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Histoire
Synthétiser
3e degré, 5e année
Consigne
Tu as pris connaissance des émeutes qui ont secoué la Wallonie en mars 1886. Les incidents
de Liège, qui trouvent leur origine dans des causes locales, se sont étendus à toute la zone
industrielle de la Wallonie, étant donné la situation identique de toute la classe prolétarienne
dans le pays. Sur la base des documents en annexe et de ce que tu as appris sur l’histoire
du 19e s., rédige un texte de synthèse qui décrira la situation de cette classe sociale dans la 2 e
moitié de ce siècle en mettant en évidence les éléments qui pourraient expliquer la colère
ouvrière en 1886.
La synthèse doit comporter 1 à 2 pages.
Tu veilleras
-à présenter de manière approfondie 4 aspects de la condition prolétarienne ;
-à les comparer à la condition de vie de la bourgeoisie capitaliste pour mettre en évidence 4
inégalités susceptibles d’expliquer les événements de mars 1886.
Portefeuille de documentation
Les références complètes des documents se trouvent à la fin du présent dossier documentaire.
Document 1
« Nous nous proclamons fièrement l'organe des misérables. . . Quand les uns ont tout et les
autres rien; quand ceux qui travaillent vivent dans le besoin et ceux qui restent oisifs dans le
superflu, la société n'est pas parfaite. Nous voulons la transformation de l'ordre social actuel,
nous sommes socialistes. Nous voulons aussi les grandes réformes politiques de nature à
établir l'égalité entre tous les citoyens; nous sommes démocrates et nous réclamons le suffrage
universel. Nous venons à notre heure.
Jamais, depuis plus d'un demi-siècle, les classes laborieuses n'ont autant souffert
qu'actuellement, jamais elles n'ont enduré misère pareille à celle de cet hiver. A aucun
moment de notre existence nationale, la situation de ceux qui constituent l'élément actif et
laborieux de la population n'a été plus désastreuse. La détresse règne, maîtresse souveraine, et
personne dans notre monde dirigeant ne paraît songer aux ravages qu'elle exerce. On chôme
partout. Les ateliers et les fabriques s'endorment successivement, laissant sans ressources des
milliers d'ouvriers; les petits commerçants succombent les uns après les autres; les petits
employés végètent, la plupart sans emploi. Et nos gouvernants [...] ne voient pas, n'entendent
pas, ne comprennent pas. Imbéciles et criminels, ils assistent impassibles à la crise affreuse
qui ravage inexorablement les couches inférieures !
« Quand on embrasse une longue série d’années et qu’on remonte à 1850, en utilisant les trop
rares séries de données statistiques qui permettent de suivre l’évolution du salaire réel, on
recueille cette grande et consolante leçon, que, malgré les perturbations profondes et funestes
qu’il a subies, ses moyennes sont restées supérieures à la moyenne 1850-1854. Le standard of
life s’est élevé d’une manière permanente. »
H. DENIS, La dépression économique et sociale et l’histoire des prix, Bruxelles, 1895 cité
par B.-S. CHLPEPNER, Cent ans d’histoire sociale en Belgique, éd. de l’ULB, Bruxelles,
1972, p. 49
Document 3
L’ouvrier des villes cherchant à se loger au plus bas prix possible, choisit nécessairement sa
demeure dans les rues les plus étroites ou dans les ruelles ou dans les impasses, que le soleil
ne favorise jamais, ou presque jamais, de ses rayons, où l’air est corrompu et ne se renouvelle
pas facilement, où la malpropreté du sol et les immondices que les habitants accumulent
autour d’eux donnent lieu à des émanations de toute nature, émanations qui constituent de
puissantes et permanentes causes d’insalubrité. Ainsi, le plus souvent, l’ouvrier ne possède
qu’une seule pièce qui sert à tous les besoins du ménage ; cette pièce est fréquemment trop
exiguë pour le nombre de personnes dont se compose la famille.
Document 4
« Le collège des bourgmestre et échevins prit toutes les mesures que commandait la situation,
surtout en présence de l'épidémie (croup, choléra) qui décimait la population dans une grande
partie des villes du pays et plusieurs communes importantes de nos environs; il ne se contenta
pas de visiter les maisons déclarées insalubres, mais il fit une seconde visite, fit disparaître
tout ce qui était de nature à répandre en ville des odeurs [insupportables], tels que les lapins,
cochons, fumiers déposés dans les cours etc., fit boucher les portes de communication entre
les écuries et les pièces habitées, fit réparer les égouts, blanchir les maisons, ordonna aux
propriétaires des réparations locatives, fit ouvrir des fenêtres dans les chambres habitées qui
manquaient de jour et d'air, supprima deux maisons pour cause d'insalubrité et en eût
supprimé un assez grand nombre, s'il avait pu en trouver des saines pour y placer les ouvriers,
que cette mesure devait nécessairement mettre sur la rue.
Nous espérons que, par suite de la résolution que vient de prendre le Bureau de Bienfaisance
pour la construction de maisons d'ouvriers, nous pourrons à l'avenir exécuter avec la plus
grande sévérité le règlement du 24 novembre 1853."
Ville de Binche, rapport, août 1866 cité par M. REVELARD, À la découverte de l’homme et
de la région, Centre de documentation d’histoire de Mariemont, dossier n°1, 1977.
Outils d’Evaluation pour les Humanités générales et Technologiques 3
Synthétiser
La condition ouvrière au 19e siècle
Note de critique : un rapport de 1885 montre que de nombreux quartiers de Binche restaient
insalubres. On peut estimer qu’il en était de même dans les autres villes et que la situation de
1855 décrite au document précédent reste quasi inchangée en 1886.
Document 5
Nombre d’heures de travail journalier et de journées de travail par an : quelques exemples
CHARBONNAGES 1886
Nbre d’heures
Nbre de journées de travail
de travail
par an
par jour
Bray-Maurage-Boussoit 10 à 12 h 295
Strepy-Thieu 10 h 299
Bois-du-Luc 10 à 11 h 285
Sars-Lonchamps 10 h 284
Mariemont 9 à 10 h 260
AGR, 1re inspection générale des mines, Mons registre 56 cité par MOTTEQUIN Ph., Les
grèves de 1886 à 1888 dans les charbonnages du Centre, dans Études régionales, t.9, 1972, p.
167
Dépenses
nourriture 86,4 88,1 118,1
logement -
12,6 16 14,2
chauffage
éclairage 5,4 10,5 7,8
habillement 24,5 29,8 28,5
loisirs 19,5 5 23
divers 20,2 12,4 3,2
Note de critique : Pourquoi accepter un document décrivant la situation des salaires en 1891
pour expliquer une révolte ouvrière en mars 1886 ? L’examen de l’évolution des salaires et
des prix de détail entre 1886 et 1891 montre une stabilité : la situation n’a pas évolué ; elle
aurait même eu tendance à s’améliorer légèrement, les prix de détail ayant un peu diminué
entre 1886 et 1891.
Document 7
« Dans un grand nombre de cas, des familles d'ouvriers peuvent à peine arriver, au moyen du
salaire réalisé, à se nourrir comme des prisonniers, même lorsque la femme apporte son
modeste contingent de travail à la communauté …
Faut-il s'étonner si, pour échapper momentanément aux embarras et aux inquiétudes qui
l'assiègent, l'ouvrier va s'étourdir parfois au cabaret et chercher dans l'abus des liqueurs fortes
l'oubli de maux auxquels il ne voit pas de remèdes? Faut-il s'étonner enfin de la résistance
qu'il oppose à toute tentative de diminution de salaire?
Comment se fait-il qu'un grand nombre de travailleurs vivent dans des conditions si
[difficiles]? C'est évidemment en recourant à des expédients dont l'ouvrier seul a le secret, en
réduisant sa ration journalière, en substituant le pain de seigle au pain de froment, en
mangeant moins de viande ou en la supprimant tout à fait, de même que le beurre; en se
contentant d'un peu de graisse pour tout assaisonnement; en réduisant son habitation à une ou
deux pièces, où garçons et filles, père et mère couchent pêle-mêle à côté les uns des autres; en
économisant sur l'habillement, sur le blanchissage, sur les soins de propreté; en renonçant à
toute distraction; en se résignant enfin aux privations les plus pénibles. »
Document 8
D’après Ch. TRICNAUX, L’évolution du droit de vote en Belgique depuis 1830, dans les
cahiers de Clio, sciences de l’homme et de son environnement, n°21, Bruxelles, Labor, 1970.
Document 9
Outils d’Evaluation pour les Humanités générales et Technologiques 6
Synthétiser
La condition ouvrière au 19e siècle
« On nous dit: Prenez garde; ne touchez pas à cette question de la réglementation du travail,
car vous touchez au problème de la misère, et si vous empêchiez les enfants de descendre
dans la fosse, vous seriez cruels au lieu d'être humains. Mais, est-ce que notre organisation
sociale serait ainsi faite qu'il n'y aurait possibilité d'exister pour nos classes ouvrières qu'à la
seule condition de laisser descendre dans les mines de pauvres petits êtres qui ne sont pas
encore arrivés à leur développement? De malheureux enfants devraient apporter le travail de
leurs faibles mains, sans quoi la famille ne pourrait plus subsister. Eh bien, j'ai la certitude
que notre organisation sociale n'est point vicieuse au point d'exiger de pareils sacrifices.
[...] C'est qu'en définitive, en laissant les enfants dans les fosses, vous avez créé les sources
de la misère, vous avez empiré la situation pour l'avenir. En voulant venir en aide à la famille
de l'ouvrier, vous avez fait éclore les germes de la maladie et des infirmités en tous genres. Je
n'ai pas, je l'avoue, confiance dans l'initiative privée, je n'ai pas foi dans l'industrie en ces
matières et c'est pourquoi je voterai le projet. »
Document 10
Outils d’Evaluation pour les Humanités générales et Technologiques 7
Synthétiser
La condition ouvrière au 19e siècle
Tableau statistique des enfants et adolescents embauchés dans les établissements industriels
du ressort de Charleroi (1870-1871)
Catégories d'industries
Nombre des Durée du Nombre des Durée du Nombre des Durée du
admissions travail admissions travail admissions travail
à 10 à 12
l'intérieur 270 heures 675
Industrie
métal. : Sexe féminin 13 12 heures
Laminoi
rs et Sexe masculin 6 83 12 heures 308 12 heures
hauts
-fournea
ux
Documents relatifs au travail des enfants et des femmes dans les manufactures, les mines, etc. Etat de la question en Belgique et à
l'étranger, Chambre des représentants, session 1870-1871, Bruxelles, 1871, pp. 219-223
Famille de tâches : synthétiser. Pour répondre à une problématique, l’élève doit rédiger une
synthèse sur la base d’une série de documents relatifs à une thématique. Pour de plus amples
informations, voir le tableau général de présentation des familles de tâches
Préalables à l’épreuve
Prérequis :
L’élève maîtrise des savoirs relatifs
- à l’industrialisation de l’Europe au 19e s. y compris le libéralisme et le capitalisme
- au mode de vie et aux pouvoirs économiques et politiques de la bourgeoisie
capitaliste
L’élève a une connaissance sommaire des événements révolutionnaires de mars
1886 en Belgique
Modalités de passation :
Durée de l’épreuve : 2 périodes
Forme du produit attendu : écrite
Supports traiter :portefeuille de documentation
COMPETENCES du référentiel
Compétence 3 : Synthèse.
Sur la base d’un nombre limité de documents, organiser une synthèse mettant en évidence, selon les
cas, des permanences, des processus évolutifs, des changements ou des synchronismes et formuler
des hypothèses explicatives.
SAVOIRS – SAVOIR-FAIRE
- Concepts : principales stratifications d’une société et les inégalités qu’elles induisent
- Connaissances : la révolution industrielle y compris les notions relatives au libéralisme et au
capitalisme, conditions de vie de la bourgeoisie capitaliste
- Organiser, structurer, articuler les données sous différentes formes
- Dégager l’essentiel de l’accessoire
- Distinguer ses opinions personnelles et les données extraites des informations
- Faire preuve d’impartialité
PROPOSITION PROPOSITION
CRITÈRES INDICATEURS D’EVALUATION D’EVALUATION
CHIFFREE (1) NON CHIFFREE (1)
1 Pertinence Un aspect de la condition prolétarienne et une inégalité sont évoqués dans la /1 Les 2 indicateurs sont ren-
Critère prioritaire synthèse dans un rapport de causalité avec les événements de 1886 contrés : critère satisfait
Les informations parasites sont écartées (2) /1
2 Profondeur 4 aspects de la condition des prolétaires (parmi les suivants : logement, hygiène, /4 Si 3 aspects de la condition
, durée du travail par jour et par année, condition des enfants, salaire, budget, ouvrière sont développés ET
Richesse consommation, droits politiques) sont abordés. si les inégalités sont mises en
Critère prioritaire 4 inégalités par rapport à la situation de la bourgeoisie capitaliste sont mises en /4 évidence:
évidence critère satisfait
3 Exactitude Absence d’erreur importante au niveau des connaissances mobilisées, /3 Si plus de 2 erreurs au total:
Critère prioritaire Absence d’erreur au niveau des documents analysés et des comparaisons établies /3 critère non satisfait
4 Cohérence Présence d’une introduction et d’une conclusion en rapport avec l’explication /1
attendue
Chaque paragraphe a une unité de sens /1
5 Langue Orthographe correcte
Lexique adéquat /1
Syntaxe correcte
6 Soin Ecriture lisible, alignement et espace entre les paragraphes /1
L’élève a réussi s’il satisfait
Total /20
aux 3 critères prioritaires
La synthèse est nuancée (par exemple, les améliorations entre 1850 et 1886, même si
elles sont jugées largement insuffisantes ne sont pas oubliées) et/ou particulièrement
bien structurée (par exemple, le même paragraphe traite d’un aspect et de l’inégalité
Bonus /2
correspondante, ou l’aspect et l’inégalité correspondante sont traités dans des
paragraphes consécutifs). L’élève peut aussi organiser sa réponse en respectant une
logique déductive (le 2ème élément évoqué découle du 1er, et ainsi de suite)
(1) Le professeur a le choix entre une évaluation chiffrée et une évaluation non chiffrée.
(2) Pour la présente épreuve, on considérera que la synthèse ne peut comporter plus de 2 informations parasites.
Outils d’Evaluation pour les Humanités générales et Technologiques 11
Synthétiser
La condition ouvrière au 19e siècle
Construire des épreuves d’évaluation similaires appartenant à la même famille
Outre les attendus généraux relatifs à toute compétence, la famille de tâches « Synthétiser »,
illustrée par l’exemple d’épreuve d’évaluation, doit sa spécificité à :
Des documents
- accessibles pour les élèves ;
- d’un genre déjà rencontré, traces du passé et/ou travaux postérieurs ;
- pertinents par rapport à la problématique de recherche ;
- qui ne posent pas/plus de problème critique ;
- comportant des informations qui peuvent être mises en relation entre elles et/ou avec ;
- des informations préalablement apprises.
Pour rester dans la même configuration, et donc faire mobiliser les mêmes ressources,
l’enseignant ne peut changer ces éléments. Par contre, il peut faire varier les paramètres
suivants :
La problématique abordée ;
Le concept à utiliser ;
Les genres et les contenus des documents.