LAISSEZ-LE en place. Souvent, l'hém orragie
sera limitée par ce corps étranger et le resserrement des tissus autour. Si, malgré tout, un sai
gnement est présent, appliquez le com pressif en am ont et autour du corps étranger, et évacuez.
► Si la plaie est tro p g ra n d e ou tro p c o m p le xe (d é c h iq u e té e , d é la b ré e ) e t q u e le
saignem ent est a b o n d a n t, un g a rro t est parfois la seule so lu tio n mise en p ra tiq u e . Ce
d ernier n'est pas sans risque : il prive c o m p lè te m e n t d 'o xyg èn e le m e m b re g a rro tté . A près
5 heures, on devra g é n é ra le m e n t l'am puter, sauf si la victim e est prise en charge dans
un centre m édical d ig n e de ce nom . O n d o it to u jo u rs laisser un g a rro t en place une fois
qu'il est posé (risque de fib rilla tio n / arrêt ca rd ia q u e à cause du potassium s'accum ulant
dans le m em bre g a rro tté en cas de retrait). N otez to u jo u rs l'heure d e pose du ga rro t. Par
convention, on inscrit cette in fo rm a tio n ca pitale sur le fro n t d e la victim e : un « T » p o u r
« to u rn iq u e t » suivi de l'heure (te n ir c o m p te du d é ca lag e horaire si a p p lica b le ). Dans m on
kit de prem iers secours, à côté de m on g a rro t, j'ai to u jo u rs un fe u tre n o ir in d é lé b ile réservé
à cet usage. A tte n tio n : le g a rro t se fa it à l'aide d'u n lien large (1 cm ou plus, p o u r ne
pas couper) u n iq u e m e n t sur le bras ou la cuisse (m e m b re avec un seul os, p e rm e tta n t de
pincer l'artère entre l'os e t le garrot).
► Sur une plaie perforante qui aurait pu se ctio n n e r une artère (dans l'a bdom en, par
exem ple) tro p p ro fo n d e p o u r être accessible à la com pression, seule l'évacuation rapide
est efficace : le tra ite m e n t de l'h é m o rra g ie se fera de m anière chirurgicale. Si la victim e.
allongée sur le dos, com m e n ce à to m b e r en état de choc, surélevez ses jam bes p o u r aug
m enter un peu la tension a rtérielle résiduelle au niveau des organes nobles (position de
Trendelenburg). Une fois les ja m b e s surélevées, en revanche, elles d e vro n t le rester jusqu'à
ce que la victim e soit prise en charge, ce qui rend parfois l'évacuation encore plus délicate.
A n'utiliser, donc, qu'en d e rn ie r recours...
Si vous n'avez pas de com pressif sous la main, le p a q u e t de m o u ch o ir en p a p ier (version
poche) dans son p a q u e t pla stiq ue c o u p lé à un lien large (une bande autoadhésive ou de la
bande élastique adhésive p o u r les articulations) conviendra. Sinon un chèche ou ce qui se
trouve sous votre main p o u r exercer une pression : adaptez et im provisez !
Ensuite, prenez soin de bien co u vrir la victim e p o u r la p ro té g e r du fro id . Une personne
ayant perdu du sang se re fro id it e x trê m e m e n t vite.
► Dans une trousse séparée de la trousse « pour les urgences », le kit « petites plaies et
bobologie » (prévention pour le 24 à 4 8 heures) :
- sérum physio lo g iq u e en dosettes (p o u r rincer une plaie après nettoyage) ;
- désinfectant incolore en dosettes ;
- a ntidiarrhéique (sublingual) ;
- sels de réhydratation oraux (qu e lq u e s sachets) ;
- petits pansem ents résistant à l'eau ;
- paracétam ol ;
- bande autoadhésive (p o u r a u g m e n te r la pression sur un pansem ent co m p re ssif insuffi
sant, faire te n ir un p e tit pansem ent en place ou le p ro té g e r, faire un s tra p p in g , etc.) ;
- paquet de m ouchoirs (p o u r im p ro vise r des p etits pansem ents, n e tto ye r une plaie, faire un
com pressif im provisé, etc.) ;
- pince à échardes ;
- ciseaux solides, pouvant aussi servir de c o u p e -o n g le s ;
- paquet de kleenex n euf et p ro p re (p o u va n t servir de second co m p re ssif en cas d e besoin,
et p our tous les petits bo b o s en com binaison avec la bande adhésive) ;
- d u c tta p e (une p e tite réserve en plus : concrètem ent, il servira à pas mal de choses sur
le terrain, des steristrips de fo rtu n e à l'im m o b ilisa tio n d 'u n e articulation, en passant par le
sparadrap im provisé, en com binaison avec un kleenex) ;
- 1 m ètre environ de bande élastique adhésive.
• En m ilieu éloigné, j'ajouterais p e rso n n e lle m e n t (étant fo rm é et ayant les ordonnances) :
- antibiotiques à large spectre ;
- steristrips et kit de suture ;
- cortisone (anti-inflam m atoire puissant q u i b lo q u e en bo n n e partie l'action du système
im m unitaire p o u r lim ite r la d o u le u r liée à l'in fla m m a tio n , laissant le cham p lib re à to u te
infection présente. À utiliser, donc, avec g ra n d e précaution !).
R A P P E L E R LES SECO URS
En France e t en Europe, les secours sont bien organisés et efficaces. Un appel au 112 met
généralem ent en relation avec un professionnel des secours d'u rg e n ce et, a fo rtio ri, avec
un professionnel des gens paniqués au té lé p h o n e . C ette personne possède une arbores
cence très bien construite de questions à vous poser. Le m ieux est d'y ré p o n d re calm em ent
et de façon factuelle : vos im pressions, c'est bien, mais des faits et des choses précises,
mesurées ou m esurables, c'est m ieux !
Pour p réparer votre app e l au centre de secours, réunissez qu e lqu e s inform ations de base,
si possible :
► la localisation exacte : il est souvent très d ifficile , en m ilieu naturel, de dire, avec des
mots, l'e n d ro it où on se trouve. Parfois des to p o n y m e s sont présents, mais parfois pas. Aus
si, prenez le te m p s de bien faire le p o in t sur la carte, de vous situer précisém ent et de
vous p ré p a rer à in d iq u e r vo tre p o sitio n oralem ent. Dans certains cas, des coordonnées
GPS p euvent être utilisables. Si les c o n d itio n s le p e rm e tte n t, il est parfois plus efficace de
détacher du g ro u p e un b in ô m e e t de d o n n e r rendez-vous aux secours à un e n d ro it facile à
atteindre p o u r eux com m e p o u r vous.
► Le nom bre de victimes et ce qui leur arrive : pas besoin de faire un bilan médical précis,
juste des faits observables. Le ré g u la te u r vous posera des questions détaillées, ou voudra
leur parle r d ire c te m e n t dans certains cas. R épondez calm em ent et posém ent.
Vous aurez peut-être l'im pression que la conversation avec le ré g ulateur est interm inable.
Prenez le te m p s de ré p o n d re à ses questions en vous en te n a n t aux faits et calm em ent, et
attendez qu'on vous co n firm e que vous pouvez raccrocher avant de le faire. Ensuite, gar
dez la ligne ouverte (on vous ra p pellera p e ut-être) e t économ isez la batterie du téléphone.
Vous prendrez des photo s et p réviendrez les proches plus tard.
* P O U R ALLER PLUS L O IN
Des cours de prem iers secours en m ilieu
naturel existent, spécia le m e n t conçus p o u r vous
transm ettre les connaissances les plus essentielles
pour « e m b a lle r e t e x p é d ie r » une victim e dans des
contextes parfois très difficiles.
* EN MILIEU OUVERT
¥ LAISSER UN PLAN
\,J r \
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jJ Jl _
F F
SE SIGNALER ET ETRE RETROUVE
Une situation de survie (par exem ple, « être pe rdu dans la taïga ») ou une situation
d'urgence (par exem ple, « se casser une ja m b e en ski de rando ») se s o ld e n t soit par le fait
de trouver une solution par soi-m êm e, soit par celui de se v o ir récupéré par des secours,
professionnels ou amateurs.
Une fois l'alerte donnée, il est souvent nécessaire, su rto u t en m ilieu naturel, de g u id e r les
secours jusqu'à vous. Pour ce faire, tâchez de sig n a le r vo tre présence e t de p o u v o ir être
identifié facilem en t com m e la personne ayant a p p e lé à l'aide (ou recherchée).
* EN M IL IE U FO RESTIER ET FERM É
La seule chose qui fonctionne efficacem ent pour signaler votre présence en m ilieu forestier,
c'est le feu. Et la fumée. Soit celle d'un fum igène, soit celle d'un feu, soit les deux couplées :
vous faites un feu sous un trépied, sur lequel un fum igène est posé. La colonne d'air chaud du
feu aide la fum ée du fum igène à m onter et à percer le couvert végétal. En jungle, sous la cano
pée, c'est même la seule chose qui a la m oindre chance de marcher...
De nuit, le feu est égalem ent visible de très loin, notam m ent par les capteurs infrarouges et
therm iques des équipes de secours bien équipées arrivant par les airs. Évidemment, vous évi
terez de mettre le feu à la forêt et, si le risque d'incendie est tro p grand, vous vous abstiendrez
et chercherez un milieu ouvert ! Les secours terrestres arrivant à proxim ité de vous - s'il n'y a
pas d'obstacle solide entre eux et vous - pourront entendre un sifflet, éventuellem ent, mais rien
n'est moins sûr. , J
Feu démarré sous un trépied, fumigène au-dessus du feu sur le trépied : la colonne d’air chaud pousse la fumée
colorée vers le ciel et perce la végétation.
* E N M IL IE U O U V E R T
En m ilieu plus ouvert, co m m e sur une éte n d u e d'eau, dans une grande clairière ou en m on
tagne, la fum ée reste un excellent outil (le fu m ig è n e dure beaucoup plus longtem ps qu'une
fum ée éclairante e t laisse une trace visuelle con sid éra b le en com paraison de la petite fusée
qui m onte e t dure q uelqu e s secondes seulem ent).
C ependant, on pe u t parfois être repéré en e m p lo y a n t des m éthodes m oins massives :
► une source lum ineuse puissante : les nouvelles lam pes « tactiques » qui b rille n t à 200
lum ens e t plus, avec une a u to n o m ie im p o rta n te , sont d'excellents moyens d'être vu, de nuit
com m e de jo u r ;
► un m iro ir ou une autre surface b rilla n te peuvent, si les secours arrivent du bon côté par
ra p p o rt au soleil, servir de signal de détresse. Des m iroirs avec système de visée intégrée
existent e t fo n c tio n n e n t e xtrê m e m e n t bien, n o ta m m e n t en m ilieu ouvert et plat (plaine,
mer, désert plat, etc.) ;
► si vous devez a g ite r un o b je t p o u r vous rendre davantage visible, m ieux vaut le choisir
aussi contrastant qu e possible avec le sol e t l'arrière-plan, le plus gros possible, et le fixer
à une perche p o u r a g ra n d ir encore le m o u ve m e nt et vous « grossir » au maxim um . Une
couverture de survie avec un côté ora n g e fluo, fixée sur un mat de 3 m, com m ence à être
repérable d e p u is un hé lico p tè re survolant e t observant une zone d'un kilom ètre carré.
* LAISSER U N PLAN
Avant de p a rtir p o u r une activité o u td o o r, il est p ru d e n t de p révenir une personne de
confiance qui sera responsable d 'a le rte r les secours si vous ne rentrez pas à l'heure prévue.
Pour fa cilite r les recherches et accélérer l'arrivée des secours, l'idéal est de laisser un plan
avec un itinéraire et q ue lqu e s détails qui fa c ilite ro n t les recherches.
► Quoi : qu'allez-vous faire ? O n ne recherchera pas de la m êm e manière un parapentiste
et un sp é léologue. Et les g rim p e u rs o n t leur typ e d 'a ccid e n t m oyen, alors que les randon
neurs en o n t d'autres... D écrivez b riè ve m e n t e t de façon réaliste les activités que vous allez
pratiquer.
► Où : où allez-vous ? L'endroit où vous co m p te z vous g arer (ou le moyen de transport que
vous utiliserez), l'itinéraire prévu, un itinéraire bis éventuel, etc.
► Quand : quand partez-vous, quand com ptez-vous revenir (prévoyez une marge) ?
► Qui : qui êtes-vous et qui v ie n t avec vous ? L'idéal est d 'avoir le nom et une description
de chaque personne, avec les num éros de té lé p h o n e p o rta b le de chacun. Si un véhicule
vous am enant sur les lieux d o it y rester garé, un d e s c rip tif de ce d e rn ie r est utile (pour
confirm er que vous y êtes bien arrivé : m arque, m odèle, couleur, num éro de plaque
d'im m atriculation). Si q u e lq u 'u n dans le g ro u p e a des pro b lè m e s de santé connus, notez-
les afin que les secours arrivent en ayant déjà une idée des contraintes et du contexte qu'ils
risquent de rencontrer.
T
► Détails : ajoutez to u t détail factuel susceptible de g u id e r les secours jusqu'à vous dans
le contexte. Par exem ple, la co u le ur de vo tre voile de parapente, le niveau d 'expertise de
chacun, etc.
REGULER SA TEMPERATURE
* RECC
* RAPPORT VOLUME/SURFACE
* ADAPTATION AU FROID
☆ L'adaptation à court terme ☆ L'adaptation à long terme
* ADAPTATION À LA CHALEUR
☆ L'adaptation à court terme ☆ L'adaptation à long terme
* LES VÊTEMENTS
☆ Le coton ☆ Le duvet naturel ☆ La ouate de polyester ☆ La laine ☆ La laine polaire
☆ Les membranes imper-respirantes
* LES ABRIS
☆ Choix du point de bivouac ☆ La tortue ☆ Le poncho du chacal ☆ Utilisation du tarp
☆ Tarp et hamac
* FAIRE UN FEU
☆ Précautions à prendre ☆ Garrigue, environnements arides et tourbières.
☆ Conditions de sécurité minimales ☆ Faites un PETIT feu... ☆ Faire une table à feu
ÉTEINDRE UN FEU
☆ Pour ne pas laisser de traces
* SE PROTÉGER DE LA CHALEUR
☆ S'abriter de la chaleur ☆ Une ombre efficace
r
i h i j j j
f (SU; P
Soixante-dix p our cent de m on travail, en ta n t q u 'in s tru c te u r de survie, consiste à enseigner
com m ent bien gére r sa te m p é ra tu re co rp o re lle .
Statistiquem ent, ce qui tue le plus souvent dans la nature, c'est le chaud ou le fro id , ou
leurs effets secondaires (altération du ju g e m e n t ou perte de m o tricité fin e qui m è n e n t à
un accident). Nous verrons dans ce chapitre les p rin cip e s et les te ch n iq u e s qui p e rm e tte n t
une bonne gestion de sa te m p é ra tu re sur le terrain, ta n t p o u r le c o n fo rt que p o u r la survie.
* RECC
La chaleur, dans la nature, est échangée de 4 manières, que l'on m ém orise grâce à l'acro
nyme « RECC ». Le corps, to u t com m e un m orceau de bois que l'on ve u t allum er, perd et
gagne la chaleur par :
► Rayonnement : il s'agit de l'émission ou
de la réception de rayons infrarouges. De la
« lum ière » chaude mais invisible, en q u e lq u e
sorte. N otre feu ou le soleil nous chauffent
par rayonnem ent. Tout o b je t o p a q u e b lo q u e
ce rayonnem ent (un sim ple caillou p e u t ainsi
retenir une bonne partie de la chaleur du feu).
Plus un o b je t est foncé et plus il absorbera de
rayonnem ent. Plus il est de co u le u r claire et
plus il le réfléchira. Les couvertures de survie,
250'
étant brillantes, reflè te n t une bonne part de ce 300'
rayonnem ent chaud. On p e u t s'en servir p o u r La chaleur reçue d ’un feu diminue
se p ro té g e r du soleil (leur o m b re est plus avec le carré de la distance.
efficace que celle d'une sim ple bâche), ou
concentrer les rayons infrarouges dans un espace p o u r se te n ir chaud, un peu à la manière
d'u n fo u r solaire.
► Convection : un flu id e qui chauffe se dilate, d e vie n t m oins dense et m onte. Il est rem pla
cé par du flu id e fro id , ce qui crée un m o u ve m e nt circulaire d it « de convection ». Le feu est
un bon exem ple de m o u ve m e nt d e convection : les gaz incandescents qui fo rm e n t le feu
m ontent, et le fo ye r aspire de l'air frais par
le bas. Idem p o u r les courants therm iques,
en m ontagne. Le contact avec un flu id e en
m o u ve m e nt p e u t faire perdre ou gagner
beau co u p de chaleur.
Le ve n t est le phé n o m è n e de convection
qui nous concerne en p re m ie r lieu quand
il s'agit de se p ro té g e r du fro id , cependant,
une bonne com préhension g lobale du
p h é n o m è n e p e rm e t d 'o p tim ise r les abris
et de saisir p o u rq u o i une veste avec capu
chon est bien plus chaude que la même
veste sans capuchon (l'air chauffé par le
dos, devenant m oins dense, vient chauffer
le cou et la tête).
Mouvement de convection
dans une veste à capuche ample en statique.
• RAPPO RT V O L U M E /S U R F A C E
L'inertie the rm iq u e de to u t o b je t dé p e n d
principalem ent de sa masse, et d o n c de son
volum e total. Les échanges de chaleur, eux,
se fo n t uniquem ent à la surface des objets.
Le corps ne fait pas exception. C'est p o u r
quoi les animaux bien adaptés au fro id sont
toujours assez ronds (otarie, ours, etc.) et
souvent de plus grande taille (volum e total
plus im portant) : leur ratio volum e/surface
im portant est m ieux adapté au m aintien
d'une tem pérature stable dans le fro id . À l'in
verse, si les Massais sont p ra tiq u e m e n t tous
aussi grands et minces, c'est parce que cette
m o rphologie est particulièrem ent bien ap
propriée à la dispersion de la chaleur : leur
rapport volum e/surface est faible.
Otarie : rapport volume/surface élevé
pour lutter contre le froid.
Ce principe est utilisable en survie :
• instinctivem ent, on se m et en p o sition foetale qua n d on a fro id (on lim ite la surface d'ex
position en se m ettant en b o u le) ;
• un morceau de bois long et très fin com m e une allu m e tte (volum e fa ib le par ra p p o rt à sa
surface) chauffe vite et a tte in t fa cile m e n t le p o in t d 'ig n itio n : c'est un m e ille u r allum e-feu
qu'une grosse bûche ronde.
* A D A P T A T IO N A U F R O ID
L'humain est un h o m é o th e rm e . Il d o it
conserver sa te m p é ra tu re centrale dans
une m arge de deux ou tro is degrés p o u r
p o u v o ir fo n c tio n n e r co rre cte m e n t. Pour
la p lu p a rt des gens, 37 °C est une te m
pérature centrale idéale. La te m p é ra tu re
des extrém ités p e u t c e p e n d a n t varier
beaucoup. Le corps préserve to u jo u rs les
centres vitaux en p rio rité - cerveau, coeur,
po um ons -, q u itte à sacrifier la pé rip h é rie .
Nous oscillons ainsi, tout au long de la journée, entre un léger trop chaud et un léger trop froid,
que le corps compense automatiquement et en permanence. Lorsque nous avons de la fièvre,
l'hypothalamus se règle non plus sur 37 °C mais sur 38 ou 39 °C. Le corps, tant qu'il n'est pas à
39 °C, économise de la chaleur et lutte pour en produire davantage. Un médicament fébrifuge
a pour effet de « re-régler » l'hypothalamus sur une température plus basse.
* LES V E T E M E N T S
Les vêtem ents sont le p re m ie r rem part contre les éléments. Il est im p o rta n t de penser les vê
tem ents en système de couches, et non pas u niquem ent com m e des unités séparées qu'on
a dditionnerait bêtem ent. Chaque typ e de fib re et chaque vêtem ent auront des propriétés
therm iques et mécaniques différentes, e t l'ordre dans lequel vous les superposerez changera
radicalem ent votre confo rt sur le terrain.
☆ Le coton
Le coton est une fib re h yd ro p h ile : elle absorbe
l'eau, et m êm e l'h u m id ité am biante. M êm e les
cotons traités ou spécialem ent conçus p o u r
être im perm éables sont fro id s dès qu'ils sont
hum ides et finissent to u jo u rs par a b so rb e r
l'eau. En revanche, le coton brûle mal si le
tissage est dense, et il ne fo n d pas sur la peau,
contrairem ent aux fibres synthétiques. En
été, le coton hum ide ou m o u illé vous re fro id it
efficacem ent. Un bandana m o u illé sur la tê te
et/ou le cou fa it des m erveilles p o u r rafraîchir.
Un t-shirt en coton tre m p é vaut tous les tissus
techniques du m onde. Il est par ailleurs
agréable au to u c h e r et ne b rille pas tro p aux
ILR, com m e la p lu p art des fibres naturelles.
En hiver, le coton hum ide ou m ouillé
consom m e de vos précieuses calories. Vous
l'utiliserez en couche extérieure com m e
protection m écanique, et p o u r vous p ro té g e r
du feu ou du vent (veste de treillis), mais
il faudra p révoir un peu plus d'iso la tio n le
cas échéant. De grosses chaussettes en
coton, portées pe n d a n t 500 m ètres dans
des chaussures m ouillées, vo n t leur p o m p e r
Les vêtements permettent à l’humain de :
beaucoup d'eau. Vous enlèverez ensuite les dans tous les biotopes, même les plus f
chaussettes trem pées (que vous mettrez à sécher sur votre sac ou dans les poches) et enfilerez
des chaussettes adaptées, avec une sensation de confort renouvelé (et des pieds préservés).
☆ Le duvet naturel
Le duvet est le m e ille u r isolant du m o n d e quand il est sec. Une fois tre m p é , il ne sert plus
à rien et m et des jo u rs entiers à retrouver son g o n fla n t légendaire. E xtrêm em ent com pres
sible, léger et chaud, il p e rm e t d 'a llé g e r vo tre sac à dos en hiver et dans des co nditions
de grand fro id sec. Le reste de l'année, il fa u t vra im e n t vous en m é fie r e t vous assurer de
pouvoir le p ro té g e r de l'h u m id ité , sinon préférez-lui du synthétique.
Le duvet existe en qualités très diverses. Son p o u v o ir g o n fla n t est e xprim é en « cuin ». Un
duvet de m oyenne gam m e sera norm é « 600 cuin ». Les duvets européens d'extrêm em ent
bonne qualité a tte ig n e n t les 900 cuin. Un autre critère concerne le ra p p o rt du ve t/p lu m u le s,
exprim é avec deux chiffres : 90/1 0 in d iq u e 90 % de d u ve t e t se u le m e n t 10 % de plum ules,
ce qui est p ro b a b le m e n t la m e ille u re q u a lité que l'on puisse tro u v e r a c tu e llem e n t sur le
marché. Un duvet de très bonne q u a lité sera norm é 8 0 /2 0 - 800 cuin. Les duvets d e très
haut de gam m e seront norm és 9 0 /1 0 - 900 cuin. M êm e un d u ve t re lativem ent bas de
gam m e restera plus com pressible qu 'u n très bon isolant synthétique, à p o te n tie l th e rm iq u e
égal. Son principal désavantage reste sa sensibilité à l'h u m id ité .
☆ La laine
La laine est une fibre incroyable d o n t les propriétés com m encent à peine à être redécou
vertes par l'industrie du matériel o utdoor. La laine est h yd ro p h ile mais elle sèche lentem ent,
ce qui évite les grosses d é p e rd itio n s de chaleur par évaporation. Mêm e hum ide, elle reste
isolante (trem pée, en revanche, elle n'isole plus et d e vie nt très fragile). Elle est silencieuse.
Elle ne brûle pas. Elle retient naturellem ent les odeurs. Elle ne b rille pas, naturellem ent, dans
les appareils de vision nocturne typ e IR/ILR. Elle est bactéricide et fo n g ic id e (ce qui p o u r des
chaussettes ou des sous-vêtements de terrain peut s'avérer extrêm em ent pratique dans la
durée). Ses principaux inconvénients restent son poids et sa faible com pressibilité.
Il existe réellem ent d 'in n o m b ra b le s qualités de laines. La laine m érinos de bonne qualité ne
pique pas, ne gratte pas et est e x trê m e m e n t chaude.
☆ La laine polaire
Dérivée du polyester, la laine polaire im ite le feutre ou le tric o t de laine. Elle est chaude, peu
com pressible, hydrophobe, légère et durable. Dans un système de vêtem ents, elle constitue
un excellent isolant interm édiaire, entre les sous-vêtements et la couche extérieure. Ses deux
défauts ; elle fo n d et brûle très b ien... et un troisièm e : elle pue rapidem ent quand on la
porte régulièrem ent. Partem ps hum ide ou p o u r les activités de haute intensité, elle fo n ctio n
nera souvent m ieux que la laine naturelle.
En ce qui concerne les pieds, les chaussures to u t cuir bien entretenues (graissées plus ou
moins a b o n d a m m e n t selon l'h u m id ité prévisible) sont to u t sim p le m e n t parfaites et irrem
plaçables, surtout associées à des chaussettes en laine de q u a lité (fines en été, plus lourdes
et couplées avec une chaussette fin e en synthétique en hiver).
■f EXEMPLE DE SYSTÈME DE VÊTEMENTS POUR LE GRAND FROID :
- sous-vêtem ent te ch n iq u e en laine m érinos (haut + bas -i- cag o u le -H chaussettes) ;
- veste polaire plus ou m oins épaisse selon le besoin ;
- veste de typ e tre illis un peu large, à tissage dense (coupe bien le vent, respire) ;
- pantalon large, serré en bas (par-dessus la chaussure), de préférence avec les g e n o u x et
le siège d o ublés d'un matériau h y d ro p h o b e ou ca rrém ent étanche ;
- p our les pieds : grosses chaussettes en laine, chaussures to u t cuir bien cirées, un peu
larges, laissant le sang circuler ;
- des guêtres, p o u r éviter de tre m p e r le bas du pantalon dans la neige (ce qui cause de
grosses pertes de chaleur dans les pieds, par re fro id isse m e n t du sang qui y afflue) ;
- po u r les mains : sous-gants en soie, m oufles en laine + surm oufles en cuir graissé, très
larges p our laisser le sang circuler ;
- tête et cou : to u r de cou e t deux, voire trois, bonnets -t- capuchon (d o u b le r, voire tripler,
l'isolation de la tê te offre un gain th e rm iq u e ph é n o m é n a l) ;
- à l'arrêt, trouvez un coin à l'abri du ve n t e t passez une d o u d o u n e en d u ve t naturel.
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- f EXEMPLE DE SYSTÈME POUR LE TEMPS TRÈS CHAUD ET SEC :
- chapeau (type chapeau de brousse ou b o o n ie hat : p ro tè g e du soleil e t p e u t s'enlever
p our maxim iser l'évaporation de la transpiration dès que vous passez à l'om bre) ;
- bandana mouillé noué autour du cou (très efficace pour refroidir les carotides par évaporation) ;
- chemise en coton m ince et am ple, de co u le ur claire (les couleurs claires repoussent mieux
les rayons IR du soleil), p o rtée à m êm e la peau ;
- pantalon en coton am ple et mince, co u p e large (de préférence de co u le u r claire aussi) ;
- chaussettes fines en laine m érinos (elles sontfraîches et co n fo rta b le s en été, et préviennent
les odeurs com m e les pro b lè m e s cutanés liés à l'h u m id ité ) ; chaussures to u t cuir m ince, pas
graissées du to u t (p o u r m axim iser l'évaporation de l'h u m id ité ) ou en tissus aérés ;
3Wl>AnA
M o u iu é
cM A O ssenes m e s
f’AHTALOU ( otton) CHmiseCccrjoti) ( lA î m MépôMos)
CHAPITRE 11 RÉGULER SA TEM PE R A TU R E
¥ L E S A B R IS
M onter un abri efficace co n tre le v e n t et la p lu ie p e rm e t de se créer une bulle de confort
th e rm iq u e : une zone où rester au chaud e t au sec sans d e v o ir b o u g e r et, donc, se reposer.
Avec le bon m atériel, un abri de fo rtu n e est dressé en qu e lqu e s m inutes. Faute de matériel,
vous devrez im proviser avec des élém ents naturels, ce qui prend plusieurs heures (co m p
tez, avec l'entraînem ent, au m in im u m 4 ou 5 heures p o u r fa b riq u e r un to it végétal im p e r
m éable, un cocon a b rita n t du ve n t et un matelas bien isolant).
A n e c d o t e : u n j o u r , v o u la n t p a s s e r la n u it d a n s u n e p e t i t e g r o t t e J u s te à c ô té
d 'u n ru is s e a u , a v e c s e u le m e n t u n p o n c h o e t u n b o n n e t d e la in e . J'ai m e s u r é
u n e t e m p é r a t u r e d e 1 2 ° C a u f o n d d u t a lw e g . T ro p fr ig o r if ié p o u r d o r m ir . Je
s u is m o n t é a u -d e s s u s d e la m a s s e d 'a ir fr o id . D a n s le p ie r r ie r a u -d e s s u s ( e x
p o s é a u s u d , e t q u i a v a it d o n c a c c u m u lé d e la c h a le u r t o u t e la J o u rn é e ), il
f a is a it 2 7 °C / L e c o n f o r t é t a it b ie n m o in d r e e t l'a m b ia n c e m o in s s y m p a th iq u e ,
m a is J'a i p u p a s s e r la n u it s a n s g r e l o t t e r . ..
Vous pourrez utiliser les prem iers étages de la règle des 3 p o u r ne pas o u b lie r de points
im portants :
► 3 secondes sans vigilance : un lieu sûr, sans risques de chutes d'arbres, de branches,
de pierres (en ju n g le , les chutes d e branches et d'arbres sont de loin la prem ière cause
de m ortalité : une faîtière en grosse co rd e d'escalade lim ite un peu le risque, mais rien ne
rem place l'observation fin e de l'environnem ent). Bref, choisissez un e n d ro it où les risques
objectifs sont les plus lim ités possible. Dans le do u te , évaluez les risques (voir chapitre 6).
► 3 minutes sans oxygène dans les centres vitaux : en m ilieu naturel, c'est rarem ent un p ro
blèm e. Je le m e ntionne su rto u t dans le cas d 'u tilisa tio n de co m b u stib le s ou de chauffages
d 'a p p o in t en m ilieu confiné (abris en d u r trouvés en zone pé riu rb a in e ou urbaine, grottes,
etc.). Il est im p o rta n t de savoir que le C 0 2 , plus dense que l'air, s'accumule dans les points
bas, exactem ent com m e de l'eau. Le CO, lui, se m élange insidieusem ent à l'air et est in o
dore, incolore et très, très dangereux.
► 3 heures sans réguler sa tem pérature : plus que la jo lie vue ou le sol parfaitem ent plat, c'est
la protection contre le vent et les masses d'air fro id (plus denses que l'air chaud et qui coulent
et stagnent dans les creux) que vous privilégierez au m om ent de choisir votre bivouac.
► 3 jours sans eau potable : il est ju d icie u x, dans certains cas, de p la n ifie r ses points de
bivouac en fo n ctio n de la p o ssib ilité de ravitaillem ent en eau... En m ilieu aride, les points
d'eau sont souvent assez mal fré q u e n té s p e n d a n t la nuit, c'est p o u rq u o i vous bivouaquerez
à bonne distance (sinon, vous violerez parfois le p re m ie r p o in t de la règle des 3...).
☆ La tortue
Cette technique est très rapide et sim ple à
mettre en œuvre. Vous bloquez toutes les
pertes de chaleur (RECC) d'un seul coup en
vous asseyant sur une surface isolante, en
vous m ettant en boule et en vous e n ve lop
pant dans une couverture de survie (ou, à dé
faut, dans un poncho ou to u te autre grande
surface étanche).
Il est très im portant de fo rm e r une « cloche »
d'air chaud au niveau de la tête et du cou en
faisant redescendre la couverture de survie
devant le visage. L'air chaud, qui a tendance à
monter, s'accumule ainsi dans la zone la plus
im portante à p roté g e r (40 % des échanges
de chaleur au niveau de la tête et du cou). La tortue : position de survie.
☆ Le poncho « du chacal »
Ce type d'abri peut servir de refuge d'urgence pour pique-niquer au sec ou abriter rapidement
un blessé de la pluie. Avec un sac de couchage, un matelas isolant et un sursac (pour
. protéger le sac de couchage du vent et de la pluie résiduelle éventuelle), vous pouvez
aussi l'utiliser pour un bivouac léger, surtout en milieu boisé.
Avec un poncho standard (grand rectangle avec 4 œ illets ou sangles dans les coins,
et un capuchon) et 5 tendeurs, vous
créerez un abri très rapidement,
dès lors que vous disposerez de
4 ou 5 points d'accrochage. Au
CEETS, nous l'appelons le « poncho
du chacal » : en prem ier lieu en
homm age à Jean-Michel, l'un de
nos moniteurs, mais aussi parce
qu'il est tellem ent facile à monter,
tellem ent efficace et tellem ent
polyvalent qu'on a l'impression
de tricher, sans la moindre
conscience morale,
tels de véritables
Poncho « du chacal » accroché avec 5 tendeurs.
chacals ! Les tendeurs, dans ce système, présentent l'avantage de s'adapter aux aléas duterrain
très facilement, sans réflexion ni m otricité fine. Ils permettent, en outre, de changer la forme de
l'abri à volonté, en fonction des conditions, et de rendre le to u t indestructible, même en cas
de tem pête : les élastiques encaissent l'énergie des bourrasques (ou des camarades qui se
prennent les pieds) sans arracher les œ illets ni les points d'attache. Évidemment, rien n'interdit
d'utiliser des tendeurs sur des bâches ou des surfaces plus grandes.
☆ Utilisation du tarp
D epuis plusieurs années, le ta rp (d im in u tif anglais de « bâche ») est très à la m ode dans
le m ilieu de la randonnée légère. G énéralem ent c o n stru it en nylon très lé g e r e n d u it de
silicone, le ta rp est polyvalent, lé g e r (bien qu 'u n peu plus lourd lorsqu'il est m ouillé), sèche
vite et est é to n n a m m e n t d urable. Il p e rm e t d 'avoir une surface étanche de 3 x 3 m ou plus,
REGULER SA TE M P E R A T U R E
stockable dans un volum e de 2 litres environ, et pesant m oins de 500 g. Ces tarps existent
aussi en form ats plus réduits, pesant parfois m oins de 300 g, haubans et sardines ultralé
gères com prises. Plus la peine de s'en passer, m êm e lors de sorties à la jo u rn é e .
Le tarp se m onte dans des con fig u ra tio n s très diverses, allant de la « canadienne » classique
aux designs les plus farfelus, s'adaptant g é n é ra le m e n t aux contraintes du te rrain e t des
points d'accroche fa cile m e n t d isponibles.
Par gros tem ps, ou p o u r vous p ro té g e r du vent, vous p rivilé g ie re z un m o n ta g e proche du
sol et entièrem ent ferm é.
Les deux principes à respecter p o u r vous p ro té g e r des élém ents sont sim p le m e n t de créer
un volum e suffisant p o u r ne pas to u c h e r la to ile de l'in té rie u r {condensation p ra tiq u e m e n t
toujours présente) et de te n d re suffisam m ent les d ifférents pans de l'abri p o u r é vite r les
« poches » d'eau en cas de pluie. L'eau d o it p o u v o ir s'écouler.
Vous choisirez é vid e m m e n t une partie de sol co n fo rta b le e t lé g è re m e n t surélevée par rap
po rt aux environs p o u r éviter les in o n da tio n s par mauvais te m p s (une dépression dans le
sol, m êm e de quelques centim ètres, p e u t vite se tra n sfo rm e r en b a ig n o ire ...). Un poncho
étendu par terre, face intérieure vers le haut (côté p ro p re vers vous, toujours), convient
p our se p ro té g e r de l'h u m id ité e t de la saleté du sol. Il lim ite aussi les contacts avec les
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insectes, ce qui p e u t se révéler salutaire dans les zones infestées de tiques. Une couverture
de survie épaisse ou un sim ple b o u t de plastique fa it aussi très bien l'affaire.
Un p e tit kit c o m p re n an t qu e lqu e s sardines, 5 ou 6 te n d e u rs (sandows) et un peu de ficelle
facilitera e t accélérera le m o n ta g e du tarp, com m e celui du poncho.
☆ Tarp et hamac
En milieu forestier ou en jungle, le hamac constitue une solution très confortable et durable, qui
permet d'être moins exposé aux insectes et de bivouaquer sur des sois inégaux ou très pentus
sans réel problèm e.
Le hamac se refroidissant à cause du vent (convection), il est indispensable de vous protéger de
son contact froid en utilisant un matelas isolant comm e si vous étiez couché au sol (conduction).
☆ Le cocon de débris
1. Faites un matelas végétal é tro it et épais : l'idéal est d e créer un tru c très dense qui
accueille votre corps avec une m arge de 20-30 cm to u t autour.
2. Installez par-dessus une perche très solide, avec un p o in t d 'a p p u i au sol e t un po in t
surélevé d'environ 80 cm.
3. Posez des branches sur cette arm ature centrale to u s les 15-20 cm environ, en réservant
une petite ouverture (de préférence sur un p o in t bas de l'abri p o u r conserver l'air chaud).
4. Entassez des d é b ris végétaux en co m m e n ça nt par des b rin d ille s e t des branchages, et
en réduisant la taille des d é b ris au fu r e t à mesure. Le résultat est un én o rm e tas de débris
végétaux-feuilles-m ousses, p a rfa ite m e n t ferm é.
Jarf
Pour que ce genre d'abri soit im p e rm é a b le , prenez soin d 'o rie n te r les débris de manière
à ce qu'ils d ra in e n t l'eau vers l'extérieur, en les entassant du bas vers le haut, un peu à la
m anière de tuiles.
☆ Le nid
Le nid consiste à créer un én o rm e matelas d e végétaux sur lequel poser une bâche que
vous ferm erez to ta le m e n t. Un peu à la m anière d'u n nid d'oiseau, le gros du co n fo rt th e r
m ique p ro vie n t du matelas, mais la cloche d 'a ir chaud perm ise par la bâche bien ferm ée
offre un gros plus en cas de ve n t ou de pluie, évid e m m e n t. A vec plusieurs personnes à
l'in té rie u r se serrant les unes co n tre les autres, vous pourrez fa cile m e n t passer la nuit par
des tem pératures é to n n a m m e n t froides. Tout d é p e n d du m atelas...
☆ Le « four »
Il s'agit ici de co n ce n tre r au m axim um les rayons IR ém is par un feu central. Pour un groupe
de 4 personnes, vous créerez 3 app e n tis avec des couvertures de survie. Ces appentis seront
reliés entre eux par les coins supérieurs, de m anière à fo rm e r une structure triangulaire
de p e tite taille. Vous ferm erez les 3 ouvertures des coins à l'aide de ponchos ou d'autres
couvertures de survie. Vous pourrez aussi a jo u te r une bâche ou un p oncho supplém entaire
par-dessus, à bonne hauteur, p o u r lim ite r l'intrusion de la pluie par très gros tem ps.
Des matelas seront installés sous chaque a p pentis p o u r que 3 personnes d o rm e n t pendant
que la 4® surveille e t e n tre tie n t le feu.
CHAPITRE 11 P I RÉGULER SA TEMPÉRATURE
Le nid.
^ FAIRE U N FEU
Le feu est incontestablem ent l'élém ent qui a to u t changé dans l'histoire de l'Humanité. Depuis
la nuit des tem ps, il perm e t de se chauffer, mais aussi et surtout de s'éclairer et de faire cuire
les aliments. O utre l'avantage en term es de d ig e stibilité de certains végétaux (ce sont surtout
les légum ineuses et les légum es qui o n t besoin d'être cuits p o u r être assimilables, restons
simples I), la cuisson et le fum age o n t perm is de conserver la viande, et donc d'économ iser
beaucoup d'énergie. Dans une o p tiq u e de survie à c o u rtte rm e , le feu sert essentiellem ent à :
► rég u le r la te m p é ra tu re co rp o re lle ;
► signaler sa présence aux secours, à to u t m o m e n t : la lum ière chaude (IR) p ro d u ite et la
fum ée se v o ie n t très bien du ciel, de jo u r com m e de nuit ;
► faire cuire des aliments et b o u illir l'eau de boisson afin de dim in u e r les risques sanitaires.
Savoir faire du feu en toutes conditions est une com pétence nécessaire en survie. Avant de
chercher à maîtriser les techniques prem ières (silex + marcassite, silex + acier, feu par friction,
etc.), il est indispensable de réellem ent bien maîtriser les techniques de base d'allumage.
Ce m odule, dans les stages du CEETS, est p a rticu liè re m e n t soigné par les instructeurs et les
m oniteurs. Et p o u r cause : il s'agit vé rita b le m e n t de l'un des points les plus essentiels à la
survie dans la nature. Réussir son feu, dans certaines situations, c'est litté ra le m e n t garantir
sa survie p o u r plusieurs jours.
☆ Précautions à prendre et préparation du terrain
Le feu peut sauver des vies, mais il p e u t aussi se m o n tre r e x trê m e m e n t dangereux. Dans
certains environnem ents, a llu m e r un feu est non seulem ent dangereux, mais aussi to ta
lem ent crim inel. En situation de survie, vous devrez parfois p re n d re le risque de faire du
feu po u r en éviter d'encore plus grands, mais il faudra le faire avec to u te s les précautions
nécessaires et en choisissant bien vo tre em placem ent.
4 I!
k A
• nécessite m oins de bois, et d o n c m oins de travail, m oins de prises de risques, etc.
• endom m age m oins l'e n v iro n n e m e n t;
• fonctionne to u t aussi bien si on s'assoit à p ro x im ité ...
Par conséquent, un feu de plus de 50 cm de haut est un p u r gaspillage, e t un m anque de
respect p o u r le b io to p e , m êm e par te m p s très fro id .
6. BIEN éteindre son feu e t ne JAMAIS laisser ce feu sans surveillance. Jamais.
CL.4 m .
Vous pouvez ensuite recom m encer l'o pération avec une seconde section d é b ité e égale
m ent en huitièm es, posée sur le feu au fu r et à mesure, jusqu'à avoir a tte in t une masse
critique suffisante p o u r a lim e n te r le feu en m orceaux ronds de d ia m è tre raisonnable.
☆ Les allume-feu : il en faut plus
Le bois, p o u r brûler, a besoin de plusieurs m orceaux qui se chauffent les uns les autres
afin q ue la réaction ch im iq u e s'entretienne. Un allum e-feu, lui, brûle sans que son voisin
ne d o ive le chauffer. C ette capacité à b rû le r sans rien lui p e rm e t de faire chauffer plusieurs
m orceaux de bois (fins, longs et secs, de préférence) p o u r d é m a rre r le feu.
Plus le bois est hum ide, fro id , plus son dia m è tre est gros, et plus il faudra d'allum e-feu. Dans
le doute, vous en m ettrez to u jo u rs un peu plus.
Un allum e-feu est to u jo u rs constitué d'u n s u p p o rt (généralem ent, un matériau poreux ou
absorbant) et d'un accélérant (qui b rûle à la surface du support). Une b o ugie, par exemple,
est un allum e-feu. La m èche sert de su p p o rt, la cire fo n d u e qui l'im b ib e sert d'accélérant.
► Allume-feu naturels (m ilie u x te m p é ré s) :
• bois gras (bois de pin saturé de résine, rendu im putrescible, que l'on trouve dans les
nœ uds des grosses branches m ortes ou certaines souches) ;
• écorce de bouleau ;
• boule de cristaux de résine de sapin ou d'épicéa, em ballée dans un m o u ch o ir en papier
ou en tissu (poupée).
FIR ESTEEL.
3 R 1 Q O E TA MOUETTE.
Le kit-feu.
► Allume-feu industriels ou fa b riq u é s à p a rtir de p ro d u its du com m erce :
• poupée : une boule de stick à lèvres, ro uge à lèvres, paraffine, beurre, ou n 'im p o rte quel
corps gras, em ballée dans un m o u c h o ir en p a p ie r allum é par l'extérieur ;
• « œ uf de Manise » (nom m é com m e tel par K ilbith sur le fo ru m DMF) : une b o u le de ouate
de coton enduite d'u n e copieuse couche de vaseline e t stockée dans un œ u f en plastique ;
la partie plus sèche et duveteuse à l'in té rie u r s'allum e fa cile m e n t à l'aide d'u n e é tin ce lle de
fire-steel ;
• b ougie ;
• allum e-BBQ divers...
• copeaux de sem elle de chaussure, cham bre à air, élastiques...
• ficelle en nylon effilochée.
* A LLU M E R , A L IM E N T E R
ET M A IN T E N IR U N FEU
Pour brûler, le feu a besoin de 3 élém ents :
chaleur, co m bustib le et co m b u ra n t (air).
► La chaleur est apportée d 'abord par la
proxim ité de l'allume-feu, puis par les m or
ceaux de bois qui com m encent à b rû le r et
se chauffent les uns les autres.
► Le co m bustible est a p p o rté par le bois.
► L'air est perm is par la distance entre les
morceaux de bois et l'aération, perm ise par
le courant de convection créé par le feu.
Il est donc im p o rta n t de tro u v e r la juste dis
tance entre les m orceaux de bois et la juste
densité.
Cette densité s'ajuste facilem ent en obser Un feu doit « respirer» : trop dense et trop serré,
il s’étouffe et brûle mal, produisant beaucoup
vant la fum ée : si les flam m es traversent vite la
de fumée et peu de chaleur.
structure, la densité est bonne. Si le feu se m et
à fumer, il faut « ouvrir » un peu plus l'espace entre les m orceaux de bois :
1 . Préparer la ta b le à feu et sa pla te -fo rm e dans un e n d ro it sûr.
2. Poser un m orceau de bois, qui servira de su p p o rt, p e rp e n d ic u la ire m e n t à la p lateform e.
3. D époser l'allum e-feu sur une rainure de la p la tefo rm e et l'allum er.
4. Poser les allum ettes au-dessus de la flam m e, en a p p u i sur le su p p o rt.
5. A jo u te r du p e tit bois au fu r e t à mesure que les précédents s'enflam m ent, aussi ra p id e
m ent que possible, sans é to u ffe r le feu.
^ E TE IN D R E U N FEU
De la même façon qu'on ne laisse jamais un feu sans surveillance, en quittant les lieux, vous
vous débrouillerez p our qu'il soit parfaitem ent et tota le m e n t éteint.
On considère qu'un feu est éteint quand toute la masse de braises et de cendres qu'il a gé
nérée est froide. Un feu ayant brûlé to u te la nuit mettra donc facilem ent 6 à 8 heures avant de
s'éteindre réellem ent, sans un a p p o rt en eau massif. Sinon, prévoyez de noyer toute la masse
de cendres dans l'eau jusqu'à en faire une pâte (com ptez 6 à 8 litres d'eau pour un feu moyen).
☆ S'abriter de la chaleur
Inutile, ici, d'en faire to u te une science : tro u v e r un coin d 'om bre, ne pas b o u g e r et pro fite r
du courant d'air fo nction n e ra très bien la p lu p a rt du tem ps. En situation de survie, vous éco
nom iserez l'eau en écon o m isa n t vo tre sueur. À cet effet, évitez autant que possible de vous
activer aux heures les plus chaudes de la jo u rn é e . Ces heures ne sont pas fo rcé m e n t entre
12 h et 14 h, com m e on le c ro it souvent, mais p lu tô t en fin d'après-m idi : ta n t que le soleil
brille, il augm ente la te m p é ra tu re de to u s les o bjets q u 'il éclaire et de l'air qui les touche :
et la te m p é ra tu re augm e n te qu a sim e n t jusqu'au coucher du soleil. Elle d im inue ensuite
plus ou m oins ra p id e m e n t selon la nature du sol et de l'environnem ent : les endroits très
m inéraux stockent beau co u p de chaleur p e n d a n t la jo u rn é e e t la restituent la nu it (d'où les
tem pératures encore étouffantes en m ilieu urbain, la nuit). Dans les zones contenant davan
tage de végétation, la te m p é ra tu re descend b e a ucoup plus vite dès le coucher du soleil.
☆ Une ombre efficace
Toutes les om bres ne se valent pas en term es de fraîcheur. Q u ic o n q u e a déjà te n té de faire
la sieste dans une te n te en plein soleil co m p re n d vite ce d o n t je parle : la to ile de ten te , en
chauffant, ém et beaucoup d'in fra ro u g e s vers l'intérieur, et son o m b re n'est pas vraim ent
fraîche. À l'inverse, les feuilles des hêtres a b so rb e n t un m axim um de chaleur et n'ém ettent
pratiquem ent pas d 'in frarouges vers le sol. L'ombre des hêtraies est ainsi p a rticu liè re m e n t
agréable en été.
Pour « fa b riq u e r » une o m b re efficace, utilisez de préférence un m o n ta g e très « aéré » et
une matière claire ou, encore mieux, réfléchissante. Une couverture de survie, par exem ple,
reflétera beaucoup plus d'in fra ro u g e s que le nylon d 'u n e tente. Ainsi, elle chauffera moins
au soleil et ém ettra m oins d 'in fra ro u g e s vers vous qui tentez d e vous rafraîchir dessous !
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CHAPITRE 12
* C O M M E N T BO IRE?
☆ Temps d'absorption
* TECHNIQUES PARTICULIÈRES
☆ Ébullition
☆ Rayons UV
☆ Charbon de bois ordinaire
☆ Sable
☆ Bouchon en bois
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Ce qui m anque au b o n h e u r de b e a ucoup de gens, c'est un litre d'eau p o ta b le en plus dans
leur corps, tous les jours.
Une bonne hydratation p e rm e t de résister beau co u p m ieux à la chaleur ou au fro id et
d'éviter de nom breux ennuis de santé, allant des p ro b lè m e s articulaires à la constipation,
en passant par la fa tig u e chronique, certains m aux de tê te ou des calculs rénaux. Il est d'une
im portance capitale de to u jo u rs p o u v o ir trouver, stocker, p u rifie r e t bo ire de l'eau lorsque
vous vous trouvez sur le terrain ou m êm e, selon les circonstances, en ville.
Plus votre corps a d'eau à disp o sitio n , plus il pourra en gaspiller, et m ieux il fonctionnera.
M oins votre corps a d'eau à d isp o sitio n , et plus il l'économ isera, mais il fo n ctio n n e ra moins
bien (fatigue, erreurs de ju g e m e n t, cram pes, com a, m ort).
^ ÉVALUER S O N N IV E A U D 'H Y D R A T A T IO N
Un bon indicateur d'une hydratation optim ale est UNE URINE CLAIRE ET ABONDANTE. Une
urine transparente ou jaune clair indique que votre corps n'accom plit pas d'efforts p our éco
nomiser l'eau. A l'inverse, des urines plus concentrées et plus réduites en volum e sont l'indice
que le corps (par l'action de l'horm one antidiurétique) économise son eau : et donc, fo rt pro
bablement, qu'il lui en manque.
La sensation de soif n'est pas un bon indicateur. Elle est causée par une dim inution de l'eau pré
sente dans la salive. Cette dim inution est provoquée égalem ent par l'horm one antidiurétique.
Elle survient alors que vous êtes déjà déshydraté à 2 % ou plus. À ce stade, vos performances
physiques et intellectuelles sont réduites de 10 % environ. La règle absolue, sur le terrain, est
donc de toujours boire avant d'avoir soif, en petites quantités (nous verrons pourquoi plus loin).
¥ C O M M E N T B O IR E ?
☆ Temps d'absorption
L'eau est absorbée dans le gros intestin, principalem ent. Elle d o it franchir l'estomac, le
sphincter pylorique, le p e tit intestin, p our finalem ent arriver au contact de la muqueuse du
gros intestin où elle m igre vers le sang par osmose.
Un estom ac vide laisse passer l'eau en 10-20 minutes. Elle est absorbée très rapidem ent
après. Si l'estomac est plein, il stockera l'eau jusqu'à la fin de son travail de digestion, qui prend
norm alem ent 3 heures à partir de la fin d'un repas (davantage si le repas était copieux). C'est
pourquoi, pour vous hydrater rapidem ent, il vaut mieux boire 20-30 minutes avant de manger.
Un m ot sur le sel
Les personnes déshydratées, surtout après un effort ou un jeûne prolongé et qui
ont égalem ent perdu beaucoup de sels minéraux par la transpiration, doivent éviter
de consommer beaucoup d'eau d'un coup lorsqu'elles en trouvent. Dans ce cas,
il existe un risque d'œ dèm e cérébral mortel lié à l'hyponatrémie (manque de sel
dans le sang). Elles doivent d'abord reconstituer leur stock de sels minéraux (en
mangeant un peu, par exemple, ou en buvant une très petite quantité d'eau salée).
En général, les personnes manquant ainsi de sel éprouvent, de toute manière, un
dégoût prononcé pour l'eau : elles sont plutôt attirées par les aliments salés. Il faut
respecter cet instinct et manger du salé plutôt que de se forcer à boire, même si cela
semble contre-intuitif.
Q uelque temps après avoir absorbé du sel, la soif se fait de nouveau sentir et l'en
vie de boire de l'eau fraîche revient, car le corps a désormais suffisamment de sels
minéraux pour gérer l'apport correctement.
L'eau de pluie, l'eau de fonte de la neige, l'eau des glaciers, l'eau distillée, sont
toutes com plètem ent déminéralisées. L'eau, pour être considérée comme potable,
doit idéalem ent contenir un minimum de sels minéraux, faute de quoi des déséqui
libres graves peuvent survenir dans l'organisme. Quelques gouttes de sérum phy
siologique dans 1 litre d'eau, le coin d'un cube de bouillon, quelques grains de sel
suffiront à reminéraliser l'eau pour qu'elle soit agréable à boire et éviter tout pro
blème. En l'absence de ce genre de produits, vous pourrez aussi faire des infusions
diverses avec l'eau en question, ou simplement manger un peu en même temps.
• O U T R O U V E R DE L'EAU D A N S LA N A TURE ?
L'eau est paresseuse. Elle va to u jo u rs à l'e n d ro it où on lui résiste le m oins. Dans une pente,
elle descend. Dans la terre, elle se d irig e d 'e lle -m ê m e vers les e n d ro its où celle-ci est moins
dense, plus poreuse, plus sèche, ou vers les trous.
Peu im porte le typ e de terrain ou le re lie f : plus le sol est im p e rm é a b le et plus on trouve
d'eau en surface. Plus le sol est p e rm é a ble et plus l'eau a te n d a n ce à s'infiltrer, pour
réapparaître par endroits sous fo rm e de résurgences ou de sources.
En m ontagne ou dans les zones à relief, o u tre les ruisseaux présents au fo n d de presque
to u te vallée suffisam m ent im p o rta n te , vous trouverez de l'eau dans les creux du terrain.
L'eau, m êm e souterraine, converge vers les e n dro its où plusieurs pentes se rejoignent.
C'est là que vous avez le plus de chances d e tro u v e r des résurgences. C'est valable au fond
des vallées mais aussi au pied des pentes - dans le creux d 'u n e colline, par e xem ple - ou
dans un replat (qui, effectivem ent, fo rm e un creux par ra p p o rt à la pente).
En plaine, l'eau s'accumule dans le m o in d re creux im p e rm é a b le , ou ressurgit dans les zones
où le sol est le plus perm éable. Dans la te rre saturée d'eau, creuser un tro u p e rm e t à l'eau
de s'infiltrer doucem ent. A près q u e lqu e s heures, elle re d e vie n t claire par d é cantation e t on
peut la puiser délicatem ent.
Il existe des signes qui trahissent la présence d'eau. Elle est parfois seulem ent souterraine,
présente en très fa ib le q u a n tité ou de q u a lité m édiocre, mais faute d e m ieux ces indices
p o u rro nt o rie n te r vos recherches :
• convergence de coulées et de pistes d'anim aux de d ifférentes espèces (p ra tiq u em e n t
toutes les espèces vivantes o n t besoin de b o ire ) ;
• végétation plus dense, plus luxuriante dans une zone précise : dans les zon e s/p é rio d e s
arides, ce sont parfois les seuls e n d ro its verts dans un paysage b rû lé par le soleil ;
• présence d'espèces végétales aim ant l'h u m id ité : grandes gram inées, plus hautes et plus
denses qu'ailleurs, ronces, saules, p e u p lie rs...
• dans les zones arides : a bondance d'oiseaux venant bo ire e t/o u m a n g e r les insectes.
☆ Particules en suspension
Bon nom bre d'agents pathogènes, b io lo g iq u e s ou chim iques, sont présents dans les par
ticules en suspension qui re n d e n t l'eau tro u b le . C ette m atière en suspension annule éga
lem ent l'action des pastilles de p u rifica tio n de l'eau (par ad so rp tio n ). Si l'eau tro u vé e sur le
terrain est tro u b le , il faut la rendre la plus claire possible avant de la tra ite r à l'aide d'une
pastille. Vous pouvez utiliser :
• la filtra tio n : soit avec un filtre céram ique, une paille filtrante, soit un filtre im provisé (sable
fin + charbon pilé dans un e n to n n o ir im provisé, ou encore chiffon utilisé dans le sens de la
longueur, m o u ch o ir en papier, ta m p o n h ygiénique ou bouchon en bois de résineux vivant) ;
• la décantation ; laissez reposer l'eau p e n d a n t plusieurs m inutes à quelques heures, puis
transvasez délicatem ent, sans rem uer le fo n d .
Filtration et décantation.
☆ Produits dissous (solution)
Si on filtre du thé avec un filtre m écanique, m êm e très très fin, de l'autre côté il reste du thé.
L'eau contient des p ro d u its dissous (c'est une solution, et non pas une suspension). C'est
égalem ent vrai p o u r les infusions de feuilles qu'on tro u ve souvent au fo n d des flaques, ou
pour les eaux colorées par divers m inéraux ou tanins qu'on tro u ve dans les sols.
Faute de p o u vo ir id e n tifie r les p ro d u its qui co lo re n t l'eau, vous considérerez q u'ils consti
tu e n t un risque ch im iq u e et qu 'il faut les retirer. Une eau claire, de m êm e, pourra être traitée
par précaution de façon id e n tiqu e .
Seule une filtration au charbon a ctif p e u t retirer une (b o n n e ) partie des élém ents dissous
dans l'eau. On trouve des étages de charbon a ctif dans la p lu p a rt des filtres en céram ique
m odernes, dans certaines pailles ou g o u rd e s filtrantes, ainsi que dans les filtres de m énage
de type « Brita ».
☆ Risques radioactif
Sauf cas p articulie r (voir ci-dessous), ce sont des particules radioactives présentes dans
l'eau qui constituent le risque ra d io lo g iq u e .
En cas de p o llu tio n nucléaire dans une zone, si vous avez le choix, buvez é v id e m m e n t de
l'eau préalablem ent stockée et p ro té g é e des reto m b é e s d e particules radioactives. L'eau
souterraine est no rm a le m e n t m oins exposée aux reto m b é e s que l'eau de surface, et ce,
ta n t que les pluies ne fo n t pas ruisseler les particules vers les nappes phréatiques. Vous
disposez ainsi de quelques heures ou qu e lqu e s jours, selon les co n d itio n s m étéo e t la g é o
logie, p our puiser et stocker ces eaux souterraines, avant qu'elles ne soient contam inées.
Une fois l'eau contam inée, seule une filtra tio n ultra-serrée (filtre céram ique 0,2 m icron ou
osmose inverse) lim itera la q u a n tité de particules radioactives dans l'eau de boisson. Le
filtre, chargé de particules radioactives, sera alors lui-m êm e contam iné e t radioactif, et il
faudra en disposer adéquatem ent.
► Cas particulier ; les isotopes d 'h yd ro g è n e , com m e le tritiu m , sont capables de réagir
avec l'oxygène p o u r créer des m olécules d'eau, elles-m êm es radioactives. On ne p e u t pas
filtre r une te lle eau ni lui retirer sa radioactivité. Pas de solution, dans ce cas, à part choisir
vos sources de m anière a p p ro p rié e !
Risque biologique
C'est le p rin cip a l risque qui nous con ce rn e dans la nature. Il est lui-m êm e divisé en
4 g ro u p e s d'agents p a th o g è n e s (classés par o rd re de ta ille ) : virus, bactéries, protozoaires
et parasites.
► Les virus, très petits, ne p e u ve n t pas être filtrés, mais ils sont sensibles aux traitem ents
chim iques. Certains (hépatites, gastro-entérites) résistent très bien à la chaleur et ne sont
pas d é tru its par l'ébullitio n .
► Les bactéries p euven t être filtrées par un filtre à 0,2 m icron (fréquents dans le co m
merce). Elles sont sensibles aux tra ite m e n ts ch im iques et à la chaleur.
► Les protozoaires sont assez gros et p e u ve n t être p a rtie lle m e n t élim inés par une filtration
de fortun e. Ils sont sensibles à certains p ro d u its chim iques, n o ta m m e n t le DCCNa (M icro
pur Forte, A quatabs). Ils sont é g a le m e n t sensibles à la chaleur.
► Les parasites, très gros en com paraison, sont faciles à filtrer, mais ils résistent bien aux
produits chim iques, de par leur masse. Ils p euvent être tués par é b u llitio n .
☆ Risque chimique
O utre de choisir des sources en a m o n t des sites d e p o llu tio n , vous utiliserez du charbon
actif p o u r réduire ce risque (voir page p ré cé d e n te « Produits dissous »).
Récapitulatif
1. Rendre l'eau traitable, grâce à une filtration mécanique fine suivie d'une filtration au char
bon actif ; cette étape retire les parasites, les protozoaires (voire les bactéries dans le cas
d'une filtration à 0,2 micron) ainsi qu'une bonne partie des produits chimiques présents.
2. Traiter l'eau au DCCNa (M icropur Forte, Aquatabs) pour éliminer les virus et les bacté
ries qui auraient pu se faufiler dans le filtre.
V
* T E C H N IQ U E S PARTICULIÈRES
☆ Ébullition
Dans les zones tem pérées, le sim ple fa it de p o rte r l'eau à é b u llitio n - m êm e à très haute
altitude, où elle b o u t à une te m p é ra tu re plus basse - suffit le plus souvent à la rendre p o
table d'un p o in t de vue m ic ro b io lo g iq u e . Seuls les virus (rarem ent présents dans ces zones)
nécessitent des tem pératures plus élevées p o u r être inactivés.
En zone tro p ica le ou désertique, ou dans to u te zone où l'on p e u t suspecter une infection
virale de l'eau (en aval de villes ou villages, zones connues co m m e étant à risque, etc.),
l'ébullition ne suffit pas.
☆ Rayons UV
En été, sous nos latitudes, ou to u te l'année
dans les tropique s, exposez au soleil une
eau claire contenue dans une b o u te ille de
polyéthylène (PET), p e n d a n t 6 heures.
Par tem ps couvert, une e xposition de
8 heures est requise. Cette m é th o d e est par
ticulièrem ent efficace en altitude, en raison
du fo rt rayonnem ent UV.
☆ Sable
Le sable fin, au fo n d d'un e ntonnoir, p e u t servir de filtre de fo rtu n e grossier. Vous p o u
vez o b te n ir du sable d'u n e finesse extrêm e en fro tta n t deux m orceaux de grès l'un contre
l'autre. Le sable ainsi ob te n u est aussi fin que de la farine e t p e rm e t une filtra tio n m éca
nique étonnam m ent serrée.
☆ Bouchon en bois
Le MIT a récem m ent p u b lié une é tu d e qui d é m o n tre la capacité du xylèm e à filtre r l'eau
d'une m anière e xtrêm em e n t fine. O n parle d'u n e filtra tio n à 0,3 micron dans les 3 prem iers
m illim ètres de bois !
Le bois, de préférence un résineux, d o it être co u p é vivant e t utilisé sans ta rd e r p o u r que le
système fo n ctio n n e . D écoupez une section p a rfa ite m e n t ronde de la taille du g o u lo t d'une
boute ille , par exem ple, e t faites passer l'eau en fo rce à travers ce bouchon de fortune. La
d ifficu lté m ajeure consiste à créer une étanchéité suffisante. Une pression fo rte (0,34 bar)
est requise p o u r que l'eau p ercole le n te m e n t à travers le bouchon. Vous pouvez la créer en
posant un tro n c ou un gros caillou sur la b o u te ille , par exem ple. Un long tuyau (4 m ou plus)
peut être utilisé p o u r créer la pression suffisante (une co lonne d'eau supérieure à 0,34 bar
est nécessaire).
CHAPITRE 13
LA NOURRITURE
* RELATIVISONS !
* LA NOURRITURE DE SURVIE
* LA PÊCHE
☆ Les nasses
☆ La pêche à la main
yj F
\l
L'être humain est un animal très bien ad a p té au jeûne. Non se u le m e n t nous savons je û
ner, mais m êm e le faire lo n g te m p s sans vra im e n t de soucis. Le corps, loin de so u ffrir de
quelques heures ou m êm e qu e lqu e s jo u rs de jeûne, sem ble savoir en p ro fite r
R E LA TIV IS O N S !
En effet,le jeûne a ses bienfaits :
► le système im m unitaire est plus p e rfo rm a n t ;
► les horm ones de croissance sont sécrétées en b e a u co u p plus grandes quantités, ce qui
protège la masse musculaire (ce n'est qu'après plusieurs jo u rs de d é fic it c a lo riq u e im p o r
tant que l'on com m ence à puiser dans la masse m usculaire com m e source d'énergie). Des
chaînes m étaboliq u e s p e rm e tta n t de puiser dans les réserves de graisse sont remises en
place et m aintienn e n t un niveau d'é n erg ie norm al, voire a u g m e n té ;
► le cœur, qui aime bien utiliser la graisse com m e carburant, fo n c tio n n e m ieux et v o it ses
fonctions régulées ;
► le niveau de vigilance est renforcé et plus constant ;
► l'odorat, et m êm e l'acuité visuelle, re trouvent un niveau plus élevé ;
► le système nerveux v o it ses centres m oteurs stim ulés.
Bref, le jeûne nous « affûte » un peu et prépare à l'action et au déplacem ent. Il perm et aussi
au corps d'économ iser l'énergie utilisée par la digestion p o u r autre chose, com m e g u é rir une
maladie ou se réparer d'une blessure. Ce n'est sûrem ent pas un hasard si les animaux et les
enfants du m onde entier se m ettent instinctivem ent à je û n er dès qu'ils sont malades ou bles
sés. De nombreuses études fleurissent à propos des bienfaits du jeûne dans la prévention et
même le traitem ent de certains cancers.
Par ailleurs, de plus en plus de sportifs de haut niveau pratiquent le jeûne de manière m étho
dique. Plusieurs modes d'alim entation actuellem ent en vogue (Paléo, Eat Stop Eat, W arrior
Diet, etc.) préconisent des périodes de jeûne quotidiennes ou, à défaut, régulières. O utre les
avantages en term es de com position corporelle et de santé d'une te lle diète, l'un des atouts
indéniables pour la survie est que ce genre de régim e prépare le corps à fo n ctio n n e r de ma
nière optim ale sans un ap p o rt alim entaire régulier : ce qui est la norm e en m ode dégradé et
en survie - voire dans n'im porte quelle activité un peu engagée en m ilieu naturel.
Quoi qu'il en soit, un humain « moyen » de 65 kg et avec 12 % de masse adipeuse a en stock
environ 7 kg de graisse. Si l'on considère que cette graisse con tie n t un peu d'eau et d'autres
éléments, on peut estim er la masse grasse d'un adulte moyen à environ 5000 g. A 9 kcal
par gramme, cela revient donc à une réserve de 45 000 kcal : autrem ent dit, de quoi tenir
quelques jours sans problèm e ! Finalement, le jeûne est bien plus un problèm e psycholo
gique qu'un problèm e réel, sauf après une période vraim ent prolongée.
N ote : après un je û n e p ro lo n g é , la reprise d'u n e a lim entation norm ale d o it é vid e m m e n t
se faire très progressivem ent (sur plusieurs jours), en reco m m e n ça n t par des alim ents
liquides, puis de petites quantités d'alim ents très faciles à digérer.
• CE Q U I PEUT N O U S TU ER EN NE M A N G E A N T PAS
C oncrètem ent, le risque de décès à cause du m anque de nourriture est très souvent causé
non pas par le m anque de calories, mais bien par un d é sé q u ilib re ou un dysfonctionne
m ent du corps p ro vo q u é par le d é fic it tro p im p o rta n t d'u n m inéral, d'u n e vitam ine ou d'un
autre a lim e n t essentiel.
On m eurt non pas de m anque d e calories, mais de m aln u tritio n . Et le d icton « Q uand les
gros se ro n t maigres, les m aigres se ro n t m orts » n'est pas fo rcé m e n t exact. L'espérance de
vie en cas de jeû n e d é p e n d é v id e m m e n t des réserves de calories, mais aussi et même
surtout de notre stock de « b o n n e santé » : un bon état général, une alim entation variée et
é q u ilib ré e p e n d a n t les m ois p ré cé d a n t le jeûne, une bonne masse musculaire, une petite
couche de graisse...
A l'inverse, un individ u obèse (d o n c assez souvent sédentaire et m angeant généralem ent
p lu tô t mal, qualitative m e n t) verra souvent son corps d ysfo n ctio n n e r plus vite en cas de
disette.
Si vous souhaitez vous p ré p a re r à résister à la fam ine, une m anière o p tim a le consiste, es
sentiellem ent, à avoir une bon n e hygiène de vie to u t le tem ps, ce qui com prend, entre
autres ;
• une a lim entation variée, é q u ilib ré e et de bonne q u a lité (bio, fraîche, variant le local et des
p roduits exotiques p o u r a u g m e n te r encore la diversité des apports) ;
• une pra tiq u e régulière du je û n e, c'est-à-dire q u o tid ie n n e m e n t et assez ré g u liè re m e n t sur
plusieurs jo u rs de suite ;
• la p ra tiq u e d 'u n e activité physique variée, c o m b in a n t efforts de longue durée, efforts
intenses et d é v e lo p p e m e n t de la force fo n c tio n n e lle ;
• une vie globalem ent saine ; pas d'abus de tabac, alcool et autres polluants (liposolubles) du
corps qui peuvent se stocker dans les graisses et être relâchés dans le corps au moment du
jeûne.
* LA N O U R R IT U R E DE SU R VIE
Dans un « kit » de survie, il p e u t être intéressant de placer de q u o i m anger un p e tit peu, plus
p o u r le m oral que p o u r les besoins réels du corps.
Si la situation de survie d o it se p ro lo n g e r au-delà de qu e lqu e s jo u rs et que vous savez vous
n o u rrir en tro u va n t à m a n g e r sur le terrain, l'expérience d é m o n tre que ce sont davantage
les petites choses to u te s sim ples, com m e le sel et les épices, qui m anquent le plus. Une
soupe de plantes sauvages, ça re m p lit... mais une soupe de plantes sauvages préparée
avec un de m i-cu b e de b o u illo n , ça n o u rrit !
C'est p o u rq u o i j'ai p o u r h a b itu d e d 'avoir tou jo u rs, dans mes kits, un m inim um de petits trucs
savoureux qui, outre leur in té rê t gustatif, sont rem plis de sels minéraux, d'oligo-élém ents et
de plein d'élém ents très d ifficile s à tro u v e r sur le terrain. Le ratio « u tilité/encom brem ent »
est plus qu'intéressant.
À titre indicatif, mon « fo n d de sac» co n tie n t souvent une petite pochette « cuisine sauvage » :
• 6 cubes de bo u illo n de légum es ou de p o u le t bio : à 4 heures du m atin, qua n d on g re lo tte
près de son feu, bo ire un b o u illo n chaud, salé et gras, réchauffe l'âme a utant qu e le corps...
• quelques sachets de th é et d'infusions épicées ;
• un peu de sel.
Si j'e m p o rte de la no u rritu re de réserve, p o u r les urgences, je la choisis sur la base des
critères suivants :
• longue conservation ;
• facilité de préparation (j'aim e bien p o u v o ir sim p le m e n t o u v rir le p a q u e t avec les dents et
une main, et m anger...) : to u jo u rs p ré vo ir le m o d e d é g ra d é , la blessure à une main, etc. ;
• haute te n e u r en gras : 1 g de gras co n tie n t 9 kcal, contre 4 g p o u r les sucres et les fé cu
lents. Davantage de gras, c'est un ratio «poids/calories» plus avantageux dans le sac ;
• présence de protéines ; elles a u g m e n te n t la sensation de satiété e t p e rm e tte n t de m ain
te n ir les fonctions vitales très lo n g te m p s, m êm e à très petites doses.
Le pem m ican des A m é rin d ie n s ou le saucisson des Européens o n t fa it leurs preuves ! Pour
une conservation encore plus facile, il existe des rations de survie to u te s prêtes, dans des
em ballages étanches et robustes : elles o ffre n t l'avantage d'être suffisam m ent rebutantes
à m anger p o u r être presque sûr de ne jam ais les m anger avant d 'y être vra im e n t o b lig é ...
☆ L'ortie
L'ortie est p ro b a b le m e n t l'une des seules
plantes reconnaissable les yeux ferm és :
elle pique, et ça gratte très fo rt !
Elle pousse de préférence dans les sols
très riches en azote, d o n c souvent à des
endroits fréquentés par des troupeaux.
Cela dit, on la tro u ve é g a le m e n t un peu
p a rto u t en m ilieu sauvage ou semi-
sauvage. Son grand intérêt, o utre le fait
q u 'il est im possible de se tro m p e r dans
son identification, est q u 'elle c o n tie n t
beaucoup de fe r e t de protéines. En
m atière sèche, elle re n fe rm e ra it m êm e
plus de protéines que la viande de b œ u f !
On pe u t la co n so m m e r en soupe ou
com m e les épinards (gratins, chaussons,
etc.), mais aussi en salade. Les feuilles,
une fois m élangées aux autres et un
peu brassées, p e rd e n t leur p iq u a n t très
rapidem ent.
☆ Les massettes
Il existe de nom breuses variétés de mas
settes (ou typha), d o n t certaines sont p ro
tégées. La plus répandue dans l'hém is
phère nord, Typha latifolia (ou massette à
larges feuilles), est une rem arquable plante
de survie. O rtie
CHAPITRE 13 NOURRITURE
☆ Le pissenlit
Le pissenlit est une plante bien connue, caractérisée par ses feuilles découpées com m e des
« dents de lion », ses fleurs jaunes qui é vo lu en t vers les fam euses graines en parapluie que
les enfants s'am usent à souffler. Son suc blanc et laiteux ainsi que sa tig e creuse finissent de
l'id e n tifie r avec une relative certitu d e .
Le pissenlit se consom m e aisém ent en salade, les jeunes pousses étant savoureuses (les
vieilles, un peu tro p I). A tte n tio n to u te fo is aux éventuelles parasitoses si vous le récol
tez dans des endroits où un anim al a pu y d é p o s e r ses d éjections ou à p roxim ité (pâtu-
rages, notam m ent). O utre la douve du foie,
l'échinococcose est un risque im p o rta n t par
endroits. Seule la cuisson p e u t d é tru ire les
œufs de ces parasites qui, très solides et
très collants, résistent aussi bien à un bros- 'H-
sage intensif sous l'eau qu'aux p ro d u its
chim iques.
Ver de terre.
Sauterelles.
* LA PECHE
☆ Les nasses
La nasse est un système vieux com m e le m o n d e qui consiste à canaliser un poisson dans un
e n to n n o ir qui d é b o u ch e sur un espace ferm é. Le poisson, ensuite, ne trouve plus la sortie.
Une b o u te ille d'eau m inérale, coupée, scotchée et lestée fa it très bien le travail. Vous p o u
vez y attacher une ficelle p o u r la relever sans vous m ouiller.
Pour attirer les poissons dans la nasse, n 'im p o rte quel a p p â t o d o ra n t convient très bien
(les trip e s des poissons précédents, par exem ple, o ffre n t souvent un bon rendem ent).
La lum ière attire aussi certains poissons.
Les bâtonnets de lum ière c h im iq u e sont
étonnants d'efficacité pour certaines
espèces.
C ette m é th o d e est é v id e m m e n t du
p u r braconnage ; elle est to ta le m e n t
in te rd ite en France e t dans la p lu p a rt des
pays d'E urope. C ependant, le système
fo n ctio n n e ra é g a le m e n t ailleurs, et dans
des m ilieux suffisam m ent é lo ig n é s p our
que l'iso le m e n t ju s tifie de b ra co n n e r p our
se nourrir.
☆ La pêche à la main
La pêche à la main est un art assez incroyable qui
consiste à tâter à peine et le n te m e n t le creux des
surplom bs, à la recherche de poissons... e t to u t
bonnem ent à les saisir.
Le to u t est de vraim ent d é co n tra cte r votre main
et vos d oigts et d'oser to u c h e r lé g è re m e n t les
poissons qui, étonnam m ent, se laissent caresser
si vous les approchez en d o u ce u r et en étant très
détendu.
Pêche à la main sous un surplomb.
L'HYGIENE
^ GERER VO S DECHETS SUR LE TERRAIN
☆ Les déchets organiques
¥ L E S TIQUES
☆ L'encéphalite virale (ou encéphalite à tiques)
☆ La maladie de Lyme
☆ Éviter les morsures de tiques
¥ LES M O USTIQUES
☆ Prévenir les piqûres de moustiques
¥ SE LAVER SUR LE TE R R A IN
L'hygiène, dans notre p e rc e p tio n usuelle de la chose, sert surtout à sentir bon p o u r ne pas
être bannis de nos cercles d'amis. Dans la vraie vie, elle revêt deux fo n ctio n s absolum ent in
dispensables : la préven tio n des infections de la peau e t la lim itation de la pro p a g a tio n des
m aladies (prophylaxie). Très concrètem ent, sur le terrain, l'hygiène prévient des infections
susceptibles de m enacer vo tre b ien-être et votre m o b ilité , et d o n c vos chances de survivre.
☆ Les mycoses
On sera p a rticu liè re m e n t a tte n tif à p ré ve n ir les mycoses, nota m m e n t aux pieds et au pli des
aines. Celles-ci se d é v e lo p p e n t quand les ch a m p ig n o n s m icroscopiques qui m angent les
peaux m ortes p ro lifè re n t tro p . Elles ép u isen t ra p id e m e n t les couches de cellules mortes
et s'attaquent ensuite aux cellules de peau vivantes. Le système im m unitaire réagit alors,
ce qui p ro vo q u e une inflam m ation locale : rougeurs, dém angeaisons, puis sensations de
brûlure (surtout si la peau macère avec la transpiration). Si vous laissez le phénom ène se
poursuivre, la peau d e vie n t m ince e t fragile, puis des lésions apparaissent, ouvrant la voie
à des infections, des pertes de m o b ilité , etc.
Les ch am pignons en que stio n a p p ré c ie n t p a rticu liè re m e n t les m ilieux chauds et humides,
et s'y m u ltip lie n t aisém ent. L'intérieur des chaussures ou le pli de l'aine quand vous portez
un pantalon qui « respire » tro p peu en p é rio d e chaude créent assez fa cile m e n t ce genre
d'environnem ent favorable. La solution, en prévention, est assez sim ple : g a rd e r la peau
propre et sèche le plus souvent possible. Pour ce faire :
► choisissez un pantalon - surtout p o u r la saison chaude - qui « respire » bien. Le coton ample
est efficace. Proscrivez les synthétiques ou les m élanges contenant tro p de synthétique et au
maillage très serré, sauf si vous avez vraim ent besoin de vous p ro té g e r des m oustiques ;
► faute d'un pantalon suffisamment respirant, marcher la braguette ouverte aide un peu à ven
tiler (les poches retournées, sorties du pantalon, apportent égalem ent une petite différence) ;
► si possible, gérez l'intensité de votre e ffo rt de m anière à ne pas tro p tra n sp ire r ;
► les sous-vêtem ents et chaussettes en coton ou, encore mieux, en laine m érinos (natu
rellem ent an tifo n g iq u e et b actéricide) sont d'u n e aide parfois précieuse p o u r p révenir les
mycoses (ainsi que les mauvaises odeurs) sur le terrain. A te ste r avant de partir, histoire de
bien connaître votre sensibilité personnelle.
Pour soigner, m êm e chose, mais avec un p ro d u it a n tifo n g iq u e en plus : gardez les zones
atteintes propres, fraîches et sèches le plus souvent possible, e t réduisez ré g u liè re m e n t la
population de fung i à l'aide d'un p ro d u it ad a p té (ou, à défaut, l'alcool contenu dans le gel
hydroalcoolique pe u t faire le b o u lot, su rto u t si vous gérez le p ro b lè m e suffisam m ent tôt).
Exposer les zones atteintes au soleil peut égalem ent se m ontrer efficace, les UV ayant une
action antifongique parfois surprenante.
Pour les cas les plus lourds, vous tâcherez de laver vos vêtem ents avec de la javel ou, à défaut,
de les exposer longuem ent aux UV pour tu e r les spores présentes et éviter une récidive.
► Les mains : elles sont le vecteur de to u t un tas de maladies. Vous les laverez (avec de l'eau
et du savon) é videm m e n t après avoir d é fé q u é , mais aussi, plus généra le m e n t, dès qu'elles
sont sales. Les mains sont le siège d e plein de petites coupures et griffures qui s'infectent
d'autant plus vite qu'elles sont sales. Inutile de d é sin fe cte r de la crasse au gel antibactérien.
La désinfection ne se fa it que sur des mains propres, sinon elle est inutile.
► Les pieds : ces derniers sont un m aillon in dispensable de vo tre m o b ilité en m ilieu natu
rel... et d o n c de votre survie. Une mycose qui to u rn e mal, e t c'est la fin des haricots.
► Les parties intimes, et notam m ent les aines, p o u r les hom m es : à ces endroits, les mycoses
peuvent être suffisam ment inconfortables, voire douloureuses, p o u r lim ite r votre m obilité.
► Le reste...
☆ Les lingettes
Les lin g e tte s p o u r b é b é so n t très p ra tiq u e s lo rs q u 'il s'agit de se laver sur le terrain et que
l'eau est rare. En m ilieu a rid e ou d é s e rtiq u e , a tte n tio n c e p e n d a n t à celles q u i laissent une
p e llic u le lé g è re m e n t grasse ou co lla n te sur la peau : la poussière e t le sable s'y a g g lo
m è re n t e t p e u ve n t causer des irrita tio n s, vo ire des lésions.
Testez lesdites lin g e tte s avant d e partir, n o ta m m e n t sur les zones sensibles e t/o u sur les
m uqueuses, afin d e v é rifie r q u e vous les to lé re z bien. C ertaines, en vente dans les m aga
sins bio, so n t re la tive m e n t sim p le s dans le u r c o m p o s itio n e t c o n v ie n n e n t g é n é ra le m e n t
bien m ieux q ue les autres p o u r un usage p ro lo n g é sur le te rra in .
Ces lin g e tte s é ta n t so u ve n t très très lo n g ue s à se d é g ra d e r dans la nature, je me perm ets
d 'a ttire r vo tre a tte n tio n sur l'im p o rta n c e d e les ra p p o rte r dans vo tre sa c-p o u b e lle et de
les je te r dans une chaîne d e g e stio n des d échets a p p ro p rié e .
► Le second tiers de l'eau réservée sert à laver le reste du corps, dans l'ordre allant du
m oins sale au plus sale. Typiquem ent, com m encez par le visage et term inez par les pieds,
en vous d é b ro u illa n t p o u r caser les aisselles q u e lq u e part entre les deux.
► Le dernier tiers d'eau sert à vous rincer et à n e tto ye r ensuite le chiffon, que vous im p ré
gnerez bien de savon avant de le faire sécher (ou de le stocker hum ide, si les conditions le
perm ettent).
☆ Prophylaxie
La prophylaxie est l'art de p révenir les m aladies en évitant les infections. La p rem ière et plus
im portante des prophylaxies est le lavage efficace des mains (avec de l'eau p o ta b le et du
savon), et leur éventuelle désinfection, q u 'il n'est pas fo rc é m e n t u tile de systém atiser hors
d'un contexte de soin ou de d é ficience im m unitaire.
Cela dit, sur le terrain, certains insectes sont vecteurs de m aladies parfois graves. Dans cet
ouvrage, nous abordons les plus courantes, présentes dans les zones te m p é ré e s et leur
périphérie im m édiate.
^ LES T IQ U E S
Les tiques sont des acariens. Ce sont aussi des pros de la survie. Elles p e uvent vivre plu
sieurs années sans manger. J'en ai déjà c o n g e lé e une à -18 °C p o u r la v o ir ensuite repartir
com m e si de rien n'était qu e lqu e s m inutes après l'avoir posée sur la ta b le . Énervé, j'ai tenté
de l'écraser entre mes d o ig ts : im possible. Entre mes ongles, elle glissait tro p . Je l'ai donc
jetée dans la poube lle , et j'ai tiré la chasse. C onfiant. Trois jo u rs plus tard elle éta it dans le
lavabo de la salle de bains, ayant vis ib le m e n t rem onté p a tie m m e n t la tuyauterie. En signe
de respect, je l'ai fin a le m e n t rem ise dans un p e tit bocal au co n g é la te u r !
Le cycle de vie de la tiq u e consiste à faire un repas sanguin entre chacun des stades de
sa vie. D'abord larve (0,8 mm environ, co u le u r be ig e clair), elle fa it un repas sanguin et
se transform e en nym phe (1-3 mm de co u le u r plus foncée, selon les espèces). Une fois
nym phe, elle fa it un second repas sanguin et p rend sa ta ille adulte ; 3 mm p o u r les mâles,
5 mm environ p o u r les fem elles, et de co u le u r foncée (les couleurs varient du be ig e foncé
au m arron presque noir, avec parfois des parties rougeâtres, selon les espèces aussi).
Elles vivent le plus souvent dans les couches superficielles de la te rre et sortent quand
les co n d itio n s sont favorables. Elles se p e rch e n t alors sur la vé g é ta tio n basse et attendent
qu'un anim al passe p o u r s'y accrocher. D ébute alors la recherche d'un lieu p o u r com m en
cer son repas.
Ses pattes sont, au niveau m icro sco p iq u e , com m e des raquettes à neige qui diffusent la
pression suffisam m ent p o u r qu'on ne la d é te cte pas fa cile m e n t par contact sur la peau. On
ne la sent presque pas marcher. Et avant de piquer, elle anesthésie la zone p o u r que son
hôte n'ai conscience de rien. C'est parfois la réaction inflam m atoire locale de la zone pi
quée qui gratte lé g è re m e n t et qui p e rm e t de la déceler. Mais j'ai perso n n e lle m e n t eu plein
de tiq u e s accrochées sans m'en rendre co m p te p e n d a n t 24 ou 48 heures, m êm e dans les
endroits les plus farfelus.
La maladie de Lyme
En France, la maladie de Lyme, ou « borréliose de Lyme », est la prem ière maladie profession
nelle touchant les forestiers de l'ONF. On lui attribue de plus en plus de problèm es de santé,
do n t certains gravem ent handicapants.
Prise suffisam ment tôt, cette maladie se prévient ou se soigne avec une simple antibiothéra
pie. Si vous la laissez s'installer, elle peut devenir chronique et incurable, avec des symptômes
très im portants qui varieront (de problèm es cutanés à neurologiques, en passant par les in
flam m ations articulaires notables, pertes de m obilité, fatigue chronique...) en fonction des
zones atteintes et des souches de bactéries Borrelia présentes. Par ailleurs, plusieurs types de
Borrelia peuvent être en action en même tem ps, co m pliquant le tableau clinique et brouillant
les pistes. Le diagnostic est d'autant plus com plexe que nom bre de tests sanguins sont d'une
fiabilité assez inégale : beaucoup de « faux négatifs » existeraient. Les symptômes, quant à
eux, sont très changeants et polym orphes. Ils peuvent aisém ent être confondus, dans les pre
mières phases, avec des « petits bobos » courants (état grippal, d o u leu r articulaire ou éruption
cutanée passagère, ou légère contusion, etc.). Il est facile de « passer à côté », car la tique
ayant transmis la bactérie peut très bien rester tota le m e n t inaperçue.
En cas de sym ptôm es étranges - de types g rip p e , d o u le u r articulaire ou rougeurs cutanées
en fo rm e de d isque (app e lé « érythèm e m ig ra n t» : souvent blanc au m ilieu et rouge autour,
et s'agrandissant de jo u r en jo u r) - survenant après une m orsure de tiq u e ou une activité
« à risque », il est recom m andé de co n su lte r son m édecin et d 'é vo q u e r une suspicion de
Lyme. Si l'érythèm e m ig ra n t est un signe fia b le d 'in fe c tio n à un ty p e précis de Borrelia, son
absence n'est pas une garantie ; seuls 50 à 75 % des infections la provoquent. A utrem ent
dit, vous pouvez avoir la m aladie de Lyme sans avoir jam ais eu d'érythèm e m igrant.
Pour réduire les risques, respectez les m êm es p rin cip e s que p o u r l'encéphalite virale :
• évitez si possible les zones et activités à risque ;
• évitez au m axim um les m orsures de tiq u e s (voir plus loin) ;
• prenez soin, dans la durée, de votre terrain im m unitaire avec une hygiène de vie saine et
suffisam m ent de repos !
• inspectez-vous ré g u liè re m e n t et retirez im m é d ia te m e n t to u te tiq u e installée dans votre
peau, puis désinfectez co rre cte m e n t la plaie.
☆ Éviter les morsures de tiques
Pour réduire le risque de d e ve n ir l'hôte d'u n e tiq u e :
• évitez de vous asseoir ou de vous a llo n g e r à m êm e le sol (étendez un poncho ou une
mousse isolante p a rte rre ) ;
• portez des vêtem ents clairs (p o u r p o u v o ir re pérer plus fa cile m e n t les tiques qui marchent
sur vous à la recherche d'un e n d ro it où s'im planter) ;
• m ettez les pantalons dans les chaussettes, et la chem ise dans le pantalon : les tiques
p euvent sans p ro b lè m e se fa u file r sous un élastique et m êm e un collant th e rm iq u e ou un
short de cycliste, en revanche elles s e m b le n t MONTER systém atiquem ent, dans leur re
cherche d'un e n d ro it où s 'im p la n te r ; ainsi, les pantalons dans les chaussettes et la chemise
dans le pantalon laissent plus de te m p s p o u r les d é te c te r ;
• im prégnez vos chaussettes et le bas des pantalons de DEET (p ro d u it répulsif p o u rtiq u e s et
m oustiques : attention, cependant, le DEET dissout tous les objets fabriqués avec des dérivés
pétroliers, y com pris les vêtem ents techniques en nylon hors de prix !) ou de perm éthrine ;
• inspectez-vous visuellem ent régulièrem ent, et inspectez les gens du g ro u p e ... La traque
aux tiques d evient un réflexe dans les e ndroits à risque et aux périodes où il y en a beaucoup
(de mai à octobre, principalem ent, mais on en trouve un peu to u te l'année, selon la météo !).
Il est im p o rta n t d'in sp e cte r scrupuleusem ent TOUT LE CORPS au moins une fois par
24 heures p our dé te cte r et retirer les tiq u e s incrustées. Tout le corps inclut m êm e les recoins
presque im possibles à voir par vous-m êm e. Un sim ple passage des d o ig ts ne suffit pas à les
d é te cte r sauf si elles sont déjà énorm es et im plantées depuis longtem ps (trop tard !). Un m i
roir perm ettra de voir les coins difficiles d'accès. À défaut, un té lé p h o n e portable perm et de
prendre des selfies un peu spéciaux que vous pourrez su p p rim e r après inspection (pensez
à désactiver les uploads autom atiques de vos dernières photos sur les réseaux sociaux !).
Pour retirer une tique, une pince à écharde (brucelles) pointue peut être utilisée. Il s'agit de
saisir ferm em ent la tiq u e au plus près de la peau, sans écraser son corps, et de tire r lentem ent
mais ferm em ent dans l'axe de son corps. La peau s'étire un peu, puis l'adhésif m aintenant le
rostre dans la peau (sorte de bec servant d'ancrage à la tiq u e pour son repas sanguin) cède.
Si un b o u t de rostre est resté dans la plaie, il faut le retirer com m e s'il s'agissait d'une
écharde APRÈS avoir bien rincé la plaie avec un p ro d u it désinfectant. Vous désinfecterez
une seconde fois, une fois le rostre retiré.
Il existe égalem ent des crochets dits « tire -tiq u e s » qui ressem blent à des pieds de biche
m iniatures qui fo n c tio n n e n t très bien. Ils sont livrés, p o u r qu e lqu e s euros, avec un m ode
d'em ploi très clair. Dans tous les cas, notez la date de la m orsure et allez co n su lte r votre
médecin. Tous les rem èdes de g rand-m ère à base d'éther, vinaigre, parfum , huile et autres
sont à proscrire : la tiq u e , suffocante, aurait te n d an ce à recracher dans la plaie, ce qui aug
m enterait le risque d 'in fe ction .
• LES M O U S T IQ U E S
Les m oustiques sont le vecteur de plusieurs m aladies. Ils posent g é n é ra le m e n t p ro b lè m e
surtout dans les zones tro p ica le s mais, le réchauffem ent du clim a t aidant, ces m aladies ont
tendance à s'étendre hors des zones tropicales. Le sud de la France com m ence ainsi à voir
ém erger des cas de paludism e. D'autres path o lo g ie s, liées à la présence du m oustique
tigre, fo n t leur apparition.
Évidem m ent, les am poules p e u ve n t être prévenues en ayant des chaussures réellem ent
confortables. De bonnes chaussures de marche d o iv e n t être exactem ent com m e des
chaussons : des perles de confort. Si, au m o m e n t où vous les enfilez, vous avez l'im pression
de poser vos pieds dans des canapés m o e lle u x et de leur o ffrir des vacances, c'est bon.
Si, dès les prem iers mètres, vous sentez un inco nfo rt, sachez que les choses n 'iro n t pas en
s'arrangeant.
On peut, soi-disant, « faire » ses chaussures. C'est là un h éritage de culture m ilita ire où les
chaussures ne convenaient à personne et où il y avait une p é rio d e de d é fo rm a tio n m utuelle
CHAPITRE 14 L'HYGIENE
entre le pied et la rangers qui se te rm in a it soit par le fa it que la rangers « se faisait », soit que
le pied changeait de fo rm e par abrasion, et le plus souvent un m élange des deux.
Dans le m onde civil, où l'on a le p rivilè g e de p o u v o ir to u t de suite choisir des chaussures
qui vo n t vraim ent, il ne fa u t pas hésiter à choisir les bonnes. Si elles sont confortables à
la sortie du m agasin, c'est bien. Et si un ve n d e u r vous d it « elles v o n t se faire », de grâce,
achetez ailleurs.
Double chaussette
O utre la bonne idée d'avoir des chaussettes m o rp h o lo g iq u e s de vra im e n t bonne qualité,
et contenant une bonne p ro p o rtio n de laine m érinos (j'ai des goûts de luxe p o u r vraim ent
très peu de chose, p o u r ce qui to u ch e au matos de plein air, mais les chaussettes en fo n t
partie), l'astuce de m ettre une chaussette fin e et une chaussette plus large par-dessus est
intéressante. Le gros de la frictio n a alors lieu entre les deux chaussettes, ce qui économ ise
la peau de vos pieds.
☆ Le pied de tranchée
Le pied de tranchée est une lésion des pieds due au froid. Il survient typiquem ent dans les en
vironnem ents humides et froids (com me la boue des tranchées en hiver, pendant la Première
Guerre mondiale, où il a acquis son nom). Macérant dans l'eau froide pendant longtemps, la
peau des pieds se nécrose. Elle devient d'abord gonflée, puis elle tom be en grosses plaques.
Pour prévenir totalem ent ce problèm e, qui survient rarement avant 3 ou 4 jours à patauger
dans l'hum idité froide, il suffit d'avoir les pieds chauds et secs pendant 6 heures par 24 heures.
CHAPITRE 15
LA PREPARATION
* ATTITUDE : PREPARATION MENTALE
☆ Développer et maintenir une attitude juste pour vivre et survivre...
☆ Développer sa sensibilité et sa conscience
«S O M M E IL
☆ Microsieste ☆ Méthode Everyman
« LE TERRAIN IMMUNITAIRE
« ACCLIMATATION THERMIQUE
☆ Chaleur ☆ Froid ☆ Altitude
« FORCE FONCTIONNELLE
☆ Développer la force maximale
« PUISSANCE CARDIO-RESPIRATOIRE
☆ Endurance
«P O R T ET TRANSPORT
A Le sac à dos : bien le choisir, le charger et le régler
☆ Faire son sac à dos ☆ Régler son sac à dos
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Dans ce chapitre, vous allez a p p re n d re c o m m e n t vous p ré p a re r aux situations de survie, en
suivant les 4 grands thèm es de la pyra m id e déjà vue au d é b u t du livre.
KIT
PHYSIQUE
ff^ j i ' C ' Æ -
CONNAISSANCE*
ATT IT U D
Note importante : il est a b so lum e n t in dispensable d e bien d is tin g u e r la pré p a ratio n aux
situations de survie et l'attitude à a d o p te r p e n d a n t les situations elles-m êm es. A utant, dans
la vie de tous les jours, je sollicite m on corps et m on esprit, je fais du sport, je me fatigue, je
m'expose au fro id ... autant, quand je suis sur le terrain, je bascule en m o d e « je p re n d s soin
de m oi » p o u r e n tre te n ir m on c o n fo rt et m 'économ iser au m axim um .
tit A TT IT U D E : PR EP A R A TIO N M E N TA LE
C om m e vous l'avez vu dans le chapitre 5, l'a ttitu d e juste p o u r survivre est un subtil m élange
de rage de vivre, de m otivation in é b ra n la b le e t de se nsibilité consciente.
Voici quelques pistes p o u r d é v e lo p p e r ces aspects. Vous avez c e rta in e m en t déjà des mé
thodes à vous qui fo n c tio n n e n t bien. Si c'est le cas, conservez-les. Parmi celles présentées
ici, certaines vous con vie nd ro n t, et d'autres pas. N 'hésitez pas à je te r to u t ce qui n'est pas
p ertinent p o u r vous.
☆ Alimentation
Pour la survie, l'alimentation est un m ode de préparation physique en soi. Il s'agit, en effet, de
préparer le corps au jeûne, et plus précisément à pouvoir fonctionner efficacement sans un
apport régulier de calories raffinées.
Nos vies de citadins branchés sur le cordon om bilical de l'industrie agroalimentaire nous
am ènent à consom m er des féculents et des sucres extrêm em ent régulièrement. Outre les pro
blèmes de santé publique qui sor;t en train d'être corrélés à ce type d'alimentation qui ne
semble pas convenir à nos génomes d'H om o sapiens, cela a pour effet de nous faire com
plètem ent désapprendre à puiser dans nos réserves de graisse. Les chaînes métaboliques et
les régulateurs horm onaux liés au jeûne et à l'utilisation des graisses comm e carburant sont
souvent très atrophiés et inhibés chez les personnes sédentaires ayant une alimentation trop
riche en féculents et en sucres. A utrem ent dit, nous ne savons plus que stocker des graisses, et
plus très bien les utiliser.
Le mode d'alimentation utile, en préparation physique à la survie, sera donc un m odèle per
mettant au corps de réactiver ses chaînes m étaboliques totalem ent normales : celles qui
consistent à utiliser les graisses comm e carburant pour l'effort de basse et moyenne intensité,
en conservant les sucres (glucose, glycogène) pour les efforts intenses et brefs liés à l'urgence
(piquer un sprint, sortir d'une voie d'escalade, frissonner très fort, porter un camarade sur le
dos, se défendre, etc.).
Attention, quand vous commencez à forcer votre corps à puiser dans ses réserves, une phase
d'adaptation brutale est à prévoir : des coups de fatigue importants, de même qu'une période
de montagnes russes hormonales qui vous rappellera probablem ent votre adolescence.
☆ Modèle paléo
En grande vogue aux États-Unis et désorm ais en Europe d e p u is plusieurs années, ce m ode
d'alim entation (qui n'a pas grand-chose à v o ir co n crè te m e n t avec la réalité p réhistorique,
mais qui a le m érite d 'é lim in e r les catégories d'alim ents les plus in co m p a tib le s) a fa it ses
preuves po u r dim in u e r les sym ptôm es de bon nom b re de p a th o lo g ie s - de certains p ré d ia
bètes à l'obésité, en passant par certaines m aladies auto-im m unes, certaines dépressions
et autres fatigues chroniques.
Il consiste essentiellem ent à é lim in e r de l'alim entation :
• tous les sucres raffinés ;
• tous les féculents, sauf p o u r les cas particuliers (athlètes d'endurance, par exem ple)
où certaines sources de féculents sont conseillées à petites doses (patate douce, fruits à
coque, sarrasin, riz sauvage...) ;
G lobalem ent, la relative absence de sucres et de féculents dans ce m ode d'alim entation
a p o u r effet de largem e n t stim u le r les voies m é ta b o liq u e s qui concernent le gras. En
q u e lq u e sorte, par ce biais, nous passons d'u n « m o te u r essence » à un « m o te u r diesel ».
La transition est parfois un peu laborieuse, mais la lib e rté - e t surtout l'énergie constante et
p é tilla n te que l'on découvre ensuite - vaut souvent la peine de s'accrocher un peu.
O utre les bienfaits liés à la p o ssib ilité de puiser enfin à une source stable et constante
d'énergie, l'élim ination de plusieurs p e rtu rb a te u rs e n d o crin ie n s e t une hygiène de vie plus
saine fo n t que les adeptes du m o d è le paléo d é crive n t une sensation de bien-être et une
c o n d itio n physique im pressionnantes.
Pour ma part, quand je suis passé à ce m o d e de vie, j'ai eu l'im pression d'être un superm an
à qui l'on avait enfin retiré la kryptonite.
Cela dit, com m e toutes les diètes, ce régim e alim entaire ne co n vie nt pas fo rcé m e n t à tous.
Il est souhaitable de faire preuve de d isce rn e m e n t et d e faire confiance à son bon sens (et
à son m édecin !).
À d é fa u t d'un seul repas, ne m a n g e r qu'à l'in té rie u r d'u n e plage de 4 heures - en laissant le
corps jeûner, donc, 20 heures sur 24 - sem ble p ro fita b le .
Le gros avantage de ce m o d è le est la lib e rté q u 'il perm et, au q u o tid ie n : on s'habitue à ne
pas m anger et à fo n c tio n n e r p a rfa ite m e n t bien le ventre vide. M êm e les entraînem ents de
haute intensité et de courte durée sont possibles de cette façon, de m êm e que les activités
d'endurance longues à basse intensité.
^ S O M M E IL
Le m anque de som m eil, sur le terrain ou dans la vie de tous les jours, se tra d u it par p lu
sieurs handicaps qui v o n t croissant au fu r et à mesure que le d é fic it s'accum ule ;
► La mémoire de travail sature et l'on passe très vite en m o d e « poisson ro uge » ; les n o u
velles inform ations se stockent peu et mal dans la m é m oire et on o u b lie to u t. On o u b lie où
l'on a posé ses lunettes. On égare les choses. On perd le fil de ses pensées et, de fait, on
éprouve des difficultés à s'organiser, à p la n ifie r et à être efficace.
► On compense la fatigue par de l'adrénaline, e t l'on d e v ie n t irritables. Pour c o n tin u e r à
fonctionner, le corps se m et litté ra le m e n t en stress, ce qui entraîne plusieurs effets néfastes,
à com m encer par l'irascibilité et une m o in d re réserve de stress sous le pied p o u r les ur
gences. Dans la durée égalem ent, on note des répercussions sur les systèmes im m unitaire
et cardio-respiratoire, notam m ent.
► On distingue mal les détails des choses essentielles : to u t se retrouve sur un seul plan
dans notre esprit, et on perd vite en efficacité.
☆ La microsieste
Les étapes d'une m icrosieste sont to u jo u rs les mêmes, mais elles varient en d u rée selon
les besoins.
N'ayant pas fa it d'études sur les autres, je peux vous livrer les étapes de MES microsiestes.
Elles sem blent se retrouver un peu chez to u s les gens à qui j'en ai parlé, mais chacun d é
veloppe ses m éthodes et ses habitudes. Le to u t est de tro u v e r le tru c q u i vous convient.
Il est im p o rta n t de ne pas d o rm ir tro p lo n g te m p s p e n d a n t ces siestes, sinon on to m b e en
som m eil pro fo n d et on a vraim ent du mal à é m e rg e r ensuite. La bon n e m oyenne se situe
entre 18 et 22 m inutes (cela varie un peu selon les individus). Dans m on cas, je mets 3 m i
nutes à me d é tend re et à « to m b e r ». Je d ors 18 m inutes. Je mets ensuite 3 m inutes à me
réveiller pleinem ent. Total : 24 m inutes. Au d é b u t, je m ettais un réveil p o u r être sûr de ne
pas partir tro p p ro fo n d é m e n t dans le som m eil, mais je n'en ai ra p id e m e n t plus eu besoin.
Les étapes de ce som m eil ultra ra p id e sont to u jo u rs les m êm es (p o u r m oi) :
1. Dans un e n d ro it où je me sens o b je c tiv e m e n t en sécurité et où je n'ai ni tro p chaud ni
tro p froid, je m 'allonge dans une position sp é cifiq ue (sur le côté gauche en chien de fusil,
ce qui n'est PAS ma position h a b itu e lle p o u r dorm ir).
2. Très vite, surtout si je me sens fatigué, m on corps se d é te n d et ma respiration d evient
am ple et lente. Je soupire souvent une ou deux fois. Et m on cœ u r se m et à battre de ma-
nière plus soutenue : les battem ents s e m b le n t lé g è re m e n t plus rapides, mais ils sont sur
to u t plus marqués, plus forts. C ette phase dure plus ou m oins lo n g te m p s en fon ctio n de
m on niveau de fatigue. Il arrive que je n'aille pas plus loin pe n d a n t une microsieste de
18 m inutes, su rto u t si je ne suis pas très fatigué, mais cela suffit à faire du bien et à repartir
avec davantage d'énergie. Il n'est pas utile de se fo rc e r à dorm ir.
3. Des im ages o niriques arrivent, et je to m b e d ire c te m e n t en som m eil paradoxal. À cette
phase, je perds géné ra le m e n t la no tio n du te m p s et le co n trô le de m on corps : je rêve.
C ette phase dure plus ou m oins lo n g te m p s selon la masse d 'in fo s à trier, etc.
4. Je me réveille sans passer par une phase de som m eil p ro fo n d (celle qui fait que l'on a du
mal à é m e rg e r lo n g te m p s après) ;
5. Pendant q uelques m inutes, ma vigilance est réduite. Mais gé n é ra le m e n t 3 à 5 m inutes
après la sieste, je suis de nouveau o p é ra tio n n e l.
☆ Méthode Everyman
On pe u t fo n c tio n n e r to u te sa vie en d o rm a n t au total 4 heures par 24 heures : 3 heures la
nuit (2 pleins cycles) et 3 m icrosiestes de 20 m inutes p e n d a n t la jo u rn é e (en général, après
les repas). Si on veut a p p re n d re plus vite, ou d é v e lo p p e r des capacités physiques (entraî
nem ent, études), davantage de cycles de som m eil co m p le ts fa cilite n t la tâche. De même,
en cas de blessure ou de m aladie, la récupération est plus ra p id e avec plus d'heures de
som m eil p ro fo n d : avec 4 h 30 de som m eil la nu it et 3 m icrosiestes, par exem ple.
■ | Z .Z Z z
POLYPHASIQUE
M o is o p h a s ic EvERyfiArt UBERMAh
¥ A C C L IM A T A T IO N T H E R M IQ U E
Le corps possède des mécanismes extrê m e m e n t efficaces p o u r ré g u le r sa tem pérature.
Mêm e si, à la base, nous som m es des anim aux conçus p o u r les clim ats chauds, le corps sait
très bien s'adapter au fro id . Nous avons d é ta illé le processus dans le chapitre sur la régula
tion therm ique. M aintenant, voici qu e lqu e s pistes p o u r s'y entraîner.
☆ Chaleur
Pour s'acclim ater à la chaleur, 3 p oints p rin cip a u x :
► Faire du sport ré g u liè re m e n t entraîne les glandes sudoripares à p ro d u ire davantage de
sueur et les habitue à retenir plus de sels m inéraux. Les sportifs qui surchauffent ré g u liè re
m ent sont donc en perm anence acclim atés à la chaleur.
► Faire du sport ré g u liè re m e n t e n tre tie n t é g a lem e n t les fo n ctio n s cardiaques in d isp e n
sables p our com penser les adaptations circulatoires liées à la chaleur.
► Enfin, faire du s p o rt ré g u liè re m e n t habitue le corps à g é re r plus fin e m e n t les rapports
entre la tension artérielle, la d ila ta tion des vaisseaux sanguins p é rip h é riq u e s et le d é b it
cardiaque.
Bref, outre le sim ple fa it de s'exposer à la chaleur, les 3 p oints cruciaux p o u r s'acclimater à
la chaleur sont « faire du sp o rt régu liè re m e n t, faire du s p o rt ré g u liè re m e n t et faire du sport
ré g u liè re m e n t » !
☆ Froid
Pour s'acclim ater au fro id , 2 facteurs sont dé te rm in an ts :
► Faire du sp o rt ré g u liè re m e n t (vous ne rêvez pas !) : l'entraînem ent physique dé ve lop p e
une masse m usculaire et des circuits d 'a p p ro visio n n e m e n t de ces muscles en nutrim ents et
en oxygène qui p e rm e tte n t de p ro d u ire plus de chaleur au repos, ainsi que de frissonner
plus lo n g te m p s e t plus efficacem ent. Ici aussi, donc, la p ra tiq u e d'une activité physique
ré gulière est im portante.
► S'exposer g ra d u e lle m e n t au fro id dans la durée : baisser le th e rm o sta t de votre maison,
re tarder le m o m e n t où vous m ettez un pull e t su p p o rte r un peu d 'in c o n fo rt th e rm iq u e au
c h a ngem ent de saison p e rm e t au corps de passer un cap et de se m ettre à activer ses m é
canismes de régulation th e rm iq u e . Je n'ai jam ais eu aussi fro id que p e n d a n t les périodes
où J'ai to u t fa it p o u r ne jam ais avoir fro id .
Les douches froides, bains d'eau glacée et autres pratiques barbares, sont relativement inu
tiles pour s'acclimater au fro id . Elles entraînent p lu tô t le corps à ne pas réagir à un refroidis
sem ent intense mais bref, ce qui est une erreur en m ilieu naturel. Si vous tom bez à l'eau dans
un lac gelé en hiver, il est im portant que votre corps se m ette à réagir intensément, car vous
n'aurez pas forcém ent un e n d ro it chaud où le laisser se réchauffer en douceur to u t de suite
après (com m e c'est le cas quand vous pratiquez la « to rtu re de l'eau glacée » chez vous).
☆ Altitude
L'altitude, réduisant la pression partielle d'oxygène dans l'air et dans nos alvéoles pulmonaires,
com plique sa vie au corps. Au-delà de 8 000 m, même un corps habitué à l'altitude et très
entraîné se détériore d'heure en heure. Au-delà, la vie n'est pas possible sans appareillage.
M aintenant, fa it intéressant, si l'on p re n a it une personne au niveau de la mer, non acclim a
tée, e t qu'on la d é p o sa it subitem ent, par exem ple, à 7 000 m, elle s'évanouirait très vite et
m o u rra it en q uelques m inutes, son corps n'ayant pas eu le te m p s de déclencher les méca
nismes d 'a daptation indispensables.
Ces mécanismes, cepend a n t, ne s'organisent pas sans un co û t élevé, et leur mise en place
b rutale p ro d u it des effets secondaires parfois dang e re u x p o u r le corps : le mal des m on
tagnes, caractérisé par des m aux de tête, nausées, fa tig u e extrêm e, risque d 'évoluer vers
des œ dèm es pulm onaires et autres c o m p lica tio n s graves.
Je ne vais pas faire ici un long exposé sur le sujet. Des ouvrages spécialisés le fe ro n t bien
mieux. D eux principes restent im p o rta n ts à re te n ir :
► Il fa u t g rim p e r le n te m e n t et progressivem ent, le pire étant de p a rtir du niveau de la mer
le matin et de se retrouver en altitude, par des m oyens m otorisés rapides, à m id i... Le corps
humain a évolué bien avant les avions, té lé p h é riq u e s et autres voitures qui nous poussent
sans effort de 0 à 3 000 m en qu e lqu e s m inutes...
► L'entraînement en a ltitu d e d o it être progressif, et les phases de repos d o iv e n t p lu tô t se
faire à une altitude plus basse : on ira faire des incursions en a ltitu d e et on redescendra plus
bas p our d o rm ir et récupérer.
Le traitem ent des pro b lè m e s liés à l'a ltitu d e est sim ple ; redescendre.
* FORCE F O N C T IO N N E L L E
La force fonctionnelle, contrairem ent à la m usculation, consiste à d é v e lo p p e r ses capacités
de mouvem ent, et non pas une musculature volum ineuse (m êm e si une certaine hypertro
phie aura lieu, ce n'est pas le but prem ier recherché). Les m ouvem ents em ployés seront,
pour certains, les mêmes que ceux utilisés p o u r la m usculation, mais vous éviterez scrupu
leusement tous les m ouvem ents dits d'isolation, qui ne fo n t travailler qu'une articulation à la
fois. Vous leur préférerez des m ouvem ents utilisant plusieurs articulations, voire to u t le corps,
dans une recherche de synergie et de coordination qui d é m u ltip lie ro n t la puissance des
mouvements.
* PUISSA N C E C A R D IO -R E S P IR A T O IR E
La puissance cardio-respiratoire co rre sp o nd à la capacité m axim ale de tra n s p o rt et d 'u tili
sation d'oxygène de notre corps. Elle d é p e n d essentiellem ent de 3 facteurs :
► l'efficience de la ventilation, c'est-à-dire la capacité des pou m o n s à aspirer et re je te r l'air,
à déplacer des gaz du sang vers l'air des alvéoles et inversem ent ;
► la capacité du cœur à p o m p e r suffisam m ent de sang p o u r am ener assez d'oxygène et
de nutrim ents aux cellules ;
► la capacité des cellules elles-m êm es à o xyd e r ra p id e m e n t les nutrim ents.
Un individu en bonne santé, avec une fo n ctio n cardiaque intacte et des pou m o n s en bon
état, peut sensiblem ent a m é lio re r la puissance ca rd io -re sp ira to ire en la so llicita n t p o u r des
efforts brefs et très intenses. Piquer un s p rin t d e te m p s en te m p s est excellent. La m éthode
« Tabata » qui consiste à effectuer des exercices de très haute intensité p e n d a n t des inter
valles courts (typ iq u e m e n t 20 secondes d'effort, 10 secondes de repos, 8 fois de suite) avec
des tem ps de repos courts se révèle p a rticu liè re m e n t efficace.
☆ Endurance
C o ntrairem ent aux clichés sur les athlètes d'endurance, on co m p re n d a u jourd'hui qu'une
base de force b rute (qui ne sig n ifie pas fo rc é m e n t un gros volum e ni une grosse masse) est
essentielle p o u r am é lio re r les perform ances d'endurance.
Le reste est une affaire de puissance ca rd io -re sp ira to ire et d 'a p p o rt constant en énergie. Et
d o n c de capacité à puiser dans ses graisses dès que l'on com m ence à entam er les (courtes)
réserves de glucose et de glycogène.
Pour d é v e lo p p e r l'endurance, o utre le travail de force et de puissance cardio-respiratoire,
l'alim entation jo u e un rôle p ré p o n d é ra n t. Recréer des chaînes m étaboliques efficaces pour
u tiliser les graisses est indispensable : cela se fa it en privant le corps de son ra p p o rt com
p ulsif au sucre et aux féculents.
Pour la partie « exercice », les longues m arches ou courses à un rythm e doux, notam m ent le
ventre vide, se m o n tre n t p a rticu liè re m e n t profitables. Pour le reste, je mise sur les activités
physiques du q u o tid ie n , du ja rd in a g e au bois de chauffage, en passant par les p rom e
nades, randonnées, travail avec ma chienne, etc.
N otez bien que j'exclus ici v o lo n ta ire m e n t to u t travail d it « de fo n d » dans sa conception
classique où l'on propose des séances rela tive m e n t longues d'exercices à relativem ent
haute intensité. Dans une o p tiq u e de survie où l'on est soit en train de travailler tra n q u ille
ment, soit en train de g é re r une urgence en très haute intensité, le travail interm édiaire n'a
aucune utilité. Et son coût, en term es d'usure e t d'investissem ent personnel, est très élevé.
Je l'ai banni de ma vie, e t il ne m e m anque pas du to u t.
Pour résumer, mon régim e d'entraînem ent hebdom adaire :
• 3-5 fois par semaine : travail de force, incluant 2 exercices (et 2-3 séries par exer
cice) parmi les 6 grandes catégories de mouvement : pousser, tirer, se relever, mar-
cher/courir, se tordre et gainer ;
• 1-2 fois par semaine : travail de puissance cardio-respiratoire (peut être réalisé
sans problèm e après une séance de force) ;
• plusieurs heures par semaine, selon mes envies et possibilités, d'activité phy
sique générale, très variée, de basse intensité : promenades, vélo, jardinage, bois
de chauffage, natation, slackline, tai-chi... Bouger doucement en me faisant plaisir
et en découvrant des paysages, des gens, des lieux ou des activités nouvelles, quoi.
* K IT : M O IN S M A IS M IE U X
« Les choses qu'on possède finissent p a r nous posséder. »
Tyler D urden (F ight Club).
Le matériel que vous utiliserez à chaque fois est facile à d é te rm in er. Le m atériel servant à
gérer les risques, un peu moins. Il est facile de to m b e r dans le p iè g e du « ça p e u t toujours
servir » et de se retrouver avec des sacs énorm es.
Les marcheurs ultralégers o n t un adage qui me parle p a rticu liè re m e n t : « On p o rte sa
p e u r ». Ils ont, à m on avis, to ta le m e n t raison. Et certains o n t des peurs qui se tra d u ise n t en
kilos et en kilos de m atériel inutile.
Pour trier, reprenez p o in t par p o in t les activités prévues p e n d a n t vo tre sortie et essayez de
réaliser une analyse de risques un peu o b je ctive. Vous pouvez croiser le to u t avec la règle
des 3, les 5 essentiels (CCVMD : conscience, co m m u n ica tio n , vision, m o b ilité et dextérité),
et vous aurez déjà une bonne base de travail p o u r é ta b lir une liste d e m atériel.
Chaque élém ent e m p o rté d o it être utile, ou p o u v o ir servir à g é re r un risque que vous ne
voudrez ou ne pourrez pas g é re r autrem ent. Les élém ents « plaisir », q u a n t à eux, so n t évi
dem m ent à votre entière discrétion.
☆ La théorie du gros
De cette évidence que peu de chose est in dispensable mais que d'autres le sont réelle
ment, couplée au fa it que plus un o util est a gréable à transporter, plus il est g é n é ralem ent
pénible à utiliser et inefficace, est née la « th é o rie du gros », un jo u r de stage p a rticu liè re
m ent pluvieux, en Touraine. Un d u o de m oniteurs CEETS, bien à l'abri sous une grande
bâche, a alors défini la « th é o rie du gros » : le peu de m atériel vra im e n t utile d o it être
véritablem ent utile, et d o n c il fa u t le p re ndre en ta ille réelle, pas en version ultra lé g è re et
m inim aliste com m e dans tro p de kits de survie to ta le m e n t inutilisables, vendus dans des
petites boîtes en métal com m e autant de g rig ris stupides.
« Une grosse bâche, un gros couteau, un gros sac de couchage, une grosse poche à eau,
une grosse cartouche de gaz... » : la th é o rie du gros é ta it née. Evidem m ent, en me regar
dant, ils n'ont pas tardé à rig o le r sur le gros instructeur. Je vous ép a rg n e les d é ta ils...
LA PREPARATION
L'avantage de ces o bje ts b ru ta le m e n t efficaces est qu'ils lib è re n t des ressources mentales
p o u r faire autre chose. Pas de questions à se poser, pas besoin de réfléchir. Et le fait qu'ils
fo n c tio n n e n t aussi bien p e rm e t parfois d'économ iser, au total, du poids dans le sac, en
pouvant se p erm ettre de ne pas p re ndre tous les petits o bjets qui devraient compenser.
Bref, p lu tô t qu'un p e tit kit dans une boîte en métal avec des dizaines de petits gadgets
inutiles, restez sim ple, e t pensez « peu d'objets, mais les bons, et version gros ».
Q uelques exem ples d'o b je ts « p erle » par excellence : le couteau Mora, la m achette
Tramontina, le fusil de chasse BaïkaI, le jeans (avant q u 'il ne de vie nn e un accessoire de
m ode, peut-être), le poncho en bâche de cam ion de l'arm ée française (la version avec des
œ illets !), les vieux sacs à dos « tu b e » de m o n ta g n e en gros nylon In d e stru ctib le et coutures
triples des années 1990... La liste est longue. Et je reste dans le d o m a in e du plein air.
Si, p our chaque élém ent, vous réduisez le p o id s de 50 %, au final vo tre sac sera 50 % plus
léger. Évidem m ent, attaquez-vous d 'a b o rd aux o b je ts les plus lourds. Vous couperez le
manche de votre brosse à dents e t choisirez des m ouchoirs en p a p ie r plus fins en to u t
dernier !
☆ Organiser son matériel
Idéalem ent, le m atériel de survie d o it être organisé e t bien rangé. Pour éviter de devoir
chercher, quand le te m p s presse, prenez l'h a b itu d e de to u jo u rs ranger les objets au même
e n d ro it, aussi bien sur vous que dans votre sac à dos. Em ployez aussi, autant que possible,
le p rin cip e de « une poche, un o b je t ».
J'organise m on m atériel en « strates », com m e les couches d'un o ignon.
► La strate 0, c'est m on attitude, mes com pétences et m on physique. C'est moi sans mon
m atériel.
► La strate 1 est constituée de ce que j'ai dans mes poches au q u o tid ie n (généralem ent
dans les poches du pantalon). C ette strate varie é vide m m e n t si je pars dans la fo rê t ou si
je prends l'avion. G loba lem e n t, j'y tra n sp o rte en général : de l'argent et les papiers les plus
im portants, une lam pe puissante e t com pacte, une pince m u lti-outils (avec ou sans lame,
selon la législation), un b riq u e t, un té lé p h o n e p o rta b le ...
En m ilieu naturel, j'a jo u te un couteau à lame fixe sur m oi et une chemise (ou une veste,
selon la saison) avec 4 poches, qui co n tie n t g é n é ra le m e n t :
- un kit feu ;
- un kit « m édic » conte n a n t un com pressif, un garrot, un feutre in d é lé b ile et des gants en
vinyle ;
- un k it« orie n ta tio n » avec boussole, ra p p o rte u r carré d'aviateur, etc.
- la dern iè re poche accueille mes gants en cuir, un to u r de cou et un b o n n e t légers.
STRATE 4 STRATES
► La strate 2 est le p e tit sac à dos que j'ai sur m oi en q u itta n t le d o m icile . Pour aller en
m ilieu urbain, j'aurai m on kit urbain : ordinateur, ch argeur de té lé p h o n e , appareil photo,
papiers, p e tit kit m édical, etc. Si je pars en excursion dans la nature, j'aurai du m atériel p o u r
la nature : carte, boussole, couteau, scie, poncho, b o n n e t et to u r de cou, etc.
► La strate 3 est constituée de m on sac à dos, p o u r vivre dehors plusieurs jo u rs {et y d o r
mir). Typiquem ent, c'est m on sac de randonnée.
► La strate 4 est le m atériel que je stocke dans ma vo itu re : b o m b e anticrevaison, gilets
haute visibilité, lave-glace, huile, qu e lqu e s outils, un peu d'eau, un peu de n o urriture, un jeu
de vêtem ents co m p le t (sous-vêtem ents, vêtem ents, chaussures, couches chaudes), kit hy
giène, kit prem iers secours. Le to u t tie n t dans un sac de s p o rt noir qui se loge d iscrè te m e nt
dans un coin du coffre, presque invisible d epuis l'extérieur.
► La strate 5, c'est ce que j'ai chez m oi : le m atériel en plus, les piles de rechange, les car
touches de gaz, le p e tit stock de nourriture, etc.
Plus j'ai de strates, plus je suis en confort. M oins j'ai de strates, plus je suis en survie.
À l'usage, on se rend co m p te que les outils qui cou vre n t ou p ro lo n g e n t nos 5 fo n d a m e n
taux (CCVMD) sont souvent m oins vo lu m in e u x et se stockent assez fa cile m e n t dans les
poches d'un pantalon. Je les p rivilé g ie p o u r la strate 1. À l'inverse, ce qui sert à assurer les
besoins (règle des 3) est souvent plus vo lu m in e u x et m ig re dans le sac à dos, p e tit ou gros.
Évidem ment, ce n'est pas une règle absolue, et un peu de re d o n d a n ce est utile, mais c'est
une tendance nette.
* PORT ET T R A N S P O R T
☆ Le sac à dos : bien le choisir, le charger et le régler
Un sac à dos, c'est com m e des chaussures. Il n'est pas idéal de l'acheter sans l'avoir essayé.
Et com m e les chaussures, le m o in d re in c o n fo rt après tro is m inutes d e vie n t un supplice
après trois heures, et un e nfer après tro is jours.
Votre sac à dos - peu im p o rte son fo rm a t - d o it s'adapter à vo tre m o rp h o lo g ie , et pas l'in
verse. Les très petits et très gros gabarits, g énéralem ent, tro u v e n t d iffic ile m e n t un sac qui
leur corresponde vraim ent. Les prem iers o n t souvent une ceinture lo m b a ire avec des cous
sins iliaques tro p longs, ce qui fa it q u 'ils ne p e u ve n t pas serrer la ceinture suffisam m ent.
Les seconds o n t souvent les sangles d'é p au le tro p courtes, avec le re m b o u rra g e tro p court.
Cela a p o u r effet de fro tte r de m anière in co n fo rta b le dans la zone de l'aisselle e t du muscle
pectoral. Bref, un sac à dos d o it être à votre ta ille et ad a p té à vo tre gabarit.
Pour le reste, les goûts et les couleurs varient éno rm é m e n t. J'ai p e rso n n e lle m e n t un fa ib le
pour les sacs très robustes et au fo rm a t très é p uré : les gros tu b e s en to ile épaisse, sans
poche, pochette, ni co m p a rtim e n t. D'autres p ré fè re n t des sacs plus accessoirisés (et d o n c
plus com plexes, plus chers, plus lourds à vid e et avec plus de choses qui risq u e n t de lâcher,
mais parfois plus ergonom iques). À vous de voir. Je vous présente ici UNE m éthode, qui est
la m ienne e t celle qui est enseignée au CEETS, mais que vous adapterez sans p ro b lè m e en
utilisant u n iq ue m e n t les p rin cip e s qui vous conviennent.
Protocole
On d it souvent au CEETS que « B ie n , c'est p lus ra p id e que vite ». Aussi, faire m on sac est un
peu com m e une p e tite cérém onie du th é :
► Je me pose, je me centre, et je com m ence par éta le r un p o n ch o ou une surface propre
devant moi, par terre. Je ne peux pas p ré p a re r m on sac c o rre cte m e n t si je suis agité, si des
gens me pa rle n t et m 'in te rro m p e n t sans arrêt. En réalité, faire son sac quand on part sur
le terrain est une activité im p o rta n te qui ne pardonnera pas to u jo u rs les erreurs (en m ilieu
engagé ou éloigné, s'entend). Il fa u t p re n d re le te m p s de le faire, de ne faire que ça au m o
m ent où on le fait, e t de le faire bien. Et cela p e u t d e m a n d e r du te m p s (m êm e avec l'h a b itu
de de le p réparer toute s les semaines ou presque, il me fa u t ré g u liè re m e n t de 45 minutes
à 1 heure p o u r p réparer un sac p o u r deux jours, si je co m p te le te m p s nécessaire p our
l'entretien et la rem ise en c o n d itio n : changer les batteries de la frontale, affûter le couteau,
réparer l'œ ille t du ponch o ...).
► Si j'ai une liste de m atériel to u te faite, je la prends et j'é ta le chacune des pièces sur le
po n ch o devant moi, de m anière à p o u v o ir to u t v o ir d'u n seul coup.
► Je re g ro u pe le m atériel dans des p ochettes par tâche ou fo n ctio n principales ; une p o
chette nourriture, une p o ch e tte « gam elle, café et réchaud », une pochette hygiène, etc.
C haque p ochette a id é a le m e n t une co u le u r et une texture unique, de manière à pouvoir
la retrouver rapidem en t, et m êm e à tâtons dans le sac. Certaines de ces pochettes sont
des sacs étanches, par exem ple la p o ch e tte qui stocke les vêtem ents de rechange et les
couches chaudes. Le kit feu, lui, est stocké dans un sac plastique referm able et renforcé qui
est garanti étanche à l'im m ersion.
► Le grand co m p a rtim e n t du sac est d o u b lé soit par un grand sac à gravats (peu coû
teux, très lé g e r et solide) soit par m on sursac de couchage im per-respirant qui protège
l'ensem ble du contenu du plus gros de la p lu ie et de l'h u m id ité . Il existe aussi des sacs
étanches dédiés, plus solides et plus étanches, mais aussi plus lourds. Tout d é p e n d des
conditions et des activités prévues...
► En prem ier dans le sac, je mets é vid e m m e n t les choses qui serviront en fin de jo u rn é e .
Typiquem ent, le sac de couchage, que je b ourre au fo n d du grand c o m p a rtim e n t sans
housse de com pression (cela lui p e rm e t d'é p ou se r pa rfa ite m e n t la fo rm e du sac à dos, ce
qui économ ise de l'espace). Ensuite, le tarp, le hamac, les vêtem ents de rechange et le kit
hygiène, puis les objets qui serviront p e n d a n t la jo u rn é e : la n ourriture, le réchaud, l'eau...
► En to u t dernier, le p e tit m atériel qui se logera dans les interstices, et la trousse à pharm a
cie qui va dans la poche du dessus, dans le rabat du sac. C ette d e rn iè re d o it être accessible
en quelques secondes en cas d 'urgence. Par ailleurs, elle est signalisée par une croix faite
au feutre sur le rabat du sac, et je m en tio n n e sa présence aux gens du g ro u p e , p o u r le cas
où ce soit moi la victim e, sait-on jamais.
Vous pourrez, penda n t la marche, faire des m icro-ajustem ents ré g u liè re m e n t p o u r « changer
le mal de place » : un peu plus de p o id s sur les épaules p o u r so u la ge r les hanches, relâcher
un peu les rappels de charge p e n d a n t la m ontée p o u r ve n tile r le dos ou, au contraire, to u t
resserrer très fo rt p o u r ne faire qu'un avec vo tre sac p o u r un passage plus te c h n iq u e ...
Page ci-contre ;
Charger son sac à dos : le plus dense entre les omoplates, les
trucs à accès rapide dans les poches externes, le tout protégé de
l'eau dans des sacs étanches.
CHAPITRE 16
LE MOT DE LA FIN
Si vous ne deviez retenir que quelques notions de ce livre, j'aimerais que ce soit les suivantes :
Faites-vous confiance : votre corps et vo tre e sp rit sont le fru it d'u n e sélection im pitoyable,
effectuée sur des m illiers de générations. N otre espèce a survécu à des ères glaciaires, des
guerres, des épidém ies, des fam ines et des sécheresses. Le ch a n g e m e n t p o litiq u e , clim a
tiq u e , é co lo g iq u e n'a encore pas eu raison de nous. Et vous, in d ivid u e lle m e n t, vous êtes
une m achine bien rodée faite, à la base, p o u r survivre. Ce n'est pas trois générations de
vie citadine et une existence un peu tro p sédentaire et civilisée qui o n t pu avoir raison de
to u t ce bagage. Faites confiance à vo tre corps. Faites confiance à vos capteurs therm iques.
Faites confiance à votre capacité d 'a d ap ta tio n . Et faites confiance à votre esprit critique,
égalem ent.
Les te chniques et p rincipe s décrits dans ce livre, vous l'aurez rem arqué, sont très sim ples et
accessibles à tous. Rien d e m a g iq u e n'est nécessaire. Avec un peu d'entraînem ent, to u t le
m o n d e pe u t les maîtriser. « Le seul secret, c'est q u 'il n 'y a pas de secret ! ».
Tâchez d'être bienveillants envers vous-mêmes : la bienveillance, c'est ce juste m ilieu entre
la com plaisance e t la fla g e lla tio n , où on est exig e an t sur les points utiles p o u r atteindre des
objectifs, et pas sur le reste. D istinguez la fle m m e (laxism e) de la paresse (économ ie in te lli
gente d'énergie). La fle m m e coûte de l'énergie. La paresse en économ ise.
La nature n'est pas hostile : elle est juste « pas com plaisante ». C'est notre bêtise et notre
inadaptation qui p euven t la rendre hostile. La nature est grande, et plus fo rte que nous. Il
fa u t s'adapter à elle, co m p re n d re ses lois e t savoir les respecter, sinon on m eurt bêtem ent.
O n ne p e u t pas changer les lois de la physique. Ni celles des écosystèmes. Mais si on co m
prend c o m m e n t vivre AVEC elle, AVEC ses lois, on se fo n d dans un e nvironnem ent d'une
beauté et d'une richesse infinies. Et on retrouve notre place sur cette planète, en symbiose
avec elle.
* BIBLIOGRAPHIE
ASPECTS PSYCHOLOGIQUES
HANSON R„ MENDIUS R., Le cerveau d e B ouddha.
Pocket, 2013.
O'BANNON A., CLELLAND M., A lle n & M ike's Really C o o l B ackpackin' Book.
Globe Pequot Press, 2001.
PIANTADOSI C. A., MD, The B io lo g y o f Hum an Sun/ival : Life a n d Death in Extrême Environments.
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VAN DEN HAUTE M., BERTRAND Y., VANKALCK J., Urgences au do m icile .
De Boeck Université, 1999.
ETIENNE J.-L., M éd e cin e des randonnées extrêm es : des p ô le s aux p lu s hauts som m ets.
Seuil, 2004.
TSATSOULINE P, B e yo n d B o d yb u ild in g .
Dragon Door Publications, 2011.
Difficile de lister ici tous les gens qui m 'ont aidé, d epuis les 15 dernières années, à re m p lir
ce bouquin d 'inform a tio n s (que j'espère) utiles. La liste serait tro p longue, e t le risque tro p
grand d 'o u b lie r certains. Aussi, je ne vais n o m m e r personne, e t g lo b a le m e n t rem ercier tous
ceux qui se reconnaîtront : ils seront nom breux.
Merci.
Merci, toi, cher stagiaire qui a bien voulu p a rta g e r avec m oi l'un de tes petits trucs ou une
de tes réflexions. A toi, chercheur de classe m o n d ia le q u ia pris de to n te m p s p o u r m 'expli
quer ta science. A toi, p ro f de fac qui m'a p a tie m m e n t ré p o n d u alors que je squattais ton
am phi p our des raisons qui te se m b la ie n t obscures.
À toi, m odérateur/trice du fo ru m « Vie sauvage et survie » q u i a fa it en sorte que cela puisse
to u rn e r rond pend a n t que je jouais dans les bois avec des stagiaires... À to u s les m oniteurs
du CEETS qui m 'ont o b lig é à cla rifie r mes m éthodes, et d o n c mes propos. À ceux qui m 'ont
aidé à progresser en m é th o d o lo g ie et en p é d a g o g ie , d o n t un Français et un Suisse. À ceux
et celles qui m 'ont d o n n é envie d 'aller jo u e r dehors, p o u r de bonnes ou d e mauvaises
raisons. A ceux qui m 'ont aidé com m e à ceux qui o n t cherché à me nuire et qui m 'ont, ce
faisant, procuré plein de colère à utiliser com m e source d 'é n erg ie gratuite.
Grâce à vous tous, ce livre est a u jo urd 'h u i possible.
Je nom m erais volontiers une personne p o u r les nom breuses relectures, la c ritiq u e b ie n
veillante, la vue d'ensem ble, la présence à m in u it et d e m ie sur le « chat », les soirs d'écriture,
alors que son planning était déjà très chargé... Et pour, g lo b a le m e n t, avoir le don de me
m ettre l'esprit en m ouvem ent d'u n e m anière unique. Mais il m'a d e m a n d é de ne pas le
citer, alors je respecte.
Cela étant dit, un rem erciem ent to u t spécial à l'é q u ip e de pros qui a pris le te m p s de relire
et de me conseiller p o u r le chapitre « Premiers secours » :
• Dr Christian Huet, m édecin SAMU, fo rm a te u r en m édecine d 'urgence.
• Chris V., arm ée belge.
• Miky W illis, gen d a rm e rie nationale, p o m p ie r vo lo n ta ire et m o n ite u r en fo rm a tio n ai
CEETS.
• Thibaut Steinmetz, é tu d ia n t en m édecine.
• Marco Di Tomasso, fo rm a te u r de form ateurs, et fo rm a te u r « p lo n g é e et secourism e ».
• Dr Isabelle Rieu, pharm acienne et fo rm a trice p o u r les p o m p ie rs, spécialiste de la gestio
du risque en m ilieu hospitalier.
• Arnaud B., « m edic » en m ilieu non com plaisant...
• Dr Pascal Romy, m édecin.
David Manis
Toutes les illustrations sont de Philippe Gaby
Crédits photographiques
Fotolia illustrations : p. 65 : ©DM7 - p. 109 : ©pepik44 - p. 149 : ©nicolasprimola - p.173 : ©furryclown
p. : 17, 21, 35, 49, 55, 79, 115,161, 191, ©ant_art19
Couverture : Amphora
J-J - -f i <‘3^
Son objectif est de vous dévoiler les techniques et les conseils ayant
réellement fait leurs preuves depuis de nombreuses années. Il vous
propose les solutions concrètes les plus adaptées aux problématiques
que vous pouvez rencontrer en milieu naturel, applicables dans les
différents biotopes de la planète.
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22.500
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