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transmission DVB-S
Lilian BOSSUET, Guillaume FERRE
Résumé
Mots clés
1. Introduction
Le but pédagogique de ce projet est de développer l’autonomie des étudiants et de leur faire
concrètement étudier une norme de télécommunications. Nous avons choisi la norme DVB-S [4] plus
simple à mettre en œuvre sous Simulink que son évolution DVB-S2 ou encore que la DVB-T [5].
Dans le cadre de ce projet, nous nous adressons à des étudiants en fin de formation, c’est pourquoi
l’encadrement durant le projet est le plus léger possible. Dans un premier temps les étudiants suivent
souvent une approche empirique, qui par essais successifs leur donne tout d’abord de bons résultats
mais qui les conduits rapidement à une impossibilité de pousser plus loin la modélisation dès que le
modèle devient complexe. C’est en se rapprochant de la norme et en étudiant bloc après bloc, comme
nous le ferons dans la section 4, que les étudiants réussissent à modéliser la chaîne complète
d’émission et de réception.
Les étudiants en binôme doivent modéliser le système complet, pour cela ils disposent de 16 heures de
travaux pratiques encadrées. Les salles de projet sont en libre accès pour les étudiants qui souhaitent
travailler en dehors des heures encadrées. Bien que regroupé en binôme, nous encourageons les
étudiants à échanger des informations et réfléchir en équipe aux solutions à apporter aux problèmes
rencontrés durant le projet.
Les étudiants concernés par ce projet sont en fin de formation d’ingénieur, ils ont une bonne maitrise
du logiciel Matlab-Simulink. En deuxième année par exemple, durant 12H00 de TP, ils modélisent les
modulations numériques (BPSK, QPSK etc.) directement en code Matlab. C’est pourquoi dans ce
projet nous nous appuyons sur ces connaissances pour passer à un niveau d’abstraction plus élevé et
nous utilisons les blocs préconçus de la librairie Telecommunication Toolbox de Matlab-Simulink.
La notation du projet prend en compte plusieurs points, l’attitude de l’étudiant durant le projet, son
autonomie et un rapport écrit par binôme présentant les principaux résultats.
Après avoir réalisé l’algorithme de Viterbi, la seconde forme de correction d'erreurs est relative au
codage de Reed-Solomon. En effet, sur 204 octets transmis, 188 contiennent des données et les 16
octets restant sont utilisés comme bits de parités pour aider à corriger les éventuelles erreurs restantes.
Le principe du FEC utilise aussi l'entrelacement des flux de données, pour limiter l’impact en termes
d’erreur d'un bruit intempestif dans le flux de données, de la même façon que les CDs l'utilise pour
éviter que des rayures ne produisent des pertes d’informations sonores.
4.2 Illustration de l’intérêt d’un entrelaceur
Si une erreur devait se produire et effaçait la partie « sum » du message (surlignée en jaune), le
message désentrelacé serait :
On s’aperçoit alors que seuls des caractères isolés (représentés par les astérisques et surlignés en
jaune) manquent au message, si ce dernier n’avait pas été entrelacé, il ne serait pas possible de corriger
les erreurs du fait du pouvoir de correction limité du décodeur RS.
4.3 Principaux paramètres d’une chaîne d’émission/réception DVB-S
Le tableau 1 résume les principales caractéristiques d’une chaîne d’émission-réception DVB-S comme
celle présentée schématiquement sur la figure 1.
Les différents blocs composant la chaîne d’émission-réception doivent être configurés de sortes à
obtenir une continuité des signaux durant la transmission et d’apporter à cette dernière une robustesse
vis-à-vis des erreurs pouvant intervenir durant la communication dans le canal bruité.
Tableau 1 – Principaux paramètres d’une chaîne DVB-S.
Pour mener à bien ce projet de modélisation, nous proposons une démarche par étapes aux étudiants.
En partant d’une transmission en visibilité directe, bruitée par un bruit additif blanc suivant un loi de
distribution gaussienne (BABG : Bruit Additif Blanc Gaussien), les étudiants modélisent la chaîne
d’émission et de réception bloc après bloc, de la modulation QPSK au codeur Reed-Solomon.
Systématiquement, les étudiants simuleront la transmission de données et évalueront le TEB qui
représente le rapport entre le nombre de bits reçus faux et le nombre de bits transmis. C’est un critère
de référence pour comparer les performances d’un système de communications.
Pour permettre aux étudiants de ne pas passer trop de temps à la recherche d’informations dans le
document de normalisation, un sujet complémentaire leur est distribué dans lequel figure les
informations de la figure 1 et du tableau 1, ainsi que différentes questions (présentée dans les
paragraphes 5.1 à 5.7) leurs permettant de modéliser pas à pas la chaîne de transmission.
π 0
Figure 2 – Forme de la fonction d’erreur (x en abscisse et erfc(x) en ordonnée).
Dans le cas d’une modulation de type BPSK, un symbole contient un bit. On a donc :
E E
SNR = s = b , avec Es l’émergie d’un symbole.
N0 N0
Dans le cas de la modulation QPSK, par contre, un symbole contient deux bits. On a donc :
E 2E
SNR = s = b .
N0 N0
En faisant varier le rapport signal sur bruit dans le canal, dans les cas BPSK et QPSK, on obtient les
courbes de performances en terme de TEB ci-dessous (figure 3). On constate notament le décalage de
3dB entre les performances des deux modulations.
Eb N0 (dB)
E
Figure 3 – Evolution du TEB en fonction de b pour les modulations BPSK et QPSK codées
N0
binaires
Les points de la constellation QPSK ayant une distance plus faible, on constate alors que pour une
même énergie symbole Es , le TEB pour la modulation QPSK augmente de 3 dB (facteur 2 que l’on
retrouve dans l’expression du SNR précédent).
5.4 Introduction d’un code correcteur d’erreurs dans la chaîne de transmission : codeur
convolutif et décodeur de Viterbi
Il est important de signaler aux étudiants l’intérêt d’un tel codeur/décodeur, qui permet de corriger en
réception d’éventuelles erreurs de transmission. Le but ici n’étant pas de montrer en détail l’algorithme
de Viterbi mais de faire comprendre aux étudiants à l’aide d’un exemple simple comment le calcul des
métriques et la sélection du chemin le plus probable à la fin de l’algorithme de Viterbi permet de
corriger certaines erreurs de transmission.
A partir de cette étape les étudiants n’utilisent que la modulation du type QPSK pour se focaliser sur la
norme DVB-S. L’introduction d’un décodeur de Viterbi est délicate puisqu’elle engendre un retard
supplémentaire qu’il faut déterminer pour la configuration du bloc de détermination du TEB. La
fenêtre glissante utilisée pour le décodage de Viterbi ayant une profondeur de nTb , avec Tb le temps
bit, on doit avoir en théorie un retard de n bits en sortie du décodeur (la profondeur de la fenêtre
glissante se règle dans les options du bloc Viterbi Decoder). Ici le retard introduit par les filtres de
mise en forme s’effectue sur les bits codés. Or le rendement du codeur étant de 1 2 (sans
poinçonnage), le retard sur les bits non codés du au filtrage est donc de N 2 bits. Ainsi pour la
synchronisation du paquet émis Tx avec le paquet Rx, il faudra cette fois-ci paramétrer un retard total
de ( N 2 +n) bits dans le bloc Error Rate Calculation. Pour vérifier le retard introduit par le décodeur
de Viterbi, on place un buffer en entrée Tx et en sortie Rx de la chaîne en fixant un SNR assez élevé
pour assurer une transmission sans erreur. La figure 6 donne la modélisation de la chaîne avec le
codeur convolutif au niveau de l’émission et le décodeur de Viterbi au niveau de la réception.
Paquets émis :
Paquet (t-1) Paquet (t) Paquet (t+1)
R
Paquets reçu :
Paquet décodé (t)
Il est donc nécessaire de synchroniser les données avant l’entrée du décodeur. C’est ce que l’on peut
voir sur la figure 8 qui illustre la modélisation d’une chaîne de transmission utilisant un
codeur/décodeur RS, un filtrage de mise en forme en racine de cosinus surélevé et une modulation
QPSK. En réception, après la démodulation, on apporte un retard de 202 octets supplémentaires afin
de synchroniser correctement le début du premier paquet. En effet, dans les conditions de simulations
de la figure 7, le retard total introduit par le filtrage est de 2 octets. Ainsi, l’ensemble de la
transmission se retrouve retardé en réception de 204 octets (soit un paquet) permettant de synchroniser
le décodeur RS.
5.6 Principe de l’entrelaceur/désentrelaceur convolutif
A l’émission, les octets d’un paquet sont répartis dans d’autres paquets, ce qui permet d’éviter d’avoir
à corriger une longue suite de bits (ou octets) faux consécutifs. L’entrelacement permet de répartir les
erreurs sur plusieurs paquets, facilitant ainsi la détection et correction d’erreurs du décodeur RS.
Le principe de l’entrelaceur convolutif utilise plusieurs registres à décalages qui vont induire un retard.
L’entrelaceur utilise deux paramètres : le nombre de branches K et la profondeur T (en octet) du
registre à décalage de base.
Nous illustrons le principe de l’entrelaceur dans un cas simple, sur la figure 9, 3 branches et un registre
à décalage de base, de profondeur 2 octets.
N° de l’octet 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
émis :
7, 4, 1
Reg. 1
Paquet 8, 5, 2, 0, 0
0 0
9, 6, 3, 0, 0, 0, 0
0 0 0 0
Reg. 2 Reg. 3
Après entrelacement : 1 0 0 4 0 0 7 2 0 10 5 …
Reg. 4 Reg. 5
7, 4, 1, 0, 0, 0, 0
0 0 0 0
Paquet
0 0
8, 5, 2, 0, 0, 0, 0
Reg. 6
9, 6, 3, 0, 0, 0, 0
Après
désentrelacement : 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 2
Retard de propagation
Celui utilisé dans la norme DVB-S est constitué de 12 branches et chacune d’entre elle est composée
de registres à décalage multiples de 17 octets. Les figures 10-a et 10-b schématisent respectivement le
fonctionnement de l’entrelaceur convolutif (12, 17) et du désentrelaceur (12,17).
En effet, chaque branche est constituée d’un multiple de 17 octets : de 17 octets pour la première
branche à 17 × 11 octets pour la dernière branche. Ainsi, en sortie du désentrelaceur convolutif (12, 17)
le début du premier paquet entrelacé arrive avec un retard de 12*(17*11) = 2244 octets, ce qui
équivaut au nombre de registres multiplié par la taille maximale du plus grand registre (temps
nécessaire pour que les registres soient totalement remplis à l’initialisation de la chaîne). Ce délai sera
pris en compte dans notre simulation pour le calcul du taux d’erreur binaire.
Plus généralement, pour un entrelaceur/désentrelaceur (K, T), le retard en octet à considérer pour
évaluer le taux d’erreur binaire est de K × ( K − 1) × T .
Il faut donc comme pour le cas de codage de RS, synchroniser correctement le début du paquet à
désentrelacer en réception pour ne pas avoir de paquet complètement faux en entrée du décodeur de
RS. C’est pour cela qu’on est obligé d’insérer une ligne de retard juste avant le bloc Convolutional
Deinterleaver sur la figure 11.
Une fois la chaîne complètement synchronisée, les performances de la modélisation sont effectuées et
les résultats de simulation sont présentés sur la figure 12. Ceux-ci sont bien conformes à la théorie.
0
10
-4
10
-6
10
TEB
-8
10
-10
10
-12
10
-14
10
0 2 4 6 8 10 12 14
Eb N 0 (dB)
6. Conclusion
Depuis deux années, nous proposons aux étudiants de l’option SRT du département électronique de
l’ENSEIRB, un projet de modélisation de la chaîne DVB-S avec l’outil logiciel SIMULINK. Ce projet
permet aux étudiants d’acquérir une connaissance précise de la norme DVB-S. Il leur permet
également d’utiliser leurs connaissances en communications numériques et radiocommunications pour
mettre en œuvre de façon efficace et cohérente les différents blocs constituants la chaîne comme le
Reed-Solomon, le codeur convolutif ou encore l’entrelaceur/désentrelaceur. De plus, ce projet prépare
ces futurs ingénieurs à la compréhension d’une norme, compétence opérationnelle essentielle de
l’ingénieur.
De part la nature du sujet et l’approche que nous proposons, nous observons un vif intérêt des
étudiants pour ce projet. Ils prennent conscience de la difficulté de la tâche qui les attend lorsqu’ils
seront en situation professionnelle.
Devant la réussite de ce projet la première année, nous l’avons donc reconduit mais aussi proposé à
d’autres options de spécialité de l’ENSEIRB. Cette année ce projet est aussi proposé aux étudiants en
spécialité ISNC (Ingénierie des Systèmes Numériques de Communication) du département
télécommunications.
Remerciements
Nous tenons à remercier les étudiants des promotions 2007 et 2008 de la spécialité SRT du
département électronique de l’ENSEIRB, qui par leurs questions et remarques nous ont permis
d’améliorer notre proposition pédagogique. Nous remercions plus particulièrement Melle Nathalie
Flambard et M. Sébastien Villette dont le rapport a été utilisé pour rédiger cet article.
Bibliographie
[1] http://www.etsi.org/WebSite/Technologies/DVBS.aspx
[2] http://www.dvb.org/
[3] http://www.enseirb.fr
[4]European Telecommunication Standards Institute. "Digital Vidéo Boadcasting (DVB) ; Framing structure,
channel coding modulation for 11/12 GHz satellite service". European Standard (Telecommunications series),
EN 300 421 v1.1.2, August 1997.
[5] Sergio Isla Hernandez. "Simulation and Evaluation of a DVB System using Simulink". Bachelor thesis,
Departement of Electronics Systems at Linköping Institue of Technology, Suede, April 2005.
[6]European Telecommunication Standards Institute. "Digital Vidéo Boadcasting (DVB) ; Framing structure,
channel coding modulation for cable system". European Standard (Telecommunications series), EN 300 429
v1.1.2, April 1998.
[7]European Telecommunication Standards Institute. "Digital Vidéo Boadcasting (DVB) ; Framing structure,
channel coding modulation for digital terrestrial television". European Standard (Telecommunications series),
EN 300 744 v1.1.2, August 1997.
[8] http://www.mathworks.com/access/helpdesk/help/toolbox/comm/comm.shtml