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Annales de la Société entomologique de France (N.S.

)
International Journal of Entomology

ISSN: 0037-9271 (Print) 2168-6351 (Online) Journal homepage: http://www.tandfonline.com/loi/tase20

Évolution et phylogénie des Coléoptères


Passalidae (Scarabaeoidea)

Stéphane Boucher

To cite this article: Stéphane Boucher (2005) Évolution et phylogénie des Coléoptères Passalidae
(Scarabaeoidea), Annales de la Société entomologique de France (N.S.), 41:3-4, 239-604, DOI:
10.1080/00379271.2005.10697444

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Published online: 31 May 2013.

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Ann. Soc. entomol. Fr. (n.s.), 2005, 41 (3-4) : 239-604.

Évolution et phylogénie
des Coléoptères Passalidae (Scarabaeoidea)
Les taxons du groupe famille
La tribu néotropicale des Proculini
et son complexe Veturius
Stéphane BOUCHER
Muséum national d’Histoire naturelle, Département Systématique & Évolution
CP 50, Entomologie, F-75231 Paris Cedex 05

Résumé. Les Passalidae Leach sont étudiés dans leur cadre morphologique, caryologique, phylogéné-
tique et biogéographique. Un rappel est donné dans ces domaines sur les travaux de référence les plus
significatifs. Une synthèse est aussi fournie sur les connaissances éco-éthologiques de la famille. Les
analyses et hypothèses évolutives sont menées en suivant les méthodes et principes cladistes et de
cladogenèses par vicariance. Toutes les données relatives aux techniques, aux options utilisées et aux
caractères étudiés sont explicitées, la plupart figurées. L’ensemble du travail exprime le besoin de rééva-
luer les systèmes descriptifs et d’affiliations traditionnels pour la famille et apporte à sa connaissance des
éléments théoriques nouveaux. Environ 930 espèces sont reconnus (700 dans la littérature) ; il en exis-
terait environ 1 000 au total. Trois régions morphologiques principales sont étudiées plus en détail et l’ho-
mologie de leurs caractères constitutifs est établie ou discutée : structures dorsales de la capsule cépha-
lique, mandibules, genitalia ectodermiques mâles et femelles complets. Ces caractères, et ceux d’autres
régions du corps ou des appendices (beaucoup sont inédits) sont décrits et interprétés. Chapitre I, La
famille des Passalidae est assurément monophylétique. Les taxons du groupe famille comptent 2 sous-
familles et 7 tribus (1 est nouvelle, 3 sont revalidées). Un genre est revalidé et les rares fossiles connus
réexaminés. Chaque tribu est endémique d’un continent, l’ensemble offrant d’étroites relations avec la
tectonique des plaques depuis le Jurassique moyen. Ces taxons typiquement gondwaniens correspon-
dent en partie aux conceptions systématiques (bien qu’abandonnées depuis longtemps) de Kaup (1871)
et de Gravely (1914-1918), principalement. La phylogénie, les systèmes de distributions, l’origine géogra-
phique et écologique, la paléobiogéographie et le groupe frère des Passalidae (fortement soutenu ici pour
être les Trogidae) sont soumis à de futurs compléments d’hypothèses. Chapitre II, Les 19 genres de la
tribu néotropicale des Proculini Kaup (un est nouveau, un est mis en synonymie) sont rediscutés en
profondeur et souvent modifiés (de nombreuses espèces sont permutées d’un genre vers un autre et
l’endémisme de chaque genre est revue). Le groupe frère de la tribu est potentiellement constitué d’une
partie des Pertinax Kaup, s. str. La tribu est divisée en deux grands clades. Chaque genre est redéfini sur
des critères phylogénétiques et leur biogéographie historique est mise en évidence au sein de scénarios,
eux-mêmes intégrés dans la tectonique et la géomorphologie des Antilles et des Amériques Centrale et
du Sud, depuis le Crétacé supérieur. Les patrons de dispersions (sensu Halffter 1976-1987), pour les
Proculini, sont revisités : ils comprennent le méso-américain de montagne (12 genres), le néotropical
typique (2 genres) et l’un est crée, le méso-américain de basse montagne (5 genres originaires de Méso-
Amérique, mais qui sont aujourd’hui aussi présents en Amérique du Sud). Chapitre III, Parmi les genres
de Proculini, Arrox Zang s. nov. (revalidé ; 2 espèces méso-américaines) et Veturius Kaup s. nov. (3 sous-
genres ; 74 espèces dont 40 nouvelles, répandues dans presque toute l’Amérique intertropicale) sont
révisés sous forme monographique détaillée. L’étude systématique, écologique et biogéographique de
ces genres est portée depuis leurs ancêtres hypothétiques jusqu’aux populations intraspécifiques de
certaines espèces, et pour chaque espèce depuis son origine présumée. Pour Veturius, 5 régions et 22
sous-régions synthétisent ses richesses biocénologiques et faunistiques dans toute son aire. Ces compar-
timentations géographiques sont une source d’informations fines et préalables aux interprétations biogéo-
graphiques. Des isolements post-Pléistocène d’espèces offrent une relation aiguë avec les refuges fores-
tiers de Haffer et de Prance. Ces modèles révélés par Veturius – groupe très diversifié et occupant un
vaste territoire hétérogène – semblent applicables, en Amérique, aux autres Passalidae et à d’autres
organismes terrestres.

E-mail : sbl@mnhn.fr
Accepté le 16 juin 2006

239
Stéphane Boucher

Abstract. Evolution and phylogeny of the Coleoptera Passlidae (Scarabaeoidea). The Passalidae
Leach are studied in their morphology, caryology and biogeography. The most significative works in these
domains are noted. A synthesis is equally given about the eco-ethological data on the family. Evolutive
analyses and hypotheses follow the principles of cladistic and cladogenesis vicariance. All the technical
data, chosen options and studied characters are explained, most of them being figured. The work in its
whole shows the need of a reevaluation of the traditional descriptive and affiliation systems in the family
and gives knowledge of new theorical elements. Approximatively 930 species are recognized (700 in the
literature). There could be 1 000 as a whole. Three principal morphological regions are studied with more
details and the homology of their characters is established or discussed: dorsal structures of the head,
mandibles, male and female complete ectodermic genitalia. Those characters, as well as those of other
corporal regions or of the appendages (of which a large part is new), are described and interpreted.
Chapter I, The Passalidae form a monophyletic group with certainty. The taxa of the family group include
2 subfamilies and 7 tribes (1 is new, 3 are revalidated). One genus is revalidated and the rare known fossils
are reexamined. Each tribe is endemic from a continent, all of them showing strait relations with the plates
tectonic since Middle Jurassic. Those typically Gondwanian taxa correspond partially to the systematics
(though abandoned since a long time) of Kaup (1871) and Gravely (1914-1918). The phylogeny, distribu-
tion systems, geographic and ecological origin, paleobiogeography, and sister group of the Passalidae
(strongly supported here to be the Trogidae) are submitted to future extensions of hypotheses. Chapter II,
The knowledge of the 19 genera of the Neotropical tribe Proculini Kaup (one is new, one is undergraded
to synonym) is rediscussed largely and often modified (numerous species are newly combined from a
genus to another and the endemism of each genus is adapted). The sister group of the tribe seems to be
constituted among the Pertinax Kaup, s. str. The tribe is divided in two principal clades. For each genus
a new definition is given, based on phylogenetic criteria, and their historical biogeography is put to evidence
among the scenarios, those being integrated is the tectonic and the geomorphology of the Antillas and
the Meso and South Americas since the Upper Cretaceous. The dispersion patterns (sensu Hallfter 1976-
1987) of the Proculini are revisited and comprise the Meso-American mountain d. p. (12 genera), the typi-
cal Neotropical d. p. (2 genera), and a new one, the Meso-American low mountain d. p. (5 genera, origi-
nating from Meso-America but today also present in South America). Chapter III, Among the genera of
Proculini, Arrox Zang s. nov. (revalidated; 2 Meso-American species) and Veturius Kaup s. nov. (3 subgen-
era; 74 species from which 40 are new; expanded about nearly all Intertropical America) are revised in a
detailed monography. The systematic, ecologic and biogeographic studies of the genera start with their
hypothetic ancestor up to certain intraspecific populations, and for each species from its origin. For Veturius,
5 regions and 22 subregions give the synthesis of faunistic and biocenologic richness through its whole
distribution. These geographic partitions are fine data source and precede evolutive biogeographic inter-
pretations. Post-Pleistocene speciations induce a strait relation with the Haffer and Prance’s forest refuges.
Those models revealed by Veturius – a diversified group, expanded in a very heterogeneous territory –
seem to be applicable to the other Passalidae, well as to many other Neotropical terrestrial organisms.

Keywords. Coleoptera, Scarabaeoidea, Passalidae, evolution, phylogeny, biogeography, vicariance,


ecology, intertropical zone.

240
Ann. Soc. entomol. Fr. (n.s.), 2005, 41 (3-4).

TABLE DES MATIÈRES

Résumé étendu ................................................................................. 245 Polymorphisme .................................................................. 271


Extended abstract ............................................................................. 251 Importance des caractères « non ambigus » .............. 272
3.4. Algorithmes utilisés ......................................................... 272
Avertissement ..................................................................................... 257
3.5. Arbres ...................................................................................... 272
Remerciements ................................................................................. 258 3.6. Mesure de l’homoplasie ................................................ 272
Introduction générale .................................................................. 259 3.7. Tests de robustesse aux nœuds internes ............... 272
3.8. Monophylétisme des taxons terminaux ............... 273
INTRODUCTION À L’ÉTUDE 4. Méthode d’approche biogéographique ..................... 273
SYSTÉMATIQUE DES PASSALIDAE
1. Diversité spécifique ................................................................. 262 CHAPITRE I
LES TAXONS DU GROUPE FAMILLE
2. Répartition géographique .................................................. 262
3. Originalités morphologiques Introduction ....................................................................................... 275
et éco-éthologiques ........................................................................ 262 A. Étude de trois territoires morphologiques :
3.1. Habitus ................................................................................... 262 structures dorsales de la capsule céphalique,
3.2. Habitat et régime alimentaire .................................... 263 mandibules et genitalia ............................................................ 275
3.3. Biologie, éthologie ........................................................... 264 Terminologie .................................................................................. 275
4. Critères et classifications taxinomiques ................... 264 1. Les structures dorsales de la capsule céphalique :
5. Remarques sur les travaux antérieurs ........................ 265 la suture épicrânienne et les principales régions
6. Problèmes posés pour la taxinomie du front et du clypéo-front ...................................................... 275
et la phylogénie ................................................................................. 266 1.1. Principaux sous-ensembles dorso-céphaliques . 278
6.1. Diversité et utilisation 1.2. Complexe labro-clypéo-frontal ................................. 281
des caractères taxinomiques ................................................... 266 Labre ........................................................................................ 281
6.2. Rareté du dimorphisme sexuel .................................. 266 Clypéus ................................................................................... 281
6.3. Rareté de la variation morphologique .................. 266 Bord frontal .......................................................................... 283
Polymorphisme .................................................................. 266 Aire frontale ......................................................................... 283
Polytypisme ......................................................................... 266 1.3. Aire post-frontale. ............................................................ 284
Tubercule central ............................................................... 284
MATÉRIEL ET MÉTHODES ...................................................... 267 Tubercules latéro-postérieurs ....................................... 284
1. Matériel d’étude ........................................................................ 267 Aires latéro-post-frontales ............................................. 285
1.1. Spécimens .............................................................................
267 Tubercules tentoriaux ...................................................... 286
1.2. Origine géographique des spécimens .................... 267 Sillon post-frontal ............................................................. 287
1.3. Institutions et collections ............................................. 267 1.4. Région occipitale .............................................................. 287
1.4. Iconographie, abréviations et signes utilisés ...... 268 1.5. Épicrâne ................................................................................. 287
2. Techniques d’étude morphologique ........................... 269 Fossettes épicrâniennes ................................................... 287
2.1. Genitalia femelles ............................................................. 269 Arêtes supra-oculaires et « angles antérieurs
2.2. Genitalia mâles ................................................................... 270 de la tête » .............................................................................. 287
3. Méthode d’analyse phylogénétique ............................. 270 Fossettes post-oculaires ................................................... 288
3.1. Principe général ................................................................. 270 2. Les mandibules ........................................................................... 288
3.2. Saisie et traitement des données ............................... 270 2.1. Généralités ............................................................................ 288
3.3. Options choisies pour les caractères matriciels 270 2.2. Asymétrie .............................................................................. 288
Plan de base des taxons supra-spécifiques ................. 270 2.3. Lobe inciseur ....................................................................... 288
Groupes internes et externes .......................................... 271 2.4. Lobe molaire ....................................................................... 289
Retours aux caractères ..................................................... 271 Dents internes supérieures ............................................ 289
Polarisation ........................................................................ 271 Dents internes inférieures ............................................. 290
Permutations ..................................................................... 271 Tables molaires .................................................................... 291
Pondération ........................................................................ 271 Appendice basal droit ...................................................... 291

241
Stéphane Boucher

2.5. Dents dorsales ..................................................................... 292 Exposition clypéale ........................................................... 326


2.6. Dents extra-basales .......................................................... 292 Rides et tubercules frontaux .......................................... 326
2.7. Fossettes infra-basales ..................................................... 292 Solenocyclini et Leptaulacini ...................................... 326
3. L’abdomen et les genitalia .................................................. 292 Rides et tubercules frontaux .......................................... 326
3.1. Ventrites visibles ................................................................ 293 Macrolinini ........................................................................... 326
3.2. Postabdomen ....................................................................... 293 Compression bilatérale du clypéo-front ..................... 326
Segment VIII ....................................................................... 294 Asymétrie de la région clypéo-frontale ....................... 326
Segment IX ........................................................................... 297 Disposition des tubercules et des rides frontaux ....... 327
3.3. Genitalia mâles : l’édéage et le sac interne .......... 300 Le genre Pseudepisphenus ......................................... 327
Édéage ..................................................................................... 300 Passalini et Proculini ........................................................ 327
Sac interne ............................................................................. 302 Évolution générale de la structure clypéo-frontale . 327
3.4. Genitalia femelles : le vagin et ses dépendances 306 Le genre Passalus s. auct. .............................................. 328
Vagin ........................................................................................ 307 L’« exposition clypéale » des Proculini ........................ 329
Spermathèque et glande annexe ................................ 311 6.5. Remarques additionnelles sur les mandibules
des Passalinae ................................................................................. 329
B. Phylogénie des taxons du groupe famille ........... 315
Lobe inciseur ....................................................................... 329
1. Travaux antérieurs ................................................................... 315 Dents extra-basales ........................................................... 330
1.1. Gravely (1914, 1918) ..................................................... 315 Dents internes supérieures ............................................ 330
1.2. Virkki & Reyes-Castillo (1972) ............................... 315 Tables molaires .................................................................... 330
1.3. Fonseca (1987, 1993) .................................................... 315 6.6. Évolution des spolons supérieurs des protibias
2. Choix des groupes externes ............................................... 316 des Passalidae ................................................................................. 330
2.1. Lucanidae .............................................................................. 316 6.7. Clé des taxons du groupe famille ............................ 331
2.2. Chironidae ............................................................................ 316 7. Traces paléontologiques ...................................................... 332
2.3. Trogidae ................................................................................. 316 7.1. Amérique du Nord .......................................................... 332
3. Caractères utilisés dans l’analyse ................................... 317 7.2. Asie continentale ............................................................... 333
3.1. Désignation, états et codage ....................................... 317 7.3. Amérique du Sud .............................................................. 333
3.2. Matrice ................................................................................... 317
8. Endémismes géographiques ............................................. 333
4. Résultat : arbre de consensus ........................................... 318 8.1. Passalinae ............................................................................... 333
5. Nouvelle classification Amériques ............................................................................. 333
et corrections nomenclaturales .............................................. 318 Afrique et Madagascar .................................................... 333
6. Synapomorphies des taxons .............................................. 320 Asie et Australasie .............................................................. 334
6.1. La famille des Passalidae ............................................... 320 8.2. Aulacocyclinae .................................................................... 335
Caractères non ambigus ................................................. 320 C. Hypothèses paléobiogéographiques ........................ 335
Autres caractères informatifs, mais ambigus ....... 322
Caractères non utilisés dans l’analyse ...................... 322 1. La période gondwanienne .................................................. 335
6.2. La sous-famille des Aulacocyclinae ......................... 322 1.1. Origine géographique et écologique
Caractères non ambigus ................................................. 322 des Passalidae ................................................................................. 335
Caractères non utilisés dans l’analyse ...................... 323 1.2. Origine géographique des Aulacocyclinae
Aulacocyclini et Ceracupini ......................................... 323 et des Passalinae ............................................................................ 337
Aulacocyclini, Ceracupini n. ....................................... 323 2. La période post-gondwanienne :
6.3. La sous-famille des Passalinae .................................... 323 origine des vicariances indo-africaine et américaine
Solenocyclini-Leptaulacini-Macrolinini ................ 324 chez les Passalinae ........................................................................... 337
Solenocyclini-Leptaulacini ........................................... 324 D.Conclusion du chapitre I ................................................. 338
Solenocyclini ........................................................................ 324
Leptaulacini .......................................................................... 325
Macrolinini ........................................................................... 325 CHAPITRE II
Passalini-Proculini ............................................................. 325 LA TRIBU NÉOTROPICALE
Passalini .................................................................................. 325 DES PROCULINI KAUP
Proculini ................................................................................. 325 Introduction ....................................................................................... 341
6.4. Remarques additionnelles sur les structures
dorsales de la tête des Passalidae ......................................... 326 Matériel d’étude ............................................................................... 341
Passalinae et Aulacocyclinae ......................................... 326 Précédente classification ............................................................ 342

242
Table des matières

A. Phylogénie .................................................................................... 342 n. Verres-Veturius ................................................................ 363


1. Recherche de nouveaux caractères ............................... 342 8. Endémismes géographiques ............................................. 363
2. Choix des groupes externes ............................................... 342 8.1. La faune des Grandes Antilles ................................... 363
2.1. Passalus Fab. s. str. et Paxillus Mac Leay .............. 342 8.2. Les groupes géographiques de genres
2.2. Groupe de « Passalus » guatemalensis Kaup .......... 343 de Proculini .................................................................................... 363
2.3. Pertinax Kaup s. str. ......................................................... 343 8.3. Endémisme des genres du clade Vindex-Ogyges 364
8.4. Endémisme des genres du clade
3. Taxons terminaux soumis à l’analyse ......................... 343
Chondrocephalus-Arrox ............................................................. 364
3.1. Discussion sur le monophylétisme des taxons . 343
Vindex Kaup 1871 ............................................................ 343 Chondrocephalus ................................................................. 364
Xylopassaloides Reyes-Castillo & Fonseca 1987 . 344 Arrox ......................................................................................... 364
Pseudacanthus Kaup 1869 s. nov. .............................. 344 Autres genres ........................................................................ 364
Undulifer Kaup 1869 s. nov. ....................................... 344 Le Petrejoides de l’île Cocos .......................................... 365
Oileus Kaup 1869 .............................................................. 345 B. Biogéographie ........................................................................... 365
Proculejus Kaup 1868 ...................................................... 345
1. Tectonique régionale : la Méso-Amérique
Proculus Kaup 1868 ......................................................... 345
et les Grandes Antilles ................................................................. 367
Ogyges Kaup 1871 ............................................................. 346
Chondrocephalus Kuwert 1896 ................................... 346 2. Paléobiogéographie des Proculini ................................ 367
Petrejoides Kuwert 1896 s. nov. .................................. 347 2.1. Origine de la tribu ........................................................... 367
Yumtaax n. g. ....................................................................... 348 2.2. Diversification des deux clades principaux
Popilius Kaup 1871 s. nov. ........................................... 348 au Paléo-Néogène ....................................................................... 368
Spurius Kaup 1871 ........................................................... 349 2.3. Effets de la connexion Mio-Pliocène
Heliscus Zang 1905 s. nov. ............................................ 350 de Panama ....................................................................................... 368
Odontotaenius Kuwert 1896 s. nov. ......................... 351 3. Biogéographie post-glaciaire des Proculini ............ 368
Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970 ............................... 351
4. Les patrons de dispersion des Proculini .................. 369
Arrox Zang 1905 s. nov., n. stat. .............................. 351
4.1. Les patrons de dispersion méso-américains
Verres Kaup 1871 ............................................................... 352
de montagne et de basse montagne .................................. 369
Veturius Kaup 1871 s. nov. ........................................... 352
4.2. Le patron de dispersion néotropical ...................... 370
4. Caractères utilisés dans l’analyse ................................... 353
4.1. Désignation, états et codage ....................................... 353 C. Conclusion du chapitre II ............................................... 371
4.2. Matrice ................................................................................... 354
5. Résultat : arbre de consensus ........................................... 354 CHAPITRE III
5.1. Topologie du groupe interne ..................................... 354 LE COMPLEXE VETURIUS,
5.2. Topologie des groupes externes ................................ 355 MODÈLE D’EXPANSION CONTINENTALE
6. Monophylétisme des Proculini ...................................... 355 CHEZ LES PROCULINI
7. Synapomorphies aux nœuds internes ........................ 356 Introduction ....................................................................................... 373
7.1. Les deux divisions principales ................................... 356
Matériel et méthode ...................................................................... 373
a. Vindex-Ogyges ................................................................. 356
b. Chondrocephalus-Arrox .............................................. 358 A. Phylogénie ................................................................................... 374
7.2. Autres divisions .................................................................. 358 1. Historique ..................................................................................... 374
a. Vindex-Xylopassaloides ................................................ 358 1.1. De Voët (1766) à Kaup (1869) ................................ 374
b. Pseudacanthus-Ogyges ................................................. 359
1.2. Kaup (1871) ........................................................................ 374
c. Pseudacanthus-Undulifer ........................................... 359
1.3. Kuwert (1891-1898) ...................................................... 375
d. Oileus-Ogyges .................................................................. 359
1.4. Arrow (1907) ...................................................................... 376
e. Proculejus-Ogyges ........................................................... 360
1.5. Gravely (1918) ................................................................... 376
f. Proculus-Ogyges ............................................................... 360
1.6. Les auteurs brésiliens (1922-1967) ........................ 376
g. Petrejoides-Popilius ........................................................ 361
h. Yumtaax-Popilius .......................................................... 361 1.7. Reyes-Castillo (1970) ..................................................... 377
i. Yumtaax-Spurius ............................................................ 361 2. Position phylogénétique dans la tribu
j. Heliscus-Arrox .................................................................. 361 et dans le complexe de genres ................................................ 377
k. Heliscus-Pseudoarrox .................................................... 362 2.1. Le clade Arrox-Verres-Veturius .................................... 377
l. Odontotaenius-Pseudoarrox ....................................... 362 2.2. Monophylétisme d’Arrox et de Verres .................... 377
m. Verres-Arrox .................................................................... 362 2.3. Monophylétisme de Veturius ...................................... 378

243
Stéphane Boucher

2.4. Monophylétisme du sous-genre Veturius (Publius) ; Diversité spécifique .......................................................... 532


paraphylétisme du genre Veturius s. auct. ...................... 379 Désignation et définition des groupes d’espèces 532
2.5. Clé des genres Arrox, Verres et Veturius ................. 379 Répartition géographique ............................................. 532
3. Analyse phylogénétique du genre Veturius ............ 379 Remarques taxinomiques .............................................. 533
3.1. Caractères et taxons utilisés ........................................ 379 Clé des espèces .................................................................... 534
Désignation, états et codage ........................................ 379 Groupe « punctatostriatus » ............................................ 535
Matrice .................................................................................... 381 Groupe « cirratus » ............................................................. 554
3.2. Résultat : arbre de consensus Groupe « laevior » ............................................................... 561
(données principales) ................................................................ 382 B. Synthèse chorologique et faunistique .................... 565
3.3. Examen des synapomorphies ..................................... 382 1. Généralités sur la répartition géographique
3.4. Importance du polymorphisme alaire ................... 384 de Veturius ............................................................................................ 566
Morphologie générale et terminologie ................... 385 1.1. Originalités et affinités de Veturius parmi
Macroptérisme .................................................................. 385 les Proculini .................................................................................... 566
Brachyptérisme .................................................................. 385 1.2. Principales influences géomorphologiques ........ 567
Hémibrachyptérisme ....................................................... 386 Les reliefs ................................................................................ 567
Polymorphisme intraspécifique .................................... 386 Panama et les sous-continents méso-
Origine de la réduction alaire ..................................... 386 et sud-américains ............................................................... 567
4. Monographie des genres Arrox et Veturius ............ 386 Événements majeurs en Amérique du Sud .......... 567
4.1. Genre Arrox Zang 1905 s. nov. ................................. 386 1.3. Influence du climat et de la végétation ................ 567
Caractères diagnostiques ............................................... 386 Les formations xériques : des barrières ................... 568
Diversité spécifique .......................................................... 386 Les forêts-galeries du centre-est et du nord-est
Répartition géographique ............................................. 387 du Brésil : des voies d’échanges .................................. 570
Remarques taxinomiques et nomenclaturales .... 387 Le Pantanal : une lagune en partie dépourvue
Clé et révision des espèces ............................................ 387 d’espèces .................................................................................
570
4.2. Genre Veturius Kaup 1871 s. nov. ........................... 393 2. Richesse des faunes régionales et sous-régionales 571
Caractères diagnostiques ............................................... 393 2.1. La Méso-Amérique .......................................................... 571
Diversité sub-générique et spécifique ..................... 393 2.2. Les Andes .............................................................................. 572
Dominance spécifique et écologique ....................... 393 2.3. Le Sud-Est Brésil, s.l. ...................................................... 574
Répartition géographique ............................................. 394 2.4. L’Amazonie, s.l. .................................................................. 575
Clé des sous-genres ........................................................... 394 2.5. Le Massif des Guyanes .................................................. 576
Index des espèces ; ancienne et nouvelle 3. Discussion ..................................................................................... 577
nomenclatures ..................................................................... 394
4.3. Sous-genre Veturius (Veturius) s. str. ....................... 396 C. Éléments de biogéographie ............................................ 578
Caractères diagnostiques ............................................... 396 1. Au Néogène .................................................................................. 579
Désignation et clé des groupes d’espèces .............. 396 1.1. La cladogenèse Verres-Veturius ................................... 579
Répartition géographique ............................................. 396 1.2. La cladogenèse Ouayana-Veturius s. str.
Remarques taxinomiques et nomenclaturales .... 396 (+ Publius) ....................................................................................... 579
Groupe « biapicalis » ......................................................... 396 1.3. La cladogenèse Veturius s. str.-Publius ................... 579
Groupe « caquetaensis » .................................................... 403 1.4. Les cladogenèses des groupes
Groupe « sinuatocollis » .................................................... 410 et des sous-groupes d’espèces ................................................ 580
Groupe « platyrhinus » ...................................................... 421 2. Au Pléistocène ............................................................................ 581
Groupe « cephalotes » ......................................................... 447 2.1. Les vicariances Pléistocène : analogies
Groupe « ecuadoris » .......................................................... 461 ou homologies avec les « refuges forestiers » ? ............... 581
Groupe « libericornis » ...................................................... 471
3. Depuis la glaciation du Würm ....................................... 583
Groupe « transversus » ....................................................... 478
3.1. Les voies principales favorables aux expansions 584
4.4. Sous-genre Veturius (Publius) Kaup 1871 s. nov. 509
3.2. Les barrières persistantes ............................................... 585
Caractères diagnostiques ............................................... 509
Diversité spécifique .......................................................... 509 D.Conclusion du chapitre III ............................................. 585
Répartition géographique ............................................. 509 Conclusion générale ...................................................................... 586
Remarques phylogénétiques et taxinomiques .... 509
Auteurs cités ........................................................................................ 590
Clé et révision des espèces ............................................ 510
4.5. Sous-genre Veturius (Ouayana) n. subg. .............. 532 Liste des abréviations morphologiques ........................... 600
Caractères diagnostiques ............................................... 532 Index des taxons ............................................................................... 601

244
Ann. Soc. entomol. Fr. (n.s.), 2005, 41 (3-4).

RÉSUMÉ ÉTENDU
Ce travail est une étude sur l’histoire évolutive de la famille prétées, la plupart pour la première fois. Les caractères utili-
des Coléoptères Passalidae Leach 1815 (Scarabaeoidea), sés pour les reconstructions phylogénétiques et pour la
faisant intervenir des analyses phylogénétiques cladistiques pratique taxinomique sont discutés plus en détail et presque
de caractères morphologiques de la larve et de l’imago et tous sont illustrés.
permettant d’aboutir à des scénarios biogéographiques.
Phylogénie. La méthode d’analyse est celle de la systéma-
L’observation des données biologiques et les résultats obte-
tique phylogénétique de Hennig (1950) par parcimonie de
nus pour l’ensemble du groupe conduisent à revoir de
Wagner. Toutes les options utilisées pour les caractères et
nombreuses interprétations ainsi que les systèmes descrip-
pour les arbres sont indiquées et leur choix est justifié.
tifs traditionnels. Trois niveaux taxinomiques ont été rete-
L’algorithme pratiqué de préférence est l’algorithme exact
nus et sont abordés successivement : 1) les taxons du groupe
du Branch & Bound (Hendy & Penny 1982), mais il est
famille (chap. I) ; 2) les genres de la tribu néotropicale des
remplacé par un algorithme approximatif, « heuristique »,
Proculini Kaup (chap. II) ; 3) les espèces des genres affins de
lorsque le nombre de taxons terminaux en jeu est élevé.
Proculini Veturius Kaup s. nov. et Arrox Zang s. nov. (chap.
L’arbre de référence utilisé est l’arbre de consensus strict. La
III). Les territoires morphologiques étudiés sont externes,
mesure de l’homoplasie est calculée au moyen de l’indice
couvrant l’ensemble du corps et des appendices (tête, thorax,
de cohérence (CI) et celle du monophylétisme des taxons
abdomen) et internes (endocranium, genitalia ectodermiques par le test statistique du Bootstrap.
complets des deux sexes). Pour la phylogénie, établir de Il a été établi, en amont des analyses des taxons termi-
nombreuses homologies importantes et auparavant douteuses naux supra-spécifiques (chap. I-II), un plan de base qui déter-
nécessite le recours à la morphologie comparée. La recherche mine le monophylétisme de chacun d’eux. Un plan de base
de caractères nouveaux, variés et informatifs est aussi indis- est fondé sur la découverte des autapomorphies, ce qui a
pensable. Il est également tenu compte avec précision des pour avantage de ne négliger aucune des espèces connues
spécificités et de l’historique des concepts taxinomiques et (et nouvelles), tout en effectuant une analyse réelle des rela-
des observations des auteurs, notamment parce que certaines tions phylogénétiques entre les taxons. Toutefois, cette
données publiées, parfois de premier intérêt, avaient été méthode ne peut être employée que grâce à une connais-
négligées depuis longtemps. L’analyse des caractères est sance profonde de l’ensemble du groupe à l’étude. Comme
confrontée avec les quelques connaissances caryologiques première conséquence, des recombinaisons d’espèces ont
sur la famille, ce qui permet d’ouvrir des perspectives du été nécessaires et toutes sont explicitées. La diversité d’un
même ordre avec les sources moléculaires. Chacune des caractère (caractère matriciel multi-états), dans le cas de
reconstructions phylogénétiques est complétée par des inter- taxons terminaux pluri- (supra)-spécifiques, est prise en
prétations écologiques et biogéographiques. La plupart des compte comme un polymorphisme.
observations et des hypothèses présentées sont nouvelles.
Biogéographie. La biogéographie pratiquée est celle de la
Matériel et méthodes vicariance. Les hypothèses historiques sont avancées et argu-
mentées à partir des faits chorologiques et écologiques
Spécimens et dissections. Le matériel étudié provient des détaillés des taxons, puis après optimisation des données
collections du Muséum national d’Histoire naturelle, de chorologiques sur l’arbre de consensus. Les seules hypo-
celui que j’y ai joint, ainsi que de celui d’une cinquantaine thèses retenues sont celles qui présentent le maximum de
d’institutions étrangères ou de personnes privées. L’ensemble cohérence avec la phylogénie.
représente environ 100 000 spécimens de la famille, presque
toutes les espèces décrites et un grand nombre d’espèces Introduction à l’étude systématique
nouvelles.
L’étude des sclérites de la tête a parfois nécessité des des Passalidae
dissections (endocranium, pharynx, labium). Les genitalia Cette partie résume notre connaissance biologique et systé-
complets requièrent toujours une dissection. Pour les matique de la famille. La diversité de l’ensemble du groupe
femelles, l’abdomen est traité in toto à la potasse et à l’acide est augmentée à environ 930 espèces (700 auparavant).
acétique. Puis l’urite VIII, avec les genitalia, sont séparés de Une évaluation maximale avoisine 1000 espèces. Presque
l’abdomen et subissent des « gonflages » et des colorations toutes les espèces habitent et consomment des bois morts
adaptés selon les spécimens, ou selon les espèces. Pour les des forêts humides intertropicales. Les Angiospermes
mâles, l’endophallus est dévaginé jusqu’au gonopore, après (Dicotylédones, beaucoup plus rarement des Mono-
ablation de l’édéage et traitement chimique comme pour cotylédones) sont les plantes hôtes habituelles. Les
les femelles. Toutes les structures cuticulaires des organes Gymnospermes sont rarement colonisées, soit par des
des deux sexes sont alors observables et sont décrites et inter- groupes « primitifs » d’Aulacocyclinae, soit par des groupes

245
Stéphane Boucher

« dérivés » de Passalinae (spécialement des Proculini). Deux et leur évolution générale sont discutés pour chaque taxon :
des particularités les plus notables et conséquentes de la plan de base, diversité, polymorphisme, homoplasie et ses
famille, parmi les Coléoptères, sont : 1) une homogénéité différentes formes (convergences, réversions et parallèlismes).
morphologique extrême, augmentée d’un dimorphisme L’« exposition clypéale », en particulier, admise depuis long-
sexuel très rare, d’un polymorphisme intraspécifique rare temps comme propre aux Passalinae Proculini, est en réalité
ou mineur (contrairement à ce qu’indique la littérature) présente chez d’autres lignées de Passalinae de l’Ancien et
et d’un polytypisme à peine démontré (en dépit d’asser- du Nouveau Mondes, ainsi que chez tous les Aulacocyclinae,
tions répandues et admises) ; 2) un comportement subso- mais suivant des processus et à des degrés distincts.
cial élaboré, puisque larves et adultes vivent en groupes Les mandibules, broyeuses et puissantes, ont une consti-
familiaux, communiquent par des signaux chimio-senso- tution simple, bien qu’elles soient très spécialisées. Leur
riels et acoustiques complexes, et se transmettent des intérêt systématique avait été soulevé surtout par Gravely
microorganismes indispensables à leur métabolisme lors (1914, 1918), mais il ne fut pas suivi. Cette erreur est confir-
de l’absorption de la cellulose. Par leur mode de vie et le mée par la mise en évidence de plusieurs caractères intéres-
milieu qu’ils occupent, les Passalidae ont un rôle impor- sants en phylogénie, reprenant ainsi ce que Boucher (1993)
tant parmi les décomposeurs primaires des forêts tropi- avait revu chez les genres indo-malais Aceraius et
cales humides. Leur intérêt, bien que déjà reconnu, en tant Ophrygonius. Trois régions principales sont étudiées dans le
qu’indicateurs écologiques, devrait être pris davantage en présent travail : lobe inciseur, lobe molaire et dents dorsales.
considération. Pour tous les taxons du groupe famille, l’homologie des
L’ancienne systématique de la famille, surtout typolo- caractères examinés (une quinzaine) est établie. Il est toute-
gique et fondée sur les travaux de Kaup (1871), de Gravely fois conclu, concernant les genres de Proculini (chap. II),
(1918) et de Reyes-Castillo (1970), est discutée dans sa qu’une partie des dents internes du lobe molaire distal mérite
méthode et dans ses concepts. de plus amples recherches pour en comprendre les homo-
logies de détails. L’évolution de ces dents proculiniennes est
Chapitre I. Les taxons du groupe famille assez récente et la plus complexe parmi tous les Passalidae.
Le postabdomen (urites VIII et IX étudiés ici) et les geni-
Étude de trois territoires morphologiques : structures talia présentent une majorité de caractères observés pour la
dorsales de la capsule céphalique, mandibules et genita- première fois. Leur interprétation morphologique est menée
lia. Dans l’étude phylogénétique des taxons du groupe en suivant l’hypothèse de Deuve (1988, 1993), qui considère
famille, trois territoires morphologiques de grande impor- l’évolution « pleurale » du territoire (principalement, l’urite
tance sont étudiés plus en détail que d’autres et la termino- VIII modifié et en partie délocalisé est constitué d’un tergite
logie de leurs caractères est en partie réadaptée ou créee : dorsal et de deux pleurites ou latérotergites). L’organisation
les structures dorsales de la capsule céphalique, les mandi- et le fonctionnement général des genitalia sont d’abord expo-
bules et les genitalia ectodermiques mâles et femelles sés, puis les observations détaillées mettent en relief, par des
complets. Un intérêt supplémentaire de confronter ces terri- exemples choisis, la diversité qu’offre chaque sous-ensemble
toires est qu’ils ont des situations topographiques distinctes morphologique et systématique. Chez le mâle, le tegmen, le
sur le corps de l’Insecte et des fonctions également diffé- phallus et l’endophallus ont une constitution simple et plutôt
rentes (nutrition, reproduction). Les deux premiers, pour- homogène dans la famille. Toutefois, des différences impor-
tant utilisés depuis toujours par les taxinomistes, soulevaient tantes, surtout concernant l’endophallus, sont mises en
de nombreux problèmes d’homologies. En réalité établies évidence entre des groupes de divers rangs comme entre
de façon incomplète ou erronée, celles-ci étaient la source espèces voisines (dimension, coloration, structure et couver-
de confusions. Pour les genitalia mâles, l’édéage avait été ture cuticulaires, avec présence ou non de soies, de micro-
étudié et utilisé, mais de façon ponctuelle, superficielle triches, de phanères, etc). Chez la femelle, les voies vaginales,
même, car sans l’endophallus. Les genitalia femelles n’avaient de formes et d’aspects très variables selon les groupes, sont
fait l’objet de presque aucune étude, y compris par des constituées de plusieurs lobes (1 à 3, subdivisés ou non), petits
morphologistes. à grands, pairs ou impairs, ventraux ou dorsaux. On constate
Les différentes régions de la face dorsale de la tête sont souvent une relation morpho-fonctionnelle nette entre les
distinguées avec l’utilisation, comme repères topographiques, lobes et l’endophallus du mâle. Ce dernier penètre donc large-
des sutures épicrâniennes et de leurs limites avec le clypéo- ment, voire en entier, dans le vagin lors de l’accouplement.
front et le post-front. L’homologie de toutes les structures La spermathèque et sa glande annexe (toujours unique)
dorso-céphaliques, ainsi que de quelques structures endo- présentent aussi, mais dans de moindres proportions ou moins
crâniennes, sont ainsi établies pour la famille. Quatre sous- clairement, une diversité intéressante en phylogénie (confor-
ensembles principaux sont distingués : le cadre labro-clypéo- mation et position). Aucun autre appareil glandulaire n’a été
frontal, les aires post-frontale et occipitale, et l’épicrâne observé dans le postabdomen des Passalidae, ce qui peut être
bipartite. Les caractères examinés (une quarantaine en tout) mis en relation avec la subsociabilité des espèces et avec la

246
Résumé

transmission par le bol alimentaire, d’un individu à un autre, minés : Aulacocyclini (indo-malo-australasiens : Aulacocyclus
des microorganismes cellulolytiques. Dans les deux sexes, la Kaup 1868, Comacupes Kaup 1871, Taeniocerus Kaup 1871),
trace visible d’un possible « médiotergite IX », replié sous le Ceracupini (Asie du Sud-Est continentale, Taiwan, sud du
médiotergite VIII, est signalé chez des espèces de divers Japon : Ceracupes Kaup 1871, Cylindrocaulus Fairmaire
groupes. L’existence de ce sclérite rélictuel corroborerait des 1880), Passalini (néotropicaux : Passalus Fab. 1792, Paxillus
phylogénies récentes publiées sur d’autres caractères : les Mac Leay 1819, Spasalus Kaup 1869, Ptichopus Kaup 1869,
Passalidae seraient assez « basaux » parmi les Scarabaeoidea, Passipassalus Fonseca & Reyes-Castillo 1993), Proculini
ce qui semble en effet cohérent. L’intérêt systématique qu’of- (néotropicaux, la plupart des 19 genres considérés, dont un
frent les genitalia mâles et femelles complets est tel qu’ils ne est mis en synonymie et un autre est revalidé, sont redéfi-
devraient plus être négligés dans toute étude de la famille. nis et comptent des transferts d’espèces ; voir chap. II),
Solenocyclini (afro-malgaches : Solenocyclus Kaup 1868,
Phylogénie. L’analyse est faite à partir d’une matrice de 10 Stephanocephalus Kaup 1869, Vitellinus Kuwert 1891,
taxons et de 38 caractères (empruntés à toutes les régions Ciceronius Kaup 1871, Flaminius Kuwert 1891, Semicyclus
morphologiques examinées). Le groupe interne (Passalidae) Kaup 1871, Pentalobus Kaup 1868, Didimus Kaup 1871,
compte deux sous-familles (Aulacocyclinae Kaup 1868, Erionomus Kaup 1868), Leptaulacini (indo-malo-papous :
Passalinae Leach 1815) et sept tribus (l’une est nouvelle, Leptaulax Kaup 1868, Trichostigmus Kaup 1871),
trois sont revalidées) : Aulacocyclini Kaup 1868 s. nov., Macrolinini (indo-malo-australasiens : Serrulus Hong 1983
Ceracupini n. trib. ; Passalini Leach 1815 s. nov., Proculini [fossile], Macrolinus Kaup 1868, Cacoius Boucher 1993,
Kaup 1871, Solenocyclini Kaup 1871 s. nov., n. stat., Pleurarius Kaup 1868, Tiberioides Gravely 1913, Episphenus
Leptaulacini Kaup 1871 s. nov., n. stat. et Macrolinini Kaup Kaup 1871 n. stat. [endémique de Sri-Lanka], Ophrygonius
1871 s. nov., n. stat. Cette classification phylogénétique est Zang 1904, Aceraius Kaup 1868, Pelopides Kuwert 1896,
augmentée de précisions et de corrections nomenclaturales Plesthenus Kaup 1871, Paratiberioides Iwase 1994, Analaches
et chorologiques. Les groupes externes sont les genres Kuwert 1891, Cetejus Kaup 1871, Labienus Kaup 1871,
Sinodendron Schneider (Lucanidae), Theotimius Huchet Protomocoelus Zang 1906, Gonatas Kaup 1871, Tarquinius
(Chironidae) et Trox Fab. (Trogidae). Ce choix est lié à des Kuwert 1891, Pseudepisphenus Gravely 1914, Hincksius
critères phylogénétiques, écologiques et paléobiogéogra- Boucher 1993, Mastochilus Kaup 1868, Pharochilus Kaup
phiques. Parmi les caractères utilisés, la présence remar- 1868, Austropassalus Mjöberg 1917). La répartition géogra-
quable, chez Trox, d’un « appendice » sensoriel basal sur les phique précise des tribus montre de claires distinctions entre
deux mandibules (seulement sur la droite chez les Passalidae chacune d’elles.
Passalinae ; absent, par réversion basale, chez les
Parmi les Macrolinini, la découverte d’une espèce
Aulacocyclinae), semble soulever une affiliation des plus
(Ophrygonius cantori Percheron) dans le Pakistan oriental,
étroites entre ces taxons (et non pas avec les Lucanidae,
étend vers l’ouest, sur 1000km, l’aire de répartition de la
comme l’indique la littérature).
famille en Asie. Cette limite biogéographique correspond
L’arbre de consensus strict obtenu est issu de 2 arbres aux limites occidentales des forêts humides subtropicales
également plus parcimonieux de 52 pas minimum pré-himalayennes.
(CI : 0,923) ; il confirme le monophylétisme supposé très
Parmi les Passalini, le genre Ptichopus est en réalité mono-
solide des Passalidae (8 caractères non ambigus). Le mono-
spécifique et endémique de la Méso-Amérique. Cette donnée
phylétisme de chaque tribu est aussi confirmé. Toutefois,
résulte des changements nomenclaturaux suivants concer-
les Passalini pourraient être scindés en deux (Pertinax s. str
nant les espèces décrites du Brésil : P. melzeri (Luederwaldt
et les autres Passalini). De futures recherches sont néces-
1927) n. syn. P. angulatus (Percheron 1835) ; Pertinax cara-
saires pour confirmer cette hypothèse que corroborent déjà
jaensis (Fonseca & Ribeiro 1993) n. comb. et Pertinax
quelques données morphologiques et caryologiques publiées
hylauius (Fonseca & Reyes-Castillo 1994) n. comb., du
ou nouvelles. La topologie de la sous-famille des Passalinae
groupe de P. venerabilis (Kuwert 1898).
indique que le clade Passalini-Proculini est le groupe frère
du clade Solenocyclini + (Leptaulacini + Macrolinini). Toutes Hypothèses paléobiogéographiques. L’origine géographique
les synapomorphies à chaque nœud (famille, clades internes et écologique de la famille, puis l’origine géographique de
et taxons terminaux) sont discutées et argumentées. Des chacun de ses clades et de ses tribus, sont discutées dans la
remarques synthétiques sont ajoutées sur l’évolution des chronologie de deux grandes phases tectoniques (gondwa-
structures dorso-céphaliques, des mandibules et des spolons nienne et post-gondwanienne). Les hypothèses paléobio-
protibiaux des imagos, dans la mesure où ces régions sont géographiques privilègient la vicariance des ancêtres
à la fois complexes, informatives et les plus accessibles à communs des Aulacocyclinae et des Macrolinini en Australo-
l’observation. Antarctique ; celle des Solenocyclini en Afrique ; celle des
Une clé des tribus et la liste des genres sont établies (l’un Leptaulacini sur l’Inde dérivant vers le Tibet ; enfin celle des
est revalidé), y inclus les rares fossiles connus qui sont réexa- Passalini-Proculini en Amérique du Sud. L’absence passée

247
Stéphane Boucher

d’Aulacocyclinae en Afrique et en Amérique semble certaine, L’arbre de consensus issu de 2 arbres également plus
ce qui suggère l’existence, primitivement, d’une radiation parcimonieux de 120 pas minimum (CI : 0,660) confirme
basale dans la famille dans le sud-est du Gondwana. De par le monophylétisme de la tribu (9 caractères non ambigus ;
ses dimensions et son homogénéité éco-éthologique, la la plupart sont nouveaux et s’opposent à ceux de l’ancienne
famille des Passalidae se présente comme un excellent groupe systématique). Passalus (manifestement polyphylétique) et
d’Arthropodes terrestres pour des études de biogéographie Paxillus figurent comme groupes frères, ce qui est très conce-
historique pantropicale. vable. La topologie des autres groupes externes confirme
l’affiliation la plus étroite des Proculini avec Pertinax
(chap. I) et l’isolement peu clair du groupe de « Passalus »
Chapitre II. La tribu néotropicale guatemalensis.
des Proculini Kaup Les Proculini sont scindés en deux clades principaux
bien soutenus : 1, Vindex-Ogyges (Vindex, Xylopassaloides,
Phylogénie. La tribu compte environ 250 espèces (200 aupa- Pseudacanthus, Undulifer, Oileus, Proculejus, Proculus,
ravant). L’analyse est faite à partir d’une matrice de 19 taxons Ogyges), lui-même divisé en trois (Vindex-Xylopassaloides,
internes (chap. I, genres de Proculini établis au préalable Pseudacanthus-Undulifer et Oileus-Ogyges [Oileus, Proculejus,
sur des autapomorphies) et de 51 caractères (empruntés à Proculus, Ogyges]) ; 2, Chondrocephalus-Arrox (Chondro-
toutes les régions morphologiques examinées). Une première cephalus, Petrejoides, Yumtaax, Spurius, Popilius, Heliscus,
analyse, effectuée avec le genre interne supplémentaire Odontotaenius, Pseudoarrox, Verres, Veturius, Arrox), lui-
Publius Kaup s. auct., conduit à une polytomie basale inévi- même divisé en trois : Petrejoides-Yumtaax-Spurius-Popilius,
table avec Veturius. Trois taxons de Passalini sont retenus et Heliscus-Odontotaenius-Pseudoarrox et Arrox-Verres-Veturius
justifiés comme groupes externes : Passalus Fab. s. str. [P. + Publius. Chondrocephalus apparaît comme taxon « de tran-
interruptus (L.) et espèces voisines], Paxillus Mac Leay [toutes sition » avec le clade Vindex-Ogyges. Les synapomorphies
espèces], le groupe de deux espèces de « Passalus » guatema- aux nœuds internes de l’arbre et la topologie des taxons
lensis Kaup, et Pertinax Kaup s. str. [P. convexus (Dalman) terminaux sont toutes discutées. On note en particulier clai-
et espèces voisines]. Le groupe interne (Proculini) comprend rement la non affiliation étroite de Proculus et de Veturius,
les genres et les transferts d’espèces suivants (chacun est contrairement à ce qu’indique la littérature. Diverses homo-
discuté) : Pseudacanthus Kaup 1869 s. nov., Undulifer Kaup plasies remarquables soulignent ce fait, de même que l’éco-
1869 s. nov. [U. nigidioides (Hincks 1949) n. comb., logie et la biogéographie bien distinctes des deux taxons.
U. violetae (Reyes-Castillo & Castillo 1986) n. comb.],
Vindex Kaup 1871, Xylopassaloides Reyes-Castillo et al. 1987, Biogéographie. La biogéographie de la tribu est intégrée au
Proculus Kaup 1868, Proculejus Kaup 1868 [P. obesus (Bates préalable dans le cadre tectonique de la Méso-Amérique,
1886) n. comb.], Ogyges Kaup 1871, Oileus Kaup 1869, du nord de l’Amérique du Sud et des Grandes Antilles depuis
Chondrocephalus Kuwert 1896 [C. salvadorae (Schuster le Crétacé Supérieur. L’endémisme géographique et écolo-
1988) n. comb.], Petrejoides Kuwert 1891 s. nov. [P. klin- gique de chaque clade et de chaque genre est établi et discuté,
gelhofferi (Kaup 1869) n. syn. et P. intergeneus (Bates 1886) puis les répartitions géographiques sont optimisées sur l’arbre
n. syn. de P. tau (Kaup 1869) ; P. mysticus (Bates 1886) de consensus.
n. comb., P. varius (Kuwert 1891) n. comb., P. frantzi L’origine avancée pour la tribu coïncide avec celle de
(Kuwert 1897) n. comb., P. lenzi (Kuwert 1897) n. comb., Reyes-Castillo & Halffter (1978) : le Nucléaire Méso-
P. abnormalis (Luederwaldt 1941) n. comb., P. hirsutus Américain de l’Oligo-Miocène. En revanche, des scénarios
(Luederwaldt 1941) n. comb., P. caldasi (Reyes-Castillo & Paléo-Néogène nouveaux sont proposés pour les processus
Pardo 1994) n. comb.] ; Yumtaax n. g. [Mexique, partim de diversification, en Méso-Amérique et en Amérique du
Petrejoides s. auct. : Y. recticornis (Burmeister 1847) n. comb., Sud, à l’origine des deux clades principaux de la tribu et pour
Y. laticornis (Truqui 1857) n. comb., Y. imbellis (Casey 1897) chacun de leurs genres. Deux genres seulement s’avèrent
n. comb., Y. nebulosus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) originaires d’Amérique du Sud : Popilius (encore actuelle-
n. comb., Y. mazatecus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) ment sud-américain) et Veturius (très largement répandu de
n. comb., Y. olmecae (Castillo & Reyes-Castillo 1984) part et d’autre de Panama). La compartimentation géogra-
n. comb.], Popilius Kaup 1871 s. nov., Spurius Kaup 1871, phique passée ou actuelle de chaque genre de Proculini est
Heliscus Zang 1905 s. nov. [Coniger Zang 1905 n. syn. ; liée à ses exigences écologiques et à l’importance qu’ont eu
H. eclipticus (Truqui 1857) n. comb., H. ridiculus (Kuwert des barrières géomorphologiques majeures (surtout les ensel-
1891) n. comb.], Odontotaenius Kuwert 1896 s. nov. [O. lements de Tehuantepec, du Nicaragua et de Panama d’une
decipiens (Kuwert 1896) n. comb., O. yucatanus (Bates 1886) part, les reliefs Andins d’autre part). Une distinction est claire
n. comb.], Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970, Arrox Zang sur ces points entre tous les genres.
1905 s. nov., n. stat. [voir chap. III], Verres Kaup 1871, Dans la biogéographie des Proculini, le rôle important
Veturius + Publius Kaup 1871 s. nov. [voir chap. III]). des patrons de dispersions (sensu Hallfter 1976-1987) conduit

248
Résumé

à créer un patron méso-américain voisin de celui de L’arbre de consensus strict, issu de 2 435 arbres égale-
montagne : le patron de basse montagne, qui intègre les cinq ment plus parcimonieux de 327 pas minimum (CI : 0,5),
genres originaires, mais non endémiques, de la Méso- confirme le monophylétisme du genre (14 caractères non
Amérique (Odontotaenius, Petrejoides, Spurius, Heliscus, ambigus) et le fait que Publius Kaup forme en réalité un
Verres). L’amplitude écologique de ces genres a toujours été groupe interne de Veturius (voir chap. II). Le grand genre
plus forte que ceux du patron de montagne (spécialisés depuis Veturius s. nov. est scindé en deux clades principaux, l’un
leur origine, ou peu modifiés depuis). Ceci explique que les étant lui-même scindé en deux. Ces trois groupes sont adop-
genres du patron de basse montagne ont : 1) une réparti- tés comme des sous-genres (l’un est crée) : Veturius s. str.
tion géographique qui dépasse largement leur cadre origi- (41 espèces macroptères ou hémibrachyptères, en huit
nel méso-américain (atteignant le sud de l’Amérique du Sud groupes d’espèces), Publius (un groupe homogène de 15
tropicale et [ou] l’Amérique du Nord tempérée) ; 2) une espèces brachyptères) et Ouayana n. subg. (18 espèces macro-
minorité d’espèces à ailes réduites (apomorphie). De son ptères, en trois groupes d’espèces). Veturius + Publius est
côté, le patron de dispersion néotropical typique est en réalité groupe frère de Ouayana. Des arguments solides suggèrent
propre aux seuls genres Popilius et Veturius, bien qu’ils n’ont que peu d’espèces restent à découvrir dans le genre. Des clés
pas la même histoire. d’identification sont données à tous les niveaux subgéné-
riques. De nombreux caractères-clés et tous les enseigne-
ments phylogénétiques fournis par chacun de ces niveaux
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle sont discutés, décrits et la plupart illustrés.
d’expansion continentale chez les Proculini Pour chaque espèce sont soulignés le polymorphisme,
les affinités morphologiques informatives et la répartition
Les genres Arrox et Veturius sont révisés dans un cadre mono- géographique et éco-altitudinale. Le matériel type est dési-
graphique détaillé (jusqu’aux populations infra-spécifiques). gné lorsque cela est nécessaire. Les groupes d’espèces dési-
Veturius, auparavant peu connu, est pris comme modèle gnés et les actes nomenclaturaux nouveaux relatifs aux
d’étude d’un grand taxon monophylétique et de distribu- espèces sont les suivants :
tion continentale parmi les Proculini. On tente également Sous-genre Veturius. – Groupe « biapicalis » : V. biapica-
d’approfondir les liens de causes à effets à l’origine de ces lis n. sp. [Equateur : Occidente] ; V. dibbi n. sp. [Equateur :
caractéristiques uniques dans la tribu. De nombreux aspects Oriente] ; V. hincksi n. sp. [Equateur : Occidente] ; V. petteri
taxinomiques, historiques, phylogénétiques, écologiques et n. sp. [Equateur : Occidente]. – Groupe « caquetaensis » :
biogéographiques sont abordés pour chaque groupe d’es- V. perecasi n. sp. [Colombie : Cord. Orientale] ; V. imitator
pèces et pour chaque espèce. Sur la base d’environ n. sp. [Colombie : Cord. Orientale] ; V. montivagus n. sp.
6 700 spécimens examinés et cités, de nombreux caractères [Colombie : Cord. Orientale ?]. – Groupe « sinuatocollis » :
nouveaux sont décrits. La plupart de ces caractères sont V. sinuatocollis Kuwert 1890 [V. sinuatosulcatus Gravely 1918
utilisés dans la phylogénie et tous peuvent l’être dans la n. syn.] ; V. schusteri n. sp. [Costa Rica, Panama]. – Groupe
pratique taxinomique courante. Arrox, également peu connu « platyrhinus » : V. platyrhinus (Hope & Westwood 1845) [V.
auparavant, est endémique de la Méso-Amérique et compte validus (Burmeister 1847) n. syn.]; V. standfussi Kuwert 1891
seulement 2 espèces (A. agassizi (Kaup 1871) n. comb., n. stat. [Andes; V. validoides Kuwert 1891 transf. syn., V. spini-
macroptère, et A. granulipennis (Zang 1905) n. comb., fer Gravely 1918 transf. syn.] ; V. aquilonalis n. sp. [Costa
brachyptère). Veturius compte 74 espèces méso- et (ou) sud- Rica, Panama] ; V. aspina Kuwert 1898 n. stat. [Andes,
américaines (28 auparavant), parmi lesquelles 5 synonymes Amérique Centrale] ; V. guntheri Kuwert 1898 [V. platyrrhi-
et 2 « variétés » sont élevés au rang de bonnes espèces, noides Kuwert 1898 transf. syn., V. peruvianus Arrow 1907
40 espèces nouvelles sont décrites, 10 espèces ou « variétés » n. syn., V. fassli Luederwaldt 1931 n. syn.] ; V. yahua n. sp.
sont mises en synonymie, 6 synonymes sont transférés d’es- [piémont Andin, Amazonie, Plateau Brésilien] ; V. onorei
pèces nominales et 1 espèce de Publius est recombinée dans n. sp. [Equateur, Colombie : Occidente]. – Groupe « cepha-
un autre sous-genre de Veturius. lotes » : V. jolyi n. sp. [Brésil, Venezuela, Guyana : Massif
Pacaraima] ; V. sinuatus (Eschscholtz 1829) n. stat. [S.-E.
Phylogénie. L’analyse de Veturius est effectuée à partir d’une Brésil, Argentine, Paraguay]. – Groupe «ecuadoris» : V. tarsipes
matrice de 74 espèces et de 93 caractères. Le développement n. sp. [Andes du Pérou] ; V. arawak n. sp. [Andes du Pérou] ;
et la conformation des ailes métathoraciques sont présentés V. inca n. sp. [Andes du Pérou] ; V. dreuxi n. sp. [Andes de
et pris en compte de façon exhaustive, étant donné leur Bolivie]. – Groupe « libericornis » : V. libericornis Kuwert
importance dans l’évolution générale des espèces, en parti- 1891 [V. criniferous Fonseca 2004 n. syn.] ; V. charpentierae
culier par rapport aux autres Proculini. On distingue en effet Reyes-Castillo 1973 [V. oepa Fonseca 1999 n. syn.]. – Groupe
chez Veturius, en plus des formes macroptères et brachy- « transversus » : V. transversus (Dalman 1817) [V. tritubercu-
ptères, des formes hémibrachyptères. Les groupes externes latus (Eschscholtz 1829) n. syn.] ; V. sinuosus (Drapiez 1820)
retenus sont les genres frères de Veturius, Arrox et Verres. n. stat. [Guyano-Amazonie, piémont Andin ; V. carinaester-

249
Stéphane Boucher

nus Kuwert 1898 n. syn.] ; V. simillimus Kuwert 1891 n. stat. Guyanes (Guyanes Atlantiques, Massif du Pacaraima, bas
[S.-E. Brésil ; V. vinculofoveatus Kuwert 1898 n. syn., V. brasi- Orénoque). Ces divisions mettent en évidence les ponts et
liensis Moreira 1922 transf. syn., V. costalimai Moreira 1922 les barrières qui relient ou séparent les faunes entre elles.
transf. syn., V. fluminensis Moreira 1922 transf. syn.]; V. muni- Les richesses spécifiques s’avèrent très hétérogènes selon les
tus Luederwaldt 1934 n. stat. [S.-E. Brésil] ; V. hermani n. sp. sous-régions (de 1 à 18 espèces et de 0 à 11 endémiques).
[Guyana : Massif Pacaraima] ; V. patinoi n. sp. [Colombie Les régions les plus riches ont à la fois une situation de carre-
Occidentale]. four biogéographique et des reliefs importants (Andes, Sud
Sous-genre Publius. – V. steinheili n. sp. [Colombie : de l’Amérique Centrale, Massif de Pacaraima). Les régions
Cord. Centrale] ; V. danieli n. sp. [Colombie : Cord. les moins riches sont situées, soit en périphérie, soit dans
Occidentale] ; V. alani n. sp. [Equateur : Occidente] ; V. rugi- des zones intermédiaires (avec ou sans relief ) de l’aire de
frons n. sp. [Colombie : Cord. Orientale] ; V. tectus n. sp. répartition du genre (Mexique et Nucléaire Méso-Américain,
[Colombie : Cord. Orientale] ; V. pehlkei n. sp. [Colombie : Llanos et bas Orénoque, Bassin Amazonien, Plateau
Cord. Centrale] ; V. dupuisi n. sp. [Colombie : Cord. Brésilien, Bassins du Paraguay et du Paraná). En consé-
Orientale] ; V. centralis n. sp. [Colombie : Cord. Centrale] ; quence, les reliefs augmentent l’endémisme, mais pas néces-
V. impressus Hincks 1934 n. stat. [Colombie : Sierra Nevada sairement la richesse spécifique. Ces faits particuliers parmi
Sta Marta] ; V. taurus n. sp. [Venezuela : Cord. Orientale, les Proculini, comparables sur certains points en Amérique
Táchira] ; V. talamacaensis n. sp. [Costa Rica, Panama : Cord du Sud avec le genre Popilius, sont interprétés comme un
Talamanca et Tilarán] ; V. solisi n. sp. [Costa Rica, Panama : héritage de l’ancêtre commun de la plupart des genres du
Cord. Talamanca]. clade Chondrocephalus-Veturius ; cet ancêtre appartenait au
Sous-genre Ouayana. – Groupe « punctatostriatus » : patron de dispersion méso-américain de basse montagne.
V. guyanensis n. sp. [Guyanes Atlantiques] ; V. negroensis
n. sp. [Brésil, Venezuela : Amazonas] ; V. bleuzeni n. sp. Biogéographie. En plus de la richesse spécifique cartogra-
[Venezuela : Massif Pacaraima] ; V. amazonicus n. sp. [Brésil, phiée, l’optimisation de la chorologie sur l’arbre de consen-
Pérou : Amazonie] ; V. dominicae n. sp. [Venezuela : Massif sus permet de penser que les Andes du Nord sont le centre
Pacaraima]; V. magdalenae n. sp. [Brésil : Amazonas]; V. ober- d’origine (Miocène inférieur) et le principal centre de diver-
thuri (Hincks 1933) n. comb. [Colombie : Cord. Orientale ; sification des Veturius. Les cladogenèses des sous-genres
V. louwerenzi Doesburg 1957 n. syn.] ; V. casalei n. sp. sont datées du Néogène (bien avant la connection défini-
[Colombie]. – Groupe « cirratus » : V. cirratoides n. sp. tive de Panama). À peine plus tardives, les cladogenèses
[Colombie : Cord. Centrale] ; V. fanestus n. sp. [Colombie : des groupes d’espèces du sous-genre Veturius semblent avoir
Nariño]. – Groupe « laevior » : V. ultimus n. sp. [Costa Rica : eu lieu en fonction de trois pools géographiques princi-
Cord. Tilarán] ; V. ptichopoides n. sp. [Panama : volcan paux (le cordon de Panama, les Andes et l’Amérique du
Chiriquí]. Sud extra-andine) et celles du sous-genre Ouayana en fonc-
tion de deux autres pools (les Andes du Nord et le Massif
Synthèse chorologique et faunistique. La connaissance de Pacaraima). Le sous-genre Publius semble avoir toujours
approfondie des systèmes de distribution spécifiques apporte été limité aux Andes, bien qu’il ait pu franchir l’Isthme de
des éléments clés en biogéographie. Cette synthèse est enta- Panama et atteindre les montagnes de Talamanca. Au
mée par des rappels sur les caractéristiques de la répartition Pléistocène et depuis le Würm, de nombreux ponts et
du genre par rapport à celles des autres Proculini. Un rappel barrières sont à l’origine de la plupart des vicariances visibles
est aussi donné sur les aspects géomorphologiques et phyto- aujourd’hui. Ces vicariances semblent très analogues, sinon
géographiques qui sont en grande partie à l’origine de la homologues, avec celles qui, publiées sur divers groupes
répartition des espèces. Une carte de richesse spécifique est de végétaux et d’animaux terrestres, auraient opéré grâce
alors établie par consensus en 5 régions et 22 sous-régions à des « refuges forestiers » enclavés ou périphériques (sensu
faunistiques : 1, Méso-Amérique (Sierra de los Tuxtlas Haffer et Prance). Pour la période historique, les princi-
[Veracruz, Mexique], Massif du Chiapas [Mexique], pales voies d’échanges favorables aux expansions des espèces,
Nucléaire Méso-Américain [Guatemala au nord du ainsi que les barrières persistentes favorables au maintien
Nicaragua], sud de l’Amérique Centrale [Costa Rica, des endémismes, sont discutées. Des faits précis soulignent
Panama], Isthme de Panama). 2, Andes (marge Pacifique l’importance du rôle de barrières qu’ont encore aujour-
de Colombie-Équateur, Sierra Nevada Sta Marta d’hui les Andes et le Bassin Amazonien, tandis que des
[Colombie], Cord. du Venezuela, Cord. Occidentale et zones de passages favorables, même modestes, prouvent
Centrale [Colombie], Cord. Orientale [Colombie], Andes leur efficacité pour des expansions (forêts-galeries des
d’Equateur, du Pérou et de Bolivie. 3, S.-E. Brésil s.l. (Bassins Llanos, piémont Andin, Corridor Paraguayen). Le modèle
du Paraguay et du Paraná, Brésil Atlantique, Plateau de biogéographie historique apporté par Veturius est sans
Brésilien). 4, Amazonie s.l. (Pará oriental [Brésil], Amazonie nul doute applicable aux autres Passalides, mais également
centre-orientale, Amazonie occidentale). 5, Massif des à d’autres organismes terrestres.

250
Ann. Soc. entomol. Fr. (n.s.), 2005, 41 (3-4). ABSTRACT

EXTENDED ABSTRACT
Evolution and phylogeny of the Coleoptera Passalidae (Scarabaeoidea)

The taxa of family-group


The Neotropical tribe of Proculini
and its complex Veturius

This work is a study on the history and evolution of the described species and a large number of new species. For
family Coleoptera Passalidae Leach 1815 (Scarabaeoidea) the study of external sclerites, dissections of parts of the
through cladistic phylogenetic analysis of morphological head and appendages (endocranium, pharynx, labium)
characters (from larvae and imago) and bringing to biogeo- were sometimes necessary. The entire genitalia need always
graphic scenarios. The observation of the biological data a dissection. In the females, the abdomen is treated in toto
and the results obtained for the whole group demonstrate with potassium hydroxyde and acetic acid. Then, the urite
the need of a reevaluation of many interpretations and of VIII, with the genitalia, are separated from the abdomen
the traditional descriptive systems. Three taxonomic levels and put through « inflations » and suitable colorations
are holded and successively approached: 1) the taxa of according to the specimens or to the species. In the males,
family-group (chap. I), 2) the genera of the Neotropical the endophallus is evaginated to the gonopore after abla-
tribe Proculini Kaup (chap. II), 3) the species of the closely tion of the aedeagus and chemical treatment as for the
allied genera of Proculini Veturius Kaup s. nov. and Arrox females. All the cuticular structures of the organs of both
Zang s. nov. (chap. III). The morphological areas studied sexes are therefore distinguished, described and interpreted,
are external, covering the whole body and appendages most of them for the first time. Characters used in the
(head, thorax, abdomen), or are internal (endocranium, phylogenetic reconstructions and for the taxonomic prac-
complete ectodermic genitalia of both sexes). For the phylo- tise are discussed and almost all illustrated.
geny, the use of comparative morphology is necessary to
Phylogeny. The method of analysis is that of Hennig’s
establish important homologies, many being uncertain
phylogenetic systematics (1950) through Wagner’s parsi-
before. Research of new, diverse and informative charac-
mony. All the other options used for the characters and
ters is also indispensable. Moreover, observations and publi-
for the trees are indicated and their choice is justified. The
shed interpretations, sometimes important, having been
algorithm practised preferably is the exact algorithm of
neglected, the specificity and the history of the taxonomic
Branch & Bound (Hendy & Penny 1982), but it is replaced
concepts of the authors are considered precisely. The analy-
by an approximate algorithm, or « heuristic », if the number
sis of characters is compared with the few caryologic data
of taxa is too high. The reference tree is that of the strict
known in the family and allow to open the same kind of
consensus. The measurement of homoplasy is calculated
perspectives with the molecular sources. Each phylogene-
by the coherence index (CI) and that of the monophyletism
tic reconstruction is completed by ecological and biogeo-
of taxa by the statistic test of Bootstrap.
graphical interpretations. Most of these observations and
Before analysis whose terminal taxa are supra-specific
hypothesis are new.
(chap. I-II), a ground scheme which determines the mono-
phyletism of each taxon has been established. A ground
Material and methods scheme is based on the discovery of autapomorphies, with
Specimens and dissections. The studied material comes the advantage of neglecting none of the known (and new)
from the collections of the Muséum national d’histoire species while doing a real analysis of the phylogenetic rela-
haturelle, including my own, and that of about fifty foreign tions between terminal taxa. However, this method is only
institutions and private persons. The whole represents possible with a deep knowledge of the studied group. As
about 100 000 specimens of the family, almost all the a first consequence, recombinations of species are often

251
Stéphane Boucher

necessary (each of them is explained). On the other hand, phylogeny of the confrontation of these territories is their
in the case of pluri- (supra)-specific terminal taxa, the real- distinctive topographic situations on the body of the Insect
ity of the diversity of a character (multi-states matricial and their different functions (nutrition, reproduction). In
character), is considered like a polymorphism. addition, the two first territories, historically used by taxi-
nomists (with reason), raised many problems regarding
Biogeography. The practised biogeography is that of vicari-
the homologies of their components. These homologies
ance. The historical hypotheses are put forward from the
were not really established, either incompletely or erro-
chorology and detailed ecological facts relative to the taxa,
neously, and were then the source of confusions. For the
and after an optimization of the chorological data on the
male genitalia, the aedeagus had been studied and used,
consensus tree. The only retained hypotheses are these
but partially, even superficially and without the endophal-
which present the best coherence with regard to the
lus. The female genitalia had been barely not studied, even
phylogeny.
by morphologists.
The different regions of the dorsal face of the head are
Introduction to the systematic study distinguished by using epicranial sutures and their limits
of the Passalidae with the clypeo-front and the post-front as topographic
This part sums up our biological and systematic knowl- references. The homology of all the dorso-cephalic struc-
edge of the family. The diversity of the whole group is tures as well as some endocranial structures are then estab-
increased to about 930 species (700 before), and a maxi- lished for the family. There are four distinct main subdi-
mal valuation is under 1000 species. Almost all the species visions: the labro-clypeo-frontal area, the post-frontal and
are inhabiting and eating dead wood of the tropical moist the occipital areas and the bipartite epicrane. The charac-
forests. Angiospermals (Dicotyledons, much less some ters examined (about forty in total) and their general evolu-
Monocotyledons) are the usual host plants. tion are discussed for each taxon: ground scheme, diver-
Gymnospermals are rarely colonized, either by some «prim- sity, polymorphism, homoplasies and its different forms
itive » Aulacocyclinae or by « derived » groups of Passalinae (convergences, reversions and parallelisms). Especially, the
(especially among the Proculini). Two of the more notice- « exposed » clypeus, seen since a long time as only known
able and consistent characteristics of the family, among in the Proculini, is in fact observed in other Passalinae line-
the Coleoptera, are: 1) a drastic morphological homogene- ages of Old and New Worlds, as in every Aulacocyclinae.
ity plus a very rare sexual dimorphism, a rare or minor But, in all these cases each clypeal exposure followed a
intraspecific polymorphism (notwithstanding what is stated distinct process and development.
in the literature) and a polytypism hardly demonstrated The crushing and powerful mandibulae have a simple
(in spite of current and admitted assertions); 2) an elabo- constitution but they are very specialized. Their system-
rated subsocial behaviour, since larvae and adults live in atic interest has been especially manifested by Gravely
family-groups, communicate by complex chimiosensorial (1914, 1918), but, unfortunately, he was not followed.
and acoustic signals and transmit between themselves This error is demonstrated by several and useful charac-
microorganisms necessary to their metabolism for the ters in phylogeny, returning then to what Boucher (1993)
absorption of cellulosis. Through their way of life and envi- revisited in the Indo-Malayan genera Aceraius and
ronment, the Passalidae are important primary decayers Ophrygonius. Three main territories are studied in the pres-
of tropical moist forests. As ecological indicators they ent work: incisor lobe, molar lobe and dorsal teeth. For
should be taken more into consideration. all the taxa of the family-group, the homology of the exam-
The former systematic of the family, mostly typologi- ined characters (about fifteen) is established. However, in
cal and based on Kaup’s (1871), Gravely’s (1918) and Proculini’s genera (chap. II) it is worth researching more
Reyes-Castillo’s (1970) works, is discussed in its method on one part of the internal teeth of the distal molar lobe
and in its concepts. to understand their homologies. The evolution of the
proculinian mandibular teeth is enough recent and the
most complex of all Passalidae.
Chapter I. The taxa of family-group
The postabdomen (urites VIII and IX studied here)
A study of three morphological territories: dorsal struc- and the genitalia show a majority of characters observed
tures of cephalic capsule, mandibulae and genitalia. In for the first time. Their morphological interpretation is
the study of the taxa of the family-group, three morpho- led according to the hypothesis of Deuve (1988, 1993),
logical territories of high phylogenetic importance are stud- which considers the « pleural » evolution of the territory
ied more in detail than others and the terminology of theirs (mainly, the urite VIII is constituted by a dorsal tergite
characters is partly re-adapted or created: dorsal structures and two modified and delocated ventral pleurites or
of the cephalic capsule, mandibulae and complete ecto- laterotergites). The organization and the general func-
dermic genitalia male and female. Another interest in tioning of the genitalia are first exposed, then the obser-

252
Abstract

vations of details set off, through chosen examples, the The strict consensus tree obtained is issued from 2
diversity offered in each group of characters and taxa. In equally most parsimonious trees of a minimum of 52 steps
the male, the tegmen, the phallus and the endophallus (CI: 0.923); it confirms the supposed sound mono-
have a simple constitution, relatively homogeneous in the phyletism of the Passalidae (8 non ambiguous characters).
family. Nevertheless, notable differences, especially The monophyletism of each tribe is also confirmed.
concerning the endophallus, are shown between the Nevertheless, the Passalini could be divided in two (Pertinax
nomenclatural levels as so as the closely allied species s. str and the other Passalini). Future researches are neces-
(dimension, colours, cuticular structure and cover, with sary in order to confirm this hypothesis already corrobo-
presence or not of setae, microtrichs, phaners, etc.). In rated by some morphological and caryologic published or
the female, the vaginal duct with forms and aspects very new data. The topology of the subfamily Passalinae indi-
variable according to the groups are constituted of several cates that the Passalini-Proculini clade forms the brother
lobes (1 to 3, subdivided or not), small or large, even or group of the Solenocyclini + (Leptaulacini + Macrolinini)
uneven, ventral or dorsal. It is often noticed a clear clade. All the synapomorphies at knots (family, internal
morpho-functionnal relationship between the lobes and clades and terminal taxa) are discussed. Synthetical notices
the endophallus of the male. This one penetrates there- are added on the evolution of the dorso-cephalic struc-
fore widely, even entirely into the vagina during the copu- tures, of the mandibulae and of the protibial spolons of
lation. The spermatheca and its appended gland (always imago in so far as these territories are sometimes complex
unique) present also, but in minor proportions or less but also the most informative and accessible to the obser-
clearly, an interesting diversity for the phylogeny (confor- vation.
mation and position). Any glandular apparatus has been A key of tribes and the list of genera are established
observed in the postabdomen of Passalidae, a fact which (one is revalidated), including the rare fossils known:
may be related to the behaviour of the species and to the Aulacocyclini (Indo-Malo-Australasian: Aulacocyclus Kaup
alimentary transmission of cellulolytic microorganisms. 1868, Comacupes Kaup 1871, Taeniocerus Kaup 1871),
In both sexes, the visible trace of a possible « medioter- Ceracupini (Continental South-East Asia, Taiwan,
gite IX » fold under the mediotergite VIII, is pointed out Southern Japan: Ceracupes Kaup 1871, Cylindrocaulus
in species of various groups. The existence of this relict- Fairmaire 1880), Passalini (Neotropical: Passalus Fab.
ual sclerite would corroborate phylogenies published on 1792, Paxillus Mac Leay 1819, Spasalus Kaup 1869,
other characters: the Passalidae would be quite « basal » Ptichopus Kaup 1869, Passipassalus Fonseca & Reyes-
among the superfamily Scarabaeoidea, which is coherent. Castillo 1993), Proculini (Neotropical, most of the 19
The systematic interest offered by the complete male and considered genera, one being synonymized and one being
female genitalia is so high that they should no longer be revalidated, are redefined with species transfers; see chap.
neglected in any study of the family. II), Solenocyclini (Afro-Madagascan: Solenocyclus Kaup
1868, Stephanocephalus Kaup 1869, Vitellinus Kuwert
Phylogeny. The analysis is done from a matrix of 10 taxa 1891, Ciceronius Kaup 1871, Flaminius Kuwert 1891,
and 38 characters (taken from all the morphological terri- Semicyclus Kaup 1871, Pentalobus Kaup 1868, Didimus
tories examined). The internal group (Passalidae) counts Kaup 1871, Erionomus Kaup 1868), Leptaulacini (Indo-
two subfamilies (Aulacocyclinae Kaup 1868, Passalinae Malo-Papuan: Leptaulax Kaup 1868, Trichostigmus Kaup
Leach 1815) and seven tribes (one is new and three are 1871), Macrolinini (Indo-Malo-Australasian: Serrulus
revalidated with a new definition): Aulacocyclini Kaup Hong 1983 [fossil], Macrolinus Kaup 1868, Cacoius
1868 s. nov., Ceracupini n. trib.; Passalini Leach 1815 Boucher 1993, Pleurarius Kaup 1868, Tiberioides Gravely
s. nov., Proculini Kaup 1871, Solenocyclini Kaup 1871 1913, Episphenus Kaup 1871 n. stat. [endemic from Sri-
s. nov., n. stat., Leptaulacini Kaup 1871 s. nov., n. stat. Lanka], Ophrygonius Zang 1904, Aceraius Kaup 1868,
and Macrolinini Kaup 1871 s. nov., n. stat. Precisions and Pelopides Kuwert 1896, Plesthenus Kaup 1871,
nomenclatural and chorological corrections are added to Paratiberioides Iwase 1994, Analaches Kuwert 1891, Cetejus
this phylogenetic classification. The external groups are Kaup 1871, Labienus Kaup 1871, Protomocoelus Zang
the genera Sinodendron Schneider (Lucanidae), Theotimius 1906, Gonatas Kaup 1871, Tarquinius Kuwert 1891,
Huchet (Chironidae) and Trox Fab. (Trogidae). This choice Pseudepisphenus Gravely 1914, Hincksius Boucher 1993,
is justified through phylogeny and ecological and paleo- Mastochilus Kaup 1868, Pharochilus Kaup 1868,
biogeographical criteria. Among the used characters, the Austropassalus Mjöberg 1917). The detailed geographic
notable presence, in Trox, of a basal sensorial « appendage » repartition of the tribes shows clear distinctions between
on both mandibulae (only on the right in some Passalidae) each of them.
seems to raise a closely allied affiliation between these taxa Among the Macrolinini, the discovery of a species
(notwithstanding the general opinion, considering the (Ophrygonius cantori Percheron) in Oriental Pakistan,
Lucanidae at that place). extends on 1 000 km to the West the distribution of the

253
Stéphane Boucher

family in Asia. This biogeographical limit is that of the P. intergeneus (Bates 1886) n. syn. of P. tau (Kaup 1869);
subtropical moist forests of the Western Himalayan border. P. mysticus (Bates 1886) n. comb., P. varius (Kuwert 1891)
Among the Passalini, Ptichopus is in fact a monospe- n. comb., P. frantzi (Kuwert 1897) n. comb., P. lenzi
cific and endemic genus from Meso-America. This is illus- (Kuwert 1897) n. comb., P. abnormalis (Luederwaldt 1941)
trated by the following nomenclatural changes for species n. comb., P. hirsutus (Luederwaldt 1941) n. comb., P. caldasi
described from Brazil: P. melzeri (Luederwaldt 1927) n. syn. (Reyes-Castillo & Pardo 1994) n. comb.]; Yumtaax n. g.
P. angulatus (Percheron 1835); Pertinax carajaensis (Fonseca [Mexico, partim Petrejoides s. auct.: Y. recticornis (Burmeister
& Ribeiro 1993) n. comb. and Pertinax hylauius (Fonseca 1847) n. comb., Y. laticornis (Truqui 1857) n. comb., Y.
& Reyes-Castillo 1994) n. comb., both from the group of imbellis (Casey 1897) n. comb., Y. nebulosus (Castillo &
species of P. venerabilis (Kuwert 1898). Reyes-Castillo 1984) n. comb., Y. mazatecus (Castillo &
Reyes-Castillo 1984) n. comb., Y. olmecae (Castillo &
Paleobiogeographic hypothesis. The geographic and Reyes-Castillo 1984) n. comb.], Popilius Kaup 1871 s. nov.,
ecological origin of the family, then the geographic origin Spurius Kaup 1871, Heliscus Zang 1905 s. nov. [Coniger
of each of its clades and tribes are discussed in the chronol- Zang 1905 n. syn.; H. eclipticus (Truqui 1857) n. comb.,
ogy of two main tectonic periods (gondwanian and post- H. ridiculus (Kuwert 1891) n. comb.], Odontotaenius
gondwanian). The paleobiogeographic hypotheses give the Kuwert 1896 s. nov. [O. decipiens (Kuwert 1896) n. comb.,
preference to the vicariance of the common ancestors of O. yucatanus (Bates 1886) n. comb.], Pseudoarrox Reyes-
Aulacocyclinae and Macrolinini in the Australo-Antartica, Castillo 1970, Arrox Zang 1905 s. nov., n. stat. [see chap.
that of Solenocyclini in Africa, that of Leptaulacini on the III], Verres Kaup 1871, Veturius + Publius Kaup 1871 s. nov.
Indian Peninsula derivating towards Tibet, and that of [see chap. III])
proto-Passalini-Proculini in South America. The very prob- The consensus tree issued from 2 trees equally most
able absence, in the past, of Aulacocyclinae in Africa and parsimonious of a minimum of 120 steps (CI: 0.660)
America suggests the existence of a basal radiation in the confirms the strong monophyletism of the tribe (9 non
family in the South-Eastern Gondwana. Usually, the family ambiguous characters; most of them are new and are in
Passalidae, thanks to its dimensions and eco-ethological opposition with the old systematics). Passalus (without
homogeneity, shows to be an excellent group of terrestrial doubt polyphyletic) and Paxillus are shown as brother
Arthropods for studies in pantropical biogeography. groups, which is quite conceivable. The topology of the
other external groups confirms the relation of the Proculini
Chapter II. The Neotropical tribe more closely allied to Pertinax (chap. I) and the unclear
of Proculini Kaup isolation of the group of « Passalus » guatemalensis.
The Proculini are divided in two principal and strong
Phylogeny. The tribe has approximately 250 species (200 clades: 1, Vindex-Og yges (Vindex, Xylopassaloides,
before). The analysis is done from a matrix of 19 internal Pseudacanthus, Undulifer, Oileus, Proculejus, Proculus,
taxa (chap. I, genera of Proculini established first on autapo- Ogyges), itself divided in three (Vindex-Xylopassaloides,
morphies) and of 51 characters (taken from all the morpho- Pseudacanthus-Undulifer and Oileus-Ogyges (Oileus,
logical territories examined). A preliminary analysis includ- Proculejus, Proculus, Ogyges); 2, Chondrocephalus-Arrox
ing the additional internal genus Publius Kaup s. auct., (Chondrocephalus, Petrejoides, Yumtaax, Spurius, Popilius,
leads to a basal and unavoidable polytomy with respect to Heliscus, Odontotaenius, Pseudoarrox, Verres, Veturius, Arrox),
Veturius. Three taxa of Passalini are retained and justified itself divided in three: Petrejoides-Yumtaax-Spurius-Popilius,
as external groups: Passalus Fab. s. str. [P. interruptus (L.) Heliscus-Odontotaenius-Pseudoarrox and Arrox-Verres-Veturius
and related species], Paxillus Mac Leay [all species], the + Publius. Chondrocephalus appears as a « transitional » taxon
group of two species of « Passalus » guatemalensis Kaup, and with respect to the Vindex-Ogyges clade. The synapomor-
Pertinax Kaup s. str. [P. convexus (Dalman) and related phies at the internal knots of the tree and the topology of
species]. The internal group (Proculini) is composed of terminal taxa are all discussed. A special mention is made
the genera with the transfers of species as follows (each on the phylogenetical separation between Proculus and
one is discussed): Pseudacanthus Kaup 1869 s. nov., Veturius, which were historically considered as two closely
Undulifer Kaup 1869 s. nov. [U. nigidioides (Hincks 1949) allied genera. Strong homoplasies reveal or confirm this
n. comb., U. violetae (Reyes-Castillo & Castillo 1986) error and are followed by ecological and biogeographical
n. comb.], Vindex Kaup 1871, Xylopassaloides Reyes- well distinct patterns.
Castillo et al. 1987, Proculus Kaup 1868, Proculejus Kaup
1868 [P. obesus (Bates 1886) n. comb.], Ogyges Kaup 1871, Biogeography. The biogeography of the tribe is as a prelim-
Oileus Kaup 1869, Chondrocephalus Kuwert 1896 [C. inary integrated to the geomorphologic and tectonic range
salvadorae (Schuster 1988) n. comb.], Petrejoides Kuwert of Meso-America, Northern South America and Greater
1891 s. nov. [P. klingelhofferi (Kaup 1869) n. syn. and Antillas since the Late Cretaceous. The geographic and

254
Abstract

ecological limits of each clade and of each genus are estab- only two species (A. agassizi (Kaup 1871) n. comb., a
lished and discussed, then the general distributions are macropterous form, and A. granulipennis (Zang 1905)
optimized on the consensus tree. n. comb., a brachypterous form). Veturius counts 74 Meso-
The origin proposed for the tribe coincides with that and (or) South-American species (28 before), among which
of Reyes-Castillo & Halffter (1976-1987): the Meso- 5 synonyms and 2 « varieties » are elevated to the rank of
American Nucleus during the Oligo-Miocene. In return, good species, 40 species are new, 10 species or « varieties »
new Paleo-Neogene scenarios are proposed for the original are synonymized, 6 synonyms are transferred from nomi-
process of diversification in Meso-America and in South nal species to others, and 1 species of Publius is transferred
America of the two main clades of the tribe and for each in another subgenus of Veturius.
of their genera. Only two genera are native to South
America: Popilius (still now South-American) and Veturius Phylogeny. The analysis of Veturius is made from a matrix
(widely distributed on both sides of Panama). The of 74 species and 93 characters. The development and the
geographic partition past and present adapted to each genus conformation of the metathoracic wings are presented and
of Proculini is linked to their ecological requirements and taken into account in an exhaustive way, considering their
to the importance of the major geomorphological barriers importance in the general evolution of the species, partic-
(especially the basins or the Isthmus of Tehuantepec, ularly in comparison with the other Proculini. In Veturius,
Nicaragua and Panama on the one hand, the Andean reliefs in addition to macropterous and brachypterous forms, a
on the other hand). A clear distinction is shown on these few hemibrachypterous forms are distinguished through
points between all the genera. the morphology and the phylogeny. The retained external
groups are the genera Arrox and Verres, the brother-group
In the biogeography of the Proculini, the role of the
of Veturius.
dispersal patterns (sensu Hallfter 1978) leads to create a
Meso-American pattern closely related to that of montane: The strict consensus tree issued from 2 435 trees equally
the low montane pattern, which integrates the originating most parsimonious of a minimum of 327 steps (CI: 0.500)
from Meso-America, but not yet endemic, five genera confirms the very strong monophyletism of the genus
Odontotaenius, Petrejoides, Spurius, Heliscus and Verres. The (14 non ambiguous characters) and the fact that Publius
ecological amplitude of these genera has always been greater Kaup is an internal group of Veturius (see chap. II). The
than that of the genera of the montane pattern (special- great genus Veturius s. nov. is divided in two main clades,
ized since their origin, or since then a little modified). This one of them being divided in two. These three groups are
ecological amplitude explains that the genera of the low carried as subgenera (one is new): Veturius s. str.
montane pattern have: 1, a large distribution, lying outside (41 macropterous or hemibrachypterous species, in
their Meso-American origin (reaching the Southern trop- 8 groups of species), Publius (an homogeneous group of
ical South America and [or] the temperate North America); 15 brachypterous species) and Ouayana n. subg.
2, a minority of reduced wings species (apomorphic). For (18 macropterous species, in 3 groups of species). Veturius
its part, the typical neotropical dispersal pattern is in fact + Publius is the brother-group of Ouayana. Arguments
particular to the genera Popilius and Veturius, in spite of suggest that only a few species are still to be discovered in
their well distinct history. the genus. Identification keys are given for all the subge-
neric levels. Many key characters and all the phylogenetic
teaching given by each of these levels are discussed, descri-
Chapter III. The Veturius complex, a model bed and most of them are illustrated.
of Continental expansion among the Proculini The polymorphism, the informative morphological
The genera Arrox and Veturius are revised in a detailed affinities and the geographic and eco-altitudinal distribu-
monographic framework (including the infra-specific popu- tion are emphasized for each species. The type material is
lations). Veturius, badly known before, is taken as a study specified if necessary. The designated groups of species and
model of a large monophyletic taxa of Proculini with the new nomenclatural acts are as follows:
Continental distribution. The links between causes and Subgenus Veturius. – « biapicalis » group: V. biapicalis
effects of the origin of these characteristics, unique in the n. sp. [Equator: Occidente]; V. dibbi n. sp. [Equator:
tribe, are thoroughly studied. Many taxonomic, histori- Oriente]; V. hincksi n. sp. [Equator: Occidente]; V. petteri
cal, phylogenetic, ecological and biogeographical aspects n. sp. [Equator: Occidente]. – « caquetaensis » group:
are approached for each group of species and for each V. perecasi n. sp. [Colombia: Oriental Cord.]; V. imitator
species. On about 6700 specimens examined and cited, n. sp. [Colombia: Oriental Cord.]; V. montivagus n. sp.
many new characters are described. Most of these charac- [Colombia: Oriental Cord.?]. – « sinuatocollis » group:
ters are used in the phylogeny and all can be used in the V. sinuatocollis Kuwert 1890 [V. sinuatosulcatus Gravely
current taxonomic practise. Arrox, a genus also badly 1918 n. syn.]; V. schusteri n. sp. [Costa Rica, Panama]. –
known before, is an endemic from Meso-America and has « platyrhinus » group: V. platyrhinus (Hope & Westwood

255
Stéphane Boucher

1845) [V. validus (Burmeister 1847) n. syn.]; V. standfussi Chorologic and faunistic synthesis. The thorough knowl-
Kuwert 1891 n. stat. [Andes; V. validoides Kuwert 1891 edge of the specific distribution systems brings powerful
transf. syn., V. spinifer Gravely 1918 transf. syn.]; elements in biogeography. This synthesis starts with recalls
V. aquilonalis n. sp. [Costa Rica, Panama]; V. aspina on the characteristics of the distribution of the genus in
Kuwert 1898 n. stat. [Andes, Central America]; V. guntheri comparison with those of the remaining Proculini. One
Kuwert 1898 [V. platyrrhinoides Kuwert 1898 transf. syn., recall is also given on the geomorphologic and phytogeo-
V. peruvianus Arrow 1907 n. syn., V. fassli Luederwaldt graphic aspects which are for a great part a cause in the
1931 n. syn.]; V. yahua n. sp. [Andean Piedmont, chorologies. Then, a specific richness map is established
Amazonia, Brazilian Plateau]; V. onorei n. sp. [Equator, by consensus into 5 faunistic regions and 22 subregions:
Colombia: Occidente]. – « cephalotes » group: V. jolyi n. sp. 1, Meso-America (Sierra de los Tuxtlas [Veracruz, Mexico],
[Brazil, Venezuela, Guiana: Pacaraima Massif ]; V. sinua- Chiapas Massif [Mexico], Meso-American Nucleus
tus (Eschscholtz 1829) n. stat. [S.-E. Brazil, Argentina, [Southern Mexico to Northern Nicaragua], Southern
Paraguay]. – « ecuadoris » group: V. tarsipes n. sp. [Andes Central America [Costa Rica, Panama], Isthmus of
of Peru]; V. arawak n. sp. [Andes of Peru]; V. inca n. sp. Panama). 2, Andes (Pacific margin of Colombia-Equator,
[Andes of Peru]; V. dreuxi n. sp. [Andes of Bolivia]. – Sierra Nevada Sta Marta [Colombia], Venezuelian Cord.,
« libericornis » group: V. libericornis Kuwert 1891 [V. crinif- Occidental and Central Cord. [Colombia], Oriental Cord.
erous Fonseca 2004 n. syn.]; V. charpentierae Reyes-Castillo [Colombia], Andes of Equator, Peru and Bolivia. 3, S.-
1973 [V. oepa Fonseca 1999 n. syn.]. – « transversus » group: E. Brazil s.l. (Basins of Paraguay and Paraná, Atlantic
V. transversus (Dalman 1817) [V. trituberculatus Brazil, Brazilian Plateau). 4, Basin of Amazon (Oriental
(Eschscholtz 1829) n. syn.]; V. sinuosus (Drapiez 1820) Pará [Brazil], Central-Oriental Amazonia, Occidental
n. stat. [Guyano-Amazonia, Andean Piedmont; V. cari- Amazonia). 5, Guianas Massif (Atlantic Guianas,
naesternus Kuwert 1898 n. syn.]; V. simillimus Kuwert Pacaraima Massif, low Orenoco). These divisions indi-
1891 n. stat. [S.-E. Brazil; V. vinculofoveatus Kuwert 1898 cate the natural bridges and barriers which connect (ed)
n. syn., V. brasiliensis Moreira 1922 transf. syn., V. costal- or divide (d) the faunas between each other. The specific
imai Moreira 1922 transf. syn., V. fluminensis Moreira richnesses appear very heterogeneous according to the
1922 transf. syn.]; V. munitus Luederwaldt 1934 n. stat. subregions (from 1 to 18 species and from 0 to 11 endemic
[S.-E. Brazil]; V. hermani n. sp. [Guiana: Pacaraima species). The richest regions have at one and the same
Massif ]; V. patinoi n. sp. [Occidental Colombia]. time a biogeographic crossroads situation and significant
reliefs (Andes, Southern Central America, Pacaraima
Subgenus Publius. – V. steinheili n. sp. [Colombia: Massif ). The less rich regions are situated, either in the
Central Cord.]; V. danieli n. sp. [Colombia: Occidental periphery or in the transition zones (with or without relief)
Cord.]; V. alani n. sp. [Equator: Occidente]; V. rugifrons of the geographic area of the genus (Mexico and the Meso-
n. sp. [Colombia: Oriental Cord.]; V. tectus n. sp. American Nucleus, Llanos and low Orenoco, Amazonian
[Colombia: Oriental Cord.]; V. pehlkei n. sp. [Colombia: Basin, Brazilian Plateau, Basins of Paraguay and Paraná).
Central Cord.]; V. dupuisi n. sp. [Colombia: Oriental Consequently, the significant reliefs increase the endemism
Cord.]; V. centralis n. sp. [Colombia: Central Cord.]; but not necessarily the specific richness. These peculiar
V. impressus Hincks 1934 n. stat. [Colombia: Sierra Nevada facts of Veturius, among the Proculini, are partly compa-
Sta Marta]; V. taurus n. sp. [Venezuela: Oriental Cord., rable with the genus Popilius in South America and are
Táchira]; V. talamacaensis n. sp. [Costa Rica, Panama: interpreted as an heritage from the common ancestor of
Talamanca and Tilarán Cord.]; V. solisi n. sp. [Costa Rica, many genera of the Chondrocephalus-Veturius clade. Said
Panama: Talamanca Cord.]. ancestor belonged to the Meso-American low montane
Subgenus Ouayana. – « punctatostriatus » group: V. guya- dispersal pattern.
nensis n. sp. [Atlantic Guianas]; V. negroensis n. sp. [Brazil,
Venezuela: Amazonas]; V. bleuzeni n. sp. [Venezuela: Biogeography. In addition to the mapping of the specific
Pacaraima Massif ]; V. amazonicus n. sp. [Brazil, Peru: richness, the optimization of the chonology on the consen-
Amazonia]; V. dominicae n. sp. [Venezuela: Pacaraima sus tree indicates the Northern Andes as the origin, during
Massif ]; V. magdalenae n. sp. [Brazil: Amazonas]; the basal Miocene, and the main diversification centre of
V. oberthuri (Hincks 1933) n. comb. [Colombia: Oriental Veturius. The cladogenesies of the subgenera are dated from
Cord.; V. louwerenzi Doesburg 1957 n. syn.]; V. casalei the Neogene (a long time before the last connection of
n. sp. [Colombia]. – « cirratus » group: V. cirratoides n. sp. Panama). Sometime later on, the cladogenesies of the
[Colombia: Central Cord.]; V. fanestus n. sp. [Colombia: species groups of the subgenus Veturius seem to take place
Nariño]. – « laevior » group: V. ultimus n. sp. [Costa Rica: according three main geographic pools (Panama, the Andes
Tilarán Cord.]; V. ptichopoides n. sp. [Panama: Chiriquí and the extra-Andean South America) and those of the
volcano]. subgenus Ouayana according to two other pools (the

256
Abstract

Northern Andes and the Pacaraima Massif ). The subgenus the persistent barriers propitious to endemisms are
Publius seems to have been limited, since its origin, to the discussed. A lot of reports are indicating the special impor-
Andes, although it was able to cross the Isthmus of Panama tance of the barriers yet present in the Andes and in the
to the mountains of Talamanca. At the Pleistocene and Amazonian Basin whereas zones of favourable ways prove
since the Würm, many bridges and barriers are responsi- their efficiency for even small expansions (gallery forests
ble for most of the vicariances which are today visible. of the Llanos, Andean Piedmont, Paraguayan Corridor).
These vicariances seem to be very similar, if not homolo- The model of historical biogeography brought by Veturius
gous, with those which, published for various terrestrial can be applied, without any doubt, to the other Neotropical
Plants and Animals, would have operated thanks to Passalidae, but also to other organisms. A similar detailed
enclaved or peripheric « forest refuges » (sensu Haffer and study, related to a vast monophyletic taxa occupying almost
Prance). For the historical period, the main communica- all the moist intertropical America, has not been yet found
tion ways favourable to the expansions of the species and in the arthropodological literature.

Avertissement. À des modifications mineures près, ce travail a été soutenu publiquement le 17 janvier 2005 en vue
de l'obtention du grade de docteur du Muséum national d'Histoire naturelle. Le document correspondant a été enre-
gistré par le service des thèses et déposé à la bibliothèque du Muséum. Il a aussi été enregistré par TÉLÉTHÈSE (régime
de confidentialité) ; toutefois, des copies ont été distribuées à des collègues spécialistes, en France et à l'étranger. La
présente publication dans les Annales se substitue en tous points à ce document de circonstance qui ne constitue pas
une publication au sens du Code International de Nomenclature Zoologique (ICZN 1999).
Remerciements

L’aide que j’ai reçue pour accomplir ce travail a débuté durant de son apport, ainsi que Mme H. Tan Leruyet, qui l’y a aidé.
mes études universitaires et lorsque les portes du Muséum me M. Ph. Blanchot, photographe, a réalisé le beau cliché de la
furent ouvertes. A ces titres, je suis d’abord très redevable envers vignette de couverture. Bien entendu, j’ai aussi bénéficié du
MM. Cl. Petter (Université Curie – Paris VI) et Ph. Dreux (École concours d’autres personnels scientifiques, techniques ou admi-
Normale Supérieure). Au Muséum, je dois beaucoup à M. Cl. nistratifs du Muséum. De son côté, mon ami S. Buisson n’a
Caussanel, ancien directeur de l’Entomologie, et à M. R.-P. jamais manqué de m’assister dans le domaine informatique.
Dechambre, alors responsable des Coléoptères. Les conditions Envers tous je suis très reconnaissant.
de travail et la confiance qu’ils m’ont accordées dans l’accès et
Sans les milliers d’échantillons que m’ont fait parvenir les collègues
dans la gestion des collections de Passalidae ont joué un rôle
qui en ont la charge dans les institutions, ou leurs propriétaires,
sensible dans ma motivation pour l’étude de la famille. De plus,
la partie du travail consacrée à Veturius n’aurait peut-être pas
lors des années passées en Guyane (IRD) et au Mexique (Instituto
existé. Cette communauté internationale trouvera ici l’expres-
de Ecología), l’aide reçue de MM. J.-F. Silvain et P. Reyes-Castillo
sion de mes remerciements pour sa disposition dans un labeur
m’a permis d’expérimenter des milieux naturels de premier inté-
souvent fastidieux, mais indispensable dans ce type d’étude. Les
rêt pour ce type de recherche.
personnes concernées sont rappelées dans le paragraphe
M. Th. Deuve (MNHN), directeur de thèse, a suivi une Institutions et collections, et malgré le soin porté à ce qu’elles y
grande partie de la progression de ce travail. Ses remarques et soient toutes, je prie celles que j’aurais omises de me pardonner.
conseils aigus et étendus m’ont été très profitables. Je suis aussi Je ne puis toutefois éviter un message spécial à des amis, collègues
redevable envers les autres membres du jury du doctorat pour et à leurs équipes, étant donné l’intérêt et le volume de leurs
leur aimable disposition et leurs enseignements : MM. Y. envois. Je pense surtout à M. P. Reyes-Castillo, ainsi qu’à
Cambefort (MNHN-CNRS), A. Casale (Università di Sássari, MM. D. Curoe (Palo Alto, Californie), A.R. Gillogly (College
Italie), Cl. Dupuis et J. Minet (MNHN), P. Reyes-Castillo et J.- Station, Texas), C. Johnson (MUHD, Manchester), L.J. Joly
F. Silvain. Une pensée spéciale est adressée ici à la mémoire de (IZAM, Maracay), G. Minet (Paris), Ph. Moretto (Toulon),
M. L. Matile (MNHN), mon ancien co-directeur. L’attention G. Onore (QCAZ, Quito), L.C. Pardo Locarno (Palmira,
et l’intérêt qu’il a voulu porter à ce travail, ses conseils discrets Colombie) et J.-C. Schuster (UVGC, Guatemala).
mais utiles, ne seront pas oubliés. M. M. Kon (Univ. de Shiga, Japon), m’a fait connaître des
Je tiens aussi à remercier particulièrement plusieurs personnes, taxons nouveaux qui ont contribué au chapitre I. Je lui suis égale-
du Muséum ou d’ailleurs, qui m’ont été, à un moment donné ment redevable de sa confiance et de son excellente collabora-
ou régulièrement, d’une aide ou d’un soutien important. Je pense tion depuis plusieurs années.
en premier lieu à M me D. Pluot-Sigwalt, ainsi qu’à Je n’oublie pas non plus tous ceux qui m’ont confié les spéci-
M lle G. Meurgues, MM. J. Dorst, A. Dubois, Cl. Dupuis, mens qu’ils ont rapportés, le plus souvent à mon intention
J. Legrand et J. Minet ; à M. M. Palmer, de l’Université de d’ailleurs, de leurs missions et voyages, notamment en Amérique
Mallorque et ancien postdoctorant au Muséum. Latine. Leur contribution à l’étude de Veturius est égale aux précé-
dentes. Il serait, ici aussi, difficile de nommer toutes ces personnes,
Les autres membres de l’Entomologie du Muséum m’ont très
mais elles le sont dans les paragraphes intitulés matériel étudié.
souvent aidé. Sans oublier personne, je pense surtout à Mmes Ch.
Toutefois, pour diverses raisons, je souligne ma gratitude envers
Amédégnato, M. Lachaise, D. Matile et Cl. Pierre ; Mlles N. Berti
MM. L. Bartolozzi (MZSF, Florence), P. Bleuzen (Paris),
et H. Perrin ; MM. M. Baylac, Th. Bourgoin, L. Deharveng,
G. Couturier (IRD-MNHN), M. Duranton (Guyane), F. Génier
G. Luquet, A. Nel, D. Ouvrard, J. Pierre et S. Poulain.
(MCNO, Ottawa), G. Lecourt (St. Malo), P. Moret (Univ. de
Mme J. Guglielmi, bibliothécaire, n’a pas été ménagée par mes
Toulouse), S. Poulain (MNHN) et H. de Toulgoët (MNHN).
requêtes, dans ses propres murs comme à la Bibliothèque Centrale
J’ajoute des remerciements auprès de M. D. Keith (Muséum
du Muséum et jusqu’à la Bibliothèque Nationale de France. Je
d’Histoire Naturelle, Chartres), qui m’a remis les premiers
lui dois d’avoir répondu à mes attentes avec constance et effica-
Passalides connus du Pakistan, rapportés par M. J. Kaláb (Rép.
cité. M. G. Hodebert, dessinateur de l’Entomologie, a eu entre
Tchèque).
les mains plusieurs fois les figures ayant illustré la première version
de ce travail, puisqu’il en avait effectué la majorité des encrages Enfin je remercie, plus que quiconque, ma femme et mes enfants ;
et des compositions des planches. Je le remercie pour la qualité je n’aurais eu ni leur gentillesse, ni leur patience.
« C’est comme la manière de défricher : vous croyez peut-être qu’on se met à couper
bien régulièrement la forêt, puis à empiler le bois pour le vendre… Non pas, on se
contente tout bonnement de hacher les bois à hauteur d’homme ; ça tombe de-ci de-
là, à la bonne franquette ; on coupe les plus grosses branches et, après quelques jours
de soleil ardent, on met le feu… Pour brûler vingt hectares, on en brûle quelquefois,
le vent aidant, cent ou deux cents ; mais tant pis ! personne n’y prend garde.
Je me rappelle la surprise que me causa la première fois cette indifférence vis-à-
vis des bois en feu. Il y avait dans les alentours de la propriété une fumée âcre que je
ne parvenais pas à m’expliquer, lorsque tout à coup, la nuit étant tout à fait venue,
j’aperçus sur une colline assez proche une longue traînée de feu… Pour un peu, j’au-
rais crié, mais je crus plus simple de prévenir le propriétaire que le feu était dans ses
bois. Il en rit aux larmes…
Ce fut également dans l’état de Rio que j’eus l’occasion d’admirer pour la première
fois la végétation vraiment grandiose des forêts tropicales. Août 1899. »
E. de Rancourt
Fazendas et estancias. Notes de voyage.
Paris, 1901

INTRODUCTION GÉNÉRALE
La super-famille des Coléoptères Scarabaeoidea compte, superficielles dorso-céphaliques, ils n’ont utilisé pratique-
depuis l’origine des recherches entomologiques, bon ment que ces caractères bien visibles pour séparer les
nombre des familles d’Insectes les plus étudiées par les espèces. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles,
systématiciens, morphologistes, faunisticiens et biogéo- époque de la découverte d’une grande quantité d’espèces,
graphes. Parmi ces familles, les Passalidae, ou Scarabées plusieurs auteurs se sont tournés vers une conception plus
Sucre, qui sont répandus dans la plupart des forêts tropi- moderne et globale de la famille. Kaup, suivi par Kuwert
cales humides du Globe, n’ont pourtant pas bénéficié du et Gravely, ont proposé des classifications élaborées compre-
même attachement, mais plutôt d’une réputation peu nant de nombreuses subdivisions. Bien que ces subdivi-
enviable, en particulier du fait de l’extrême homogénéité sions aient été définies selon des conceptions différentes
morphologique apparente de toutes leurs espèces. Cette de l’évolution des organismes, un point commun unissait
caractéristique est augmentée d’une seconde, éco-étholo- encore ces auteurs dans leur approche morphologique et
gique, qui a aussi peu d’égale dans l’Ordre ; les Passalides systématique, comme d’ailleurs presque tous ceux qui suivi-
vivent en groupes familiaux et sont admis, depuis Wheeler, rent : les mêmes caractères céphaliques ont été utilisés. Plus
vers 1920, comme des organismes subsociaux à part récemment, d’autres régions externes et des internes ont
entière. Les larves et les immatures sont interdépendants été explorées, mais celles de la tête sont restées essentielles
et en contact permanent avec les adultes parentaux. Dans et leur interprétation, malgré quelques divergences d’opi-
les bois pourris qu’ils habitent et consomment, les indi- nions, n’a pour ainsi dire jamais été rediscutée.
vidus communiquent entre eux par des sons et divers arti- M’étant intéressé, depuis plusieurs années, à divers
fices chimio-sensoriels. Ces particularités morphologiques aspects de la connaissance générale de la famille, j’ai eu l’op-
des adultes et la biologie de tous les stades expliquent que portunité d’étudier un matériel extrêmement diversifié,
les Passalidae ont été reconnus depuis longtemps comme ancien ou récent, souvent historique, représentant à peu
étant un groupe d’Insectes original, davantage encore près toute la faune mondiale connue, plus un grand nombre
parmi les Coléoptères, mais dont l’étude systématique de taxons inédits. Il s’avère aussi, statistiquement, que ces
serait difficile. espèces examinées seraient assez proches de ce que compte
Précisément, dans le domaine systématique, le travail l’ensemble de la famille ; soit près d’un millier d’espèces.
précurseur de Percheron (1835 à 1844), puis peu après Les dimensions du taxon sont donc modestes, mais elles
ceux de Burmeister, de Smith et de Truqui, en particulier, représentent une qualité certaine en systématique évolu-
ont entamé l’étude des Passalidae en suivant une méthode tive. J’ai alors entrepris de reprendre la plupart des obser-
d’observation et une interprétation relativement standar- vations et des interprétations des auteurs sur le matériel
disées des caractères morphologiques. En effet, les auteurs qu’il ont vu, puis de les confronter entre elles et avec celles
ayant remarqué l’abondance et la diversité des structures qui me semblaient nouvelles. Finalement, les données phylo-

259
Stéphane Boucher

génétiques et zoogéographiques accumulées, volumineuses,


conduisent à réévaluer les systèmes descriptifs et d’affilia-
tions traditionnels. Bien qu’il existe, dans la littérature, de
nombreuses interprétations justes, beaucoup d’autres s’avè-
rent erronées ou arbitraires, ou incomplètes et disséminées.
D’autres encore, qui ont été réfutées ou abandonnées, sont
en réalité exactes, ou intéressantes, certaines importantes ;
elles devaient alors être réhabilitées en même temps qu’être
adaptées aux connaissances et aux techniques et méthodes
acquises depuis. Enfin, des interprétations biogéographiques,
presque toutes inédites, méritaient d’être intégrées dans ces
exposés et discussions synthétiques. Ainsi, ce travail a pour
premier objet de présenter les recherches qui ont été menées
sur l’évolution et la phylogénie de la famille, avec une
critique argumentée sur les concepts et les méthodes
auxquels avaient adhéré, ou qu’avaient employé, les auteurs.
Compte tenu du cadre imparti, il aurait toutefois été
impossible de réunir toutes les données et sur tous les taxons
examinés, même sur la plupart d’entre eux. Un choix devait
alors être fait, de façon à ce que les observations faites et
les résultats obtenus soient repérables sur des taxons repré-
sentatifs de chaque niveau nomenclatural de la famille,
ainsi qu’en suivant des démarches applicables à n’importe
quel taxon.
Après une présentation concise de la famille, il est
donné un historique sur les travaux publiés les plus signi-
ficatifs, puis une description des techniques employées
pour les observations morphologiques, pour les recons-
tructions phylogénétiques et pour les esquisses biogéo-
graphiques. Trois chapitres suivent cette partie introduc-
tive, chacun étant consacré à un niveau taxinomique
particulier. Le chapitre I traite des sous-familles et des
tribus, le chapitre II de la tribu néotropicale des Procu-
lini, le chapitre III surtout du genre de Proculini Veturius
Kaup (fig. 1). Figure 1
Les interprétations nouvelles sont d’abord morpholo- Phylogénie des Coléoptères Passalidae. – Arbres de consensus et habitus de
giques, puisque l’un des problèmes principaux que posent Veturius et l’une de leurs ailes (haut : V. (Publius) crassus (Smith), brachyptère
de Colombie ; bas : V. (Veturius) sinuosus (Drapiez), macroptère de Guyano-
les recherches en phylogénie fondées sur ces caractères est Amazonie. – a, sous-familles et tribus ; b, genres de la tribu des Proculini ;
l’homologie. Pour les Passalides, les auteurs ont eu certai- c, espèces du genre Veturius sensu novo.
nement raison d’utiliser les caractères dorso-céphaliques,
qui sont si diversifiés et si aisément accessibles. Cependant,
de nombreuses données s’avèrent inexactes car elles ne
comprennent pas, ou très rarement, d’étude comparée Afin d’accéder à la phylogénie de la famille, il était
préalable ayant conduit à définir les structures constitu- aussi nécessaire d’examiner des territoires autres que dorso-
tives utilisées. La compréhension de ces structures est pour- céphaliques. Non seulement afin de tester la valeur infor-
tant nécessaire avant toute autre opération. Pour retracer mative de ces derniers, mais aussi parce que le taxon a une
les lignées naturelles, on ne peut alors suivre la méthode distribution mondiale et qu’il renferme près d’un millier
appliquée auparavant et qui consistait, globalement et sans d’espèces ; implicitement, des convergences nombreuses
règle stricte, à regrouper des ressemblances et à séparer des sont inévitables. Or, il va de soi que les cladogenèses n’ont
différences, ainsi qu’à assimiler ces deux composantes à pas eu pour seules conséquences des modifications au
des relations ou des degrés de parenté. Compte tenu de niveau de la capsule céphalique. Dans des études origi-
l’importance qu’ont toujours eu les structures céphaliques nales de 1914 et 1918, Gravely s’était intéressé à des carac-
dans la systématique des Passalidae, la recherche de leurs tères mandibulaires pour mettre en évidence les lignées
homologies et de leur plan de base devenait une priorité. principales de la famille. Le fait que ces caractères ont déjà

260
Introduction générale

été utilisés, le fait aussi que Gravely n’a été suivi sur ces sur leur arbre phylogénétique, afin d’argumenter des scéna-
points par aucun auteur, m’ont incité a réexaminer les rios biogéographiques fondés sur des processus de vica-
mandibules d’une façon autant détaillée que les structures riances. Ces caractères et scénarios permettent de soulever
dorso-céphaliques. De plus, ces appendices présentent diverses questions, parfois controversées, sur l’histoire de
l’avantage d’être diversifiés, mais simples dans leur consti- la famille. Par exemple, la super-famille des Lucanoidea,
tution, et d’être proches du crâne. Dans une publication s. auct. (Lucanidae + Passalidae), reflète-t-elle une réalité
de 1993, j’ai utilisé l’homologation de certaines structures phylogénétique ? Autrement dit, les Lucanidae et les
mandibulaires pour la distinction de genres indo-malais Passalidae sont-ils des groupes frères ? Par ailleurs, quelle
voisins et qui étaient partiellement confondus. Les conclu- est l’origine des Passalidae ? quelle paléobiogéographie pour
sions nouvelles proposées ayant été admises par plusieurs la famille et pour quelles subdivisions de celle-ci ? Parmi
auteurs, elles méritaient d’être étendues à l’ensemble de les réponses proposées, plusieurs le sont par comparaison
la famille. avec les deux hypothèses existantes, celle de Fonseca (1987,
Un troisième territoire morphologique – mais qui non publiée) pour les taxons du groupe famille, et celle de
n’avait fait auparavant l’objet d’aucune étude précise dans Reyes-Castillo & Halffter (1978) pour les genres de la tribu
la famille – sont les genitalia ectodermiques complets des des Proculini.
deux sexes. L’édéage est l’élément le mieux connu et son Le chapitre III présente, pour la première fois concer-
emploi s’est généralisé en taxinomie, notamment depuis nant un vaste genre monophylétique de Passalides, une
Reyes-Castillo et Bührnheim, dans les années 1970. étude détaillée de chaque espèce jusqu’à ses populations
Pourtant, cet organe reste imparfaitement et en partie décrit locales. C’est sur la notion d’espèce, dans son contexte
et interprété. Son étude renouvelée permet à présent de taxinomique, historique et écologique, ainsi que dans ses
distinguer toutes ses structures constitutives, ainsi que d’en relations phylogénétiques, que repose l’argumentation sur
découvrir l’intérêt phylogénétique à travers leurs la systématique et la biogéographie de l’ensemble du genre.
nombreuses formes. Quant aux genitalia femelles, ils n’ont Cette étude a aussi pour ambition, à partir d’exemples
jamais fait l’objet d’une étude particulière, du moins après concrets, de montrer ce en quoi l’entité spécifique, chez
celle, intéressante mais brève et limitée aux urites VIII et les Passalides, a fait l’objet d’interprétations justes ou erro-
IX, de Lacaze-Duthiers, en 1853… Beaucoup plus que les nées. La diversité, la spécificité et la variation des carac-
genitalia mâles, les genitalia femelles requièrent pour leur tères taxinomiques, le polytypisme et l’endémisme écolo-
observation une dissection délicate et longue, moyennant gique et géographique, sont des notions essentielles, mais
des gonflages et des colorations. Cette tâche est toutefois qui ont été souvent peu approfondies ou de façon peu
compensée par le fait que les genitalia femelles sont une convaincante. Un groupe d’Insectes qui a une distribu-
source d’informations aussi riche que les précédents. tion mondiale et qui est si homogène par sa morpholo-
Les trois régions étudiées en détail étant antipolaires gie et par son éco-éthologie nécessite, parfois plus que
sur le corps de l’Insecte, et liées aux fonctions quelque d’autres, beaucoup de précisions dans les étapes de son
peu cloisonnées de la nutrition et de la reproduction, il étude. Du moins, ces précisions, à travers l’exemple d’un
m’a semblé que leur étude parallèle serait également profi- grand genre, permettent-elles de répondre à diverses ques-
table à l’objectivité de l’approche phylogénétique. tions importantes qui subsistent depuis longtemps.
Toutefois, compte tenu des conditions d’accès très diffé- Notamment, est-il vrai que les espèces de Passalides sont
rentes qui existent entre les genitalia d’une part, et la le plus souvent polymorphes ? que certaines ont été décrites
capsule céphalique et les mandibules d’autre part, seules une dizaine de fois ? que d’autres renferment des popula-
ces deux dernières, dont les interprétations sont testables tions allopatriques ?
à volonté, ont été utilisées pour tous les taxons. Les geni- Pour cette étude, le choix d’un genre de Proculini n’est
talia ont été étudiés chez des modèles choisis et de rangs pas fortuit. Il répond au fait que, depuis plusieurs décen-
différents : des espèces de deux des sept tribus de la famille nies et pour diverses raisons, cette tribu a fait l’objet du
(chap. I) ; des espèces de chaque genre de Proculini (chap. plus grand nombre des publications sur la famille.
II) ; enfin la plupart des espèces des genres Arrox et Veturius Beaucoup d’informations récentes étaient alors disponibles
(chap. III). et testables. Quant au genre Veturius, c’était l’un des moins
La méthode d’analyse des caractères suivie pour la connus des Proculini, tout en étant le plus diversifié, le
phylogénie est celle de Hennig (1950), ou cladistique. Ce plus répandu en Amérique tropicale, et l’un de ceux dont
terme aujourd’hui généralisé ne souligne d’ailleurs pas la nomenclature est la plus complexe. De plus, sa compo-
qu’une méthode, mais aussi un concept biologique : la sition apparut rapidement hétérogène, non représentative
dichotomisation, ou cladogenèse des taxons et leurs affi- d’une certaine réalité phylogénétique. Ainsi, ce genre
liations, sur la base de l’évolution spatio-temporelle des réunissait les caractéristiques adéquates pour être un bon
caractères. En dernière partie de chaque chapitre, la répar- modèle d’étude de l’évolution d’un vaste groupe d’espèces
tition géographique des taxons reconstruits est optimisée dans la famille.

261
Stéphane Boucher

INTRODUCTION À L’ÉTUDE SYSTÉMATIQUE DES PASSALIDAE

1. Diversité spécifique Quelques espèces sont cependant spécialisées et adap-


tées à des milieux plus xériques, voire sub-désertiques,
Comparés à beaucoup d’autres Polyphaga Scarabaeoidea, comme Ptichopus en Méso-Amérique. D’autres ont conquis
les Passalidae forment une petite famille. Suivant la chro- des régions tempérées plus ou moins éloignées des
nologie des monographies et catalogues principaux, le tropiques, mais ces régions bénéficient toutes d’une
nombre d’espèces valides est le suivant : PERCHERON influence tropicale post-glaciaire marquée. C’est ce que
(1844), 74 ; KAUP (1871), 171 ; GRAVELY (1918), 240 ; l’on observe dans l’est de l’Amérique du Nord, dans le sud
HINCKS & DIBB (1958), 550; près de 700 en 2004. Depuis du Japon, dans la péninsule de Corée, en Chine continen-
plusieurs années, l’étude d’un matériel volumineux m’a tale ainsi que dans le sud-est de l’Australie et en Tasmanie.
permis de distinguer environ 930 espèces. Dans ce nouveau Malgré ces exceptions, la répartition globale de la famille
compte figurent de nombreux synonymes qui s’avèrent être est typiquement pantropicale (fig. 2).
de bonnes espèces, surtout parmi celles de KUWERT (1891,
1897, 1898), et plus de 200 espèces inédites.
3. Originalités morphologiques
Ce nombre d’espèces ne peut qu’être inférieur à celui
des espèces existant dans la nature, mais ce qui est très
et éco-éthologiques
informatif est qu’il n’en est sans doute pas éloigné. Les 3.1. Habitus
échantillons récents, provenant de l’ensemble de l’aire de
répartition de la famille, n’apportent en effet qu’une faible L’une des particularités les plus visibles et les plus connues
proportion d’espèces absentes des précédentes. Un total de la famille est l’extrême homogénéité morphologique de
voisin de 1000 espèces devrait alors être atteint à l’avenir. toutes ses espèces. De ce fait assez remarquable,
L’examen de toutes ces espèces confirme en partie un WESTWOOD (1834) a introduit une réputation peu enga-
constat ancien : les richesses supra-spécifiques et spéci- geante pour leur étude systématique avec une formule
fiques sont très hétérogènes entre les continents. Les faunes descriptive originale, telle que : « Genus difficillimum ». Des
d’Amérique, d’Asie du Sud-Est, de Mélanésie et qualificatifs assez voisins figurent dans diverses références,
d’Australasie sont nettement plus diversifiées que celle pas forcément anciennes d’ailleurs, traitant de l’Ordre des
d’Afrique et de Madagascar (entre 3 et 8 fois plus). Les Coléoptères.
causes de cette différence sont variées, mais l’une des plus Les Passalidae adultes sont presque tous uniformément
sûres semble être l’avantage offert, en Amérique et en noir lustré et fortement sclérotisés. L’habitus est robuste,
Australasie, aux radiations de type géographique (au convexe ou aplati, les élytres distinctement striés et ponc-
premier degré), et en Asie du Sud-Est et en Mélanésie, aux tués, le prothorax séparé des élytres par un long mésono-
radiations de type insulaire (géographiques au second tum (1) et les pattes plutôt courtes (fig. 1). La tête,
degré). De plus, ces régions ont été le siège d’orogenèses prognathe, est munie de puissantes mandibules broyeuses,
puissantes, étendues et nombreuses (à l’exception de d’un grand labre rigide, spatulé, proéminent et rétractile
l’Australasie), telles qu’il n’en existe pas de comparable en et d’un labium entièrement sclérotisé. Les antennes, de dix
Afrique et à Madagascar. Or, les reliefs élevés sont très articles, sont très mobiles et terminées en massues lamel-
propices aux isolements génétiques. Nous verrons aussi lées de type Scarabéide pectinicorne (anciens Pectinicornia
que l’Asie du Sud-Est et la Mélanésie ont bénéficié de la de Latreille). La face dorsale de la tête est ornée de diverses
proximité de l’Inde et de l’Australasie pour s’enrichir et se
diversifier.
(1) FABRICIUS (1792) et LEACH (1819) n’ont pas précisé l’origine étymologique
de leurs taxons Passalus et Passalida et les auteurs ultérieurs n’ont pas davantage
2. Répartition géographique fourni une réponse unanime à la question. Plusieurs ouvrages du XIXe siècle
attribuent le nom Passalidae au grec passalos, « cheville, clou de bois, pieu »
Les Passalidae sont forestiers et tropicaux. Dans la zone (voir par exemple DUMÉRIL 1823 et d’ORBIGNY 1849), ce qui correspondrait
d’influence intertropicale, toute formation forestière à l’aspect allongé du mésonotum, qui est caractéristique de la famille.
humide est susceptible d’abriter des espèces. On peut POUCHET (1841) semble avoir partagé cette opinion, bien qu’il ait fait une
confusion entre les sclérites concernés en indiquant comme premier caractère :
supposer que leur ancêtre commun évolua dans un milieu « abdomen pédiculé ». Pour DUMÉRIL (1860), le nom de Passale, sans doute
chaud comparable aux forêts équatoriales actuelles. Les aussi tiré du grec, signifierait « un perçoir, une broche dentelée, parce que ces
données paléontologiques sont très rares, mais ce qui est insectes percent des trous, des galeries ou des canaux arrondis dans le bois ». Cette
opinion fut reprise par BIOLLEY (1901). Y. Cambefort (com. pers.) pense
connu corrobore l’hypothèse d’un milieu originel de ce également que le nom passalos a pu être employé du fait d’une ressemblance
type (voir p. 335). réelle (surtout les élytres striés) avec les chevilles de bois.

262
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

structures tégumentaires plus ou moins concaves ou plus rarement sont occupées des Monocotylédones (voir
convexes (« rides » et « tubercules » des auteurs), symétriques CORBETT 1932, RISBEC 1937, LEPESME 1947, BOUCHER
ou non, paires ou impaires, liées ou non à l’endosquelette 1991)
tentorial, l’ensemble offrant d’excellents caractères taxino- Quelques groupes spécialisés semblent établis de préfé-
miques (1). Toutefois, les homologies de ces structures, rence, ou strictement, dans l’espace interstitiel entre la
souvent difficiles à établir, sont à l’origine d’importantes litière et le bois, ou dans des détritus et composts de cavi-
erreurs d’interprétations à tous les rangs nomenclaturaux. tés d’arbres et de plantes épyphites. Des espèces vivent alors
L’homogénéité morphologique de l’habitus est accentuée dans des milieux guère plus xyliques qu’humiques. Ont
par un dimorphisme sexuel visible très rare et par l’absence ainsi été observées des espèces d’Australie du genre
de démonstration sur l’existence de polytypismes stricts Aulacocyclus (CANTRELL 1979), des genres asiatiques
(voir p. 266, 374). Ceracupes (KABAKOV 1967, JOHKI & KON 1989, ARAYA
Beaucoup d’espèces ont les ailes métathoraciques et al. 1997, KON et al. 2001) et Taeniocerus (KON & JOHKI
réduites (formes brachyptères et hémibrachyptères). Sauf 1987), chez divers groupes au Costa Rica (ALFARO 1935),
cas exceptionnels, ces modifications résultent de l’adapta- ainsi que chez le genre néotropical Veturius, en Guyane
tion des espèces à des biotopes d’altitudes élevées (B OUCHER 1986). R IBEIRO & F ONSECA (1991) ont
(≥ 1500 m). À la réduction alaire sont liées d’autres modi- observé un Veturius amazonien dans la litière. BIOLLEY
fications sur diverses parties du corps. Ces caractères (1901) a observé la première fois, en Amérique Centrale,
morpho-fonctionnels sont de grande importance dans l’évo- la présence de Passalus dans des bouses sèches.
lution des lignées, donc dans leur systématique (voir p. 384). Ptichopus, du Mexique et d’Amérique Centrale, est
inféodé aux détritus hypogés de Fourmis du genre Atta
3.2. Habitat et régime alimentaire (soupçonné par ALFARO 1935, démontré par HENDRICHS
& REYES-CASTILLO 1964). Quelques autres auteurs ont
Tous les Passalides sont lucifuges et presque tous habitent rapporté que des espèces de plusieurs genres néotropicaux
et consomment des bois morts à des degrés divers de vivent à l’occasion dans le même milieu (voir la compila-
décomposition (saproxylophagie), essentiellement des
Angiospermes Dicotylédones, rarement des Gymno-
spermes. Selon les groupes, les espèces sont présentes depuis (1) Notons ici l’analogie d’ALFARO (1935) : « vérues et dépressions sinueuses,
la partie sous-jacente de l’écorce (subcorticoles, dans le liber comme celles que l’on observe sur une carte des reliefs, ou sur une photographie
et l’aubier) jusqu’au duramen (duramenicoles). Beaucoup d’une région montagneuse prise depuis un aéroplane ».

Figure 2
Répartition géographique des Coléoptères Passalidae.

263
Stéphane Boucher

tion de NAVARRETE-HEREDIA 2001). Enfin, le genre asia- tropicale (SCHUSTER 1985, 1999, et al. 2000, CASTILLO
tique Taeniocerus vit surtout dans des détritus épi- ou hypo- 1987, CASTILLO & LOBO 2004).
gés de Termites Coptotermes (KON & ARAYA 1992, KON On se reportera utilement, pour une vue plus détaillée,
et al. 1996, JOHKI et al. 1998). mais synthétique, sur divers aspects éthologiques et
morpho-fonctionnels de la famille, en particulier à
3.3. Biologie, éthologie HEYMONS (1929), REYES-CASTILLO & HALFFTER (1983),
REYES-CASTILLO & JARMAN (1983), VALENZUELA &
Une autre particularité de la famille est son éthologie CASTILLO (1983), JARMAN & REYES-CASTILLO 1985,
communautaire, sans guère d’équivalent dans l’Ordre. VALENZUELA (1992, 1993) et C ASTILLO & R EYES -
Certains faits sont analogues à ceux décrits (et qui sont CASTILLO (2003) (1).
plus remarquables encore) chez Necrophorus (Silphidae),
ou dans une bien moindre mesure chez des Phrenapati- 4. Critères et classifications taxinomiques
nae (Tenebrionidae) saproxylophages et dont l’habitus
rappelle beaucoup celui de Passalides. Après les premières La taxinomie des Passalidae a presque toujours suivi les
observations de OHAUS (1900, 1909), le terme subsocial, concepts typologique et morphologique de l’espèce. On
introduit pour les Passalidae par WHEELER (1923, 1926), doit à GRAVELY (1914a-b, 1918), le premier, d’avoir argu-
ne fut admis et généralisé que tardivement, à la fin des menté et discuté quelques relations de parenté en termes
années 1950. Toutes les espèces vivent en groupes fami- d’homologies et de phylogénie, ainsi que d’avoir pris en
liaux. Chaque groupe familial comprend un couple fonda- compte des facteurs biogéographiques. Il n’existe donc pas
teur, qui semble pouvoir être monogame, et une ou de publication formelle (sensu ICZN 1999) visant à établir
plusieurs génération(s) de larves et d’immatures. Un des hypothèses phylogénétiques et des scénarios de biogéo-
système complexe de galeries et de chambres est creusé à graphie historique. Toutefois, dans une thèse de doctorat,
la force des mandibules dans le bois pourri. Les individus puis dans un bref résumé de congrès, FONSECA (1987,
communiquent entre eux au moyen d’organes stridula- 1993) a fourni les résultats d’une analyse de ce type, sur
toires thoraco-abdominaux (imago) ou thoraco-appendi- des caractères morphologiques et qui, selon lui, a été faite
culaires (larve) (fig. 199). MOCQUERYS (1844) semble en suivant la méthodologie cladiste. Comme conclusion
avoir signalé pour la première fois l’émission sonore. Des principale, l’auteur affirme que les Passalides sont para-
données sur l’existence d’un répertoire diversifié, mais phylétiques. Une telle interprétation est très contestable
encore à peine connu, ont été publiées (ALEXANDER et al. car le monophylétisme de la famille est soutenu par des
1963, BAKER 1971a, SCHUSTER & SCHUSTER 1971, autapomorphies peu discutables, tandis que la méthode
SCHUSTER 1983, PALESTRINI et al. 2003). L’activité sonore générale employée n’a pas été fondée sur une recherche
des Passalides, qui n’est pas quelconque, mais communi- stricte des homologies et des synapomorphies (voir p. 315).
cative, est admise comme l’une des plus élaborée parmi les Historiquement, les auteurs ont toujours donné la
Coléoptères (voir par exemple LEROY 1979). préférence aux caractères céphaliques, dorsaux surtout,
Le fondement de l’activité subsociale serait la consé- pour affilier les taxons et construire leur classification. Cette
quence d’une dépendance protectrice et nutritionnelle démarche se justifie parce que les caractères en question
partielle des larves et des immatures vis-à-vis des adultes : sont aisément observables et qu’ils sont très diversifiés dans
préparation du bol alimentaire et transmission de compo- leurs détails architecturaux. Cependant, il serait inexact
sés enzymatiques et de microorganismes cellulolytiques de croire que d’autres régions moins accessibles n’ont fait
intestinaux (surtout des bactéries). Cette association revêt l’objet que d’études récentes, comme c’est le cas chez
un caractère « primitif » (sensu CARAYON 1952) car aucune d’autres familles. Nous verrons que la précision des détails
adaptation particulière de l’hôte ou de ses symbiontes n’est décrits par PERCHERON (1835), L ACAZE -D UTHIERS
connue. Quelques rares travaux ont entamé l’étude expé- (1853), SCHÏODTE (1875) ou STICKNEY (1923) le montre
rimentale de ces faits (LESEL et al. 1987, LESEL et al. 1987, bien. En revanche, il est vrai que ces caractères n’ont que
LARROCHE 1990). très peu, ou pas du tout, été exploités par les taxinomistes.
Dernièrement, les approches cytologiques de VIRKKI &
Étant donné leur intense activité digestive celluloly- REYES-CASTILLO (1972) et de SERRANO et al. (1998) sont
tique, les Passalidae sont l’un des principaux groupes
d’Arthropodes décomposeurs primaires des bois des forêts
tropicales humides. Par ce rôle, sans doute devraient-ils (1) On notera ici, concernant la morphologie et la biologie générales de la
être considérés parfois comme auxiliaires des activités famille, l’étonnant anthropomorphisme d’ALFARO (1935) : « Si quisiéramos
économiques forestières. Par ailleurs, ils ont montré être atribuirle a estos coleópteros alguna de las virtudes humanas, tendríamos que
pensar en la humildad, por el traje modesto que visten y por la reclusión en que
d’intéressants indicateurs écologiques dans le cadre d’in- viven, cual si fueran monjes conventuales, sin el recuerdo siquiera de los metales
ventaires et de mesures de protection de la biodiversité y piedras preciosas, ni del canto sonoro del grillo y la cigarra » !

264
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

venues compléter les interprétations morphologiques des des échantillons et l’éloignement des continents entre eux.
larves et des imagos. Nous constaterons d’ailleurs que Ce travail reste fondamental, mais il ne peut être que partiel-
certaines données coïncident avec celles des analyses phylo- lement suivi du fait de l’adhésion de son auteur à un système
génétiques morphologiques. quinaire de classification, directement inspiré du quinarisme
Avant le présent travail, la classification employée pour de MAC LEAY (1819) (1). Si l’on doit reconnaître à Kaup
les taxons du groupe famille était une combinaison de celles d’avoir ouvert seul, et avec une forte acuité, la voie dans la
de GRAVELY (1914b, 1918) et de REYES-CASTILLO (1970), découverte de nombreuses lignées naturelles de Passalides,
qui ont elles-mêmes pour fondement celle de KAUP (1871), son œuvre n’en reste pas moins ambiguë par sa vision de
mais après que de nombreux taxons de divers rangs en ont l’évolution plus philosophique que scientifique. Il fut
été soustraits. En dépit de diverses erreurs nomenclatu- d’ailleurs critiqué à ce sujet, notamment par KUWERT
rales (qui seront corrigées plus loin), REYES-CASTILLO (1896), ARROW (1907) et GRAVELY (1918).
(1970) a ainsi indiqué seulement deux sous-familles et Dans la pratique taxinomique quinaire, un taxon
deux tribus : contient un maximum de cinq taxons de rang immédia-
« PASSALIDAE Leach 1815 tement inférieur. Ainsi, chacune des cinq sous-familles de
« AULACOCYCLINAE Kaup 1868 Kaup peut renfermer cinq genres (« Gruppen », ou tribus
(5 genres indo-malo-australasiens) actuelles), ces derniers avec cinq espèces, et tout sixième
« PASSALINAE Gravely 1918 taxon potentiel doit être transféré vers un autre taxon. Par
(pantropicale ; 58 genres) exemple, Kaup ayant réuni dans la sous-famille Passalinae
« PASSALINI Reyes-Castillo 1970 (10 genres les genres Veturius, Sertorius et Verres avec Passalus et Soranus,
néotropicaux, 10 genres africains et le genre Publius fut placé dans la sous-famille Proculinae
malgaches, 20 genres indo-malo-australasiens) avec Proculus, Oileus, Proculejus et Ogyges. Il ne fait pour-
« PROCULINI Kaup 1868 tant aucun doute, de visu, que Publius est étroitement
(19 genres néotropicaux) » apparenté à Veturius (voir chap. II-III) et l’on peut diffici-
lement croire que Kaup ne s’en soit pas préoccupé. Divers
Dans cette classification, les deux sous-familles sont « arrangements » de ce type, à des rangs taxinomiques variés,
fondées sur des caractères externes des imagos autant répar- sont aisément repérables dans la classification de Kaup.
tis sur la tête que sur l’ensemble thorax + abdomen. En On constate aussi, dans les derniers tableaux de KAUP
revanche, les tribus de Passalinae et tous les genres de la (1871), des espaces vides dans l’attente d’hypothétiques
famille sont uniquement fondés sur des caractères cépha- taxons manquants.
liques. Ce sont en partie ces mêmes caractères qui sont Après Kaup, KUWERT (1896, 1897, 1898), « diviseur »
utilisés pour les sous-familles. Bien entendu, au rang spéci- et peu attentif au contexte géographique, multiplia de façon
fique, les caractères utilisés par les auteurs sont plus très exagérée les taxons de tous rangs, d’autant qu’il réunit
nombreux et plus diversifiés, mais là encore dominent un matériel beaucoup plus diversifié. Son imposant travail
nettement ceux de la tête. sur l’ensemble de la famille, entièrement dichotomique,
n’apporta pas d’éléments intéressants comparables à ceux
de Kaup.
5. Remarques sur les travaux antérieurs
Les travaux monographiques de GRAVELY (1914b,
PERCHERON (1835, 1841, 1844) est le premier auteur que 1918) peuvent être considérés, les premiers, comme
l’on puisse considérer comme spécialiste de la famille. Son « modernes » sur la famille. La recherche des homologies
excellente Monographie des Passales, avec laquelle il est encore des structures dorsales de la tête et des mandibules est clai-
possible d’identifier la plupart des espèces, a mis en évidence rement mise en évidence et il existe une approche réelle,
de nombreux caractères taxinomiques de premier ordre. Le bien que modeste, de l’évolution des espèces dans un
style concis et dépouillé de l’ouvrage a visiblement inspiré contexte paléobiogéographique. Gravely étant un « rassem-
ses successeurs immédiats BURMEISTER (1847), SMITH bleur », sa classification ne peut que contraster avec celle
(1852) et TRUQUI (1857). de Kuwert. Le premier travail (1914b) étant limité aux
Avant le XXe siècle, une seconde période eut pour objec- faunes indo-malaise et australasienne, diverses conclusions
tif de rompre avec le genre nominal pantropical Passalus Fab. sont profondément erronées en l’absence de la connais-
par une recherche engagée de la diversité supra-spécifique.
KAUP (1868, 1869, 1871), qui examina une quantité d’es-
pèces beaucoup plus importante que ses prédécesseurs, est (1) Cette conception de « l’ordre biologique » est discutée par KAUP (1849)
à l’origine de la majeure partie de la classification actuelle lui-même, pasteur de son état. Parmi les Passalides décrits par Kaup figurent
(taxons de tous rangs ; voir chap. I, p. 318). Il scinda Passalus Mastochilus macleayi et Aulacocyclus macleayi. Mac Leay est d’ailleurs le seul
à qui Kaup dédia deux espèces de Passalides. On trouvera un résumé concis
par des caractères nombreux et précis et, fait également et récent sur le quinarisme dans DI GREGORIO (1996). Sur tous ces points,
nouveau, prit davantage en compte l’origine géographique voir également BOUCHER (2004).

265
Stéphane Boucher

sance des faunes afro-malgache et américaine. Le second remarque s’avère erronée car l’usure des soies chez les spéci-
travail (1918), sur la faune mondiale, reste sans doute – mens âgés avait été négligée : il existe bien un dimorphisme
malgré la persistence d’inexactitudes notables – le plus sexuel de ce type chez toutes les espèces de Paxillus. BAKER
pertinent sur l’évolution générale de la famille. (1971b) a découvert chez une espèce du genre africain
Dernièrement, la seule contribution d’importance est Pentalobus un second cas de dimorphisme sur le segment
celle de REYES-CASTILLO (1970). C’est la plus complète VIII (voir p. 296). La forme du sclérite est bien différente
et la plus précise sur la morphologie externe de l’imago. entre les sexes, mais ce caractère n’est clairement visible
La classification de la famille, très simplifiée par rapport à qu’après ouverture de l’orifice ano-génital. Enfin,
celle de Gravely, est celle reproduite ci-dessus. Ce travail LARROCHE & LAUGA (1978) ont démontré, dans le même
comprend aussi la première révision exhaustive des genre Pentalobus, un dimorphisme sur l’ensemble du corps,
Proculini. C’est le point de départ des nombreuses publi- au moyen de mesures morphométriques. C’est toutefois
cations parues depuis sur la tribu. ce que l’on constate de visu sur les séries de spécimens de
la plupart des espèces de Passalides ; les dimensions
6. Problèmes posés pour la taxinomie moyennes des femelles semblent un peu supérieures. Dans
le présent travail, en dépit de l’examen d’un très grand
et la phylogénie nombre d’échantillons, aucun autre dimorphisme sexuel
Outre le problème évoqué de la recherche rigoureuse des externe n’a été trouvé.
homologies, d’autres critiques doivent être formulées sur
l’ancienne approche systématique des Passalidae. Les points 6.3. Rareté de la variation morphologique
concernés sont d’ailleurs valables pour diverses familles
voisines de Scarabaeoidea. Polymorphisme. Les Passalides sont en nette majorité très
peu polymorphes. Seules les dimensions du corps et des
6.1. Diversité et utilisation des caractères principaux sclérites sont parfois variables, quoique des
calculs de variants morphométriques semblent nécessaires
taxinomiques pour mettre en évidence de faibles différences moyennes.
L’utilisation de caractères taxinomiques mineurs, alors que Pourtant, les auteurs persistent à penser que les espèces
d’autres, pourtant très informatifs, ont été omis ou négli- présentent en général un fort polymorphisme, lequel justi-
gés, est l’une des causes principales de l’existence de syno- fierait la synonymie de nombreuses espèces et serait en
nymes et de la confusion de beaucoup d’espèces. Il existe contraste avec l’absence de dimorphisme sexuel. HINCKS
aussi des caractères intéressants notés de longue date, mais (1934), l’un des plus fervents défenseurs de cette idée, a
qui ont fait l’objet d’une utilisation inadéquate ou incom- ainsi écrit : « One of the most interesting features of the
plète, ou d’une interprétation erronée. Enfin, des régions Passalidae is the variability of many of its species. Future
plus ou moins délaissées renferment bon nombre de carac- students will find abundant and profitable work in studying
tères fiables. Il est alors courant qu’un lot de spécimens the dominant species and their variants, but the time is not
renferme non pas une espèce présumée, comme l’indi- yet ripe for such treatment, which demands the accumulation
quent les collections et les publications, mais parfois jusqu’à of large series of specimens from diverses localities ». J’ai suivi
cinq ou six. Outre la face dorsale de la capsule céphalique, cette consigne, mais pour parvenir finalement à la démons-
sa face ventrale et les appendices buccaux, le thorax (prono- tration inverse. Presque toujours, le polymorphisme décrit
tum, méso- et métasternum surtout), les pattes et les ailes, dans la littérature est dû à des confusions entre de bonnes
l’abdomen et les genitalia mâles et femelles apportent des espèces. La conception de Hincks est donc surtout le reflet
renseignements taxinomiques et phylogénétiques précieux. d’une interprétation erronée de la diversité des taxons et
Tous les groupes sont concernés et d’autant plus que leur de la stabilité des caractères spécifiques. Nous verrons que
nombre d’espèces est élevé. le genre Veturius, étudié en détail et qui renferme de
nombreuses espèces (chap. III), est démonstratif de ces
6.2. Rareté du dimorphisme sexuel erreurs conceptuelles et méthodologiques.
Le dimorphisme sexuel est très rare chez les Passalidae. Polytypisme. Après les descriptions de nombreuses « sous-
Ceci peut compliquer autant que faciliter la tâche du systé- espèces » et « variétés » (géographiques ou non), jusque dans
maticien. Trois cas seulement sont connus. DOESBURG les années 1950, le polytypisme n’a que très peu été consi-
(1942a) a suggéré l’existence d’un dimorphisme sexuel déré. Ceci est justifié car la variabilité morphologique de
portant sur le segment VIII dans le genre asiatique populations présumées interfertiles, mais allopatriques, n’a
Leptaulax. Puis DOESBURG (1974) a mis en évidence une jamais été démontrée. L’étude du genre Veturius (chap. III)
distinction chétotaxique sur les calus huméraux du genre mettra au contraire en relief le monomorphisme de presque
américain Paxillus. J’ai d’abord cru à une erreur d’inter- toutes les espèces, y compris celles à large répartition. Les
prétation de ce caractère (B OUCHER 1986), mais ma faunes de tous les continents semblent suivre cette règle.

266
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

En conclusion sur ces points, la faible variabilité 1.3. Institutions et collections


morphologique des individus d’une même population, ou
entre des populations géographiquement séparées, est la La totalité du matériel examiné provient des institutions
cause d’importantes erreurs d’interprétation de caractères ou des particuliers suivants. Les noms des responsables des
qui ont pourtant un intérêt systématique certain. communications sont indiqués. Le matériel que j’ai moi-
Contrairement aux idées reçues, la difficulté que présente même apporté est au MNHN et est noté tel que :
l’homogénéité de l’habitus des espèces est diminuée grâce MNHN*.
à la stabilité de nombreux caractères, ce qui ne peut être AMNH American Museum of Natural History, New York (David
que profitable au systématicien. Grimaldi, Lee H. Herman).
CAG Collection Alan R. Gillogly, Texas A. & M. University, College
Station, Texas.
Matériel et méthodes CASC California Academy of Sciences, San Francisco (David
A. Kavanaugh, Roberta Brett).
1. Matériel d’étude CDC Collection Daniel Curoe, Palo Alto, Californie.
CLP Collection Luis C. Pardo Locarno, Palmira, Valle del Cauca,
Colombie.
1.1. Spécimens CMNH Carnegie Museum of Natural History, Pittsburg (Robert
L. Davidson).
Le « fonds » du matériel étudié – larves et imagos conser- CVM Collection Vladislav Maly, Prague.
vés secs ou en alcool – provient du Muséum national DEIE Deutsches Entomologisches Institut, Eberswalde Finow (Lothar
Zerche).
d’Histoire naturelle (Paris), ainsi que du matériel que j’ai EMEC Essig Museum of Entomology, University of California, Berkeley
pu y joindre. Cet ensemble est d’une richesse exception- (Cheryl Barr).
nelle par son volume, par sa diversité et par ses aspects histo- FISF Forschunginstitut Senckenberg, Francfort (Damir Kovac, F. zur
Strassen).
riques, grâce notamment aux nombreuses collections nomi- FMNH Field Museum of Natural History, Chicago (Alfred F. Newton,
nales réunies dans la prestigieuse collection R. Oberthür Philip P. Parrillo).
1952. A peu près toutes les espèces décrites dans la famille FSCA Florida State Collection of Arthropods, Gainesville (Michael
y sont représentées, dont plus de 70 % des types, ainsi qu’un C. Thomas, Brenda Beck).
HLMD Hessisches Landesmuseum, Darmstadt [coll. Kaup] (Ralf Klinger,
grand nombre d’espèces nouvelles. Ceci m’a permis d’y Wolfgang Schneider).
puiser le matériel nécessaire pour l’étude des sous-familles, IMEX Instituto de Ecología, Xalapa, Veracruz (Pedro Reyes-Castillo).
des tribus, et des genres de Proculini (chap. I-II). Pour INBIO Instituto Nacional de Biodiversidad, Sto Domingo, Heredia
(Angel Solís).
l’étude d’Arrox et de Veturius (chap. III), de nombreuses INHS Illinois Natural History Survey, Champaign (Kathleen Reid
institutions et plusieurs personnes privées ont été sollici- Zeiders).
tées afin de réunir un échantillonnage le plus complet IRSN Institut Royal des Sciences Naturelles, Bruxelles (Léon Baert,
possible (voir ci-après Institutions et collections). Au total, Marcel Cludts, Konjev Desender).
IZAM Instituto de Zoología Agrícola, Universidad Central, Maracay
près de 100 000 spécimens ont été examinés ; ils consti- (Luis J. Joly).
tuent la base de départ des résultats exposés dans ce travail. LACM Los Angeles County Natural History Museum, Los Angeles (Julian
Donahue, Brian Harris).
MCNO Musée Canadien de la Nature, Ottawa (François Génier).
1.2. Origine géographique des spécimens MHNB Muséum d’Histoire Naturelle, Collection Frey, Bâle (Eva
Sprecher).
Il est nécessaire de souligner l’importance que revêt l’étude MHNG Muséum d’Histoire Naturelle, Genève (Claude Besuchet, Giulio
Cuccodoro, Ivan Löbl).
méticuleuse des données chorologiques et écologiques des MLUH Institut für Zoologie, Martin-Luther-Universität, Halle (Manfred
échantillons. Chaque espèce occupe un territoire géogra- Dorn, Karla Schneider).
phique et écologique que l’on se doit de déterminer, lequel MNHN Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
MNHU Museum für Naturkunde, Humboldt-Universität, Berlin
est en relation étroite avec sa propre histoire géologique et (Manfred Uhlig, Hella Wendt, Joachim Schulze).
climatologique. L’altitude et les types de végétation, en MNRJ Museu Nacional Quinto da Boa Vista, Rio de Janeiro (Miguel
particulier, jouent un rôle primordial dans les processus A. Monné).
d’isolements génétiques et dans les répartitions. Dans le MSNG Museo Civico di Storia Naturale « Giacomo Doria », Gênes
(Roberto Poggi).
même souci de précision, une attention supplémentaire a MSNT Museo Regionale di Scienze Naturali, Turin (Mauro Daccordi).
été apportée à la recherche de l’origine exacte de tous les MTMA Magyar Természettudományi Múzeum Állattára, Budapest (Ottó
spécimens. Les anciens, surtout, sont parfois étiquetés de Merkl).
MUHD Manchester Museum, The University, Manchester [coll. Hincks
façon arbitraire et peuvent représenter des populations & Dibb] (Colin Johnson).
aujourd’hui en voie de régression ou d’extinction. De MZSF Museo Zoologico de « La Specola », Università Degli Studi,
nombreuses références géographiques, cartographiques et Florence (Luca Bartolozzi).
sur les comptes-rendus de voyages des naturalistes récol- MZSP Museu de Zoologia, Universidade, São Paulo (Carlos Campaner,
Sônia Casari-Chen, Ubirajara R. Martins, Antonio Santos-Silva).
teurs ont été utilisées. Ces diverses données, souvent négli- MZUM Musée Zoologique, Université d’Etat Lomonosov, Moscou
gées dans les publications, sont à l’origine d’erreurs ajoutées. (Nicolaï Nikitski).

267
Stéphane Boucher

NHML Natural History Museum, Londres (L. Jessop, Malcom Kerley). Abréviations et signes. Les abréviations morphologiques
NHMV Naturhistorisches Museum, Vienne (Heinrich Schönmann). ci-dessous sont ordonnées en fonction de leur région. Une
NHRS Naturhistoriska Riksmuseet, Stockholm (Julio Ferrer, Per
Lindskog). liste figure aussi à la fin de l’ouvrage. Le tableau 1 (p. 276)
NNML Nationaal Natuurhistorisch Museum, Leide (Pieter H. van donne l’homologie des caractères dorso-céphaliques suivant
Doesburg, Jian Krikken, Jan van Tol). les principales conceptions et terminologies des auteurs.
PAIZ Instytut Zoologii, Polska Akademia Nauk, Varsovie (Stanislaw Dans les index nomenclaturaux de Veturius (chap. III),
A. Slipinski).
QCAZ Museo de Zoología, Pontificia Universidad Católica, Quito des références sont mises entre crochets ; par exemple, on
(Giovanni Onore). peut lire concernant V. cephalotes : « [Passalus cephalotes
SEAL Servicio Entomológico Autónomo, Museo Entomológico, León, Dej. (syn. sinuatus Eschsch.) : BURMEISTER 1847 : 512
Nicaragua (Jean-Michel Maes).
(sinuatus sensu Eschscholtz)] ». Cela signifie que Burmeister
SMNS Staatliches Museum für Naturkunde, Stuttgart (Wolfgang
Schawaller). mit en synonymie V. cephalotes avec V. sinuatus, bien qu’il
SMTD Staatlisches Museum für Tierkunde, Dresde (Rüdiger Krause). ne connut à cette date que le véritable V. sinuatus.
UCDC Bohart Museum of Entomology, University of California, Davis
(Steve L. Heydon, Lynn S. Kimsey). D : dorsal, dorsal ; V : ventral, ventral ; L : latéral, lateral.
UCMC University of Colorado Museum, Boulder (M.G. Paoletti).
UMAA Museum of Zoology, University of Michigan, Ann Arbor (Mark Aire frontale ou clypéo-frontale, frontal or clypeofrontal area
F. O’Brien).
aaci angles infra-antérieurs du clypéus, infra-anterior angles of clypeus
UMHO Hope Entomological Collections, University Museum, Oxford
aacs angles supra-antérieurs du clypéus, supra-anterior angles of clypeus
(George C. McGavin, Darren J. Mann, Christopher O’Toole).
alf aires latéro-frontales, laterofrontal areas (ou flf, fossettes latéro-
UMSP University of Minnesota Insect Collections, St. Paul (Philip frontales, laterofrontal pits, chez Veturius et Proculus)
J. Clausen). amf aire médio-frontale, mediofrontal area
UMZC University Museum of Zoology, Cambridge, G.B. (William arf angle des rides frontales, angles of the frontal ridges
A. Foster). bf bord frontal, anterior margin of the frons
USNM United States National Museum of Natural History, Smithsonian c clypéus, clypeus
Institution, Washington (Nancy Adams, David G. Furth, Robert c-f clypéo-front, clypeofrons
D. Gordon, Gary F. Hevel). flc fossettes latéro-clypéales, lateroclypeal pits
USUL Utah State University, Logan (Wilford Hanson). l labre, labrum
UVGC Universidad del Valle de Guatemala, Guatemala (Jack phs processus hypostomaux, hypostomal plates
C. Schuster). rfa rides frontales antérieures, anterofrontal ridges
ZFMK Zoologisches Forschunginstitut und Museum Koenig, Bonn rfp rides frontales postérieures, posterofrontal ridges
(Hubert Roer, Michael Schmitt, Karin Ulmen-Kürten). scf sillon clypéo-frontal, clypeofrontal groove
ZIMH Zoologisches Institut, Zoologisches Museum, Universität, ti tubercules internes, inner tubercles
Hambourg (Rudolf Abraham). tlf tubercules latéro-frontaux, laterofrontal tubercles
ZISL Zoologiska Institutionen Avd. för Systematik, Lunds Universitet, tlf2 tubercules latéro-frontaux secondaires, secondary laterofrontal
Lund (Roy Danielsson). tubercles
ZSSM Zoologische Staatssammlung, Munich (Martin Baehr). tmf tubercules médio-frontaux, mediofrontal tubercles
tmf2 tubercules médio-frontaux secondaires, secondary mediofrontal
tubercles
1.4. Iconographie, abréviations et signes utilisés Aire médio-post-frontale (ampf ) ou vertex, mediopostfrontal area
Iconographie. Sauf exceptions mentionnées – emprunts or vertex
modifiés et fac-similés – j’ai réalisé toute l’iconographie alpf aires latéro-post-frontales, lateropostfrontal areas
spf sillon post-frontal, postfrontal groove
originale. Une partie des encrages et la composition des spf2 sillon post-frontal secondaire, secondary postfrontal groove
planches de morphologie et de plusieurs cartes sont dus tc tubercule central, central tubercle
aux soins de G. Hodebert (MNHN). tlp tubercules latéro-postérieurs, lateroposterior tubercles
tt tubercules tentoriaux, tentorial tubercles
Afin de faciliter les comparaisons entre taxons, en parti-
culier chez Veturius (chap. III), la plupart des caractères Epicrâne (partim, aires latérales), epicranium (partim, lateral areas)
homologues sont représentés à la même échelle. Les figures aat « angles antérieurs de la tête », « anterior angles of the head »
aso arêtes supra-oculaires, supra-orbital ridges
indispensables de la tête et de la partie antérieure du prono- co canthus oculaires, orbital canthus
tum, des détails des stries et des ponctuations élytrales, fa fosses antennaires, antennal fossae
etc., sont ainsi standardisées. Afin de mettre en relief fec fossettes épicrâniennes, epicranial pits
certains caractères, les soies labrales, latéro-mandibulaires, fpo fossettes post-oculaires, postorbital pits
g arêtes génales, genal ridges
antennaires et infra-pronotales ne sont pas figurées. Sur o yeux, eyes
les figures de mésosternums, la trame représente le tégu- sec sutures épicrâniennes, epicranial sutures
ment mat, lequel est d’importance taxinomique. Mandibules, mandibles
Presque tous les caractères utilisés sont décrits, expli- abd « appendice » basal droit, right basal « appendage »
cités et la plupart sont figurés (chap. I). On se reportera alm arêtes latéro-mandibulaires, lateromandibular ridges
aussi utilement, pour la reconnaissance de certains carac- cd condyles, condyls
db dents basales, basal teeth
tères usuels, aux figures introductives de GRAVELY (1914b) dd dents dorsales, dorsal teeth
et de REYES-CASTILLO (1970). dd2 dents dorsales secondaires, secondary dorsal teeth

268
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

deb dents extra-basales, extrabasal teeth


dia dents infra-apicales (du lobe inciseur), infraterminal teeth (of the
2.1. Genitalia femelles
incisor lobe)
dma dents médio-apicales (du lobe inciseur), medioterminal teeth (of
Accéder sans dommage à toutes les structures ectoder-
the incisor lobe) miques des genitalia nécessite l’ablation de l’abdomen
dsa dents supra-apicales (du lobe inciseur), supraterminal teeth (of the complet. Les Passalides ayant une activité physique et diges-
incisor lobe) tive importante, leurs tissus adipeux, trachéens et intesti-
dii dents internes inférieures (du lobe molaire distal), infrainternal
teeth (of the distal molar lobe)
naux sont volumineux. Les voies vaginales, très fines et
dis dents internes supérieures (du lobe molaire distal), suprainternal fragiles, sont naturellement déformées du fait de leur
teeth (of the distal molar lobe) compression par le proctodéum contre la paroi sternale
di1,2 dents internes supérieures secondaires, secondary suprainternal droite chez toutes les espèces. La séparation de ces pièces
teeth
tm tables molaires (du lobe molaire proximal), molar tables (of the
génitales et intestinales est alors longue et délicate, mais
proximal molar lobe) elle peut s’opérer aussi bien sur des spécimens très anciens
que récents. Toutefois, aucun hyphe ne doit s’être déve-
Protibias, protibias
loppé et aucune détérioration, même légère, ne doit avoir
foa fourches apicales, terminal forks
eu lieu par des entomophages.
fpt fossettes apicales, terminal pits
fts fosses tarsales, tarsal fossae Après ramollissage du spécimen, l’abdomen est dégraissé
spo spolons, spolons (mobile spines) et faiblement dépigmenté in toto dans une solution d’eau
Abdomen et genitalia, abdomen and genitalia distillée et de potasse à 10-15 % et chauffée plusieurs heures
cej canal éjaculateur, ejaculatory duct
à environ 40 °C. L’abdomen subit plusieurs bains de ce
ed édéage, aedeagus type après rinçages. Un potassage ainsi ménagé, dont la
gl glande de la spermathèque, appended gland, gland of the durée dépend du spécimen, élimine le gros des tissus
spermatheca adipeux et des trachées, évite d’éclaircir et de déformer
go gonopore, gonopore l’abdomen (qui sera replacé), et permet de reconnaître et
lbmd lobe médian dorsal du vagin, median dorsal lobe of the vagina
lbpd lobe proximal dorsal du vagin, proximal dorsal lobe of the vagina de dégager les genitalia complets. Puis, le « gonflage » par
lbpv lobe proximal ventral du vagin, proximal ventral lobe of the vagina à-coups de l’abdomen immergé, à l’aide d’une micro-
ltg latérotergites, laterotergites pipette, permet de séparer et d’extraire les tissus périphé-
mb membrane, membrane riques résiduels et le proctodéum (ce dernier est conservé
mbc membrane connective (1re ou 2e), connecting membrane (1st or 2d) pour de futures études). Les genitalia alors bien visibles
mtg médiotergite, mediotergite
op « opercule » du sac interne invaginé, « operculum » of the invaginated sont ôtés avec l’urite VIII complet, puis replongés au moins
internal sac 24 heures dans plusieurs solutions de potasse jusqu’à déga-
ov oviducte commun, common oviduct gement total. En dernier lieu est souvent pratiqué un bain
pc pars communis, pars communis additionné de 5-10 % d’acide acétique pur et légèrement
ph phallus, phallus
phb phallobase (pièce basale), phallobase (basal piece)
chauffé, afin de provoquer un premier étirement des
pm paramères, parameres membranes.
proc proctodéum, proctodaeum Pour mettre en évidence les sous-ensembles ou lobes
pt pli terminal (de l’endophallus), terminal fold (of the endophallus) vaginaux, on doit opérer plusieurs « gonflages », par les
s supports (du tegmen), struts (of tegmen)
scl sclérotisations, sclerotizations
voies naturelles et en immersion, soit à la micro-pipette
si sac interne (endophallus), internal sac (endophallus) de verre effilée, soit avec un injecteur chromatographique,
spl sillons pariétaux (de l’endophallus), parietal grooves (of the en prenant appui sur l’urite VIII (qui est conservé en partie
endophallus) à cette fin). L’usage de l’injecteur, surtout chez les genita-
spm spermathèque, spermatheca lia les plus fragiles, permet un dosage précis du liquide
stg stigmates, spiracles
tg tergites, tergites
introduit de force. Cela évite une rupture membranaire,
vg vagin, vagina la rentrée d’air, voire l’aspiration de tout ou partie de l’or-
gane au moindre relâchement de la micro-pipette. Avant
2. Techniques d’étude morphologique le « gonflage », on prend soin de rendre hermétique l’ovi-
ducte commun, qui est sectionné au niveau de la membrane
La plupart des spécimens entiers ne nécessitent pas de endodermique, par exemple avec une micropince plate.
manipulation préalable, mais les autres doivent être nettoyés Juste après le « gonflage » il est souvent nécessaire de fermer
afin de dégager certains caractères souillés, ou ténus ou de la même façon l’orifice opposé anal, au niveau de la pars
cryptiques, comme les appendices buccaux, les ailes méta- communis (en prenant à nouveau appui sur l’urite VIII).
thoraciques et divers revêtements tégumentaires (soies et En effet, dès que le gonflage maximal est atteint et que la
ponctuations). Cette opération est souvent indispensable. pression décroît, les membranes vaginales se rétractent et
Nous avons vu que la détermination du sexe est aléatoire reprennent en général très vite leur position initiale
par le seul habitus. (fig. 165-166). Il devient alors impossible de figurer les

269
Stéphane Boucher

détails des différents lobes, dont la forme et le nombre descendants. Une reconstruction comprend des groupes
varient entre groupes d’espèces ou espèces. reliés entre eux par des synapomorphies jusqu’à ce que
Une coloration au noir chlorazol est praticable suivant toute la phylogénie d’un taxon donné soit établie.
la technique préconisée par CARAYON (1969), laquelle, L’ensemble repose donc sur l’hypothèse de séries de trans-
connue de nombreux auteurs, procure une distinction des formations de caractères de l’état plésiomorphe (« primi-
intimas les plus fines. Les derniers « gonflages », puis l’ob- tif ») vers l’état apomorphe (« dérivé »).
servation et la conservation définitive ont lieu dans le lacto- Du fait des perceptions propres à chaque observateur,
phénol. L’ensemble conserve ainsi volume et souplesse et les caractères de l’holomorphe sont théoriquement en
peut être retravaillé à tout moment (dans le lactophénol nombre illimité. De plus, l’interprétation des caractères
ou dans une autre solution après lavage). est dépendante du sens donné à leurs transformations.
Une subjectivité est donc inévitable, mais plus ou moins
2.2. Genitalia mâles importante, dans le processus de reconstruction. Afin
d’être au mieux en présence de lignées naturelles, le phylo-
Les genitalia mâles sont observés en détail comme ceux généticien doit alors porter son choix sur des caractères
des femelles, mais à l’issue d’un mode opératoire beaucoup les plus informatifs et les plus convaincants possible, sans
plus simple. L’édéage est séparé de l’abdomen au niveau pour autant en négliger aucun au départ. Autrement dit,
de la seconde membrane connective (fig. 57), puis potassé ce choix peut difficilement être autre que le fruit d’une
faiblement afin de ramollir le sac interne et d’en dégager longue recherche et d’une connaissance profonde du
totalement la lumière sans endommager le canal éjacula- groupe, après accès au plus grand nombre des taxons
teur. Le sac interne est une structure membraneuse plus concernés et avec un minimum d’idées préconçues sur
ou moins vaste et sclérotisée, à la fois délicate et résistante. certaines homologies.
Au repos, il est toujours profondément retroussé de la
même façon. Il est impossible de le déployer entièrement, 3.2. Saisie et traitement des données
même à chaud, sous l’effet de la seule pression d’un liquide.
L’opération doit donc être menée manuellement à la pince Le logiciel McClade 3.08 (MADDISON & MADDISON 1999)
fine jusqu’à son terme. Il est ensuite préférable de procé- est utilisé pour le traitement des matrices d’états de carac-
der à un « gonflage de finition » afin de mettre en relief les tères. Grâce à ce logiciel, il est possible de visualiser et de
contours de l’organe déployé jusqu’au gonopore, c’est-à- « modifier » aisément tous les arbres reconstruits, qu’ils l’aient
dire comme il serait lors de son intromission naturelle dans été par informatique ou manuellement. Diverses options
les voies génitales femelles. L’observation en diascopie, dans permettent de mesurer et de retravailler les hypothèses d’ho-
le lactophénol, avec ou sans coloration, permet d’accéder mologie et d’homoplasie relatives à chaque état de caractère.
à toutes les structures. Le logiciel Phylogenetic Analysis Using Parcimony 3 et 4
(SWOFFORD 1993-2003) est employé pour les reconstruc-
3. Méthode d’analyse phylogénétique tions selon le principe d’économie d’hypothèses, ou « parci-
monie ». La parcimonie pratiquée est celle dite de Wagner
3.1. Principe général (KLUGE & FARRIS 1969, FARRIS 1970), laquelle, contrai-
La méthode d’analyse utilisée est issue de la systématique rement à celles de CAMIN & SOKAL (1965) et de Dollo (LE
phylogénétique de HENNIG (1950), ou systématique cladis- QUESNE 1972), n’exclut ni la convergence, ni la réversion
tique (MAYR 1969). Ses principes de base furent complé- des états de caractères. La parcimonie de Wagner est aussi
tés et abondamment discutés par de nombreux auteurs, intéressante car les homoplasies (convergences, parallélismes
cladistes ou non. Les références suivantes ont été particu- ou réversions) peuvent être la source de conclusions phylo-
lièrement prises en compte : SIMPSON (1961), SNEATH & génétiques erronées si elles ne sont pas correctement inter-
SOKAL (1973), MAYR (1969, 1981), DUPUIS (1979, 1992), prétées. C’est le cas, dans la systématique des Passalidae, de
WILEY (1981), MATILE et al. (1987), WILEY et al. (1991), diverses « affinités » acceptées par tous les auteurs, mais qui
DARLU & TASSY (1993), AMORIM (1997), KITCHING et n’en restent pas moins, à mon sens, douteuses.
al. (1998). Pour la terminologie employée, on se reportera
en particulier aux glossaires de H UGOT (1987) et de 3.3. Options choisies pour les caractères matriciels
KITCHING et al. (1998). Plan de base des taxons supra-spécifiques. Pour la phylo-
Dans la pratique, le cladisme repose sur une recherche génie des taxons du groupe famille (sous-familles et tribus ;
rigoureuse des caractères apomorphes (dérivés) et synapo- chap. I) et de la tribu des Proculini (genres ; chapitre II),
morphes (dérivés et partagés), de façon à découvrir les l’établissement d’un « plan de base » des taxons terminaux,
groupes taxinomiques monophylétiques. Au moyen des sur des caractères dérivés qui leur sont propres (autapo-
caractères (ici morphologiques), ces groupes sont définis morphes), a été nécessaire compte tenu du nombre élevé
comme ayant chacun un ancêtre commun et tous ses d’espèces en jeu et parce que toutes les espèces connues sont

270
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

prises en considération. Les autapomorphies utilisées qui est attribué à chacun, même si certaines homologies ou
définissent les taxons terminaux sont toutes déterminées homoplasies semblent au préalable peu discutables.
en amont des analyses. En revanche, dans l’étude du genre Cependant, une pondération indépendante peut avoir lieu
Veturius (chap. III), chaque espèce forme un taxon termi- lorsque des caractères liés entre eux évoluent en parallèle,
nal (voir les détails ci-après dans : 3.8, Monophylétisme des y compris chez des taxons pourtant éloignés dans leur
taxons terminaux). phylogénie. De la sorte, les séries de caractères en ques-
tion bénéficient d’emblée d’un poids supplémentaire. Chez
Groupes internes et externes. La polarisation des états de les Passalidae, c’est par exemple le cas pour des états de
caractères est déterminée par la comparaison des caractères caractères liés à des adaptations écologiques d’espèces
du taxon « interne » (soumis à l’analyse) avec ceux d’un ou brachyptères de montagne.
de plusieurs taxon(s) « externe(s) » (de référence). La pola-
risation nécessite que les taxons externes aient une parenté De plus, une autre pondération a tout de même lieu
étroite avec les internes, sinon une discordance de fond lorsqu’un caractère se présente sous plus de deux états (ce
risquerait de compromettre la comparaison cohérente des que l’on a tenté d’éviter). L’utilisation d’un tel caractère
états de caractères. Dans le meilleur des cas, le taxon revient à créer plusieurs caractères avec des séries de trans-
« interne » est le groupe frère d’au moins l’un des taxons formations peu différentes. En pareil cas, le maintien des
« externes ». caractères en jeu dans la matrice est donc signalé et discuté
(voir aussi ci-dessous : Polymorphisme). Enfin, aucune
Retours aux caractères. Après la première analyse de pondération successive (reweighting) n’a été effectuée, y
chaque matrice de caractères, plusieurs analyses ont lieu compris pour l’analyse du genre Veturius (chap. III), qui
après autant de « retours » à ces caractères (MATILE et al. est la plus complexe.
1987). Ces retours ont pour objet, par le biais d’observa-
tions renouvelées sur les échantillons, d’affiner les hypo- Polymorphisme. Dans les analyses des taxons du groupe
thèses (augmentation de la parcimonie, ou diminution de famille et de ceux du groupe genre (chap. I-II), les taxons
la longueur de l’arbre). Le cas échéant, l’homologie et l’ho- terminaux regroupent plusieurs espèces (parfois beaucoup),
moplasie relatives à chaque état de caractère peuvent être puisqu’il a été choisi d’en négliger aucune. Comme consé-
réévaluées et le codage des caractères correspondants modi- quence de la diversité spécifique des taxons terminaux, il
fié. Cette opération est souvent répétée de nombreuses fois arrive que des caractères matriciels soient sous plusieurs
et pour autant de caractères. Elle est décisive, puisqu’elle états (caractères multi-états). Un caractère monomorphe
détermine la cohérence de la phylogénie. ayant naturellement une incidence plus favorable qu’un
caractère polymorphe sur la longueur de l’arbre et sur l’in-
Polarisation. Les caractères matriciels ont été choisis dice de cohérence (CI), il a été évité, autant que possible,
ordonnés (tels que : 0, 1, 2) mais non polarisés (tels que : de conserver des caractères multi-états. Toutefois, cela n’est
2, 1, 0 ). Bien que l’on puisse avoir des idées préconçues pas toujours aisé, ni judicieux. Comment alors tenir
sur l’orientation des transformations des caractères (tels compte, dans l’analyse, de la diversité de ces caractères sans
que : 0 → 1 → 2), celle-ci n’est jamais démontrée tant que en soustraire aucun ?
l’ensemble des caractères n’a pas été optimisé à l’aide de Un moyen d’y parvenir est l’option polymorphic du logi-
PAUP (ou d’un logiciel comparable). La non polarisation ciel PAUP, qui permet de considérer les caractères multi-
est préférable dans des analyses dites « de départ », c’est-à- états comme « polymorphes ». Dans ce cas, un taxon termi-
dire en l’absence d’hypothèses de phylogénies déjà publiées, nal n’est pas représenté par une ou plusieurs « espèce(s) de
comme c’est le cas ici. De plus, puisque les caractères ne référence » car il est considéré par le logiciel comme « hété-
sont pas polarisés, aucun ancêtre hypothétique n’est rogène ». D’autre part, suivant le principe de parcimonie,
présumé lors des analyses. un des états d’une ou de plusieurs espèce(s) est interprété
Permutations. Après constitution de la matrice « défini- par le logiciel comme « dérivé d’un ancêtre commun ».
tive » (phylogénie correspondant au mieux aux exigences NIXON & DAVIS (1991) ont montré à ce propos que l’uti-
et aux dispositions du systématicien), les groupes externes lisation de l’état « inconnu » (missing), pour pallier la varia-
ont été permutés successivement afin de tester l’influence bilité courante des états de caractères dans un taxon termi-
de leur ordre d’entrée lors de la recherche et donc dans les nal, était à l’origine d’importantes erreurs dans le calcul de
reconstructions. La même opération a été effectuée au la longueur de l’arbre et de l’indice de cohérence. Les états
hasard avec les taxons des groupes internes. Ces permuta- « inconnus » influeraient sur ces calculs en faisant plus ou
tions n’ont jamais modifié la topologie des arbres de consen- moins abstraction d’un certain nombre de changements
sus obtenus ici (voir BARRIEL & TASSY 1998). d’états de caractères chez les taxons concernés. De plus,
SWOFFORD (1993) a souligné qu’entre les options « poly-
Pondération. Dans le même souci d’objectivité, les carac- morphe » ou « état incertain » (uncertainty) sur le traitement
tères sont traités de façon uniforme. Le même poids (= 1) des états, l’utilisation de la seconde privilégie l’état le plus

271
Stéphane Boucher

favorable à la réduction de la longueur de l’arbre. Toutefois, Directive topologique. Par mesure d’économie d’hypo-
le degré d’homoplasie par rapport au nombre de synapo- thèses dans les branchements, aucune directive topolo-
morphies, matérialisé par le CI, n’est pas prioritaire. gique préalable n’est imposée lors des analyses.
Le polymorphisme strict, pour les taxons terminaux
Arbre retenu : l’arbre de consensus strict. Par analogie
pluri-spécifiques, a donc été retenu en fonction de ces
de topologie, l’arbre de consensus permet de synthétiser
divers critères et pour ne pas sous-estimer la réalité phylo-
tous les arbres les plus courts obtenus. Il ne représente pas
génétique des multi-états de certains caractères.
une voie unique, mais un compromis non ségrégatif
Importance des caractères « non ambigus ». L’analyse a (MIYAMOTO 1985, ANDERBERG & TEHLER 1990). Le
pour objet de mettre en évidence les degrés de relations consensus retenu comme référence dans chaque analyse
phylogénétiques entre les caractères. Le praticien consi- est le consensus strict (SOKAL & ROHLF 1981), qui ne
dère alors souvent les taxons comme un concept acces- considère que les groupements équiparcimonieux des
soire, ne formant que le support des séries de transforma- taxons dans tous les arbres.
tions des caractères. Dès lors, une autapomorphie n’est
plus informative puisqu’elle ne soutient aucune cladoge- Enracinement. Puisqu’il n’existe pas d’hypothèse anté-
nèse entre taxons (nombre de pas égal à 0 dans l’arbre rieure renseignant sur le branchement des groupes externes
pour un caractère). Par contre, une synapomorphie parta- par rapport aux taxons du groupe famille et aux genres de
gée par seulement deux taxons est la situation la plus favo- Proculini (chap. I-II), les arbres ne sont pas enracinés lors
rable, puisqu’elle ne soutient qu’une seule cladogenèse de l’analyse, mais éventuellement après, sur le consensus
(nombre de pas égal à 1 pour un caractère). Un état de strict, au nœud interne des groupes externes avec polyto-
caractère doit donc être partagé par au moins (et au mieux) mie basale (NIXON & CARPENTER 1993). Il n’est alors pas
deux taxons. Autrement dit, lorsqu’il y a beaucoup de choisi d’enracinement avec un ou plusieurs groupe(s)
taxons en jeu, l’état de chaque caractère doit être le moins externe(s) particulier(s) afin de n’en privilégier a priori
homoplasique possible, sinon il augmente le nombre de aucun (BARRIEL & TASSY 1998). Cette option est surtout
pas dans l’arbre et contrarie la parcimonie. Le caractère justifiée pour les taxons dont le monophylétisme et le bran-
reconnu « non ambigu » par le logiciel PAUP, dans tous chement anté-analyse est hypothétique ou douteux.
les arbres équiparcimonieux, est celui qui, même si son Lorsque l’on tente de résoudre une polytomie basale, l’in-
état est répété plus de deux fois, n’est pas perturbant car fluence du branchement des groupes externes et leur enra-
il ne fait pas varier outre mesure la longueur de l’arbre, ni cinement peuvent être importants. Toutefois, dans les cas
la position des taxons sur les branches. On sait ainsi, avec présents, l’hypothèse du monophylétisme des taxons du
davantage de certitude, s’il est homologue ou homopla- groupe famille et des Proculini étant solide, l’influence des
sique entre les taxons. Il est indispensable d’en tenir groupes externes sur eux devrait être faible. De plus, nous
compte au premier plan car (chez les Passalidae du moins) avons vu que la permutation des groupes externes dans les
les synapomorphies partagées par seulement deux taxons matrices ne modifiait pas la topologie des arbres.
terminaux frères sont plus rares.
3.6. Mesure de l’homoplasie
3.4. Algorithmes utilisés L’indice de cohérence CI (KLUGE & FARRIS 1969, FARRIS
La recherche de l’arbre le plus parcimonieux est de préfé- 1989) est l’un des plus couramment employés dans le calcul
rence pratiquée au moyen de l’algorithme exact du Branch du taux d’homoplasies par rapport au nombre de transfor-
& Bound (HENDY & PENNY 1982). C’est le cas pour la mations des états de caractères. Afin d’éviter l’obtention de
matrice des sous-familles et des tribus (chap. I) et pour valeurs de CI faussement favorables, les caractères non infor-
celle des genres de Proculini (chap. II), qui comptent un matifs sont exclus des matrices.
nombre limité de taxons terminaux (respectivement de
10 et 23) et un taux d’homoplasies réduit. En revanche, 3.7. Tests de robustesse aux nœuds internes
l’analyse du complexe de genres Arrox-Verres-Veturius, avec
environ 80 espèces, rend ingérable le temps de recherche Le test statistique appliqué accessoirement est l’un des tests
avec cet algorithme. Elle a donc lieu au moyen d’un algo- non paramétriques les plus utilisés pour la mesure du mono-
rithme approximatif, dit « heuristique ». phylétisme de chaque clade : le Bootstrap (EFRON 1979,
EFRON & GONG 1983, SANDERSON 1989). La méthode
3.5. Arbres consiste en un tirage au hasard des caractères avec remise.
Par la remise, l’analyse soutient ce qui correspond à une
Construction des arbres. La construction des arbres a lieu pondération aléatoire des caractères, tandis que le nombre
après connexion de tous les taxons (options stepwise addi- de réplications à opérer n’est pas justifiable en soi. Un choix
tion, addition sequence random). arbitraire de 100 réplications par analyse est appliqué ici.

272
Introduction à l’étude systématique des Passalidae

Comme tout test statistique, le Bootstrap est mieux adapté nal n’est pas testé, mais la démarche fondamentale demeure
à des caractères nombreux et pour lesquels la répétition phylogénétique et cladiste car la reconstruction par clado-
aléatoire est moins criticable qu’en morphologie, comme genèse, à l’appui de synapomorphies, a lieu. En revanche,
par exemple les acides aminés. Ce test montre toutefois son les relations phylogénétiques entre les taxons terminaux
intérêt en morphologie car il offre une idée relative de l’oc- sont toutes testées.
currence du monophylétisme à chaque nœud (SANDERSON
1989, SWOFFORD & OLSEN 1990, KITCHING et al. 1998). Dans l’étude des taxons du groupe famille, deux terri-
Les résultats sont indiqués en pourcentages. toires morphologiques particulièrement diversifiés et infor-
matifs ont été vus : les structures dorsales de la tête et les
3.8. Monophylétisme des taxons terminaux mandibules. D’autres caractères « annexes », que l’on ne
peut négliger, ont aussi été utilisés et appartiennent à divers
Il eût été inextricable d’introduire plus de 900 espèces territoires. Parmi tous ces caractères, de nombreux ont été
comme taxons terminaux dans la matrice destinée à recons- reconnus depuis longtemps par les taxinomistes, mais pour
truire la phylogénie des taxons de grands groupes (chap. de nombreux aussi l’homologie a été mal établie. De plus,
I), tout comme près de 250 espèces dans la matrice des certains ont été abandonnés depuis longtemps. Les autres
genres de Proculini (chap. II). Afin de contourner ce type caractères sont nouveaux et appartiennent souvent à des
de difficulté, l’alternative habituelle suivie par les auteurs sclérites auparavant peu connus.
est de n’utiliser que l’espèce type et (ou) une ou plusieurs Dans l’étude des Proculini, le test du monophylétisme
autre(s) espèce(s) de référence pour représenter chaque de la tribu a naturellement lieu lors de l’analyse, mais pas
taxon terminal. Ce choix est arbitraire et l’est d’autant plus le test de ses genres. Comme précédemment, les caractères
que la diversité (« dimension ») du taxon à analyser est utilisés appartiennent à la capsule céphalique, aux mandi-
importante. C’est en partie pour cette raison que bien des bules, à des caractères « annexes », mais en plus aux geni-
phylogénies publiées sont finalement peu convaincantes. talia mâles et femelles.
Certaines le sont encore moins lorsque les échantillons pris Enfin, l’étude de Veturius diffère des précédentes car
en compte s’avèrent peu représentatifs du taxon analysé. chaque taxon terminal est une espèce. Le monophylétisme
Chez les Scarabaeoidea et chez les Passalidae en particu- du genre et du genre frère Verres, ainsi que les relations
lier, c’est le cas des phylogénies de SCHOLTZ (1990) et de phylogénétiques entre toutes leurs espèces, sont unilaté-
BROWNE & SCHOLTZ (1999). Basant leurs observations ralement testés. Les caractères utilisés dans l’analyse appar-
sur plusieurs espèces choisies sans critère argumenté, ces tiennent en majorité aux territoires indiqués pour la tribu
auteurs ont défini la famille sur des états de caractères en des Proculini.
réalité également présents chez d’autres familles (voir
chap. I, p. 292). Autrement dit, ces états de caractères exis-
tent chez des espèces de Passalidae qu’ils n’ont pas étudiées. 4. Méthode d’approche biogéographique
Il s’agit donc de symplésiomorphies, mais ce pourraient La biogéographie couvre un domaine complexe que
être aussi des convergences ou des parallélismes. Comme CROIZAT (1964) a joliment résumé sous la formule bien
principale conséquence, le taxon terminal analysé n’est pas connue « Space, time, form : the biological synthesis ». Une
monophylétique, puisque les caractères partagés par les formule dont HUMPHRIES (2000) a souligné le poids et
espèces étudiées ne sont ni des synapomorphies, ni encore la densité par « Form, space and time ; which comes first ? ».
moins des autapomorphies au sein des Scarabaeoidea. Cette La biogéographie a pour objet l’étude des organismes dans
démarche est à l’origine d’erreurs d’interprétations systé- leur cadre espace-temps et s’organise selon différentes voies
matiques. Comment le phylogénéticien peut il alors opérer interdépendantes et complémentaires : la chorologie (aires
afin d’obtenir un résultat solide et dont le calcul soit effec- de répartition), la biocénologie (communautés d’orga-
tué avec une matrice aux dimensions et au rapport taxons / nismes) et l’écologie (relations des organismes et de leurs
caractères gérable (de préférence au moins égale à 1/3) ? communautés avec le milieu extérieur). Il existe ainsi une
Dans ce but, deux options déterminantes ont été appli- relation permanente de cause à effet entre les milieux et
quées ici, mais elles nécessitent invariablement une les organismes qui y vivent. Le systématicien peut diffici-
connaissance étendue du groupe : – 1, quel que soit le lement ne pas tenir compte de ces aspects pour tirer des
taxon terminal (du groupe famille, ou du groupe genre conclusions solides sur ses taxons. Dans le domaine de la
pour les Proculini), toutes les espèces (décrites ou inédites) phylogénie, ne pas être biogéographe a même peu de sens
ont été étudiées de façon comparable. – 2, l’étude de ces car les hypothèses d’affiliations doivent s’accorder avec
espèces a permis d’établir une ou plusieurs autapomor- « l’espace-temps ». Une phylogénie historique n’a alors pas
phie(s) pour chaque taxon terminal. Ces taxons sont donc pour seule fin d’établir des relations entre des taxons, mais
pré-établis avant analyses et aucune de leurs espèces n’a d’établir ces relations dans leur contexte environnemen-
été négligée. Le monophylétisme de chaque taxon termi- tal. Pour ces raisons, la biogéographie a beaucoup évolué

273
Stéphane Boucher

ces dernières décennies dans ses concepts et dans ses gie peut aussi constituer une aide systématique supplé-
méthodes, parallèlement à ceux des reconstructions phylo- mentaire, surtout au rang de l’espèce, lorsque celle-ci n’est
génétiques (voir notamment MAYR 1974, CROIZAT et al. pas clairement définie, ce qui n’est pas rare dans la famille
1974, MATILE & GOUJET 1981, BLONDEL 1986, MATILE des Passalidae. Bien qu’une aire de répartition puisse
1990, BREMER 1992, ESPINOSA & LLORENTE 1993, paraître simple à établir, elle l’est en réalité moins dans son
BRIGGS 1995, HUMPHRIES & PARENTI 1998). contexte biogéographique strict. Sa précision dépend de
Dans le présent travail, la biogéographie pratiquée est la qualité et de la quantité des indications qui accompa-
celle de la vicariance (MAYR 1974, WHITMORE & PRANCE gnent le matériel examiné ou extrait de la littérature.
1987, HUMPHRIES, & PARENTI 1998). Une hypothèse MÜLLER (1976, 1977), en soulignant l’importance de cette
générale est adoptée et discutée pour chacun des trois étape en biogéographie, a adopté le terme de « système de
groupes étudiés. La première concerne la faune globale distribution », qui suggère un caractère positivement évolu-
(taxons du groupe famille), la seconde les genres de tif et davantage complexe que celui d’aire de distribution.
Proculini (Amériques) et la troisième les groupes d’espèces
La végétation et ses différents types de formations ont
du complexe de genres Verres-Arrox-Veturius (Proculini).
un rôle primordial vis-à-vis d’organismes forestiers et xylo-
Ces hypothèses sont fondées sur la même démarche et en
phages comme les Passalides. On ne peut donc établir de
deux étapes classiques en biogéographie historique : 1, sont
chorologie fine, puis faire des hypothèses biogéographiques
d’abord établis la chorologie et les milieux où vivent les
sur eux, si leur environnement végétal n’est pas pris en
espèces et les communautés d’espèces ; 2, ces données sont
compte en permanence. La précision à fournir en ce
surimposées et optimisées sur les branches de l’arbre phylo-
domaine est naturellement plus grande lorsque les taxons
génétique. Comme n’importe quel caractère matriciel, l’at-
étudiés sont des espèces, prises individuellement.
tribut chorologique révèle sa pertinence dans l’arbre en
Les limites géographiques d’une faune de Passalidae
termes d’apomorphie, de plésiomorphie ou d’homoplasie.
dépendent à la fois de ses spécificités écologiques (en parti-
La confrontation entre l’étude des caractères taxino-
culier sur des critères géomorphologiques, phytogéogra-
miques et l’étude des milieux a pour objet de trouver pour
phiques et climatiques) et taxinomiques. De la sorte, une
chaque taxon sa cohérence évolutive. De la sorte, l’aire de
faune apporte des précisions importantes sur les hypo-
répartition et les biotopes qu’occupe chaque taxon, ainsi
thèses d’isolements géographiques et sur les relations
que les événements géologiques et climatiques survenus
phylogénétiques entre ses taxons. La mise en évidence de
dans ces aires et ces biotopes, doivent corroborer les hypo-
ponts et de barrières écologiques, à des degrés divers, peut
thèses de relations phylogénétiques entre les taxons.
soutenir ou non des cladogenèses. Contrairement aux
La chorologie – de chaque espèce ou des regroupe- limites chorologiques d’un seul taxon, qui sont établies
ments phylogénétiques (clades) ou biocénologiques de par l’ensemble de ses localisations, celles d’une faune sont
plusieurs espèces (faunes) – constitue une base d’informa- surtout établies sur des facteurs extrinsèques aux diffé-
tions très précieuse en biogéographie car elle est établie sur rents taxons qu’elle renferme.
des faits peu discutables. Rétrospectivement, la chorolo-

274
CHAPITRE I
LES TAXONS DU GROUPE FAMILLE

Introduction Un autre territoire qui présente un intérêt compa-


rable aux précédents, mais qui n’a que très peu été étudié,
Ce chapitre est consacré aux grandes divisions de la famille. est l’ensemble des genitalia ectodermiques mâles et
Auparavant, ces divisions avaient été établies surtout sur femelles.
des critères typologiques. Des interprétations erronées en Capsule céphalique, mandibules et genitalia sont étudiés
étaient une conséquence. Il existe pourtant, dans diverses afin d’établir les homologies qui contribueront à élaborer
publications, parfois anciennes, des observations ayant le plan de base phylogénétique des taxons du groupe famille
une signification phylogénétique fondée, mais la plupart (chap. I), puis des genres de Proculini (chap. II).
n’ont pas été retenues, ni rediscutées, par les auteurs.
L’étude de l’ensemble de la littérature sur le sujet et de la Terminologie. Suite à l’initiative de PERCHERON (1835),
faune mondiale permet d’en faire la synthèse et de propo- les taxinomistes ont créé divers termes pour nommer des
ser une phylogénie globale. Toutefois, pour parvenir à des caractères usuels des Passalides. Après des ajouts et variantes
hypothèses solides, des domaines morphologiques entiers peu différents, ces termes sont aujourd’hui à peu près stabi-
ont dû être reconsidérés et d’autres nouvellement étudiés lisés. Plusieurs méritent toutefois d’être modifiés car les
afin d’en établir les homologies constitutives. Trois d’entre caractères qu’ils représentent ont été nommés impropre-
eux ont été retenus parce qu’ils présentent l’avantage d’être ment. Leur signification peut alors prêter à confusion ou
très diversifiés, d’avoir des fonctions différentes et d’être être erronée. FONSECA (1987), qui a conservé toute la
situés sur des parties bien distinctes du corps de l’Insecte. terminologie d’usage par commodité, ne peut être suivi.
Ce sont les structures dorsales de la capsule céphalique, Il est en effet difficile de prétendre soulever le problème
les mandibules et les genitalia ectodermiques complets des homologies sans un minimum d’exactitude dans les
mâles et femelles. termes. Quant aux caractères nouveaux, des termes sont
éventuellement créés.
A. Étude de trois territoires Le tableau 1 établit l’homologie des caractères dorsaux
de la capsule céphalique et des mandibules en fonction de
morphologiques : structures dorsales la terminologie adoptée dans les principales références. La
de la capsule céphalique, mandibules plupart des autres caractères externes utilisés ne présentent
et genitalia pas d’ambiguïté terminologique ou homologique. On se
reportera, pour ceux-ci, de préférence à GRAVELY (1914b,
Deux territoires de l’imago sont utilisés depuis longtemps 1918) et à REYES-CASTILLO (1970).
en taxinomie des Passalidae parce qu’ils sont reconnus
comme de riches sources d’informations et qu’ils sont aisé-
ment observables : les structures dorsales superficielles de
1. Les structures dorsales de la capsule
la capsule céphalique et celles de la partie visible des mandi- céphalique : la suture épicrânienne et les
bules. Les classifications sont cependant surtout fondées principales régions du front et du clypéo-front
sur les premières. Les mandibules, utilisées plus tardive-
Point clé de toutes les classifications élaborées pour la
ment par GRAVELY (1914b, 1918), n’ont pas été réexa-
famille, les structures dorsales de la capsule céphalique
minées depuis, ni d’ailleurs prises en compte ces dernières
sont parfois complexes et ont été en partie incomprises
décennies.
dans leur cadre morphologique et homologique. Leur plan
Bien que ces territoires ont été étudiés plus qu’aucun de base constitutif devait alors être retrouvé afin de retra-
autre dans la famille, le problème majeur qu’ils posent cer son évolution chez les différentes lignées. La mise en
encore est l’homologie de leur caractères constitutifs. Des évidence de toutes les homologies correspondantes, aussi
homologies ont pu être établies, mais celles-ci ne peuvent bien dans les structures visibles usuellement nommées
se substituer aux autres erreurs d’interprétation qui sont « médio-frontales » et « clypéo-frontales » que dans les struc-
nombreuses et toujours perturbantes, surtout au rang des tures internes tentoriales, démontre que les caractères ont
taxons du groupe famille. souvent évolué différemment d’un taxon à un autre. Outre

275
Stéphane Boucher

Tableau 1

Présente terminologie Reyes-Castillo (1970)

Front (limites topographiques) : Frente :


– antérieure : bord frontal ou sillon fronto-clypéal – borde frontal o sutura fronto-clipeal
– postérieure : tubercule central – surco occipital
– latérales : sutures épicrâniennes – quillas supraorbitales

Bord frontal Margen anterior de la cabeza


Aire médio-frontale + angle des rides frontales Area frontal
Rides frontales antérieures Quillas frontales (partim)
Rides frontales postérieures Quillas frontales
Tubercules internes Tubérculos internos (Heliscus)
Tubercules médio-frontaux Tubérculos externos (partim)

Tubercule(s) médio-frontal(ux) secondaire(s) Tubérculos secundarios


Tubercules latéro-frontaux Tubérculos extras
Tubercules latéro-frontaux secondaires non indiqué
Aires latéro-frontales (ou fossettes latéro- frontales
chez Veturius et Proculus) Fosas frontales (partim)

Vertex (ou structure médio-post-frontale) : Estructura medio frontal :


Tubercule central Tubérculo central
Tubercules latéro-postérieurs Tubérculos o quillas transversales
Tubercules tentoriaux non indiqué
Aires latéro-post-frontales Fosas frontales (partim)
Aire post-frontale Area occipital
Sillon post-frontal (tous taxons ; et post-frontal Surco occipital
secondaire chez Macrolinus)

Épicrâne : non indiqué


Sutures épicrâniennes non indiqué
« Angles antérieurs de la tête » Angulos anteriores cefálicos
Fossettes épicrâniennes non indiqué
Arêtes supra-oculaires ou supra-orbitales Quillas supraorbitales
Fossettes post-oculaires ou post-orbitales non indiqué

Mandibules : Mandíbulas :
Apex (lobe inciseur) : Apice :
dents supra-apicales dientes apicales superiores
dents médio-apicales dientes apicales medianos
dents infra-apicales dientes apicales inferiores
Dents molaires (lobe molaire) : non indiqué
dents internes supérieures dientes internos
dents internes inférieures dientes móviles
tables molaires dientes molares
appendice basal droit dientecillo móvil
Dents dorsales Dientes dorsales
Dents extra-basales Tubérculos basales (partim)
Arêtes latérales (Tarquinius, Pseudepisphenus, Hincksius) non indiqué

276
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Gravely (1914b, 1918) Luederwaldt (1931)

Frons : non indiqué


– division between frons and clypeus non indiqué
– central tubercle and frontal ridges non indiqué
– supra-orbital ridges and/or lateral grooves non indiqué

Anterior margin of frons non indiqué


Frontal area non indiqué
Frontal ridges Rugas frontaes (partim)
Frontal ridges Rugas frontaes
Inner tubercles (Chondrocephalus, Petrejoides) Tuberculos internos (Passalus)
1) Inner tubercles (Leptaulax, Pertinax)
2) Outer tubercles (Chondrocephalus, Petrejoides) Tuberculos externos
non indiqué Tuberculos secundarios
Outer tubercles (Leptaulax, Pertinax) non indiqué
Marginal tubercles non indiqué
non indiqué Fossas frontales (partim)
non indiqué non indiqué

Vertex or posterior part of the frontal ridges : non indiqué


Central tubercle Corno
Parietal ridges Tuberculos parietaes
non indiqué non indiqué
non indiqué Fossas frontales (partim)
non indiqué non indiqué
Supra-occipital ridge [Prolongation des] rugas supraorbitales

non indiqué non indiqué


Lateral grooves or frontovertical sutures non indiqué
Anterior angles of head Angulos anteriores da cabeça
non indiqué Ponte (partim ?)
Supra-orbital ridges Rugas supraorbitales
non indiqué non indiqué

Mandibles : Mandibulas :
Terminal teeth : Dentes terminaes :
upper-most terminal teeth non indiqué
middle terminal teeth non indiqué
lowest terminal teeth non indiqué
non indiqué non indiqué
anterior lower teeth dientes infero anteriores
middle lower teeth non indiqué
posterior lower teeth non indiqué
non indiqué non indiqué
Upper teeth non indiqué
Teeth near the base (partim ?) non indiqué
non indiqué non indiqué

277
Stéphane Boucher

l’absence de certains critères de recherche par l’étude 1.1. Principaux sous-ensembles dorso-céphaliques
comparative, la plasticité de ces structures est à l’origine
des principales erreurs d’interprétation. La structure dorsale de la tête d’un Passalide est constituée
Afin que tous les caractères homologues soient repé- de quatre parties principales (fig. 3 et suiv.) :
rables, des modèles de la capsule céphalique de chaque • En avant, le large cadre oral est plus ou moins inté-
grand groupe reconstruit sont figurés. Les figures compor- gré dans la région frontale antérieure, ou clypéo-frontale,
tent en général trois plans (dorsal, latéral et frontal). Les laquelle se divise dans sa partie postérieure en une aire
soies et les appendices sont ôtés (sauf parfois le labre) et le médio-frontale (amf) et deux aires latéro-frontales (alf).
tégument clypéal est souligné par une trame chagrinée. À • La région du vertex, ou aire médio-post-frontale (ampf),
la fin de l’étude, un schéma de l’évolution des principales qui est postérieure aux deux précédentes, est plus ou moins
structures repères est ajouté à l’arbre de consensus (fig. 200). proéminente en son milieu (tubercules et rides) ; elle est

Figures 3-6
Têtes (dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Passalinae. 3-5, Solenocyclini, 6, Leptaulacini. – 3a-b-c, Pentalobus
barbatus (Fabricius), Gabon ; 4a-b-c, Erionomus planiceps (Eschscholtz), Guinée ; 5a-b-c, Stephanocephalus hostilis (Percheron), Madagascar ; 6, Leptaulax sp.,
Amboine. – Échelles : 1 mm.

278
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

bordée par deux vastes concavités, ou aires latéro-post-fron- La distinction topographique des trois premiers sous-
tales (alpf). ensembles a lieu grâce à une suture morphologique repère,
• De part et d’autre des aires latéro-frontales et latéro- la suture épicrânienne (sec), qui délimite l’épicrâne des
post-frontales, l’épicrâne est rehaussé par les grandes fosses régions clypéo-frontales et frontales et des régions post-
oculaires et par leurs arêtes supérieures, ou arêtes supra- frontales. L’homologie de cette suture chez les Insectes
oculaires (aso). fait depuis longtemps l’objet de discussions, aussi bien
• La région postérieure, occipitale, s’étend jusqu’au fora- pour ce qui concerne les stades pré-imaginaux (« suture
men magnum. Elle est presque globuleuse et occupe près d’exuviation ») qu’imaginaux (C RAMPTON 1921,
de la moitié de la longueur de la tête, mais seule une faible STICKNEY 1923, SNODGRASS 1947, DUPORTE 1957,
partie en est visible (fig. 3 et suiv.), l’autre étant télescopée 1960, MATSUDA 1965, BITSCH 1973).
dans le thorax (fig. 200).

Figures 7-9
Têtes (dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Passalinae Macrolinini. 7a-b-c, Macrolinus andamanensis Gravely,
Andaman ; 8a-b-c, Labienus compergus (Boisduval), Nouvelle Guinée ; 9a-b-c, Plesthenus anneae Boucher, Sulawesi. – Échelles : 1 mm.

279
Stéphane Boucher

STICKNEY (1923), dans son étude sur la capsule cépha- antennaires, où elle s’invagine à proximité des pretentori-
lique des Coléoptères, est le seul à avoir fourni des détails nae. En arrière, la suture suit une trajectoire presque recti-
sur les Passalides, se basant sur le Proculini Odontotaenius ligne avant de s’invaginer peu avant le tubercule central
disjunctus (Illiger). Dans sa recherche des homologies des (qui est fortement développé chez O. disjunctus). D’après
principales structures, il indique sur la face antéro-dorsale Stickney et d’autres auteurs, cette suture correspondrait à
un « epicranial arm », lequel délimite l’épicrâne bilatéral la « suture épicrânienne » de tous les Insectes.
du « postclypeus » médio-antérieur et du « vertex » postérieur. La présence et la trajectoire générale de cette suture
En avant, la suture se prolonge sur la marge interne des sont confirmées chez tous les Passalidae (fig. 3 et suiv.).
angles antérieurs de la tête, puis de part et d’autre du clypéus Son homologie est indiscutable dans la famille, mais elle
pour atteindre ventralement les marges internes des fosses n’est pas établie avec les autres Coléoptères, en particulier

Figures 10-13
Têtes (dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Passalinae Macrolinini. 10a-b-c, Ophrygonius cantori (Percheron),
Népal ; 11a-b-c, Aceraius ashidai Kon, Araya & Boucher, Perak ; 12a-b, Pseudepisphenus forceps Boucher, Nouvelle Guinée ; 13a-b, Tarquinius paradoxus
Kuwert, Nouvelle Guinée. – Échelles : 1 mm.

280
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

non Scarabaeoidea. On notera que, pour la mettre en n’eût étudié à cette date que la faune orientale, il conclut :
évidence, il est parfois nécessaire de dépigmenter quelque « Consequently there can, I think, be little doubt that the late-
peu la capsule céphalique, ou bien d’utiliser des spécimens ral grooves [sutures], and those which sometimes follow the
immatures, chez qui les frontières entre les sclérites primi- course of the posterior parts of the frontal ridges [rides fron-
tivement séparés sont davantage distinctes, ce que signa- tales postérieurs], together represent the suture by which the
lait déjà GRAVELY (1918). On procède par ailleurs à l’abla- frons is separated from the parts of the head that lie on either
tion des appendices pour suivre sa trajectoire jusque dans side of and behind it… ». De plus, Gravely pensait que cette
les fosses antennaires (très visible fig. 24b). suture n’était pas homologue de celle de la larve, suivant
En complément du travail de STICKNEY (1923), on sans doute l’avis de morphologistes considérant cette
constate, comme l’avait indiqué GRAVELY (1914b), que dernière comme une simple trace de la ligne d’exuviation.
la suture épicrânienne accuse dans sa partie postérieure Après avoir complété ses observations sur les faunes
une courbure assez nette, surtout lorsque l’on peut en voir d’Afrique et d’Amérique, GRAVELY (1918) ne s’est guère
la plus grande longueur chez certains spécimens ou espèces. étendu sur ses conclusions premières. Rappelant que le
Puis elle disparaît à proximité et en arrière des tubercules tubercule central marquerait la limite entre le front et le
internes (fig. 3). Le front, que délimitent de chaque côté vertex, il a surtout noté que le secteur postérieur aux tuber-
les sutures épicrâniennes, est morphologiquement consti- cules internes serait celui où s’invagine la suture épicrâ-
tué d’une vaste plaque trapézoïdale qui regroupe l’en- nienne, ce qui est exact.
semble clypéo-front, aires médio- et latéro-frontales, tuber- La suture épicrânienne de l’imago, en tant que « suture
cules internes (ti), rides frontales antérieures (rfa) et repère » dans l’évolution architecturale de toute la partie
postérieures (rfp). L’épicrâne inclut de ce fait les « angles antéro-dorsale de la tête, est une aide précieuse pour l’étude
antérieurs de la tête » (aat), sensu auct., puisqu’ils sont phylogénétique des principales lignées de la famille.
externes par rapport aux sutures, ainsi que les structures Omniprésente, elle contribue à « retrouver » les structures
péri-oculaires. Nous verrons que les « angles antérieurs de environnantes modifiées, parfois même « déplacées ».
la tête » ainsi définis n’ont aucune signification particu- On notera que FONSECA (1987), dans sa phylogénie
lière en morphologie comparée. de la famille, a simplement cité la suture épicrânienne (sous
L’aire médio-post-frontale (« postfront » ou « vertex » des le nom de « suture fronto-verticale »), mais qu’il a définie
morphologistes), située en retrait des sutures épicrâniennes, comme « de petites dépressions verticales qui apparaissent aux
est constituée du tubercule central (tc), des tubercules latéro- angles antérieurs de la tête ». On ne peut suivre cette inter-
postérieurs (tlp), des tubercules tentoriaux (tt) et des aires prétation incomplète, voire erronée, autant sur le plan
latéro-post-frontales (alpf) (fig. 3). morphologique que systématique.
Ces quatre sous-ensembles distingués ont peu de
rapport avec ceux utilisés dans la littérature taxinomique 1.2. Complexe labro-clypéo-frontal
des Passalides. La « structure médio-frontale », concept Dans le plan de base des Passalidae, la partie antérieure de
dernièrement revisité surtout par REYES-CASTILLO (1970) la tête est fondamentalement symétrique (mandibules non
et qui fut suivi par tous les auteurs, est en réalité un terri- comprises). Une asymétrie modeste à forte est apparue
toire hétérogène constitué de parties du clypéo-front, du secondairement chez de nombreux genres orientaux. Ce
vertex et de l’épicrâne, tandis que la région « occipitale » a territoire se caractérise par un ensemble de sutures, sillons,
été confondue avec celle de la limite postérieure du post- tubercules et rides, pairs ou impairs.
front. Les sous-ensembles redéfinis seront examinés ci-
après en détail car leurs affinités topographiques sont, à Labre. Le labre (l), très développé, a la forme d’une spatule
l’évidence, à l’origine de ces erreurs d’interprétation. Ils mince, coriace et sétigère. Il coulisse comme dans un étui
peuvent aussi avoir évolué indépendamment, à l’exception (fig. 4b-c). Son rôle dans la déglutition est sans doute à
des deux plus antérieurs, qui forment invariablement la l’origine de son développement et de la conformation des
région « fronto-clypéo-labrale » (BITSCH 1973). pièces périphériques, en particulier labiales et clypéo-fron-
Chez la larve, la « suture épicrânienne » est également tales. Nous verrons que l’épipharynx présente diverses
présente chez toutes les espèces avec la même trajectoire structures (fossettes, épines, soies) qui peuvent être
antérieure (fig. 198). Toutefois, les bouleversements struc- distinctes selon les lignées.
turaux sont tels lors de la métamorphose que l’homologie
Clypéus. En avant du bord frontal (bf), le clypéus (c)
entre les deux stades n’est pas établie, même si la ressem-
proprement dit forme une plaque plus ou moins mince
blance est toujours frappante.
qui borde dorsalement le labre (fig. 3 et suiv.). Il est en
GRAVELY (1914b) est le seul systématicien a s’être à la général reconnaissable à son tégument très finement
fois soucié de l’existence de la suture épicrânienne chez chagriné et mat, par rapport au bord frontal qui est lisse
l’imago et à en avoir tenté une interprétation. Bien qu’il et brillant. Il se prolonge de chaque côté par une fossette

281
Stéphane Boucher

latéro-clypéale (flc) qui ceinture quelque peu le labre. Cette n’exprime pas une limite entre des sclérites, mais un repli
fossette, plus ou moins développée, résulte de la forte mobi- secondaire au sein d’un même sclérite. Les angles infra-
lité antéro-postérieure du labre. La marge supérieure du antérieurs (aaci) et les angles supra-antérieurs (aacs) marquent
clypéus se distingue ou non du front par le sillon clypéo- les limites du clypéus (fig. 201-202). Les seconds sont donc
frontal (scf), souvent nommé à tort, dans la littérature, aussi les angles du sillon clypéo-frontal. Selon les lignées,
« suture clypéale ». Cette ligne, aussi concrète soit-elle parfois, angles inférieur et supérieur sont, soit nettement séparés

Figures 14-17a-c
Têtes (dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Passalinae. 14-15, Passalini, 16-17, Proculini. – 14a-b-c, Passalus
punctiger Le Peletier & Serville, Guyane ; 15a-b, Passalus pugionifer (Kuwert), Pérou ; 16a-b-c, Odontotaenius decipiens (Kuwert), Costa Rica ; 17a-b-c, Veturius
sinuosus (Drapiez), Guyane. – Échelles : 1 mm.

282
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

l’un de l’autre (clypéus épais, fig. 4c), soit juxtaposés Tubercules médio-frontaux. Ces tubercules sont
(clypéus mince, fig. 17). Lorsqu’ils sont confondus, tous toujours pairs et situés dans le prolongement des rides fron-
les angles du clypéus forment alors les angles du sillon tales (fig. 3). Ils correspondent généralement aux tuber-
clypéo-frontal (fig. 17). cules « externes » des auteurs, qui les ont confondus avec
La forme, les dimensions et la « position » du clypéus les tubercules internes de plusieurs groupes systématiques
sont très variables selon les grands groupes de Passalides, très différents. Le terme médio-frontal est préférable à
ce qui a conduit parfois à des erreurs d’interprétation. Il externe, puisque ces tubercules sont toujours liés au bord
peut être indistinct à très visible. Lorsqu’il est peu distinct frontal et qu’ils ne sont pas nécessairement les plus externes.
(« non exposé », selon la terminologie des auteurs), il est Selon le développement du bord frontal et du clypéus,
invaginé dans la cavité buccale et dans le prolongement de les tubercules médio-frontaux peuvent être situés sur l’arête
l’antéclypéus (fig. 3, 202b). Lorsqu’il est distinct, il est soit frontale elle-même (fig. 3a, 6) ou un peu en retrait de celle-
perpendiculaire au bord frontal (fig. 4-5, 201a-c, 202a-c), ci (fig. 4). Leurs formes et leurs dimensions sont très
soit « exposé » dorsalement dans le prolongement du bord variables d’un groupe à un autre.
frontal (fig. 17, 201d-e). Compte tenu de la non distinc-
Tubercules latéro-frontaux. Ces tubercules sont
tion courante du clypéus et du bord frontal, en particulier
toujours pairs, mais jamais situés dans le prolongement de
chez les taxons à clypéus « exposé », ou fusionné au front,
rides. Ils peuvent être plus externes ou plus internes que
il est préférable d’appeler clypéo-front ou aire clypéo-frontale
les tubercules médio-frontaux (comparer fig. 3 et 14), ce
les deux sous-unités réunies, et non séparément « clypéus »
qu’indique clairement la position des rides frontales et des
puis « front ». Ceci avait été remarqué, mais non explicité,
tubercules internes qui sont toujours liés à ces derniers.
par GRAVELY (1918), ce dont aucun auteur n’a tenu compte
Les tubercules latéro-frontaux correspondent aux tuber-
par la suite. Nous verrons qu’une telle confusion a eu lieu
cules « secondaires » des auteurs, qui les ont diversement
concernant les Aulacocyclinae et les Passalinae Proculini.
confondus, surtout avec les tubercules médio-frontaux et
Bord frontal. Le « bord frontal » (bf), situé sur la marge les tubercules internes. Le terme latéro-frontal est préfé-
antérieure de la capsule céphalique, s’étend entre les sutures rable car ils sont strictement liés au bord frontal. De plus,
épicrâniennes et en arrière du clypéus (fig. 3 et suiv.). Bord toujours présents, ils n’ont rien d’accessoire, ou de « secon-
frontal et clypéus sont interdépendants dans leurs dimen- daire ». Leur forme et leurs dimensions sont aussi très
sions et dans leurs conformations générales, lesquelles sont variables d’un groupe à un autre.
très variables selon les espèces et les groupes d’espèces.
Tubercules latéro-frontaux secondaires. Ces tuber-
Nous avons vu que le front (donc également le bord fron-
cules sont toujours pairs, mais jamais situés dans le prolon-
tal) se distingue du clypéus par un tégument lisse et brillant,
gement de rides. Ils sont aussi toujours les plus externes
tel qu’on le trouve ailleurs, homologue, sur la tête, tandis
des tubercules frontaux et légèrement en retrait du bord
que la limite entre ces deux parties est matérialisée par le
frontal (fig. 3-5). Absents chez de nombreux groupes (d’où
sillon clypéo-frontal. Cette limite a disparu chez les
l’adjectif « secondaires » ici justifié), ils ont été peu remar-
Aulacocyclinae, alors qu’elle est nette chez presque tous les
qués, mais diversement nommés et apparemment pas
Passalinae, à l’exception d’une partie des Proculini.
confondus. Ils sont de petite taille, parfois presque effa-
Sur le bord frontal existe chez la plupart des Passalinae
cés. Leur homologie fait peu de doute parmi tous les taxons
une série de tubercules frontaux pairs ou impairs.
qui en ont.
L’homologie de tous ces tubercules est peu probable dans
la sous-famille, mais on peut penser qu’une partie d’entre Tubercules médio-frontaux secondaires. Ces tuber-
eux existaient chez l’espèce ancestrale. En revanche, ils ne cules sont le plus souvent pairs, mais il peut n’y en avoir
sont certainement pas homologues des « protubérances » qu’un seul médian, ou être absents (fig. 7-11). Leur
d’origine clypéale, tuberculeuses ou non, parfois hyperté- présence/absence d’un grand groupe à un autre est mani-
liques, qui sont très répandues chez d’autres Scarabaeoidea, festement due à des convergences (fig. 3-5, 12, 14-15). Ils
surtout Scarabaeidae. Les tubercules frontaux sont totale- ne sont jamais disposés dans le prolongement de tuber-
ment absents chez les Passalidae Aulacocyclinae et l’on cules ou de rides postérieurs et sont toujours situés sur
ignore si l’ancêtre commun de la famille en possédait. l’arête du bord frontal, entre les tubercules médio-fron-
taux. Leur forme et leurs dimensions sont variables.
Il existe quatre types de tubercules frontaux chez les Quelques auteurs les ont nommés simplement « tubercules
Passalinae. Leur ancienne terminologie, empirique, se devait secondaires », ce qui prête à confusion avec les précédents,
d’être réadaptée (voir tab. 1, p. 276). On distingue les tandis que leur position est strictement médiane par rapport
tubercules médio-frontaux (tmf), latéro-frontaux (tlf), médio- aux autres tubercules frontaux.
frontaux secondaires (tmf2) et latéro-frontaux secondaires
(tlf2, fig. 2). Tous ont une grande importance taxinomique Aire frontale. En arrière du bord frontal, l’aire frontale est
et phylogénétique. bordée de chaque côté par les sutures épicrâniennes et en

283
Stéphane Boucher

arrière par le tubercule central (fig. 3a). C’est la « plaque 1.3. Aire post-frontale
frontale » trapézoïdale signalée ci-dessus, dans son accep-
tion la plus large, puisqu’elle peut inclure la partie la plus Tubercule central. Le tubercule central (tc) est une protu-
postérieure du clypéus « exposé » des Proculini. On y bérance médiane qui devait exister chez l’ancêtre des
distingue deux parties : Passalidae. Sa présence homologue chez tous les groupes
– l’aire médio-frontale (amf), entre les rides frontales et est peu discutable. Il a toutefois pu régresser complète-
qui est souvent divisée en aire antérieure (proche du ment au profit d’autres structures, paires, devenues hyper-
bord frontal) et postérieure (dans l’angle des rides fron- téliques et qui lui sont proches. Dans tous les cas, l’étire-
tales arf) ; ment tégumentaire bilatéral nécessaire au
sur-développement de ces structures paires est tel que le
– les aires latéro-frontales (alf), entre les rides frontales tubercule central se trouve entièrement laminé. Des
antérieures et les sutures épicrâniennes. Cette région exemples remarquables de ce type, qui sont aussi des
est plane à concave ; dans ce second cas elles peuvent convergences entre des lignées éloignées, sont les genres
être sous la forme de véritables fossettes latéro-frontales Spurius (Passalinae Proculini), en Amérique, et
(flf, fig. 17). Cylindrocaulus (Aulacocyclinae, Ceracupini), en Asie. Chez
Selon les groupes, l’aire frontale est plus ou moins éten- Spurius ce sont les tubercules latéro-postérieurs qui sont
due et son tégument varié (lisse à fortement ponctué, ridé, hypertéliques, tandis que chez Cylindrocaulus ce sont les
glabre à sétigère, etc.). Ce territoire ne pose pas de problème arêtes supra-oculaires (fig. 23-24).
majeur d’homologie dans la littérature, à l’exception de ses
limites morphologiques peu claires, ainsi que des fossettes Il va de soi que lorsque c’est le tubercule central qui est
épicrâniennes frontalières, qui n’ont jamais été formelle- très développé, voire hypertélique, ce sont les structures
ment différenciées. LUEDERWALDT (1931) est peut-être le paires voisines qui ont régressé par le même principe. Ce
seul à avoir tenu compte de ces fossettes, sous le nom de cas est beaucoup plus répandu, surtout chez les
« ponte » (pont), mais une partie de l’aire latéro-frontale y Aulacocyclinae (fig. 21-22), et de façon plus ponctuelle
a sans doute été incluse. chez des Passalinae américains, asiatiques et australasiens.
Lorsque le tubercule central est développé, son archi-
Rides frontales et tubercules internes. Depuis la base tecture est très diversifiée, mais elle est aussi couramment
du tubercule central divergent en avant deux rides fron- convergente, si bien que les homologies sont parfois diffi-
tales qui se prolongent, primitivement, vers les tubercules cile à établir. Des ressemblances sont d’ailleurs à l’origine
médio-frontaux (fig. 3a). Ces rides sont rehaussées en leur de nombreuses et anciennes confusions parmi les « affini-
milieu par un tubercule interne (ti), d’où la distinction tés » présumées entre des espèces. Dans des cas extrêmes,
importante et nouvelle à faire entre rides frontales posté- le tubercule central prolongé et dépassant le bord frontal
rieures et antérieures (rfp et rfa). La longueur, la hauteur, vient se superposer aux tubercules frontaux (fig. 15). La
la forme des rides frontales sont très variables selon les partie médiane du bord frontal est alors invisible en vue
groupes. De plus, si les rides postérieures restent généra- dorsale, tandis que le pied du tubercule central est situé
lement bien marquées (fig. 3a), les rides antérieures juste en arrière des tubercules médio-frontaux secondaires
peuvent disparaître plus ou moins complètement, entraî- sous-jacents. De telles complexifications sont aussi à l’ori-
nant ou non avec elles une régression des tubercules gine d’erreurs d’interprétation.
internes (comparer fig. 5a et 16a). Chez les Aulacocyclinae
les rides frontales sont effacées, mais diverses espèces ont Tubercules latéro-postérieurs. Ces tubercules pairs sont
un vestige indiscutable de tubercules internes (fig. 21-24), situés de part et d’autre du tubercule central (tlp, fig. 3 et
ceci malgré ce qu’ont affirmé les auteurs. L’observation suiv.). Ils forment, soit des arêtes franches et affilées, soit
de ces tubercules en traces est facilitée avec un éclairage de faibles mamelons, parfois effacés. Leur existence chez
rasant et des spécimens immatures. Dans certains cas l’ancêtre des Passalides fait peu de doute. Contrairement
extrêmes et remarquables chez les Passalinae, l’allonge- aux apparences et à ce qui a été écrit, on en trouve trace
ment considérable, vers l’avant, du pied du tubercule chez des Aulacocyclinae (fig. 21). Dans cette sous-famille,
central, a inversé la trajectoire des rides frontales. L’angle leur régression généralisée est une conséquence du déve-
des rides devient alors antérieur par rapport aux tuber- loppement important du tubercule central et (ou) des arêtes
cules internes (fig. 15a). Des convergences de ce type exis- supra-oculaires (fig. 21-24). Les auteurs les ont nommés
tent chez plusieurs genres et espèces. « tubercules pariétaux » ou « rides pariétales ». Ce sont pour-
Les termes de rides frontales et de tubercules internes tant, primitivement, des tubercules et non des rides, tandis
sont anciens et explicites. Il était toutefois nécessaire de que l’adjectif « pariétal » n’a pas de signification précise par
distinguer les parties antérieure et postérieure des rides, rapport à d’autres structures frontales paires. Enfin, ils sont
que séparent les tubercules internes. postérieurs à tous autres tubercules.

284
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Aires latéro-post-frontales. Les aires latéro-post-fron- à sétigère. Les auteurs les ont incluses dans les aires
tales sont les concavités qui séparent les tubercules central « latéro-frontales » sous le nom de « fossettes frontales ». Ce
et latéro-postérieurs des arêtes supra-oculaires (alpf, fig. 3 terme est impropre puisqu’il s’agit de vastes concavités
et suiv.). Homologues chez tous les Passalidae, elles sont occupant près du tiers de la surface de la tête. De plus,
limitées en avant par les sutures épicrâniennes et en arrière elles sont post-frontales et latérales, comme le montre
par les tubercules tentoriaux. Comme l’aire frontale, leur clairement la topographie des extrémités visibles des
tégument est diversifié : très lisse à ponctué, ridé, glabre sutures épicrâniennes.

Figures 17d-20
17d, tête (coupe, tubercule central sectionné) du Proculini Odontotaenius disjunctus (Illiger), Amérique du Nord (d’après STICKNEY 1923) – 18-20, têtes
(dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Passalinae Passalini. 18a-b, Passalus guatemalensis (Kaup), Guatemala ; 19a-b,
Pertinax dominicanus Doesburg, Hispaniola ; 20a-b-c-d, Pertinax sp. 1, groupe « venerabilis » (Kuwert), Equateur. – Échelles : 1 mm.

285
Stéphane Boucher

Tubercules tentoriaux. Les Passalides primitifs avaient gnent le développement de l’endosquelette. Contrairement
probablement une paire de tubercules tentoriaux (tt) en aux apparences, le cadre tentorial des Passalidae, pourtant
marge des tubercules latéro-postérieurs (fig. 17a). Ils ont l’un des plus développés parmi les Coléoptères, ne provoque
disparu dans de nombreuses lignées actuelles, soit qu’ils nulle part ailleurs un bombement du tégument de la
ont été laminés par l’étirement tégumentaire du post-front capsule céphalique, sauf dans la région clypéo-frontale, où
(Aulacocyclinae, Passalinae), soit qu’il ont été occultés par l’axe des pretentorinae délimite la marge postérieure du
d’autres formations superficielles (ponctuations, soies, rides clypéus. STICKNEY (1923), qui a mis en évidence la confor-
secondaires). Ce sont les seuls tubercules visibles qui souli- mation et l’importance du tentorium chez le Proculini

Figures 21-24
Têtes (dorsal, latéral gauche et frontal, soies et tout ou partie des appendices ôtées). – Aulacocyclinae. 21, Aulacocyclini, 22-24, Ceracupini. – 21a-b-c,
Aulacocyclus tricuspis Kaup, Nouvelle Calédonie ; 22a-b-c, Ceracupes fronticornis (Westwood), Tonkin ; 23a-b, Cylindrocaulus bucerus Fairmaire, Sichuan ;
24a-b, C. patalis (Lewis), Japon. – Échelles : 1 mm.

286
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Odontotaenius disjunctus (Illiger), a aussi montré que seules 1.5. Épicrâne


les robustes supratentorinae verticales prennent appui sur
la voûte du post-front, précisément sous les tubercules L’épicrâne, bipartite, est situé de part et d’autre du front
tentoriaux (fig. 17d). Cette observation corrobore celle et en avant du vertex. Chacune des deux parties est sépa-
effectuée ici chez des représentants de chaque grand groupe rée du front par une marque antéro-postérieure nette : la
de Passalides. Les tubercules tentoriaux, homologues chez suture épicrânienne. L’épicrâne comprend donc essentiel-
toutes les espèces, n’avaient pas été observés auparavant. lement les régions oculaires. On n’en considérera ici que
les fosses oculaires et leur périmètre proche, soit l’épicrâne
Sillon post-frontal. LUEDERWALDT (1931) a nommé ces antérieur. L’épicrâne postérieur, dont les limites topogra-
concavités superficielles paires et linéaires « rugas supraor- phiques sont beaucoup moins claires, ne semble pas appor-
bitales ». Ce sont en effet des prolongations des arêtes supra- ter pour l’instant de caractères susceptibles d’être exploi-
oculaires qui se rejoignent (ou non) derrière le tubercule tés en systématique.
central (fig. 3 et suiv.). Toutefois, étant donné leur réunion Fossettes épicrâniennes. Ces fossettes ainsi nommées (fec)
en une seule pièce, ainsi que leur situation post-frontale, couvrent l’espace compris entre l’apex antérieur des arêtes
mais pas supra-oculaire, il est plus convenable de les supra-oculaires (« angles antérieurs de la tête ») et les sutures
nommer au singulier sillon post-frontal (spf). Le terme de épicrâniennes (fig. 3 et suiv.). Elles forment de petites
« rides occipitales », qui est aussi couramment employé par concavités bien visibles chez les Passalinae, mais elles sont
d’autres auteurs, est impropre car la véritable région occi- absentes chez les Aulacocyclinae. Auparavant, aucun auteur
pitale du crâne est postérieure à celle-ci. ne les avait distinguées. Il est toutefois possible que
Selon les lignées, le développement du sillon post-fron- LUEDERWALDT (1931) ait voulu les inclure pour partie
tal est variable : très marqué, profond et large, ou bien dans ce qu’il nomme « ponte », mais de façon si peu claire
obsolète, le tégument chagriné à lisse. L’homologie semble qu’on en doute (voir à ce sujet : 1.1., Principaux sous-
toutefois certaine dans toute la famille. Chez les genres ensembles dorso-céphaliques). On ne retrouve pas de fossettes
frères de Passalinae orientaux Macrolinus et Cacoius, le comparables chez d’autres Scarabaeoidea, si bien qu’il est
sillon post-frontal est doublé en arrière d’un second sillon difficile d’avancer leur existence chez les Passalidae primi-
très net et qui termine sa course, soit sur la marge posté- tifs. Autrement dit, soit elles ont régressé chez les Aulaco-
rieure des fossettes post-oculaires (Macrolinus, fig. 7a), soit cyclinae, soit elles sont apomorphes chez les Passalinae.
avant la même marge (Cacoius). Ce second sillon n’a rien Nous verrons que la forme des fossettes épicrâniennes, qui
non plus d’« occipital ». C’est une ligne secondaire, auta- est liée à la trajectoire des sutures épicrâniennes, a une
pomorphe et qui est nommée pour ces seuls genres sillon grande importance phylogénétique chez les taxons du
post-frontal secondaire. groupe famille.
Arêtes supra-oculaires et « angles antérieurs de la tête ».
1.4. Région occipitale L’apex antérieur des arêtes supra-oculaires (aso) a été consi-
déré par les taxinomistes comme l’« angle antérieur de la
La région occipitale est la région la plus postérieure de la tête » (aat, fig. 3) de tous les Passalidae. En réalité, cet angle
tête, ayant pour extrémité l’occiput et le foramen magnum. n’est homologue qu’entre les Passalinae. Chez les
Dans la pratique taxinomique, les auteurs ont toujours Aulacocyclinae il correspond au clypéus (voir ci-après :
observé la tête des Passalides portée par le thorax. Or, dans 6.4). Les deux types d’angles ont donc fait l’objet d’une
cette condition, la tête est profondément télescopée – près erreur d’interprétation morphologique, mais aussi phylo-
de la moitié de sa longueur – dans la cavité pronotale. génétique car leur distinction est fondamentale entre les
Après séparation, la partie postérieure de la tête apparaît sous-familles.
vaste, élargie et presque globuleuse (fig. 200). Cette simple À la hauteur du bord antérieur de l’œil, l’arête supra-
observation évite la confusion faite auparavant entre les oculaire se dichotomise plus ou moins clairement selon les
rides ou sillons « occipitaux » et la véritable région occi- groupes en arêtes externe et interne (fig. 3). L’arête externe
pitale du crâne. De la même façon, on remarque aisément est le plus souvent réduite à un large mamelon, ou bien
la nature proprement frontale des structures redéfinies ci- elle est rehaussée en bulbe dépassant parfois l’œil, surtout
dessus comme médio-frontales et médio-post-frontales. parmi les espèces brachyptères à yeux réduits. L’arête interne
Les rares auteurs qui ont figuré la tête sans le thorax ne est mieux marquée et se prolonge en arrière pour former
se sont pas souciés de ces problèmes (B AKER 1971b, le sillon post-frontal.
FONSECA 1987). STICKNEY (1923) a toutefois nommé à À la hauteur du bord postérieur de l’œil, l’espace
juste titre « vertex » l’aire centrale du crâne, qui est bien compris entre les arêtes externe et interne peut se creuser
antérieure à la région occipitale, mais qui est postérieure et devenir une véritable fossette, plus ou moins dévelop-
au post-front. pée mais nette, d’où le terme de fossette supra-oculaire,

287
Stéphane Boucher

comme on en trouve surtout chez de nombreux Passalinae approfondies ici. En revanche, plusieurs points obscurs
Proculini (fig. 234). Chez divers autres taxons l’espace entre subsistent concernant les dents internes des Passalinae
les deux arêtes peut être au contraire convexe. Il est en néotropicaux, chez qui elles se sont diversifiées comme
général simplement mamelonné chez les Passalinae, alors chez aucun autre groupe. Dans ces lignées, leurs profondes
qu’il est hypertélique chez les Aulacocyclinae, sous la forme modifications n’ont pas encore permis de déterminer toutes
d’une puissante crête saillante (Aulacocyclus, Comacupes, les homologies ni le sens de transformation de plusieurs
Taeniocerus, fig. 21), ou d’un dôme (Ceracupes, fig. 22), caractères. Seules des hypothèses schématiques seront donc
ou encore d’une corne simple à ramifiée (Cylindrocaulus, avancées pour ceux-ci.
fig. 23-24). Ce caractère est très informatif en phylogénie. La terminologie employée dans le présent travail pour
Fossettes post-oculaires. Sur la marge postérieure de l’œil les mandibules est synthétisée tab. 1 (p. 276). Contraire-
existe une concavité qui a souvent l’allure d’une fossette ment à celle des structures dorso-céphaliques, cette termi-
(fpo, fig. 3). Elle existe chez tous les Passalidae, mais sa nologie diffère peu de celles des auteurs, surtout GRAVELY
conformation et son revêtement sont variables (taille, (1914b, 1918), REYES-CASTILLO (1970) et BOUCHER
profondeur, présence / absence de ponctuations et de soies). (1993a-b).
Elle n’a pas été employée par les taxinomistes et s’avère
informative en phylogénie, en particulier aux rangs des 2.2. Asymétrie
groupes genre et espèce (voir chap. III). En revanche, l’ho-
Comme l’a indiqué REYES-CASTILLO (1970), les mandi-
moplasie semble très forte entre les taxons du groupe famille.
bules des Passalidae sont toujours asymétriques, mais il
faut préciser qu’il existe plusieurs types d’asymétries selon
2. Les mandibules les régions morphologiques et selon les groupes systéma-
2.1. Généralités tiques. Ces asymétries ne sont donc pas toutes homologues.
Les plus « primitives » concernent la longueur totale des
Les larves et les adultes de Passalidae se nourrissent de parti- mandibules, l’architecture des dents internes et l’absence /
cules de bois en décomposition qu’ils excavent des gale- présence d’appendice basal droit.
ries avec leurs mandibules. Le bol alimentaire (de l’adulte La mandibule gauche est toujours un peu plus longue
surtout, qu’il transmet en partie aux larves) est grossier et que la droite, ce qui leur permet de se refermer l’une sur
important par son volume ; il nécessite pour sa préhension l’autre (mécanisme habituel chez les Insectes broyeurs).
et pour son ingurgitation un puissant appareil broyeur, Des asymétries secondaires – appendiculaires ou cépha-
une vaste cavité buccale et un pharynx rigide. L’ensemble liques – parfois importantes et ayant évolué en parallèle
est donc très sclérotisé, y compris le labium, ce qui est peu avec celle des dents internes, sont apparues dans différentes
courant chez les Scarabaeoidea. Les mandibules sont encore lignées. Les asymétries des Passalinae orientaux sont les
plus spécialisées. plus développées de la famille (fig. 32, 36) ; elles sont aussi
La conformation générale des mandibules (en particu- des plus remarquées parmi les Coléoptères (VILLIERS 1943).
lier la diversité, la position et le rôle de leurs dents) ont
depuis longtemps fait l’objet d’une attention particulière 2.3. Lobe inciseur
de la part des taxinomistes. REYES-CASTILLO (1970) en a
donné un historique concis. PERCHERON (1835), KUWERT L’apex mandibulaire est, primitivement, constitué de trois
(1896), GRAVELY (1914b, 1918), REYES-CASTILLO (1970) dents superposées bien distinctes (fig. 25-38) : supra-apicale
et BAKER (1971b) les ont décrites de façon plus ou moins (dsa), medio-apicale (dma) et infra-apicale (dia). La posi-
exhaustive et en ont discuté des détails. Parmi ces contri- tion de ces dents sur leurs axes horizontal et vertical, qui
butions, certaines interprétations systématiques de GRAVELY diffère selon les grands groupes, a été en partie indiquée
(l.c.), au rang du groupe famille, s’avèrent les plus fines et par GRAVELY (1914b, 1918). Les états de caractères suggé-
les plus justes, mais elles n’ont pratiquement pas été suivies. rés par cet auteur sont toutefois entachés de quelques erreurs
FONSECA (1987) en reprit certaines bases importantes ; du qui conduisent plusieurs taxons à être paraphylétiques (alors
moins peut-on aisément le déduire car il commet exacte- qu’ils ne le sont pas). On retrouve ces erreurs à la lettre dans
ment les mêmes erreurs tout en ne citant aucune source. FONSECA (1987). La présente étude comparée, chez toutes
L’examen détaillé des mandibules de tous les genres de les espèces, confirme l’intérêt de la position des dents homo-
la famille confirme qu’elles ont un grand intérêt phylogé- logues dans la reconstruction de grands groupes monophy-
nétique. J’avais déjà tenté (BOUCHER 1993a) d’établir les létiques de la famille. Selon les espèces d’un même groupe,
homologies entre les dentures internes très asymétriques une perte partielle à totale et un déplacement variable de
des genres orientaux voisins Aceraius et Ophrygonius la dent infra-apicale s’observent sur l’une ou sur les deux
(Passalinae). Les conclusions fournies pour ces genres ont mandibules. Le genre Veturius (chap. III) montre très bien
été adoptées par plusieurs auteurs et sont confirmées et ces évolutions courantes et homoplasiques.

288
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

2.4. Lobe molaire morphologique et phylogénétique, la terminologie des


auteurs est impropre et prête à confusion car les deux types
Le lobe molaire de chaque mandibule comprend toujours de dents sont bien internes, tandis que les inférieures ne
deux dents internes (supérieure et inférieure) dans sa partie sont pas « mobiles » chez toutes les espèces (comparer fig. 25
médiane, et une table molaire dans sa partie basale. Il existe à 26-38). De plus, l’homologie des dents inférieures, qu’elles
aussi, mais pas chez toutes les espèces, un petit organe soient mobiles ou fixes, ne fait pas de doute.
appendiculaire situé à la base de la table molaire de la
mandibule droite, l’appendice basal droit (fig. 38). Les dents internes supérieures sont situées sous les dents
infra-apicales, avec lesquelles elles fusionnent plus ou moins
Dents internes supérieures. Dans la littérature, les « dents à la base (fig. 25-38). Leur conformation est très variable
internes » se rapportent aux dents internes supérieures (dis) selon les lignées et dans certains cas les homologies des
et les « dents mobiles » (puisqu’elles sont parfois articulées) détails sont difficiles à établir, surtout dans la tribu des
aux dents internes inférieures (dii). Des points de vue Proculini. On reconnaît cependant un plan de base pour

Figures 25-32
Mandibules (dorsal de trois quarts interne, après ablation ou non). – 25, Aulacocyclinae Aulacocyclini ; 26-27, Ceracupini. 28-30, Passalinae Solenocyclini ;
31-32, Macrolinini. – 25, Aulacocyclus tricuspis Kaup, Nouvelle Calédonie ; 26, Ceracupes fronticornis (Westwood), Assam ; 27, Cylindrocaulus patalis (Lewis),
Japon ; 28, Stephanocephalus hostilis (Percheron), Madagascar ; 29, Pentalobus barbatus (Fabricius), Gabon ; 30, Erionomus planiceps (Eschscholtz), Guinée ;
31, Labienus compergus (Boisduval), Nouvelle Guinée ; 32, Plesthenus anneae Boucher, Sulawesi. – Échelles : 1 mm.

289
Stéphane Boucher

la famille : en vue dorsale, la dent interne supérieure est ruptus (L.). Ce sont l’un des caractères morpho-fonction-
centrale sur la marge de la mandibule et son apex est divisé nels les plus remarquables de la famille. Insérées dans une
en deux tubercules, supérieur et inférieur (di1, di2, fig. 39- cavité et dotées d’une musculature qui leur est propre, elles
48). Le plan frontal de la dent interne semble avoir évolué se meuvent dans l’axe du pharynx (fig. 26). De ce fait, il
différemment selon les grands groupes : il est horizontal semble qu’elles jouent au moins un rôle mécanique lors
(fig. 39) ou vertical (fig. 40-48). De plus, l’apex bifide (di1 de l’ingurgitation de la nourriture. Cette fonction fut envi-
+ di2) est susceptible de devenir simple (fig. 31-32) ou sagée par Zimmermann in BURMEISTER (1847).
presque (fig. 41, 44), ou de s’agrandir au niveau du tuber-
Les auteurs ont considéré la conformation générale des
cule inférieur (di2, fig. 46, 221), ou bien encore de s’agran-
dents internes inférieures comme peu distincte d’un groupe
dir avec l’adjonction d’un second tubercule supérieur (di3,
à un autre. REYES-CASTILLO (1970) a signalé, à juste titre,
fig. 48). En plus de ces distinctions nettes, le développe-
leur légère asymétrie ; la gauche est toujours un peu plus
ment des tubercules des dents internes est variable selon
développée, ce qui permet de croire en l’homologie de
les taxons.
l’asymétrie avec celle des mandibules qui les portent. En
Dents internes inférieures. Les dents internes inférieures outre, puisque ces dents existent chez tous les Passalidae,
(dii) ont été signalées pour la première fois par PERCHERON elles sont primitives dans la famille, mais elles ne sont pas
(1835) chez le Passalinae néotropical Passalus inter- moins autapomorphes parmi les Coléoptères.

Figures 33-38
Mandibules (dorsal de trois quarts interne, après ablation ou non). – Passalinae. 33-36, Macrolinini, 37, Passalini, 38, Proculini. – 33, Macrolinus andamanensis
Gravely, Andaman ; 34, Pseudepisphenus forceps Boucher, Nouvelle Guinée ; 35, Ophrygonius cantori (Percheron), Népal ; 36, Aceraius ashidai Kon, Araya &
Boucher, Perak ; 37, Passalus punctiger Le Peletier & Serville, Guyane ; 38, Veturius sinuosus (Drapiez), Guyane. – Échelles : 1 mm.

290
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

On observe en plus, dans la famille, deux évolutions Appendice basal droit. À la base de la table molaire droite
très différentes des dents internes inférieures : elles sont, existe un court appendice (abd) chez tous les Passalidae, à
soit mobiles, soit fixes. Les dents fixes, qui ne présentent l’exception de tous les Aulacocyclinae (son observation
à leur base aucune trace d’une éventuelle mobilité perdue, oblige l’ablation de la mandibule ; fig. 38). Après les doutes
sont propres à quelques genres d’Aulacocyclinae (fig. 25). de plusieurs auteurs sur cette exception, c’est aujourd’hui
Ceci est singulièrement intéressant car la seule alternative une certitude. Comme les dents internes inférieures, l’ap-
offerte pour soutenir le monophylétisme de la famille sur pendice basal droit a été décrit par PERCHERON (1835),
ce caractère est de considérer la perte très précoce de la qui l’a nommé « appendice palpiforme », sans doute parce
mobilité chez l’ancêtre de ces genres d’Aulacocyclinae, ce qu’il rappelle un palpe dépigmenté. HEYMONS (1929) l’a
qui est concevable. nommé à peu près de la même façon «stylus-artiger Fortsatz»
Tables molaires. Situées en deçà de la dent interne infé- et a signalé qu’il n’existe pas chez la larve. REYES-CASTILLO
rieure, les tables molaires (tm) nécessitent l’ablation de la (1970) l’a nommé « dientecillo móvil », un terme moins
mandibule pour être observées en entier (fig. 25-27, 35, bien adapté car son aspect n’est pas celui d’une petite dent,
37-38). Pour cette raison, elles n’ont presque pas été mais bien d’un appendice. Le terme « dent » est aussi une
étudiées et n’ont jamais été utilisées en taxinomie. Les source de confusion avec les « dents mobiles ». Enfin, sa
observations faites montrent pourtant que ce caractère est fonction n’étant certainement pas masticatoire, mais plutôt
diversifié selon les groupes supraspécifiques. Le temps requis sensorielle, sa mobilité n’est pas démontrée. BAKER (1971b)
pour l’exploiter sur de nombreuses espèces est tel qu’il n’a lui a attribué le nom de « prostheca », ce qui est plus ambigu
pu davantage être utilisé ici. encore. Comme l’a indiqué BLACKWELDER (1934), des

Figures 39-53
Passalinae. – 39-48, Mandibule, dent interne supérieure gauche (dorsal) ; 49-53, spolon supérieur protibial (ventral et latéral). – 39, Solenocyclini, 40-42,
49-50, Passalini, 43-48, 51-53, Proculini. – 39, Pentalobus palini (Percheron), R.C.A. ; 40, Paxillus pentaphyllus (Palisot), Haïti ; 41, Passalus guatemalensis
(Kaup), Guatemala ; 42, Passipassalus buhrneimi Fonseca & Reyes-Castillo, Brésil, Rondônia ; 43, Vindex sp. 2, Nicaragua ; 44, Proculejus hirtus (Truqui),
Mexique ; 45, Ogyges tzutuhili Schuster & Reyes-Castillo, Guatemala ; 46, Proculus mniszechi Kaup, Mexique ; 47, Veturius sinuosus (Drapiez), Guyane ;
48, Verres furcilabris (Eschscholtz), Guyane. – 49, Passalus punctiger Le Peletier & Serville, Guyane ; 50, Pertinax convexus (Dalman), Guyane ; 51, Oileus
rimator (Truqui), Mexique ; 52, Heliscus ridiculus (Kuwert), Mexique ; 53, Verres sternbergianus Zang, Colombie. – Échelles : 1 mm.

291
Stéphane Boucher

organes peu comparables ont été désignés comme tel dans basale est une puissante protubérance et chez les espèces à
plusieurs Ordres d’Insectes, Passalidae inclus. Il est évident mandibules très asymétriques les dents gauche et droite
que ces diverses « prosthecae » ne sont pas homologues. sont bien différentes. Ces dents existent surtout chez des
Aucun autre auteur ne s’est intéressé à l’appendice basal genres de Passalinae orientaux et australasiens : dents symé-
des Passalidae. triques chez Leptaulax, Tiberioides, Analaches, Pseudepis-
L’appendice basal du Trogidae Trox (seul groupe externe phenus, Mastochilus et Pharochilus ; asymétriques chez
à en posséder) est de morphologie extrêmement similaire, Plesthenus et Paratiberioides.
mais il y en a un sur chaque mandibule. Il est encore moins L’homologie des dents extra-basales est peu contestable
connu et son observation, si originale soit-elle, ne permet entre plusieurs de ces genres, mais chez les autres une évolu-
pas encore d’établir une homologie formelle entre les deux tion convergente est à l’origine de « rapprochements » taxi-
familles. Il n’a pas été vu par SCHOLTZ (1986).Quant à la nomiques arbitraires. Un bon exemple sont les genres
« prostheca » de divers Scarabaeoidea dont ont parlé notam- Tiberioides (Himalaya) et Paratiberioides (Sulawesi). Le
ment NEL & DE VILLIERS (1988), NEL & SCHOLTZ second fut nommé en référence au premier, mais tous deux
(1990), SCHOLTZ (1990) et BROWNE & SCHOLTZ (1999), ont certainement peu d’affinité phylogénétique.
il s’agit de la prostheca vraie, membraneuse, située au-
dessus de la table molaire et qui est caractéristique de 2.7. Fossettes infra-basales
nombreux Scarabéides. Sa constitution et sa position sont
donc fort différentes. Deux questions importantes émer- La face ventrale des mandibules n’a jamais été utilisée par
gent alors concernant les Passalidae. L’appendice basal droit les taxinomistes, alors qu’elle présente des caractères infor-
est-il une plésiomorphie partagée avec les seuls Trogidae ?, matifs, aussi bien chez des taxons du groupe famille que
ou bien est-il une apomorphie des Passalidae ? Dans les du groupe genre. J’ai utilisé ici un caractère, les fossettes
deux cas il existerait une perte (réversion) de l’appendice infra-basales, concavités plus ou moins vastes qui prennent
chez l’ancêtre de la sous-famille des Aulacocyclinae. On naissance à proximité du condyle ventral. Ces fossettes
notera que cette perte n’est pas sans rapport d’affiliation sont surtout marquées et différentes parmi les Aulaco-
avec la perte de la mobilité des dents internes inférieures cyclinae et les Proculini (fig. 223-224).
chez une partie des mêmes Aulacocyclinae.
3. L’abdomen et les genitalia
2.5. Dents dorsales
Les genitalia externes, organes copulateurs ectodermiques,
La dent dorsale (dd) correspond en réalité à l’arête dorsale sont habituellement utilisés par les coléoptéristes depuis
de la mandibule (fig. 25). Le terme « dent » est donc des décennies. Pour les Passalidae, seule la prise en compte
impropre, mais il est conservé car il est explicite. Les dents de l’édéage s. str., s’est généralisée, en particulier depuis
dorsales droite et gauche sont, primitivement, un peu asymé- REYES-CASTILLO (1970), BAKER (1973) et BÜHRNHEIM
triques ; elles le sont devenues fortement, par homologie, (1978). Des caractères souvent informatifs ont été mis en
chez des Passalinae orientaux (fig. 32, 36). Leur conforma- évidence sur cet organe parce qu’il est diversifié selon les
tion générale est diversifiée, mais elle semble surtout infor- groupes d’espèces et les espèces et qu’il est très peu poly-
mative en phylogénie chez les taxons des groupes genres et morphe pour une espèce donnée.
espèces. Une distinction claire entre les sous-familles et les PERCHERON (1835), le premier, a donné une descrip-
tribus est en effet difficile à établir compte tenu du fort taux tion assez précise de l’édéage et de l’urite IX de Passalus
d’homoplasies du caractère. Chez certains Aulacocyclinae interruptus (L.), mais il n’a été suivi par aucun spécialiste
les dents dorsales sont doubles (fig. 25) ou hypertéliques avant ceux cités ci-dessus. Les travaux de SHARP & MUIR
et verticales (fig. 26). Elles sont aussi hypertéliques (hori- (1912), puis ceux de JEANNEL & PAULIAN (1944), JEANNEL
zontales ou verticales) chez quelques rares Passalinae (1955), LINDROTH & PALMÉN (1956), LINDROTH (1957)
Proculini (fig. 225). Parfois enfin, elles peuvent avoir tota- et SNODGRASS (1935, 1957) sont à l’origine des connais-
lement regressé, comme chez des espèces du genre Cetejus, sances acquises sur les Passalidae. La terminologie usuelle
en Nouvelle-Guinée (Passalinae Macrolinini). est aussi empruntée à ces auteurs. Reprenant ces bases,
REYES-CASTILLO (1970) en a donné un aperçu général.
2.6. Dents extra-basales BÜHRNHEIM (1978) en fit de même, mais seulement sur
des Passalini et Proculini sud-américains, et BAKER (1973)
Le côté de la mandibule est, primitivement, presque sans sur le genre africain Pentalobus. Dans le cadre d’hypothèses
relief. Il peut être doté secondairement d’une arête plus ou de phylogénie des Scarabaeoidea, IABLOKOFF-KHNZORIAN
moins marquée sur le tiers de sa longueur basale, qui prend (1977) et D’HOTMAN & SCHOLTZ (1990) ont aussi donné
parfois l’allure d’une « dent », d’où le terme de dent extra- des descriptions plus ou moins détaillées de l’édéage de
basale (deb, fig. 36). Dans les cas extrêmes, la dent extra- divers groupes.

292
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

En dépit de ces contributions, les genitalia mâles n’ont petits sclérites triangulaires situés en bordure des meta-
pas été explorés ailleurs que dans leurs parties les plus coxae. S CHOLTZ (1990), puis B ROWNE & S CHOLTZ
externes (tegmen et phallus), ni de façon précise. On doit (1999), parmi les auteurs récents, n’ont compté pour la
alors admettre que SHARP & MUIR (1912), qui examinè- famille que cinq sternites (sans que l’on sache d’ailleurs
rent de surcroît des Aulacocyclinae et des Passalinae, ainsi leur place dans la segmentation). Des erreurs et des impré-
que SNODGRASS (1957), sont encore parmi les auteurs les cisions de ce type sont courantes dans le contexte actuel
plus clairs et ils sont à l’origine d’une large part de la d’accroissement des reconstructions phylogénétiques. Elles
compréhension de ces structures dans la famille. ne peuvent que contrarier la pertinence de nouvelles
données, tout en ignorant celles acquises parfois depuis
Les genitalia femelles des Passalides étaient pratique- longtemps.
ment inconnus des systématiciens et n’avaient que très
brièvement été vus par des morphologistes : L ACAZE-
3.2. Postabdomen
DUTHIERS (1853) et TANNER (1927) ont donné un aperçu
sur les sclérites les plus externes et sur l’urite VIII des Le postabdomen comprend le segment VIII, en partie
Proculini Veturius transversus (Dalman) et Odontotaenius visible, puis les segments IX et X qui sont très modifiés,
disjunctus (Illiger). Comme l’a souligné I ABLOKOFF - invaginés et qui participent à la formation des genitalia
KHNZORIAN (1974), cette méconnaissance englobait aussi externes.
l’ensemble des Scarabaeoidea, ce qui a peu évolué depuis.
On notera, à titre indicatif, que les genitalia mésoder-
miques des Passalides sont beaucoup mieux connus ; ils
ont fait l’objet de diverses publications d’anatomie et de
physiologie.
Dans le présent travail, les genitalia ectodermiques
mâles et femelles complets ont été observés chez de
nombreuses espèces. Les données révèlent la diversité
morphologique et l’intérêt phylogénétique et taxinomique
de l’ensemble de ces structures.
Les contributions de DEUVE (1988a-b, 1992, 1993)
sur l’abdomen et les genitalia ectodermiques des Adephaga,
lesquelles sont aussi applicables aux autres Coléoptères et
sans doute à d’autres Insectes, ont été une aide dans l’in-
terprétation des urites VIII et IX, ainsi que d’autres struc-
tures liées ou non aux genitalia. L’hypothèse d’évolution
« épipleurale » étant convaincante, je l’ai suivie. L’une des
principales conséquences de cette théorie est que les
ventrites VIII et IX seraient exclusivement de nature laté-
rotergale (ou épipleurale), ce qui bouleverse quelque peu
les concepts habituellement admis. Le sternum n’inter-
viendrait donc plus dans ces urites, mais seulement dans
la formation des genitalia externes ou internes.

3.1. Ventrites visibles


REYES-CASTILLO (1970) a décrit brièvement les sclérites
de l’abdomen des Passalidae. Il a signalé en particulier la
présence de six, ou de sept « sternites » visibles : les III à VIII
chez les Aulacocyclinae et les II à VIII chez les Passalinae.
Cette distinction importante, corrigeant des erreurs de
GRAVELY (1914b), n’a pas été suivie par BAKER (1971b).
Elle n’a pas non plus été confirmée depuis, mais l’examen Figures 54-56
de toutes les espèces permet aujourd’hui de le faire. Postabdomen et genitalia mâles ectodermiques des Passalidae. Constitution
chez le Proculini Veturius aspina Kuwert (vue latérale). – 54, urite VIII fermé,
Le ventrite I est invisible chez tous les Passalides. Le genitalia au repos ; 55, urite VIII ouvert, genitalia au repos ; 56, genitalia
ventrite II est invisible chez les Aulacocyclinae, mais il est évaginés, sac interne au repos. – Échelle : 1 mm.
visible (parfois peu) chez les Passalinae, où il forme deux

293
Stéphane Boucher

Segment VIII. Pour LACAZE-DUTHIERS (1853), qui a du huitième segment », ce qui n’a aucun sens. B AKER
étudié le premier le sclérite dans la famille, c’est l’« hogdu- (1971b), qui s’est trompé dans la segmentation abdomi-
rite VIII », constitué d’un « hogdosternite » et d’un « hogdo- nale ventrale la plus antérieure, mais pas dans la dorsale,
tergite ». Simplement nommé « segment VIII » par TANNER en a donc fait autant avec l’urite VIII. Il considère ainsi le
(1927), il correspond au « segment pygidial » de nombreux ventrite VIII comme le « sternite VII » et le tergite VIII
auteurs, notamment parmi les spécialistes de Scarabaeoidea. comme tel.
Le terme pygidial est usuel, mais non morphologique ; il Dans l’interprétation de DEUVE (l.c.), l’urite VIII est
a été utilisé pour les Passalidae par REYES-CASTILLO (1970), constitué de trois sclérites issus du tergite VIII modifié et
BÜHRNHEIM (1978) et FONSECA (1987). Pour FONSECA délocalisé : le médiotergite dorsal (mtg VIII) et les latéroter-
(l.c.), le pygidium serait formé par « le tergite et le sclérite gites ventraux (ltg VIII, qui ont fusionné). Médio- et laté-

Figures 57-59
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé (ventral, dorsal et latéral). – Passalinae Passalini. 57, Paxillus pentaphyllus (Palisot),
Haïti ; 58, Passalus coniferus Eschscholtz, Bolivie ; 59, P. guatemalensis (Kaup), Guatemala. — Échelles : 1 mm.

294
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

rotergites sont homologues entre les deux sexes. L’auteur Latérotergites. Ils sont beaucoup plus étroits, en forme
ayant montré l’existence, chez de nombreux Adephaga, d’arc et ceinturent latéro-ventralement la cavité ano-géni-
d’une ligne axiale nette séparant les latérotergites, on tale. L’articulation des médio- et latérotergites est très souple
constate qu’il y en a une très comparable chez certains et permet un angle d’ouverture très obtus. Cette ouver-
Passalidae et d’autres Scarabaeoidea (en l’occurrence les ture est adaptée à la défécation volumineuse et abondante
Lucanidae et les Trogidae). Cette ligne correspondrait à la ainsi que, lors de la copulation, à l’absence de flagellum
limite des deux sclérites secondairement réunis. Les espèces libre à l’extrémité du sac interne du mâle. Ce dernier doit
ayant ce caractère appartiendraient donc à des taxons assez alors pénétrer en grande partie dans les voies génitales
basaux dans la phylogénie de chaque famille. femelles.
Médiotergite. Celui des Passalidae est de forme trapé- Les observations faites sur de nombreuses espèces
zoïdale à triangulaire. Au repos, il est presque vertical et montrent que les médio- et latérotergites VIII ont une
joue le rôle d’opercule ano-génital au-dessus des latéroter- conformation peu variable dans la famille. La principale
gites (fig. 54-56, 143). différence est liée à l’habitus du corps, qui est grossière-

Figures 60-63
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé (ventral, dorsal et latéral) et urite IX (ano-ventral). – Passalinae. 60-61, Passalini, 62-
63, Solenocyclini. — 60, Pertinax sp. 1, groupe « venerabilis » (Kuwert), Equateur ; 61, P. convexus (Dalman), Guyane ; 62, Pentalobus palini (Percheron),
R.C.A. ; 63, Erionomus platypleura Arrow, Gabon. — Échelles : 1 mm.

295
Stéphane Boucher

ment de deux types : « convexe » ou « aplati ». Selon l’es- Passalidae ont sur l’abdomen huit paires de stigmates pleu-
pèce, l’urite VIII est alors, soit convexe et plutôt étroit, raux. L’activité physique et métabolique importante des
soit mince et transverse. Les deux états de caractères de espèces est à l’origine du développement de ces orifices
l’urite sont tout autant homoplasiques entre les lignées respiratoires et des trachées. Ces observations corroborent
que le sont ceux de l’habitus corporel. Hormis ces géné- celles de ROBERTSON (1962) et de RITCHER (1969a).
ralités, le segment VIII n’a pratiquement pas été exploré. FONSECA (1987) a compté sept stigmates, on ne sait
BAKER (1971b) y a découvert, chez le Passalinae africain comment. Il est cependant admis, ou sous-entendu
Pentalobus, l’unique cas connu de dimorphisme sexuel (LAWRENCE & BRITTON 1991, BROWNE & SCHOLTZ
génital. La femelle de P. palini a les latérotergites VIII 1999), que le stigmate VIII n’a pas d’ouverture vers l’ex-
munis de deux peignes paramédians sur leur bord supé- térieur et qu’il ne serait alors pas fonctionnel, malgré des
rieur (fig. 115, souligné par une flèche), alors que le mâle ramifications trachéales évidentes. Toutes les espèces
n’a qu’une rangée de très fines crênelures. Aucun des autres étudiées ici montrent que le stigmate VIII est réduit, mais
taxons examinés ici ne présente un tel dimorphisme. connecté au réseau trachéal (fig. 123-124, 143, 148).
L’absence réelle de fonction respiratoire de ce stigmate doit
Stigmates respiratoires. En marge de l’urite VIII donc être confirmée car le caractère et sa fonction sont
proprement dit, des caractères segmentaires qui méritent présentés comme régressés chez les Passalides dans les phylo-
remarque sont les stigmates correspondants (stg). Tous les génies des Scarabaeoidea. Il pourrait s’agir d’une erreur.

Figures 64-67
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé (ventral, dorsal et latéral). – Passalinae, Proculini. 64, Xylopassaloides pterocavis Reyes-
Castillo & Fonseca, Mexique ; 65, Vindex sp. 1, Mexique, Oaxaca ; 66, Undulifer incisus (Truqui), Mexique ; 67, Pseudacanthus aztecus (Truqui), Mexique. –
Échelles : 1 mm.

296
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Segment IX. Le segment IX comprend un médiotergite ventralement par un prolongement de la seconde membrane
et deux latérotergites (mtg et ltg IX). connective. L’ensemble forme un « sac » armé dans lequel
vient se loger l’édéage au repos (fig. 54-55, 62-63). Sur la
Latérotergites IX. Dans les deux sexes des Passalidae partie dorso-postérieure du « sac », la seconde membrane
ce ventrite forme des plaques paires, indépendantes et très connective est finement attachée. Lors de la copulation,
mobiles, foliacées, symétriques et sclérotisées surtout dans l’attache permet de retenir dans l’abdomen une partie de
leur partie basale (fig. 62-63). Elles sont fixées en retrait la membrane, ce qui, sous l’effet de sa tension, facilite l’ex-
des latérotergites VIII, à la jonction du rectum et du vagin pulsion de l’édéage dans la direction opposée (fig. 56). Au
(femelle, fig. 123) ou du rectum et de la seconde membrane même moment, les antecostae redressées dans l’abdomen
connective (mâle, fig. 55). Ces plaques obstruent l’orifice et prenant appui sur les latérotergites VIII, contribuent
ano-génital lorsque celui-ci est au repos. Lors de la défé- aussi à l’expulsion de l’édéage selon le même principe. Cette
cation ou de la copulation, elles s’écartent en même temps structure-fonction est semblable chez toutes les espèces.
que s’ouvre l’urite VIII (fig. 55). Étant donné qu’elles sont Chez la femelle, l’antecosta forme un court et fin sclé-
pareillement constituées dans les deux sexes, ils semble rite accentiforme, de conformation peu variable d’une
qu’elles sont homologues, mais cela n’est pas rigoureuse- espèce à une autre. Elle est parfois soudée au latérotergite
ment établi. (fig. 115, 123, 148). Les séries de spécimens examinées
Chez le mâle, en arrière des latérotergites IX et presque semblent montrer que la présence / absence de soudure
connecté à ceux-ci, est un arc rigide et allongé qui corres- entre antecosta et latérotergite est spécifique et non poly-
pond aux antecostae fortement étirées et fusionnées à l’apex, morphe. Toutefois, cela n’est confirmé que chez quelques
ou « spiculum gastrale » des auteurs. Cet arc est clos dorso- dizaines d’espèces, surtout américaines.

Figures 68-70
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 68, Proculus mniszechi Kaup, Honduras ; 69, Oileus sargi
(Kaup), Honduras ; 70, Oileus rimator (Truqui), Mexique. – Échelles : 1 mm.

297
Stéphane Boucher

PERCHERON (1835), dans sa description de « l’armure présence d’un « petit appendice apophysaire » qui s’articule
copulatrice » du mâle de Passalus interruptus, a clairement à la base de l’« hogdotergite VIII ». C’est le sclérite réduit,
distingué les latérotergites (« petites lames coriaces, folia- homologue de l’antecosta développée du mâle.
cées ») et les antecostae (« arcades coriacées »). Il ne précise Par la suite, TANNER (1927), sur la femelle d’Odonto-
cependant pas leur place dans la segmentation. LACAZE- taenius disjunctus, a rapporté l’urite IX au sternum, en
DUTHIERS (1853) a tenté d’approfondir l’interprétation nommant les latérotergites « coxites » et les antecostae « valvi-
avec la femelle de Veturius transversus. Il rapporte les sclé- fers ». D’autres auteurs ont nommé les latérotergites « urite
rites latérotergaux à l’urite « postgénital », c’est-à-dire à l’urite IX », ou plus souvent « segment génital », mais sans leur avoir
IX, ou « armure génitale », et pose la question de savoir s’ils attribué une polarité (ventrale ou dorsale). Implicitement,
représentent « l’épimérite » ou « l’épisternite ». Sur sa figure, il s’agit surtout d’une interprétation pleurale ou sternale,
la position strictement centrale (par rapport à l’urite VIII) sensu S HARP & M UIR (1912), J EANNEL & PAULIAN
qu’il donne des latérotergites IX justifie en effet son doute. (1944), JEANNEL (1955), LINDROTH & PALMÉN (1956),
Pourtant, l’observation attentive de n’importe quelle espèce IABLOKOFF-KHNZORIAN (1977), et qui s’est maintenue
montre l’attachement plus « ventral » que « dorsal » des laté- longtemps. Ainsi D’HOTMAN & SCHOLTZ (1990) ont
rotergites (fig. 54-56). L’auteur signale par ailleurs la indiqué pour les Scarabaeoidea : « Genital [9th abdominal]

Figures 71-73
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 71, Proculejus ganglbaueri (Kuwert), Mexique ; 72, Proculejus
sp. 1, Mexique, Hidalgo ; 73, Ogyges politus (Hincks), Guatemala. – Échelles : 1 mm.

298
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

segment : positionned internally within abdomen.… The que sclérite individualisé. Chez les Passalidae, il existe très
aedeagus lies within the genital segment, situated against the souvent une petite sclérotisation transverse, à l’allure
ventral wall of the terminal abdominal segment » (ces derniers segmentaire, plaquée sous le médiotergite VIII. Par sa topo-
auteurs n’ont d’ailleurs pas distingué le spiculum gastrale graphie, cette sclérotisation pourrait correspondre au
des latérotergites). De même, chez les Passalidae mâle et médiotergite IX à l’état de trace et replié à 180° (fig. 143).
femelle, FONSECA (1987) a rapporté les latérotergites IX S’il ne s’agit pas d’une formation secondaire, à quel sclé-
au « sternite IX » et chez le mâle les antecostae au « sternite rite appartiendrait-il alors ?
IX » (chez la femelle les antecostae ont été négligées). Enfin Le possible « médiotergite IX » (1) est présent dans la
BÜHRNHEIM (1978) a rapporté, chez le mâle, les latéro- majorité des genres examinés de Passalinae et d’Aulaco-
tergites IX au « sternite IX » et les antecostae au « sternite X ». cyclinae. Lorsqu’il est absent (tégument hyalin), ce sont
On ne peut évidemment suivre cette interprétation. des groupes d’espèces ou des groupes de genres entiers qui
sont concernés. C’est le cas de plusieurs genres voisins de
Médiotergite IX ? Selon l’interprétation de DEUVE
Proculini (voir chap. II, p. 354 et suiv.), ou au contraire,
(1988b, 1993), l’homologie sérielle des urites VIII et IX
implique la présence du médiotergite IX juste en arrière
du VIII. De nombreux groupes de Coléoptères ayant perdu
le médiotergite IX, celui-ci n’est plus observable en tant (1) Ainsi noté, entre guillemets, dans la suite du texte.

Figures 74-78
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 74, Chondrocephalus debilis (Bates), Mexique ; 75, C. purulensis
(Bates), Guatemala ; 76, C. granulifrons (Bates), Guatemala ; 77, Odontotaenius striatulus (Dibb), Equateur ; 78, O. decipiens (Kuwert), Costa Rica. –
Échelles : 1 mm.

299
Stéphane Boucher

en Afrique, du seul genre Erionomus. Il serait donc inté- pas été utilisé dans les analyses car sa prise en compte
ressant d’étendre l’observation à tous les taxons. La déter- détaillée représenterait en soi un travail à part entière.
mination plus sûre et l’homologation de ce sclérite confir-
meraient une symplésiomorphie importante pour la famille. 3.3. Genitalia mâles : l’édéage et le sac interne
Elles corroboreraient aussi le fait que les Passalidae sont
considérés à plusieurs égards (morphologie imaginale et Édéage. Constitution. L’édéage est constitué de trois parties
préimaginale, biologie) comme un groupe basal parmi les externes : la phallobase (phb), les paramères (pm) et le phal-
Scarabaeoidea (HOWDEN 1982, BROWNE & SCHOLTZ lus (ph). Une autre partie est interne car elle est invaginée
1995, 1999). dans le phallus lorsque l’organe est au repos : le sac interne
(si), ou endophallus. Depuis SHARP & MUIR (1912), les
La présente étude montre que l’urite IX est une source auteurs ont souvent nommé la phallobase « pièce basale »,
de caractères systématiques fiables et inédits. Il existe des les paramères « lobes latéraux » et le phallus « lobe médian ».
différences notables entre sous-familles, entre tribus (fig. 62- Phallobase et paramères (tegmen) sont connectés au
63, 99b, 100b) et même entre espèces affines (fig. 153, phallus par la première membrane connective (mbc I) et aux
155, 157, 162). Ces caractères semblent très peu poly- latérotergites IX par la seconde membrane connective (mbc II).
morphes pour une même espèce. Toutefois, l’urite IX n’a Dans la partie proximale de l’édéage, entre paramères et

Figures 79-82
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 79, Petrejoides tenuis Kuwert, Costa Rica ; 80, Yumtaax
recticornis (Burmeister), Mexique ; 81, P. jalapensis (Bates), Mexique ; 82, P. sp. 1, Costa Rica. – Échelles : 1 mm.

300
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

phallobase, existent deux petites prolongations sclérotisées espèces isolées que des groupes entiers). L’homologie n’en
en forme de baguettes droites ou courbes, et qui font office est pas pour autant établie dans chaque groupe. Il semble
d’éléments de soutien, ce sont les supports (s). Entre la au contraire qu’il s’agisse, dans beaucoup de cas, d’ho-
seconde membrane connective et le gonopore primaire, le moplasies.
canal éjaculateur (cej) est libre. Le phallus se prolonge par
l’endophallus, à l’extrémité duquel s’ouvre le gonopore (go, Les trois principaux sclérites de l’édéage sont consti-
fig. 55, 56). tués de sous-ensembles sclérotisés ou membraneux. Le
phallus, en particulier, a deux sclérotisations. L’une,
L’édéage des Passalidae est tubulaire, assez fortement médiane, sous la forme d’une fine bandelette qui marque
sclérotisé, avec les angles arrondis. Le phallus est globu- la limite entre le phallus et le sac interne (scl. 2) ; l’autre
leux et de longueur variable par rapport au tegmen. est une expansion des deux arcs dorsaux (scl. 1, fig. 57-
L’édéage peut être bi- ou tripartite, selon que les para- 114). Chez certains genres de Proculini, la seconde a l’al-
mères et la phallobase sont soudés (phallothèque) ou non. lure d’une plaque presque indépendante (fig. 69-70, 72-
La forme bipartite est souvent admise comme caractéris- 73). Lorsque cela a paru nécessaire, d’autres petites
tique d’une partie des Aulacocyclinae, mais il existe en structures sclérotisées plus rares sont également indiquées
réalité nombre de Passalinae de ce type (aussi bien des sur les figures et seront discutées plus loin.

Figures 83-87
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 83, Petrejoides klingelhofferi (Kaup), Guatemala ; 84, P. mysticus
(Bates), Guatemala ; 85, P. caldasi (Reyes-Castillo & Pardo), Equateur ; 86, Spurius bicornis (Truqui), Mexique ; 87, Popilius magdalenae Boucher, Guyane. –
Échelles : 1 mm.

301
Stéphane Boucher

Symétrie et asymétrie. L’édéage présente, primitive- exemple chez des Pertinax et des Passalus s. str., une rota-
ment, une symétrie bilatérale, mais il est parfois plus ou tion axiale de 90° de l’édéage, lorsque celui-ci est au repos
moins fortement asymétrique, comme le montrent en dans l’abdomen.
particulier divers groupes d’espèces de Passalinae améri-
Intérêt systématique. Les différents constituants de
cains (REYES-CASTILLO 1973, BÜHRNHEIM 1978, REYES-
l’édéage des Passalides offrent d’excellents caractères taxi-
CASTILLO et al. 1987, BOUCHER 1986, SCHUSTER 1993).
nomiques et phylogénétiques. Toutefois, les convergences
Il n’est pas du tout certain que cette asymétrie soit une
sont nombreuses, y compris entre grands groupes. Dans
conséquence de la rotation de l’organe lors de la copula-
la littérature, certains caractères ont été totalement négli-
tion. SCHUSTER (1975) a d’ailleurs observé une position
gés ; d’autres ont été observés, mais les erreurs d’interpré-
originale des partenaires en plus de la position chevau-
tation et l’imprécision des détails rendent leur exploita-
chante. Ils sont têtes bêches. Cette position résulte sans
tion très réduite. L’étude faite sur les Proculini et sur
doute de l’exiguïté des galeries où vivent et se reprodui-
quelques Passalini (chap. II-III) illustrera ces données.
sent les espèces. De la sorte, l’édéage pénètre dans les voies
génitales femelles sans modifier son sens à la sortie du Sac interne. Le sac interne (endophallus) n’a fait l’objet
spiculum (fig. 55). On remarque toutefois aisément, par d’aucune étude précise chez les Passalidae. Parmi les familles

Figures 88-91
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 88, Heliscus tropicus (Percheron), Mexique, San Luis Potosí ;
89, H. eclipticus (Truqui), Guatemala ; 90, H. sp. 1, Equateur ; 91 Heliscus ridiculus (Kuwert), Mexique. – Échelles : 1 mm.

302
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

proches, SHARP & MUIR (1912) ont seulement observé espèces de chaque genre de Proculini (dont presque toutes
celui de plusieurs espèces de Lucanidae. Il n’a pas davan- celles de Verres, Arrox et Veturius).
tage été utilisé par les taxinomistes et l’on peut se deman- Au repos, le sac interne est toujours profondément
der pourquoi car il présente l’avantage d’être à la fois simple retroussé dans le phallus, qu’il occupe entièrement. Le
dans sa constitution, très diversifié et aisément observable. phallus présente sur sa face dorsale une fine ouverture
Dans le présent travail, le sac interne est examiné chez médio-transverse, à l’allure d’opercule (op) et qui corres-
quelques espèces de Passalini de l’Ancien et du Nouveau pond au pli apical du sac interne (fig. 61-64). La forme de
Mondes (représentant les groupes externes choisis pour l’ouverture est variable selon les groupes et c’est sans doute
l’analyse des Proculini), ainsi que chez une ou plusieurs un bon caractère systématique.

Figures 92-95
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini. 92, Verres furcilabris (Eschscholtz), Guyane ; 93, V. deflexicornis
Kuwert, Costa Rica ; 94, V. hageni Kaup, Guatemala ; 95, V. sternbergianus Zang, Equateur. – Échelles : 1 mm.

303
Stéphane Boucher

Le sac interne totalement évaginé (jusqu’au gonopore) étant étudiée dans le présent travail, c’est un bon élément
a l’aspect d’une chambre plus ou moins vaste, membra- de comparaison avec le matériel vu par Baker (fig. 62).
neuse, mais parfois rigide (fig. 57-114). Les observations BÜHRNHEIM (1978) a donné un schéma du sac interne
de BAKER (1973) sur trois Passalinae africains Pentalobus, du Passalinae américain Paxillus. Contrairement à ce qu’a
puis celles de NOMURA et al. (1993) sur un Passalinae écrit cet auteur, l’organe n’est qu’en partie évaginé. Une
coréen Leptaulax, sont les moins sommaires parmi les comparaison convaincante pourra aussi être faite avec
rares qui ont été publiées. L’évagination totale du sac n’a l’espèce du même genre qui est étudiée ici (fig. 57). Enfin,
cependant pas été faite par Baker, ce qui semble expli- D’H OTMAN & S CHOLTZ (1990) ont représenté et
quer son erreur d’interprétation des sclérites de l’édéage commenté de façon plus succincte encore ceux des genres
(la sclérotisation ventrale du phallus est considérée homo- de Passalinae Didimus (africain) et Odontotaenius
logue de celle des paramères). L’espèce Pentalobus palini (américain).

Figures 96-104
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé et urite IX (ano-ventral). – Passalinae Proculini. 96, Arrox agassizi (Kaup), Honduras ;
97, Veturius cirratus Bates, Panama ; 98, V. punctatostriatus Arrow, Guyane ; 99a-b, V. negroensis n. sp., Venezuela ; 100, V. galeatus Boucher, Colombie ; 101,
V. solisi n. sp., Panama ; 102, V. talamacaensis n. sp., Panama ; 103, V. concretus (Kaup), Colombie ; 104, V. imitator n. sp., Colombie. – Échelles : 1 mm.

304
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Le tégument du sac interne est très diversifié : très lâche De chaque côté du sac court une ligne superficielle
ou rigide, de lisse et hyalin à rugueux et sombre, couvert assez nette, sinueuse à presque droite, homologue chez
de soies courtes à longues, denses à éparses, très colorées toutes les espèces et qui semble issue de la métamérie primi-
ou pâles, avec des microtriches, des spicules, des granula- tive de l’organe. Cette ligne est nommée sillon pariétal (spl).
tions ou des sclérotisations plus ou moins proéminentes, Dans la région apicale, le canal éjaculateur s’élargit forte-
parfois foliacées (scl. 3). Ces revêtements tégumentaires ment, en forme d’ampoule, avant d’atteindre le gonopore.
sont pairs ou impairs, selon les espèces. Certaines homo- Le gonopore, toujours situé à l’apex du sac (en dépit de
logies ne sont pas aisées à établir, comme le montreront certaines apparences), est ceinturé de plis symétriques et
en particulier des espèces de Proculini. d’une membrane plus fine qu’alentours. L’une des paires

Figures 105-114
Genitalia mâles ectodermiques. Édéage, sac interne invaginé ou évaginé. – Passalinae Proculini Veturius. 105, V. aquilonalis n. sp., Panama ; 106, V. ecuadoris
Kuwert, Equateur ; 107, V. schusteri n. sp., Panama ; 108, V. cephalotes (Le Peletier & Serville), Guyane ; 109, V. sinuatus (Eschscholtz), Brésil, Rio ; 110,
V. patinoi n. sp., Colombie ; 111, V. assimilis (Weber), Brésil, Rio ; 112, V. christiani Boucher, Guyane ; 113, V. transversus (Dalman), Brésil, Bahia ; 114,
V. dibbi n. sp., Equateur. – Échelles : 1 mm.

305
Stéphane Boucher

de plis borde le gonopore ; ce sont les plis terminaux (pt), (1973) chez trois Passalinae africains Pentalobus. L’auteur
homologues entre toutes les espèces et qui forment un bon conclut que l’appareil reproducteur est similaire chez ces
repère topographique lors du déploiement manuel du sac. espèces et que l’oviducte commun s’ouvre dans une
BAKER (1973) les avait en partie signalés comme « fold in « chambre génitale en forme de poire », recevant le canal de
dorsal edge of gonopore ». la spermathèque et conduisant directement à l’orifice géni-
Il existe souvent une relation morphofonctionnelle très tal. Il ne signale pas de glande associée à la spermathèque
nette entre le sac interne du mâle et les lobes vaginaux de alors qu’il en existe une chez tous les Passalides. LÓPEZ-
la femelle d’une même espèce. Plusieurs exemples sont GUERRERO & HALFFTER (2000), qui ont vu quelques
donnés ici parmi les Passalinae (fig. 92 et 145, 94 et 146, Passalini et Proculini du Mexique, ont figuré la sperma-
97 et 148, 107 et 163). thèque et sa glande du Proculini Odontotaenius striato-
punctatus. Ils notent l’absence de musculature propre.
3.4. Genitalia femelles : Cette espèce, examinée ici, donne de bons éléments de
le vagin et ses dépendances comparaison.

Les connaissances sur les genitalia femelles sont très L’exposé suivant s’appuie sur l’observation d’une
minces. Les voies ectodermiques situées en avant des laté- centaine d’espèces de Passalinae, dont plusieurs de chaque
rotergites IX ont été schématiquement décrites par BAKER genre de Proculini. Est confirmée en premier lieu la conclu-

Figures 115-120
Genitalia femelles ectodermiques (ventral ou latéral) et urite IX. – Passalinae. 115-116, Solenocyclini, 117-120, Passalini. – 115, Pentalobus palini (Percheron),
R.C.A. ; 116, Erionomus platypleura Arrow, Gabon ; 117, Passalus coniferus Eschscholtz, Bolivie ; 118, P. sp. 1, groupe « guatemalensis » (Kaup), Guatemala ;
119, Pertinax convexus (Dalman), Guyane ; 120, Paxillus pentaphyllus (Palisot), Haïti. – Échelles : 1 mm.

306
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

sion de BAKER (1973) : le plan de base est simple ; toute- urites VIII et IX. Le vagin est ensuite plus ou moins étendu,
fois, la diversité des détails s’avère importante et d’une formant un vaste tube qui est diversifié selon les groupes
grande utilité systématique. par la présence d’un ou de plusieurs lobes, et qui sont de
tailles et de formes également variables. Ces lobes sont
Vagin. En arrière des latérotergites IX, la partie distale du
dorsaux, sauf rares exceptions. Leur mise en évidence avec
vagin (vg) présente une première membrane, peu différen-
précision a été rendue possible grâce à la pratique du
ciée des suivantes dans sa forme, mais plus rigide et plus
« gonflage » décrite auparavant.
lisse. Cette rigidité est imposée par le cadre ano-génital des

Figures 121-124
Genitalia femelles ectodermiques (ventral ou latéral). – Passalinae Proculini. 121, Xylopassaloides chortii Schuster, Guatemala ; 122, X. pterocavis Reyes-Castillo
et al., Mexique ; 123, Vindex agnoscendus (Percheron), Mexique ; 124, V. sp. 1, Mexique, Oaxaca. – Échelles : 1 mm.

307
Stéphane Boucher

L’intima cuticulaire du vagin est lisse, sans différencia- type de plis sont distincts selon les groupes d’espèces et les
tion significative et sans spicule ni microtriche. Au niveau espèces. Il est très grand, à peu près sphérique, les plis serrés
de l’ouverture génitale, on ne distingue pas de glande chez Pentalobus, Passalus et Paxillus (fig. 115-117, 120) ;
« anale » ou vaginale (« pygidiale »), contrairement à d’autres
Scarabaeoidea (1).
Lobe médian dorsal (lbmd). Ce premier lobe, central
(1) Les Passalides ne possèdent pas d’organe glandulaire connu ayant un rôle
et dorsal, est présent et considéré homologue chez toutes dans la transmission de microorganismes symbiotiques, comme ceux de
les espèces, à l’exception peut-être du genre africain Scarabaeoidea « Pleurosticti », ni de glande « pygidiale » défensive, comme
Erionomus. Il présente avant « gonflage » un tégument assez celles de Scarabaeidae (PLUOT-SIGWALT 1988a-b, 1994). On peut interpréter
fortement plissé, épais, parfois presque rigide. L’intima cette absence par le fait que larves et imagos consomment une nourriture en
partie (au moins) prédigérée par des membres du groupe familial. C’est lors
cuticulaire est très homogène entre les faunes américaine de cet acte que peut avoir lieu la transmission des microorganismes
et africaine. En revanche, la taille, la forme générale et le cellulolytiques indispensables à leur métabolisme.

Figures 125-129
Genitalia femelles ectodermiques (ventral ou latéral). – Passalinae Proculini. 125, Proculus mniszechi Kaup, Guatemala ; 126, Proculejus sp. 1, Mexique,
Hidalgo ; 127, Pseudacanthus aztecus (Truqui), Mexique ; 128, Ogyges politus (Hincks), Guatemala ; 129, Undulifer incisus (Truqui), Mexique. – Echelle :
1 mm.

308
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

grand à très petit, les plis serrés chez Pertinax et chez tous tères de l’exosquelette, dans une moindre mesure ceux des
les Proculini (fig. 118, 121 et suiv.) ; très long, les plis genitalia mâles.
distants chez les deux espèces du groupe de « Passalus »
Lobe proximal dorsal (lbpd). Ce lobe toujours proxi-
guatemalensis (fig. 118). Chez quelques Proculini, il existe
mal et dorsal a un tégument homogène, hyalin, fin et lâche,
en plus une subdivision du lobe plus ou moins nette et
très fragile (fig. 119 et suiv.). Il est simple (non subdivisé),
parfois remarquable : latérale et grande chez Vindex
plus ou moins vaste, de forme ovale à sphérique. Son inter-
(fig. 123- 124), faible chez Heliscus, Coniger (fig. 131-134)
prétation pose peu de problèmes chez les Proculini, mais
et Arrox (fig. 143-144), ou longitudinale et vaste à très
l’homologie est plus incertaine avec les structures pour-
vaste chez Arrox et Verres (fig. 143-146). Ces caractères
tant comparables d’Erionomus, du groupe de « Passalus »
sont stables parmi les espèces d’un même groupe et sont
guatemalensis et de Pertinax (fig. 116, 118-119). Son
donc une aide précieuse dans la recherche des homologies.
absence est partagée entre Pentalobus, Paxillus et Passalus
De la sorte, nous verrons qu’elles semblent établies entre
s. str. (fig. 115, 117, 120).
Pentalobus, Passalus s. str., et Paxillus, ainsi qu’entre les
Proculini. Elles méritent d’être approfondies chez Pertinax. Lobe proximal ventral (lbpv). Les Proculini Vindex
Ces interprétations corroborent les observations des carac- et Spurius sont les seuls à posséder ce petit lobe ventral,

Figures 130-134
Genitalia femelles ectodermiques (ventral). – Passalinae Proculini. 130, Oileus rimator (Truqui), Mexique ; 131, Heliscus tropicus (Percheron), Mexique, San
Luis Potosí ; 132, H. eclipticus (Truqui), Mexique, Oaxaca ; 133, H. sp. 1, Panama ; 134, Heliscus ridiculus (Kuwert), Mexique. – Echelle : 1 mm.

309
Figures 135-142
Genitalia femelles ectodermiques (ventral). – Passalinae Proculini. 135, Yumtaax recticornis (Burmeister), Mexique ; 136, Petrejoides mysticus (Bates), Guatemala ;
137, P. tenuis Kuwert, Costa Rica ; 138, Popilius sieberi (Kuwert), Venezuela, Mérida ; 139, Spurius bicornis (Truqui), Mexique ; 140, Odontotaenius striatopunctatus
(Percheron), Mexique ; 141, O. decipiens (Kuwert), Costa Rica ; 142, Pseudoarrox karreni Reyes-Castillo, Costa Rica. – Échelles : 1 mm.

310
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

à tégument fortement plissé, qui est situé à la base du selon les groupes et les espèces, mais il est prématuré de
vagin. Chez Vindex (deux espèces observées) il comprend dire qu’elles constituent des critères taxinomiques. Hormis
deux sous-unités paramédianes (fig. 123-124). Chez le Proculini Proculus (deux espèces observées), qui a une
Spurius (deux espèces observées) il est simple et médian spermathèque originale, en forme de poire (fig. 125), les
(fig. 139). Ces morphologies bien distinctes suggèrent autres taxons nécessiteraient un important travail afin de
leur homoplasie. mettre en évidence des distinctions. La présence de micro-
diverticules à proximité du canal et (ou) de l’insertion de
Spermathèque et glande annexe. La spermathèque (spm)
la glande annexe, ainsi que la distance entre ces deux
est toujours pourvue d’une glande unique (gl).
connectifs, semblent diversifiés, comme le montre Veturius
Conformation de la spermathèque. Elle présente (fig. 149 et suiv.). Des distinctions entre les groupes d’es-
toujours un tégument opaque et finement strié de lignes pèces et les espèces sont manifestes, mais mériteraient aussi
horizontales. La forme ovalaire et la taille sont assez variables d’être explorées davantage.

Figures 143-146
Genitalia femelles ectodermiques (ventral ou latéral) et urites VIII et IX (ventral). – Passalinae Proculini. 143, Arrox agassizi (Kaup), Honduras; 144, A. granulipennis
(Zang), Mexique ; 145, Verres furcilabris (Eschscholtz), Guyane ; 146, V. hageni Kaup, Guatemala. – Échelle : 1 mm.

311
Figures 147-164
Genitalia femelles ectodermiques (ventral ou latéral), urite IX et détails de la spermathèque et de sa glande. – Passalinae Proculini Veturius. 147, V. galeatus
Boucher, Colombie ; 148, V. cirratus Bates, Panama ; 149, V. punctatostriatus Arrow, Guyane ; 150, V. laevior (Kaup), Costa Rica ; 151-153, V. sinuatocollis
Kuwert, Panama ; 154-155, V. marilucae Boucher, Mexique ; 156-157, V. tuberculifrons Kuwert, Panama ; 158-159, V. perecasi n. sp., Colombie ; 160-162,
V. caquetaensis Boucher, Colombie ; 163-164, V. ecuadoris Kuwert, Equateur. – Échelles : 1 mm.

312
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Figures 165-184
Genitalia femelles ectodermiques (ventral), détails de la spermathèque et de sa glande et urite IX du mâle. – Passalinae Proculini Veturius. 165-169, V. aspina
Kuwert, Equateur [166 : « gonflage » maximal] ; 170-171, V. onorei n. sp., Equateur ; 172, V. standfussi Kuwert, Venezuela ; 173-174, V. yahua n. sp., Pérou ;
175-177, V. patinoi n. sp., Colombie ; 178-179, V. cephalotes (Le Peletier & Serville), Guyane ; 180, V. sinuatus (Eschscholtz), Brésil, Rio ; 181-182, V. jolyi
n. sp., Venezuela ; 183-184, V. sinuosus (Drapiez), Guyane. – Échelles : 1 mm.

313
Stéphane Boucher

Position de la spermathèque. Le point d’insertion donnés. Un diamètre large (« épais ») caractérise les espèces
précis du canal de la spermathèque est révélé par le américaines, alors qu’un diamètre fin (« très étroit ») est
« gonflage » du vagin. Sa position est variée et constitue un propre aux espèces africaines (fig. 115-120). Pour l’ins-
caractère informatif. On verra (chap. II) que le canal est tant, seul ce dernier caractère a été utilisé dans l’analyse
toujours situé en amont du lobe médian dorsal chez les phylogénétique.
groupes externes de Passalini et chez la plupart des
Proculini, ou bien sur l’apex du même lobe chez divers Glande annexe. Elle est tubulaire et reconnaissable
Proculini (Ogyges, Spurius, Arrox, Verres et Veturius, fig. 128, à sa couverture de canalicules cuticulaires qui lui
139, 144 et suiv.). donnent un aspect cotonneux. Plus que la sperma-
thèque, la forme et la taille de la glande semblent être
Canal de la spermathèque. La longueur et le diamètre des caractères diversifiés et fiables. C’est ce que montre,
du canal sont différents d’un grand groupe à l’autre, mais ici aussi, les comparaisons effectuées surtout chez
ils restent stables pour un groupe d’espèces ou une espèce Veturius (fig. 149 et suiv.).

Figures 185-196
Genitalia femelles ectodermiques (ventral), détails de la spermathèque et de sa glande et urite IX du mâle. – Passalinae Proculini Veturius. – 185-186, V. biapicalis
n. sp., Equateur ; 187-188, V. dibbi n. sp., Equateur ; 189-191, V. libericornis Kuwert, Equateur ; 192, V. charpentierae Reyes-Castillo, Venezuela ; 193,
V. christiani Boucher, Guyane ; 194, V. solisi n. sp., Costa Rica ; 195, V. concretus (Kaup), Colombie ; 196, V. spinipes Zang, Bolivie. – Échelles : 1 mm.

314
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

B. Phylogénie des taxons le monophylétisme de la famille : elle serait paraphylétique


du groupe famille et devrait être scindée en deux familles, Aulacocyclidae et
Passalidae. Le travail réalisé en amont de ce résumé n’a pas
Dans la famille des Passalidae, les homologies morpholo- été publié, mais l’accès récent au document universitaire
giques semblent avoir été établies ici pour de nombreux qui en est la source (F ONSECA 1987) permet d’en
caractères anciennement observés ou nouveaux. Pour comprendre et d’en commenter le résultat.
d’autres caractères des incertitudes persistent. La méthode
et l’outil analytiques sont utilisés afin de proposer une Principe général et résultats principaux. Les diverses
phylogénie qui prenne en compte la plupart de ces carac- analyses effectuées, dont on ignore la méthode et les para-
tères et toutes les espèces de la famille. mètres employés, ne sont pas soumises aux tests d’hypo-
thèses, puisqu’elles sont orientées dès le départ. Celle des
taxons du groupe famille correspond, en réalité, à deux
1. Travaux antérieurs analyses dites « à deux taxons », où chacun d’eux est d’em-
1.1. Gravely (1914, 1918) blée monophylétique et sans que cela soit argumenté : une
analyse a lieu sur les « Aulacocyclidae » (Aulacocyclinae
Nous avons vu (p. 265) que le premier auteur auquel on s. auct.), une autre sur les « Passalidae » (Passalinae s. auct.).
peut attribuer une approche évolutionniste sur les Passalidae Dès lors, les Passalidae s. auct. sont nécessairement « para-
est GRAVELY (1912, 1914a-b, 1918). En effet, il a entamé phylétiques », puisque ce statut n’est pas réfutable. De plus,
une recherche différente de celle basée sur la seule ressem- les deux familles sont considérées « groupes frères ». Dans
blance, en particulier sur les caractères dorso-céphaliques ces conditions, « Aulacocyclidae » + « Passalidae » forment
et mandibulaires. Hincks et Dibb, ses successeurs immé- pourtant bien un groupe monophylétique égal aux
diats, ne l’ont pas suivi sur ce point, ni dans la méthode, Passalidae s. auct. ! Il existe donc des incohérences dans la
ni dans la systématique des taxons. La reconstruction de démarche et dans l’interprétation des résultats.
GRAVELY (1914b), figurée sous la forme d’un « diagram »
Recherche des homologies. C’est le problème métho-
phylétique, était surtout destinée à mettre en évidence
dologique rencontré en amont des analyses. La recherche
l’évolution de l’asymétrie céphalique des genres des
des homologies à partir de critères morphologiques stricts
anciennes sous-familles orientales Aceraiinae et
n’a pas eu lieu pour de nombreux caractères. Deux concepts
Gnaphalocneminae Kaup, sensu Gravely. Il s’agit en fait
souvent antagonistes – typologie et phylogénie – étant en
d’un dendrogramme. Cet « arbre » n’est pas enraciné et les
jeu simultanément, les taxons s’avèrent en grande partie
relations de parenté sont matérialisées par des flèches en
fondés sur des homoplasies ou des symplésiomorphies,
guise de branches ; il est aussi étayé par des attributs choro-
notamment celles déjà utilisées dans les classifications exis-
logiques qui lui donnent, pour la première fois, une conno-
tantes. Autrement dit, sans recherche rigoureuse des syna-
tation phylogéographique.
pomorphies, la méthode ne peut être «hennigienne», malgré
ce qui est annoncé.
1.2. Virkki & Reyes-Castillo (1972)
Groupes externes. Les analyses des « Aulacocyclidae »
Le premier travail cytotaxinomique sur la famille est dû et des « Passalidae » ont eu lieu avec les mêmes groupes
à ces auteurs, qui ont étudié des espèces de la plupart des externes (les Lucanidae et les Scarabaeidae). Aucune préci-
genres de Proculini. C’est aussi le premier dans lequel est sion n’est fournie sur la composition de ces groupes, si bien
figuré et nommé un « arbre phylogénétique » consensuel, qu’ils renferment, sans distinction, plusieurs milliers d’es-
offrant ainsi, mieux que celui de Gravely, une reconstruc- pèces extrêmement diversifiées. Or, on peut affirmer que
tion basée sur une recherche des homologies. L’« arbre » les Lucanidae ne peuvent tous être mêlés dans un seul taxon
est un dendrogramme non enraciné, plus « expressif » et lorsque sont utilisés de nombreux caractères dont l’homo-
surtout plus informatif, avec de véritables branches et des logie n’est pas établie, comme c’est le cas ici. Cette famille,
nœuds internes. Il sera réexaminé lors de l’analyse des bien que sans doute monophylétique, se dichotomise en
Proculini (chap. II) car des congruences topologiques inté- lignées ayant évolué fort différemment. Certaines ont des
ressantes existent entre les données chromosomiques et caractères très primitifs et d’autres des caractères très déri-
morphologiques. vés. Leur utilisation conjointe, dans un même groupe
externe, est donc délicate sans un plan de base solide car
1.3. Fonseca (1987, 1993) elle ne peut exprimer clairement la polarité de nombreux
états de caractères. C’est certainement la même chose pour
Dans un bref résumé, FONSECA (1993) est le seul auteur les Scarabaeidae.
qui signale avoir fait une « analyse cladistique » des grands
groupes de Passalides, sur des caractères morphologiques Autres commentaires. Il faut noter que plusieurs
de la larve et de l’imago. C’est aussi le seul à avoir contesté auteurs ne sont pas cités lors des analyses. Pourtant, des

315
Stéphane Boucher

idées fondamentales sont à l’évidence empruntées à KAUP 2.1. Lucanidae


(1871), K UWERT (1896), A RROW (1907) et surtout Sur la base de divers caractères de l’imago (pièces buccales,
GRAVELY (1914b, 1918) et REYES-CASTILLO (1970). yeux, antennes), la sous-famille des Aesalinae est considé-
D’autre part, des erreurs diverses, y compris nomencla- rée depuis longtemps comme un groupe « primitif » parmi
turales, rendent l’ensemble peu clair. Des données (surtout les Lucanidae. Elle comprend plusieurs genres disséminés,
morphologiques) sont invérifiables et certaines conclu- à aires disjointes, de part et d’autre des océans Atlantique
sions paléobiogéographiques demeurent inexpliquées. Il et Indien et dans les deux hémisphères. Ces répartitions
est ainsi question de l’ère Primaire du Bassin Amazonien sont un gage supplémentaire d’ancienneté. Des genres
concernant la répartition actuelle de Passalini, ce que l’on présentent des analogies morphologiques nettes avec les
retrouve d’ailleurs dans la publication de 1993 sur le genre Passalidae. Certaines pourraient être de véritables homo-
Passipassalus. On ne peut suivre ce type de raisonnement. logies. C’est le cas de Sinodendron Schneider, de réparti-
Toutefois, un certain nombre de caractères intéressants tion holarctique. Les espèces, moins d’une dizaine entre
sont utilisés. Tous ne pourraient être examinés, mais l’Amérique du Nord, l’Europe, la Sibérie et le Yunnan,
plusieurs le seront lorsque cela sera jugé nécessaire ou infor- sont saproxylophages. Ces caractéristiques adéquates de
matif. On constate aussi, malgré des reconstructions tron- Sinodendron conduisent à l’utiliser comme groupe externe,
quées, une nette ressemblance topologique avec celle obte- sans distinction particulière d’espèce.
nue ici pour les grands groupes (les autres résultats sont
très différents). Ceci confirme un constat général pour la 2.2. Chironidae
famille (que ne signale pas l’auteur) : la systématique typo-
logique des grands groupes de KAUP (1871) et de GRAVELY Cette famille de moins d’une trentaine d’espèces est peu
(1914b, 1918) coïncide souvent assez bien avec la systé- connue. HUCHET (2000 et ultérieures) en a publié des
matique phylogénétique. A des degrés divers selon les révisions partielles. Plusieurs espèces ont été examinées
taxons, les deux approches révèlent de profonds accords ici. L’habitus de l’imago, ainsi que la plupart des détails
dans les classifications. de la tête, des appendices, du thorax et du postabdo-
men, sont remarquablement homogènes chez toutes les
espèces. Ces caractères ressemblent sur de nombreux
2. Choix des groupes externes points à ceux des Passalidae. En outre, la conformation
Un examen général de la trentaine de familles que comp- des antennes des Passalidae semble plus voisine de celle
tent les Scarabaeoidea suggère de visu le monophylétisme des Chironidae que de celle des Lucanidae. Or, depuis
des Passalidae. Les espèces ont un habitus caractéristique, longtemps et dans la quasi-totalité des classifications, ce
que l’on ne peut confondre avec aucun autre. Depuis leur caractère fut employé pour rapprocher Passalidae et
séparation des Chironidae et des Trictenotomidae Lucanidae. WESTWOOD (1834) n’avait sans doute pas
(WESTWOOD 1834), tous les Passalides ont été réunis tort de considérer la « clava articulata » antennaire parmi
dans la même famille. Il est donc admis que celle-ci forme les affinités qui pourraient réunir les Passalidae et les
un groupe « naturel », quand bien même la question n’a Chironidae, mais il n’a pas été suivi.
jamais été précisément soulevée et argumentée. Dans la Deux autres domaines qui conduisent à tenir compte
systématique typologique, les Passalidae sont placés depuis des Chironidae sont leur chorologie et leur biologie. Ils sont
très longtemps près des Lucanidae, cet ensemble formant limités à l’Ancien Monde (Afrique Sud-Sahélienne,
les Pectinicornia ou les Lucanoidea (partim, selon les Madagascar, marge Sud-Himalayenne et péninsule
conceptions). Indienne). Leur présence dans le bassin Méditerranéen, en
En phylogénie, les « groupes externes » ont un rôle déter- Malaisie et à Java, reste hypothétique (HUCHET 2000).
minant pour tenter d’établir le monophylétisme du « groupe Concernant leur biologie, tous semblent grégaires, terri-
interne ». Leur choix ne peut être arbitraire, mais le reflet coles, à régime radicicole ou détritivore. Ces caractéristiques
d’une parenté étroite et argumentée avec le groupe interne. paléobiogéographiques et écologiques sont intéressantes
Dans la pratique, les reconstructions publiées sur les puisqu’elles sont bien distinctes de celles des Passalidae.
Scarabaeoidea n’ont pas une topologie uniforme, mais elles L’espèce qui a plus spécialement été examinée ici est
concordent néanmoins, en général, sur la relation étroite Theotimius grandis (Gory), de l’Afrique occidentale.
entre les Passalidae, les Lucanidae et les Trogidae. Malgré
cela, aucun argument concret et peu discutable (anatomique, 2.3. Trogidae
morphologique, moléculaire ou chromosomique) n’a permis On ne peut tirer les mêmes conclusions des Trogidae que
de déterminer le groupe frère des Passalidae. Dans la présente des Chironidae, mais ils n’en restent pas moins une famille
étude, les Chironidae, en plus des Lucanidae et des Trogidae, proche. Plusieurs phylogénies récentes, basées sur des carac-
ont été choisis comme groupe externe car ils présentent aussi tères morphologiques et anatomiques, suggèrent en effet
de nombreux caractères comparables. une topologie voisine des Passalidae (BROWNE & SCHOLTZ

316
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

1995, 1999). Parmi les caractères les plus intéressants figu- 20. développement : absents 0 ; présents 1.
tubercules latéro-frontaux secondaires
rent les « appendices » mandibulaires examinés auparavant 21. développement : absents 0 ; présents 1.
(mais jamais cités dans une phylogénie), ainsi que les tubercules médio-frontaux secondaires
antennes. La famille est cosmopolite et diversifiée, mais 22. développement : absents 0 ; permanents 1 ; ponctuels 2.
elle est plus largement répandue dans l’hémisphère Sud. rides frontales antérieures
23. développement : absentes 0 ; présentes, bien marquées 1 ; présentes,
Presque toutes les espèces sont détritivores ou nécrophages. effacées 2.
Ces deux derniers points sont bien distincts des Passalides. rides frontales postérieures
Le taxon utilisé comme groupe externe est le genre 24. développement : absentes 0 ; présentes 1.
cosmopolite Trox Fabricius, sans distinction particulière vertex
d’espèce. structure médio-post-frontale
25. développement : très faible 0 ; fort 1.
aires latéro-post-frontales
3. Caractères utilisés dans l’analyse 26. développement : planes à convexes 0 ; fortement concaves 1.
ponctuation dorsale antéro-postérieure
Trente huit caractères morphologiques sont utilisés, surtout 27. développement : absente 0 ; présente à trace 1.
parmi les régions examinées en détail auparavant. Trente tubercules latéro-postérieurs
28. développement : absents 0 ; présents 1.
six sont liés au stade imaginal (tête, thorax, abdomen et
habitus) et deux au stade pré-imaginal (thorax). épicrâne
fossettes épicrâniennes
29. développement : absentes 0 ; présentes, subparallèles 1 ; présentes, très
3.1. Désignation, états et codage divergentes 2.
1. habitus dorso-ventral : subcylindrique 0 ; ellipsoïde 1. « angles antérieurs de la tête »
30. repère morphologique : angles du clypéus 0 ; angles de l’épicrâne 1.
TÊTE
arêtes supra-oculaires
appendices buccaux et mentum 31. développement : fort 0 ; faible 1.
mandibules THORAX
apex (lobe inciseur) prosternum
2. position des dents : sur un même plan 0 ; sur deux plans différents 1. 32. développement : à la base des saillies coxales 0 ; à mi hauteur des saillies
3. nombre de dents : moins ou plus de trois 0 ; trois 1. coxales 1.
dents internes (lobe molaire) sillon antéro-pronotal
4. développement : absentes 0 ; présentes 1. 33. développement : incomplet 0 ; complet 1.
dents mobiles scutellum
5. développement : absentes 0 ; présentes 1. 34. position : prolongé entre les élytres 0 ; non 1.
appendice basal droit pattes III larvaires
6. développement : absent 0 : présent 1. 35. développement général : normalement développées (ambulatoires) 0 ; très
dents extra-basales réduites (stridulatoires) 1.
7. développement : absentes 0 ; présentes 1. 36. développement du peigne stridulatoire : absent 0 ; étroit 1 ; large 2.
fossettes infra-basales longilignes
ailes métathoraciques
8. développement : absentes 0 ; présentes 1.
37. nervation : deux veines entre cubitale et première anale complète 0 ; une
processus hypostomaux veine entre cubitale et première anale complète 1.
9. développement : faible 0 ; fort 1.
10. orientation des côtés : verticale : 0 ; horizontale 1. ABDOMEN
11. position par rapport au mentum : éloignée 0 ; contre 1. sternites visibles
apex des laciniae 38. nombre : cinq (III à VII) 0 ; six (II à VII) 1 ; six (III à VIII).
12. denture : bidentée 0 ; simple 1 ; tridentée 2.
ligule 3.2. Matrice
13. développement et position : faible, sous le mentum 0 ; fort, devant le Dimensions : 10 taxons, 38 caractères. Caractères multi-états : aucun caractère
mentum 1. n’est codé « polymorphe ». Les autapomorphies qui déterminent le
mentum monophylétisme (« plan de base ») des taxons terminaux de Passalidae sont
14. développement : étroit, non ailé 0 ; large et ailé 1. examinées avec les synapomorphies (paragraphe 6).
labre
15. développement : étroit et court 0 ; large, long et spatulé 1. caractères
massues antennaires taxons 1 1111111112 2222222223 33333333
16. nombre d’articles mousses : trois 0 ; trois à cinq 1 ; trois à six 2. 1234567890 1234567890 1234567890 12345678
Sinodendron 0000000000 0000000000 0000000000 00000010
aire clypéo-frontale Theotimius 0000000000 0000100000 0000000000 00000012
clypéus Trox 0001010000 0200000000 0000000000 000000?0
17. exposition antéro-dorsale : complète 0 ; faible et médiane 1 ; forte et Aulacocyclini 0011000110 0111100000 0000110000 10011100
médiane 2. Ceracupini 0011100110 0111100000 0000110000 10011100
fossettes latéro-clypéales Passalini 1011110011 0011111111 0211110111 01111211
18. développement : absentes 0 ; présentes, granuleuses 1 ; effacées, lisses 2. Proculini 1011110011 0011102111 0221110111 01111211
rides et tubercules clypéo-frontaux Solenocyclini 1111111011 1011111101 1111111111 01111211
19. disposition : séparés 0 ; rapprochés 1 ; superposés 2. Leptaulacini 1111111011 1011101201 1111111111 01111211
tubercules latéro-frontaux [« externes », sensu auct.] Macrolinini 1111111011 0011121121 0011110121 01111211

317
Stéphane Boucher

4. Résultat : arbre de consensus Avant l’examen des synapomorphies, il est nécessaire


de faire quelques remarques sur la nomenclature. Il existe
L’analyse effectuée par Branch & Bound dévoile deux arbres en effet, au regard du Code International de Nomenclature
également parcimonieux de 52 pas minimum, mais leur Zoologique (ICZN 1999), des erreurs à tous les niveaux
variante topologique n’affecte que les groupes externes (un du groupe famille.
seul arbre pour l’interne). Le CI est très élevé (0,923). De Afin d’être complet et de donner une vue d’ensemble
nombreux caractères non ambigus sont mis en évidence, sur la diversité de la famille, tous les genres validés sont
ainsi que les relations entre les regroupements d’espèces indiqués. Pour d’autres précisions, notamment celles ne
(taxons terminaux) préalablement constitués sur des auta- présentant pas d’ambiguïté, on se reportera de préférence
pomorphies (« plans de bases »). à GRAVELY (1914b, 1918), HINCKS & DIBB (1935, 1958),
Sans directive préalable, l’arbre de consensus strict (ci- REYES-CASTILLO (1970) et à la littérature plus récente.
dessous ; valeurs de Bootstrap en %) indique que les
Passalidae sont bien monophylétiques. Ils se dichotomi- PASSALIDAE Leach 1815
sent en deux clades également très solides : Passalinae et AULACOCYCLINAE Kaup 1868
Aulacocyclinae. Cette division correspond à la première AULACOCYCLINI Kaup 1868 s. nov.
qui a été faite pour la famille (KAUP 1869, 1871) et qui CERACUPINI n. trib.
fut reprise par tous les auteurs. PASSALINAE Leach 1815
Les Aulacocyclinae sont scindés en deux sous- PASSALINI Leach 1815 s. nov.
ensembles : Aulacocyclini et Ceracupini. C’est ce que suggé- PROCULINI Kaup 1868
rait FONSECA (1987), mais suivant des critères taxino- SOLENOCYCLINI Kaup 1871 s. nov., n. stat.
miques et avec une nomenclature différents. LEPTAULACINI Kaup 1871 s. nov., n. stat.
Les Passalinae sont scindés en cinq sous-ensembles : MACROLININI Kaup 1871 s. nov., n. stat.
Solenocyclini, Leptaulacini, Macrolinini, Passalini et
Proculini. Cela rejoint très partiellement les hypothèses de PASSALIDAE Leach 1815
KAUP (1869, 1871), mais beaucoup plus largement celles
de GRAVELY (1918), qui ont pourtant été abandonnées Les premiers auteurs à avoir évoqué le besoin de séparer
depuis plus de quarante ans. les espèces « passalidoïdes » des Scarabaeus de Linné sont
VOËT (1766 ? 1806) et OLIVIER (1789). Voët les nomma
Cupes, mais Olivier s’arrêta à l’idée d’une scission, sans
doute en référence à son prédécesseur. Par la suite, le
manque de considération des auteurs à l’égart de Voët
(notamment car il n’a pas suivi en permanence une nomen-
clature binominale), a conduit Cupes à la qualité de nomen
oblitum ou de synonyme (1).
Quant au taxon Passalidae, il provient d’une adapta-
tion de MAC LEAY (1819) de Passalida LEACH (1815) et
non pas, comme l’ont écrit plusieurs auteurs, du genre
Passalus Fabricius 1792. Malgré le signalement de ces faits
par PERCHERON (1835), peu d’auteurs s’en sont préoccu-
pés (voir par exemple L ACORDAIRE 1856). R EYES -
CASTILLO (1970) a fait une mise au point partielle sur le
sujet, laquelle semble avoir été généralement suivie depuis.
A l’origine de l’erreur figure aussi l’indexation habituelle,
au XIXe siècle, des seuls taxons du groupe genre en guise
5. Nouvelle classification et corrections de groupe famille actuel, comme l’ont fait par exemple
nomenclaturales
La plupart des noms des taxons reconstruits existaient déjà (1) L’existence d’une première édition de l’ouvrage de Voët, en 1766, a fait
dans la nomenclature et doivent être revalidés, mais tous l’objet de discussions (voir notamment HAGEN 1857, 1862). En revanche,
ont un sens nouveau par rapport à celui qui leur avait été d’autres auteurs, comme WEBER (1801), PERCHERON (1837) et plus récemment
BERTIN (1922), n’en ont pas douté. Des recherches effectuées à la Bibliothèque
attribué au départ. Les relations établies entre ces taxons Nationale de France, à Paris, confirment qu’une édition a parue avant celle de
par l’analyse conduisent, pour la première fois, à une clas- 1778, mais l’année 1766 reste incertaine. Ces éditions du XVIIIe siècle sont si
sification phylogénétique. Celle-ci diffère surtout de la rares que PANZER (1793), après en avoir fait paraître une en allemand (intégrale,
texte et planches), a été pris pour l’auteur original. D’ORBIGNY (1849) lui
classification typologique (voir p. 265) par ses tribus (leurs attribue ainsi par erreur le Passalide Cupes. OLIVIER (1789) est l’un des premiers
genres et leur répartition géographique). à avoir reconnu la valeur scientifique du travail de Voët.

318
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

W ESTWOOD (1834) et d’O RBIGNY (1849). AGASSIZ Ptichopus est également polyphylétique. L’espèce melzeri,
(1846), le premier, indiqua clairement la nomenclature à décrite du Brésil (Minas) par LUEDERWALDT (1927), est
suivre, telle que : Passalida Leach, Passalidae Mac Leay, une chimère (FONSECA & REYES-CASTILLO 1994). La
Passalus Fabricius. LAWRENCE & NEWTON (1995) sont photographie du type (LUEDERWALDT 1931), seul exem-
parmi les quelques auteurs à avoir cité Leach comme auteur plaire connu à ce jour, montre clairement la tête et le thorax
des taxons du groupe famille dérivés de Passalida. caractéristiques d’un Ptichopus angulatus (Percheron), tandis
La désignation de l’espèce type Passalus interruptus que l’arrière-corps est celui d’un Passalus s.l. (non identi-
(L. 1758), par fixation subséquente, fut attribuée par les fiable de la sorte). D’autre part, les espèces décrites récem-
auteurs à ZANG (1905c). WESTWOOD (1834) est cepen- ment, aussi du Brésil, par FONSECA & RIBEIRO (1993) et
dant prioritaire par un acte similaire et explicite qui n’a FONSECA & REYES-CASTILLO (1994), sont en réalité des
jamais été mentionné. Pertinax du groupe de P. venerabilis (Kuwert 1898). On
en conclut les modifications suivantes : Ptichopus melzeri
AULACOCYCLINAE Kaup 1868 (Luederwaldt) n. syn. de P. angulatus (Percheron), Pertinax
carajaensis (Fonseca & Ribeiro) n. comb. et Pertinax
Aulacocyclini Kaup 1868 s. nov. hylauius (Fonseca & Reyes-Castillo) n. comb. Le genre
Ptichopus est monospécifique et endémique de la Méso-
Aulacocyclus Kaup 1868
Amérique (voir p. 262). Ces diverses erreurs sont à l’ori-
Comacupes Kaup 1871 gine d’invraisemblances biogéographiques formulées par
Taeniocerus Kaup 1871 les auteurs sus-cités.
Taxon indo-malo-australasien. Espèce type : Aulaco- Les Passalini sont néotropicaux (auparavant pantropi-
cyclus edentulus (Mac Leay 1827), par fixation subséquente caux).
de GRAVELY (1918).
Proculini Kaup 1868
Ceracupini n. trib. Pseudacanthus Kaup 1869
Ceracupes Kaup 1871 Undulifer Kaup 1869 s. nov.
Cylindrocaulus Fairmaire 1880 Vindex Kaup 1871
Xylopassaloides Reyes-Castillo et al. 1987
Taxon répandu en Chine continentale, Taiwan, Proculus Kaup 1868
Indochine et Japon. Espèce type : Ceracupes fronticornis Proculejus Kaup 1868
(Westwood 1842), par monotypie originale. Ogyges Kaup 1871
Oileus Kaup 1869
PASSALINAE Leach 1815 Chondrocephalus Kuwert 1896
Petrejoides Kuwert 1891 s. str.
Ce taxon nominatif n’est pas attribuable à GRAVELY (1918),
Yumtaax n. g.
contrairement à l’avis de REYES-CASTILLO (1970), mais à
Popilius Kaup 1871 s. nov.
LEACH (1815), l’auteur de Passalida (par coordination).
En revanche, la définition des Passalinae ayant été modi- Spurius Kaup 1871
fiée par REYES-CASTILLO (1970), l’indication « sensu Reyes- Heliscus Zang 1905 s. nov.
Castillo 1970 » aurait pu être ajoutée. Odontotaenius Kuwert 1896 s. nov.
Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970
Les Passalinae sont pantropicaux (pas de modification
sur ce point). Arrox Zang 1905 s. nov., n. stat.
Verres Kaup 1871
Passalini Leach 1815 s. nov. Veturius Kaup 1871 s. nov.
V. (Veturius) Kaup 1871 s. str.
Passalus Fabricius 1792 V. (Publius) Kaup 1871
Paxillus Mac Leay 1819 V. (Ouayana) n. subg.
Spasalus Kaup 1869
Ptichopus Kaup 1869 Après KAUP (1868), cette tribu a été diversement défi-
Passipassalus Fonseca & Reyes-Castillo 1993 nie. REYES-CASTILLO (1970) apporta les dernières modi-
fications importantes, lesquelles, peu contestables dans
Pour les mêmes motifs que les Passalinae, ce taxon leurs grandes lignes, sont modifiées ou complétées par
nominatif n’est pas attribuable à REYES-CASTILLO (1970). l’analyse phylogénétique. La tribu intègre à peu près les
Les cinq genres proviennent de la tribu sensu R EYES - mêmes genres, mais la recherche des autapomorphies
CASTILLO (1970). Passalus, polyphylétique, nécessitera un montre qu’il en existe un ou deux à supprimer (Coniger
démantèlement important (voir p. 328). Zang, sans doute aussi Pseudoarrox Reyes-Castillo) et deux

319
Stéphane Boucher

à ajouter (Yumtaax, issu de Petrejoides s. auct., et Arrox Tiberioides Gravely 1913


n. stat.). En outre, la recombinaison d’espèces de divers Episphenus Kaup 1871 n. stat.
genres et la rétrogradation de Publius comme sous-genre Ophrygonius Zang 1904
de Veturius s’avèrent indispensables. Aceraius Kaup 1868
Le genre Proculus étant bien entendu le genre type (par Pelopides Kuwert 1896
coordination), sa désignation ne peut être attribuée à Plesthenus Kaup 1871
REYES-CASTILLO (1970). Espèce type : P. goryi (Melly Paratiberioides Iwase 1994
1833), par fixation subséquente de GRAVELY (1918). Analaches Kuwert 1891
Les Proculini sont néotropicaux (pas de modification Cetejus Kaup 1871
sur ce point). Labienus Kaup 1871
Protomocoelus Zang 1906
Solenocyclini Kaup 1871 s. nov., n. stat. Gonatas Kaup 1871
Solenocyclus Kaup 1868 Tarquinius Kuwert 1891
Stephanocephalus Kaup 1869 Pseudepisphenus Gravely 1914
Vitellinus Kuwert 1891 Hincksius Boucher 1993
Ciceronius Kaup 1871 Mastochilus Kaup 1868
Flaminius Kuwert 1891 Pharochilus Kaup 1868
Semicyclus Kaup 1871 Austropassalus Mjöberg 1917
Pentalobus Kaup 1868 Ce taxon a été décrit en même temps qu’Aceraieae Kaup
Didimus Kaup 1871 1871, qui en est synonyme. Les Macrolinini s. nov., sont
Erionomus Kaup 1868 toutefois plus proches, dans leur présente redéfinition, des
Ce taxon redéfini correspond en partie aux Macrolininae Kaup 1871, sensu G RAVELY (1918). Ils
Solenocycleae Kaup 1871. Il est prioritaire sur ses syno- regroupent une vingtaine de genres issus de la tribu pantro-
nymes de rang supérieur Eriocnemiae et Eriocneminae picale Passalini, sensu REYES-CASTILLO (1970). Un genre
Kaup 1871, dont le genre type Eriocnemis Kaup 1868 est est revalidé (Episphenus, endémique de Sri Lanka). Espèce
homonyme d’Eriocnemis Reichenbach 1849 [Aves] (et non type : Macrolinus latipennis (Percheron 1841), par fixation
Reiche 1853, comme l’ont indiqué HINCKS & DIBB 1935). subséquente de GRAVELY (1918).
Espèce type : Solenocyclus exaratus (Klug 1832), par mono- Les Macrolinini sont indo-malo-australasiens. On
typie originale. notera ici l’apophyse, nouvelle, qui s’étend depuis le Sud-
Les Solenocyclini regroupent neuf genres d’Afrique ou Népal jusqu’au Pakistan oriental (fig. 2). Ceci prolonge
de Madagascar, tous issus de la tribu pantropicale Passalini, de plus de 1 000 km les limites occidentales auparavant
sensu REYES-CASTILLO (1970). Il faut préciser, étant donné connues pour la famille en Asie. L’espèce examinée du
ce qu’on peut encore lire dans des publications, que Pakistan, typiquement pré-himalayenne, est Ophrygonius
Stephanocephalus (endémique malgache) est synonyme de cantori (Percheron) et provient de forêts mixtes à Conifères
Malagasalus Gravely 1918 (BOUCHER 1989). et Rhododendron de la région de Nathiagala (J. Kaláb leg.
2000). La présence de Passalides au Pakistan corrobore la
Leptaulacini Kaup 1871 s. nov., n. stat. phytogéographie et la climatologie régionales, qui forment
les limites écologiques propices pour la famille (voir
Leptaulax Kaup 1868
notamment D OBREMEZ 1976, CNRS 1981, S ILL &
Trichostigmus Kaup 1871
KIRKBY 1991)
Ce taxon comprend deux genres indo-malo-papous
issus de la tribu pantropicale Passalini, sensu R EYES - 6. Synapomorphies des taxons
CASTILLO (1970). Leptaulax est très largement répandu,
tandis que Trichostigmus est endémique des archipels des 6.1. La famille des Passalidae
Philippines et de Sulawesi (BOUCHER 1992). Espèce type : Caractères non ambigus. Huit caractères matriciels non
Leptaulax dentatus (Fabricius 1792), par fixation subsé- ambigus soutiennent le monophylétisme de la famille
quente de GRAVELY (1918). (fig. 197). Quatre sont liés aux appendices buccaux, deux
aux structures dorso-céphaliques, un au mésothorax et un
Macrolinini Kaup 1871 s. nov., n. stat. aux pattes III larvaires.
Serrulus Hong 1983 [fossile] 1. Dents mandibulaires apicales (caractère 3 : dsa + dma
Macrolinus Kaup 1868 + dia). Les Passalides ont dans leur plan de base trois dents
Cacoius Boucher 1993 apicales, que l’on ne retrouve jamais de la sorte chez les
Pleurarius Kaup 1868 groupes externes. De nombreuses espèces n’en ont toute-

320
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

4. Labre (car. 14 : l). Il est grand, spatulé, coriace et


coulisse en s’invaginant presque en entier dans la cavité
buccale (fig. 18). Chez les Chironidae il est très compa-
rable, mais plus petit et moins mobile. Une homologie,
primitivement, n’est pas à exclure entre les deux familles.
5. Structure médio-post-frontale (car. 25 : smpf). Le tuber-
cule central appartient au plan de base des Passalidae. Il
n’existe chez aucun autre Scarabaeoidea, en dépit de conver-
gences dans diverses familles, surtout chez les Scarabaeidae.
On peut admettre que tout ou partie de la structure médio-
post-frontale est une autapomorphie des Passalidae, laquelle
est ainsi constituée d’un tubercule central flanqué de chaque
côté d’un tubercule latéro-postérieur et en avant d’une
paire de rides frontales. L’absence de rides frontales posté-
rieures et de tubercules latéro-postérieurs chez les
Aulacocyclinae serait une perte ; l’étirement tégumentaire
très important en avant et sur les côtés est à l’origine de
l’exposition clypéale complète et de la surélévation des
arêtes supra-oculaires (fig. 21-24). Chez le Ceracupini
Cylindrocaulus, l’absence de tubercule central est une syna-
pomorphie par réversion, qui est due en partie au déve-
loppement hypertélique des arêtes supra-oculaires (fig. 22-
24). Chez plusieurs genres de Passalinae, l’absence totale
ou presque du tubercule central, ou même de l’ensemble
de la structure médio-post-frontale, est aussi une réversion
(par exemple le Proculini Spurius).
6. Aires latéro-post-frontales (car. 26 : alpf). Cette région
qui borde le tubercule central et les tubercules latéro-posté-
rieurs est nettement concave chez tous les Passalidae. Le
statut autapomorphe de cet état est probable parmi les
Scarabaeoidea (fig. 3 et suiv.).
7. Scutellum (car. 34). Tous les Passalidae ont le scutel-
lum développé, bien visible en vue dorsale, mais il est situé
en avant et en deçà du bord supérieur des élytres ; ce carac-
tère est typiquement passalidoïde (figs. 1, 250b). Chez les
Chironidae il est peu distinct car en grande partie inséré
entre les élytres, tandis que chez de nombreux Scarabaeinae
coprophages il est visible dorsalement, mais jamais autant
Figure 197
que chez les Passalides.
Relations phylogénétiques des taxons du groupe famille des Passalidae. – 8. Pattes III larvaires (car. 35). L’atrophie de la troi-
Arbre de consensus strict (phylogramme). Les caractères matriciels non sième paire de pattes larvaires existe chez toutes les espèces
ambigus sont indiqués sur les branches.
et a été remarquée dès le début du XIXe siècle. La première
description détaillée est due à S CHIÖDTE (1874).
H EYMONS (1929), B ÖVING & C RAIGHEAD (1931),
fois que deux, en particulier des Aulacocyclinae Ceracupini PAULIAN (1943), KRAUSE & RYAN (1953), parmi d’autres
et des Passalinae Passalini, Proculini et Macrolinini. Ce auteurs, l’ont par la suite très bien montré. L’appendice a
dernier état est dérivé et très homoplasique (fig. 25-38). perdu son rôle ambulatoire au profit de celui d’organe stri-
2. Processus hypostomaux (car. 9 : ph). Ils sont toujours dulatoire. Le tibia très réduit, dentelé et fortement scléro-
développés, plus hauts et plus longs que chez les autres tisé sur sa marge antérieure, frotte la coxa selon le principe
Scarabaeoidea (fig. 223, 224). d’un instrument à cordes (fig. 199). Une adaptation compa-
3. Ligule (car. 13). Elle est exposée, de grande taille, rable, mais moindre, est convergente chez des Scarabaeidae
entièrement sclérotisée et située en avant du mentum copro-nécrophages et grégaires, comme des Geotrupidae
(fig. 226-227). L’état est autapomorphe parmi les (PAULIAN 1939). Ce caractère autapomorphe est l’un des
Scarabaeoidea. plus remarquables des Passalides et permettrait, à lui seul,

321
Stéphane Boucher

de ne pas douter du monophylétisme de la famille (à ce


propos, voir aussi GREBENNIKOV & SCHOLTZ 2004). Il
n’est pas signalé par FONSECA (1987).
Autres caractères informatifs, mais ambigus. Deux carac-
tères mandibulaires méritent d’être soulignés bien qu’ils
soient ambigus à l’issue de l’analyse : les dents internes
inférieures et l’appendice basal droit.
1. Dents mandibulaires internes inférieures (car. 4 : dm).
Ces dents, sous la forme mobile, sont une autapomorphie
de la famille. Toutefois, elles sont fixes chez les Aulacocyclini
et aucune marque liée à la perte éventuelle de leur mobi-
lité n’est perceptible (fig. 25). On peut alors suggérer qu’une
réversion a eu lieu précocement dans ce groupe, peu après
la cladogenèse des Aulacocyclinae.
2. Appendice basal droit (car. 6 : abd). A l’inverse des
dents mobiles, l’appendice basal droit est absent chez tous
les Aulacocyclinae (fig. 38). Aucun apodème, même sous
la forme de trace, n’est perceptible à la base de la table
molaire. Il s’agirait aussi d’une réversion, mais plus ancienne
encore, chez l’ancêtre de la sous-famille. La présence d’ap-
pendices très comparables, mais pairs, chez le Trogidae
Trox, est remarquable. L’homologie n’est cependant pas
établie formellement avec les Passalidae. En tout état de
cause, ce caractère ne devrait pas être négligé dans de futures
études comparables.
Caractères non utilisés dans l’analyse. D’autres carac-
tères informatifs, exosquelettiques, ou internes et liés à des
structures ecto- ou endodermiques, ont été relevés sur la
larve et l’imago. Ils n’ont cependant pas été utilisés car ils
nécessiteraient de plus amples recherches et un important
travail. Il sont surtout localisés sur le postabdomen et sur
les genitalia mâles et femelles (voir l’analyse des Proculini,
chap. II), sur les pièces buccales, le cadre tentorial et le
proctodéum.

Figures 198-199
6.2. La sous-famille des Aulacocyclinae Larves de Passalidae, schémas pour la famille. – 198, Tête (dorsal) du Proculini
Pseudacanthus subopacus (Bates), Guatemala (d’après SCHUSTER & REYES-
Caractères non ambigus. Ce taxon est aisément recon- CASTILLO 1981, simplifié). – 199, Tête et thorax (latéral) d’un Solenocyclini
naissable et n’a pas fait l’objet, contrairement aux Passalinae, (Afrique), avec détail de l’appareil stridulatoire montrant le peigne formé
de modification notoire depuis sa création par KAUP par la patte III atrophiée frottant sur le segment II micro-strié.
(1868). Son monophylétisme est soutenu par quatre auta-
pomorphies, dont trois semblent nouvelles (fig. 197).
1. Fossettes infra-mandibulaires (car. 8). Ces petites R EYES -C ASTILLO (1997) l’ont signalé et figuré chez
fossettes longilignes, plus ou moins crevassées, sur la face Cylindrocaulus.
ventrale des mandibules, ne sont pas homologues avec les 3. Arêtes supra-oculaires (car. 31 : aso). Elles sont toujours
concavités qui existent chez divers Passalinae, en particu- fortement développées en arêtes vives ou hypertéliques, ce
lier Proculini (fig. 224). qui est autapomorphe parmi les Scarabaeoidea (fig. 21-24).
2. Apex des laciniae (car. 12). Il est toujours bifide chez Si leur conformation est bien distincte entre Aulacocyclini
les Aulacocyclinae et simple chez les Passalinae. Cet état et Ceracupini, leur origine commune dans la sous-famille
autapomorphe peut être très discret selon les espèces et est peu discutable.
selon les genres, mais son omniprésence est avérée. On le 4. Nervation alaire (car. 37). La présence, sur les ailes
voit mieux chez les spécimens immatures. BOUCHER & membraneuses, d’une seule nervure entre la cubitale et la

322
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

première anale complète est une autapomorphie. Il existe cause, la perte est homoplasique avec de nombreuses espèces
toujours deux nervures chez les Passalinae (fig. 256). Ce de chaque tribu de Passalinae.
caractère est le seul des quatre mentionnés qui soit cité
dans la littérature, en particulier depuis REYES-CASTILLO Aulacocyclini s. nov. Le monophylétisme de la tribu est
(1970). La morphologie alaire est discutée plus en détail soutenu par cinq autapomorphies très nettes :
concernant Veturius (chap. III, p. 384). 1. Dents mandibulaires internes inférieures (dii). La perte
de la mobilité de ces dents est propre à la tribu (fig. 25 ;
Les autres « caractères clés » auparavant utilisés pour comparer avec les Ceracupini fig. 26-27). Néanmoins, la
distinguer la sous-famille (REYES-CASTILLO 1970) sont conformation et la topographie identiques des dents chez
en réalité des symplésiomorphies partagées avec au moins les deux tribus met en relief leur plan de base commun.
un des groupes externes : présence de cinq ventrites visibles La phylogénie suggère que la forme mobile est une auta-
(au lieu de six), prosternum situé en deçà des coxae (et non pomorphie de la famille ; c’est donc une plésiomorphie
au même niveau) et corps sub-cylindrique (non aplati chez les Aulacocyclinae et une apomorphie (par réversion)
dorso-ventralement). chez les Aulacocyclini.
2. Dents mandibulaires dorsales (dd). Elles sont toujours
Caractères non utilisés dans l’analyse. Pour les mêmes en arêtes vives et hautes (fig. 25).
raisons que pour le taxon Passalidae, d’autres caractères 3. Arêtes supra-oculaires (aso). Elles sont horizontales,
apparemment informatifs n’ont pas été utilisés dans l’ana- mais hautes et vives (fig. 21).
lyse. Ce sont en particulier la conformation du mentum, 4. Sillon des trochanters antérieurs. Toutes les espèces
des genitalia mâles et femelles, ainsi que : ont un petit sillon longitudinal sur la face inférieure de
Tables molaires (tm). Elles sont de grande taille dans la l’appendice, ce qui n’existe dans aucun autre groupe de la
sous-famille ; divers détails montrent qu’elles sont diffé- famille.
rentes de celles des Passalinae, ce qui mériterait d’être appro- 5. Tubercule central (tc). Le sommet du tubercule central
fondi (fig. 25-27). est creusé en gouttière longitudinale (fig. 21). La perte
Fossettes ventrales des mandibules. En plus des petites (réversion) de cette gouttière existe toutefois chez plusieurs
fossettes ventrales typiques des Aulacocyclinae, on observe espèces des genres Aulacocyclus et Comacupes.
une nette concavité externe sur le tiers basal des appen-
Ceracupini n. trib. Le monophylétisme de la tribu est
dices. Ce caractère semble être une autre autapomorphie.
soutenu par quatre autapomorphies.
Dents mandibulaires internes supérieures (dis). Toutes 1. Arêtes supra-oculaires (aso). Elles sont hypertéliques
les espèces de Nouvelle-Calédonie ont chaque dent interne (épineuses et simples ou ramifiées ; fig. 22-24), ce que l’on
avec deux sommets principaux aigus, plus un renflement ne retrouve chez aucun Aulacocyclini.
arrondi supérieur (fig. 25). Les autres espèces de la tribu 2. Tubercule central (tc). Il a entièrement régressé chez
ont trois sommets principaux aigus, les deux inférieurs Cylindrocaulus et est hypertélique chez Ceracupes (fig. 22-
étant eux-mêmes bifides (parfois peu distinctement). Cet 24). Une perte convergente est propre au Passalinae
intéressant caractère indiquerait le monophylétisme de la Proculini Spurius.
faune néo-calédonienne, confirmant ainsi l’hypothèse d’iso-
3. Trochanters antérieurs. Toutes les espèces ont une
lement insulaire ancien formulée par BOUCHER (1991).
petite fossette médiane sur la face inférieure de l’appen-
Lobe inciseur. Les dents apicales sont sur un même plan dice, ce qui n’existe chez aucun autre Passalide.
vertical, comme chez les Passalinae Passalini et Proculini, 4. Dents mandibulaires dorsales (dd). Elles sont, soit
mais les dents supérieures (dsa) sont en retrait de la médiane hypertéliques (Ceracupes), soit atrophiées et crevassées
(fig. 25-27). Dans le genre Cylindrocaulus les dents supé- (Cylindrocaulus) (fig. 25-27).
rieures ont régressé, de telle sorte que l’on ne distingue
plus leur position initiale. Les Aulacocyclini ayant la dent 6.3. La sous-famille des Passalinae
supra-apicale dédoublée en deux sous-unités superposées
et plus ou moins nettes est exceptionnellement conver- Ce taxon est le plus diversifié en tribus et en genres et
gente chez les Passalinae, comme par exemple le regroupe plus des trois quarts des espèces de la famille.
Macrolinini Ophrygonius koni Boucher, de Bornéo. Treize états de caractères non ambigus soutiennent son
monophylétisme (fig. 197).
Aulacocyclini et Ceracupini. Après ARROW (1907), 1. Habitus dorso-ventral (car. 1). Le rapport épaisseur /
plusieurs auteurs ont distingué ces deux taxons (mais sans largeur du corps est toujours différent (d’où le terme d’ha-
les nommer) par l’absence (Aulacocyclini) ou la présence bitus « aplati dorso-ventralement » typique de la sous-
(Ceracupini) d’une « suture » entre les paramères et la phal- famille), alors qu’il est à peu près égal (« subcylindrique »)
lobase. La perte, ou la persistance, de cette marque doit chez les Aulacocyclinae et chez les groupes externes. Ce
être confirmée pour toutes les espèces. En tout état de caractère fut signalé par KAUP (1871).

323
Stéphane Boucher

2. Processus hypostomaux (car. 10 : ph). Leur plus grande 13. Ventrites visibles (car. 38). Le ventrite II est invi-
largeur est sur un plan horizontal ; elle est sur un plan verti- sible chez les Aulacocyclinae et visible chez les Passalinae.
cal chez les Aulacocyclinae et chez les groupes externes. Ces derniers sont peut-être les seuls Scarabaeoidea a le
3. Exposition clypéale (car. 17). Seuls les Passalinae présenter.
présentent, à leur nœud basal, une « exposition » partielle, Le monophylétisme des tribus de Passalinae est surtout
médiane, du clypéus, laquelle a ensuite évolué différem- soutenu par des caractères des mandibules, du clypéo-front
ment selon les tribus, surtout chez les Proculini. L’« expo- et des massues antennaires.
sition » est totale chez les Aulacocyclinae et chez d’autres
Scarabaeoidea (fig. 3-20), mais selon des processus diffé- Solenocyclini-Leptaulacini-Macrolinini. Deux autapo-
rents (voir paragraphe 6.4.). Ce caractère fut en partie morphies caractérisent ce clade :
signalé par KAUP (1868, 1871). 1. Lobe inciseur (car. 2). Les trois dents apicales sont
4. Fossettes latéro-clypéales (car. 18 : flc). Ce caractère, sur deux plans différents (dsa + dma et dia ; fig. 28-36).
voisin du précédent par sa topographie, correspond aux 2. Dents mandibulaires extra-basales (car. 7 : deb). Elles
parties latérales du clypéus qui s’« exposent », de part et sont bien développées. Une régression notable existe chez
d’autre de l’aire clypéo-frontale médiane. Chez les Passalinae le Macrolinini indien Pleurarius et chez les Solenocyclini
l’origine clypéale des fossettes est avérée par leur tégument malgaches Solenocyclus, Ciceronius, Stephanocephalus et
granuleux, qui contraste avec le tégument lisse du reste du Semicyclus.
crâne (fig. 3-20). Une exception sont les Leptaulacini, qui Solenocyclini-Leptaulacini. Quatre autapomorphies
ont les fossettes presque lisses, mais plus ou moins séti- soutiennent le monophylétisme du clade.
gères. Une réduction des fossettes est bien visible chez les
1. Processus hypostomaux (car. 11 : ph). Ils sont contre
Proculini (fig. 16-17), dans une moindre mesure aussi chez
le mentum, parfois même accolés.
les genres de Solenocyclini malgaches Stephanocephalus et
2. Tubercules latéro-frontaux secondaires (car. 21 : tlf2).
Vittelinus (fig. 5).
Ces tubercules sont plus ou moins discrets, mais néan-
5-8. Tubercules latéro-frontaux (car. 20 : tlf), rides fron- moins présents chez toutes les espèces (fig. 3-6). Ils sont
tales antérieures et postérieures (car. 23, 24 : rfa, rfp) et tuber- bien distincts chez les Solenocyclini, où ils peuvent avoir
cules latéro-postérieurs (car. 28 : tlp). Les états sont synapo- fusionné avec les tubercules latéro-frontaux (par exemple
morphes, mais les caractères devaient exister chez l’ancêtre le genre malgache Stephanocephalus, fig. 5). Chez les
des Passalidae. Ils ont plus ou moins entièrement disparus Leptaulacini ils sont petits à très petits, parfois réduits à
chez les Aulacocyclinae lors de l’« exposition » clypéale et une simple arête ou un mamelon, mais ils n’ont jamais
de la surélévation des arêtes supra-oculaires. Des conver- fusionné (fig. 6).
gences existent chez quelques Proculini et Passalini améri- 3. Tubercules médio-frontaux secondaires (car. 22). Ils
cains, mais apparemment chez aucun autre Passalinae de sont pairs ou impairs et plus ou moins développés chez
l’Ancien Monde. toutes les espèces (fig. 3-6). Ils sont absents chez les
9. Fossettes épicrâniennes (car. 29 : fec). Absentes chez Macrolinini et existent par convergence chez divers genres
les Aulacocyclinae, ces fossettes existent chez tous les de Passalini (fig. 14-15).
Passalinae, mais leur conformation diffère selon les tribus 4. Ponctuations dorso-céphaliques (car. 27). Tout ou
(fig. 3-17). partie du front et des aires latéro-post-frontales de toutes
10. « Angles antérieures de la tête » (car. 30 : aat). Ce les espèces ont des ponctuations rondes et granuleuses.
caractère n’est pas homologue entre les deux sous-familles. Certaines espèces en sont couvertes, comme Pentalobus et
Il correspond, chez les Passalinae, à la marge externe des Leptaulax (fig. 3, 6) ; d’autres n’en ont que quelques plages
fossettes épicrâniennes (fig. 3-17), et chez les Aulacocyclinae discrètes ou des traces, comme Erionomus et
et les groupes externes, à la marge externe du clypéus Stephanocephalus (fig. 4-5), ce que l’on retrouve nullement
(fig. 21-24). chez les Macrolinini et seulement sur l’aire frontale anté-
11. Saillie prosternale (car. 32). Les Passalinae sont les rieure de quelques genres de Passalini (fig. 14).
seuls à avoir le prosternum aussi élevé que les coxae. Ce
En outre, les deux tribus ont la structure clypéo-fron-
caractère est connu depuis KAUP (1868) pour distinguer
tale symétrique et les fossettes épicrâniennes larges et subpa-
la sous-famille (clairement figuré par GRAVELY 1914a).
rallèles. Seuls les Passalini et les Proculini sont proches de
12. Sillon antéro-pronotal (car. 33). Le développement ce type.
complet de ce sillon est permanent chez les Aulacocyclinae,
dans une moindre mesure chez les groupes externes. Solenocyclini. Le monophylétisme de ce groupe d’une
L’homologie est donc incertaine. Mais tous les Passalinae dizaine de genres est soutenu par une autapomorphie :
ont un sillon incomplet, sauf convergences rarissimes, Dents mandibulaires internes supérieures (dis). Ces dents
comme chez l’espèce malgache Solenocyclus exaratus (Klug). ont la forme d’une spatule horizontale (fig. 28-30, 39).

324
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Elles ont parfois régressé sur chaque mandibule en longueur tandis que l’angle des rides frontales antérieures, agrandi
et en largeur, comme chez le genre malgache Stephano- par ces déplacements du tégument, est toujours plus obtus
cephalus (fig. 28). que chez les autres Passalinae. Cette observation est aisée
sur n’importe quel spécimen (voir paragraphe 6.4).
On notera par ailleurs que chez les genres africains
2. Tubercules secondaires médians (car. 22 ; tmf2). Ils
Pentalobus et Erionomus, les massues antennaires ont acquis
existent ponctuellement et sont pairs ou impairs. Chez
secondairement un à deux article(s) supplémentaire(s) (tétra-
divers genres de Passalini ils sont bien visibles. Ils ont
et pentaphyllies). Ce caractère n’est évidemment pas une
régressé chez les autres genres et chez presque tous les
synapomorphie de la tribu, mais il méritait d’être souligné
Proculini. Dans cette tribu, c’est une conséquence de l’im-
car il est notifié différemment dans la matrice (car. 16).
portante « exposition » clypéo-frontale. Ils sont convergents
Leptaulacini. Le monophylétisme de ce groupe de deux avec les Solenocyclini et les Leptaulacini.
genres est soutenu par deux autapomorphies :
Comme chez les autres tribus de Passalinae, on notera
1. Fossettes latéro-clypéales (flc). Ces fossettes ont perdu
également la conformation particulière des dents internes
leur tégument granuleux au profit d’un tégument presque
mandibulaires (fig. 40-48). L’homologie ne fait pas doute
lisse et quelque peu sétigère (car. 18).
entre les Passalini, même si quelques exceptions peuvent
2. Dents internes supérieures mandibulaires (dis). La
prêter à confusion, comme le genre monospécifique
présence, sur ces dents, de trois cônes disposés sur un même
Passipassalus (fig. 42) ou les espèces du groupe de Passalus
plan horizontal est apparemment propre à ce groupe.
guatemalensis (fig. 41). Quant aux Proculini, nous avons
Établir l’homologie des cônes de chaque dent demande de
vu que la profonde transformation de ces dents, sans égale
plus amples recherches.
dans la famille, nécessite de plus amples recherches afin
Macrolinini. Le monophylétisme de ce groupe d’une ving- d’établir les homologies des détails (fig. 43-48).
taine de genres est soutenu par des caractères liés à l’archi-
Passalini. Ce vaste groupe comprend peut-être plusieurs
tecture clypéo-frontale, qui est autapomorphe (fig. 7-13).
centaines d’espèces, mais actuellement moins d’une dizaine
On notera en particulier les trois suivants :
de genres. Les genres sont en réalité plus nombreux si l’on
1. Fossettes épicrâniennes (fec). Elles sont triangulaires,
tient compte des synonymes qui doivent être revalidés. Les
avec le plus étroit sommet en arrière (car. 29). Les sutures
Passalini sont soutenus par une seule autapomorphie, qui
épicrâniennes sont donc convergentes (subparallèles à diver-
est aussi l’une des rares, parmi celles des taxons du groupe
gentes chez les autres Passalinae). Ces états de caractères
famille, à ne pas être pleinement convaincantes (voir ci-
sont très visibles chez toutes les espèces. L’élargissement
après 6.6, Évolution des spolons supérieurs des protibias, et
des fossettes est une conséquence de la compression bila-
chap. II) :
térale du clypéo-front.
Fossettes latéro-clypéales (flc). Elles sont particulièrement
2. Tubercules médio- et latéro-frontaux (tmf, tmf2). Ces
développées chez toutes les espèces (fig. 14-16, 19-20).
tubercules sont superposés et (ou) étirés plus ou moins
fortement vers l’avant (car. 19). Cette disposition résulte D’autres caractères certainement informatifs sont ceux
aussi de la compression bilatérale du clypéo-front. des genitalia car ils diffèrent de ceux des Proculini et des
3. Massues antennaires. Elles sont hexaphylles (car. 16). autres Passalinae. Cependant, ils sont très diversifiés. De
Cet état est très rarement réversé, comme dans le genre plus amples recherches sont nécessaires pour en détermi-
Pleurarius ou l’espèce Aceraius aequalis (Gravely), qui n’ont ner les homologies des détails.
que trois à quatre articles. Le fossile Miocène chinois
Proculini. Le monophylétisme de ce groupe d’une ving-
Serrulus est, au moins, pentaphylle (les figures de ZHANG
taine de genres et d’environ 250 espèces est soutenu par
1989, ne permettent pas d’être affirmatif sur ce point).
une série de caractères liés au soulèvement dorsal très impor-
Passalini-Proculini. Deux autapomorphies soutiennent tant du clypéo-front (« exposition clypéale » des auteurs).
le monophylétisme de ce clade : On notera en particulier les trois autapomorphies
1. Tubercules médio- et latéro-frontaux (car 19 ; tmf, tlf). suivantes :
Ils sont rapprochés l’un de l’autre, alors que chez les autres 1. Exposition dorsale du clypéo-front. Celle-ci est maté-
Passalinae ils sont, soit bien séparés, soit superposés (fig. 14- rialisée par une plaque verticale à horizontale, épaisse à
20). De plus, ces tubercules ont presque toujours migré fine, lisse à grumeleuse, qui occupe toujours presque toute
en se permutant ; les latéraux prennent la place des médians, la largeur du clypéus.
passant par devant eux. Ceci est indiqué par le parcours 2. Sillon clypéo-frontal dorsal. Ce sillon sépare précisé-
des rides frontales antérieures, qui sont invariablement ment le front de la plaque clypéo-frontale (fig. 16-17). Il
connectées aux tubercules médians. En conséquence, les a toutefois régressé plus ou moins complètement chez les
tubercules latéraux deviennent plus « médians » que les genres du complexe Arrox-Verres-Veturius, ainsi que de
médians et les médians plus « latéraux » que les latéraux, façon ponctuelle, sans doute convergente et moins

325
Stéphane Boucher

marquée, chez des espèces des genres Vindex, Ogyges et Ces processus et cette morphologie du clypéo-front et
chez tous les Proculus (fig. 251-254). des rides et tubercules frontaux distinguent fondamenta-
3. Rides frontales antérieures et tubercules latéro-frontaux. lement les deux grandes lignées de la famille.
La perte de ces rides et tubercules est étroitement liée au
Solenocyclini et Leptaulacini
soulèvement clypéo-frontal, puisqu’ils lui sont immédia-
Rides et tubercules frontaux. Ces tribus ont en
tement postérieurs.
commun la structure clypéo-frontale symétrique et avec
D’autres caractères non abordés ici semblent également sept à huit tubercules frontaux, la plupart développés.
souligner le monophylétisme de la tribu, comme le proc- L’ensemble est élancé en avant et les fossettes épicrâniennes
todéum doté de diverticules simples (complexes chez les sont, en conséquence, subparallèles. Les différences sont
Passalini). Voir sur ce point les aperçus donnés par PEREIRA ainsi minces, au prime abord, entre un Pentalobus afri-
& KLOSS (1966), FONSECA (1987) et COSTA et al. (1988). cain et un Leptaulax asiatique (fig. 3, 6). Chez certains
Solenocyclini, comme Erionomus (africain) ou
Stephanocephalus (malgache), des variantes mineures sont
6.4. Remarques additionnelles sur les structures observables dans le développement des tubercules, dans
dorsales de la tête des Passalidae l’expansion du front (devenu antérieur aux tubercules
médio-frontaux chez Erionomus, fig. 4), ou dans l’expo-
L’intérêt phylogénétique et la complexité relative que
sition clypéale (importante chez Stephanocephalus, fig. 5).
présentent les structures dorsales de la tête amènent à faire
Cependant, on retrouve toujours la même disposition des
plusieurs remarques de synthèse sur les taxons du groupe
rides et des tubercules (tubercule central → rides fron-
famille.
tales et tubercules internes → tubercules médio-frontaux),
Passalinae et Aulacocyclinae avec de chaque côté un tubercule latéro-frontal (fig. 200).
Exposition clypéale. Chez les Passalinae, l’exposition Généralement, les tubercules latéro-frontaux secondaires
clypéale est toujours partielle et médiane (fig. 3-20, 202), des Leptaulacini sont moins développés, parfois obsolètes
même si, en apparence, elle semble parfois nulle ou au (fig. 6). L’homologie avec ceux des Solenocyclini ne fait
contraire occuper presque toute la largeur du cadre oral. toutefois pas de doute.
Les « angles antérieurs de la tête » ne sont donc pas direc-
Macrolinini
tement liés au clypéus mais aux côtés du front, et ils sont
Compression bilatérale du clypéo-front. Ce groupe
éloignés des sutures épicrâniennes par l’intermédiaire des
est le seul dont la symétrie originelle de la région clypéo-
fossettes homonymes.
frontale a été modifiée par une puissante compression bila-
En revanche, chez les Aulacocyclinae, l’exposition
térale de la partie antérieure de la tête. Cet événement
clypéale est complète sur toute sa largeur, soit jusqu’aux
majeur a surtout entraîné : 1, un élargissement antérieur
« angles antérieurs de la tête », lesquels coïncident alors avec
des fossettes épicrâniennes ; 2, une convergence du tracé
les sutures épicrâniennes, à la base des canthus oculaires
antérieur des sutures épicrâniennes ; 3, une régression des
(fig. 21-24, 201). Il n’y a donc jamais de fossettes épicrâ-
rides frontales antérieures ; 4, une inclinaison (souvent très
niennes et la partie antérieure du front, recouverte par le
forte) de l’aire médio-frontale ; 5, un étirement vers l’avant
clypéus, n’a (n’aurait plus ?) aucun tubercule ; ces derniers
des tubercules frontaux. Il n’y a aucune exception à cette
auraient été laminés et l’on ne distingue plus à leur place
règle, en dépit de divers degrés et de diverses variantes selon
qu’un bourrelet clypéal lisse et net.
les genres et les espèces (fig. 7-13). Les repères fournis par
Rides et tubercules frontaux. En retrait du clypéo- la conformation des fossettes et par le tracé des sutures
front, sur les aires médio-frontales et médio-post-frontales, épicrâniennes rendent cet héritage commun très visible
l’absence d’étirement tégumentaire latéral, depuis les arêtes (fig. 200).
supra-oculaires ou depuis le tubercule central, est presque Asymétrie de la région clypéo-frontale. Nous avons
permanente chez les Passalinae. Les tubercules internes et vu que tous les Passalidae ont les mandibules plus ou moins
latéro-postérieurs, les rides frontales, dans une moindre asymétriques. Chez les Macrolinini, la compression bila-
mesure les éventuelles stries et ponctuations, n’ont pas été térale à l’origine de la déformation de la région clypéo-
perturbés. Toutefois quelques exceptions existent, comme frontale est, elle aussi, nécessairement asymétrique. On
le Proculini Spurius, qui a perdu le tubercule central. En peut en déduire que cette déformation, bien qu’elle n’existe
relation avec ce caractère, GRAVELY (1918) a considéré dans aucune autre tribu, est peut-être liée, primitivement,
Spurius comme « primitif », mais c’est en réalité l’inverse. à celle des mandibules.
En revanche, chez les Aulacocyclinae, pratiquement toutes La région clypéo-frontale des Macrolinini est davan-
ces structures superficielles ont disparu très anciennement tage déformée du côté gauche. Il n’empêche que ce sont
au profit des arêtes supra-oculaires qui se sont fortement toujours autant les tubercules médio- et latéro-frontaux
développées (fig. 21-24). droits que gauches qui ont fusionné en gros tubercules

326
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

bifides. Ces tubercules « déplacés » sont de formes et de Le genre Pseudepisphenus. Indépendamment des
tailles très variables selon les espèces, mais un schéma caractéristiques décrites ci-dessus, il faut noter, dans le
commun dans leurs déformations est retrouvé entre toutes. genre néo-guinéen Pseudepisphenus, l’existence d’un unique
La compression asymétrique exercée sur la région clypéo- et asymétrique tubercule médio-frontal secondaire (fig. 12).
frontale, ainsi que la fusion des tubercules médio- et latéro- Dans le genre voisin Tarquinius, il n’y a pas un tel tuber-
frontaux, sont par ailleurs démontrées par l’empilement cule, mais les tubercules internes sont si antérieurs qu’ils
« en terrasses », caractéristique, du tégument clypéo-fron- pourraient faire croire en être des homologues (fig. 13).
tal. Cela est très net en vues frontale et latérale, surtout Une telle spécialisation de ces structures existant par conver-
chez Ophrygonius et Aceraius (fig. 9b, 10c, 11b). L’empile- gence dans diverses tribus, elle est à l’origine de confusions
ment et la compression bilatérale du tégument sont aussi anciennes (voir aussi le Solenocyclini Erionomus et le
matérialisés par le fait que la partie du clypéus située entre Passalini Passalus pugionifer, fig. 4, 15).
les tubercules médio-frontaux est devenue visible en vue
Passalini et Proculini
dorsale de l’Insecte (fig. 9-11), ce que l’on ne retrouve chez
aucun autre groupe de Passalides. Évolution générale de la structure clypéo-frontale.
Chez ces groupes, la structure clypéo-frontale est issue d’un
Lorsque la compression et l’asymétrie sont moindres,
processus différent et moins visible que celui des Macrolinini :
parfois même peu distinctes, comme chez Macrolinus,
un léger étirement bilatéral des bords frontaux sus-jacents
Cacoius, Tiberioides, Hincksius, Pharochilus ou Mastochilus,
et une compression bilatérale du clypéus sous-jacent. Il existe
les tubercules médio- et latéro-frontaux fusionnés sont peu
donc deux contraintes tégumentaires opposées sur deux
proéminents (fig. 7).
territoires superposés. Comme principales conséquences
Les déformations maximales, en termes de développe-
visibles sur le clypéo-front, les tubercules médio-frontaux
ment et d’asymétrie, sont par exemple celles des genres
sont en général plus « externes » que les latéraux-frontaux,
voisins Ophrygonius et Aceraius (fig. 10-11), chez qui le
l’angle des rides frontales postérieures est élargi (plus ou
tubercule gauche prend l’allure d’une véritable protubé-
moins obtus), les sutures épicrâniennes sont divergentes et
rance surplombant le labre. Dans ces conditions, le labre
les fossettes latéro-clypéales sont agrandies. Tout Passalini
lui-même est déformé afin de pouvoir coulisser normale-
ou Proculini a ainsi les rides frontales postérieures davan-
ment hors de la cavité buccale ; à sa base, il a une encoche
tage écartées, tandis que les fossettes latéro-clypéales sont
latérale qui lui évite de frotter contre le tubercule. Enfin,
plus ou moins visibles dorsalement, notamment leurs angles
une compression maximale peut aussi avoir provoqué une
antérieurs, surtout chez les Passalini (fig. 14).
déformation « lointaine », dépassant le cadre clypéo-fron-
Dans certains cas extrêmes, comme Pertinax domini-
tal, soit sur une grande partie de la tête. On observe ainsi,
canus, les fossettes latéro-clypéales sont si vastes qu’elles
chez certains Ophrygonius, Aceraius ou Plesthenus, que l’axe
couvrent dorsalement une partie des aires latéro-frontales
interoculaire n’est plus perpendiculaire à l’axe antéro-posté-
(fig. 19). L’origine clypéale de ces fossettes surdimension-
rieur du crâne, de même pour les tubercules internes et les
nées est démontrée par leur topographie et par leur tégu-
rides frontales et post-frontales (fig. 10-11).
ment rugueux typique du clypéus. Les Proculini ont
Malgré ce qu’ont affirmé certains auteurs, les diffé-
« dépassé » ce stade car leurs fossettes latéro-clypéales ont
rentes déformations tégumentaires céphaliques observées
le plus souvent régressé du fait de l’« exposition » clypéale.
ne représentent pas, le plus souvent, des marques de poly-
Chez les Passalini n’ayant pas perdu l’une ou l’autre
morphisme ou de polytypisme, mais autant d’espèces. Ce
paire de tubercules frontaux (comme Passalus punctiger,
sont alors, en réalité, d’excellents caractères taxinomiques,
contrairement à P. guatemalensis ou aux Pertinax ; fig. 14,
conduisant à reconsidérer l’interprétation de nombreux
18-20), l’axe primitif rides frontales – > tubercules médio-
taxons.
frontaux, bien visible, prouve que les tubercules latéro-
Disposition des tubercules et des rides frontaux. En
frontaux, situés davantage vers le milieu de la tête et passant
dépit de ces importantes modifications, la disposition
en avant des tubercules médio-frontaux, ont été entraînés
primitive des tubercules et des rides est respectée chez toutes
dans une compression du clypéus. Cela explique, chez les
les espèces de Macrolinini : tubercule central → rides fron-
Passalini et les Proculini, que les tubercules « externes »
tales et tubercules internes → tubercules médio-frontaux s. auct., correspondent en réalité aux tubercules médio-
(fig. 200). Cette permanence est l’un des caractères qui frontaux (régressés, le plus souvent) et non aux tubercules
soulignent le statut de groupe frère de la tribu avec le clade latéro-frontaux (fig. 200).
Solenocyclini-Leptaulacini. Il est néanmoins possible, mais
cela reste à approfondir, qu’il existe chez quelques genres L’hypothèse de deux déplacements tégumentaires oppo-
une permutation des tubercules médio-frontaux avec les sés dans la région clypéo-frontale, suivis de la permutation
latéro-frontaux, notamment, une nouvelle fois, chez partielle à totale des tubercules médio- et latéro-frontaux,
Ophrygonius et Aceraius. Il s’agirait alors d’une convergence a toutefois été source de difficultés d’interprétation au
avec les Passalini et les Proculini. cours de l’étude. Elle est en effet restée un temps douteuse

327
Stéphane Boucher

car non étayée par des arguments morphologiques aussi


convaincants que ceux utilisés pour les autres grands
groupes. Aucune forme intermédiaire n’était connue qui
puisse faire le lien avec le plan de base présumé de la famille.
La recherche fut toutefois récompensée par l’observation
d’une espèce suffisamment polymorphe du groupe de
Pertinax venerabilis (Kuwert) (1). Cette espèce inédite
provient des Andes d’Equateur et m’est connue par une
dizaine d’exemplaires. Or, on remarque parmi ceux-ci deux
positions bien distinctes des tubercules médio-frontaux
par rapport aux latéro-frontaux : ils sont internes (état
primitif ) ou superposés (état dérivé). Dans le premier cas
les rides frontales sont donc contiguës avec les seuls tuber-
cules médio-frontaux ; dans le second elles sont contiguës
avec les deux types de tubercules (fig. 20). Ceci concrétise
l’idée de la permutation des tubercules. On comprend alors
pourquoi il existe des espèces, dans divers groupes, dont
les tubercules sont superposés, au point de faire croire qu’il
n’y en a qu’un. On observe toutefois aisément, en vue laté-
rale, les deux tubercules fusionnés au-dessus du clypéus
(fig. 15, 18-20). Cet état est convergent avec des
Macrolinini, comme Macrolinus (fig. 7).

Le genre Passalus s. auct. Ce grand genre est poly-


phylétique. Des homoplasies sont à l’origine du regroupe-
ment confus des espèces. Toutefois, puisque dans cette
tâche les taxinomistes se sont presque exclusivement inté-
ressés aux caractères dorsaux de la tête, les espèces ayant
les structures médio-frontale et médio-post-frontale les
plus modifiées sont en théorie celles qui sont à l’origine
des principales erreurs d’interprétation. Il est donc indis-
pensable de repérer d’abord les homologies primaires sur
ce territoire afin d’en soulever les éventuelles homoplasies.
Un exemple est donné avec Passalus pugionifer (fig. 15).
Suivant le critère utilisé par LUEDERWALDT (1931), et qui
fut suivi par les auteurs, cette espèce a été classée dans le
groupe (« section ») des Petrejus car l’apex de son tubercule
central est proéminent. Or, dans ces conditions, les tuber-
cules médio-frontaux et latéro-frontaux superposés sont
situés en arrière du tiers apical du tubercule central. Sous
ce dernier, les tubercules médio-frontaux secondaires sont
invisibles dorsalement. Enfin, les rides frontales, entraî-
nées vers l’avant avec le tubercule central, ont une course
inversée jusqu’aux tubercules internes. Le plan de base
étant reconstitué, on observe que tous les autres caractères
examinés (habitus, appendices buccaux et thoraciques,
pronotum et élytres, soies, genitalia, etc.) démontrent l’af-
finité phylogénétique de l’espèce avec les Passalus s. str.
(comme P. punctiger, fig. 14) et non pas avec les Petrejus Figure 200
Phylogénie des Passalidae. Structures antéro-dorsales de la tête (schéma
typiques (tel le classique P. armatus Perty). À titre compa- synthétique dorsal, sans les appendices). – a, Aulacocyclinae Aulacocyclus. –
b-e, Passalinae. b, Macrolinini Ophrygonius. – c, Solenocyclini Pentalobus /
Leptaulacini Leptaulax. – d, Passalini Passalus. – e, Proculini Veturius.
Flèches : sens de déformation du clypéo-front.
(1) Espèce actuellement synonyme de Pertinax morio (Percheron), mais qui
doit être revalidée.

328
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

antérieure des pretentorinae, qui marque la limite posté-


rieure du clypéus. Or, cette marge coïncide précisément
avec la limite postérieure de la plaque clypéo-frontale.
Ceci est assez comparable à ce que l’on observe chez
les Aulacocyclinae, mais les deux processus sont très diffé-
rents. Chez les Proculini, seuls les deux tiers médians du
clypéus sont exposés et le clypéo-front comporte parfois
des tubercules frontaux relictuels (comparer fig. 16-17 à
21-24). Chez Xylopassaloides et Pseudacanthus, des tuber-
cules latéro- et médio-frontaux semblent exister sous forme
de traces, mais les homologies ne sont pas encore établies
de façon formelle. Dans tous les autres cas ces tubercules
sont reconnus, même s’ils ont presque totalement régressé.
Les tubercules latéro-frontaux ne subsistent plus qu’en
marge du clypéo-front, où ils forment les angles antérieurs
de ce dernier, tandis que les tubercules médio-frontaux
forment les angles postérieurs, en bordure du sillon. Les
tubercules médio-frontaux sont encore bien visibles en
tant que tels lorsque le clypéo-front n’est pas entièrement
Figures 201-202 soulevé (position inclinée), comme chez Odontotaenius
Phylogénie des Passalidae. Clypéo-front, schéma synthétique (profil). –
201a-d, Passalinae ; a-b, Solenocyclini ; c, Passalini ; d, Proculini. –
(fig. 16). En revanche, lorsque le clypéo-front est entière-
201e, Aulacocyclinae. – 202, Passalinae, Passalini. a, Passalus s. str.; b, Paxillus; ment soulevé (horizontal) et que le sillon est obsolète ou
c, Pertinax s. str. a disparu, les tubercules médio-frontaux ont eux aussi à
peu près disparu car ils ont fusionné avec les angles posté-
rieurs du clypéo-front. De la sorte, les tubercules médio-
ratif, on se reportera aussi aux genres de Macrolinini frontaux sont réduits chez Arrox, invisibles chez Verres,
Tarquinius et Pseudepisphenus (fig. 12-13) tandis que chez Proculus et Veturius les fossettes latéro-
frontales les ont engloutis dans leurs marges antérieures
L’« exposition clypéale » des Proculini. Le clypéus des (fig. 17, 251-254).
espèces de cette tribu est caractérisé par son soulèvement La perte, ou la subsistance, du sillon clypéo-frontal est
(« exposition » s. auct.) sous la forme d’une plaque plus ou considérée dans la littérature comme un critère taxino-
moins individualisée. Primitivement, cette plaque était sépa- mique générique pour les Proculini. Il existe en réalité des
rée du front par une limite tégumentaire nette, ou sillon genres ayant les deux formes, comme Vindex, Ogyges, peut-
clypéo-frontal. C’est ce que l’on voit encore, à des degrés être aussi Petrejoides s. nov. (voir chap. II, p. 347, 351).
variés, chez de nombreux genres. Xylopassaloides, à l’allure Dernièrement, SCHUSTER et al. (2003) ont observé un
de Passalini et qui s’avère de surcroît être l’un des plus basaux sillon sous forme de trace chez une espèce de Proculus.
dans la phylogénie de la tribu (chap. II), a un sillon de ce Cette information recoupe celle présentée ici sur l’affilia-
type, plus ou moins net et crevassé, situé en bordure du tion du genre avec Ogyges et Proculejus, et non pas avec
clypéus rehaussé et déformé (voir les figures dans REYES- Veturius et Verres, comme l’ont souligné les mêmes auteurs
CASTILLO & FONSECA 1987, SCHUSTER 1993b). et tous les autres.
Dans ce processus, la partie soulevée du cadre oral n’est
donc pas seulement clypéale, mais clypéo-frontale, contrai- 6.5. Remarques additionnelles sur les mandibules
rement à l’opinion des auteurs. On distingue en effet aisé- des Passalinae
ment, sur une section longitudinale de la tête, le bord anté-
rieur du tégument constitué des deux structures différentes Lobe inciseur. La disposition des dents apicales sur deux
superposées. Le clypéus sous-jacent, soulevé vers l’avant, a plans différents est propre aux Solenocyclini, Leptaulacini
entraîné avec lui tout ou partie du bord frontal sus-jacent. et Macrolinini : dsa + dma d’une part, et dia d’autre part,
La partie dorsale et visible du bourrelet superficiel appar- qui est décalée vers le bas (fig. 28-36). Elles sont sur un
tient donc au front (fig. 16-17, 201d ; une exception pour- même plan chez les Passalini et les Proculini (fig. 37, 38).
rait être le genre Chondrocephalus, dont une partie du clypéus Chez les Proculini, la dent inférieure a souvent régressé et
semble recouvrir le front antérieur, ce que suggère le tégu- fusionné avec la médiane, si bien que le lobe inciseur est
ment dorsal rugueux typiquement clypéal). Un autre repère bifide. Des genres entiers sont de ce type, comme Ogyges
morphologique qui indique qu’une grande partie du clypéus et Proculus, fig. 251). Quelques genres de Macrolinini ont
et une petite partie du front sont impliquées est la marge également les dents inférieures régressées, parfois forte-

329
Stéphane Boucher

ment, mais de façon distincte et asymétrique, en particu-


lier Ophrygonius, Aceraius, Plesthenus, Pelopides et
Paratiberioides (fig. 32, 36).
Dents extra-basales. Ces dents distinguent aussi les
Passalinae de l’Ancien et du Nouveau Mondes, puisqu’elles
sont développées chez les premiers et absentes ou presque
chez les seconds. Elles sont toutefois moins visibles, en vue
dorsale, chez des genres comme Plesthenus, Tarquinius et
Pseudepisphenus (fig. 32, 34). Chez les deux derniers et
Hincksius, tous de Nouvelle-Guinée, les dents extra-basales
sont occultées par les arêtes latéro-mandibulaires (alm),
parfois très développées, qui leur sont propres (fig. 34 ;
voir BOUCHER 1993b).
Dents internes supérieures. La position horizontale des
deux tubercules des dents internes est typique des
Solenocyclini (fig. 28-30, 39). Ce modèle est retrouvé plus
ou moins modifié chez les Leptaulacini et Macrolinini.
L’origine commune de l’apex bifide et horizontale n’est
donc pas à exclure (voir par exemple Ophrygonius et
Aceraius, fig. 35-36). Une différence bien tranchée est four-
nie par les Macrolinini asiatiques Macrolinus et Episphenus
et par tous ceux d’Australasie : leurs dents internes sont
simples et pointues (fig. 31-34). Chez les Passalini et les
Proculini, les deux tubercules des dents internes sont posi-
tionnés l’un au-dessus de l’autre, verticalement, même
lorsque l’ensemble est fortement modifié (tel Passipassalus,
divers groupes d’espèces de Passalus et de nombreux
Proculini ; fig. 37-38, 40-48). De plus, le développement
des dents internes est variable en longueur et selon la
mandibule. L’asymétrie est faible chez les Solenocyclini, Figures 203-213
Phylogénie des Passalidae Passalinae. Genitalia femelles ectodermiques.
mais elle est parfois très forte chez les Leptaulacini et les Schéma synthétique (profil), types « 1 » à « 11 ». – 203-204, Solenocyclini.
Macrolinini. Une légère asymétrie existe de toute façon au 203, Pentalobus ; 204, Erionomus. – 203 – 205, Passalini. 203, Passalus s. str.
nœud basal de la famille. et Paxillus ; 205, groupe de Passalus guatemalensis (Kaup). – 205-213,
Proculini. 205, Proculus, Xylopassaloides ; 206, Vindex ; 207, Pseudacanthus,
Undulifer, Ogyges, Proculejus, Oileus, Chondrocephalus, Odontotaenius,
Tables molaires. Les tables molaires sont visiblement bien Pseudoarrox ; 208, Petrejoides, Popilius ; 209, Heliscus ; 210, Spurius ; 211,
différentes selon les grands groupes, mais elles n’ont toute- Arrox (lbmd bilobé), Veturius (Publius) taurus et talamacaensis, n. spp. (lbmd
fois pas été utilisées dans le présent travail. L’appendice simple) ; 212, autres V. (Publius) et tous V. (Veturius) ; 213, Verres.
basal, présent uniquement sur la mandibule droite, rappelle
que les tables molaires sont toujours asymétriques, à l’image
du Proculini Veturius (fig. 38). On en déduit, une nouvelle
fois, que l’ensemble de la mandibule est originellement a aussi brièvement signalé la diversité chez les Proculini.
asymétrique dans la famille des Passalidae. Les déforma- Dans la pratique systématique, ils n’ont cependant jamais
tions sont parfois si fortes que le labium et le mentum sont été utilisés pour les taxons du groupe famille et très rare-
eux aussi asymétriques, comme chez Plesthenus. Dans la ment à d’autres niveaux. Ils présentent pourtant un inté-
phylogenèse, la déformation mandibulaire a précédé celle rêt certain.
de la région clypéo-frontale, et cette dernière celle des autres Leur observation précise n’est pas toujours aisée car elle
sclérites (mentum et labium). dépend de leur usure et de la qualité de la préparation des
échantillons. De nombreuses manipulations ont donc été
6.6. Évolution des spolons supérieurs nécessaires pour mettre en évidence un schéma évolutif
des protibias des Passalidae dans la famille. Ce schéma est représenté ici à partir de
groupes néotropicaux car ils renferment à la fois des formes
Les spolons supérieurs des protibias des Passalidae ont été primitives et les formes les plus dérivés (ces dernières parmi
décrits dernièrement par REYES-CASTILLO (1970), qui en les Proculini). De plus, c’est parmi ces taxons que les

330
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

spolons semblent avoir la signification phylogénétique la 1. Plan transversal du corps subcylindrique.


plus claire. Dents du lobe inciseur (profil) sur un même plan incliné.
Tous les Passalidae ont les spolons supérieurs des proti- Appendice mandibulaire basal droit absent.
bias avec trois arêtes principales (a, b, c). Le meilleur repère Côtés externes des processus hypostomaux verticaux.
Apex des laciniae bidenté.
pour leur interprétation est l’arête b. Exposition antéro-dorsale du clypéus complète.
Dans sa forme primitive (par exemple Passalus s. str.,
fig. 49), l’arête b est droite, convexe et centrale. Le fait
qu’elle soit droite suggère un étirement éventuel du spolon
vers l’avant. On retrouve cela chez la plupart des Passalini,
chez tous les autres Passalinae et tous les Aulacocyclinae.
En revanche, chez les Passalini Pertinax s. str., et chez
certains Proculini, l’arête b s’infléchit vers le bas dans sa
partie distale ; elle n’offre alors plus qu’une faible convexité
et l’apex du spolon se dédouble parfois pour devenir
concave au milieu (fig. 50-51).
Dans la phase maximale d’infléchissement, qui s’asso-
cie à une torsion, l’apex du spolon est pointu et courbé
vers le bas (fig. 52-53). L’arête b n’est alors plus centrale,
mais marginale. Les arêtes a et c, entraînées dans ce mouve-
ment, sont aussi déplacées. Cette ultime situation, propre
à quelques genres de Proculini, est révélée comme homo-
logue dans la phylogénie (voir chap. II, p. 362). De plus,
elle soutiendrait une éventuelle parenté des Pertinax s. str.,
avec les Proculini. Autrement dit, ce caractère est peut être
en mesure de montrer que les Passalini ne seraient finale-
ment pas monophylétiques, tandis qu’un groupe consti-
tué des Proculini + Pertinax s. str., serait, lui, monophylé-
tique et groupe frère des Passalini, tel que :

Cette idée devra être approfondie par une étude plus


détaillée encore sur les spolons car nous avons vu que la
seule autapomorphie peu convaincante parmi celles des
taxons du groupe famille est précisément celle des Passalini.
Dans la littérature, VIRKKI & REYES-CASTILLO (1972) et
SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1990) avaient déjà émis
l’hypothèse d’une parenté entre les Pertinax s. auct., et les
Proculini, sur des critères cytologiques et morphologiques.
On ne devra pas, à l’avenir, négliger ces intéressantes Figures 214-215
concordances. Relations phylogénétiques entre les grands groupes de Passalidae, reportées
sur le Globe selon les principales zones d’endémismes. – 214, Interprétation
d’après la systématique de R EYES -C ASTILLO (1970). 215, nouvelle
6.7. Clé des taxons du groupe famille systématique (consensus strict). – Taxons aux nœuds des branches.
1, Aulacocyclinae ; 1A, Aulacocyclini ; 1B, Ceracupini. – 2, Passalinae ;
La présente clé dichotomique est établie uniquement sur 2A, Passalini ; 2B, Proculini ; 2C, Macrolinini ; 2D, Solenocyclini ;
des caractères (et leurs états) utilisés dans l’analyse. Tous 2E, Leptaulacini.
ont été décrits précédemment et la plupart figurés.

331
Stéphane Boucher

« Angles antérieurs de la tête » formés par les angles du Tubercules latéro-frontaux secondaires absents.
clypéus. Rides frontales antérieures incomplètes à effacées . . . . . . . 6
Tubercules médio- et latéro-frontaux, fossettes épicrâ- 4. Fossettes épicrâniennes élargies antérieurement, triangu-
niennes, rides frontales postérieures et tubercules latéro- laires.
postérieurs absents. Sutures épicrâniennes convergentes en avant.
Arêtes supra-oculaires fortement développées à hyperthé- Tubercules latéro-frontaux peu à indistinctement séparés
liques. des médio-frontaux.
Prosternum situé à la base des saillies coxales. Tubercules latéro-frontaux secondaires et médio-frontaux
Sillon antéro-pronotal complet. secondaires absents.
Méso- et métaspolons de même longueur dans chaque Dents mandibulaires extra-basales courtes.
paire. Ponctuation dorsale antéro-postérieure de la tête
Aile : pas de veine entre la cubitale et la première anale absente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . MACROLININI
complète. – Fossettes épicrâniennes subparallèles.
Cinq « sternites » visibles (III-VII) . . AULACOCYCLINAE (2) Sutures épicrâniennes divergentes ou subparallèles en
– Plan transversal du corps ellipsoïde. avant.
Dents du lobe inciseur (profil) sur un même plan vertical. Tubercules latéro-frontaux nettement séparés des médio-
Appendice mandibulaire basal droit présent. frontaux.
Côtés externes des processus hypostomaux horizontaux. Tubercules latéro-frontaux secondaires et médio-frontaux
Apex des laciniae simple. secondaires présents.
Exposition antéro-dorsale du clypéus faible à forte mais Dents mandibulaires extra-basales longues.
uniquement médiane. Tubercule(s) médio-frontal (ux) secondaire(s) présent(s).
« Angles antérieurs de la tête » formés par les angles anté- Ponctuation dorsale antéro-postérieure de la tête présente 5
rieurs de l’épicrâne. 5. Fossettes latéro-clypéales granuleuses et glabres . . . . . . . . . .
Tubercules médio- et latéro-frontaux, fossettes épicrâ- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . SOLENOCYCLINI
niennes, rides frontales postérieures et tubercules latéro- – Fossettes latéro-clypéales plus ou moins lisses et sétigères
postérieurs présents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LEPTAULACINI
Arêtes supra-oculaires peu développées.
Prosternum situé au moins à mi-hauteur des saillies coxales. 6. Tubercule(s) médio-frontal(ux) secondaire(s) présent(s).
Sillon antéro-pronotal incomplet.
Exposition antéro-dorsale du clypéus et sillon clypéo-fron-
Méso- et métaspolons de longueurs différentes dans chaque
tal dorsal nuls.
paire.
Ponctuation antéro-dorsale de la tête présente . . PASSALINI
Aile : une veine entre la cubitale et la première anale
– Tubercules médio-frontaux secondaires absents.
complète.
Exposition antéro-dorsale du clypéus et sillon clypéo-fron-
Six « sternites » visibles (II-VII) . . . . . . . . . PASSALINAE (3)
tal dorsal présents.
2. Dents mandibulaires infra-apicales plus longues que les Ponctuation antéro-dorsale de la tête absente . . PROCULINI
médio-apicales.
Arêtes supra-oculaires horizontales. 7. Traces paléontologiques
Trochanters antérieurs (ventral) avec un sillon longitudi-
nal. On sait très peu de choses sur les Passalidae fossiles.
Dents mandibulaires internes inférieures fixes . . . . . . . . . . . L’habitat des espèces, qui est surtout constitué par les parties
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . AULACOCYCLINI internes de troncs d’arbres, rend très difficile l’accès aux
– Dents mandibulaires infra-apicales plus courtes que les spécimens minéralisés qui y sont inclus. Les rares qui sont
médio-apicales. connus doivent être examinés et interprétés dans le cadre
Arêtes supra-oculaires verticales ou tuberculeuses. des hypothèses phylogénétiques et paléobiogéographiques.
Trochanters antérieurs (ventral) avec une dépression arron-
die transverse. 7.1. Amérique du Nord
Dents mandibulaires internes inférieures mobile . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . CERACUPINI COCKERELL (1927) a décrit le fossile Passalus indormitus,
de l’Oligocène supérieur de l’Oregon, États-Unis
3. Dents du lobe inciseur sur deux plans différents (dsa-dma d’Amérique (– 25 Ma, fig. 216). L’unique spécimen est
et dia). incomplet, mais il présente de nombreux caractères bien
Tubercules latéro-frontaux externes par rapport aux médio- conservés. REYES-CASTILLO (1977) en a donné une inter-
frontaux. prétation systématique après examen du type : il s’agit très
Tubercules latéro-frontaux secondaires présents ou absents.
Rides frontales antérieures bien marquées . . . . . . . . . . . . 4
probablement d’un Passalini, voisin de divers groupes actuels
– Dents du lobe inciseur sur un seul plan vertical (dsa-dma- de Passalus, s. l. Aucun des caractères morphologiques acces-
dia). sibles ne permet en effet de dissocier l’espèce du genre actuel.
Tubercules latéro-frontaux internes par rapport aux médio- Au Miocène basal, la végétation à caractère tropical était
frontaux. très étendue en Amérique du Nord et atteignait son maxi-

332
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

mum de latitude au-delà du 53° (BIROT 1970), soit un peu ner avec précision l’endémisme géographique des grands
plus au nord que la localité de P. indormitus. groupes reconstruits (1). Chaque endémisme est ensuite
comparé avec la topologie du groupe correspondant dans
7.2. Asie continentale l’arbre phylogénétique, ainsi qu’avec les données fossiles,
afin d’engager des interprétations paléobiogéographiques
Le second Passalide fossile connu, décrit par HONG (1983, globales.
1985) comme Serrulus sinicus, familia incertae sedis, est du
Miocène de Shanwang (– 16 Ma), province de Shandong,
Chine (fig. 216). Cette localité située au sud de Pékin était 8.1. Passalinae
tropicale humide au Miocène ; elle est aujourd’hui tempé- La sous-famille est pantropicale.
rée et ne comprend aucun Passalide vivant. ZHANG (1989)
identifia la famille et le genre (Macrolinus), mais ce dernier Amériques. Sur ce continent sont présents les seuls Passalini
n’est nullement argumenté. Récemment, KRELL (2000) a et Proculini, qui sont endémiques et qui occupent à peu
cité l’espèce dans ce genre, suivant l’opinion de Zhang. Je près toute la zone intertropicale (fig. 216). Au nord de
n’ai pu examiner l’unique spécimen qui semble plus cette zone, les Passalini sont absents dès le nord du
complet que P. indormitus. Les descriptions et les figures Mexique. Les Proculini atteignent les Grands Lacs (une
publiées apportent toutefois de précieux renseignements. espèce d’Odontotaenius ; une seconde espèce du genre est
L’habitus aplati dorso-ventralement et divers caractères propre à la Floride ; SCHUSTER 1978, 1983b, 1994), mais
ventraux montrent qu’il s’agit bien d’un Passalidae ils sont absents de toutes les Antilles (REYES-CASTILLO &
Passalinae, mais surtout d’un Macrolinini. Les massues HALFFTER 1978). Cette dernière donnée est aujourd’hui
antennaires comptent cinq à six articles, ce qui caractérise confirmée. Le contraste est donc clair sur ces îles entre les
en grande partie la tribu actuelle. Aucun caractère ne deux tribus. Trinidad est occupée par trois genres et
permettant de penser qu’il s’agit d’un Macrolinus, ni d’un quelques espèces de Proculini (Popilius, Verres, Veturius) et
autre genre actuel, le maintien de l’espèce dans le genre par de nombreux Passalini, mais tous ces taxons appartien-
fossile Serrulus est justifié pour l’instant. nent à la faune sud-américaine. A Tobago, seul Verres est
connu parmi les Proculini (SCHUSTER 1992a, PECK et al.
7.3. Amérique du Sud 2002). Dans les Grandes et les Petites Antilles, les Passalini
comptent peu d’espèces, mais une forte proportion d’en-
GRIMALDI (1990) a cité « a possible passalid » de la forma- démiques (plus que le laisse croire la littérature).
tion Santana, sur le Plateau Araripe du Brésil (Ceará,
fig. 216). Ce gisement du Crétacé inférieur (– 130 Ma) Dans les Andes, les Passalides sont absents du versant
est connu pour sa richesse en fossiles d’Arthropodes. La Pacifique du Pérou, en raison du climat aride et de l’ab-
localité est aujourd’hui aride et couverte de cerrados typiques sence de forêt humide (REPARAZ 1958, EIDT 1968, HUECK
du Nordeste. On n’y connaît aucun Passalide vivant (voir 1972, SCHNELL 1987). On y distingue alors un décroche-
chap. III, p. 569). La végétation du Crétacé inférieur était ment net nord-ouest – sud-est dans la répartition de toutes
dominée par des forêts tropicales marécageuses radicale- les espèces, dès la Dépression du Nord-Pérou (exemple
ment différentes (MAISEY 1993a, ROMERO 1993). MAISEY fig. 243).
(1993b) a cité ce spécimen fossile, mais sans douter de la La limite sud de l’aire américaine de la famille, à peu
famille présumée par Grimaldi. Son examen (AMNH) près commune aux deux tribus, forme une ligne infléchie
révèle qu’il a été identifié par R.A. Crowson. On y distingue depuis le sud de la Bolivie jusqu’au tiers nord de l’Uruguay
de nombreux détails dorsaux et ventraux, mais il manque (fig. 216). Cette limite correspond à celle des forêts tropi-
la tête et les pattes sont indistinctes. Sur les élytres, seules cales denses et humides (HUECK 1972, LINDMAN & FERRI
les stries apicales subsistent. S’il s’agit d’un Passalide, ce 1974, SCHNELL 1987). Dans ces régions méridionales on
qui n’est pas démontré aujourd’hui, c’est un proto- ne trouve, parmi les Proculini, que les genres Popilius et
Passalinae. Divers caractères n’ont en effet pas d’équiva- Veturius ; les Passalini y sont beaucoup plus diversifiés.
lents actuels dans la sous-famille, tandis que le développe-
Afrique et Madagascar. Les Solenocyclini y sont seuls et
ment du prosternum et la forme du pronotum ne peuvent
endémiques (fig. 216). En Afrique, ils occupent toute la
être ceux d’un Aulacocyclinae. Une étude plus approfon-
zone forestière humide, depuis le sud du Sénégal jusqu’à
die devrait permettre de conclure sur cet échantillon d’une
la côte nord du Mozambique et au Kenya, passant par les
exceptionnelle ancienneté.
îles de São Tomé et Príncipe, le Bassin du Congo, s. l., le

8. Endémismes géographiques
(1) On distinguera deux endémismes : géographique et éco-altitudinal.
L’examen de la répartition de toutes les espèces de la famille, Le second a aussi une grande importance dans l’étude des Passalidae (voir
mené après l’analyse phylogénétique, permet de détermi- chap. III).

333
Stéphane Boucher

nord du Bassin du Zambèze et le Rift. Quelques espèces tropicale, mais chacun avec des limites biogéographiques
sont aussi présentes dans des forêts-galeries enclavées (mais distinctes (fig. 216).
parfois de grandes dimensions) dans des savanes internes Les Macrolinini occupent la marge sud de l’Himalaya
ou périphériques aux grandes forêts humides. (Népal méridional), l’Asie du Sud-Est, la Micronésie
Madagascar est occupée dans toute sa zone forestière (Carolines Occidentales), la Mélanésie sud-occidentale
humide (PAULIAN & LUMARET 1979), celle-ci étant (arc du Vanuatu – Santa Cruz ; BOUCHER 1991), l’est de
surtout représentée dans les secteurs Nord et Est. L’étude l’Australie et la Tasmanie. Ils semblent absents de la pénin-
d’un matériel important montre que des espèces habitent sule de Corée, mais cela reste à confirmer.
divers autres points de l’île qui n’ont pas encore été signalés. Les Leptaulacini ont une aire de répartition beaucoup
La famille est inconnue des Comores et n’y existe peut- plus réduite, dans l’Hémisphère Sud, que celle des
être pas. Sur cet archipel, les forêts tropicales humides n’oc- Macrolinini. Ils sont répandus, d’ouest en est, depuis l’Inde
cupent qu’un étroit territoire volcanique de constitution orientale, le Sri Lanka et la marge sud-est de l’Himalaya,
récente, tandis que la faune macro-entomologique y a été jusqu’à la Nouvelle-Guinée incluse (peut-être aussi les
relativement bien prospectée (voir notamment MATILE Salomon) ; du nord au sud, depuis le sud de la péninsule
1978). L’absence de Passalide aux Mascareignes et aux de Corée (NOMURA et al. 1993) et le Yunnan jusqu’aux
Seychelles semble établie. Îles de la Sonde (au nord de la mer de Timor).
Contrairement à ce qu’ont affirmé plusieurs auteurs
Asie et Australasie. Les Macrolinini et les Leptaulacini y (données regroupées par HINCKS & DIBB 1935, 1958),
sont seuls et endémiques. Ils y occupent toute la zone inter- aucun Leptaulax n’est connu d’Australie ; ceux qui sont

Figure 216
Répartition géographique des grands groupes de Passalidae. – Taxons fossiles (tous Passalinae). Amérique du Nord, Oregon : Passalus indormitus Cockerell
(Oligocène) ; Amérique du Sud, Plateau Araripe : Passalidae ? (Crétacé inférieur) ; Asie Continentale, Shandong : Serrulus sinicus Hong (Miocène).

334
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

cités ont été confondus avec le genre Analaches et avec un Macrolinini. Ici aussi, à cette époque, le climat et la végé-
genre voisin inédit. tation étaient tropicaux humides.
Même si ces données fossiles sont très fragmentées et
8.2. Aulacocyclinae relativement peu anciennes, leur concordance avec la répar-
tition typiquement pantropicale de la faune actuelle
La sous-famille est indo-malo-australasienne (fig. 216). suggère que le Passalide ancestral est apparu dans une forêt
La répartition de la tribu des Aulacocyclini est sur bien tropicale humide, puis que ses descendants ne se sont pour
des points comparable à celle des Macrolinini, mais elle ainsi dire pas écartés de ce type de milieu. Les espèces y
est un peu plus réduite. Aucune espèce n’est connue de auraient toujours été intimement liées, tandis que les rares
Chine continentale, de l’est de l’Indochine, de Taiwan, de exceptions, du moins celles que l’on peut observer aujour-
l’Inde péninsulaire et de Sri Lanka, de Micronésie occi- d’hui, semblent issues de récentes spécialisations (voir
dentale et de Mélanésie sud-occidentale (arc du Vanuatu p. 262).
– Santa Cruz). A l’inverse, la tribu occupe seule l’archipel On peut également penser que le microhabitat et la
de Nouvelle-Calédonie ; le contraste est donc très net avec biologie particulière des Passalides soient le fruit d’une
l’archipel voisin du Vanuatu, ce qui confirme les conclu- radiation adaptative par rapport à leur groupe frère
sions faunistiques et biogéographiques de B OUCHER présumé (lequel est susceptible d’être compris entre les
(1991), lesquelles coïncident tout à fait avec celles des bota- Trogidae, les Chironidae et les Lucanidae ; voir p. 316).
nistes : la flore néo-calédonienne est surtout d’affinité Aucun de ces taxons voisins n’est fondamentalement
australienne (voir par exemple MORAT et al. 1994) et la saproxylophage et subsocial. En revanche, compte tenu
faune des Passalides l’est à 100 %. de l’homogénéité éco-éthologique de l’ensemble des
La tribu des Ceracupini occupe un territoire beaucoup Passalides, les radiations à l’origine de leurs principales
plus restreint, d’une part entre la Birmanie et le nord-est divisions (deux sous-familles et sept tribus) ne peuvent
de l’Inde, la Thaïlande, Taiwan et le sud de la Chine conti- être adaptatives, mais géographiques (fig. 215). On peut
nentale, d’autre part le sud du Japon (Kyushu, Shikoku). en déduire que ces radiations anciennes ont été causées
Le territoire nippon abrite une seule espèce, du genre par des événements géotectoniques majeurs, tel que la
Cylindrocaulus ; les deux autres espèces de ce genre sont dérive des continents.
chinoises (Sichuan et Guizhou ; BOUCHER & REYES- La présence de proto-Passalides en Laurasie, avant la
CASTILLO 1996, KON et al. 1999). Cette aire disjointe est fragmentation de la Pangée (entre le Jurassique supérieur
unique dans la famille. et le Crétacé inférieur ; – 210-130 Ma), est incertaine,
sinon la famille n’aurait pas une distribution aussi claire-
C. Hypothèses paléobiogéographiques ment gondwanienne et tropicale. Par contre, puisque la
Alors qu’aucune directive chorologique préalable n’a été sous-famille des Passalinae est pantropicale et que chacune
prise pour l’analyse phylogénétique, l’arbre de consensus de ses tribus est endémique d’un continent, l’existence de
montre que les taxons du groupe famille sont très compar- la famille doit être bien antérieure à la fragmentation
timentés d’un continent à un autre (fig. 216). Ces répar- première du Gondwana (au Crétacé inférieur ; – 135 Ma).
titions corroborent les hypothèses de la tectonique des Il est concevable que des espèces déjà nombreuses étaient
plaques post-gondwanienne. Les populations ancestrales, répandues, sur ce méga-continent, entre la période de l’ex-
portées chacune par une masse continentale en mouve- pansion maximale de la flore à Gymnospermes (au Trias ;
ment, n’ont presque jamais donné de descendance ayant – 180 Ma) et celle de l’avènement des Angiospermes (entre
franchi ou contourné par la suite les barrières océaniques ; Jurassique et Crétacé ; – 150-135 Ma). En effet, rares sont
il n’existe qu’une exception à ce schéma. les Passalides actuels qui ont pu être observés dans des
Gymnospermes et les espèces concernées appartiennent à
des groupes « anciens » d’Aulacocyclinae (Australasie) ou
1. La période gondwanienne à des groupes « récents » de Passalinae Proculini (Méso-
1.1. Origine géographique et écologique Amérique). On peut aussi tenir compte du branchement
de la famille plusieurs fois signalé comme basal parmi les
des Passalidae
Scarabaeoidea. S’appuyant sur les données fossiles de la
Nous avons vu que l’unique fossile connu d’Amérique est super-famille, KRELL (2000) a avancé, pour l’éventuelle
un Passalini de l’Oligocène de l’Oregon (– 25 Ma, fig. 216). cladogenèse Passalidae – Lucanidae, une datation du
A cette époque d’échauffement global, le climat et la végé- Crétacé inférieur (– 130 Ma). La méthode utilisée par cet
tation subtropicaux régnaient dans l’ouest de l’Amérique auteur est assez arbitraire, dans la mesure où la systéma-
du Nord, atteignant l’actuelle Colombie Britannique. Dans tique des fossiles de Passalides cités n’a pas été interprétée
l’Ancien Monde, l’unique fossile connu est du Miocène au préalable. De plus, la datation semble trop récente par
(– 16 Ma) du Shandong ; il présente les caractères d’un rapport aux présentes concordances phylogénétiques et

335
Stéphane Boucher

paléobiogéographiques. J’ai d’ailleurs pu étudier des un âge plus plausible pour les Passalides primitifs serait au
Lucanidae fossiles de plusieurs genres qui sont un peu plus moins égal à celui des Angiospermes (Jurassique supérieur
anciens encore (données non publiées). En conséquence, basal ; – 150-145 Ma).

Figures 217-219
Hypothèses paléobiogéographiques pour les grands groupes phylogénétiques de Passalidae. – a, Passalinae ; b, Aulacocyclinae ; c, Passalini-Proculini ;
d, Solenocyclini-Leptaulacini-Macrolinini ; e, Solenocyclini-Leptaulacini ; f, Macrolinini ; g, Solenocyclini ; h, Leptaulacini ; i, Aulacocyclini ; j, Ceracupini ;
ii, Aulacocyclus de Nouvelle-Calédonie ; k, Passalini ; l, Proculini (planisphère adapté et simplifié de SMITH et al. 1995).

336
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

1.2. Origine géographique des Aulacocyclinae des Solenocyclini-Leptaulacini apparaît comme une consé-
et des Passalinae quence de la fragmentation définitive du Gondwana, tandis
que le transport des seuls Macrolinini avec les
Si l’on est amené à penser, comme nous l’avons fait ci- Aulacocyclinae, via l’Australo-Antarctique dérivant vers le
dessus, que des Passalinae et des Aulacocyclinae étaient nord-est, est plausible (fig. 217b). De plus, l’Australo-
présents sur le Gondwana au Crétacé basal (vers – 130 Ma), Antarctique abritait à cette époque des formations fores-
la vicariance des Aulacocyclinae dans la partie orientale de tières humides, à climat relativement chaud, extrêmement
cet immense territoire est fortement soutenue par leur plus étendues qu’aujourd’hui (AUBERT DE LA RÜE 1932,
endémisme actuel extrême-oriental (fig. 216). On peut CROIZAT 1952, BIROT 1970). Enfin, ce continent nouveau
affiner l’hypothèse de leur origine dans ce qui était avait de grandes dimensions ; il était alors susceptible d’abri-
l’Australo-Antarctique, en particulier grâce aux informa- ter une faune en Passalides diversifiée, polyphylétique et
tions fournies par les faunes actuelles d’Australie et de où les deux groupes concernés, Macrolinini et
Nouvelle-Calédonie. La Nouvelle-Calédonie, détachée de Aulacocyclinae, pouvaient être allopatriques. Le fait que
l’Australie au Crétacé moyen (– 90 Ma), puis dérivant les Macrolinini soient absents d’Afrique et de Nouvelle-
isolée vers l’est depuis le Crétacé supérieur (– 80 Ma ; PARIS Calédonie, mais largement répandus et diversifiés en
& BRADSHAW 1977, PARIS & LILLE 1977, PARIS 1981), Australie, soutient cette hypothèse.
ne renferme que des Aulacocyclus endémiques. De plus,
cette faune insulaire a été établie comme monophylétique Depuis la fragmentation du Gondwana, aucune
(voir p. 323). On peut en déduire qu’aucun Passalide n’est connexion faunistique transocéanique – sauf une – n’a appa-
parvenu ultérieurement sur l’archipel. En Australie, les remment eu lieu au sein d’un grand groupe de Passalides
Aulacocyclus sont diversifiés. Ils y sont les seuls Aulaco- (fig. 220). L’exception est la tribu des Leptaulacini, qui est
cyclinae et ils occupent une place prépondérante dans la strictement asiatique et nord-australasienne ; son groupe
faune des Passalides (plus de 60 % des espèces ; DIBB 1938, frère, les Solenocyclini, est afro-malgache (fig. 215-216).
HINCKS & DIBB 1958 et données inédites). Cette situa- Il semble donc que depuis l’ouverture conséquente du proto-
tion n’est comparable qu’avec la Nouvelle-Calédonie. Atlantique, entre l’Aptien et l’Albien (– 115-100 Ma ;
Malgré l’absence d’une phylogénie des Aulacocyclinae, on LARSON & LADD 1973, RABINOWITZ & LABRECQUE
peut prétendre que c’est en Australo-Antarctique qu’a dû 1979, PITMAN et al. 1993), il n’y eut aucun déplacement
apparaître l’ancêtre de la tribu (fig. 217a). de population entre l’Afrique et les Amériques. Il est égale-
Les proto-Passalinae, quant à eux, auraient été locali- ment concevable que n’eut lieu aucun déplacement terrestre
sés, avant la fragmentation du Gondwana, à l’ouest du par l’Antarctique, car les tracés magnétiques semblent attes-
territoire des Aulacocyclinae (fig. 217a). Si tel n’avait pas ter que l’Afrique était séparée de l’Antarctique dès le Crétacé
été le cas, une alternative possible à l’origine de la clado- inférieur (CANDE et al. 1989), tandis que des climats insuf-
genèse basale de la famille serait une radiation non pas fisamment chauds et une végétation non forestière ont aussi
géographique, mais adaptative. C’est à dire dans des condi- pu empêcher une migration réussie par cette voie (BIROT
tions où les ancêtres des deux sous-familles auraient vécu 1970, RAGE 1981).
proches l’un de l’autre, par exemple dans des microhabi- Finalement, durant la période post-gondwanienne
tats séparés. Toutefois, nous avons vu qu’aucun élément basale, les faunes américaine, africaine et australasienne se
concret ne permet de soutenir cette idée. seraient diversifiées chacune en autonomie : des Passalinae
en Amérique et en Afrique, des Passalinae et tous les
Aulacocyclinae en Australasie (fig. 217b et suiv.).
2. La période post-gondwanienne : origine
des vicariances indo-africaine et américaine La période post-gondwanienne succédant à la précé-
chez les Passalinae dente est d’abord marquée par le transport de l’ancêtre des
Leptaulacini sur l’Inde dérivante. Ce transport s’est pour-
La phylogénie montre que, lors de la fragmentation du suivi jusqu’au choc de l’Inde contre le Tibet (Paléogène
Gondwana, au Crétacé basal (– 130 Ma), une partie des inférieur), lequel choc est à l’origine de l’isolement rompu
Passalinae et tous les Aulacocyclinae devaient être présents entre les faunes de l’Inde et de l’Asie-Australasie
sur le même bloc centre-oriental (Afrique, Inde, (fig. 218-219).
Antarctique, Australie), tandis qu’une autre partie des Dans ce schéma, la datation de la cladogenèse
Passalinae devait être sur le bloc occidental (Amériques, Solenocyclini-Leptaulacini reste à préciser. Ce qui semble
fig. 215, 217a-b). avéré est qu’elle est postérieure à la fragmentation défini-
Les Passalinae centre-orientaux sont le groupe souche tive du Gondwana (– 115 Ma), sinon la tribu des
des Macrolinini et des Solenocyclini-Leptaulacini ; les Leptaulacini ne serait pas la seule des deux à être présente
Passalinae occidentaux sont le groupe souche des Passalini- et endémique en Asie. Toutefois, on peut difficilement
Proculini. La cladogenèse à l’origine des Macrolinini et concevoir l’isolement des premiers Leptaulacini sur l’Inde

337
Stéphane Boucher

après que celle-ci eût été éloignée de l’Afrique. Or, cet éloi- position géographique est située entre l’Afrique et le nord
gnement est devenu important, en tant que barrière peu de Madagascar (fig. 216), peut indiquer que Madagascar
franchissable pour des Passalides, surtout depuis le est entièrement issue d’apports antérieurs à l’âge des plus
Paléocène (– 60 Ma). De plus, la faune malgache n’étant vieilles îles de l’archipel (soit un peu plus de – 12 Ma ;
peut-être pas monophylétique (mais afro-malgache ; voir HAJASH & ARMSTRONG 1972). En effet, dans le cas d’ap-
ci-après), une alternative évidente est que la radiation des ports plus récents, on connaîtrait sans doute aux Comores
Leptaulacini ait eu lieu lorsque l’Inde était suffisamment une faune-relais, même relictuelle. De plus, les Passalides
éloignée du Canal de Mozambique, mais toujours face à étant peu aptes à franchir des espaces maritimes, y compris
l’Afrique, et que Madagascar n’était plus en position voisine. de dimensions modestes, leur passage, sans relais terrestre
Cela correspondrait, tout au plus, au Paléocène supérieur à travers le Canal de Mozambique, devient peu probable
– Eocène (– 50-37 Ma ; MACKENZIE & SCLATER 1971, après la formation définitive de ce dernier, à l’Oligocène
NORTON & SCLATER 1979, SMITH et al. 1995 ; fig. 218a). supérieur (– 18 Ma ; RABINOWITZ et al. 1983). En consé-
La présence en Asie des Leptaulacini peut alors être quence, depuis cette époque, il semble que les Passalides
considérée comme « intrusive » et « tardive ». Le caractère ont évolué en autonomie à Madagascar et qu’il n’ont jamais
tardif permet d’ailleurs d’expliquer l’absence de la tribu existé aux Comores.
dans presque toute l’Australasie (Australie, Mélanésie sud-
En Asie continentale, à Taiwan et au Japon, la répar-
occidentale) et de la Micronésie (fig. 216). Même si
tition disjointe du genre Cylindrocaulus, ainsi que l’endé-
quelques espèces existent en Nouvelle-Guinée et alentours,
misme de l’ensemble des Ceracupini (fig. 216), suggèrent
il s’agit manifestement de descendants d’éléments en prove-
que l’arrivée de l’ancêtre de cette tribu depuis l’Australasie
nance d’Asie du Sud-Est. Au sud de ces îles, le détroit de
est ancienne, soit au moins antérieure au Paléocène
Torres, sans qu’il ait été une barrière infranchissable pour
(– 60 Ma). Dans un autre cas, cela signifierait, soit que la
de nombreux Arthropodes terrestres, notamment depuis
faune des Passalides de Nouvelle-Calédonie (composée
le Néogène (– 10-15 Ma), semble avoir joué ce rôle effi-
d’un groupe monophylétique d’Aulacocyclus) est plus
cacement avec les Leptaulacini. A ce propos, il faut remar-
récente, soit que les Aulacocyclini sont paraphylétiques.
quer, contrairement à ce qu’indique la littérature, que tous
Seule la première de ces trois hypothèses est plausible :
les genres actuels de Passalinae d’Australie sont endémiques.
l’ancêtre néo-calédonien a dû migrer alors que l’île était
Autrement dit, la barrière formée par le détroit de Torres,
détachée de l’Australie à la fois depuis longtemps et sur
depuis le Néogène, a dû fonctionner pour les Passalides
une courte distance (fig. 218a).
aussi bien dans le sens nord-sud que dans le sens sud-nord.
Après leur arrivée en Asie, on peut supposer que les En Amérique, nous avons vu que la présence de la
Leptaulacini ont bénéficié de leur petitesse corporelle et famille dans le nord-ouest des États-Unis, il y a au moins
de leur spécialisation écologique subcorticole pour se 25 Ma, est attestée par un fossile de Passalini (fig. 216).
répandre largement en Indochine, dans les îles de la Sonde, REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978) ont estimé l’âge
aux Philippines, à Sulawesi, ainsi qu’à la périphérie de tout des Proculini du Miocène (fig. 219). Le chapitre II du
ce territoire ; c’est-à-dire une expansion géographique sans présent travail, qui est consacré à cette tribu, apportera des
concurrence directe avec les Macrolinini déjà en place, qui conclusions concordantes à partir de critères différents.
sont presque tous plus grands et xylophages stricts.
En Afrique et à Madagascar, aucune population d’ori- D. Conclusion du chapitre I
gine asiatique ou australasienne n’est venue se joindre aux L’observation, sur la plupart des espèces de Passalidae, de
Solenocyclini après l’ouverture des océans. Comme territoires morphologiques peu explorés ou nouveaux, puis
l’Atlantique, l’océan Indien a fonctionné comme barrière la recherche des homologies et l’analyse phylogénétique
hermétique, mais ici peu après l’Aptien (– 110 Ma), alors faites sur ces territoires, ont permis de confirmer le mono-
que les liaisons entre les faunes terrestres de l’Afrique et de phylétisme de la famille et de réévaluer ses divisions prin-
l’Antarctique devenaient également difficiles ou impos- cipales. Deux sous-familles et sept tribus reflètent les clado-
sibles. Quant à un passage par la voie terrestre eurasienne, genèses. Cette base nouvelle devrait favoriser l’étude plus
forcément beaucoup plus tardif (post-Oligocène ; avant exacte de la systématique et de l’évolution générale de la
– 23 Ma ; fig. 219), aucun élément paléoécologique ou famille. Toutefois, une exception nécessite de plus amples
paléontologique ne permet de l’envisager. recherches : la tribu américaine des Passalini ; son grand
Les genres et les espèces malgaches sont tous endé- genre Passalus étant hétérogène, il doit être réexaminé en
miques. Cette faune n’est peut-être pas monophylétique détail et démantelé. Nous avons vu que le sous-genre
car elle pourrait comprendre des éléments africains de Pertinax Kaup est à élever au rang de genre, mais il existe
divers groupes, mais cela reste à démontrer. Quoiqu’il en plusieurs autres taxons dans ce cas, certains peu connus,
soit, l’absence de la famille aux Comores, archipel dont la voire presque oubliés depuis longtemps, comme par

338
Chapitre I. Les taxons du groupe famille

Cette situation originale n’a pas été retrouvée dans la litté-


rature consacrée à des phylogénies d’autres familles de
Scarabaeoidea, ni même d’autres familles d’Insectes de
dimensions comparables. Ces familles existent pourtant
certainement, mais les connaître impliquerait que la plupart
de leurs espèces soient répertoriées et étudiées simultané-
ment, ce qui pose l’un des problèmes fondamentaux de la
systématique entomologique. En particulier du fait de ses
dimensions modestes, la famille des Passalidae est propice
à la réalisation d’une telle étude globale.
L’établissement des endémismes géographiques a permis
d’illustrer une phylogéographie générale de la famille, puis
de ses sous-familles et tribus. On est en mesure de penser
que des proto-Passalides devaient exister, dès le Trias termi-
nal, dans un milieu forestier humide comparable à ceux
de la zone équatoriale actuelle. Le mode de radiation de
l’ancêtre commun reste à approfondir, de même que son
espèce sœur, en dépit de ce que suggère, parfois ferme-
ment, la littérature ancienne et moderne. Diverses idées
voisines sont aujourd’hui plausibles, mais une radiation
d’origine écologique d’une part, vis-à-vis de l’une des
familles que sont les Trogidae, les Chironidae et les
Lucanidae d’autre part, devrait être prise en compte.
Dévoilée par l’étude morphologique plus approfondie, la
présence, chez les Passalidae et les Trogidae, d’organes tels
que les appendices basaux mandibulaires, est un exemple
Figure 220 singulièrement intéressant ; ce caractère, comme d’autres,
Arbre de consensus strict des taxons du groupe famille de Passalidae. semble refléter une meilleur approche dans la connaissance
Paléophylogéographie.
de leurs véritables affiliations. CATERINO et al. (2005) ont
suggéré, à partir de données moléculaires (ARN 18S), ajou-
exemple Rhodocanthopus Kaup, qui compte pas moins tées à celles de morphologie empruntées à la littérature,
d’une quinzaine d’espèces dont les trois-quarts sont inédites. que Passalidae et Trogidae sont groupe frères.
Il est aussi nécessaire, par une future étude, d’appro- Une étude future portant sur des régions morpholo-
fondir l’argumentation sur les limites systématiques du giques et anatomiques qui n’ont pu être que partiellement
groupe frère des Proculini. N’est-il pas constitué seule- examinées et discutées ici, parfois même simplement indi-
ment d’une partie des Passalini ? Des données morpholo- quées (la plupart peu connues), devra être menée sur de
giques et caryologiques laissent penser que Pertinax pour- nombreuses espèces et dans chaque tribu. Cette étude élar-
rait être ce plus proche taxon. En outre, cette réflexion gira les perspectives afin de confirmer et de préciser les rela-
permettrait de comprendre de façon plus aiguë divers tions avancées entre les principales divisions de la famille,
aspects systématiques et biogéographiques, non seulement ainsi qu’entre la famille et les autres Scarabaeoidea. Les
de la tribu, mais aussi d’une grande partie de l’ensemble régions qui semblent les plus informatives sont en particu-
de la faune américaine, qui est l’une des plus riches et des lier les pièces buccales, les structures tentoriales endocrâ-
plus complexes du Globe. niennes, les plantes et épines tibiales, les genitalia des deux
Bien que la systématique présentée pour les grands sexes et le tube digestif ectodermique postérieur (procto-
groupes soit différente – autant dans la méthode que dans déum). Les larves, qui ont été décrites et interprétées pour
les résultats – de celle adoptée par les auteurs, on constate de nombreuses espèces, forment aussi un matériel suscep-
qu’elle coïncide, dans ses principaux traits, avec les concep- tible d’être réexploré dans un cadre phylogénétique. Ces
tions de Gravely, de 1914 et 1918. Or, depuis plus de données préimaginales publiées sont éparses et surtout
cinquante ans, des idées intéressantes et la classification de comparatives; leur utilisation réorientée permettrait de mettre
cet auteur avaient été le plus souvent abandonnées, sans en évidence des concordances avec la phylogénie des imagos.
argument fondé ou sans argument du tout.
La phylogénie proposée pour les taxons du groupe
La phylogénie révèle que l’endémisme de chacune des famille permet d’accéder plus en détail à celle d’une tribu.
sept tribus reconstruites est rigoureusement continentale. Celle qui a été choisie est la tribu néotropicale des Proculini.

339
CHAPITRE II
LA TRIBU NÉOTROPICALE DES PROCULINI KAUP

Introduction Comme dans le chapitre précédent, la démarche adop-


tée dans l’étude des caractères morphologiques est fondée
Depuis plusieurs décennies, la tribu des Proculini est le sur la recherche des homologies. Les caractères sont ensuite
groupe de Passalidae qui a été le plus étudié. Deux raisons soumis à une analyse cladistique de leurs affiliations.
principales l’expliquent. D’une part, c’est l’une des plus Puisque la tribu renferme beaucoup d’espèces (plus
diversifiées, alors qu’elle est en majorité circonscrite à un de 250) et qu’il a été choisi de n’en négliger aucune, un
territoire aux dimensions somme toute modestes à l’échelle plan de base pour chaque taxon terminal (genre) a été établi
de l’Amérique tropicale : le Mexique et l’Amérique Centrale. au préalable de l’analyse, au moyen d’une ou de plusieurs
D’autre part, c’est dans cette région que des équipes de autapomorphie(s). De plus, pour le même motif du
recherche sur les Passalides ont été créées à la même époque, nombre d’espèces, les caractères informatifs utilisés pour
au Mexique par Reyes-Castillo, au Guatemala par Schuster. l’analyse ne pouvaient se limiter à la seule région dorso-
De nombreuses découvertes y ont été faites sur la systéma- céphalique habituellement utilisée par les taxinomistes,
tique et la biologie de cette tribu. Les données accumulées aussi intéressante soit-elle. D’autres régions de la tête, du
ont même largement dépassé ce cadre taxinomique et thorax et de l’abdomen ont été étudiées afin d’augmenter
géographique ; la connaissance sur l’ensemble de la famille, la teneur informative de l’analyse et de tester les homopla-
ou sur d’autres faunes, en a naturellement bénéficié. sies présumées.
Le travail de REYES-CASTILLO (1970) constitue la base
de départ principale de ces contributions, en particulier sa Dans un premier temps, la recherche de certaines
revue morphologique générale des Passalidae, une systé- homologies montrera que le monophylétisme de la tribu
matique globale repensée, ainsi qu’une révision exhaustive est solidement soutenu par une série de caractères, alors
des Proculini, ce qui n’avait pas été fait depuis GRAVELY que celui des genres auparavant reconnus est en majorité
(1914b, 1918). Depuis lors, les Proculini, méso-améri- remis en cause. La plupart d’entre eux présentent de fortes
cains surtout, ont fait l’objet de près d’une centaine de convergences auxquelles on a pourtant attribué le même
publications, représentant un apport important dans l’étude sens. Or, on constate que la systématique de ces genres a
de la famille. L’approche biogéographique en Méso- précisément été fondée sur certains de ces caractères. Il
Amérique, engagée par REYES-CASTILLO (1978, 1985) et existe donc, au regard de la phylogénie, des erreurs d’in-
REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978), a aussi ouvert de terprétation dans la définition des genres de Proculini, dans
nouvelles voies dans la connaissance de l’une des faunes leur composition spécifique et dans les relations présumées
entomologiques néotropicales les plus complexes. entre eux. Dans ces conditions et dans un deuxième temps,
des hypothèses biogéographiques publiées sur ces genres
La phylogénie des grands groupes de Passalides ne peuvent, elles aussi, qu’être modifiées par une systéma-
(chap. I) a conduit à soutenir l’hypothèse de tous les tique améliorée.
auteurs récents et actuels sur le concept de « groupe natu-
rel » des Proculini. Autrement dit, telle qu’elle était (et Matériel d’étude. À peu près toutes les espèces décrites et
est) globalement constituée, la tribu serait monophylé- une cinquantaine d’autres inédites ont été examinées, soit
tique. Cela reste toutefois à démontrer par une étude au total près de 250 espèces. Pour des précisions sur les
particulière, consacrée uniquement à la tribu. De plus, collections d’origine et sur les méthodes d’observation des
malgré tout ce qui a été publié, au moins trois autres échantillons, voir chapitre I, Matériel et méthode.
questions importantes demeurent : les genres de Proculini Étant donné le temps nécessaire pour effectuer les
sont-ils, eux aussi, monophylétiques ? les « affinités » dissections du postabdomen des deux sexes, les genitalia
proposées entre les genres correspondent-elles à de réelles ont été étudiés en détail chez deux à quatre espèces de
proximités phylogénétiques ? enfin, les interprétations chaque genre. Font exception Petrejoides, Popilius s. auct.,
biogéographiques admises seront-elles maintenues après et le complexe Arrox-Verres-Veturius, pour lesquels la mise
l’élaboration d’une phylogénie ? Tenter de répondre à ces en évidence du monophylétisme a nécessité l’étude d’un
questions fait partie du présent travail. plus grand nombre d’espèces.

341
Stéphane Boucher

Précédente classification. Dans la précédente classifica- à l’issue de l’analyse, si les caractères dorso-céphaliques
tion (REYES-CASTILLO 1970, 1974, REYES-CASTILLO et les plus informatifs domineraient encore parmi toutes les
al. 1987), la tribu des Proculini comprenait les 19 genres synapomorphies, comme ils ont dominé auparavant.
indiqués ci-dessous. D’un point de vue nomenclatural, la
composition spécifique des genres anciens, depuis les
conceptions de KAUP (1868, 1869, 1871) et de KUWERT 2. Choix des groupes externes
(1896), n’avait pas évolué beaucoup. En revanche, les
termes de leurs définitions respectives et leur regroupe- Nous avons vu que le seul taxon du groupe famille dont
ment dans une même tribu en étaient fort distincts. le monophylétisme n’est pas établi de façon solide est celui
des Passalini (chap. I, p. 325, 331). Dès lors, si le groupe
Chondrocephalus Kuwert 1896
Popilius Kaup 1871 frère des Proculini n’est pas l’ensemble des Passalini, ce
Vindex Kaup 1871 doit être une partie de ceux-ci. Nous avons vu également
Proculejus Kaup 1868 que Pertinax s. str., pourrait être ce taxon. La question reste
Spurius Kaup 1871
Petrejoides Kaup 1871 posée et ne pourra être résolue qu’après de plus amples
Coniger Zang 1905 recherches et après démantèlement du genre Passalus. Pour
Undulifer Kaup 1869 l’instant figure, comme premier indice morphologique
Pseudacanthus Kaup 1869
Heliscus Zang 1905
d’une relation phylogénétique plus étroite des Pertinax
Oileus Kaup 1869 avec les Proculini, la convexité corporelle. Ce caractère
Odontotaenius Kuwert 1896 existe chez tous les Pertinax, mais pas chez les autres
Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970 Passalini ; il est permanent chez les Proculini à l’exception
Proculus Kaup 1868
Verres Kaup 1871 de Vindex. Dans ce dernier genre, l’habitus « aplati » est
Veturius Kaup 1871 considéré comme une réversion et serait une conséquence
Publius Kaup 1871 de l’adaptation de l’ancêtre commun au milieu subcorti-
Xylopassaloides Reyes-Castillo & Fonseca 1987
Ogyges Kaup 1871 cole. Tous les Vindex semblent en effet inféodés à ce micro-
habitat (REYES-CASTILLO 1970).
La prise en compte, comme groupes externes dans l’ana-
A. Phylogénie lyse des Proculini, de quatre lignées bien distinctes parmi
1. Recherche de nouveaux caractères les Passalini, devrait fournir des renseignements sur les rela-
tions phylogénétiques qui existent entre elles et les
Pour fonder leurs catégories supra-spécifiques parmi les Proculini. Ces lignées sont : Pertinax, représenté par
Proculini, les taxinomistes n’ont pas tenu compte de régions P. convexus (Dalman) et P. sp. 1 (cette espèce, du groupe
morphologiques entières de l’imago, comme les appen- de P. venerabilis (Kuwert), a été examinée chap. I) ; Passalus
dices thoraciques, le mésosternum, le métasternum, le s. str., représenté par P. punctiger Le Peletier & Serville et
postabdomen et les genitalia. Ces régions sont également P. coniferus Eschscholtz ; Passalus guatemalensis (Kaup) et
utilisées ici car leur étude montre que, contrairement aux P. sp. 1 ; enfin Paxillus, avec toutes ses espèces.
structures dorsales de la tête, elles renferment de nombreux
caractères peu homoplasiques. Paradoxalement, la plupart
des caractères soumis à l’analyse, notamment les caractères 2.1. Passalus Fab. s. str. et Paxillus Mac Leay
autapomorphes de chaque genre, n’avaient pas été utilisés
auparavant pour le regroupement des espèces. Ces taxons constituent peut-être des groupes frères ; de
Parmi les caractères céphaliques classiquement utili- nombreux caractères externes et des genitalia des deux
sés, nous avons vu (chap. I) que plusieurs d’entre eux ont sexes présentent des états pratiquement semblables. De
dû être réinterprétés après en avoir établi les homologies plus, certains de ces états de caractères séparent nettement
chez tous les taxons du groupe famille. L’« exposition les deux taxons de tous les autres Passalini étudiés (par
clypéale », en particulier, qui était admise comme carac- exemple, la convexité dorso-apicale postérieure de la ligule ;
téristique des Proculini, fait en réalité intervenir le front car. 11, fig. 228). Sur la tête, l’architecture des rides et des
et le clypéus (et non pas uniquement ce dernier). De plus, tubercules, des antennes et des autres appendices, révè-
l’« exposition clypéale » n’est pas une spécialité de la tribu lent aussi d’étroites relations entre les deux genres. Sur les
car il en existe d’autres, indépendantes, chez des genitalia, la conformation de l’édéage, du sac interne et
Macrolinini, des Solenocyclini et chez tous les de ses soies (fig. 57-58), de même que la conformation
Aulacocyclinae. L’importance, somme toute arbitraire, des lobes vaginaux (fig. 117, 120), sont caractéristiques.
que les systématiciens ont toujours portée aux structures Enfin, un autre argument dans le choix de ces taxons, est
dorsales de la tête m’a motivé à rechercher d’autres carac- qu’ils semblent être les plus voisins du fossile nord-améri-
tères utiles en phylogénie. Il était aussi prévu d’observer, cain Passalus indormitus.

342
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

2.2. Groupe de « Passalus » guatemalensis Kaup Arrox Zang 1905 s. nov., n. stat.
Verres Kaup 1871
Les deux espèces de ce groupe endémique du nord de Veturius Kaup 1871 s. nov.
V. (Veturius) Kaup 1871 s. str.
l’Amérique Centrale présentent des états de caractères V. (Publius) Kaup 1871 s. nov.
partagés avec Passalus s. str., et Paxillus d’une part, et avec V. (?) groupe « laevior » (Kaup 1868)
Pertinax s. str., d’autre part. L’architecture dorsale de la
tête (absence de tubercules médio-frontaux secondaires, Les modifications effectuées, avant l’analyse de la tribu,
tubercules médio- et latéro-frontaux superposés ; fig. 18), sont justifiées comme suit :
ainsi que le lobe vaginal proximal dorsal développé – Le monophylétisme de Coniger Zang (monospécifique)
(fig. 118), sont assez voisins de Pertinax s. str. A l’opposé, n’est soutenu par aucune autapomorphie. Puisque ce
l’habitus aplati et les genitalia mâles se rapprochent surtout genre partage de nombreuses synapomorphies avec
de Passalus s. str., et de Paxillus (fig. 59), bien que l’on Heliscus s. nov., il est mis en synonymie avec celui-ci.
remarque, entre autres caractères moins notables, la – Le monophylétisme de Pseudoarrox (deux espèces
présence de phanères sur l’ensemble du sac interne (et non connues) n’est soutenu par aucune autapomorphie
de soies), tandis que l’édéage a, ventralement, une large solide. Le taxon reste alors ambigu, notamment par
incision entre la phallobase et les paramères. rapport à Odontotaenius et Petrejoides s. nov. Il est
conservé avec doute. Dans ce statut précaire, il faut
2.3. Pertinax Kaup s. str. noter que seule l’espèce type (endémique du Costa Rica)
est concernée ; la seconde espèce (Colombie) est en
Les Pertinax s. auct., sont complexes. Leur hétérogénéité réalité un Petrejoides s. nov.
morphologique suggère qu’ils ne sont sans doute pas mono- – Le monophylétisme de Petrejoides s. auct., n’est soutenu
phylétiques. Seules les espèces voisines de P. convexus par aucune autapomorphie. Pour y parvenir, l’examen
(Dalman), dont il est question ici et qui forment les Pertinax de ses nombreuses espèces montre que la scission du
s. str., le sont certainement. Divers caractères très nets l’in- genre en deux sous-ensembles est nécessaire : Petrejoides
diquent, comme l’absence de fossette plantaire protibiale s. nov. et Yumtaax n. g.
(car. 38 ; fig. 238). L’étude phylogénétique montrera que – Le monophylétisme d’Arrox s. nov. (auparavant syno-
ce caractère est convergent avec d’autres Passalini et nyme de Publius) est soutenu par une autapomorphie
quelques Proculini (Proculus, Arrox, Verres et Veturius). Les solide. Le genre doit être revalidé.
genitalia des deux sexes de Pertinax s. str., sont aussi très – Le monophylétisme de Publius n’est soutenu que par
distincts des autres Passalini : le lobe vaginal proximal le brachyptérisme de toutes ses espèces. Ce caractère
dorsal est présent et développé (fig. 119), l’édéage est forte- adaptatif, très répandu dans la tribu, implique une poly-
ment sclérotisé, élancé, avec le sac interne proprement tomie inévitable avec Veturius. Publius forme alors
« phallique », recourbé et muni d’épaisses sclérotisations probablement un groupe monophylétique, mais au sein
bilatérales foliacées, etc. (fig. 60-61). de Veturius s. nov.

3. Taxons terminaux soumis à l’analyse 3.1 Discussion sur le monophylétisme des taxons
Ces taxons sont des genres redéfinis sur des autapomor- Pour chacun des dix-neuf genres de Proculini, sont argu-
phies. Comme dans l’ancienne classification (p. 265), il y mentés ici les caractères qui ont permis d’établir leur mono-
en a 19, mais un est à créer, un a un statut nouveau, un phylétisme en amont de l’analyse. Ces caractères sont
est conservé avec doute et un est mis en synonymie. Des comparés avec ceux qui ont été utilisés par les auteurs.
sous-genres sont proposés pour la première fois. Concernant l’étude du postabdomen et des genitalia des
Vindex Kaup 1871 deux sexes, les espèces qui ont été disséquées à cette fin sont
Xylopassaloides Reyes-Castillo & Fonseca 1987 indiquées. La morphologie générale et l’interprétation
Pseudacanthus Kaup 1869 s. nov.
phylogénétique des genitalia femelles sont regroupées dans
Undulifer Kaup 1869 s. nov.
Oileus Kaup 1869 un schéma de synthèse. Enfin, la diversité spécifique et la
Proculejus Kaup 1868 répartition géographique de chaque genre sont indiquées.
Popilius Kaup 1871 s. nov.
Proculus Kaup 1868
Ogyges Kaup 1871
Vindex Kaup 1871
Espèces disséquées : V. agnoscendus (Percheron), espèce type (Mexique) ;
Spurius Kaup 1871 V. sp. 1 (Mexique, Oaxaca) ; V. sp. 2 (Nicaragua).
Chondrocephalus Kuwert 1896
Petrejoides Kaup 1871 s. nov. REYES-CASTILLO (1970) a considéré ce genre de trois
Yumtaax n. g. espèces (décrites à l’époque) comme proche de Proculejus
Heliscus Zang 1905 s. nov.
Odontotaenius Kuwert 1896 s. nov. et de Pseudacanthus, en particulier parce que le clypéus est
Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970 bien individualisé et doté de tubercules marginaux. Cet

343
Stéphane Boucher

auteur a indiqué une répartition géographique étendue, a indiqué une répartition géographique comprise entre le
depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec jusqu’au Mexique (Sierra Madre Oriental et Système Volcanique
Nicaragua. Depuis, une autre espèce a été décrite du nord Transversal) et le sud de l’Isthme de Tehuantepec (Chiapas,
de l’isthme (REYES-CASTILLO & CASTILLO 1993), et Guatemala). Plusieurs autres espèces ont été décrites depuis
SCHUSTER (1993) a estimé qu’il existerait près de dix autres de cette région et le genre en comprend au total une dizaine.
espèces inédites. Ainsi constitué, Pseudacanthus n’est soutenu par aucune
Le matériel examiné montre que Vindex comprend plus autapomorphie et ses affinités présumées sont douteuses.
d’une quinzaine d’espèces, macro- et brachyptères. La répar- L’état du caractère clypéo-frontal n’est visiblement pas
tition générale du genre reste inchangée (fig. 241). Il est homologue entre les espèces. Sur ce critère, au moins l’une
essentiellement montagnard. Sa présence hors de ces fron- des espèces appartient à Proculejus [obesus (Bates)] et deux
tières géographiques et écologiques est peu probable. autres, avec encore plus de certitude, à Undulifer (nigi-
Le monophylétisme de Vindex est soutenu par deux dioides (Hincks) [contrairement à l’avis de REYES-CASTILLO
autapomorphies solides des genitalia femelles. En revanche, & SCHUSTER 1983] et violetae Reyes-Castillo & Castillo).
aucun des caractères externes mentionnés dans la littéra- Dès lors, le groupe de l’espèce type P. mexicanus (Truqui),
ture n’est autapomorphe. auquel il faut joindre au moins deux espèces nouvelles, est
1. Lobe vaginal proximal ventral. Seul ce genre, parmi monophylétique et soutenu par une autapomorphie.
tous les Passalides étudiés, a le lobe proximal ventral consti- Clypéo-front. Il est convexe et étroit, droit, sur lequel
tué de deux sous-unités paramédianes bien individualisées sont soudés les tubercules internes par l’intermédiaire d’un
et presque rigides (fig. 123-124). tégument granuleux.
2. Lobe vaginal médian dorsal (car. 48). Ce lobe est vaste Cette structure de Pseudacanthus s. nov., est très voisine
et divisé en deux sous-unités transverses (fig. 123-124). d’Undulifer s. nov., ce qui suggère que les deux genres sont
Ceci rappelle quelque peu Heliscus s. nov. (fig. 131-134), des genres frères. Chez Vindex, les tubercules internes sont
mais chez ce dernier le volume du lobe est moindre et ses parfois situés de la sorte, mais le tégument intermédiaire
deux parties sont beaucoup plus rapprochées l’une de n’est jamais granuleux.
l’autre. Bien que ces états aient été codés au départ à l’iden- Le sac interne de P. aztecus est court, large et couvert
tique dans la matrice, il fait peu de doute, a posteriori, qu’il de microtriches sur la moitié de sa longueur apicale (fig. 67).
s’agit d’une convergence. Des sclérotisations bilatérales presque foliacées (scl3) sont
Les caractères vaginaux propres à Vindex m’ont conduit présentes et développées. Chez la femelle, les genitalia ont
à les isoler dans un type particulier de genitalia, le « type 4 » le lobe médio-dorsal de petites dimensions, mais le lobe
(fig. 206). proximal dorsal est grand (fig. 127). Ces genitalia sont du
« type 5 » (fig. 207).
Xylopassaloides Reyes-Castillo & Fonseca 1987
Espèces disséquées : X. pterocavis Reyes-Castillo & Fonseca, espèce type Pseudacanthus s. nov., est strictement montagnard et
(Chiapas) et X. chortii Schuster (Guatemala). répandu de part et d’autre de l’Isthme de Tehuantepec. Il
Ce genre comprenant cinq espèces récemment découvertes atteint, au sud, le nord de l’Amérique Centrale (fig. 241).
(REYES-CASTILLO & FONSECA 1987 ; SCHUSTER 1993) Cette distribution correspond, indépendamment des modi-
est répandu depuis le sud du Mexique jusqu’au Guatemala, fications taxinomiques effectuées ici, à celle de REYES-
où il semble endémique et strictement montagnard CASTILLO (1970). La présence d’autres espèces en dehors
(fig. 241). REYES-CASTILLO & FONSECA (1987) l’ont inté- de ce territoire est peu probable.
gré dans une lignée comprenant Og yges, Oileus,
Odontotaenius, Heliscus, Pseudoarrox, Undulifer et Undulifer Kaup 1869 s. nov.
Pseudacanthus. Ce regroupement n’est que partiellement Espèce disséquée : U. incisus (Truqui), Mexique.
exact car nous verrons qu’il est polyphylétique. Bien que Dans son premier examen du genre, REYES-CASTILLO
Xylopassaloides ait un habitus très particulier – plus proche (1970) n’a pas émis d’opinion tranchée sur l’existence
de celui d’un Passalini que d’un Proculini – son monophy- d’une, ou bien de deux, espèces (l’espèce type incisus
létisme n’est soutenu que par une seule autapomorphie : (Truqui), du Mexique et salvadorae Kuwert, décrit de El
Ponctuation latéro-élytrale. Elle est remarquablement Salvador et jamais repris depuis). En revanche, l’auteur a
profonde, large et de forme quadrangulaire. considéré Undulifer proche d’Oileus, Odontotaenius et
Heliscus, voire aussi de Pseudacanthus, en raison de sa
Pseudacanthus Kaup 1869 s. nov. morphologie clypéo-frontale. Dernièrement, R EYES -
Espèce disséquée : P. aztecus (Truqui), du Mexique.
CASTILLO & CASTILLO (1981) et REYES-CASTILLO (1987)
REYES-CASTILLO (1970) a reconnu dans ce genre sept ont établi qu’il n’existe qu’une seule espèce, U. incisus,
espèces proches d’Oileus, Odontotaenius et Heliscus, notam- endémique des montagnes situées au nord de l’Isthme de
ment par la forme de la plaque clypéo-frontale. Cet auteur Tehuantepec.

344
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

Ainsi constitué, Undulifer est incomplet car Pseuda- similitudes de la région clypéo-frontale. La répartition
canthus violetae et P. nigidioides, des montagnes du Chiapas, géographique (REYES-CASTILLO 1987) est limitée aux
partagent plusieurs états de caractères homologues très montagnes du Mexique situées au nord de l’Isthme de
particuliers avec U. incisus : habitus, structure clypéo-fron- Tehuantepec (fig. 242).
tale, ponctuation pronotale et élytrale forte, développe-
ment des épines mésotibiales latérales, métasternum entiè- Ce genre, l’un des moins connus des Proculini,
rement sétigère, etc. Undulifer violetae n. comb. et comprend actuellement une dizaine d’espèces. Il faut y
U. nigidioides n. comb. sont des espèces sœurs, groupe joindre au moins deux espèces inédites, ainsi que P. obesus
frère d’U. incisus, ce qui est cohérent vis-à-vis de leur vica- (Bates) n. comb. (transféré depuis Pseudacanthus). Cette
riance de part et d’autre de l’Isthme de Tehuantepec. Avec dernière espèce problématique fut d’abord placée dans le
ces trois espèces, deux autapomorphies soutiennent le genre monospécifique Prosoclitus Bates, puis R EYES -
monophylétisme d’Undulifer : CASTILLO (1974) la transférée dans Pseudacanthus.
1. Clypéo-front. Il est fortement ondulé, convexe et Le clypéo-front, qui distingue, d’après les auteurs,
étroit. Pseudacanthus, Proculejus et Ogyges, est en réalité peu carac-
2. Tégument des aires latéro-frontales. Il est abondam- térisé chez Proculejus. La position « plus antérieure » des
ment ridé. tubercules internes semble convergente avec Pseudacanthus.
Le monophylétisme de Proculejus est cependant soutenu
Oileus Kaup 1869 par une autapomorphie :
Espèces disséquées : O. rimator (Truqui), espèce type brachyptère du Mexique, Lobe vaginal proximal dorsal. les deux espèces dissé-
et O. sargi (Kaup), macroptère du sud du Mexique et d’Amérique quées ont ce lobe petit et sphérique (fig. 126), ce qui est
Centrale.
unique chez les Proculini examinés. Pour le reste, le schéma
REYES-CASTILLO (1970) a reconnu cinq espèces dans ce général des genitalia femelles appartient au « type 5 »,
genre, qu’il rapproche d’Odontotaenius et de Pseudoarrox. comme Og yges, Undulifer, Pseudacanthus et Oileus
Cet auteur indique une répartition géographique entre le (fig. 207).
nord de l’Isthme de Tehuantepec (où vivent quatre espèces Les sacs internes des mâles des deux espèces présentent
brachyptères) et le sud du Mexique jusqu’au nord de de nettes différences dans la taille, la forme et le tégument
l’Isthme de Panama (où vit O. sargi, unique espèce macro- (fig. 71-72). Les édéages sont peu distincts de Pseuda-
ptère). R EYES -C ASTILLO & Q UINTERO (1977) et canthus, Undulifer, Oileus, Proculus et Ogyges. Il est toute-
QUINTERO & REYES-CASTILLO (1983) ont reconnu les fois possible que l’extension sclérotisée ventro-dorsale du
mêmes espèces et les mêmes répartitions, mais en préci- phallus soit autapomorphe (scl1), en dépit des ressem-
sant des affinités morphologiques et chromosomiques blances avec Oileus et Ogyges.
nouvelles avec Odontotaenius et surtout Og yges.
Dernièrement, S CHUSTER (1993) a cité O. sargi de Proculus Kaup 1868
Colombie, sans autre précision. Espèces disséquées : espèce type P. goryi (Melly), P. mniszechi Kaup
(Guatemala), P. burmeisteri (Kuwert) (Honduras).
Le genre comprend au total au moins une dizaine d’es-
pèces. Son monophylétisme est soutenu par une seule auta- Après KAUP (1871) et GRAVELY (1918), REYES-CASTILLO
pomorphie : (1970) puis SCHUSTER et al. (2003) ont considéré ce genre
Sclérotisations ventro-dorsales basales du phallus. Ces de six espèces comme proche de Publius, Veturius et Verres,
structures (scl1) très développées, qui forment de véritables surtout en raison du clypéo-front qui est mince, large, lisse
plaques presque indépendantes du phallus et à tégument et dépourvu de sillon clypéo-frontal. La ressemblance est
nettement sclérotisé, sont propres au genre, bien que l’on en effet frappante entre ces genres.
y trouve de visibles affinités avec Proculejus, Proculus et La répartition géographique de Proculus s’étendrait,
Ogyges (fig. 69-70). d’après ces auteurs, depuis le sud du Mexique jusqu’au
Oileus est essentiellement montagnard et répandu Nicaragua. P. kraatzi (Kuwert) est la seule espèce (spéci-
depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec jusqu’au nord men unique) décrite d’Amérique du Sud (Colombie, sans
de l’Isthme de Panama (fig. 242). Bien que moins spécia- autre précision). Bien qu’aucun spécimen n’a été localisé
lisé que la plupart des autres Proculini, sa présence dans avec certitude au sud de la Dépression du Nicaragua,
le nord-ouest de l’Amérique du Sud doit être confirmée. ALFARO (1935) en a cité du Costa Rica et SCHUSTER
(1993) de Colombie nord-occidentale.
Proculejus Kaup 1868 La répartition sud-américaine me semble erronée, raison
Espèces disséquées : P. ganglbaueri (Kuwert), du Mexique, Orizaba (groupe pour laquelle, sans doute, elle n’a pas été reprise par
de l’espèce type P. truquii Kaup) et P. sp. 1, du Mexique, Hidalgo.
SCHUSTER et al. (2003). On sait en effet avec certitude
REYES-CASTILLO (1970) a reconnu sept espèces dans ce qu’elle s’étend depuis le sud du Mexique (Chiapas) jusqu’au
genre qu’il rapproche de Vindex, notamment par d’étroites nord du Nicaragua (fig. 242). Ceci corrobore ce qui est

345
Stéphane Boucher

établi chez les genres typiquement, ou essentiellement, Bien que reprenant les critères taxinomiques précédents,
montagnards, comme Vindex, Xylopassaloides, Proculejus, ce travail a augmenté le nombre des espèces à une douzaine.
Ogyges et Chondrocephalus. De plus, comme la plupart de Dernièrement, SCHUSTER et al. (2005) ont décrit quatre
ces genres, Proculus ne renferme que des formes brachy- autres espèces. La répartition géographique d’Ogyges s’éten-
ptères. Sa présence du Costa Rica à l’Amérique du Sud est drait depuis les montagnes du Chiapas jusqu’à celles du
donc très douteuse et il est vraisemblable que les enselle- nord du Nicaragua.
ments du Nicaragua et de Panama ont joué le rôle de
barrières hermétiques dans les expansions post-glaciaires Tel qu’il est défini par ces auteurs, Ogyges n’est soutenu
des populations. par aucune autapomorphie. Sa distinction de Proculejus
L’homologation des caractères morphologiques montre par la seule absence du sillon clypéo-frontal est peu convain-
que le monophylétisme de Proculus est soutenu par de cante car ce caractère est clairement polymorphe chez
nombreuses autapomorphies (plus de 20 au total) ; la plusieurs espèces, tandis que chez d’autres un sillon relic-
plupart sont une conséquence du gigantisme des espèces. tuel bien distinct est permanent. De plus, l’absence du
Toutefois, il faut remarquer qu’établir les homologies de sillon clypéo-frontal est partagée (et beaucoup plus sûre-
Proculus avec d’autres genres se révèle parfois délicat car ment homologue) avec Proculus. Concernant la région
l’hypertélie des caractères est aussi le fruit de courantes clypéo-frontale, on peut donc suggérer, tout au plus,
transformations homoplasiques. qu’Ogyges a le clypéo-front épais et redressé (homologue
Les six autapomorphies suivantes sont peu discutables : de Proculejus) et le sillon clypéo-frontal plus ou moins
disparu, mais pas totalement (homologue de Proculus).
1. Dimensions. La longueur totale des espèces varie entre
45 et 90 mm. La comparaison de la tête de l’une d’elles SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1990) ont montré
avec celle d’autres Proculini donne une idée des propor- que les autres structures dorso-céphaliques d’Ogyges sont
tions (fig. 251). De tous les Passalides, le seul groupe d’es- très diversifiées ; celles-ci sont également homoplasiques
pèces qui pourrait être comparé à Proculus à partir des avec plusieurs autres genres de Proculini.
dimensions est celui de Labienus moluccanus (Percheron). En observant la morphologie des larves, SCHUSTER &
Dans ce petit groupe de Macrolinini des Moluques, deux REYES-CASTILLO (1981) ont suggéré des affinités d’Ogyges
espèces peuvent dépasser 60 mm. avec Vindex, Pseudacanthus, Oileus, Undulifer, Proculejus
2. Massues antennaires (fig. 251). Elles sont très longues et Proculus.
et très velues. Ce caractère n’est aussi comparable que chez La présente étude n’a pas permis de découvrir une auta-
quelques grandes espèces de Labienus, de Nouvelle-Guinée. pomorphie chez Ogyges, mais plusieurs données prélimi-
3. Dents internes mandibulaires (fig. 46, 251). Elles sont naires, avant une future étude de toutes les espèces, indi-
de grandes dimensions et déhiscentes. Ce caractère remar- quent que les plus étroites relations du taxon sont avec
quable, unique dans la famille, fut signalé par GRAVELY Proculejus et Proculus. Les genitalia des deux sexes d’Ogyges
(1918). Presque tous les spécimens matures ont perdu ces montrent de fortes affinités avec Proculejus (fig. 71-73,
dents. 126, 128). Les genitalia femelles sont du « type 5 », comme
4. Ailes du mentum. Elles sont fortement tuberculées. Proculus et Proculejus (fig. 207). Ces relations, qui corro-
Ce caractère est unique dans la famille. borent celles de SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981)
5. Spermathèque (fig. 125). Son habitus piriforme n’est sur les larves, sont significatives. L’exception est O. granu-
connu chez aucun autre Passalide. lipennis, ballotté depuis ZANG (1905a) jusqu’à REYES-
6. Phallus. Il existe, à sa base, une sclérotisation médio- CASTILLO (2000) entre Proculejoides, Ogyges et Publius ;
dorsale qui n’est connue chez aucun autre Passalide (fig. 68, l’appartenance de cette espèce à Arrox fait aujourd’hui peu
soulignée par une flèche). de doute.

Ogyges Kaup 1871 Ainsi constitué, Ogyges ne comprend que des formes
Espèces disséquées : espèce type O. laevissimus Kaup, O. politus (Hincks), brachyptères. Sa répartition géographique, établie par les
Guatemala. auteurs aux montagnes comprises entre le Chiapas et le
REYES-CASTILLO (1970) a reconnu six espèces dans ce Nicaragua, n’est pas modifiée (fig. 242). La plupart des
genre. Les affinités signalées par cet auteur sont assez peu espèces vivent au Guatemala et au Honduras.
claires car elles sont surtout basées sur l’ensemble (sans
distinction de détails) des structures médio-frontales, ainsi Chondrocephalus Kuwert 1896
que sur le développement des rides frontales. Espèces disséquées : espèce type C. granulifrons (Bates), du Guatemala,
C. purulensis (Bates), du Guatemala et C. debilis (Bates), du Chiapas.
Implicitement, ces caractères rapprochent Ogyges de
Proculejus. REYES-CASTILLO & CASTILLO (1985) ont décrit Après K UWERT (1896) et G RAVELY (1918), R EYES -
une espèce supplémentaire, puis SCHUSTER & REYES- CASTILLO (1970) a regroupé dans ce genre quatre espèces
CASTILLO (1990) ont fait une révision exhaustive du genre. du Chiapas et du Guatemala. Ce dernier auteur le carac-

346
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

térise par le tégument granuleux du clypéo-front et le répandus depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec
rapproche étroitement de Popilius et de Spurius, en parti- jusqu’au sud de l’Amérique Centrale, formeraient ainsi un
culier par l’aspect quelque peu concave et régulier du même « complexe » proche de celui de Chondrocephalus – Popilius
territoire. REYES-CASTILLO & CASTILLO (1986) ont décrit – Spurius. Sur cette base, CASTILLO & REYES-CASTILLO
une cinquième espèce du Chiapas. (1984) ont fait une révision de Petrejoides, dans lequel ils
ont inclus plus d’une dizaine d’espèces caractérisées par le
Une seule espèce inédite m’est connue, du Guatemala, clypéus mince et par la présence d’un sillon clypéo-fron-
et le genre n’en comprend sans doute que très peu d’autres. tal et de tubercules « externes » (correspondant ici aux tuber-
Son monophylétisme est effectivement soutenu, en parti- cules médio-frontaux). Avec ces caractères, ces auteurs ont
culier, par le tégument granuleux autapomorphe de la réaffirmé les affinités du genre avec Coniger,
partie dorsale antérieure de la tête. Il faut toutefois préci- Chondrocephalus, Spurius et Popilius ; ils ont aussi distin-
ser que cette granulosité couvre le clypéo-front et le front gué trois groupes d’espèces : « orizabae », « laticornis » et
proprement dit (qui lui est immédiatement postérieur), et « recticornis ». La larve, décrite par SCHUSTER & REYES-
non pas uniquement le « clypéus ». La granulosité, qui CASTILLO (1981), présenterait de nombreuses similitudes
chevauche deux régions limitrophes, rend ainsi presque avec le « type Chondrocephalus ». Depuis lors, Petrejoides
invisible le sillon clypéo-frontal sous-jacent. L’observation compte au total plus d’une trentaine d’espèces décrites
par transparence, après potassage, de la marque du sillon, (REYES-CASTILLO & SCHUSTER 1983, SCHUSTER 1988,
confirme la constitution de cette structure. On en conclut 1991, CANO & SCHUSTER 1995) et sa répartition géogra-
que Chondrocephalus partage avec la plupart des Proculini phique est étendue jusqu’en Colombie occidentale.
la présence « primitive » d’un sillon clypéo-frontal.
Une granulosité du clypéo-front existe parfois chez L’examen de la plupart des espèces décrites et de
Xylopassaloides, Pseudacanthus et Undulifer, mais elle ne plusieurs nouvelles montre que Petrejoides s. auct., compre-
peut être tenue pour homologue de celle de Chondro- nait de nombreux caractères polymorphes. Pour cette
cephalus. Chez ce dernier, la granulosité est beaucoup plus raison, le genre n’était soutenu par aucune autapomorphie
étendue car elle correspond à un recouvrement clypéal et et était polyphylétique. Il existe en réalité deux genres
frontal ; chez les autres genres, elle n’occupe que l’espace confondus : Petrejoides s. nov. (anciennement « groupe
du sillon clypéo-frontal. tenuis ») et Yumtaax n.g. Il faut aussi y ajouter quelques
Popilius s. auct. et un Pseudoarrox. Les deux genres issus
Ainsi caractérisé, Chondrocephalus n’est cependant de Petrejoides s. auct., coïncident pour partie sur trois points
toujours pas monophylétique car il lui manque au moins importants : 1, les groupes d’espèces congénériques établis
C. salvadorae (Schuster 1988) (transféré depuis Petrejoides). par CASTILLO & REYES-CASTILLO (1984) sont à peu près
Cette espèce de El Salvador a la conformation dorso-cépha- les mêmes ; 2, la présente découverte des autapomorphies
lique typique de Chondrocephalus : l’aire antérieure est des genres voisins (surtout Popilius s. nov.) ne pouvait que
concave, mince et partiellement granuleuse ; les tubercules bouleverser quelque peu la précédente systématique ; 3, les
internes sont inclus dans la marge postérieure de ce tégu- scénarios paléobiogéographiques d’un taxon sont plau-
ment différencié. Ces caractères n’existent en réalité chez sibles lorsque ceux-ci sont en relation avec la phylogénie
aucun Petrejoides. de ce taxon, et vice versa.
La plupart des auteurs ont rapproché Chondrocephalus
de Popilius, Spurius et Petrejoides, notamment par les ressem- Le genre Petrejoides s. nov., comprend ici environ
blances des clypéo-fronts et par les petites tailles corpo- 25 espèces, mais il en existe sans doute plus d’une tren-
relles. La phylogénie confirmera cette interprétation. taine. Son monophylétisme est soutenu par une autapo-
La répartition géographique de Chondrocephalus, tel morphie : la plaque clypéo-frontale convexe, assez bombée
qu’il est nouvellement constitué, correspond à celle indi- et étroite. Cet état de caractère ressemble quelque peu à
quée dans la littérature. Il est limité aux montagnes du ceux d’Heliscus s. nov., Odontotaenius et Pseudoarrox.
nord de l’Amérique Centrale (fig. 241). Contrairement aux espèces de Yumtaax, celles de
Petrejoides s. nov., n’ont pas de peigne surélevé sur les arêtes
Petrejoides Kuwert 1896 s. nov. supérieures mésotibiales, ni de fossettes latéro-pronotales,
Espèces disséquées : P. tenuis Kuwert et P. sp. 1, du Costa Rica ; P. klingelhofferi tandis que les arêtes des genae sont marquées. CASTILLO
(Kaup) et P. mysticus (Bates), du Guatemala ; P. jalapensis (Bates), du & REYES-CASTILLO (1984) ont signalé la présence d’un
Mexique.
peigne mésotibial chez P. tenuis, mais les soies de l’espèce
REYES-CASTILLO (1970) a reconnu dans ce genre six sont en réalité différentes de celles de Yumtaax ; elles sont
espèces, dont les affinités les plus étroites seraient parta- plus longues, occultant de ce fait l’absence de convexité de
gées avec Coniger. Les caractères employés sont le type de l’arête supérieure sous-jacente. Curieusement, l’arête méso-
structure dorso-céphalique et l’élévation affilée de l’arête tibiale non convexe de P. tenuis est fidèlement représentée
supérieure des mésotibias. Petrejoides et Coniger, qui sont par CASTILLO & REYES-CASTILLO (1984). Quoiqu’il en

347
Stéphane Boucher

soit, l’homologie de ces caractères ne peut être retenue entre caractère : la partie médiane des arêtes supérieures mésoti-
P. tenuis et à Yumtaax. Enfin, P. tenuis est endémique du biales élevée, affilée et surmontée d’un petit peigne de soies.
Costa Rica-Panama ; or, si l’espèce appartenait à Yumtaax, Les genitalia mâles (fig. 80), ainsi que la plaque clypéo-
sa répartition manquerait de cohérence biogéographique frontale large, mince et plane à concave, présentent des
vis-à-vis de l’ensemble des autres espèces (voir ci-après). similitudes très nettes, sans doute de vraies homologies,
avec Chondrocephalus et surtout Popilius s. nov., et Spurius.
Pour le reste, la plupart des caractères examinés chez
De plus, deux caractères semblent être partagés avec certains
Petrejoides s. nov., sont polymorphes d’une espèce à une
de ces trois genres : le sillon margino-pronotal « pincé »
autre, y compris les genitalia mâles et femelles. L’étude de
(présent chez Spurius) et la perte des fossettes supra-
toutes les espèces devra être faite pour tenter une interpré-
oculaires (présentes chez Spurius et Popilius s. nov.).
tation phylogénétique concluante de ces caractères.
L’aire de répartition de Yumtaax est distincte de celles
La répartition géographique de Petrejoides s. nov., s’étend
de Petrejoides, de Spurius et de Popilius s. nov. : elle est
depuis le nord-est du Mexique jusqu’au versant Pacifique
située au nord de l’Isthme de Tehuantepec (Mexique), dans
des Andes de Colombie-Équateur, l’île Gorgona incluse
les Sierras Madre Oriental et du Sud (fig. 243). Ceci
(fig. 243). Plusieurs espèces sont brachyptères et stricte-
explique la moindre diversité du genre par rapport à celle
ment montagnardes ; d’autres, macroptères, sont sympa-
de Petrejoides s. nov. Une espèce est brachyptère, les autres
triques avec des brachyptères à plus de 3 000 m d’altitude,
macroptères, mais toutes sont montagnardes. Cette répar-
ce qui est rare parmi les Proculini.
tition implique une sympatrie avec les espèces septentrio-
Les espèces, leur répartition géographique et les modi- nales de Petrejoides s. nov., mais une parapatrie avec Spurius
fications nomenclaturales qui s’imposent sont les suivantes : (barrière de l’Isthme de Tehuantepec) et une allopatrie avec
P. tenuis Kuwert 1897 : Costa Rica-Panama (espèce type). Popilius s. nov. (barrière de l’Amérique Centrale).
P. haagi (Kaup 1868) : Guatemala [transféré depuis Popilius par Les espèces de Yumtaax (toutes à transférer depuis
BOUCHER 2004]. Petrejoides s. auct.) et leur répartition géographique, sont
P. tau Kaup 1869 : nord de l’Amérique Centrale [transféré depuis
Popilius par BOUCHER 2004 ; klingelhofferi (Kaup 1869) n. syn.,
les suivantes :
intergeneus (Bates 1886) n. syn.]. Y. recticornis (Burmeister 1847) n. comb. : Oaxaca.
P. jalapensis (Bates 1886) : Mexique, Sierra Madre del Sur. Y. laticornis (Truqui 1857) n. comb. : Sierra Madre Oriental.
P. mysticus (Bates 1886) n. comb. : Guatemala [transféré depuis Popilius]. Y. imbellis (Casey 1897) : Sierra Madre del Sur.
P. varius (Kuwert 1891) n. comb. : Costa Rica [transféré depuis Popilius]. Y. nebulosus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb. : Sierra Madre
P. subrecticornis (Kuwert 1897) : Costa Rica [syn. : wagneri Kaup 1868 Oriental.
(BOUCHER 2004)]. Y. mazatecus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb. : Sierra Madre
P. orizabae Kuwert 1897 : Mexique, Sierra Madre Oriental. Oriental.
P. lenzi (Kuwert 1897) n. comb. : île Cocos [transféré depuis Popilius]. Y. olmecae (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb. : Sierra Madre del
P. frantzi (Kuwert 1897) n. comb. : Guatemala-Costa Rica [transféré Sur.
depuis Popilius].
P. hirsutus (Luederwaldt 1941) n. comb. : Costa Rica [transféré depuis
Popilius]. Popilius Kaup 1871 s. nov.
P. abnormalis (Luederwaldt 1941) n. comb. : Costa Rica [transféré depuis Espèces disséquées : P. marginatus (Percheron), P. magdalenae Boucher
Popilius]. (Guyane), P. hebes Kuwert (Colombie).
P. guatemalae Reyes-Castillo & Schuster 1983 : Guatemala.
P. silvaticus Castillo & Reyes-Castillo 1984 : Mexique, Sierra Madre KAUP (1871) créa Popilius pour P. marginatus et ses espèces
Oriental. voisines (toutes sud-américaines). Les auteurs y ont ensuite
P. reyesi Schuster 1988 : Honduras [non examiné]. intégré de nombreuses espèces d’origines diverses (Mexique,
P. panamae Schuster 1991 : Panama.
P. pokomchii Schuster 1991 : Guatemala [non examiné].
Amériques Centrale et du Sud). REYES-CASTILLO (1970)
P. chiapasae Schuster 1991 : Mexique, Chiapas. a ainsi retenu environ 25 espèces dans le genre, qu’il a
P. michoacanae Schuster 1991 : Mexique, Michoacan [non examiné]. considéré voisin de Chondrocephalus et de Spurius. Cette
P. caldasi (Reyes-Castillo & Pardo 1994) n. comb. : Colombie (y compris conception fut admise par presque tous les auteurs, mais
île Gorgona) et Equateur [transféré depuis Pseudoarrox].
P. caralae Cano & Schuster 1995 : Guatemala. Cette espèce et caldasi certains ont aussi signalé que Popilius, Chondrocephalus et
semblent avoir d’étroites relations phylogénétiques avec subrecticornis Spurius réunis présenteraient des affinités avec Proculejus,
et panamae. Vindex, Veturius, Publius, Proculus, Verres, Petrejoides et
P. sp. 1 : Costa Rica.
P. sp. 2 : Mexique, Oaxaca.
Coniger, ce qui est beaucoup moins clair. Depuis lors,
plusieurs espèces ont été décrites d’Amérique du Sud et de
Yumtaax n. g. Panama (BOUCHER 1986 ; REYES-CASTILLO & CASTILLO
Espèces disséquées : Y. recticornis (Burmeister), espèce type désignée, et 1992). La répartition de Popilius s. auct., couvre un très
Y. laticornis (Truqui), du Mexique. grand territoire, depuis la moitié sud du Mexique, passant
Derivatio nominis. Yumtaax, dieu Maya du maïs.
par l’île Cocos, jusqu’au nord de l’Argentine. Cette répar-
Ce genre, moins diversifié que le précédent, comprend six tition n’est comparable, parmi les Proculini, qu’avec celles
espèces connues. Son monophylétisme est soutenu par un de Verres et de Veturius.

348
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

Ainsi constitué, Popilius s. auct., est polyphylétique et sous-groupe « hebes »


P. gibbosus (Burmeister 1847) : Colombie.
renferme des espèces appartenant au moins à trois lignées P. hebes Kuwert 1891 : Colombie-Équateur (nec Amérique Centrale :
différentes. En revanche, Popilius s. nov., est un groupe HINCKS & DIBB 1935).
naturel, que soutient une solide et nouvelle autapomor- P. villei Kuwert 1897 : Colombie-Équateur.
phie : les épines apicales inférieures méso- et métatibiales P. parvicornis (Gravely 1918) : Colombie.
P. fisheri Pereira 1941 : Colombie.
ont l’apex biseauté (pointu chez tous les autres Proculini,
fig. 237). Ce caractère est toujours visible, mais il l’est Spurius Kaup 1871
davantage chez les spécimens immatures. Une seule excep- Espèce disséquée : espèce type S. bicornis (Truqui), du Chiapas.
tion est P. sieberi (Kuwert), du Venezuela ; aussi l’apparte-
nance de cette espèce au genre sera peut-être à réexaminer. La révision de REYES-CASTILLO (1978) a apporté des
conclusions solides sur ce petit genre de quatre espèces
La découverte de l’autapomorphie de Popilius s. nov., (aucune n’a été décrite depuis). Cet auteur a indiqué que
n’est pas due au hasard des observations, mais parce que Spurius est caractérisé par les structures dorso-céphaliques,
j’ai toujours pensé que cette lignée (sensu KAUP 1871), spécialement l’absence de tubercule frontal et le fort déve-
était uniquement sud-américaine. Les espèces présentent loppement des tubercules latéro-postérieurs. Pour le reste,
un faciès particulier, notamment par la combinaison des il a considéré le genre comme proche de Chondrocephalus,
structures dorso-céphaliques, surtout clypéo-frontales Popilius, Coniger et Petrejoides, notamment par la petite
(plaque mince, large, plane à concave), du pronotum, des taille, les yeux très grands et les aires latéro-post-frontales
massues antennaires, de l’édéage et du sac interne. L’étude pubescentes. RITCHER (1969b) a comparé la larve avec
des genitalia de toutes les espèces fournira sans doute celle d’Odontotaenius, mais sans en apporter de conclusion
d’autres caractères informatifs. De plus, Popilius s. nov., précise.
est le seul Proculini dont les massues antennaires sont poly- SCHUSTER (1993) a cité S. bicornis de Colombie (sans
morphes ; selon les espèces, elles sont triphylles à penta- autre précision), mais la répartition géographique avérée
phylles, et courtes et épaisses à très longues et fines. Parmi du genre reste celle de REYES-CASTILLO (1978), soit depuis
ces caractères, ceux de la tête et de l’édéage sont très voisins le nord de l’Isthme de Tehuantepec jusqu’au Costa Rica
de Spurius (fig. 87) ; les lobes vaginaux, quant à eux, sont inclus.
du « type 6 », comme Spurius, Petrejoides et Yumtaax
(fig. 138, 208). L’examen des quatre espèces connues et de plusieurs
Cette conception nouvelle implique pour le genre une autres inédites montre que le monophylétisme du genre
nomenclature différente de la précédente et moins d’es- est soutenu par au moins cinq autapomorphies :
pèces ; certaines sont transférées vers Petrejoides s. nov., 1-2. Tubercule central et tubercules latéro-postérieurs. La
d’autres vers Heliscus (voir ces genres). Popilius s. nov., perte complète du tubercule central et le développement
comprendrait une quinzaine d’espèces décrites et cinq à hypertélique des tubercules latéro-postérieurs n’existent
six autres inédites. Sa répartition géographique couvre chez aucun autre Proculini. Quelques rares convergences,
l’Amérique du Sud intertropicale, Trinidad incluse, et concernant le tubercule central, existent chez le genre
l’Isthme de Panama ; fig. 243). d’Aulacocyclinae Cylindrocaulus (fig. 23-24 et chap. I). Le
De plus, Popilius s. nov., est scindé en deux sous-groupes même processus est à l’origine de cette morphologie
morphologiques et biogéographiques : celui de l’espèce commune aux deux taxons : le laminage du tégument
type P. marginatus, extra-andin et surtout inféodé aux forêts central, lors du puissant étirement bilatéral, a entraîné la
de basses à moyennes altitudes (< 1 500 m) ; celui de surélévation des arêtes supra-oculaires chez Cylindrocaulus
P. hebes, intra-andin septentrional (entre 1000 et plus de et des tubercules latéro-postérieurs chez Spurius.
3 000 m d’altitude). La composition de ces sous-groupes 3. Lobe vaginal proximal ventral. Spurius est le seul
est indiquée ci-dessous, mais à titre préliminaire car leur Proculini qui a ce lobe simple, de petites dimensions, assez
future étude détaillée, comparable à celle présentée ici pour fortement sclérotisé et situé à proximité du ventrite VIII
Veturius (chap. III), conduira probablement à quelques (fig. 139). Avec le caractère n° 41, ces genitalia particu-
autres modifications : liers forment le « type 8 » (fig. 210).
4. Sclérotisations bilatérales du sac interne (car. 36). Elles
sous-groupe « marginatus » sont très développées (fig. 86), comme le sac interne lui-
P. tetraphyllus (Eschscholtz 1829) : Guyano-Amazonie. même, alors qu’elles sont absentes chez Popilius s. nov., et
P. marginatus (Percheron 1835) : Guyano-Amazonie.
absentes ou présentes (selon les espèces) chez Chondro-
P. novus Kuwert 1891 : Colombie.
P. sieberi (Kuwert 1897) : Venezuela (nec Brésil : HINCKS & DIBB 1935).
cephalus et Petrejoides s. auct. Leur homologie, primitive-
P. amazonicus Gravely 1918 : Amazonie centrale. ment, est difficile à établir entre les trois genres sans une
P. refugicornis Bürhnheim 1962 : Brésil Atlantique. future étude de toutes les espèces.
P. magdalenae Boucher 1986 : Guyanes Atlantiques. 5. Site d’attache du canal de la spermathèque (car. 41).
P. erotylus Reyes-Castillo & Castillo 1992 : Panama (San Blas). Il est situé sur le lobe médio-dorsal (fig. 139), ce que l’on

349
Stéphane Boucher

ne retrouve de façon assez similaire, par convergence, que Proculini. Cela suggère d’intégrer le taxon dans le genre
chez Ogyges et dans le complexe Arrox-Verres-Veturius. Heliscus, où il formerait un sous-groupe frère de celui d’H.
Malgré les espèces nouvelles en présence, la répartition tropicus.
géographique proposée par REYES-CASTILLO (1978) est
peu modifiée. Spurius est essentiellement montagnard et Heliscus s. nov., comprend moins d’une dizaine d’es-
répandu depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec jusqu’au pèces, dont deux ou trois sont nouvelles. Son monophy-
nord de l’Isthme de Panama. Sa présence en Amérique du létisme est soutenu par quatre autapomorphies ; trois sont
Sud (N.O. de la Colombie) est très concevable. liées au postabdomen :
1. Tégument des arêtes des dents dorso-mandibulaires. Il
Heliscus Zang 1905 s. nov. est granuleux, ce qu’il ne faut pas confondre avec la granu-
Espèces disséquées : H. tropicus (Percheron) (Mexique, San Luis Potosí), losité, assez similaire, du fond des mandibules, et qui est
H. eclipticus (Truqui) (Mexique, Oaxaca et Guatemala), H. sp. 1 davantage répandue dans la tribu.
(Equateur), H. sp. 2 (Panama – Colombie – Venezuela), H. ridiculus
(Kuwert) (Mexique – Guatemala).
2. Apex du sternite VII. L’apex du sillon marginal de ce
sternite a une petite excroissance tuberculeuse. Toutefois,
REYES-CASTILLO (1970) a considéré huit espèces dans ce ce caractère est indistinct chez H. tropicus et chez Coniger.
genre, qu’il a caractérisé de façon peu claire : outre le type Il s’agit peut-être, chez ces derniers, de réversions.
de structure dorso-céphalique, le clypéus « épais » le ferait 3. Phallus. Deux petites protubérances paramédianes
appartenir à la lignée comprenant Pseudacanthus, Oileus, sclérotisées sont situées sur le tiers ventral du phallus
Undulifer et Odontotaenius ; toutefois, le genre le plus (fig. 88-90). Ce caractère n’existe chez aucun autre
proche serait Pseudacanthus. Proculini.
Pour cet auteur, la répartition géographique d’Heliscus 4. Lobe médio-dorsal vaginal. Il est bilobé, plus ou moins
s’étendrait depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec distinctement (fig. 131-133, 209). De ce fait, les genita-
jusqu’au Costa Rica. SCHUSTER (1991) a apporté à ce sujet lia femelles du genre représentent à eux seuls le « type 7 »
des compléments sur le Mexique et l’Amérique Centrale. (fig. 209).
Tel que l’ont conçu les auteurs, depuis KAUP (1871), Les genitalia mâles permettront sans doute de décou-
Heliscus n’est pas un groupe naturel, mais le fruit de vrir d’autres synapomorphies. Ils sont bien reconnaissables
profondes confusions. L’homologation de plusieurs carac- par : grande taille, habitus massif, tégument fortement
tères externes et des genitalia montrent qu’il comprend des sclérotisé, sac interne assez court mais large, tegmen sans
éléments de diverses lignées : H. decipiens (Kuwert) est sillon entre paramères et phallobase, etc. (fig. 88-90).
probablement un Odontotaenius, tandis que plusieurs véri- H. tropicus n’a sur le sac interne que des sclérotisations
tables Heliscus ont été intégrés dans Popilius, tel le petit bilatérales très courtes et peu pigmentées (scl3). H. eclip-
groupe d’H. eclipticus (Truqui). Ces confusions provien- ticus n’a aucune structure de ce type, tandis qu’H. sp. 1 et
nent du fait que les espèces sont parfois très peu différen- H. sp. 2 ont des expansions foliacées de grandes tailles. De
ciées et que certaines sont sym- ou parapatriques. plus, H. eclipticus a deux plaques sclérotisées à la base dorsale
Un autre problème lié au précédent concerne le genre du phallus ; ce caractère ressemble à celui de Proculus. Enfin,
Coniger Zang. Son unique espèce, C. ridiculus (Kuwert), H. tropicus a un long support dans la lumière du tegmen,
est macroptère et répandue depuis le sud du Mexique alors que les trois autres espèces ont l’organe homologue
jusqu’au Guatemala. REYES-CASTILLO (1970) l’a rappro- très court.
chée de Petrejoides et de Popilius. En réalité, cet auteur n’a Curieusement, les auteurs n’ont jamais rapproché
utilisé dans sa définition que des symplésiomorphies, et Coniger d’Heliscus, mais de Petrejoides et de Popilius, notam-
dans la présente analyse le genre est en polytomie basale ment par la présence de soies sur les aires latéro-posté-
avec Heliscus. rieures de la tête. Ces soies étant répandues et homopla-
L’étude détaillée des différentes espèces en jeu montre siques chez les Proculini, leur homologation est souvent
d’évidentes relations phylogénétiques entre Heliscus s. nov., difficile.
et C. ridiculus (fig. 91, 134, 209), tandis qu’aucune auta-
pomorphie justifiant d’élever ce dernier dans un genre La répartition géographique d’Heliscus s. nov., est
monospécifique n’a été trouvée. Le mésosternum avec deux distincte de celle d’Heliscus s. auct. La découverte d’H. sp. 2
macules soyeuses paramédianes ; les fossettes latéro-métas- dans le bassin inférieur de l’Orénoque modifie profondé-
ternales très larges ; le métasternum très pubescent, avec ment les limites de l’aire et son interprétation biogéogra-
les aires latéro-postérieures imponctuées ; le tubercule phique. Le genre occupant cette région, ainsi que les Andes
central pédonculé, à apex horizontal, libre et pointu ; enfin du Nord, il n’est donc plus strictement méso-américain.
les tubercules internes « effacés » (considérés par plusieurs Quant à H. ridiculus, dont la répartition est peu connue,
auteurs comme caractères clés), ne constituent pas des il semble limité aux basses à moyennes montagnes du nord
synapomorphies convaincantes par rapport aux autres de l’Amérique Centrale (Chiapas, Guatemala, Honduras).

350
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

Tous les Heliscus s. nov., sont macroptères et plusieurs attei- marqués (angles antérieurs), sillon postoculaire obsolète
gnent au moins 3 000 m d’altitude. Le macroptérisme (arête supra-oculaire), méso-épimères peu pubescents. Sur
explique la vaste répartition du genre. la larve, SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981) ont indi-
qué une chétotaxie voisine de Chondrocephalus, Petrejoides,
Odontotaenius Kuwert 1896 s. nov. Popilius et Spurius. REYES-CASTILLO & PARDO (1994) ont
Espèces disséquées : O. striatopunctatus (Mexique, San Luis Potosí), décrit une seconde espèce macroptère (P. caldasi) de
O. striatulus (Equateur), O. decipiens (Costa Rica). Colombie occidentale.
REYES-CASTILLO (1970) a inclus sept espèces dans ce genre, Ainsi constitué, Pseudoarrox n’est pas monophylétique
qu’il considère proche d’Oileus et de Pseudoarrox. Une car P. caldasi est en réalité un Petrejoides s. nov., du sous-
espèce a été décrite depuis du Mexique, Jalisco (CASTILLO groupe de P. tenuis, ce que montrent aisément l’architec-
et al. 1988). ture clypéo-frontale, les genitalia et d’autres caractères
La répartition géographique d’Odontotaenius est très thoraciques et appendiculaires. Le tubercule central à apex
étendue, couvrant l’est des États-Unis d’Amérique et le libre et horizontal est une convergence, certes peu marquée,
sud-est du Canada, jusqu’aux Andes d’Equateur. mais presque certaine, avec les Odontotaenius de la lignée
Tel qu’il est admis par les auteurs, Odontotaenius n’est d’O. striatopunctatus. SCHUSTER & REYES-CASTILLO
pas monophylétique, mais très hétérogène. Les trois carac- (1981) ont d’ailleurs trouvé des affinités chétotaxiques
tères clés utilisés par REYES-CASTILLO (1970) pour sépa- larvaires entre P. karreni et Petrejoides, mais pas avec
rer le genre d’Oileus sont en réalité des symplésiomorphies : Odontotaenius.
arêtes supra-oculaires bifurquées dans leur partie posté- Les « caractères clés » qui ont soutenu la création de
rieure (marques correspondant ici aux fossettes supra- Pseudoarrox sont des symplésiomorphies ; tous existent
oculaires) ; dents internes sans dent basale (db) ; massues chez d’autres Proculini, y compris le sillon clypéo-frontal.
antennaires courtes, à article apical arrondi. En effet, contrairement à ce qu’indique la description origi-
Un nouvel examen des espèces n’apportent cependant nale, l’examen détaillé de l’aire clypéo-frontale montre un
aucune autapomorphie solide pour le groupe de l’espèce fin sillon sous forme de traces. Pour le reste, il est vrai que
type O. striatopunctatus (Percheron). Il existe pourtant, l’habitus de P. karreni présente des ressemblances avec
autour de cette espèce, une lignée naturelle à reconstruire, Odontotaenius. Le fait que Pseudoarrox représente une lignée
où figurent O. disjunctus (Illiger), O. cerastes Castillo et distincte (et monospécifique) est alors douteux. Par rapport
al., O. floridanus Schuster, O. striatulus (Dibb), peut-être à Odontotaenius, les seuls caractères de l’espèce type qui
aussi O. zodiacus (Truqui). Heliscus decipiens (Kuwert) et défendent la distinction du genre sont l’habitus étroit et
H. yucatanus (Bates), qui ne sont certainement pas des la longueur totale petite. Ces caractères sont insuffisants
Heliscus, contrairement à l’idée des auteurs, semblent et rappellent fortement Petrejoides s. nov. L’étude des geni-
appartenir à la lignée d’O. striatopunctatus. On retrouve, talia mâles et de nouveaux spécimens est nécessaire afin
chez decipiens, de nombreux caractères externes et géni- d’affiner les hypothèses.
taux très voisins, en particulier la conformation de l’édéage
et du sac interne, les sclérotisations microtrichées bilaté- Arrox Zang 1905 s. nov., n. stat.
rales du sac interne (scl3), la vaste spermathèque et le lobe Espèces disséquées : A. agassizi (Kaup) (Guatemala, Honduras) et
vaginal proximal-dorsal simple (comparer fig. 77-78, 140- A. granulipennis (Zang) (Mexique).
141, 207). Les genitalia femelles d’O. striatopunctatus et
REYES-CASTILLO (1970) avait transféré l’unique espèce de
de ses espèces voisines, y compris decipiens, sont du
ce genre – agassizi (Kaup) – dans Publius. La présente étude
« type 5 » (fig. 207).
conduit à revalider Arrox en y ajoutant A. granulipennis
Odontotaenius s. nov. est répandu depuis l’est de (Zang). Cette dernière espèce a été transférée dans plusieurs
l’Amérique du Nord jusqu’aux Andes nord-péruviennes. genres ; dernièrement dans le complexe Veturius – Publius
C’est le seul Proculini présent en Amérique du Nord et les (S CHUSTER & R EYES -C ASTILLO 1990), suivant mon
deux espèces concernées y sont endémiques (voir propre avis (com. pers.). A. agassizi est macroptère et
SCHUSTER 1983, 1994). A. granulipennis brachyptère.
Deux autapomorphies soutiennent le monophylétisme
Pseudoarrox Reyes-Castillo 1970 d’Arrox s. nov. :
Espèces disséquées : femelle allotype de P. karreni (Costa Rica) et les deux 1. Sclérotisation dorsale de la phallobase. Cette plaque
sexes de P. caldasi (exemplaires de Colombie-Équateur).
sclérotisée est étendue chez les deux espèces (fig. 282-283,
Ce genre décrit sur une espèce macroptère (P. karreni) des souligné par une flèche) ; elle n’existe chez aucun autre
montagnes du Costa Rica, a été rapproché par son auteur Proculini.
d’Oileus et d’Odontotaenius. Il en serait différencié par : 2. Lobe vaginal médio-dorsal (car. 40). Les deux espèces
absence de sillon clypéo-frontal, angles du clypéus peu sont les seuls Proculini (sauf deux espèces sœurs de Veturius)

351
Stéphane Boucher

qui ont ce lobe subdivisé sur les axes transversal et longi- 5. Sac interne de l’édéage. Il est très allongé. Comme
tudinal (fig. 143-144, 211). De ce fait particulier, les geni- chez Arrox et Veturius, il est dépourvu de sclérotisations
talia femelles forment le « type 9 » (fig. 211). bilatérales, de microtriches et son tégument est assez pâle
(fig. 92-95).
Hormis ces caractères génitaux, Arrox ne se distingue
6. Vagin. Il est très allongé et constitué de trois lobes
extérieurement de Verres et de Veturius que par des symplé-
dorsaux contigus (fig. 145-146), ce qui révèle une relation
siomorphies. En particulier, la présence de tubercules
morpho-fonctionnelle avec la grande taille du sac interne
médio-frontaux relictuels – caractère décrit par GRAVELY
du mâle. Ce caractère particulier conduit à fonder pour
(1918) ; fig. 253, souligné par une flèche – ainsi que la
ces genitalia le « type 11 » (fig. 213).
présence de ponctuations sur le sillon marginal du prono-
tum, existent en réalité chez de nombreux autres genres La répartition géographique nouvellement établie pour
de Proculini. Verres est voisine de celle des auteurs : le genre est répandu
La répartition géographique d’Arrox est strictement depuis le nord de l’Isthme de Tehuantepec jusqu’en
montagnarde et étendue depuis l’extrême sud du Mexique Amazonie méridionale (Brésil, Bolivie) et à Trinidad
(Chiapas) jusqu’au Costa Rica (fig. 245). (fig. 245). En Amérique du Sud, une seule espèce (V. furci-
labris) est largement répandue, mais toujours en basse alti-
Arrox est révisé en détail chapitre III. tude. Sa présence est très douteuse dans le Sud-Est Brésil,
en dépit de la citation de l’état de São Paulo par
LUEDERWALDT (1931). Son absence est avérée au Paraguay
Verres Kaup 1871 et en Argentine. Ailleurs, soit dans les Andes de Colombie-
Espèces disséquées : V. furcilabris (Eschscholtz) (Guyane), V. deflexicornis
Kuwert (Costa Rica), V. hageni (Guatemala), V. sternbergianus Zang Équateur uniquement, existent : un endémique (V. onorei
(Equateur), V. onorei Boucher & Pardo (Colombie-Équateur). Boucher & Pardo), une espèce présente à la fois dans cette
REYES-CASTILLO (1970) a inclus treize espèces dans ce région et dans l’extrême sud de l’Amérique Centrale (V.
genre, qu’il considère proche de Publius, Veturius et sternbergianus Zang, espèce sœur de V. onorei), ainsi que
Proculus, et qu’il distingue par trois caractères : dent interne quelques espèces qui sont manifestement des immigrants
supérieure de la mandibule gauche trifide, bord antérieur récents d’origine méso-américaine (V. hageni Kaup, V. corti-
du labre échancré, sillon margino-pronotal crevassé dans cicola (Truqui), V. cavicollis Bates). Les autres espèces (une
sa partie antérieure. QUINTERO (1980, 1982) a proposé dizaine) sont propres au Mexique et (ou) à l’Amérique
une ébauche de révision du genre, tandis que BOUCHER Centrale. Plusieurs espèces sont brachyptères et sont limi-
& PARDO (1997) ont fait une mise au point sur plusieurs tées à des reliefs élevés de la Méso-Amérique.
espèces des Andes de Colombie-Équateur, parmi lesquelles
une était inconnue. Pour tous les auteurs, Verres est l’un Veturius Kaup 1871 s. nov.
des genres de Proculini les plus clairement définis et recon- Espèces disséquées : à peu près toutes les espèces décrites ou nouvelles (voir
naissables. chap. III).
La majorité des espèces sont méso-américaines ; très Après KAUP (1871) et GRAVELY (1918), les mêmes genres
peu sont propres à l’Amérique du Sud. « voisins » de Veturius ont été admis unanimement par les
L’étude de toutes les espèces décrites et de plusieurs auteurs : outre Proculus et Verres, Publius a toujours été vu
autres inédites montre que le monophylétisme du genre comme un genre distinct et le plus proche. R EYES -
est soutenu par au moins six autapomorphies : CASTILLO (1970) a reconnu une vingtaine d’espèces de
1. Dent interne supérieure mandibulaire gauche. Veturius. Depuis lors, plusieurs espèces ont été étudiées
Remarquée depuis PERCHERON (1835), cette dent est d’Amérique du Sud et du Mexique (REYES-CASTILLO
trifide ; le tubercule supérieur (di3) est nettement plus 1973 ; BOUCHER 1986, 1987, 1988a-b ; FONSECA 1999,
développé que chez tous les autres Proculini et Passalini 2004). REYES-CASTILLO (1970) a indiqué que Veturius se
(fig. 48). distinguait de Publius par trois caractères principaux : bord
antérieur du pronotum nettement bilobé ; sillon pronotal
2. Labre. Bord antérieur fortement échancré (fig. 252).
large et profond dans ses parties latérales et antérieures ;
3. Tubercules central et latéro-postérieurs. Ils sont suréle- fossettes latéro-pronotales peu marquées. La réduction
vés conjointement, ce que l’on ne retrouve chez aucun alaire, omniprésente chez Publius, a aussi été couramment
autre Proculini (fig. 252). employée pour séparer les deux genres.
4. Fossettes latérales du sillon margino-pronotal. A la diffé-
rence de Veturius, ces fossettes sont crevassées, courtes et Ainsi constitué et défini, Veturius n’est pas monophy-
situées très en avant sur le sillon (fig. 252). L’homologie, létique. C’est ce que montre ci-après l’analyse des Proculini,
chez les deux genres, à l’origine de ces fossettes, n’est par où ont été utilisés trois taxons terminaux pour représen-
établie. ter et tester le « complexe Veturius ». Ces taxons sont : le

352
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

groupe de l’espèce type de Veturius, Publius et le petit 4.1. Désignation, états et codage
groupe « laevior ». Dans tous les cas, les trois taxons présen-
TÊTE
tent une polytomie basale (la seule de la tribu). Nous appendices buccaux
verrons, par une autre analyse consacrée à ce complexe
(chap. III), que Publius et le groupe « laevior » sont en réalité mandibules
tiers baso-dorsal
des taxons internes de Veturius. Autrement dit, les auta- 1. tégument : ponctué 0 ; microtuberculé 1 ; lisse 2.
pomorphies qui soutiennent le monophylétisme de Veturius 2. pubescence : présente 0 ; absente 1.
sont homologues de celles de Publius et du groupe apex (lobe inciseur)
« laevior ». Dans la littérature, Publius a donc été séparé de 3. denture : trifide 0 ; bifide 1.
arête des dents dorsales
Veturius par des symplésiomorphies et par une « synapo- 4. longueur : longue 0 ; courte type Popilius s. nov. ; courte type Heliscus
morphie » très homoplasique dans la tribu des Proculini : s. nov., 2
le brachyptérisme. En fait, cet état du développement alaire dents internes supérieures (lobe molaire)
5. espacement des tubercules : proches 0 ; éloignées 1.
existe aussi bien chez le groupe de l’espèce type de Veturius dents basales
que chez le groupe « laevior ». 6. développement : absentes ou peu distinctes 0 ; développées 1.
Veturius s. nov., qui inclut désormais Publius et le groupe fossettes ventrales
7. taille : courtes, peu distinctes 0 ; grandes, bien marquées 1.
« laevior », est monophylétique et regroupe près de
ligule
75 espèces, parmi lesquelles un grand nombre sont inédites. épine apicale antérieure
Une telle diversité n’a pas d’équivalent dans la tribu. Deux 8. taille : longue 0 ; courte 1.
autapomorphies soutiennent solidement le monophylé- aire dorso-médiane
9. forme : en arête longitudinale 0 ; en petite fossette 1 ; en grande fossette 2.
tisme du genre : convexité dorso-apicale postérieure
1. Fossettes latéro-frontales (car. 22). Ce caractère n’existe 10. forme : arrondie 0 ; épineuse 1.
chez aucun autre Passalide. Les fossettes assez comparables arête transverse ventro-antérieure
11. développement : absente 0 ; présente 1.
de Proculus se révèlent être une convergence (voir chap. I,
mentum
p. 284, fig. 17 et III, p. 378, fig. 252-255). fossettes latérales
2. Sillon latéro-marginal du pronotum (car. 30). Le déve- 12. pubescence : glabres 0 ; pubescentes 1.
loppement, au milieu du sillon latéral du pronotum, d’une ailes
13. longueur, largeur : courtes et trapues 0 ; longues et étroites 1.
véritable fossette, le plus souvent large et profonde, est processus hypostomaux
surtout visible chez quelques groupes d’espèces. Il existe 14. longueur, largeur : longs et étroits 0 ; courts et larges 1.
néanmoins un héritage commun de cet état chez toutes fossettes ventrales
les espèces, y compris Publius (voir chap. III). Dans un 15. développement : absentes 0 ; fines 1 ; larges 2.
vaste genre monophylétique comme Veturius, des pertes épicrâne
isolées d’un état homologue sont vraisemblables, mais pas fossettes post-oculaires
des convergences multiples. 16. développement des marges : marges externes distinctes 0 ; entièrement
marginées 1.
La répartition géographique de Veturius s. nov., couvre fossettes supra-oculaires
17. développement : absentes 0 ; en traces à bien marquées 1.
un immense territoire et des niches écologiques très variées,
aires latéro-postérieures
comme aucun autre Proculini : depuis la limite nord de 18. pubescence : toujours glabres 0 ; soies centrales et basales atteignant les
l’Isthme de Tehuantepec jusqu’à la Bolivie et le nord de arêtes supra-oculaires (type Popilius s. nov.) 1 ; soies centrales et basales
l’Argentine, y compris les îles Gorgona (Colombie) et de n’atteignant pas les arêtes supra-oculaires (type Veturius) 2.
Trinidad. Les biotopes et les altitudes s’échelonnent depuis aire clypéo-frontale
les forêts littorales ombrophiles jusqu’aux forêts mésophiles rides frontales antérieures
de montagne (> 3 400 m ; niveau maximal pour les 19. développement : bien à peu marquées 0 ; effacées 1.
Passalides américains). tubercules internes
20. position : en retrait du front ou du clypéo-front 0 ; en bordure du clypéo-
front 1.
4. Caractères utilisés dans l’analyse fossettes latéro-frontales
21. développement : absentes 0 ; présentes 1.
51 caractères morphologiques de l’imago sont inclus dans bord frontal
la matrice : 27 sont liés à la tête et 24 au thorax, à l’ab- 22. ponctuation des aires antérieures : présentes 0 ; absentes 1.
angles inférieurs du bord frontal
domen, aux genitalia mâles et femelles, à la longueur du 23. structures en contact : angles supérieurs du clypéus 0 ; tubercules
corps et à l’habitus. Il existe ainsi un faible écart quanti- frontaux 1.
tatif entre les caractères de la tête et les autres. Chaque clypéo-front
caractère est explicité (certains l’ont été avant l’analyse, 24. tégument : absent 0 ; présent, surface irrégulière 1 ; présent, surface très
régulière, très lisse et mince 2.
d’autres le seront lors de la discussion sur les synapomor- sillon clypéo-frontal
phies révélées par l’analyse). 25. développement : absent (pas de clypéo-front) 0; complet à trace 1; effacé 2.

353
Stéphane Boucher

massues antennaires genitalia femelles


26. taille et forme : longues ou courtes, ensemble « droit » vagin
0 ; courtes, ensemble « arrondi » 1. 48. développement du lobe médian dorsal (lbmd) : simple 0 ; bilobé transversalement 1 ; bilobé
dilatation antérieure des articles VI-VII transversalement et longitudinalement 2 ; trilobé longitudinalement 3.
27. développement : visible 0 ; indistincte à absente 1. canal de la spermathèque
49. site d’attache : hors d’un lobe 0 ; sur le lobe médian dorsal 1.
THORAX
50. habitus : convexe 0 ; aplati 1.
pronotum 51. longueur totale : variable 0 ; toujours petite 1.
sillon antéro-marginal
28. dilatation : nulle (étroit, sub-parallèle) 0 ; toujours
partielle (élargi et plus ou moins profond) 1. 4.2. Matrice
sillon latéro-marginal Dimensions 23 taxons, 51 caractères. Les caractères « polymorphes » sont notés comme suit. –
29. largeur : très étroit, sub-parallèle partout 0 ; très étroit, ø : 0 & 1 ; § : 0 & 2 ; ô : 1 & 2.
« pincé » au milieu 1 ; élargi au milieu 2.
30. tégument : ponctué partout 0 ; lisse ou presque 1.
caractères
fossettes latérales
31. tégument : ponctué 0 ; lisse 1. taxons 1 1111111112 2222222223 3333333334 4444444445 5
mésosternum 1234567890 1234567890 1234567890 1234567890 1234567890 1
aires axiale et latérales Passalus s. str. 0000000001 0000000000 0000000000 0000100000 0000000001 0
32. tégument : brillant 0 ; mat 1. P. grpe « guatemalensis » 0000000000 0000000000 0000000000 0000000000 0000001001 0
métasternum Paxillus 0000000001 0000000000 0000000000 0000000000 0001000001 1
aires latéro-postérieures Pertinax s. str. 0000000000 0000000000 0000000000 0000000100 0101000000 0
33. tégument : ponctué 0 ; imponctué 1. Vindex 1100010100 0100000010 0101100000 0010000011 0100011101 0
34. pubescence margino-postérieure : absente 0 ; présente 1.
Xylopassaloides 11ø0010100 0100001010 0101100000 0010000011 0100010000 0
élytres Pseudacanthus s. nov. 1100010ø00 0110001011 0101100000 0000000011 0101011000 0
35. pubescence latérale : absente 0 ; présente 1.
Undulifer s. nov. 1100010100 0110001011 0101100000 0001000011 0100011000 0
protibias
Oileus 2100010000 0110000010 0111100001 1000000011 0110011000 0
spolons
36. forme de l’apex : arrondi ou en biseau net ou trace et Proculejus 11ø0110100 1110001010 011110000ø 0011100011 0110011000 0
peu ou pas courbé vers le bas 0 ; en pointe nette, Ogyges 1110110100 1110001010 0111200001 1011100111 0110011000 0
forte, courbée vers le bas 1. Proculus 0010110100 1111201010 1111200001 1011111111 0111011000 0
37. position de l’arête extra-latérale : latérale et proéminente
Chondrocephalus 1100000000 0100101010 0112100000 00000010ø0 010ø011000 1
0 ; ventrale et non proéminente 1.
fossettes apicales Petrejoides s. nov. 1100000000 0100101110 0111100000 00ø0001000 010ø011000 1
38. développement : marquées : 0 ; absentes 1. Yumtaax n. g. 1101000000 0100100110 0112100010 0010001000 1100011000 1
méso- et métatibias Popilius s. nov. 1101000000 0100100110 0112100010 0010001000 0100011000 1
spolons supérieurs Spurius 1101000000 0100100110 0112100010 0010001000 1101011010 1
39. taille et forme : courts (< trois tarsomères) et droits 0 ; Heliscus s. nov. 1102000000 0ø00101110 0111111000 00ø0011000 ø10ø111100 0
longs (> trois tarsomères) et crochus 1. Odontotaenius s. nov. ô100000010 0100101010 0111111000 ø000011000 0101111000 0
mésotibias Pseudoarrox 1100000010 0100101010 0111111000 0000011000 010?111000 1
arête supérieure
Verres §ø00001000 0101211210 0111211101 11ø0011110 1100011310 0
40. pubescence : soies longues 0 ; soies courtes 1.
Arrox s. nov. 2100001000 0101211010 0111211000 1110011110 0100011210 0
ABDOMEN Veturius s. nov. 21ø0001000 0101210210 1111211121 11100111ø0 1100011010 0
tergum
« médiotergite IX »
41. sclérotisation : bien à peu visible 0 ; absente 1. 5. Résultat : arbre de consensus
genitalia mâles La recherche effectuée par Branch & Bound dévoile deux arbres égale-
paramères ment parcimonieux de 120 pas minimum (CI : 0,660). Les variantes
42. étendue de la sclérotisation dorsale : en plaque large 0 ;
en marge étroite 1.
topologiques affectent le groupe interne uniquement. Sans directive préa-
phallus
lable, la phylogénie confirme le monophylétisme des Proculini (arbre de
43. division latéro-basale du sclérite : absente 0 ; présente 1. consensus strict ci-dessous ; valeurs de Bootstrap en %).
sac interne
44. développement des sclérotisations latérales foliacées (scl 5.1. Topologie du groupe interne
3) : absentes 0 ; présentes 1.
45. développement des plages microtrichées bilatérales : Principales divisions. L’arbre de consensus des Proculini se dichoto-
absentes 0 ; présentes 1. mise en deux clades principaux : Vindex-Ogyges (Vindex, Xylopassaloides,
46. développement des plages à phanères latéro-dorsaux : Pseudacanthus, Undulifer, Oileus, Proculejus, Proculus, Ogyges) et
présents 0 ; absents 1.
47. développement des plages à soies médio-ventrales : Chondrocephalus-Arrox (Chondrocephalus, Petrejoides, Yumtaax, Spurius,
présentes 0 ; absentes 1. Popilius, Heliscus, Odontotaenius, Pseudoarrox, Verres, Veturius, Arrox).

354
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

rapprochement : l’étendue de la sclérotisation dorsale des


paramères (car. 42) et l’habitus dorso-ventral convexe
(car. 50). Cette information corrobore celles mentionnées
plus haut (chap. I : 6.6 ; chap. II : 4). SCHUSTER & REYES-
CASTILLO (1990) ont déterminé un caryotype de Pertinax
très voisin d’Ogyges. Nous verrons que des arguments
biogéographiques semblent aussi aller dans le sens d’une
étroite relation entre Pertinax s. str., et les Proculini.

6. Monophylétisme des Proculini


Neuf caractères non ambigus au nœud basal de l’arbre
soutiennent le monophylétisme des Proculini (fig. 240a).
Sauf les deux premiers caractères (réunis), les autres sont
nouveaux :
1-2. Clypéo-front (car. 24-25). Ce territoire regroupe
des caractères qui sont en grande partie à l’origine de l’éta-
blissement du monophylétisme des tribus de la famille
(chap. I). C’est aussi le seul qui a été utilisé par les auteurs
pour définir les Proculini. La présence d’une plaque
clypéale et frontale (et non pas seulement clypéale) est
propre aux Proculini.
3-4. Tiers basodorsal des mandibules (car. 1-2). Sur la
face dorsale des mandibules des Passalides, le tégument
peut avoir des soies plus ou moins courtes et étendues.
Dans la partie centrale de l’appendice elles sont omnipré-
sentes chez les Passalini (fig. 37), mais absentes chez les
Proculini (fig. 38). Des convergences avec les Passalini exis-
Clades terminaux. La plupart des clades terminaux sont tent toutefois chez Proculus (fig. 251) et chez quelques
résolus, mais quelques ambiguïtés persistent avec Oileus Odontotaenius et Verres, comme O. disjunctus et V. furci-
et Proculejus d’une part, et Chondrocephalus et Petrejoides labris. Hormis ces exceptions, les soies sont remplacées par
d’autre part. L’unique polytomie est celle de Veturius- des microtubercules, ce qui n’existe dans aucune autre
Publius- « groupe laevior ». tribu. Les microtubercules sont plus ou moins développés
et étendus, atteignant parfois les dents dorsales, mais ils
La polytomie Veturius-Publius- « groupe laevior ». sont toujours observables. Lorsqu’ils sont abondants, le
Lorsque l’on introduit dans la matrice les taxons séparés tégument présente un aspect granuleux très net (fig. 221).
Veturius s. auct., Publius s. auct., et le groupe « laevior », ils Les microtubercules ont totalement régressé chez Arrox et
présentent une trifurcation basale inévitable. Ce clade n’est Veturius (fig. 38).
pas résolu car l’interprétation des caractères connus n’offre
5. Pubescence des fossettes du mentum (car. 12). Tous les
pas de possibilité pour d’autres reconstructions également
Passalini ont, primitivement, des soies dans le fond des
parcimonieuses. Dans ces conditions, plusieurs de ces
fossettes du mentum, mais aucun Proculini.
taxons ne sont pas monophylétiques. Leur analyse indé-
pendante montrera (chap. III) que Publius s. nov., et le 6. Fossettes supra-oculaires (car. 17). Ces fossettes situées
groupe « laevior », sont monophylétiques et qu’ils sont sur la partie médio-postérieure des arêtes supra-oculaires
internes de Veturius s. nov. Veturius s. auct., est donc para- sont propres aux Proculini (fig. 234). Chez les formes
phylétique. brachyptères elles sont plus développées, parfois larges,
profondes et bombées en arrière.
Quelques genres de chaque grand clade sont dépour-
5.2. Topologie des groupes externes vus de ces fossettes (Vindex, Oileus, Popilius s. nov., Spurius
Passalus s. str., et Paxillus forment un clade résolu tel que et Veturius). Toutefois, des fossettes apparemment effa-
le laissait fortement supposer les premières observations. cées sont en réalité distinctes en lumière rasante, comme
Ils n’auraient pas le même ancêtre que le groupe de Passalus chez Arrox. Elles sont en traces chez Proculus (fig. 251),
guatemalensis et que Pertinax s. str. bien que toutes les espèces soient brachyptères, ainsi que
Pertinax apparaît comme le plus « proche » taxon des chez quelques Verres macroptères. Chez Petrejoides s. auct.,
Proculini. Deux caractères non ambigus soutiennent ce plusieurs espèces (macroptères ou brachyptères) n’en n’ont

355
Stéphane Boucher

pas. Quoique non ambigu, ce caractère a donc été consi- a. Vindex-Ogyges. Quatre synapomorphies (dont une
déré dans l’analyse comme « polymorphe » pour certains autapomorphe) soutiennent le monophylétisme de ce clade
genres. Aucun polymorphisme intraspécifique n’a été (fig. 240a) :
observé. 1. Dents basales mandibulaires (car. 6, autapomorphe).
7. Rides frontales antérieures (car. 19). Nous avons vu À la base de chaque dent interne supérieure existe une
que ces rides existaient sûrement chez l’ancêtre de la famille. petite dent basale (db) chez tous les Passalini et Proculini.
Les Aulacocyclinae les ont perdues ainsi que divers groupes L’homologie du caractère entre les deux tribus fait peu de
de Passalinae, dont les Proculini. Chez ces derniers la perte doute. Les dents basales sont peu distinctes chez les
est consécutive du soulèvement du clypéo-front mitoyen, Passalini (fig. 40-42) et chez les Proculini du clade
où il n’existe en avant des tubercules internes que la plaque Chondrocephalus-Arrox (fig. 47-48, 222) ; elles sont bien
clypéo-frontale, avec ou sans sillon intermédiaire (compa- visibles et développées chez les genres Vindex à Ogyges.
rer Odontotaenius fig. 16, avec Proculus, Arrox, Verres et Celles d’Oileus sont les plus développées (fig. 221, souli-
Veturius fig. 251-254). Dans la tribu des Passalini les rides gnée par une flèche).
sont nettes, même lorsqu’elles sont réduites (fig. 14, 15, 2. Épine apicale antérieure de la ligule (car. 8). Les
20). Une perte importante, homoplasique avec les Passalini et les Proculini du clade Chondrocephalus-Arrox
Proculini, est rare (par exemple Passalus guatemalensis et ont l’épine développée, parfois longue (fig. 227-230). Les
Pertinax dominicanus, fig. 18-19). Proculini du clade Vindex-Ogyges l’ont courte, parfois plus
courte que les épines latérales (fig. 226). Font exception
8. Ponctuations de l’aire frontale antérieure (car. 22). quelques rares Pseudacanthus et tous les Oileus, chez qui
Comme on le voit encore dans les tribus Solenocyclini et l’état est réversé.
Leptaulacini, les proto-Passalini avaient sans doute des 3. Spolons supérieurs des méso- et métatibias (car. 39).
ponctuations abondantes sur l’aire frontale antérieure. Tous les Passalini ont ces spolons courts et droits, ne dépas-
Ces marques pourtant profondes ont modestement persisté sant pas la longueur de trois tarsomères. Chez les Proculini,
chez des Passalus s. str. (fig. 14), ou sont sous forme de c’est ce que l’on observe dans le clade Chondrocephalus-
traces chez des Pertinax (fig. 19), mais dans la majorité Arrox (fig. 237, flèche de gauche), sauf quelques
des cas elles ont presque disparu. Elles ont disparu chez Chondrocephalus et Veturius et tous les Verres et Arrox, qui
les Proculini. ont les spolons plus longs que deux tarsomères et à apex
9. Phanères latéro-dorsaux du sac interne (car. 46). Tous crochu (fig. 281, 293). Les genres du clade Vindex-Ogyges
les Passalini étudiés ont ces structures superficielles, souvent sont de ce dernier type, sauf Undulifer.
accompagnées de soies (fig. 57-61), mais aucun Proculini 4. Pubescence de l’arête supérieure des méso- et métatibias
(fig. 64-114). Xylopassaloides fait toutefois exception car, (car. 40). Les Passalini et les Proculini du clade
bien qu’il n’a pas de phanères, il a des soies au même empla- Chondrocephalus-Arrox ont les soies supérieures longues.
cement (fig. 64). Or, ce genre est un Proculini basal. Les autres Proculini les ont courtes, sauf de rares Pseuda-
L’observation de cet intéressant caractère devra être pour- canthus et Oileus.
suivie sur les autres espèces.
Remarques sur deux caractères non utilisés
7. Synapomorphies aux nœuds internes dans l’analyse
Développement alaire. Ce caractère n’est pas utilisé
7.1. Les deux divisions principales car il est très polymorphe. Il mérite néanmoins une atten-
tion particulière.
Les deux présentes divisions principales des Proculini sont Dans la famille des Passalidae, le brachyptérisme est
proposées pour la première fois. Suivant des critères fréquent chez les espèces adaptées aux altitudes élevées,
morphologiques et méthodologiques différents, GRAVELY quelle que soit la tribu, mais spécialement dans celle des
(1918) avait divisé la tribu en Pseudacanthinae (Oileus, Proculini. Par ailleurs, il est apparu aussi lors de l’isole-
Undulifer, Spurius, Popilius, Pseudacanthus, Proculejus) et ment insulaire de l’ancêtre d’un groupe de Labienus
Proculinae (autres genres). À l’inverse, REYES-CASTILLO (Macrolinini) des Moluques ; ce deuxième cas est unique
(1970) avait regroupé tous les taxons sans distinction dans la famille (voir aussi chap. III, p. 385).
nomenclaturale, mais en les subdivisant en « groupes phylé- La réduction alaire qui est liée à l’adaptation des espèces
tiques » anonymes. Certains de ces groupes ont été quelque à des biotopes d’altitudes élevées n’est cependant pas
peu modifiés ultérieurement dans diverses publications. univoque, puisqu’il existe des espèces macroptères stric-
Les « affinités » établies entre les groupes constitués par ces tement inféodées aux mêmes biotopes. Pour certains
auteurs corroborent souvent les actuelles synapomorphies, groupes se pose alors le problème de la polarité de l’état
mais, sans règle propre, elles sont aussi la cause d’interpré- du caractère. Chez les Proculini, la parcimonie appliquée
tations erronées. sur ce caractère lors d’une autre analyse a déterminé le

356
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

macroptérisme comme l’état plésiomorphe de la tribu. aucun n’a que des macroptères. C’est l’inverse dans le clade
Cependant, on constate que dans le clade Vindex-Ogyges Chondrocephalus-Arrox ; les genres ont une majorité d’es-
les genres ont une majorité d’espèces brachyptères, pèces macroptères, aucun n’a que des brachyptères (l’ex-
plusieurs n’ont que des brachyptères (Xylopassaloides d’une ception étant le sous-genre Publius, dans Veturius), et
part, le clade Proculejus-Ogyges-Proculus d’autre part), et plusieurs n’ont que des macroptères.

Figures 221-239
Phylogénie des Proculini. – Détails morphologiques (les flèches soulignent certains caractères utilisés). – 221-225, mandibules. 221, 222, 225, dent dorsale
à arête horizontale ou pointue et hypertrophiée (latéral) ; 221, 222, fond lisse ou microtuberculé et dent interne secondaire distincte ou non (dorsal) ; 223,
224, fossette ventrale étroite ou large (ventral). – 226, 227, ligule (ventral) : apex médio-antérieur court ou long et arête transversale antérieure présente ou
absente. – 228-230, épipharynx (ventral) : fossette antérieure, fossette médiane et épine ou fossettes postérieures. – 231-233, mentum (ventral) : largeur et
longueur des ailes. – 234, fossette supra-oculaire marquée (dorsal). – 235, 236, pronotum : angle antérieur et ponctuation du sillon latéro-marginal (latéral).
– 237, fourches apicales méso- et métatibiales (ventral) : spolon supérieur court et droit et épine inférieure à apex tranché. – 238, 239, fourche apicale
protibiale (latéral interne) : présence ou non de fossette plantaire.
Passalini. 223, 227, 228, 231, 239, Paxillus pentaphyllus (Palisot), Haïti ; 235, Passalus guatemalensis (Kaup), Guatemala. – Proculini. 221, Oileus rimator
(Truqui), Mexique ; 222, Heliscus ridiculus (Kuwert), Mexique ; 224, 230, 238, Verres sternbergianus Zang, Equateur ; 225, Proculus opacipennis (Thomson),
Guatemala ; 226, Proculejus ganglbaueri (Kuwert), Mexique ; 229, Odontotaenius disjunctus (Illiger), Floride ; 232, Veturius sinuosus (Drapiez), Guyane ; 233,
Ogyges politus (Hincks), Guatemala ; 234, Odontotaenius striatopunctatus (Percheron), Mexique ; 236, Spurius bicornis (Truqui), Mexique ; 237, Popilius
marginatus (Percheron), Guyane. – Échelles : 1 mm.

357
Stéphane Boucher

On peut en conclure que dans la tribu des Proculini chez tous les Passalini et chez les Proculini du clade Vindex-
(sans doute aussi dans toute la famille), une réversion vers Ogyges (fig. 49-51), mais elle est ventrale et sans relief dans
le macroptérisme n’aurait jamais eu lieu lors de vicariances le clade Chondrocephalus-Arrox (fig. 52-53). Chondro-
adaptatives secondaires en dehors des reliefs élevés. Le fait cephalus pourrait toutefois faire exception car la visibilité
que l’état plésiomorphe du développement alaire des de ses caractères est moins aisée. Ce fait est intéressant
Proculini soit connu a naturellement beaucoup d’impor- puisque la topologie du genre dans l’arbre tribal est
tance en biogéographie. centrale. On remarque aussi que Proculus est convergent
avec le clade Chondrocephalus-Arrox (le caractère est peu
Larves. Dans leurs études morphologiques des larves distinct chez les spécimens matures, mais l’examen de
de Proculini, SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981), puis spécimens ex larva confirme l’état dérivé analogue).
R EYES -C ASTILLO et al. (1987), ont crée un « groupe
Vindex ». Or, ce groupe ne comprend que les genres du
présent clade Vindex-Ogyges. Certes, les larves du clade 7.2. Autres divisions
Chondrocephalus-Arrox n’ont pas fait l’objet d’une telle a. Vindex-Xylopassaloides. Le monophylétisme de ce
synthèse, mais les publications éparses qui existent permet- clade est soutenu par une synapomorphie non autapo-
tent de noter des différences chétotaxiques nettes avec les morphe (fig. 240a) :
genres précédents. L’analogie entre les observations des Aires latéro-postérieures du métasternum (car. 33). Elles
larves et des imagos n’est certainement pas une coïnci- sont imponctuées. Cet état est réversé chez des espèces du
dence ; elle semble, au contraire, souligner de réelles rela- clade Proculejus-Ogyges.
tions phylogénétiques. Dans le clade Chondrocephalus-Arrox, le caractère est
b. Chondrocephalus-Arrox. Le monophylétisme de ce polymorphe selon les genres et les groupes de genres.
second clade principal est soutenu par trois synapomor- L’homologation et la polarité de ce caractère, pourtant bien
phies non autapomorphes (fig. 240a) : visible, est donc difficile à établir chez les Proculini. On
1. Processus hypostomaux (car. 15). Les Passalini et les peut néanmoins s’assurer que l’état plésiomorphe de la
Proculini du clade Vindex-Ogyges ont les processus hypo- tribu est celui « avec ponctuations », puisqu’on le retrouve
stomaux dépourvus de fossette, sauf Proculus (fig. 223, chez de très nombreux Passalini (y compris le fossile indor-
souligné par une flèche). C’est l’inverse dans le clade mitus), ainsi que dans des tribus de l’Ancien Monde.
Chondrocephalus-Arrox (fig. 224, flèche du bas). Ces Nous avons vu que GRAVELY (1918) et REYES-CASTILLO
fossettes sont parfois de très petites tailles (d’où le codage (1970) ont rapproché Vindex de Proculejus et de
matriciel « petite » ou « large »). Pseudacanthus, puis que REYES-CASTILLO & FONSECA
2. Structure limitrophe avec les angles inférieurs du bord (1987) ont rapproché Xylopassaloides de Pseudacanthus et
frontal (car. 23). Les angles inférieurs du bord frontal, qu’ils d’Ogyges, notamment en raison de la présence de tuber-
soient disposés verticalement ou horizontalement, sont en cules sur, ou en marge, du clypéo-front. Ces caractères n’ont
contact soit avec les seuls tubercules frontaux (tous Passalini pas été retenus ici car ils sont en majorité homoplasiques.
et Proculini Vindex, Xylopassaloides, Pseudacanthus et Vindex. L’analyse des Proculini met en évidence deux
Undulifer ; fig. 202b), soit avec les tubercules frontaux et nouvelles synapomorphies (non autapomorphes) pour ce
les angles antérieurs du clypéus (fig. 201d). Dans ce second genre :
cas, il s’agit des Proculini dont la plaque clypéo-frontale 1. Arêtes supra-oculaires (car. 17). Vindex et Oileus sont
est la plus « dérivée » ; elle est mince, sans tubercules fron- les seuls genres du clade Vindex-Ogyges qui n’ont aucune
taux relictuels, ce que l’on trouve dans les clades Oileus – marque, même sous forme de traces, des fossettes supra-
Proculus et Chondrocephalus-Arrox. La distinction est nette oculaires (fig. 234). Il s’agit sans doute de réversions conver-
entre les deux groupes, mais l’homologie des tubercules gentes, comme on en trouve dans plusieurs genres du clade
entre les genres du premier reste en partie douteuse. La Chondrocephalus-Arrox.
position des tubercules a en effet évolué différemment 2. Habitus (car. 50). Vindex est le seul genre de Proculini
selon les genres. Compte tenu de la topologie des taxons, dont l’habitus est aplati dorso-ventralement. Par contre,
il ne s’agit cependant pas de néoformations totalement ce caractère est constant chez les groupes externes, sauf
indépendantes. Pertinax s. str. Or, nous avons vu que le groupe frère des
3. Arêtes extra-latérales des spolons supérieurs protibiaux Proculini pourrait être Pertinax.
(car. 37). Il a été établi (chap. I, p. 330) que la torsion
maximale des spolons protibiaux est une synapomorphie Xylopassaloides. L’analyse des Proculini met en
des Proculini. Les différentes étapes du processus de torsion évidence une nouvelle synapomorphie (non autapo-
sont représentables dans un morphocline et l’observation morphe) pour ce genre :
de la position de l’arête extra-latérale (b) en est un bon Soies médio-ventrales du sac interne (car. 47). Ces soies
repère (fig. 49-53). Cette arête est latérale et proéminente développées et abondantes, uniques chez les Proculini

358
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

(fig. 64), rappellent celles de Pertinax s. str. (fig. 60-61). Les genitalia femelles sont très vastes et coudés à la base
Une homologie de ce caractère n’est pas à exclure entre les du lobe médio-dorsal (« type 3 » ; fig. 121-122, 205). On
deux taxons. En revanche, la conformation générale de y retrouve à nouveau des affinités claires avec Pertinax,
l’endophallus de Xylopassaloides est différente de Pertinax., ainsi qu’avec Passalus guatemalensis, en particulier le grand
alors qu’elle est très voisine des autres Proculini. L’organe lobe médio-dorsal (fig. 118-119).
lui-même n’a pas de sclérotisations bilatérales (scl3), tandis Sur la tête, il faut remarquer que les structures clypéo-
que les limites latérales entre le phallus et l’endophallus et médio-frontales ont leurs limites souvent peu claires
ont des sclérotisations développées (scl2). chez certaines espèces, si bien que les homologies avec les
autres genres ne sont pas encore toutes établies, notam-
ment pour ce qui concerne les tubercules internes et le
sillon clypéo-frontal. De plus, la plaque clypéo-frontale
est fortement convexe, aux contours imprécis, tandis que
le tégument interstitiel entre la plaque et l’aire médio-fron-
tale est granuleux. On retrouve ainsi un schéma d’ensemble
voisin de Vindex, Pseudacanthus et Undulifer. La rareté du
matériel disponible n’a pas permis d’approfondir davan-
tage ces premières interprétations.
b. Pseudacanthus-Ogyges. Le monophylétisme de ce clade
de six genres est soutenu par une autapomorphie
(fig. 240a) :
Longueur des ailes du mentum (car. 13). Elles sont plus
longues et plus étroites (du type d’Ogyges, fig. 233) que
celles des Passalini et des autres Proculini (fig. 231-232).
c. Pseudacanthus-Undulifer. Le monophylétisme de ces
deux genres est soutenu par une autapomorphie (fig. 240a) :
Tubercules internes (car. 20). Ils sont situés en bordure
de la plaque clypéo-frontale.
Undulifer. L’analyse met en évidence une nouvelle
synapomorphie (non autapomorphe) :
Aires latérales du métasternum (car. 34). Elles sont entiè-
rement couvertes de fines ponctuations sétigères. Les ponc-
tuations similaires de Proculejus, Proculus et Ogyges seraient
des convergences.
R EYES -C ASTILLO (1970) a rapproché Undulifer
d’Oileus, Odontotaenius et Heliscus par deux caractères du
clypéo-front qui sont manifestement des homoplasies. En
revanche, le rapprochement d’Undulifer avec Pseudacanthus
avec les mêmes caractères est basé sur l’homologie. Il est
curieux que cet auteur n’ait pas mentionné l’architecture
du clypéo-front et des tubercules central et latéro-posté-
rieurs, qui sont caractéristiques des deux taxons.
d. Oileus-Ogyges. Le monophylétisme de ces quatre genres
est soutenu par deux synapomorphies (dont une autapo-
morphe ; fig. 240a) :
1. Sillon pronotal latéro-marginal (car. 30). Ce sillon est
imponctué chez les quatre genres, sauf Proculejus, qui est
Figure 240a polymorphe (des marques même très fines sont considé-
Relations phylogénétiques des genres de Proculini – Arbre de consensus rées comme des ponctuations). Cet état est convergent
strict. Les caractères matriciels non ambigus sont indiqués sur les branches.
Groupes externes (non figurés) : Passalus Fabricius s. str., groupe de avec Verres et Veturius, ainsi qu’avec certains Passalini (non
P. guatemalensis (Kaup), Paxillus MacLeay et Pertinax Kaup s. str. Le « groupe utilisés ici comme groupes externes).
recticornis » représente le genre nouveau Yumtaax. 2. Division latéro-basale du phallus (car. 43 autapo-
morphe). Le phallus d’Oileus, Proculejus et Ogyges présente

359
Stéphane Boucher

une paire d’expansions latéro-basales sclérotisées, manifes- vu (chap. I) que les dents internes supérieures ont deux
tement homologues entre les trois genres. Elles sont bien tubercules (di1, di2). Ces derniers ont beaucoup évolué
visibles en dissection fine et correspondent à une division chez les Proculini ; aussi est-t-il encore délicat d’établir les
du sclérite sur une longueur et une surface notables homologies dans plusieurs genres. Dans le clade Proculejus-
(fig. 69-73). On ne les trouve chez aucun autre Proculini, Ogyges, les tubercules sont très séparés l’un de l’autre. Il
en dépit de certaines apparences (par exemple Undulifer existe toutefois des réversions chez Proculejus (fig. 44-46).
et Vindex, fig. 65-66). La division du sclérite semble avoir On notera aussi l’unique cas de convergence parmi les
régressé chez Proculus (fig. 68), peut-être à la suite de la Passalini, avec Passipassalus (fig. 42).
transformation de la base du sac interne en une scléroti- 2. Arête transverse ventro-antérieure de la ligule (car. 11,
sation forte et nette sur toute sa largeur. autapomorphe). Ce caractère est informatif, mais il doit
être examiné avec plus d’attention qu’un autre ; il semble,
Oileus. L’analyse met en évidence trois nouvelles syna-
en effet, disparaître par usure après son frottement contre
pomorphies (non autapomorphes) :
les palpes et les laciniae (fig. 226).
1. Tégument du tiers dorso-basal des mandibules (car. 1).
3. Ponctuation des aires latéro-postérieures du métaster-
Dans le clade Vindex-Ogyges, seul Oileus a ce tégument
num (car. 33). Contrairement à Oileus, Pseudacanthus et
très lisse, sans aucune marque quelconque (fig. 221; compa-
Undulifer, les genres du clade Proculejus-Ogyges sont
rer avec fig. 222 et 251). Cet état est convergent avec Arrox
imponctués. Nous avons vu que ce caractère est assez forte-
et Veturius (fig. 252-254), ainsi qu’avec plusieurs Verres et
ment homoplasique chez les autres Proculini.
Odontotaenius (genres polymorphes).
4. Pubescence margino-postérieure du métasternum (car.
2. Épine médio-apicale de la ligule (car. 8). Dans le clade
34). Les soies situées en bordure des coxae ne seraient
Vindex-Ogyges, seuls Oileus et quelques rares Pseudacanthus
convergentes qu’avec Undulifer. Une réversion n’est cepen-
ont l’épine longue, ce que l’on retrouve chez les groupes
dant pas à exclure chez Oileus et Pseudacanthus.
externes et dans tout le clade Chondrocephalus-Arrox
(fig. 226-227). 5. Pubescence latéro-élytrale (car. 35, autapomorphe).
Ces soies étendues, comme chez le remarquable Proculus
3. Fossettes supra-oculaires (car. 17). Dans le clade
goryi, distinguent sans ambiguïté les trois genres du clade
Vindex-Ogyges, seuls Oileus et Vindex n’ont aucune marque
de tous les autres Proculini. Toutefois, des espèces en ont
de fossette, même sous forme de traces. L’état est conver-
peu (soies limitées aux épipleures) et d’autres, beaucoup
gent avec les groupes externes et divers genres du clade
plus rares, n’en n’ont pas du tout. L’originalité du caractère
Chondrocephalus-Arrox (Petrejoides s. auct., partim ; Popilius
est telle, parmi les Proculini, que son homologie primaire
s. nov., Spurius et Veturius).
est plus que probable dans le clade Proculejus-Ogyges.
On constate également qu’Oileus est le seul genre du
clade Oileus-Ogyges qui comprend une espèce macroptère. Remarques sur un caractère non utilisé dans l’analyse
Par ailleurs, si l’appartenance d’Oileus à ce clade fait peu L’apex bidenté des mandibules (car. 3) est un état qui mérite
de doute, d’autres caractères très visibles du genre sont d’être souligné car il est présent chez toutes les espèces du
convergents avec des genres du clade Chondrocephalus- clade, à l’exception de rares Proculejus. Les autres genres de
Arrox, comme l’habitus, le clypéo-front et les massues Proculini ont l’apex tridenté, sauf quelques Xylopassaloides
antennaires. Les ressemblances les plus marquées ont lieu et Veturius. Le fait que la convergence soit établie entre ces
avec Odontotaenius ; l’examen des genitalia mâles de toutes trois genres d’une part, et que l’apex tridenté représente
les espèces devrait apporter de nouveaux éléments intéres- l’état primitif chez les Passalidae d’autre part (chap. I), indi-
sants, puisque les organes connus sont très distincts entre quent que l’apex bidenté est une réversion chez Proculejus,
les deux genres. mais pas chez Xylopassaloides et Veturius.
La monographie d’Oileus faite par QUINTERO &
REYES-CASTILLO (1983) coïncide sur divers points avec f. Proculus-Ogyges. Le monophylétisme de ce clade est
la présente phylogénie ; celle-ci révèle toutefois que les soutenu par deux synapomorphies non autapomorphes :
caractères génériques clés donnés par ces auteurs sont des 1. Sillon clypéo-frontal (car. 25). Il est présent chez
symplésiomorphies. VIRKKI & REYES-CASTILLO (1972) Proculejus et a régressé chez Proculus (fig. 251) et Ogyges.
ont signalé un caryotype très similaire d’Ogyges, ce qui Plusieurs espèces d’Ogyges ont d’ailleurs la région clypéo-
confirme l’affinité étroite des deux genres. frontale très voisine de celle de Proculus. Avec la dispari-
tion du sillon, la plaque clypéo-frontale est plus ou moins
e. Proculejus-Ogyges. Cinq synapomorphies (dont deux confondue avec le front. Ce caractère est convergent avec
autapomorphes) soutiennent le monophylétisme de ce Arrox, Verres et Veturius. La similitude est même presque
clade de trois genres (fig. 240a) : complète entre Veturius et Proculus, si bien que les auteurs
1. Tubercules des dents internes supérieures (car. 5). Dans l’ont considéré, par erreur, comme principal critère d’« affi-
le plan de base des mandibules des Passalides, nous avons nité » entre eux. Il faut noter que, curieusement, aucun

360
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

auteur sauf KAUP (1871) et GRAVELY (1918), n’a associé g. Petrejoides-Popilius. Le monophylétisme de ce clade
à cette morphologie clypéo-frontale celle d’Arrox agassizi, de quatre genres est soutenu par une synapomorphie non
ni encore moins celle d’A. granulipennis, bien que l’analo- autapomorphe :
gie soit aussi très forte. Pubescence des aires latéro-postérieures de la tête (car. 18).
2. Fossettes apicales protibiales (car. 38). Ce caractère Cette pubescence distingue les genres du clade de
apparaît convergent avec Pertinax s. str. d’une part, et Arrox, Chondrocephalus (toujours glabre). La pubescence d’Heliscus
Verres et Veturius d’autre part (fig. 239). et Odontotaenius d’une part, et de Verres et Veturius d’autre
Proculus. L’analyse met en évidence huit nouvelles part, ne semblent pas homologues. De plus, la longueur
synapomorphies non autapomorphes : et la disposition de la pubescence sont différentes entre les
trois groupes de genres.
1-2. Tégument du tiers dorso-basal des mandibules (car.
1-2). Le tégument ponctué et sétigère est présent chez h. Yumtaax-Popilius. Le monophylétisme de ce clade de
toutes les espèces (fig. 251). Il est convergent avec les trois genres est soutenu par trois synapomorphies (dont
Passalini et quelques espèces des genres polymorphes deux autapomorphes) :
Odontotaenius et Verres. 1. Dents dorsales mandibulaires (car. 4 autapomorphe).
3-4. Processus hypostomaux (car. 14-15). Ils sont toujours Les dents dorsales courtes (comparer avec les longues,
larges et avec des fossettes nettes, ce que l’on retrouve chez fig. 221-222) sont dissociées en deux états : à arête lisse
Arrox, Verres et Veturius (fig. 224). (type de Popilius) et à arête granuleuse (type d’Heliscus).
5. Fossettes latéro-frontales (car. 21). Ce caractère n’existe Les dents dorsales courtes et lisses sont propres au clade
dans la famille que chez Proculus et Veturius. Considéré Yumtaax-Popilius
par les auteurs comme homologue entre les deux genres, 2. Fossettes supra-oculaires (car. 17). Quatre genres du
on sait à présent qu’il est en réalité convergent. Hormis la clade Chondrocephalus-Arrox n’ont jamais de fossettes supra-
phylogénie, la morphologie le démontre : chez Proculus, oculaires, même sous la forme de traces : Popilius, Spurius,
chaque fossette est connectée par sa ride marginale anté- Yumtaax et Veturius. L’homologie entre les trois premiers
rieure au tubercule interne ; chez Veturius, c’est la ride genres est peu discutable.
marginale postérieure qui connecte chaque fossette au tuber- 3. Sillon latéro-marginal du pronotum (car. 29 autapo-
cule interne (fig. 251, 254 ; souligné par des petites flèches). morphe). Le sillon étroit et finement « pincé » au milieu
Cette différence, repérable sur toutes les espèces, indique (ou brusquement rétréci), n’existe que chez ces trois genres.
que les deux structures n’ont pas la même origine. Parmi Une convergence est toutefois notable dans le genre
les homoplasies les plus remarquables entre les deux genres, Veturius, groupe d’espèces de V. libericornis (chap. III,
et qui ont conduit à des erreurs d’interprétation, figurent fig. 530, souligné par une flèche en bas).
ce caractère.
6-7. Arête extra-latérale des spolons protibiaux (car. i. Yumtaax-Spurius. Le monophylétisme de ce clade est
36-37). La forme de l’apex et la position de cette arête sont soutenu par une synapomorphie non autapomorphe :
convergentes avec la plupart des genres du clade « Médiotergite IX » (car. 41). Contrairement à Petrejoides,
Chondrocephalus-Arrox (fig. 52-53). Popilius et Chondrocephalus (fig. 143), aucune espèce de
8. Sclérotisations bilatérales foliacées du sac interne ce clade n’a une trace visible de cet hypothétique sclérite.
(car. 44). Ces structures n’ont été observées, dans le clade
Vindex-Ogyges, que chez Pseudacanthus et Proculus. Des Spurius. L’analyse met en évidence deux nouvelles
convergences existent apparemment chez plusieurs genres synapomorphies non autapomorphes :
du clade Chondrocephalus-Arrox. 1. Sclérotisations foliacées du sac interne (car. 44).
Contrairement au Yumtaax, Spurius a de fortes sclérotisa-
D’autres caractères montrent la parenté de Proculus avec tions de ce type (scl3). Nous avons vu que ce caractère
Ogyges et Proculejus, comme les genitalia mâles et femelles existe chez d’autres genres de Proculini. L’étude de toutes
(en partie évoqués ci-dessus), la conformation des massues les espèces confirmera sans doute qu’il n’est pas homologue
antennaires (car. 27) et des angles antérieurs du pronotum partout ; de plus, on ignore encore si tous les Spurius,
(qui se rapproche du type passalinien). Ces caractères sont Yumtaax, Chondrocephalus, Popilius et Petrejoides ont (ou
pour la plupart typiques du clade Vindex-Ogyges. Cette n’ont pas) ce caractère.
interprétation corrobore les données chétotaxiques larvaires 2. Site d’attache de la spermathèque (car. 49). Ce carac-
de SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981). tère apparaît convergent avec Arrox, Verres et Veturius. On
L’analyse met aussi en évidence, pour Proculus, un ne le retrouve pas parmi les genres voisins de Spurius.
nombre d’homoplasies exceptionnel avec le complexe
Arrox-Verres-Veturius. À ce sujet, il s’avère qu’aucun des j. Heliscus-Arrox. Le monophylétisme de ce clade de six
caractères morphologiques utilisés par les auteurs pour genres est soutenu par trois synapomorphies (dont deux
rapprocher Proculus et Veturius n’est en réalité homologue. autapomorphes) :

361
Stéphane Boucher

1. Massues antennaires (car. 26). Nous avons vu que Proculini ont la fossette (homologue) asymétrique et plus
deux types principaux de massues antennaires scindent étroite (fig. 228-230).
les Proculini : droites et plutôt minces (longues ou
Nous avons vu que REYES-CASTILLO (1970) a rappro-
courtes), ou légèrement convexes (toujours courtes).
ché le genre monospécifique Pseudoarrox d’Odontotaenius
Proculus représenterait le développement maximal du
et d’Oileus par la ressemblance de leurs structures médio-
premier type et Verres et Veturius celui du second (fig. 251-
frontales (tubercules central et internes) et clypéo-fron-
254). Des développements intermédiaires peuvent
tales. Pseudoarrox n’a pourtant pas de sillon clypéo-fron-
sembler peu évidents chez les petites espèces du clade
tal marqué. Étant donné la topologie d’Oileus, l’homologie
Chondrocephalus – Popilius, mais la distinction générale
des états de caractères de ce genre avec Odontotaenius et
n’en reste pas moins assez nette.
Pseudoarrox est peu soutenable.
2. Dilatation antérieure des antennomères VI et VII (car.
27). Ce caractère (peut-être lié au précédent) distingue m. Verres-Arrox. Il a été évoqué que Publius n’est pas
les mêmes groupes d’espèces. Dans le clade Heliscus-Arrox, un genre distinct de Veturius, mais que c’est en réalité
les articles sont renflés sur leur face antérieure au point une lignée interne de celui-ci. De la sorte, le clade Verres-
d’être souvent nettement convexes. Chez les autres Arrox – Veturius est résolu dans sa phylogénie et compte
Proculini et chez les Passalini, ils sont simplement tubu- au moins douze synapomorphies. Le monophylétisme
laires et réguliers. d’aucun autre groupe de Proculini n’est aussi solidement
3. Spolons supérieurs protibiaux (car. 36). Seules les soutenu.
espèces de ce clade, avec en plus Proculus, ont les spolons 1. Tégument dorsal du tiers basal mandibulaire (car. 1).
en pointe nette, souvent forte et plus ou moins courbée L’absence de ponctuation sétigère sur ce territoire, sauf
vers le bas. Nous avons vu que cet état du caractère est une chez quelques Verres, est propre aux trois genres dans le
convergence chez Proculus (fig. 49-53). clade Chondrocephalus-Arrox (fig. 251-254). Une conver-
gence existe chez Oileus, du clade Vindex-Ogyges (fig. 221).
k. Heliscus-Pseudoarrox. Le monophylétisme de ce clade 2. Fossettes infra-mandibulaires (car. 7). Les fossettes
de trois genres est soutenu par une autapomorphie longues et larges sont propres aux trois genres parmi les
(fig. 240a) : Proculini et Passalini (fig. 223-224).
Sclérotisations bilatérales microtrichées du sac interne (car 3-4. Processus hypostomaux (car. 14-15). Les processus
45). Heliscus et Odontotaenius ont les microtriches les plus hypostomaux larges, courts et dotés d’une fossette médiane
distinctes des Proculini (fig. 77-78, 88-91 ; Pseudoarrox n’a marquée sont propres aux trois genres parmi les Proculini
pu être disséqué faute de spécimen). Cette synapomorphie et Passalini, à l’exception d’une convergence chez Proculus
devra être approfondie par l’examen de toutes les espèces (fig. 223-224).
du clade Chondrocephalus-Arrox. 5. Fossettes post-oculaires (car. 16). Ces fossettes entiè-
Heliscus. L’analyse met en évidence trois nouvelles rement marginées sont propres aux trois genres parmi les
synapomorphies non autapomorphes : Proculini et Passalini (partiellement marginées : fig. 234,
1. Arête dorsales mandibulaires (car. 4). La courte 251 ; entièrement marginées : fig. 252-254). Il existe
longueur des arêtes est propre à ce genre dans le clade toutefois quelques Veturius dont l’état est réversé (voir
Heliscus-Arrox. C’est une convergence avec le clade chap. III).
Yumtaax-Popilius (fig. 222). 6. Sillon clypéo-frontal (car. 25). Il est absent, ce qui est
2. Pubescence des aires latéro-postérieures de la tête (car. convergent avec quelques Ogyges et tous les Proculus
18). Les soies de ce territoire ne semblent pas homologues (fig. 251-254). Arrox et Veturius en conservent parfois des
avec celles du clade Petrejoides-Popilius, malgré ce qu’ont traces, matérialisées par un bombement clypéo-frontal.
laissé entendre les auteurs. L’homologie avec celles 7. Ponctuation des fossettes latéro-pronotales (car. 31).
d’Odontotaenius zodiacus (seule espèce du genre à en possé- Les trois genres ne disposent pas, primitivement, de ponc-
der) est aussi peu convaincante ; l’homoplasie avec celles tuation sur ce territoire, ce qui est convergent avec Oileus,
de Verres et Veturius est avérée. Ogyges et Proculus, ainsi qu’avec des Odontotaenius (fossettes
3. Lobe médian dorsal vaginal (car. 48). Il est bilobé ponctuées : fig. 16-17).
transversalement. C’est une convergence avec Vindex. 8. Tégument des aires axiales et latérales du mésosternum
(car. 32). Le tégument mat, sur ces deux régions du mésos-
l. Odontotaenius-Pseudoarrox. Le monophylétisme de ternum, est propre aux trois genres (tel Arrox, fig. 275).
ces deux genres est soutenu par une autapomorphie Chez les autres Proculini et les Passalini, seules les aires
(fig. 240a) : latérales (« fossettes » des auteurs) sont mates.
Aire médio-dorsale de la ligule (car. 9). Ces deux genres 9. Ponctuations des aires latéro-postérieures du métaster-
semblent être les seuls à avoir une large fossette médiane num (car. 33). Ces ponctuations n’existent que chez
et symétrique sur la ligule. Les Passalini et les autres quelques Verres, apparemment par réversion. L’état plésio-

362
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

morphe du caractère est la présence de ponctuations ; on 8.1. La faune des Grandes Antilles
retrouve cet état chez de très nombreux Proculini et
Passalini. Il a été montré (chap. I) qu’il existe dans les Grandes Antilles
un fort contraste faunistique entre les deux tribus améri-
10. Fossettes apicales protibiales (car. 38). La marge caines de Passalides (fig. 216). Les Proculini y sont absents
interne de la table plantaire de Pertinax (groupe externe), et leur découverte y est très peu probable. L’indication
Ogyges, Proculus et du présent clade, est droite. Elle est « Cuba », trouvée sur une espèce de Veturius dans plusieurs
concave, en fossette, chez les autres Proculini et Passalini collections, correspond en réalité à une localité homonyme
(fig. 238-239). du Costa Rica oriental (voir chap. III, p. 438). Cette loca-
11. Spolons supérieurs méso- et métatibiaux (car. 39). lité est à l’origine de confusions. Les Passalini, quant à eux,
Bien que des Veturius ont ces spolons courts et droits comptent aux Grandes Antilles une dizaine d’espèces ; la
(comme tous les Passalini), l’ancêtre du clade Verres-Arrox moitié au moins sont endémiques et elles appartiennent à
les avait longs et crochus (tel Arrox, figs. 281, 293). Ce quatre lignées différentes :
second état est convergent avec le clade Vindex-Ogyges. Paxillus : deux endémiques, l’un de la Jamaïque
(P. jamaicensis Hincks), l’autre de Hispaniola (P. pentaphyl-
12. Site d’attache du canal de la spermathèque (car. 49).
lus (Palisot)).
La connexion du canal sur le lobe vaginal médio-dorsal est
propre aux trois genres parmi les Proculini et Passalini, « Pertinax » : trois endémiques, l’un de Cuba (P. pertyi
sauf Spurius. On notera que ce lobe a néanmoins évolué Kaup), deux de Hispaniola (P. affinis (Percheron) et P. domi-
différemment chez les trois genres (fig. 203-213). nicanus Doesburg).
Passalus s. str. : une espèce répandue à Cuba et à la
n. Verres-Veturius. Le monophylétisme des deux genres Jamaïque, mais qui est aussi très largement représentée en
est soutenu par au moins quatre synapomorphies : Amériques Centrale et du Sud (P. interstitialis Eschscholtz).
Spasalus : une espèce à Puerto Rico (également aux
1. Pubescence des aires latéro-postérieures de la tête (car. 18).
Petites Antilles et sur le continent).
Une pubescence existe parfois chez les deux genres, alors
qu’elle est absente chez Arrox. On est en mesure de penser Ces premiers points sont intéressants car on peut en
qu’elle était présente chez l’ancêtre du clade. Enfin, elle est déduire qu’à l’est de l’Amérique Centrale, la présence de
convergente avec d’autres genres de Proculini. Passalini et l’absence de Proculini ne sont sans doute pas
étrangères aux événements tectoniques qui sont à l’origine
2. Sillon antéro-marginal du pronotum (car. 28). Seuls de la localisation actuelle des Grandes Antilles.
ces deux genres, parmi les Proculini et Passalini, ont ce
sillon dilaté. Chez Veturius, il est gouttiforme et peut être 8.2. Les groupes géographiques de genres
très large ; chez Verres, c’est une fossette courte, plus ou
moins vaste et profonde (fig. 251-254). De très rares et de Proculini
vagues ressemblances existent dans la tribu des Macrolinini La répartition géographique de chaque genre reconstruit
(Asie, Australasie). permet de scinder la tribu en quatre groupes géographiques
3. Ponctuation du sillon latéro-marginal du pronotum de genres. Ces distinctions, optimisées sur l’arbre de consen-
(car. 30). L’absence totale de ponctuation sur cette partie sus (fig. 240b), sont :
du sillon est propre aux deux genres. Des convergences – Méso-Amérique ;
existent chez les Proculini Oileus, Ogyges, Proculus et – Méso-Amérique et nord de l’Amérique du Sud ;
quelques Proculejus. – Amérique du Sud ;
4. « Médiotergite IX » (car. 41). Le probable sclérite IX – Méso-Amérique et Amérique du Sud.
est bien distinct par une plaque transverse chez les Proculini Parmi les Passalini, Passalus s. str., et Paxillus occupent
examinés, à l’exception de ceux du présent clade et d’Ogyges, à peu près toute l’Amérique intertropicale et Pertinax s. str.,
de Spurius et d’une partie d’Heliscus (fig. 143). est uniquement sud-américain. Les Proculini sont en nette
majorité uniquement méso-américains (environ 70 % des
8. Endémismes géographiques espèces ; 70 % des genres) ; le clade Vindex-Ogyges l’est
entièrement, alors que dans le clade Chondrocephalus-Arrox
La constitution des groupes phylogénétiques de Proculini ne le sont que Chondrocephalus, Yumtaax, Spurius,
permet d’établir pour chacun d’eux sa répartition géogra- Pseudoarrox et Arrox. Ce constat préfigure l’hypothèse de
phique. Bien entendu, celle-ci est parfois distincte de celle l’origine des Proculini en Méso-Amérique, comme l’avaient
qui résultait de la précédente systématique. Sa connais- indiqué REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978).
sance précise est nécessaire pour comprendre la biogéogra- L’examen des répartitions aux nœuds internes de l’arbre
phie de la tribu et ses rapports avec la phylogénie. doit à présent apporter des informations supplémentaires.

363
Stéphane Boucher

8.3. Endémisme des genres du clade Vindex-Ogyges pas, ces deux genres occupent évidemment un territoire
plus vaste et plus diversifié (aussi bien en plaine qu’en
La répartition de ce clade correspond, dans ses grandes
montagne). De ce fait, ils sont peu spécialisés. Pour les
lignes, à celle de REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978),
autres genres, qui sont eux, tous spécialisés, on peut d’ores
bien que la nouvelle composition spécifique des genres soit
et déjà attribuer leur endémisme commun à des vicariances
souvent distincte. Vindex et Oileus sont répandus d’une
adaptatives analogues, dans des secteurs d’altitudes élevées
extrémité à l’autre de la Méso-Amérique, tandis que
et relativement très proches les uns des autres.
Xylopassaloides, Undulifer, Pseudacanthus, Ogyges, Proculejus
et Proculus sont limités aux montagnes du nord de l’Isthme
de Tehuantepec et (ou) du nord de l’Amérique Centrale 8.4. Endémisme des genres du clade
(du Chiapas au nord du Nicaragua ; fig. 240b, 241-242). Chondrocephalus-Arrox
Cette différence s’explique en partie du fait que Vindex
La répartition des genres de ce clade est plus complexe que
compte davantage d’espèces macroptères ; de son côté,
la précédente. Néanmoins, elle est aussi plus convaincante
Oileus compte une seule espèce macroptère, mais qui est
que celle admise par les auteurs. Quatre distinctions prin-
largement répandue. Puisque la capacité de déplacement
cipales doivent être faites : Chondrocephalus, Arrox, les
des espèces volantes est bien supérieure à celle qui ne volent
autres genres, enfin l’unique Passalide connu de l’île Cocos,
un Petrejoides s. nov.
Chondrocephalus. Ce genre a la particularité de
comprendre une majorité d’espèces macroptères et d’être,
malgré cela, limité aux montagnes du nord de l’Amérique
Centrale (fig. 241). Sa répartition est alors comparable à
celles des genres de brachyptères Xylopassaloides, Ogyges et
Proculus. Son endémisme est intéressant car on est en mesure
de le mettre en relation avec le branchement basal du taxon
dans le clade Chondrocephalus-Popilius (fig. 240b).
Arrox. Les deux espèces de ce genre sont également
limitées aux montagnes du nord de l’Amérique Centrale
(fig. 241). Pourtant, l’une est macroptère (A. agassizi),
l’autre brachyptère (A. granulipennis). Ici aussi, cette répar-
tition n’est sans doute pas sans rapport avec le branche-
ment basal du taxon dans le clade Arrox-Verres (fig. 240b).
Autres genres. Des neuf autres genres que compte le
clade Chondrocephalus – Popilius, la plupart ont des espèces
méso-américaines et des espèces sud-américaines. Toutefois,
plus des deux tiers du total de ces espèces sont méso-améri-
caines ; celles d’Amérique du Sud sont surtout localisées
dans la partie occidentale de Colombie-Équateur (fig. 243-
245) ; enfin, celles présentes à la fois en Amériques Centrale
et du Sud sont rares.
Trois genres font exception à ce schéma : Heliscus,
présent depuis le Mexique jusqu’au bassin de l’Orénoque,
et surtout Popilius, Verres et Veturius, qui occupent à peu
près toute l’Amérique du Sud tropicale, mais chacun avec
des particularités, parfois opposées. Popilius est presque
exclusivement sud-américain ; Verres est beaucoup plus
diversifié en Méso-Amérique qu’en Amérique du Sud ;
Veturius occupe la majeure partie de la Méso-Amérique et
toute l’Amérique du Sud tropicale (fig. 243-245).
Ces répartitions sont donc compartimentées en fonc-
Figure 240b
Arbre de consensus strict de la tribu des Proculini. Optimisation de la tion des sous-continents et des deux principales zones
répartition géographique. Groupes externes (Passalini) : Paxillus, Passalus, dépressionnaires du Mexique et d’Amérique Centrale (les
groupe de P. guatemalensis, Pertinax. Isthmes de Tehuantepec et de Panama). Cela suggère que
les vicariances des ancêtres des genres furent essentielle-

364
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

ment méso-américaines. C’est-à-dire, soit au nord de Dans la phylogénie obtenue, le branchement de


l’Isthme de Tehuantepec (Yumtaax, fig. 243), soit entre les Petrejoides est plus basal que celui de Popilius. La relative
deux isthmes (Chondrocephalus, Petrejoides s. nov., Spurius, ancienneté de Petrejoides s’accorde alors mieux avec la
Heliscus, Odontotaenius, Pseudoarrox, Verres, fig. 241, 244- présence d’une espèce de ce genre sur Cocos. De plus, nous
245). Quant aux genres Popilius s. nov., et Veturius, ils avons vu que la répartition de Petrejoides est celle d’un
seraient d’origine sud-américaine. taxon typiquement méso-américain et peu spécialisé :
Il faut noter, en annexe, la présence unique d’Odon- surtout diversifié en Méso-Amérique, il est néanmoins
totaenius en Amérique du Nord (fig. 216). Nous avons vu répandu jusque dans les Andes nord-occidentales. Popilius,
qu’il y existe deux endémiques, lesquels s’expliquent par lui, est typiquement sud-américain. On peut en déduire
des vicariances récentes, inter- ou post-glaciaires, il y a que l’absence de Popilius et la présence de Petrejoides sur
moins de 2 Ma, alors qu’un climat subtropical s’étendait Cocos est vraisemblable, mais pas l’inverse.
sur une grande partie de l’est des États-Unis. Depuis lors,
les espèces se sont adaptées au climat tempéré. Il ne sera
pas utile de revenir sur cette particularité, qui est claire. B. Biogéographie
Le Petrejoides de l’île Cocos. Une information
précieuse pour la phylogénie et la biogéographie des Depuis le Secondaire, la Méso-Amérique a une impor-
Proculini est fournie par Petrejoides lenzi (Kuwert), seul tance considérable dans le peuplement des sous-continents
Passalide connu de Cocos, où il est endémique (fig. 243). nord et sud, via Panama. Cette région abrite une faune
La ride Cocos (élévation : 2 000 m ; largeur : ≥ 200 km) d’une exceptionnelle diversité et qui, géographiquement,
est la trace du point chaud des Galapagos d’âge Miocène est très compartimentée. Les montagnes mexicaines et
(voir M ANN 1995). Dérivant vers le Nord, la ride a celles du nord et du sud de l’Amérique Centrale, l’Isthme
commencé à décroître depuis quelques 17 Ma (HARPP de Tehuantepec, la Dépression du Nicaragua, sont autant
et al. 2003). L’île Cocos actuelle, bien que de petites de barrières ou de ponts, proches les uns des autres, qui
dimensions et située à 600 km au large du Costa Rica, sont la cause de multiples vicariances ou d’expansions. Le
est favorable à la biologie des Passalides car elle est tropi- massif qui s’étend depuis le sud du Mexique (Chiapas)
cale humide, forestière et culmine à près de 1 000 m d’al- jusqu’au nord du Nicaragua, d’âge Crétacé, est le plus
titude. Elle fut plus ou moins reliée autrefois à l’Amérique ancien et constitue un centre d’endémisme ancien. On lui
Centrale (fig. 246d). Les caractères de P. lenzi indiquent attribue de ce fait souvent le terme de Nucléaire Méso-
que celui-ci est un Petrejoides s. nov., et non pas un Américain. Depuis le Paléogène, le volcanisme n’a cessé
Popilius, en dépit de l’opinion générale des auteurs. Il est d’être actif dans toute la Méso-Amérique et il y a déve-
voisin de P. tau (Kaup), qui est propre à l’Amérique loppé des reliefs élevés et nombreux, principalement sur
Centrale (voir p. 348). sa marge Pacifique.

Figure 241
Répartition géographique des Proculini Vindex, Xylopassaloides, Figure 242
Chondrocephalus, Pseudacanthus s. nov. et Undulifer s. nov. Trame : Répartition géographique des Proculini Ogyges, Proculejus, Proculus et Oileus.
altitude ≥ 1 000 m. Trame : altitude ≥ 1 000 m.

365
Stéphane Boucher

des Passalidae, l’un des foyers d’endémismes et de radia-


tions les plus intenses. Le groupe le plus concerné est la
tribu des Proculini, pour laquelle REYES-CASTILLO &
HALFFTER (1978) ont proposé un schéma biogéogra-
phique. Ces auteurs ont estimé qu’elle était originaire du
Nucléaire Méso-Américain. REYES-CASTILLO (1985) a
apporté des détails faunistiques et écologiques supplémen-
taires sur le Mexique. Par la suite, cet auteur et d’autres
ont fourni de nouveaux détails sur le Mexique et
l’Amérique Centrale, sous la forme de révisions et de
monographies (la plupart ont déjà été citées dans ce
chapitre). MACVEAN & SCHUSTER (1981), quant à eux,
ont prospecté les domaines paléoécologiques Pléistocène
relatifs aux spéciations de diverses espèces montagnardes
du Nucléaire.

Figure 243
Répartition géographique des Proculini Spurius, Yumtaax n. g., Petrejoides
s. nov. et Popilius s. nov. Trame : altitude ≥ 1 000 m.

Après DARLINGTON (1957), les travaux de biogéogra-


phie de HALFFTER (1962, 1976, 1978, 1987) sont en
partie à l’origine du développement et de l’intégration
courante des concepts de patrons de dispersion des orga-
nismes en Méso-Amérique. C’est sur ce territoire, et par
le biais de ces patrons, que s’est constitué, dans la famille

Figure 245
Répartition géographique des Proculini Arrox s. nov., Verres et Veturius s. nov.
Trame : altitude ≥ 1 000 m.

Selon que l’on considère la répartition géographique


des Proculini s. auct., ou celle des Proculini s. nov., les
interprétations biogéographiques diffèrent parfois profon-
dément. D’une façon générale, on va voir que la phylo-
génie proposée ici s’accorde mieux avec les événements
tectoniques régionaux qui se sont produits depuis le
Cénozoïque basal (– 60 Ma) ; la phylogénie met surtout
en évidence les relations fauniques passées et actuelles au
sein de la Méso-Amérique, et entre celle-ci et l’Amérique
du Sud. La phylogénie apporte ainsi des éléments de
réflexion pour établir des scénarios bien argumentés sur
Figure 244
Répartition géographique des Proculini Odontotaenius s. nov., Pseudoarrox, l’évolution spatio-temporelle des différentes lignées de
Heliscus s. nov. et H. ridiculus (anciennement Coniger). Trame : Proculini.
altitude ≥ 1 000 m. Afin de mieux évaluer les événements, nous examine-
rons d’abord les grands traits de la tectonique de

366
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

l’Amérique Centrale et des Caraïbes depuis le Trias, puis transition » du Mexique et de l’Amérique Centrale trouve
nous discuterons les hypothèses retenues pour chaque sa signification biogéographique.
groupe de Proculini.
2. Paléobiogéographie des Proculini
1. Tectonique régionale : la Méso-Amérique
et les Grandes Antilles 2.1. Origine de la tribu

Depuis le Trias supérieur (– 200 Ma), le nord-ouest de Au Paléogène supérieur (– 30 Ma), l’arc des proto-
l’Amérique du Sud, l’Amérique Centrale et les Caraïbes Grandes Antilles dérivant vers le nord-est avec la plaque
ont été le siège de profondes transformations dans la posi- Caraïbe a pu recevoir des Passalides, lorsque celui-ci était
tion géographique et dans la physionomie de leurs terres à la fois suffisamment développé et proche du continent
émergées. La tectonique régionale à l’origine de ces trans- (fig. 246b). L’origine géographique de ces Passalides est
formations, longtemps controversée, est aujourd’hui beau- inconnue car l’on ne peut dire pour l’instant s’ils prove-
coup mieux connue, grâce notamment aux mesures isoto- naient du nord de l’Amérique Centrale ou du nord de
piques et de déplacements des plaques (LADD 1976, WEYL l’Amérique du Sud. En revanche, on peut être plus affir-
1980, DONNELLY 1985, DENGO & CASE 1990, PINDELL matif sur le fait que c’est un petit stock hétérogène d’es-
& B ARRETT 1990, B USKIRK 1992, M ANN 1995, pèces qui s’y est rendu, puis qui s’y est diversifié de façon
JOHNSTON & THORKELSON 1997, ITURRALDE-VINENT isolée, durant plus de 15 Ma. Deux groupes formant la
& MACPHEE 1999, KERR et al. 1999, et al. 2002a-b, souche des endémiques actuels le suggèrent : des espèces
MESCHEDE & BARCKHAUSEN 2000). Au Crétacé supé- de Paxillus et de Pertinax. Cette faune ancienne peut être
rieur (Campanien : – 80 Ma), la plaque Caraïbe s’est insé- intégrée dans les « relictes des Grandes Antilles » de
rée depuis le Pacifique, par le sud-ouest, dans la future mer HALFFTER (1976), bien que les datations avancées ici,
des Caraïbes, poussant devant elle la ride Aves et les proto- basées sur des mesures récentes, soient un peu posté-
Grandes Antilles, ou arc de Cuba (fig. 246a). Les îles conser- rieures. Par la suite, une seconde migration vers les îles
vent encore des traces bien visibles de ces déplacements est indiquée par la présence, à Cuba et à la Jamaïque, de
par leur disposition et par leur constitution à base d’élé- Passalus s. str. (groupe de P. interstitialis) ; ces Passalides
ments de subduction (DRAPER et al. 1996). Lors de leur sont aujourd’hui parmi les moins spécialisés et les plus
dérive depuis le Pacifique, la ride Aves et les proto-Grandes répandus en Amérique tropicale.
Antilles ont pu former une première connexion terrestre
entre les Amériques du Sud et Centrale. De plus, le niveau L’absence de Proculini dans les Grandes Antilles est
marin ayant été élevé et toute la région soumise à d’in- d’un grand intérêt car elle permet de déduire que les
tenses activités volcaniques, la connexion a pu avoir lieu premiers représentants de la tribu n’ont pu exister qu’après
sous la forme d’un archipel en chapelet (fig. 246b). Cette le « passage » de l’arc insulaire proto-antillais entre les sous-
connexion se serait maintenue depuis la fin du Crétacé continents méso- et sud-américains. L’existence de ces
jusqu’à l’Eocène supérieur (– 35 Ma). premiers Proculini correspondrait ainsi, a minima, à
l’Eocène supérieur – Oligocène (– 35/25 Ma), lorsque
À l’Eocène supérieur, le cisaillement des Grandes l’arc méso-américain, poursuivant sa course dans le sillage
Antilles est la cause de la séparation des îles ; Cuba, de celui de Cuba, était suffisamment rapproché à son tour
Hispaniola et Puerto Rico se sont isolés vers l’est pour du Nucléaire et de l’Amérique du Sud (fig. 246b-c). REYES-
former un arc peu distinct de l’actuel (fig. 246c). Dès lors, CASTILLO & HALFFTER (1978) ont avancé que la spécia-
l’arc n’ayant plus été situé entre les deux sous-continents, tion du Proculini ancestral a pu avoir lieu sur le même
il ne pouvait joué le rôle de pont. Au moins entre cette arc, à l’Oligo-Miocène (– 20 Ma), par un « sauteur d’îles »
date et le Miocène moyen (– 15 Ma), il est concevable originaire d’Amérique du Sud. La phylogénie a bien
qu’aucune jonction comparable n’a existé (PINDELL & montré que cet ancêtre était macroptère (il n’était donc
BARRETT 1990). pas strictement montagnard et se déplaçait en volant), ce
À partir du Miocène moyen, la forte activité volcanique qui renforce en effet l’idée de sa vicariance par insulari-
de l’arc méso-américain a pu relier à nouveau, du moins sation. Cependant, rien de concret ne prouve encore
partiellement, le Nucléaire Méso-Américain et l’Amérique aujourd’hui son origine sud-américaine, d’autant plus que
du Sud. La connexion définitive du cordon de Panama des Passalides vivaient à l’époque dans l’ouest de
n’eut lieu qu’au Miocène terminal (– 5 Ma), alors que les l’Amérique du Nord (fig. 216), comme l’atteste le fossile
soulèvements volcaniques s’accentuaient. C’est depuis cette indormitus. Une information importante concernant l’ori-
dernière liaison que les échanges fauniques de grande gine géographique de l’ancêtre des Proculini pourrait être
ampleur ont eu lieu entre les sous-continents (fig. 246d) ; fournie par la connaissance du groupe frère de la tribu,
c’est aussi par cet événement que le concept de « zone de mais nous avons vu que le doute existe à ce sujet.

367
Stéphane Boucher

2.2. Diversification des deux clades principaux En conclusion, il y a lieu de penser que les vicariances
au Paléo-Néogène à l’origine de la plupart des genres de Proculini n’ont pu
avoir lieu que sur un territoire à la fois étroit et fortement
Les données de la phylogénie et la chorologie montrent compartimenté par un volcanisme très actif. Ces genres
que des Proculini primitifs ont d’abord évolué unique- existaient bien avant la connexion définitive de Panama
ment dans leur aire d’origine du nord de l’Amérique (entre Miocène moyen et Pliocène ; – 5 Ma). L’exiguïté du
Centrale. Il y a lieu de penser que dans cette région s’est Nucléaire Méso-Américain peut aussi expliquer en partie
produite la cladogenèse à l’origine des deux clades prin- les faibles différences morphologiques qui séparent les
cipaux, Vindex-Ogyges et Chondrocephalus-Arrox. Le fait genres endémiques « du nord » (clade Vindex-Ogyges). Ces
que tout le premier clade soit méso-américain, ainsi que différences sont en revanche importantes entre ces genres
la moitié des genres du second (y compris et ceux « du sud » (clade Chondrocephalus-Arrox), qui sont
Chondrocephalus, le plus basal ; fig. 241-245) est un argu- répandus en Amériques Centrale et du Sud (sauf
ment solide qui va dans ce sens. De plus, le nord de Chondrocephalus et Yumtaax, fig. 243-245).
l’Amérique Centrale, en raison de son ancienneté, est le
territoire qui a pu le mieux être le théâtre de cette vica- 2.3. Effets de la connexion Mio-Pliocène
riance. Par ailleurs, sachant que l’ancêtre de chacun des
deux clades était macroptère, sa vicariance stricte (géogra- de Panama
phique) fait peu de doute. Dans la tribu des Proculini, la connexion définitive de
Panama (– 5 Ma) n’a pas été suivie de façon importante
Le clade Vindex-Ogyges. L’orogenèse méso-américaine
par des expansions vers l’Amérique du Sud, contrairement
prenant de l’importance à partir du Miocène (– 15 Ma),
à ce qui s’est passé pour de très nombreux autres organismes.
c’est à cette époque que des spécialisations écologiques
Cela n’est pas surprenant dans la mesure où la plupart des
d’espèces de Proculini ont pu se réaliser, en l’occurrence
genres étaient déjà montagnards. Pour ceux-ci, l’isthme a
dans des biotopes d’altitudes plus élevées. Compte tenu
même dû fonctionner comme une barrière hermétique car
de l’exiguïté du territoire, tous les genres brachyptères et
il n’existe en Amérique du Sud aucun genre dont l’ancêtre
endémiques du clade Vindex-Ogyges ont pu y apparaître
était spécialisé de la sorte (fig. 240b, 241-245). Seules
dans des conditions comparables. Dans d’autres genres
quelques espèces de quatre genres peu spécialisés ont atteint
(comme tous ceux du clade Chondrocephalus-Arrox), la
l’Amérique du Sud. On y distingue les espèces qui sont
réduction alaire est apparue plus tardivement, par conver-
présentes sur le versant Pacifique nord-andin (Odontotaenius,
gences adaptatives, mais aussi dans des biotopes d’altitudes
Petrejoides s. nov.) et celles qui sont à l’est des Andes (Heliscus,
élevées. L’existence, à partir du Miocène, de ces genres
Verres, fig. 243-245). Un argument en faveur du caractère
spécialisés de Proculini, conduit à les intégrer dans un
récent de ces migrations est le fait que ces espèces sont très
patron particulier : le « patron de dispersion méso-américain
peu différenciées de celles de la Méso-Amérique.
de montagne », sensu HALFFTER (1978).
Un seul genre de Proculini – Veturius – s’est répandu
Les ensellements de Tehuantepec et du Nicaragua, prin- depuis l’Amérique du Sud vers l’ensemble de l’Amérique
cipales barrières pour les Proculini du Nucléaire, ont pu Centrale et le sud du Mexique. Sa distribution générale
empêcher la dispersion des espèces de montagne et la diversité de ses lignées, la plupart sud-américaines,
(HALFFTER 1978). La répartition des genres de brachy- le suggèrent fortement. Toutefois, Veturius est complexe
ptères du clade Vindex-Ogyges le confirme : un seul est et seule la phylogénie de toutes les espèces permettra de
présent (et endémique) hors du Nucléaire (Proculejus, du déterminer son origine précise, ainsi que le sens des dépla-
nord de l’Isthme de Tehuantepec ; fig. 241-245). cements des populations d’un sous-continent à l’autre
Le clade Chondrocephalus-Arrox. La répartition méso- (voir chap. III).
américaine actuelle de la plupart des genres de ce clade Pour toutes ces espèces, les migrations, puis les vica-
indique leur présence ancienne sur ce territoire (fig. 243- riances, via Panama, sont très probablement dues aux modi-
245). L’extension de l’aire de quelques genres, en Amérique fications des étages de végétation qui se sont produites lors
du Nord et (ou) en Amérique du Sud, est manifestement des périodes inter-glaciaires. Les espèces qui ont été capables
post-glaciaire (Odontotaenius, Petrejoides s. nov., Heliscus, de se déplacer d’un sous-continent à l’autre par cette voie
Verres). Il y a toutefois deux exceptions : Popilius s. nov. appartiennent nécessairement à des groupes peu spéciali-
(endémique d’Amérique du Sud) et Veturius (surtout diver- sés et macroptères.
sifié en Amérique du Sud). Quant à l’arrivée de Petrejoides
lenzi sur l’île Cocos, elle ne put avoir lieu qu’ancienne-
ment, depuis l’Amérique Centrale et par la ride Cocos,
3. Biogéographie post-glaciaire des Proculini
lorsque celle-ci était encore au moins partiellement Les dernières glaciations ont eu lieu entre le Pléistocène
émergée. et le Würm (– 1,8/0,1 Ma). La période courte qui nous

368
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

sépare de ces glaciations est néanmoins à l’origine de Les patrons de dispersion méso-américain de montagne
l’interconnexion des trois pools faunistiques principaux et néotropical correspondent, sur de nombreux points, aux
des Proculini : 1, le Mexique, au nord de l’Isthme de caractéristiques (endémisme, biogéographie) des genres de
Tehuantepec ; 2, le sud du Mexique et l’Amérique Proculini reconstruits ici par l’étude phylogénétique. Le
Centrale ; 3, l’Amérique du Sud. On constate que les varia- patron méso-américain, en particulier, doit cependant être
tions climatiques n’ont apparemment affecté que les taxons approfondi car on y distingue les éléments de montagne et
du niveau espèce. MACVEAN & SCHUSTER (1981) en ont ceux de basse montagne. De nombreux autres organismes
donné des exemples chez des espèces des volcans du sont sans doute susceptibles d’illustrer cette distinction.
Nucléaire Méso-Américain ; les spéciations sont interpré-
tées comme des spécialisations éco-altitudinales après
abaissement, puis élévation, des étages de végétation. Ce
4.1. Les patrons de dispersion méso-américains
processus semble avoir été le même dans toute l’Amérique de montagne et de basse montagne
tropicale, ainsi que le montrent les endémismes altitudi-
Au sens de HALFFTER (1976), le patron méso-américain
naux établis pour de nombreuses autres espèces (voir par
de montagne intègre précisément « les populations des forêts
exemple Veturius, chap. III).
de montagnes qui ont évolué dans le Nucléaire et qui ont irra-
Au Mexique et en Amérique Centrale, les vicariances dié depuis celui-ci vers le nord de l’Isthme de Tehuantepec et
inter-glaciaires permettent d’expliquer la présence de vers le sud de la Dépression du Nicaragua ». Ces populations
plusieurs genres de part et d’autre des principales barrières sont écologiquement liées aux forêts denses d’altitudes
(fig. 241-245) : élevées (forêts de brume ou cloud forests), ainsi qu’à des
– Genres ayant franchi, vers le nord, l’Isthme de secteurs de forêts moins humides, en particulier celles à
Tehuantepec : Undulifer, Pseudacanthus, Oileus, Spurius, Pinus et Quercus, qui sont souvent limitrophes des précé-
Petrejoides s. nov., Odontotaenius, Heliscus, Verres et dentes et qui sont abondantes dans toute la région. Pour
Veturius. REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978), tous les genres de
– Genres ayant franchi, vers le sud, la Dépression du Proculini appartiendraient à ce patron sauf Popilius et
Nicaragua : Vindex, Oileus, Spurius, Petrejoides s. nov., Veturius s. auct. La nouvelle scission du patron méso-améri-
Odontotaenius, Heliscus, Arrox et Verres. cain est due à l’existence de deux types « primitifs » d’en-
– Genres ayant franchi, vers le sud, l’Isthme de Panama : démismes écologiques :
Petrejoides s. nov., Odontotaenius, Heliscus et Verres.
– Genre ayant franchi, vers le nord, l’Isthme de Panama : Le patron de montagne. Ce patron intègre les genres
Veturius. originaires et endémiques de la Méso-Amérique. Ils sont
strictement montagnards et sont très majoritaires parmi
Les genres qui n’ont pas franchi l’Isthme de Panama les Proculini : tout le clade Vindex-Ogyges d’une part ;
sont donc Popilius s. nov. d’une part, et les genres monta- Chondrocephalus, Yumtaax, Pseudoarrox et Arrox
gnards et endémiques de la Méso-Amérique d’autre part d’autre part.
(Xylopassaloides, Proculus, Ogyges, Proculejus, Chondro-
cephalus, Pseudoarrox, fig. 241-245). Le patron de basse montagne. Ce patron intègre les genres
originaires, mais non endémiques, de la Méso-Amérique.
4. Les patrons de dispersion des Proculini Ils sont répandus dans l’une (ou plusieurs) des sous-régions
méso-américaines et ont parfois conquis des territoires en
Les deux patrons de dispersion – méso-américain et néotro- Amériques du Sud et (ou) du Nord. Ne pouvant alors être
pical – ont été décrits par HALLFTER (1976, 1978) pour strictement montagnards – bien qu’il existe des espèces de
synthétiser la biogéographie d’organismes terrestres de la ce type – ils sont, primitivement, sub-montagnards. La
Méso-Amérique : le patron méso-américain regroupe des vicariance de l’ancêtre de chaque genre a dû avoir lieu dans
éléments autochtones et le patron néotropical typique des un étage inférieur à ceux des forêts d’altitudes élevées précé-
éléments à dominante sud-américaine. Tous deux ont été dentes. Cela expliquerait l’amplitude écologique et la distri-
adoptés pour les Proculini par R EYES -C ASTILLO & bution géographique beaucoup plus importantes des cinq
HALFFTER (1978), sur la base de la systématique de REYES- genres suivants : Odontotaenius, Petrejoides s. nov., Spurius,
CASTILLO (1970) ; ils ont ensuite été repris pour le même Heliscus et Verres.
taxon par divers auteurs. REYES-CASTILLO & HALFFTER
(l.c.) ont aussi défini un cas particulier au sein du patron Notons que REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978)
méso-américain, le méso-américain de montagne, qui ont fourni l’ébauche d’une distinction comparable, lors-
regroupe des endémiques spécialisés ; ce dernier patron est qu’ils ont qualifié des genres de « presque montagnards »
en effet très bien illustré, comme l’ont souligné ses auteurs, (Spurius, Heliscus, Odontotaenius, Verres) et les autres de
par la distribution et l’écologie de nombreux Proculini. « montagnards ». Cette idée n’a pas été développée depuis.

369
Stéphane Boucher

4.2. Le patron de dispersion néotropical répartition et n’ont pas le même ancêtre ; ils n’ont donc
pas la même histoire, bien qu’ils appartiennent au même
Deux genres de Proculini appartiennent au patron de patron de dispersion. Autrement dit, le groupe Popilius
dispersion néotropical : Popilius s. nov., et Veturius s. nov. + Veturius, sensu REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978),
Avec REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978), je pense est polyphylétique.
que ce patron concerne – mais en partie seulement – des De plus, nous avons vu que l’hypothèse biogéogra-
« populations ayant pénétré récemment dans l’aire d’origine phique la plus solide est que Popilius et Veturius sont appa-
du Proculini ancestral, ou au moins dans l’aire d’origine de rus en Amérique du Sud ; ils auraient pénétré ensuite en
la plupart des genres de Proculini ». Le désaccord qui existe Amérique Centrale. Ceci rejoint l’idée de REYES-CASTILLO
entre cette hypothèse et la présente a pour fondement la & HALFFTER (1978), mais également en partie. L’extension
définition et la composition spécifique des deux genres. de Popilius en Amérique Centrale étant minimale (fig. 243),
Dans leur acception nouvelle, Popilius et Veturius ne elle ne peut être que récente, postérieure à la glaciation du
renferment pas les mêmes espèces ; ils n’ont pas la même Würm. Veturius, par contre, étant très étendu et diversi-

Figure 246
Tectonique des plaques Caraïbe, Cocos et Nazca, du Pacifique à l’Atlantique, entre le Crétacé supérieur et l’actuel (adapté de PINDELL & BARRETT 1990,
JOHNSTON & THORKELSON 1997, MESCHEDE & BARCKHAUSEN 2000). Paléobiogéographie des Passalidae entre les sous-continents (les flèches indiquent
les migrations ; voir texte pour les taxons). – a, Crétacé supérieur (Campanien, – 80 Ma) ; b, Eocène moyen (– 40 Ma) ; c, Miocène inférieur (– 20 Ma) ; d,
depuis la jonction définitive de Panama (Messinien, – 5 Ma). – Trait gras moyen : limite du plateau continental ; trait gras épais : zones de subduction ou
d’obduction et limites de plaques ; V : volcanisme actif ; A : Petites Antilles ; Co : Cocos et ride Cocos ; Cu : Cuba ; F : Floride ; H : Hispaniola ; J : Jamaïque ;
N : Nucléaire Méso-Américain ; PR : Puerto Rico ; Y : Yucatan.

370
Chapitre II. La tribu néotropicale des Proculini Kaup

fié en Amérique Centrale, sa présence ne peut y être qu’an- espèces, sur quelque 250 que compte la tribu. Popilius le
cienne, antérieure à la jonction définitive de Panama montrera sans doute également, mais dans une moindre
(fig. 245). La distinction entre ces deux répartitions méso- mesure, lorsqu’il sera étudié en détail.
américaines correspond au concept de pénétrations « mini- Les hypothèses présentées permettent de reprendre
male » et « maximale » de HALFFTER (1976) ; concernant pour Popilius et Veturius l’intéressante question posée,
Popilius et Veturius, REYES-CASTILLO & HALFFTER (1978) assez peu clairement il est vrai, par REYES-CASTILLO &
ont considéré, sans argument, la pénétration des deux HALFFTER (1978), ainsi que d’y répondre. Ces genres
genres comme récente. La diversité et les relations phylo- « représentent-ils un groupe apparu dans le Nucléaire Méso-
génétiques des Veturius sont d’ailleurs telles, de part et Américain, ou bien sont-ils une branche des premiers Proculini
d’autre de Panama, que plusieurs vagues migratoires entre qui se sont dispersés dans le nord de l’Amérique du Sud, puis
les sous-continents, dans les deux sens, semblent avoir été qui y ont évolué secondairement après « retour » vers
inévitables (ce point est développé chap. III). l’Amérique Centrale ? » Les deux genres n’ont pas la même
histoire car ils n’ont pas le même ancêtre. Ils appartien-
C. Conclusion du chapitre II nent tous deux au clade principal Chondrocephalus-Arrox,
Sur de nombreux points essentiels, la phylogénie propo- mais ils forment des lignées séparées et ne peuvent, en
sée pour la tribu des Proculini coïncide, autant qu’elle aucun cas, être une branche des premiers Proculini sud-
diverge, avec la systématique typologique des auteurs. La américains. En fait, ils sont les premiers Proculini sud-
tribu se présente comme une unité taxinomique, écolo- américains, bien qu’ils aient évolué en parallèle depuis
gique et biogéographique souvent paradoxale ; elle est à la longtemps. Tous deux sont apparus dans les Andes septen-
fois très homogène et très diversifiée. Ses deux divisions trionales, puis se sont répandus, chacun avec ses spécifi-
principales – les clades Vindex-Ogyges et Chondrocephalus- cités et plus ou moins largement, au reste de l’Amérique
Arrox – présentent chacune des particularités marquées, du Sud ; seul Veturius a conquis la Méso-Amérique. Par
mais également d’étroites frontières génétiques. Presque ces caractéristiques réunies, Popilius et Veturius diffèrent
tous les genres de la tribu sont issus de processus évolutifs clairement des autres Proculini et ils représentent, seuls
qui se sont réalisés sur le seul territoire méso-américain. dans la tribu, le patron de dispersion néotropical.
Précisément, ce territoire relativement exigu est remar- Le schéma évolutif proposé pour la tribu des Proculini
quable par sa complexité et par sa diversité géomorpholo- ne pourrait être considéré acquis ; divers points obscurs
gique et biologique. Parallèlement, les particularités géné- persistent et devront être revisités. De plus, des espèces
rales des Proculini ne sont comparables à aucun autre taxon restent à découvrir et celles, assez nombreuses, qui ont été
de même rang dans la famille des Passalidae. citées ici comme nouvelles ou nécessitant des modifications
Les genres de Proculini seraient apparus à l’Eocène de leur statut, doivent être décrites au préalable, ne serait-
supérieur – Oligocène, pour certains dans le Nucléaire ce pour clarifier et stabiliser la nomenclature. Dans l’at-
Méso-Américain, pour d’autres dans le sud de l’Amérique tente de cette future étape, le présent schéma évolutif devrait
Centrale, et pour certains en milieu strictement monta- pouvoir représenter un modèle utile en biogéographie
gnard (patron de dispersion de montagne), pour d’autres sur néotropicale, aussi bien pour les autres Passalides que pour
des bas reliefs de versants (patron de dispersion de basse d’autres organismes terrestres. L’étude plus détaillée de toutes
montagne). Font exception seulement deux genres : Popilius les espèces de chaque genre de la tribu, comme cela a été
s. nov., et Veturius s. nov., grâce auxquels, en grande partie, fait ici, mais sur des échantillons représentatifs, est désor-
la tribu est aujourd’hui omniprésente dans presque toute mais nécessaire afin de découvrir des éléments qui renfor-
l’Amérique intertropicale, dans des types de forêts variés ceront, ou contrediront parfois, les résultats obtenus et la
et étagés en altitude depuis le littoral jusqu’à plus de méthode pratiquée. Le chapitre qui suit celui-ci a le sens
3 000 m. Ces deux genres s’avèrent aussi particulièrement de ce type d’étude ciblée sur une partie des Proculini : il est
riches en espèces. Veturius le montre bien avec près de 75 consacré seulement aux genres Arrox et Veturius.
Stéphane Boucher

Planche I
Carte physique de l’Amérique tropicale. Les principaux noms géographiques cités dans le texte sont indiqués. 1 cm = 300 km.

372
CHAPITRE III
LE COMPLEXE VETURIUS,
MODÈLE D’EXPANSION CONTINENTALE
CHEZ LES PROCULINI

Introduction phiques. Depuis le Miocène, d’importantes expansions de


populations et de multiples vicariances sont à l’origine des
L’objet de ce troisième chapitre est une étude phylogéné- regroupements hétérogènes d’espèces (faunes). Chorologie
tique et biogéographique des genres néotropicaux Arrox et phylogénie corroborent alors des caractéristiques géomor-
Zang et Veturius Kaup, tels qu’ils ont été redéfinis chapitres I phologiques, phytogéographiques et zoogéographiques
et II. Les résultats exposés sont basés sur des caractères régionales et sous-régionales. Ces données permettront
morphologiques externes et internes des imagos. d’élaborer pour le taxon des scénarios biogéographiques
L’homologation de beaucoup de ces caractères a été établie généraux. Il se trouve que ces schémas coïncideront étroi-
également auparavant ; de même, il a été établi qu’Arrox tement avec des hypothèses publiées sur des végétaux et
est le genre frère de Veturius et de Verres et que ces deux d’autres animaux terrestres.
derniers forment un clade terminal solidement résolu. La Le petit genre Arrox Kaup, typiquement méso-améri-
connaissance de ces faits rendent plus sûre l’interprétation cain et qui doit être revalidé, est inclus au début de l’étude
des séries de transformations des caractères, surtout lorsque parce qu’il comprend deux espèces et qu’il fait figure de
le groupe à l’étude renferme beaucoup d’espèces, comme taxon relicte vis-à-vis de ses genres frères Verres et Veturius.
c’est le cas de Veturius.
À la suite du travail de REYES-CASTILLO (1970), des
révisions ont été publiées sur la plupart des genres de
Matériel et méthode
Proculini. Veturius, encore peu connu, n’y figure pas. Ce Le matériel étudié compte environ 6 700 spécimens de
genre présente pourtant divers traits originaux intéressants, Veturius et 115 d’Arrox. Il provient des institutions et des
ceux-là qui avaient d’ailleurs freiné son étude : diversité, personnes privées indiquées au début de ce travail (p. 267).
complexité systématique et nomenclaturale, très vaste répar- Les types ont été examinés ; la redécouverte de certains
tition géographique et forte amplitude écologique. d’entre eux a nécessité de longues recherches et la plupart
Les Veturius étant, le plus souvent, peu communs dans doivent être désignés.
leurs milieux naturels, ils sont peu représentés dans les Malgré l’importance du matériel examiné, près de la
collections. Une intense prospection a toutefois permis de moitié des espèces de Veturius sont connues par moins de
réunir un matériel volumineux. Son étude minutieuse dix spécimens. De plus, étant donné le nombre élevé des
apporte des conclusions nouvelles pour le genre et pour espèces dégagées (74), l’insuffisance d’échantillons pour
l’ensemble de la tribu. Lors de la mise en évidence des certaines d’entre elles a parfois posé divers problèmes pour
espèces et de leurs relations phylogénétiques, nous verrons leur étude. Tout spécimen a donc été mis à profit en détail,
que le grand genre Veturius s. nov., présente une richesse ce qui est souvent peu aisé pour les séries anciennes ou mal
spécifique et supra-spécifique exceptionnelle parmi les localisées. Une recherche historique et géographique a alors
Proculini. Il forme aussi, dans la famille des Passalidae, été nécessaire afin de s’assurer de leur origine exacte. Cet
l’un des plus vastes taxons monophylétiques du niveau du exercice peut être long et délicat, mais il est concluant et
genre. Cette diversité ne peut être comprise que par la sa négligence, encore courante dans la littérature, est en
recherche préalable de caractères à la fois informatifs, partie la cause de confusions importantes. Sur ces points,
nombreux et peu polymorphes. Cette recherche faite, les diverses références biographiques, toponymiques, biblio-
caractères peuvent alors être soumis à l’analyse et décrits graphiques, muséologiques, etc., ont été abondamment
afin qu’ils soient reconnus dans la pratique courante. utilisées en complément des atlas (en particulier
Dans sa nouvelle définition, Veturius englobera Publius S ILBERMANN 1835, P ERCHERON 1837, H ORN &
Kaup et Ouayana n. subg., comme sous-genres. S CHENKLING 1928, H ORN et al. 1990, IBBC 1963,
La répartition géographique de Veturius s. nov., couvre PAPAVERO 1971, G ILBERT 1977, L EMAIRE &
presque tout le territoire intertropical forestier américain. VENEDICTOFF 1989, ARNETT et al. 1993. LAISSUS 1995,
Cependant, dans cet ensemble immense, le genre est HOFF & CREMERS 1996).
compartimenté en groupes faunistiques tranchés. Chaque Sauf indications contraires, les méthodes d’observation
région et sous-région établie (vingt-deux au total) comprend et de dissection des spécimens, comme la méthode d’ana-
des espèces de diverses origines phylétiques et géogra- lyse phylogénétique, sont celles indiquées pour les

373
Stéphane Boucher

chapitres I et II (p. 269 et suiv.). Une différence impor- dans le clade Chondrocephalus-Arrox, l’un des deux prin-
tante réside toutefois dans le fait que le monophylétisme cipaux des Proculini. Proculus, quant à lui, appartient à
des genres Veturius et Arrox est ici pleinement testée, l’autre clade principal de la tribu, Vindex-Ogyges.
puisque chaque taxon terminal est une espèce. Dans l’étude de Veturius, nous nous intéresserons néces-
sairement, presque en permanence, à ses groupes frères,
Polytypisme. Aucun polytypisme strict n’est avéré. Arrox et Verres.
Dans la littérature, la confusion courante des espèces est
ainsi à l’origine de l’emploi abusif du concept de sous-
espèce (souvent exprimée comme « variété »). 1. Historique
Réciproquement, nous avons vu que l’acceptation du poly- L’examen des diverses définitions proposées dans la litté-
typisme de nombreuses espèces est la cause d’erreurs d’in- rature pour Verres, Arrox, Veturius, Publius et Proculus est
terprétations dans toute la famille. utile car il permet de mieux comprendre l’évolution des
concepts taxinomiques pour chacun de ces genres, ainsi
Polymorphisme. La plupart des caractères ne sont pas
que les relations entre eux.
polymorphes. Quelques uns, qui concernent le plus
Au préalable, il faut noter que l’affinité étroite entre
souvent les mêmes régions, ne le sont que faiblement. Ces
Veturius et Verres a été remarquée depuis longtemps ;
caractères sont discutés lorsqu’ils se présentent informa-
ESCHSCHOLTZ (1829) et PERCHERON (1835) ont placé
tifs. La principale variation visible est la longueur totale
côte à côte des espèces (alors dans le genre Passalus Fabricius
des spécimens.
1792). Cette situation s’est maintenue jusqu’à KAUP (1871).
Recherche de nouveaux caractères. Malgré l’avantage
que procure, pour le systématicien, l’absence visible de poly- 1.1. De Voët (1766) à Kaup (1869)
morphisme spécifique, le genre Veturius n’échappe pas à la
règle de la famille : son homogénéité morphologique. Bien que le genre Veturius soit de conception relativement
Compte tenu du nombre élevé des espèces dans le genre, récente dans son acception actuelle, la publication des
l’homologation des caractères est contrariée par de premières espèces date de la fin du XVIIIe siècle. C’est à
fréquentes homoplasies, lesquelles sont la cause de profondes cette époque que les premiers Passalides ont été décrits
et anciennes confusions. Une observation nouvelle des carac- (ceux de Linné et de Fabricius). Les travaux de VOËT (1806
tères connus, ainsi que la recherche de caractères nouveaux [1766 ?]) et d’OLIVIER (1789), en particulier, sont de bonne
(qui incluent ceux étudiés dans le chapitre I), devenaient qualité car il a été possible, dans le présent travail, d’iden-
alors indispensables pour mener au mieux la reconstruc- tifier les espèces sans les spécimens (aujourd’hui disparus).
tion phylogénétique et la reconnaissance pratique des taxons. Une seconde période, le début du XIXe siècle, est celle
Les caractères retenus sont répartis dorso-ventralement sur des descriptions sommaires ou des catalogues (WEBER
l’ensemble du corps et des appendices. Leur examen et le 1801, DALMAN 1817, DRAPIEZ 1820, DEJEAN 1821, LE
test de leur stabilité ont nécessité un très grand nombre de PELETIER & SERVILLE 1825). Un peu plus tard, KAUP
manipulations, mais cela permet dorénavant, pour la plupart (1868) a également décrit une espèce. Ces espèces (une
des espèces, d’identifier sans ambiguïté à peu près n’im- dizaine en tout) figuraient toujours dans le genre pantro-
porte quel spécimen, même s’il présente une forte usure pical Passalus. Par rapport aux autres groupes de Passalides,
tégumentaire ou chétotaxique, ou s’il est amputé d’appen- le futur genre Veturius était déjà bien représenté dans la
dices, voire de la tête, ou encore s’il s’agit d’une chimère nomenclature.
(une dizaine ont été trouvées). KAUP (1868, 1869), le premier, a proposé la scission
des Passalidae en plusieurs taxons du groupe famille. Il a
néanmoins maintenu les espèces précitées dans Passalus.
A. Phylogénie
1.2. Kaup (1871)
Les Proculini s. auct., comptent plusieurs « groupes de
genres ». L’un d’eux est celui comprenant Verres, Arrox, Concernant les genres Arrox, Verres, Veturius et Publius,
Veturius, Publius et Proculus. Ce groupe n’est pourtant pas KAUP (1871) avait déjà cité des caractères clés de première
représentatif d’un processus évolutif, puisque, nous l’avons importance, comme les dentures mandibulaires, le clypéo-
vu (chap. I-II), il est surtout établi sur des ressemblances, front, les structures dorso-céphaliques et le pronotum.
qui sont en fait des convergences. Il est alors polyphylé- En revanche, nous avons vu que Kaup ne pouvait être
tique. Dans le présent travail, l’établissement de nombreuses suivi outre mesure du fait de son adhésion au système
homologies, puis la recombinaison des espèces, ont permis quinaire de classification de Mac Leay (voir chap. I). Dans
la reconstruction de chacune des lignées ayant une histoire le cas de Publius, le nombre «maximal» de cinq genres ayant
propre. Verres, Arrox et Veturius (+ Publius) s. nov., ont un été atteint dans la sous-famille des Passalinae, il fait peu de
ancêtre commun ; ils forment un groupe monophylétique doute que Kaup ait été contraint à placer Publius dans une

374
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Figures 247-250a
Genre Veturius Kaup. Fac similés de gravures historiques (habitus, vue dorsale). – 247-249, V. sinuosus (Drapiez) ; 247, « Cupes sacharrobarba ruber Voët,
Surinam » (VOËT 1766 ? [édition 1806] ; 248, « Lucanus interruptus Linné, Surinam, Guyane » (OLIVIER 1789) ; 249, « Passalus sinuosus Drapiez, Brésil »,
syntype (DRAPIEZ 1820) – 250a, V. cephalotes (Le Peletier & Serville) : « Passalus interruptus Linné, Brésil, Guyane, Colombie, Pérou » (HEYNE & TASCHENBERG
1896). Échelles : 5 mm.

autre sous-famille, en l’occurrence celle des Proculinae. Or,


les affinités naturelles entre Veturius et Publius sont trop
évidentes pour que l’on puisse croire à une erreur d’obser-
vation de son auteur. Un second exemple intéressant, au
sujet du complexe Veturius, est la sous-famille Eriocneminae
Kaup (ancienne tribu Solenocycleae Kaup). Cette sous-
famille comprenait un seul genre, d’Afrique, et une seule
espèce : Pleurostylus trapezoides Kaup. L’unique synonyme
de Veturius étant Pleurostylus, on peut difficilement croire,
ici aussi, que Kaup ait pu faire une confusion.
Indépendamment du quinarisme, deux caractères à l’ori-
gine d’une importante erreur d’interprétation de Kaup dans
ses Proculinae, sont l’habitus et l’architecture clypéo-fron-
tale. Ces caractères ont été affiliés entre Proculus et Publius,
alors qu’ils sont en réalité homoplasiques (voir chap. II).
De plus, nous avons vu que les rides frontales antérieures
(rfa) de Proculus ne sont pas homologues de celles de Publius,
Veturius, Arrox et Verres ; en conséquence, les fossettes latéro-
frontales (flf), qui sont étroitement liées aux rides frontales
antérieures, ne sont pas davantage homologues entre
Proculus et Veturius + Publius (Arrox et Verres n’en ont pas ;
fig. 251-254). Il s’agit à nouveau d’une convergence. Le
rapprochement erroné, fait par Kaup, entre Publius, Veturius
et Proculus, a été maintenu par tous les auteurs.

1.3. Kuwert (1891-1898)


Pour les genres du complexe Veturius, Kuwert n’a pas boule- Figures 250b
versé les conceptions de Kaup. De plus, contrairement à sa Veturius (V.) aspina Kuwert (Andes, Amérique Centrale). Échelle : 5 mm.
qualité de diviseur, Kuwert n’y créa aucun synonyme, alors © Ph. Blanchot
qu’il examina un bien plus grand nombre d’échantillons.

375
Stéphane Boucher

Veturius. Dans les premières publications (KUWERT zontal ; marge antérieure du pronotum plus ou moins bicon-
1891, 1896), le genre fut introduit dans un nouveau «groupe cave ou avec un fort sillon sinueux ; tubercules externes [médio-
de genres », les Veturiinae, avec Publius, Verres et Verroides frontaux] rudimentaires absents ». En réalité, aucun de ces
Kuwert (ce dernier est synonyme de Verres). En 1898, la caractères n’est propre à Veturius tel qu’il est redéfini ici :
définition de Veturius ne fut pas davantage modifiée, sinon l’absence de sillon clypéo-frontal, la dent interne mandi-
légèrement étoffée, suite à la description de plusieurs espèces. bulaire gauche bifide, le clypéus « exposé » et plus ou moins
Publius. Kuwert ne connut aucun Publius avant 1898 horizontal, sont partagés avec les autres genres de Proculinae,
et n’en examina, en tout et pour tout, qu’un seul spécimen. à l’exception de Verres en ce qui concerne la dent mandi-
Il ne modifia pas la définition du genre proposée par Kaup. bulaire. De plus, les élytres mobiles, à bord antérieur légè-
Pleurostylus. Kuwert n’a pas connu le type de ce genre rement concave, existent chez des Veturius s. str., à ailes
monospécifique, raison pour laquelle il conserva le taxon réduites ; la marge antérieure du pronotum bilobée ou avec
valide, dans un « groupe de genres » africain, celui des un profond et large sillon n’existe que chez le groupe de
Erionominae, auprès du genre Erionomus Kaup (donc l’espèce type V. heydeni ; enfin, nous verrons que chez deux
forcément assez éloigné, dans la classification, des Veturiinae des trois sous-genres de Veturius, plusieurs espèces ont des
néotropicaux). La synonymie de Pleurostylus avec Veturius tubercules médio-frontaux vestigiaux ou néoformés.
étant évidente, on peut se demander comment Kuwert, Publius et Arrox. Publius est distingué de Veturius par
dans sa clé, a pu placer Pleurostylus proche d’Erionomus. Il les élytres fusionnés et convexes sur le bord antérieur (carac-
semble qu’il a suivi Kaup à la lettre en prenant en compte tères de brachyptère), et Arrox par la présence de tuber-
la localité type avant les caractères morphologiques. Il faut cules médio-frontaux rudimentaires et par le bord antéro-
d’ailleurs rappeler que KUWERT (1890) n’a pas hésité, lui pronotal droit. La phylogénie montrera que ces caractères
aussi, à décrire un Veturius africain, même si la localité sont valables.
d’origine lui parut douteuse (voir p. 498). La confiance
abusive que les deux auteurs ont portée aux provenances
des échantillons est comparable. 1.6. Les auteurs brésiliens (1922-1967)
Sertorius. Ce genre de Kaup, synonyme d’Arrox, fut Veturius. Après GRAVELY (1918), plusieurs auteurs brési-
maintenu comme tel par KUWERT (1891), mais dans le liens ont apporté des modifications mineures à la défini-
nouveau « groupe de genres » Sertoriinae Kuwert, au voisi- tion de Veturius, tout en le conservant dans les Proculinae,
nage des Veturiinae. sensu Gravely. MOREIRA (1922, 1925) y ajouta le « bord
antérieur du labium [labre ; nec labium] entier ou légère-
1.4. Arrow (1907) ment concave » (par opposition à Verres, chez qui il est « forte-
ment concave »). Ce caractère est toutefois contrarié par
ARROW (1907) est le premier à avoir pris position sur le l’espèce méso-américaine Verres cavifrons Kuwert, qui a le
taxon « africain » Pleurostylus Kaup ; il le mit en synony- labre comparable à celui d’un Veturius (bien qu’il puisse
mie, à juste titre, avec Veturius. Quant à la provenance de s’agir d’une réversion).
la seconde espèce « africaine » de Veturius (V. gabonis LUEDERWALDT (1931), de son côté, ajouta (toujours
Kuwert), Arrow la corrigea également. Depuis cette date, par opposition à Verres) : « … angle [des rides frontales]
toutes les espèces ont été réunies sans erreur (ce qui n’a pas marqué, généralement aigu ; aire [médio-] frontale et clypéus
été le cas de nombreux autres Passalides) dans le même non transverses. Pronotum avec les fossettes latérales absentes
genre néotropical. ou indistinctes et généralement lisses, ainsi qu’avec le sillon
marginal en général très large. Aires métasternales postérieures
1.5. Gravely (1918) lisses. Tibias médians avec ou sans épines ». En réalité, aucun
de ces caractères n’est propre à Veturius, sauf les fossettes
Veturius. Quelques espèces nouvelles ont été décrites et
margino-pronotales élargies. Le genre a aussi été divisé en
la combinaison du genre modifiée : la sous-famille
deux « groupes d’espèces », selon la présence / absence de
Proculinae, sensu Gravely, comprenait désormais Proculus,
soies mésosternales. Ce sont les groupes « platyrhinus »
Verres, Arrox, Veturius, Publius et Platyverres (ce dernier est
(glabre) et « assimilis » (pubescent). Bien que ces groupes
synonyme de Verres). Des genres ont donc été permutés
ne représentent pas des lignées naturelles, ils ont été repris
entre Passalinae et Proculinae, sensu Kaup. On remarque
par tous les auteurs.
surtout l’exclusion justifiée, parmi les Proculinae, d’Ogyges,
de Proculejus et d’Oileus (voir chap. II). Publius et Arrox. Dans sa révision de Publius,
Veturius est redéfini comme suit : « clypéus exposé et LUEDERWALDT (1934b) a donné une clé des genres de
fusionné avec le front [Proculinae] ; élytres mobiles, à bord Proculinae, sensu Gravely. Les caractères de Veturius sont
antérieur légèrement concave ; dent interne mandibulaire les mêmes que ceux de 1931, mais Publius est distingué
gauche bifide ; clypéus toujours exposé et plus ou moins hori- par les élytres soudés et par les « méta-épisternes étroits et

376
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

presque linéaires ». Ce nouveau caractère est cependant caractères de peu d’importance, parmi lesquels la présence de
contrarié par l’existence de méta-épisternes larges chez tubercules médio-fontaux et les ailes non réduites », et que
plusieurs espèces de véritables Publius. Il n’est alors pas « Les espèces types de ces genres montrent de grandes simili-
forcément corrélé au brachyptérisme, ni évidemment tudes dans la conformation générale du front et du clypéus,
homologue partout où il se présente. Quant à Arrox, il est dans la denture mandibulaire et dans d’autres caractères ; ces
distingué de Veturius par le bord antéro-pronotal droit et deux espèces sont sans doute congénériques. La séparation de
par la position des rides frontales postérieures. Ce dernier genres basée sur des caractères morphologiques résultants de
caractère, également nouveau, n’est pas autapomorphe car la réduction alaire est à l’origine de la création de genres arti-
on le trouve chez de nombreux Veturius et Publius. ficiels, comme c’est le cas de Publius et d’Arrox… ».
VULCANO & PEREIRA (1967) se sont intéressés aux Après R EYES -C ASTILLO (1970), les définitions de
Veturius, Verres et Publius selon la définition des Proculinae, Veturius et de Publius ont été conservées comme telles par
sensu Luederwaldt, mais ils n’ont donné qu’une clé très BOUCHER (1986), REYES-CASTILLO & CASTILLO (1992),
dépouillée en empruntant des caractères déjà signalés. Ils SCHUSTER (1993) et REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA
distinguent ainsi Veturius par « les élytres mobiles et le labre (2003).
non concave au milieu ».
2. Position phylogénétique
1.7. Reyes-Castillo (1970) dans la tribu et dans le complexe de genres
REYES-CASTILLO (1970) a rétrogradé la sous-famille des Arrox-Verres-Veturius-Publius
Proculinae, sensu GRAVELY (1918), au rang tribal, mais en La séparation des genres Proculus, Verres, Arrox, Veturius
l’augmentant de divers genres d’autres sous-familles et d’un et Publius était auparavant assez aisée au moyen des défi-
genre inédit. Le groupe souche reste toutefois inchangé. nitions vues ci-dessus. Ce n’est plus le cas pour certains
L’auteur s’est surtout attaché à réviser en profondeur la d’entre eux : l’interprétation différente des caractères
tribu des Proculini et pour la première fois de nombreuses morphologiques a montré (chap. II), et montre ici avec
espèces ont été examinées. Deux groupes de genres s’op- plus de précisions encore, que les parentés présumées étaient
posent clairement dans la systématique du taxon : ceux surtout fondées sur des homoplasies.
pourvus d’une « suture clypéo-frontale » (13 genres) et ceux
qui en sont dépourvus (6 genres : Proculus, Verres, Veturius,
Publius, Ogyges et Pseudoarrox). 2.1. Le clade Arrox-Verres-Veturius

Veturius. Après avoir fourni une clé des genres de Le monophylétisme de ce clade est solidement soutenu
Proculini et une description de Veturius, l’auteur a indi- par une dizaine de caractères externes (chap. II). Un seul
qué, concernant les « affinités » du genre, que la confor- est cité dans la littérature : la perte du sillon clypéo-fron-
mation du clypéo-front est partagée avec Publius et Proculus, tal. Toutefois, j’ai indiqué que ce caractère est convergent
mais que seul Veturius, parmi ceux-ci, a sur le pronotum avec Proculus et plusieurs Ogyges.
le bord antérieur bilobé et les fossettes marginales larges Cette discordance entre l’ancienne et la nouvelle systé-
et profondes. Ces caractères sont empruntés à la littéra- matiques est aussi valable pour les caractères qui séparent
ture. Il a postulé aussi que ces trois genres, plus Verres, Arrox, Veturius et Publius. Tels qu’ils étaient constitués,
forment une lignée avec de nombreux caractères en Veturius s. auct., était paraphylétique (Publius en fait en
commun, notamment la réduction de l’article apical des réalité partie) et Publius (+ Arrox) était polyphylétique
palpes labiaux, les processus hypostomaux élargis et l’ab- (P. agassizi est un Arrox, P. oberthuri un V. (Veturius), etc.).
sence de suture fronto-clypéale. La phylogénie des Proculini Arrox agassizi et A. granulipennis, qui ont été intégrés dans
(chap. II) a montré qu’aucun de ces caractères n’est en Publius par REYES-CASTILLO (1970) et SCHUSTER (1992),
réalité propre à ces genres. respectivement, forment réunis un genre monophylétique,
groupe frère de Verres et de Veturius.
Publius et Arrox. Reyes-Castillo a conservé pour Quant à Proculus, historiquement placé aux côtés de
Publius le statut proposé par GRAVELY (1914b, 1918) et Veturius et de Publius, nous avons vu qu’il appartient en
LUEDERWALDT (1934b), tandis qu’Arrox est mis en syno- fait au clade Vindex-Ogyges.
nymie. Les espèces examinées sont « Publius crassus » (en
réalité P. talamacaensis) et P. agassizi (espèce type d’Arrox). 2.2. Monophylétisme d’Arrox et de Verres
Publius est distingué de Veturius par la présence, sur le
pronotum, du sillon marginal étroit, des fossettes latérales Verres. Ce genre est l’un des rares de la tribu dont le mono-
marquées et du bord antérieur droit. Quant à Arrox, connu phylétisme ne pose aucun problème, plusieurs caractères
à l’époque par A. agassizi uniquement, l’auteur a estimé externes ayant été reconnus depuis très longtemps. Le plus
que sa séparation de Publius était « basée sur une série de clair est la dent interne gauche mandibulaire qui est trifide

377
Stéphane Boucher

(bifide chez Arrox et Veturius). Pour les autres autapomor- 2.3. Monophylétisme de Veturius
phies, voir p. 100.
Parmi les caractères utilisés par les auteurs pour définir
Arrox. Pour ce petit genre, la concordance entre les Veturius, aucun ne permet de soutenir son monophylé-
caractères mis en évidence ici et ceux des auteurs est très tisme. Pourtant, dans la pratique systématique, le genre
faible. J’ai indiqué que ce sont des caractères génitaux des semblait ne poser aucun problème. REYES-CASTILLO (1970)
deux sexes qui soutiennent son monophylétisme a d’ailleurs écrit que Veturius est un genre « naturel, avec des
(voir p. 351). De plus, avec GRAVELY (1918), mais contrai- caractéristiques très particulières », même si les caractères clés
rement à REYES-CASTILLO (1970), la présence de tuber- qu’il a donnés sont en réalité des symplésiomorphies.
cules médio-frontaux vestigiaux chez A. agassizi ne fait pas Les caractères qui soutiennent le mieux le mono-
de doute. On ne retrouve l’état homologue de ces tuber- phylétisme de Veturius (+ Publius) correspondent aux
cules que chez A. granulipennis. Enfin, la présence de ponc- fossettes latéro-frontales (car. 24 à 27). Celles-ci sont limi-
tuations sur l’ensemble du sillon margino-pronotal est une tées en avant par le front et par l’emplacement du tuber-
autre symplésiomorphie, nouvelle cette fois, et qui est cule médio-frontal perdu, et en arrière par une ride trans-
absente chez Veturius et Publius. versale reliant la suture épicrânienne au tubercule interne

Figures 251-254
Tête (dorsal) de Proculus et du complexe Arrox-Verres-Veturius. – Des caractères plésiomorphes, apomorphes et des convergences sont soulignés par des flèches
(voir texte). – 251, Proculus opacipennis (Thomson), Guatemala (dents internes déhiscentes en pointillés) ; 252, Verres onorei Boucher & Pardo, Equateur ;
253, Arrox agassizi (Kaup), Honduras ; 254, Veturius (V.) simillimus Kuwert, Brésil, Minas. – Echelle : 1 mm.

378
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

(fig. 251-254). Ces fossettes sont visibles chez toutes les partie filiforme ou élargi et ponctué ou lisse. « Médioter-
espèces (à l’inverse d’autres caractères pourtant non ambi- gite IX » hyalin. Phallobase de l’édéage (dorsal) hyaline
gus). Elles sont absentes chez Verres et Arrox et sont homo- (fig. 301) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.
plasiques chez Proculus (voir p. 361). 2. Dent interne mandibulaire gauche trifide (fig. 252).
Structure médio-post-frontale surélevée. Aires latéro-fron-
Après KAUP (1871) et KUWERT (1898), seul REYES- tales convexes. Sillon margino-pronotal crevassé à l’angle
CASTILLO (1970) a rappelé l’existence des fossettes latéro- antérieur et filiforme sur les côtés. Lobe distal vaginal trilobé
frontales, mais chez Veturius uniquement. Deux raisons (fig. 145-146, 213). Répartition : du nord de l’Isthme de
principales peuvent expliquer l’erreur d’interprétation ou Tehuantepec au sud de l’Amazonie . . . . . . . . Verres Kaup
l’omission de cet important caractère : il est assez diversi- – Dent interne mandibulaire gauche bifide. Structure médio-
fié d’une espèce à une autre (des fossettes presque planes, post-frontale non surélevée. Aires latéro-frontales en
en partie régressées, sont peu distinctes) ; il existe une fossettes (fig. 254). Sillon margino-pronotal élargi partout,
influence des coutumes des taxinomistes, certains carac- davantage sur les côtés où il forme une fossette (fig. 300).
Lobe distal vaginal simple ou bilobé (fig. 207). Répartition :
tères étant privilégiés et d’autres négligés, sans que l’on
de la Sierra de Los Tuxtlas (Veracruz) au nord de
puisse clairement l’expliquer. l’Argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Veturius Kaup s. nov.

2.4. Monophylétisme du sous-genre Veturius 3. Analyse phylogénétique du genre Veturius


(Publius) ; paraphylétisme du genre Veturius s. auct.
3.1. Caractères et taxons utilisés
Nous avons vu que l’arbre de consensus des Proculini
présentait une polytomie basale au nœud Veturius-Publius Désignation, états et codage
(chap. II, p. 355). Cette polytomie s’explique désormais, 93 caractères morphologiques de l’imago sont utilisés.
après l’analyse pratiquée ci-après avec toutes les espèces de TÊTE
Veturius et de Publius, parce que Publius s’avère être une appendices buccaux
lignée monophylétique interne de Veturius. Autrement dit,
mandibules
Veturius s. auct., était paraphylétique. 1. taille : grande 0 ; courte 1.
apex (lobe inciseur)
2. nombre de dents : trifide, dent inférieure développée 0 ; trifide, dent
2.5. Clé des genres Arrox, Verres et Veturius inférieure réduite à très réduite 1 ; bifide et large 2 ; bifide et étroite 3.
dents supra-apicales
Cette clé n’inclut que des caractères utilisés dans l’analyse 3. développement : aussi développées que la médiane 0 ; plus développées
phylogénétique des Proculini (chap. II). que la médiane 1.
dents dorsales
Remarque — Les « tubercules médio-frontaux » (car. 30), parfois 4. développement de l’aire proximale dorsale : convexe 0 ; concave 1.
fossettes ventrales
présents sous la forme de traces hors de la plaque clypéo-fron-
5. développement : grandes 0 ; très grandes 1.
tale chez Veturius (V. unicornis, V. oberthuri, V. assimilis et
V. hermani), ou à l’angle postérieur de la plaque clypéo-frontale ligule
apex antérieur
chez Verres, ne sont pas inclus dans la clé. Leur homologie avec 6. nombre d’épine(s) : une épine médiane 0 ; deux épines paramédianes 1.
Arrox est en effet hypothétique. aire médio-postérieure
7. relief : concave à plan 0 ; convexe, tuberculiforme 1.
0. Massues antennaires longues et étroites . . . . . . . . . . . . . 8. développement de tubercules bilatéraux : nuls à faiblement développés 0 ;
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . clade Vindex-Proculus fortement développés 1.
– Massues antennaires courtes et arrondies . . . . . . . . . . . . . .
article II des palpes labiaux
clade Chondrocephalus-Arrox . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 01.
microtubercules ventraux
01. Sillon fronto-clypéal totalement effacé . . . . . . . . . . . . . . . . 9. développement : absents 0 ; peu nombreux 1 ; nombreux 2.
Arrox, Verres, Veturius . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.
mentum
– Sillon fronto-clypéal marqué à trace . . . . . . . Autres genres disque
1. Présence de tubercules médio-frontaux et d’un bourrelet 10. forme : large, plus ou moins sub-plan 0 ; étroit, tuberculiforme 1.
clypéo-frontal vestigiaux (fig. 253). Sillon margino-prono- 11. tégument et pubescence : glabre et lisse 0 ; pubescent et ponctué 1.
tal entièrement filiforme et ponctué (fig. 277). « Médio- fossettes alaires
tergite IX » sclérotisé (fig. 143). Phallobase de l’édéage 12. forme : larges 0 ; étroites 1.
(dorsal) sclérotisée (fig. 282-283). [Dent interne mandi- processus hypostomaux
bulaire gauche bifide (fig. 253). Structure médio-post- 13. largeur : étroits 0 ; larges 1.
frontale non surélevée (fig. 253). Lobe distal vaginal bilobé 14. forme de l’apex : plus ou moins crochus 0 ; arrondis 1.
(fig. 143-144, 211)]. Répartition : du sud du Chiapas au 15. pubescence : absente 0 ; présente 1.
Costa Rica . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Arrox Zang s. nov. épicrâne
– Absence de tubercules médio-frontaux et d’un bourrelet yeux
clypéo-frontal (fig. 252-254). Sillon margino-pronotal en 16. développement : grands et globuleux 0 ; réduits, non globuleux 1.

379
Stéphane Boucher

canthus oculaires pré-épisternes


17. forme de l’apex : droits à épineux 0 ; arrondis 1. marges externes
fossettes supra-oculaires 45. épaisseur : normale 0 ; épaissies latéralement 1.
18. développement : en traces à bien marquées 0 ; absentes 1.
mésosternum
fossettes post-oculaires
19. développement : marges faibles ou marge externe seule distincte 0 ;
tégument
entièrement marginées 1. 46. aire axiale : mate 0 ; brillante 1.
20. forme : larges 0 ; étroites 1. 47. côtés antérieurs : entièrement mats 0 ; brillants, les marges antérieures
ponctuations sétigères plus ou moins mates 1.
21. développement : éparses 0 ; limitées à la marge externe 1 ; absentes 2. pubescence
genae 48. côtés antérieurs : absente 0 ; abondante et longue 1 ; très faible et courte
arêtes 2 ; très faible et longue 3.
22. développement : hautes 0 ; basses 1. 49. aires médio-latérales : absente 0 ; présente sur la marge extérieure 1 ;
présente partout 2.
aire clypéo-frontale 50. aires para-axiales : absente 0 ; présente 1.
tubercules médio-frontaux métasternum
23. développement : visibles en traces 0 ; totalement effacés 1.
fossettes latérales
fossettes latéro-frontales 51. largeur : larges 0 ; étroites 1 ; très étroites à linéaires 2.
24. développement : absentes 0 ; marquées, planes à faiblement concaves 1 ;
52. limite de la marge interne : diffuse 0 ; nette 1 ; très nette, profonde 2.
marquées, nettement concaves 2.
53. pubescence : longue 0 ; courte 1.
25. orientation : (absentes) 0 ; parallèles au clypéo-front 1 ; obliquées 2.
26. largeur : (absentes) 0 ; peu élargies 1 ; très élargies 2. aires latéro-médianes
27. développement de l’angle antéro-externe : (absentes) 0; régulier 1; fortement 54. pubescence : abondante et étendue 0 ; nulle à faible 1.
rebordé 2.
élytres
aire médio-frontale 55. soudure inter-élytrale : absente 0 ; présente 1.
28. développement de rides diffuses transversales : absentes 0 ; présentes 1. 56. coloration des stries : noire 0 ; rougeâtre 1.
rides frontales postérieures 57. ponctuation des stries dorsales I à VI : distincte 0 ; indistincte 1.
29. développement : courtes 0 ; longues 1. pubescence des calus huméraux
angle des rides frontales postérieures 58. en touffe large et dense : absente 0 ; présente 1.
30. développement d’un tubercule médian : absent 0 ; présent 1. 59. en touffe diffuse type « hincksi » : absente 0 ; présente 1.
60. en touffe claire type « ecuadoris » : absente 0 ; présente 1.
antennes 61. en touffe très éparses type « laevior » : absente 0 ; présente 1.
massues bord antérieur
31. longueur : normale 0 ; courte 1.
62. inclinaison du bord antérieur : vertical 0 ; incliné 1.
articles VI et VII saillie basale des épipleures
32. épaisseur : normaux 0 ; épaissis type V. punctatostriatus 1 ; épaissis type
63. développement : faible et arrondie 0 ; forte et assez affilée 1.
V. ecuadoris 2.
angle externe de l’article X ailes
33. forme : régulièrement arrondi 0 ; convexe 1. 64. développement : normales (macroptères) 0 ; peu réduites (hemibra-
chyptère) 1 ; très réduites (brachyptères) 2.
vertex
fossettes latéro-post-frontales pattes
34. pubescence : glabres 0 ; soies nombreuses centrales et postérieures 1 ; soies fossettes procoxales
nombreuses centrales 2 ; soies très peu nombreuses centrales 3. 65. développement : profondes 0 ; peu profondes 1 ; planes ou presque 2.
tubercule central 66. taille : étroites 0 ; larges 1.
35. forme générale : couché 0 ; conico-pyramidal 1 ; épineux 2. fémurs
36. base postérieure : non tronquée 0 ; tronquée type V. sinuatocollis 1 ; 67. largeur : peu élargis 0 ; bien élargis 1.
tronquée type V. munitus 2. 68. éclat tégumentaire : brillants 0 ; mats 1.
tubercules latéro-postérieurs pubescence infra-apicale
37. forme générale : droits 0 ; courbes 1. 69. développement : sur les profémurs uniquement 0 ; sur les pro-, méso- et
sillon post-occipital métafémurs 1.
38. développement : complet 0 ; effacé 1 ; effacé au milieu, bien marqué sur protibias
les côtés 2 ; absent 3. 70. largeur : normalement élargis 0 ; légèrement élargis 1 ; très élargis 2.
71. épaisseur : normaux 0 ; amincis 1.
THORAX 72. développement des épines externes : épines moyennes à fortes et peu acérées
pronotum 0 ; épines très fortes et acérées 1.
39. forme générale : allongé 0 ; transverse 1. mésotibias
bord antérieur arête dorsale
40. forme : droit ou presque 0 ; faiblement bilobé 1 ; fortement bilobé 2. 73. développement : indistincte à marquée sur toute sa longueur 0 ; plus
sillon latéro-marginal haute au milieu 1.
41. largeur : très étroit partout, sub-parallèle 0 ; élargi au milieu en fossette 74. pubescence : soies denses 0 ; soies éparses 1.
faible à moyenne 1 ; élargi au milieu en fossette large 2. épines externes
fossettes latéro-marginales 75. développement : absentes 0 ; fines 1 ; fortes 2.
42. « pincement » postérieur : absent 0 ; présent 1. soies apicales supérieures
43. profondeur : peu profondes 0 ; profondes 1. 76. développement : présentes 0 ; absentes 1.
44. tégument : ponctuées 0 ; ponctuées, sillonées et crevassées 1 ; lisses ou méso- et métatibias
presque 2. 77. forme générale : normaux 0 ; graciles 1.

380
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

spolons supérieurs métatibiaux tegmen


78. taille : courts (< trois tarsomères) 0 ; longs (> trois tarsomères) 1. 87. soudure paramères-phallobase : absente ou indistincte 0 ; distincte 1.
79. forme de l’apex : droits 0 ; finement crochus 1 ; fortement crochus 2. phallus
fourches apicales 88. longueur du sac interne : long 0 ; court 1.
80. écartement et taille des épines : peu écartées, courtes 0 ; fortement écartées,
longues 1. genitalia femelles
protarses vagin
article V lobe médian dorsal
81. longueur : longs 0 ; courts 1. 89. développement : deux grands lobes 0 ; un lobe moyen 1 ; plus de deux
lobes 2.
ABDOMEN canaux de la spermathèque et de la glande annexe
90. espacement sur la spermathèque : proches l’un de l’autre 0 ; éloignés l’un
sternum de l’autre 1.
sternite VII HABITUS ET COLORATION
82. longueur : long 0 ; court 1.
83. développement du sillon apical : complet, bien marqué 0 ; incomplet, 91. faciès : Arrox 0 ; Veturius (Veturius) 1 ; Veturius (Ouayana) 2 ; Verres 3.
apical, peu marqué 1 ; effacé 2. 92. coloration dorso-ventrale : noir brillant profond 0 ; noir bleuté brillant
latérotergite IX ou mat 1.
84. forme de l’apex : pointu 0 ; quadratique 1. 93. longueur totale : « moyenne » (> 30, < 39 mm) 0 ; «grande »
(> 39 mm) 1 ; «petite » (< 30 mm) 2.
genitalia mâles
phallobase
85. sclérotisation dorsale : largement étendue 0 ; uniquement marginale 1. 3.2. Matrice
paramères Dimensions : 75 taxons, 93 caractères. Notification des caractères
86. développement : courts et larges 0 ; longs et étroits 1. polymorphes : ÷ = 0 & 1 ; § = 0 & 2 ; ô = 1 & 2.

caractères
taxons 1 1111111112 2222222223 3333333334 4444444445 5555555556 6666666667 7777777778 8888888889 999
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VETURIUS
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381
Stéphane Boucher

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VETURIUS
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galeatus 0300000001 0000000100 0111111000 1000200111 1002011000 1111011000 0000001001 1101101010 0000101110 202
casalei 0300000001 0000000100 0111111000 1000000111 1002011000 1111011000 0000001001 1101101010 0000101110 202
cirratus 0000000001 1000000100 0112111000 1001000011 1001001001 0101010100 0000001101 1100100101 0000100010 210
cirratoides 0000000001 1000000100 0112111000 1000000111 1001001000 0001011100 0000001101 1110100101 000010??10 210
fanestus 0300000001 1000000100 0111111000 1000200111 1002001000 0001011100 0000001101 1110100101 000010??10 210
laevior 0000000000 1000000110 2111111000 1000000300 1002011000 0001011000 1000001002 1111100101 0020101110 200
ptichopoides 0000000000 1000010110 2111111000 1000000300 1002011000 0001011000 1101001002 1111100101 0020100110 200
ultimus 0000000000 1000010110 2111111000 1000000300 1002011000 0001011000 1101001002 1111100101 0020101110 200

3.2. Résultat : arbre de consensus On distingue une dichotomie basale du genre ; il est
(données principales) scindé en deux clades principaux : « punctatostriatus – ulti-
mus » (sous-genre Ouayana) et « transversus – impressus ».
La recherche par la méthode du Branch & Bound eût été Ce dernier est lui-même scindé en deux clades : « crassus –
interminable compte tenu du nombre élevé de taxons, elle impressus » (sous-genre Publius) et « transversus – biapica-
a donc eu lieu par la méthode heuristique. 2 435 arbres lis » (sous-genre Veturius s. str.).
également plus parcimonieux de 327 pas minimum ont L’arbre montre également l’affinité plus étroite du genre
été obtenus (CI : 0,500). L’arbre de consensus strict, dont avec Verres. Arrox ayant des plésiomorphies plus
la résolution générale des clades terminaux est appréciable, nombreuses, une maigre diversité spécifique et une répar-
est l’arbre de référence choisi (fig. 255). tition géographique strictement méso-américaine, il appa-
Cet arbre confirme le monophylétisme du genre Veturius raît comme relictuel dans son complexe taxinomique.
s. nov., par une série de 14 transformations non ambiguës.
Il faut remarquer que plusieurs états correspondent aux 3.3. Examen des synapomorphies
fossettes latéro-frontales. Ce caractère a donc un poids supé-
rieur par rapport aux autres. Toutefois, lorsqu’il est exclu Les 14 synapomorphies qui soutiennent le monophylé-
de l’analyse, la topologie de l’arbre n’est pas modifiée. tisme de Veturius sont (fig. 255) :

382
Figure 255
Phylogénie du genre Veturius s. nov. Consensus strict. – En blanc : genres frères (« groupes externes »).

383
Stéphane Boucher

1. Fossettes supra-oculaires (car. 18 ; fso). Elles sont tota- de ponctuation sur tout le sillon latéro-pronotal est due à
lement absentes, alors qu’elles sont nettes chez Verres des convergences (Proculus, Ogyges, Oileus d’une part,
(espèces macro- ou brachyptères), sous la forme de traces Odontotaenius d’autre part).
chez Arrox granulipennis (brachyptère) et indistinctes chez 12. Tégument des côtés antérieurs du mésosternum
A. agassizi (macroptère). Il a été montré, dans la tribu des (car. 47). Le tégument brillant semble être une synapo-
Proculini, que ces fossettes sont généralement plus déve- morphie de Veturius. Le tégument mat d’Arrox (fig. 275,
loppées chez les espèces brachyptères. Une perte, chez l’an- 287) et de Verres d’une part, de quelques espèces du groupe
cêtre de Veturius, fait alors peu de doute. de V. (Veturius) platyrhinus d’autre part, seraient des
2. Arêtes génales (car. 22 ; g). Leur développement est convergences.
très variable dans la tribu. Elles sont développées, hautes 13. Sclérotisation dorsale de la phallobase de l’édéage
et presque affilées chez Arrox et Verres, mais basses chez (car. 85). L’absence d’une plage sclérotisée et développée
Veturius. Une réversion existe néanmoins chez V. (Veturius), sur les angles postérieurs de la phallobase est une synapo-
dans le groupe d’espèces de V. sinuatocollis. morphie de Veturius (fig. 301). Arrox et Verres en sont pour-
3. Tubercules médio-frontaux (car. 23 ; tmf). Il a été vus (fig. 92-94, 282-283). Cet état est convergent avec
montré, dans la tribu des Proculini, que la perte du sillon divers genres des deux clades principaux de Proculini.
clypéo-frontal est à l’origine de celle des tubercules médio- 14. Lobe vaginal médio-dorsal (car. 89). La présence d’un
frontaux. Bien que le sillon soit également perdu chez Arrox lobe médio-dorsal unique est une synapomorphie de
et Verres, ces genres conservent les tubercules sous la forme Veturius (type 10, fig. 212). Arrox et Verres représentent deux
d’un simple bourrelet relictuel. Dans le sous-genre autres types distincts (9 et 11). Une convergence est notable
Ouayana, V. unicornis et V. oberthuri ont aussi les tuber- entre Arrox et les deux Publius méso-américains (fig. 194).
cules médio-frontaux sous forme de traces, mais pas
toujours. Ceux de la première espèce sont très similaires à 3.4. Importance du polymorphisme alaire
ceux de Verres. Ils sont parfois aussi présents, dans le sous-
genre Veturius, chez trois espèces de deux sous-groupes Le développement des ailes a une grande importance dans
distincts : V. assimilis et V. dreuxi (groupe « transversus ») et l’évolution des Passalidae. Outre leur rôle originel, nous
V. boliviae (groupe homonyme). Il s’agirait de réversions avons vu (chap. I) qu’elles sont modifiées en organe stri-
vis-à-vis d’Arrox et de Verres (fig. 251-254). dulatoire. L’émission sonore semble indispensable à l’ac-
4-7. Fossettes latéro-frontales (car. 24-27). Elles forment tivité subsociale des espèces. L’appareil stridulatoire a été
les synapomorphies principales du genre et ne sont conver- remarqué depuis longtemps, mais toutes précisions sur sa
gentes, dans toute la famille, qu’avec le Proculini Proculus, structure et son fonctionnement sont récentes (voir en
ce qui est remarquable (fig. 251-254). particulier REYES-CASTILLO & JARMAN 1983).
8. Pronotum (car. 39). Dans sa forme la plus plésio- Chez les formes à ailes très réduites, la fonction stridu-
morphe le pronotum est transverse. Des réversions exis- latoire des ailes remplace totalement celle du vol ; lorsque
tent dans les sous-genres Publius et Ouayana (groupe d’es- les appendices ont fortement régressé, ils ne forment plus
pèces de V. laevior). que des cordons radio-costaux (fig. 265). Ceci explique
9. Bord antéro-pronotal (car. 40). Dans sa forme la plus pourquoi l’aile est surtout réduite dans son champ posté-
plésiomorphe ce caractère est bilobé. Des réversions exis- rieur et que microptérisme et aptérisme n’existent pas dans
tent chez des espèces brachyptères des sous-genres Publius la famille. Corrélativement, les élytres ont perdu de leur
et Ouayana, parfois aussi chez V. (Veturius) simillimus. mobilité, mais rarement leur possibilité d’ouverture. Les
10. Sillon pronotal latéro-marginal (car. 41). L’élargis- gouttières coaptatives sont en général seulement déformées ;
sement médian de ce sillon en une véritable fossette est une il est alors souvent possible de forcer manuellement leur
autapomorphie du genre. Sa régression (réversion), ou son séparation. La mobilité moindre des ailes et des élytres est
accroissement, ont opéré de façons indépendantes : régres- aussi la cause d’une réduction des apodèmes et de la muscu-
sion dans les sous-genres Veturius et Ouayana, accroisse- lature alaires, tandis que sur les élytres, une réduction en
ment dans le sous-genre Veturius (espèces andines surtout). longueur, un rétrécissement des calus huméraux et un affais-
11. Ponctuation des fossettes pronotales latéro-marginales sement du bord antérieur (qui n’est plus vertical, mais
(car. 44). Ce caractère, propre à Veturius dans son complexe incliné) sont caractéristiques des espèces à ailes réduites.
de genres, est lié au développement des fossettes qui les La réduction alaire est très répandue chez les
portent. De ce fait, la réversion des fossettes est en partie Coléoptères, à des degrés et pour des raisons variés (voir
à l’origine de celle des ponctuations ; on le constate chez notamment JEANNEL 1964). Chez les Passalidae, elle est
divers groupes d’espèces des sous-genres Veturius et apparue dans divers groupes ; les Proculini en sont parti-
Ouayana. Il existe aussi des espèces avec les fossettes très culièrement riches (voir chap. II).
larges et profondes, mais lisses ou presque, surtout dans La réduction alaire est aussi à l’origine d’une série de
les Andes (fig. 500, 506). Dans d’autres genres, l’absence transformations extra-alaires notables, sous la forme de

384
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

réductions et de simplifications des sclérites. Ces transfor- de l’aile déployée et la longueur totale du corps. Un rapport
mations sont comparables d’une espèce à une autre car de 1/1 à 4/5 correspond à un spécimen à ailes normales et
elles sont soumises à des mécanismes génétiques communs celui de 2/3 à 1/2 correspond à un spécimen à ailes réduites.
de l’embryon. Dans la famille des Passalides, sont surtout Cette règle est fiable pour toute la famille.
affectés les méso- et métasternums, les ventrites abdomi-
Macroptérisme. Le développement normal des ailes
naux et les structures dorso-céphaliques.
implique théoriquement l’aptitude au vol. Sur l’aile, les
Morphologie générale et terminologie . L’aile des aires apicale, médiane et basale du champ postérieur sont
Passalidae a été décrite brièvement par REYES-CASTILLO grandes, tout comme les veines cubitales (Cu) et le pli
(1970) et par HERMANN & ANDERSON (1974), sur la base médian (pl. m.) (fig. 256-258). L’aile au repos du Proculini
des travaux de FORBES (1922, 1926). Ces données ont été Odontotaenius disjunctus est repliée en 19 plis (HERMANN
utilisées ici et complétées avec celles de SÉGUY (1959, & ANDERSON 1974) ; le nombre et la disposition de ces
1973) et de LAWRENCE et al. (1991). plis sont peut-être constants entre les principales lignées
L’aile normalement développée d’un Passalide (par de Passalides.
exemple Arrox agassizi, Veturius sinuatocollis ou V. caque- Dans le genre Veturius appartiennent à ce type « primi-
taensis ; fig. 256-258) est peu distincte entre les espèces, tif » la plupart des espèces des sous-genres Veturius et
y compris entre les deux sous-familles (nous avons vu, Ouayana ; dans le genre Arrox, une des deux espèces.
chap. I, que les Passalinae ont une veine médiane dévelop- Brachyptérisme. Les brachyptères ont les ailes fortement
pée [M2], alors que les Aulacocyclinae n’en ont pas). réduites et ne peuvent voler. Le champ antérieur de l’aile,
Dans la pratique, la distinction entre une aile normale bien que raccourci en longueur, conserve souvent un petit
et une aile réduite est faite par le rapport entre la longueur pli antéro-tranversal (pl. at), fonctionnel ou non (fig. 265-

Figures 256-271
Diversité et polymorphisme alaires des genres Arrox et Veturius. – 256-258, macroptères ; 259-264, hémibrachyptères (pointillés : variation de la marge
radiale) ; 265-271, brachyptères. – 256, Veturius (V.) sinuatocollis Kuwert ; 257, V. (V.) caquetaensis Boucher ; 258, Arrox agassizi (Kaup) ; 259, V. (V.) dibbi
n. sp. ; 260, V. (V.) hincksi n. sp. ; 261, V. (V.) montivagus n. sp. ; 262, V. (V.) perecasi n. sp. ; 263, V. (V.) imitator n. sp. ; 264, V. (Ouayana) ptichopoides ; 265,
A. granulipennis (Zang) ; 266, V. (Publius) talamacaensis n. sp. ; 267-268, V. (P.) spinipes Zang ; 269-270, V. (P.) crassus (Smith) ; 271, V. (P.) impressus Hincks.
A1-2 : 1e et 2e anales ; c + sc : costale + subcostale ; Cu1-2 : 1e et 2e cubitales ; M1-2 : 1e et 2e médianes ; pl. a : pli anal ; pl. at : pli antérieur ; pl. c : pli costal ;
pl. m : pli médian ; R : radiale. Barres horizontales : longueur totale du corps.

385
Stéphane Boucher

271). Le champ postérieur est très réduit, avec perte plus Proculus-Ogyges. Un intérêt de cet état de caractère est qu’il
ou moins complète de toutes les veines, y compris la s’ajoute à la liste des homoplasies entre Proculus et Veturius.
médiane (M1). Dans les genres Arrox et Veturius, sont de Dans le genre Veturius s. nov., la phylogénie indique
ce type A. granulipennis et tout le sous-genre Publius. aussi que le brachyptérisme est homologue dans tout le
sous-genre Publius, tandis que l’hémibrachyptérisme est
Hémibrachyptérisme. Cette forme caractérise une faible homologue chez les espèces du groupe « biapicalis » et chez
réduction alaire, intermédiaire entre brachyptérisme et plusieurs espèces du groupe « caquetaensis » (tous deux du
macroptérisme (fig. 259-264). Elle n’avait pas été notifiée sous-genre nominal ; fig. 258, 261-263), ainsi que chez
pour la famille, bien que son importance biologique et plusieurs espèces du groupe « laevior » (sous-genre
systématique soit réelle. La réduction de l’aile affecte surtout Ouayana). La réversion de la réduction alaire vers le macro-
l’apex des champs antérieur et postérieur et la région anale, ptérisme, bien que possible en théorie, est ici très peu vrai-
entre veines cubitale (Cu2) et anales (A). semblable.
L’aptitude au vol des espèces hémibrachyptères n’est
pas une règle. Celles ayant les élytres mobiles et de confor-
mation presque normale ont les ailes très peu réduites ; il
4. Monographie des genres Arrox et Veturius
semble que la plupart puissent voler. En revanche, les 4.1. Genre Arrox Zang 1905 s. nov.
espèces ayant les élytres coalescents ont les ailes davantage
Sertorius : KAUP 1871 : 114 (nec Sertorius Stål 1866 [Hemiptera]).
réduites ; elles ne peuvent voler. Malgré cette distinction, Sertorius Kaup : BATES 1886 : 23 ; KUWERT 1891 : 175, 1896 : 221 & pl.
l’habitus d’une espèce hémibrachyptère reste plus voisin 5 fig. 13, 1897 : 302.
de celui d’une espèce macroptère que d’une brachyptère. Arrox : ZANG 1905b : 155 (nom. n.)
Arrox Zang : GRAVELY 1918 : 33 ; LUEDERWALDT 1934b : 3 ; HINCKS &
Dans le genre Veturius, sont hémibrachyptères quelques DIBB 1935 : 23 (catal.).
espèces des sous-genres Veturius (groupes « biapicalis » et Publius Kaup (syn.) : REYES-CASTILLO 1970 : 99, 167.
« caquetaensis ») et Ouayana (groupe « laevior »). Publius Kaup : SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1981 : 89, 113 (partim Publius
sensu Kaup ; larva).
Polymorphisme intraspécifique. Comme dans toute la
famille, le polymorphisme alaire intraspécifique des Veturius Espèce type : Sertorius agassizi Kaup 1871, par monotypie originale.
est très faible. Ceci rend les caractères d’autant plus infor- Caractères diagnostiques. Macro- ou brachyptère. Habitus convexe et
allongé à très convexe et trapu.
matifs en systématique. Quelques variations mineures ont Tête (fig. 272-273, 284). Architecture générale proche de Veturius.
été observées chez des formes brachyptères ou hémibrachy- Présence de tubercules médio-frontaux associés à un bourrelet clypéo-frontal
ptères, dans les sous-genres Veturius (groupe « biapicalis ») vestigiaux, mais suture totalement effacée. Clypéo-front convexe, proéminent,
et Publius (P. crassus, P. spinipes ; fig. 259-260, 267-270). horizontal ou presque, plus ou moins lisse à franchement chagriné et ridé.
Aires latéro-frontales non transformées en fossettes, mais convexes car occupées
sur leurs marges antérieures par les tubercules médio-frontaux. Structure
Origine de la réduction alaire médio-post-frontale développée, mais étirée en avant et peu élevée. Tubercule
central presque horizontal, l’apex non libre à presque libre. Rides frontales
Dans la famille. La réduction alaire des Passalides a deux postérieures et tubercules internes bien marqués. Rides frontales antérieures
effacées. Aires latéro-post-frontales glabres. Arêtes supra-oculaires sans fossettes
origines principales. médianes, ou sinon très peu distinctes. Sillon post-frontal marqué et complet.
Dans le cas le plus répandu, les espèces se sont adap- Ailes du mentum allongées. Mandibules : dent interne gauche bifide ; fond
tées à des forêts d’altitudes élevées. La réduction alaire a (dorsal) lisse et glabre ; fossettes infra-basales marquées. Massues antennaires
trapues et arrondies.
été conditionnée par une série de facteurs climatiques, puis Pronotum (fig. 277, 289). Angles bien arrondis. Sillon marginal filiforme,
par l’isolement géographique de ces facteurs et des espèces finement ponctué partout.
(insularisation secondaire). Mésosternum glabre ou peu sétigère sur les côtés antérieurs et de part et
d’autre de la ligne axiale.
L’autre cas est l’isolement insulaire strict. Il est excep- Métasternum. Fossettes marquées et élargies ; aires latéro-postérieures
tionnel car on ne le connaît que chez le petit groupe de imponctuées.
Macrolinini de Labienus moluccanus (Percheron), repré- Pattes. Arêtes supérieures des mésotibias nulles ou presque (fig. 280,
292).
senté par trois espèces géantes des Moluques. Ce groupe Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué et presque
est monophylétique et n’est pas que montagnard (données complet. Latérotergite IX distinct par une plaque sclérotisée.
non publiées). Ici, la réduction alaire semble avoir été Genitalia. Édéage de taille moyenne à grande (3-3,6 mm). Ventral :
conditionnée par le seul isolement insulaire. phallobase et paramères largement sclérotisés et séparés par une suture nette.
Dorsal : phallobase munie d’une paire de plaques sclérotisées paramédianes
Particularités dans le complexe Arrox-Verres-Veturius. plus ou moins vastes ; paramères peu distincts et limités à une fine marge
sclérotisée (fig. 282-283). Vagin avec un lobe médio-dorsal subdivisé sur les
La réduction alaire existe chez Arrox et Verres et l’on sait, axes transversal et longitudinal (« type 9 », voir chap. I, p. 308 et fig. 211).
par la phylogénie, que l’ancêtre du clade Arrox – Veturius
était macroptère. En revanche, nous avons vu (chap. II), Diversité spécifique. Le genre ne comprend que deux
parmi les autres Proculini, que le brachyptérisme peut être espèces, mais qui sont morphologiquement très distinctes :
une plésiomorphie, comme dans le clade Proculejus- A. agassizi (Kaup) et A. granulipennis (Zang).

386
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique. Arrox est limité aux forêts de alas reducidas y sin tubérculos externos ». En effet, l’inter-
montagnes (≥ 1 000 m ; ≤ 2 500 m d’altitude environ), prétation hâtive de la réduction alaire a parfois été à l’ori-
depuis le nord du Chiapas jusqu’au tiers sud du Costa Rica gine de la création de genres artificiels chez les Proculini.
(Cordillère de Tilarán, fig. 245). Il est surtout omnipré- Toutefois, l’exemple de Publius n’est sans doute pas adéquat
sent entre le nord du Guatemala et le nord du Nicaragua. car le brachyptérisme est précisément une synapomorphie
Sa présence, un peu plus au sud, dans la partie costaricaine qui soutient solidement le monophylétisme de ce sous-
de la Cordillère de Talamanca, semble évidente, compte genre. Comme chez tous les Proculini, le brachyptérisme
tenu des étroites affinités biogéographiques de ces reliefs est apparu dans de nombreuses lignées ; il est donc souvent
avec ceux de Tilarán. En revanche, on peut douter qu’il homoplasique. Dans le genre Arrox, redéfini ici, une espèce
existe dans le massif du Chiriquí (Costa Rica-Panama). Le est macroptère et une brachyptère. Sur ce plan, aucun genre
volume des Passalides examinés de la région semble le de Proculini n’est comparable à celui-ci. Quant aux « tuber-
démontrer. Au nord de l’aire de répartition, l’Isthme de cules externes » relictuels, discutés plus haut, Reyes-Castillo
Tehuantepec forme une barrière écologique nette, sans y a attaché peu d’importance.
doute infranchissable, pour un genre typiquement monta- Le sillon margino-pronotal étroit d’Arrox a aussi conduit
gnard. De plus, dans l’état actuel de la connaissance de la REYES-CASTILLO (1970) à rapprocher le taxon de Publius.
faune du Mexique, la présence d’Arrox est peu probable Cependant, sur le sillon d’Arrox, la ponctuation étendue
au-delà de cette barrière. presque partout et l’absence de fossette médiane sont des
synapomorphies nullement retrouvées chez Publius (comme
Remarques taxinomiques et nomenclaturales. Les carac- d’ailleurs chez tous Veturius) ; les Publius ont bien des
tères d’Arrox ne présentent plus d’ambiguïté dès lors qu’ils fossettes, mais qui peuvent avoir fortement regressé.
sont observés dans le cadre de la phylogénie de l’ensemble Pour ce qui concerne A. granulipennis, découvert bien
des Proculini. Auparavant, l’habitus très différent des deux après A. agassizi, son habitus particulier est à l’origine de
espèces était donc la cause de leur séparation générique. son ballottement entre les genres Proculejoides, Proculejus,
Dans sa description du genre et de l’espèce type, KAUP Ogyges et Publius (ZANG 1905a, REYES-CASTILLO 1970,
(1871) n’a signalé clairement qu’un seul caractère distinct SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1990, SCHUSTER 1992).
de Veturius : le clypéus « rugueux et bombé » (encore qu’un Il fait peu de doute, nous l’avons vu (chap. II), que l’ar-
clypéus décrit comme tel puisse être rapproché de quelques chitecture des dents internes mandibulaires, des spolons
Veturius). Kaup n’a donc pas signalé, ni figuré, les tuber- protibiaux, des massues antennaires et des genitalia mâles
cules médio-frontaux, pourtant visibles sur tous les spéci- de l’espèce soient homologues de ceux de la lignée Arrox-
mens. Pour le reste, aucun autre caractère de Kaup n’est Verres-Veturius, plutôt que de ceux de la lignée Proculejus-
en réalité propre au genre. KUWERT (1896, 1897) en fit Ogyges-Proculus.
de même. Dans l’erreur, ces auteurs ont donc attaché beau-
coup d’importance au clypéus et au tubercule central pour
séparer Arrox de Veturius. Clé et révision des espèces
GRAVELY (1918), le premier, a remarqué et figuré des 1. Macroptère : habitus convexe et allongé, élytres mobiles,
« rudimentary outer tubercles », qui n’existent pas chez ailes normalement développées. Coloration noir brillant
Veturius. Dans cette interprétation, le terme « rudimen- dessus et dessous. Interstries élytraux lisses (fig.. 278).
taire» signifie régressé, ce qui est exact. En revanche, Gravely [De l’extrême sud du Chiapas au Costa Rica] . . . . . . . . . . .
s’est trompé de tubercules en indiquant des tubercules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. agassizi (Kaup) n. comb.
« externes » ; au sens des auteurs de l’époque, en effet, il – Brachyptère : habitus très convexe et trapu, élytres coales-
s’agissait des tubercules « internes » (à présent nommés cents, ailes très réduites. Coloration bleu gris subopales-
cent dessus et dessous. Interstries élytraux granuleux
médio-frontaux). En conséquence, Gravely ayant confondu
(fig. 290) [Moitié Nord du Massif du Chiapas] . . . . . . . . . .
les tubercules « externes » et « internes » d’un taxon supra- . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. granulipennis (Zang) n. comb.
spécifique à un autre, il ne pouvait faire autrement dans
leurs homologies (voir chap. I).
Arrox agassizi (Kaup 1871) n. comb.
Le second caractère utilisé par Gravely pour séparer
Arrox de Veturius est la marge antérieure du pronotum, (fig. 96, 143, 253, 258, 272-283 – 905, 920-921)
qui est « droite ». Cet état est en réalité présent chez Veturius, Sertorius Agassizi : KAUP 1871 : 114.
dans les sous-genres Veturius et Publius. Par la suite, Sertorius agassizi Kaup : BATES 1886 : 23 ; KUWERT 1891 : 175 ; 1897 : 303.
Arrox agassizi Kaup : GRAVELY 1918 : 34 + pl. V fig. 1 ; HINCKS & DIBB
plusieurs auteurs ont repris cette erreur. 1935 : 23 ; 1958 : 10 (catal.).
Récemment, REYES-CASTILLO (1970), à l’appui de Arrox agassizi (Kaup) : HINCKS 1953 : 33.
l’étude d’A. agassizi, a mis le genre en synonymie avec Publius agassizi (Kaup) : REYES-CASTILLO 1970 : 167 ; VIRKKI & REYES-
CASTILLO 1972; SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1981 : 113; SCHUSTER
Publius, considérant « la presencia de tubérculos externos y 1985 : 162.
alas no reducidas en Arrox, en tanto que Publius presenta Arrox agassizi Kaup : MAES 1987 : 18 (catal.).

387
Stéphane Boucher

Publius agassizi : SCHUSTER 1992 : 285. Métasternum (fig. 276) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes
Publius agassizi Kaup : SERRANO et al. 1998 : 166. finement ponctuées et sétigères, les soies longues. Fossettes très peu profondes
Publius agassizi (Kaup) : BOUCHER 2004 : 113 (type). mais bien élargies en arrière, ponctuées et sétigères comme précédemment.
Élytres allongés, glabres à l’exception du bord antérieur avec quelques
Syn. : A. assmanni (Kuwert 1897) fines soies éparses. Stries finement ponctuées partout (fig. 278). Interstries
Sertorius assmanni : KUWERT 1897 : 303. lisses. Profil antérieur vertical. Ailes normalement développées (fig. 258).
Arrox Assmanni Kuwert : HINCKS & DIBB 1935 : 23 ; 1958 : 10 (catal.). Pattes. Fossettes procoxales (fig. 279) étroites mais nettement concaves,
Arrox assmanni (Kuwert) (syn.) : HINCKS 1953 : 33. surtout antérieurement où le bourrelet marginal est très épais, et très finement
sétigères. Protibias armés de 4-5 épines courtes et trapues, plus la fourche
Matériels types apicale. Mésotibias (fig. 280) étroits, avec une fine épine médiane ; pubescence
A. agassizi (Kaup). Décrit de Guatemala (sans autre préci- courte et espacée ; arête supérieure nulle ; fourches apicales larges mais courtes.
Métatibias comme les mésotibias mais épineux ou inermes et moins
sion) sur n exemplaire(s) de la collection Agassiz. Lectotype (dés. pubescents. Spolons supérieurs des méso- et métatibias (fig. 281) assez courts,
BOUCHER 2004 ; sexe indét.) : GUATEMALA : « Guatemala fins et droits à régulièrement courbes. Apex inférieur des méso- et métafémurs
[Heldmann] / Sertorius Agassizi Kp., Guat., Agass. [Kaup] / Col- glabres et lisses.
1273-LT ». - Longueur totale : 32 mm (HLMD). – Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII marqué plus ou moins
Paralectotype : id., Col-1273-PLT (HLMD 1 ex). sur les deux tiers de sa longueur apicale.
Édéage (fig. 282-283). Taille petite à moyenne. Longueur : 2,8-3 mm.
A. assmanni (Kuwert). Décrit sur n exemplaire(s) de « San Habitus étroit et allongé, le phallus globuleux. Bord postérieur légèrement
Salvador ». OBERTHÜR (1933) a cité 6 exemplaires dans l’ex bilobé. Paramères et phallobase séparés par une suture latérale nette. Dorsal :
collection Kuwert. Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : phallus largement sclérotisé sur le bord postérieur; paramères étroits, dépassant
EL SALVADOR (sans autre précision) : « St. Salvad., Haber 76 / peu ; plaques latérales de la phallobase bien distinctes mais plus ou moins
étendues. Sac interne entièrement hyalin, peu développé, dépourvu de sclérites
Assmanni Kuw., Salvador [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert latéraux, de phanères ou de spicules visibles.
1894 ». — Longueur totale : 31 mm (MNHN). Paralectotypes : Genitalia femelles. Voir chap. II, p. 351 et fig 143, 211.
id. (MNHN 5 ex ; NHML 2 ex).
Larve décrite par S CHUSTER & R EYES -C ASTILLO (1981) sur des
Ces spécimens n’offrent aucune différence notable avec le spécimens du Guatemala.
type nominal. HINCKS (1953) a mis l’espèce en synonymie après Caryotype mâle : 13II + Xy établi par VIRKKI & REYES-CASTILLO (1972)
examen des deux syntypes du NHML (ex coll. Kuwert). sur des spécimens de El Salvador.
Caractères clés et affinités morphologiques. L’espèce a l’habitus typique
Description. Macroptère. Habitus allongé plutôt étroit. Coloration noir d’un macroptère de la lignée Arrox-Verres-Veturius, mais elle se distingue de
brillant dessus et dessous. toutes les autres espèces macroptères de ces genres par la présence permanente
Taille moyenne à rarement petite. Longueur totale : 30-37 mm ; largeur de tubercules médio-frontaux distincts, ainsi que par le bourrelet clypéal
maximale : 10,5-13 mm. développé et plus ou moins chagriné. La structure médio-post-frontale est
Tête (fig. 272-273). Tubercule central plus ou moins horizontal, l’apex aussi assez caractéristique, notamment le tubercule central qui est allongé,
non ou presque libre, aigu et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs marqués presque horizontal et les tubercules latéro-postérieurs épais et bien marqués.
à effacés, courbes et dirigés en avant. Tubercules tentoriaux marqués. Rides La forme du tubercule central est homoplasique avec plusieurs Veturius
frontales postérieures courtes mais atteignant les tubercules internes ; courbes, (Ouayana). Il serait par ailleurs difficile de confondre A. agassizi avec
presque perpendiculaires au tubercule central, l’arête très émoussée. A. granulipennis, tant ils sont d’aspects différents.
Tubercules internes bien marqués, larges. Angle des rides frontales presque Polymorphisme. Peu appréciable, même pour les tailles : tubercule central
nul et généralement traversé par une ride longitudinale. Aire médio-frontale plus ou moins convexe et allongé ; canthus oculaires parfois plus allongés et
courte, lisse et ridée. Tubercules médio-frontaux mamelonnés toujours larges vers l’apex ; épines des mésotibias parfois doubles et présence d’une
distincts et plus ou moins inclus dans la marge latéro-clypéale. Clypéus épine sur un des deux métatibias.
proéminent et nettement convexe, bombé, le bord antérieur droit à L’unique spécimen du Nicaragua (SEAL) est bien distinct de la forme
légèrement bilobé, les angles antérieurs droits et obliqués en avant, peu type (fig. 273). Il est beaucoup plus grand (37 mm ; moyenne des
visibles en vue dorsale. Aires latéro-frontales glabres et plus ou moins ridées. échantillons : 33-35 mm). On notera aussi : habitus plus massif, plus
Angles antérieurs de la tête très obtus et émoussés. Canthus oculaires courts, transverse, surtout la tête et le pronotum ; tubercule central plus élevé, plus
étroits à légèrement évasés, l’apex antérieur bien arrondi dépassant l’œil. large à sa base, l’apex redressé et libre ; clypéus plus large, moins convexe,
Yeux peu globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes, en partie avec les angles antérieurs nettement proéminents et presque effilés ; yeux
sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon sur les côtés uniquement. plus grands et plus globuleux ; sillon margino-pronotal antérieur plus long
Ligule à apex antérieur simple ; aire médio-postérieure plane, non tuberculée et plus large, dépassant des deux tiers la largeur du pronotum ; méso- et
sur les côtés. Mentum à disque étroit, convexe, glabre ou avec quelques métatibias armés de deux épines médianes distantes l’une de l’autre. L’édéage
ponctuations sétigères éparses ; ailes longues et étroites, couvertes de est aussi bien distinct, ce qui n’est pas habituel chez les Proculini : phallobase
ponctuations sétigères éparses, les côtés à peine cintrés ; fossettes marquées. (dorsal) très concave sur les côtés, avec la plaque sclérotisée basale plus grande,
Article II des palpes labiaux étroit, près de deux fois plus long que le III. paramères et sclérotisation du phallus plus larges.
Processus hypostomaux (fig. 274) allongés, à peine concaves au milieu,
l’apex presque crochu. Labre quadratique ; bord antérieur concave. Répartition géographique. Espèce endémique d’Amérique
Mandibules courtes, bien recourbées jusqu’à l’apex trifide, les dents
inférieures développées ; fossettes infra-basales marquées. Massues antennaires Centrale : depuis l’extrême sud-est du Chiapas jusqu’au
trapues, l’article VIII étant le plus court. nord du Costa Rica (fig. 905).
Pronotum assez étroit (fig. 277). Bord antérieur droit ou presque. Angles La signalisation du Brésil (KUWERT 1891) est due à
antérieurs bien arrondis et abaissés. Sillon marginal partout filiforme, sauf
dans sa partie antérieure où il s’élargi quelque peu, et parsemé de fines
une confusion d’espèce, peut-être Veturius simillimus, qui
ponctuations plus ou moins distinctes. Pubescence des pré-épisternes fine, lui ressemble souvent (ce matériel n’a pas été retrouvé).
courte et dense, visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères (fig. 275) En plus du matériel examiné, il faut ajouter celui cité
avec des soies espacées à denses partout. par SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981), du Guatemala,
Mésosternum (fig. 275) glabre ou avec quelques très courtes soies sur les
côtés antérieurs ; tégument mat très étendu, presque diffus, net surtout sur dont l’identification ne fait pas de doute : dépt.
les côtés antérieurs et la ligne axiale. Chiquimula, volcan Ipalá, 1 650 m ; dépt. Sololá,

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Panajachel ; dépt. Sacatepequez, volcan Acatenango, et le Salvador, le triangle El Trifinio – El Portillo et la Sierra
2 240 m. Le petit spécimen de 30 mm, du Nicaragua del Merendón (dépts. Chiquimula, Ocotepeque, Santa
(GRAVELY 1918), qui est théoriquement préservé à l’Indian Ana, respectivement).
Museum, Calcutta, n’a pu être examiné. Son identité ne Au Salvador, l’espèce semble restreinte à la Chaîne
fait toutefois aucun doute. Volcanique, qui longe la côte Pacifique et prolonge les
La synthèse chorologique et biogéographique la plus reliefs du Guatemala : dépts. San Salvador, Ahuachapán,
complète sur l’espèce est due à SCHUSTER (1985, 1992). Santa Ana et Morazán.
La plupart des spécimens vus par cet auteur n’ont pas été Le Honduras n’a fait l’objet que de rares récoltes depuis
examinés ici, mais je ne doute pas des identifications. le signalement de SCHUSTER (1985). Le matériel récent,
Schuster a mis en évidence la présence de l’espèce dans rapporté de la région Nord (MNHN, UVGC), montre
plusieurs régions du nord de l’Amérique Centrale : d’une que l’espèce est répandue sur une grande partie des reliefs
part, au Guatemala, les reliefs Cuchumatanes (dépt. El du pays. Elle est connue des dépts. Cortés, Ocotepeque,
Quiché), Las Verapaces, la Sierra de Las Minas (dépts. Alta Lempira et Olancho.
Verapaz, Baja Verapaz, Zacapá), la Sierra Madre et la Chaîne Du Nicaragua, suite au spécimen cité par GRAVELY
Volcanique ; d’autre part, entre le Guatemala, le Honduras (1918), seul celui récemment pris dans le Matagalpa m’est

Figures 272-283
Arrox agassizi (Kaup), sud du Mexique – Amérique Centrale. – 272, 274-282, forme typique ; 273, 283, grande forme du Nicaragua (Matagalpa). – 272-
273, tête (dorsal), tubercules central et interne (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 274, processus hypostomal ; 275, mésosternum et méta-épisterne ;
276, métasternum ; 277, pronotum (dorsal, latéral) ; 278, stries disco-élytrales I-III ; 279, fossette procoxale ; 280, mésotibia (latéral, ventral) ; 281, spolon
supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-II) ; 282-283, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Stéphane Boucher

connu (SEAL). Comme indiqué ci-dessus et ci-après, ce L’amplitude écologique de l’espèce est sans doute à
spécimen est bien distinct de la population typique, qui l’origine de son accommodation à des perturbations
atteint pourtant le Costa Rica. importantes, anthropiques, des forêts. Dans le nord de
SCHUSTER (1985, 1992) a signalé l’espèce du Costa l’Amérique Centrale, de vastes plantations de Pinus
Rica (sans autre précision). Plusieurs autres spécimens ont (autochtones ou introduits) ont remplacé les forêts origi-
été vus ici des prov. de Cártago, Alajuela, San José et nelles à Pinus ou Pinus-Quercus, qui ont été massivement
Heredia, c’est-à-dire surtout de la Sierra de Tilarán exploitées au préalable. De telles pratiques sont anciennes
(INBIO). dans des régions fortement peuplées, comme au Salvador
Du Mexique, l’exemplaire de Candèze 1870 (IRSN), (ROCHER 1951), dans une moindre mesure au Guatemala.
le seul qui a été signalé du pays, suggère une origine de La forêt d’El Boquerón, dans le massif du volcan San
l’extrême sud du Chiapas, dans la continuité des reliefs Salvador, en est un exemple. Après son exploitation
guatémaltèques de la Sierra Madre et de la Chaîne complète au XIXe et au début du XXe siècle, la forêt fut
Volcanique (on notera qu’un second exemplaire, dans la replantée en Pinus. Récemment, des A. agassizi ont été
même collection, provient du Guatemala). pris dans cette forêt artificielle (IMEX, MNHN). Dans
C’est donc du Guatemala que l’espèce est la mieux le complexe de genres Veturius, A. agassizi est la seule
connue ; elle semble omniprésente sur la plupart des reliefs espèce connue d’un milieu contrôlé. Malgré cela, sa rareté
(dépts. Totonicapán, Quezaltenango, Retalhuleu, Sololá, au Salvador et au Nicaragua est surtout due à la destruc-
Chimaltenango, Sacatepequez, Guatemala, Jutiapa, tion des forêts d’altitude par l’Homme.
Chiquimula, Zacapá, Huehuetenango, El Quiché, Alta Affinités chorologiques. L’espèce est allopatrique avec
Verapaz et Baja Verapaz). A. granulipennis. Bien que la faune du sud du Chiapas soit
La localité du Retalhuleu, sur un spécimen ancien (coll. encore peu connue, la coexistence des deux espèces est peu
Kuwert, MNHN), mérite d’être soulignée. Près du volcan probable. Parmi les Veturius, V. (Veturius) sinuatocollis et V. tuber-
homonyme, qui forme frontière avec le Sololá, la région culifrons seraient sympatriques. Dans le sud de l’Amérique
appartient surtout au piémont sud de la Chaîne Centrale existent les mêmes espèces, ainsi que V. (Veturius)
Volcanique ; or cette région est dépourvue de relief suscep- sinuatomarginatus (même groupe), V. (V.) aquilonalis (groupe
tible d’abriter l’espèce. Enfin, il est probable que le spéci- « platyrhinus »), V. (Ouayana) laevior et V. (O.) ultimus.
men type de Kaup provienne de la ville de Guatemala, où
Autre matériel examiné. 77 ex.
de ses environs, comme ceux pris par Sallé (MNHN- MEXIQUE (sans autre précision) : Mexique, ex coll. Candèze / agassizi
NHML) et par Champion (MNHN-NHML), à la fin du Kaup, det. Reyes-Castillo 1984 (IRSN 1 ex).
XIXe siècle et qui ont été vus par BATES (1886). Dans le GUATEMALA, TOTONICAPÁN : Guatemala, Totonicapán, N. of
matériel récent (UCDC), l’espèce figure encore du péri- Pologua, on Pine, 2 200 m, J.C. Schuster X.1975 (USNM 1 ex). –
RETALHULEU : Retalhuleu / Vulcan S. Tomas [> 1 000 m] / Agassizi Kaup
mètre urbain de Guatemala. [dét. Kuwert], Guatem. / ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex). –
SOLOLÁ : Guatemala, Xajaxac, Mpio Sololá, > 2 325 m, E.C. Welling V.1976
Données écologiques. Dans la partie centrale du Nucléaire (IMEX 9 ex) ; Guatemala, Xajaxac, Mpio Sololá, > 2 325 m, A. Chaminade
Méso-Américain, A. agassizi est limité aux forêts de VIII.1980 (MNHN* P) ; Guatemala, Atitlán [> 1 000 m], G. Frey XI.1958 /
montagnes d’altitude au moins supérieure à 1 000 m. Arrox agassizi (Kaup), det. Pereira 1964 (MHNB 1 ex). –
CHIMALTENANGO : Guatemala, Zaragosa, 2 000 m, IX.1981 (MNHN*
HINCKS (1953) est le seul à avoir indiqué une altitude P2O) ; Guatemala, Chimaltenango, S. José, Chirijuyá, 2 100 m, E.C. Welling
voisine de 1 100 m, de El Salvador (MUHD). Tous les VIII.1975 (IMEX 2 ex) ; Guat., Chimal., San Pedro Yepocapa, 1 450 m,
autres spécimens sont répertoriés entre 1 500 et 2 500 m IV.1948 / FMNH Guatemala Zool Exp., R.D. Mitchell / Publius agassizi
(Kaup), det. Schuster 1989 (FMNH 1 ex). – SACATEPEQUEZ : Guatemala,
environ. SCHUSTER (1985, 1992) a estimé l’altitude mini- Capetillo [> 1 200 m], G.C. Champion, Agassizi Kaup [dét. Bates] / H.
male de l’espèce, dans le Nucléaire, à 1 100 m, c’est-à-dire W. Bates Biol. Centr. Amer. (MNHN 2 ex) ; Guatemala, Guat. City, 1 365 m,
sur les Tierras altas, qui sont occupées par des forêts méso- G.C. Champion / Sertorius agassizi Kaup, det. Reyes-Castillo 1977 (NHML
philes à méso-xérophiles à Pinus et Quercus dans ses bas 2 ex) ; Guatemala, Guat. ciudad, R. López IX.1977 / Publius agassizi (Kaup),
det. Schuster 1991 (UCDC 1ex); Guatemala, Sta Maria, Cancej Sacatepéquez
étages, puis par des forêts brumeuses à partir de 2 500 m. 1 923 m, E.C. Welling IX.1978 (IMEX 3 ex) ; Guat, Sacatepéquez, Santa
L’espèce a donc une amplitude écologique forte pour être Lucia, Milpas Altas 1 800 m, H. & A. Howden VI.1993 (1 ex.). –
présente dans deux milieux forestiers bien distincts. Il GUATEMALA : Guatemala / Sallé coll. / Sertorius agassizi Kaup [dét. Bates] /
H.W. Bates Biol. Centr. Amer. (MNHN-NHML 2 ex) ; Gua. / ex Musaeo
semble toutefois qu’elle occupe surtout l’étage intermé- J. Thomson / Publius agassizi (Kaup), det. Reyes-Castillo 1968 (MNHN
diaire mésophile. 2 ex) ; Guatemala / ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex) ; Guatemala,
En revanche, dans la partie méridionale de son aire, au H. d’Udekem d’Acoz / agassizi Kaup, det. Reyes-Castillo 1984 (IRSN 1 ex) ;
Guatemala, Candèze 1870 / Coll. C. v. Volxem / Sertorius agassizi Kaup [dét.
Costa Rica, A. agassizi n’est connu qu’entre 400 et 1 100 m Kuwert] (IRSN 1 ex) ; Guatemala (FISF 3 ex) ; Guatemala / Arrox agassizi
environ, sur les versants sud et ouest de la Cordillère de (Kaup), det. Hincks (MUHD 1 ex) ; Guatemala, Guat., Cerro Alux [>
Tilarán. Ces versants comprennent des forêts ombro- à 1 000 m], J. Monzon VIII.1992 (UVGC 1 ex) ; Guatemala, Finca San
Antonio / Soto I.1962 / Publius agassizi (Kaup), det. Reyes-Castillo 1970
mésophiles comparables à celles qui abritent l’espèce à plus (FSCA 1 ex) ; Guatemala, Guatemala, Puerta Parada 1 840 m, Pine log.,
haute altitude dans le Nucléaire Méso-Américain. J. Schuster V.1977 / Publius agassizi (Kaup), det. Schuster 1978 (AMNH

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

2 ex) ; Guatemala / Arrox agassizi (Kaup), det. W.D. Hincks (ZSSM 1 ex). pennis Zg., Triaenurgus [dét. Zang] (MNHB 2O, 3 ex) ; Comitán
– EL QUICHE : Guatemala, Chichicastenango, 2 000 m, VII.1991 [> 1 000 m] (MNHB 1 ex).
(MNHN*, 1 ex). – JUTIAPA : Guatemala, Jutiapa, Volcán Chingo, 1 585 m,
H. Juárez IV.1993 / Publius agassizi (Kaup), det. E. Cano 1994 (ZSSM, Autre matériel examiné. 14 ex.
1 ex). – HUEHUETENANGO : Guatemala, Huehuetenango, 3 km MEXIQUE, CHIAPAS : México, Chiapas, Bochil [> 1 000 m], Reyes-
E. Chiantla, Turicentro del Valle 1 950 m, E.B. Cano VII.1995 (NHMV Castillo IV.1973 / Ogyges granulipennis (Zang), det. Reyes-Castillo 1975
1 ex). – ZACAPÁ : Guatemala, Zacapá [> 1 000 m], VII.1969 (MNHN* (IMEX 1 ex) ; México, Chiapas, La Estación, Mpio El Bosque, 1 520 m,
1 ex) ; Guatemala, Zacapá, arriba de La Unión, 1 550 m, C. Estrada VI.1994 / G. Quintero IX.1981 (IMEX 3 ex) ; México, Chiapas, Finca La Trinidad,
Publius agassizi (Kaup), det. Schuster 1997 (FSCA 1 ex). Mpio El Bosque, 1 340 m, Reyes-Castillo et al. IV.1983 (IMEX 7 ex) ; México,
EL SALVADOR, SAN SALVADOR : El Salvador, El Boquerón [volcan Chiapas, Mpio El Bosque, desviación La Trinidad, troncos, J. Valenzuela,
San Salvador, > 1 000 m], J. Bechyné VIII.1959 (IMEX 1 ex) ; El Salvador, M.A. Morón VI.1983 (IMEX 2 ex) ; México, Chiapas, 15 km Simojovel,
San Salvador, El Boquerón 1 800 m, VI.1992 (MNHN* 6 ex). – tronco, M. García II.1987 / Publius granulipennis (Zang), det. Reyes-Castillo
AHUACHAPÁN : Apaneca [> 1 000 m], 1919 (IMEX 2 ex) ; Salvador, 1987 (IMEX 1 ex).
Ahuachapan, Panece, Bechyné VII.1959 / Arrox agassizi (Kp.) det. Pereira Description. Brachyptère. Habitus très convexe, trapu. Coloration gris-bleu
1960 (MZSP, 2 ex.). – SANTA ANA : Salvador, Santa Ana, Las Cruces [> subopalescent dessus et dessous.
1 000 m], N. Virkki VII.1960 (MUHD 1 ex) ; El Salvador, Cerro Verde [entre
Taille moyenne. Longueur totale : 32-39 mm ; largeur maximale : 12-
volcans Izalco et Santa Ana], 2 000 m, H. Howden V.1971 (MCNO 3 ex).
13,5 mm aux élytres.
– MORAZÁN : El Salvador, Cacaguatique, Osicala, 1 080 m, A. Zilch
Tête (fig. 284). Tubercule central horizontal, très élargi en arrière, l’apex
IX.1951 / Arrox agassizi (Kaup) det. Hincks (MUHD 1 ex). – Non localisés :
non libre fin à bien arrondi. Tubercules latéro-postérieurs tuberculeux, bien
El Sal., Landaverde 1954 (FSCA 1 ex) ; El Salvador, Chauchapa, VI.1963 /
marqués mais courts. Tubercules tentoriaux plus ou moins effacés. Rides
D.Q. Cavagnaro & M.E. Irwin / Publius agassizi (Kaup), det. Schuster 1978
frontales postérieures courbes, presque perpendiculaires au tubercule central,
(CASC 1 ex).
bien à peu marquées et atteignant les tubercules internes. Tubercules internes
HONDURAS, CORTÉS : Honduras, Cortes, 30 km W. San Pedro très développés, à apex émoussé. Angle des rides frontales lisse, incliné,
Sula [> 1 000 m], J.C. Schuster III.1987 (UVGC 1 ex). – LEMPIRA : presque plan. Aire médio-frontale courte, lisse ou ridée, légèrement
Honduras, Lempira, 8 km O. Gracias, Mont. de Celaque, 1 500 m, A. Grange, mamelonnée à plane. Tubercules médio-frontaux mamelonnés, bien distincts.
Th. Porion VII.1995 (MNHN* 3 ex). – OLANCHO : Honduras, Olancho, Clypéus assez large, lisse ou finement chagriné sur les côtés, bien incisé au
rte. La Unión – El Díctamo, 1 550 m, J. Martin, Th. Porion VIII.1995 milieu ; angles antérieurs incurvés peu visibles en vue dorsale. Aires latéro-
(MNHN* 1 ex). post-frontales profondes, glabres, très ridées à lisses. Angles antérieurs de la
NICARAGUA, MATAGALPA : Nicaragua, Matagalpa, Fuente Pura [> tête très obtus et émoussés. Canthus oculaires longs et proéminents, élargis
1 000 m], Maes, Tellez, Johnson VI.1994 (SEAL 1 ex). vers l’apex antérieur droit à aigu et dépassant nettement l’œil. Yeux réduits,
COSTA RICA, ALAJUELA : Costa Rica, Alajuela, Est. Eladios, Ref. non globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes et profondes, glabres
Penas Blancas, Res. Biol. Monteverde, 820 m, luz nocturna, N. Obando ou presque. Aire post-frontale délimitée postérieurement par un sillon
VII.1991 (INBIO 1 ex). – CÁRTAGO : Costa Rica, Cártago, Chirripó, profond, large et chagriné. Ligule (fig. 285) à apex antérieur simple ; aire
Turrialba, A.C. Amistad, Grano de Oro, 1 120 m, luz nocturna, P. Campos médio-postérieure à peine concave et tuberculée sur les côtés. Mentum à
VII.1993 (INBIO 1 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica, San José, Est. Carrillo, disque étroit, plus ou moins convexe, glabre; ailes longues et étroites, couvertes
Q. Sanguijuela, 750 m, A. Sólis III.1987 (INBIO 1 ex). – HEREDIA : Costa de fortes ponctuations sétigères, les fossettes marquées et les côtés presque
Rica, Heredia, Braulio Carrillo, Est. El Celbo, 400-600 m, C. Chaves droits. Article II des palpes labiaux étroit, près d’une fois et demie plus long
III.1990 / Publius agassizi (Kaup), det Schuster 1994 (INBIO 1 ex). que le III. Processus hypostomaux (fig. 286) allongés, à peine concaves au
milieu, l’apex légèrement cornu. Bord antérieur du labre concave. Mandibules
peu allongées et bien recourbées jusqu’à l’apex trifide ; dents inférieures
Arrox granulipennis (Zang 1905) n. comb. développées ; dents dorsales allongées, l’apex émoussé ; fossettes infra-basales
(fig. 144, 265, 284-295 – 905, 920-921) peu marquées. Massues antennaires trapues, l’article VIII étant le plus court.
Pronotum (fig. 289). Bord antérieur droit, incisé au milieu. Angles
Proculejoides granulipennis : ZANG 1905a : 229. antérieurs très arrondis et à peine abaissés. Sillon marginal partout très étroit,
Proculejoides granulipennis Zang : ARROW 1907 : 450 ; HINCKS & DIBB filiforme, presque entièrement ponctué et atteignant au bord antérieur la
1935 : 34. (catal.). moitié de la largeur du pronotum. Pubescence des pré-épisternes fine, assez
Ogyges granulipennis (Zang) : REYES-CASTILLO 1970 : 176. longue et dense, visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères (fig. 287)
pratiquement glabres.
Publius granulipennis Zang : REYES-CASTILLO 1985 : 299. Mésosternum (fig. 287) glabre et plus ou moins entièrement mat.
Ogyges granulipennis Zang : SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1990 : 5. Métasternum (fig. 288) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes assez
Publius granulipennis (Zang) : SCHUSTER 1992 : 360 ; REYES-CASTILLO fortement ponctuées et sétigères, les soies longues et éparses. Fossettes à peine
2000 : 176 ; 2003 : 167. délimitées sur leur marge interne, mais élargies en arrière et ponctuées et
sétigères comme précédemment.
Matériel type. Espèce décrite sur un exemplaire de « Süd-Mexico, Élytres coalescents, courts et glabres, à l’exception du bord antérieur avec
Chiapas, Tumbalá », du DEIE, et qui a été déposé dans la collec- de courtes soies éparses. Stries (fig. 290) fortement et régulièrement ponctuées
partout. Interstries convexes et microtuberculés (d’où le nom donné à
tion de son auteur, ainsi que sur deux autres exemplaires sans l’espèce). Profil antérieur incliné. Ailes réduites au maximum (fig. 265).
localité d’origine précisée (DEIE). Outre l’exemplaire acquis Pattes. Fossettes procoxales (fig. 291) étroites mais nettement concaves,
par Zang, le MNHB en renferme six de Tumbalá ou de Comitán surtout antérieurement où le bourrelet marginal est très épais et très finement
qui sont manifestement issus du même récolteur inconnu. Leurs sétigère. Protibias armés de 3-5 épines d’inégales longueurs, plus la fourche
apicale. Méso- et métatibias (fig. 292) épais, avec 2-3 épines médianes acérées,
étiquettes sont identiques à celle du premier exemplaire. Les
les distales plus fortes que les proximales ; arête supérieure nulle ou presque ;
cinq exemplaires de Tumbalá sont identifiés par Zang. Ces divers pubescence courte et espacée ; fourches apicales très larges mais peu allongées ;
éléments conduisent à considérer tout ce matériel comme la spolons supérieurs (fig. 293) longs, fins et droits, sauf l’apex qui est finement
série type. – Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : crochu. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs sétigère (fig. 294).
MEXIQUE, CHIAPAS : « Süd Mexico, Chiapas, Tumbalá 16 / Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur les
deux tiers de sa longueur apicale.
granulipennis Zg. [dét. Zang], DEZ. 1905 / Holotypus / Coll. Édéage (fig. 295). Grande taille. Longueur : 3,8 mm. Habitus convexe,
Kraatz ». – Longueur totale : 33,4 mm (DEIE). – Paralecto- assez fortement sclérotisé ; phallus globuleux. Bord postérieur bilobé. Ventral :
types : Chiapas / Tumbalá [> 1 000 m] / Proculejoides granuli- paramères et pièce basale séparés par une suture latérale nette ; paramères

391
Stéphane Boucher

larges et allongés. Dorsal : paramères peu développés mais distincts, Veturius (Publius) également brachyptères. De plus, A. granulipennis se
triangulaires ; phallobase largement sclérotisée, trapezoïdale ou triangulaire. distingue d’A. agassizi par sa teinte gris bleuté et par ses interstries élytraux
Sac interne développé, presque entièrement brunifié par de très fines spicules granuleux. Ces caractères sont sans équivalent dans les genres Verres et Veturius;
uniformément disposées, et dépourvu de sclérites latéraux. le second est d’ailleurs une autapomorphie à l’échelle de la famille.
Genitalia femelles. Voir chap. II, p. 351 et fig 144. Polymorphisme. Peu appréciable hormis les tailles (± 7 mm) : tubercule
Larve décrite par SCHUSTER (1992), qu’il considère voisine du « groupe central plus ou moins convexe, avec l’arête supérieure arrondie ou affilée ;
du genre Chondrocephalus ». clypéus parfois sinueux et davantage échancré au milieu ; canthus oculaires
à apex antérieur plus ou moins proéminent et arrondi ; mésotibias parfois
Caractères clés et affinités morphologiques. A. granulipennis se distingue armés d’une troisième et courte épine. Le tégument dorsal de la tête et du
d’A. agassizi avant tout parce que c’est un brachyptère : habitus trapu et très métasternum peut être très lisse ou ridé partout ; ce polymorphisme semble
convexe, élytres coalescents, yeux réduits, arêtes supra-oculaires très caractéristique des espèces ayant le tégument subopalescent (on le retrouve,
développées, fossettes post-oculaires grandes et profondes, métasternum par exemple, chez le Proculini Proculus opacipennis (Thomson) et chez les
court et élargi, etc. En ce sens, l’espèce ressemble à des Ogyges, Verres et Passalini Pertinax radiatus Kuwert et Passalus opacus Gravely).

Figures 284-295
Arrox granulipennis (Zang), sud du Mexique. – 284, tête (dorsal), tubercules central et interne (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 285, ligule (ventral) ;
286, processus hypostomal ; 287, mésosternum et méta-épisterne ; 288, métasternum ; 289, pronotum (dorsal, latéral) ; 290, stries disco-élytrales I-III ;
291, fossette procoxale ; 292, mésotibia (latéral, ventral) ; 293, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-IV) ; 294a-b, méso-
et métafémurs (ventral) ; 295, édéage. – Échelles : 1 mm.

392
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique, distribution dans l’aire. sétigère. Coloration noir brillant dessus et dessous, parfois gris-noir
subopalescent ou mat.
Espèce endémique du Mexique, Chiapas : Sierra Norte et
Structure médio-post-frontale peu à moyennement développée.
Meseta Central (fig. 905). REYES-CASTILLO (1985) consi- Tubercule central conico-pyramidal, étiré ou non vers l’avant, robuste et
dère cette répartition comme insulaire. Trois localités sont assez court. Tubercules latéro-postérieurs, rides frontales postérieures et
connues : Tumbalá, Comitán et Simojovel (lieux-dits tubercules internes marqués ou non. Aires latéro-post-frontales glabres ou
sétigères, plus ou moins profondes. Clypéo-front dépourvu de sillon, large,
Bochíl, El Bosque, Villa Hermosa). Les deux premières plus ou moins plan ou bombé, horizontal et lisse. Angles antérieurs du clypéus
localités sont distantes d’environ 80 km linéaires, non loin visibles à peu visibles en vue dorsale. Tubercules médio-frontaux effacés à
de San Cristóbal de las Casas. La troisième est située à plus traces. Aires latéro-frontales concaves, en fossettes larges, bordées en avant
par le bord frontal et en arrière par une ride transverse entre la suture
de 120 km linéaires au sud-est de celles-ci, dans la Meseta épicrânienne et le tubercule interne. Arêtes supra-oculaires larges, arrondies
Central. Dans ces conditions, tant qu’une discontinuité et simples dans leur partie postérieure. Fossettes post-oculaires marquées,
topographique n’opère pas, il est vraisemblable que l’es- complètes ou non, peu à très profondes, glabres à sétigères. Yeux grands et
pèce occupe toute la ligne de crête du Chiapas septentrio- globuleux à réduits. Sillon post-occipital marqué ou non. Angles antérieurs
de la tête peu proéminents à obsolètes. Canthus oculaires assez longs et larges,
nal. Vers le sud, la Dépression Centrale forme une barrière non épineux. Ligule à apex antérieur trifide. Lacinae bifides. Mentum à
qui isole peut-être l’espèce de la Sierra Madre. disque plan ou convexe, assez étroit ; ailes larges mais plutôt courtes, les
Les spécimens récents (IMEX) proviennent de forêts fossettes peu marquées mais distinctes, à tégument indifférencié. Processus
hypostomaux larges et munis d’une concavité médiane allongée. Labre
brumeuses de moyenne altitude (1 200-1 800 m environ). quadratique, à bord antérieur légèrement concave à droit. Mandibules
On peut admettre que l’espèce, en tant que brachyptère, puissantes, l’apex bi- ou trifide ; dents internes bifides ; dents dorsales allongées
est limitée à cet étage. et peu élevées ; fond glabre et lisse partout ; fossettes infra-basales développées.
Massues antennaires trifiles, courtes à très courtes et arrondies.
Affinités chorologiques. Dans le massid du Chiapas, Pronotum transverse, les angles bien arrondis. Bord antérieur droit à
A. granulipennis étant inconnu de la Sierra Madre et A. agas- fortement bilobé. Sillon marginal élargi plus ou moins fortement, parfois
en fossettes larges et profondes sur les côtés et en avant ; fond imponctué,
sizi inconnu de la Meseta Central, les deux espèces sont sauf généralement au niveau des fossettes. Fossettes latérales marquées par
considérées comme allopatriques. Parmi les Veturius, il est une discrète concavité lisse. Sillon médian complet ou presque.
possible que V. (Veturius) sinuatocollis et V. tuberculifrons Mésosternum dépourvu de fossettes latérales ; tégument entièrement
(groupe « sinuatocollis ») soient sympatriques avec A. granu- glabre à partiellement sétigère, mat à brillant. Métasternum glabre à sétigère ;
fossettes très étroites, subparallèles à très élargies, profondes ou non ; aires
lipennis (l’unique localisation de V. tuberculifrons du latéro-postérieures toujours imponctuées.
Chiapas doit être confirmée ; voir p. 419). Protibias normalement élargis à très élargis, armés de 3-5 épines plus
ou moins longues et acérées ; spolons puissants, affilés et courbés vers le bas.
Remarques taxinomiques et historiques. A. granulipen- Méso- et métatibias épineux ou inermes ; arêtes dorsales obsolètes à élevées ;
nis est original par ses caractéristiques morphologiques et pubescence très éparse et courte à dense et longue ; spolons supérieurs courts
par son endémisme. Il combine, au sein du complexe Arrox- et droits à longs et crochus ; fourches apicales courtes et étroites à longues,
acérées et larges. Profémurs larges à étroits ; sillon ventral antérieur marqué
Verres-Veturius, des plésiomorphies partagées avec de à effacé. Tarsomères fins et longs à épais et trapus.
nombreux autres genres de Proculini (bourrelet fronto- Abdomen glabre et convexe. Sillon apical du sternite VII présent à effacé.
clypéal et tubercules médio-frontaux) et des apomorphies « Médiotergite IX » hyalin.
remarquables (coloration, granulosité élytrale, ponctua- Genitalia mâles et femelles : voir chap. I (p. 300 et suiv., fig. 97-114,
147-196, 211-212) et II.
tion et pubescence métasternale, forme des canthus
oculaires). Il n’a sans doute pas été vu par un spécialiste
Diversité sub-générique et spécifique. Le grand genre
avant sa redécouverte en 1973 par Reyes-Castillo. Bien
Veturius s. nov., comprend 74 espèces. Il est subdivisé, pour
qu’ARROW (1907) ait cité l’espèce, il ne la connaissait pas.
la première fois, en trois sous-genres : Veturius Kaup s. str.
La faune des Passalides des montagnes du Chiapas est (41 espèces), Publius Kaup s. nov. (15 espèces) et Ouayana
encore peu connue, mais elle révèle déjà, dans sa partie n. subg. (18 espèces).
nord et concernant les Proculini en particulier, un carac-
tère de centre d’endémisme. A. granulipennis y est l’unique Dominance spécifique et écologique. Le matériel examiné
vicariant connu du complexe Veturius. montre une forte disparité numérique entre les trois sous-
Les forêts de montagne de la région de Simojovel sont genres : environ 5 800 V. (Veturius), 590 V. (Publius) et
en processus de destruction rapide sous l’effet de l’activité 400 V. (Ouayana). Plus de 90 % du matériel appartien-
agro-pastorale. A l’inverse d’A. agassizi, A. granulipennis nent donc au sous-genre Veturius, alors que celui-ci ne
est une espèce sensible à la perturbation de son milieu regroupe qu’un peu plus de la moitié des espèces du genre.
naturel, comme la plupart des Passalides brachyptères. Parmi celles-ci, plusieurs comptent chacune plus de 650
spécimens examinés ; les groupes d’espèces « platyrhinus »
4.2. Genre Veturius Kaup 1871 s. nov. et « transversus » totalisent ainsi 60 % du matériel examiné,
Espèce type : Passalus heydeni Kaup 1868, par désignation de GRAVELY
alors qu’ils ne comptent que 15 espèces. Par contre, les
(1918). sous-genres Publius et Ouayana ne représentent que 9 %
Caractères diagnostiques. Proculini de petite à grande taille. Macroptère, et 6 % du matériel examiné, alors qu’ils comptent à eux
hémibrachyptère ou brachyptère. Habitus convexe à très convexe, peu deux près de la moitié des espèces du genre.

393
Stéphane Boucher

A posteriori, cette disparité n’est pas due au hasard des – Macroptère, hémibrachyptère ou brachyptère (dans les
prélèvements, mais elle exprime une réalité biologique. Il deux premiers cas, fossettes margino-pronotales larges).
existe des taxons dominants, donc plus communs, dans Fossettes margino-pronotales bien marquées, très étroites
chaque faune régionale. Les autres taxons, où qu’ils soient à très larges (fig. 308, 323, 372) [Amériques Centrale et
du Sud] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Veturius Kaup s. str.
et quel que soit l’étendue de leur territoire, sont plus rares
ou franchement rares. Bien entendu, les espèces de
Index des espèces
montagne à ailes réduites ne peuvent rentrer dans cette
appréciation, puisqu’elles sont presque toutes étroitement Ancienne nomenclature. La précédente nomenclature, complé-
localisées. tée ici depuis HINCKS & DIBB (1935, 1958), comprenait 36
bonnes espèces : 28 Veturius, 7 Publius et 1 Ogyges. Il n’est pas
Répartition géographique. Le genre a la plus vaste répar- tenu compte des « formes » et des « variétés » hybrides décrites par
tition des Proculini, sans doute aussi la plus diversifiée LUEDERWALDT (1931).
(fig. 245) : depuis les reliefs de Los Tuxtlas (Mexique, Genre Veturius Kaup
Veracruz : 18°N), jusqu’à une ligne infléchie du nord-ouest V. assimilis (Weber 1801)
semicylindricus (Eschscholtz 1829)
vers le sud-est entre la Cordillère Orientale de Bolivie, pumilis Kuwert 1890
passant par le sud du Paraguay, le Misiones et le nord du gabonis Kuwert 1890
Corrientes (Argentine), et le centre du Rio Grande do Sul V. boliviae Gravely 1918
V. caquetaensis Boucher 1988
(Brésil, vers Pôrto Alegre : 30°S). Deux îles continentales V. carinaesternus Kuwert 1898
principales abritent des espèces : Gorgona (Colombie, V. cephalotes (Le Peletier & Serville 1825)
versant Pacifique) et Trinidad. sinuatus (Eschscholtz 1829)
attenuatus Kuwert 1891
L’absence du genre des Grandes et des Petites Antilles V. charpentierae Reyes-Castillo 1973
est certaine (des confusions anciennes ont eu lieu avec la V. christiani Boucher 1987
localité « Cuba », du Costa Rica ; voir exemple chap. II, V. cirratus Bates 1886
p. 438). Il est absent au nord de l’Isthme de Tehuantepec, criniceps Kuwert 1891
V. criniferous Fonseca 2004
sauf sur les reliefs de Los Tuxtlas. V. ecuadoris Kuwert 1898
Au sud, la présence du genre sur quelques reliefs de V. galeatus Boucher 1988
V. guntheri Kuwert 1898
l’ouest du Paraguay (Gran Chaco) est hypothétique (voir V. heydeni Kaup 1868
p. 471, 566). Enfin, aucune espèce n’est connue du nord V. lepidus Fonseca 1999
de l’Uruguay (alors que plusieurs espèces de Passalini le V. libericornis Kuwert 1898
sont, quoique localisées et peu communes). V. lineatosulcatus Luederwaldt 1941
V. marilucae Boucher 1988
V. oepa Fonseca 1999
Les Veturius sont inféodés à des formations forestières V. paraensis Luederwaldt 1927
variées, depuis les forêts ombrophiles littorales ou plani- V. platyrhinus (Hope & Westwood 1845)
tiaires, jusqu’aux forêts brumeuses de haute altitude, où var. fassli Luederwaldt 1931
ils atteignent près de 3 500 m en Amérique Centrale var. peruvianus Arrow 1907
var. validus (Burmeister 1847)
(Publius) et près de 3 800 m en Bolivie (Veturius, str.). Ces aspina Kuwert 1898
altitudes sont parmi les plus élevées de la famille. moevi Kuwert 1898
L’amplitude écologique du genre est donc forte, compa- platyrrhinoides Kuwert 1898
spinifer Gravely 1918
rée aux autres Proculini, ce qui explique en partie sa standfussi Kuwert 1891
présence sur un aussi vaste territoire. L’amplitude éco-alti- validoides Kuwert 1891
tudinale est très compartimentée d’une espèce à une autre. V. punctatostriatus Arrow 1907
V. sinuatocollis Kuwert 1890
var. aculeatus Luederwaldt 1941
V. sinuatomarginatus Luederwaldt 1941
Clé des sous-genres V. sinuatosulcatus Gravely 1918
V. transversus (Dalman 1817)
1. Protibias élargis à très élargis, armés de 2-3 épines laté- var. trituberculatus (Eschscholtz 1829)
rales fortes et acérées (fig. 728, 744, 876) [Macro- ou var. munitus Luederwaldt 1934
hémibrachyptères. Fossettes margino-pronotales marquées brasiliensis Moreira 1922
ou peu marquées, étroites, lisses ou ponctuées. Du Costa costalimai Moreira 1922
Rica à l’Equateur, Hylaea Amazonienne, Massif des fluminensis Moreira 1922
similior Kuwert 1890
Guyanes] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ouayana n. subg. simillimus Kuwert 1891
– Protibias non élargis ou très rarement, armés de 3-5 épines sinuosus (Drapiez 1820)
faibles à moyennes non acérées (fig. 377) . . . . . . . . . . . . 2. staudingeri Kuwert 1891
trapezoides (Kaup 1871)
2. Brachyptère. Fossettes margino-pronotales peu ou à peine V. tuberculifrons Kuwert 1898
marquées, étroites (fig. 628). [Sud de l’Amérique Centrale, isthmicus Arrow 1907
Andes] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Publius Kaup s. nov. latisulcatus Luederwaldt 1941

394
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

V. unicornis Gravely 1918 Groupe d’espèces « ecuadoris »


V. vinculofoveatus Kuwert 1898 24. V. (Veturius) ecuadoris Kuwert 1898
25. V. (Veturius) tarsipes n. sp.
Genre Publius Kaup
26. V. (Veturius) arawak n. sp.
P. agassizi (Kaup 1871)
27. V. (Veturius) inca n. sp.
assmanni (Kuwert 1897)
P. concretus (Kaup 1868) 28. V. (Veturius) boliviae Gravely 1918
P. crassus (Smith 1852) 29. V. (Veturius) dreuxi n. sp.
var. impressus Hincks 1934 Groupe d’espèces « libericornis »
libericornis Luederwaldt 1934 30. V. (Veturius) libericornis Kuwert 1891
P. granulippenis Zang 1905 criniferous Fonseca 2004 n. syn.
P. louwerenzi Doesburg 1957 31. V. (Veturius) charpentierae Reyes-Castillo 1973
P. oberthuri Hincks 1933 oepa Fonseca 1999 n. syn.
P. spinipes Zang 1905 32. V. (Veturius) christiani Boucher 1987
Genre Ogyges Kaup 33. V. (Veturius) lepidus Fonseca 1999
O. laevior (Kaup 1868) Groupe d’espèces « transversus »
34. V. (Veturius) transversus (Dalman 1817)
Nouvelle nomenclature. Veturius s. nov. comprend 74 espèces : trituberculatus (Eschscholtz 1829) n. syn.
5 synonymes et 2 « variétés » sont élevés au rang de bonnes espèces trapezoides (Kaup 1871)
[n. stat.], 40 espèces sont nouvelles [n. sp.], 10 espèces ou « varié- similior Kuwert 1890
staudingeri Kuwert 1891
tés » sont mises en synonymie [n. syn.], 6 synonymes sont trans- 35. V. (Veturius) sinuosus (Drapiez 1820) n. stat.
férés vers d’autres espèces nominales [transf. syn.] et 1 espèce du carinaesternus Kuwert 1898 n. syn.
genre Publius est recombinée vers le sous-genre Veturius (Ouayana) 36. V. (Veturius) simillimus Kuwert 1891 n. stat.
[n. comb.]. vinculofoveatus Kuwert 1898 n. syn.
costalimai Moreira 1922 transf. syn.
Genre Veturius Kaup s. nov. brasiliensis Moreira 1922 transf. syn.
Sous-genre Veturius s. str. fluminensis Moreira 1922 transf. syn.
Groupe d’espèces « biapicalis » 37. V. (Veturius) assimilis (Weber 1801)
1. V. (Veturius) biapicalis n. sp. semicylindricus (Eschscholtz 1829)
2. V. (Veturius) dibbi n. sp. gabonis Kuwert 1890
3. V. (Veturius) hincksi n. sp. pumilio Kuwert 1890
4. V. (Veturius) petteri n. sp. 38. V. (Veturius) munitus Luederwaldt 1934 n. stat.
Groupe d’espèces « caquetaensis » 39. V. (Veturius) hermani n. sp.
5. V. (Veturius) caquetaensis Boucher 1988 40. V. (Veturius) heydeni (Kaup 1868)
6. V. (Veturius) perecasi n. sp. 41. V. (Veturius) patinoi n. sp.
7. V. (Veturius) imitator n. sp.
Sous-genre Publius Kaup
8. V. (Veturius) montivagus n. sp.
42. V. (Publius) crassus (Smith 1852)
Groupe d’espèces « sinuatocollis » libericornis Luederwaldt 1934
9. V. (Veturius) sinuatocollis Kuwert 1890 43. V. (Publius) steinheili n. sp.
sinuatosulcatus Gravely 1918 n. syn. 44. V. (Publius) danieli n. sp.
aculeatus Luederwaldt 1941 45. V. (Publius) alani n. sp.
10. V. (Veturius) sinuatomarginatus Luederwaldt 1941 46. V. (Publius) rugifrons n. sp.
11. V. (Veturius) marilucae Boucher 1988 47. V. (Publius) concretus (Kaup 1868)
12. V. (Veturius) tuberculifrons Kuwert 1891 48. V. (Publius) tectus n. sp.
isthmicus Arrow 1907 49. V. (Publius) pehlkei n. sp.
latisulcatus Luederwaldt 1941 50. V. (Publius) dupuisi n. sp.
13. V. (Veturius) schusteri n. sp. 51. V. (Publius) centralis n. sp.
Groupe d’espèces « platyrhinus » 52. V. (Publius) spinipes Zang 1905
14. V. (Veturius) platyrhinus (Hope & Westwood 1845) 53. V. (Publius) impressus Hincks 1934 n. stat.
validus (Burmeister 1847) n. syn. 54. V. (Publius) taurus n. sp.
moevi Kuwert 1898 55. V. (Publius) talamacaensis n. sp.
15. V. (Veturius) standfussi Kuwert 1891 n. stat. 56. V. (Publius) solisi n. sp.
validoides Kuwert 1891 transf. syn. Sous-genre Ouayana n. subg.
spinifer Gravely 1918 transf. syn. Groupe d’espèces « punctatostriatus »
16. V. (Veturius) aquilonalis n. sp. 57. V. (Ouayana) punctatostriatus Arrow 1907
17. V. (Veturius) aspina Kuwert 1898 n. stat. 58. V. (Ouayana) unicornis Gravely 1918
18. V. (Veturius) guntheri Kuwert 1898 59. V. (Ouayana) paraensis Luederwaldt 1927
plathyrrinoides Kuwert 1898 transf. syn. 60. V. (Ouayana) guyanensis n. sp.
peruvianus Arrow 1907 n. syn. 61. V. (Ouayana) negroensis n. sp.
fassli Luederwaldt 1931 n. syn. 62. V. (Ouayana) bleuzeni n. sp.
19. V. (Veturius) yahua n. sp. 63. V. (Ouayana) amazonicus n. sp.
20. V. (Veturius) onorei n. sp. 64. V. (Ouayana) dominicae n. sp.
Groupe d’espèces « cephalotes » 65. V. (Ouayana) magdalenae n. sp.
21. V. (Veturius) cephalotes (Le Peletier & Serville 1825) 66. V. (Ouayana) oberthuri (Hincks 1933) n. comb.
attenuatus Kuwert 1891 louwerenzi Doesburg 1957 n. syn.
22. V. (Veturius) jolyi n. sp. 67. V. (Ouayana) galeatus Boucher 1988
23. V. (Veturius) sinuatus (Eschscholtz 1829) n. stat. 68. V. (Ouayana) casalei n. sp.

395
Stéphane Boucher

Groupe d’espèces « cirratus » – Fossettes margino-pronotales étroites et non « pincées »


69. V. (Ouayana) cirratus Bates 1886 en arrière. Mésosternum largement sétigère (fig. 555).
criniceps Kuwert 1891 Aires latéro-post-frontales glabres ou sétigères, les soies
70. V. (Ouayana) cirratoides n. sp.
courtes et jaunâtres (fig. 588) [Macroptère] . . . . . . . . . . . .
71. V. (Ouayana) fanestus n. sp.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « transversus »
Groupe d’espèces « laevior » 4. Côtés antérieurs du mésosternum entièrement sétigères
72. V. (Ouayana) laevior (Kaup 1868)
(fig. 461) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.
lineatosulcatus Luederwaldt 1941
73. V. (Ouayana) ultimus n. sp. – Côtés antérieurs du mésosternum glabres ou indistincte-
74. V. (Ouayana) ptichopoides n. sp. ment sétigères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.
5. Calus huméraux couverts d’une touffe de soies regroupées
(fig. 463, 484) [Macroptère] . . . . . . . groupe « cephalotes »
4.3. Sous-genre Veturius (Veturius) s. str. – Calus huméraux glabres ou couverts de soies éparses
Veturius : KAUP 1871 : 110. [Macroptère] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « ecuadoris »
Veturius Kaup : BATES 1886 : 22 ; KUWERT 1891 : 173, 1896 : 224 & pl. 6. Clypéus très proéminent, les fossettes latéro-frontales à
5, fig. 26, 1898 : 166 ; GRAVELY 1918 : 33, 35 ; MOREIRA 1922 : 260,
1925 : 18 ; LUEDERWALDT 1931 : 29, 30, 1934b : 3 ; VULCANO & bord antérieur obliqué (fig. 366) [Macroptère] . . . . . . . . . .
PEREIRA 1967 : 535 ; REYES-CASTILLO 1970 : 99, 167 ; BÜHRNHEIM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « sinuatocollis »
1978 : 15 (aedeagus) ; SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1981 : 89, 114 – Clypéus normalement développé, les fossettes latéro-
(larva) ; BOUCHER 1986 : 495 ; REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992 : frontales à bord antérieur droit (fig. 336) . . . . . . . . . . . . 7.
363 ; SCHUSTER 1993 : 60 ; PARDO 1997 : 90 ; REYES-CASTILLO &
AMAT GARCÍA 2003 : 46. 7. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs couverte d’une
Syn. : Pleurostylus : KAUP 1871 : 25. bande transverse de quelques soies (fig. 343) [Macroptère]
Pleurostylus Kaup : KUWERT 1896 : 222, 1898 : 138. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « caquetaensis »
Pleurostylus Kaup (syn.) : ARROW 1907 : 449 ; REYES-CASTILLO 1970 : 166. – Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre (fig. 416)
ou couverte d’une bande transverse de nombreuses soies
Caractères diagnostiques. Macroptère, hémibrachyptère ou brachyptère. (fig. 433) [Macroptère] . . . . . . . . . groupe « platyrhinus »
Taille petite à grande (25-51 mm). Habitus convexe et allongé. Pubescence
infra-pronotale et des pattes bien distincte. Structure médio-post-frontale
peu à bien développée. Tubercule central conico-pyramidal étiré vers l’avant Répartition géographique. Le sous-genre Veturius est
ou vers l’arrière. Aires latéro-post-frontales et mésosternum glabres ou sétigères. répandu dans toute l’aire de répartition du genre (voir
Fossettes margino-pronotales marquées, assez étroites à très larges, plus ou
moins ponctuées. Protibias normalement élargis, ou élargis à très élargis ;
chap. II, p. 353, fig. 245 et celui-ci fig. 923). Chaque
épines latérales non acérées ni très développées. Sillon marginal du sternite groupe d’espèces est présent dans l’un des deux sous-conti-
VII marqué ou non. Genitalia mâles et femelles : voir chap. I, p. 300 et suiv., nents, ou plus rarement dans les deux à la fois.
fig. 104-114, 151-193, 212.
La monophylétisme du sous-genre est soutenu par les synapomorphies Remarques taxinomiques et nomenclaturales. Ce vaste
suivantes : rides frontales postérieures longues (car. 29) ; présence d’un petit taxon représente le « fonds » des Veturius s. auct. C’est-à-
tubercule entre ces dernières (car. 30) ; tubercules latéro-postérieurs longs et
dirigés vers l’avant (car. 37) ; bord antéro-pronotal distinctement bilobé dire celui du groupe de l’espèce type V. heydeni. Bien qu’hé-
(car. 40). térogène au prime abord, il offre, après étude, une cohé-
Désignation et clé des groupes d’espèces. Ce sous-genre rence phylogénétique et biogéographique qui ne justifie
est le plus diversifié en espèces (plus de la moitié du genre). pas qu’il soit scindé dans la nomenclature.
On y distingue huit groupes d’espèces, que séparent des 18 espèces sont inédites et 6 sont élevées au rang de
caractères morphologiques marqués et des spécialisations bonnes espèces (anciens synonymes ou variétés). C’est le
biogéographiques. sous-genre qui compte le moins de nouveautés, mais qui
a souffert des confusions les plus profondes. Les espèces
1. Ailes légèrement réduites (hémibrachyptères). Aire infra- sont souvent très voisines et plusieurs sont communes dans
apicale des méso- et métafémurs glabre (fig. 416) . . . . . . . . les collections, si bien que les interprétations devenaient
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « biapicalis » très erronées si l’on tenait compte des identifications
– Ailes normalement développées (macroptères) ou légère- publiées.
ment réduites (hémibrachyptères). Dans le second cas :
aire infra-apicale des méso- et métafémurs sétigère
Le statut de chaque espèce est sans controverse, à l’ex-
(fig. 343) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. ception de possibles espèces jumelles, encore non établies
2. Fossettes margino-pronotales peu profondes, étroites et de façon convaincante, dans le groupe « platyrhinus ».
non « pincées » en arrière (fig. 554, 565), ou très étroites
et « pincées » en arrière (fig. 530) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Groupe « biapicalis »
– Fossettes margino-pronotales profondes et larges à très
larges (fig. 348, 357, 372) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. Caractères généraux. Le monophylétisme de ce groupe
3. Fossettes margino-pronotales très étroites, « pincées » en de quatre espèces est soutenu par la présence d’une bande
arrière. Mésosternum glabre (fig. 531). Aires latéro-post- étroite de soies peu nombreuses et espacées sur les marges
frontales sétigères, les soies longues et orangées (fig. 526) antérieures du mésosternum (car. 48). Ces soies sont bien
[Macroptère] . . . . . . . . . . . . . . . . . groupe « libericornis » distinctes de celles des groupes « ecuadoris », « transversus »

396
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

et « cephalotes ». Elles sont autapomorphes dans le genre (QCAZ O) ; Ecuador, Cotopaxi, Los Libres, 2 000 m, X. Cisneros
Veturius. XI.1994 (QCAZ O).
Un second caractère est la faible réduction alaire (hémi-
brachyptère ; car. 64). V. biapicalis ayant les ailes à peine Description. Hémibrachyptère. Habitus allongé, étroit. Coloration noir
brillant dessus et dessous.
réduites, son habitus est celui d’un macroptère. Les trois Taille moyenne. Longueur totale : 35,5-38 mm ; largeur maximale :
autres espèces ont des faciès proches de brachyptères, tels 12-13 mm aux élytres.
ceux des Publius. Ceci peut donc être une source de confu- Tête (fig. 296). Tubercule central conico-pyramidal, élancé en avant à
35°, assez étroit, l’apex fin et aigu parfois presque libre. Tubercules latéro-
sion. L’homologie du processus de réduction alaire entre postérieurs bien marqués, droits, perpendiculaires à l’axe du corps. Tubercules
le groupe « biapicalis » et Publius est induite par leur topo- tentoriaux presque effacés. Rides frontales postérieures presque droites,
logie voisine dans la phylogénie. L’hypothèse d’affinité marquées mais bien émoussées depuis l’apex du tubercule central, puis
des deux taxons est aussi soutenue par leur proximité quelque peu effacées et faiblement convergentes à proximité des tubercules
internes. Tubercules internes bien marqués, émoussés. Angle des rides frontales
géographique. aigu à légèrement obtus, crevassé à la base du tubercule central. Aire médio-
En dépit de l’information solide que fournissent les frontale plus ou moins plane, très lisse. Clypéus étroit, en forme d’accolade
soies mésosternales, le groupe « biapicalis » est peu recon- marquée ; angles antérieurs droits, visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-
frontales peu profondes, rebordées faiblement partout, les angles bien arrondis.
naissable de visu. Aires latéro-post-frontales profondes, glabres et lisses. Angles antérieurs de
La répartition géographique du groupe est limitée aux la tête à peine convexes à nuls. Canthus oculaires étroits, subparallèles ; apex
Andes d’Equateur, entre 1000 et 3 000 m d’altitude. antérieur arrondi dépassant ou non l’œil. Yeux assez petits et peu globuleux.
Fossettes post-oculaires larges, complètes, en partie sétigères. Aire post-
frontale délimitée par un sillon postérieur très net, chagriné plus ou moins
fortement. Processus hypostomaux largement concaves au milieu ; apex
Clé des espèces arrondi. Ligule à apex antérieur large, bifide (fig. 297) et long ; aire médio-
postérieure étroite et presque plane sur les côtés. Mentum à disque convexe,
1. Habitus allongé, peu convexe. Ailes très peu réduites. Apex bombé, avec ou sans quelques ponctuations sétigères éparses ; ailes assez
antérieur de la ligule bifide (fig. 297) [Apex mandibulaire longues, couvertes de soies éparses, les fossettes peu marquées et les côtés
bifide ; Équateur, Occidente central] . . . . . . . . . . . . . . . . . . droits ou presque. Article II des palpes labiaux fin et assez court, à peine plus
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) biapicalis n. sp. court que le III. Labre quadratique assez court et rétréci en avant ; bord
– Habitus trapu, très convexe. Ailes peu réduites. Apex antérieur concave. Mandibules plutôt courtes et peu cintrées ; apex trifides,
les dents inférieures développées ; dents dorsales hautes et courtes, l’apex
antérieur de la ligule simple (fig. 304) . . . . . . . . . . . . . . . 2. proéminent, droit à aigu; fossettes infra-basales marquées. Massues antennaires
2. Apex mandibulaire trifide. Apex du tubercule central assez courtes ; articles de longueurs inégales et faiblement progressives ; article
robuste (fig. 319). Sillon post-frontal incomplet. Côtés apical bien arrondi extérieurement.
antérieurs du mésosternum : aires mates larges et soies Pronotum (fig. 300). Bord antérieur bilobé. Angles antérieurs arrondis,
bien visibles et étendues (fig. 321). Fossettes margino- peu abaissés. Sillon marginal peu élargi ni profond ; lisse, atteignant moins
pronotales visiblement élargies et presque lisses (fig. 323). de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes
latérales antérieures, peu marquées et couvertes de rares ponctuations faibles
Pubescence générale du corps et des pattes très dense à très faibles et rondes. Pubescence des pré-épisternes assez dense et longue,
(fig. 325) [Longueur totale : 37-43 mm. Équateur, Oriente visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec des soies espacées, surtout
nord] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) dibbi n. sp. proches du prosternum.
– Apex mandibulaire bifide. Apex du tubercule central fin Mésosternum (fig. 298) faiblement ponctué et sétigère sur presque toute
(fig. 302). Sillon post-frontal fin mais complet. Côtés la marge des côtés antérieurs ; tégument mat couvrant les côtés antérieurs et
une très faible partie centrale de la ligne axiale ; ailleurs glabre, lisse et brillant.
antérieurs du mésosternum : aires mates étroites à presque
Métasternum (fig. 299) à aires latéro-antérieures avec une fine ponctuation
nulles ; soies peu nombreuses à rares et limitées aux marges sétigère à proximité des trochanters uniquement ; aires latéro-médianes gabres
(fig. 306). Fossettes margino-pronotales subparallèles et et lisses. Fossettes très étroites, parallèles et nettes en avant, puis bien élargies
nettement ponctuées (fig. 308). Pubescence générale du mais peu marquées en arrière ; ponctuées et sétigères comme précédemment.
corps et des pattes dense (fig. 311) . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec quelques rares et
3. Métasternum : aires latéro-médianes glabres et lisses très courtes soies éparses. Stries peu profondes, les ponctuations très fines et
indistinctes partout (fig. 309). Profil antérieur vertical. Ailes faiblement
(fig. 307) [Longueur totale : 35-42 mm. Equateur,
réduites.
Occidente Nord] . . . . . . . . . . V. (Veturius) hincksi n. sp. Pattes. Fossettes procoxales larges, presque planes, avec de très fines soies.
– Métasternum : aires latéro-médianes entièrement sétigères Protibias avec 3-4 épines courtes d’inégales longueurs, plus la fourche apicale.
(fig. 315) [Longueur totale : 34-37 mm. Equateur, Mésotibias inermes ; pubescence longue et assez dense ; arêtes à peine convexes
Occidente Nord] . . . . . . . . . . . V. (Veturius) petteri n. sp. sur presque toute leur longueur ; fourches apicales courtes et étroites ; spolons
supérieurs fins, courts et droits. Métatibias id., mais les soies moins
nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères fins et allongés.
1. Veturius (Veturius) biapicalis n. sp. Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII plus ou moins
entièrement marqué.
(fig. 185-186, 296-301 – 908, 920-921) Édéage (fig. 301). Longueur : 2 mm. Habitus élancé et évasé. Ventral :
Matériel type. 6 ex. Holotype P : ÉQUATEUR, Occidente, paramères et phallobase très longs et étroits, séparés par une suture nette vers
l’apex uniquement ; bord postérieur de la phallobase légèrement bilobé ;
COTOPAXI : Equateur, Cotopaxi, J. Auber 1987 (MNHN). – phallus plus étroit que les paramères er largement ponctué. Dorsal : paramères
Paratypes : Occidente, BOLÍVAR : Holotype : Ecuad., et phallobase limités à un fin liseré sclérotisé de longueurs très inégales.
Balzapampa [rte Balzapampa à Guaranda, > 2 000 m], R. Haensch Derivatio nominis. De la ligule bidentée (caractéristique).
[1899-1900] (MNHB PO). – COTOPAXI : id. HT (MNHN Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
O) ; Cotopaxi, Calupiña [± 2 000 m], G. Onore VIII.1987 autre Veturius : habitus allongé et étroit ; taille moyenne ; ailes légèrement

397
Stéphane Boucher

réduites ; apex mandibulaires trifides, les dents inférieures développées ; Affinités chorologiques. Espèce peut-être sympatrique avec
tubercule central peu élevé, élancé à 35°, l’apex fin ; fossettes latéro-frontales
assez étroites et peu profondes ; apex antérieur de la ligule bifide ; fossettes
V. hincksi, encore que ce dernier ne soit connu que du
margino-pronotales peu développées, peu profondes et à peine ponctuées ; Pichincha, soit plus au nord dans l’Occidente. De même,
protibias non élargis ; méso- et métatibias inermes, les fourches apicales V. petteri habite un étage comparable, mais il n’est également
étroites, les spolons supérieurs droits et fins ; mésosternum à côtés antérieurs connu que du nord du Cotopaxi. Les trois espèces pourraient
avec quelques rares soies, ailleurs glabre ; métasternum à aires latéro-antérieures
et fossettes sétigères, ces dernières bien élargies en arrière, et aires latéro- alors ne pas rentrer en contact grâce aux barrières naturelles
médianes glabres et lisses ; ponctuation élytrale indistincte partout ; paramères que forment les rio Toachi et Angamarca.
et phallobase de l’édéage longs et étroits.
Parmi les autres groupes d’espèces, V. (Veturius) standfussi
Affinités morphologiques. En tant qu’hémibrachyptère, cette espèce a (grpe « platyrhinus ») est le seul qui soit assurément sympa-
l’inconvénient de ressembler aussi bien à celles de son propre groupe qu’à
des V. (Ouayana) ou des V. (Veturius), spécialement V. (Veturius) patinoi
trique. Une sym- ou parapatrie avec V. (Veturius) sinuatocol-
(grpe « transversus »). Il n’existe toutefois pas de V. (Ouayana) dans le secteur lis (grpe homonyme) et V. ecuadoris (grpe homonyme) est vrai-
de V. biapicalis. On distinguera donc l’espèce de celles de son groupe et de semblable, mais dans leur plus haut étage.
V. patinoi par l’habitus étroit et allongé, de type macroptère et (ou) par
l’apex antérieur bifide de la ligule. Une confusion semble difficile avec ces
seuls caractères. Historique. Les deux spécimens du MNHB proviennent
des récoltes de R. Haensch, naturaliste et marchand
Polymorphisme. Hormis les tailles (± 5 mm) et le nombre de soies d’Insectes à Berlin, qui séjourna en Equateur en 1899-
mésosternales, les quelques spécimens connus n’offrent pas de variabilité
notable. 1900. Les deux autres spécimens sont récents et dus à
G. Onore et collaborateurs (QCAZ).
Répartition géographique, distribution dans l’aire.
Espèce seulement connue des forêts mésophiles de versants 2. Veturius (Veturius) dibbi n. sp.
du centre-nord de l’Occidente d’Equateur (Cotopaxi et (fig. 114, 187-188, 259, 319-327 – 908, 920-921)
Bolívar, vers 2 000 m d’altitude) où elle est sans doute
endémique (fig. 908). [?] Passalus crassus Smith : GUÉRIN-MÉNEVILLE 1855 : 590.

Figures 296-301
Veturius (V.) groupe « biapicalis », V. biapicalis n. sp., Andes d’Equateur. – 296, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 297, ligule (ventral) ; 298, mésosternum ;
299, métasternum ; 300, pronotum (dorsal, latéral) ; 301, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Matériel type. 11 ex. Holotype P : ÉQUATEUR, Oriente, Ecuador, Napo, Cuyuja [rte Quito à Baeza], 2 200 m, H. Ponce
NAPO : Equateur, Quito [rte Quito à Baeza, > 1 500 m], (QCAZ O) ; Ecuador, Napo, Aragon, Valle Hermoso, 2 800 m,
d’Espinay 1922 (MNHN). – Paratypes : Ecuador, Or. [Oriente], E. Suárez (QCAZ O) ; Ecuador, Napo, El Reventador, 1 760 m,
Napo (MNHN O) ; Ecuador [Oriente, Napo], E. de Ville 1871 VIII.1995 (QCAZ O) ; Equateur, El Reventador, Voirin XII.1984
(IRSN O) ; Ecuador, Napo, 1 500 m, VI.1929 (LACM 2 ex) ; (IMEX 3P).

Figures 302-318
Veturius (V.) groupe « biapicalis », Andes d’Equateur. – 302, 313, V. hincksi n. sp. ; 314-318, V. petteri n. sp. – 302, 314, tête (dorsal), tubercule central (profil),
apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 303, mandibule (profil externe) ; 304, ligule (ventral) ; 305, processus hypostomal ; 306, mésosternum ; 307, 315,
métasternum ; 308, 316, pronotum (dorsal, latéral) ; 309, stries disco-élytrales I-III ; 310, fossette procoxale ; 311, mésotibia (latéral) ; 312, 317, spolon
supérieur mésotibial (latéral) ; 313, 318, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Stéphane Boucher

Caractères diagnostiques. Habitus très convexe et allongé. Polymorphisme. Hormis les tailles (± 6 mm), les quelques spécimens connus
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 37-43 mm ; largeur sont peu distincts : les rides frontales postérieures, les tubercules internes et
maximale : 13-15 mm aux élytres. le sillon post-frontal sont plus ou moins marqués.
Tête (fig. 319). Tubercule central élancé en avant à 45°, assez massif, Répartition géographique, distribution dans l’aire.
l’apex droit ou légèrement aigu. Tubercules latéro-postérieurs à peine marqués
par une arête presque droite et très émoussée. Rides frontales postérieures Espèce uniquement connue de forêts mésophiles de
courbes et plus ou moins marquées sur toute leur longueur. Tubercules versants du centre-nord de l’Oriente (Napo), 1500-2800 m
internes bien à peu marqués. Angle des rides frontales obtus, d’abord concave d’altitude, où elle est peut-être endémique (fig. 908).
puis antérieurement mamelonné. Clypéus convexe, large ; bord antérieur
légèrement concave, l’incision médiane discrète. Fossettes latéro-frontales Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec les autres
larges, assez profondes et rebordées. Angles antérieurs de la tête très obtus à
effacés. Canthus oculaires courts, plutôt étroits et assez fortement inclinés, espèces de son groupe. Elle est en revanche sympatrique, dans
subparallèles jusqu’à l’angle antérieur droit à obtus, arrondis et dépassant son étage supérieur (> 2 500 m), avec V. (Veturius) standfussi
l’œil. Yeux légèrement réduits. Aire post-frontale peu profonde et délimitée (grpe « platyrhinus ») ; puis, dans ses étages moyen et inférieur,
par un sillon postérieur complet ou non. Aires latéro-postérieures de la ligule
planes. Apex mandibulaires trifides, les dents inférieures peu développées vers 1 500 m, avec V. aspina, V. yahua et V. guntheri (grpe id.),
mais bien distinctes. peut-être aussi avec V. sinuatocollis et V. libericornis (grpes
Pronotum (fig. 323). Bord antérieur légèrement bilobé. Sillon marginal homonymes).
étroit, subparallèle, à l’exception des fossettes latérales qui sont visiblement
assez larges, profondes et lisses. Remarques historiques. Cette espèce a peut-être été
Mésosternum (fig. 321) ponctué et sétigère assez largement sur ses marges rapportée par le naturaliste italien G. Osculati, lors de son
latéro-antérieures et quelque peu de part et d’autre de l’apex postérieur. expédition de 1847-1848. Osculati traversa les Andes
Tégument mat étendu aux marges latéro-antérieures et à la ligne axiale ;
ailleurs lisse et brillant. depuis Guayaquil, passant par Quito, puis emprunta le
Métasternum (fig. 322) à aires latéro-antérieures couvertes de fines rio Napo pour rejoindre l’Amazonie et la côte Atlantique
ponctuations et de soies longues et denses ; aires latéro-médianes glabres et du Pará. GUÉRIN-MÉNEVILLE (1855), qui étudia une
lisses. Fossettes assez fortement élargies en arrière mais peu profondes ; partie de ses récoltes d’Insectes, cite un « Passalus crassus ».
ponctuées et pubescentes comme précédemment.
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui est couvert de courtes
Ce matériel, qui doit être préservé à Milan, n’a pu être
soies assez nombreuses partout, y compris sur les calus. Ponctuation des stries étudié. V. (Publius) crassus étant absent d’Équateur, si l’es-
indistincte sur le disque ; très fine et plus ou moins distincte sur les flancs. pèce vue par Guérin-Méneville en est réellement compa-
Profil antérieur peu incliné. Ailes faiblement réduites.
rable, alors il s’agit sans doute de V. dibbi car c’est le seul
Pattes. Protibias massifs mais non élargis (fig. 324), armés de 4-5 épines
trapues et émoussées de longueurs parfois très inégales. Mésotibias inermes brachyptère connu du haut Napo. Quant au spécimen
(fig. 325) ; pubescence longue et dense ; arêtes supérieures légèrement convexes étiqueté « E. de Ville 1871 » (IRSN), il n’y a pas d’erreur
sur presque toute leur longueur. Métatibias id., mais à pubescence moindre sur son origine géographique car deux autres espèces
et à arête supérieure nulle. Spolons supérieurs des méso- et métatibias droits
ou presque, l’apex droit (fig. 326).
étiquetées à l’identique sont certifiées de l’Oriente (bien
Édéage (fig. 327). Longueur : 3 mm. Habitus convexe, allongé, qu’à plus basse altitude pour l’un d’eux) ; ce sont V. guntheri
subparallèle. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture ; bord (grpe « platyrhinus ») et V. sinuosus (grpe « transversus »).
postérieur de la phallobase bilobé. Dorsal : paramères et phallobase de En revanche, on ne peut attribuer sa récolte à Deville,
longueurs presque égales.
compagnon de Castelnau lors de son expédition de 1843-
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. hincksi. 1847. Ces naturalistes ne sont pas allés sur le piémont
Derivatio nominis. Espèce dédiée à la mémoire du britannique John Andin d’Equateur.
Rothwell Dibb (1906-1973), spécialiste des Passalidae. Aucune donnée n’a été trouvée sur d’Espinay 1922
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun (MNHN), ni sur les spécimens de 1929 sans récolteurs
autre Veturius : habitus de brachyptère mais allongé ; ailes peu réduites ; apex (LACM), qui sont accompagnés par deux autres espèces
mandibulaires trifides, les dents inférieures peu développées mais bien toponymiques prises en 1928 – 1929 (V. aspina et
distinctes ; tubercule central élancé en avant à 45°, assez massif, l’apex droit
à faiblement aigu; fossettes latéro-frontales larges, assez profondes et rebordées; V. yahua, du grpe « platyrhinus »). Les autres spécimens
fossettes margino-pronotales assez larges, profondes et lisses ; méso- et sont récents et dus en partie à G. Onore et collaborateurs
métatibias robustes et inermes ; marges latéro-antérieures du mésosternum (QCAZ).
sétigères ; métasternum à aires latéro-antérieures et fossettes sétigères, ces
dernières bien élargies postérieurement ; pubescence des méso- et métatibias
et du métasternum dense et longue. 3. Veturius (Veturius) hincksi n. sp.
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. hincksi et de V. petteri, (fig. 260, 302-313 – 908, 920-921)
mais qui s’en distingue par les principaux caractères suivants.
De V. hincksi : apex des mandibules trifide ; tubercule central massif et Matériel type. 26 ex. Holotype P : ÉQUATEUR, Occidente,
élevé, l’apex robuste ; sillon post-frontal incomplet à nul ; pubescence générale PICHINCHA : Ecuador, Pichincha, Sto Domingo, G. Onore
du corps et des tibias plus longue et plus dense ; fossettes métasternales plus VI.1983-IV.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN*). –
larges en arrière ; fossettes margino-pronotales larges, profondes et lisses. Paratypes : id. HT (MNHN* P4O) ; Ecuador, Sto Domingo
De V. petteri : taille moyenne supérieure, habitus plus robuste ; apex des [± 1 000 m], V.1982 / ex coll. O. Violo (MNHN* O) ; id.,
mandibules trifide ; tubercule central massif, large, l’apex droit à obtus ; sillon
post-frontal incomplet à nul ; fossettes margino-pronotales larges, profondes
VI.1982, G. Onore (IMEX 2P); id., VI.1982, G. Onore (MHNG
et lisses ; aires latéro-médianes du métasternum glabres et lisses ; spolons 3P) ; Ecuador, Pichincha, Los Bancos [± 900 m], O. Vacas
supérieurs des méso- et métatibias courts et droits. VII.1982 (QCAZ 1 ex) ; id., X. Parmiño VI-VII.1987 (QCAZ

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

2P4O) ; id., J. Ulloa VII.1987 (QCAZ 2O) ; Ecuador, Pichincha, Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. petteri, son espèce sœur,
Tandapi [± 1 500 m], G. Onore III.1984 / ex coll. Ph. Moretto avec lequel elle peut être facilement confondue. La taille, l’habitus, les
ponctuations sétigères mésosternales, l’apex des mandibules, l’architecture
1999 (MNHN* PO) ; Ecuador, Pichincha, Alluriquín [± 850 m], générale de la tête, entre autres caractères moins notables, sont presque
M. Ferro VII.1987 (QCAZ P2O). identiques. De plus les deux espèces sont peut-être parapatriques, V. petteri
Tous ces spécimens ont sans doute été pris par G. Onore et étant localisé en Equateur sur le même versant andin, mais un peu plus au
collaborateurs, entre 1982 et 1987 (QCAZ). sud, dans le Cotopaxi. On distinguera donc V. hincksi par les caractères
suivants : habitus un peu plus robuste ; base postérieure du tubercule central
Caractères diagnostiques. Habitus très convexe mais allongé. large et bombée ; yeux non globuleux ; fossettes margino-pronotales à peine
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 35-42 mm ; largeur élargies en avant ; aires latéro-médianes du métasternum glabres et lisses ;
maximale : 13-15 mm aux élytres. spolons supérieurs des méso- et métatibias courts et droits.
Tête (fig. 302). Tubercule central bombé en arrière, puis élancé en avant V. hincksi est aussi très voisin de V. dibbi, mais s’en distingue plus aisément
à presque vertical, mais peu élevé et fin, l’apex aigu. Tubercules latéro- que de V. petteri, notamment par : apex mandibulaires bifides ; tubercule
postérieurs à peine marqués par une arête très émoussée et droite. Tubercules central moins massif et moins élevé, l’apex étroit et aigu ; sillon post-frontal
tentoriaux presque effacés. Rides frontales postérieures courbes et peu complet ; pubescence générale du corps et des pattes (surtout méso- et
marquées sur toute leur longueur. Tubercules internes bien à peu marqués. métasternum, méso- et métatibias, calus huméraux) moins longue et moins
Angle des rides frontales obtus à très obtus, d’abord concave puis en avant dense ; fossettes métasternales assez profondes en arrière ; fossettes margino-
plan ou légèrement mamelonné. Clypéus convexe, large ; bord antérieur pronotales à peine élargies en avant et ponctuées partout.
droit ou à peine concave, l’incision médiane indistincte. Fossettes latéro- Polymorphisme. Hormis la taille (± 7 mm), aucun différence n’est notable
frontales larges, assez profondes et rebordées. Aires latéro-post-frontales parmi les spécimens connus.
profondes, glabres et lisses. Angles antérieurs de la tête tuberculeux, très
obtus et arrondis. Canthus oculaires courts, assez étroits, peu inclinés, Répartition géographique. Espèce uniquement connue
subparallèles jusqu’à l’angle antérieur droit à obtus, émoussé et dépassant
l’œil. Yeux légèrement réduits. Fossettes post-oculaires larges, complètes,
des Andes du centre-nord de l’Occidente (prov. Pichincha),
en partie sétigères. Aire post-frontale peu profonde, délimitée par un fin où elle est peut-être endémique (fig. 908). Elle semble être
sillon postérieur complet. Processus hypostomaux (fig. 305) largement absente des reliefs que ceinture vers le sud-est la haute vallée
concaves au milieu ; apex arrondi. Ligule (fig. 304) à apex antérieur simple du rio Toachi. Elle est donc répertoriée depuis les hauteurs
et long ; aire médio-postérieure étroite et presque plane sur les côtés. Apex
mandibulaires bifides et étroits ; apex des dents dorsales presque épineux de Puerto Quito et de Santo Domingo, au nord-ouest,
(fig. 303). puis vers Alluriquín et Tandapi, vers le sud-est et en remon-
Pronotum (fig. 308). Bord antérieur légèrement bilobé. Sillon marginal tant le rio Pilatón.
peu marqué, subparallèle, lisse, à l’exception des fossettes latérales qui sont
à peine plus larges et finement ponctuées sur toute leur longueur. Pré-épimères Distribution dans l’aire. Les spécimens connus provien-
avec des soies espacées partout.
Mésosternum (fig. 306) ponctué et sétigère sur ses marges latéro-
nent de la forêt ombro-mésophile entre 800-1000 et
antérieures uniquement. Tégument mat de part et d’autre de l’angle antérieur ; 1 500 m d’altitude. C’est la seule espèce du groupe présente
partout ailleurs brillant. dans ce type de formation du bas étage montagnard. Cette
Métasternum (fig. 307) à aires latéro-antérieures largement ponctuées forêt est différente de celle qui lui est immédiatement
et sétigères ; aires latéro-médianes glabres et lisses. Fossettes bien élargies en
arrière, peu profondes, ponctuées et pubescentes comme précédemment. supérieure, vers 1 500-2 000 m, et qui est typiquement
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui est couvert de petites mésophile.
soies espacées partout, y compris sur les calus, où elles peuvent être quelque
peu regroupées. Ponctuation des stries très fine, presque indistincte partout Affinités chorologiques. L’espèce a sans doute les mêmes rela-
(fig. 309). Profil antérieur peu incliné. Ailes peu réduites. tions interspécifiques que V. biapicalis. Elle partage peut-être
Pattes. Fossettes procoxales (fig. 310) larges, presque planes, couvertes tout ou partie du territoire de ce dernier (bien qu’il ne soit
de très fines soies. Protibias avec 4-5 épines trapues et émoussées, de longueurs
parfois très inégales. Mésotibias robustes, inermes (fig. 311) ; pubescence connu que du Cotopaxi et du Bolívar, soit un peu plus au sud).
longue et dense ; arêtes supérieures légèrement convexes sur presque toute L’allopatrie ou la parapatrie avec V. petteri, de part et d’autre
leur longueur. Métatibias inermes, moins pubescents que les mésotibias. du rio Toachi, mérite d’être confirmée. Par contre, l’allopa-
Spolons supérieurs des méso- et métatibias courts, assez fins, faiblement
courbes vers l’apex (fig. 312). trie avec V. dibbi, de part et d’autre des Andes, semble établie.
Édéage (fig. 313). Longueur : 3 mm. Habitus allongé, subparallèle. Cette allopatrie est unique chez les Veturius des Andes centrales.
Ventral : paramères et phallobase longs et étroits, séparés par une suture ; Parmi les autres taxons, V. (Veturius) standfussi (grpe « platy-
bord postérieur de la phallobase bilobé. Dorsal : paramères et phallobase de
longueurs très inégales et limités à un fin liseré sclérotisé. rhinus ») est le seul qui soit assurément sympatrique. Une sym-
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de ou parapatrie avec V. (Veturius) sinuatocollis (grpe homonyme)
V. biapicalis. et V. ecuadoris (grpe homonyme) est vraisemblable, mais dans
Derivatio nominis. Espèce dédiée à la mémoire du britannique Walter leur plus haut étage.
Douglas Hincks (1906-1961), spécialiste des Passalidae.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre Veturius : habitus très convexe mais allongé ; taille moyenne à grande ; 4. Veturius (Veturius) petteri n. sp.
ailes peu réduites ; apex mandibulaires bifides ; tubercule central bombé à sa (fig. 314-318 – 908, 920-921)
base postérieure, l’apex presque vertical, fin et aigu ; fossettes latéro-frontales
larges, assez profondes et rebordées ; fossettes margino-pronotales à peine Matériel type. 7 ex. Holotype P : ÉQUATEUR, Occidente,
élargies, peu profondes et entièrement ponctuées ; méso- et métatibias COTOPAXI : Ecuador, Cotopaxi, Otonga, 2 000 m, A. Moscoso
inermes ; marges latéro-antérieures mésosternales sétigères ; métasternum à
aires latéro-antérieures et fossettes sétigères, ces dernières bien élargies en
XI-1994 (QCAZ). – Paratypes : Ecuador, Cotopaxi, San
arrière, et à aires latéro-médianes glabres et lisses ; spolons supérieurs des Francisco de las Pampas, 1 200 m, P. Eliphide XII.1991
méso- et métatibias courts et droits. (QCAZ P) ; Ecuador, Cotopaxi, San Francisco de las Pampas,

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Stéphane Boucher

1 300-1 500 m, L. Bartolozzi II.1993 (MZSF P) ; id., M. Carrera Comme V. hincksi, tous les spécimens connus de cette
XII.1995 (QCAZ O) ; id., I. Muñoz, T. Moran V.1997 (QCAZ espèce ont sans doute été pris par G. Onore et collaborateurs
2 ex) ; id., Toachi, Naranjito, D. Anorade III.1994 (QCAZ P). (QCAZ), plus ceux de L. Bartolozzi.

Figures 319-335
Veturius (V.) groupe « biapicalis » et V. (Publius), Andes d’Equateur. – 319-327, V. (V.) dibbi n. sp. ; 328-335, V. (P.) alani n. sp. – 319, 328, tête (dorsal),
tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 320, 329, mandibule (profil externe) ; 321, 330, mésosternum ; 322, 331, métasternum ; 323,
332, pronotum (dorsal, latéral) ; 324, protibia (dorsal) ; 325, 333, mésotibia (latéral) ; 326, 334, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 327, 335, édéage. –
Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Caractères diagnostiques. Habitus allongé à trapu. et ponctuées partout ; aires latéro-médianes du métasternum entièrement
Taille moyenne. Longueur totale : 34,5-38 mm ; largeur maximale : ponctuées et sétigères ; spolons supérieurs des méso- et métatibias courbes.
12,5-13 mm aux élytres. Parmi les autres V. (Veturius) andins, V. patinoi en est le plus ressemblant
Tête (fig. 314). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 45°, étroit et pourrait être également confondu (bien qu’allopatrique). On distinguera
depuis la base jusqu’à l’apex, qui est pointu et parfois presque libre. Tubercules néanmoins V. petteri par : apex mandibulaires bifides ; tubercules latéro-
latéro-postérieurs marqués, courts, droits, à peine dirigés en avant et nettement postérieurs courts et droits ; canthus oculaires courts ; aires métasternales
séparés du sillon post-frontal. Tubercules tentoriaux effacés ou presque. Rides latéro-médianes sétigères ; calus huméraux sétigères ; spolons supérieurs des
frontales postérieures presque droites et bien marquées depuis l’apex du méso- et métatibias courbes.
tubercule central, puis convergentes ou non à proximité des tubercules
Polymorphisme. Peu appréciable chez les spécimens connus : habitus plus
internes. Angle des rides frontales obtus à droit, plan. Aire médio-frontale
ou moins court et transverse ; présence de 1-2 soie(s) sur les aires latéro-post-
plane, très lisse. Clypéus large, en forme d’accolade peu marquée ; angles
frontales.
antérieurs droits, obliqués en avant et visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-
frontales larges, profondes, fortement rebordées en avant, les angles antérieurs Répartition géographique, distribution dans l’aire.
bien arrondis. Angles antérieurs de la tête peu convexes, très obtus. Canthus
oculaires courts mais larges, subparallèles ; apex antérieur légèrement obtus Espèce uniquement connue du centre-nord de l’Occidente
et presque anguleux dépassant ou non l’œil. Yeux grands mais peu globuleux. (Cotopaxi), sur l’étroit massif enclavé entre le rio Toachi,
Fossettes post-oculaires larges, complètes, glabres ou presque. Aire post- au nord et à l’est, et les rios Palenque et Baba, à l’ouest
frontale délimitée par un sillon postérieur net, chagriné. Ligule à apex antérieur
simple un peu plus long que les côtés ; aire médio-postérieure large et plane.
(fig. 908). Comme V. hincksi, il s’agit sans doute d’un taxon
Article II des palpes labiaux allongé, peu élargi vers l’apex, une fois et demie typique de la forêt mésophile de basse à moyenne montagne
plus long que le III. Bord antérieur du labre à peine concave. Mandibules à (1000-2 000 m). Son absence en deçà de 800-1 000 m est
apex bifides, les dents inférieures étroites ; dents dorsales hautes et longues,
l’apex droit à presque épineux. Antennomères de longueurs inégales ; VIII
susceptible de confirmer son allopatrie avec celui-ci.
plus court que les IX ou X ; X bien arrondi extérieurement.
Pronotum (fig. 316). Bord antérieur peu bilobé. Fossettes latérales
Affinités chorologiques. Comme V. biapicalis et V. hincksi,
antérieures, larges et plus ou moins couvertes de ponctuations assez fortes, très probablement.
rondes ou transverses.
Mésosternum (fig. 306) comme chez V. hincksi, mais les soies un peu
plus nombreuses.
Groupe « caquetaensis »
Métasternum (fig. 315) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes avec
une fine et dense ponctuation sétigère partout, les soies longues et denses.
Caractères généraux. Ce groupe de quatre espèces est surtout
Fossettes peu profondes à mal délimitées ; peu étroites en avant ; bien élargies reconnaissable par la présence de soies pré-apicales sur la
en arrière ; ponctuées et sétigères comme précédemment. face inférieure des méso- et des métafémurs (car. 69). Ces
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec de nombreuses soies soies sont homoplasiques chez quelques rares autres espèces
éparses et des calus, qui sont munis de soies plus longues que les précédentes.
Stries profondes, les ponctuations très fines, indistinctes partout. du sous-genre, comme V. aquilonalis (grpe « platyrhinus »)
Pattes. Mésotibias inermes; pubescence longue et dense; arêtes supérieures ou parfois V. ecuadoris (grpe homonyme). La ponctuation
légèrement convexes sur les deux tiers de leur longueur ; spolons supérieurs marquée des stries élytrales semble être une autre syna-
fins, assez longs et courbes (fig. 317). Métatibias inermes.
Édéage (fig. 318). Longueur : 2,3 mm. Habitus allongé et étroit,
pomorphie (car. 57), mais elle est couramment conver-
subparallèle. Ventral : paramères et phallobase longs et étroits, séparés par gente dans l’ensemble du genre. Le groupe a aussi la parti-
une suture ; bord postérieur de la phallobase bilobé. Dorsal : paramères et cularité, dans le sous-genre, d’avoir une espèce macroptère
phallobase de longueurs inégales et limités à un fin liseré sclérotisé. et trois hémibrachyptères. Les fossettes margino-prono-
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. hincksi. tales sont larges et profondes, le mésosternum glabre et
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Cl. Petter (Université P. & la structure médio-post-frontale est très voisine du groupe
M. Curie-Paris VI), en cordial hommage. « platyrhinus ».
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun Les espèces du groupe « caquetaensis » sont peu diffé-
autre Veturius : habitus très convexe mais allongé ; taille moyenne ; ailes peu
réduites ; apex mandibulaires bifides ; tubercule central élancé en avant à 45°, renciées de nombreux Veturius s. str., et de quelques Publius.
l’apex pointu ; fossettes latéro-frontales larges, assez profondes et rebordées ; Hormis V. caquetaensis, les trois autres espèces sont inédites,
fossettes margino-pronotales à peine élargies, peu profondes et entièrement mais au moins deux avaient subi des tentatives d’identifi-
ponctuées ; méso- et métatibias inermes ; marges latéro-antérieures
mésosternales sétigères ; métasternum à aires latéro-antérieures, latéro- cations dans la littérature et dans les collections. L’intérêt
médianes et fossettes abondamment sétigères, ces dernières bien élargies en taxinomique des soies infra-fémorales n’ayant pas été souli-
arrière ; spolons supérieurs des méso- et métatibias courts et courbes. gné auparavant, le rapprochement des espèces avait encore
Affinités morphologiques. Plus que V. hincksi et V. dibbi, l’habitus de V. petteri moins fait l’objet d’une attention particulière.
est intermédiaire entre les Veturius macroptères et brachyptères. Il est donc
difficile de présumer du développement des ailes métathoraciques avant de La répartition géographique du groupe « caquetaensis »
les avoir examinées. est intra-andine et colombienne ; il occupe des versants
En outre, on distinguera l’espèce par les principaux caractères suivants. entre 1000 et 2 500 m d’altitude, ce qui est un second
De V. hincksi : habitus un peu plus étroit et plus allongé ; tubercule point comparable à plusieurs espèces du groupe « platyrhi-
central étroit de la base à l’apex ; yeux peu réduits et assez globuleux ; fossettes
margino-pronotales visiblement peu élargies en avant ; aires latéro-médianes nus » (fig. 925). Il est vraisemblable que d’autres espèces
du métasternum entièrement ponctuées et sétigères ; spolons supérieurs des existent en Colombie ou en Equateur. Vers le nord, la
méso- et métatibias courbes. dépression de Panama d’une part, et celle de San Cristóbal
De V. dibbi : taille moyenne moindre, habitus moins robuste ; apex des
mandibules bifide ; tubercule central étroit de la base à l’apex ; sillon post- d’autre part (face à la Cordillère de Mérida), marquent ses
frontal net et complet ; fossettes margino-pronotales peu élargies en avant limites biogéographiques.

403
Stéphane Boucher

Clé des espèces Mésosternum (fig. 340) glabre et lisse, à l’exception de l’angle antérieur
avec de très courtes soies. Tégument mat couvrant largement les côtés
1. Macroptère [Méso- et métatibias inermes. Longueur totale antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs brillant.
< 39 mm. Sud des Andes colombiennes] . . . . . . . . . . . . . . Métasternum (fig. 341). Aires latéro-antérieures finement ponctuées et
sétigères, les soies longues et espacées ; aires latéro-médianes glabres et lisses.
. . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) caquetaensis Boucher Fossettes latérales peu profondes, peu élargies en arrière et sétigères comme
– Hémibrachyptère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. précédemment.
2. Longueur totale < 38 mm. [Méso- et métatibias inermes. Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec quelques courtes
Andes colombiennes, centre-ouest de la Cordillère soies espacées. Ponctuation fine et régulière, distincte presque partout
(fig. 342). Profil antérieur droit. Ailes normalement développées.
Orientale] . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) perecasi n. sp. Pattes. Fossettes procoxales larges, légèrement concaves et très finement
– Longueur totale > 39 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. sétigères. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs sétigères (fig. 343).
3. Méso- et métatibias inermes [Andes colombiennes, Protibias avec 4-5 épines assez fortes, plus la fourche apicale. Mésotibias
inermes, les soies assez denses et longues ; arêtes supérieures légèrement
extrême nord de la Cordillère Orientale] . . . . . . . . . . . . . . .
convexes sur presque toute leur longueur ; fourches apicales étroites et courtes ;
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) imitator n. sp. spolons supérieurs longs, assez épais et régulièrement courbes, souvent presque
– Méso- et métatibias armés d’une forte épine [Andes colom- crochus (fig. 344). Métatibias id., mais les soies moins nombreuses et l’arête
biennes, centre-ouest de la Cordillère Orientale ?] . . . . . . . . supérieure nulle.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué plus ou moins sur les
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) montivagus n. sp. deux tiers de sa longueur apicale.
Édéage (fig. 345). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe, arrondi et
5. Veturius (Veturius) caquetaensis Boucher 1988 trapu. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette ; phallus
indistinctement ponctué ; paramères allongés et étroits ; bord médio-postérieur
(fig. 160-162, 257, 336-348 et 909, 920-921) de la phallobase légèrement incisé à droit. Dorsal : paramères courts,
phallobase haute, mais les deux sclérites limités à un fin liseré sclérotisé.
Veturius ecuadoris Kuwert : DOESBURG 1957 : 22.
Veturius caquetaensis : BOUCHER 1988a : 39 ; REYES-CASTILLO & AMAT Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
GARCÍA 1991 : 505 (catal.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : autre V. (Veturius) : macroptère ; taille moyenne ; apex mandibulaires trifides,
80 ; 2002 : 142 (catal.). les dents inférieures développées ; tubercule central court, l’apex obtus à
droit ; aires latéro-post-frontales glabres ; fossettes margino-pronotales larges,
profondes et ponctuées assez fortement partout ; mésosternum glabre, le
Holotype P : COLOMBIE, CAQUETÁ : « I.S. Columbia, Rio tégument mat couvrant largement les côtés antérieurs et la ligne axiale ;
Caquetá [hte vallée] » (MNHN). Spécimen légèrement imma- métasternum à aires latéro-antérieures sétigères, les soies longues et espacées,
ture auquel il manque les tibias et la massue antennaire droits. aires latéro-médianes glabres et lisses et fossettes sétigères bien élargies en
arrière ; ponctuation élytrale fine, régulière, distincte presque partout ; calus
Description. Macroptère. Habitus allongé, pubescent. Coloration noire huméraux glabres ; aires infra-apicales des méso- et métafémurs sétigères ;
brillant dessus et dessous. protibias normalement élargis ; méso- et métatibias inermes, les fourches
Taille moyenne. Longueur totale : 32-38 mm ; largeur maximale : apicales étroites et courtes, les spolons supérieurs longs, assez épais, courbes
11,5-13,5 mm aux élytres. à presque crochus.
Tête (fig. 336, 346-347). Tubercule central conico-pyramidal incliné à
Affinités morphologiques. V. caquetaensis est peu différencié de plusieurs
25°, court, l’apex obtus à droit et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs
espèces sym- ou parapatriques appartenant à d’autres groupes. Néanmoins,
marqués, courts et dirigés vers l’avant. Tubercules tentoriaux bien à peu
il est avant tout reconnaissable car c’est un macroptère, de taille moyenne
marqués. Rides frontales postérieures nettes partout, assez hautes sauf à
et qui possède l’aire infra-apicale des méso- et métafémurs toujours sétigère.
proximité des tubercules internes, et divergent en angle légèrement obtus
Le problème d’une confusion ne se pose donc pas par rapport au sous-genre
dès la base du tubercule central. Tubercules internes bien marqués à petits,
brachyptère Publius, qui est aussi présent dans la région (les dimensions de
émoussés. Angle des rides frontales crevassé à la base du tubercule central,
P. danieli et P. rugifrons sont toutefois comparables), mais avec des V. (Veturius)
puis mamelonné au milieu. Aire médio-frontale très lisse. Clypéus assez large,
macroptères, surtout V. patinoi et V. sinuosus (grpe « transversus »). On
quelque peu bombé, le bord antérieur à peu près droit, à peine incisé au
distinguera donc V. caquetaensis de ces espèces comme suit.
milieu, les angles antérieurs droits, non ou peu proéminents et visibles en
vue dorsale de l’Insecte. Fossettes frontales larges, arrondies, peu profondes De V. patinoi : taille légèrement moindre ; massues antennaires trapues ;
et rebordées. Aires latéro-post-frontales glabres et lisses. Angles antérieurs angles antérieurs du pronotum non ou très peu abaissés ; fossettes margino-
de la tête très obtus et émoussés. Canthus oculaires plus ou moins subparallèles pronotales larges et profondes ; mésosternum glabre ; spolons supérieurs des
jusqu’à l’apex antérieur droit à peu arrondi et dépassant légèrement l’œil. méso- et métatibias courbes, parfois presque crochus.
Yeux peu globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes, presque glabres. De V. sinuosus : habitus moins transverse ; mandibules à apex
Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur complet, plus ou moins distinctement trifides, les dents inférieures développées et les dents dorsales
net. Ligule à apex antérieur simple ; aire médio-postérieure plane, assez large, longues ; marge antérieure des fossettes latéro-frontales non obliquée vers les
non ou à peine tuberculée sur les côtés. Mentum à disque peu convexe, glabre tubercules internes ; bords antérieurs du clypéus et du pronotum peu bilobés
ou avec quelques soies postérieures ; ailes couvertes de soies éparses, les à presque droits ; apex antérieur des canthus oculaires droit à peu arrondi ;
fossettes peu marquées et les côtés faiblement cintrés. Article II des palpes fossettes margino-pronotales larges et profondes ; mésosternum glabre ;
labiaux un peu plus court que le III ; III assez étroit et glabre sur le disque tarsomères V fins et longs.
(fig. 337). Processus hypostomaux allongés, incisés au milieu, l’apex arrondi Polymorphisme. Espèce assez polymorphe, ce qui peut parfois rendre les
(fig. 338). Labre quadratique, à bord antérieur légèrement concave. identifications délicates. De plus, la distinction relativement nette de deux
Mandibules allongées, peu cintrées ; apex trifides, les dents inférieures populations géographiquement séparées suggère l’existence d’un polytypisme.
développées ; dents dorsales allongées, élevées ; fossettes infra-basales marquées. Davantage de matériaux sont toutefois nécessaires pour affirmer ce statut.
Massues antennaires trapues. On remarque ainsi :
Pronotum (fig. 339, 348). Bord antérieur peu bilobé à presque droit. • La population type intra-andine. Cette population est répandue
Angles antérieurs bien arrondis, peu abaissés. Sillon margino-antérieur large, dans toute l’aire de répartition de l’espèce, à l’exception du versant Pacifique
peu rétréci au contact des fossettes latérales qui sont larges, profondes et de la Cordillère Occidentale. L’habitus est plutôt étroit et de faibles
ponctuées assez fortement partout. Pubescence des pré-épisternes longue et dimensions, mais la variabilité de l’architecture dorso-céphalique est marquée :
dense, visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec de longues soies clypéus plus ou moins proéminent, yeux plus ou moins globuleux, apex
plus ou moins espacées. antérieur des canthus oculaires droit ou arrondi, rides frontales postérieures

404
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

bien à peu marquées, fossettes latéro-frontales plus ou moins profondes et presque libre, aire médio-postérieure de la ligule plus large et plane, sans
rebordées, etc. (comparer fig. 336 et 346). ébauche de tubercules paramédians. Aucun caractère plus sûre, qui permettrait
• La population du versant Pacifique des Andes. Cette population d’élever ces populations au rang d’espèces jumelles allopatriques, n’a toutefois
semble circonscrite au versant Pacifique de la Cordillère Occidentale (Valle : été trouvé.
rio Calima, est de Buenaventura). Sur les plans faunistique et biogéographique,
ce versant appartient au Chocó, ce qui le distingue des versants précédents, Répartition géographique, distribution dans l’aire.
plus orientaux. Chez les Passalides (macro- ou brachyptères), la ligne de crête
de la Cordillère Occidentale forme une barrière efficace dans la circulation Espèce endémique des Andes colombiennes, où elle est
des populations entre le versant Pacifique et le rio Cauca. Ainsi, il existe des largement répandue sur des versants d’altitudes moyennes
espèces de Proculini et de Passalini endémiques de l’un ou de l’autre des deux (1000-2 000 m environ ; fig. 909), soit depuis le Pacifique
versants. Dans le cas de V. caquetaensis, la population du Pacifique est distincte
de celle du reste des Andes (fig. 347) : taille moyenne plus grande, habitus jusqu’aux pentes dominant le piémont sud-oriental, face
plus massif et plus transverse, tubercule central plus élevé et à apex pointu à l’Amazonie (Caquetá). Cet étage et la localisation précise

Figures 336-348
Veturius (V.) groupe « caquetaensis », V. caquetaensis Boucher, Colombie. – 336-345, forme typique, Caqueta, Putumayo ; 346, forme du Cundinamarca, rio
Magdalena ; 347, forme de Valle, versant Pacifique. – 336, 346-347, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 337, palpe
labial (ventral) ; 338, processus hypostomal ; 339, 348, pronotum (dorsal, latéral) ; 340, mésosternum ; 341, métasternum ; 342, stries disco-élytrales I-III ;
343a-b, méso- et métafémurs (ventral) ; 344, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 345, édéage. – Échelles : 1 mm.

405
Stéphane Boucher

de nombreux échantillons confirment la présence de l’es- « transversus »), dans la moyenne vallée du rio Cauca, à la
pèce dans les trois cordillères, ce qui est rare chez un endé- hauteur de Manizales (Quindío, Caldas et sans doute au-
mique colombien. L’espèce est connue – d’est en ouest – delà, vers l’Antioquía, avec V. (Publius) centralis et V. stein-
des régions suivantes : heili [?]) ; V. (Ouayana) oberthuri, V. (Publius) crassus,
– Versant oriental de la Cord. Orientale : Caquetá, V. rugifrons, V. concretus et peut-être V. (Veturius) platyrhi-
Putumayo (hautes vallées des rios homonymes). nus, sur le versant occidental de la Cordillère Orientale
– Versant occidental de la Cord. Orientale : Huila (Cerro (Cundinamarca) ; V. (Veturius) guntheri (grpe « platyrhi-
Pelado, Palestina), Cundinamarca (Fusagasugá, ouest nus »), sur le versant oriental du sud de la Cordillère
de Bogotá, La Esperanza, Quebrada Negra, Cachipuig), Orientale ; enfin V. (Veturius) aspina (grpe « platyrhinus »)
Santander (La Cimitarra). et V. sinuatocollis (grpe homonyme) dans la vallée du Cauca,
– Versant oriental de la Cord. Centrale : Tolima (Ibagué, mais dans leur plus haut étage.
China Alta). Remarques taxinomiques et historiques. En décrivant
– Versant occidental de la Cord. Centrale : Caldas V. caquetaensis, j’avais suggéré que l’espèce était d’affinité
(Manizales). guyano-amazonienne. On sait aujourd’hui que c’est inexact.
– Versant oriental de la Cord. Occidentale : Nariño (La Elle appartient en réalité à une lignée intra-andine des
Llanada, Pialapi), Cauca (Munchique). Tierras Altas (> 1 000 m d’altitude), et non des Tierras Bajas,
– Versant occidental de la Cord. Occidentale : Valle (vallée comme j’ai pu induir en erreur REYES-CASTILLO & AMAT
de la Calima). GARCÍA (1996).
On peut en conclure que ce sont les hautes vallées Nous avons vu que l’espèce est peu distincte de repré-
fluviales perpendiculaires à l’axe nord-sud des Andes qui sentants de divers groupes. C’est pour cette raison qu’elle
ont permis à l’espèce de s’étendre sur un aussi vaste terri- a été citée, pour la première fois, comme « V. ecuadoris »
toire. (DOESBURG 1957 ; NNML). Hincks a aussi confondu l’es-
L’espèce est inconnue d’Equateur, mais elle y existe sans pèce avec V. ecuadoris, mais en plus avec V. (Veturius) tuber-
doute, notamment dans le Sucumbios, qui prolonge le culifrons (MUHD) ; Pereira l’a confondue avec la sous-
Putumayo colombien sans réelle barrière topographique espèce V. (Ouayana) punctatostriatus paraensis (AMNH),
intermédiaire. De même, vers le nord, sa présence dans le selon l’opinion première de HINCKS (1934) ; enfin, Fonseca
Santander del Norte n’est pas à exclure. l’a confondue avec V. tuberculifrons et V. (Ouayana) paraen-
sis (NHML). Ces erreurs ont été en partie corrigées par
• Le spécimen de Darien – Une remarque doit être faite Reyes-Castillo (in lit. 1990), qui avait noté un statut d’es-
sur le spécimen étiqueté « Colombia, State of Darien, pèce nouvelle.
Harold Hodge 1909 » (NHML). L’indication « état » laisse V. caquetaensis a été rapporté depuis longtemps. Les
comprendre le territoire autrefois rattaché à la Grande spécimens de Stübel (SMTD) proviennent de son expédi-
Colombie, avant l’indépendance du Panama. Cet événe- tion de 1868 à 1877. REISS & STÜBEL (1890) précisent
ment ayant eu lieu en 1903, le spécimen lui est donc leurs récoltes du Cerro Pelado, en provenance de Neiva
contemporain. Aucune donnée n’a été trouvée sur le (aucun spécimen n’a été repris dans ce secteur), entre 1000
probable récolteur. La présence de britanniques dans les et 1 500 m d’altitude minimum. Les spécimens de Steinheil
montagnes du sud du Darien est certaine à l’époque ; des proviennent de son expédition de 1872-1873 (MNHN),
compagnies minières y ont exploité pendant plusieurs mais il n’est pas sûr qu’ils ont été récoltés par lui, sinon par
années. Cependant, il existe un village Darien en Colombie, l’un de ses compagnons, Garzón ou Wallis, puisque
près de Calima (Valle), où l’espèce vit assurément. On ne Fusagasugá n’est pas cité dans son itinéraire, pas plus que
peut malgré tout exclure sa présence dans la Sierra de l’espèce dans son catalogue (STEINHEIL 1877, 1878). Le
Darien, même si celle-ci est située hors (mais proche) des spécimen de von Nolcken (MZUM) provient de ses récoltes
Andes proprement dites. La localité de Panama est donc dans la vallée du Magdalena, en 1871 ; toutefois, les
sur la carte à titre indicatif (fig. 909). nombreuses étapes de ce naturaliste, dans le Cundinamarca
Affinités chorologiques. V. caquetaensis semble sympa- et alentours, ne permettent pas une localisation plus précise.
trique avec V. perecasi sur le versant occidental de la Aucune donnée n’a été trouvée sur les spécimens de Bunch
Cordillère Orientale (Cundinamarca). Une sympatrie est et de Schill (NHML, MUHD), ni sur ceux de Muche
aussi probable avec V. montivagus (une série de V. caque- (SMTD) et de Ovalle (AMNH ; voir ci-après V. montiva-
taensis est étiquetée à l’identique, mais sans précision gus). Les spécimens récents, localisés avec précision, sont
géographique ; AMNH). V. imitator est allopatrique. dus à des spécialistes (MNHN, IMEX, CLP).
Parmi les autres groupes d’espèces, sont sympatriques
Autre matériel examiné. 65 ex.
V. (Veturius) standfussi (grpe « platyrhinus »), dans toute COLOMBIE (sans autre précision) : Col., Collectie v. Doesburg via
l’aire de répartition de V. caquetaensis ; V. patinoi (grpe Plason / V. ecuadoris Kuw. ?, det. van Doesburg (NNML O) ; Colombia,

406
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

ex. Eustache (ZFMK O) ; N. Granada / Ex coll. E.C. Horrell / ex. Schill larges, complètes, glabres ou presque. Articles II et III des palpes labiaux peu
Coll., Veturius sp. ?, det Hincks (MUHD 5 ex) ; New Grenada, R. Bunch distincts de V. caquetaensis (fig. 350).
1869 / Coll. E.Y. Western 1924-176 / V. paraensis Luederwaldt, det. Fonseca Pronotum très voisin de V. caquetaensis (fig. 351).
(NHML 2 ex) ; Colombia, F. Ovalle, Q., Ac. 33501 / V. punctatostriatus Mésosternum glabre et lisse, à l’exception de l’angle antérieur avec de
paraensis Lüed., det. Pereira 1958 (AMNH 6 ex). – SANTANDER : très courtes soies. Tégument mat couvrant plus ou moins largement les côtés
Colombia, Magdalena Valley, La Cimitarra Vicinity [> 1 000 m], virgin antérieurs et la ligne axiale (fig. 352) ; ailleurs brillant.
forest, C.J. Louwerens Jr. I.1956 / Coll. v. Doesburg / V. ecuadoris Kuw., Métasternum (fig. 353). Aires latéro-antérieures finement ponctuées et
det. Doesburg (NNML P). – CUNDINAMARCA : Fusagasugá [> 2 000 m] sétigères, les soies longues et espacées ; aires latéro-médianes glabres et lisses.
/ Ex Musaeo E. Steinheil [1872-1873] (MNHN P2O) ; Nova Grenada / Fossettes latérales peu profondes, peu élargies en arrière et sétigères comme
Nolcken [1871] (MZUM O) ; Columbia (SMTD P) ; W.H. Muche, Radeberg précédemment.
(SMTD P) ; Colombia, Cundinamarca, Cachipuig [?], 1 500 m, G. Amat Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui comprend quelques
García XII.1996 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Cundinamarca, La Esperanza [> courtes soies espacées. Ponctuation fine à très fine, régulière, distincte presque
2 000 m], VI.1961 / Veturius n. sp., det Reyes-Castillo 1990 (IMEX 1 ex) ; partout (fig. 354). Profil antérieur légèrement incliné. Ailes peu réduites.
Colombia, Cundinamarca, Mun. Quebrada Negra, Finca el Eden, 1 372 m, Édéage (fig. 355). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe, transverse
R. Lozano, A. Mera III.1991 (IMEX P). – CALDAS : Colombia, Caldas, et trapu. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette ;
Manizales, Villamaría [> 1 500 m], G. Albarracin (CLP P2O). – TOLIMA : phallus indistinctement ponctué ; paramères allongés et étroits.
Colombie, Ibagué [> 1 000 m] (MNHN O) ; Colombia, Tolima, Ibagué, Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Roro V.1994 (CLP 2P) ; Colombia, Tolima, China Alta [> 1 500 m], V. caquetaensis.
L. Sanabria, F. Nuñez XII.1994-III.1995 (CLP 2P4O). – HUILA : Cerro
Derivatio nominis. Espèce amicalement dédiée à M. Pedro Reyes-Castillo
Pelado [près Neiva, ≥ 1 500 m], Stübel [1868] / 5349 (SMTD PO) ;
(IMEX).
Colombia, Huila, Palestina [> 1 500 m], Rocio Monje M. IV.1994 (CLP
PO). – PUTUMAYO : Colombia, Putumayo Valley, IX.1968 (MTMA O). Affinités morphologiques et caractères clés. Espèce très voisine de
– VALLE : Colombie, O Buga, vallée de la Calima, 1 500 m, V.1989 V. caquetaensis, peu distincte même, car de taille en plus similaire, mais dont
(MNHN* 4P3O) ; Colombia, Calima, Valle del Cauca, La Palmera, Rio elle se sépare en tant qu’hémibrachyptère. L’habitus est donc plus trapu et
Bravo, 1 450 m, L.C. Pardo Locarno XI.1990 (CLP, IMEX 2P6O). – plus convexe, les élytres plus courts, à bord antérieur incliné et les calus
CAUCA : Columb., Cauca / Ex. Staudinger & Bang Haas [< 1900] / huméraux plus arrondis (caractères typiques d’une réduction alaire). Sur la
V. tuberculifrons Kuw., det. Hincks (MUHD O) ; Columbien, Staudinger tête, les fossettes latéro-frontales sont plus larges et plus profondes, les angles
(MNHB 1 ex) ; Columbia, Staudinger / ecuadoris Kuw., Mus. Hincks & externes antérieurs davantage rebordés (ce dernier caractère n’est pas toujours
Dibb (MUHD P) ; Colombia, Cauca, P.N. Munchique, 1 750 m, P. Rengifo aussi net chez tous les spécimens). Les très faibles différences morphologiques
II.1998 (IMEX 1 ex). – NARIÑO : Colombia, Nariño, Ca. La Llanada et les localisations qui séparent V. perecasi et V. caquetaensis suggèrent que
[O Los Andes] 1 800 m, F. Lozano IV.1994 (CLP 2O) ; Nariño, Pialapi [?], les deux espèces sont issues d’une dichotomisation adaptative altitudinale.
1 600 m, F. Escobar VI.1996 (IMEX 1 ex). – Loc. incertae sedis (voir Comparé aux deux autres espèces hémibrachyptères de son groupe
répartition géographique) : Colombia, State of Darien, Harold Hodge 1909 / (V. imitator et V. montivagus), l’espèce se distingue sans ambiguïté par la
V. tuberculifrons Kuw., det. Fonseca (NHML 1 ex). taille nettement moindre (inférieure d’au moins 2-3 mm) et par l’habitus
moins robuste. De plus, V. montivagus a une puissante épine médiane sur
les méso- et métatibias et ses calus huméraux ont une touffe de soies assez
6. Veturius (Veturius) perecasi n. sp. regroupées.
(fig. 158-159, 262, 349-355 – 909, 920-921) Parmi les autres taxons qui sont géographiquement limitrophes ou
sympatriques, V. (Publius) rugifrons est très ressemblant. Les deux espèces
Matériel type – 14 ex. Holotype O : COLOMBIE, CUNDI- ont la même taille. V. perecasi s’en distingue cependant par les caractères non
ambigus suivants : apex mandibulaires trifides ; fossettes margino-pronotales
NAMARCA : Santa Fé de Bogota / Apollinaire (MNHN). – nettement plus larges et plus profondes ; aires mates du mésosternum plus
Paratypes : id. HT (MNHN O) ; Colombie, env. Bogota larges et plus étendues ; fossettes métasternales plus larges et davantage
[> 2 000 m] , Apollinaire, Héribaud 1910 (MNHN O) ; Columb., pubescentes ; aires infra-apicales des méso- et métafémurs sétigères ; spolons
Bogota (SMTD O) ; Colombia, Muzo [> 2 000 m], VII.1930 / supérieurs des méso- et métatibias longs et courbes, presque crochus.
06151 / Publius oberthuri Hincks, det. Pereira 1947 (MZSP Polymorphisme. Les quelques spécimens connus ont surtout trois caractères
1 ex) ; Colombia, Pensilvania [> 1 500 m] 1905 (MZSP O) ; variables : les fossettes latéro-frontales (développement du bourrelet marginal
Colombia, Cundinamarca, Laguna Pedro Palo, Mpio Tena, antérieur et profondeur) et la réduction alaire.
2 000 m, E. Scler. XI.1970 (IMEX 1 ex) ; id., G. Amat García Répartition géographique, distribution dans l’aire.
III-X-XII.1990 (IMEX 3PO) ; id., D. Muñoz X.1990 (IMEX Espèce endémique de la forêt mésophile de montagne
1 ex) ; Colombia, Cundinamarca, Granja del Padre Luna [?],
(environ 2000-2 500 m d’altitude) du centre de la
XII.1972 (IMEX O) ; Columbien, Hellmich II-V.1937 / San
Pablo [1 800 m, près Facatativá] / Publius crassus (Smith), det.
Cordillère Orientale colombienne (fig. 909). Les captures
W.D. Hincks (ZSSM O). sont toutes localisées entre la vallée de Bogotá et le versant
occidental de la cordillère (région de mosaïque forêts-
Caractères diagnostiques. Hémibrachyptère. Habitus trapu. savanes).
Taille petite à moyenne. Longueur totale : 31-37 mm ; largeur maximale :
11-13,5 mm aux élytres. Affinités chorologiques. Espèce apparemment sympatrique
Tête (fig. 349). Tubercule central conico-pyramidal incliné à 25°, court avec V. caquetaensis, mais allopatrique avec V. imitator et
ou peu élevé, l’apex obtus à droit et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs
et tentoriaux peu marqués à effacés. Rides frontales postérieures peu marquées, V. montivagus. Parmi les autres taxons, V. (Publius) crassus,
très émoussées. Angle des rides frontales plus ou moins concave à la base du V. rugifrons, V. concretus et V. (Veturius) platyrhinus sont
tubercule central, puis mamelonné ou plan au milieu. Aire médio-frontale sympatriques.
très lisse. Clypéus assez large, quelque peu bombé et proéminent. Fossettes
latéro-frontales larges, arrondies, peu à bien profondes et bien rebordées, Remarques taxinomiques et historiques. V. perecasi
surtout vers les angles antéro-externes. Canthus oculaires plus ou moins
subparallèles jusqu’à l’apex antérieur droit à peu arrondi et dépassant n’a sans doute jamais été confondu dans la littérature et
légèrement l’œil. Yeux petits, légèrement globuleux. Fossettes post-oculaires dans les collections. Le spécimen identifié « Publius ober-

407
Stéphane Boucher

thuri » par Pereira (MZSP) n’est pas à l’origine de la cita- Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. caquetaensis.
tion du véritable V. oberthuri par VULCANO & PEREIRA Derivatio nominis. De l’habitus très ressemblant aux Publius.
(1967). Quant à l’identification «Publius crassus», de Hincks
Caractères clés. Comme V. caquetaensis, sauf les caractères suivants : taille
(ZSSM), elle confirme l’erreur de cet auteur concernant le moyenne à grande ; ailes réduites ; habitus trapu et massif ; tubercule central
polymorphisme général des Passalidae (HINCKS 1934). assez élevé, dirigé en avant à 45°.
Les premiers spécimens sont dus au missionnaire Affinités morphologiques. Comparé aux deux autres espèces à ailes réduites
Apollinaire-Marie, bien connu pour la grande quantité de son groupe, V. imitator se distingue aisément de V. perecasi par la taille
nettement supérieure et par l’habitus plus massif, plus robuste, et de
d’Insectes qu’il rapporta des environs de Bogotá, au début V. montivagus par les méso- et métatibias inermes et par les calus huméraux
du XXe siècle (1). Il est probable que tous les spécimens glabres.
anciens de l’espèce soient de lui, sinon de son confrère L’habitus et l’architecture dorso-céphalique rapprochent beaucoup l’espèce
Héribaud (MNHN, SMTD, MZSP). Le spécimen du des Publius de tailles comparables. Toutefois, les fossettes margino-pronotales
larges et profondes, ainsi que les soies infra-apicales sur les méso- et métafémurs,
ZSSM est dû à HELLMICH (1940), qui a donné des préci- sont des caractères absents chez tous les Publius. De plus, la ponctuation
sions sur le biotope forestier d’origine, caractéristique de élytrale marquée, assez bien visible, est absente chez les grands Publius de la
la région de Bogotá. moitié nord de la Cordillère Orientale colombienne (P. crassus, P. concretus,
P. dupuisi et P. tectus). P. impressus, endémique de la Sierra Nevada Santa Marta,
est le seul Publius qui a la ponctuation élytrale forte, plus nette et plus profonde
7. Veturius (Veturius) imitator n. sp. encore que V. imitator. P. impressus et V. imitator sont allopatriques.
(fig. 104, 263, 356-363 – 909, 920-921) Polymorphisme. Les spécimens du MNHN sont très similaires et proviennent
sans doute d’un même groupe familial. Les autres spécimens sont un petit
Matériel type. 10 ex. Holotype P : COLOMBIE, NORTE DE peu plus massifs. Aucune autre variabilité n’est appréciable.
SANTANDER : Ocaña [> 1 500 m], Landolt 1875 / ex Musaeo Répartition géographique, distribution dans l’aire.
E. Steinheil (MNHN). – Paratypes : id. / Publius impressus Espèce endémique de la forêt mésophile de montagne du
Hincks, det. Reyes-Castillo 1977 (MNHN 4P2O) ; Colombia,
nord de la Cordillère Orientale colombienne, probable-
Mesa Rica, Norte de Santander, 2 500 m, J. & B. Bechyné V.1965
(IZAM 2P). – SANTANDER : Santander, Rionegro [N.
ment au-delà de 2000-2 500 m d’altitude (fig. 909). Elle
Bucaramanga, > 1 000 m], Lmm [?] VII.1935 (MUHD O). semble toutefois assez répandue, puisqu’elle est réperto-
riée des régions d’Ocaña et de Bucaramanga, entre les
Caractères diagnostiques. Hémibrachyptère. Habitus trapu et massif. Cordillères de La Paz et de Los Cobardes (plus de 100 km
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 39-41,5 mm ; largeur
maximale : 14-15 mm aux élytres. séparent les deux points-cartes).
Tête (fig. 356). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 45°, assez
élevé, l’apex presque aigu et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs peu à
Affinités chorologiques. V. imitator est sympatrique avec
bien marqués, courbes et dirigés en avant. Rides frontales postérieures peu V. (Veturius) standfussi (grpe « platyrhinus »), qui est aussi
à bien marquées, divergent en angle très aigu à la base du tubercule central. le seul V. (Veturius) connu avec certitude de haute altitude
Tubercules internes très marqués, prolongeant ou non les rides frontales dans le Santander et le Norte de Santander.
postérieures. Angle des rides frontales plus ou moins concave à la base du
tubercule central, puis mamelonné au milieu. Clypéus assez large, le bord Remarques taxinomiques et historiques. La non-appar-
antérieur légèrement concave ou convexe, incisé au milieu, les angles antérieurs
droits, non proéminents et visibles en vue dorsale de l’Insecte. Fossettes tenance de V. imitator au sous-genre Publius est solidement
frontales larges, arrondies, peu à bien profondes et rebordées. Canthus soutenue par la présence des soies infra-fémorales et par le
oculaires longs, plus ou moins subparallèles jusqu’à l’apex antérieur droit à développement important des fossettes margino-prono-
arrondi et dépassant l’œil. Yeux petits, non globuleux. Fossettes post-oculaires
larges, complètes, profondes, glabres ou presque. Disque du mentum large, tales. Pour le reste, il est vrai que la ressemblance est très
peu convexe et glabre. Massues antennaires plutôt allongées. forte avec Publius. Reyes-Castillo a fait cette confusion sur
Pronotum (fig. 357). Bord antérieur bilobé. Sillon marginal antérieur des spécimens du MNHN, mais il a aussi rapproché l’es-
large, peu rétréci en bordure des fossettes latérales qui sont larges, profondes pèce de P. impressus ; malgré tout à juste titre car impressus
et ponctuées assez fortement et plus ou moins partout.
Mésosternum (fig. 358) à tégument mat couvrant largement à très est homoplasique de imitator, pour certains caractères,
largement les côtés antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs brillant à satiné. comme ne l’est aucun autre Publius.
Métasternum (fig. 359). Aires latéro-antérieures finement ponctuées et Landolt, le premier, aurait pris V. imitator en 1875,
sétigères, les soies longues et assez denses. Fossettes peu profondes mais bien puis l’aurait remis à E. Steinheil. Il semble en effet que ce
marquées, peu élargies en arrière et sétigères comme précédemment.
Spolons supérieurs des méso- et métatibias bien recourbés vers l’apex dernier n’a pas atteint le nord de la Cordillère Orientale
(fig. 362). durant son expédition de 1872 (STEINHEIL 1877). Par la
Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a quelques courtes soies espacées suite, l’espèce a été reprise en 1935 par un récolteur inconnu
(fig. 360). Ponctuation fine et régulière, distincte presque partout (fig. 361). (MUHD). Hincks a acquis ce spécimen, qu’il a confondu
Profil antérieur incliné. Ailes réduites.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué entièrement ou sur avec Publius crassus. Les deux derniers spécimens ont été
les deux tiers de sa longueur apicale. pris en 1965 par J. et B. Bechyné.
Édéage (fig. 363). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe, élargi vers
l’apex. Ventral ; paramères et phallobase allongés et étroits, séparés par une
suture nette ; phallus indistinctement ponctué. Dorsal : paramères deux fois
plus courts que la phallobase ; paramères et phallobase limités à un étroit (1) Curieusement, Apollinaire-Marie n’est pas cité par PAPAVERO (1971), ni
liseré sclérotisé. surtout par MORET (1995).

408
Figures 349-365
Veturius (V.) groupe « caquetaensis », Colombie. – 349-355, V. perecasi n. sp. ; 356-363, V. imitator n. sp. ; 364-365, V. montivagus n. sp. – 349, 356, tête
(dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 350, palpe labial (ventral) ; 351, 357, pronotum (dorsal, latéral) ; 352, 358, mésosternum ;
353, 359, métasternum ; 360, 364, élytre gauche (latéro-dorsal) ; 354, 361, 365, stries disco-élytrales I-III ; 362, spolon supérieur mésotibial ; 355, 363,
édéage. – Échelles : 1 mm.

409
Stéphane Boucher

8. Veturius (Veturius) montivagus n. sp. clypéo-front, mais obliques, ce qui est surtout visible sur
(fig. 261, 364-365 – 909, 920-921) leur marge antérieure (car. 25).
En retrait de ces structures, le tubercule central est en
Holotype O : COLOMBIE, CUNDINAMARCA ? : Colombia, revanche étiré vers l’arrière, si bien que sa marge posté-
F. Ovalle, Q., Ac. 33501 / Publius crassus (Sm.), det. Pereira 1958 rieure est tronquée (car. 36). Toutefois, cet état est peut-
(AMNH).
être partagé avec le groupe « platyrhinus » et convergent
Caractères diagnostiques. Brachyptère. Habitus trapu, massif, indifférencié avec des espèces du groupe « transversus ». Les autres syna-
de V. imitator.
pomorphies sont : fossettes infra-mandibulaires grandes
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 39,5 mm ; largeur maximale :
14 mm aux élytres. (car. 5, dont une convergence est notée chez V. platyrhi-
Tête (fig. 356). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 45° mais nus) ; processus hypostomaux à apex plus ou moins crochu
peu élevé, l’apex presque aigu et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs peu (car. 14) ; sillon post-occipital bien marqué sur les côtés,
marqués, droits et longs, perpendiculaires à l’axe du corps. Clypéus assez
large, le bord antérieur droit, non incisé au milieu. Fossettes frontales larges,
mais effacé au milieu (car. 38) ; fossettes post-oculaires
arrondies, profondes et rebordées. Disque du mentum plutôt étroit, bombé, étroites (car. 21) ; arêtes génales hautes (car. 22) ; fossettes
avec quelques ponctuations sétigères éparses. procoxales profondes (car. 65), mais étroites (car. 66) ;
Élytres glabres, sauf le bord antérieur, qui a quelques courtes soies espacées, profémurs élargis (car. 67) ; épines méso- et métatibiales
et les calus, qui ont une touffe de soies éparses (fig. 364). Ponctuation fine
et régulière, peu distincte sur le disque, distincte sur les côtés (fig. 365). développées (car. 75) ; latérotergites IX de forme quadran-
Pattes. Mésotibias armés d’une à deux très forte(s) épine(s) médiane(s) ; gulaire (car. 84). L’état synapomorphe des microtuber-
arêtes supérieures nettement convexes sur leur quart médian ; fourches apicales cules ventraux des palpes labiaux (car. 9) est plus délicat
un peu élargies. Métatibias id., mais chacun avec deux épines médianes bien
séparées, les proximales plus fines et plus courtes que les distales, et l’arête
à soutenir sans de plus amples observations. On retrouve
supérieure nulle. parfois cet état, en effet, chez des espèces du groupe voisin
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de « platyrhinus ».
V. imitator.
Derivatio nominis. De l’habitat montagnard (en l’absence d’autre Les relations phylogénétiques entre les groupes « sinua-
précision). tocollis » et « platyrhinus » sont marquées : habitus, archi-
Caractères clés. Comme V. caquetaensis, sauf : taille moyenne à grande ; tecture médio-post-frontale, mandibules puissantes et
brachyptère ; habitus trapu, massif ; tubercule central assez élevé, dirigé en trifides, fossettes margino-pronotales développées, côtés
avant à 45° ; méso- et métatibias épineux ; calus huméraux sétigères.
du pronotum bisinués, mésosternum glabre. Dans une
Affinités morphologiques. Espèce fort peu différenciée de V. imitator, mais moindre mesure, les stries élytrales, faibles et nettement
dont elle se sépare aisément par la forte épine médiane sur les méso- et
métatibias. Le tubercule central est aussi moins développé, le tégument infra- rougeâtres, sont sans doute des caractères partagés.
fémoral et infra-tibial mat, les calus huméraux moins arrondis et couverts Le rapprochement des espèces décrites n’a pas fait l’ob-
de soies regroupées en touffe, et la ponctuation élytrale plus fine. Pour le jet d’une attention particulière des auteurs. HINCKS (1934)
reste, on se reportera à V. imitator afin de distinguer l’espèce de tout autre
brachyptère comparable du sous-genre Publius.
et LUEDERWALDT (1941) ont toutefois considéré V. sinua-
tocollis et V. sinuatomarginatus comme très voisins, de même
Répartition géographique, distribution dans l’aire. En que BOUCHER (1988b) concernant V. marilucae et V. sinua-
dépit de diverses recherches, grâce notamment à l’obli- tocollis. V. tuberculifrons, en revanche, a souffert d’une
geance de L. Herman (AMNH), aucune donnée n’a été confusion dans ses relations, du fait de ses différences
trouvée concernant F. Ovalle, le probable récolteur de morphologiques plus nettes et suite à des erreurs d’iden-
l’unique spécimen. On peut cependant, mais avec tifications et de localisations importantes ; de ce fait, il a
prudence, prendre comme références les autres espèces surtout été rapproché, depuis A RROW (1907), de V.
attribuables à F. Ovalle (V. caquetaensis, V. (Publius) cras- (Ouayana) cirratus.
sus et V. concretus) qui sont étiquetés à l’identique. De la
sorte, V. montivagus serait localisé dans le centre-nord de La répartition géographique du groupe est bipolarisée
la Cordillère Orientale (Cundinamarca ?). Aucune sym- entre le nord-est de l’Isthme de Tehuantepec et l’Amérique
ou parapatrie ne pourrait être avancée, sauf sans doute avec Centrale d’une part, et les Andes occidentales de Colombie-
V. (Veturius) standfussi (grpe « platyrhinus »), qui est répandu Equateur d’autre part (fig. 925). Les altitudes s’échelon-
sur des versants élevés de cette partie des Andes. nent de 0 à 2 000 m.
Toutes les espèces semblent originaires de Méso-
Amérique. La proximité géographique du groupe « platy-
Groupe « sinuatocollis »
rhinus », surtout localisé dans les Andes et qui est aussi le
Caractères généraux. Le monophylétisme de ce groupe plus voisin dans la phylogénie, suggère une vicariance de
de cinq espèces est soutenu par treize synapomorphies. La leurs ancêtres de part et d’autre de Panama. Le groupe
plus visible est liée au clypéo-front ; celui-ci est fortement « sinuatocollis » est aujourd’hui sympatrique, dans la partie
étiré en avant, ce qui le rend plus proéminent et plus aminci sud de son aire (Andes du Nord), avec le groupe « platy-
que chez tout autre Veturius. Les fossettes latéro-frontales, rhinus », dans la partie nord de son aire (Amérique
entraînées dans ce mouvement, ne sont plus parallèles au Centrale ; fig. 925).

410
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Clé des espèces Veturius sinuatosulcatus Gravely : HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.) ;
DOESBURG 1942 : 330 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.) ;
1. Sillon apical du sternite VII absent (fig. 380) . . . . . . . . . 2. MAES 1987 : 19 (catal.).
– Sillon apical du sternite VII présent (fig. 395, 405) . . . . 3. Veturius sinuatosulcatus Gravely (syn. incertae sedis) : BOUCHER 1988b : 301.
2. Sillon margino-pronotal antérieur très élargi et très long
(fig. 372). Longueur totale > 33 mm. [Du massif du Matériels types
Chiapas jusqu’aux Andes d’Equateur] . . . . . . . . . . . . . . . . . V. sinuatocollis Kuwert. Espèce décrite sur n exemplaire(s)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) sinuatocollis Kuwert du Costa Rica (sans autre précision). – Lectotype P (dés.
– Sillon margino-pronotal antérieur normalement déve- BOUCHER 1988b) : COSTA RICA « sinuatocollis Kuw., Costa
loppé (fig. 382). Longueur totale < 33 mm [Costa Rica Rica [dét. Kuwert] / Ex Musaeo A. Kuwert1894 ». - Longueur
(sans précision)] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . totale : 36 mm (MNHN).
. . . . . . . . V. (Veturius) sinuatomarginatus Luederwaldt
3. Sillon apical du sternite VII court et peu marqué (fig. 395). V. sinuatocollis var. aculeatus Luederwaldt. « Variété »
Ponctuation élytrale fine mais distincte presque partout décrite sur trois exemplaires du Costa Rica (sans autre précision).
(fig. 392-393). Canthus oculaires larges, l’apex quadra- Un seul a pu être examiné, qui provient en réalité du Panama.
tique (fig. 388). [Veracruz, Sierra de los Tuxtlas] . . . . . . . . . Cet exemplaire n’offre aucune différence notable avec l’espèce
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) marilucae Boucher nominale (y compris le tubercule central presque épineux, d’où
– Sillon apical du sternite VII long et bien marqué (fig. 405). le nom de l’espèce) et a été mis en synonymie par BOUCHER
Ponctuation élytrale effacée et indistincte presque partout (1988b). Lectotype (sexe indét., dés. l.c.) : PANAMA (sans autre
(fig. 375). Canthus oculaires étroits, l’apex arrondi précision) : « 23008 / Panama / Veturius sinuatocollis Kuw. forma
(fig. 397, 403) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. « a » [dét. Luederwaldt] / Veturius sinuatocollis Kuw., Luederwaldt
4. Calus huméraux glabres ou avec quelques soies éparses. det. 28 / Cotipo ». Longueur totale : 42 mm (MZSP).
Bords latéro-antérieurs du pronotum assez fortement abais-
sés (fig. 404). Longueur totale : 29-34 mm. [Du sud du V. sinuatosulcatus Gravely. Espèce décrite sur un exem-
massif du Chiapas (?) jusqu’à l’Isthme de Panama] . . . . . . . plaire de 40 mm de « Chaco » (sans autre précision). Il doit être
. . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) tuberculifrons Kuwert préservé au Zoological Survey, Calcutta (ANONYME 1922) et ne
– Calus huméraux avec des soies réunies en touffe. Bords m’a pas été communiqué.
latéro-antérieurs du pronotum non ou peu abaissés Considéré douteux par HINCKS (1934), puis validé dans les
(fig. 399). Longueur totale : 33-39 mm. [Costa Rica – catalogues (HINCKS & DIBB 1935, REYES-CASTILLO 1970), ce
Panama, Cordillère de Talamanca] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . taxon a fait l’objet d’une discussion critique préliminaire
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) schusteri n. sp. (BOUCHER 1988b). Le présent travail permet d’établir la syno-
nymie.
GRAVELY (1918) indique le caractère clé suivant pour sépa-
9. Veturius (Veturius) sinuatocollis Kuwert 1890 rer son espèce : « At the sides [pronotum] the groove is broad behind
(fig. 151-153, 256, 366-381 – 912, 920-921) as well as in front, not narrow behind as in V. sinuatocollis ». Ceci
Veturius platyrhinus Hope : BATES 1886 : 22 (partim tuberculifrons sensu ne distingue pourtant pas le spécimen figuré de l’espèce de
Kuwert, aquilonalis). Kuwert. Parmi les autres caractères décrits par Gravely, le bord
Veturius sinuatocollis : KUWERT 1890 : 99. antéro-pronotal correspond tout à fait à V. sinuatocollis ; or, aucun
Passalus sp. ? : BATES 1891 : 35. autre Veturius n’est comparable sur ce point. De plus, Gravely
Veturius Sinuatocollis Kuwert : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 171 ; PANGELLA
n’ayant pas introduit V. sinuatocollis dans sa clé d’identification,
1905a : 5 ; ARROW 1907 : 444 ; GRAVELY 1918 : 35 ; HINCKS 1934 :
152 (partim sinuatomarginatus sensu Luederwaldt) ; LUEDERWALDT on peut supposer qu’il ne connaissait des exemplaires que par
1934 : 373 ; HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.) ; ALFARO 1935 : 296 ; son synonyme.
LUEDERWALDT 1941 : 85 ; HINCKS & DIBB 1958 : 11 (catal.) ; REYES- Un autre problème était la localité type « Chaco », interpré-
CASTILLO 1970 : 165 (catal.). tée « Chaco, Bolivia » par HINCKS & DIBB (1935), sans doute
Veturius sp. : REYES-CASTILLO 1985 : 298.
Veturius sinuatocollis Kuwert : MAES 1987 : 19 (catal.) ; BOUCHER 1987 :
aussi par HINCKS (1933, 1934), mais de façon implicite. Cette
374 ; 1988 : 299 ; R EYES -C ASTILLO & C ASTILLO 1992 : 368 & localité a été reprise comme telle par les auteurs. Sachant à présent
fig. 24.30 ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80 ; AMAT GARCÍA que V. sinuatocollis est absent, dans les Andes, au sud de la
& REYES-CASTILLO 2002 : 142 (catal.) ; REYES-CASTILLO & AMAT Dépression du Nord-Pérou, la localité de Bolivie est erronée. Il
GARCÍA 2003 : 47 ; REYES-CASTILLO 2003 : 167 ; SCHUSTER, CANO est évident qu’il s’agit en réalité du Chocó colombien, où l’es-
& BOUCHER 2005 : 118.
pèce est présente. On en conclut la rectification suivante.
Syn. : V. sinuatocollis aculeatus Luederwaldt 1941 Holotype (sexe indét.) : COLOMBIE, CHOCÓ : Chocó.
Veturius sinuatocollis var. aculeatus : LUEDERWALDT 1941 : 85 & fig. 7 ;
HINCKS & DIBB 1958 : 11 (catal.).
Description. Macroptère. Habitus allongé, assez massif. Coloration noire
Veturius sinuatocollis var. aculeatus Luederwaldt (syn.) : B OUCHER
brillant dessus et dessous.
1988b : 300.
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 33-46 mm ; largeur
Syn. : V. sinuatosulcatus Gravely 1918 n. syn. maximale : 12-17 mm aux élytres.
Veturius sinuatosulcatus Gravely : GRAVELY 1918 : 35 & pl. V, fig. 3, 5 ; Tête (fig. 366). Structure médio-post-frontale conique, étirée et tronquée
HINCKS 1933b : 176. en arrière. Tubercule central presque vertical, élevé, l’apex pointu plus ou
Veturius sinuatosulcatus Grav. (syn. sinuatocollis Kuw. incertae sedis) : HINCKS moins effilé. Tubercules latéro-postérieurs peu à bien marqués, émoussés,
1934 : 152 ; partim sinuatomarginatus sensu Luederwaldt). obliqués en avant et n’atteignant pas le sillon post-frontal. Tubercules

411
Stéphane Boucher

tentoriaux effacés ou presque. Rides frontales postérieures peu marquées, post-oculaires plus ou moins larges, complètes, en partie sétigères. Aire post-
d’abord parallèles depuis l’apex du tubercule central, puis divergent frontale délimitée par un sillon latéral uniquement. Ligule à apex antérieur
brusquement en angle légèrement obtus et atteignant ou non les tubercules simple, long et affilé ; aire médio-postérieure large, non tuberculée sur les
internes. Tubercules internes petits à très petits. Angle des rides frontales côtés. Disque du mentum convexe et étroit, plus ou moins parsemé de
légèrement concave à la base du tubercule central, puis mamelonné ou plan ponctuations sétigères (fig. 370) ; ailes couvertes de soies, presque élargies
en avant. Aire médio-frontale plane et très lisse. Clypéus proéminent, bombé en avant, les bords externes droits, les fossettes profondes. Processus
mais mince ; bord antérieur droit ou presque, peu incisé au milieu ; angles hypostomaux allongés (fig. 371), à peine à bien incisé au milieu, l’apex cornu
antérieurs obtus et incurvés, visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales ou presque. Article II et III des palpes labiaux assez longs et bien élargis vers
obliquées, larges et profondes, mais le fond et les angles très arrondis, le bord l’apex (fig. 369), microtuberculés, le II près d’une fois et demie plus long
antérieur convexe et proéminent. Aires latéro-post-frontales larges, profondes, que le III. Labre à côtés arrondis et bord antérieur concave à convexe.
très lisses. Arêtes supra-oculaires tuberculées à épineuses (fig. 368). Angles Mandibules puissantes, bien cintrées ; apex bi- ou trifides, les dents inférieures
antérieurs de la tête très obtus et plus ou moins émoussés. Canthus oculaires peu développées ; dents dorsales courtes et hautes, incurvées vers l’intérieur ;
rétrécis au milieu, puis s’élargissant assez nettement jusqu’à l’apex antérieur apex vertical et pointu à épineux (fig. 367). Massues antennaires à articles
aigu à droit, proéminent et dépassant l’œil. Yeux grands, globuleux. Fossettes d’inégales longueurs, le X plus convexe que les autres.

Figures 366-381
Veturius (V.) groupe « sinuatocollis », V. sinuatocollis Kuwert, Mexique – Equateur. – 366, tête (dorsal), tubercule central (profil, polymorphe), apex mandibulaire
(latéro-dorsal, polymorphe) ; 367, mandibule (profil externe) ; 368, arête supra-oculaire (profil, polymorphe) ; 369, palpe labial (ventral, polymorphe) ; 370,
mentum ; 371, processus hypostomal (polymorphe) ; 372, pronotum (dorsal, latéral) ; 373, mésosternum ; 374-375, stries disco et latéro-élytrales I-III ; 376,
fossette procoxale ; 377, protibia (dorsal) ; 378, mésotibia (latéral) ; 379, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-II) ; 380,
urite VII (ventral) ; 381, édéage. – Échelles : 1 mm.

412
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Pronotum transverse (fig. 372). Bord antérieur bilobé à presque droit. moins sétigère ; pubescence antérieure du métasternum étendue ou limitée
Angles antérieurs arrondis et plus ou moins abaissés. Côtés fortement concaves au pourtour des coxae.
sur la première moitié de leur longueur. Sillon marginal bien élargi et lisse Un autre caractère qui mérite attention est l’apex mandibulaire.
sur les angles antérieurs, puis très élargi et atteignant sur le bord antérieur V. sinuatocollis est le seul Veturius qui a l’apex trifide (>90% des cas) ou bifide.
presque la largeur du pronotum (d’où le nom donné à l’espèce) ; fossettes Cette différence est très visible chez les immatures. Les populations à apex
médianes très larges, profondes, lisses ou avec quelques ponctuations éparses bifide sont surtout localisées sur le versant occidental des Andes colombiennes;
rondes à transverses. Pubescence des pré-épisternes longue et dense, visible ailleurs, des populations isolées existent au Costa Rica et au Panama. La
en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères pubescents partout. variabilité est donc ponctuelle. Dans le Chocó colombien, le caractère bifide
Mésosternum glabre (fig. 373) ; tégument mat couvrant largement les est souvent associé à une longueur totale des spécimens assez petite, à un
côtés antérieurs et au moins la partie antérieure de la ligne axiale ; ailleurs habitus presque gracile, ainsi qu’à des arêtes supra-oculaires épineuses. Ceci
lisse et brillant. confère aux individus un aspect distinct de la forme type, plus robuste.
Métasternum comme V. schusteri (fig. 400) ; aires latéro-antérieures En dépit de ces variations, les caractères clés sont stables. Seules quelques
largement ponctuées et sétigères, les soies longues et assez denses ; aires latéro- très rares aberrations pourraient les rendre caduques (voir V. sinuato-
médianes glabres et lisses ; fossettes bien élargies en arrière et assez profondes, marginatus).
ponctuées et sétigères comme précédemment.
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec quelques soies éparses.
Stries rougeâtres, peu profondes ; ponctuation indistincte partout, surtout Répartition géographique. Espèce largement répandue,
sur le disque (fig. 374-375). Profil antérieur vertical. depuis le nord-ouest du Chiapas (Mexique) jusqu’au tiers
Pattes. Fossettes procoxales (fig. 376) assez étroites, presque planes, sud de l’Equateur, longeant ou empruntant ainsi, en
couvertes de soies, le bourrelet margino-antérieur très épais. Protibias (fig. 377)
armés de 2-4 épines acérées, plus la fourche apicale. Mésotibias (fig. 378) Amérique du Sud, les Andes occidentales (fig. 912).
armés d’une épine médiane ou post-médiane forte ou presque; arête supérieure L’absence de l’espèce semble établie au nord de l’Isthme
peu convexe sur presque la moitié de sa longueur médiane ; pubescence longue
et assez dense ; fourches apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins,
de Tehuantepec, au sud de la Dépression du Nord-Pérou
courts et droits ou presque (fig. 379). Métatibias id., mais les soies moins et à l’est du versant oriental de la Cordillère Centrale colom-
nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères fins, les V allongés. bienne.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII absent (fig. 380).
Édéage (fig. 381). Longueur : 2,8 mm. Habitus allongé, ogival. Paramères
Elle est inconnue du Guatemala, de El Salvador et au
et phallobase séparés par une suture distincte. Ventral : bord postérieur de Mexique des trois quarts sud du Chiapas. Sa découverte
la phallobase concave ; phallus largement ponctué. Dorsal : sclérotisation du récente au Honduras (Olancho, UVGC) et dans le nord
tegmen limitée à un fin liseré marginal. du Nicaragua (Zelaya : cordillère Isabella, SEAL), comble
Caryotype mâle : 13II + neo XY donné par VIRKKI & REYES-CASTILLO
(1972) sur des spécimens de El Salvador (Cacahuatique) identifiés en partie le hiatus entre le Mexique et le sud du Nicaragua
« V. transversus ». (Chontales, Managua). L’absence de donnée de la majeure
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez partie du Nucléaire Méso-Américain (malgré de
aucun autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; structure médio-post- nombreuses recherches, surtout celles de Schuster au
frontale étirée et tronquée en arrière ; tubercule central presque vertical, élevé, Guatemala) reste inexpliquée.
l’apex pointu plus ou moins effilé ; pronotum à sillon margino-antérieur très
élargi et très long, et à fossettes latérales très larges, profondes, lisses ou avec Au sud de la dépression du Nicaragua, l’espèce devient
quelques ponctuations ; mésosternum glabre ; élytres à calus huméraux glabres abondante au Costa Rica, sur les versants et de part et
et ponctuation des stries discales partout indistincte ; méso- et métatibias
épineux ; sillon marginal du sternite VII nul.
d’autre des Sierras de Tilarán et de Talamanca (Alajuela,
Guanacaste, Heredia, Cártago, San José, Puntarenas,
Affinités morphologiques. Espèce très proche de V. sinuatomarginatus,
avec lequel il peut être facilement confondu. L’absence du sillon apical sur Limón) et au Panama (Chiriquí, Bocas del Toro, Veraguas,
le sternite VII chez les deux espèces suffit pour éviter toute confusion avec Coclé, Colón, San Blas, Darien).
d’autres espèces du groupe. V. marilucae, aussi très voisin de V. sinuatocollis, Elle est peu connue de Colombie, mais elle est assuré-
dispose d’un tel sillon, même s’il est parfois très réduit (de plus, les deux
espèces sont allopatriques). ment présente sur toute la marge occidentale des Andes
On distinguera V. sinuatocollis de V. sinuatomarginatus surtout par les (Chocó, Antioquia, Risaralda, Valle del Cauca et île
caractères suivants : taille moyenne supérieure ; habitus plus massif ; ailes du Gorgona). À l’intérieur des Andes, sa localisation près de
mentum davantage ponctuées et presque élargies en avant ; aires mates latéro-
antérieures du mésosternum longues et assez larges ; bord antérieur des élytres Medellín (Antioquia, FMNH) mérite d’être confirmée car
vertical ; sillon pronotal margino-antérieur très élargi et atteignant presque elle est unique et ancienne. En Equateur, l’espèce est égale-
la largeur du sclérite. Pour le reste, les deux taxons sont peu dissemblables. ment peu connue, mais elle est largement répandue sur la
Chez V. sinuatocollis, la structure médio-post-frontale plus développée,
notamment le tubercule central plus long, souvent pointu, les arêtes
marge Pacifique (Esmeraldas, Pichincha, Cotopaxi, Cañar)
supérieures des mésotibias moins hautes, la pubescence générale du corps et et sur le piémont oriental (Napo, Tungurahua).
des pattes plus abondante, sont des caractères distincts de V. sinuatomarginatus,
mais peu probants, étant donné leur polymorphisme plus ou moins marqué. Distribution dans l’aire. V. sinuatocollis a une forte ampli-
Polymorphisme. La vaste répartition géographique et l’amplitude tude éco-altitudinale, unique dans son groupe, puisqu’on
écologique de l’espèce sont la cause de différences morphologiques notables le trouve de 0 à près de 2 000 m. Ceci explique sa vaste
entre les populations. Mais puisqu’on trouve aussi de telles différences entre répartition de part et d’autre de Panama. On remarque,
des groupes familiaux sympatriques, il n’y a pas de polytypisme en jeu. Les
principaux caractères variables sont : taille (plus de 7 mm) ; tubercule central en Amérique Centrale, que l’espèce est plus abondante à
plus ou moins élancé, pointu et large à la base (fig. 366) ; bord antérieur du partir de 800-1 000 m, ce qui semble être l’inverse en
clypéus droit à assez fortement convexe ; aires latéro-post-frontales très Amérique du Sud. Toutefois, la destruction très impor-
rarement avec 1-3 soie(s) ; apex des canthus oculaires très proéminent et
pointu à presque quadratique ; arêtes supra-oculaires nettement épineuses tante des forêts planitiaires en Amérique Centrale doit être
ou simplement mamelonnées (fig. 368) ; bord antérieur des élytres plus ou une cause de sa raréfaction dans cet étage.

413
Stéphane Boucher

Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec V. mari- du Costa Rica et du Panama (CAG, INBIO). En Amérique
lucae, mais partiellement sympatrique, dans ses plus hauts du Sud, la plus ancienne provenance est celle de Medellín,
étages, avec V. tuberculifrons, V. schusteri, sans doute aussi 1879 (récolteur inconnu, FMNH). L’espèce n’y a jamais
V. sinuatomarginatus dans le sud de l’Amérique Centrale (Costa été reprise, mais elle fut récemment découverte un peu
Rica – Panama). Parmi les autres Veturius et Arrox, sont sympa- plus au sud, dans le Risaralda.
triques dans le sud de l’Amérique Centrale A. agassizi,
V. (Veturius) aquilonalis, V. (Ouayana) ultimus, V. (Ouayana) Autre matériel examiné. Environ 315 ex.
laevior (hauts étages), V. (Veturius) aspina et V. (Ouayana) cirra- MEXIQUE, CHIAPAS : México, Chiapas, 18 km Ocozocuautla,
Malpaso, XII.1968 (IMEX 3 ex) ; id., V. Sanchez III.1975, montaña norte,
tus (bas étages) ; dans le centre et le nord de l’Amérique tronco, 800 m (IMEX 5 ex) ; México, Chiapas, Amatán [> 500 m], IV.1982,
Centrale, A. agassizi ; dans les Andes, V. (Veturius) standfussi, bajo cenizas Volcan Chichonal, R. Muñiz IV.1982 / V. sinuatocollis Kuwert,
V. guntheri, V. yahua, V. caquetaensis (hauts étages), det. Reyes-Castillo 1988 (IMEX 1 ex).
V. (Ouayana) cirratus et V. (Ouayana) galeatus (bas étages). HONDURAS, OLANCHO : Honduras, Parq. Nac. La Muralla,
Olancho [> 500 m], R. Turnbow V. 1995 (UVGC 1 ex).
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce pour- NICARAGUA, MANAGUA : Nicaragua, Managua, Masaya [volcan,
> 500 m] (MNHB 1 ex). – CHONTALES : Nicaragua, Chontales [cordillère,
tant bien caractérisée a fait l’objet de quelques confusions > 500 m] / Ex. Mus. A. Boucard (MNHN 1 ex) ; Chontales, Janson /
notables. Comme l’ont indiqué ARROW (1907), puis H.W. Bates, Biol. Centr. Amer. / Veturius sp. cerca sinuatocollis Kuw., det.
BOUCHER (1988b), elle fut d’abord citée par BATES (1886), Reyes-Castillo 1975 (MNHN 1 ex) ; Nicaragua, Chontales / 4637 / Ex coll.
E.C. Horrell / V. sinuatosulcatus Gravely, det. Hincks (MUHD 1 ex) ;
sous le nom de « V. platyrhinus » et sur la base de spécimens Nicaragua, Chontales, Gold Mines, Bordery 1870 / V. sinuatocollis Kuw.,
du Nicaragua et du Panama pris par G.C. Champion et det. Arrow 1907 (UMHO 1 ex). – ZELAYA : Nica., Zelaya, Cerro
par E.W. Janson, vers 1880 (MNHN). BATES (1891) l’a La Albondiga, 1 000 m, J.M. Maes & B. Hernández IV.1999 (SEAL 8 ex) ;
Nica., Zelaya, Cerro Saslaya, 950 m, J.M. Maes & B. Hernández IV.1999
citée d’Equateur, versant Pacifique, comme « Passalus ? » (SEAL 2 ex).
(MNHN), sur un spécimen de l’expédition de WHYMPER COSTA RICA (sans autre précision) : Costa Rica / Coll. Thirot (IRSN
(1891). En revanche, la citation de MOREIRA (1922, 1925), 2 ex). – ALAJUELA : CR, Alajuela, Rio Sarapiqui, 6 km S San Miguel,
du Pará, correspond en réalité à V. (Ouayana) paraensis, et 800 m, black light, J. Brown, J. Powell VI.1988 (EMEC 1 ex) ; Costa Rica,
Alajuela, R. San Lorencito, R.F. San Ramón, 5 km N Colonia Palmareña,
celle de HINCKS (1934), du Costa Rica, à V. sinuatomar- 900 m, VI.1993 (INBIO 3 ex) ; Costa Rica, Alajuela, R.B. San Ramón,
ginatus (NHML). L’erreur de Moreira, ainsi que l’accep- 800 m, G. Carballo IX.1994 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Alajuela, Sector
tation, par les auteurs, de la localité type erronée du syno- San Ramón de Dos Dios, 620 m, F. A Quesada IV.V.IX.1995 (INBIO 4 ex) ;
nyme sinuatosulcatus, ont été la cause d’une confusion id., trampa de vasos, C. Cano IX.1995 (INBIO 1 ex) ; id., D. Briceño II.
VIII.1996 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Alajuela, San Cristobal, 600 m, F.A.
importante dans la répartition de l’espèce. Quesada X.1996, III.1998 (INBIO 4 ex) ; Costa Rica, Alajuela, Puesto
Par ailleurs, V. sinuatocollis a été cité dans la littérature de Quebradón, 300 m, G. Rodríguez XI.1997 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica,
Alajuela, P.N. J. Castro, Volcan Vieja, 1 620 m, J. Barbut V.2005 (MNHN*
diverses régions. La plupart des spécimens ont pu être 2 ex). – GUANACASTE : Costa Rica, Guanac., Estación Pitilla, S Santa
étudiés : – Mexique (IMEX) : Chiapas (REYES-CASTILLO Cecilia, 700 m, C. Moraga & P. Rios XII.1989 (IMEX 2 ex) ; id., S. Rojas
1985 [sp. non identifiée] ; BOUCHER 1988b). – Honduras : III-IV.1992 (INBIO 4 ex) ; id., E. Alfaro, C. Moraga I.1994, IV. XII.1995,
II.1996 (INBIO 8 ex) ; Costa Rica, Guanacaste, Rio Lorenzo, Tierras
La Muralla, Olancho (SCHUSTER et al. 2005). – Nicaragua Morenas, Z.P. Tenorio, 1 050 m, G. Rodríguez IX.1992 (INBIO 2 ex) ; Costa
(MUHD) : Chontales (HINCKS 1933b). – Costa Rica : Rica, Guanacaste, Finca Loaciga, 6 km Santa Cecilia, 500 m, C. Moraga
Guanacaste, La Palma, 1 600 m (PANGELLA 1905a, VIII.1995 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Guanae, Sta Maria [front. Nic.,
< 1 000 m] (AMNH 2 ex) ; Costa Rica, Miravalles [volcán], 829 m, IV.1931
LUEDERWALDT 1934a, ALFARO 1935), à partir de récoltes (AMNH 1 ex). – HEREDIA : Costa Rica, P. Biolley / Puerto Viejo [125 m],
de P. Biolley ou d’A. Alfaro (MNHN, NHML, MNHB, IV.1892 (MNHN 2 ex) ; Costa Rica, Heredia, Puerto Viejo, VIII.1965 /
AMNH, MSNG) ; Cártago (ALFARO 1935). – Panama G.W. Frankie, (IMEX 1 ex) ; Costa Rica, Puerto Viejo, G. Halffter X.1969 /
(IMEX) : Coclé (REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992). – 89 m (IMEX 5 ex) ; Costa Rica, Heredia, Vara Blanca, volcan Cacho Negro,
P. Reyes-Castillo, G. Halffter IX.1969 / 1 320 m, bosque tropical, tronco /
Colombie : Chocó (HINCKS 1933b [nec « Chaco »], AMAT Veturius sp. ?, det. Reyes-Castillo 1984 (IMEX 5 ex) ; Costa Rica, N Heredia,
GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996) ; Risaralda, Santa Estación El Ceibo, Braulio Carrillo, 400-600 m, R. Aguilar & M. Zumbado
Cecilia, et Valle del Cauca, Calima (CPL), Escalerete, Bajo (IMEX 1 ex) ; Costa Rica, Heredia, Est. Magsasay, P.N. Braulio Carrillo,
200 m, A. Fernandez X.1990 (INBIO 1 ex). – CÁRTAGO : Costa Rica,
Dagua (REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003). – Équa- P. Biolley / La Palma [Volcan Turrialba], 1 600 m (MNHN 2 ex) ; Costa
teur : sans précision (HINCKS 1934) ; ce dernier spécimen Rica, P. Biolley 1900-261 / La Palma, 1 000 m (NHML 3 ex) ; Costa Rica,
n’a pas été retrouvé, mais il s’agit sans doute de l’un de La Palma, 1 800 m, Alfaro IX.1931 / V. sinuatocollis Kuw., det. Pereira 1939
(MHNB 1 ex) ; Costa Rica, La Palma [> 1 000 m], V.1931 / V. sinuatocollis
ceux de l’expédition W.F. Rosenberg, 1896-1897, dans le aculeatus Lüed., det. Pereira 1958 (AMNH 5 ex) ; Costa Rica, La Palma,
nord-ouest de l’Equateur (plusieurs sont au MNHN). A. Alfaro (MSNG 1 ex) ; Costa Rica, El Guayabo, A. Alfaro / V. sinuatosulcatus
Les très rares récoltes au Mexique et au Honduras sont Grav. o sp. [det. ?] (MSNG 2 ex) ; Costa Rica, Guayabo [< 1 000 m], IV.1931
(AMNH 4 ex) ; Costa Rica, Cartago, I.I.A.C. Turrialba, VI.1965 / R.D.
récentes. À l’inverse, presque aucun spécimen récent du Sage (EMEC 1 ex) ; Costa Rica, Cartago, Tuís, 900 m, P.J. Landoldt VII.1989
Nicaragua n’est connu, alors que l’espèce a, en premier (FSCA 1 ex) ; Costa Rica, Cártago, Monumento Nac. Guayabo, Turrialba,
lieu, été prise dans ce pays (Bordery 1870, UMHO). 1 100 m, G. Fonseca VI. IX.1994 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Santa Cruz,
1 430 m, V.1931 / V. sinuatocollis Kuw, det. Pereira 1958 (AMNH 3 ex) ;
Aucune donnée n’a été trouvée sur ce naturaliste. L’espèce Costa Rica, Cart., Moravia de Chirripó [± 500 m], Brenes V.1990 (CDC
semble en revanche abondante dans les forêts préservées 2 ex) ; Costa Rica, Cart., Braulio Carrillo, vic. Guápiles [± 500 m], Brenes

414
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

III, V.1990 (CDC 2 ex) ; Costa Rica, Tierra Grande de Turrialba, Brenes VI.1996 (CVM 2 ex). – ÎLE GORGONA : Colombia, Gorgona Is. [<
III-IV.1990 (CDC 2 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica, P. Biolley 1902-79 / 500 m], St. George Exp., C.L. Collenette VII-X-XI.1924 / rotting tree trunk
San José, 1 161 m (NHML 1 ex) ; Costa Rica, San José, A. Alfaro (NHML and at light (NHML 1 ex).
3 ex) ; Costa Rica, San José, San Isidro del General, selva tropical, tronco, ÉQUATEUR, Occidente, ESMERALDAS : Pacific slopes, Ecuador,
1 330-1 400 m, G. Halffter, P. Reyes-Castillo IX.1969 (IMEX 12 ex) ; Costa 1 510 m., Ed. Whymper / ex Musaeo H.W. Bates 1892 (MNHN 1 ex) ;
Rica, San José, P.N. Braulio Carrillo, Est. Carrillo, 700 m, II.1993 (INBIO Cachabí, low. c. [< 1 000 m], Rosenberg XI.1896 (MNHN 4 ex) ; Ecuador,
1 ex) ; Costa Rica, San José, Est. Santa Elena, Send. La Fila, 1 300-1 600 m, Esmeraldas, 7 km NW. Lita, 620 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 11 ex). –
E. Alfaro VI.1997 (INBIO 2 ex). – PUNTARENAS : Costa Rica, Puntarenas, PICHINCHA : Equateur, Pichincha, Santo Domingo de los Colorados,
San Vito, 1 210 m / D.R. & M.L. Paulson IV.1967 (IMEX 1 ex) ; Costa G. Onore II.1982 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN*, 3 P 2 O) ; Ecuador,
Rica, Puntarenas, San Vito, Wilson Finca, 1 210 m., VII.1967 (IMEX 2 ex) ; Pichin, Puerto Quito [± 250 m], L. Huggert III.1983 (ZISL 1 ex) ; Equateur,
Costa Rica, 2 km S Pital, F.D. Parker IX.1988 (USUL 1 ex) ; Costa Rica, Pichincha, Puerto Quito, 750 m, G. Onore VII.1982 (MHNG 2 ex) ; id.,
Puntarenas, San Vito, J. Robertson V.1967, R.W. McDiarmid VIII.1967 P. Dávila, R. Fiallo XII.1983-XII.1985 (QCAZ 3 ex) ; Ecuador, Pichincha,
(LACM 3 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Agujas, Send. Zamia, 300 m, Pachijal, 600 m, L. Tiape I.1997 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha,
A. Azofeifa II.1997 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Pto Jiménez, Alluriquín [± 850 m] 1986 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, La Florida,
Alrededor Cerro Rincón, 700 m, B. Gamboa I.1998 (INBIO 1 ex). – 1 000 m, R. Narvaez VI.1981 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Rio Pilatón, Tandapi
LIMÓN : Costa Rica, Siquirres [< 500 m], Finca Florida, J. Krccek V.1979 [± 1 450 m], VIII.1954 / V. sinuatosulcatus Gravely, det. Pereira (MZSP 1 ex).
(Coll. V. Maly, Prague 1 ex) ; Costa Rica, Limón, Braulio Carrillo [< 500 m], – COTOPAXI : Ecuador, Cotopaxi, Guasaganda [< 1 000 m], L. Salazar
Berand IV.1992 / V. sinuatocollis Kuwert, det. Schuster (UVGC 1 ex) ; Costa XII.1994 (QCAZ 1ex). – CAÑAR : Equateur, Cañar, Jauin, 900 m, P. Arnaud
Rica, Limón, Est. Hitoy Cerere, Res. Biol. Hitoy Cerere, 100 m, R. Guzman, II.1990 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1ex); Ecuador, Cañar, Cochancay,
IV.1992 (INBIO 1 ex). La Troncal, 300 m, S. Attal & I.S. Aldas II.1995 (MNHN* 1 ex). – Oriente,
PANAMA, CHIRIQUÍ : Volcan de Chiriquí, 600-910 m, Champion / NAPO : Ecuador, Napo, Tarapoa [< 500 m], R. Ulloa XI.1983 (QCAZ
H.W. Bates, Biol. Centr. Amer. (MNHN 1 ex) ; V. de Chiriquí, Champion, 1 ex) ; id., G. Leon II.1992 (QCAZ 1 ex). – TUNGURAHUA : Équateur,
910-1 210 m (NHML 2 ex) ; Panama, Chiriqui / ex coll. Ph. Moretto 1999 Baños [± 1 800 m], I. Blanc 1895 (MNHN 1 ex).
(MNHN* 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 2 km N Sta Clara, 1 300 m, H.,
A. Howden V.1977 (MCNO 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 1 km W Sta Clara,
1 100 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 5 km E Rio 10. Veturius (Veturius) sinuatomarginatus
Sereno, 1 000 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 3 ex) ; Panama, Chiriqui, E Rio Luederwaldt 1941
Hornito, Res. La Fortuna, 1 300 m, A. Gillogly IV.1993 (CAG 2 ex) ; Panama,
Chiriqui, 3 km NE Fortuna Dam, 1 150 m, A. Gillogly I.1992 (CAG 5 ex) ; (fig. 382-387 – 912)
Panama, Chiriqui, 6 km SE Fortuna Dam, 1 250 m, A. Gillogly I.1992 (CAG Veturius sinuatosulcatus Lued. : HINCKS 1934 : 152 (partim sinuatocollis sensu
3 ex) ; Panama, Chiriqui, Res. La Fortuna, E side Rio Hornito, A. Gillogly Kuwert).
IV.1993 (CAG 3 ex) ; Panama, Chiriqui, Res. La Fortuna, 1 300 m, A. Gillogly
Veturius sinuatomarginatus Luederwaldt : LUEDERWALDT 1941 : 85 ;
1992 (CAG 10 ex) ; Panama, Chiriqui, La Mesa, Cerro Gaital, 850-1 000 m,
HINCKS & DIBB 1958 : 11 (catal.); REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.);
A. Gillogly XI.1991-III-X.1992-III.1993 (CAG 7 ex) ; Pan., Chiriqui, Rsva
BOUCHER 1988b : 300.
La Fortuna, 2 km SW Cont. Divide Trail, 1 200 m, A. Gillogly VI.1994
(CAG 5 ex) ; Pan., Chiriqui, Reserva La Fortuna, Est. Biol., 1 255 m,
A. Gillogly VII.1995 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriqui, Quijada del Diablo, Matériel type. Espèce décrite sur un exemplaire du Costa Rica
7 km SE Fortuna Dam, 1 150 m, A. Gillogly VI.1996 (CAG 1 ex). – BOCAS (sans autre précision). Il manque à ce spécimen immature le
DEL TORO : Panama, Bocas del Toró, 5 km NNE Continental Divide, protibia gauche et les massues antennaires. Holotype O : COSTA
Fortuna Area, 750 m, A. Gillogly IV-VIII.1993 (CAG 5 ex) ; Panama, C.E. RICA (sans autre précision) : « Costa Rica, F. Nevermann, ex coll.
Yunker IX.1961 / Bocas del Toró, Rio Chángena / V. platyrhinus Hope, det.
Howden 1961 / V. sinuatocollis Kuw., det. Howden 1962 (MCNO 2 ex) ; Zeledon / Type / Veturius sinuatomarginatus n. sp. [dét.
Panama, Bocas del Toro, Fortuna Hwy, 6 km N Continental Divide, 600 m, Luederwaldt] » (USNM).
A. Gillogly II.1995 (CAG 2 ex) ; Panama, Bocas del Toro, La Culebra Trail,
Autre matériel examiné. COSTA RICA (sans autre précision) : Costa Rica /
5 km Boquete, 1 260 m, A. Gillogly VII.1995 (CAG 2 ex) ; Panama, Bocas
Sallé coll. / B.C.A. [Biol. Centr. Am.], Col. II (2), Veturius platyrhinus
del Toro, Tank Hill, 5 km S Chiriqui Grande, 750 m, A. Gillogly VIII.1997
[imprimé] / Veturius sinuatosulcatus Grav., small form ?, det. W.D. Hincks
(CAG 4 ex) ; Panama, B. del Toro, Culebra Trail (vic. Boquete), 1 450-
(NHML O).
1 860 m, D. Curoe VI.1997 (CDC 3 ex). – VERAGUAS : Panama, Veraguas,
2 km W Alto de Piedra, W Santa Fé, 850-1 140 m, A. Gillogly X.1992- Caractères diagnostiques. Espèce très peu distincte de V. sinuatocollis.
IX.1993 (CAG 6 ex). – COCLÉ : Panama, Coclé, El Copé, R. Cambra Habitus presque gracile.
IV.1986 (IMEX 1 ex) ; Coclé, Copé, Panama, M. Garcia et al. VII.1983 Taille petite à moyenne. Longueur totale : 30-32 mm ; largeur maximale :
(IMEX 1 ex) ; Panama, Coclé, 12 km N El Copé, 750-800 m, A. Gillogly 11 mm aux élytres.
I.1991-II.1992 (CAG 18 ex) ; Panama, Cocle, Cerro Gaital, Fca Toledano, Tête (fig. 382). Tubercule central conico-pyramidal trapu, large à la base,
850 m, D. Curoe V.1997 (CDC 1 ex). – COLÓN : Panama, Colón, 6 km l’apex obtus. Tubercules tentoriaux peu marqués mais nets. Clypéus bombé,
SE María Chiquita, 250-350 m, A. Gillogly III-IV.1992 (CAG 4 ex). – SAN le bord antérieur convexe ; angles antérieurs obtus et incurvés, cours, peu
BLAS : Panama, San Blas, Nusagandi, 400-500 m, A. Gillogly IX.1991- visibles en vue dorsale. Arêtes supra-oculaires tuberculeuses. Canthus oculaires
II.1993 (CAG 4 ex). – DARIEN : Panama, Darien, Rancho Frio above Est. d’abord rétrécis, puis s’élargissant fortement vers l’apex antérieur aigu, très
Peresinico, 15 km S El Real, 700 m, A. Gillogly VI.1994 (CAG 4 ex) ; Panama, proéminent et dépassant l’œil. Fossettes post-oculaires étroites, complètes,
Darien, Cana Mine Trail, 550 m, A. Gillogly VI.1996 (CAG 1 ex). en partie sétigères. Aire post-frontale non délimitée par un sillon postérieur.
COLOMBIE, ANTIOQUIA : Nov. Gran., Medellín [± 1 500 m], Bords externes des ailes du mentum régulièrement cintrés. Article II des
VII.1879 / ex coll. Knirsch, ex coll. K. Brancsik 1955 / V. platyrhinus, det. palpes labiaux allongés, presque étroit (fig. 383). Bord antérieur du labre
Pereira 1959 (FMNH 1 ex). – VALLE DEL CAUCA : Colombia, Valle, Rio nettement concave. Mandibules puissantes, bien cintrées ; dents dorsales
Azul CD, L.C. Pardo IX.1990 (CLP 5 ex) ; Colombia, Valle, Calima, Chancos, basses et affilées, l’arête non incurvée, l’apex obtus et émoussé. Massues
troncos, L.C. Pardo X.1990 (CLP 13 ex) ; Colombia, Valle, bajo Calima, San antennaires trapues.
Isidro CD, L.C. Pardo V.1991 (CLP 2 ex) ; Colombia, Valle del Cauca, Pronotum (fig. 384). Bord antérieur légèrement bilobé. Angles antérieurs
Quebrada La Cristalina, R. Calima, 1 500 m, L.C. Pardo VII.1991 (IMEX non abaissés. Pubescence des pré-épisternes courte, peu visible en vue dorsale
3 ex) ; Colombia, Valle, bajo Dagua, Escalereta [< 1 000 m], luz y troncos, de l’Insecte.
var. col. XII.1991 / V. sinuatocollis Kuwert, det. Pardo Locarno (CLP 6 ex) ; Mésosternum glabre (fig. 385) ; tégument mat couvrant largement l’angle
Colombia, Valle, bajo Calima, El Tagual, troncos, L.C. Pardo IX.1992 (CLP antérieur, le tiers distal des côtés antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs lisse et
3 ex) ; Col., Valle del Cauca, Buenaventura env. Seragosa, 1 000 m, V. Maly brillant.

415
Stéphane Boucher

Élytres à bord antérieur légèrement incliné. Taille moyenne. Longueur totale : 34-39 mm ; largeur maximale :
Pattes. Protibias avec 3 fortes épines acérées d’inégales longueurs, plus 12-13 mm aux élytres.
la fourche apicale (fig. 386). Mésotibias avec une forte épine post-médiane Tête (fig. 388). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, large à la
et avec ou sans une petite épine médiane ; arêtes dorsales très convexes sur base, l’apex obtus et émoussé. Tubercules tentoriaux marqués. Angle des
moins de la moitié de leur longueur (fig. 387). Métatibias avec une petite rides frontales légèrement concave à crevassé à la base du tubercule central,
épine post-médiane. puis mamelonné à concave en avant. Clypéus proéminent, en forme
Les caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de V. sinuatocollis. d’accolade peu marquée ; angles antérieurs obtus visibles en vue dorsale.
Fossettes latéro-frontales peu profondes. Aires latéro-post-frontales glabres
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun et lisses, ou avec 1-5 soie(s) assez regroupée(s). Arêtes supra-oculaires concaves
autre V. (Veturius) : taille petite à moyenne ; structure médio-post-frontale étirée et bien émoussées. Canthus oculaires larges, assez courts, quelque peu rétrécis
et tronquée en arrière ; apex du tubercule central obtus ; apex antérieurs des au milieu, puis élargis vers l’apex antérieur qui est droit, quadratique ou
canthus oculaires presque épineux et très proéminents; fossettes latéro-pronotales presque, ne dépassant pas l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon
très larges, profondes, presque lisses ; mésosternum glabre ; élytres à calus latéro-postérieur très net, chagriné. Disque du mentum assez convexe et
huméraux glabres et ponctuation des stries discales indistincte partout ; méso- étroit, plus ou moins parsemé de ponctuations sétigères, mais parfois glabre
et métatibias épineux ; sillon marginal du sternite VII complètement effacé. et lisse ; ailes couvertes de soies, élargies en avant, les bords externes droits,
Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. sinuatocollis, notamment les fossettes profondes. Processus hypostomaux assez trapus, l’apex arrondi
par l’habitus, par l’absence de sillon marginal sur le sternite VII, ainsi que ou à peine cornu (fig. 389). Articles II et III des palpes labiaux assez longs
par l’architecture médio-post-frontale, des canthus oculaires et des fossettes et plus ou moins étroits, microtuberculés. Bord antérieur du labre légèrement
margino-pronotales. Elle s’en distingue néanmoins par les principaux concave. Mandibules à apex trifide ; dent inférieures bien visibles chez les
caractères suivants : taille moindre ; habitus plus étroit, presque grêle ; structure exemplaires immatures ; dents dorsales à apex droit. Massues antennaires
médio-post-frontale moins développée, notamment le tubercule central plus allongées ; articles d’inégales longueurs ; le X légèrement plus convexe que
court, à apex obtus ; ailes du mentum peu ponctuées et régulièrement cintrées les VIII et IX.
sur les côtés ; aires mates des côtés antérieurs du mésosternum très courtes Pronotum (fig. 390). Bord antérieur bilobé, parfois assez fortement.
et étroites ; sillon antéro-pronotal normalement développé ; arête supérieure Angles antérieurs peu cintrés et légèrement abaissés. Côtés avec une faible
des mésotibias fortement convexe ; bord antérieur des élytres légèrement concavité sur la première moitié de leur longueur. Sillon marginal bien élargi
incliné ; pubescence générale du corps et des pattes moindre. et lisse sur les angles et les bords antérieurs, où il atteint près de la moitié de
la largeur du pronotum ; fossettes latérales très larges, profondes, avec des
Affinités chorologiques. Dans son groupe d’espèces, ponctuations rondes ou transverses surtout postérieures. Pubescence des pré-
V. sinuatomarginatus est peut-être sympatrique avec épisternes longue et dense, visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères
abondamment pubescents partout.
V. sinuatocollis, V. tuberculifrons et V. schusteri, mais il est Mésosternum glabre (fig. 391) ; tégument mat couvrant les côtés antérieurs
allopatrique avec V. marilucae. Pour ce qui concerne Arrox et tout ou partie de la ligne axiale ; ailleurs lisse et brillant.
et les autres Veturius, se reporter à V. sinuatocollis. Élytres. Stries finement mais distinctement ponctuées partout, surtout
sur les côtés (fig. 392-393).
Remarques taxinomiques et historiques. Ce taxon reste Pattes. Protibias avec 4-6 fortes épines de longueurs inégales, plus la
problématique sur les plans taxinomique et chorologique. fourche apicale. Mésotibias avec une fine épine médiane ou post-médiane ;
pubescence longue et espacée ; arête supérieure peu convexe sur plus de la
Ses caractères spécifiques doivent être confirmés par de moitié de sa longueur médiane. Métatibias épineux comme les mésotibias,
nouveaux échantillons. Les caractères qui le séparent de mais moins pubescents. Spolons supérieurs des méso- et métatibias faiblement
V. sinuatocollis étant peu convaincants, son statut d’aber- courbes et peu allongés (fig. 394).
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII peu marqué et court à très
ration individuelle n’est pas à exclure. De plus, les trois court (fig. 395).
exemplaires connus proviennent d’une région relativement Édéage (fig. 396). Longueur : 2,8 mm. Habitus trapu, assez large. Ventral :
bien prospectée depuis près d’un siècle. paramères et phallobase à côtés cintrés et convexes, séparés par une suture
distincte ; phallus largement ponctué ; paramères étroits et allongés ; pièce
basale large et courte. Dorsal : sclérotisation des paramères et de la phallobase
11. Veturius (Veturius) marilucae Boucher 1988 à peine apparente.
Les caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de V. sinuatocollis.
(fig. 154-155, 388-396 – 912, 920-921)
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Veturius sp. nov. : CASTILLO 1987 : 20. autre V. (Veturius) : taille moyenne ; structure médio-post-frontale étirée et
Veturius marilucae : BOUCHER 1988b : 302. tronquée en arrière ; tubercule central court, l’apex obtus et émoussé ;
Veturius marilucae Boucher : DELOYA 1992 : 20 (catal.) ; CASTILLO pronotum à sillon marginal antérieur normalement développé et fossettes
& REYES-CASTILLO 1997 : 293 ; REYES-CASTILLO 2003 : 166. latérales très larges, profondes, ponctuées à peu près partout ; mésosternum
glabre ; élytres à calus huméraux glabres et ponctuation des stries discales
Matériel type. Espèce décrite sur 33 exemplaires de la Sierra de distincte presque partout ; méso- et métatibias épineux ; sillon marginal du
Los Tuxtlas, Veracruz, Mexique. – Holotype P : MEXIQUE, sternite VII marqué mais court, lunuliforme.
VERACRUZ : México, Veracruz, Sierra de los Tuxtlas, Mpio. Affinités morphologiques. Espèce voisine de V. sinuatocollis, mais qui s’en
Catemaco, Arroyo Claro, 900 m, troncos, C. Castillo & P. Reyes- distingue aisément par les principaux caractères suivants : habitus plus trapu ;
taille moyenne moindre ; tête davantage transverse ; tubercule central moins
Castillo II.1985. — Longueur totale : 35,5 mm (IMEX).
élevé, l’apex obtus et émoussé ; rides frontales mieux marquées, atteignant
Paratypes : id. (IMEX 3P, O) ; id., 890 m, tronco, IV.1985 souvent distinctement les tubercules internes ; canthus oculaires presque
(IMEX P, O) ; id., El Bastonal, 960 m, troncos, VII.1985 (IMEX quadrangulaires, assez larges et ne dépassant jamais l’œil ; mandibules plus
2 O) ; id., 830-970 m, troncos, XI.1987 (IMEX-MNHN* courtes ; processus hypostomaux plus trapus, l’apex arrondi ; sillon marginal
5 P 19 O). antérieur du pronotum normalement développé ; pubescence infra-pronotale
et des mésotibias plus longue et plus dense ; ponctuation élytrale assez distincte
Autre matériel examiné. MEXIQUE, VERACRUZ : México, Veracruz, partout ; épines protibiales plus nombreuses.
Sierra de los Tuxtlas, Mpio. Catemaco, El Bastonal, 1000-1 050 m, troncos,
Polymorphisme. Très peu notable : taille (± 5 mm) ; absence-présence de
S. Boucher & P. Reyes-Castillo II.1989 (IMEX-MNHN* 25 ex).
rares ponctuations sétigères sur les aires latéro-post-frontales ; rides frontales
Caractères diagnostiques. Habitus plutôt trapu et transverse. postérieures et ponctuation élytrale plus ou moins marquées.

416
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique, distribution dans l’aire. éléments géomorphologiques distincts. La localité type,
Espèce endémique de la forêt ombro-mésophile de versants sur l’élément sud, est séparée de l’élément nord (volcan
(700-1 100 m d’altitude) du massif de Los Tuxtlas, San Martín) par un ensellement. V. marilucae est inconnu
Veracruz. Cette enclave volcanique de taille modeste (90 × de ce volcan.
50 km ; point culminant : 1 660 m) domine à l’est le Golfe
du Mexique et à l’ouest et au sud-ouest l’Isthme de Affinités chorologiques. Ce Veturius est le plus septentrio-
Tehuantepec (fig. 912). nal du genre. Il est totalement isolé des autres espèces, qui
n’existent qu’au sud de l’Isthme de Tehuantepec. En tant que
L’espèce semble dominante dans la faune des Passalides macroptère de bas versants, c’est un bon modèle de vicariance
de montagne de Los Tuxtlas, mais on ignore si elle y est selon le concept de Patron de Dispersion Méso-Américain de
largement répandue. Le relief est en effet scindé en deux Basse Montagne (voir chap. II).

Figures 382-396
Veturius (V.) groupe « sinuatocollis ». – 382-387, V. sinuatomarginatus Luederwaldt, Costa Rica ; 388-396, V. marilucae Boucher, Mexique. – 382, 388, tête
(dorsal), tubercule central (profil) ; 383, palpe labial (ventral) ; 389, processus hypostomal ; 384, 390, pronotum (dorsal, latéral) ; 385, 391, mésosternum ;
386, protibia (dorsal) ; 387, mésotibia (latéral) ; 392-393, stries disco et latéro-élytrales I-III ; 394, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée
aux tarsomères I-II) ; 395, urite VII (ventral) ; 396, édéage. – Échelles : 1 mm.

417
Stéphane Boucher

Remarques historiques. Cette espèce originale par son Syntype ». – Longueur totale : 32 mm (NHML). – Paralectotype
endémisme a été découverte en 1985 par C. Castillo et (sexe indét.) : PANAMA, CHIRIQUÍ : Panama, Bugaba [SO
P. Reyes-Castillo. CASTILLO (1987) en a décrit divers Volcan Chiriquí], Champion / V. isthmicus Arrow, co-type [dét.
aspects étho-écologiques. Arrow] / Syntype / syntype det Bacchus 1975 / V. tuberculifrons
var., det Hincks (NHML).
12. Veturius (Veturius) tuberculifrons V. latisulcatus Luederwaldt – Espèce décrite sur cinq exem-
Kuwert 1891 plaires, sans précision d’origine. Un seul a pu être examiné, qui
est identique au type de V. tuberculifrons (quoique plus petit) et
(fig. 156-157, 403-406 – 913, 920-921) qui a été mis en synonymie par BOUCHER (1988b). L’erreur dans
Veturius platyrhinus Hope : BATES 1886 : 22 (partim sinuatocollis sensu Kuwert, la création de cette espèce est analogue à la précédente :
aquilonalis). LUEDERWALDT (1941) a considéré valide la localité type amazo-
Veturius tuberculifrons : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 172 ; PANGELLA nienne de Kuwert. De plus, LUEDERWALDT (1931) a écrit ne
1905a : 6 ; ARROW 1907 : 453, 454 ; MOREIRA 1922 : 270 ; 1925 : 27
(catal.) ; LUEDERWALDT 1927 : 37, 1931 : 33 ; HINCKS 1934 : 153 ; pas connaître les espèces d’Arrow et de Kuwert ; ce qui devait
HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 ; être la même chose en 1941. – Lectotype (dés. BOUCHER l.c. ;
BOUCHER 1987 : 373 ; 1988 : 296 ; REYES-CASTILLO & CASTILLO sexe indét.) : COSTA RICA, HEREDIA : 23021 / Costa Rica,
1992 : 357 (catal.) ; REYES-CASTILLO 2003 : 167. F. Nevermann / Vara Blanca, 1 700 m, VIII-1928 / in trocknem
Syn. : V. isthmicus Arrow 1907 Holz Quercus / V. latisulcatus Luederwaldt, Luederwaldt det.
Veturius isthmicus : ARROW 1907 : 444, 453. 1934 / Cotipo ». – Longueur totale : 30 mm (MZSP).
Veturius isthmicus Arrow (syn.) : HINCKS 1934 : 153 ; HINCKS & DIBB 1935 :
27 (catal.) ; BACCHUS 1978 : 111 (type) ; BOUCHER 1988b : 298. Caractères diagnostiques. Taille petite à moyenne. Longueur totale :
29-34,5 mm ; largeur maximale : 10-12 mm aux élytres.
Syn. : V. latisulcatus Luederwaldt 1941 Tête (fig. 403). Structure médio-post-frontale conico-pyramidale, étirée
Veturius latisulcatus Luederwaldt : LUEDERWALDT 1941 : 84 & fig. 6 ; HINCKS et tronquée en arrière. Tubercule central peu élevé, l’apex obtus et étroit.
& DIBB 1958 : 11 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.). Tubercules latéro-postérieurs bien marqués, hauts, à peine obliqués en avant
Veturius latisulcatus Luederwaldt (syn.) : BOUCHER 1988b : 298. et n’atteignant pas le sillon post-frontal. Rides frontales postérieures bien
marquées, presque complètes jusqu’aux tubercules internes. Arêtes supra-
Matériels types oculaires émoussées. Apex antérieur des canthus oculaires droit, bien arrondi,
peu proéminent et dépassant ou non l’œil. Mandibules à apex trifides, les
Espèce décrite sur n exemplaire(s) de la « Région Amazonienne » dents inférieures développées ; dents dorsales courtes et hautes ; apex droit.
(sans autre précision) et révisée par BOUCHER (1988b). On peut Massues antennaires assez trapues.
à présent affirmer que la localité type (reprise par tous les auteurs) Pronotum peu transverse (fig. 404). Bord antérieur à peine bilobé à
est erronée. légèrement concave. Angles antérieurs bien arrondis et assez fortement
Remarque. – L’IRSN renferme un exemplaire étiqueté par abaissés. Côtés non ou à peine concaves sur la première moitié de leur
longueur. Sillon marginal élargi et lisse sur les angles antérieurs et sur le bord
Kuwert : « Veturius tuberculifrons Kuw., Type, Amazon ». Kuwert antérieur ; fossettes latérales très larges, profondes, avec des ponctuations
a identifié dans ces collections un assez grand nombre de éparses rondes ou transverses.
Passalides, mais ceux qui ont l’indication « type », comme celui- Mésosternum glabre ; tégument mat couvrant largement les côtés
ci, ne constituent pas du matériel type (contrairement à ce qu’in- antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs lisse et brillant.
dique DRUGMAND 2003). Ce sont des exemplaires « comparés Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec des soies éparses.
Protibias armés de 3-4 épines acérées, plus la fourche apicale.
au type » (« typiques », par abus), ce que prouve les espèces décrites Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué sur les deux tiers de
par d’autres auteurs et qui ont été identifiées par Kuwert « type », sa longueur (fig. 405).
à l’IRSN ou ailleurs. De plus, les types uniques décrits par Kuwert Édéage (fig. 406). Longueur : 2,8 mm. Habitus allongé, transverse. Para-
ne sont jamais manuscrits « type » par lui (voir à ce sujet V. cirra- mères et phallobase séparés par une suture distincte. Ventral : phallus largement
tus p. 555). ponctué ; paramères et phallobase convexes et allongés ; paramères hauts et
courts. Dorsal : sclérotisation des paramères et de la phallobase peu apparente.
Lectotype (sexe indét., dés. BOUCHER l.c.) : COSTA RICA Les caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de V. sinuatocollis.
– PANAMA : « tuberculifrons Kuw. Amazon [dét. Kuwert] / Ex
Musaeo A. Kuwert 1894». – Longueur totale : 33 mm. (MNHN). Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille petite à moyenne ; structure médio-post-frontale
Paralectotypes : id. (MNHN 2 ex). étirée et tronquée en arrière ; tubercule central peu élevé, l’apex obtus ;
pronotum à sillon margino-antérieur normalement développé, fossettes
Le statut des taxons synonymes ci-dessous a été discuté par latérales très larges, profondes, avec des ponctuations éparses, et angles latéro-
BOUCHER (1988b). antérieurs assez fortement abaissés ; mésosternum glabre ; élytres à calus
huméraux glabres et ponctuation des stries discales partout indistincte ; méso-
V. isthmicus Arrow – Espèce décrite sur deux exemplaires et métatibias épineux ; sillon marginal du sternite VII marqué.
(nombre notifié hors description, p. 444 du même article).
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. schusteri, avec lequel elle
Comme le précise ARROW (1907), ces exemplaires ont été publiés
peut être facilement confondue, surtout les grands spécimens. Elle s’en
auparavant comme « V. platyrhinus » par BATES (1886), mais distingue toutefois par : taille moyenne moindre ; habitus moins massif et
quoiqu’en dise aussi Arrow, ils n’offrent aucune différence notable moins transverse; massues antennaires plus courtes; rides frontales postérieures
avec V. tuberculifrons, raison pour laquelle l’espèce a été mise en divergent en angle aigu ; pronotum à angles antérieurs bien arrondis, assez
synonymie par HINCKS (1934). – Lectotype (dés. BOUCHER fortement abaissés et à sillon marginal antérieur plus court et moins large ;
calus huméraux glabres.
1988b ; sexe indét.) : COSTA RICA, HEREDIA : « La Virgen, Les autres espèces de ce groupe, allopatriques ou non, sont bien distinctes.
Saranique [= Sarapiqui], 250 m / Costa Rica, P. Biolley 1900- Il est en revanche nécessaire de souligner la ressemblance avec V. (Ouayana)
261 / Syntype / Type / V. isthmicus Arrow [dét. Bacchus] cirratus. Bien que fort différentes dans les détails, les deux espèces ont les

418
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

dimensions et l’habitus comparables. Elles sont aussi partiellement connue des Cordillères de Tilarán et de Talamanca :
sympatriques. Il n’est donc pas rare de les trouver mélangées dans les collections.
Costa Rica (San José, Cártago et Puntarenas) et Panama
Polymorphisme. Faible, mais distinct : rides frontales plus ou moins espacées (Chiriquí et Veraguas). En dépit de quelques hiatus
et convexes ; présence d’une ou deux soie(s) sur les aires latéro-frontales ; aire géographiques, sa présence sur l’ensemble de ces
post-occipitale délimitée par un sillon assez net ; pronotum plus ou moins
transverse, les angles antérieurs parfois peu abaissés ; méso- et métatibias avec montagnes ne fait pas de doute.
une seconde épine latérale, plus courte que la première ; sillon marginal du En revanche, aucun spécimen n’est connu du
sternite VII plus ou moins développé.
Guatemala, du Honduras, de El Salvador et du Nicaragua.
Répartition géographique. Espèce endémique d’Amé- La répartition de l’espèce est donc disjointe et l’unique
rique Centrale, depuis le Massif du Chiapas jusqu’au localisation du Chiapas doit être confirmée. Une situation
nord de l’Isthme de Panama (fig. 913). Elle est surtout comparable est celle de V. sinuatocollis.

Figures 397-406
Veturius (V.) groupe « sinuatocollis », Costa Rica-Panama. – 397-402, V. schusteri n. sp. ; 403-406, V. tuberculifrons Kuwert. – 397, 403, tête (dorsal), tubercule
central (profil) ; 398, palpe labial (ventral) ; 399, 404, pronotum (dorsal, latéral) ; 400, métasternum (polymorphe) ; 401, 405, urite VII (ventral) ; 402, 406,
édéage (polymorphe). – Échelles : 1 mm.

419
Stéphane Boucher

Distribution dans l’aire. Espèce strictement montagnarde, Autre matériel examiné. Environ 105 ex.
mais répandue depuis la forêt mésophile de basse à MEXIQUE, CHIAPAS : México, Chiapas, Simojovel [≥ 1 000 m],
Devolver Berkeley Univ. Calif., J.A. Chemsak VII.1958 (IMEX 1 ex).
moyenne altitudes jusqu’à la forêt brumeuse (700-2500 m).
COSTA RICA (sans autre précision) : Costa Rica / tuberculifrons Kuw.
L’altitude du type de V. isthmicus (250 m), la seule indi- [dét. ?] (MNHB 1 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica, San José, V.1931 /
quée en deçà de 500 m, est douteuse. Pourtant toute la V. tuberculifrons Kuw., det. Pereira 1958 (AMNH 1 ex) ; Costa Rica, San
José, Fila El Alto, Camino entre Legua y San Francisco, 2 000 m, luz
région de La Virgen (Costa Rica : Heredia) est située entre nocturna, M. Chavarria, A. Sólis V.1995 (INBIO 1 ex). – CÁRTAGO :
100 et 500 m. PANGELLA (1905a) a aussi identifié des Costa Rica, P. Biolley / Volcan Turrialba, 2 000 m (MNHN 1 ex) ; Costa
exemplaires de cette provenance, mais sans donner l’alti- Rica, P. Biolley / Tablazo, VII.1896 (MNHN 3 ex) ; Costa Rica, Carpintera
1 820 m, F.G. Wallace III.1928 / V. tuberculifrons Kuwert, det. Clausen 1998
tude. Comme le laisse penser ARROW (1907), tout ce maté- (UMSP 3 ex) ; Costa Rica, Cartago, 1 420 m, F.G. Wallace III.1928 /
riel provient sans doute du même lot, en l’occurrence des V. tuberculifrons Kuwert, det. Clausen 1998 (UMSP 1 ex) ; Costa Rica,
récoltes de P. Biolley. Cártago, Empalme, bosque bajo humedo montañoso, tronco 1 800 m,
Reyes-Castillo & Halffter IX.1969 / V. tuberculifrons Kuwert, det. Reyes-
La forêt mésophile, au sens des phytogéographes, est Castillo (IMEX 3 ex). – PUNTARENAS : Costa Rica, Puntarenas,
présente à des étages variables en Amérique Centrale, y Monteverde Res., 1 500 m, H. & A. Howden V.1979 (MCNO 1 ex) ; Costa
compris vers 500 m seulement. Cela suggère de ne pas Rica, Puntarenas, Monteverde, E. Fuller V.1989 (CMNH 1 ex) ; Costa Rica,
Puntarenas, Est. La Casona, Res. Biol. Monteverde, 1 520 m, K.L. Martínez
réfuter d’emblée la localité de Pangella et d’Arrow, mais VII.1995 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Coto Brus, Las Tablas,
plutôt de considérer une amplitude éco-altitudinale assez 1 700 m, A. Sólis II.1989 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Coto Brus,
forte pour l’espèce. 2,6 km NEE Cerro Bella Vista 1 800-1 900 m, E. Navarro III.1996 (INBIO
1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Tres Colinas, Potrero Grande, Buenos Aires,
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, dans le sud de 1 850 m, F. Quesada, C. Ramírez, M.A. Zumbado I.1992 (INBIO 1 ex) ;
Costa Rica, Puntarenas, 1 km S Cerro Frantziús, Sector Altamira, Buenos
l’Amérique Centrale, avec V. sinuatocollis, V. schusteri, peut- Aires 1 950 m, F. Quesada, M. Segura, A. Sólis XI.1994 (INBIO 1 ex) ; Costa
être aussi V. sinuatomarginatus. Parmi les autres Veturius et Rica, Puntarenas, Est. Casa Coca, S Cerro Frantziús, 800 m, J.F. Quesada
Arrox, l’espèce est sympatrique avec V. (Veturius) aquilonalis XII.1994 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Pittier, Pila-Acla,
1 670 m, luz nocturna, S. Avila, A. Azofeifa, E. Fletes, B. Gamboas, M. Lobo
(grpe « platyrhinus »), sans doute également V. (Ouayana) I.1995 (INBIO 11 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Monteverde, 1 219 m, E.S.
laevior, V. ultimus, V. ptichopoides et A. agassizi. Ross IX.1976 (CASC 3 ex).
PANAMA, CHIRIQUÍ : Chiriquí (MNHN 4 ex) ; V. de Chiriqui,
Remarques taxinomiques et historiques. Contrairement 760-1 210 m, Champion / ex Musaeo H.W. Bates 1892 (MNHN 1 ex) ;
à ce que laisse penser la littérature, V. tuberculifrons était Chiriquí, VI.1981 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 4 ex) ; Chiriquí (ZISL
1 ex) ; Panama, Chiriqui 1909-340 / V. isthmicus Arrow, det. Arrow (NHML
peu connu. Il est peu caractérisé et ressemble à plusieurs 2 ex) ; Pan., Chiriqui, Barrilles [> 1 000 m], I.1931 / ME. MacLellan (NNML
espèces aux dimensions voisines, surtout dans le sous-genre 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 2 km W Cerro Punta, 1 720 m, light, H. Howden
Ouayana. Sa localité type erronée est aussi à l’origine de V.1977 (MCNO 4 ex) ; Panama, Chiriqui, Cerro Punta, B.C. Ratcliff &
confusions importantes dans sa répartition et dans ses affi- C. & K. Messenger / V. tuberculifrons Kuwert, det. Schuster (UVGC 1 ex) ;
Panama, Chiriqui, Le Moult vendit (IRSN 2 ex) ; Panama, Chiriqui, 2 km
nités biogéographiques, en particulier depuis W Alto Quiel, 2 000 m, A. Gillogly & J.H. White XII.1991 (CAG 22 ex) ;
LUEDERWALDT (1927, 1931). En réalité, cet auteur ne Panama, Chiriqui, 4,5 ml N Santa Clara, 1 500 m, A. Gillogly XII.1991
connaissait pas l’espèce. (CAG 6 ex) ; Panama, Chiriqui, 7 km NE Santa Clara, 1 600 m, A. Gillogly
IX.1992 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriqui, Bajo Quiel, 1 600 m, A. Gillogly
J’avais suggéré (BOUCHER 1987, 1988b) que V. tuber- I.1993 (CAG 3 ex) ; Pan., Chiriqui, 3,5 km NE Sta Clara, 1 450 m,
culifrons devait être propre à la Méso-Amérique. Le présent A. Gillogly V.1995-VII.1996 (CAG 6 ex) ; Panama, Chiriqui, Res. La Fortuna,
2 km E Hornito, 1 350-1 400 m, A. Gillogly IV-V.1993 (CAG 9 ex) ; Panama,
travail ayant montré qu’il est montagnard, on sait que Chiriqui, 2 km NE Jurutungo 1 800-1 900 m, A. Gillogly XII.1992 (CAG
l’Isthme de Panama est la barrière qui l’a empêché de migrer 10 ex) ; Panama, Chiriqui, 9 km N Boquete 1 800 m, A. Gillogly & J.H.
plus au sud. White XII.1991 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 2 km W Bajo Mono,
1 600 m, A. Gillogly & J.H. White XII.1991 (CAG 5 ex) ; Panama, Chiriqui,
Avant KUWERT (1891), BATES (1886) est le premier 2 km N Bambito, 1 650-1 900 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 6 ex) ; Panama,
auteur à avoir vu l’espèce, sur des récoltes de G.C. Chiriqui, Parque Amistad, Las Nubes, NW Cerro Punta, 2 000 m, A. Gillogly
Champion au Chiriquí (MNHN), mais il l’a confondue VI.1994 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Las Nubes, NW Cerro Punta,
cloud forest, 2 500 m, A. Gillogly VI.1994 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriqui,
avec V. platyrhinus. C’est alors PANGELLA (1905a) qui l’a Palo Alto, 5 km E Boquete, 1 520 m, A. Gillogly VIII.1995 (CAG 2 ex) ;
identifiée et localisée en premier sans erreur, sur des récoltes Panama, Chiriqui, Cerro Hornito, 1 500 m, A. Gillogly VI.1994 (CAG
de P. Biolley au Costa Rica (Heredia, bassin du St. Juan). 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 1 km S Hornito, 1 000 m, A. Gillogly VII.1994
(CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, 1 km S Jurutungu, 1 100 m, A. Gillogly
Quant au rapprochement définitif du matériel de Biolley VI.1994 (CAG 3 ex) ; Panama, Chiriqui, La Culebra Trail, 1-3 km N
avec le type, il est dû à HINCKS (1934). D’ailleurs, c’est Boquete, 1 300-1 600 m, A. Gillogly VII.1995 (CAG 2 ex) ; Panama,
encore sur du matériel de Biolley qu’ARROW (1907) a décrit Chiriqui, Cerro Pelota, 4 km NE Santa Clara, 1 650-1 700 m, A. Gillogly
V. isthmicus. Après LUEDERWALDT (1941), de nouveaux V.1995 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriqui, Jurutungu, Fca Guillen 1 950 m,
D. Curoe V.1999 (CDC 15 ex) ; Panama, Chiriqui, 20 km W Volcán,
spécimens n’ont été cités que par REYES-CASTILLO (1970), 1 350 m, D. Curoe VI.1999 (CDC 2 ex) ; Panama, Chiriqui, Boquete, Bajo
du Costa Rica (Cártago) et par BOUCHER (1988b), du Mono, 1 400 m, D. Curoe VI.1999 (CDC 3 ex) ; Panama, Cerro Punta,
Mexique (Chiapas). Aujourd’hui, les abondantes récoltes 1 600 m, C.E. Yunker IV-V.1961 / V. isthmicus Arrow, det. Howden 1962 ;
Panama, Chiriqui, Cerro Punta, J.E. White V.1989 (UCDC 1 ex) ; Pan.,
d’A. Gillogly au Panama, et de l’INBIO au Costa Rica, Chiriqui, 25 km NNE San Felix, 1 400-1 500 m, V.1980 / road side, R.H.
constituent la plupart des spécimens connus. Pine (FMNH 1 ex) ; Pan., Chiriqui, Cerro Colorado Camp, VI.1980 /

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

blacklight, J.A. Wagner (FMNH 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Volcán Baru, Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec des soies éparses et
Bambito, open forest, meadow coffee, 1 570-1 760 m, G.B.E. Edwards, H.V. des calus huméraux, qui sont munis d’une touffe de soies plus ou moins
Weems Jr. VII.1981 (FSCA 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Hartmann’s Finca, marquées et regroupées.
Morris & Wappes VII.1997 (FSCA 1 ex) ; Chiriqui, Boquete, I.1940 / G.C. Abdomen. Sillon marginal du sternite VII comme chez V. tuberculifrons
Wood (AMNH 2 ex) ; R.P., Chiriqui, Cerro Punta, H. Ruckes V.1962 / (fig. 405).
V. tuberculifrons Kuw., det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 1 ex) ; Pan., Édéage (fig. 402, polymorphe). Longueur : 2,1 mm. Habitus subparallèle,
Chiriqui, Barriles, I.1931 / V. tuberculifrons Kuwert, det. Doesburg (CASC convexe. Paramères et phallobase séparés par une suture. Ventral : phallus
1 ex) ; Panama, vic. Boquete, VIII.1939 / J.R. Slevin / V. tuberculifrons largement ponctué ; paramères hauts et courts ; phallobase à bord antérieur
Kuwert, det. Doesburg (CASC 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Cerro Punta, concave et côtés convexes. Dorsal : paramères et phallobase limités à un liseré
1 585 m, E.S. Ross X.1976 (CASC 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Hills NE Cerro sclérotisé plus ou moins large.
Punta, 2 156 m, D. Rentz, M.S. Carter & C.L. Mullinex IV.1976 (CASC Les caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de V. sinuatocollis.
1 ex) ; Panama, Chiriqui, 3 km S Cerro Punta, 1 700 m, E.S. Ross I.1987 / Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Jack C. Schuster (UVGC).
V. tuberculifrons Kuwert, det. Gillogly 1997 (CASC 2 ex). – VERAGUAS :
Panama, Veraguas, 7-16 km N Hato Chami, Cerro Colorado, 1 550- Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
1 600 m, A. Gillogly VIII.1993 (CAG 9 ex). autre V. (Veturius) : taille moyenne à presque grande ; structure médio-post-
frontale étirée et tronquée en arrière ; tubercule central assez élevé, l’apex
droit à obtus ; pronotum à sillon margino-antérieur normalement développé
13. Veturius (Veturius) schusteri n. sp. et à fossettes latérales très larges, profondes et avec des ponctuations éparses ;
mésosternum glabre ; élytres à calus huméraux sétigères et ponctuation des
(fig.. 107, 397-402 – 913, 920-921) stries discales indistincte ; méso- et métatibias épineux ; sillon marginal du
sternite VII complet ou presque.
Matériel type. 19 ex. Holotype P : PANAMA, CHIRIQUÍ : Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. tuberculifrons, son espèce
Chiriquí, VI.1988 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN*). sœur, dans une moindre mesure de V. sinuatocollis, avec lesquels elle peut
Paratypes : id. HT (MNHN*O) ; Panama, Chiriquí, Fortuna, être sympatrique. L’habitus et la taille moyenne rapprochent davantage
1 050 m, Henk Wolda VI.1977 / Veturius sp., det. Schuster 1985 l’espèce de V. sinuatocollis, mais le développement normal du sillon pronotal
(IMEX P) ; Panama, Chiriqui, Res. La Fortuna, 3 km N Hornito antérieur, ainsi que la présence d’un sillon apical sur le sternite VII chez
V. schusteri, évitent toute confusion. En outre, V. schusteri se distingue de
[> 1 000 m], A. Gillogly V.1993 (CAG P) ; Panama, Chiriqui, V. tuberculifrons par les caractères suivants : taille moyenne supérieure ;
15 km NW Volcán, 1 350 m, D.M. Windsor V.1995 (CAG P). habitus plus massif, plus transverse ; tubercule central plus élevé ; rides
– BOCAS DEL TORO : Panama, Bocas del Toro, Culebra Trail frontales postérieures divergent en angle obtus ; pronotum à angles antérieurs
(vic. Boquete), 1 450 m, log, D. Curoe VI.1997 (CDC 3 P) ; non ou peu abaissés et sillon marginal antérieur plus long et plus large ;
calus huméraux sétigères.
Panama, Bocas del Toro, 8 km N Hato Chami, 1 450 m, light,
D. Curoe V.1999 (CDC 4P). Polymorphisme. Outre la taille (± 6 mm), on notera surtout la présence
occasionnelle de 1-2 soie(s) sur les aires latéro-post-frontales, la présence
COSTA RICA, CÁRTAGO : Costa Rica, volcan Irazú d’une seconde épine méso- et métatibiale, mais plus courte que la première,
[> 1 000 m], VI.1988 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* P). l’extension variable de la pubescence métasternale, et la conformation de
– GUANACASTE : Costa Rica, Guanacaste, Tierras Morenas, l’édéage. Ces variations existent aussi chez les quatre autres espèces du groupe.
Z.P. Tenorio, 1 050 m, luz nocturna, C. Alvarado VI.1991 /
V. cirratus Bates, det. Amat García 1993 (INBIO 1 ex) ; id., Répartition géographique, distribution dans l’aire.
M. Segura III-IV.1992 (INBIO 2 ex) ; id., G. Rodriguez IX.1992 Espèce endémique des forêts ombro-mésophiles de moyenne
(INBIO 1 ex). – PUNTARENAS : Costa Rica, Puntarenas, Est. altitude (1000-1 500 m) des Cordillères de Tilarán (Costa
La Casona, Res. Biol. Monteverde, 1 520 m, luz nocturna, K.L. Rica) et de Talamanca (Costa Rica – Panama).
Martínez V. VI.1994 (INBIO 2 ex).
Affinités chorologiques. Espèce partiellement sympatrique,
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 33-39 mm ; dans son groupe d’espèces, avec V. sinuatocollis, V. sinua-
largeur maximale : 12-13 mm aux élytres. tomarginatus et surtout V. tuberculifrons. Pour les autres
Tête (fig. 397). Structure médio-post-frontale étirée et tronquée en espèces de Veturius et d’Arrox présentes dans le Sud de
arrière. Tubercule central conique, assez élevé, l’apex obtus à droit et étroit. l’Amérique Centrale, voir V. tuberculifrons.
Tubercules latéro-postérieurs peu à bien marqués, émoussés, perpendiculaires
à l’axe du corps et n’atteignant pas le sillon post-frontal. Arêtes supra-oculaires Remarques – Cette espèce n’est connue que de récoltes
émoussées. Canthus oculaires rétrécis au milieu, puis s’élargissant assez
nettement jusqu’à l’apex antérieur droit, arrondi, dépassant ou non l’œil. récentes et a été confondue dans les collections avec V. tuber-
Aire post-frontale délimitée par un sillon fin, net mais plus ou moins complet. culifrons. Sur le Chiriquí, les deux espèces sont sympa-
Article II des palpes labiaux allongé, lisse, près de deux fois plus long que le triques dans plusieurs localités, mais la première semble
III (fig. 398). Mandibules à apex trifides, les dents inférieures développées ;
dents dorsales courtes et hautes.
beaucoup moins abondante. Leur endémisme commun et
Pronotum transverse (fig. 399). Bord antérieur bilobé. Côtés faiblement
les faibles différences morphologiques qui les séparent indi-
concaves sur leur moitié antérieure. Sillon marginal élargi et lisse sur les quent qu’elles sont issues d’une vicariance récente au sein
angles antérieurs et sur le bord antérieur, où il atteint les deux tiers de la de la Cordillère de Talamanca.
largeur du pronotum ; fossettes latérales très larges, profondes, avec des
ponctuations rondes, transverses et éparses.
Mésosternum glabre ; tégument mat couvrant largement les côtés
Groupe « platyrhinus »
antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs lisse et brillant. Caractères généraux. Ce groupe de sept espèces est surtout
Métasternum (fig. 400). Aires latéro-antérieures plus ou moins largement défini par les caractères suivants : taille moyenne à grande,
ponctuées et sétigères, les soies longues et assez denses ; aires latéro-médianes
glabres et lisses ; fossettes bien élargies en arrière et profondes, ponctuées et habitus massif à très massif, mésosternum glabre, fossettes
sétigères comme précédemment. latéro-frontales grandes, rectangulaires et perpendiculaires

421
Stéphane Boucher

à l’axe de la tête, fossettes margino-pronotales très larges – Calus huméraux glabres ou avec quelques soies éparses.
et profondes. Aires infra-apicales des méso- et métafémurs glabres
Le caractère mésosternal est partagé avec les groupes (fig. 416) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.
« sinuatocollis » et « caquetaensis » ; celui des fossettes latéro- 2. Sillon post-frontal médian présent, complet ou incom-
plet (fig. 407) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.
frontales avec les groupes « ecuadoris » et « cephalotes ». Le – Sillon post-frontal médian absent (fig. 436). [Face infé-
fort développement des fossettes margino-pronotales rieure des profémurs brillante. Méso- et métatibias
marque l’étroite relation phylogénétique entre les cinq inermes ; spolons supérieurs entièrement courbes
groupes. (fig. 440) ; fourches apicales étroites (fig. 446).
Le monophylétisme du groupe « platyrhinus » reste Mésosternum entièrement glabre. Métasternum : aires
toutefois incertain car il n’est soutenu que par le type de latéro-antérieures sétigères à proximité des coxae unique-
soies labiles latéro-post-frontales (car. 34). V. inca et V. onorei ment et fossettes larges (fig. 439). Extrême sud de la
n’ont pu être inclus sans ambiguïté dans le clade ; pour- Colombie à la Bolivie] . . . . V. (Veturius) guntheri Kuwert
tant, ils semblent en faire partie (surtout la seconde espèce). 3. Méso- et métatibias : spolons supérieurs puissants et forte-
ment crochus vers l’apex (fig. 427) ; fourches apicales larges
Les épines mésotibiales (car. 75, qui isole les espèces guntheri (fig. 426) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.
et yahua dans la phylogénie), l’article antennaire X (car. 33) – Méso- et métatibias : spolons supérieurs fins et droits
et la pubescence latéro-post-frontale (qui exclue du groupe (fig. 423, 447) ; fourches apicales étroites (fig. 446) . . . . 5.
V. onorei) sont des caractères qui mériteront d’être réexa- 4. Méso- et métatibias inermes (fig. 417). Fossettes infra-
minés plus en détail. mandibulaires très larges (fig. 408). Marges latéro-anté-
La répartition géographique du groupe « platyrhinus » rieures du mésosternum couvertes de très courtes soies
est très vaste : Amérique Centrale, Andes, Cordillères du (fig. 411). [Face inférieure des profémurs mate. Colombie,
Venezuela, ouest et centre du Bassin Amazonien, nord du centre de la Cordillère Orientale] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Plateau Brésilien (fig. 925). Les altitudes s’échelonnent . . . . . . . .V. (Veturius) platyrhinus (Hope & Westwood)
– Méso- et métatibias épineux (fig. 426). Fossettes infra-
entre 0 et 3 000 m d’altitude. mandibulaires normales (fig. 421). Marges latéro-anté-
Le problème principal qu’a présenté l’étude du groupe rieures du mésosternum glabres (fig. 431). [Face inférieure
« platyrhinus » – plus que les autres groupes d’espèces du des profémurs mate. Andes et cordillères du Venezuela] . . .
genre – tenait à des aléas à la fois taxinomiques, nomen- . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) standfussi Kuwert n. stat.
claturaux et muséologiques. Presque pour chaque espèce, 5. Fossettes margino-pronotales visiblement rétrécies en
les publications ont en fait apporté des conclusions arbi- largeur (fig. 450). [Face inférieure des profémurs brillante.
traires et très inexactes, tandis qu’aucun type n’avait été Méso- et métatibias inermes. Habitus massif. Ouest des
réexaminé. Il faut toutefois souligner que, dans ce groupe Andes, sud de la Colombie jusqu’en Équateur] . . . . . . . . . .
spécialement, les caractères clés des espèces sont très . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) onorei n. sp.
– Fossettes margino-pronotales normales (fig. 410, 422) . . 6.
souvent ténus. Comme conséquence, une partie des iden- 6. Fossettes métasternales larges (fig. 439). Méso- et méta-
tifications notifiées dans la littérature n’ont pu être véri- tibias inermes. Tarsomères I longs (fig. 414). [Face infé-
fiées faute de descriptions précises, de figures, ou parce rieure des profémurs mate ou brillante. Amérique Centrale,
que le matériel correspondant n’a pu être retrouvé ou Andes] . . . . . . . . . . . V. (Veturius) aspina Kuwert n. stat.
examiné. – Fossettes métasternales étroites (fig. 444). Méso- et/ou
Des sept espèces que compte le groupe, trois sont métatibias armés d’une courte à très courte épine, souvent
nouvelles, mais celles-ci avaient été vues auparavant et effacée (fig. 446). Tarsomères I courts (fig. 445). [Face
confondues sous divers noms. Deux autres espèces doivent inférieure des profémurs brillante. Piémont est Andin,
être revalidées. De plus, le rapprochement systématique ouest de l’Hylaea Amazonienne] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) yahua n. sp.
des espèces décrites n’avait pas fait l’objet d’une attention
particulière des auteurs.
14. Veturius (Veturius) platyrhinus
(Hope & Westwood 1845)
Clé des espèces
(fig. 407-419 – 910, 920-921)
1. Calus huméraux avec une touffe de soies. Aires infra- Passalus Platyrhinus Reiche mss : HOPE & WESTWOOD 1845 : 28.
apicales des méso- et métafémurs avec une bande trans- Passalus platyrhinus Reiche : BURMEISTER 1847 : 518.
verse de soies denses (fig. 433. [Face inférieure des profé- Passalus Platyrhinus Reiche ms : THOMSON 1856 : 524 (trad. HOPE &
murs mate. Méso- et métatibias inermes ; spolons WESTWOOD 1845).
supérieurs puissants et fortement crochus vers l’apex Passalus platyrhinus Hope : LACORDAIRE 1856 : 47 (catal.).
(fig. 434) ; fourches apicales larges (fig. 426). Fossettes Passalus platyrhinus Reiche [sensu Spinola < 1857] : GIACHINO 1982 : 236.
Passalus platyrhinus Hope : KAUP 1868 : 28 (partim aspina sensu Kuwert).
métasternales très larges. Aires latéro-médianes du métas-
Passalus platyrhinus Hope : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 974 (catal.).
ternum entièrement pubescentes (fig. 432). Costa Rica- Veturius platyrhinus Reiche : KAUP 1871 : 111 (partim aspina sensu Kuwert).
Panama : Cordillère de Talamanca] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Veturius platyrrhinus Hope : ARROW 1907 : 444 (partim aspina sensu Kuwert,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) aquilonalis n. sp. guntheri sensu Kuwert, aquilonalis).

422
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Veturius platyrrhinus Hope : MOREIRA 1922 : 270, 1925 : 27 (catal.). çais L. Reiche n’a décrit aucun Passalide. La collection
[Veturius platyrhinus (Westw.) (syn. standfussi Kuw., aspina Kuw.) : HINCKS J. Thomson (MNHN), dont une partie provient de celle de
1934 : 153 (partim aspina sensu Kuwert, guntheri sensu Kuwert)].
Veturius platyrhinus Westw. : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (partim aspina sensu Reiche, renferme divers Passalides néotropicaux identifiés par
Kuwert, standfussi sensu Kuwert, guntheri sensu Kuwert, aquilonalis, Reiche, avec des noms nouveaux. Or, sur ces spécimens, les
yahua ; catal.). noms d’espèces sont suivis de « Reiche, MSS ». A moins d’une
Veturius platyrhinus Hope : GUÉRIN 1953 : 244 (catal.). coïncidence peu vraisemblable, le spécimen identifié « platyrhi-
Veturius platyrhinus (Hope) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim nus » par Hope, à l’UMHO, devait provenir de la collection
standfussi sensu Kuwert, aspina sensu Kuwert)
Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.). Reiche, d’autant que dans cette dernière (aujourd’hui disper-
[Veturius platyrhinus Westwood (syn. standfussi Kuwert, aspinus Kuwert, sée), aucun spécimen de l’espèce n’a été retrouvé. Voici pour-
moevii Kuwert, platyrrhinoides Kuwert, spinifer Gravely) : MAES 1987 : quoi, très probablement, V. platyrhinus a été attribué autrefois
19 (catal.)]. à Reiche, tandis que Hope et Westwood devraient être consi-
Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 :
505 (partim spp. indét.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80
dérés comme ses deux auteurs (ainsi que toutes les autres espèces
(partim standfussi sensu Kuwert, aspina sensu Kuwert) ; PARDO 1997 nouvelles du Catalogue).
(partim aspina sensu Kuwert ; catal.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO
2002 : 142 (catal.); REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003 : 47 (partim Localité et matériel types – La localité et le matériel types
standfussi sensu Kuwert, aspina sensu Kuwert, yahua). de V. platyrhinus posent exactement le même problème que son
Syn. : V. validus (Burmeister 1847) n. syn. synonyme validus (Burmeister), ainsi que V. (Publius) crassus
Passalus validus : BURMEISTER 1847 : 513. (Smith) et concretus (Kaup) ; en effet, tous ces spécimens ont sans
Passalus validus Burmeister (syn.) : BURMEISTER 1847 : 518. doute une origine commune.
Passalus validus Burm. : SMITH 1852 : 13 (catal.).
[Passalus validus Burm. (syn.) : KAUP 1868 : 28].
D’abord, la localité type « Venezuela » doit être traduite par
Veturius validus Burm. (syn.) : KAUP 1871 : 111 (partim aspina sensu Kuwert). « Colombie » car au début du XIXe siècle le Venezuela faisait partie
[Veturius validus Burm. : BATES 1886 : 22 (syn.)]. de la Nouvelle Grenade, ou Grande Colombie de Bolívar. De
Veturius validus Burmeister : MOREIRA 1922 : 269 ; 1925 : 26 (catal.). plus, nous savons aujourd’hui que V. platyrhinus et V. crassus sont
[Veturius validus Burm. : LUEDERWALDT 1931 : 35 (Syn. ; partim sinuatus endémiques du centre de la Cordillère Orientale colombienne.
sensu Eschscholtz ; standfussi sensu Kuwert ; guntheri sensu Kuwert, aspina
sensu Kuwert ; aquilonalis)]. Concernant le matériel type, l’examen de collections histo-
Veturius platyrhinus var. validus Burm. : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (catal.). riques (Chevrolat, Hope, Spinola, Thomson) montre qu’il
[Veturius platyrhinus var. validus Burmeister (incertae sedis) : ROZE 1955 : 63]. n’existe pas un type unique, mais des syntypes dispersés qui ont
Syn. : V. moevi Kuwert 1898 tous été identifiés à la même époque ; ils ont dû circuler en
Veturius moevii : KUWERT 1898 : 173. Europe à partir des chasses des naturalistes français J. Goudot
Veturius moevii Kuw. (syn.) : HINCKS 1934 : 153 ; HINCKS & DIBB 1935 : et (ou) P. Lebas près de Bogotá, entre 1822 et 1828. Peu
25 (catal.) ; MAES 1987 : 19 (catal.).
d’Insectes ont été rapportés de cette région au début du
XIXe siècle, tandis que tous les entomologistes cités ci-dessus –
Matériels types
récolteurs, auteurs ou collectionneurs d’Angleterre, de France
V. platyrhinus (Hope & Westwood) – Espèce décrite sur n spécimen(s) ou d’Italie – entretenaient des relations (pour d’autres détails,
du Venezuela (sans autre précision) dans la collection Hope. Il est néces- voir V. (Publius) crassus).
saire, avant désignation du matériel type, de faire des remarques sur les
Par ailleurs, des marques morphologiques communes aux
auteurs, sur les spécimens et sur l’origine de ces derniers car tous trois ont
syntypes montrent qu’ils doivent provenir d’un même groupe
fait l’objet de confusions.
familial : tous sont des immatures, à des degrés divers.
Auteurs – V. platyrhinus a été décrit dans « A catalogue of the
Lucanoid Coleoptera in the collection of the Rev. F. W. Hope… toge- Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : COLOM-
ther with the description of the new species therein contained ». BIE, CUNDINAMARCA : platyrhinus Reiche, Venez. [dét.
Depuis lors, des interprétations diverses ont eu lieu sur l’auteur Hope] / = validus Burm. [dét. ?] / Type Hope Cat. Lucan. 1845,
de ce catalogue, précisément parce que ce dernier n’en comporte Coll. Hope Oxon / 215 / Type Col : 422, Passalus platyrhinus
pas de façon claire. L’édition française de THOMSON (1856) est Hope (Westw.), Hope Dept. Oxford. — Longueur totale :
identique, sauf le titre, « Catalogue des Coléoptères lucanoïdes de 47,5 mm. (UMHO). Paralectotypes : Nova Grenada /
Hope », par lequel on peut comprendre qu’il s’agit des espèces Platyrhinus Reiche [dét. Reiche < 1890] / P. platyrhinus Reiche,
nouvelles décrites par Hope. Un élément différent est fourni par validus Burm., approximatus Dej., Col. [dét. Thomson] / ex.
le separata de l’édition anglaise offert à la Société Entomologique Musæo J. Thomson [< 1897] (MNHN P, 1 ex) ; Colombia, D.
de France, car il est dédicacé par Westwood. Enfin, si l’on se [don] Reiche, P. platyrhinus Reiche, P. validus Burm. ? [dét.
réfère au présumé « type » de V. platyrhinus, dans la collection Spinola] / Coll. Spinola [< 1850] / V. platyrhinus (Westw.), det.
Hope (UMHO), il a une étiquette de Hope « platyrhinus Reyes-Castillo 1993 (MSNT 1 ex) ; Colombie, Coll. Melly
Reiche… », puis une autre de Westwood « platyrhinus Hope (MHNG 1 ex).
(Westw.)… ». A fortiori, l’étiquette de Westwood stipule un ordre Derivatio nominis. Du clypéo-front presque plan, bas et
dans les auteurs : Hope, puis Westwood. On peut en conclure dénudé (applicable à presque tous les Veturius).
que Hope a dû rédiger l’étiquette originale et que Westwood a
publié le manuscrit. LUEDERWALDT (1931) est le seul auteur à avoir tenté de
D’autre part, V. platyrhinus a été décrit avec comme auteur clarifier le statut de plusieurs espèces « voisines », aujourd’hui
« Reiche, MSS », c’est-à-dire « selon les manuscrits de ». Le fran- synonymes, de V. platyrhinus ; ses remarques sont toutefois peu

423
Stéphane Boucher

claires car il a confondu les espèces et n’a pas examiné les types. Dernièrement, HINCKS & DIBB (1935) ont maintenu V. vali-
H INCKS & DIBB (1935) ont proposé des synonymies sans dus comme « variété » de V. platyrhinus, mais tout comme BATES
aucun argument. (1886), MOREIRA (1922, 1925) et ROZE (1955), ils ne l’ont en
réalité pas connu.
V. validus (Burmeister) n. syn. – Espèce décrite sur n exem- V. moevi Kuwert – Espèce décrite sur un spécimen de « Bogota ;
plaire(s) de « Columbien, von Herrn Dupont ». Ecuador » du Musée de Berlin. Ce spécimen légèrement imma-
Remarques sur le matériel et la localité types – En plus ture est indistinct du type nominal. Compte tenu de l’endé-
des spécimens qu’il a examinés, BURMEISTER (1847) a indiqué misme de l’espèce, la localité d’Equateur est erronée. Kuwert a
qu’il en existait d’autres, reçus de l’entomologiste français Dupont. identifié comme tel un autre spécimen de sa collection ; c’est en
Les spécimens du NHMV proviennent d’une collection ancienne fait un V. aspina.
non identifiée ; en revanche, celui du NNML a sûrement appar- Holotype (sexe indét.) : COLOMBIE, CUNDINA-
tenu à Chevrolat. On peut alors fortement penser que la série MARCA : Bogota, Dettmer / Veturius Moevii Kuw. [dét. Kuwert] /
type de V. validus provenait du même lot, voire du même groupe Type / 156 / 27282. — Longueur totale : 51 mm (MNHU).
familial (la plupart sont immatures) que la série type de V. platy-
rhinus, en l’occurrence des récoltes de J. Goudot ou P. Lebas, Autre matériel examiné. 32 ex.
puisque l’on sait que ces derniers fréquentaient Dupont et COLOMBIE (sans autre précision) : Columbia, Passalus [barré],
Chevrolat. Une coïncidence avec un autre voyageur naturaliste V. platyrhinus Reiche, validus Burm. [dét. Kaup, ≤ 1871] / ex. Musæo Mniszech
non identifié est peu vraisemblable. Il est donc curieux de consta- (MNHN 2 ex) ; Columbia, validus Burm. det. Deyrolle / ex coll. Deyrolle
ter, près de deux siècles plus tard, que les deux séries types puis- [< 1865] in E.D. Brown (MNHN 2 ex) ; Colomb. / ex.-Coll. H. Boileau
1925 (MNHN 1 ex) ; Colombia / Ex. Musæo Guérin-Mènev. [< 1874]
sent provenir d’un même échantillon, nommé d’abord en France (MNHN 1 ex). – CUNDINAMARCA : Fusagasugá [> 2 000 m] / platyrhinus
par Reiche, puis en Angleterre par Hope, puis en Allemagne par Reiche [dét. Steinheil] / ex. Musæo E. Steinheil [1872-73] (MNHN 1 ex) ;
Burmeister. Colombie, Bogotá, Le Moult [Apollinaire Marie, < 1930] (MNHN* 1 ex) ;
Columbia, Muzo [> 2 000 m], Apollinaire Marie, Le Moult (IRSN 1 ex) ;
Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : COLOM- Santa Fé de Bogota (IRSN 1 ex) ; Colombia, prob. nr. Bogota, E.W. Mark
BIE, CUNDINAMARCA : validus, Columb. [dét. Burmeister] / 1848-57 / Veturius sp. [dét. Arrow] (UMHO 1 ex) ; Bogota / V. aspina Kuw.
[dét. ?], Staudinger [< 1900] (MNHB 1 ex) ; Bogota, Lansberge [< 1909] /
MLV Halle WB Zoologie S. Nr. 8/3/23 T. Nr. — Longueur
V. validus Burm [dét. ?] / V. platyrhinus Westw. [dét. ?] / V. platyrhinus Hope,
totale : 47,5 mm. (MLUH). Paralectotypes : id. lectotype (1 ex., det. v. Doesburg (NNML 2 ex) ; Bogota / Slg. R. Oberthür (Coll. Lefebre),
MLUH) ; Dup. [Dupont] / Validus Burm., Bras. [dét. ?] (NHMV XI.1956 (ZFMK 1 ex) ; Colomb., Bogota / ex. Mares Coll. / V. platyrhinus,
2 ex) ; Colomb., Bog., Dupt. 25 [Dupont 1825] / Passalus platy- det. Pereira 1959 (FMNH 3 ex) ; Colombia, F. Ovalle, Q., Ac. 33501 /
rhinus Hope, Catal. 1845, validus Burm., Handb. V, Colombie, V. platyrhinus (Hope), det. Pereira 1958 (AMNH 14 ex).
Coll. Chevrolat [dét. Chevrolat < 1884] / Passalus platyrhinus Description. Habitus massif, allongé. Coloration noir brillant dessus et
Dupt., validus Burm., Colombia [dét. ?] / Platyrhinus Reiche / dessous.
Validus Burm. [dét. ?] / platyrhinus Westw. 1845 / validus Burm. Taille grande. Longueur totale : 48-50 mm ; largeur maximale : 17-
18 mm aux élytres.
1847 [dét. ?] / V. platyrhinus Westw. / V. validus Burm. [dét. ?] /
Tête (fig. 407). Tubercule central conico-pyramidal, assez fin, élancé
V. platyrhinus Hope, det. v. Doesburg (NNML 1 ex). en avant à 45°, l’apex droit ou peu pointu et émoussé. Tubercules latéro-
Derivatio nominis. De l’habitus robuste. postérieurs marqués, assez affilées, légèrement courbes, perpendiculaires au
tubercule central. Rides frontales postérieures bien marquées, divergent en
Les deux exemplaires vus par BURMEISTER (1847) ont les angle obtu, contiguës au tubercule central et aux tubercules internes.
aires latéro-post-frontales avec quelques rares soies. Tubercules internes bien marqués mais émoussés. Aire médio-frontale renflée,
plus ou moins parsemée de fines rides transversales et mamelonnée entre
V. validus a été mis en synonymie avec V. platyrhinus par les rides frontales. Clypéus convexe, large, en forme d’accolade marquée ;
BURMEISTER (1847) lui-même, en annexe de sa monographie. angles antérieurs droits et obliqués vers l’avant, visibles en vue dorsale.
Fossettes latéro-frontales larges, rectangulaires, assez profondes, surtout
Par la suite, l’espèce a été ballottée, de façon arbitraire, d’un statut antérieurement où elles sont bien rebordées. Aires latéro-post-frontales
à un autre (voir l’index nomenclatural). KAUP (1871) l’a confon- glabres et lisses. Tubercules tentoriaux peu visibles à effacés. Angles antérieurs
due avec V. aspina (MNHN) et KUWERT (1891) avec V. sinua- de la tête peu marqués, bien arrondis. Canthus oculaires assez courts,
tus (FISF). parallèles ; apex antérieur droit ou à peine obtus ne dépassant pas l’œil. Yeux
grands, globuleux. Fossettes post-oculaires complètes, grandes, assez
LUEDERWALDT (1931) a considéré l’espèce comme syno- profondes et sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon bien marqué,
nyme, puis (l.c.) comme « variété » de V. platyrhinus. Pourtant, plus ou moins régulièrement courbe. Labre quadratique, quelque peu rétréci
cet auteur n’a apparemment jamais vu le véritable platyrhinus. en avant ; bord antérieur peu concave. Mandibules puissantes et allongées ;
En réalité, les spécimens qu’il a identifiés « V. platyrhinus » sont apex trifides, les dents inférieures développées ; dents dorsales assez longues
et hautes, l’apex droit ; fossettes infra-basales très larges (fig. 408). Mentum
des V. standfussi (DEIE) et celui qu’il a identifié « V. platyrhinus à disque légèrement convexe, glabre et lisse, ou muni de rares et courtes
var. validus » est sans doute un petit V. sinuatus. Ce dernier, du soies peu visibles postérieures ; fossettes marquées, ovales, sétigères ; ailes
Muséum de Dahlem, n’a pu être examiné ici, mais les caractères larges, à côtés extérieurs arrondis, couvertes de ponctuations sétigères éparses.
suivants laissent peu de doutes : « Brasil… 35 mm… Mandibulas Article II des palpes labiaux large et presque deux fois plus long que le III.
com 3 dentes terminaes, os dois inferiores quasi fundidos… Processus hypostomaux (fig. 409) trapus, larges, nettement concaves au
milieu, l’apex presque arrondi. Massues antennaires allongées ; article apical
Mesosterno… bordas anterior e lateraes, e tambem região lateral ao convexe et légèrement coudé.
meio, com grupos insignificantes de puncturas… Tibias medias Pronotum (fig. 410). Bord antérieur assez fortement bilobé, l’apex à
faltam, as posteriores ligeiramente pubescentes e inermes ». peine plus haut que les côtés. Angles antérieurs arrondis et faiblement abaissés.

424
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Sillon marginal antérieur large, assez profond et lisse ; fossettes latérales très Pattes. Protibias non élargis, armés de 3-5 épines trapues de longueurs
larges, profondes, occupées par de fortes ponctuations transverses sur les inégales, plus la fourche apicale ; tarsomères I longs et fins (fig. 414). Fossettes
deux tiers de leur longueur postérieure. Pubescence pré-épimèrale assez infra-procoxales larges, à peine concaves mais bien rebordées sur leur marge
longue et dense, bien visible en vue dorsale de l’Insecte. antérieure et couvertes de soies courtes. Face inférieure des profémurs mate,
Mésosternum (fig. 411) glabre, sauf de part et d’autre de l’angle antérieur avec une bande tranverse de soies pré-apicales (fig. 415). Aire infra-apicale
et sur la marge des côtés antérieurs, qui sont couverts de très courtes soies des méso- et métafémurs glabre (fig. 416). Méso- et métatibias inermes
éparses ; aire mate très large, couvrant les côtés antérieurs et la ligne axiale, (fig. 417) ; fourches apicales larges et acérées ; spolons supérieurs puissants,
soit la majeure partie du sclérite. Épimères prothoraciques plus ou moins épais, fortement crochus vers l’apex (fig. 418). Mésotibias couverts de soies
complètement sétigères (fig. 411). longues et denses ; arêtes supérieures légèrement convexes sur presque toute
Métasternum (fig. 412) à aires latéro-antérieures entièrement sétigères, leur longueur médiane. Métatibias id. mais les soies plus courtes, moins
les soies longues et denses ; aires latéro-médianes et latéro-postérieures glabres nombreuses et l’arête supérieure nulle.
et lisses. Fossettes profondes partout, abondamment ponctuées et sétigères, Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur les deux tiers
étroites vers l’avant, larges vers l’arrière. de sa longueur apical.
Élytres glabres, y compris les calus, à l’exception du bord antérieur qui Édéage (fig. 419). Longueur : 2,7-3 mm. Habitus ogival, peu sclérotisé.
est couvert de soies très courtes et espacées. Sries rougeâtres, peu profondes, Paramères et phallobase séparés par une suture obsolète, parfois indistincte.
à ponctuation très fine mais régulière, peu ou pas distincte, surtout sur le Ventral : phallus finement ponctué de part et d’autre de la ligne axiale ;
disque (fig. 413). Profil antérieur vertical. Ailes normalement développées. paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la phallobase

Figures 407-419
Veturius (V.) groupe « platyrhinus », V. platyrhinus (Hope & Westwood), Colombie. – 407, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-
dorsal) ; 408, fossette infra-mandibulaire ; 409, processus hypostomal ; 410, pronotum (dorsal, latéral) ; 411, mésosternum et méta-épisterne ; 412, métasternum ;
413, stries disco-élytrales I-III ; 414, protarsomère I ; 415, profémur (ventral) ; 416, méso- et métafémurs (ventral) ; 417, mésotibia (latéral) ; 418, spolon
supérieur mésotibial (latéral) ; 419, édéage. – Échelles : 1 mm.

425
Stéphane Boucher

droit. Dorsal : paramères et phallobase de même longueur et limités à un le véritable platyrhinus ; il est en revanche certain qu’ils ont
fin liseré sclérotisé.
vu V. aspina et V. standfussi.
Larve inconnue. Celle décrite par SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981),
sur des spécimens de Colombie (Valle) et du Pérou (San Martín, Huánuco Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, dans toute
et Loreto), appartient en réalité à d’autres espèces : V. aspina et V. standfussi son aire de répartition, avec V. (Publius) crassus, V. concre-
pour ce qui concerne la première origine ; V. standfussi et V. yahua pour la
seconde.
tus et V. rugifrons. Une sympatrie partielle est possible avec
V. (Veturius) perecasi (grpe « caquetaensis ») et V. standfussi ;
C OSTA & F ONSECA (1986) ont aussi identifié et décrit comme
« platyrhinus » une larve provenant de l’état de Goiás (Brésil). Cette espèce
ces deux espèces ont été citées dans la littérature, sous divers
n’est évidemment pas le véritable V. platyrhinus, mais peut-être V. yahua, qui autres noms, de la Cordillère Orientale, entre 1 500 et
lui ressemble beaucoup et qui existe dans cette région. 2 500 m d’altitude.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun Les spécialistes ayant tous confondu V. platyrhinus avec
autre V. (Veturius) : grande taille ; apex mandibulaires trifides ; aire post- ses espèces affines, surtout V. aspina et V. standfussi, il est
frontale délimitée par un sillon ; fossettes infra-mandibulaires et margino- regrettable que l’annotation rigoureuse de l’origine des
pronotales très larges ; côtés antérieurs du mésosternum indistinctement
sétigères ; protarsomères I longs et fins ; face inférieure des profémurs mate ; échantillons de la Cordillère Orientale n’ait pas eu lieu
aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre ; méso- et métatibias inermes, plus souvent. Des captures dans des sites géographique-
les spolons supérieurs robustes et fortement crochus vers l’apex ; calus ment proches, mais cependant différents dans leur contexte
huméraux sans touffe de soies.
éco-altitudinal, ont été regroupées sans distinction des
Affinités morphologiques. La forme caractéristique des spolons supérieurs espèces. Le petit nombre de spécimens disponibles de
des méso- et métatibias rapproche V. platyrhinus de V. standfussi et de
V. aquilonalis plus que des autres espèces du groupe. L’état du caractère semble
V. platyrhinus n’a donc pas permis de tester de façon
homologue entre ces espèces. On distinguera néanmoins V. platyrhinus par détaillée ses relations chorologiques avec V. standfussi et
les fossettes infra-mandibulaires très larges, leur développement étant V. perecasi (qui sont typiquement montagnards), et dans
accompagné d’un élargissement de la mandibule elle-même ; les côtés
extérieurs des appendices sont ainsi convexes et presque coudés à la hauteur
une moindre mesure avec V. aspina (qui a une amplitude
des fossettes (fig. 408). Ce caractère n’existe chez aucune autre espèce du écologique plus étendue tout en étant surtout limité aux
groupe. En outre, V. platyrhinus se distingue aisément de V. standfussi par bas reliefs). Les séries qui attestent la sympatrie de V. platy-
l’absence d’épine médiane méso- et métatibiale, et de V. aquilonalis par rhinus avec V. standfussi sont surtout celles de Steinheil
l’absence de soies sur l’aire infra-apicale des méso- et métafémurs, sur les
calus huméraux et sur les aires latéro-médianes du métasternum. (Fusagasugá ; MNHN), de Lansberge, Mark et Apollinaire
Bien que souvent très ressemblants, V. aspina, V. yahua et dans une Marie (environs de Bogotá ; MNHN, NNML, UMHO),
moindre mesure V. guntheri (même groupe), n’ont jamais cette combinaison et d’Apollinaire Marie (Muzo ; MNHN, IRSN).
de caractères.
Polymorphisme. Les spécimens connus n’offrent pratiquement aucune
Remarques taxinomiques et historiques. Dans la littéra-
différence entre eux, y compris la taille, variable de 1-2 mm. Les caractères ture, ce Veturius est l’un des plus cités car il est considéré
diagnostiques et les caractères clés retenus sont nets et invariables. On peut comme l’un des plus communs et des plus répandus ; c’est-
penser que l’étroite répartition géographique de l’espèce est à l’origine de la à-dire l’un des mieux connus. HINCKS & DIBB (1935) ont
stabilité de ces caractères.
On notera toutefois la présence occasionnelle de quelques rares soies ainsi répertorié des localisations du Venezuela, des Guyanes
sur les aires latéro-post-frontales (V. validus ; MLUH), tandis qu’un unique et depuis le Guatemala jusqu’à la Bolivie. La réalité des
spécimen a une très courte épine sur les mésotibias (ex. Le Moult, MNHN). faits est toute autre : l’espèce est localisée, très peu connue
Répartition géographique. La répartition de V. platyrhi- et elle a été confondue par tous les auteurs, au total avec
nus est très comparable à celle de V. (Publius) crassus ; c’est près de dix espèces, du même groupe ou non.
un endémique du centre de la Cordillère Orientale colom- On ne peut exclure l’hypothèse de sa raréfaction par
bienne (fig. 910). Toutefois, les limites nord et sud de l’aire l’Homme, voire de sa disparition localement, du fait de la
sont mal connues. La plupart des spécimens proviennent destruction des forêts et de l’urbanisation de la région de
du périmètre aujourd’hui urbanisé du District Fédéral de Bogotá. Les spécimens répertoriés ici sont tous anciens et
Bogotá. ne proviendraient que d’une dizaine de récoltes seulement.
Concernant les séries types, dont l’essentiel a été discuté
Distribution dans l’aire. Espèce limitée à la mosaïque ci-dessus, on est en mesure de penser que les spécimens
forêts-savanes de la région de Bogotá. Les altitudes mini- acquis en France par Mniszech, Deyrolle, Guérin-
males et maximales sont établies à 2000 et 3 300 m environ. Méneville et Boileau (MNHN), ainsi que ceux qui ont
AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO (1996) ont consi- été diffusés depuis l’Allemagne par Staudinger (MNHB)
déré l’espèce comme surtout présente dans les « tierras altas et par Lansberge (NNML), proviennent presque tous des
del sistema andino » (1000-2 800 m), puis dans les « regiónes récoltes de Goudot et de Lebas (1822-1828). Le spéci-
baja interandina » et « montañosa andina » du « complejo men attribué à Steinheil (MNHN), de son expédition de
insular continental » et du « Chocó biogeográfico ». Ceci est 1872-1873, reste ambigu ; STEINHEIL (1877) ne signale
peu clair, quelque peu contradictoire et en partie erroné, pas s’être rendu à Fusagasugá, mais au nord de Bogotá,
confirmant une confusion d’espèces. D’ailleurs, aucun vers Fómeque. Aucune précision n’a été trouvée sur la
spécimen ne montre que les auteurs ont eu sous les yeux probable récolte de Mark, 1848-1857 (UMHO) qui est

426
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

l’une des plus anciennes. Au début du XIX e siècle, le Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (partim
aspina sensu Kuwert, aquilonalis).
missionnaire Apollinaire-Marie a fait diffuser ses récoltes Passalus transversus [sensu Dejean et Di Breme, vers 1830] : GIACHINO 1982 :
par des marchands, comme Le Moult (MNHN, IRSN). 236 (partim sinuosus sensu Drapiez, sinuatus sensu Eschscholtz).
Les spécimens de la collection Mares (FMNH), comme Veturius standfussi Kuwert (syn. platyrhinus Westwood) : MAES 1987 : 19
ceux d’Ovalle (AMNH), sont plus récents, bien qu’ils ne (catal.).
Veturius platyrhinus (Westwod) : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 :
soient pas datés (voir aussi les espèces Publius crassus, 80 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood ? ; aspina sensu Kuwert).
P. concretus et Veturius montivagus). Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA
Après HOPE & WESTWOOD (1845) et BURMEISTER 2003 : 47 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood, aspina sensu
Kuwert, yahua).
(1847), KAUP (1868, 1871) est le premier à avoir vu et
Syn. : V. validoides Kuwert 1891 transf. syn.
cité l’espèce, sur quatre exemplaires de la collection Veturius Validoides : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 171.
Mniszech (MNHN) et sur un du HLMD (non retrouvé) ; Veturius validoides Kuwert : MOREIRA 1922 : 269 ; 1925 : 26 (catal.).
deux de ceux de Mniszech sont en fait des V. aspina. Veturius validoides Kuwert (syn. platyrhinus (Hope)) : LUEDERWALDT 1931 :
35 (partim sinuatus sensu Eschscholtz ; aspina sensu Kuwert, aquilonalis) ;
Dans les citations de BATES (1886, 1891) du Nicaragua HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.).
(Chontales), du Costa Rica (Irazú), du Panama (Chiriquí)
Syn. : V. spinifer Gravely 1918 transf. syn.
et d’Equateur, figurent en réalité V. aquilonalis, V. aspina Veturius spinifer : GRAVELY 1918 : 36 & pl. V, fig. 4.
et V. sinuatocollis (MNHN). KUWERT (1891, 1898) a bien Veturius spinifer Gravely : MOREIRA 1922 : 270; 1925 : 26 (catal.); ANONYME
connu l’espèce par son synonyme moevi, mais le spécimen 1922 : 23 (type).
qu’il a identifié « V. Platyrrhinus » est en réalité un V. aspina Veturius spinifer Gravely (syn. platyrhinus (Hope)) : LUEDERWALDT 1931 :
35 (partim sinuatus sensu Eschscholtz ; aspina sensu Kuwert, aquilonalis).
(MNHN). A RROW (1907) a confondu l’espèce avec Veturius spinifer Gravely (syn. platyrhinus Westw.) : HINCKS & DIBB 1935 :
V. aspina (NHML) et V. aquilonalis (NHML) ; c’est donc 25 (catal.) ; MAES 1987 : 19 (catal.).
ultérieurement que cet auteur a identifié, comme « Veturius
sp. », un spécimen du véritable platyrhinus (UMHO). Matériels types
HINCKS (1934) a confondu l’espèce avec V. standfussi V. standfussi Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s) du
(NHML, SMTD). Venezuela.
Par la suite, presque aucun spécialiste n’a connu l’es- Lectotype P (présente désignation) : VENEZUELA (sans
pèce, bien que tous l’aient citée. Dans leur catalogue, autre précision) : « Standfussi Kuw., Colombia [dét. Kuwert] /
Ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 39 mm
HINCKS & DIBB (1935) l’ont confondu avec au moins
(MNHN).
cinq espèces. Pereira a identifié correctement deux séries
(FMNH, AMNH) ; en revanche, VULCANO & PEREIRA Remarque sur la localité type – KUWERT (1898) a remplacé
(1967) ont cité l’espèce de la Région Amazonienne, sans la localité originale par « Colombie », sans explication. Aucun
spécimen du Venezuela identifié par Kuwert n’a été retrouvé. La
doute après l’avoir confondue avec V. yahua. Van Doesburg
localité type à conserver est cependant le Venezuela car le lecto-
a identifié correctement deux spécimens (NNML). Enfin, type appartient, selon toute vraisemblance, à la population de
il est possible que REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA ce pays (voir ci-après). Kuwert a souvent remplacé et modifié ses
(1991) ont examiné l’espèce, puisqu’ils figurent un point- étiquettes originales, tandis que la publication post-mortem de
carte proche de Bogotá. C’est sans doute le spécimen que son imposant travail, par Rothschild & Jordan, est peut être à
REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA (2003) ont localisé de l’origine de plusieurs erreurs.
« l’est de Bogotá » ; les autres spécimens qu’ils ont cités (du
V. validoides Kuwert transf. syn. – Espèce décrite sur n exem-
moins ceux qui ont été révisés ici) se rapportent en réalité
plaire(s) d’Amazonie (sans autre précision). Cette localité est
à V. aspina, V. standfussi et V. yahua (IMEX). erronée. KUWERT (1898) a ajouté : « 1 Stück ». Holotype (sexe
indét.) : « validoides Kuw., Amazon [dét. Kuwert] / Ex Musaeo
15. Veturius (Veturius) standfussi A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 45 mm (MNHN).
Kuwert 1891 n. stat. KUWERT (1891, 1898) est resté indécis sur le statut de l’es-
pèce, en la qualifiant de « Variante ? » de V. validus (syn. platyrhi-
(fig. 172, 425-428 – 911, 920-921)
nus). Le type a les fossettes frontales glabres et les méso- et méta-
Veturius Standfussi : KUWERT 1891 : 174. tibias épineux. L’espèce a été mise en synonymie arbitrairement
Veturius standfussi Kuw. : KUWERT 1898 : 172. avec V. platyrhinus par LUEDERWALDT (1931).
Veturius sinuatus Eschsch. : KUWERT 1898 : 172.
Veturius platyrhinus (Hope) : LUEDERWALDT 1931 : 200. V. spinifer Gravely transf. syn. – Espèce décrite sur six exem-
Veturius standfussi Kuw. (syn. platyrhinus (Westw.)) : HINCKS 1934 : 153 plaires : un de Colombie, deux du Venezuela (sans autre préci-
(partim aspina Kuwert, guntheri sensu Kuwert, aquilonalis, yahua). sion) et trois du Brésil (Santa Catarina). L’auteur a ajouté : « I have
Veturius Standfussi Kuwert (syn. platyrhinus Westw.) : HINCKS & DIBB 1935 : selected one of the Brazilian specimens as the type of the species ».
25 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood ; catal.).
Veturius platyrhinus (Westwood) : ROZE 1955 : 63.
Cet holotype, théoriquement préservé au Zoological Survey, à
Veturius platyrhinus Hope : DOESBURG 1957 : 22. Calcutta (ANONYME 1922), ne m’a pas été communiqué. Un
Veturius platyrhinus (Hope) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim des paratypes du Venezuela a pu être examiné. Paratype (sexe
platyrhinus sensu Hope & Westwood, aspina sensu Kuwert). indét.) : « Cotype / VENEZUELA / Van de Poll Collection 1919 :

427
Stéphane Boucher

187 / Veturius spinifer Gravely Cotype, F.H. Gravely det. » — tête moins transverse et l’on constate de façon assez corroborée un nombre
Longueur totale : 42 mm (NHML). Cet exemplaire a les fossettes sensiblement supérieur de soies sur la tête.
frontales sétigères et les méso- et métatibias épineux.
L’espèce a été mise en synonymie avec V. platyrhinus par Répartition géographique. Espèce andine, où elle est
LUEDERWALDT (1931). répandue sur plus de 3 000 km, depuis les Cordillères
Remarque sur l’holotype – V. standfussi vit en Colombie Costale et de Mérida (Venezuela) jusqu’à la Cordillère
et au Venezuela, mais pas au Brésil. Quelle est alors l’identité de Orientale de Bolivie (fig. 911).
l’holotype brésilien ? La description de Gravely est suffisamment Du nord vers le sud, l’espèce est connue avec certitude
complète pour assurer que ce spécimen appartient à une espèce des régions suivantes : – Venezuela : Táchira, Zulia [Cord.
du groupe « platyrhinus ». En conséquence, soit c’est un V. stand- Perijá], Mérida, Bariñas nord, Lara, Falcón, Carabobo,
fussi (avec une localité erronée), soit un V. yahua (qui existe au District Fédéral, Aragua, Miranda, Guárico nord. –
Brésil). La présence d’une tierce espèce inconnue est peu probable. Colombie : Chocó, Valle, Cauca, Nariño, Putumayo,
Antioquia, Caldas, Risaralda, Tolima, César, Norte de
Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale : Santander, Santander, Cundinamarca, Huila, Meta. –
37,5-49 mm ; largeur maximale : 13-17 mm aux élytres.
Tête (fig. 425). Aires latéro-post-frontales avec quelques soies éparses, Equateur, Oriente : Napo et Sucumbios, Pastaza,
souvent une ou deux tout au plus, mais rarement glabres. Mandibules Tungurahua, Chimborazo, Zamora-Chinchipe ; Occidente :
puissantes et allongées ; apex trifides, les dents inférieures développées ; Pichincha, Cotopaxi, Bolívar. – Pérou : Cajamarca, San
fossettes infra-basales normalement élargies (fig. 421).
Mésosternum comme V. aquilonalis, glabre, sauf les côtés de l’angle Martín, Huánuco, Pasco, Junín, Ayacucho, Cuzco [Cord.
antérieur qui ont de très courtes soies éparses ; aire mate très large, couvrant Orientale]. – Bolivie : La Paz, Cochabamba.
les côtés antérieurs et la ligne axiale, soit la majeure partie du sclérite (fig. 431). L’absence de l’espèce en Amérique Centrale semble
Métasternum à aires latéro-antérieures entièrement sétigères, les soies
longues et denses ; aires latéro-médianes plus ou moins sétigères ; aires latéro- établie. Comme pour les autres Veturius montagnards,
postérieures glabres et lisses. Fossettes profondes partout, abondamment l’Isthme de Panama est une barrière infranchissable. Pour
ponctuées et sétigères, étroites vers l’avant, larges vers l’arrière. une raison similaire, l’espèce est absente à l’est des Andes,
Élytres glabres, y compris les calus, sauf le bord antérieur avec des soies
très courtes et espacées. à l’exception des Cordillères de Mérida et Costale.
Pattes. Protarsomères I longs et fins. Face inférieure des profémurs mate. Au Pérou, de vastes secteurs sont dépourvus de données,
Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et métatibias avec bien qu’ils semblent propices à l’espèce. Au Venezuela, sur
1-2 épine(s) médiane(s), le plus souvent forte(s) ; fourches apicales larges et
acérées (fig. 426) ; spolons supérieurs puissants, épais, fortement crochus le versant sud des Cordillères de Mérida et Costale, l’es-
vers l’apex (fig. 427). pèce existe dans des forêts-galeries des Llanos (notamment
Édéage (fig. 428). Longueur : 2,5 mm. Habitus assez trapu, subparallèle, entre le Bariñas et le Miranda). En revanche, son absence
peu sclérotisé. Paramères et phallobase non séparés par une suture distincte.
Ventral : phallus finement ponctué de part et d’autre de la ligne axiale ;
du versant nord de la Cordillère de Mérida est favorisée
paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la phallobase par une végétation xéromorphe.
légèrement concave. Dorsal : paramères et phallobase de longueurs à peu D’autres massifs péri-Andins pourraient abriter l’es-
près égales et limités à un fin liseré sclérotisé.
Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus.
pèce, mais elle y est inconnue, comme en Colombie : Sierra
Nevada Santa Marta, nord de la Cordillère Centrale (entre
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides ; Antioquia et Bolívar), Sierra de la Macarena (Meta,
fossettes infra-mandibulaires normalement élargies ; aire post-frontale piémont oriental), peut-être aussi le nord du Chocó. ROZE
délimitée par un sillon ; fossettes margino-pronotales très larges et profondes ; (1955) a signalé des spécimens de la Sierra de Perijá, versant
côtés antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I longs et fins ; face
inférieure des profémurs mate ; aire infra-apicale des méso- et métafémurs vénézuélien (Zulia).
glabre ; méso- et métatibias avec au moins une épine médiane forte, les
spolons supérieurs puissants, épais, crochus vers l’apex ; calus huméraux sans Distribution dans l’aire. Espèce limitée aux forêts ombro-
touffe de soies. mésophiles à mésophiles, entre 800 et plus de 2 500 m
Affinités morphologiques. Le développement et la forme caractéristiques d’altitude. Les localités citées d’altitudes inférieures ou
des spolons supérieurs des méso- et métatibias rapprochent immédiatement supérieures sont sans doute dues à des confusions d’espèces.
l’espèce de V. platyrhinus et de V. aquilonalis, mais la présence d’une épine
médiane forte sur les mêmes appendices l’en sépare d’autant. En outre, Affinités chorologiques. Le territoire qu’occupe V. stand-
V. standfussi n’a pas les fossettes infra-mandibulaires élargies, ni les marges
latéro-antérieures du mésosternum sétigères comme chez V. platyrhinus, ni
fussi étant diversifié en altitude et très étendu, il est partagé
enfin la pubescence humérale, infra-profémorale et métasternale développée avec de nombreux autres Veturius. Les relations de sym-
comme chez V. aquilonalis. ou parapatrie sont alors différentes selon les régions.
La présence permanente d’épines méso- et métatibiales fortes exclue par
ailleurs toute confusion avec V. aspina, V. yahua ou V. guntheri, du même
Venezuela – L’espèce est sans doute sympatrique avec
groupe d’espèces. V. heydeni (grpe « transversus ») dans la Cordillère Costale,
Polymorphisme. Les longueurs et largeurs maximales des spécimens andins ainsi qu’avec Publius taurus dans l’extrême sud-ouest de la
sont de 42-46 mm et 14-16 mm. Les mêmes mesures sont moindres dans Cordillère de Mérida (Táchira).
la population du Venezuela (39-45 mm et 14-15 mm), à laquelle appartient Colombie – L’espèce est sympatrique, dans son étage
le type. Cette différence est généralement bien visible, quel que soit l’origine
des spécimens de part et d’autre de l’étroite dépression qui sépare le massif inférieur (< 1 000 m d’altitude environ) avec V. aspina,
de Mérida, des Andes. La population du Venezuela est donc plus menue, la comme le prouvent des séries de Valle (Vallée de la Calima :

428
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

W Buga, rio Azul, La Cristalina ; MNHN, CLP), du sence de polymorphisme des épines latérales méso- et méta-
Nariño (Tumaco ; CLP), d’Ibagué (MNHN, CLP), du tibiales. Ce caractère est en réalité stable chez V. standfussi.
Tolima (Honda ; MNHN), ainsi que la série du Caldas HINCKS (1934) par exemple, qui a mis l’espèce en syno-
(Manizales ; ZFMK). Il en est de même avec V. platyrhi- nymie, l’a confondue avec V. aspina, V. guntheri, V. aqui-
nus dans le Cundinamarca : séries de Fusagasugá (MNHN), lonalis et V. yahua. KUWERT (1898) lui-même n’a pas
des « environs » de Bogotá (MNHN, NNML, UMHO) reconnu son espèce, puisqu’il l’a citée d’Amazonie, sous le
et de Muzo (MNHN, IRSN). Dans l’extrême sud du pays, nom de V. sinuatus Eschscholtz (MNHN). C’est d’ailleurs
une sympatrie est possible avec V. guntheri, mais ce dernier pour cette raison que LUEDERWALDT (1931), lors de l’exa-
y est très peu connu. Les autres espèces du groupe « platy- men d’un spécimen de Colombie, a écrit : « … concorda
rhinus » sont allopatriques. em quasi todos os pontos com V. sinuatus Eschsch., in Kuw.
Parmi les autres Veturius, la plupart des Publius semblent 1898, p. 172 » !
sympatriques, sauf peut-être impressus, puisque V. stand-
fussi est inconnu de la Sierra Nevada Santa Marta. Dans Étant donnée sa vaste répartition, V. standfussi a été
le sous-genre Veturius, une sympatrie au moins partielle rapporté depuis longtemps et par de nombreuses expédi-
existe avec V. sinuatocollis (grpe homonyme), avec les quatre tions. L’un des plus anciens spécimens provient de la région
espèces du groupe caquetaensis et avec V. patinoi (grpe de Bogotá ; il est dû à Lebas, 1828 ; Dejean l’a nommé
« transversus »). Dans le sous-genre Ouayana, V. cirratoides Passalus approximatus (MNHN), mais sans l’avoir décrit.
et V. oberthuri sont sympatriques (V. galeatus semble limité D’autres spécimens de même provenance, qui sont dans
à une altitude trop faible, tandis qu’aucune donnée n’est les collections Thomson et Mniszech (MNHN), ont sans
connue pour V. casalei). doute été pris par Lebas, ou bien par Goudot, en 1822-
Équateur – V. aspina est partiellement sympatrique 1823 (voir à ce sujet V. platyrhinus et Publius crassus). De
dans l’Occidente et l’Oriente (voir notamment les séries Colombie encore, Steinheil, en 1872-1873, a rapporté de
de Baños ; MNHN), ainsi que V. guntheri et V. yahua dans nombreux spécimens, localisés avec précision et de diffé-
l’Oriente. Parmi les autres groupes figurent, dans rentes régions (MNHN). On notera aussi, parmi les récol-
l’Occidente, Publius alani, V. sinuatocollis (grpe homo- teurs anciens les plus connus, Thieme 1877 (MNHB),
nyme), V. hincksi, V. petteri, V. biapicalis (grpe « biapica- Gerrard 1879 (MNHN, NHMV), Rosenberg 1894-1895
lis »), et V. ecuadoris (grpe homonyme) ; dans l’Oriente, (MNHN), de Mathan 1898 (MNHN), Gaujon 1899
V. dibbi (grpe « biapicalis ») et V. libericornis (grpe homo- (MNHN) et Fassl 1908-1909 (MNHN, DEIE). En
nyme), mais dans leur plus haut étage. revanche, aucune donnée n’a été trouvée sur Mark 1848-
Pérou – Dans le groupe « platyrhinus », seuls V. guntheri 1857 (UMHO), Leny 1850 (MNHN) et Moritz 1860
et V. yahua sont sympatriques. Dans les autres groupes, (MNHB), ni sur Landolt, Patino, Rocheraux (MNHN)
V. inca, V. ecuadoris et V. tarsipes (grpe « ecuadoris ») sont et Ovalle (AMNH), ces derniers de la seconde moitié du
sympatriques dans le nord ; V. arawak (grpe « ecuadoris ») XIXe ou du début du XXe siècle et qui sont parfois les seuls,
et Publius spinipes dans le sud ; enfin V. libericornis du nord jusqu’à ce jour, à avoir pris l’espèce dans plusieurs régions.
au sud, mais dans son plus haut étage. L’unique spécimen examiné de la Sierra de Perijá, confir-
Bolivie – Comme au Pérou pour ce qui concerne le mant la citation de ROZE (1955), est récent et dû à Malkin
groupe « platyrhinus » (voir les séries prises par Fassl, du (FMNH). Dernièrement, les récoltes de Pardo Locarno
MNHB), ainsi que V. libericornis et Publius spinipes. En (CLP) ont beaucoup contribué à la connaissance de l’es-
plus, une sympatrie existe avec V. boliviae et V. dreuxi (grpe pèce dans les Andes de Colombie Occidentale.
ecuadoris). Peu après les découvertes en Colombie, des spécimens
du Venezuela ont été rapportés par Sallé (MNHN,
V. standfussi est abondant et dominant parmi les Veturius NHML) et par Moritz, vers 1860 (NHMV). Simon, en
des Cordillères du Venezuela et des deux tiers sud des Andes 1887-1888, en a pris dans la région de Colonia Tovar
de Colombie, mais il l’est moins parmi ceux du sud de (MNHN, ZFMK), parmi ses nombreuses récoltes
l’Equateur et encore moins parmi ceux du Pérou et de d’Arthropodes (SIMON 1889). Klages 1904 (MNHN) et
Bolivie. L’abondance relative de l’espèce est alors décrois- Lichy 1942 (IZAM, IMEX), en ont aussi rapporté du
sante du nord vers le sud. En Equateur, il semble que l’es- Venezuela. Depuis lors, beaucoup d’échantillons de ce pays
pèce soit progressivement relayée par V. yahua et V. guntheri, sont dus à J. & B. Bechyné et à L.J. Joly et collaborateurs
qui occupent des étages identiques ou voisins. (IZAM), durant les années 1970-1980.
Remarques taxinomiques et historiques. Dans la littéra- D’Equateur, les premiers spécimens sont plus récents :
ture, V. standfussi a été confondu surtout avec V. platyrhi- ceux de Baron, vers 1890 (voir BROWN 1965), de Blanc
nus (voir l’index nomenclatural) et aucun auteur, après 1895 (MNHN) et d’Haensch 1899-1900 (MNHB). Du
KUWERT (1891), n’a émis l’hypothèse de son statut de Pérou, aucune donnée n’a été trouvée sur Senez 1879
bonne espèce. L’origine principale des confusions est l’ab- (MNHN), ni sur Popelaire (IRSN). Au début du XXe siècle,

429
Stéphane Boucher

seuls les spécimens de Schunke 1909, sont en nombre 1 400 m, at light, S. & J. Peck VII.1989 (MCNO 1 ex). – ZULIA (Sierra
Perijá) : voir Colombie, CÉSAR. – MÉRIDA : Sierra de Mérida [≥ 1 000 m]
(NHML, IRSN, CASC). De Bolivie enfin, il n’existe dans / V. platyrhinus Hope, det. Ohaus (MNHB 1 ex). – BARIÑAS : Venezuela,
le matériel ancien que les récoltes de Fassl 1912-1913 Bariñas, La Chimenea, piège lumineux, 1 500 m, P. Bleuzen III.1986
(MNHN, MNHB) ; les quelques autres spécimens connus (MNHN* 1 ex) ; Venezuela, Bariñas, La Soledad, 1 700 m, VIII.1974 /
sont presque tous récents (MNHN). B. Bechyné (IZAM 1 ex). – LARA : Venezuela, Lara, Parq. Nac. Yacambú,
Sector El Blanquito, 1 600 m, VIII.1986 / R. Candia (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
Lara, Rio Claro Bombon, 1 100 m, II.1981 / L. Mejia (IZAM 1 ex) ;
Autre matériel examiné. Environ 700 ex. Venezuela, Lara, Sarare [± 1 100 m], IX.1968 / J. & B. Bechyné (IZAM 3 ex) ;
VENEZUELA (sans autre précision) : Venezuela (MNHB 1 ex) ; Venezuela, LA., Cabudare, Terepaima Cr., 1 200 m, I.1954 / F. Fernandez,
Venezuela / Fry Coll. 1905 (NHML 3 ex) ; Venezuela / Coll. Di Breme [vers C.J. Rosales (IZAM 1ex); Venezuela, Lara, Barquisimeto [± 1300 m], V.1968 /
1830] (MSNT 2 ex) ; Venezuela, D. [don] Deyrolle 1849, P. transversus J.M. Osorio. (FSCA 1 ex). – FALCÓN : Venezuela, Falcón, Cerro Galicia,
Dalman [dét. Spinola] / Coll. Spinola / V. transversus (Dalman), det. Reyes- 1 500 m, XI-XII.1971 / J. & B. Bechyné (IZAM-IMEX 5 ex). –
Castillo 1993 (MSNT 1 ex) ; Venezuela, D. Poggi 1876 (MSNG 1 ex) ; CARABOBO : Venezuela, Carabobo, Hac. Montero Montalban, 1 300 m,
Venezuela, Ghiliani 1860 / P. transversus Dalm. [dét. ?] (MSNG 1 ex). – IX.1968 / J. & B. Bechyné (IZAM 4 ex) ; Venezuela, Carabobo, Rio Borborata,
TÁCHIRA : Venezuela, Táchira, crtra Bramón -Delicias 1 860 m, II.1980 / Depto. Pto. Cabello, R. Lichy II.1942 (IMEX 2 ex). – D. F. : Caracas / ex
J.A. Clavijo, A. Chacon, M. Ayala (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Táchira, tra coll. H. Boileau 1925 (MNHN 7 ex) ; Caracas, Sallé, Coll. Deyrolle 1848
Cardero e Michelena, Casa del Padre, 2 300 m, tronc pourri, A. Bandinelli (MNHN 3 ex) ; Caracas, Venezuela / ex Musaeo ED. Brown [< 1876]
XII.1993 (MZSF 2 ex) ; Ven., Tách., Fundación Camp. Siberia, Presa Honda, (MNHN 4 ex) ; Caracas, Sallé / V. platyrhinus Hope det. Doesburg (NNML

Figures 420-428
Veturius (V.) groupe « platyrhinus ». – 420-424, V. aspina Kuwert, Amérique Centrale – Andes ; 425-428, V. standfussi Kuwert, Andes – Venezuela. – 420,
425, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 421, fossette infra-mandibulaire ; 422, pronotum (dorsal, latéral) ; 426, mésotibia (latéral) ; 423, 427, spolon
supérieur mésotibial (latéral) ; 424, 428, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

1 ex) ; Caracas, Styrup (ZMC 2 ex) ; Venezuela, Caracas 1961 (MHNG 1 ex) ; Colombia, Valle 18 km Cali Rd. to Buenaventura [≥ 1 500 m], Mac A. Tidwell
Venezuela, D.F., El Junquito, 2 000 m, IV.1942 / R. Lichy / V. platyrhinus I. VII.X.1979 (FSCA 3 ex) ; Colombia, Cali, V.1977 / V. platyrhinus
(Westw.), det. Roze (IZAM 1 ex) ; id., 1 700 m, C.J. Rosales, S. Clavijo IV.1969 (Westwood), det. Reyes-Castillo 1986 (AMNH 2 ex) ; Colombia, 20 km W
(IZAM 1 ex) ; Venezuela, D.F., Petaquixe, VI.1964 / C.J. Rosales, E. Osuna Cali, 2 270 m, I.1983 / V. platyrhinus (Westwood), det. Reyes-Castillo 1986
(IZAM 1 ex) ; Venezuela, El Limón, Litoral D.F., 1 350 m, Bordon VI.1965 (AMNH 1 ex). – CAUCA : Colombie, Popayán [± 1 800 m], Gaujon 1899
(IMEX 1 ex) ; Caracas (HLMD 1 ex) ; Venezuela, Caracas, O. Thieme VI.1877 (MNHN 5 ex) ; Colombie, Cauca / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 3 ex) ;
(MNHB 1 ex). – ARAGUA : Colonia Tovar [± 2 000 m], E. Simon III.1888 Colombia, Cauca, Popayán vic., H. Zamora X-XII.1986 (FSCA 1 ex) ;
(MNHN 25 ex) ; Venezuela, Aragua, La Vitoria, piège lumineux 1 800 m, Colombia, Cauca, Popayán, L.M. Puerta I.1989 (CLP 1 ex) ; Colombia,
P. Bleuzen VII. 1987 (MNHN* 1 ex) ; Venezuela, E. Aragua, Rancho Grande, Cauca, Ver. El Tigre Cajibio [± 1 800 m], troncos, V. Puerta XI.1993 (CLP
1 100 m, C.J. Rosales XI.1950, F. Fernandez Yepez III.1953 / V. platyrhinus 18 ex) ; Colombia, Cauca, nr. Popayan, 14 km El Zargal 1 820 m., D. Ewert
(Westw.) det. Roze (IZAM 2 ex) ; id., IV.1954-IV.1955-V-VIII.1959-V.1970- III.1973 / V. platyrhinus (Westwood), det. Reyes-Castillo 1986 (AMNH
V.1974-V.1977, luz y troncos / J.A. Clavijo, F. Fernandez, J.L. Garcia, 1 ex). – NARIÑO : Colombie, Nariño, La Victoria [E Bela Vista, > 1 000 m],
J. Gonzales, A. Ramirez, J. Salcedo (IZAM 10 ex) ; Venezuela, Aragua, Colonia IV.1970 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Colombia, Nariño,
Tovar, IV.1970 / J. & B. Bechyné (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Aragua, Pozo del Tangorial, X.1993 (CLP 1 ex) ; Colombia, Nariño, Sotomayor [> 1 000 m],
Diablo, VIII.1966 / M. Gelbez, J. Salcedo (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Aragua, X.1993 (CLP 1 ex) ; Colombia, Nariño, Tumaco [< 500 m ?], Campo X.1993
Rancho Grande, Girardot, J. & B. Bechyné VI.1970 (IMEX 2 ex) ; Venezuela, (CLP 1 ex). – PUTUMAYO : Colombia, Putumayo valley 1977 (MTMA
Aragua, Rancho Grande, Girardot, R.W. Brooks, A.A. Grigarick, J. McLaughlin 1 ex). – ANTIOQUIA : Colombie, Medellín [> 1 500 m], Gerrard 1879
& R.O. Schuster VII.1979 (IMEX 1 ex) ; Venezuela, Aragua, Rancho Grande, (MNHN 1 ex) ; Antioquía / V. standfussi Kuw. det. Arrow / V. platyrhinus
1 100 m, H. & A. Howden II.1971 (MCNO 1 ex) ; Colonia Tovar, E. Simon standfussi Kuw. var., det Hincks (NHML 1 ex) ; Colombia, Antioquía,
III.1888 / Coll. Allard (ZFMK 3 ex) ; Venezuela, Moritz 1858 / V. sinuatus Medellín, VI.1994 (CLP 1 ex) ; Nov. Gran., Medellín, VII.1879 [Gerrard ?]
Esch., (K. v.) [Kuwert vidit] (NHMV 5 ex) ; Venezuela, Aragua, Rancho (NHMV 2 ex) ; Colombia, Antioquia, nr. Yarumal 1 800 m, J. Helava IV.1973
Grande, 1200M, J. Rood III.1960 (UMAA 1 ex) ; Aragua, Rancho Grande, (MCNO 1 ex). – CALDAS : Manizales [> 1 500 m], A.M. Patino (MNHN,
M. Murtaugh VI.1975 / V. platyrhinus (Westwood), det. Clausen 1998 60 ex.) ; Columbia / Aguadas [> 1 500 m] / Ex Musaeo E. Steinheil [1872-
(UMSP 1 ex) ; Venezuela, Choroni [Parq. Nac. Pittier, > 1 500], C.F.R. 73] (MNHN 1 ex) ; Manizales (ZFMK 2 ex) ; Colombia, Caldas, Manizales,
IX.1969 / V. platyrhinus (Westwood), det. Clausen 1998 (UMSP 1 ex) ; Vzla, G. Albarracín XI.1994 (CLP 3 ex). – RISARALDA : Columbia, Cauca,
Aragua, Rancho Grande, Girardot, VII.1979 / R.W. Brooks et al. (UCDC Distrito de Pereira [> 1 000 m], R.M. Valencia 1886 (MNHN 1 ex) ;
1 ex) ; Venezuela, Rancho Grande, VI.1945 / Gift N.Y. Zool. Soc. Dept. Colombia, Risaralda, Ucumaní, La Suiza 1 830 m, E. Palacio XII.1990
Trop. Researc. / V. platyrhinus (Westwood), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH (IMEX 1 ex) ; Colombia, Risaralda, Parq. Ucumaní 1 900 m, G. Amat García
1 ex). – MIRANDA : N. Venezuela, J. Klages 1904 (MNHN 1 ex) ; Venezuela, III.1992 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Rizaralda, Mpio Santuario, Vereda Los
Miranda, 900 m, X.1985 / Av. Tamanaco vob. Oripoto / bosque de galeria / Planes, 2 250 m, G. Amat García XI.1991 (IMEX 1 ex). – TOLIMA : Naré,
R. Candia (IZAM 6 ex) ; Venezuela, Miranda, El Laurel, 1 400 m, V.1979 / Honda [< 1 000 m] / ex Musaeo E. Steinheil (MNHN 2 ex) ; Colombie,
trampa de luz / J. Sanz (IZAM 1 ex). – GUÁRICO : Venezuela, GU, San Ibagué [env., > 1 000 m] / Coll. Sicard 1930 (MNHN 2 ex) ; Colombie,
Juan de los Morros [> 1 000 m], J. & B. Bechyné VIII.1964 (IZAM 1 ex). Hogué [?] / Coll. Sicard 1930 (MNHN 3 ex) ; Ibagué, Tapiaso [O Ibagué,
COLOMBIE (sans autre précision) : Colombie (MNHN 15 ex) ; > 2 000 m] / ex Musaeo E. Steinheil (MNHN 2 ex) ; Colombie, Tolima
Colomb. / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 1 ex) ; Colombia, Passalus (MNHN 1 ex) ; Colombie, Ibagué, Claver (MNHN 3 ex) ; San Antonio
approximatus mihi [dét. Dejean], D. [don] Lebas [1828] / nov. sp. [dét ?] / [N Chapparal, > 1 500 m], M.G. Palmer (MNHN 5 ex) ; San Antonio,
ex.-coll. Dejean (MNHN 1 ex) ; Colombie / platyrhinus Reiche [dét. ?] / Ex. 2 000 m, de Fassl X.1908 (MNHN 15 ex) ; Colombie, Riberas, Rio Blanco,
Musæo J. Thomson [< 1897] (MNHN 1 ex) ; Colombie / Colombie / Ex. 2 000 m, Orozco IV-VII-VIII.1968 (MNHN-UVGC-SEAL 6 ex) ; Columb.,
Musæo Mniszech [< 1881] (MNHN 1 ex) ; Colombie 1979 / ex-coll. Sto Antonio, Fassl 1909 / V. standfussi Kuwert, det. Arrow (DEIE 1 ex) ;
G. Minet 1994 (MNHN*, ex.) ; Columbia (RNHL 4 ex) ; Col. (MUHD S. Antonio, Columbia / Coll. v. Doesburg via Staudinger (NNML 4 ex) ;
2 ex) ; Columbia 1895 (MHNG 1 ex) ; Columbia (SMTD 8 ex) ; Columb., Columbia, S. Antonio / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 5 ex) ;
Moritz [< 1860] (MNHB 5 ex) ; Colombie, ex. Eustache (ZFKD 5 ex) ; Columbia, S. Antonio / V. platyrhinus (Hope), det. Hincks (SMTD 8 ex) ;
Colombie (IRSN 11 ex) ; Nova Grenada / Fry Coll. 1905 (NHML 3 ex) ; Colombia, Tolima, El Santuario, J.M. Vanghan (NHML 1 ex) ; Colombia,
Columbia, J.W. Miers 1880 (UMHO 2 ex) ; Colombia, F.A. L EACH / Tolima, Ibagué, L.C. Pardo VII.1991-V-VI.1992 (CLP 3 ex) ; Colombia,
V. platyrhinus Hope, det. Doesburg (CASC 4 ex). – CHOCÓ : Colombia, Tolima, China Alta, troncos, F. Nuñez X-XI.1994-III.1995 (CLP 8 ex) ;
Chocó, bajo San Juan, tronco, VIII.1990 (CLP 1 ex). – VALLE DEL Colombia, Tolima, Las Hermosas [Parq. Nac., > 2 000 m], tronco, C. Aguirre
CAUCA : Columbia, Rio Dagua, W. Rosenberg [1895] (MNHN 1 ex) ; XII.1994 (CLP 1 ex). – CÉSAR : Colombia, Magdalena, Sierra de Perijá,
Colombia, Pichinde, 1 500 m, W. Rosenberg XII.1894 (MNHN 5 ex) ; Socorpa Mission / 1 350-1 400 m, B. Malkin VIII.1968 (FMNH 1 ex). –
Colombie, Vallée de Cauca, M. de Mathan 1898 (MNHN 30 ex) ; Colombie, NORTE DE SANTANDER : Ocaña [> 1 500 m], Landolt (MNHN 3 ex) ;
Calí (MNHN 1 ex) ; Colombie, Calí, 1 000 m, III.1973 / ex coll. G. Minet Colombie, état de Santander, Pamplona [> 1 500 m], P. Rocheraux 1913
1994 (MNHN* 4 ex) ; Colombie, Valle, Calima, V.1989 (MNHN* 2 ex) ; (MNHN 2 ex) ; Colombia, Ocaña, Santander del Norte, VI.1965 / J. &
Colombie, Valle, Vallée de la Calima, 45 km W Buga, 1 200 m, VI.1989- B. Bechyné (IZAM 1 ex) ; Colombia, Ocaña, Santander del Norte, VI.1965 /
X.1991 (MNHN* 11 ex) ; Colombia, Pichinde 1894 / Nevinson Coll. 1918 J. & B. Bechyné (IZAM 2 ex). – SANTANDER : Col., Santander, V. Vereda
(NHML 1 ex) ; Colombia, Cauca, Moxopan, 2 300 m, Orozco XI.1968 El Carmen, 2 300 m, J.L. Fernandez II.1994 (MNHN* 1 ex) ; Colombia,
(SEAL 2 ex) ; Colombia, Valle, nr. Pichinde, 1 500 m, H. Howden II.1970 East Andes, Charalá, Coromoro, 2 500 m, Louwerenz Jr. X.1954 / Coll. van
(MCNO 4 ex) ; Colombia, Valle, Mpio Calí, Peñas Blancas 1 850 m, J.C. Doesburg 1973 (NNML 1 ex) ; Santander, Rionegro [N Bucaramanga,
Schuster XII.1993 (UVGC 1 ex) ; Colombia, Valle del Cauca, Saladito, L.C. > 1 000 m], VII.1935 Lmm [?] (MUHD 1 ex) ; Colombia, Santander,
Pardo, H. Salazar V.1969 (IMEX 2 ex) ; Colombia, Valle, Saladito, Cerro Bucaramanga, 1 618 m (MUHD 3 ex). – CUNDINAMARCA : Santa Fé
San Antonio, luz y troncos, L.C. Pardo I.1986-V.1992 (CLP 7 ex) ; Colombia, de Bogotá [> 2 000 m], Leny 1850 (MNHN 2 ex) ; Sta Fé de Bogotá / ex
Valle, Saladito, XI.1990 (MNHN* 2 ex) ; Colombia, Valle del Cauca, La coll. H. Boileau 1925 (MNHN 5 ex) ; Fusagasuga [> 2 000 m] / ex Musaeo
Palmera, Rio Bravo, Calima, 1 450 m, A. Papamija, L.C. Pardo IX.1990- E. Steinheil (MNHN 1 ex) ; Colombie / La Vega [> 2 000 m] / ex. Musaeo
IV.1991 (CLP-IMEX 3 ex) ; Colombia, Valle, Pance, Farallones, luz, L.C. E. Steinheil (MNHN 4 ex) ; Colombie, environ de Bogotá, Apollinaire Marie
REYES III.1989-X-XI.1990-VII.1991 (CLP 3 ex) ; Colombia, Valle, Pradera, 1927 (MNHN 4 ex) ; Le Moult [Apollinaire Marie] / ex coll. Weinreich 1987
L.C. Pardo VIII.1979 (CLP 1 ex) ; Colombia, Valle, m. Calima, Rio Azul, (MNHN* 1 ex) ; Colombie, Le Moult vendit (IRSN 1 ex) ; Bogotá 1889
L.C. Pardo X.1990 (CLP 3 ex) ; Colombia, Valle, m. Calima, La Cristalina, (NHML 1 ex) ; La Vega (ZFKD 1 ex) ; Columbia, Muzo [> 1 500 m],
var. col. VII.1992 (CLP 2 ex) ; Colombia, Valle del Cauca, near Cali, L.K. Apollinaire Marie, Le Moult (IRSN 2 ex) ; Colombie / Le Moult vend. via
& N.L. Alexander III.1972 (UMAA 1 ex) ; Columbia, Cali, F.W. Furry 1938 Reinbeck 1957 / V. spinifer Grav., det. Endrödi 1964 (MCNO 1 ex) ; Bogotá,
(LACM 1 ex) : Colombia, near Cali, 900 m, VI.1938 / H.S. Dybas, C.H. Lansberge (NNML 2 ex) ; Colombia, prob. nr. Bogota, E.W. Mark 1848-
Seevers / V. platyrhinus, det. Pereira 1959 (FMNH 2 ex) ; Colombia, Valle, 57 / V. standfussi Kuw., det. test Arrow 1907 (UMHO 1 ex) ; Colombia,
Lago Calima [± 1 100 m], Mac A. Tidwell I. VII.X.1979 (FSCA 1 ex) ; F. Ovalle, Q., Ac. 33501 / V. platyrhinus (Hope), det. Pereira 1958 (AMNH

431
Stéphane Boucher

2 ex) ; Colombia, en. de Bogota 1970 (IMEX 1 ex). – HUILA : Colombie, 1 ex). – HUÁNUCO : Pérou, Pozuzo 1 800 m (MNHN, 1 ex) ; Peru, 40mi
Huila, Gigante, XII.1987 (MNHN* 2O) ; Colomb., Rio Aguacatal, W. Cord., SW Tingo Maria, E side Cárpish [cerro, rte Chinchao à Acomayo], 2 800 m,
2 000 m, Coll. Fassl [1908-1911] / V. platyrhinus Hope var, det. Luederwaldt E.I. Schingler & E.S. Ross X.1954 (CASC 2 ex). – PASCO : Peru, Oxapampa
1928 (DEIE 1 ex) ; Colombia, Huila, Gigante [< 900 m], A. Alaimo VI.1976 [± 1 500 m] / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Peru, Oxapampa,
(IMEX 1 ex) ; Colombia, Huila, Gigante, O. Rojas VII.1979 (IZAM 1 ex) ; Le Moult vendit (IRSN 2 ex). – JUNÍN : Pérou, Région du Perené
Colombia, Huila, Gigante, H. Bonilla XI.1993 (CLP 7 ex) ; Colombia, Huila, [± 1 500 m] / Vergne 1923 (MNHN 4 ex) ; Pérou, Satipo [± 1 000 m], piège
II.1993 (MNHN* 4 ex) ; Colombia, Nevado de Huila [> 1 500 m], III.1998 lumineux, G. Lecourt X.1990 (MNHN* 1 ex) ; Peru centr., Chanchamayo
(CVM 3 ex). – META : Colombia, Villavicencio [± 1 000 m], tronc, II.1982 [± 700 m] / Le Moult vendit. (IRSN 1 ex) ; Peru, Chanchamayo 1909 [O.
(MNHN* 1 ex) ; Colombie, W Villavicencio, VIII.1996 (MNHN* 1 ex) ; Schunke] (NHML 2 ex) ; Peru, Chanchamayo / H. Bassler, Ac. 33591 /
Colombia, Meta, Villavicencio, tronco, var col. XII.1994 (CLP 1 ex). – Non V. platyrhinus (Hope), det. Pereira 1958 (AMNH 1 ex) ; Peru, Chanchamayo,
localisés : Laguna Catarnica, III.1968 / Carvajalino (IMEX 2 ex) ; Columb., Schunke IV.1909 / V. platyrhinus Hope, det. Doesburg (CASC 1 ex). –
Alt. d. l. crucea, 2 200 m / V. platyrhinus (Hope), det. Hincks (SMTD 1 ex). AYACUCHO : Peru, Cuschi [> 1 500 m] / V. platyrhinus Hope, det. Endrödi
ÉQUATEUR (sans autre précision) : Ecuador, Baron [vers 1890] 1967 (MTMA 1 ex). – CUZCO : Pérou, Paucartambo [± 1 500 m], Coll.
(MNHN 1 ex) ; Ecuador, Fritsch (MNHB 1 ex). – Oriente, NAPO & J. Clermont [< 1956] / Ex-Coll. G. Griveau 1990 (MNHN 3 ex) ; Sud Peru
SUCUMBIOS : Équateur, Amedegnato & Poulain / Napo, L. Agrio, El (SMTD 4 ex).
Chaco, 1 700 m, VIII.1991 (MNHN 1 ex) ; Equateur, Napo, Huacamayos, BOLIVIE : LA PAZ : Bolivie, Riv. Songo [= Zongo, Murillo, N cd
1 500 m, piège lumineux, J. Haxaire 1988 (MNHN* 1 ex) ; Equateur, Napo, La Paz, ± 1 500 m], A.H. Fassl [1912-13] (MNHN 2 ex) ; Bolivie, Nor Yungas,
7 km avant Baeza, 2 000 m, piège lumineux, L. Sénecaux & G. Duranel Incahuara près Caranavi, 1 500 m, piège lumineux, G. Lecourt XI.1991
VIII.1990 (MNHN* 1 ex) ; Equateur, Napo, Rte Cosanga à Pangayacu, (MNHN* 4 ex) ; Bolivie, Caranavi, 1 500 m, piège lumineux, G. Lecourt
1 750 m, piège lumineux, P. Bleuzen VIII.1993 (MNHN* 1 ex) ; Equateur, XI.1992 (MNHN* 1 ex) ; Bolivie, près Caranavi, env. 1 000 m, X.2002
rte Sta Barbara – La Bonita 1800 m, F. Dupuis & P. Moret VII.1998 (MNHN* (MNHN* 1 ex) ; Bolivia, Yungas de La Paz [A. Fassl 1912-13] (MNHB 1 ex) ;
1 ex) ; Ecuador, Jarugui (MUHD 3 ex) ; Ecuador, Napo, Lumbaquí, 800 m, Bolivia, Coroico / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Bolivie,
A. Martinez VIII.1976 (IMEX 2 ex) ; Ecuador, Napo, Baeza, 2 000 m, H. La Paz, Pucara près Caranavi, 850 m, piège lumineux, P. Bleuzen & G. Lecourt
& A. Howden II.1979 (MCNO 1 ex) ; Equateur, Napo, El Reventador, X.1993 (MNHN* 2 ex). – COCHABAMBA : Bolivie, Cochabamba,
1 500 m, G. Onore IX.1983 (MHNG 10 ex) ; Ecuador, Napo, Reventador, > 2 000 m, piège lumineux, G. Lecourt X.1990 (MNHN* 1 ex).
G. Onore V.1984 (QCAZ 1ex); Ecuador, Sucumbios, El Reventador, L. Garcés Localités erronées. – sinuatus Esch., Amazon [dét. Kuwert] / Ex. Musæo
XI.1993 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Cosanga [± 2 000 m], P. Ponce A. Kuwert 1894 (MNHN 2 ex) ; Amaz. / Coll. Chevrolat [< 1884], Cayenne /
IV.1987 (QCAZ 1 ex) ; id., G. Onore III.1989 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Napo, V. platyrhinus Westw., det. v. Doesburg (NNML 1 ex) ; Transversus Schön.,
Baeza, F. Bravo XII.1985 (QCAZ 1 ex) ; id. 1 900 m, C. Carpio, L. Endara, Brasil [dét. Thorey] / Ex. Musæo Thorey [< 1884] (MNHN 1 ex).
P. Menéndez, I. Stewart XII.1994-II.1995 (QCAZ 4 ex) ; Ecuador, Napo,
Cosanga, Tena-Baeza, 1 750-2 000 m, P. Castillo, J. Chavas, T. Enríquez,
P. Jarrín, T. Jaramillo, A. Muñoz, J. Ortiz, G. Piedra, M. Viguete, B. Yangari 16. Veturius (Veturius) aquilonalis n. sp.
V.1986 (QCAZ 17 ex) ; Ecuador, Napo, Rio Hollin, 1 100 m, N. Marchán (fig. 105, 429-435 – 911, 920-921)
XII.1994 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Los Huacamayos, Pipiyacu 1 800 m,
D. Padilla XII.1995 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Napo, Sumaco [E Baeza, Veturius platyrhinus Hope : BATES 1886 : 22 (partim sinuatocollis sensu Kuwert,
> 1 000 m], M. Gambon XII.1992 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Jumandi, tuberculifrons sensu Kuwert) ; BIOLLEY 1901 : 177 (partim aspina sensu
P. Fernandez V.1992 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Napo, San Rafael [± 1 500 m], Kuwert) ; A RROW 1907 : 444 (partim platyrhinus sensu Hope &
A. Sandro XI.1984 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Sucumbios, San Rafael, Westwood, aspina sensu Kuwert, guntheri sensu Kuwert).
M. Montalvo XI.1993 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, 13 km N Baeza, Veturius platyrhinus (Hope) : G RAVELY 1918 : 36 (partim sp. indét.) ;
1 400 m, at light, J.M. Campbell III.1976 (MCNO 1 ex) ; Ecuador, LUEDERWALDT 1931 : 35 (partim sinuatus sensu Eschscholtz ; standfussi
Sucumbios, La Bonita, Villa Fuerte II.1996 (CDC 3 ex). – PASTAZA : sensu Kuwert ; aspina sensu Kuwert, guntheri sensu Kuwert)
Ecuador, Pastaza, Bosque Moretecocha [± 1 500 m], J. Naranjo VII.1996 Veturius platyrhinus : ALFARO 1935 : 296.
(QCAZ 1 ex). – TUNGURAHUA : Équateur, Baños [± 1 800 m], I. Blanc Veturius platyrhinus Westw. : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (partim platyrhinus
1895 (MNHN 3 ex) ; Equateur, Baños 1936 (MHNG 1 ex) ; Ecuad., Baños, sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert, aspina sensu Kuwert,
R. Haensch [1899-1900] (MNHB 2 ex). – CHIMBORAZO : Équateur, guntheri sensu Kuwert, yahua ; catal.).
Ambato [rte de Baños, ± 2 000 m], A. Vasconez (MNHN 1 ex) ; Ecuador, Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (partim
Ambato, V.1902 (IRSN 1 ex) ; O. Ecuador, Riobamba, O. Cordill. [rte de aspina sensu Kuwert, standfussi sensu Kuwert) ; REYES-CASTILLO &
Mera], 1 500 m (MNHB 2 ex). – ZAMORA-CHINCHIPE : Équateur, CASTILLO 1992 : 368 & fig. 24.31 (partim aspina sensu Kuwert).
Loja [rte de Zamora, ± 2 000 m], Gaujon [1895] (MNHN 3 ex) ; Loja / Coll.
Damry (ZFMK 4 ex) ; Loja, Ost Cordill., Sabanilla, F. Ohaus IX.1905 /
V. platyrhinus Hope, det. Ohaus (MNHB 18 ex) ; Ecuador, Zamora- Matériel type. 165 ex.
Chinchipe, Est. Cien. San Francisco, 1 850 m, D. Bartsch, C. Häuser XII.1999 Holotype P : PANAMA, CHIRIQUÍ : volcan de Chiriquí,
(SMNS 1 ex). – Occidente, PICHINCHA : Équateur, Sto Domingo 1 450 m, tronc, G. Rolley VI.1980 (MNHN*). Paratypes : id.
[± 600 m], V.1977 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Ecuador,
HT (MNHN* O) ; V. de Chiriquí, 760-1 210 m Champion /
Tandapi [± 1 450 m], G. Onore II.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN*
3 ex) ; Ecuador, Pich., 47 km Sto. Domingo, piège malaise, H. & J. Peck H.W. Bates Biol. Centr. Amer. / V. platyrhinus Hope [dét. Bates]
VII.1976 (MCNO 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Nanegalito, 1 000 m, (MNHN P ; NHML 3 ex) ; Panama [Chiriquí] / ex Musaeo
C. Yumiseva V.1995 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Palmera [= Palmeras ?], 1 272 m, A. Boucard [vers 1875] (MNHN 2P) ; V. de Chiriquí, 1 210-
II.1924 / V. platyrhinus (Hope), det. Pereira 1958 (AMNH 1 ex). – 1 820 m, Champion [vers 1880] / H.W. Bates Biol. Centr. Amer. /
COTOPAXI : Ecuador, Cotopaxi, Los Libres, 2 000 m, H. Vallejo XI.1994
(QCAZ 1 ex). – BOLÍVAR : Ecuad., Santa Cruz [± 1 500 m], R. Haensch
V. platyrhinus Hope [dét. Bates] (MNHN O) ; Chiriquí / ex coll.
[1899-1900] (MNHB 3 ex). H. Boileau 1925 (MNHN PO 1 ex) ; Panama, Chiriquí, El
PÉROU (sans autre précision) : Pérou, Senez 1879 (MNHN 1 ex) ; Hato, El Volcán [≥ 1 000 m], P. Macaire VI.1952 (MNHN* P,
Pérou / Popelaire / V. platyrhinus Reiche [dét. Kuwert] (IRSN 2 ex) ; Pérou 1 ex) ; Chiriquí (MNHN O3P) ; Chiriquí, Staudinger (MNHN
(IRSN 3 ex) ; Peru, Gerstner 1913-1915 (SMNS 8 ex) ; Peru / Fry Coll. 1905 P) ; Chiriquí, VI.1981 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* O) ;
(NHML 1 ex). – CAJAMARCA : N. Pérou, Huancabamba (MNHN 1 ex) ; Volcan de Chiriquí, Panama, XII.1982 (MNHN* 2O) ; Panama
N. Peru, Huancabamba, 3 000 m, H. Rolle 1908 (MNHN, ex coll. P. Griveau
1990 1 ex ; SMTD 5 ex ; ZISL 2 ex). – SAN MARTÍN : Peru, San Martín,
[Chiriquí] / Fry Coll. 1905 (NHML 1 ex) ; Panama, Chiriquí /
Moyobamba, Mishqui-Yacu, 1 200 m, VIII.1947 / F. Woytkowski, Donor Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 5 ex) ; Chir., V. validus
Wm. Procter / V. platyrhinus (Westwood), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH B. [dét. ?] (DEIE, 1 ex) ; Panama, Lino [> 1 000 m] / V. platy-

432
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

rhinus (Hope), det. Hincks (SMTD 6 ex) ; Chiriquí (MNHB X.1992, VI-XI.1993 (INBIO 14 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica,
1 ex) ; Panama, Chiriquí, Le Moult vendit / V. platyrhinus San José, Est. Santa Elena, 1 210 m, E. Alfaro VI.1997 (INBIO
(Westw.), det. Reyes-Castillo 1984 (IRSN 5 ex) ; Panama, C.A. 2 ex). – PUNTARENAS : Costa Rica, Puntarenas, Rio Negro,
Boquete [> 1 000 m], A. Ortiz VII.1967 (IMEX 1 ex) ; Panama, 25 km NE La Unión, 1 500 m, in stump, J.B. Karren II.1965 /
Chiriquí, Cerro Punta [> 1 000 m], B.C. Ratcliff & C. & V. platyrhinus (Hope), det. Reyes-Castillo 1968 (IMEX P2O) ;
K. Messenger (UVGC 1 ex) ; Panama, Chiriquí, 2 km W Alto Costa Rica, Puntarenas, Fca. Cafrosa, Est. Las Mellizas,
Quiel 1 900 m, A. Gillogly & J.H. White XII.1991 (CAG 4 ex) ; P. Internac. La Amistad, 1 300 m, M. Ramirez VII.1991 (INBIO
Panama, Chiriquí, 1-4,5 ml N Santa Clara, 1 200-1 500 m, 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Biol. Las Alturas, 1 500 m,
A. Gillogly & J.H. White XII.1991-IX.1992 (CAG 11 ex) ; F. Araya, M. Ramirez III.V.1992 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica,
Panama, Chiriquí, Jaramillo Abajó, 2 km E Boquete, 1 400- Puntarenas, Est. Casa Coca, S. del Cerro Frantziús, A.C. Amistad
1 450 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 5 ex) ; Panama, Chiriquí, 1 950 m, J.F. Quesada XII.1994 (INBIO 4 ex) ; id. 1 940 m,
1 km N Fortuna Dam, 1 200 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 1 ex) ; R. Villalobos X.1996 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est.
Panama, Chiriquí, 2 km NE Jurutungo 1 900 m, A. Gillogly Pittier, Send. a Rio Canasta, 1 670 m, R. Villalobos VI.1995
XII.1992 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriquí, 3 km Palo Alto, NE (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, 1 km S Cerro Frantziús,
Boquete, 1 500 m, A. Gillogly I.1993 (CAG 2 ex) ; Panama, Sector Altamira, Buenos Aires 1 950 m, J.F. Quesada, A. Sólis
Chiriquí, Res. La Fortuna, 2 km E Hornito, 1 350 m, A. Gillogly XI.1994 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Pittier, Pila-
IV.1993 (CAG 3 ex) ; Pan., Chiriquí, Rsva. La Fortuna, Est. Acla, 1 670 m, E. Alfaro, A. Azofeifa, M. Chinchilla, M. Lobo,
Biol., light, 1 100 m, A. Gillogly VI.1996 (CAG 5 ex) ; Panama, A.M. Maroto, M. Morada, E. Navarro, E. Nunez, M.A. Zumbado
Chiriquí, La Culebra Trail, 2 km S Boquete, 1 375 m, A. Gillogly I. II.V.VII. VIII. IX.1995 (INBIO 10ex); Costa Rica, Puntarenas,
VI.1996 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriquí, 3,5 km NE Santa Clara, Mellizas Sabalito, SE de Mellizas, 1 400-1 500 m, E. Navarro
1 450 m, Gillogly & Schaffner VII.1996 (CAG 1 ex) ; Panama, VI.1995 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Altamira,
Chiriquí, L. Amstrong III.1990 (CAG 5 ex) ; Panama, Volcan 1 km S Cerro Biolley, 1 300-1 450 m, R. Villalobos VII-VIII.1995,
Chiriqui, A. Bierig VII.1930 / V. platyhinus Hope forma ‘a’, det. VI-VII.1996 (INBIO 3 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Cotoncito,
Luederwaldt 1933 (MNHB 1 ex) ; Panama, Chiriquí, Boquete, 3,5 km N La Lucha, 1 600 m, col. nocturna, A. Picado, A. Sólis
J.E. White IV.1988 (UCDC 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Cerro V.1997 (INBIO 2 ex).
Punta, J.E. White VI.1989 (UCDC 2 ex) ; Panama, Chiriquí
Mountains / VIII.1935 (1 ex.) ; Panama, Chiriquí, Sta Clara [> Caractères diagnostiques. Taille grande à très grande. Longueur totale : 47-
1 000 m], R. Hartmann / XI.1956 (FSCA 1 ex) ; Panama, 51 mm ; largeur maximale : 16-18 mm aux élytres.
Tête (fig. 429). Fossettes latéro-frontales larges, rectangulaires, peu
Chiriquí, XII.1937 / Ex.-coll. C.W. Funato / V. heydeni Kp., det
profondes, rebordées antérieurement. Aires latéro-post-frontales glabres et
Pereira 1958 (AMNH 1 ex) ; R.P., Chiriquí, El Volcán, II.1936 / lisses. Angles antérieurs de la tête peu marqués, très arrondis. Mandibules
W.J. Gertsch (AMNH 1 ex) ; Panama, vic. Boquete, V.1939 / J.R. puissantes et allongées ; apex trifides, les dents inférieures développées ;
Slevin / V. platyrhinus Hope, det. Doesburg (CASC 1 ex) ; fossettes infra-basales normalement élargies.
Panama, Chiriquí, Volcan, N.H. Boyd VI.1957 (CASC 1 ex) ; Pronotum (fig. 430). Fossettes marginales très larges, profondes, avec de
fortes ponctuations transverses sur le tiers de leur longueur postérieure.
Panama, Chiriquí, Cerro Punta, 1 450 m, H.G. Real VI.1965 Mésosternum (fig. 432) glabre, sauf les côtés de l’angle antérieur qui sont
(CASC 1 ex) ; Panama, Chiriquí, Cerro Punta, 1 585 m, E.S. couverts de très courtes soies éparses ; aire mate très large, couvrant tous les
Ross X.1976 (CASC 1 ex) ; Panama, Chiriquí, Ben. Café Durán, côtés antérieurs et la ligne axiale, soit la majeure partie du sclérite.
IX.1996 (CDC 1 ex) ; Panama, Chiriquí, La Fortuna, Cerro Métasternum (fig. 432) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes
Pinola, 1 250 m, A. Guerra VII.1996-VIII.1997 (CDC 3 ex) ; entièrement sétigères, les soies longues et denses ; aires latéro-postérieures
glabres et lisses. Fossettes profondes partout, abondamment ponctuées et
Panama, Chiriquí, Jurutungu, Fca Guillen 1 945 m, D. Curoe sétigères, étroites vers l’avant, très larges vers l’arrière.
V.1999 (CDC 7 ex). – VERAGUAS : Panama, Veraguas, Cerro Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec des soies très courtes
Cabeza, Loma Grande, 830 m, VI.1996 (CDC 1 ex). et espacées, ainsi que des calus, où les soies sont plus ou moins regroupées
COSTA RICA (sans autre précision) : Costa Rica / ex Musaeo mais très nettes.
A. Kuwert 1894 (MNHN 2 ex) ; Costa Rica / Sallé Coll. / V. platy- Pattes. Protarsomères I longs et fins. Face inférieure des profémurs mate.
Aire infra-apicale des méso- et métafémurs sétigères (fig. 433). Méso- et
rhinus Reiche apud Sallé / B.C.A. II (2), V. platyrhinus Hope métatibias inermes ; fourches apicales larges et acérées ; spolons supérieurs
[dét. Bates] (NHML 1 ex) ; Costa Rica, Hoffman (MNHB 1 ex) ; puissants, épais, fortement crochus vers l’apex (fig. 434).
Costa Rica 1872 / Coll. C. Van Volxem [< 1875] / V. moevii Édéage (fig. 435). Longueur : 3 mm. Habitus allongé, rétréci vers la
Kuw. [dét. Kuwert] / det. Kuwert 1891 [imprimé] (IRSN 1 ex). base, peu sclérotisé. Paramères et phallobase non séparés par une suture
– ALAJUELA : Costa Rica, V.P. [Volcán Poás, > 1 000 m] / H. distincte. Ventral : phallus finement ponctué de chaque côté de la ligne
axiale ; paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la
W. Bates Biol. Centr. Amer. (MNHN P) ; Costa Rica, V. Patten / phallobase droit. Dorsal : paramères et phallobase de longueurs inégales et
H.W. Bates Biol. Centr. Amer. / platyrhinus Hope [dét. Bates] limités à un fin liseré sclérotisé.
(MNHN 1 ex). – HEREDIA : Costa Rica, Heredia, Vota Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus.
Steinvorth Finca, Volcan Barba 1 800 m, rottings logs, J.B. Karren Derivatio nominis. De l’endémisme septentrional, par rapport aux autres
II.1965 (IMEX O, 1 ex). – CÁRTAGO : Irazu 1 820-2 100 m, espèces du groupe « platyrhinus ».
H. Rogers / B.C.A. II (2), V. platyrhinus Hope [dét. Bates] Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
(NHML 1 ex) ; Costa Rica, Chirripó, Avispa Azul, 2 000 m, autre V. (Veturius) : grande à très grande taille ; apex mandibulaires trifides ;
fossettes infra-mandibulaires normalement élargies ; aire post-frontale
V.1999 (MNHN* 2 ex) ; Costa Rica, Cartago, Coris, 1 360 m / délimitée par un sillon ; fossettes margino-pronotales très larges ; côtés
D.R. & M.L. Paulson X.1966 (FSCA 1 ex) ; Costa Rica, Cártago, antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I longs et fins ; face
Turrialba, Chirripó, Grano de Oro, 1 100-1 120 m, P. Campos inférieure des profémurs mate ; aire infra-apicale des méso- et métafémurs

433
Stéphane Boucher

sétigères ; méso- et métatibias inermes, les spolons supérieurs puissants, épais, zone de contact, ou de compétition, entre les deux espèces,
fortement crochus vers l’apex ; calus huméraux couverts d’une touffe de soies.
vers 900-1 000 m d’altitude. Une situation très comparable,
Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. platyrhinus, avec lequel dans les Andes de Colombie, existe entre V. aspina et V. stand-
elle peut être confondue (les deux espèces sont allopatriques). Entre autres
caractères moins notables, ces espèces ont en commun le type de méso- et
fussi (voir ces espèces).
métatibias : carênes externes inermes, fourches apicales larges et spolons Parmi les autres Veturius, V. aquilonalis est totalement ou
supérieurs puissants, épais et crochus vers l’apex. V. aquilonalis s’en sépare partiellement sympatrique avec plusieurs espèces de montagne
néanmoins aisément par : habitus plus massif, taille moyenne supérieure ;
fossettes infra-mandibulaires normalement élargies ; pubescence générale du dans le sud de l’Amérique Centrale : Publius talamacaensis et
corps et des pattes plus abondante et plus longue (notamment la présence P. solisi ; les trois espèces du groupe de V. laevior (Ouayana) ;
de soies sur les calus huméraux, sur les aires latéro-médianes du métasternum V. tuberculifrons, V. schusteri, V. sinuatocollis et V. sinuatomar-
et sur les aires infra-apicales des méso- et métafémurs).
V. aquilonalis est également très proche de V. aspina (tous deux sont ginatus (grpe « sinuatocollis »). Enfin, V. cirratus (Ouayana) est
parapatriques en Amérique Centrale). Mais, comme ci-dessus, elle s’en sépare une espèce occasionnelle au-delà de l’altitude minimale de
surtout par la pubescence générale du corps et des pattes plus abondante et V. aquilonalis.
plus longue, avec présence de soies sur les calus huméraux, sur les aires latéro-
médianes du métasternum et sur les aires infra-apicales des méso- et Remarques taxinomiques et historiques. V. aquilonalis a
métafémurs. En revanche, les spolons supérieurs des méso- et métatibias
sont du type de V. platyrhinus, soit épais et fortement crochus vers l’apex. été confondu depuis plus d’un siècle dans la littérature et
Par sa taille moyenne voisine de 50 mm, V. aquilonalis est le plus grand dans les collections, presque toujours avec V. platyrhinus.
Veturius. Sachant que c’est un macroptère, ces seuls caractères suffisent pour BATES (1886), le premier, a décrit sous ce nom des spéci-
ne pas le confondre avec les autres espèces d’Amérique Centrale.
mens du Costa Rica et du Panama (NHML, MNHN),
Polymorphisme. Hormis les tailles (± 4 mm), aucune variation notable n’est qu’il a en plus confondus avec d’autres espèces aussi
retenue.
distinctes que V. sinuatocollis et V. tuberculifrons (grpe
Répartition géographique. Espèce endémique des « sinuatocollis »). BIOLLEY (1901), puis ARROW (1907) ont
Cordillères de Tilarán (Costa Rica) et de Talamanca (Costa reproduit à peu près les mêmes erreurs à partir de spéci-
Rica – Panama ; fig. 911). Du nord vers le sud, elle est mens vus par Bates (NHML). GRAVELY (1918) a cité des
connue des prov. d’Alajuela, Heredia, Cártago, San José, spécimens du Panama (Chiriquí), à nouveau, semble-t-il,
Puntarenas (Costa Rica), et de Chiriquí et Veraguas à partir de ceux de Bates ; je n’ai pu les examiner, mais la
(Panama). localité et les indications : « Lenght 48 mm… absence of
Sa présence au nord de la Dépression du Nicaragua est spines from the middle and hind tibiae », ne laissent pas de
peu crédible, bien que notre méconnaissance des Passalides doute. LUEDERWALDT (1931) a décrit un spécimen du
de la région soit surtout due à la destruction ancienne, par Chiriquí provenant de Staudinger (MZSP) ; ce spécimen
l’Homme, de la plupart des forêts de montagne. Au sud, m’est inconnu, mais la description laisse encore moins de
l’Isthme de Panama forme une barrière plus sûrement doute : « … Elytros não sómente nos hombros, mas em toda
infranchissable pour cette espèce strictement montagnarde. a area anterior declive com pellos curtos esparsos… Area inter-
Les populations les plus abondantes sont celles du massif media anterior [du métasternum] fortemente ponteada e
du Chiriquí (Costa Rica – Panama) ; l’espèce y semble pubescente… Tibias media e posterior com pubescencia forte…
dominante parmi les grands Proculini. Il faut toutefois ambas sem espinhos ». Les collections du MNHN renfer-
noter que, à l’inverse de la région située au nord de la ment plusieurs autres spécimens provenant de Staudinger.
Dépression du Nicaragua, les forêts d’altitude du Chiriquí L’un d’eux est sans doute de la série vue par Luederwaldt
sont parmi les moins perturbées d’Amérique Centrale. car de même provenance. ALFARO (1935) a cité un spéci-
men du Costa Rica (La Fuente, 1 200 m), non examiné
Distribution dans l’aire. Espèce limitée aux forêts ici, mais les caractères qu’il donne sont probants.
ombro-mésophiles à mésophiles de montagne, entre 800- Dernièrement, R EYES -C ASTILLO (1970) et R EYES -
900 et 2 000 m d’altitude environ. Les plus hautes éléva- CASTILLO & CASTILLO (1992) ont cité plusieurs spéci-
tions répertoriées sont sur les volcans Bárba (Costa Rica : mens du Costa Rica et du Panama (IMEX).
1 800 m) et Chiriquí (Panama : près de 2 000 m) ; les On trouve également dans les collections du matériel
plus basses sont sur les versants de la Cordillère de vu par des spécialistes, mais qui n’a pas été publié. Ainsi,
Talamanca (par exemple sur le Cerro Cabeza : Panama, Kuwert a identifié comme « V. moevi » un spécimen de Van
Veraguas, < 900 m), ce qui correspond à l’étage intermé- Volxem 1872 (IRSN). Hincks (SMTD), van Doesburg
diaire entre forêts de montagne et de plaine. L’importance (CASC) et Pereira (AMNH) ont aussi connu V. aquilona-
du matériel étudié permet d’établir cette spécialisation lis, le dernier n’ayant pas hésité à l’identifier comme
éco-altitudinale. « V. heydeni » !
Affinités chorologiques. V. aquilonalis est allopatrique avec Avant les récoltes de Champion, Rogers, Sallé ou Von
les autres espèces de son groupe. Toutefois, il est sym-parapa- Patten au Costa Rica et au Panama, à la fin du XIXe siècle,
trique, dans ses limites altitudinales inférieures, avec V. aspina et dont une partie a été étudiée par BATES (1886), les spéci-
(qui est, lui, dans ses limites supérieures). Il existe ainsi une mens de Van Volxem 1872 (Costa Rica ; IRSN) et de

434
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Boucard, vers 1875 (Panama ; MNHN), sont les plus trifides, les dents inférieures développées ; fossettes infra-basales normalement
élargies (fig. 421).
anciens. Les récoltes récentes sont sporadiques et peu Mésosternum glabre, à l’exception des côtés de l’angle antérieur ; aire
nombreuses, à l’exception de celles de l’INBIO, au Costa mate très large, couvrant tous les côtés antérieurs et la ligne axiale, soit la
Rica, et d’A. Gillogly, au Panama, et qui ont le mieux fait majeure partie du sclérite.
connaître l’espèce. Pattes. Protarsomères I longs et fins. Face inférieure des profémurs mate
ou brillante. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et
métatibias inermes (d’où le nom donné à l’espèce) ; fourches apicales étroites,
17. V. (Veturius) aspina Kuwert 1898 n. stat. les épines courtes et trapues ; spolons supérieurs assez fins et courts, droits
ou presque, y compris vers l’apex (fig. 423).
(fig. 165-169, 250b, 420-424 – 910, 920-921) Édéage (fig. 424). Longueur : 2 mm. Habitus ogival, rétréci vers la base,
peu sclérotisé. Paramères et phallobase non séparés par une suture distincte.
Passalus platyrhinus Hope : KAUP 1868 : 28 (partim platyrhinus sensu Hope
Ventral : phallus finement ponctué de part et d’autre de la ligne axiale ;
& Westwood).
paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la phallobase
Veturius platyrhinus Reiche : KAUP 1871 : 111 & pl. 7 fig. 4 (partim platyrhinus droit. Dorsal : paramères et phallobase de même longueur et limités à un
sensu Hope & Westwood). fin liseré sclérotisé.
Veturius validus Burm. (syn. platyrhinus) : KAUP 1871 : 111 (partim platyrhinus Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus.
sensu Hope & Westwood).
Passalus platyrhinus Hope : BATES 1891 : 35. Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Veturius Platyrrhinus Reiche, Kaup : KUWERT 1891 : 174. autre V. (Veturius) : grande à très grande taille ; apex mandibulaires trifides ;
Veturius aspina : KUWERT 1898 : 172. aire post-frontale délimitée par un sillon ; fossettes infra-mandibulaires
Veturius platyrrhinus Hope : KUWERT 1898 : 173. normalement élargies ; fossettes margino-pronotales très larges et profondes ;
côtés antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I longs et fins ; face
Veturius platyrhinus Hope : BIOLLEY 1901 : 177 (partim aquilonalis).
inférieure des profémurs mate ou brillante ; aire infra-apicale des méso- et
[?] Veturius platyrrhinus Hope : ROSMINI 1902 : 3. métafémurs glabre ; méso- et métatibias inermes, les spolons supérieurs assez
[?] Veturius aspina Kuw. : ROSMINI 1902 : 3. fins, courts, entièrement droits ou presque ; calus huméraux sans touffe de
Veturius aspina Kuw. : PANGELLA 1905a : 6. soies.
Veturius platyrrhinus Hope : ARROW 1907 : 444 (partim platyrhinus sensu
Hope & Westwood, guntheri sensu Kuwert, aquilonalis). Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. platyrhinus, V. guntheri,
Veturius platyrrhinoides Kuw. : ARROW 1907 : 444. V. aquilonalis et surtout V. yahua. Elle s’en sépare néanmoins comme suit.
Veturius platyrhinus (Hope) : LUEDERWALDT 1931 : 35 (partim sinuatus sensu De V. aquilonalis (parapatrique en Amérique Centrale) : pubescence
Eschscholtz ; standfussi sensu Kuwert ; guntheri sensu Kuwert, aquilonalis). générale du corps et des pattes moindre ; absence de soies regroupées sur les
calus huméraux, sur les aires latéro-médianes du métasternum et sur les aires
Veturius platyrhinus Hope : RAU 1933 : 191.
infra-apicales des méso- et métafémurs ; spolons supérieurs des méso- et
Veturius aspina Kuw. (syn. platyrhinus (Westw.)) : HINCKS 1934 : 153 (partim
métatibias courts, fins et droits ou presque.
platyrhinus sensu Hope & Westwood, guntheri sensu Kuwert).
De V. platyrhinus : fossettes infra-mandibulaires normalement élargies,
Veturius platyrhinus Westw. (syn.) : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (partim les côtés externes des mandibules régulièrement arrondis ; marges latéro-
platyrhinus sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert, guntheri antérieures du mésosternum glabres ou presque (parfois une ou deux soie(s)) ;
sensu Kuwert, aquilonalis, yahua ; catal.). spolons supérieurs des méso- et métatibias assez fins, courts, droits ou
Veturius aspinus Kuwert (Syn. platyrhinus Westw.) : HINCKS & DIBB 1935 : presque.
25 (catal.). De V. yahua : taille généralement supérieure; habitus plus massif; fossettes
Veturius platyrhinus (Hope) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim latéro-frontales moins longues, davantage rectangulaires et moins profondes
platyrhinus sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert). ou rebordées ; architecture générale dorso-céphalique plus anguleuse ;
Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (partim protarsomères I longs et fins ; profémurs (vue ventrale) le plus souvent mats
standfussi sensu Kuwert, aquilonalis). et à bord antérieur plus convexe ; méso- et métatibias toujours inermes ;
Veturius aspinus Kuwert (Syn. platyrhinus Westwood) : MAES 1987 : 19 fossettes métasternales plus larges postérieurement. La forme des spolons
(catal.). supérieurs des méso- et métatibias est identique.
Veturius plathyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : De V. guntheri : taille généralement supérieure ; habitus plus massif et
505 (partim spp. indét.) ; REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992 : 368 plus allongé ; fossettes latéro-frontales moins larges et moins profondes ; aire
+ fig. 24.31 (partim aquilonalis) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO post-frontale délimitée par un sillon ; yeux plus grands ; tégument mat du
1996 : 80 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood ?, standfussi sensu mésosternum plus étendu ; angles antérieurs du pronotum moins arrondis ;
Kuwert) ; PARDO 1997 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood ; spolons supérieurs des méso- et métatibias droits ou presque.
catal.) ; REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003 : 47 (partim platyrhinus
sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert, yahua). Polymorphisme. Sauf exceptions indiquées ci-après, les caractères clés retenus
sont invariables.
Taille. – Outre une variabilité moyenne d’environ 5 mm, il existe une
Matériel type. Espèce décrite sur un exemplaire « unbekannter population dont les individus sont très grands (> 50 mm, ce qui est
Provenienz, Brasilien ? » L’espèce étant absente du Brésil, mais très comparable à V. aquilonalis). Cette population est localisée depuis le sud-
répandue ailleurs, la localité type est en réalité inconnue. ouest de la Colombie jusqu’à l’Occidente Nord d’Equateur.
Holotype (sexe indét.) : « aspina Kuw. Bras. [dét. Kuwert] / Ex. Éclat tégumentaire inférieur et forme des profémurs. – Un polymorphisme
dans l’éclat tégumentaire de la face inférieure des profémurs est bien visible :
Musæo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 46 mm (MNHN). ils sont brillants ou mats. Ce caractère est variable d’un groupe familial à un
autre, mais il est stable dans un même groupe familial. Les deux états sont
Caractères diagnostiques. Taille grande à très grande. Longueur totale : donc héréditaires et ils ne semblent cohabiter que lorsque des groupes
42-53,5 mm ; largeur maximale : 14-18 mm aux élytres (moyennes : familiaux sont sympatriques. De plus, au tégument sont associées des formes
43-47 mm ; 14-16 mm). différentes des profémurs : ils sont plus étroits lorsque le tégument est brillant ;
Tête (fig. 420). Tubercule central conico-pyramidal, assez fin à puissant. ils sont plus larges lorsque le tégument est mat. Aucun autre caractère n’a
Aire médio-frontale renflée, lisse ou quelque peu ridée transversalement été trouvé pour distinguer ces deux populations.
partout et mamelonnée entre les rides frontales. Fossettes latéro-frontales À ces caractères morphologiques sont corrélées des répartitions
larges, rectangulaires, peu profondes, peu rebordées antérieurement. Aire géographiques également distinctes :
post-frontale délimitée par un sillon postérieur bien marqué, chagriné, plus – dans la population de Colombie-Équateur à individus de grande taille,
ou moins régulièrement courbe. Mandibules puissantes et allongées ; apex les profémurs sont larges et mats ;

435
Stéphane Boucher

– dans les populations andines à individus de taille moyenne, ceux La limite nord de l’aire est matérialisée par un spéci-
d’Equateur (jusqu’à la limite sud de l’aire de répartition de l’espèce) ont
les profémurs larges et mats, alors que ceux des Cordillères Occidentales
men unique de l’Atlántida, au Honduras (AMNH).
et Centrales de Colombie ont les profémurs, soit étroits et brillants, soit Compte tenu de l’altitude et du type de forêt qu’habite
larges et mats. ailleurs l’espèce, cette localisation est plausible. La limite
– dans la population de Méso-Amérique, à individus de taille moyenne, sud correspond aux provinces équatoriennes de
les profémurs sont étroits, mais à tégument brillant ou légèrement mat.
Chimborazo et de Los Ríos, mais on peut sans doute la
Un polymorphisme comme celui-ci est unique dans le genre Veturius. prolonger jusqu’à la Dépression du Nord-Pérou, laquelle
Les populations étant sympatriques dans plusieurs régions, on ne peut a
priori exclure l’existence d’espèces jumelles. Une étude morphologique plus fonctionnerait comme barrière naturelle vers le sud. En
approfondie, ou fondée sur d’autres critères, permettra de préciser la effet, V. aspina est inconnu du Pérou, où il est remplacé
signification biologique et systématique de ces populations. par V. yahua et V. guntheri.
Répartition géographique. Espèce largement répandue, Au Venezuela, l’absence de l’espèce des Cordillères
depuis l’Amérique Centrale jusqu’en Equateur (fig. 910). Costale et de Mérida semble certaine, mais pas dans la
En Amérique du Sud, elle semble limitée aux Andes du Cordillère de Perijá, qui forme frontière avec la Colombie.
nord, où elle est beaucoup plus abondante dans leur partie Sa présence dans les Cordillères Centrale et Orientale de
occidentale. Colombie est confirmée, mais elle y est rare. Ces régions

Figures 429-435
Veturius (V.) groupe « platyrhinus », V. aquilonalis n. sp., Costa Rica-Panama. – 429, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 430, pronotum (dorsal, latéral) ;
431, mésosternum et méta-épisterne ; 432, métasternum ; 433, méso- et métafémurs (ventral) ; 434, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 435, édéage. –
Échelles : 1 mm.

436
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

intra-andines marquent visiblement les premières limites minimale généralement supérieure à 1 500 m. De la sorte,
nord-orientales dans l’expansion de l’espèce. Elle est égale- V. aspina a pu pénétrer à l’intérieur des Andes, atteignant
ment inconnue, mais certainement présente, dans le nord les vallées moyennes des rios Cauca et Magdalena (fig. 910).
du Chocó (Colombie), c’est-à-dire dans la continuité des En Équateur, V. aspina est commun entre 500 et
bas reliefs du sud du Panama. 1 500 m, mais il atteint près de 2 000 m en diverses stations.
En Équateur, les localités de l’Oriente sont exception- Il est alors possible qu’un autre relais inter-espèces ait lieu
nelles et méritent d’être confirmées, puisque les Andes dans l’Occidente, non pas vers 1 000 m, mais vers 500-
forment dans ce pays une barrière le plus souvent hermé- 700 m, en particulier avec V. onorei, qui appartient au
tique au passage transversal des espèces (macro- ou brachy- même groupe d’espèces et qui est endémique des forêts
ptères). planitiaires (voir p. 446 et fig. 912, 921).
En Amérique Centrale enfin, l’espèce doit être davan-
Affinités chorologiques. Le territoire qu’occupe l’espèce
tage répandue au Honduras et jusqu’au Nicaragua (sur la
étant très vaste et diversifié, il est nécessaire d’en distin-
Côte des Mosquitos, versant Caraïbes), ainsi qu’au Panama
guer au moins les sous-continents.
(dans la Péninsule d’Azuera, versant Pacifique).
En Amérique Centrale, sont sympatriques V. sinua-
Du nord vers le sud, V. aspina est ainsi connu avec certi- tocollis, peut-être aussi V. sinuatomarginatus (grpe « sinua-
tude de : Honduras (Atlántida), Nicaragua (Río San Juan, tocollis ») et V. (Ouayana) cirratus. Sont parapatriques
Zelaya), Costa Rica (Limón, Heredia, Guanacaste, San José, V. aquilonalis (même grpe), V. tuberculifrons, V. schusteri
Cártago, Puntarenas), Panama (Chiriquí, Colón, Coclé, (grpe « sinuatocollis »), V. (Ouayana) laevior, V. (Ouayana)
Panamá, San Blas, Darien), Colombie (Chocó, Risaralda, ultimus et Arrox agassizi.
Caldas, Valle del Cauca, Cauca y compris l’île Gorgona, En Amérique du Sud, sont sympatriques V. standfussi
Nariño, Santander, Cundinamarca, Boyaca, Tolima); Équa- (même grpe), V. sinuatocollis (grpe homonyme), V. ecua-
teur (Oriente : Napo, Tungurahua ; Occidente : Carchi, doris (grpe homonyme), V. caquetaensis (grpe homonyme),
Esmeraldas, Imbabura, Pichincha, Cotopaxi, Los Ríos, V. (Ouayana) cirratus et V. (Ouayana) galeatus. Une para-
Bolívar, Chimborazo, Manabí, Guayas). patrie est concevable localement avec V. platyrhinus,
V. onorei (même grpe), ainsi que V. hincksi, V. petteri et
Distribution dans l’aire. On distingue deux populations,
V. biapicalis (grpe « biapicalis »).
que détermine leur altitude moyenne respective. En
Amérique Centrale et sur le versant Pacifique des Andes Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce est
nord-colombiennes, l’espèce n’existerait qu’en basse alti- la plus commune et la plus répandue de son groupe. Le
tude (du littoral à près de 1 000 m environ), alors que vers matériel révisé est important et plusieurs séries comptent
l’intérieur et dans le sud des Andes de Colombie-Équa- entre 50 et plus de 200 spécimens, ce que l’on retrouve
teur, elle est surtout limitée à la moyenne montagne (800 rarement chez d’autres Veturius. On peut alors penser que
à 2 000 m). des populations présentent une forte densité d’individus,
En Amérique Centrale, les récoltes abondantes et méti- ce qui n’est pas courant, cette fois, dans la tribu des
culeuses effectuées ces dernières années au Costa Rica et Proculini. Comme conséquence de son abondance et de
au Panama montrent que l’espèce est relayée, vers 1 000 m sa vaste répartition, V. aspina a été rapporté depuis long-
d’altitude, par V. aquilonalis. Bien entendu, ce type de temps et de diverses régions. C’est aussi le classique
palier-relais inter-espèces existe chez de nombreux « V. platyrhinus » des auteurs et des collections. Avant sa
Passalides, mais il est toujours difficile à établir. Les alti- description, plusieurs auteurs l’avaient identifiée sous ce
tudes et les localisations permettent aussi de conclure que, nom, comme KAUP (1868, 1871) sur deux spécimens de
au nord, V. aspina longe les reliefs du Honduras et du Colombie de Mniszech (MNHN), et BATES (1891) sur
Nicaragua par l’est (seul versant humide), tandis qu’à partir un spécimen d’Équateur de Whymper (MNHN). KUWERT
du nord du Costa Rica, elle longe les reliefs autant par l’est (1898) l’a confondue avec son V. moevi (syn. de V. platy-
que par l’ouest (les deux versants sont humides ; fig. 910). rhinus), sur un spécimen d’Equateur (MNHN). De plus,
En Amérique du Sud, l’altitude maximale qu’atteint KUWERT (1891, 1898) l’a citée comme « V. platyrrhinus »
l’espèce sur le versant Pacifique de la Colombie (Chocó) d’Amazonie et du Brésil (MNHN), alors que ni cette
est très comparable à celle d’Amérique Centrale, soit envi- espèce, ni le véritable V. aspina, n’existent dans ces régions ;
ron 1 000 m. En revanche, vers le sud (Colombie : Valle à l’exemplaire du Brésil est jointe une seconde étiquette,
et Nariño), l’altitude maximale de l’espèce s’élève progres- plus ancienne, avec l’indication « Quito ». Curieusement,
sivement, pour atteindre près de 2 000 m. Une raison cette dernière localité valable (qu’il faut traduire par
pouvant expliquer cette élévation en altitude est la concur- « Equateur ») n’a pas été signalée par Kuwert ; cette erreur
rence inter-espèces ; celle-ci est moindre dans les Andes, a aussi contribué à la confusion ultérieure de l’espèce.
puisque V. aquilonalis y est absent, tandis que l’autre espèce ROSMINI (1902) a cité V. aspina et V. platyrhinus
locale du même groupe (V. standfussi) occupe une altitude d’Equateur, sur des récoltes de Camerano, 1894-1898

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Stéphane Boucher

(Corridor Andin : rio Chillo ; Occidente : Niebli). Ces MNHN). Plus tard, il faut noter les spécimens de l’île
spécimens n’ont pu être examinés ; quoiqu’il en soit, seul Gorgona (Cauca), pris par Collenette, en 1924 (expédition
V. aspina est plausible pour ces régions. PANGELLA (1905a), du St. George; NHML). Récemment, Pardo Locarno (CLP)
le premier, a cité V. aspina d’Amérique Centrale, sur des a pris diverses séries dans des régions nouvelles des Andes
récoltes de Biolley 1904 (Costa Rica : Limón, 150 m) ; Occidentales ; ce sont ces séries qui démontrent la sympa-
l’altitude et la connaissance d’autres spécimens de la région trie courante de l’espèce avec V. standfussi.
indiquent qu’il s’agit bien de cette espèce. D’Équateur enfin, Whymper, en 1891, a rapporté les
ARROW (1907) a fait une quadruple confusion, sous premiers spécimens de l’Occidente Nord. Il fut suivi par
le nom de « V. platyrhinus », entre V. platyrhinus (UMHO), Blanc, 1895 (MNHN ; aucune donnée trouvée sur ce récol-
V. aspina (Costa Rica ; NHML), V. aquilonalis (Panama, teur), Rosenberg, 1896-1897 (MNHN), Camerano, 1894-
identifié par BATES 1886 ; NHML, MNHN) et V. platyr- 1898 (matériel cité par ROSMINI 1902), Haensch, 1899-
rhinoides (syn. de V. guntheri). LUEDERWALDT (1931) a 1900 (MNHB), ou encore Rivet (Mission Géodésique 1905;
fait de même avec V. sinuatus (grpe « cephalotes »), V. stand- MNHN). Les séries les plus nombreuses et les localisa-
fussi (DEIE), V. guntheri et V. aquilonalis (MNHB), ainsi tions les plus précises sont récentes et dues à G. Onore et
que HINCKS (1934) avec des spécimens du Costa Rica et collaborateurs (QCAZ, MNHN*, MHNG, MNSG).
du Panama (NNML, SMTD, MUHD). ALFARO (1935) Autre matériel examiné. Environ 870 ex.
ne semble pas avoir connu l’espèce au Costa Rica, mais HONDURAS, ATLÁNTIDA : Honduras, La Ceiba [0 m], II.1916 /
seulement V. aquilonalis, puisque la plupart de ses récoltes F.J. Dyer / Ac. 24309 (AMNH 1 ex).
et observations ont été faites sur des versants élevés des NICARAGUA, RÍO SAN JUAN : Nicaragua, Río San Juan, El
Guatuso, Río Cucaracha [≤ 500 m], G. Trezzi XII.1994 (SEAL 1 ex). –
volcans. En revanche, BIOLLEY (1901) semble avoir connu ZELAYA : Nicaragua, Cucra, Colina [≤ 500 m], decayed log, L.E. Long
V. aspina et V. aquilonalis, comme l’indiquent des locali- II.1948 (CMNH 1 ex).
tés bien distinctes, planitiaires ou de versants. COSTA RICA (sans autre précision) : Costa Rica, P. Serre 1922 (MNHN
1 ex). – LIMÓN : Costa Rica, P. Biolley [vers 1890] / Port Limón, 0 m
Les auteurs plus récents ont tous examiné l’espèce, mais (MNHN 1ex); Costa Rica, Limón, Cerro Tortuguero, Parq. Nac. Tortuguero,
tous l’ont confondue, principalement avec V. platyrhinus, 0-120 m, E. Quesada VI.1990 (MNHN* 1 ex) ; Costa Rica, Limón, Amubri
V. standfussi, V. aquilonalis et V. yahua (voir l’index nomen- [< 500 m] / C.K. Starr I.1979 (IMEX 12 ex) ; Costa Rica / Limón 1895 /
V. platyrhinus (Hope), det. Arrow (NHML 1 ex) ; Costa Rica, E. Reimoser /
clatural). Hamburg Farm bei Siquirres [< 500 m] (NHMV 2 ex) ; Cuba [< 500 m] /
A. Bolter Coll. (INHS 1 ex) ; Costa Rica, Monte Verde, 15 m, F.G. Wallace
En Amérique Centrale, les premières captures ont dû V.1928 / V. platyrhinus (Westwood), det. Clausen 1998 (UMSP 2 ex) ; Costa
être faites au Panama (Chiriquí), par Boucard, vers 1875 Rica, Limón, Est. Hitoy Cerere, R. Cerere, Res. Biol. Hitoy, 100 m,
G. Carballo VI.1992 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Limón, Amubrí, Talamanca,
et par Champion, vers 1880 (MNHN) ; puis au Costa 70 m, G. Gallardo IX.1992 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Limón, Manzanillo,
Rica par Biolley, Pittier et Rogers, vers 1880. Ce matériel R.N.F.S. Gandoca y Manzanillo, 0-100 m, F. Quesada X. XI. XII.1992
a en partie été étudié par BATES (1886), PANGELLA (1905a) (INBIO 3 ex) ; Costa Rica, Limón, R.N.F.S. Barra del Colorado, Rio Sardinas,
et ARROW (1907). Par la suite, assez peu de spécimens ont 10 m, F. Araya IX.1993 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Limón, Sector Cerro
Cocorí, Finca E. Rojas, 150 m, E. Rojas X.1993 (INBIO 2 ex). – HEREDIA :
été pris dans cette région avant les années 1980. De plus, Costa Rica, Heredia, Est. Magsasay, P. N. Braulio Carrillo, 200 m,
l’espèce y étant limitée aux altitudes planitiaires, elle a souf- A. Fernández V.1991 (INBIO 1 ex). – GUANACASTE : Costa Rica,
fert, dès la fin du XIXe siècle, de la destruction à peu près Guanacaste, Los Almendros, P. N. Guanacaste, [< 500 m], E. López VII.
VIII.1992 (INBIO 1 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica, San José / Coll.
complète des forêts centrales et occidentales de cet étage. v. Doesburg via Staudinger / V. platyrhinus (Hope), det. Hincks (NNML
De nombreux secteurs prospectés par les anciens natura- 2 ex) ; Costa Rica, San José (MUHD 1 ex) ; Costa Rica, San José / H.W.
listes sont aujourd’hui dépourvus de forêts. Du Costa Rica, Muche, Radeberg, Ankauf / V. platyrhinus (Hope), det. Hincks (SMTD 4 ex).
– CÁRTAGO : Costa Rica, La Suiza de Turrialba [≤ 500 m], P. Schild 1923 /
on doit néanmoins aux récentes récoltes de l’INBIO la V. platyrhinus (Hope), det. SCHUSTER (UVGC 1 ex) ; Costa Rica, Turrialba,
découverte de l’espèce dans plusieurs localités de basse alti- E. Giesbert V.1974 (LACM 1 ex) ; Costa Rica, Cártago, Moravia de Chirripó
tude (en particulier dans l’Heredia, le Guanacaste et le [< 1 000 m], Brenes V.1990 (CDC 1 ex) ; Costa Rica, Tierra Grande de
Puntarenas). Du Panama, le schéma historique est compa- Turrialba [< 1 000 m], A. Brenes IV.1990-I.1992 (CDC 2 ex). –
PUNTARENAS : Costa Rica, Puntarenas, Peninsula de Osa, Rancho
rable au précédent. Des récoltes sporadiques ont eu lieu Quemado, 200 m, F. Quesada, G. Valera V-VI.1992, A. Gutiérez V.1993
au début du XX e siècle, mais ce sont surtout celles (INBIO 5 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Biol. Quebrada Bonita, R.B.
d’A. Gillogly (CAG), dans les années 1990, qui ont le Carara (Aguirre), 50-100 m, E. Bello, E. Rojas VII.1990, J.C. Saborio
V. VII.1992, R. Guzmán VIII. IX.1993, IV.1995 (INBIO 7 ex) ; Costa Rica,
mieux fait connaître l’espèce. On notera par ailleurs Puntarenas, Rio Rincón, Albergue Cerro de Oro, 150 m, L. Angulo V.1995,
l’unique spécimen du Honduras, de 1916 (AMNH) ; IV.1996 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Agujas, Send. Zamia,
aucune donnée n’a été trouvée sur Dyer, le récolteur. 300 m, A. Azofeifa XI.1995 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Res.
Biol. Carara, Quebrada Bonita, 35 m, Holzenthal & Blahnik V.1990 /
En Amérique du Sud, c’est sans doute à Steinheil, 1872- V. platyrhinus (Westwood), det. Clausen 1998 (UMSP 1 ex).
1873, dans diverses localités de Colombie, que sont dus les PANAMA, CHIRIQUÍ : Chiriquí [< 500 m] / ex Musaeo A. Boucard
premiers spécimens connus (MNHN). Il n’est toutefois pas [vers 1875] (MNHN 1 ex) ; Chiriquí / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN
1 ex) ; Chiriquí / H.W. Bates, Biol. Cent. Amer. (MNHN 1 ex) ; Chiriquí /
exclu que du matériel colombien ait été rapporté par Staudinger [< 1900] (NNML 1 ex) ; Panama, Chiriquí / V. platyrhinus Westw.,
Goudot, en 1822-1823 (collections Mniszech et Thomson ; det. Hincks (MUHD 1 ex). – COLÓN : Mosquito Coast / Coll. Bishop,

438
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Hincks & Dibb Coll. (MUHD 3 ex) ; Barro Colorado Isl. [< 500 m], Canal VI.1933, 1 700 m (ZISL) ; Colombia, Cauca, Quebrada Huanqui, Rio Saija,
Zone, R.P., H. Ruckes VI.1962 (IMEX 1 ex) ; Pan., Colon, Santa Rita Ridge, 100 m, B. Malkin XI.1971 (CMNH 4 ex). – Île Gorgona : Colombia,
R.W. Brooks, R.B. & L.S. Kimsey V.1981 (IMEX 4 ex) ; Panama, Colón, Fort Gorgona Island [< 500 m], St. George Exp., rotting tree trunk, C.L. Collenette
Sherman, 10 m, A. Gillogly XI.1991 (CAG 2 ex) ; Panama, Colón, 2 km W VII.1924 (NHML 2 ex) ; Colombia, Gorgona I. / Zaca Exped., Ac. 37483
Cuango, 10 m, A. Gillogly III.1992 (CAG 15 ex) ; Panama, Colón, Cerro (AMNH 3 ex). – NARIÑO : Colombie, Nariño, env. Tumaco, 250 m,
Viejo, Mine Road, 10 km SW Nombre de Dios, 100 m, A. Gillogly X.1992 VIII.1999 (MNHN* 3 ex) ; Kolumbien, Nariño, Tumaco, 0-200 m,
(CAG 8 ex) ; Panama, Colón, Rio Piedras, 2 km SE Maria Chiquita, 10- Schmutzenhofer XII.1977 (IMEX 4 ex) ; Colombia, Nariño, Tumaco, tronco,
250 m, A. Gillogly IV.1992-II.1993 (CAG 1 ex) ; Panama, Colón, Santa Rita L.C. Pardo IV.1993 (CLP 1 ex). – SANTANDER : Colombia, Santander,
Ridge, 5 km S Cerro Sto Domingo, 600 m, A. Gillogly III.1992 (CAG 2 ex) ; Rio Opón [< 1 000 m], XII.1948 / L. Richter, Donor F. Johnson (AMNH
Panama, Colón, Canal Zone, S11 Road, 15 m, A. Gillogly VII.1992 (CAG 1 ex) ; Kolumbien, Santander, Carare [río], 200 m, H. Schmutzenhofer V.1977
1 ex) ; Panama, Colón, Soberania Plantation Road, 150 m, A. Gillogly (IMEX 1 ex) ; Santander, Contratación [> 1 000 m], IX.1984 (IMEX 1 ex).
XII.1992 (CAG 1 ex) ; Panama, Canal Zone, Barro Colorado Isl., J.M. – CUNDINAMARCA : Sasaima [± 2 000 m] (MNHN 3 ex ; IRSN 6 ex).
Campbell VII.1961 / V. platyrhinus (Westw.), det. Reyes-Castillo 1984 – BOYACA : Colombie, Boyaca, Otanche [± 1 500 m], X.1985 (MNHN*
(MCNO 1 ex) ; Panama, Barro Colorado Isl. / R.W. Dawson III.1937 / 1 ex). – TOLIMA : Naré, Honda [< 1 000 m] / ex Musaeo E. Steinheil [1872-
V. platyrhinus (Westwood), det. Clausen 1998 (UMSP 1 ex) ; Panama, Canal 1873] (MNHN 3 ex) ; Colombie, Ibagué [< 1 000 m], Claver (MNHN 1 ex) ;
Zone, Barro Colorado Isl., R.B. & L.S. Kimsey VIII.1978, V.1982 / Colombia, Tolima, Ibagué, troncos, L.C. Pardo VII.1979-IV-V.1992 (CLP
V. platyrhinus (Westwood), det. Schuster 1991 (UCDC 2 ex) ; Panama, Canal 3 ex) ; Colombia, Tolima, Mariquita [< 1 000 m], tronco, G. Manosalva
Zone, Barro Colorado Isl., blacklight, H. Wolda V-VIII.1980, IX.1984, V.1992 / Valle del Cauca (CLP 2 ex).
IV.1985 (UCDC 11 ex) ; C. Z., VII.1936 / Barro Colorado I. / O. Park /
V. platyrhinus, det. Pereira 1959 (CMNH 1 ex) ; Panama, Canal Zone, Barro ÉQUATEUR (sans autre précision) : Ecuador / Moevii Kuw., Bogotá
Colorado I., at light I.1959 / Panama Zool. Exp., H.S. Dybas (CMNH 1 ex) ; [dét. Kuwert ; nec syntype !] / Ex-Musæo A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex) ;
Panama, C.Z., Barro Colorado Isl., VII.1963 / D.Q. Cavagnaro & M.E. Ecuador (NHML 3ex). – Oriente, NAPO : Ecuador, Sucumbios, Reventador
Irwin / V. platyrhinus (Westwood), det. Gillogly 1974 (CASC 1 ex). – 1 900 m, P. Canelos V.1996 (QCAZ 1 ex). – TUNGURAHUA : Equateur,
COCLÉ : Panama, Coclé, El Valle, La Mesa, 850 m, D. Curoe VI.1999 Baños [± 1 800 m], I. Blanc 1895 (MNHN 13 ex). – Occidente,
(CDC 1 ex). – PANAMÁ : Panamá, Pribbe (SMTD 1 ex) ; Panama, Panamá, ESMERALDAS : Cachabí [< 1 000 m], Rosenberg XI.1896 (MNHN 5 ex) ;
Pozo Azul, Finca Vega near Las Nubes, 671 m, D.C. Rentz, M.S. Carter & Ecuador / Cachabí, low c., Rosenberg XI.1896 / Fry Coll. 1905 (NHML
C.L. Mullinex IV.1976 (CASC 1 ex) ; Panama, Panamá, El Llano — Cartí 2 ex) ; Équateur, Esmeraldas, Quinindé [< 500 m], VI.1977 / ex coll. G. Minet
road km12, 350 m, light, A. Gillogly VI.1994 (CAG 1 ex) ; id., km 7, 400 m, 1994 (MNHN* 6 ex) ; Ecuador, Esmeraldas, F. Bajaña I.1990 (QCAZ 1 ex) ;
V.1996 (CAG 2 ex). – SAN BLAS : Panama, San Blas, Nusagandí, 400 m, Ecuador, Esmeraldas, Viche [≤ 500 m], R. Schmalbach III.1994 (QCAZ
A. Gillogly II.1993 (CAG 2 ex). – DARIEN : Panama, Darien, Bajo Lepe 1 ex) ; Ecuador, Esmeraldas, 32 km NW Lita, 620 m, A. Gillogly VIII.1997
[± 500 m], G. Seutin VI.1994 (CAG 1 ex). (CAG 1 ex). – CARCHI : Ecuador, Carchi, Chical [front. Colombie],
1 250 m, J. Rawlins & M. Smyers VII.1983 (CMNH 1 ex). – IMBABURA :
COLOMBIE (sans autre précision) : Col., P. platyrhinus Reiche, validus Paramba, 1 050 m, Rosenberg III.1897 (MNHN 4 ex) ; Ecuador / Paramba,
Burm. [dét. Kaup] / ex Musaeo Mniszech [< 1881] (MNHN 2ex); Colombia / 1 050 m, Rosenberg II.1897 / Fry Coll. 1905 (NHML 2 ex) ; Ecuador,
ex Musaeo J. Thomson [< 1897] (MNHN 1 ex) ; Colombie, coll. E. Steinheil Imbabura, Junín, La Mina, A. Andara IX.1995 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador,
[1872-1873] (MNHN 2 ex) ; Colombie, Apollinaire Marie 1927 (MNHN Otavalo Apuela, 2 200 m, IX.1977 (MTMA 1 ex). – PICHINCHA : Quito /
1 ex) ; Colombie 1979 / ex-coll. G. Minet 1994 (MNHN* 2 ex) ; Colombia platyrhinus Reiche, Brasil [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN
(NHML 1 ex) ; Colombia (HLMD 2 ex) ; Colomb. / H.T. Birch / 1 ex) ; Equateur, Quito / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 6 ex) ; Quito /
V. platyrhinus, det. Pereira 1959 (CMNH 1 ex) ; Columbia / ex coll. F. Psota / ex coll. A. Boucomont 1928 (MNHN 2 ex) ; Equateur, Quito, d’Espinay
V. platyrhinus, det. Pereira 1959 (CMNH 1 ex). – CHOCÓ : Colombia, 1922 (MNHN 3 ex) ; Ecuador, Mindo [Nanegal, ± 1 500 m] 1918 (MNHN
Chocó, bajo San Juan, Q. [quebrada] Docordo [< 1 000 m], tronco, L.C. 1 ex) ; Ecuador, Nanegal, 900-1 200 m., Ed. Whymper [1891] / ex Musaeo
Pardo VII.1990 (CLP 2 ex) ; Colombia, Chocó, bajo San Juan, Q. Taparal H.W. Bates 1892 (MNHN 1 ex) ; Equateur, Santo Domingo [± 600 m],
[< 1 000 m], troncos, L.C. Pardo VII.1990 (CLP 8 ex) ; Colombia, Chocó, P. Rivet 1905 (MNHN 1 ex) ; Ecuador, Sto. Domingo, I-IV.1982 / ex coll.
bajo San Juan, Palestina [< 1 000 m], troncos, L.C. Pardo VIII.1990-V.1991 G. Minet 1994 (MNHN* 4 ex) ; Equateur, Santo Domingo, II.1983
(CLP 11 ex) ; Colombia, Chocó, Cloró [< 1 000 m], troncos, H. Mosquera (MNHN* 5 ex) ; Equateur, Alluriquín [± 800 m], I.1984 (MNHN* 5 ex) ;
I.1993 (CLP 7 ex) ; Chocó, Rio Gulio, La Balsa, 255 m, A. Naikoa IV.1995 Equateur, Pichincha, Rte Nanegalito – Nono, 1 770 m, piège lumineux,
(IMEX 1 ex). – CALDAS : Colombia, Manizales [± 1 500 m], V.1979, tronc, P. Bleuzen VIII.1993 (MNHN* 1 ex) ; Ecuador / Quito / Fry Coll. 1905
(MNHN 2 ex) ; Manizales / Coll. Lefebre, slg. Oberthür 1958 (ZFMK 1 ex). (NHML 1 ex) ; Ecuador, Tandapi [± 1 450 m], Peña XII.1970 / V. platyrhinus
– RISARALDA : Nouv. Grenade, Santa Rosa, entre S. Francisco et Cárthago Hope, det. Pereira 1971 (MHNB 1 ex) ; Ecuador, Gualea [= Nanegal],
[< 1 000 m], état de Cauca, E. Garzon [in E. Steinheil] VIII.1878 (MNHN 1 500 m, Dolby-Tyler / V. platyrhinus (Hope), det. Fonseca 1992 (NHML
1 ex). – VALLE DEL CAUCA : Cali [± 1 000 m] / Ex Musaeo E. Steinheil 1 ex) ; Ecuador, Gualea, W. Schroter (MNHU 4 ex) ; Ecuador, Gualea, XI.1928
[1872-1873] (MNHN 2 ex) ; Colombie, Cordillère versant occidental, Rio (LACM 10 ex) ; Ecuador, S. Domingo, G. Onore II-III-IV-VI.1982, II.1984
Yurumangui [< 1 000 m] / E. Aubert de la rüe 1933 (MNHN 10 ex) ; (IMEX 18 ex ; CPM, 53 ex.) ; Ecuador, Pichincha, Sto Domingo / ex coll.
Colombie, Vallée de la Calima, 45 km W Buga, Valle, 1 200 m, X.1991 Ph. Moretto 1999 (MNHN*, env. 250 ex.) ; Equateur, Pichincha, Santo
(MNHN* 4 ex) ; Colombia, Valle, Saladito, XI.1990 (MNHN* 4 ex) ; Domingo de los Colorados, 500 m, G. Onore IV.1983 (MHNG 34 ex) ;
Colombia, Buenaventura [< 500 m], L. Ritcher V.1948 (IMEX 1 ex) ; Equateur, Tandayapa [± 1 800 m], Voirin XII.1984 (MHNG 1 ex) ; Ecuador,
Colombia, Cali, 1 000 m, I.1971 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Bajo Calima, Tandapi, G. Onore X.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ;
Tolima, Valle del Cauca, 70 m, L.C. Pardo XII.1986 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Ecuador, Pichincha, Puerto Quito [< 500 m], G. Onore 1984 / ex coll. Ph.
Valle, m. Calima, Rio Azul [< 1 000 m], L.C. Pardo X.1990 (CLP 1 ex) ; Moretto 1999 (MNHN* 3 ex) ; Ecuador, Pichincha, Tinalandia, 12 km Los
Colombia, Valle, b. Calima, troncos, L.C. Pardo, M. Rubiano XI.1985- Colorados, 650-750 m, G.B. Edwards V.1980 / V. platyrhinus, det. Schuster
II.1990 (CLP 3 ex) ; Colombia, R. Canchos, m. Calima, Valle del Cauca, 1987 (FSCA 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Tinalandia, H.V. Weems Jr. VII.1980
450 m, L.C. Pardo X.1990 (CLP-IMEX 2 ex) ; Colombia, Valle, m. Calima, (FSCA 1 ex) ; Ecuador, Tinalandia near Santo Domingo de los Colorados,
La Cristalina, var. col. VII-VIII.1991-VII.1992 (CLP 8 ex) ; Colombia, Valle, E.I. Schlinger XII.1981 (EMEC 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Sto Domingo,
m. Calima, tronco, L.C. Pardo VII.1994 (CLP 1 ex) ; Colombia, Valle, 550 m, M. Troya I.1993 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Palmeras, 1 400-
b. Dagua, Córdoba, P. Celodio VII.1991 (CLP 1 ex) ; Colombia, Valle, La 2 000 m, troncos, D. La Torrel II.1980 (QCAZ 1 ex) ; id., J. Xépez, V. Zak
Palmera, Rio Bravo, var. col. I.1993 / V. platyrhinus (Hope), det. Pardo- I.1984 (QCAZ 4 ex) ; id., C. Varas II.1984 (QCAZ 1 ex) ; id., E. Grijalua
Locarno (CLP 1 ex) ; Colombia, Cali, III.1976 / V. platyrhinus (Hope), det XII.1986 (QCAZ 2 ex) ; id., S. Cazar, M. Bustamante VI.1987 (QCAZ 2 ex) ;
Reyes-Castillo 1986 (AMNH 1 ex) ; Colombia, bet. Queremal and id., J. Gomez I.1988 (QCAZ 1 ex) ; id., F. Haro, M. Cruz XI.1988 (QCAZ
Buenaventura, 1 050-1 200 m, II.1935 / H.F. Schwarz (AMNH 1 ex) ; Col., 2 ex) ; id., J. Samaniego X.1989 (QCAZ 1 ex) ; id., L. Colonia, C. Cegovia
Valle del Cauca, Buenaventura env. Saragosa, 1 000 m, V. Maly VI.1996 IX.1991 (QCAZ 2 ex) ; id., P. Ortiz V.1992 (QCAZ 2 ex) ; id., S. Valarezo
(CVM 2 ex). – CAUCA : Columbia, El Tambo, Cauca, Kj. von Sneidern X.1992 (QCAZ 1 ex) ; id., J. Molinaros, P. Salvador, G. Fletcher XI.1992

439
Stéphane Boucher

(QCAZ 3 ex) ; id., R. Bernal I.1993 (QCAZ 5 ex) ; id., A. Estrella, C. Garzon, Veturius platyrrhinoides Kuwert (syn. platyrhinus (Hope)) : LUEDERWALDT
P. Lugo XI.1993 (QCAZ 3 ex) ; id., J. Itturable X.1994 (QCAZ 1 ex) ; id., 1931 : 35 (partim sinuatus sensu Eschscholtz ; standfussi sensu Kuwert ;
P. Guarderas XI.1994 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Tandapi, Las Pampas aspina sensu Kuwert, aquilonalis).
Argentina, 700-1 300 m, troncos, R. Figuera, J. Gómez, P. Mendoza, Veturius platyrrhinoides Kuwert (syn. platyrhinus Westw.) : HINCKS & DIBB
A. Rodriguez IV.1988 (QCAZ 7 ex) ; Ecuador, Pichincha, La Favorita, 1935 : 25 (catal.) ; MAES 1987 : 19 (catal.).
S. Sandoval VI.1987, I. Alcocer XI.1988 (QCAZ 3 ex) ; Ecuador, Pichincha,
Syn. : V. (Veturius) peruvianus Arrow 1907 n. syn.
Chiriboga [≤ 2 000 m], tronco, R. Leon V.1985, L. Carrasco VI.1991 (QCAZ
2 ex) ; Ecuador, Pichincha, Mindo, 1 500 m, S. Carrion V.1991, F. Caceres Veturius peruvianus : ARROW 1907 : 455.
XII.1991, G. Castañeda I.1997 (QCAZ 3 ex) ; Ecuador, Pinchincha, Mindo Veturius platyrhinus var. peruvianus Arrow : HINCKS 1934 : 153 ; HINCKS
– Tandayapa, E. Carrillo VI.1994 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, & DIBB 1935 : 26 (catal.) ; DOESBURG 1942b : 330 (catal.).
Tandayapa, G. Onore IV.1983 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Pichincha, Puerto Veturius platyrhinus var. peruvianus Arrow (incertae sedis) : ROZE 1955 : 63
Quito, C. Varas XI.1983 (QCAZ 2 ex) ; id., 750 m, A. Salazar 1984 (QCAZ (catal.).
1 ex) ; id., N. Davalos VI.1983 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Nanegalito, Veturius platyrhinus peruvianus Arrow : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536
1 400 m, P. Salvador I.1993 (QCAZ 3 ex) ; Ecuador, Pichincha, Rio Guajalito (partim sp. indét.).
[1 400-1 800 m], E. Grijalua X.1987 (QCAZ 3 ex) ; Ecuador, Pichincha, Veturius peruvianus Arrow : BACCHUS 1978 : 111 (type).
Alluriquín [± 800 m], Hernandez II.1988 (QCAZ 5 ex) ; Ecuador, Pichincha, Syn. : V. (Veturius) platyrhinus var. Fassli Luederwaldt 1931 n. syn.
Los Rios, Sandoval VI.1980 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Pahuma, Veturius platyrhinus var. Fassli : LUEDERWALDT 1931 : 201 ; HINCKS 1934 :
1 720-1 800 m, X. Salazar IV.1995, R. Montufar VI.1995 (QCAZ 2 ex) ; 153 ; HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.).
Ecuador, Pichincha, La Otonga, 2 000 m, M. Baldeon V.1994 (QCAZ 1 ex) ;
Ecuador, Pichincha, La Soledad, 1 700 m, G. Zapata VIII.1995 (QCAZ
1 ex) ; Ecuador, Pichincha, Pueblo Nuevo, 1 700 m, I. Muñoz, I. Olmedo XI-
Matériels types
XII.1996 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, S. Domingo, G. Onore II.1982 / Coll. V. guntheri Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s) du
N. Sanfilippo 1995 (MNSG 3 ex). – COTOPAXI : Équateur, S. Poulain / « Mons Sorato in Bolivia », dans la collection Kuwert, via le
Cotopaxi, S. Francisco de las Pampas 1 800 m, II.1995 (MNHN 1 ex) ; Muséum de Lübeck. OBERTHÜR (1933) a cité deux exemplaires
Ecuador, Cotopaxi, Rés. Otonga 1 900 m, A. & P. Moret, VII.2001 (MNHN* de Bolivie (sans autre précision) dans l’ex collection Kuwert.
1 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, S. Francisco de las Pampas, 1 300-1 500 m,
L. Bartolozzi II.1993 (MZSF 13 ex) ; id., A. Bandinelli XI.1991 (MZSF Lectotype et Paralectotype P (présente désignation) : BOLI-
4 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, Hacienda Tres Coronas, A. Bouchardi VII.1960 / VIE, LA PAZ : « Günther, Sorata [prov. Larecaja, > 1 000 m] /
V. platyrhinus Hope, det. Endrödi 1967 (MTMA 1 ex) ; Ecuador, Quito Güntheri Kuw., Bolivia [dét. Kuwert] / Ex Musaeo A. Kuwert
Umg., Naundorff 1963 / V. platyrhinus Hope, det. Endrödi 1962 (ZSSM 1894 ». – Longueur totale : 39 mm. (MNHN).
2 ex ; MTMA, 1 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, Las Pampas 1 800 m, Riede et al.
III.1988 (SMNS 1 ex) ; id., 1 500 m, E. Trujillo XI.1992 (QCAZ 3 ex) ; id.
Les trois synonymes ont été considérés auparavant comme
1 800 m, F. Fiallo V.1997 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, La Otonga, tels ou comme « variétés » de V. platyrhinus. Les types n’avaient
1 500-2 000 m, X. Cisneros, M. López, M. Morales, L. Orejuela, L. Salazar, cependant pas été examinés depuis leur description.
I. Tapia XI-XII.1994 (QCAZ 15 ex) ; id., T. Enríquez XII.1995 (QCAZ
1 ex) ; id., T. Jaramillo, A. Pancar, X. Salazar V-VI.1996 (QCAZ 4 ex) ; id. V. platyrrhinoides Kuwert transf. syn. – Espèce décrite sur
1 800-2 000 m, E. Tapia II.1997 (QCAZ 1 ex) ; id., J. Carrera, M. Bustamante, n exemplaire(s) de « Bolivia, 1 500 m ». Lectotype (présente dési-
J. Gil, E. Gortaire, T. Moran, I. Olmedo, P. Oña, T. Romero, L. Timpe V.1997 gnation, sexe indét.) : BOLIVIE, LA PAZ : « Günther, Sorata
(QCAZ 10 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, La Mana Guasaganda, 500 m,
[prov. Larecaja] / platyrrhinoides Kuw., Bolivia [dét. Kuwert] /
A. Barragán IV.1995 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Cotopaxi, Amalliquín, G. Onore
II.1982 / Coll. N. Sanfilippo 1995 (MNSG 4 ex). – LOS RÍOS : Ecuador, Ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 43,4 mm
Rio Baba [± 500 m], V.1981 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; (MNHN).
Ecuador, Los Ríos, Quevedo [± 500 m], Pichilingue, A. Martínez II.1977 Cet exemplaire est indistinct des syntypes de V. guntheri parce
(IMEX 3 ex) ; Ecuador, Los Ríos, Rio Palenque [< 500 m], J. Longino VI.1974 que tous proviennent de la même localité, voire du même groupe
(FSCA 1 ex) ; Ecuador, Los Ríos, Pichilingue, II.1955 / E.I. Schlinger & E.S.
Ross (CASC 1 ex). – BOLÍVAR : Ecuad., Balzapamba [rte de Bolívar, familial. En effet, ils sont munis d’étiquettes de provenance
< 2 000 m], R. Haensch [1899-1900] (MNHU 1 ex). – CHIMBORAZO : semblables, manuscrites par Günther ou par Fassl (voir ci-après
Chimbo, 300 m, Rosenberg VIII.1897 (MNHN 3 ex) ; Ecuador, Chimbo / le synonyme fassli). Les types de V. guntheri sont des matures
Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 12 ex). – MANABÍ : Ecuador / jeunes, alors que celui de V. platyrrhinoides est un adulte âgé, ce
Porvenir [S El Carmen, < 1 000 m] / Fry Coll. 1905 (NHML 1 ex). – que prouve de fortes marques d’usure tégumentaire.
GUAYAS : Ecuador, Bucay [± 500 m], Ohaus VI.1905 / V. platyrhinus Hope,
det. Ohaus (MNHU 3 ex). L’espèce a été mise en synonymie avec V. platyrhinus par
ARROW (1907).

18. Veturius (Veturius) guntheri Kuwert 1898 V. peruvianus Arrow n. syn. – Espèce décrite sur n exemplaire(s)
du « S.E. Peru, Marcapata R. ». Lectotype (présente désignation,
(fig. 436-441 – 909, 920-921) sexe indét.) : PÉROU, CUZCO : « S.E. Peru, Marcapata R.
Veturius güntheri : KUWERT 1898 : 173. [river, ± 1 500 m], J. Kalinowski 1902-276 / V. peruvianus Arrow,
Veturius platyrrhinus Hope : ARROW 1907 : 444 (partim platyrhinus sensu type Y.E.S. 1906 / Type / Syntype / V. peruvianus Arrow, det.
Hope & Westwood, aspina sensu Kuwert, aquilonalis). Bacchus 1975, Syntype ». – Longueur totale : 41,5 mm.
Veturius Güntheri Kuwert : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (catal.) ; DOESBURG Paralectotypes (sexe indét.) : id. 2 ex (NHML).
1942b : 330 (catal.) ; V ULCANO & PEREIRA 1967 : 536 ; R EYES - Ces exemplaires sont indistincts des types de V. guntheri.
CASTILLO 1970 : 165 (catal.). ARROW (1907), qui ne connaissait pas ces derniers, a alors décrit
Syn. : V. (Veturius) platyrrhinoides Kuwert 1898 transf. syn. V. peruvianus en même temps qu’il mettait en synonymie V. platyr-
Veturius platyrrhinoides : KUWERT 1898 : 173. rhinoides avec V. platyrhinus… Dans sa courte description, établie
Veturius platyrrhinoides Kuwert (syn. platyrrhinus Hope) : ARROW 1907 :
par comparaison avec V. platyrhinus sensu auct., Arrow indique
444 (partim platyrhinus sensu Hope & Wetswood, aspina sensu Kuwert, deux caractères que l’on retrouve habituellement chez V. guntheri :
aquilonalis). « … the elytra relatively shorter and more rounded behind… the

440
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

median horn [tubercule central] is similar but the transverse impres- Édéage (fig. 441). Longueur : 2,5 mm. Habitus trapu, subparallèle,
sion behind it is shallow and without any incised line [sillon post- quadratique vers la base. Paramères et phallobase non séparés par une suture
distincte. Ventral : phallus finement ponctué de part et d’autre de la ligne
frontal] » (voir aussi HINCKS 1934, au sujet du synonyme fassli). axiale ; paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la
HINCKS (1934) a rétrogradé l’espèce au rang de « variété » phallobase légèrement convexe. Dorsal : paramères et phallobase de longueur
de V. platyrhinus. Dernièrement, VULCANO & PEREIRA (1967) égale et limités à un fin liseré sclérotisé.
l’ont considérée comme bonne espèce, mais une confusion est Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus.
évidente, puisqu’ils la citent du Brésil. Avant ce travail, Pereira Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
l’avait déjà confondue avec plusieurs espèces, notamment V. platy- autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides ;
fossettes infra-mandibulaires normalement élargies ; aire post-frontale non
rhinus (MZSP, MNHB). REYES-CASTILLO (1970) n’a pas cité
délimitée par un sillon ; fossettes margino-pronotales très larges ; côtés
V. peruvianus, ce qui suggère qu’il l’a considérée comme sous- antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I longs et fins ; face
espèce de V. guntheri, selon l’avis de HINCKS (1934). inférieure des profémurs brillante ; aire infra-apicale des méso- et métafémurs
glabre ; méso- et métatibias inermes, les spolons supérieurs assez courts mais
V. platyrhinus var. fassli Luederwaldt n. syn. – « Variété » épais, entièrement courbes ; calus huméraux dépourvus d’une touffe de soies.
décrite sur un exemplaire. Holotype (sexe indét.) : ÉQUATEUR, Affinités morphologiques. Divers caractères rapprochent beaucoup V. guntheri
NAPO : « Archidona, R. Haensch / Coll. Kraatz / Coll. DEI de V. yahua : taille moyenne à grande, habitus peu massif, fossettes latéro-
Eberswalde / Veturius platyrhinus (Hope), Lüed. det. 1928 ». — frontales assez profondes et arrondies, pubescence faible, tégument des
Longueur totale : 42 mm (IPAL). sclérites ventro-thoraciques très brillant, etc. Toutefois, chez V. guntheri,
l’absence de sillon post-frontal, les spolons supérieurs des méso- et métatibias
Cet exemplaire est indistinct de V. guntheri. HINCKS (1934), entièrement courbes, les protarsomères I longs et fins, le distinguent sans
à propos de V. peruvianus, a alors écrit à juste titre : « … seems ambiguïté de V. yahua. On ne peut se fier que secondairement à la présence /
best treated as a variety of platyrhinus close to var. fassli and diffe- absence d’épines latérales sur les méso- et métatibias pour distinguer
ring in the presence of the impressed line [sillon post-frontal] behind V. guntheri ; en effet, ce caractère est polymorphe chez les deux espèces (voir
the central tubercle ». Un second exemplaire, au MNHB, provient ci-dessous). De plus, V. guntheri a les angles antérieurs du pronotum
généralement plus arrondis et la pubescence du bord antérieur des élytres
de la série originale prise par R. Haensch, en 1900. un peu plus importante.
Derivatio nominis et remarque sur celui-ci. De l’entomolo- Les deux états de caractères liés aux sillon post-frontal et aux spolons
giste allemand A. Fassl. On est en mesure de croire que les récoltes supérieurs méso- et métatibiaux n’existent, dans le groupe « platyrhinus »,
de V. guntheri par Fassl (1913-1914) et par Haensch (1899-1900) que chez V. guntheri.
en Equateur, ainsi que par Fassl et par Günther en Bolivie, ont Polymorphisme. Comme V. yahua, V. guntheri présente un polymorphisme
été mélangées à réception en Europe, comme le montre la dédi- assez marqué pour certains caractères. La variation la plus notable est la
présence / absence de petites épines latérales sur les méso- et métatibias. En
cace de V. guntheri, par rapport au récolteur de son type. Equateur, les spécimens ayant ces épines sont très rares. En revanche, en
Bolivie, des groupes familiaux ont une majorité de spécimens épineux. Outre
Caractères diagnostiques. Habitus trapu à allongé. un polymorphisme intraspécifique, l’existence d’hybrides guntheri x yahua
Taille moyenne à grande. Longueur totale : 39-43 mm ; largeur n’est pas à exclure ; les deux espèces sont sympatriques et sont très voisines
maximale : 14-15 mm aux élytres. dans la phylogénie.
Tête (fig. 436). Tubercule central conico-pyramidal, assez fin et peu De rares spécimens (dont le lectotype) ont 1-3 soie(s) sur les aires latéro-
massif, l’apex droit ou peu pointu, émoussé. Tubercules latéro-postérieurs post-frontales. D’autres, plus nombreux, n’ont pas l’élargissement postérieur
plus ou moins marqués, émoussés. Rides frontales postérieures peu marquées. des élytres, qui est pourtant assez caractéristique de l’espèce ; cet état semble
Tubercules internes marqués mais émoussés. Aire médio-frontale renflée, en davantage marqué en Bolivie. La forme des canthus oculaires est aussi variable :
général très lisse et mamelonnée entre les rides frontales. Clypéus convexe, dans la série type et d’autres spécimens de Bolivie, l’apex antérieur est obtus,
en forme d’accolade peu marquée. Aires latéro-post-frontales glabres et très mais à côtés droits ; ailleurs (aussi bien en Bolivie qu’en Equateur), l’apex
lisses. Canthus oculaires assez courts, parallèles, l’apex antérieur droit à obtus peut être très arrondi, rappelant V. boliviae (grpe « ecuadoris »). La maigre
ne dépassant pas l’œil. Yeux grands mais peu globuleux. Aire post-frontale connaissance de la faune du Pérou rend difficile, dans ce pays, l’étude des
non délimitée par un sillon postérieur. Mandibules puissantes et allongées ; populations de V. guntheri.
apex trifides, les dents inférieures développées ; fossettes infra-basales
normalement élargies (fig. 421). Répartition géographique. Espèce apparemment endé-
Pronotum (fig. 437). Bord antérieur peu à assez fortement bilobé. Angles mique du piémont oriental des Andes, depuis l’extrême
antérieurs très arrondis à arrondis et faiblement abaissés.
Mésosternum (fig. 438) glabre, à l’exception des côtés de l’angle antérieur
sud de la Colombie jusqu’à la Bolivie (Cochabamba)
qui sont couverts de très courtes soies éparses ; aire mate large, couvrant tous (fig. 909). L’Equateur abrite la population la plus dense.
les côtés antérieurs et la ligne axiale, l’ensemble laissant nettement apparaître A l’inverse, le Pérou offre un vaste hiatus qui ne s’explique
le reste du tégument qui est très brillant. guère par le seul manque d’échantillons.
Métasternum (fig. 439) à aires latéro-antérieures sétigères, les soies longues
et éparses ; aires latéro-médianes et latéro-postérieures glabres et lisses. Fossettes L’existence de l’espèce dans l’Occidente d’Equateur
profondes partout, abondamment ponctuées et sétigères, étroites en avant, (Pichincha ; QCAZ) est très incertaine car seuls deux spéci-
assez fortement élargies en arrière. mens y auraient été pris. De plus, l’espèce étant limitée à
Élytres souvent trapus et élargies vers l’apex, glabres, à l’exception du une altitude moyenne basse, sa présence de part et d’autre
bord antérieur qui est couvert de soies très courtes et espacées, y compris sur
les calus. des Andes est douteuse ; les localités de l’Occidente sont
Pattes. Protarsomères I longs et fins. Face inférieure des profémurs peut être dues à des erreurs d’étiquetages (voir V. aspina,
brillante. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et p. 435 et V. ecuadoris, p. 462). Quant à l’exemplaire ancien
métatibias inermes ; fourches apicales étroites et trapues ; spolons supérieurs de « Quito » (AMNH), sa localisation ne signifie pas plus
assez courts mais épais, entièrement courbes (fig. 440).
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII plus ou moins marqué sur les Oriente qu’Occidente, comme on le faisait autrefois
deux tiers de sa longueur apical. souvent pour les échantillons des Andes d’Équateur.

441
Stéphane Boucher

Distribution dans l’aire. Espèce limitée aux bas à moyens tillons récents d’Equateur, tous localisés avec précision,
versants (500-1 500 m d’altitude environ). Les très rares sont surtout dus à G. Onore et collaborateurs (QCAZ) et
localités indiquées de moins de 500 m doivent être à A. Gillogly (CAG) ; ces dernières récoltes ont beaucoup
confirmées. contribué à la connaissance de l’espèce.
Affinités chorologiques. Espèce sym- ou parapatrique, de la Autre matériel examiné. Environ 110 ex.
Colombie à la Bolivie, avec V. yahua et V. standfussi. Les autres COLOMBIE (sans autre précision) : Colombien / V. platyrhinus Hp.,
espèces du groupe sont allopatriques. v. Steinwehr (MTMA 1 ex).
Parmi les autres Veturius, une sympatrie est possible avec ÉQUATEUR (sans autre précision) : Ecuador, Fritsche V. (MNHB
1 ex) ; Ecuador, E. Deville (IRSN 1 ex) ; Ecuador / F. Psota Coll. (FMNH
V. caquetaensis (grpe homonyme) dans le sud de la Colombie ; 1 ex). – Occidente, PICHINCHA : Ecuador, Pichincha, E.C.R. Guajalito
en Equateur (Oriente), avec V. sinuatocollis (grpe homonyme), [1 400-1 800 m], J. Gomez XI.1987 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pichincha,
V. ecuadoris (grpe homonyme) et V. dibbi (grpe « biapicalis ») ; Mindo, 1 500 m, M. Rodriguez VII.1995 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Quito
(AMNH 1 ex). – Oriente, NAPO : Équateur, Napo, Tena, 1 000 m, tronc,
au Pérou, avec V. inca et V. tarsipes dans la région nord et avec P. Folschweiller IX.1991 (MNHN* 1 ex) ; Equateur, Napo, Tena, 1 200 m,
V. arawak dans la région sud (tous trois du grpe « ecuadoris ») ; tronc, X.1992 (MNHN* 7 ex) ; Ecuador, Napo, rio Hollin – Tena, 1 100 m,
en Bolivie, avec V. dreuxi et V. boliviae (ce dernier dans son Etonti XII.1999 (MNHN* 1 ex) ; Equateur, de Wavrin 1929 (IRSN 1 ex) ;
Ecuad., Archidona [± 500 m], R. Haensch [1899-1900] (MNHB 1 ex) ;
étage supérieur uniquement). De la Colombie à la Bolivie, Ecuador, Napo, Lumbaquí, 800 m, A. Martinez VIII.1976 (IMEX 2 ex) ;
une sympatrie dans son étage inférieur existe avec V. sinuosus Ecuador, Napo, Coca [< 500 m], G. Paz V.1984 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador,
(grpe « transversus ») et V. libericornis (grpe homonyme). Enfin, Napo, San Rafael, 1 500 m, A. Cordova, M. Ferro, M. Galarza, V. Mera,
on remarque que l’unique spécimen péruvien de Publius L. Torres X-XI.1984, V. Benitez XII.1988 (QCAZ 11 ex) ; Ecuador, Napo,
via Hollin-Loreto, 1 100 m, R. Ortiz, R. Manosalvas XII.1987 (QCAZ
spinipes (NHML) proviendrait de la même localité que le type 2 ex) ; Ecuador, Napo, Reventador [± 1 500 m], K. Aldas XII.1988-I.1989
de V. peruvianus, ce qui semble douteux. (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Napo, Talag, 400 m, J. Durango XII.1993 (QCAZ
1 ex) ; Ecuador, Napo, Rio Hollin, 1 200 m, R. Ortiz, I. Saaveora XII.1991
Remarques taxinomiques et historiques. La méconnais- (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Napo, Archidona, 500 m, T. Santander V.1993
sance générale de V. guntheri, dans la littérature et dans les (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Rio Hollin, 1 200 m, L. Bartolozzi II.1993
(MZSF 2 ex) ; Ecuador, Napo, Cascada San Rafael, 1 300 m, A. Bandinelli
collections, était surtout taxinomique car on sait aujour- VIII.1991 (MZSF 1 ex) ; Ecuador, Napo, San Rafael Falls, 20 km SW El
d’hui que l’espèce n’est ni une rareté, ni un endémique Reventador, 1 100-1 150 m, troncs, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 14 ex) ;
étroitement localisé. A l’origine des nombreuses confu- Ecuador, Napo, 3 km E Rio Hollin, 1 200 m, tronc, A. Gillogly VIII.1997
(CAG 6 ex) ; Ecuador, Sucumbios, El Reventador – San Rafael, 1 400-
sions est le fait que l’espèce est peu différenciée de V. aspina 1 485 m, K. Proaño, S. Valarezo, K. Volbracht XII.1992, M.. Diaz XII.1993
et de V. yahua, qui sont tous deux abondants et présents, (QCAZ 5 ex) ; Ecuador, Jarugui (MUHD 3 ex). – PASTAZA : Ecuador,
eux aussi, de l’Equateur à la Bolivie. Mera / V. platyrhinus (Hope), det. Dibb (SMTD 2 ex) ; Ecuador, Pastaza,
Mera, 1 300 m, M. Iturraldo V.1984 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pastaza, Puyo,
Après K UWERT (1898), seuls A RROW (1907), 938 m, F. Bravo V.1985, M. Lascano XII.1994 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador, Past.,
LUEDERWALDT (1931) et HINCKS (1934) l’ont citée, mais Llandia, 17 km N. Puyo, 1 000 m, F. Génier VII.1994 (MCNO 2 ex) ;
sous les noms de ses synonymes. ARROW (l.c.) a signalé en Ecuador, Pastaza, Shell env. [< 1 000 m], S. Pokorny XI.1996 (CSP 2 ex).
plus une série d’Equateur, qu’il a rapportée cette fois à – TUNGURAHUA : Ecuador, Oriente, Rio Negro [rte Baños à Puyo, ±
1 500 m], R. de L. XII.1963 (FMNH 1 ex) ; Ecuador, Oriente, Tungurahua,
V. guntheri ; ce matériel n’a pas été retrouvé au NHML. Rio Topo [rte Mera à Baños], 1 400 m, VIII.1996 (MTMA 1 ex). –
VULCANO & PEREIRA (1967) ont cité l’espèce de la Région MORONA-SANTIAGO : Équateur, région de Macas [± 1 050 m], d’Espinay
Amazonienne, mais ils l’ont certainement confondue, 1922 / Zuña ou Huilca (MNHN 1 ex).
PÉROU, CUZCO : Pérou, Cuzco [vallée de l’Urubamba, ± 1 000 m,
notamment avec V. yahua ; d’ailleurs, on notera que Pereira Cl. Gay 1839] (MNHN 1 ex) ; Pérou, prov. Cuzco, tronc, X.1982 (MNHN*
a identifié un spécimen du véritable V. guntheri comme 1 ex) ; Peru, Cuzco, Quincemil, 750 m, Peña VIII.1962 / V. platyrhinus Hope,
« V. platyrhinus » (MNHB). det. Pereira 1964 (MHNB 1 ex).
Le premier spécimen connu de l’espèce est probable- BOLIVIE, LA PAZ : Bolivie, de Pucara à [Sta] Marta [Nor Yungas],
Mailles & Vincent 1914 (MNHN 1 ex) ; Bolivia, Yungas de la Paz (MNHB
ment celui rapporté par le naturaliste franco-chilien Cl. 11 ex). – COCHABAMBA : Bolivia, Yungas del Palmar [Arani], 1000-
Gay, 1839, du Cuzco (Pérou ; MNHN). Gay a pris d’autres 1 200 m, M. Zischka X.1958 / V. guntheri Kuw. [dét. ?] (ZSSM 6 ex) ; id.,
Passalides dans cette province, surtout dans la vallée de IX.1953 / Coll. Dirings / V. güntheri Kuw., det. Pereira 1957 (MZSP 1 ex).
l’Urubamba (voir V. arawak ; grpe « ecuadoris »). Par la suite,
figurent les spécimens types de KUWERT (1898), des 19. Veturius (Veturius) yahua n. sp.
récoltes de Günther, en Bolivie. Aucune donnée n’a été (fig. 173-174, 442-448 – 910, 920-921)
trouvée sur ce récolteur, pas plus que sur Kalinowski 1902,
Veturius platyrhinus Westw. : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (partim platyrhinus
récolteur du type du synonyme peruvianus (NHML), sur sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert, aspina sensu Kuwert,
Mailles & Vincent 1914 (MNHN) et sur d’Espinay 1922 guntheri sensu Kuwert, aquilonalis ; catal.).
(MNHN). On notera aussi les récoltes d’Haensch, 1899- Veturius platyrhinus (Westwood) : SCHUSTER 1978 : 27 ; SCHUSTER &
1900 et de Fassl, 1913-1914, en Équateur et en Bolivie. REYES-CASTILLO 1981 : 114.
[?] Veturius platyrhinus (Hope) : FONSECA 1981 : 840.
Le spécimen d’Equateur dû à l’ethnologue de Wavrin 1929, [?] Veturius platyrhinus (Westwood) : COSTA & FONSECA 1986 : 58 (larva).
est localisable avec une relative certitude du Napo, en [?] Veturius platyrhinus : FONSECA 1988 : 215.
amont du territoire Jivaro (WAVRIN 1941). Les échan- [?] Veturius platyrhinus (Dalman) : AGUIAR & BÜHRNHEIM 1992 : 197.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

[?] Veturius aff. platyrhinus (Hope) ; Veturius sp. : BÜHRNHEIM & AGUIAR HUÁNUCO : id. HT (MNHN*, 41 ex.) ; Pérou, Huánuco,
1995 : 60. Tingo María, 730 m, tronc, S. Boucher XI.1983 (MNHN*
[?] Veturius platyrhinus Westwood : AGUIAR & BÜHRNHEIM 1998 : 453.
10 ex) ; Pérou, Tingo Maria, III.2000 (MNHN* 1 ex) ; Peru,
Veturius platyrhinus (Westwood) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003 :
47 (partim platyrhinus sensu Hope & Westwood, standfussi sensu Kuwert, Huánuco, Tingo María, L. Huggert I.1984 (ZISL 1 ex) ; Peru,
aspina sensu Kuwert). Huánuco, Rio Agua Blanca, Río Monzón area, J. Schuster VII-
IX.1970 (IMEX 7 ex) ; Peru, Huánuco, Tingo María, luz,
Matériel type. 207 ex. Holotype P : PÉROU, HUÁNUCO : J. Schuster II.1970 (IMEX 2 ex) ; Peru, Tingo María, 670 m,
Pérou, Tingo María, 780 m, V.1976-II-IV-V-VI.1978 / ex. Coll W. Weyrauch / R.E. Woodruff coll. / V. sinuatosulcatus Gravely,
G. Minet 1994 (MNHN*). Paratypes : PÉROU (sans autre det. Pereira 1960 (FSCA 1 ex) ; Peru, Tingo María, 670 m, J.C.
précision) : Peru, Ost-Anden, Dengler 1925 (SMNS 1 ex). – Schuster II.1972 / V. platyrhinus (Westwood), det. Schuster 1973

Figures 436-448
Veturius (V.) groupe « platyrhinus ». – 436-441, V. guntheri Kuwert, Andes ; 442-448, V. yahua n. sp., Andes – Amazonie occidentale. – 436, 442, tête (dorsal),
tubercule central (profil) ; 437, 443, pronotum (dorsal, latéral) ; 438, mésosternum ; 439, 444, métasternum ; 445, protarsomère I ; 446, mésotibia (latéral) ;
440, 447, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 441, 448, édéage. – Échelles : 1 mm.

443
Stéphane Boucher

(FSCA 1 ex) ; Peru, Huán., Tingo María, 660 m., X-XII.1946- BOLIVIE, LA PAZ : Bolivie, La Paz, Nor Yungas, Incahuara
III.1947 / J.C. Pallister, Donor F. Johnson / V. platyrhinus (Hope), près Caranavi, ± 850 m, piège lumineux, G. Lecourt XI.1991
det. Pereira 1958 (AMNH 6 ex) ; Peru, Huán., Tingo María, (MNHN* 3P) ; Bolivie, La Paz, Itturalde, rte Rurrenabaque à
670 m, XI.1946 / W. Weyrauch, Donor Wm. Procter (AMNH Ixiamas, 400 m, piège lumineux, P. Bleuzen & G. Lecourt X.1993
2 ex) ; Peru, Tingo María, Monzón Valley [rio, ± 750 m], E.I. (MNHN* P) ; Bolivia, Yungas de la Paz (MNHB 11 ex). –
Schingler & E.S. Ross X.1954 / V. platyrhinus Hope, det. Doesburg COCHABAMBA : Bolivia, Crystal Mayu [Chaparé], X.1969 /
(CASC 4 ex). – LORETO : Yahuas Territory [= rio Yagua, ex. Coll G. Minet 1994 (MNHN* 3 ex). – SANTA CRUZ :
< 500 m], VIII.1913 (MNHN P); Pérou, env. Iquitos [< 500 m], Bolivie, Santa Cruz, Buena Vista [< 1 000 m], P. Steinbach
V.1999 (MNHN* 1 ex) ; Pérou, Iquitos, VI.1994 (MNHN* (MNHN 2 ex) ; Bolivia, Sta Cruz, Ichilo, Buena Vista,
1 ex) ; Peru, Loreto, Estirón [= rio Ampiyacu, < 500 m], Malkin A. Martinez III.1951 (IMEX 2 ex).
V.1966 / V. sinuatosulcatus Grav., det. Pereira (MZSP 2 ex) ; Peru, BRÉSIL (sans autre précision) : Brasil (SMTD 2ex). – ACRE :
Loreto, Rio Ampi-Yacu, B. Malkin III-IV.1970 (FMNH 9 ex) ; Brasil, Acre, Vila Feijó [± 150 m], T. Jefferson II.1955 / V. platy-
Peru, Loreto, Explorama Inn, 25mi NE Iquitos, S. Dunkle rhinus Hope, det. Pereira 1964 (MHNB 1 ex). – AMAZONAS :
VII.1990 (FSCA 1 ex). – SAN MARTÍN : Peru, San Martín, Brazil, Amazonas, Benjamin Constant [65 m], Rio Javary, II-
Tocaché [± 700 m], J. Schuster II-IV.1970 (IMEX 7 ex). – III.1942 / A. Rabaut (AMNH 1 ex) ; id., Dirings XII.1960-
PASCO : Peru, [rio Pichis, 300-700 m] W. Schnuse I.1904 XI.1969 (MZSP 27 ex). – PARÁ : Brasil, PA, Itaituba [15 m],
(SMTD 1 ex). – CUZCO : Pérou, Cuzco, VI.1981 / ex coll. Rio Tapajós, Dirings XI.1961 (MZSP 1 ex). – MATO GROSSO :
G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Peru, Cuzco, Quincemil, Matto Grosso [= Vila Bela, 200 m] / Malme VIII.1902 / V. spini-
730 m., IV.1947 / J.C. Pallister, Donor F. Johnson (AMNH fer Gravely, det. Endrödi 1967 (NHRS 3 ex). – GOIÁS : Brasil,
1 ex) ; Peru, Cuzco, Quincemil, 750 m, Peña VIII.1962 / V. platy- Goiás, Parq. Nac. Emas [300-1 000 m], III-IV.1984, Exp. MZ e
rhinus Hope, det. Pereira 1964 (MHNB 1 ex). IQ, USP / V. platyrhinus [dét. ?] (MZSP 2 ex).
COLOMBIE, META : Colombia, Rio Ocoa [rte
Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale :
Villavicencio à Puerto Porfía, 4°08N 73°15W], 400 m, V.1945 / 39-46 mm ; largeur maximale : 13-16 mm aux élytres.
in fallen timber, L. Richter (AMNH 1 ex) ; Colombia, Meta, Pronotum (fig. 443). Fossettes marginales très larges, assez profondes,
Parq. Nac. La Macarena, 500 m, G. Garcia / V. platyrhinus occupées par de fortes ponctuations transverses sur la moitié de leur longueur
(West.), det. Reyes-Castillo 1990 (IMEX 2 ex). – HUILA : postérieure.
Colombia, Huila, Gigante [< 900 m] 1981 / O. Rojas (IZAM Mésosternum glabre, sauf les côtés de l’angle antérieur qui ont de très
courtes soies éparses ; aire mate large, couvrant les côtés antérieurs et la ligne
1 ex). – PUTUMAYO : Columbia, Putumayo, Puerto Asis à axiale, l’ensemble laissant le reste du tégument sous forme de tâches brillantes.
Puerto Vega (Rio Putumayo) [± 500 m], V. Maly VII.1996 (CVM Métasternum (fig. 444) à aires latéro-antérieures entièrement sétigères,
1 ex). – Non localisés : Columbien, Mina Purino, 280-350 m, les soies longues et denses ; aires latéro-médianes et latéro-postérieures glabres
Bürger X-XI.1896 (MNHB 9 ex). et lisses. Fossettes assez profondes partout, abondamment ponctuées et
sétigères, étroites en avant, peu élargies vers l’arrière.
ÉQUATEUR (sans autre précision) : Ecuador / ex Musaeo Élytres glabres, y compris les calus, sauf le bord antérieur qui est couvert
A. Kuwert 1894 (MNHN 2 ex) ; – Oriente, NAPO : Ecuador, de soies très courtes et espacées.
Napo, San Miguel [Coca, ± 250 m], XI.1978 / ex. Coll G. Minet Pattes. Protarsomères I courts et épais (fig. 445). Face inférieure des
profémurs brillante. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso-
1994 (MNHN* 1 ex) ; Ecuador, Napo, S. Pablo Kantesiaya et métatibias munis d’une fine et courte épine médiane, souvent effacée
[Coca, ± 250 m], sous planche, 200 m, P. Moret II.1985 (fig. 446) ; fourches apicales étroites et trapues ; spolons supérieurs (fig. 447)
(MNHN* 1 ex) ; Ecuador, Napo, Coca, G. Onore 1984 / ex coll. courts, fins, droits ou presque vers l’apex.
Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Ecuador, S. Anton. Curaray Abdomen. Sillon marginal du sternite VII peu à très peu marqué sur le
[± 250 m], F. Ohaus I.1906 / V. platyrhinus Hope, det. Ohaus tiers de sa longueur apicale.
Édéage (fig. 448). Longueur : 2,3 mm. Habitus trapu, subparallèle,
(MNHB 9 ex) ; Ecuador, Napo, Scyasuni, 250 m, M. Mancero rétréci vers la base. Paramères et phallobase non séparés par une suture
III.1997 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Sucumbios, Shushufindi, distincte. Ventral : phallus finement ponctué de part et d’autre de la ligne
215 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 1 ex) ; Ecuador, Sucumbios, axiale ; paramères et phallobase hauts et courts ; bord postérieur de la
Limoncocha Biol. Res., 215 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG phallobase légèrement concave. Dorsal : paramères et phallobase de longueurs
2 ex) ; Ecuador, Napo, Yasuni, 36 km S Pompeya, 215 m, à peu près égales et limités à un fin liseré sclérotisé.
Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus.
A. Gillogly VIII.1997 (CAG 2 ex) ; Ecuador, Napo, San Rafael Derivatio nominis. Des territoires Amérindiens Yahuas.
Falls, 20 km SW El Reventador, 1 100 m, A. Gillogly VIII.1997
(CAG 2 ex) ; Ecuador, Napo, VI.1929 (LACM 1 ex) ; Ecuador, Larve décrite sous le nom de « V. platyrhinus » par SCHUSTER & REYES-
CASTILLO (1981) sur des exemplaires du Pérou (prov. San Martín, Huánuco
Sucumbios, Rio Cuyabeno [ ≤ 500 m], G. Kareofelas, C.W. et Loreto).
Witham XI-XII.1993 (UCDC 1 ex). – PASTAZA : Ecuador, C OSTA & F ONSECA (1986) ont aussi décrit et identifié comme
Pastaza, 2-8mi N Puyo, 953 m, E.I. Schingler & E.S. Ross II.1955 « V. platyrhinus » une larve de l’état de Goiás (Brésil). Il ne s’agit certainement
(CASC 1 ex) ; Ecuador, Pastaza, Cusuimi, Rio Cusuimi, 150 km pas de cette espèce, mais plutôt de V. yahua, qui existe dans la région et qui
SE Puyo, 300-325 m, B. Malkin VI-VII.1971 (FMNH 4 ex) ; ressemble beaucoup à V. platyrhinus. Ces spécimens n’ont pas été examinés.
Ecuador, Pastaza, Ashuara, Rio Macuma, 300 m, B. Malkin Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
VII.1971 (FMNH 1 ex). – MORONA-SANTIAGO : Ecuador / autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides ;
fossettes infra-mandibulaires normalement élargies ; aire post-frontale
Macas [env. de, < 1 000 m] / Fry Coll. 1905 (NHML 1 ex) ; délimitée par un sillon ; fossettes margino-pronotales très larges ; côtés
Ecuador, Morona-Santiago, Taisha [E Macas], E. Sanza VIII.1980 antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I courts et épais ; face
(QCAZ 1 ex). inférieure des profémurs brillante ; aire infra-apicale des méso- et métafémurs

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

glabre ; méso- et métatibias munis ou non d’une épine médiane fine et courte, centrale brésilienne, seule l’étude de spécimens addition-
les spolons supérieurs courts, fins, droits ou presque ; calus huméraux sans
touffe de soies.
nels permettra de tirer de plus amples conclusions (1).
Dans le groupe « platyrhinus », V. yahua est la seule espèce qui a les
protarsomères I courts et épais (fig. 445).
Distribution dans l’aire. Espèce étagée depuis les forêts
ombrophiles de plaine jusqu’aux forêts ombro-mésophiles
Affinités morphologiques. Espèce peu différenciée des autres de son groupe ; de bas versants (0 à 1000-1 300 m d’altitude). Toutefois,
elle est néanmoins reconnaissable par son habitus généralement moins massif,
moins transverse et par sa longueur totale moindre (à l’exception de V. guntheri la majorité du matériel examiné provient de 500 à 800 m.
et de quelques V. aspina, avec lesquels elle peut être facilement confondue). Cette amplitude altitudinale corrobore la chorologie géné-
Les spolons supérieurs des méso- et métatibias courts, fins et droits ou presque, rale de l’espèce ; elle montre aussi que le piémont Andin
la rapprochent davantage de V. aspina. En plus de ces caractères, on distinguera
V. yahua de V. aspina et de V. guntheri comme suit. – en terme géomorphologique – est plus étendu vers
De V. aspina : fossettes latéro-frontales plus longues, plus arrondies et l’Amazonie que l’on croit souvent ; il en va ainsi de sa faune.
davantage rebordées ; architecture générale dorso-céphalique moins anguleuse ;
protarsomères I courts et épais ; profémurs (vue ventrale) toujours brillants, Affinités chorologiques. Dans les Andes du moyen
le bord antérieur peu convexe ; fossettes métasternales peu élargies en arrière, piémont, V. yahua est sympatrique avec V. guntheri et
souvent presque parallèles et étroites.
V. standfussi. Parmi les autres Veturius, sont sympatriques :
De V. guntheri : aire post-frontale délimitée par un sillon ; protarsomères
I courts et épais ; méso- et métatibias avec, le plus souvent, une fine épine V. ecuadoris (grpe homonyme), en Equateur et dans le nord
médiane, et à spolons supérieurs droits ou presque. du Pérou ; V. libericornis (grpe homonyme), de l’Equateur
Polymorphisme. La taille (± 7 mm) et l’habitus sont assez variables dans
à la Bolivie ; peut-être aussi V. caquetaensis (grpe homo-
toute l’aire de répartition de l’espèce, mais ils sont également distincts selon nyme), en Colombie.
les populations : les individus du haut piémont Andin du Pérou sont tous Dans les Andes du bas piémont, la relation inter-espèces
d’assez grandes tailles ; ceux du haut piémont Andin d’Equateur et de
l’ouest de l’Hylaea Amazonienne sont petits (minimum : 36 mm, ce qui est très différente. On y trouve : V. sinuosus (grpe « trans-
semble exceptionnel) ; ceux du Plateau du Brésil sont de grandes tailles, versus ») ; sans doute V. cephalotes (grpe homonyme) ; à
mais leur habitus est plus massif et plus transverse que dans la première nouveau V. libericornis ; V. (Ouayana) punctatostriatus et
population.
les autres espèce du sous-genre surtout connues d’Amazonie
L’absence / présence d’épines méso- et métatibiales existe dans toute les
populations. De plus, ces épines étant souvent très petites, parfois peu visibles, occidentale (V. unicornis, V. amazonicus).
elles ne peuvent être un bon critère de reconnaissance spécifique, ce qui n’est Sur le Plateau Brésilien et en marge du Brésil Atlantique,
pas le cas chez les autres espèces du groupe « platyrhinus ». aucun autre Veturius n’est connu des localités répertoriées.
Répartition géographique. L’espèce occupe un très vaste La présence de V. transversus (grpe homonyme) et de
territoire (fig. 910). V. sinuatus (grpe « cephalotes ») n’est pas à exclure sur certains
À l’est, elle longe les Andes sur leurs bas versants depuis reliefs. Enfin, une parapatrie est possible avec V. sinuosus,
la Colombie (Sierra de la Macarena et au-delà) jusqu’au dans le Corridor Paraguayen.
sud de la Cordillère Orientale bolivienne. Dans les Andes Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce a
du Pérou, sa pénétration y est réelle, mais elle est circons- été vue par la plupart des spécialistes, mais tous l’ont
crite à quelques vallées profondes (rios Huallaga, Marañon, confondue, surtout avec V. platyrhinus. Les exceptions sont
Apurimac). Une telle répartition « intrusive », intra-andine, deux spécimens identifiés autrement ; l’un comme
existe chez V. sinuosus (groupe « transversus »), mais cette « V. sinuatosulcatus » (syn. de V. sinuatocollis ; FSCA) par
dernière espèce provient de l’Hylaea Amazonienne. Pereira, l’autre comme « V. spinifer » (syn. de V. standfussi ;
Plus à l’est, les localisations éparses au Pérou et au Brésil NHRS) par Endrödi.
confirment une expansion importante de l’aire dans le Aucun spécimen identifié par Hincks ou par Dibb n’a
Bassin Amazonien. Enfin, une autre population éloignée été trouvé, mais on ne peut croire qu’HINCKS & DIBB
des Andes existe sur quelques reliefs isolés du Plateau (1935) n’en ont pas vu. SCHUSTER (1978) et SCHUSTER
Brésilien, dans le Mato Grosso et le Goiás. Cette situation & REYES-CASTILLO (1981) ont étudié plusieurs séries,
très orientale et remarquable permet de considérer l’espèce notamment de Tingo María (Pérou, Huánuco ; IMEX).
comme partiellement intégrée dans la faune du Brésil J’ai pris moi-même l’espèce dans le même secteur, où elle
Atlantique, s. l., bien qu’elle soit fondamentalement péri- semble abondante. Comme indiqué ci-dessus, il est
andine (ou d’affinité andine), et non péri-amazonienne probable que COSTA & FONSECA (1986) ont décrit la larve
(ou d’affinité guyano-amazonienne). du Brésil (Goiás). Dernièrement, REYES-CASTILLO &
Plus que chez les autres espèces du groupe « platyrhi-
nus », les limites orientale et septentrionale de l’aire de
répartition de V. yahua restent à préciser. On peut suppo- (1) Il est notamment fait référence ici aux « Veturius platyrhinus » et « V. aff.
ser que d’autres populations-isolats existent çà et là sur le platyrhinus » cités d’Amazonas (FONSECA 1981, 1988 ; COSTA & FONSECA
Plateau Brésilien, dans le Mato Grosso et le Goiás. En 1986 ; BÜHRNHEIM & AGUIAR 1995, AGUIAR & BÜHRNHEIM 1998) et
pour lesquels les déterminations sont erronées ou très douteuses. Ce matériel
Colombie, l’aire s’étend sans doute davantage vers le nord intéressant, conservé dans des institutions publiques, ne m’a pas été
(Boyacá, Arauca). Quant à la population de l’Amazonie communiqué.

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Stéphane Boucher

AMAT GARCÍA (2003) ont cité des spécimens du piémont 1 ex) ; Ecuador, Balao [< 500 m] / Ex. Staudinger & Bang Haas
Andin colombien ; je ne les ai pas examinés, mais cette [< 1900] (MUHD 1 ex) ; Ecuador, Guayas, Cerro Blanco, 200 m,
origine laisse peu de doute sur leur véritable identité. A. Agredo XII.1991 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Cuenca [rte de
Guayaquil], rec. MAZ [?], XI.1965, X.1966 (FMNH 2 ex) ;
Les plus anciens spécimens connus sont dus à Bürger, Ecuador, Guay. / R. Hopping collection / V. platyrhinus Hope,
1896, de Colombie (MNHB) ; aucune donnée n’a été trou- det. Doesburg (CASC P). – MANABÍ : Ecuador, Manabí,
vée sur ce récolteur (nec. O. Bürger 1865). Schnuse a Calceta [< 500 m], J. Hervas I.1993 (QCAZ O).
rapporté en 1904 un spécimen de son expédition sur le rio COLOMBIE, VALLE DEL CAUCA : Cali [< 1 000 m],
Pichis, au Pérou (SMTD), et Ohaus, vers 1900, d’Équa- Wallis [vers 1873] / ex Musaeo E. Steinheil (MNHN 1 ex).
teur (MNHB). Les spécimens de Steinbach (MNHN), de Caractères diagnostiques. Habitus massif et transverse.
Bolivie, datent de la fin du XIXe siècle, mais aucune autre Taille grande. Longueur totale : 46-49,5 mm ; largeur maximale : 16-
précision n’a été trouvée à leur sujet. Quant à ceux du Mato 17,5 mm aux élytres.
Grosso et du Goiás, les premiers ont été pris par le bota- Tête (fig. 449). Tubercule central conico-pyramidal, assez fin, élancé en
avant à 45° mais peu élevé, l’apex droit ou peu pointu et émoussé. Tubercules
niste suédois Malme, lors de son exploration du Plateau latéro-postérieurs marqués, émoussés, presque droits. Aire médio-frontale
Brésilien, en 1902 (NHRS), et les seconds par une expé- renflée, lisse, mamelonnée entre les rides frontales. Canthus oculaires assez
dition récente de l’Université de São Paulo, dans la Serra courts, parallèles ; apex antérieur bien arrondi ne dépassant pas l’œil.
Mandibules puissantes et allongées ; apex trifides, les dents inférieures
Das Emas (MZSP). La plupart des autres spécimens sont développées ; fossettes infra-basales normalement élargies (fig. 421). Disque
récents, en particulier ceux de Malkin (AMNH) et de du mentum glabre et lisse. Massues antennaires allongées ; article X
Schuster (IMEX), du Pérou ; ceux de Bleuzen & Lecourt régulièrement arrondi avant l’apex.
(MNHN), de Bolivie; ceux de Gillogly (CAG), d’Équateur. Pronotum (fig. 450). – Fossettes marginales étroites, peu profondes, avec
quelques fortes ponctuations plus ou moins transverses sur les deux tiers de
leur longueur médiane.
20. Veturius (Veturius) onorei n. sp. Mésosternum (fig. 451) glabre, sauf les côtés de l’angle antérieur qui sont
couverts de très courtes soies éparses ; aire mate large, couvrant tous les côtés
(fig. 170-171, 449-453 – 911, 920-921) antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs brillant.
Matériel type. 11 ex. Holotype P : ÉQUATEUR, Occidente, Métasternum à aires latéro-antérieures peu sétigères ; aires latéro-médianes
et latéro-postérieures glabres et lisses. Fossettes profondes partout, ponctuées
GUAYAS : Ecuador, Guayas, Guayaquil [< 500 m], I.1979 / ex et sétigères, étroites vers l’avant, peu élargies vers l’arrière.
coll. G. Minet 1994 (MNHN*). Paratypes : id. HT Élytres glabres, y compris les calus, sauf le bord antérieur avec des soies
(MNHN*PO) ; Guayaquil / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN très courtes et éparses.

Figures 449-453
Veturius (V.) groupe « platyrhinus », V. onorei n. sp., Colombie – Equateur. – 449, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ;
450, pronotum (dorsal, latéral) ; 451, mésosternum et méta-épisterne ; 452, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 453, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Pattes. Tarsomères I fins et longs. Face inférieure des profémurs brillante. voyageur naturaliste qui accompagna un moment
Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et métatibias
inermes ; fourches apicales étroites et trapues ; spolons supérieurs assez courts,
E. Steinheil, lors de son expédition de 1872-1873. Grâce
fins, droits (fig. 452). aux informations données par STEINHEIL (1877), on ne
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué sur la moitié de sa peut douter que ce spécimen provienne de la région de
longueur apicale. Cali (Wallis a parcouru de nombreuses régions d’Amérique
Édéage (fig. 453). Longueur : 2,5-3 mm. Habitus trapu et transverse.
Paramères et phallobase non séparés par une suture distincte. Ventral : phallus du Sud (SOUZA 1873), notamment en Amazonie brési-
à peine ponctué de part et d’autre de la ligne axiale ; paramères et phallobase lienne, vers 1865). Aucune donnée complémentaire n’a
hauts et courts ; bord postérieur de la phallobase droit et incisé au milieu. été trouvée sur les autres spécimens anciens, en particu-
Dorsal : paramères et phallobase de longueurs presque égales et limités à
deux étroits liserés sclérotisés. lier ceux de R. Hopping (CASC), d’O. Staudinger
Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. platyrhinus. (MUHD) et de H. Boileau (MNHN). Les spécimens
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Giovanni Onore (QCAZ). récents proviennent des récoltes de G. Onore et collabo-
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun rateurs (QCAZ, MNHN).
autre V. (Veturius) : grande taille ; apex mandibulaires trifides ; fossettes infra-
mandibulaires normalement élargies ; aire post-frontale délimitée par un Groupe « cephalotes »
sillon ; fossettes margino-pronotales étroites, peu profondes et peu ponctuées ;
côtés antérieurs du mésosternum glabres ; protarsomères I longs et fins ; face Caractères généraux. Ce petit groupe de trois espèces est
inférieure des profémurs brillante ; aire infra-apicale des méso- et métafémurs
glabre ; méso- et métatibias inermes, les spolons supérieurs courts, fins, droits surtout caractérisé par les calus huméraux munis d’une
ou presque ; calus huméraux sans touffe de soies. touffe de soies regroupées (car. 58). Ces soies ne sont pas
Affinités morphologiques. Espèce très affine de la population de V. aspina homologues avec celles qui existent chez quelques espèces
à tégument thoracique brillant. Il est difficile, de visu, de séparer les des groupes « transversus », « platyrhinus » et « ecuadoris ».
exemplaires de même taille. La relative étroitesse des fossettes métasternales Pour le reste, le groupe « cephalotes » partage des états de
et l’étendue du tégument mat mésosternal rapprochent aussi l’espèce de
V. guntheri et de V. yahua. Toutefois, les fossettes margino-pronotales caractères très nets avec ces trois derniers. L’habitus, la taille
caractéristiques (étroites, peu profondes et avec quelques fortes ponctuations assez forte, les fossettes margino-pronotales larges et
circulaires) distinguent aisément V. onorei de ces espèces, comme des autres profondes, le rapprochent du groupe « platyrhinus », tandis
espèces du groupe « platyrhinus ». Les autres caractères suivants séparent
aussi V. onorei.
que la pubescence mésosternale est retrouvée chez les
De V. aspina : fossettes latéro-frontales plus arrondies et plus profondes ; groupes « transversus » et « ecuadoris ».
apex antérieur des canthus oculaires plus arrondi. Parmi les espèces du groupe, V. sinuatus est l’un des
De V. guntheri : taille supérieure ; habitus plus massif, mais les élytres Veturius les plus communs et l’un des plus répandus dans
moins convexes ; pronotum plus transverse et à angles antérieurs moins
arrondis ; aire post-frontale limitée par un sillon très net ; yeux plus grands les collections, bien qu’il ait été confondu depuis très long-
et plus globuleux. temps avec V. cephalotes. La troisième espèce est nouvelle
De V. yahua : taille supérieure ; habitus plus massif ; pronotum plus et n’avait pas été vue auparavant.
transverse ; méso- et métatibias toujours inermes.
La répartition géographique du groupe « cephalotes » est
Polymorphisme. Non appréciable, y compris les tailles (± 1,5 mm). sud-américaine et très vaste : Amazonie, Massif des Guyanes
et Brésil Atlantique, de 0 à 2 000 m d’altitude. Les trois
Répartition géographique, distribution dans l’aire.
espèces habitent des territoires distincts.
Espèce endémique de la forêt ombrophile planitiaire
(< 1 000 m d’altitude) du versant Pacifique des Andes de
Colombie – Équateur (depuis le dépt. de Valle jusqu’aux Clé des espèces
prov. de Guayas et de Manabí ; fig. 911).
1. Tarsomères et antennomères d’épaisseur normale (fig. 454,
Affinités chorologiques. Sont sympatriques les taxons 465). Aires latéro-médianes du métasternum glabres
typiques de basse à moyenne altitudes du versant Pacifique : (fig. 462). Aire médio-postérieure de la ligule large et
V. aspina (même grpe), V. sinuatocollis (grpe homonyme), concave (fig. 457) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.
V. (Ouayana) cirratus et V. galeatus. – Tarsomères et antennomères très épais (fig. 469, 476).
Aires latéro-médianes du métasternum sétigères (fig. 474).
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce Aire médio-postérieure de la ligule étroite et convexe
n’avait peut-être été vue que par van Doesburg, vers 1950, (fig. 471). [Apex mandibulaires bifides. Sillon apical du
qui l’a confondue avec V. platyrhinus (CASC). sternite VII présent. Longueur totale : 35-39 mm. Massif
Son endémisme est original au sein d’un groupe d’es- de Pacaraima] . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) jolyi n. sp.
pèces typiquement andin ; raison pour laquelle elle est si 2. Apex mandibulaires bifides (fig. 454). Sillon apical du
sternite VII absent. Pronotum : angles antérieurs très
peu représentée dans les collections. La destruction très arrondis ; sillon marginal très large presque partout
importante, depuis longtemps, des forêts humides plani- (fig. 460). [Méso- et métatibias inermes. Longueur totale
tiaires de l’Occidente Sud d’Equateur, ne peut toutefois très rarement < 40 mm. Guyano-Amazonie] . . . . . . . . . . . .
être étrangère à sa rareté. . . . . . . . V. (Veturius) cephalotes (Le Peletier & Serville)
Le spécimen trouvé le plus ancien est de Colombie, le – Apex mandibulaires trifides (fig. 480). Sillon apical du
seul que l’on connaisse de ce pays. Il est dû à G. Wallis, sternite VII présent. Pronotum : angles antérieurs arron-

447
Stéphane Boucher

dis; sillon marginal très large sur les côtés (fig. 483). [Méso- Remarques sur les auteurs et sur la série type – Dans la
et métatibias inermes, rarement finement épineux. Brésil description de 1825, l’espèce est attribuée à « Dej. (Catal.) ».
Atlantique, sud du Plateau Brésilien] . . . . . . . . . . . . . . . . . Avant cette date, Dejean avait publié plusieurs fois le catalogue
. . . . . . . . . . V. (Veturius) sinuatus (Eschscholtz) n. stat. de sa collection. D’après MANNERHEIM (1842), la première
édition serait de 1807 et était déjà une rareté peu connue à
21. Veturius (Veturius) cephalotes l’époque. Je n’ai trouvé nulle part cette publication, mais
Mannerheim indique qu’on y trouve un seul « Passalus sp. », sans
(Le Peletier & Serville 1825) provenance. Dans la seconde étition (DEJEAN 1821, qui serait
(fig. 108, 178-179, 250a, 454-468 – 915, 920-921, 926) appelée à tort « 1re édition »), le Catalogue comprend un « Passalus
Passalus Cephalotes Dej. : DEJEAN 1821 : 62 (nomen nudum). Cephalotes Dej., Cayennae », espèce reprise in extenso dans les
Passalus cephalotes Dej. : LE PELETIER & SERVILLE 1825 : 20. éditions ultérieures (DEJEAN 1836, 1837, ou « 2e et 3e éditions »),
[Passalus Cephalotes Lepeletier & Serville (syn. Transversus Dalman) : mais à la différence qu’on y trouve comme synonyme « Passalus
PERCHERON 1835 : 94 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu sinuatus Eschscholtz, Brasilia ». Il est alors clair que DEJEAN
Drapiez)]. (1836) n’a pas fait la distinction entre son espèce et celle
Passalus Cephalotes Dej. (syn. Sinuatus Eschscholtz) : DEJEAN 1836, 1837 :
195 (partim sinuatus sensu Eschscholtz). d’Eschscholtz et que Le Peletier & Serville ont décrit la leur
[Passalus Cephalotes Lep. & Serv. (syn. Transversus Dalman) : HOPE & d’après DEJEAN (1821). En dépit de leur antériorité, tous les
WESTWOOD 1845 : 8 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Passalides de Dejean sont des nomina nuda au sens du Code de
Drapiez). Nomenclature Zoologique (ICZN 1999) car rien ne permet de
[Passalus cephalotes Dej. (syn. sinuatus Eschsch.) : BURMEISTER 1847 : 512 les reconnaître, sauf leur nom et leur origine géographique. LE
(sinuatus sensu Eschscholtz)].
[Passalus cephalotes St. F. & Serv. (syn. transversus Dalm.) : SMITH 1852 : 11
PELETIER & SERVILLE (1825) sont donc bien les auteurs du
(partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez)]. Passalus cephalotes, devenu disponible.
[Passalus cephalotes Serv. (syn. sinatus Eschsch.) : KAUP 1868 : 27 (partim Récemment, la nécessité d’examiner un syntype s’est présen-
transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez, sinuatus sensu tée. Après vaine recherche, un néotype a été désigné (BOUCHER
Eschscholtz)]. 1986). Depuis lors, j’ai reconstitué la partie préservée au MNHN
Passalus cephalotes Serv. (syn. sinuatus Eschsch.) : GEMMINGER & HAROLD
1868 : 973 (catal.). de l’ex collection Dejean, qui était dispersée dans celle de
[Veturius cephalotes Dej., Serv. (syn. sinuatus Esch.) : KAUP 1871 : 112 (partim J. Thomson in R. Oberthür. Presque tous les Passalides du
transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez, sinuatus sensu Catalogue de 1837 ont été retrouvés. Figurent notamment deux
Eschscholtz, christiani sensu Boucher)]. spécimens côte à côte, non identifiés : un V. cephalotes, étiqueté
Veturius Cephalotes Dej. : KUWERT 1891 : 173. « Cayennae » et un V. sinuatus, étiqueté « Brasilia ». Les étiquettes
Neleus interruptus L. : HEYNE & TASCHENBERG 1896 : 58 & pl. 8 fig. 39
(atlas).
de localité sont de la main de Dejean. L’absence d’identification
Veturius cephalotes Serv. : K UWERT 1898 : 168 (partim sinuatus sensu est curieuse puisque la plupart des autres espèces en ont une.
Eschscholtz). Il faut préciser à présent que la collection Dejean a été vendue
[Veturius cephalotes Serv. (syn. sinuatus Eschscholtz) : PANGELLA 1905b : 2]. par lui à plusieurs personnes. MANNERHEIM (1842) signale
Veturius cephalotes (Saint Fargeau & Serville) : GRAVELY 1918 : 37 (partim l’achat des Lamellicornes par Laferté-Sénectère, ce qui corres-
sinuatus sensu Eschscholtz).
Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) (syn. sinuatus (Eschscholtz)) :
pondrait à la venue des Passalides au MNHN. Toutefois, nombre
LUEDERWALDT 1931 : 48 (partim sinuatus sensu Eschscholtz). d’entre eux sont également dans les collections Spinola et Di
Veturius cephalotes St. Farg. & Serv. : HINCKS & DIBB 1935 : 24 (partim Breme, entomologistes italiens cités par MANNERHEIM (1842)
sinuatus sensu Eschscholtz ; catal.) ; PEREIRA 1941 : 37 (partim sinuatus comme acquéreurs de matériel de Dejean. Dans le catalogue
sensu Eschscholtz) ; BRUCH 1942 : 10 (partim sinuatus sensu Eschscholtz ; commenté des collections Spinola et Di Breme (GIACHINO
catal.).
1982), Passalus cephalotes et P. sinuatus ne figurent pas. Cette
Veturius cephalotes (Lepeletier & Serville) : REYES-CASTILLO 1973 : 1548
(partim sinuatus sensu Eschscholtz). absence est confirmée par l’examen des Veturius conservés dans
[?] Veturius platyrhinus (Hope) : FONSECA 1981 : 840. ces collections (MSNT).
Veturius cephalotes (Lepeletier & Serville) : BOUCHER 1986 : 500 (partim En conclusion, les seuls V. cephalotes et V. sinuatus étudiés
sinuatus sensu Eschscholtz), 1987 : 374. par Dejean sont apparemment ceux du MNHN, même s’ils n’ont
[?] Veturius platyrhinus : FONSECA 1988 : 215.
pas d’identification de lui. Quant au V. cephalotes vu et décrit
[?] Veturius platyrhinus (Dalman) : AGUIAR & BÜHRNHEIM 1992 : 197.
Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : FONSECA & RIBEIRO 1993 : 231 par Le Peletier & Serville, il est très possible que ce soit celui de
(partim sinuatus sensu Eschscholtz). Dejean, mais rien ne le prouve. Enfin, ce dernier spécimen est
[?] Veturius aff. platyrhinus (Hope) ; Veturius sp. : BÜHRNHEIM & AGUIAR bien conspécifique avec le néotype désigné, ainsi qu’avec les spéci-
1995 : 60. mens de Guyane identifiés par REYES-CASTILLO (1973) et par
[?] Veturius platyrhinus Westwood : AGUIAR & BÜHRNHEIM 1998 : 453. BOUCHER (1986), les derniers réviseurs.
Syn. : V. attenuatus Kuwert 1891 Néotype P (dés. B OUCHER 1986) : GUYANE
Veturius Attenuatus : KUWERT 1891 : 173, 1898 : 168. FRANÇAISE : « Guyane, piste de Montsinery F.R.G., tronc
Veturius attenuatus Kuwert (syn.) : LUEDERWALDT 1931 : 48 ; HINCKS &
pourri, S. Boucher X.1984 ». – Longueur totale : 44 mm
DIBB 1935 : 24 (catal.).
(MNHN).
Matériels types V. attenuatus Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s)
V. cephalotes (Le Peletier & Serville) – Espèce décrite sur n d’« Amazonie ». KUWERT (1898) a ajouté : « Ein Exemplar ».
exemplaire(s) de Cayenne. Holotype (sexe indét.) : AMAZONIE : « attenuatus Kuw.,

448
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Amazon [dét. Kuwert] / Ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». — infra-procoxales larges, légèrement concaves, rebordées et couvertes de soies
Longueur totale : 43 mm (MNHN). très fines et courtes (fig. 477). Face inférieure des profémurs brillante. Aire
infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et métatibias inermes ;
Le seul caractère clé donné par KUWERT (1898), vis-à-vis de fourches apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs assez fins, courts et
V. cephalotes, est la ponctuation plus fine et plus dense des méso- droits ou presque, seul l’apex étant finement incurvé après une légère concavité
et métasternums, ce qui s’avère abusif. L’espèce a été mise en (fig. 466). Mésotibias (fig. 467) couverts de soies denses et longues ; arêtes
synonymie à juste titre par LUEDERWALDT (1931). On notera supérieures régulièrement convexes sur presque toute leur longueur médiane.
Métatibias id., mais les soies plus courtes, moins nombreuses et l’arête
toutefois que cet auteur a comparé la description de Kuwert avec supérieure nulle.
les spécimens identifiés par MOREIRA (1922, 1925), alors que Abdomen. Sillon marginal du sternite VII absent.
ces derniers sont en réalité des V. sinuatus ! Édéage (fig. 468). Longueur : 2,8-3,2 mm. Habitus subparallèle,
rectangulaire, peu sclérotisé. Ventral : paramères et phallobase hauts et étroits,
Description. Habitus assez massif mais allongé. Coloration noir brillant séparés par une suture indistincte ; bord postérieur presque droit ; phallus
dessus et dessous. globuleux, largement ponctué. Dorsal : paramères et phallobase à peine
Taille grande (ou très rarement moyenne). Longueur totale : apparents par un fin liseré sclérotisé.
38-48,5 mm ; largeur maximale : 13-16,5 mm aux élytres. La larve décrite par COSTA & FONSECA (1986), sur des exemplaires de
Tête (fig. 454). Tubercule central conico-pyramidal court, évasé à sa São Paulo, est celle de V. sinuatus.
base postérieure ; apex presque vertical et fin. Tubercules latéro-postérieurs Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
plus ou moins marqués, courbes et perpendiculaires au tubercule central. autre V. (Veturius) : grande taille, habitus allongé et étroit ; apex mandibulaires
Rides frontales postérieures divergent en angle aigu, marquées, émoussées, bifides, les dents supra-apicales larges et bien arrondies ; tubercule central
sauf à proximité de l’apex du tubercule central. Tubercules internes marqués court, l’apex fin ; rides frontales postérieures divergent en angle obtus ; aires
mais fins. Aire médio-frontale très lisse et mamelonnée entre les rides frontales. latéro-post-frontales glabres; aire post-frontale délimitée par un sillon complet;
Clypéus à peine convexe, en forme d’accolade très marquée ; angles antérieurs pronotum transverse, les angles antérieurs très arrondis ; sillon margino-
droits, proéminents et bien visibles en vue dorsale de l’insecte. Fossettes pronotal large et profond presque partout, les fossettes plus larges
latéro-frontales larges, obliquées, assez profondes et assez fortement rebordées antérieurement ; côtés antérieurs du mésosternum ponctués et sétigères ;
en avant, les angles bien arrondis. Aires latéro-post-frontales glabres et lisses. métasternum à aires latéro-antérieures et latéro-médianes sétigères, les secondes
Tubercules tentoriaux peu marqués. Angles antérieurs de la tête presque nuls. en partie seulement ; fossettes métasternales assez profondes et bien élargies
Canthus oculaires étroits, courts ; apex antérieurs très obtus, bien arrondis postérieurement ; calus huméraux couverts d’une touffe de soies denses et
et ne dépassant pas l’œil. Yeux grands, très globuleux. Fossettes post-oculaires étendues ; sillon marginal du sternite VII absent.
complètes, grandes, assez profondes, en partie sétigères. Aire post-frontale
délimitée par un sillon bien à peu marqué et plus ou moins cintré. Labre Affinités morphologiques. L’habitus de V. cephalotes est parfois aussi proche
quadratique, quelque peu rétréci en avant ; bord antérieur concave. d’espèces des groupes « transversus » et « platyrhinus » que de celles de son
Mandibules puissantes, allongées et régulièrement cintrées ; apex bifides ; groupe. Le groupe « cephalotes », très voisin de ces deux derniers dans la
dents supra-apicales fortes et aiguës ; dents infra-apicales larges et bien phylogénie du genre, emprunte ainsi au groupe « platyrhinus » la taille et
arrondies ; dent dorsales hautes mais assez courtes, l’apex obtus à droit ; plusieurs détails des fossettes margino-pronotales, et au groupe « transversus »
fossettes infra-basales normalement élargies (fig. 421), la marge des mandibules la pubescence mésosternale et des détails des fossettes margino-pronotales.
régulièrement cintrée. Mentum (fig. 456) à disque peu convexe, ponctué et Des deux autres espèces de son groupe, V. cephalotes se distingue par les
sétigère sur le bord postérieur uniquement ; fossettes latérales plus ou moins principaux caractères suivants :
marquées, ovales, sétigères ; ailes larges à la base, les côtés extérieurs bien De V. sinuatus : taille moyenne supérieure ; habitus, en proportion,
arrondis, couvertes de ponctuations sétigères nombreuses. Ligule (fig. 457) plus allongé et plus étroit ; pronotum très arrondi, davantage transverse,
à apex antérieur simple et large ; aire médio-postérieure assez large, plane et avec le sillon marginal partout plus large et non rétréci vers les angles
légèrement convexe sur les côtés. Article II des palpes labiaux (fig. 458) antérieurs ; pubescence générale du corps et des pattes plus longue et plus
ponctué et sétigère sur le tiers médio-apical, large, et près de deux fois plus dense ; structure médio-post-frontale moins marquée mais plus vaste ;
long que le III. Processus hypostomaux (fig. 459) trapus, larges, fortement tubercule central non tronqué en arrière ; angle des rides frontales moins
concaves et plus ou moins ponctués et sétigères au milieu, l’apex arrondi. aigu ; fossettes latéro-frontales plus larges et plus profondes ; angles antérieurs
Massues antennaires allongées ; articles d’épaisseur normale amis d’inégales de la tête nuls ; yeux plus grands et très globuleux ; clypéus plus large, la
longueurs ; le X légèrement plus petits que les VIII et IX, mais convexe et marge antérieure en forme d’accolade très marquée ; apex des mandibules
coudé (fig. 455). bifides ; côtés extérieurs des ailes du mentum bien arrondis ; article II des
Pronotum transverse (fig. 460). Bord antérieur fortement bilobé, l’apex palpes labiaux et fossettes métasternales plus larges ; sillon marginal du
plus haut que les côtés. Angles antérieurs très arrondis et légèrement abaissés. sternite VII absent.
Sillon margino-antérieur assez fortement élargi, profond, lisse, contigu avec De V. jolyi : taille supérieure; aires latéro-post-frontales glabres; tarsomères
les fossettes latérales. Fossettes latérales très larges antérieurement, profondes, et antennomères fins ; massues antennaires longues ; apex du tubercule central
occupées sur les deux tiers de leur longueur postérieure par quelques fortes court ; aires médio-latérales du métasternum en partie ponctuées et sétigères ;
ponctuations transverses. Pubescence pré-épisternale longue, dense, très sillon et fossettes margino-pronotales larges partout ; ponctuation des stries
distincte en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec de longues soies disco-élytrales distinctes ; mésotibias plus fins, les soies plus longues et plus
espacées partout. denses.
Mésosternum (fig. 461) ponctué, sétigère et le tégument mat sur presque Mis à part V. jolyi, très peu d’espèces occupant tout ou partie du même
tous les côtés antérieurs ; ailleurs glabre et brillant. territoire pourrait être confondue avec V. cephalotes. V. yahua (groupe
Métasternum (fig. 462) à aires latéro-antérieures largement sétigères sauf « platyrhinus ») est la seule, dans l’ouest de l’Hylaea Amazonienne, qui offre
en bordure des fossettes ; la ponctuation très fine et les soies longues et denses ; un habitus et des dimensions comparables. On ignore toutefois où les deux
aires latéro-médianes à moitié glabres et lisses. Fossettes profondes et assez espèces sont limitrophes ou sympatriques.
étroites en avant ; peu profondes mais bien élargies en arrière ; ponctuées et Polymorphisme. Espèce très peu polymorphe, quelle que soit l’origine
sétigères comme précédemment. géographique. La variation maximale de taille, de plus de 10 mm, est due
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui comprend de seulement à deux spécimens très petits de Guyane Française (38 et 39 mm ;
nombreuses soies éparses et des calus, qui sont couverts d’une large touffe les autres dépassent tous 41-42 mm); l’un d’eux a été identifié «V. obtusicornis»
de soies denses et longues bien visible (fig. 463). Profil antérieur vertical. par Kuwert (MNHN). Ce taxon, resté in litteris, doit sans doute son existence
Stries noires à rougeâtres, peu marquées ; ponctuation fine à très fine, régulière, en raison de sa petitesse, précisément.
assez distincte partout ou presque. Ailes normalement développées. En outre, V. cephalotes peut avoir, très rarement, 1-3 soie(s) courte(s)
Pattes. Tarsomères d’épaisseur normale (fig. 465). Protibias avec 3-4 épines sur les aires latéro-post-frontales, les tarsomères V un peu plus courts et plus
trapues, non acérées, d’inégales longueurs, plus la fourche apicale. Fossettes épais (assez voisins de V. sinuosus) et les ponctuations disco-élytrales plus ou

449
Stéphane Boucher

moins marquées. Plus exceptionnelle encore est la présence d’une très courte malgré leur description assez juste, l’espèce a été confon-
épine méso- ou métatibiale.
due par tous les auteurs, surtout avec V. sinuatus. Il faut
Répartition géographique. Espèce largement répandue toutefois préciser que V. cephalotes est beaucoup moins
en Amazonie et dans le Massif des Guyanes (fig. 915). Elle répandu dans les collections que l’autre espèce, si bien que
est connue avec certitude du Venezuela (sud de l’Amazonas, des spécialistes ne l’ont finalement pas connu.
centre et nord-est du Bolívar), des trois Guyanes et du Nous avons vu que DEJEAN (1836) n’avait pas distin-
Brésil (trois quarts est de l’Amazonas, Amapá, nord du gué les deux espèces alors qu’il les possédait. De son côté,
Pará et du Maranhão). Cette répartition est comparable, PERCHERON (1835, 1841) les mit en synonymie avec
mais plus étroite, à celle de V. sinuosus (grpe « transversus »). V. transversus, mais il est à présent probable qu’il ne connais-
V. cephalotes est donc inconnu (peut-être réellement sait pas V. cephalotes car aucun spécimen identifié par lui
absent) d’Amazonie Occidentale, des bassins moyen et n’a été retrouvé. D’ailleurs, sa description est incompatible
inférieur de l’Orénoque et de Trinidad. avec cette espèce lorsqu’il écrit : « Les mandibules… triden-
Au Brésil, sa présence fait peu de doute dans les états tées… Les élytres ont leur partie humérale entièrement glabre ».
d’Amazonas (quart ouest), Roraima, Piauí (nord-ouest) et Cette erreur eut des conséquences importantes dans les
Tocantins (nord), ainsi qu’au Venezuela sur la rive sud du interprétations.
delta de l’Orénoque (Amacuro). Plus spéculative est sa HOPE & WESTWOOD (1845), SMITH (1852) et surtout
présence, au Venezuela, dans le bassin du rio Caura KAUP (1868, 1871) ont maintenu l’espèce comme syno-
(Bolívar ; centre-ouest du Massif de Pacaraima) et au Brésil nyme de V. transversus ou de V. sinuatus, mais en réalité
sur l’île de Marajó (Pará), dans le nord du Mato Grosso, aucun d’entre eux ne l’a davantage connue. Quant au
le nord du Rondônia et l’Acre. « Passalus cephalotes » du Brésil, cité par CASTELNAU (1850),
il s’agit en fait de V. assimilis (groupe « transversus »), qui
Distribution dans l’aire. Espèce typiquement guyano- est une espèce beaucoup plus petite.
amazonienne : elle est propre aux forêts ombrophiles de Il faudra donc attendre KUWERT (1891) pour que
plaines, ou à faible tendance tropophile, du type de V. cephalotes soit revalidé. Cet auteur a indiqué comme
l’Hylaea. Ainsi, sa répartition ceinture ou longe stricte- caractères uniquement : « sinuatus pars auct.… 45 mill.
ment les bas reliefs du Pacaraima, de l’Amazonie Surinam. Bras. Guyana. Mittelschienen ohne Dorn.
Occidentale et du Plateau Brésilien. Le seul spécimen noté Stirnleistenwinkel spitz mit Warze », ce qui est bref, mais
au-delà de 700 m d’altitude (1 100 m) est celui du tepui exact. Malgré cela, les spécimens étudiés par Kuwert qui
Auyán, dans la Gran Sabana, Pacaraima (AMNH). Cette ont été retrouvés sont des V. sinuatus ! (MNHN). Peu après,
altitude mérite d’être confirmée, compte tenu du relief KUWERT (1898) a confirmé son erreur en identifiant
accidenté des tepuis et de l’imprécision possible de la comme tel d’autres V. sinuatus, d’Argentine et du Brésil
mesure, en 1938. (MNHN, IRSN, NHMV).
Affinités chorologiques. L’espèce est allopatrique avec Dans leur Atlas, HEYNE & TASCHENBERG (1896) ont
V. sinuatus et parapatrique avec V. jolyi. Parmi les autres figuré un « Neleus interruptus L. » qui est assurément
Veturius, les espèces guyano-amazoniennes suivantes sont V. cephalotes. Outre la grande taille et l’habitus étroit, assez
sympatriques : V. sinuosus (grpe « transversus »), V. charpen- typiques, on y voit des caractères spécifiques, comme les
tierae, V. christiani (grpe « libericornis »), V. (Ouayana) punc- calus huméraux sétigères, l’apex des mandibules bifide, le
tatostriatus, V. paraensis, V. negroensis, V. guyanensis, pronotum transverse et très arrondi, les antennomères X
V. unicornis et V. amazonicus. Dans le Massif de Pacaraima, convexes et les méso- et métatibias inermes (fig. 250a).
une parapatrie existe sur les bas versants avec les espèces Quant à la localisation « Brésil, Guyane, Colombie, Pérou »,
du sous-genre Ouayana : V. dominicae, V. bleuzeni et elle est fantaisiste.
V. magdalenae. PANGELLA (1905b) remit l’espèce en synonymie avec
On peut ajouter au rang des espèces sympatriques, mais V. sinuatus, mais il n’examina en réalité que des spécimens
sous réserve, V. yahua (grpe « platyrhinus ») et V. libericor- de ce dernier, du Paraguay. Ensuite GRAVELY (1918) reva-
nis dans le tiers ouest du Bassin Amazonien, ainsi que lida à nouveau V. cephalotes, mais en le confondant avec
V. hermani (grpe « transversus ») sur le piémont est du plusieurs espèces. Il a écrit notamment : «… the two lowest
Pacaraima. Une sympatrie marginale avec V. sinuatus, entre terminal teeth are usually distinct at the apex on the right
le Bassin Amazonien et le Plateau Brésilien, n’est pas non mandible and sometimes also on the left ». Ce caractère n’ap-
plus à exclure ; si elle était confirmée, elle serait alors compa- partient ni à V. cephalotes, ni à V. sinuatus, mais à V. sinuo-
rable à celle de V. sinuosus avec V. transversus. sus !, ce qui permet de comprendre la longueur totale mini-
male de « 35 mm », laquelle est peu vraisemblable pour
Remarques taxinomiques et historiques. Le Peletier & V. cephalotes. De plus, Gravely a ajouté : « … our specimen
Serville ont décrit l’espèce pensant qu’elle pouvait être la from that locality [Cayenne] bears a label showing that it
femelle du Passalini Passalus interruptus (L.). Depuis lors, was identified by Kaup ». Je n’ai pas retrouvé ce spécimen ;

450
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

mais un autre, appartenant à V. transversus, du Brésil, est quatre espèces : V. cephalotes, V. sinuatus, V. transversus et
au NHML et est identifié « V. cephalotes » par Gravely. Ce V. sinuosus, auxquelles il faudrait peut-être ajouter V. simil-
spécimen doit être postérieur à GRAVELY (1918) car l’auteur limus, du Brésil et V. yahua, du Pérou.
n’indique à cette date, comme autres localités, que le MOREIRA (1922, 1925) n’a pas cité l’espèce du Brésil,
Surinam et l’Amazonie péruvienne. Ces derniers spéci- même comme synonyme de V. sinuatus. Le spécimen qu’il
mens n’ont pas non plus été examinés ici et doivent être a identifié « V. attenuatus » appartient en réalité à la « petite
conservés au Zoological Survey, à Calcutta. Quoiqu’il en forme de l’Est » de V. sinuatus, comme le prouve sa figure 3,
soit, Gravely a confondu sous le nom de cephalotes au moins pl. 1, de 1925. LUEDERWALDT (1931) a lui aussi confondu

Figures 454-468
Veturius (V.) groupe « cephalotes », V. cephalotes (Le Peletier & Serville), Guyano-Amazonie. – 454, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire
(latéro-dorsal) ; 455, massue antennaire ; 456, mentum ; 457, ligule (ventral) ; 458, palpe labial ; 459, processus hypostomal ; 460, pronotum (dorsal, latéral) ;
461, mésosternum ; 462, métasternum ; 463, élytre (latéro-dorsal) ; 464, stries disco-élytrales I-III ; 465, protarsomères (latéral) ; 466, spolon supérieur
mésotibial (latéral) ; 467, mésotibia (latéral) ; 468, édéage. – Échelles : 1 mm.

451
Stéphane Boucher

V. cephalotes avec V. sinuatus, mais en plus avec d’autres Du Brésil, le spécimen de Goodman 1879 (UMZC),
espèces, comme V. transversus et V. simillimus. Ainsi, ses ainsi que le type d’attenuatus, sont les plus anciens. Aucune
curieux hybrides nomenclaturaux « cephalotestransversus » précision n’a été trouvée sur leurs récolteurs et origines.
et « transversuscephalotes » englobent au moins quatre On en sait guère plus de ceux de Martins Barbosa 1904
espèces, dont trois du Brésil Atlantique. Quant au véri- (MNHN), d’Ohaus 1906 (MNHB) et de Hübner
table V. cephalotes, Luederwaldt n’en a sans doute connu (NHRS), d’Amazonie centrale. Celui du haut Negro (Rio
que les spécimens cités du Pará (sans autre précision) et Caiary-Uaupés ; AMNH) est dû au paléontologue
d’Amazonas (São Gabriel, haut Negro). H. Schmidt 1906.
B RUCH (1942) a cité l’espèce d’Argentine et du
Paraguay, avec comme synonyme V. sinuatus, mais il n’a Autre matériel examiné. Environ 185 ex.
connu en fait que ce dernier. HINCKS & DIBB (1935), en VENEZUELA, BOLÍVAR : Venezuela, Bolívar, Bochinche, rte El
Dorado, < 500 m, piège lumineux, P. Bleuzen 1994 (MNHN*, 2O) ;
revanche, ont connu les deux espèces, mais ils les ont Venezuela, Auyán-Tepui [Gran Sabana], 1 100 m, II.1938 / V. cephalotes
confondues, comme le montrent les collections et les loca- St. F. & Serv., det. Pereira (AMNH 1 ex) ; Venezuela, Bolívar, Gran Sabana,
lités qu’ils ont citées. Un V. ecuadoris est même identifié Mapauri, X.1966 / J. & B. Bechyné, E. Osuna (IZAM, IMEX 6 ex) ;
Venezuela, Bolívar, El Bochinche, Res. Forestal Imataca, 200 m, Exp. Inst.
« V. cephalotes » par Hincks (CASC). Zool. Agri. Fac Agro. U.C.V, XII.1974 (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Bolívar,
Dernièrement, tous les spécimens de Guyane identi- Hato Gruber, V.1975 / B. Bechyné (IZAM P). – AMAZONAS : Venezuela,
fiés V. cephalotes par R EYES -C ASTILLO (1973) et par Yavita, Amazonas, 128 m, R. Lichy IX.1914 (IMEX 1 ex) ; Venezuela,
Amazonas, San Simon del Cocuy, 100 m, VIII.1973 / J. Sykora (IZAM P) ;
BOUCHER (1986, 1987), ainsi que ceux de la Serra dos Venezuela, Amazonas, San Carlos de Rio Negro, 125 m, VIII.1976 /
Carajás (Pará), identifiés par FONSECA & RIBEIRO (1993), J. Salcedo, A. Fernandez R. (IZAM 1 ex) ; id., VIII.1982 (IZAM 1 ex) ; id.,
appartiennent bien à cette espèce. En revanche, ceux du 65 m, L.J. Joly, J. Demarmels VI.1984 (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Amazonas,
Brésil Atlantique, du Paraguay et d’Argentine, indexés in rio Negro / rio Baria, 140 m, J.A. Clavijo, J. Demarmels III.1984 (IZAM
1 ex) ; Venezuela, Amazonas, 200 m, X.1987 / Randal Yallineta – rio Siapa
fine par ces auteurs, sont tous des V. sinuatus. La situation (IZAM 1 ex).
est beaucoup moins claire pour ce qui concerne AGUIAR COLOMBIE, VAUPÈS : Colombie, Vaupès, Raimundi [< 500 m]
& BÜHRNHEIM (1992, 1998), BÜHRNHEIM & AGUIAR 1990 (MNHN* O).
(1995) et F ONSECA (1981, 1988), qui ont cité des GUYANA : Essequibo [≤ 500 m], Passalus n. d. [= non dét. ; Guérin-
Méneville] / ex Musaeo Guérin-Ménev / P. transversus Dalm. [dét. ? ; nec
« V. platyrhinus » et des « V. aff. platyrhinus » de l’Amazonas Guérin-Méneville] (MNHN 2 ex) ; B. Guiana, Bartlett, Coll. BM 1943-60
du Brésil (région de Manaus, haut Urubu et Coari). Il ne (NHML 1 ex) ; British Guiana, Coll. Richards & Smart / Mazaruni riv. [<
peut s’agir que d’autres espèces, en particulier V. yahua 1 000 m], Teak Plantation, VIII.1937 (NHML 4 ex) ; British Guiana, Bartica
triangle [< 500 m], D.J. Atkinson X.1948-III.1949 (NHML 1 ex) ; British
(grpe « platyrhinus »). Ce matériel n’a pu être examiné (voir Guiana, Peaima, Kamerang Creek [< 1 000 m], Upper Mazanuri, X.1938
infra p. 445). (NHML 1 ex) ; Brit. Guiana, Kartabo [< 500 m], M.D. Haviland VI.1922
En dépit des nombreuses erreurs taxinomiques, (NHML 4 ex) ; British Guiana, Essequibo R., Moraballi Creek [< 500 m],
Oxf. Univ. Exp. 1929 / V. cephalotes (Lep.), det. Fonseca 1992 (NHML
V. cephalotes a été cité de la plupart des grandes régions 1 ex) ; British Guiana, Kartabo, Bartica District, VI.1919 (IMEX 1 ex) ;
où il est aujourd’hui confirmé. Les exceptions sont le Guiana britannica, Webecari Mission, Essequibo, C. Romiti IV.1937 (MZSF
Venezuela et l’Amazonie colombienne, où il était inconnu. 1 ex) ; Br. Guian., Mallali (SMTD 3 ex) ; British Guiana, Kartabo, VIII.1925 /
En Guyane Française il est relativement commun, mais V. cephalotes, det. Pereira 1959 (FMNH 3 ex) ; Br. Guiana, Bartica Dist.,
Kartabo, XI.1920 / Gift of N.Y. Zool. Soc. Dept. Trop. Researc. / V. cephalotes
toujours moins que V. sinuosus. Par extension, on peut (Lepeletier & Serville), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 2 ex) ; B.G.,
suggérer son abondance relative similaire dans les autres W. Bank, Dem. R. [Demerara riv., < 500 m], I.1923 / Gift of N.Y. Zool.
Guyanes et ailleurs. Soc. Dept. Trop. Researc. / V. cephalotes (Lepeletier & Serville), det. Reyes-
Castillo 1974 (AMNH 2 ex, IMEX 1 ex).
Les récoltes anciennes de V. cephalotes sont peu SURINAM : Surinam 1887 / Coll. Kraatz / V. attenuatus Kuw., det.
nombreuses et sporadiques. Il est vraisemblable que le Zang (DEIE 1 ex).
premier spécimen connu, cité par DEJEAN (1821) de GUYANE F. : Cayennae [Dejean ; ex coll. Dejean, < 1821] / Ex Musaeo
Guyane, provenait des récoltes de Banon, vers 1815 J. Thomson (MNHN 1 ex) ; Kourou, Guyane / ex coll. Fleutiaux 1951
(MNHN 1 ex) ; ? Cayenne / obtusicornis Kuw. [dét. Kuwert] / ex Musaeo
(MNHN). Celui d’Essequibo (Guyana), vu par Guérin- A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex) ; Guyane / ex coll. H. Boileau 1925 / Passalus
Méneville (MNHN), est peut-être dû à Castelnau 1847, cephalotes [dét. Boileau] (MNHN 1 ex) ; Cayenne / coll. Delagrange (MNHN
lors de son excursion dans la forêt côtière. De Guyane, en 1 ex) ; Guyane, St Laurent du Maroni (MNHN 3 ex) ; Cayenne / V. cephalotes
dépit de nombreuses récoltes, les séries provenant de [dét. ?] / Coll. Sicard 1930 (MNHN 1 ex) ; Bienvenue, E. Aubert de la Rüe
II.1949 / V. cephalotes (St. Farg. & Serv.), det. Hincks 1952 (MNHN 1 ex) ;
groupes familiaux sont rares. Seulement deux me sont Guyane, Crique Grégoire, L. Gruner III.1968 / V. cephalotes (Le Peletier &
connues : l’une de Saül (REYES-CASTILLO 1973), l’autre Serv.), det Reyes-Castillo 1971 (MNHN 1 ex) ; Guyane, Mission Balachowsky,
de Montsinery (BOUCHER 1986). Gruner & Charpentier / Saül, X.1969, troncs pourris / V. cephalotes (Lep.
Serv.), det. Reyes-Castillo 1970 (MNHN 16ex ; CASC 1 ex) ; Guyane,
Du Venezuela, R. Lichy (vers 1914) a rapporté de ses Cayenne 1917 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Matoury,
expéditions l’un des premiers spécimens (IMEX). Celui piste du fl. Mahury, G. Vanderbergh VIII.1967 / ex coll. G. Minet 1994
de l’AMNH pourrait aussi en faire partie. Les autres spéci- (MNHN* 1 ex) ; Guyane, St. Jean du Maroni, IV.1976 / ex coll. G. Minet
1994 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Gazbao, II.1977 / ex coll. G. Minet 1994
mens sont tous récents et surtout dus à J. & B. Bechyné (MNHN* 4 ex) ; Saül, Guyane, II.1978, tronc / ex coll. G. Minet 1994
(IZAM). (MNHN* 4 ex) ; Guyane, Camp Caïman, M. Duranton I.1980 / ex coll.

452
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Rte de Kaw pK 27, M. Duranton 22. Veturius (Veturius) jolyi n. sp.
II.1983 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, rte de Régina,
Station des Eaux, tronc, P. Sarry I.1984 (MNHN*, 1 ex) ; Guyane, St Jean, (fig. 181-182, 469-479 – 915, 920-921, 926)
piège lumineux, M. Duranton III.1984 (MNHN*, 1 ex) ; Guyane, rte de
Nancibo pK 6, piège lumineux, P. Sarry IV.1984 (MNHN* P) ; Guyane, Matériel type. 4 ex. Holotype P : BRÉSIL, AMAZONAS :
Montsinery FRG, piège lumineux / troncs, S. Boucher-IRD VI-X-XII.1984- Brasil, AM, Tucano, 1 500 m, J. & B. Bechyné IV.1964 (IZAM).
II-IV.1985 (MNHN*, 7 ex) ; Guyane, Cayenne-Chemin Vidal, tronc, Paratypes : id. HT (IZAM O). – VENEZUELA, AMAZO-
S. Boucher VIII.1984 (MNHN* P) ; Guyane, piste de Kaw pK 40, piège NAS : Venezuela, Exp. Territ. Amazonas, Mt. Marahuaca,
lumineux, G. Tavakilian-IRD XII.1984 (MNHN* P) ; Guyane, Kourou-
Montagne des Singes, filet d’interception, M. Duranton VIII.1985 (MNHN*, N. slopes, Benitez Camp, I.1950 / J. Maldonado Capriles
1mf ) ; Guyane, Sinnamary, Laroche III.1986 (MNHN*, 1 ex) ; Guyane, (USNM O). – GUYANA : BG, Kaieteur [± 900 m], VIII.1911 /
Kourou-Montagne des Singes, piège lumineux, P. Bleuzen XI.1989 (MNHN* V. cirratus Bat., Pereira det. 1958 (AMNH O).
1 ex) ; Guyane, Kourou-Montagne des Singes, filet d’interception, P. Bleuzen,
M. Duranton IX-X.1990 (MNHN* 2O) ; Guyane, Montagne Trinité, piège Caractères diagnostiques. Macroptère. Habitus convexe, peu massif et
lumineux, M. Duranton II.1991 (MNHN* O) ; Guyane, St. Laurent-piste allongé.
Cormoran, piège lumineux, B. Hermier XII.1991 (MNHN* P) ; Guyane, Taille moyenne. Longueur totale : 35-39 mm. Largeur maximale :
piste Régina-St. Georges Oyapoc, piège lumineux, B. Hermier II.1991 12-13,5 mm aux élytres.
(MNHN* O) ; Guyane, Piste Naille pK 20, piège lumineux, L. Sénécaux Tête (fig. 469). Tubercule central conico-pyramidal, élancé en avant à
VIII.1992 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piège lumineux, Ph. Thiaucourt 45°, évasé à la base postérieure; apex aigu et étroit. Tubercules latéro-postérieurs
XII.1993 (MNHN* P) ; Guyane, piste de Kaw pK 39, piège lumineux, marqués mais courts, à peu près droits, dirigés vers l’avant. Rides frontales
B. Hermier VIII.1994 (MNHN* P) ; Guyane, Piste Risquetout, pK 4, piège postérieures divergent en angle presque obtus, marquées mais émoussées, sauf
lumineux, B. Hermier XII.1995 (MNHN* 1 ex) ; Guyane Fr., Paracou, à proximité du tubercule central. Tubercules internes bien marqués et émoussés.
J. Touroult IX.1999 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Kourou, RN1 pK 84, filet Aire médio-frontale très lisse et bombée entre les rides frontales. Clypéus
d’interception, M. Duranton VIII.X.2000 (MNHN* 3 ex) ; Guyane, Piste convexe, assez étroit, en forme d’accolade peu marquée ; angles antérieurs
Belizon pK 25, J. Touroult III.2003 (MNHN* 2 ex) ; Guyane, Iracoubo, droits à obtus, proéminents et visibles en vue dorsale de l’insecte. Fossettes
Crique Deux Flots, P. Renaudie III.2003 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Iracoubo, latéro-frontales larges et profondes, assez fortement rebordées en avant, les
Piste Counamama pK 42, P. Renaudie III.2003 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, angles bien arrondis. Aires latéro-post-frontales avec 10-15 fines ponctuations
Cayenne-Madeleine, G. Nazaret IV.1974 (IMEX 1 ex) ; Guyane, Saül, sétigères, les soies longues, orangées et regroupées. Tubercules tentoriaux peu
XII.1976 (SEAL 1 ex) ; Guyane Fr., Saül, III.1977 / Slg K.-E. Hüdepohl marqués à effacés. Angles antérieurs de la tête très obtus et émoussés. Canthus
1989 (SMNS 11 ex) ; Guyane, Saül, E. Coussement XII.1976 / ex coll. oculaires assez larges mais courts; apex antérieurs obtus, arrondis et ne dépassant
Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Saül, tronc, Ph. Moretto VII- pas l’œil. Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires complètes, assez
VIII.1992 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 4 ex) ; Guyane, Piste de grandes, peu profondes et sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon
Kaw, I.2001 (MNHN* 1 ex) ; Guyane 2004 (MNHN* P) ; Guyane Fr., presque complet et régulièrement cintré. Labre quadratique, le bord antérieur
Gourdonville / Le Moult via Reinbek / V. cephalotes, det. Endrödi 1964 à peine concave. Mandibules assez courtes, larges à la base et régulièrement
(ZIMH 1 ex) ; Guyane F., Cayenne, Le Moult (IRSN 1 ex) ; Guyane F., Bas cintrées ; apex bifides, les dents apicales peu différenciées, les inférieures un
Maroni, Le Moult (IRSN 5 ex). peu plus larges et plus arrondies ; dent dorsales hautes mais courtes, l’apex
droit à aigu; fossettes infra-basales légèrement élargies, la marge de la mandibule
BRÉSIL (sans autre précision) : Brasilien (ZFMK 1 ex) ; Brazil 1919- étant ainsi convexe et légèrement coudée. Mentum à disque convexe et étroit,
103 (NHML 1 ex). – AMAZONAS : Brésil, Rio Purus [< 500 m], J.A. plus ou moins couvert de ponctuations assez fortes et sétigères partout; fossettes
Martins Barbosa 1904 (MNHN 1 ex) ; Brasil, Amazonia, Rio Marié [< latérales marquées, larges, sétigères ; ailes à côtés extérieurs régulièrement
500 m], E.J. Fihkon 1963 / ex coll. E. Weinreich 1987 (MNHN* 1 ex) ; arrondis, couvertes de ponctuations sétigères comme précédemment. Article
Brasil, Amazonas, Campo FUA, Manaus [± 100 m], Reyes-Castillo, Fonseca II des palpes labiaux très large, fortement coudé, deux fois plus long que le
& Castillo V.1988 (IMEX 2P) ; Brasil, Halik 1966 / Amazonas, Maués III ; lisse et glabre sur le tiers médio-apical (fig. 472). Processus hypostomaux
[0 m], VI.1937 (USNM 2 ex) ; Brasil, AM, Tucano, 200 m, J. & B. Bechyné plutôt trapus, larges, fortement concaves et plus ou moins ponctués et sétigères
IV.1964 (IZAM, MZSP 2 ex) ; Brasil, AM, Itacoatiara [50 m], Dirings au milieu, l’apex presque arrondi. Massues antennaires très courtes et trapues
I.1958 (MZSP 5 ex) ; Brasil, Amazonas, Tefé [75 m], Dirings IV.1962 (MZSP (fig. 470) ; articles d’inégales longueurs ; VIII légèrement plus petit que les
1 ex) ; Brasil, AM, Benj. Constant, Rio Javari [65 m], Dirings XII.1961 IX et X ; X à peine coudé.
(MZSP 1 ex) ; Brasilien, Amazonas, Mission Cauaburí am Kanal Maturacá Pronotum transverse (fig. 473). Bord antérieur bilobé, l’apex aussi haut
[< 500 m], Chr. Lindemann II-III.1964 / V. sinuatus (Esch.), det. Endrödi ou à peine plus haut que les côtés. Angles antérieurs bien arrondis et
1971 (MTMA 1 ex) ; Brasilien, Amazonas, Oberer Cauaburi, Chr. légèrement abaissés. Sillon marginal antérieur bien élargi, profond, lisse,
Lindemann IV.1964 / V. sinuatus Eschsch., det. Endrödi 1971 (ZSSM 1 ex) ; contigu avec les fossettes latérales. Fossettes latérales très larges antérieurement,
Amazon, Manaos, Ohaus III.1906 (MNHB 2 ex) ; Amazon, Huebner / profondes, avec sur les deux tiers de leur longueur postérieure quelques fortes
Manaos / V. platyrhinus Hope, det. Endrödi 1967 (NHRS 2 ex) ; Amazons, ponctuations transverses.
Goodman 1879 / V. sp., det. Hincks 1936 (UMZC 2 ex) ; Brazil, Amazonas, Mésosternum ponctué, sétigère et le tégument mat sur les côtés latéro-
Rio Caiary-Vaupés [< 500 m], H. Schmidt XI.1906 (AMNH 1 ex) ; Brasil, antérieurs ; mat dans le périmètre de l’angle antérieur ; ailleurs glabre et
Amazonas, Vaupes, R. Negro, P. Falco III.1951 / V. cephalotes St. Farg. Serv., brillant.
det Pereira 1957 (MZSP 1 ex) ; Brazil, Am., Ac. 3979 (AMNH 1 ex) ; Brazil, Métasternum (fig. 474) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes
Amazonas / Col. 936 (AMNH 1 ex). – AMAPÁ : Brésil, Amapá, VII.1964 sétigères, la ponctuation fine et les soies longues et assez denses, sauf une
(MNHN* 1 ex). – PARÁ : Brasil, Pará, Itaituba [15 m], Rio Tapajos, Dirings étroite plage en bordure des fossettes, où le tégument est plus ou moins
XII.1961 (MZSP 3 ex) ; Brasil, Para, Traira – Obidos, Dirings IX.1964 glabre et lisse. Fossettes ponctuées et sétigères comme précédemment ; peu
(MZSP 1 ex) ; Brasil, Pará, Belém, E. Dente IX.1964 (MZSP 1 ex) ; PA, Vai- profondes et assez étroites en avant ; presque planes mais bien élargies en
Quem-Quer, M.T. Rodrigues I.1993 (MZSP 1 ex) ; Pará, Rio Acara [0 m], arrière.
E. Horvath 1930 / V. cephalotes Lep., det. Endrödi 1971 (MTMA 1 ex) ; Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui comprend de
Brésil, Pará, Obidos [45 m], A. Chaminade III.1984 / ex coll. Ph. Moretto nombreuses soies éparses et des calus, qui sont couverts d’une large touffe
1999 (MNHN* 2 ex) ; Brésil, Pará, Serra dos Carajás [< 500 m], piège bien visible de soies denses et longues. Stries rougeâtres bien marquées ;
lumineux, N. Dégallier I.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; ponctuation discale indistincte ; latérale très fine, peu distincte (fig. 475).
Brazil, Pará, Belém, Utinga [10 m], J.M. & B.A. Campbell III.1970 / Pattes. Tarsomères et antennomères très épais et courts (fig. 476). Protibias
V. cephalotes (Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo 1984 (MCNO 1 ex) ; Brésil, armés de 3-5 épines trapues non acérées d’inégales longueurs, plus la fourche
Para, coll. Jurine 600-35 (MHNG 1 ex). – MARANHÃO : Brasil, P. Celso / apicale. Fossettes procoxales larges mais faiblement concaves et très finement
MA, Zé Doca [30 m], X.1978 (MZSP 1 ex). sétigères (fig. 477). Méso- et métatibias trapus, inermes ou munis d’une très
PÉROU, LORETO : Peru, Loreto [≤ 500 m] (MZSF 1 ex). courte épine médiane (fig. 478) ; fourches apicales trapues, courtes et étroites ;

453
Stéphane Boucher

spolons supérieurs assez fins, courts et droits ou presque. Mésotibias avec aires latéro-post-frontales sétigères et par la forte épaisseur des tarsomères et
des soies peu nombreuses et longues ; arêtes supérieures convexes sur plus des antennomères. Ces derniers ne sont comparables, chez Veturius, qu’avec
ou moins toute leur longueur médiane. Métatibias id., mais les soies plus V. (Veturius) tarsipes (espèce andine du groupe « ecuadoris »). Le développement
courtes, moins nombreuses et l’arête supérieure nulle. hypertélique de ces appendices n’est pas homologue chez les deux espèces.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII peu ou à peine marqué. V. (Ouayana) magdalenae est une autre espèce peu distincte. De plus,
Édéage (fig. 479). Longueur : 2,8-3,2 mm. Habitus subparallèle, elle est sans doute sympatrique car circonscrite aux mêmes forêts de versants
rectangulaire. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture du Massif de Pacaraima. V. jolyi s’en sépare néanmoins aisément par : aires
indistincte ; bord postérieur presque droit ; paramères et phallobase hauts et latéro-post-frontales sétigères ; fossettes post-oculaires et du mentum bien
étroits. Dorsal : paramères et phallobase à peine apparents. délimitées ; processus hypostomaux robustes et fortement incisés au milieu ;
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de fossettes margino-pronotales bien marquées, profondes; mésosternum sétigère,
V. cephalotes. le tégument mat étendu à l’ensemble des côtés antérieurs ; métasternum à
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Luis J. Joly (IZAM). aires latéro-antérieures et fossettes partout sétigères, ces dernières bien élargies
en arrière ; tarsomères et antennomères épais et trapus ; calus huméraux avec
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun une touffe de soies denses ; ponctuation disco-élytrale indistincte.
autre V. (Veturius) : taille moyenne ; apex mandibulaires bifides ; fossettes
latéro-frontales larges et profondes ; aires latéro-post-frontales sétigères ; Polymorphisme. On notera surtout la présence possible d’une courte épine
fossettes latéro-pronotales très larges antérieurement, profondes et occupées méso- et (ou) métatibiale, ainsi que l’abondance variable des soies dorso-
par quelques fortes ponctuations transverses ; tarsomères et antennomères céphaliques.
très épais et courts ; fossettes procoxales faiblement concaves ; côtés antérieurs
du mésosternum ponctués et sétigères ; aires latéro-médianes et fossettes Répartition géographique, distribution dans l’aire.
métasternales entièrement sétigères, les fossettes bien élargies et très peu Espèce propre aux versants de moyennes altitudes (900-
profondes en arrière ; calus huméraux couverts d’une touffe de soies denses ;
ponctuation élytrale peu ou pas distincte partout. 1 500 m) du Massif de Pacaraima. Les trois localités
connues sont distantes les unes des autres, mais elles sont
Affinités morphologiques. L’espèce présente d’étroites affinités
morphologiques et chorologiques avec V. cephalotes. Elle s’en sépare néanmoins similaires par leur formation forestière (fig. 915) : Tucano
de visu, entre autres caractères moins notables, par la taille moindre, par les (Brésil) est situé à l’extrême ouest du Massif, sur le versant

Figures 469-479
Veturius (V.) groupe « cephalotes », V. jolyi n. sp., Venezuela – Brésil. – 469, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 470, massue antennaire ; 471, ligule (ventral) ;
472, palpe labial ; 473, pronotum (dorsal, latéral) ; 474, métasternum ; 475, stries disco-élytrales I-III ; 476, protarsomères (latéral) ; 477, fossette procoxale ;
478, mésotibia (latéral) ; 479, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

sud du Pico de La Neblina, le point culminant du Brésil Veturius Sinuatus Eschsch. : KUWERT 1891 : 174 (partim cephalotes sensu Le
Peletier & Serville).
(3 014 m), formant frontière avec le Venezuela ; le Cerro Veturius Validus Burm. : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 171.
Marahuaca (Venezuela), voisin du Cerro Duida plus connu, Veturius sinuatus Eschscholtz (syn. cephalotes Serv.) : PANGELLA 1905b : 2.
est séparé du Pico de La Neblina (au sud) par le bassin du Veturius cephalotes (Serv.) : BRUCH 1911 : 217.
haut Orénoque ; le versant oriental des Cerros Roraima et Veturius sinuatus (Eschscholtz) : GRAVELY 1918 : 37.
Veturius cephalotes (Saint Fargeau & Serville) : GRAVELY 1918 : 37 (partim
Aromatipu (Guyana) est proche des chutes Kaieteur. Ces cephalotes sensu Le Peletier & Serville).
trois localités sont reliées entre elles par la crête principale Veturius sinuatus (Eschscholtz) : MOREIRA 1922 : 266 & fig. 14 ; 1925 : 25
du Pacaraima : à l’est, les Sierras Pacaraima s. str., et & fig. 3 (partim sp. indét.).
Uainama relient le Cerro Roraima au Cerro Marahuaca ; Veturius attenuatus Kuwert : MOREIRA 1922 : 263 & fig. 10 ; 1925 : 20 &
fig. 3.
à l’ouest, les Sierras Parima et Tapirapeco relient le Cerro Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : LUEDERWALDT 1931 : 48 (partim
Marahuaca au Pico de La Neblina. sinuatus sensu Eschscholtz).
Veturius sinuatus (Eschscholtz) (syn. cephalotes (S. Farg. & Serv.)) :
Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec V. sinua- LUEDERWALDT 1931 : 48 (partim cephalotes sensu Le Peletier & Serville).
tus, mais parapatrique, dans son étage inférieur (500-1 000 m Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : LUEDERWALDT 1931 : 201.
d’altitude), avec V. cephalotes. Parmi les autres Veturius, seul Veturius sinuatus Eschsch. (syn. cephalotes (S. Farg. & Serv.) : HINCKS &
DIBB 1935 : 24 (catal.).
V. (Ouayana) dominicae est certainement sympatrique. On Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : PEREIRA 1941 : 37 (partim sinuatus
peut suggérer, tout au plus, un statut comparable avec V. sensu Eschscholtz).
(Ouayana) bleuzeni, qui est connu d’une altitude similaire, Veturius cephalotes St. Farg. & Serv. : BRUCH 1942 : 10 (partim cephalotes
sensu Le Peletier & Serville ; catal.) ; GUÉRIN 1953 : 244 ; HINCKS &
mais seulement de la Gran Sabana (Bolívar), ainsi qu’avec V. DIBB 1958 : 11 (catal.) ; TRAVASSOS & KLOSS 1958 : 28, 38, 43, 47.
(Veturius) hermani (grpe « transversus »), qui est présent dans Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : PEREIRA & KLOSS 1966 : 44 ; REYES-
un étage comparable et dans un secteur géographique proche, CASTILLO 1970 : 165.
au Guyana. V. (Ouayana) punctatostriatus, V. negroensis, Veturius cephalotes (Lepeletier & Serville) : REYES-CASTILLO 1973 : 1548
(partim cephalotes sensu Le Peletier & Serville).
V. amazonicus et V. (Veturius) sinuosus sont parapatriques. Passalus transversus [sensu Dejean et Di Breme, vers 1830] : GIACHINO 1982 :
236 (partim sinuosus sensu Drapiez, standfussi sensu Kuwert).
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce Veturius cephalotes (Lepeletier & Serville) : COSTA & FONSECA 1986 : 58.
combine des caractères à la fois insolites et bien visibles, Veturius cephalotes (S. Farg. & Serv.) : FONSECA & RIBEIRO 1993 : 231
surtout les soies dorso-céphaliques et les tarsomères et (catal. ; partim cephalotes sensu Le Peletier & Serville).
Veturius sinuatus (Eschscholtz) : BOUCHER 1996 : 140.
antennomères courts et épais. Ces caractères sont homo-
plasiques avec ceux du groupe « libericornis » et avec Matériel type. Espèce décrite sur n exemplaire(s) de Rio de
V. tarsipes (grpe « ecuadoris »), respectivement. Janeiro.
V. jolyi n’avait sans doute été vu auparavant que par
Pereira et son endémisme peut expliquer sa rareté. La Remarque sur le type. – Le présumé « type » reçu (MZUM)
première capture, au Guyana, a près d’un siècle (récolteur mesure 37 mm et a les étiquettes : « Passalus sinuatus Esch. [dét. ?],
Lectotypus / Passalus sinuatus Eschsch. var. cephalotes Dej., Brasilia
inconnu), mais presque aucun Passalide n’a été rapporté
[dét. ?] / Brasil / Veturius transversus (Dalman), Reyes-Castillo
depuis de cette région. Le spécimen de 1950 est dû à une
det. 1983 ». Les deux premières étiquettes anciennes ne sont pas
mission de l’USNM ; les autres sont plus récents et dus, manuscrites par Eschscholtz car son écriture m’est connue par
ici encore, à J. & B. Bechyné. d’autres types certifiés. En revanche, l’identification de Reyes-
Castillo est juste : ce spécimen appartient au véritable V. trans-
23. Veturius (Veturius) sinuatus versus.
(Eschscholtz 1829) n. stat. Dans sa description, E SCHSCHOLTZ (1829) indique :
« Longitudine 20 linearum [44 mm], ater.… mandibulae apice
(fig.. 109, 180, 480-488 – 915, 920-921, 926)
tridentatae… Antennarum… ultimo subtriangulari.… Elytra ante
Passalus sinuatus : ESCHSCHOLTZ 1829 : 25, 1831 : 335. humeros rufo-barbata». Or, parmi les Veturius du Brésil Atlantique,
[Passalus Sinuatus Eschscholtz. (syn. Transversus Dalman) : PERCHERON la combinaison de ces quatre caractères n’existe que chez V. sinua-
1835 : 94 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez)].
Passalus Sinuatus Eschscholtz (syn. Cephalotes Dej.) : DEJEAN 1836, 1837 : tus s. auct. De plus, la longueur totale et l’apex des mandibules
195 (partim cephalotes sensu Le Peletier & Serville). trifide, tels qu’ils sont indiqués, sont incompatibles avec V. trans-
[Passalus Sinuatus Esch. (syn. Transversus Dalman) : HOPE & WESTWOOD versus (celui-ci ne dépasse pas 40 mm et a les mandibules bifides).
1845 : 8 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez)]. On peut donc affirmer que le sinuatus décrit par Eschscholtz
Passalus sinuatus Eschsch. (syn. cephalotes Dej.) : BURMEISTER 1847 : 512. n’est pas synonyme de V. transversus et que le « type » reçu n’en
[Passalus sinuatus Eschsch. (syn. transversus Dalm.) : SMITH 1852 : 11 (partim
transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez)]. est pas un. Aucun exemplaire formellement identifié par
Passalus sinatus Eschsch. (syn. cephalotes Serv.) : KAUP 1868 : 27 (partim Eschscholtz n’ayant été retrouvé, il est nécessaire de désigner un
transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez). néotype car l’espèce a fait l’objet de nombreuses confusions.
Passalus sinuatus Eschsch. (syn. cephalotes Serv.) : GEMMINGER & HAROLD Néotype P (présente désignation) : BRÉSIL, RIO DE
1868 : 973 (catal.).
Veturius sinuatus Esch. (syn. cephalotes Dej., Serv.) : KAUP 1871 : 112 & pl.
JANEIRO : « Brésil, prov. Rio de Janeiro, Districto de San Fidelis
7 fig. 5 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez, christiani [0 m], Sto. Antonio dos Brotos, A. Vincent de Lyon 1876-1882 ».
sensu Boucher). - Longueur totale : 42 mm (MNHN, déposé au MZUM).

455
Stéphane Boucher

Caractères diagnostiques (ces caractères s’appliquent à la forme type ; voir central tronqué en arrière ; angle des rides frontales plus aigu ; fossettes latéro-
ci-après polymorphisme). frontales moins larges et moins profondes; angles antérieurs de la tête marqués,
Habitus assez massif et allongé. Taille moyenne à grande. Longueur convexes ; yeux plus étroits et moins globuleux ; clypéus plus étroit, la marge
totale : 38-47 mm. Largeur maximale : 13-16 mm aux élytres. antérieure moins exposée et moins ondulée ; apex des mandibules trifide ;
Tête (fig. 480). Tubercule central conico-pyramidal, tronqué en arrière, côtés des ailes du mentum droits à concaves ; article II des palpes labiaux
court ; apex presque vertical et fin. Tubercules latéro-postérieurs plus ou moins moins large et glabre au milieu ; fossettes métasternales plus étroites ; sillon
marqués, courbes et dirigés vers l’avant. Rides frontales postérieures divergent apical du sternite VII marqué.
en angle aigu, peu à bien marquées. Tubercules internes marqués. Clypéus à
peine convexe, en forme d’accolade assez marquée ; angles antérieurs droits, Polymorphisme. Malgré la stabilité de ses caractères clés, V. sinuatus est l’un
non proéminents et visibles en vue dorsale de l’insecte. Fossettes latéro-frontales des rares Veturius qui peut être considéré comme polymorphe. En effet, on
rectangulaires, perpendiculaires à l’axe du corps, assez profondes et rebordées distingue deux formes : celle du type, ou forme type qui est la plus répandue,
en avant. Aires latéro-post-frontales lisses et glabres. Angles antérieurs de la et celle d’une population plus localisée, ou « petite forme de l’Est ». La principale
tête marqués, mais très obtus et arrondis. Canthus oculaires à apex antérieur variation de la forme type décrite ci-dessus est la longueur totale (± 10 mm),
très obtus, presque droit à arrondi et ne dépassant pas l’œil. Yeux grands, dans une moindre mesure la densité des soies méso- et métasternales et le
globuleux. Aire post-frontale délimitée par un sillon complet ou non. Apex développement des fossettes margino-pronotales.
des mandibules trifides, les dents inférieures développées; dents dorsales hautes La « petite forme de l’Est » – Contrairement à la forme type, celle-ci regroupe
et longues. Ailes du mentum à côtés extérieurs légèrement concaves ou droits des spécimens caractérisés par : petite taille (36-39 mm) ; aires latéro-post-
(fig. 481). Article II des palpes labiaux glabre et lisse sur le tiers médio-apical frontales souvent munies de quelques soies éparses (25 % des cas) ; soies des
(fig. 482). Articles des massues antennaires d’inégales longueurs ; le VIII calus élytraux peu à très peu nombreuses ; structure médio-post-frontale peu
légèrement plus petit que les IX et X. marquée (parfois concave et plus basse que les arêtes supra-oculaires ; fig. 488) ;
Pronotum peu transverse (fig. 483). Bord antérieur plus ou moins mésotibias avec une très fine épine médiane (30 % des cas). Ces caractères
fortement bilobé. Angles antérieurs arrondis et légèrement abaissés. Sillon sont congénitaux et s’expriment, soit en permanence (taille, soies des calus,
marginal antérieur peu élargi, peu profond, lisse, contigu avec les fossettes développement de la structure médio-post-frontale), soit de façon
latérales. Fossettes latérales larges et profondes antérieurement. occasionnelle (soies dorso-céphaliques, épines mésotibiales). Par exemple,
Mésosternum comme chez V. cephalotes ; ponctué, sétigère et le tégument dans un groupe familial provenant de l’état de Rio (IRSN), celui-ci comprend
mat sur presque tous les côtés latéro-antérieurs ; plus ou moins mat sur le un couple âgé (sans doute fondateur), deux jeunes matures et quatre
disque ; ailleurs glabre et brillant. immatures ; tous ont la structure médio-post-frontale et les soies des calus
Métasternum à aires latéro-antérieures sétigères ; aires latéro-médianes huméraux très peu développées, mais certains seulement ont une épine
id., mais plus ou moins complètement. Fossettes peu élargies en arrière. mésotibiale et (ou) des soies latéro-post-frontales.
Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a de nombreuses soies éparses L’habitus svelte et court de cette forme la rend parfois très ressemblante
et des calus, qui sont couverts d’une touffe plus ou moins étendue et dense de V. transversus et de V. simillimus, d’où un certain nombre de confusions
de soies longues (fig. 484). Stries noires à rougeâtres, peu marquées ; relevées dans la littérature et dans les collections. De plus, cette forme est en
ponctuation discale très fine, régulière, peu ou pas distincte ; ponctuation partie sympatrique avec la forme type. La série du néotype, de Rio, renferme
latérale fine et distincte. les deux formes, sans individu « intermédiaire ». Il est alors probable que cette
Pattes. Épaisseur des tarsomères normale (fig. 465). Méso- et métatibias série provienne de plusieurs groupes familiaux de la même station.
inermes ; spolons supérieurs assez fins, courts et droits ou presque jusqu’à La « petite forme de l’Est » semble localisée dans l’est et dans le nord-est
l’apex finement incurvé (fig. 486). de l’aire de répartition de l’espèce : depuis l’état de Rio (d’où sont répertoriés
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué et plus ou moins la plupart des échantillons) jusqu’au Pernambuco. L’unique V. sinuatus connu
complet. de Pernambuco (extrême nord de l’aire) appartient à cette forme. La limite
Édéage (fig. 487). Longueur : 3-3,3 mm. Habitus subparallèle, géographique sud correspondrait aux Serras da Mantiqueira et do Mar incluses
rectangulaire. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture (au nord et à l’ouest de Rio). Ces reliefs sont séparés de la Serra do
indistincte ; bord postérieur droit ou presque ; paramères et phallobase larges Paranapiacaba par le bassin du rio Tietê (sur lequel est bâti São Paulo). Dès
et courts. Dorsal : paramères et phallobase à peine apparents. cette zone de transition, c’est-à-dire vers l’ouest, le sud et le nord-ouest, seule
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de la forme type est connue. En revanche, vers le nord-est de Rio (au moins
V. cephalotes. jusque dans l’état de Bahia) les deux formes coexistent, mais la forme type
Larve décrite comme « V. cephalotes » par COSTA & FONSECA (1986) demeure dominante.
sur des exemplaires de São Paulo. À l’appui de ces données morphologiques et chorologiques, un
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun polytypisme strict ne peut être retenu pour V. sinuatus. On peut néanmoins
autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides, les suggérer, pour l’instant, l’existence de dual species interfertiles. Une hypothèse
dents inférieures développées ; rides frontales postérieures divergent en angle équivalente n’a été trouvée chez aucun autre Veturius.
aigu ; tubercule central tronqué en arrière, court, l’apex fin ; fossettes margino-
pronotales larges et profondes en avant ; côtés antérieurs du mésosternum Répartition géographique. V. sinuatus est endémique du
largement ponctués et sétigères ; métasternum à aires latéro-antérieures et
latéro-médianes sétigères, les secondes plus ou moins entièrement ; fossettes
Brésil Atlantique, s.l., qu’il occupe presque entièrement
métasternales peu élargies en arrière ; calus huméraux avec des soies en touffe ; (fig. 915) : du nord vers le sud, depuis le Nordeste
sillon marginal du sternite VII marqué et plus ou moins complet. (Pernambuco et Bahia orientaux) jusqu’à la moitié nord
Affinités morphologiques. La taille moyenne voisine de 40 mm, l’apex des du Rio Grande do Sul ; d’ouest en est, depuis le sud du
mandibules trifide et la touffe de soies sur les calus huméraux séparent Mato Grosso et le rio Paraguay jusqu’à l’Atlantique.
aisément V. sinuatus des autres Veturius du Brésil Atlantique. La population
décrite et nommée ci-dessous comme « petite forme de l’Est » peut néanmoins Cette répartition est comparable à celle de V. transver-
être confondue avec V. transversus ou V. simillimus. On se reportera donc sus (grpe « transversus »). D’ailleurs, les deux espèces ont
aux autres caractères clés afin d’éviter toute erreur. des amplitudes écologiques très voisines.
En outre, il est nécessaire de bien distinguer V. sinuatus de V. cephalotes ;
bien qu’allopatriques, les deux espèces sont peu dissemblables. On retiendra V. sinuatus est connu avec certitude des régions
les principaux caractères suivants de V. sinuatus : habitus un peu moins suivantes : Brésil : sud du Mato Grosso, Mato Grosso do
longiligne, moins étroit ; pronotum moins transverse et moins arrondi, le Sul, Bahia, Goiás, Espirito Santo, Minas, Rio (y compris
sillon marginal distinctement plus étroit et rétréci vers les angles antérieurs ;
pubescence générale du corps et des pattes moins longue et moins dense ; l’Île Grande), São Paulo (y compris l’Île São Sebastião),
structure médio-post-frontale mieux marquée, mais moins étendue ; tubercule Paraná, Santa Catarina, Rio Grande do Sul ; Paraguay :

456
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Concepción, Guairá, Alto Paraná, Paraguarí, Guairá, Remarques taxinomiques et historiques. Ce Veturius est
Caazapá, Canendyú, Itapúa ; Argentine : Misiones. l’un des plus anciennement connus et l’un des plus répan-
La présence de l’espèce dans le Pernambuco doit être dus dans les collections. Tous les spécialistes l’ont vu, mais
confirmée (comme V. transversus et V. assimilis). En tous l’ont confondu. Après ESCHSCHOLTZ (1829), DEJEAN
revanche, sa présence dans les états brésiliens d’Alagoas, (1836) l’a examiné, mais sans l’avoir distingué de son
Sergipe (Nordeste) et du Mato Grosso do Sul (partie V. cephalotes. PERCHERON (1835, 1841) a mis les deux
centrale), au Paraguay (Amambay, Caaguazú, La Cordillera, espèces en synonymie avec V. transversus. Pourtant, comme
Ñeembucú) et en Argentine (nord de Corrientes), fait peu pour V. cephalotes, il est presque certain que cet auteur n’a
de doute, bien qu’aucun spécimen ne me soit connu (autre pas connu le véritable V. sinuatus ; la seule indication : « Les
analogie avec V. transversus). Enfin, toutes les citations de élytres ont leur partie humérale entièrement glabre » semble
Guyano-Amazonie sont dues à des confusions, surtout le démontrer. Cette confusion fut reprise par HOPE &
avec V. cephalotes, peut-être aussi avec V. yahua. WESTWOOD (1845) et par SMITH (1852). BURMEISTER
(1847), puis KAUP (1868, 1871) ont conservé uniquement
Distribution dans l’aire. Espèce polyvalente dans ses la synonymie de V. sinuatus avec V. cephalotes.
étages forestiers (comme V. transversus), soit depuis la forêt KUWERT (1891), en revanche, a considéré V. sinuatus
planitiaire jusqu’à la forêt de moyenne montagne, où elle et V. cephalotes comme deux bonnes espèces, mais KUWERT
atteint plus de 1 500 m d’altitude. Un spécimen d’Itatiaia (1898), comme l’a indiqué GRAVELY (1918), les a de
(Rio) est indiqué de 2 600 m (MNHN). MOREIRA (1922) nouveau confondus. De plus, KUWERT (1891, 1898) a
en a signalé un autre de 2 200 m du même secteur. Il est fait une autre erreur en identifiant V. sinuatus sous le nom
en effet plausible que l’espèce atteigne cet étage, la Serra de « V. validus » (syn. de V. platyrhinus, endémique de
d’Itatiaia culminant vers 2 780 m, avec des forêts propices Colombie).
au-delà de 2 000 m ; de plus, la faune des Passalides des C’est donc GRAVELY (1918), le premier, qui a fait une
altitudes élevées y est encore peu connue. distinction claire entre V. sinuatus et V. cephalotes, notam-
ment grâce aux apex mandibulaires (trifides ou bifides).
La majorité du matériel examiné provient de 600 à
De plus, étant donné les autres caractères que Gravely a
900 m d’altitude, ce qui correspond à l’étage mixte ombro-
employés (y compris les longueurs totales de 37-44 mm),
mésophile. La présence de l’espèce dans des forêts à
les « V. sinuatus » qu’il a cités des états de Bahia, Rio Grande
Araucaria du Sud-Est (entre les états de São Paulo et de
do Sul et Santa Catarina ont été correctement identifiés.
Rio Grande do Sul), n’est pas non plus à exclure, compte
Il fait d’ailleurs peu de doute que les plus petits spécimens
tenu de la localisation de certains points-cartes (surtout
soient de la « petite forme de l’Est » et qu’ils proviennent
anciens), ainsi que de l’étendue qu’occupaient autrefois
de Bahia.
ces formations, avant leur quasi-destruction.
MOREIRA (1922, 1925) a confondu V. sinuatus avec
Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec V. cepha- des espèces qui sont rarement identifiables sans leur
lotes et V. jolyi. Parmi les autres Veturius, l’espèce est sympa- examen. Il a connu, lui aussi, la « petite forme de l’Est », qu’il
trique, dans le Brésil Atlantique des serras, avec V. simil- a identifiée par erreur « V. attenuatus » (syn. de V. cepha-
limus, V. assimilis (Minas, Espirito Santo, Rio, São Paulo, lotes), sur un spécimen de l’état de Rio ; les caractères
Paraná, Santa Catarina) et V. munitus (Minas, Rio, São suivants le prouvent : «… tubercule central petit, conique…
Paulo). peu saillant ; il n’y a pas de rides frontales [postérieures] ;…
les poils roux qui garnissent les angles latéro-antérieurs des
Une sympatrie existe avec V. sinuosus, mais sur les élytres sont peu denses.… Longueur totale : 33 mm ». La
marges ouest et nord-ouest de l’aire de répartition de photogravure de 1925 (pl. 1, fig. 3) correspond tout à fait
V. sinuatus, c’est-à-dire proche du Pantanal et dans le à cette description.
Corridor Paraguayen, entre les rios Paraguay et Paraná LUEDERWALDT (1931), qui a examiné à l’époque le
(Brésil : Mato Grosso et Mato Grosso do Sul ; Paraguay : plus grand nombre de Passalides du Brésil Atlantique, a
sud-est du pays ; Argentine : extrême nord de Misiones). lui aussi confondu V. sinuatus et V. cephalotes, alors qu’il
D’autres zones de contact entre les deux espèces existent les considérait comme deux bonnes espèces. La « petite
probablement sur les Plateaux du Mato Grosso et Brésilien, forme de l’Est » figure dans ses hybrides nomenclaturaux
dans le Goiás et le Minas, via les forêts-galeries qui emprun- « cephalotestransversus » et « transversuscephalotes ». Enfin, il
tent les vallées fluviales (voir aussi V. transversus). faut remarquer que Luederwaldt n’a examiné aucun
Une sympatrie est également possible, sur une partie V. sinuatus de Pernambuco ou de Bahia, et un seul
du Plateau du Mato Grosso, avec V. yahua (grpe « platy- d’Espirito Santo, identifié par lui « V. cephalotes » et pour
rhinus »), pour lequel une population est connue de reliefs lequel il a noté : « apresenta nas fossas frontaes [aires latéro-
situés entre le Mato Grosso, le Mato Grosso do Sul et le post-frontales] pellinhos muito finos » ; ces caractères sont
Goiás. typiquement ceux de la « petite forme de l’Est ».

457
Stéphane Boucher

Par la suite, tous les auteurs, à l’exception de BOUCHER (MNHN 1 ex) ; br., Klug [< 1898] / Ex Musaeo J. Thomson (MNHN 1 ex) ;
Brésil, Minist. de l’Agri. du Brésil 1917 (MNHN 1 ex) ; Brésil (MNHN
(1996), ont considéré V. sinuatus et V. cephalotes comme 7 ex) ; Bras., cephalotes Dej. [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894
synonymes. (MNHN 5 ex) ; Brésil / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN 1 ex) ; Passalus
PANGELLA (1905b), le premier, a cité l’espèce du cephalotes Dej. [dét. Kaup] / Brasilia, P. cephalotes Serv. [dét. ?, même étiquette
Paraguay ; BRUCH (1911, 1942), après KUWERT (1898), que le lectotype de V. laevior Kaup] (ZSSM 1 ex) ; Brasil (ZISL 9 ex) ; Brasilien,
Waarsck / V. cephalotes St. F. & S., det. Doesburg (NNML 1 ex) ; Brésil, Coll.
d’Argentine (Misiones), et GUÉRIN (1953) du Brésil central Melly 600-1 (MHNG 4 ex) ; Brésil (MHNG 1 ex) ; Brésil / P. de Borre /
(sans autre précision). Coll. Gandolphe 1895 (MHNG 2 ex) ; Brasil (PAIZ 3 ex) ; Brésil / ex coll.
Ph. Moretto 1999 (MNHN* 3 ex) ; Braz. / Ex coll. E.C. Horrell / V. sinuatus
V. sinuatus a été rapporté dès le début du XIXe siècle. sensu Gravely, det. Hincks (MUHD 1 ex) ; Brasil, Ex coll. Darrah (MUHD
C’est une espèce commune et il semble qu’elle se soit 2 ex) ; Brasilien, ex coll. Fruhstorfer / Ex coll. E.C. Horrell / V. cephalotes,
det. Zang / V. sinuatus Esch., det. Hincks (MUHD 1 ex) ; Bras. / Ex.
mieux adaptée à des formations forestières secondaires Staudinger & Bang Haas (MUHD 2 ex) ; Brasil (MUHD 2 ex) ; Brazil, Coll.
que la plupart des autres Veturius. On la trouve aujour- Gallasch / V. cephalotes (St. F & S.), det. Hincks (MUHD 2 ex) ; Brasilien /
d’hui dans des parcs et des jardins intra-urbains, comme V. cephalotes St F. & S., det. Endrödi 1964 (MTMA 2 ex) ; Bras. (IZLH 1 ex) ;
à Rio et São Paulo. Brasilien / ex coll. Fruhstorfer / V. cephalotes (St. F. & S.), det. Zang (DEIE
1 ex) ; Brasilien / F. von Waldheim [< 1850] (SMTD 2 ex) ; Brasilien /
Le matériel historique examiné est important et ne V. cephalotes Dej. [dét. ?] (SMTD 5 ex) ; Brasilien / Coll. Felsche 1918 (SMTD
pourrait être utilement détaillé ici. De nombreuses sources 4 ex) ; Brasilien / V. Steinwehr (MNHB 2 ex) ; Brasilia, Gyllenkrok (NHRS
étant similaires à celles d’autres Veturius du Brésil Atlantique 1 ex) ; Brésil, ex coll. Pereira (IRSN 6 ex) ; Brasil / Pascœ Coll. 1893 (NHML
1 ex) ; Bras. 1843 / J.W. Miers coll. 1880 (UMHO 2 ex) ; BZ / cephalotes
(surtout V. transversus et V. assimilis), on s’y reportera le Dej. ? [dét. ?] (UMHO 2 ex) ; III.1927 / Burchell coll. / V. cephalotes Serv.,
cas échéant. On notera toutefois le matériel rapporté par det. Arrow 1904 (UMHO 2 ex) ; Brasilia / V. cephalotes Dej., Kuwert vid.
Swainson, 1816-1818, de Pernambuco, Bahia et Rio [Kuwert] (NHMV 1ex); V. trituberculatus Esch., Kuw. vid. [Kuwert] (NHMV
(UMZC). Le spécimen du géologue von Waldheim, non 1 ex) ; N.c. Y [ou] N.c. M. [?] (NHMV 3 ex) ; ex coll. Swainson [1816-1818]
(UMZC 1 ex) ; Brasilia, Passalus transversus Sch. [= Schönherr], Per. [=
localisé, est peut-être contemporain de l’expédition de Percheron], Coll. Truqui [dét. Di Breme, < 1850] / Coll. Di Breme (MSNT
Humboldt & Bompland (SMTD). Quant au spécimen 4 ex) ; Brasilia, P. transversus Dalm. [dét. ?] / V. cephalotes Lep. & Serv., det.
type disparu, il provenait sans doute des récoltes Reyes-Castillo 1993 (MSNT 2 ex) ; Braz. / V. cephalotes St. Farg., det. Endrödi
(MCNO 1 ex) ; Brazil, X.1963 / V. sp., det. Schuster 1991 (UCDC 1 ex) ;
d’Eschscholtz, lors de l’expédition du Rurick, en 1815. Braz., Guspi [?], P. Sandig III.1935 (USNM 1 ex). – MATO GROSSO :
Aucune donnée n’a été trouvée sur le suédois Andeer, Matto Grosso [= Vila Bela, 200 m], Andeer III-VI.1895 (MNHN 15 ex). –
1894-1895, récolteur de la belle série de « Matto Grosso » MATO GROSSO DO SUL : Mato Grosso do Sul, env. 15 km sud Dourados,
Joss 1989 (MNHN* 1 ex). – GOIÁS : Brésil, Goiás [500 m], II.1981 / ex
(MNHN). Il est toutefois probable qu’Andeer ait accom- coll. G. Minet 1987 (MNHN* 5 ex). – PERNAMBUCO : Brasilien,
pagné le botaniste Malme, un autre suédois plus connu, Pernambuco (MUHD 2 ex). – BAHIA : Brasil, Bahia, Amargosa [± 400 m],
lors de son expédition à la même époque. Malme circula XII.1989 (MNHN 1 ex) ; Brasil, Bahia, Encruzilhada, 980 m, M. Alvarenga
plusieurs années dans l’ouest du Plateau du Mato Grosso. XI.1972 / V. cephalotes (Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo 1984 (IMEX 1 ex) ;
Brasilien, Bahia 1914 / Coll. E. Ross / V. cephalotes St F. & S., det. Endrödi
A moins d’une coïncidence peu vraisemblable, les V. yahua 1964 (MTMA 1 ex) ; Bahia, F. Ohaus II.1899 / V. cephalotes S. Farg. & S.,
rapportés par ce dernier, en 1902 (aussi de « Matto Grosso » ; det. Ohaus (MNHB 1 ex) ; Bahia / Fry Coll. 1905 (NHML 1 ex) ; Bahia,
NHRS), ne semblent pas étrangers à la présence d’Andeer Lacerda [< 1850] / Sharp Coll. 1905 (NHML 1 ex) ; Brazil, Bahia, D. Davis /
V. cephalotes Serv., det. Doesburg (CASC 1 ex). – MINAS GERAIS : Minas
dans le même secteur et aux mêmes dates. Par la suite, les Geraes (SMTD 1 ex) ; Brazil, Sabará-Belo Horizonte [720 m], Rio das Velhao,
Passalides d’Andeer ayant été acquis par R. Oberthür, cela A.G.N. Chalmers / V. tuberculifrons Kuwert, det. Fonseca 1992 (NHML
peut expliquer pourquoi ils ne sont pas réunis aujourd’hui 1 ex) ; Minas Geraës, Stephan. / Samml. Jak. Sturm / V. transversus (Dalm.),
avec ceux de Malme. det. W.D. Hincks (ZSSM 1 ex) ; Minas Geraes / ex coll. E. Knirsch, ex coll.
K. Brancsik 1955 / V. cephalotes, det. Pereira 1959 (FMNH 3 ex) ; Brazil /
Une autre série intéressante, récente mais pour laquelle Serra da Carioca [≥ 800 m] / JC. Vasques Coll. (USNM 1 ex). – ESPIRITO
aucune précision n’est fournie sur les conditions de récolte SANTO : Espiritu Santo / Coll. Sicard 1930 (MNHN 4 ex) ; Brésil, Espirito
et sur le récolteur, est celle du Goiás (MNHN). La présence Santo, rte Vitoria-Belo Horizonte km 124, 900 m, Th. Porion III.1997
(MNHN* O) ; Brasil, ES, Santa Teresa, 670 m, N. Papavero I.1964 (MZSP
de V. transversus étant confirmée dans le District Fédéral, 1 ex) ; Jabaquara [0 m], Halik XII.1932 (USNM 1 ex) ; Brasil, Espiritu Santo /
celle de V. sinuatus au même endroit est plausible. Ces V. cephalotes (St Farg. & Serv.), det. Hincks (FISF 1 ex) ; Espir. Santo /
différentes localisations méritent de plus amples recherches V. cephalotes (St F. & S.), det. Hincks (SMTD 1 ex) ; Brésil, Espir. Santo
(IRSN 1 ex) ; Espiritu Santo / Brasilien, Föherle (NHMV 1 ex) ; Brasilien,
dans les régions limitrophes, notamment vers le nord, en Esp. Santo, Miss. Mus. Steyl / V. cephalotes St. Fargeau, det. Pereira 1957
marge du Bassin Amazonien, où habite V. cephalotes. (MHNB 4 ex) ; Brazil, Espiritu Santo, Mun. Conceição da Barra, 12 km E
Pedro Canário [140 m], Fazenda Klabin, J.P. Abravaya XII.1972 (LACM
Autre matériel examiné. Environ 725 ex. 2 ex). – RIO DE JANEIRO : id. néotype (MNHN 15 ex) ; Brésil, St. Hilaire
BRÉSIL (sans autre précision) : 192-35 / Brésil 1835 (MNHN 1 ex) ; [Rio Janeiro, A.F.C. St. Hilaire 1818-1822] (MNHN 1 ex) ; Nova Friburgo
Brasilia [Dejean ; ex coll. Dejean] / Ex Musaeo J. Thomson [< 1897] (MNHN [850 m] (MNHN 1 ex) ; Thérésop. [± 870 m], Passalus transversus Dalm.
5 ex) ; Brésil / ex Musaeo Mniszech [< 1881] (MNHN 2 ex) ; Brasilien, ex [dét. ?] / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 2 ex) ; Pétropolis [± 870 m]
coll. Fruhstorfer / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 2 ex) ; Brésil / ex coll. (MNHN 3 ex) ; Brésil, Rio de Janeiro, Dupuy 1909 (MNHN 1 ex) ; Tijuco
H. Boileau 1925 (MNHN 4 ex) ; Cayenne, cephalotes, Deyr. [dét. Deyrolle] / (MNHN 2 ex) ; Brasil, Alto Itatiaya, 2 600 m, II.1960 / ex coll. E. Weinreich
ex coll. Deyr. in ED. Brown [< 1876] (MNHN 1 ex) ; Brasil / cephalotes Dej. 1986 (MNHN* 1 ex) ; Brésil, Rio de Janeiro, Tijuca, M. Joss I.1996
[dét. Deyrolle] / ex coll. Deyr. in ED. Brown (MNHN 2 ex) ; Brasilia / (MNHN* P) ; Brasil, Rio, E. Wide (ZISL 1 ex) ; Rio de Janeiro (ZMC 1 ex) ;
cephalotes Lep. & Serv. [dét. Deyrolle] / ex coll. Deyr. in ED. Brown (MNHN Brasil, RJ, Rio de Janeiro, Represa Rio Grande, M. Alvarenga XII.1977
1 ex) ; Brazil, transversus, Deyr. [dét. Deyrolle] / ex coll. Deyr. in ED. Brown (IMEX 1ex); Brasil, Janeiro / V. transversus trituberculatus Esch., det. Doesburg

458
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

(NNML 1 ex) ; Brazil, Rio / W. Robinson 1929 (USNM 3 ex) ; Brazil, Rio d’Acoz 1870 (IRSN 1 ex) ; Rio Jan. / Fry Coll. 1905 / V. cephalotes (Serv.),
de Janeiro City, P.G. Russell VII.1915 (USNM 1 ex) ; Rio de Janeiro, Ilha det. Fonseca 1992 (NHML 2 ex) ; Umgebung Rio de Janeiro, K. Klette
Grande [< 500 m], P.G. Russell VII.1915 (USNM 1 ex) ; R. de Janeiro, Itatiaya (NHMV 2 ex) ; Serra do Itatiaya, Südabhang, Waldreg, Zerny X.1927
V.1906 / V. cephalotes Perch., det. Luederwaldt 1920 (MZSP 1 ex) ; Itatiaya (NHMV 1 ex) ; Brasil, Corcovado, 600-1 000 m, W. Green III.1966 (LACM
[± 1 000 m], Seitz I.1927 / V. cephalotes Lep., det. Pereira (FISF 1 ex) ; Rio 1 ex) ; Brazil, Rio de Janeiro, Corcovado, S.A. Fragoso XII.1968 / V. cephalotes
de J. / Ex coll. E.C. Horrell / V. sinuatus Esch., det. Hincks (MUHD 1 ex) ; (Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo 1984 (EMEC 1 ex) ; Rio, Mun. Mage,
Brasil, Janeiro (MUHD 1 ex) ; Rio Janeiro / via Janson (MUHD 1 ex) ; Brasil, Guapi-Mirim, 160 m, Pearson XII.1967 (FSCA 2 ex) ; Brazil, R. d. Janeiro,
Corcovado Mts, III.1962 / J. & B. Bechyné (IZAM 1 ex) ; Rio / Coll. Kraatz / D. Davis / V. cephalotes Serv., det. Doesburg (CASC 1 ex) ; Brasil, Rio de
V. cephalotes (St. F. & S.), det. Zang (DEIE 2 ex) ; Rio / V. transversus (Dalm.), Janeiro, Paineras, C.E. & E.S. Ross III.1964 / V. cephalotes Serv., det. Doesburg
det. Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Brasil, Niteroy [0 m], XI.1913 / (CASC 1 ex) ; Brasilia, Rio de Janeiro, Imbariê [Rio ville], 50 m, H. Ebert
R. Fischer / V. transversus (Dalm.), det. Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Brasil, I.1956 (ZSSM 1 ex) ; Brasil, D. Federal, Floresta da Tijuca, C.A. Campos
Janeiro (SMTD 2 ex) ; Brasil, Macomba, Itatiaya, 1 100 m, J.F. Zikán (SMTD Seabra II.1932 / V. cephalotes St.F. Serv., det. Pereira (MZSP 1 ex.). – SÃO
5 ex) ; Rio d. Janeiro, Itatiaya, F. Ohaus XI-XII.1926-I.1927 / V. cephalotes PAULO : Jaraguá [± 700 m] / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN 1 ex) ; Brésil,
Serv., det. Luederw. (MNHB 10 ex) ; Rio d. Janeiro, Petropolis, F. Ohaus Alto da Serra [± 1 000 m], P. Lombard 1912 (MNHN 1 ex) ; Brasil, São
X.1898-I.1899 / V. cephalotes S. Farg. & Serv., det. Ohaus (MNHB 5 ex) ; Paulo, Mongagua [20 m], Halik II.1958 / ex. coll. G. Flutsch 2004 (MNHN*
Rio de Janeiro / V. cephalotes St. F., det. Endrödi 1977 (Coll. V. Maly, Prague 1 ex) ; Brasil, São Paulo, Castelo Branco, 45 km W S.P., G. Flutsch II.1983 /
1 ex) ; Rio Jan. (NHRS 1 ex) ; Rio Janeiro / Coll. C. Van Volxem (IRSN ex. coll. G. Flutsch 2004 (MNHN* O) ; Brasil, Buenos Aires [± 700 m] /
1 ex) ; Rio de Janeiro / Coll. Candèze [< 1898] (IRSN 1 ex) ; Theresopolis / Coll. Piesbergen 1929 (SMNS 3 ex) ; SP., Salesópolis, Est. Biol. Boraceria
Coll. C. Van Volxem (IRSN 1 ex) ; Brésil, Rio de Janeiro, Mendes [± 400 m], [± 850 m], Vanin & Leme I.1974 (MZSP 2 ex) ; Sao Paulo, Alto d.S., R. Spitz /
XI.1937, Le Moult vendit (IRSN 10 ex) ; Brésil, Rio de Janeiro, d’Udekem V. cephalotes St. F. & Serv.), det. Pereira 1940 (IMEX 1 ex) ; S. Paulo [760 m],

Figures 480-488
Veturius (V.) groupe « cephalotes », V. sinuatus (Eschscholtz), Brésil Atlantique, s. l. – 480, 488, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire
(latéro-dorsal). 480, forme typique, Rio, 488, « petite forme de l’Est », Goias ; 481, mentum ; 482, palpe labial ; 483, pronotum (dorsal, latéral) ; 484, élytre
(latéro-dorsal) ; 485, protarsomères (latéral) ; 486, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 487, édéage. – Échelles : 1 mm.

459
Stéphane Boucher

C.J. Dixon XII.1933 / V. cephalotes St. F. & S., det. Doesburg (NNML 2 ex) ; Nova Teutonia, II.1927, Mus. Hincks & Dibb (MUHD 37 ex) ; Brazil,
Brésil, Sao Paulo, Cantareira, E. Rivier I.1979 (MHNG 2 ex) ; S. Paulo, Pac Blumeneau / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Sta Catharina /
Mathias, Halik XII.1936 (USNM 10 ex) ; S. Paulo, Cantareira, Halik X.1933 Ex. Staudinger & Bang Haas / V. cephalotes / said to be det by Kuwert [Hincks;
(USNM 1 ex) ; S. Paulo, Caminhomor, Halik II.1964 (USNM 1 ex) ; Sao nec dét. Kuwert] (MUHD 1 ex) ; Brasil, St. Cath., Herre 1912 / V. cephalotes
Paulo (USNM 1 ex) ; Brasilien, Sao Paulo / Coll. B. Schwarzer / V. validus [dét. ?] (ZIMH 2 ex) ; S. Catharina, Rio das Antas [± 830 m], I.1953 /
Kuw. [dét. Kuwert] (FISF 1 ex) ; Brazil, S. Paulo, Alto da Serra, Luederwaldt V. cephalotes St F. & S., det. Pereira (MTMA 8 ex) ; Brasilien, Nova Teutonia,
XII.1928 / V. cephalotes S.F. & S., det. Luederwaldt (MUHD 1 ex) ; Brasil, 300-500 m, F. Plaumann X.1961-II.1973 / Santa Catarina / V. cephalotes St
S. Paulo (MUHD 1 ex) ; Brasilien, S. Paulo 1914 / Coll. E. Ross / V. cephalotes, F. & S., det. Endrödi 1964 (MTMA 5 ex) ; St. Catharina, Coll. Kapczy-H. /
det. Endrödi 1964 (ZIMH 2 ex) ; Brasil, S. Paulo / Spezer (DEIE 1 ex) ; V. cephalotes St F. & S., det. Endrödi 1964 (MTMA 1 ex) ; St. Catharina,
Santos [0 m], J. Metz / Coll. Kraatz / V. cephalotes (St. Farg. & Serv.), det. Blumeneau, Luederwaldt XII.1927 / V. cephalotes (St. Farg. & Serv.), det.
Luederwaldt 1928 (DEIE 2 ex) ; Sao Paulo / V. attenuatus Kuw., det. Luederwaldt 1928 (MZSP, DEIE 2 ex) ; Sta Catarina / V. cephalotes (St. Farg.
Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Brasil, Sao Paulo (SMTD 2 ex) ; Sao Paulo, & Serv.) det. Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Sta Catharina / M. Kirsch
H. Schulz (MNHB-SMTD 2ex); Brasilien, S. Paulo, Iguapé [0 m], VII.1902 / (SMTD 1 ex) ; Sta Catharina (SMTD 3 ex) ; Blumeneau (SMTD 6 ex) ;
V. sinuatus [dét. ?] / Samml. Kriesche 1974 (SMTD 1 ex) ; Brasile, Santos, Brasilia, St. Catharina (MNHB 5 ex) ; Brésil, Sta Catharina, Pula / Coll.
Andreini XII.1908 (MSNG 1 ex) ; Brasilien, S. Paulo, Campinas [± 860 m], C. Van Volxem / V. cephalotes Dej. [dét. Kuwert] (IRSN 1 ex) ; Brésil, Santa
A. Kraatz (MNHB 5 ex) ; Santos, Laske II.1899 / V. cephalotes S. Farg. & Catharina, Le Moult vendit (IRSN 1 ex) ; Brasilien, Blumeneau, L. Hetschke
Serv., det. Ohaus (MNHB 1 ex) ; S. Paulo, Tibiriçá [± 550 m], F. Ohaus (NHMV 1 ex) ; Brasil, St. Catarina / V. cephalotes St. Fargeau, det. Pereira
X.1926 (MNHB 1 ex) ; S. Paulo, Alto da Serra, F. Ohaus IX-XI.1926-I.1927 / 1957 (MHNB 1 ex) ; Brasil, St. Catarina, Nova Teutônia, VIII.1944, Coll.
V. cephalotes Serv., det. Luederwaldt (MNHB 5 ex) ; Brésil, São Paulo, Pirapora Reitter / V. cephalotes St. Fargeau, det. Pereira 1956 (MHNB 2 ex) ; Bras.,
[± 670 m], J. Withofs (IRSN 1 ex) ; San Paulo / Turner / Fry Coll. 1905 Santa Catarina, N. Teutônia, Plaumann VII.1950 / V. platyrhinus (Westw.),
(NHML 1 ex) ; Brazil, Ilha Santo Amaro near Santos [0 m], G.E. Bryant det. Hincks (MHNB 1 ex) ; Brazil, Santa Catarina, Ibirama, Pedro
IV.1912 / Coll. Bryant 1919 / V. cephalotes [dét. ?] (NHML 1 ex) ; Brasil, Wiggenhauser’s forest, mata primary growth, 200 m, trunk, J. & E. Beierl
Santos / cephalotes Serv. [dét. ?] (ZSSM 5 ex) ; Brasil, SP, São Roque, Sitio I.1993 (LACM 10 ex) ; Brasilia, Blumenau / ex coll. E. Knirsch, ex coll.
Itatuba, 950 m / J. Sár III-V.1993 (MTMA 6 ex) ; Brasil, São Paulo, 50 km K. Brancsik 1955 / V. cephalotes, det. Pereira 1959 (FMNH 1 ex) ; Brazil,
SE. Moji das Cruzes, Serra do Mar, Est. Biol. Boracéia, 800-900 m, cloud S. Cath., Rio Vermelho, XII. 1945 / A. Maller, Donor F. Johnson / (AMNH
forest, F. Génier & S. Ide IV.1997 (MCNO 1 ex) ; Brasil, São Paulo, Pico do 1 ex) ; Brazil, S. Cath., Pinhal, XII. 1947 / A. Maller, Donor F. Johnson /
Jaraguá, 1 200-1 600 m, F. Génier & P. Gnaspini IV.1997 (MCNO 1 ex) ; V. cephalotes (Lepeletier & Serville), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 4 ex) ;
São Paulo, H. Schulz / V. cephalotes St. Fargeau, det. Pereira 1957 (MHNB Brasil, S. Catarina, Corupá, A. Maller I-X.1938 / V. cephalotes St.F. Serv.,
3 ex) ; Br., S.P., Salesópolis, Est. Biol. Boraceia, CG. Froglich, AS. Melo, VR. det. Pereira 1957 (MZSP 2 ex.) ; Brazil, S. Cath., Corupá (Hansa Humboldt)
Ribeiro XII.2001 (MZSP 1 ex) ; Brazil, S.P., Salesopolis, Est. Biol. Boracea, [75 m], X. 1948 / A. Maller, Donor F. Johnson / V. cephalotes (Lepeletier &
J.M. & B.A. Campbell XII.1969 (MCNO 2 ex) ; id., 850 m, E.G., I. & E.A. Serville), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 10 ex). – RIO GRANDE DO
Munrœ (MCNO 1 ex) ; Brazil, S.P., Faz Campininas, Moji Guaçu, J.M. & SUL : cephalotes Serv., R. Gr. do Sul, I. Pohl (MNHN 2 ex) ; Rio Grande do
B.A. Campbell XII.1969 / V. cephalotes (Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo Sul, Municipio de Cahy, P. Buck 1932 / Vet. cephalotes St. Farg. & Serv., det.
1984 (MCNO 1 ex) ; S.P., Rio Claro [± 630 m], Claretiano VI.1940 / Luederwaldt 1933 / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN* 4 ex) Rio Grande
V. cephalotes St. Farg. & Serv., det. Pereira 1941 (UCDC 1 ex) ; Brazil, Sao do Sul, Panambí [± 420 m], Schaal XI.1972 (SMNS 1 ex) ; Rio Grande do
Paulo, Alin XII.1970 (FSCA 1 ex) ; Brazil, São Paulo, Casa Grande, Boracéia Sul (ZISL 1 ex) ; Sao Leopoldo [15 m] / J.W. Stahl (ZISL 1 ex) ; Rio Grande
Field Station, T.E. Rogers II.1975 (FSCA 10 ex) ; São Paulo S.P., III.1995 do Sul, Cahy, P. Buck I.1932 / V. cephalotes (Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo
(MZSP 1 ex.) ; Brasil, S.P., Jardin Botânico, Dimiz I.1992 (MZSP 1 ex.). – 1984 (IMEX 1 ex) ; Brasil, Rio Grande do Sul, Santo Augusto [± 530 m],
PARANÁ : Paran., Castro [1 000 m] / ex coll. E. André 1914 (MNHN 1 ex) ; O. Roppa XII.1970 (IMEX 1 ex) ; Rio Gr. do Sul, P. Buck VII.1927 /
Brésil, Curityba [900 m], P. Lombard 1912 (MNHN 1 ex) ; Brésil, Paraná, Nevermann Coll. 1940 (USNM 1 ex) ; S. Leopoldo (PAIZ 1 ex) ; Rio Grande
Guaratuba [15 m], III.1964 / ex coll. E. Duret 1994 (MNHN 1 ex) ; Estado do Sul / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 3 ex) ; Porto Alegre [± 50 m]
do Parana, Curityba, Claret III.1938 / V. cephalotes S. Farg. & Serv. det. / V. cephalotes, det. Endrödi 1964 (ZIMH 1 ex) ; R.G. do Sul, N. Teutonia /
Pereira 1938 / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN* 1 ex) ; Brasil, Parana, Coll. E. Ross / V. cephalotes, det. Endrödi 1964 (ZIMH 1 ex) ; Brasilien,
Rolândia [730 m], A. Maller XII.1948 / V. cephalotes (Lep. & Serv.), det. Porto Alegre, P. Buck XI.1928 / V. cephalotes (St. F. et Serv.), det. Luederwaldt
Reyes-Castillo 1984 (IMEX 1 ex) ; Brasil, Parana, Monte Alegre, R. Lange 1928 (ZSSM 11 ex) ; R.G. do Sul, Gloria, Buck XI.1927 / V. cephalotes (St.
VII.1941 (IMEX 1 ex) ; Brazil, Foz do Iguaçu [± 165 m], L. Lautenschlager F. et Serv.), det. Luederwaldt 1928 (ZSSM 1 ex) ; R.G. do Sul, N. Teutonia /
V. cephalotes, det. Endrödi 1964 (MTMA 1 ex) ; Brasilien, Rio Grande do
I.1973 (USNM 1 ex) ; Brasilia, Parana, Vera Guarany [± 800 m] (PAIZ 2 ex) ;
Sul, K.E. Hüdepohl / Torres [N Porto Alegre, 50 m], I.1959 / V. sinuatus
Parana (SMTD 1ex); Paraná (NHRS 1ex); Iguaraçú [± 800 m], G.A. Ramago
Esch., det. Endrödi 1970 (ZSSM 1 ex ; MTMA 1 ex) ; Brasilia, São Leopoldo,
1896 / V. cephalotes Serv., det. Arrow (NHML 7 ex) ; Brazil, Parana, Castro,
ex coll. F. Schneider / V. cephalotes (St. F. & S.), det. Zang (DEIE 2 ex) ;
E.D. Jones 1912 (NHML 1 ex) ; Brazil, Parana, Caiubá [< 500 m], XII. 1945 /
S. Brasilien, Porto Alegre (SMTD 2 ex) ; Santa Cruz, Porto Alegre (SMTD
A. Maller, Donor F. Johnson / V. cephalotes St. F. & Serv., det. Pereira 1958
1 ex) ; Brasilia, R. Gr. do Sul (MNHB 1 ex) ; Porto Alegre, Russel (MNHB
(AMNH 1 ex). – SANTA CATARINA : Brésil, Mafra [800 m] (MNHN
1 ex) ; Sao Leopoldo / J.W. Stahl (NHRS 1 ex) ; Brazil, Rio Grande do Sul,
1 ex) ; Brésil, Sta. Catarina, Hansa Humboldt, A. Maller 1932-1934 (MNHN
Flores da Cunha, 6-900 m, T.R. Hampton I.1993 (LACM 4 ex).
6 ex) ; Sta. Catar., Jaraguá [30 m] / ex coll. Griveau 1990 (MNHN* 1 ex) ;
Brasil, Sta Cat., Corupa [75 m]., G. Flutsch II.1982 / ex. coll. G. Flutsch PARAGUAY (sans autre précision ou non localisés) : Paraguay,
2004 (MNHN* 2 ex) ; Brasilia, Sta Catharina, P. Priene III.1948 (ZISL 2 ex) ; L. Cochelet 1868 (MNHN 1 ex) ; Paraguay, Bohls (MNHN 1 ex) ; Paraguay,
Brasilien, Sta. Catharina, Coll. Muche (DEIE 1 ex) ; Brasil, Santa Catharina, Pastoreo [?], Duelli IX-XII.1974 (MNHN* 1 ex) ; Paraguay, Thomson X.1978
Pinhal [= Pinhalzinhõ, 500 m], A. Maller XII.1948 (IMEX 2 ex) ; Santa (IMEX 1 ex) ; Paraguay / V. cephalotes (St. Farg. & Serv.) forma, det.
Catharina, Nova Teutônia [± 600 m], F. Plaumann X.1960 / V. cephalotes Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Paraguay (MNHB 1 ex) ; Paraguay /
(Lep. & Serv.), det. Reyes-Castillo 1984 (IMEX 3 ex) ; Brasilien, Nova C. Lindman (NHRS 1 ex) ; Paraguay / Fry Coll. 1905 (NHML 1 ex). –
Teutonia, F. Plaumann VIII.1961 (IRSN-USNM 6 ex) ; Brasil, Sta Catharina, AMAMBAY : Paraguay, Amambay, 4 km SSW. Cerro Cora, G.K. Creighton
Riolaeiss, Munic. Blumeneau [20 m], F. Hoffmann 1930 / V. cephalotes Lep., VI.1977 (UMAA 1 ex). – CANENDIYÚ : Paraguay, Canindiyú, Katueté,
det. Pereira (FISF 1 ex) ; Sta Catharina, Itoupavazinha [± 20 m], Coll. Kessel J.A. Kochalka X.1984 (IMEX 1 ex). – ALTO PARANÁ : Paraguay, Rio
(MNHB-PAIZ 10 ex) ; S. Catharin., Joinville [0 m], F. Ohaus III.1905 / Monday [≤ 500 m], G. Boggiani III.1899 (MSNG 1 ex) ; Paraguay, Represa
V. transversus Dalm., det. Ohaus (MNHB 1 ex) ; Brasil, Sta. Catarina, Joinville, Acaray [± 500 m], L. Peña XII.1977 (MNHN* 1 ex) ; Paraguay, Alto Parana,
Diringa IV.1955-IX.1956 (MZSP 7 ex) ; Brasil, Sta. Catarina, S. Bento do Puerto Indio, 15.VIII.2003 (MNHN* 3 ex) ; Paraguay, Alto Parana,
Sul, Diringa I.1950 (MZSP 3 ex) ; Brasilia, Sta Catharina (MNHB 1 ex) ; C. Dlouhy XI.1990 (MHNG 1 ex) ; Paraguay, Alto Paraná, Hernanderias,
Serra Geral, Urwald Hensel (MNHB 1 ex) ; S. Catarina, Luederwaldt (PAIZ C.J.D. Brown 1956 (UMAA 1 ex). – CENTRAL : Paraguay central [<
1 ex) ; Brasil, Sta Catarina, Fraiburgo [± 1 050 m], W. Scherzer I.1980 (SMNS 500 m], P. Germain 1885 (MNHN 1 ex) ; Paraguay, Asunción [≤ 500 m]
1 ex) ; Brasilien, St. Catharina, Brusque [< 500 m] (MUHD 1 ex) ; Brazil, / Coll. E. Ross / V. cephalotes, det. Endrödi 1964 (ZIMH 1 ex) ; Paraguay,

460
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Asunción, E.G. Kent IX.1922 / V. platyrhinus Hope det. Fonseca 1992 Le groupe « ecuadoris » est strictement andin et monta-
(NHML 2 ex) ; Paraguay, nr. Asunción, Taylor II.1993 (CMV 1 ex). –
PARAGUARÍ : Paraguay, Paraguarí, Yaguarón [< 500 m], Santa Clara,
gnard. Il est répandu depuis l’extrême sud de la Colombie
Gosset 1900 (MNHN 5 ex) ; Paraguarí, ex coll. F. Schneider / V. attenuatus jusqu’en Bolivie, entre 1000 et 3500 m d’altitude (fig. 925).
Kuw. det. Luederwaldt 1928 (DEIE 2 ex) ; Paraguay, Parq. Nac. Ibycuí [± Cette situation géographique préfigure le « pont » vers
500 m], D. Brunger XII.1984 (IMEX 4 ex) ; Paraguay, Paraguay, Paraguarí, l’Amazonie et le Brésil Atlantique (ces deux régions abri-
Parq. Nac. Ibycuí, VI.1981 / H. Ferreira (USNM 2 ex) ; Paraguay, Sapucay
[< 500 m] / W.T. Foster 1901 (USNM 6 ex) ; Paraguay, Sapucay, W. Forster tant la majorité des espèces des groupes « cephalotes », « libe-
1903 (NHML 1 ex). – GUAIRÁ : Paraguay, Guairá, Colonia Independencia, ricornis » et « transversus »).
Dreshsel X.1990 (MNHN* 1 ex) ; Paraguay, Guairá, Cerro Acati, 750 m, Le présent travail permet de cerner les particularités
Dreshsel XII.1993-XI.1995 (MNHN* 9 ex) ; Paraguay, Guairá, Col.
Independencia, XII.1969, Coll. Martinez (IMEX 3 ex) ; Paraguay, taxinomiques et biogéographiques du groupe « ecuadoris ».
C. Independencia, Coll. Höhn 1937 (IMEX 1 ex) ; Paraguay, Independance / Toutefois, des territoires demeurent dépourvus de réfé-
Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Paraguay, Villarica [< 500 m], rence, surtout au Pérou, où l’on constate un vaste hiatus
C. Psannl (SMTD 1 ex). – CAAZAPÁ : Paraguay, Caazapá, 10 km NNW
Tavaí [± 600 m], Dreshsel X.1995 (MNHN* 5 ex) ; Paraguay, Caazapá, San (indiqué ailleurs pour le groupe « platyrhinus » et le sous-
Juan Napamuseno [< 500 m], XII.1999 (MNHN* 5 ex). – genre Publius). De plus, les espèces étant pour la plupart
CONCEPCIÓN : Paraguay, Concepción, Cororó [< 500 m], IV.2000 étroitement localisées et peu abondantes, elles sont rares
(MNHN* 5 ex). – ITAPÚA : Paraguay, Encarnación [< 500 m] (IRSN
1 ex) ; Encarnación, Paraguay / R. Russell V.1972 (USNM 1 ex) ; Paraguay,
dans les collections. Tout ceci est à l’origine de leur maigre
Pirapó [rio, ≤ 500 m], L. Peña I.1971 (MNHN* 1 ex) ; Paraguay, SE. Pirapó, connaissance dans la littérature.
T. Bonace XII.1983 (IMEX 1 ex).
ARGENTINE, MISIONES : Misiones, env. de San Ignacio, Villa
Lutecia [< 500 m], E.R. Wagner 1910 (MNHN 2 ex) ; Misiones, S. Ignacio, Clé des espèces
G. Bove XI.1883 (MNHN 2 ex ; MSNG 7 ex) ; Argentina, Misiones, Eldorado 1. Méso- et métatibias : fourches apicales longues, larges et
[< 500 m], R. Foerster XI.1969 (MNHN* 2 ex) ; Argent., San Ignacio / ex
coll. G. Griveau 1990 (MNHN* 1 ex) ; Misiones, Giabibiri, G. Bove III.1884 acérées (fig. 495). [Tarsomères fins (fig. 497). Tubercule
(MSNG 6 ex) ; Argentinen, Iguazu [< 500 m], K.W. Harde II.1976 (SMNS central élevé (fig. 489). Méso- et métatibias inermes ou
2 ex) ; Argentina, Iguazú, R. Foerster XII.1983 (IMEX 1 ex) ; Argentina, épineux (fig. 495) ; spolons supérieurs courbes (fig. 496).
Misiones, Eldorado, XII.1964-X.1967 (IMEX 2 ex) ; Argentina, Misiones, Antennomères V à VII épais (fig. 489, 514). Andes
Loreto [< 500 m], O. Glozlin (IMEX 1 ex) ; Argentina, Misiones, Loreto, d’Équateur et du Nord-Pérou]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
XI.1958 / V. cephalotes Serv. [dét. ?] (ZSSM 8 ex) ; Arg. (USNM 1 ex) ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) ecuadoris Kuwert
Argentina, Misiones, Colonia Elena, A. Kovácz I.1969 (MHNG 1 ex) ;
Argentina, Misiones, Eldorado, A. Kovácz II.1976 (MTMA 1 ex) ; Argent., – Méso- et métatibias : fourches apicales courtes, étroites et
San Ignacio / via J. Clermont / V. sinuatus Esch. det. Hincks (MUHD 1 ex) ; trapues (fig. 508) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.
Argentina, Posadas [< 500 m], Nelson / V. platyrhinus Hope det. Endrödi 2. Pronotum : bord antérieur fortement bilobé, l’apex
1967 (NHRS 1 ex) ; Argentina, Puerto Aguirre, Alto Parana, K.J. Hayward proéminent (fig. 500). Fossettes métasternales très étroites
I.1933 (NHML 1 ex) ; Argentinen, Misiones, Eldorado, Kovac XI.1976 antérieurement (fig. 502). Pré-épimères avec de rares soies
(NHMV 1 ex) ; Argentina, Misiones, Iguazú, X.1995 (CVM 13 ex) ; Argent.,
Misiones, Puerto Iguazú, XI.1997 (CVM 20 ex).
postérieures. Longueur totale > 42 mm. [Aires latéro-post-
frontales glabres. Fossettes margino-pronotales lisses. Aires
latéro-médianes du métasternum glabres (fig. 502).
Groupe « ecuadoris » Tarsomères fins. Méso- et métatibias inermes ; spolons
supérieurs courbes (fig. 503). Andes du Nord-Pérou] . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) inca n. sp.
Caractères généraux. Dans la phylogénie, ce groupe de six
– Pronotum : bord antérieur moyennement bilobé, l’apex
espèces est voisin des groupes « platyrhinus », « cephalotes », aussi long ou plus court que les côtés (fig. 506). Fossettes
« libericornis » et « transversus ». Les espèces ont en particu- métasternales étroites antérieurement (fig. 517). Pré-
lier, comme celles des deux premiers groupes, les fossettes épimères avec de nombreuses soies éparses. Longueur
margino-pronotales très larges et profondes ; l’habitus est totale < 42 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.
aussi très proche, mais la taille moyenne moindre. Pour le 3. Antennomères V à VII épais (fig. 514). Tubercule central
reste, les côtés antérieurs du mésosternum, largement séti- élevé (fig. 505) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.
gères, distinguent les espèces du groupe « platyrhinus », mais – Antennomères V à VII fins (fig. 513). Tubercule central
les rapprochent des groupes « cephalotes » et « transversus ». court (fig. 512, 523) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.
4. Tarsomères épais (fig. 509). [Longueur totale : 37-41 mm.
Le monophylétisme du groupe « ecuadoris » semble Méso- et métatibias inermes. Andes du Nord-Pérou] . . . . .
établi par la disposition en touffes claires des soies humé- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) tarsipes n. sp.
rales (car. 60). Cela signifie que V. inca appartiendrait à – Tarsomères fins (fig. 511). [Longueur totale : 35-39 mm.
un autre groupe d’espèces. Toutefois, quelques caractères Méso- et métatibias inermes. Andes du Sud-Pérou] . . . . . .
(comme les soies mésosternales) suggèrent a priori le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) arawak n. sp.
5. Tubercule central peu développé, l’apex droit à aigu
contraire. La topologie de V. inca dans l’arbre étant incer- (fig. 512). Clypéus large, concave dans sa partie médiane.
taine (fig. 255), son introduction dans le groupe « ecuado- Largeur maximale des fossettes margino-pronotales au
ris » l’est donc autant. Le rapprochement des deux espèces milieu des fossettes (fig. 515). Longueur totale : 30,5-
antérieurement connues du groupe « ecuadoris » (V. ecua- 37 mm, très rarement < 31 mm. [Andes de Bolivie] . . . . . .
doris et V. boliviae) est nouveau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) boliviae Gravely

461
Stéphane Boucher

– Tubercule central très court, l’apex obtus (fig. 523). Métasternum (fig. 492) à aires latéro-antérieures et marges antérieures
Clypéus étroit, convexe dans sa partie médiane. Largeur des aires latéro-médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères,
les soies longues. Fossettes étroites et assez profondes en avant, bien élargies
maximale des fossettes margino-pronotales vers l’angle
et peu profondes en arrière, ponctuées et sétigères comme précédemment.
antérieur des fossettes (fig. 524). Longueur totale : 28,5- Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec de nombreuses soies
30 mm, rarement > 29 mm. [Andes de Bolivie] . . . . . . . . . espacées, y compris sur les calus, qui sont souvent presque recouverts d’une
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) dreuxi n. sp. touffe soyeuse. Stries rougeâtres, très finement et indistinctement ponctuées
partout (fig. 493). Interstries convexes. Profil antérieur vertical. Ailes
normalement développées.
24. Veturius (Veturius) ecuadoris Kuwert 1898 Pattes. Protibias (fig. 494) armés de 3-4 épines peu acérées d’inégales
longueurs, plus la fourche apicale. Fossettes infra-procoxales larges, légèrement
(fig. 106, 163-164, 489-498, 514 – 914, 920-921) concaves, couvertes de très fines et courtes soies. Face inférieure des profémurs
Veturius ecuadoris : KUWERT 1898 : 169. brillante. Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre à sétigère. Méso-
Veturius ecuadoris Kuwert : HINCKS & DIBB 1935 : 25 (catal.) ; DOESBURG et métatibias (fig. 495) épais, inermes ou avec 1-2 épine(s) médiane(s) fortes ;
1942b : 330 (catal.). fourches apicales longues et larges, acérées ; spolons supérieurs assez allongés,
épais et régulièrement courbes (fig. 496). Mésotibias couverts de soies longues
[?] Veturius ecuadoris Kuwert : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536.
et assez denses ; arêtes supérieures convexes sur presque toute leur longueur.
[?] Veturius vinculofoveatus Kuwert : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536. Métatibias id. mais les soies plus courtes, moins nombreuses et l’arête
Veturius ecuadoris Kuwert : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.). supérieure nulle. Tarsomères (fig. 497) fins ; protarsomères I et V longs.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur le tiers à deux
Matériel type. Espèce décrite sur un exemplaire. Holotype O : tiers de sa longueur apicale.
ÉQUATEUR (sans autre précision) : « ecuadoris Kuw., Ecuador Édéage (fig. 498). Longueur : 2 mm. Habitus étroit et subparallèle.
[dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : Ventral : phallobase et paramères allongés et séparés par une suture distincte ;
bord postérieur légèrement concave sur presque toute sa longueur. Dorsal :
35 mm (MNHN). Cet exemplaire est un immature à méso- et paramères et phallobase à peine apparents.
métatibias inermes.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille moyenne ; apex mandibulaires trifides, les dents
Description. Habitus pubescent, subparallèle et allongé. Coloration noire inférieures développées ; antennomères V à VII courts et épais ; fossettes
brillant dessus et dessous. margino-pronotales très larges et profondes, les ponctuations fortes et
Taille moyenne. Longueur totale : 34-39 mm ; largeur maximale : transverses ; mésosternum largement ponctué et sétigère, les soies longues et
11,5-14 mm aux élytres. assez denses ; métasternum à aires latéro-antérieures et près de la moitié des
Tête (fig. 489). Tubercule central conico-pyramidal assez élevé mais aires latéro-médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les
étroit, un peu bombé en arrière, l’apex droit à presque aigu. Tubercules soies longues ; fossettes infra-procoxales larges, légèrement concaves ;
latéro-postérieurs peu marqués, à peu près droits, perpendiculaires au tarsomères fins ; spolons supérieurs des méso- et métatibias assez allongés,
tubercule central. Rides frontales postérieures divergent en angle aigu depuis épais et régulièrement courbes.
l’apex du tubercule central, où elles sont très marquées, puis s’effaçant
progressivement vers les tubercules internes. Tubercules internes petits, Affinités morphologiques. Comme toutes les espèces de son groupe,
émoussés. Aire médio-frontale lisse et bombée ; plus ou moins mamelonnée V. ecuadoris ressemble de visu à celles du groupe « transversus » ; dans les détails,
entre les rides frontales postérieures. Clypéus plutôt étroit, convexe et incisé il s’en distingue aisément par les fossettes margino-pronotales très larges et
au milieu, en forme d’accolade peu marquée ; bord antérieur à peu près profondes. On ne pourra non plus le confondre avec une espèce du groupe
lisse ; angles antérieurs droits et non proéminents. Fossettes latéro-frontales « platyrhinus », ne serait-ce par le mésosternum largement sétigère.
assez étroites, peu profondes mais bien rebordées en avant, les angles arrondis Dans son propre groupe, V. ecuadoris se distingue avant tout par les
et l’angle postérieur droit et obliqué vers le clypéus. Aires latéro-post-frontales fourches apicales des méso- et métatibias qui sont toujours longues, larges
glabres et lisses, ou rarement avec quelques soies longues. Tubercules et acérées, puis par les principaux caractères suivants :
tentoriaux peu distincts. Angles antérieurs de la tête très obtus et arrondis. De V. inca : taille moindre, habitus moins massif ; bord antéro-pronotal
Canthus oculaires subparallèles, plutôt larges, l’apex antérieur droit ou peu moins ondulé ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères
arrondi ne dépassant pas l’œil. Yeux grands, plus ou moins globuleux. en partie seulement ; fossettes métasternales plus larges en avant, mais plus
Fossettes post-oculaires complètes, bien marquées et sétigères. Aire post- étroites en arrière ; antennomères V à VII plus courts et plus épais. Dans le
frontale délimitée par un sillon complet à incomplet, chagriné. Labre groupe, V. inca et V. ecuadoris sont les seuls qui ont les spolons supérieurs
quadratique, rétréci en avant ; bord antérieur à peine concave. Mandibules des méso- et métatibias entièrement courbes.
puissantes mais peu cintrées ; apex trifides, les dents inférieures développées ; De V. tarsipes : taille légèrement moindre ; rides frontales postérieures
dents dorsales longues et hautes, l’apex presque épineux ; fossettes infra- moins marquées ; tarsomères fins.
basales normalement élargies. Disque du mentum peu convexe, couvert de De V. boliviae : habitus plus massif, plus transverse ; aires latéro-post-
ponctuations sétigères éparses à peu près partout ; fossettes latérales marquées, frontales glabres ou presque ; mandibules plus longues ; tubercule central
ovales et étroites, sétigères ; ailes à côtés extérieurs faiblement cintrés à plus élevé ; antennomères V à VII plus courts et plus épais.
presque droits, couvertes de ponctuations sétigères. Article II des palpes De V. dreuxi : les caractères précédents sauf la taille, supérieure, et le
labiaux allongé, étroit à la base, évasé vers l’apex et près d’une fois et demie tubercule central, bien plus développé.
plus long que le III. Processus hypostomaux trapus et larges, concaves au Polymorphisme. Il existe chez V. ecuadoris deux populations que sépare
milieu. Antennomères V à VII épais et courts (fig. 514) ; massues trapues, l’absence / présence d’une ou de plusieurs épine(s) médiane(s) méso- et
les articles à peu près de même longueur. métatibiale(s). Ces épines ne sont pas polymorphes : elles sont développées
Pronotum (fig. 490). Bord antérieur nettement bilobé. Angles antérieurs ou absentes. Aucun autre caractère externe non ambigu n’a été trouvé. On
bien arrondis. Sillon marginal antérieur large et profond, où il atteint les constate toutefois que les spécimens « épineux » sont davantage pubescents,
deux tiers de la largeur du pronotum, puis, sur les côtés, non rétréci au en particulier les calus huméraux (avec les soies presque regroupées en touffe)
contact des fossettes latérales, qui sont très larges et profondes, antérieures, et l’aire pré-apicale inférieure des méso- et métafémurs.
chargées de ponctuations fortes et transverses sur les deux tiers de leur longueur La sympatrie des deux formes est certaine et les spécimens d’un même
postérieure. Pubescence pré-épisternale abondante et bien visible en vue groupe familial appartiennent, apparemment, toujours à une seule forme.
dorsale de l’insecte. Pré-épimères avec de longues soies partout. Ces deux caractéristiques peuvent suggérer l’existence d’espèces jumelles,
Mésosternum (fig. 491) ponctué et sétigère sur les côtés antérieurs, l’angle mais il semble préférable, avant de plus amples données, de considérer les
antérieur et de part et d’autre de la ligne axiale ; soies longues et assez denses ; populations comme conspécifiques et l’unique espèce comme porteuse de
tégument mat étendu aux côtés antérieurs et sur le disque. caractères polymorphes, mais héréditaires.

462
Figures 489-504
Veturius (V.) groupe « ecuadoris ». – 489-498, V. ecuadoris Kuwert, Andes ; 499-504, V. inca n. sp., Andes du Pérou. – 489, 499, tête (dorsal), tubercule central
(profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 490, 500, pronotum (dorsal, latéral) ; 491, 501, mésosternum ; 492, 502, métasternum ; 493, stries disco-élytrales
I-III ; 494, protibia (dorsal) ; 495, mésotibia (latéral) ; 496, 503, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 497, protarsomères (latéral) ; 498, 504, édéage. –
Échelles : 1 mm.

463
Stéphane Boucher

On notera enfin la présence occasionnelle de 2-3 épines médianes (au lité « Ecuador » et par les « Tíbias médias com 2 fortes dentes
lieu d’une seule) chez la forme « épineuse », ainsi que de quelques soies sur
les aires latéro-post-frontales chez les deux formes.
laterais e as posteriores com 1 ». Bien que la longueur totale
de « 33 mm » soit un peu courte, les épines tibiales n’exis-
Répartition géographique, distribution dans l’aire. tent guère, en Equateur, que chez V. standfussi (grpe « platy-
Espèce endémique des Andes du Centre-Nord (fig. 914). rhinus »), mais celui-ci est beaucoup plus grand. Dans les
Dans l’Oriente, elle est connue avec certitude d’Equateur collections, Pereira a identifié un spécimen « V. unicornis »
(Napo, Zamora-Chinchipe, Loja, qui abritent la popula- (MNHB) ; pourtant cette dernière espèce est fort distincte.
tion la plus importante) et du Pérou (Cajamarca). Les Hincks et van Doesburg ont, eux aussi, vu des spécimens,
données de l’Occidente d’Équateur (Pichincha, Los Ríos, qu’ils ont identifiés « V. transversus » (NHML) et « V. cepha-
Manabí) doivent être confirmées car la présence de l’es- lotes » (CASC), respectivement. Ainsi, au total, au moins
pèce – surtout montagnarde et géographiquement peu quatre espèces ont été confondues avec V. ecuadoris.
répandue – est douteuse de part et d’autre des páramos (1). L’origine précise et le récolteur du type sont inconnus,
de même que ceux du spécimen ancien de la collection
Sa présence, en Equateur, dans l’ouest du Sucumbios,
Fry (NHML). Le spécimen de Chaud Nanégal (Equateur :
du Pastaza et du Morona-Santiago, ne fait pas de doute.
Pichincha) est dû à G. Rivet, de la Mission Géodésique
Dans l’extrême sud de la Colombie (Nariño) et au Pérou
1901-1905 (MNHN). Aucune donnée n’a été trouvée sur
(Amazonas occidental, San Martín), sa présence n’est pas
F.W. Goding, le probable récolteur du spécimen de
non plus à exclure (les Passalides des deux régions sont très
« Guayaquil » (CASC). Les autres spécimens sont récents
peu connus).
et dus surtout à G. Onore et collaborateurs (QCAZ).
Toutes les localités appartiennent au piémont Andin,
mais les altitudes sont très variées. Par exemple, dans le Autre matériel examiné. 49 ex. (la forme « inerme » et indiquée par le signe *).
Napo, l’espèce serait répandue depuis la marge de l’Hylaea ÉQUATEUR, Occidente, PICHINCHA : Équateur, Montagne du
(250 m dans la vallée du Coca) jusqu’à près de 2 000 m Chaud Nanégal [1000-1 800 m], Rio Guayllabamba, G. Rivet 1901
(MNHN P) ; Ecuador, Mirador [rio Toachi Grande, < 1 000 m] / Fry Coll.
à Huacamayos. Une telle amplitude éco-altitudinale est, 1905 / V. transversus Dalm., det. Hincks (NHML 1 ex) ; Ecuador, Tandapi
là aussi, douteuse. Si l’on se réfère aux localités avérées, [± 1 450 m], G. Onore II.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* P*) ;
on ne peut admettre l’omniprésence de l’espèce que dans Ecuador, Pichincha, La Concordia [± 500 m], H. Ferro I.1985 (QCAZ O).
– LOS RÍOS : Ecuador, Rio Baba [≥ 1 000 m], VI.1981 (MNHN* 2 P). –
des forêts de versants, entre 1000 et 2 000 m d’altitude. MANABÍ : Ecuador, Manabí, El Carmen, 800 m, T. Villegas XII.1993 (QCAZ
Cette caractéristique concorde avec celle des autres espèces O) ; Ecuador, Guayaquil [rte Guayaquil à Ambato] / F.W. Goding / V. cephalotes
du groupe. St. F. & S., det. Doesburg (CASC 1 ex*). – Oriente, NAPO : Ecuador, Napo,
Huacamayos 1 800 m, VII.1979 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* P) ;
Affinités chorologiques. V. inca et V. tarsipes sont sympa- Ecuador, Napo, Los Huacamayos, Piviyacu 1 800 m, D. Padilla, D. Prado
XII.1995 (QCAZ 2P) ; Equateur, Napo, Coca, 250 m, G. Onore X.1982
triques avec V. ecuadoris, mais dans le Nord-Pérou unique- (MHNG P*) ; Equateur, Napo, El Reventador, 1 500 m, G. Onore IX.1983-
ment. Parmi les autres Veturius, il faut distinguer, en V.1984-IV.1985 (MHNG-QCAZ 4P6O*) ; id., 1 600 m, M. Delpozo
Equateur, Occidente et Oriente. Dans l’Occidente, l’es- XII.1991 (QCAZ O) ; id., A. Coronel IX.1995 (QCAZ P2O) ; Ecuador,
Napo, San Rafael, 1 500 m, tronco, K. Paredes, R. Parra XII.1988 (QCAZ
pèce serait sympatrique avec V. standfussi, V. aspina (grpe 2O). – ZAMORA-CHINCHIPE : Ecuador, Zamora-Chinchipe, Valladoid,
« platyrhinus »), V. hincksi et V. biapicalis (grpe « biapica- tronc, 2200 m, P. Moret III.1991 (MNHN* 3P, 2O); Ecuador, Loja, Zamora
lis »), mais sym- ou parapatrique avec V. sinuatocollis (grpe 1 800 m, Peña XI.1970 / V. unicornis Grav., det. Pereira 1971 (MHNB 1 ex) ;
Ecuador, Zamora-Chinchipe, Valladoid, I.1996 (CDC 1 ex). – LOJA :
homonyme). Dans l’Oriente, l’espèce est sympatrique avec Ecuador, Loja [rte Loja à Zamora, ± 1 500 m], X.1995 (CDC 1 ex).
V. standfussi, V. aspina, V. guntheri (grpe « platyrhinus »), PÉROU, Oriente, CAJAMARCA : N. Pérou, env. Jaén [1000-1 500 m],
V. dibbi et V. petteri (grpe « biapicalis »), mais sym- ou para- Th. Porion I.1980 (MNHN* 3 ex*) ; N Peru, Cajam., Minetti VI.1981, ex
coll. G. Minet 1994 (MNHN* 10 ex*).
patrique avec V. yahua (grpe « platyrhinus ») et V. libericor-
nis (grpe homonyme). Enfin, si l’espèce était confirmée du
bas étage de l’Oriente, alors elle serait sympatrique avec 25. Veturius (Veturius) tarsipes n. sp.
V. sinuosus (grpe « transversus ») et V. yahua. (fig. 505-509 – 914, 920-921)
Veturius transversus (Dalman) : COSTA & FONSECA 1986 : 58 & fig. 1-16,
Remarques taxinomiques et historiques. Après KUWERT 41-44 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez ?).
(1898), aucun auteur n’a examiné le type. GRAVELY (1918) [?] Veturius boliviae : SCHUSTER & SCHUSTER 1997 : 264.
n’a même pas cité l’espèce. Malgré cela, que ce soit dans
la littérature ou dans les collections, elle a été vue plusieurs
fois, mais toujours confondue.
VULCANO & PEREIRA (1967) l’ont citée de la Région
(1) Des erreurs d’altitudes et de versants sont confirmées pour plusieurs autres
Amazonienne ; les caractères clés et la région qu’ils donnent Veturius andins d’Equateur. L’infrastructure routière de ce pays permettant
prouvent une confusion. Ces auteurs signalent aussi un d’y faire des transects plus rapidement qu’ailleurs, cela explique que les
« V. vinculofoveatus » (syn de V. simillimus ; grpe « transver- échantillons provenant de l’un ou de l’autre versant des Andes sont parfois
mélangés dans les collections.
sus ») qui semble être V. ecuadoris, notamment par la loca-

464
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Matériel type. 7 ex. Holotype O : PÉROU, SAN MARTÍN : Affinités morphologiques. Espèce peu distincte de plusieurs autres du même
N Peru, San Martín, Rioja [> 1 500 m], Minetti IV.1981 / ex groupe, en particulier V. arawak, avec lequel elle peut-être facilement
confondue, et dans une moindre mesure V. ecuadoris et V. inca. Toutefois,
coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN*). Paratypes : CUZCO : Peru, parmi toutes ces espèces, V. tarsipes est la seule qui a les tarsomères épaissis,
Cuzco, Machu Picchu, Urubamba [> 1 000 m], O. Ochoa I.1966 visiblement plus gros, et dont les I et V sont plus courts. En outre, on
(MNHN P) ; Peru, ruinas Machu Picchu, 2 600-2 800 m, distinguera V. tarsipes par les autres caractères suivants.
B. Malkin VII.1964 (MZSP P) ; Peru, Cuzco, Machu Picchu De V. arawak : taille légèrement supérieure, habitus un peu plus massif,
ruins, 2 880 m, III.1947 / J.C. Pallister, Donor F. Johnson plus transverse ; rides frontales postérieures entièrement marquées, assez
hautes et plus ou moins affilées ; tubercule central plus élevé ; fossettes latéro-
(AMNH 1 ex) ; Peru, Cuzco, Machu Picchu, 2 300 m,
frontales plus larges et rebordées plus nettement ; aires latéro-post-frontales
P. Wygodzinsky X.1972 (AMNH 1 ex) ; Peru, Cuzco / E.P. Reed plus profondes.
collection / V. transversus Dalm., det. Doesburg (CASC 1 ex). – De V. ecuadoris : taille légèrement supérieure, habitus un peu plus massif ;
MADRE DE DIOS : SO Peru, Madre de Dios [> 1 000 m] / fourches apicales des méso- et métatibias courtes et étroites ; spolons supérieurs
Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD P). des méso- et métatibias droits ou presque.
De V. inca : taille moindre ; bord antéro-pronotal moins ondulé ; aires
Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale :
latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères au moins en partie ;
37-41 mm ; largeur maximale : 13-14 mm aux élytres.
fossettes métasternales plus larges en avant ; spolons supérieurs des méso- et
Tête (fig. 505). Tubercule central conico-pyramidal assez élevé mais métatibias droits ou presque ; antennomères V à VII plus courts et plus épais.
étroit, dirigé à 45°, l’apex aigu presque libre. Tubercules latéro-postérieurs
peu marqués, courbes et dirigés vers l’avant. Rides frontales postérieures bien Pour la séparation de certaines espèces du groupe « transversus », avec
marquées partout, divergent en angle légèrement obtus depuis l’apex du lesquelles V. tarsipes pourrait aussi être confondu (même s’ils sont
tubercule central. Tubercules internes petits, émoussés. Aire médio-frontale allopatriques), se reporter à V. ecuadoris.
lisse et bombée, mamelonnée entre les rides frontales postérieures. Clypéus
Polymorphisme. Peu appréciable chez les quelques spécimens connus. La
assez large, convexe et incisé au milieu, en forme d’accolade peu marquée.
différence principale est entre le spécimen du nord et ceux du sud. Le premier
Fossettes latéro-frontales larges, profondes et bien rebordées antérieurement,
a un habitus nettement plus transverse, plus massif et les angles antérieurs
les angles très arrondis et l’angle postérieur droit et obliqué vers le clypéus.
du pronotum sont moins arrondis. L’importante séparation géographique
Aires latéro-post-frontales profondes, glabres et lisses ou avec de rares soies
entre les deux populations peut expliquer ces distinctions mineures, mais
courtes. Canthus oculaires subparallèles, étroits, l’apex antérieur peu arrondi
on ignore si les caractères de la population septentrionale sont stables, et s’il
ne dépassant pas l’œil. Yeux grands, globuleux. Aire post-frontale délimitée
existe un gradient géographique dans ces différences.
par un sillon postérieur complet et large, chagriné. Apex des mandibules
trifides, les dents inférieures développées ; dents dorsales courtes et hautes, Deux spécimens ont une ébauche d’épine latérale sur l’un des mésotibias.
épaisses, l’apex émoussé. Disque du mentum avec quelques ponctuations Le nombre de soies sur les aires latéro-post-frontales est aussi variable (le
sétigères éparses et postérieures. Article II des palpes labiaux allongé, assez spécimen du San Martín n’en a pas sur l’aire gauche). Enfin, le spécimen du
étroit, près d’une fois et demie plus long que le III. Madre de dios est visiblement plus petit que les autres.
Pronotum (fig. 506). Bord antérieur bilobé. Sillon marginal antérieur
rétréci latéralement au contact des fossettes latérales, qui sont très larges et Répartition géographique, distribution dans l’aire.
profondes, antérieures et chargées de ponctuations transverses peu distinctes,
parfois effacées, sur les deux tiers de leur longueur postérieure. Espèce endémique des Andes du Pérou, où elle semble
Mésosternum ponctué et sétigère sur les côtés antérieurs, l’apex antérieur largement répandue (fig. 914). La localité du type est située
et plus ou moins de chaque côté de la ligne axiale. dans le nord du San Martín (versant oriental, haute vallée
Métasternum à aires latéro-antérieures et latéro-médianes couvertes de du rio Mayo, un affluent du Huallaga). Les autres spéci-
fines et denses ponctuations sétigères. Fossettes étroites en avant, bien élargies
en arrière, légèrement concaves partout, ponctuées et sétigères comme mens proviennent de la haute vallée de l’Urubamba
précédemment. (Cuzco : Cordillère de Vilcabamba) et du Madre de Dios
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec de courtes soies (sans autre précision). Cette dernière localité est sans doute
espacées, y compris sur les calus. située dans la Cordillère de Carabaya, qui est parallèle au
Pattes. Protibias (fig. 507) avec 3-5 épines trapues d’inégales longueurs,
plus la fourche apicale. Fossettes infra-procoxales larges, légèrement concaves. rio Urubamba et qui domine l’Amazonie.
Aire infra-apicale des méso- et métafémurs glabre. Méso- et métatibias épais, Le Pérou central est donc dépourvu de donnée. Si les
inermes ; fourches apicales courtes et étroites (fig. 508) ; spolons supérieurs
courts, fins, droits ou presque. Tarsomères courts et épais (fig. 509).
deux populations géographiquement séparées sont bien
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de conspécifiques, il est alors probable que l’espèce soit
V. ecuadoris. présente sur le territoire intermédiaire. Sa présence en
Derivatio nominis. Des tarsomères courts et épais, caractéristiques. Equateur est moins sûre, compte tenu de la barrière natu-
Larve décrite sous le nom de « V. transversus » par COSTA & FONSECA
(1986) sur des spécimens du Machu Picchu (voir ci-après : remarques
relle que forme le profond défilé du haut Marañon.
taxinomiques et historiques). Cette larve a sans doute été confondue avec celle V. tarsipes semble limité à des forêts de versants assez élevées,
du véritable V. transversus, des états brésiliens de Mato grosso, Minas, Rio entre 1 500 et près de 3 000 m d’altitude.
et São Paulo (voir cette espèce, p. 482). Il n’est pas non plus exclu que parmi
les spécimens du Mato Grosso figure V. sinuosus. Affinités chorologiques. Au Pérou, l’espèce est sympa-
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun trique dans le nord avec V. ecuadoris et V. inca, et dans le
autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides, les sud avec V. arawak. Les deux autres espèces du groupe sont
dents inférieures développées ; antennomères V à VII et tarsomères courts
et épais ; fossettes margino-pronotales très larges et profondes, les ponctuations allopatriques. Parmi les autres Veturius, V. standfussi et
peu distinctes et transverses ; mésosternum largement ponctué et sétigère, V. aspina (grpe « platyrhinus ») sont sympatriques dans le
les soies longues et assez denses ; métasternum à aires latéro-antérieures et nord du Pérou, et V. standfussi dans le sud. Une sym- ou
latéro-médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les soies
longues ; fossettes infra-procoxales larges, légèrement concaves ; spolons parapatrie n’est pas à exclure avec V. guntheri, V. yahua
supérieurs des méso- et métatibias courts, fins, droits ou presque. (grpe « platyrhinus ») et V. libericornis (grpe homonyme).

465
Stéphane Boucher

Remarques taxinomiques et historiques. Cette rare espèce Affinités morphologiques. Espèce voisine de V. tarsipes ; dans une moindre
mesure de V. ecuadoris et de V. inca. On l’en distinguera par les caractères
a été examinée auparavant plusieurs fois, mais aucun spéci- suivants.
men ancien n’est connu. Dans les collections, van De V. tarsipes : habitus moins massif et moins transverse ; rides frontales
Doesburg (CASC) et Hincks (MUHD), vers 1950, l’ont postérieures peu marquées, bien émoussées en avant ; tubercule central plus
confondue avec V. transversus. Dans la littérature, COSTA court; fossettes latéro-frontales plus étroites, plus arrondies et moins rebordées;
aires latéro-post-frontales moins profondes.
& FONSECA (1986) ont fait la même confusion sur deux
De V. ecuadoris : fourches apicales des méso- et métatibias courtes et
spécimens du Machu Picchu (l’un d’eux a été examiné étroites ; spolons supérieurs des méso- et métatibias droits ou presque.
ici ; MZSP), alors qu’ils ont examiné aussi le véritable De V. inca : taille moindre, habitus moins massif ; bord antéro-pronotal
V. transversus, du Brésil (états de Mato grosso, Minas, Rio moins ondulé ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères ;
et São Paulo). De plus, ces auteurs ont étudié les larves fossettes métasternales plus larges en avant ; spolons supérieurs des méso- et
métatibias droits ou presque ; antennomères V à VII plus courts et plus épais.
des deux espèces ; or, ils ne soulèvent aucune distinction
Pour une distinction avec certaines espèces des groupes « transversus »
spécifique tégumentaire ou chétotaxique, ce qui est ou « platyrhinus », avec lesquelles V. arawak pourrait être facilement confondu,
douteux s’agissant d’espèces appartenant à des groupes se reporter à V. ecuadoris.
d’espèces différents. Dernièrement, S CHUSTER & Polymorphisme. Hormis les tailles (± 3 mm) et l’absence / présence de
SCHUSTER (1997) ont sans doute vu l’espèce, également quelques soies sur les aires latéro-post-frontales, les spécimens connus n’offrent
du Pérou (sans autre précision), qu’ils ont identifiée pas de différence appréciable.
« V. boliviae ». Je ne connais pas ce matériel et une confu-
sion avec V. arawak est aussi possible. Répartition géographique, distribution dans l’aire.
Espèce seulement connue de la province de Cuzco (Pérou ;
26. Veturius (Veturius) arawak n. sp. fig. 914). L’unique localité théoriquement plus précise n’a
pas été trouvée (« Huasampilla »). Par rapport aux autres
(fig. 510-511 – 914, 920-921)
espèces de son groupe, en particulier V. tarsipes, on est en
[?] Veturius boliviae : SCHUSTER & SCHUSTER 1997 : 264. mesure de penser que V. arawak est intra-andin, monta-
gnard et limité à la région comprise entre les hautes vallées
Matériel type. 7 ex. Holotype P : PÉROU, CUZCO : prov. de l’Urubamba et le haut piémont oriental des Andes.
Cuzco, VI.1981, ex coll. G. Minet 1994 (MNHN*). Paratypes :
id. HT (MNHN* 1 ex). ; 59-1849 / Pérou, prov. Cuzco, Gay 1849 Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec
(MNHN P, 1 ex) ; Peru, Huasampilla [loc. ? ; Gay] (MNHN P, 2 O). V. (Veturius) standfussi (grpe « platyrhinus »), peut-être aussi
avec V. tarsipes.
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 35-38 mm ;
largeur maximale : 12-14 mm aux élytres.
Tête (fig. 510). Tubercule central conico-pyramidal, court et étroit,
Remarques taxinomiques et historiques. On sait moins
dirigé à 45°, l’apex aigu presque libre. Rides frontales postérieures bien de choses encore sur cette espèce que sur V. tarsipes. Le
marquées depuis l’apex du tubercule central, puis s’effaçant progressivement naturaliste franco-chilien Cl. Gay rapporta les premiers
vers les tubercules internes. Clypéus assez large, légèrement concave et incisé spécimens, lors de son voyage de Santiago du Chili à Lima,
au milieu, en forme d’accolade. Fossettes latéro-frontales plutôt étroites, peu
profondes et bien rebordées par des arêtes très émoussées, les angles très en 1839 (MNHN). D’autres Passalides existent de ses
arrondis. Aires latéro-post-frontales peu profondes, avec quelques soies récoltes au Pérou, dans le Huánuco et le Cuzco. A en juger
courtes, ou glabres et lisses. Canthus oculaires subparallèles, étroits, l’apex les étiquettes manuscrites, les trois autres spécimens, de
antérieur très arrondi ne dépassant pas l’œil. Aire post-frontale délimitée par
un sillon complet et large. Article II des palpes labiaux allongé mais large, la localité « Huasampilla », sont également de lui
près d’une fois et demie plus long que le III. (MNHN).
Pronotum. Fossettes latérales très larges et profondes, antérieures, chargées Aucun spécimen ne semble avoir été vu auparavant par
ou non de ponctuations transverses peu distinctes sur les deux tiers de leur
longueur postérieure. un spécialiste. La citation, par SCHUSTER & SCHUSTER
Mésosternum abondamment ponctué et sétigères sur les côtés-antérieurs, (1997), d’un « V. boliviae » du Pérou (sans autre précision),
l’angle antérieur et de part et d’autre de la ligne axiale. pourrait toutefois se rapporter en réalité à celle-ci (sinon
Pattes. Méso- et métatibias épais, inermes ; fourches apicales courtes et à V. tarsipes).
étroites ; spolons supérieurs courts, fins, droits ou presque. Tarsomères fins
et longs (fig. 511).
Les autres caractères non mentionnés sont indistincts de V. tarsipes. 27. Veturius (Veturius) inca n. sp.
Derivatio nominis. Des territoires Amérindiens Arawak.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez
(fig. 499-504 – 914, 920-921)
aucun autre V. (Veturius) : taille moyenne ; apex mandibulaires trifides, les
dents inférieures développées ; antennomères V à VII épais ; fossettes Matériel type. 16 ex. Holotype P : PÉROU, SAN MARTÍN :
margino-pronotales très larges et profondes, les ponctuations transverses Peru, Moyobamba [> 1 000 m], Minetti IV.1981 / ex coll. Ph.
mais presque nulles ; mésosternum largement ponctué et sétigère, les soies Moretto 1999 (MNHN*). Paratypes : id. HT (MNHN* 2 P) ;
longues et assez denses ; métasternum à aires latéro-antérieures et latéro- N Pérou, San Martín, Pucacaca [1000-1 500 m], Minetti
médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les soies
longues ; fossettes infra-procoxales larges, légèrement concaves ; tarsomères
VII.1981, ex coll. G. Minet 1994 (MNHN*, 11 O). – CAJA-
longs et fins ; spolons supérieurs des méso- et métatibias courts, fins, droits MARCA : Nord-Pérou, Jaén [1000-1 500 m], VI.1981 (SEAL P,
ou presque. 1 ex [genit. détruits]).

466
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Caractères diagnostiques. Habitus allongé et massif. Mésosternum (fig. 501) abondamment ponctué et sétigère sur les côtés-
Taille grande. Longueur totale : 44-46 mm ; largeur maximale : 15- antérieurs, l’angle antérieur et de part et d’autre de la ligne axiale ; les soies
16,5 mm aux élytres. longues et denses.
Tête (fig. 499). Tubercule central conico-pyramidal assez élevé, convexe Métasternum (fig. 502) à aires latéro-antérieures couvertes de fines et
en arrière, l’apex droit et émoussé. Rides frontales postérieures divergent denses ponctuations sétigères, les soies longues ; aires latéro-médianes glabres
en angle aigu depuis l’apex du tubercule central, où elles sont bien marquées, et lisses. Fossettes très étroites en avant, presque linéaires et assez profondes,
puis s’effaçant progressivement vers les tubercules internes. Aire médio- puis bien élargies et peu profondes en arrière ; ponctuées et sétigères comme
frontale très lisse, presque planes entre les rides frontales postérieures. Clypéus précédemment.
large et fin, incisé au milieu, en forme d’accolade peu marquée ; bord Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec quelques courtes
antérieur très lisse ; angles antérieurs droits non proéminents. Fossettes soies très espacées, y compris sur les calus. Stries rougeâtres, indistinctement
latéro-frontales rectangulaires, peu profondes et assez peu rebordées. Aires ponctuées partout. Interstries peu convexes.
latéro-post-frontales glabres et très lisses. Tubercules tentoriaux effacés. Pattes. Protibias armés de 4-5 épines peu acérées d’inégales longueurs,
Canthus oculaires courts, l’apex antérieur droit ne dépassant pas l’œil. Yeux plus la fourche apicale. Fossettes infra-procoxales larges, peu concaves,
grands, globuleux. Aire post-frontale délimitée postérieurement par un couvertes de très fines et courtes soies. Aire infra-apicale des méso- et
sillon complet mais discret. Mandibules puissantes et allongées ; apex trifides, métafémurs glabre. Méso- et métatibias inermes ; fourches apicales courtes
les dents inférieures développées ; dents dorsales longues et hautes, l’apex et étroites ; spolons supérieurs courts, épais et entièrement courbes (fig. 503).
presque épineux. Disque du mentum peu convexe, avec des ponctuations Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur les deux tiers
sétigères postérieures ; ailes à côtés extérieurs faiblement cintrés. Article II de sa longueur apical.
des palpes labiaux allongé et étroit. Édéage (fig. 504). Longueur : 2 mm. Habitus trapu, presque transverse.
Pronotum (fig. 500). Bord antérieur fortement bilobé, l’apex nettement Ventral : paramères et phallobase courts et étroits, séparés par une suture
plus haut que les côtés. Angles antérieurs bien arrondis. Sillon marginal indistincte ; bord postérieur de la phallobase à peine concave. Dorsal :
antérieur large et profond, puis, sur les côtés, rétréci au contact des fossettes paramères et phallobase limités à un fin liseré sclérotisé.
latérales qui sont très larges et profondes, antérieures, pratiquement lisses. Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Pré-épimères (fig. 501) avec quelques rares soies postérieures. V. ecuadoris.

Figures 505-511
Veturius (V.) groupe « ecuadoris », Andes du Pérou. – 505-509, V. tarsipes n. sp. ; 510-511, V. arawak n. sp. – 505, 510, tête (dorsal), tubercule central (profil) ;
506, pronotum (dorsal, latéral) ; 507, protibia (dorsal) ; 508, mésotibia (latéral) ; 509, 511, protarsomères (latéral). – Échelles : 1 mm.

467
Stéphane Boucher

Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez (présente désignation, sexe indét.) : BOLIVIE, SANTA CRUZ :
aucun autre V. (Veturius) : grande taille, habitus massif ; apex mandibulaires « Chaco, Bolivia / Van de Poll Coll. 1919 : 187 / V. boliviae
trifides, les dents inférieures développées ; bord antéro-pronotal fortement
bilobé ; mésosternum et aires latéro-antérieures du métasternum Gravely, Cotype, F.H. Gravely det. / Cotype ». – Longueur totale :
abondamment sétigères, les soies longues ; aires latéro-médianes du 33 mm (NHML).
métasternum glabres et lisses ; méso- et métatibias inermes ou presque, les
fourches apicales courtes et étroites, les spolons supérieurs courts et courbes ; Description. Macroptère. Habitus subparallèle, assez étroit et allongé.
stries élytrales indistinctement ponctuées partout ; calus huméraux glabres Taille moyenne. Longueur totale : 30,5-37 mm ; largeur maximale : 11-
ou presque. 13 mm aux élytres.
Affinités morphologiques. V. inca ressemble beaucoup plus aux espèces Tête (fig. 512). Tubercule central conico-pyramidal, court, légèrement
du groupe « platyrhinus » qu’aux autres espèces du groupe « ecuadoris ». Sa bombé en arrière, l’apex obtus. Tubercules latéro-postérieurs marqués et
grande taille et son habitus massif sont très proches de V. aspina. Toutefois, courbes, dirigés vers l’avant. Rides frontales postérieures divergent en angle
le bord antéro-pronotal très fortement bilobé et la pubescence mésosternale droit, marquées depuis l’apex du tubercule central, puis quelque peu effacées
abondante, caractéristiques de V. inca, excluent a posteriori toute confusion. à proximité des tubercules internes. Tubercules internes petits et émoussés.
Dans son groupe, seul V. ecuadoris a également les spolons supérieurs Aire médio-frontale lisse et légèrement bombée ; mamelonnée entre les rides
des méso- et métatibias courts et courbes. La taille, l’habitus et la pubescence frontales postérieures. Clypéus assez large, légèrement convexe et incisé au
indiqués dans les caractères diagnostiques de V. inca le distinguent aussi sans milieu, en forme d’accolade plus ou moins marquée ; bord antérieur lisse,
ambiguïté des autres espèces de son groupe. rarement chagriné ; angles antérieurs proéminents, droits. Fossettes latéro-
Polymorphisme. Peu appréciable chez les quelques spécimens connus, frontales larges, assez profondes, bien rebordées antérieurement, la partie
y compris les tailles. Un exemplaire a une très courte épine mésotibiale droite obliquée vers le clypéus. Aires latéro-post-frontales sétigères plus ou
médiane. D’autres exemplaires ont le sillon post-frontal effacé. moins distinctement, les soies (de 2 à 15) assez longues. Tubercules tentoriaux
Sexe ratio. – La série principale examinée comprend en tout onze femelles marqués. Angles antérieurs de la tête convexes mais très obtus et arrondis.
jeunes provenant d’un même groupe familial ; ce groupe est incomplet, Canthus oculaires petits, l’apex antérieur bien arrondi ne dépassant pas l’œil.
puisqu’il manque le couple fondateur. Néanmoins, le sexe ratio demeure très Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires complètes, grandes, bien
positif pour les femelles de l’espèce (voir aussi les séries de V. yahua (grpe marquées et sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur
« platyrhinus ») de Tingo María, Pérou). net et plus ou moins chagriné. Labre quadratique, rétréci en avant ; bord
antérieur légèrement concave. Mandibules courtes et peu cintrées ; apex
trifides, les dents inférieures développées ; dents dorsales assez courtes et
Répartition géographique, distribution dans l’aire. hautes ; fossettes infra-basales normalement élargies. Disque du mentum
Espèce uniquement connue du versant oriental de moyenne presque glabre et lisse à largement ponctué et sétigère ; fossettes latérales
altitude (1000-1500 m environ) des Andes du Nord-Pérou, marquées, ovales, sétigères ; ailes à côtés extérieurs arrondis, couvertes de
entre les hautes vallées affluentes des rios Marañon ponctuations sétigères éparses. Article II des palpes labiaux plutôt étroit et
allongé, près d’une fois et demie plus long que le III. Processus hypostomaux
(Cajamarca) et Huallaga (San Martín). L’espèce serait ainsi trapus et convexes, plus larges vers l’apex et concaves au milieu. Antennomères
enclavée (endémique ?) entre les reliefs des Cordillères fins (fig. 513) ; massues trapues, les articles de même longueur.
Centrale et Orientale (fig. 914). Pronotum (fig. 515). Bord antérieur nettement bilobé. Angles antérieurs
peu arrondis et légèrement abaissés. Fossettes marginales très larges, profondes,
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec V. ecua- chargées de ponctuations fortes presque partout. Pubescence pré-épisternale
abondante et visible en vue dorsale de l’insecte. Pré-épimères avec de longues
doris dans la région de Jaén (Cajamarca), peut-être aussi avec soies partout.
V. tarsipes dans la région de Moyobamba (San Martín). Les Mésosternum (fig. 516) à angle antérieur et côtés antérieurs abondamment
autres espèces du groupe sont allopatriques. Parmi les autres ponctués et sétigères, les soies fines et courtes, ainsi que de part et d’autre
de la ligne axiale ; bord postérieur lisse et brillant ; tégument mat couvrant
Veturius, V. aspina et V. standfussi (grpe « platyrhinus ») sont presque toutes les marges antérieures et les côtés de l’angle antérieur.
sympatriques. V. yahua, V. guntheri (grpe « platyrhinus ») et Métasternum (fig. 517) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes
V. libericornis (grpe homonyme) sont sans doute présents dans couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les soies longues. Fossettes
peu à très peu profondes partout, bien élargies en arrière, ponctuées et sétigères
le même étage et dans les mêmes stations. comme précédemment.
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur, y compris parfois des
Remarques taxinomique et historique. Cette espèce n’a calus, avec de courtes soies espacées. Stries rougeâtres, très finement et
pas été confondue dans la littérature car il semble qu’elle indistinctement ponctuées partout. Interstries presque plats. Profil antérieur
est observée pour la première fois. Très peu d’entomolo- vertical. Ailes normalement développées.
gistes se sont rendus dans la partie des Andes du Pérou Pattes. Protibias (fig. 518) armés de 4-6 épines courtes, émoussées et
de longueurs inégales, plus la fourche apicale assez étroite. Fossettes infra-
où elle vit. procoxales larges, presque planes, couvertes de très fines et courtes soies.
Face inférieure des profémurs brillante. Aire infra-apicale des méso- et
métafémurs glabre. Méso- et métatibias (fig. 519) fins, inermes ; fourches
28. Veturius (Veturius) boliviae Gravely 1918 apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins, courts et droits (fig. 520).
Mésotibias couverts de soies longues et denses ; arêtes supérieures légèrement
(fig. 512-522 – 914, 920-921) convexes sur presque toute leur longueur. Métatibias id. mais les soies plus
courtes, moins nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères (fig. 521)
Veturius boliviae : GRAVELY 1918 : 38 & pl. V, fig. 9.
longs et fins.
Veturius boliviae Gravely : HINCKS & DIBB 1935 : 24 (catal.) ; DOESBURG
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur les deux tiers
1942b : 330 (catal.) ; VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim spp.
de sa longueur apical.
indét.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.).
Édéage (fig. 522). Longueur : 2 mm. Habitus trapu, quadratique. Ventral :
paramères et phallobase hauts et étroits, séparés par une suture indistincte ;
Matériel type. Espèce décrite sur cinq exemplaires de 31-34 mm bord postérieur de la phallobase concave; phallus légèrement ponctué. Dorsal :
de « Chaco, Bolivia ». ANONYME (1922) a signalé n spécimen(s) paramères et phallobase à peine apparents.
type(s) acquis par le Zoological Survey, à Calcutta. Un seul Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
« cotype », déposé au NHML, a pu être examiné. Lectotype autre V. (Veturius) : habitus plutôt étroit, sétigère ; taille moyenne ; aires

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

latéro-post-frontales sétigères ; fossettes margino-pronotales très larges, Publius spinifer sont sympatriques dans toute son aire de
profondes et chargées de ponctuations fortes ; mandibules assez courtes,
l’apex trifide ; tubercule central court ; métasternum à aires latéro-antérieures
répartition. Une sym- ou parapatrie est également possible
et latéro-médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les avec V. guntheri (grpe « platyrhinus ») et V. libericornis (grpe
fossettes peu profondes à mal délimitées sur leurs marges internes ; méso- et homonyme), mais dans leur plus haut étage seulement,
métatibias inermes ; ponctuation élytrale indistincte. vers 1 500 m et 1 800 m d’altitude, respectivement.
Affinités morphologiques. V. boliviae se distingue des autres espèces du
groupe « ecuadoris » par les principaux caractères suivants (on notera toutefois Remarques taxinomiques et historiques. V. boliviae était
que V. dreuxi en est assurément le plus proche). très peu connu. La diagnose de GRAVELY (1918), trop
De V. dreuxi : taille supérieure, habitus moins grêle ; tubercule central
un peu plus développé et à apex droit ; clypéus plus large, le bord antérieur
sommaire, est établie par comparaison avec V. cephalotes,
concave dans sa partie médiane et en forme d’accolade bien marquée ; aire ce qui est malheureux car les deux espèces ont peu de points
médio-postérieure de la ligule plus large ; fossettes margino-pronotales moins communs ; de plus, sur l’unique schéma ne figurent pas
larges mais plus longues ; aires latéro-médianes du métasternum davantage les soies des aires latéro-post-frontales, qui sont pourtant
sétigères.
De V. ecuadoris : aires latéro-post-frontales toujours sétigères ; mandibules caractéristiques. Il est donc fort difficile de reconnaître l’es-
et tubercule central plus courts ; fourches apicales des méso- et métatibias pèce sans l’examen d’un syntype ou d’un spécimen comparé
courtes et étroites ; antennomères I à VII longs et fins. à l’un d’eux. Ceci explique pourquoi, en plus de sa rela-
De V. tarsipes : taille légèrement moindre ; habitus un peu plus étroit ;
tubercule central plus court ; aires latéro-post-frontales toujours sétigères ;
tive rareté, elle a été beaucoup confondue. On trouve ainsi,
tarsomères longs et fins. dans les collections, des spécimens identifiés comme tel
De V. arawak : comme V. tarsipes, exception faite des tarsomères. qui sont en fait des V. sinuosus, du bas piémont oriental
De V. inca : habitus moins massif ; taille nettement moindre ; tubercule des Andes ou d’Amazonie centrale (MNHB, MTMA,
central moins élevé et moins élancé ; aires latéro-post-frontales et latéro-
médianes du métasternum pubescentes. ZSSM), ou encore des V. simillimus, du Brésil Atlantique
En outre, V. boliviae ressemble beaucoup à deux espèces du groupe (MTMA, NHRS). A l’inverse, de véritables V. boliviae ont
« transversus » : V. transversus et V. sinuosus. La taille, l’habitus et la pubescence été identifiés comme V. assimilis, V. transversus, V. similli-
des méso- et métasternums, qui sont comparables entre les trois espèces, sont mus, etc. Nous savons aujourd’hui que V. boliviae n’existe
à l’origine de confusions. On notera alors que seul V. boliviae a les aires latéro-
post-frontales ponctuées et sétigères, l’apex des mandibules distinctement pas dans ces régions, tandis que les autres espèces n’exis-
trifide, ainsi que les fossettes margino-pronotales très larges et profondes. tent pas dans les montagnes Andines.
De plus, V. boliviae est allopatrique. Après GRAVELY (1918), les auteurs qui ont cité l’es-
V. libericornis est aussi assez proche de V. boliviae pour ce qui concerne
la taille, l’habitus et la pubescence dorso-céphalique. Ce dernier s’en distingue pèce ne l’ont en réalité pas connue, comme HINCKS &
néanmoins aisément par le tubercule central court, à apex droit à obtus et DIBB (1935 ; MUHD) et DOESBURG (1942b ; NNML).
peu élevé, par le mésosternum et les aires latéro-médianes du métasternum VULCANO & PEREIRA (1967) ont dû faire une plus ample
largement sétigères, par le pronotum bien moins transverse, etc. De plus, les
deux espèces sont parapatriques ou allopatriques. confusion ; les seules indications « 31-40 mm. Brasil e
Bolivia » laissent penser que plusieurs autres espèces que
Polymorphisme. Espèce très peu variable : taille (près de 4 mm) ; habitus
plus ou moins étroit ; pubescence infra-pronotale et mésosternale plus ou V. boliviae sont en jeu.
moins longue et étendue ; absence / présence de pubescence humérale ;
clypéus chagriné ou lisse. Les petits spécimens, avoisinant 30 mm, ressemblent En dépit de sa méconnaissance générale, l’espèce a été
beaucoup à V. dreuxi. rapportée en Europe dès la première moitié du XIXe siècle ;
on l’y trouvait notamment dans les cabinets de Deyrolle,
Répartition géographique. Espèce endémique des Andes Guérin-Méneville, Mniszech (MNHN) et Nodier
boliviennes (dépt. La Paz, Cochabamba, Beni, Santa Cruz), (MUHD). Il est d’ailleurs probable que les spécimens de
soit de l’ensemble des hauts Yungas (Cordillère Orientale), Guérin-Méneville et de Nodier provenaient des récoltes
entre le lac Titicaca, au nord-ouest, et les derniers reliefs d’A. d’Orbigny, de son expédition de 1826-1834 (voir
dominant Santa Cruz et les Llanos de Chiquitos, au sud- Publius spinipes). Aucune donnée n’a été trouvée sur le
est (fig. 914). spécimen daté de 1876 (NHML). A la fin du XIXe siècle,
Distribution dans l’aire. Espèce propre aux forêts méso- davantage de spécimens étaient en Allemagne et en France,
philes de moyennes à hautes altitudes, entre 1 500 et près chez Kraatz, Staudinger, Boileau et Clermont. Les autres
de 3 400 m. Les altitudes indiquées de 3 200 et 3 400 m, spécimens sont récents ; ceux de Lecourt (MNHN) et de
dans le secteur des forêts à Podocarpus de Carrasco Génier (MCNO) ont le mieux contribuer à la connais-
(Cochabamba), sont certifiées par des exemplaires pris sance de l’espèce.
séparément. Ces altitudes sont parmi les plus élevées du Autre matériel examiné. 43 ex.
genre et de la famille (on notera que l’espèce est pourtant BOLIVIE (sans autre précision) : Bolivia / ex coll. H. Boileau 1925
un macroptère). (MNHN P, O) ; Boliv. / ex Musaeo Guérin-Méneville [< 1870] (MNHN
1 ex) ; Bolivie / Transversus Dalm., Deyr. [dét. Deyrolle ; < 1865] / ex coll.
Affinités chorologiques. Espèce probablement sympa- Deyrolle in ED. Brown (MNHN 2 ex) ; Bolivie / transversalis Deyr. [dét.
trique avec V. dreuxi dans le dépt. de La Paz. Aucune Deyrolle] / ex coll. Deyrolle in ED. Brown (MNHN 2 O, 1 ex) ; Bolivia / ex
Musaeo Mniszech [< 1880] (MNHN 1 ex) ; Bolivia, coll. Staudinger [< 1900]
capture dans un même site n’est toutefois formelle. Parmi / V. assimilis (Weber), det. V. Doesburg (NNML 1 ex) ; Bolivia, V. assimilis
les autres Veturius, V. standfussi (grpe « platyrhinus ») et Weber, det. Hincks / Ex coll. Nodier [< 1844] via J. Clermont (MUHD

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Stéphane Boucher

1 ex) ; Bolivia / Coll. Kraatz [< 1909] / V. simillimus Kuw., det. Zang (DEIE CRUZ : Bolivia, Santa Cruz, Florida, 4 km S Samaipata 1 800 m, E.N. Smith
1 ex) ; Bolivien, Staudinger / Assimilis Wb. [dét. ?] (MNHB 1 ex) ; Bolivia XII.1991 (UVGC 1 ex) ; Bolivia, Santa Cruz, Yungas de Mairana, 16 km
1909 (NHML 1 ex) ; Bolivia, 46-1876 (NHML 1 ex). – LA PAZ : Bolivia, NE Mairana, decaying log, 2 100-2 300 m, F. Génier I.1999 (MCNO 9 ex).
Mapiri [Larecaja, > 1 500 m] / Ex. Staudinger & Bang Haas / V. assimilis
Weber [dét. ?, nec Kuwert] / said to be det. by Kuwert [Hincks] (MUHD
1 ex). – BENI : Bolivie, Beni, Ballivian, Yocumo, rte Reyes – San Borja, 29. Veturius (Veturius) dreuxi n. sp.
1 500 m, tronc pourri, G. Lecourt II.1998 (MNHN* 4 P, 3 O). –
COCHABAMBA : Bolivia, Cochabamba, Territoire de l’Illimani, env. (fig. 523-525 – 914, 920-921)
3 400 m, forêt à Podocarpus, G. Rodin X.1982 (MNHN* O) ; Bolivia,
Cochabamba, Carrasco, Yungas, 3 200 m, A. Martinez II.1971 / bosque Matériel type. 6 ex. Holotype P : BOLIVIE, LA PAZ : Bolivie,
húmedo de montaña a Podocarpus (IMEX 2 ex) ; Bolivia, Cochabamba, La Paz, Nor Yungas, Pucara près Caranavi, 850 m, piège lumi-
Carrasco, Khara Huasi 1880-1 900 m, E.N. Smith XII.1991 (UVGC 3 ex) ; neux, P. Bleuzen & G. Lecourt X.1993 (MNHN*). Paratypes :
Bolivie, Chaparé, Paracti, 2 200 m, II.1976 (SEAL 1 ex) ; Bolivia,
Cochabamba, Carrasco, Serrania Siberia, VIII.1990 / 2 300 m, cloud forest,
id. HT (MNHN* P) ; Bolivie, La Paz, Nor Yungas, Incahuara
P. Parrillo (FMNH 2 ex) ; Bolivia, carr. Cochabamba – Villa Tunari, brecha près Caranavi, 1 500 m, piège lumineux, G. Lecourt XI.1991
a Incachaca km 3,6, 2 400 m, D. Herbin I.1997 (CDC 1 ex). – SANTA (MNHN* P) ; Bolivia, Coroico [Nor Yungas] / Ex. Staudinger

Figures 512-525
Veturius (V.) groupe « ecuadoris », Andes. – 514, V. ecuadoris Kuwert ; 512-522, V. boliviae Gravely ; 523-525, V. dreuxi n. sp. – 512, 523, tête (dorsal),
tubercule central (profil) ; 513-514, antennomères V-VII ; 515, 524, pronotum (dorsal, latéral) ; 516, mésosternum ; 517, métasternum ; 518, protibias
(dorsal) ; 519, mésotibia (latéral) ; 520, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 521, protarsomères (latéral) ; 522, 525, édéage. – Échelles : 1 mm.

470
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

& Bang Haas (MUHD O) ; Bolivia, Yungas de La Paz (MNHB certitude que du secteur partagé entre les dépts. de La Paz,
1 ex). – ? PARAGUAY (sans autre précision) : Paraguay, Gonzales de Cochabamba et du Beni, entre 1000 et 2 000 m d’alti-
(MUHD O). tude. Elle serait donc circonscrite aux Yungas orientaux
(Cordillère Real) et à une altitude moindre que V. boliviae.
Caractères diagnostiques. Taille petite. Longueur totale : 28,5-30 mm ;
largeur maximale : 10-10,5 mm aux élytres.
L’unique spécimen étiqueté du Paraguay est antérieur
Tête (fig. 523). Tubercule central conico-pyramidal, court à très court, aux années 1960, puisqu’il a été vu par Hincks (mais non
bombé en arrière, l’apex obtus. Tubercules latéro-postérieurs marqués et identifié, comme le second spécimen du MUHD). Le
courbes, dirigés vers l’avant. Aire médio-frontale lisse et légèrement bombée ; probable récolteur Gonzales m’est inconnu, comme la loca-
mamelonnée assez fortement entre les rides frontales postérieures. Clypéus
plutôt étroit, convexe, à peine incisé au milieu, en forme d’accolade peu lité précise (a fortiori extra-andine). La présence de l’es-
marquée ; bord antérieur chagriné ; angles antérieurs non proéminents et pèce au Paraguay reste douteuse, même sur les rares reliefs
droits. Aires latéro-post-frontales sétigères mais peu distinctement, les soies des Llanos de Chiquitos (point culminant : 1 550 m), qui
(2 à 10) courtes. Tubercules tentoriaux peu marqués à effacés. Angles
antérieurs de la tête convexes, obtus et arrondis. Disque du mentum couvert sont les plus proches de la Cordillère Orientale bolivienne.
de quelques ponctuations sétigères postérieures.
Pronotum (fig. 524). Bord antérieur assez fortement bilobé. Fossettes Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, dans son
marginales très larges mais courtes et antérieures, profondes, chargées de groupe d’espèces, avec V. boliviae. Parmi les autres Veturius
ponctuations fortes, transverses, centrales et postérieures. elle est sympatrique avec V. (Veturius) guntheri, V. stand-
Métasternum comme chez V. boliviae (fig. 517) : aires latéro-antérieures
et latéro-médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, les fussi (grpe « platyrhinus »), V. libericornis (grpe homonyme)
soies assez longues. et V. (Publius) spinipes. Elle est sym- à parapatrique avec
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué sur les deux tiers V. (Veturius) yahua (grpe « platyrhinus »), mais dans son
de sa longueur apical.
Édéage (fig. 525). Longueur : 2 mm. Habitus trapu, quadratique. Ventral :
bas étage.
paramères et phallobase hauts et courts, séparés par une suture indistincte ;
bord postérieur de la phallobase concave; phallus légèrement ponctué. Dorsal :
Remarque historique. Cette espèce n’a été vue aupara-
paramères et phallobase à peine apparents. vant que par Hincks (MUHD), qui ne l’a pas identifiée
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de ni citée dans sa publication sur la faune de Bolivie (HINCKS
V. boliviae.
Derivatio nominis. Je dédie cette espèce très cordialement à M. Ph. Dreux
1934).
(École Normale Supérieure).
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun Groupe « libericornis »
autre V. (Veturius) : petite taille ; aires latéro-post-frontales peu sétigères ;
fossettes margino-pronotales très larges mais courtes, profondes et chargées Caractères généraux. Ce groupe de quatre espèces est
de ponctuations fortes ; métasternum à aires latéro-antérieures et latéro- surtout caractérisé par le mésosternum entièrement glabre
médianes couvertes de fines et denses ponctuations sétigères, et à fossettes
peu profondes à mal délimitées sur leurs marges internes ; méso- et métatibias
(car. 48-49) et par les fossettes margino-pronotales rétré-
inermes ; ponctuation élytrale indistincte. cies et « pincées » en arrière (car. 42). Ces dernières, bien
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. boliviae, avec lequel elle
reconnaissables et autapomorphes dans le genre Veturius,
peut être facilement confondue, mais qui s’en sépare par les caractères suivants : sont surtout très nettes chez V. libericornis et V. charpen-
taille moindre ; tubercule central encore plus court et à apex obtus ; clypéus tierae (d’où la tentative de leur codage matriciel distinct
plus étroit, plus épais, le bord antérieur convexe dans sa partie médiane et
en forme d’accolade moins marquée ; aire médiane de la ligule plus étroite ;
de V. christiani). En outre, le monophylétisme du groupe
fossettes margino-pronotales plus larges mais plus courtes ; aires latéro- semble également soutenu par les caractères suivants :
médianes du métasternum moins sétigères. microtubercules ventraux des palpes labiaux abondants
V. dreuxi est aussi voisin – surtout par la taille et l’habitus – de V. assimilis (car. 9), ponctuations discales du mentum sétigères
(groupe « transversus »), du Brésil Atlantique. On l’en distinguera donc par :
tubercule central non tronqué en arrière ; aires latéro-post-frontales moins (car. 11), fossettes alaires du mentum ovales (car. 11), espa-
sétigères ; angle des rides frontales droit ; antennomères VIII plus longs ou cement important entre les canaux de la spermathèque et
aussi longs que les IX ou X ; angles antérieurs de la tête marqués, convexes ; de la glande annexe (car. 90). On notera que les soies des
fossettes margino-pronotales très larges et plus profondes ; aires latéro-
médianes du métasternum ponctuées et sétigères ; ponctuation des stries aires latéro-post-frontales (car. 34) sont homologues entre
élytrales très fine, indistincte partout. les espèces du groupe, mais elles se révèlent homoplasiques
Polymorphisme. Peu appréciable chez les quelques spécimens connus. Les avec V. assimilis (grpe « transversus ») et des espèces des
fossettes latéro-frontales présentent parfois une trace nette, marginale, de groupes « ecuadoris », « cephalotes » et « platyrhinus ».
suture clypéo-frontale. La marge antérieure de la fossette est alors incisée en Les relations phylogénétiques les plus étroites du groupe
biais et discontinue. L’incision marque la limite entre l’angle postérieur du
clypéus exposé et les tubercules médio-frontaux, ces derniers ayant disparu sont établies avec le groupe « transversus » ; sont homologues
en tant que tels lors de l’invagination du sillon et de la formation des fossettes l’habitus, la longueur totale moyenne, la conformation des
latéro-clypéales. Ce caractère pose le problème de son homologie avec celui massues antennaires, de la structure médio-post-frontale,
qui est présent de façon également ponctuelle chez V. (Veturius) assimilis et
V. munitus, du Brésil Atlantique (voir ces espèces). des fossettes procoxales, ainsi que des spolons supérieurs
et des fourches apicales des méso- et métatibias.
Répartition géographique, distribution dans l’aire. REYES-CASTILLO (1973) a rapproché, à raison, V. char-
L’endémisme de V. dreuxi semble comparable à celui de pentierae de V. libericornis. BOUCHER (1987) en a fait de
V. boliviae. Toutefois, l’espèce nouvelle n’est connue avec même entre V. christiani et V. assimilis, mais cette hypo-

471
Stéphane Boucher

thèse est rejetée ici avec la mise en évidence de convergences Matériels types
(V. assimilis appartient en réalité au groupe « transversus »). V. libericornis Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s)
Dernièrement, FONSECA (1999) a rapproché V. oepa et d’« Amazonie ». KUWERT (1898) ajouta : « Ein Stück ». Holotype
V. lepidus de V. libericornis et de V. charpentierae. O : AMAZONIE (sans autre précision) : « libericornis Kuw.,
Compte tenu de la rareté naturelle des espèces, très peu Amazon [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur
de spécimens ont été vus auparavant dans les collections totale : 38 mm (MNHN).
ou cités dans la littérature. V. criniferous Fonseca n. syn. – Holotype et 15 paratypes
La répartition géographique du groupe « libericornis » décrits du « Brésil, Rondônia, Parque Estadual Guajará Mirim,
est guyano-amazonienne (fig. 916). Les espèces sont répan- L. Aquino X.1995» (Instituto Nacional de Pesquisas da Amazônia,
dues surtout autour du Bassin Amazonien central : d’une Manaus).
part sur le piémont oriental des Andes et sur le nord-ouest La série type provient d’une région où V. libericornis était
du Plateau Brésilien (Equateur, Pérou, Bolivie, Brésil), connu (voir ci-après).
d’autre part dans les Guyanes Atlantiques et sur la marge À la lecture de FONSECA & REYES-CASTILLO (2005), la
du Massif de Pacaraima (Venezuela, Guyana), entre 0 et synonymie de l’espèce est une évidence. De plus, Reyes-Castillo
(pers. com. I.2005) n’ayant pas été averti de cette description
1 500 m d’altitude. Cette répartition est originale parmi
par son co-auteur, on considère Fonseca comme son seul auteur.
tous les Veturius. REYES-CASTILLO (1973 et ult.) ayant étudié V. libericornis à
plusieurs reprises, je suis d’ailleurs convaincu qu’il ne l’aurait
Clé des espèces pas confondu.

Remarque – V. lepidus Fonseca est absent de la clé car il n’a Autre matériel examiné. 31 ex.
pas été examiné. La description originale est trop sommaire ÉQUATEUR, Oriente, NAPO : Équateur, Napo, Tena, 1 000 m, piège
lumineux, P. Folschveiller IX.1991 (MNHN* P) ; Ecuador, Napo, Scyasuni,
pour distinguer l’espèce outre mesure (voir p. 478). 200 m, D. Padilla X.1997 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Guayaquil [er. loc.],
V. Carbone 1924 (MSNG 1 ex). – PASTAZA : Ecuador, Pastaza, Sarayacu
1. Longueur totale > 37 mm, rarement < 38 mm. Dents [rio Bobonaza, ± 500 m], E. Potzelt X.1972-II.1973 (SMNS 3 ex).
dorso-mandibulaires longues et affilées. Fossettes latéro- PÉROU, HUÁNUCO : Peru, Huánuco, Tingo María [± 700 m],
frontales larges et profondes. Tubercule central élevé, à J. Schuster IX.1971 (IMEX P). – JUNÍN : Peru, Chanchamayo [± 700 m],
apex pointu, libre ou presque (fig. 526). Pronotum très M. Freymann (MNHB 1 ex) ; Peru, Satipo [< 1 500 m], V.1945 / P. Paprzycki,
transverse (fig. 530). [Marges sud et ouest du Bassin Donor F. Johnson / V. libericornis Kuwert, det. Pereira 1958 (AMNH 3 ex).
Amazonien] . . . . . . . . . V. (Veturius) libericornis Kuwert BOLIVIE, LA PAZ : Bolivie, La Paz, Nor Yungas, Incahuara près
Caranavi, ± 850 m, piège lumineux, G. Lecourt XI.1991-XI.1992 (MNHN*
– Longueur totale ≤ 36 mm. Dents dorso-mandibulaires 3O, 1 ex) ; Bolivie, La Paz, Iturralde, rte Rurrenabaque – Ixiamas, 400 m,
courtes et émoussées. Fossettes latéro-frontales étroites et piège lumineux, P. Bleuzen & G. Lecourt X.1993 (MNHN* P2O) ; Bolivie,
peu profondes. Tubercule central court, à apex droit à La Paz, Nor Yungas, rte Pucara à Caranavi, 850 m, piège lumineux, P. Bleuzen
obtus et non libre (fig. 537). Pronotum peu transverse & G. Lecourt X.1993 (MNHN* O) ; Bolivie, La Paz, Nor Yungas, rte Caranavi
à Carrasco, 1 260 m, piège lumineux, G. Lecourt XII.1995 (MNHN* 2 O) ;
(fig. 540) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Bolivia, Coroico [Nor Yungas, ± 1 000 m] / V. libericornis Kuw. ?, det Hincks
2. Longueur totale ≥ 33 mm. Fossettes margino-pronotales (MUHD 1 ex) ; Bolivia, Yungas de la Paz (MNHB 2 ex). – SANTA CRUZ :
fortement « pincées » en arrière, les ponctuations à peine Bolivie, Santa Cruz, Buena Vista [prov. Ichilo, < 1 000 m], P. Steinbach
visibles (fig. 540). [Piémont du Massif de Pacaraima et [< 1940] (MNHN* O).
BRÉSIL, PARÁ : Pará, Schulz [1892-94] (MNHB O). – RONDÔNIA :
Guyanes Atlantiques] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Brasil, Rondônia, Porto Velho [90 m], W. Scherzer II.1980 (SMNS, 1 ex) ;
. . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) charpentierae Reyes-Castillo Brazil, Rondônia, 62 km SW Ariquemes nr. Fzda Rancho Grande [200 m],
– Longueur totale ≤ 29 mm. Fossettes margino-pronotales black light trap, J.E. Eger X.1993 (FSCA 1 ex). – AMAZONAS : Brazil,
faiblement « pincées » en arrière, les ponctuations bien Am., Ac. 3979 (AMNH 1 ex) ; Brasil, AM, Benj. Constant, Rio Javari [<
500 m], Dirings III.1962 (MZSP 1 ex) ; Brasil, Amazonas, BR 319 km 520
visibles (fig. 546). [Sud des Guyanes Atlantiques] . . . . . . . . [< 500 m], E. Castellan VII.1982 / V. libericornis Kuw., det. Bürhrneim 1977
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) christiani Boucher (in INPA-Manaus, Reyes-Castillo pers. com.). – MATO GROSSO : Brasil,
Mato Grosso, Guaporé Valley, 2 km Sarare river [< 500 m], J. Price VII-
IX.1968 (FMNH 1 ex) ; Brasil, Mato Grosso, Reserva Humboldt [env. de
30. Veturius (Veturius) libericornis Kuwert 1891 Aripuaña, < 500 m], N.D. Penny III.1977 / V. libericornis Kuw., det.
Bürhrneim 1977 (in INPA-Manaus, Reyes-Castillo pers. com.).
(fig. 189-191, 526-536 – 916, 920-921, 926)
Veturius Libericornis : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 171. Description. Habitus allongé, subparallèle, pubescent. Coloration noire
Veturius libericornis Kuwert : MOREIRA 1922 : 270 ; 1925 : 26 (catal.) ; brillant dessus et dessous.
LUEDERWALDT 1931 : 38 ; HINCKS 1934 : 154 (partim charpentierae Taille moyenne à grande. Longueur totale : 36-40 mm ; largeur
sensu Reyes-Castillo) ; HINCKS & DIBB 1935 : 25 ; 1958 : 24 (catal.) ; maximale : 12-14 mm aux élytres.
DOESBURG 1942b : 330 ; VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 ; REYES- Tête (fig. 526). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 35° ; base
C ASTILLO 1970 : 165 (catal.) ; R EYES -C ASTILLO 1973 : 1551 ; large et arrondi ; apex pointu et étroit, libre ou presque (d’où le nom donné
BÜHRNHEIM 1978 : 15 & pl. 3, fig. 1-3 ; pl. 13, fig. 1 ; BOUCHER à l’espèce). Tubercules latéro-postérieurs effacés ou presque, allongés, droits,
1987 : 371. perpendiculaires à l’axe du corps et n’atteignant pas le sillon post-frontal.
Tubercules tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures droites et bien
Syn. : Veturius criniferous FONSECA 2004 in FONSECA & REYES-CASTILLO : marquées depuis l’apex du tubercule central, puis effacées et faiblement
7, n. syn. convergentes à proximité des tubercules internes. Tubercules internes plus

472
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

ou moins bien marqués. Angle des rides frontales droit, profondément affilées, légèrement concaves au milieu, l’apex obtus. Massues antennaires
crevassé à la base du tubercule central, puis mamelonné ou plan en avant. allongées ; articles de longueur à peu près égale, l’apical bien arrondi sur sa
Aire médio-frontale plane et très lisse. Clypéus large, mince, en forme marge externe.
d’accolade marquée ; angles antérieurs droits, horizontaux et proéminents, Pronotum très transverse (fig. 530). Bord antérieur assez fortement bilobé.
bien visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges, profondes, Angles antérieurs très arrondis, abaissés ou non. Sillon marginal élargi et
surtout vers leur marge interne ; marge postérieure obliquée en avant vers lisse sur les angles antérieurs, puis atteignant en avant près de la moitié de
le tubercule interne. Aires latéro-post-frontales ponctuées et sétigères, les la largeur du pronotum ; fossettes fortement « pincées » en arrière, puis
soies longues et plus ou moins denses. Angles antérieurs de la tête peu s’élargissant faiblement en avant, les ponctuations occultées ; angles latéro-
convexes, très obtus et émoussés. Canthus oculaires courts, rétrécis jusqu’à postérieurs (vus de profil) nuls. Pubescence des pré-épisternes dense et longue,
l’apex antérieur qui est droit à obtus, émoussé et ne dépassant pas l’œil. visible en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec quelques rares soies
Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes, en partie éparses, mais surtout postérieures.
sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur net, long et Mésosternum glabre (fig. 531). — Tégument mat couvrant très largement
chagriné. Processus hypostomaux à apex arrondi et incision médiane peu les côtés antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs, sur une faible surface, lisse et
marquée (fig. 527). Ligule (fig. 529) à apex antérieur simple, long et affilé ; brillant.
aire médio-postérieure large et faiblement tuberculée de chaque côté. Métasternum (fig. 532) à aires latéro-antérieures avec une fine et assez
Mentum large (fig. 529) ; disque presque plan, incliné, avec quelques dense ponctuation sétigère proche des trochanters ; aires latéro-médianes
ponctuations sétigères postérieures ; ailes couvertes de soies éparses, assez glabres et lisses. Fossettes profondes et étroites en avant ; toujours profondes
fortement rétrécies en avant, les bords externes arrondis, les fossettes bien mais peu élargies en arrière ; ponctuation dense, sétigère comme
marquées, étroites, le tégument mat. Article II et III des palpes labiaux précédemment.
(fig. 528) longs et peu élargis vers l’apex ; microtuberculés, le II près d’une Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec quelques soies éparses
fois et demie plus long que le III. Bord antérieur du labre légèrement concave. de longueurs inégales. Stries peu profondes ; ponctuations fines, peu ou pas
Mandibules puissantes et allongées, régulièrement cintrées ; apex trifides, distinctes (fig. 533-534). Profil antérieur vertical. Ailes normalement
les dents inférieures développées ; dents dorsales longues, peu élevées mais développées.

Figures 526-536
Veturius (V.) groupe « libericornis », V. libericornis Kuwert, Andes – Amazonie. – 526, tête (dorsal), tubercule central (profil), mandibule (profil externe) ; 527,
processus hypostomal ; 528, palpe labial ; 529, ligule et mentum ; 530, pronotum (dorsal, latéral) ; 531, mésosternum et méta-épisterne ; 532, métasternum ;
533-534, stries latéro- et disco-élytrales I-III ; 535, protarsomère V ; 536, édéage. – Échelles : 1 mm.

473
Stéphane Boucher

Pattes. Fossettes procoxales larges, concaves, couvertes de soies, le bourrelet En ce qui concerne le spécimen de « Guayaquil »,
margino-antérieur épais. Protibias avec 5-6 épines trapues de longueurs
inégales, plus la fourche apicale. Mésotibias inermes ; pubescence longue et
aucune précision utile n’a été trouvée sur l’expédition de
assez dense ; arête supérieure légèrement convexe sur presque toute sa longueur son récolteur en Equateur, l’entomologiste italien
médiane. Métatibias id., mais les soies moins nombreuses et l’arête supérieure V. Carbone. L’année 1924 écrite sur l’étiquette est celle du
nulle ; fourches apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins, courts dépôt de la collection Carbone au MSNG (POGGI &
et droits ou presque. Tarsomères fins, les V étroits et allongés (fig. 535).
Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII plus ou moins marqué CONCI 1996). La présence de l’espèce dans l’Occidente
sur les deux tiers de sa longueur apicale. d’Equateur étant fort peu crédible, la localité du spécimen
Édéage (fig. 536). Longueur : 2,3 mm. Habitus allongé, étroit. Paramères est considérée comme erronée.
et phallobase séparés par une suture distincte. Ventral : bord postérieur de Sur le piémont Andin, V. libericornis est connu de la
la phallobase légèrement bilobé ; phallus peu ponctué ; paramères allongés
et étroits. Dorsal : paramères et phallobase visibles par un fin liseré sclérotisé forêt ombro-mésophile jusqu’à 1 500 m d’altitude envi-
un peu plus convexe à ses extrémités. ron ; en bordure de l’Hylaea Amazonienne, il ne dépasse
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun guère 500 m. Cette amplitude éco-altitudinale explique la
autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; tubercule central élancé à 35°, vaste répartition géographique de l’espèce.
large et arrondi à la base, l’apex pointu, étroit, libre ou presque ; angle des
rides frontales fortement crevassé à la base du tubercule central ; fossettes Affinités chorologiques. L’espèce est allopatrique avec
latéro-frontales larges, profondes ; aires latéro-post-frontales ponctuées et V. charpentierae et V. christiani. Elle est sympatrique, sur
sétigères, les soies longues et plus ou moins denses ; pronotum très transverse,
les fossettes marginales fortement « pincées » en arrière et les angles latéro- le moyen piémont Andin, avec V. standfussi, V. guntheri,
postérieurs nuls (vus de profil) ; mésosternum glabre ; métasternum à aires V. yahua (grpe « platyrhinus »), V. ecuadoris et V. dreuxi (grpe
latéro-médianes glabres et lisses et fossettes profondes mais peu élargies en « ecuadoris »), et sur le bas piémont ou en marge de
arrière ; méso- et métatibias inermes, les fourches apicales courtes et étroites.
l’Amazonie proprement dite, avec V. cephalotes (grpe homo-
Affinités morphologiques. Espèce affine de V. charpentierae, avec lequel elle nyme), V. sinuosus (grpe « transversus ») et V. yahua.
peut être facilement confondue (les deux espèces sont allopatriques).
V. libericornis s’en distingue par : taille supérieure d’au moins 2 mm (une Remarques taxinomiques et historiques. Bien que cette
taille inférieure à 36 mm est exceptionnelle) ; tubercule central plus élevé,
l’apex plus élancé, libre ou presque ; fossettes latéro-frontales larges et
espèce soit aisément reconnaissable, elle est toujours restée
profondes ; apex antérieur des canthus oculaires obtus à droit, peu arrondi ; peu connue, peut être en raison de sa rareté. HINCKS
articles II et III des palpes labiaux longs, assez étroits. (1934) l’a identifiée sans erreur des Yungas (Bolivie), mais
La taille bien plus petite de V. christiani (inférieure d’au moins 8 mm) il l’a en même temps confondue avec V. charpentierae, du
devrait éviter toute confusion.
Roraima (MUHD). Cet auteur a noté des différences
V. libericornis peut aussi être confondu avec V. jolyi (grpe « cephalotes »),
en particulier par l’habitus, la longueur totale et la présence de soies regroupées marquées et justes entre les deux échantillons, mais il les
sur les aires latéro-post-frontales. Pour le reste, V. libericornis en est bien a considérées comme des variations intraspécifiques.
distinct (voir p. 454). BÜHRNHEIM (1978) a cité des spécimens du Pará (sans
Polymorphisme. On peut juste noter la taille exceptionnellement petite autre indication) ; ils n’ont pas été examinés ici, mais les
(34 mm) du spécimen du Pará (MNHB), tous les autres dépassant 36 mm. figures données par l’auteur semblent représenter V. libe-
Cette distinction morphologique, qui coïncide en plus avec une localisation
marginale dans l’aire de l’espèce, aurait pu faire confondre ce spécimen avec ricornis (en particulier l’édéage, les fossettes latéro-fron-
V. charpentierae. tales et le tubercule central). Il manque toutefois des détails
indispensables pour l’affirmer. Quant au spécimen du
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce MNHB, également du Pará, il provient des récoltes de
largement répandue, mais limitée, à l’ouest au piémont l’allemand W.A. Schulz. SCHULZ (1901) a donné des
Andin, au sud à la marge nord du Plateau du Mato Grosso précisions sur ses localités : presque toutes sont situées
et à l’est au Pará oriental. L’ensemble des points-cartes révèle entre Santarém et le sud de Belém. Ceci montre que l’es-
une répartition semicirculaire dans sa partie occidentale : pèce est largement répandue vers l’est, mais toujours sur
depuis l’Equateur (Napo, Pastaza), passant par le Pérou la rive sud de l’Amazone. Par ailleurs, le spécimen de
(Huánuco, Junín, Cuzco-Ayacucho) et la Bolivie (La Paz, Schulz, géographiquement isolé, est celui de 34 mm
Santa Cruz), jusqu’au Brésil (Rôndonia, sud de l’Amazonas, (mentionné ci-dessus) ; il se distingue de tous les autres
Mato Grosso et Pará oriental ; fig. 916). par sa petitesse.
Les limites amazoniennes s. str., ne sont pas encore DOESBURG (1942b) a cité l’espèce du sud du Pérou :
établies avec précision. L’espèce est sans doute présente sur « Sivia, sur le rio Apurimac, 520 m » (vallée intra-andine
le piémont des Andes de Colombie (Putumayo, Caquetá) entre le Junín, le Cuzco et l’Ayacucho), sur un spécimen
et en Amazonie centre-occidentale (Colombie – Pérou). de la Hamburger Expedition 1936. Ce spécimen n’a pas
Sa présence dans le Pará oriental, que semble confirmer le été retrouvé, mais l’identification est vraisemblable car
spécimen du MNHB (peut-être aussi ceux de BÜHRNHEIM aucune espèce de Veturius connue de la région n’est compa-
1978, discutés ci-après), suggère que le bas Amazone forme rable à celle-ci.
une réelle barrière dans son extension vers le nord (on Les autres auteurs qui ont cité l’espèce ne l’ont pas
retrouve ce schéma, plus clairement encore, pour tout le connue, hormis REYES-CASTILLO (1973) et BOUCHER
sous-genre Ouayana ; fig. 924). (1987).

474
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

La faible abondance naturelle de V. libericornis est très Rides frontales presque droites et plus ou moins marquées. Clypéus en forme
d’accolade peu marquée ; angles antérieurs non proéminents, incurvés et peu
comparable à ce qui a été observé chez V. charpentierae et distincts en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales étroites et peu profondes,
V. christiani en Guyane Française (REYES-CASTILLO 1973 ; à bord antérieur légèrement incliné vers l’extérieur. Aires latéro-frontales
BOUCHER 1986, 1987). Ce point commun entre les trois ponctuées et pubescentes, les soies peu nombreuses. Canthus oculaires courts,
espèces a certainement rapport avec leur étroite relation subparallèles ; apex antérieur généralement très arrondi. Mentum large
(fig. 539) ; disque légèrement convexe, avec quelques ponctuations sétigères
phylogénétique. éparses ; fossettes alaires bien marquées, étroites, le tégument mat ou brillant.
Ligule (fig. 539) comme chez V. libericornis, mais plus petite. Articles II et III
des palpes labiaux courts et larges, le II microtuberculé (fig. 538).
31. Veturius (Veturius) charpentierae Pronotum (fig. 540) comme chez V. libericornis, mais plus petit et moins
Reyes-Castillo 1973 transverse.
Mésosternum glabre (fig. 541). Pré-épimères avec des soies éparses, mais
(fig. 192, 537-543 – 916, 920-921, 926) surtout postérieures.
Veturius libericornis Kuw. : HINCKS 1934 : 154 (partim libericornis sensu Métasternum. – Fossettes latérales profondes et étroites en avant ; plus
Kuwert). ou moins profondes et élargies en arrière.
Veturius charpentierae : REYES-CASTILLO 1973 : 1549. Pattes. Tarsomères V étroits et allongés, mais plus courts que chez
Veturius charpentierae Reyes-Castillo : BOUCHER 1986 : 498, 1987 : 371. V. libericornis (fig. 542).
Édéage (fig. 543). Longueur : 2,3 mm. Habitus trapu, subparallèle.
Syn. : Veturius oepa : FONSECA 1999 : 151 n. syn.
Paramères et phallobase séparés par une suture indistincte. Bord postérieur
légèrement concave. Ventral : phallus largement ponctué ; paramères et
Matériels types phallobase hauts et courts. Dorsal : paramères convexes bien apparents ;
V. charpentierae Reyes-Castillo – Espèce décrite sur trois exem- phallobase courte et limitée à un fin liseré sclérotisé.
plaires de Guyane. Holotype O : GUYANE F. : « Saül, X.1969 / Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. libericornis.
Mission Balachowsky, Gruner & Charpentier ». – Longueur
totale : 33,5 mm. (MNHN). Allotype P, Paratype O : id. Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille moyenne ; tubercule central élancé à 35°, large et
(MNHN-IMEX). arrondi à la base, l’apex pointu, étroit et non libre ; angle des rides frontales
Veturius oepa Fonseca n. syn. – Espèce décrite sur cinq exem- assez fortement crevassé à la base du tubercule central ; fossettes latéro-
frontales étroites et peu profondes ; aires latéro-post-frontales ponctuées et
plaires du Brésil, Roraima. Holotype P, Paratypes O : BRÉSIL, sétigères, les soies longues ; pronotum très transverse, les fossettes marginales
RORAIMA : « Xitei, L. Aquino V.1996 » (Instituto Nacional de fortement « pincées » en arrière et les angles latéro-postérieurs (vus de profil)
Pesquisas da Amazônia, Manaus). nuls ; mésosternum glabre ; métasternum à aires latéro-médianes glabres et
Bien que la série type n’a pas été examinée et que la descrip- lisses et fossettes profondes mais peu élargies en arrière ; méso- et métatibias
inermes, à fourches apicales courtes et étroites.
tion soit peu détaillée et médiocrement illustrée, l’identité de
l’espèce ne fait pas de doute : tous les caractères indiqués corres- Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. christiani et de
pondent à V. charpentierae (il manque d’ailleurs certains détails V. libericornis, mais qui s’en distingue aisément comme suit :
De V. christiani : taille supérieure d’au moins 4 mm ; pronotum davantage
clés, comme les fossettes latéro-pronotales « pincées », typiques transverse ; apex du tubercule central aigu et plutôt élevé ; dents dorso-
du groupe d’espèces, ou les palpes labiaux microtuberculés). De mandibulaires plus longues et basses ; massues antennaires longues ; ailes du
plus, les caractères clés donnés par FONSECA (1999) pour sépa- mentum bien rétrécies en avant, les bords externes bien arrondis ; fossettes
rer l’espèce de V. charpentierae sont caduques car ils sont en réalité margino-pronotales fortement « pincées » en arrière, les ponctuations peu
polymorphes chez ce dernier. Cet auteur, qui ne connaissait sans distinctes car occultées par le rebord des fossettes.
De V. libericornis : taille inférieure d’au moins 2 mm ; tubercule central
doute pas V. charpentierae des Guyanes Atlantiques, ni du plus court, la base antérieure moins crevassée ; fossettes latéro-frontales étroites
Venezuela, a rapproché son espèce du groupe artificiel « platy- et peu profondes ; apex antérieur des canthus oculaires très arrondi ; articles
rhinus », sensu LUEDERWALDT (1931), ainsi que de V. libericor- II et III des palpes labiaux courts et larges.
nis et de V. charpentierae. Polymorphisme. Peu appréciable sur le matériel examiné, y compris la taille
(± 2 mm).
Autre matériel examiné. 19 ex.
GUYANE F. : Guyane, Saül, piège lumineux et troncs, M. Duranton Répartition géographique, distribution dans l’aire.
II.1978-VI.1983 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 3 ex) ; Guyane,
Montagne de Kaw, filet d’interception, P. Bleuzen X.1985 (MNHN* 1 ex) ; Espèce seulement connue de la forêt ombrophile plani-
Guyane, Kourou-Montagne des Singes, filet d’interception, M. Duranton tiaire ou de bas versants (altitude < 1 100 m) des Guyanes
I.1988-X. XI.1989 (MNHN* 2 P, 2 ex) ; Guyane, Saül, XII.1976 (SEAL Atlantiques et de la partie orientale du Massif de Pacaraima
1 ex) ; Cayenne, Coll. Madon (IRSN 1 ex) ; Guyane F., Bas Maroni, Le Moult
(IRSN 1 ex). (fig. 916) : Mt. Roraima (Brésil, Roraima ; Venezuela,
GUYANA : British Guiana (MNHN 1 ex) ; Mt Roraima, 1 050 m, Bolívar, Gran Sabana ; Guyana) et Guyane Française. Elle
J.J. Quelch 1899 / V. libericornis Kuw. var. ? det. Hincks (NHML 1 ex). est inconnue du Surinam, mais sa présence y est évidente.
VENEZUELA, BOLÍVAR : Venezuela, Bolívar, Gran Sabana, Cacota
[< 1 000 m], X.1966 / J. & B. Bechyné, E. Osuna (IMEX 1 ex) ; Venezuela, Comme pour V. christiani, la méconnaissance de l’es-
Bolívar, Gran Sabana, Chirima [< 1 000 m], X.1966 / J. & B. Bechyné, pèce des états brésiliens d’Amazonas, d’Amapá et du Pará
E. Osuna (IMEX 4 ex) ; Venezuela, Bolívar, S. Francisco Yuruaní [< 1 000 m], oriental suggère pour l’instant qu’elle est surtout limitée à
P. Pokorny I.1996 (CSP 1 ex).
la région Atlantique s. str. : c’est-à-dire à l’est des Mts
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 34-36 mm ; Kamoa, Acaraí et Tumuc-Humac, qui forment frontière
largeur maximale : 10,5-12 mm aux élytres.
Tête (fig. 537). — Apex du tubercule central non libre. Tubercules latéro- entre le Brésil et les Guyanes (pl. I, p. 372). En dépit de
postérieurs marqués, mais courts, courbes et quelque peu dirigés vers l’avant. leur faible altitude (≤ 800 m), ces reliefs pourraient former

475
Stéphane Boucher

une barrière efficace dans l’expansion de l’espèce vers le Autre matériel examiné. 22 ex.
GUYANE F. : Guyane, rte de Cacao, XI.1976 (MNHN 2 ex) ; Guyane,
Bassin Amazonien. piste de Kaw pK 38, piège lumineux, G. Tavakilian-IRD VIII.1984 (MNHN
1 ex) ; Guyane, Saül, piège lumineux / troncs, M. Duranton II.1978-VI.1983 /
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, en Guyane ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 3 ex) ; Guyane, Montagne de Kaw, filet
Française, avec V. christiani, ainsi qu’avec V. sinuosus (grpe d’interception, P. Bleuzen X.1985 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Kourou-
« transversus »), V. cephalotes (grpe homonyme), V. (Ouayana) Montagne des Singes, filet d’interception, M. Duranton (MNHN* 2 ex) ;
Guyane, Montagne des Chevaux, tronc pourri, M. Vialard VIII.2000 in coll.
punctatostriatus et V. (Ouayana) guyanensis. La situation est P. Renaudie (MNHN* PO) ; Guyane, VI.2004 (MNHN* 1 ex) ; Guyane,
sans doute identique dans la majeure partie du Guyana orien- Saül, XII.1976 (MELN 1 ex) ; Guyane, Petit Saut, tronc, Ph. Moretto
tal (si toutefois V. guyanensis y est présent, ce qui n’est pas sûre VII.1992 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 2 ex) ; Cayenne, Rousseau
1912 / Le Moult vendit via Reinbek / V. unicornis Gravely, det. Endrödi
du tout) et au Surinam. Sur le Mt Roraima (Brésil – Venezuela 1964 (ZIMH 1 ex) ; Cayenne / V. trituberculatus Esch., det. Zang (DEIE
– Guyana) une sympatrie est concevable avec V. hermani (grpe 1 ex) ; Guyane F., Bas Maroni, Le Moult (IRSN 5 ex) ; Guyane F., piège
« transversus ») et V. (Ouayana) bleuzeni. lumineux, B. Hermier 1999 (MNHN* 1 ex).
BRÉSIL (sans autre précision) : Bras., cephalotes Dej., Zwergform [dét.
Kaup] / Brasilien (HLMD 1 ex).
Remarques taxinomiques et historiques. La rareté de l’es-
pèce dans les collections reflète sa faible abondance natu- Caractères diagnostiques. Espèce distincte de V. charpentierae par quelques
rares caractères.
relle. De Guyane Française, où les récoltes de Passalides Taille petite. Longueur totale : 25-30 mm.
ont pourtant été les plus importantes, seulement une Tête (fig. 544). Apex du tubercule central court, obtus et émoussé.
dizaine de spécimens sont connus ; tous sont récents et Tubercules latéro-postérieurs plus ou moins marqués à effacés, longs, courbes
proviennent de forêts intactes ou peu perturbées par et quelque peu dirigés vers l’avant. Clypéus assez étroit. Mentum (fig. 545)
à disque convexe, avec des ponctuations sétigères éparses ; fossettes alaires
l’exploitation de grands arbres. Durant mes propres peu marquées, à peu près rondes, le tégument mat ou brillant avec quelques
recherches, je n’y ai trouvé aucun groupe familial dans des fortes ponctuations. Ligule et mentum plus petits (fig. 545).
troncs, ni aucun individu au piégeage lumineux ou au filet Pronotum (fig. 546). Fossettes marginales avec des ponctuations distinctes
plus ou moins fortes car le « pincement » postérieur est moins marqué.
d’interception. L’espèce est toutefois connue par les trois Mésosternum (fig. 547) comme V. charpentierae, mais plus petit.
méthodes grâce à d’autres collecteurs. Édéage (fig. 549). Longueur : 2,3 mm. Habitus trapu, subparallèle.
Paramères et phallobase séparés par une suture indistincte. Bord postérieur
HINCKS (1934) a confondu l’espèce avec V. libericor- légèrement concave. Ventral : phallus largement ponctué ; paramères et
nis, sur un spécimen de 37 mm du « Mt. Roraima, 1 050 m, phallobase hauts et courts. Dorsal : paramères convexes et bien apparents ;
locality between Guyana and Venezuela », pris par Quelch phallobase très étroite.
en 1899 (NHML). Depuis lors, aucun auteur, à part Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. charpentierae (voir affinités morphologiques).
REYES-CASTILLO (1973), BOUCHER (1986, 1987) et
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
FONSECA (1999), n’a, semble-t-il, connu l’espèce. autre V. (Veturius) : petite taille, ≤ 30 mm ; apex du tubercule central court
et obtus ; angle des rides frontales non crevassé à la base du tubercule central ;
fossettes latéro-frontales étroites et peu profondes ; aires latéro-frontales
32. Veturius (Veturius) christiani Boucher 1987 sétigères, les soies longues ; pronotum à fossettes marginales « pincées » en
(fig. 112, 193, 544-549 – 916, 920-921, 926) arrière, les angles latéro-postérieurs (vus de profil) nuls ; mésosternum glabre ;
métasternum à aires latéro-médianes glabres et lisses et fossettes profondes
Veturius assimilis Web. : KAUP 1871 : 111 (partim assimilis sensu Weber). mais peu élargies en arrière ; méso- et métatibias inermes, à fourches apicales
Veturius cephalotes Dej., Serv. : KAUP 1871 : 112 (partim sinuatus sensu courtes et étroites ; ponctuation élytrale peu distincte.
Eschscholtz, transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez). Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. charpentierae et de
Veturius assimilis (Weber) : BOUCHER 1986 : 498 (partim assimilis sensu V. libericornis (seul le premier est sympatrique). V. hermani, qui est peut-être
Weber, guyanensis). allopatrique, sinon parapatrique, et V. assimilis, du Brésil Atlantique, sont
Veturius christiani : BOUCHER 1987 : 370 (partim guyanensis). également très ressemblants de V. christiani, bien qu’ils appartiennent au
groupe « transversus ». On distinguera aisément V. christiani de ces espèces
comme suit :
Matériel type. Espèce décrite sur 11 exemplaires de Guyane De V. charpentierae : taille moindre (au moins 4 mm) ; pronotum plus
Française. Holotype P : GUYANE F. : « Guyane F., Maroni, étroit ; apex du tubercule central plus court et obtus ; angle des rides frontales
20 km aval du saut Hermina, H. Lourtau 1901 ». – Longueur non crevassé à la base du tubercule central ; dents dorso-mandibulaires courtes
et plus hautes ; ailes du mentum peu rétrécies en avant, les bords externes
totale : 27 mm (MNHN). Paratypes : Cayenne, Neuman 1851 peu arrondis ; massues antennaires courtes ; fossettes margino-pronotales
(MNHN O ) ; Guyane F., Charvein, R. Benoist 1914 moins « pincées » en arrière, les ponctuations distinctes partout.
(MNHN O) ; Cayenne / ex coll. Mniszech-ex Musaeo Van De V. libericornis : taille nettement moindre (au moins 8 mm).
Lansberge / Passalus [barré] Veturius assimilis Web., Cayenne, De V. hermani : tubercule central non tronqué en arrière ; mandibules
Mn. [dét. Kaup] (MNHN O) ; Cayenne / ex coll. H. Boileau à apex trifides et dents dorsales peu élevées ; aires latéro-frontales sétigères ;
fossettes latéro-frontales étroites, à bord antérieur ne dépassant pas du bord
1925 (MNHN P ) ; Guyane, Montsinery, Chemin des frontal ; apex antérieur de la ligule plus long que les côtés ; articles II des
Annamites, tronc, S. Boucher VI.1985 (MNHN* 2 O) ; Guyane, palpes labiaux microtuberculés ; pronotum à angles latéro-postérieurs (vus
Montsinery FRG., piège lumineux, S. Boucher -IRD VII.1985 de profil) nuls, les fossettes ponctuées et « pincées » en arrière ; pré-épimères
(MNHN*-IMEX* 2 O) ; Guyane, Montsinery, piège lumineux, avec des soies éparses ; mésosternum glabre.
De V. assimilis : tubercule central non tronqué en arrière ; bord antérieur
P. Bleuzen VIII.1985 (MNHN* O ) ; Guyane, Kourou- des fossettes latéro-frontales droits, ne dépassant pas du bord frontal ; articles
Montagne des Singes, filet d’interception, M. Duranton IV.1987 II des palpes labiaux microtuberculés ; pronotum à angles latéro-postérieurs
(MNHN* O). (vus de profil) nuls, les fossettes « pincées » en arrière ; pré-épimères avec

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

des soies éparses ; mésosternum glabre ; ponctuation élytrale peu ou pas du Surinam et de la Guyane Française, les Monts Tumuc-
distincte partout.
On se reportera également à V. lepidus Fonseca (ci-après), qui est très
Humac (point culminant < 900 m) forment peut-être la
voisin de V. christiani. Son statut douteux de bonne espèce, en raison du barrière qui isole l’espèce du Bassin Amazonien.
manque d’informations morphologiques, empêche une comparaison fiable.
Polymorphisme. Peu appréciable chez les spécimens connus. La grande taille Affinités chorologiques. Comme V. charpentierae en Guyane
(30 mm) de l’exemplaire du Brésil est exceptionnelle. Française.

Répartition géographique, distribution dans l’aire. Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce
Espèce connue avec certitude uniquement de Guyane récemment décrite est pourtant connue dans la littérature
Française (fig. 916). Il est très probable qu’elle soit répan- depuis plus de 150 ans ; elle a été confondue avec trois
due dans des formations forestières comparables du autres espèces, ce qui eut des conséquences taxinomiques
Surinam, de l’Amapá (Brésil), et dans une moindre mesure et biogéographiques importantes. Les premières confu-
du Guyana. Le spécimen de la collection Kaup (HLMD) sions, dues à PERCHERON (1835) et à KAUP (1871), ont
est sans doute originaire de l’Amapá. Dans le sud-ouest été reprises par tous les auteurs. Dans le présent travail,

Figures 537-549
Veturius (V.) groupe « libericornis », Massif des Guyanes. – 537-543, V. charpentierae Reyes-Castillo ; 544-549, V. christiani Boucher. – 537, 544, tête (dorsal),
tubercule central (537 polymorphe), mandibule (profil externe) ; 538, palpe labial ; 539, 545, ligule et mentum ; 540, 546, pronotum (dorsal, latéral) ; 541,
547, mésosternum et méta-épisterne ; 542, 548, protarsomère V ; 543, 549, édéage. – Échelles : 1 mm.

477
Stéphane Boucher

des recherches supplémentaires apportent une ultime 33. Veturius (Veturius) lepidus Fonseca 1999
correction à celles que j’avais déjà fournies (BOUCHER (fig. 916, 920-921)
1987). L’historique en est le suivant.
Veturius lepidus : FONSECA 1999 : 151 & fig. 1.
PERCHERON (1835) a décrit et figuré de Guyane un
« V. assimilis Weber ». Après lui, tous les auteurs, jusqu’à Matériel type. Espèce décrite sur 4 exemplaires du Brésil,
BOUCHER (1986) qui a cité de nouvelles captures en Amazonas. Holotype P, 3 paratypes O : BRÉSIL, AMAZO-
Guyane, ont repris cette localité au bénéfice de la même NAS : « Amazonas, São Gabriel da Cachoeira [< 200 m], Igarapé
espèce. BOUCHER (1987) a cependant montré que les Ira, J. Arias V.1977 » (Instituto Nacional de Pesquisas da
spécimens guyanais appartenaient en réalité à une espèce Amazônia, Manaus).
nouvelle, V. christiani, et que le véritable V. assimilis, décrit
de Rio, était endémique du Brésil Atlantique. Ainsi, le Remarques générales – La série type n’a pas été examinée
« V. assimilis » cité de Guyane par Percheron (qui n’était et le statut de l’espèce est incertain. La description origi-
toujours pas retrouvé), aurait été un V. christiani. nale manque de précisions indispensables. Toutefois, la
On sait à présent que ce spécimen est bien originaire combinaison de deux indications semble incompatible
de Guyane, mais c’est en fait un V. (Ouayana) guyanensis avec les autres espèces du groupe « libericornis » : la longueur
(voir cette espèce pour d’autres détails sur ce point, p. 543). totale de 28-30 mm et l’origine géographique (bassin du
On peut aussi affirmer que KAUP (1871) a examiné au haut Negro ; fig. 916). Le caractère morphologique
moins deux spécimens de V. christiani. L’un, dans la collec- rapproche, alors que la localité diffère beaucoup, de V. chris-
tion Kaup (HLMD), est étiqueté par lui « cephalotes Dej. tiani. Cette dernière espèce (non citée par Fonseca) est la
[Dejean], Zwergform [forme naine] » ; il est localisé du Brésil seule du groupe à être également de petite taille, tandis
(sans autre précision) et mesure 30 mm. Dans sa descrip- que le haut Negro est une région à la fois éloignée et dont
tion, on le reconnaît sans erreur par les indications : « Diese la faune des Veturius est majoritairement distincte de celle
Art variirt in der Grösse sehr, und es giebt Individuen von der du sud des Guyanes Atlantiques. Par ailleurs, la descrip-
Länge des assimilis.… Ein Individuum von 30 mm… Durch tion de V. lepidus ne permet de séparer l’espèce de V. char-
die Warze meiner Zwergform geht eine Querleiste ». L’autre pentierae que par un seul caractère (à nouveau la longueur
spécimen, dans la collection Mniszech (MNHN), est aussi totale, bien qu’elle soit cette fois un peu courte). Les autres
identifié par Kaup, mais comme « V. assimilis » ; il provien- caractères indiqués ne diffèrent en réalité pas du tout de
drait de « Guyana, Cayenne ». KAUP (1871) l’a d’ailleurs V. charpentierae ; on lit en effet : « Afasta-se de V. charpen-
comparé, à juste titre, avec son «cephalotes Dej. Zwergform», tierae pela quantidade menor de cerdas nas fossas frontais,
lorsqu’il a indiqué : « Kann nur mit Zwergformen des cepha- pelo lobo médio do edeago que é cilíndrico e pela arquitetura
lotes verwechselt werden» (1). Cette seconde citation de V. assi- dos parâmeros e da peça basal ».
milis de Guyane allait pérenniser celle de Percheron. En conclusion, il est prudent de maintenir V. lepidus
En conclusion, V. christiani n’a été vu, puis cité dans comme bonne espèce car ses dimensions et sa localisation
la littérature, que par KAUP (1871) et par BOUCHER (1986, semblent ne pas correspondre à celles de V. christiani. Si
1987). De plus, la confusion faite par Kaup entre V. chris- ce statut était confirmé, les deux espèces apparaîtraient être
tiani, V. sinuatus, V. sinuosus et V. transversus – espèces des espèces sœurs, issues d’une vicariance de part et d’autre
toutes regroupées sous le nom de « cephalotes », alors que des reliefs qui séparent le Bassin Amazonien et les Guyanes
ce dernier lui était inconnu – peut sembler invraisemblable, Atlantiques.
mais elle est pourtant certaine (voir ces espèces).
Après les spécimens cités par Kaup, V. christiani a été
Groupe « transversus »
rapporté plusieurs fois de Guyane, mais de façon très spora-
dique. En revanche, aucun spécimen n’a été repris avec Caractères généraux. Ce groupe de huit espèces repré-
certitude au Brésil. sente les Veturius types, sensu KAUP (1871). En dépit du
Les spécimens types du lieu-dit « Chemin des générotype V. heydeni, le nom de « transversus » est choisi
Annamites », près de Montsinery, proviennent d’une forêt car cette espèce est la plus connue et la plus citée dans la
très dégradée depuis l’implantation, au début du XXe siècle, littérature.
d’un camp minier pénitentiaire. La sylve climacique des Le monophylétisme du groupe « transversus » est
grands arbres a disparu et ne subsiste qu’une forêt basse et soutenu par les marges internes des fossettes métasternales
ouverte. La destruction de la forêt ne peut donc être la qui sont nettes (car. 52). Toutefois, cette synapomorphie
seule cause de la rareté locale de l’espèce. n’est pas pleinement convaincante. Par ailleurs, on notera
les fossettes margino-pronotales marquées et ponctuées
(mais qui ne sont jamais aussi larges et aussi profondes
(1) Ce spécimen fait partie de la série type de V. christiani (BOUCHER 1987). que dans le groupe « platyrhinus »), ainsi que le mésoster-
Il n’avait pas été fait référence, dans la description, à l’étiquette de Kaup. num abondamment sétigère. Ce dernier caractère est sans

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

doute homologue de celui des groupes « ecuadoris » et 2. Apex mandibulaire bifide (fig. 550). Massues antennaires
« cephalotes » ; il n’existe chez aucun autre groupe du sous- longues (fig. 552). [Aires latéro-post-frontales glabres.
genre Veturius. Apex antérieur des canthus oculaires obtus, bien arrondi,
ne dépassant pas l’œil (fig. 550). Méso- et métatibias avec
Le groupe « transversus » est scindé en deux sous- une épine nette (fig. 560). Protibias non élargis (fig. 559).
groupes : Tarsomères V longs et fins (fig. 561). Aires latéro-médianes
– « transversus » (six espèces), caractérisé par les mandi- du métasternum sétigères (fig. 556). Longueur totale :
bules plutôt courtes (car. 1) et par les marges externes 34-41 mm. Brésil Atlantique, sud du Plateau Brésilien] . . .
des fossettes latéro-frontales qui sont élevées (car. 27) ; . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) transversus (Dalman)
– « heydeni » (deux espèces), caractérisé par la présence – Apex mandibulaire trifide (fig. 563, 571). Massues anten-
d’un sillon net et complet entre les paramères et la phal- naires courtes (fig. 572, 581) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.
3. Protibias élargis (fig. 575). Fossettes margino-pronotales
lobase de l’édéage (car. 87).
réduites et strictement latérales (fig. 573). Apex antérieur
La plupart des espèces du groupe « transversus » sont des canthus oculaires droit ou peu arrondi, dépassant légè-
connues depuis longtemps, mais toutes ont été beaucoup rement l’œil (fig. 570). Aires latéro-médianes du métas-
confondues car elles sont peu dissemblables. Pourtant, toutes ternum glabres (fig. 574). Méso- et métatibias avec une
épine nette (fig. 576). [Aires latéro-post-frontales glabres.
ont aussi d’excellents caractères taxinomiques externes. Tarsomères V longs et fins (fig. 561). Longueur totale :
Deux synonymes et une « variété » doivent être élevées au 31-41 mm. Brésil Atlantique] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
rang de bonnes espèces et deux espèces sont inédites. . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) simillimus Kuwert n. stat.
– Protibias non élargis (fig. 559). Fossettes margino-prono-
Le rapprochement taxinomique des espèces du groupe
tales prolongées jusqu’à l’angle pronotal antérieur
n’a pas fait l’objet d’une attention particulière des auteurs. (fig. 583). Apex antérieur des canthus oculaires bien
Toutefois, celles qui sont propres au Brésil Atlantique, s.l., arrondi ne dépassant pas l’œil (fig. 578). Aires latéro-
ont toujours été réunies avec les autres Veturius de la région. médianes du métasternum sétigères (fig. 585). Méso- et/ou
Ce critère est strictement faunistique car il y existe une métatibias avec une petite à très petite épine (fig. 586).
espèce du groupe « cephalotes » (V. sinuatus) et une autre [Aires latéro-post-frontales glabres (fig. 578). Tarsomères V
du groupe « platyrhinus » (V. yahua). Par ailleurs, les Veturius longs et fins (fig. 561). Longueur totale : 29-33 mm. Brésil
du Brésil Atlantique ayant été les plus étudiés du genre, Atlantique] . . V. (Veturius) munitus Luederwaldt n. stat.
on pourrait croire qu’ils sont parmi les mieux connus, en 4. Longueur totale < 31 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.
particulier suite au travail de LUEDERWALDT (1931). En – Longueur totale > 33 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.
5. Aires latéro-post-frontales sétigères et apex mandibulaire
réalité, on observe de profondes erreurs taxinomiques, trifide (fig. 588). Antennomères VIII moins longs ou aussi
donc chorologiques. Sur ces points, et compte tenu du longs que les IX ou X (fig. 591). Fossettes margino-prono-
nombre d’espèces en jeu, le groupe « transversus » est assez tales fortement ponctuées (fig. 592). Ponctuation élytrale
comparable au groupe « platyrhinus ». fine mais bien marquée partout (fig. 596, 597). Aires
latéro-médianes du métasternum glabres (fig. 595). [Brésil
La répartition géographique du groupe « transversus » Atlantique] . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) assimilis (Weber)
est sud-américaine et couvre un immense territoire : depuis – Aires latéro-post-frontales glabres et apex mandibulaire
les Andes de Colombie occidentale et la Cordillère Costale bifide (fig. 601). Antennomères VIII plus longs que les
du Venezuela, passant par Trinidad, jusqu’au sud du Brésil IX ou X (fig. 603). Fossettes margino-pronotales à peine
Atlantique. Les altitudes s’échelonnent de 0 à plus de ponctuées (fig. 604). Ponctuation élytrale très fine, invi-
2 500 m. Les deux sous-groupes phylogénétiques ci-dessus sible partout (fig. 606). Aires latéro-médianes du métas-
établis se distinguent également par leurs répartitions ternum sétigères (fig. 605). [Guyana, versant est du Massif
géographiques et éco-altitudinales : de Pacaraima] . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) hermani n. sp.
6. Tarsomères V courts et épais (fig. 568). Dents mandibu-
– le sous-groupe « transversus » est répandu dans tout le laires infra-apicales très réduites (fig. 563). [Calus humé-
sous-continent, sauf sur les reliefs andins et leur marge raux glabres. Amérique du Sud, à l’est des Andes, au sud
Pacifique : Massif des Guyanes, Trinidad, Bassin des cordillères vénézuéliennes et au nord-ouest du Brésil
Amazonien, plusieurs grandes vallées intra-andines, Atlantique] . . . . V. (Veturius) sinuosus (Drapiez) n. stat.
Plateau Brésilien et Brésil Atlantique ; – Tarsomères V longs et fins (fig. 621). Dents mandibulaires
– le sous-groupe « heydeni » est montagnard et bipolarisé infra-apicales développées (fig. 616) . . . . . . . . . . . . . . . . 7.
entre la Cordillère Costale (Venezuela) et les Andes 7. Calus huméraux avec des soies regroupées en touffe
nord-occidentales (Colombie). (fig. 612). Tubercule central fin ; apex aigu libre (fig. 608).
[Venezuela, Cordillère Costale] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) heydeni (Kaup)
Clé des espèces – Calus huméraux glabres ou presque. Tubercule central
épais ; apex droit à obtus non libre (fig. 616). [Colombie,
1. Méso- et / ou métatibias épineux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Cordillères occidentale et Centrale] . . . . . . . . . . . . . . . . . .
– Méso- et métatibias inermes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Veturius) patinoi n. sp.

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Stéphane Boucher

34. Veturius (Veturius) transversus Veturius transversus var. trituberculatus (Eschsch.) (syn. trapezoides (Kaup)) :
LUEDERWALDT 1931 : 42 (partim simillimus sensu Kuwert).
(Dalman 1817) Veturius transversus var. trituberculatus Eschsch. : HINCKS & DIBB 1935 :
(fig. 113, 550-562 – 918, 920-921, 926) 27 (catal.).
Syn. : V. trapezoides (Kaup 1871)
Passalus Transversus : DALMAN 1817 : 333.
Pleurostylus trapezoides : KAUP 1871, 26.
Passalus Transversus Sch. : DEJEAN 1821 : 62.
Pleurostylus Trapezoides Kaup : KUWERT 1891 : 176.
Passalus : LACORDAIRE 1830 : 273 (partim spp. indét.).
Pleurostilus trapezoides Kaup : KUWERT 1898 : 138.
Passalus Transversus Dalman (syn. Sinuosus Drapiez, Cephalotes Le Peletier
& Serville, Trituberculatus Eschscholtz, Sinuatus Eschscholtz.) : Veturius trapezoides Kaup (syn. Veturius sp.) : ARROW 1907 : 450.
PERCHERON 1835 : 94 (partim sinuosus sensu Drapiez). Veturius trapezoides (Kaup) (syn. transversus var. trituberculatus (Eschsch.)) :
Passalus Transversus Schönherr (syn. Assimilis Latreille [sinuosus sensu LUEDERWALDT 1931 : 42 (partim simillimus sensu Kuwert).
Drapiez]) : DEJEAN 1836, 1837 : 195 (partim sinuosus sensu Drapiez). Veturius trapezoides Kaup : LUEDERWALDT 1934a : 374.
Passalus Transversus Dalman : PERCHERON 1841 : 37 (partim sinuosus sensu Veturius trapezoides Kaup (syn.) : HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.).
Drapiez). Veturius trapezoides (Kaup) : BOUCHER 2004 : 111 (type).
Passalus Transversus Dalman (syn. Sinuosus Drap., Cephalotes Lep. & Serv., Syn. : V. similior Kuwert 1890
Sinuatus Esch.) : HOPE & WESTWOOD 1845 : 8 (partim sinuosus sensu Veturius similior : KUWERT 1890 : 100 (partim sinuosus sensu Drapiez ;
Drapiez ?). simillimus sensu Kuwert).
Passalus transversus Dalm. (syn. sinuosus Drap.) : BURMEISTER 1847 : 511 Veturius Similior Kuw. : KUWERT 1891 : 173, 1898 168 (partim sinuosus
(partim sinuosus sensu Drapiez). sensu Drapiez ; simillimus sensu Kuwert ; patinoi).
Passalus transversus Dalm. (syn. sinuosus Drapiez, cephalotes St. F. & Serv., Veturius similior Kuwert (syn. simillimus Kuwert) : MOREIRA 1922 : 262 &
sinuatus Eschsch.) : SMITH 1852 : 11 (partim sinuosus sensu Drapiez). fig. 9 ; 1925 : 24 & pl. 2 fig. 2.
Passalus transversus Dalm. : LACORDAIRE 1856 : 47 (catal.). Veturius similior Kuwert (syn.) : LUEDERWALDT 1931 : 42 (partim simillimus
Passalus validus Burmeister : REDTENBACHER 1867 : 50. sensu Kuwert) ; HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.).
Passalus cephalotes Serv. : KAUP 1868 : 27 (partim sinuosus sensu Drapiez,
sinuatus sensu Eschscholtz). Syn. : V. staudingeri Kuwert 1891
Passalus transversus Dalm. (syn. trituberculatus Esch.) : KAUP 1868 : 29 Veturius Staudingeri : KUWERT 1891 : 173, 1898 : 168.
(partim sinuosus sensu Drapiez, simillimus sensu Kuwert). Veturius Staudingeri Kuwert (syn. simillimus Kuwert) : MOREIRA 1922 : 262
Passalus transversus Dalm. (syn. Assimilis Latreille [sinuosus sensu Drapiez], & fig. 9 ; 1925 : 24 & pl. 2 fig. 2.
sinuosus Drapiez) : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 974 (catal.). Veturius staudingeri Kuwert (syn.) : LUEDERWALDT 1931 : 42 (partim
Veturius cephalotes Dej., Serv. : KAUP 1871 : 112 (partim sinuosus sensu simillimus sensu Kuwert) ; HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.).
Drapiez, sinuatus sensu Eschscholtz).
Veturius transversus Dalm. (syn. trituberculatus Esch.) : KAUP 1871 : 113 Matériels types
(partim sinuosus sensu Drapiez, simillimus sensu Kuwert).
Veturius transversus Dalm. : KUWERT 1898 : 170 (partim sinuosus sensu
V. transversus (Dalman) – Décrite de Rio de Janeiro sur n exem-
Drapiez) ; PANGELLA 1905b : 2. plaire(s) de Schönherr.
Veturius simillimus Kuwert : GRAVELY 1918 : 36 ; MOREIRA 1922 : 262 &
fig. 9 ; 1925 : 24 & fig. 2. Remarques sur l’espèce et sur le matériel type. Le « type »
Veturius transversus Dalm. : MOREIRA 1922 : 269 ; 1925 : 26 (catal.). reçu du NHRS n’est en réalité aucune des espèces du Brésil
Veturius transversus (Dalm.) (syn. simillimus Kuwert) : LUEDERWALDT 1931 : Atlantique car c’est un V. cephalotes. Il est étiqueté « Brasilia,
42 (partim simillimus sensu Kuwert, munitus sensu Luederwaldt, sinuatus Kreuger / 5 88 / Passalus transversus Dalm ». La première étiquette
sensu Eschscholtz).
est ancienne, mais elle n’est pas manuscrite par Dalman (son
Veturius transversus Dalm. : HINCKS & DIBB 1935 : 26 (partim sinuosus sensu
Drapiez, simillimus sensu Kuwert ; catal.). écriture m’est connue par d’autres types de lui). La dernière
Veturius transversus (Dalman) : PEREIRA 1941 : 37 (partim simillimus sensu étiquette est écrite au stylo à bille.
Kuwert). De plus, la description originale prouve que l’espèce de
Veturius transversus Dalm. : DOESBURG 1942b : 330 (catal.) ; GUÉRIN 1953 : Dalman ne peut être V. cephalotes car on y lit : «… elytris imber-
244 (catal.).
Veturius transversus (Dalm.) : PEREIRA & KLOSS 1966 : 44 (partim ?) ;
bis punctato-striatis… barba humeralis nulla ». Or, le spécimen
VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim sinuosus sensu Drapiez, reçu a les calus huméraux pubescents, comme les ont tous les
simillimus sensu Kuwert). V. cephalotes ; ce n’est donc pas le type, ni un syntype, et malgré
Veturius transversus : TOLEDO PIZA 1968 : 28 (catal.). l’obligeance des collègues du NHRS, une nouvelle recherche est
Veturius transversus (Dalman) : REYES-CASTILLO 1970 : 165 (partim simillimus restée vaine. Il devient alors nécessaire de désigner un néotype,
sensu Kuwert) ; REYES-CASTILLO 1973 : 1548 (partim sinuosus sensu
Drapiez) ; BOUCHER 1986 : 499 (partim sinuosus sensu Drapiez) ; COSTA mais au préalable, quelle est le taxon de Dalman ?
& FONSECA 1986 : 58 & fig. 1-16, 41-44 (partim sinuosus sensu Drapiez, Il est aujourd’hui peu probable qu’une espèce de Veturius
simillimus sensu Kuwert [?], tarsipes) ; COSTA et al. 1988 : 107 & pl. 30 soit inconnue du Brésil Atlantique, surtout de la région de Rio.
(partim sinuosus sensu Drapiez ?). On peut alors considérer sans risque qu’il y existe cinq espèces :
Veturius transversus Dalman : FONSECA & RIBEIRO 1993 : 231 (partim
sinuosus sensu Drapiez).
V. transversus sensu auct., V. assimilis, V. munitus, V. simillimus et
[?] Veturius transversus (Dalman) : MEDEIROS et al. 2004 : 86 (sinuosus sensu V. sinuatus. La description de V. transversus, bien que courte et
Drapiez ?). sans figure, permet d’en éliminer trois : V. sinuatus (grpe « cepha-
Syn. : V. trituberculatus (Eschscholtz 1829) n. syn. lotes», qui a les calus huméraux pubescents), V. assimilis et V. muni-
Passalus trituberculatus : ESCHSCHOLTZ 1829 : 26, 1831 : 336. tus (de trop petites tailles, Dalman indiquant « Magnitudo fere
Passalus Trituberculatus Eschscholtz. (syn.) : PERCHERON 1835 : 94 ; HOPE P. interrupti », soit une longueur supérieure à 38 mm, en réfé-
& WESTWOOD 1845 : 8 ; BURMEISTER 1847 : 511 ; SMITH 1852 : 11 ; rence au Passalus interruptus de Linné). Quant aux deux autres
KAUP 1868 : 29 ; GEMMINGER & HAROLD 1868 (catal.).
Veturius trituberculatus Eschscholtz (syn.) : KAUP 1871 : 113. ; PANGELLA
espèces, on peut se fier à l’indication : « Mandibulae… apice 3-
1905b : 2. dentatae & latere inferiore dentibus nonnullis armatae ». Or, l’apex
Veturius trituberculatus Eschsch. : MOREIRA 1922 : 269 ; 1925 : 26 (catal.). mandibulaire est bifide chez le V. transversus habituel des auteurs

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

et trifide chez V. simillimus, qui est moins commun. Ce carac- Par la suite, LUEDERWALDT (1931, 1934a) a mis l’espèce en
tère, très stable chez les deux espèces, est un excellent critère. synonymie avec V. transversus var. trituberculatus, puis HINCKS
Enfin, Dalman a ajouté : « Thorax… sulco intramarginali [fossettes & DIBB (1935) comme synonyme de V. transversus.
marginales] profundo haud punctato », ce qui semble mieux corres-
V. similior Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s) de
pondre au V. transversus s. auct., qu’à V. simillimus. Les autres
« Cayenne, Brasilia ». Peu après, K UWERT (1891) a indiqué
caractères décrits ne permettent pas de dissocier avec certitude
« Columbia, Brasilia ? », puis (1898) « Columbien, Bahia ». Avec
les deux espèces.
de telles origines, il est clair que Kuwert a confondu plusieurs
À défaut de preuve matérielle, j’ai conservé le nom de trans-
espèces, notamment V. sinuosus (pour les localités de Guyane et
versus pour l’espèce à apex mandibulaire bifide car c’est celle qui
de Colombie) et V. transversus et (ou) V. simillimus (pour la loca-
a été majoritairement identifiée comme tel dans la littérature et
lité du Brésil). Les collections examinées ont fourni onze exem-
dans les collections.
plaires identifiés par Kuwert, lesquels prouvent une triple confu-
Néotype P (présente désignation) : BRÉSIL, RIO DE
sion avec V. transversus, V. simillimus (Brésil) et V. patinoi
JANEIRO : « Brésil, prov. Rio de Janeiro, Districto de San Fidelis
(Colombie) (MNHN, IRSN, NHMV, MUHD). Aucun V. sinuo-
[± 10 m], Sto. Antonio dos Brotos, A. Vincent de Lyon 1876-
sus n’a été trouvé, ce qui correspond pourtant formellement à
1882 ». – Longueur totale : 39 mm (MNHN, déposé au NHRS).
l’espèce pour la localité guyanaise. Dans le catalogue de l’ex
Ce spécimen légèrement immature appartient à une série, ce qui
collection Kuwert, OBERTHÜR (1933) a noté trois exemplaires
facilitera toute future étude de l’espèce en l’absence du type (voir :
apud Kuwert, du Brésil (sans autre précision).
autre matériel examiné).
Dans la description originale, KUWERT (1890) a indiqué :
V. trituberculatus (Eschscholtz) n. syn. – Espèce décrite de « Tibiae mediae unidentatae, posteriores uno vel duobus dentibus
Rio de Janeiro sur n exemplaire(s) de la collection Eschscholtz. tenuis simus praeditae ». Cela suggère qu’à cet instant Kuwert
Deux exemplaires « types » m’ont été communiqués. L’un est n’avait pas sous les yeux V. sinuosus, puisque l’espèce n’a que très
récent et son étiquette est écrite au stylo à bille. L’autre, de la rarement les méso- et (ou) métatibias finement épineux (de l’ordre
même espèce, est ancien et porte une étiquette d’identification de 2‰). Par contre, V. transversus et V. simillimus ont toujours
d’Eschscholtz. E SCHSCHOLTZ (1829, 1831) a indiqué : ces épines développées. En conséquence, on considère comme
« Longitudine 18 linearum, ater… mandibulae apice bidentatae… matériel type les spécimens du Brésil (sans autre précision), syno-
Elytra ante humeros leavissima glabra », ce qui correspond tout à nymes de V. transversus et qui sont étiquetés par Kuwert dans sa
fait à ce spécimen. Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : collection. Lectotype (présente désignation, sexe indét.) :
BRÉSIL, RIO DE JANEIRO : « trituberculatus Esch., Brasilia, BRÉSIL : « similior Kuw., Brasil [dét. Kuwert] / ex Musaeo
A.F. Manjav » – Longueur totale : 37 mm (MZUM). A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 37 mm. Paralectotypes :
PERCHERON (1835) a mis l’espèce en synonymie avec V. trans- id., 2 ex (MNHN).
versus, ce qu’ont accepté à peu près tous les auteurs jusqu’à ce MOREIRA (1922) a mis en synonymie V. similior avec V. simil-
que H INCKS & D IBB (1935), après les incertitudes de limus, mais sans argument. LUEDERWALDT (1931), qui consi-
LUEDERWALDT (1931), l’aient revalidée comme « variété ». dérait V. simillimus comme synonyme de V. transversus, a mis
V. trapezoides (Kaup) – Espèce décrite sur n exemplaire(s) V. similior en synonymie avec ce dernier. Ainsi, V. similior est
d’« Afrique ? » (NHML). Selon ARROW (1907), « le » spécimen parvenu à son statut actuel par une voie arbitraire.
provenait des récoltes du naturaliste italien Lacerda, à Bahia V. staudingeri Kuwert – Décrite sur n exemplaire(s) de « Rio ».
(Brésil), de la première moitié du XIXe siècle. J’ignore la source K UWERT (1898) a précisé : « Rio de Janeiro ; Theresopolis ».
de cette assertion que ne laisse nullement comprendre l’éti- Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : BRÉSIL, RIO
quette, puisqu’elle indique « India ». Toutefois, d’autres spéci- DE JANEIRO : « Rio / Staudingeri Kuw., Rio [dét. Kuwert] / ex
mens conspécifiques, ou des V. simillimus, qui semblent avoir Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 40 mm (MNHN).
été pris par Lacerda au Brésil, ont aussi été retrouvés (FMNH, Paralectotypes : « Therézopolis [870 m] / Coll. C. Van Volxem /
NHMN, IRSN). Sauf contrordre, on considérera donc valide ex Musaeo A. Kuwert 1894 » (MNHN 1 ex, IRSN 2 ex).
la localité type corrigée par Arrow. Lectotype (dés. BOUCHER L’espèce est indistincte de V. transversus. Son processus de
2004, sexe indét.) : BRÉSIL, BAHIA : « Pleurostylus trapezoides mise en synonymie par M OREIRA (1922), suivi par
Kp. [dét. Kaup] / Type / India / 60-15 E.I.C. ». – Longueur LUEDERWALDT (1931), est le même que pour V. similior.
totale : 37 mm (NHML).
V. trapezoides a été décrit dans le genre Pleurostylus Kaup. Description. Habitus allongé. Coloration noir brillant dessus et dessous.
ARROW (1907), qui a mis l’espèce en synonymie avec V. gabo- Taille moyenne à grande. Longueur totale : 34-41 mm ; largeur
nis (syn. de V. assimilis), mais avec doute, et le genre en synony- maximale : 11-14 mm aux élytres.
mie avec Veturius, a écrit avec raison : « The genus Pleurostylus Tête (fig. 550). Tubercule central conico-pyramidal, court, large et bombé
en arrière, l’apex droit à obtus et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs bien
owes its existence only to the exigencies of the Kaupian system.… marqués, longs, entièrement courbes, l’extrémité contiguë avec le sillon post-
Veturius trapezoides… should never have been described and least frontal. Tubercules tentoriaux peu marqués à presque effacés. Rides frontales
of all by a name selected to perpetuate an error ». Du fait de l’ap- postérieures presque droites et bien à très bien marquées depuis l’apex du
plication du système quinaire, Kaup a pu avoir placé son espèce tubercule central, puis souvent quelque peu effacées et faiblement convergentes
à proximité des tubercules internes. Tubercules internes bien marqués, l’apex
dans un genre et dans une sous-famille différents de Veturius, émoussé. Angle des rides frontales aigu à droit, mamelonné. Aire médio-
dans la mesure où ce dernier comprenait déjà cinq espèces dans frontale convexe, très lisse ou ridée transversalement. Clypéus étroit, en forme
une sous-famille de cinq genres. d’accolade bien marquée ; angles antérieurs droits à aigus, obliqués en avant

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Stéphane Boucher

et visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges, assez profondes, Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
fortement rebordées sur leur marge externe, les angles bien arrondis ; marge autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; tubercule central court, non
antérieure effacée ou obliquée en arrière vers le tubercule interne ; marge tronqué en arrière, l’apex droit à obtus ; apex mandibulaires bifides ; fossettes
postérieure obliquée en avant vers le tubercule interne. Aires latéro-frontales latéro-frontales larges, assez profondes, fortement rebordées sur leur marge
glabres et lisses. Angles antérieurs de la tête à peine convexes à nuls. Canthus externe, les angles bien arrondis, la marge postérieure obliquée en avant
oculaires courts, subparallèles; apex antérieur très obtus et arrondi ne dépassant vers le tubercule interne, la marge antérieure effacée ou obliquée en arrière
pas l’œil. Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes, vers le tubercule interne ; aires latéro-post-frontales glabres ; fossettes margino-
en partie sétigères. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur net, pronotales assez larges, peu profondes, antérieures ; mésosternum largement
chagriné. Ligule à apex antérieur simple et court ; aire médio-postérieure ponctué et sétigère ; aires latéro-antérieures et latéro-médianes du
étroite et faiblement tuberculée sur les côtés. Mentum à disque légèrement métasternum finement ponctuées et sétigères, les soies longues et abondantes ;
convexe, avec quelques ponctuations sétigères postérieures ; ailes assez longues, calus huméraux glabres ; protibias non élargis ; méso- et (ou) métatibias
couvertes de soies éparses, les fossettes peu marquées et les côtés faiblement avec une courte épine, les spolons supérieurs courts et droits ; tarsomères
cintrés. Article II des palpes labiaux allongé (fig. 553), assez fortement élargi V longs et fins.
vers l’apex, deux fois plus long que le III qui est petit et trapu. Labre
quadratique, assez court et rétréci en avant ; bord antérieur concave. Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. simillimus, V. munitus et
Mandibules plutôt courtes et peu cintrées ; apex bifides, les dents inférieures surtout V. sinuosus, avec lesquels elle est sympatrique dans tout ou partie de
assez larges et bien arrondies ; dents dorsales hautes et courtes (fig. 551), son aire de répartition. On séparera donc V. transversus comme suit :
l’apex émoussé, droit à obtus ; fossettes infra-basales bien marquées. Massues De V. sinuosus : habitus un peu plus étroit et plus allongé ; clypéus plus
antennaires allongées (fig. 552) ; articles de longueur généralement égale ; étroit ; marge postérieure des fossettes latéro-frontales obliquée en avant
article apical bien arrondi extérieurement. vers le tubercule interne ; apex mandibulaires bifides ; pronotum moins
Pronotum (fig. 554). Bord antérieur bilobé. Angles antérieurs arrondis, transverse, les angles antérieurs moins arrondis, les fossettes plus larges et
abaissés ou non. Sillon marginal élargi, assez profond ; lisse, atteignant près moins ponctuées, surtout antérieurement ; mésosternum sétigère de part et
de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes d’autre de la ligne axiale ; méso- et (ou) métatibias épineux ; tarsomères V
latérales antérieures, larges et plus ou moins couvertes de ponctuations assez longs et fins.
fortes, rondes ou transverses. Pubescence des pré-épisternes assez dense et De V. simillimus : clypéus moins convexe, plus large, en forme
longue, visible en vue dorsale de l’insecte. Pré-épimères avec des soies espacées d’accolade mieux marquée, les angles antérieurs davantage exposés et bien
à denses partout, mais surtout postérieures. visibles en vue dorsale ; fossettes latéro-frontales plus larges, plus profondes
Mésosternum (fig. 555) largement ponctué et sétigère sur les côtés et davantage rebordées sur leur marge externe ; distance séparant les
antérieurs et plus ou moins de part et d’autre de la ligne axiale ; tégument tubercules internes moindre ; apex antérieur des canthus oculaires très
mat couvrant les côtés antérieurs et tout ou partie de la ligne axiale ; ailleurs obtus, bien arrondi, ne dépassant pas l’œil ; yeux plus grands ; mandibules
glabre, lisse et brillant. à apex bifides et dents dorsales plus hautes mais plus courtes ; massues
Métasternum (fig. 556) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes avec antennaires plus longues ; pronotum à angles antérieurs moins arrondis, à
une fine et dense ponctuation sétigère partout, sauf en bordure des fossettes. sillons margino-antérieurs plus larges et plus longs, à fossettes plus larges
Fossettes assez profondes et étroites en avant ; peu profondes à peu marquées et antérieures ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères
mais bien élargies en arrière ; ponctuées et sétigères comme précédemment. au moins en partie ; protibias normalement élargis ; épines méso- et
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de rares et très courtes soies métatibiales petites à très petites.
éparses. Stries peu profondes, les ponctuations fines à très fines et peu distinctes De V. munitus : taille supérieure ; habitus plus massif ; clypéus moins
(fig. 557-558). Profil antérieur vertical. Ailes normalement développées. convexe, plus large, en forme d’accolade mieux marquée ; tubercule central
Pattes. Fossettes procoxales larges, concaves, surtout en avant où le non tronqué en arrière ; fossettes latéro-frontales plus profondes et plus larges ;
bourrelet marginal est épais, et couvertes de soies. Protibias (fig. 559) avec massues antennaires plus longues ; mandibules à apex bifides et dents dorsales
3-4 épines courtes d’inégales longueurs, plus la fourche apicale. Mésotibias plus hautes mais plus courtes ; pronotum plus transverse, les fossettes plus
(fig. 560) avec une petite à très petite épine post-médiane ; pubescence longue larges ; mésosternum sétigère de part et d’autre de la ligne axiale.
et dense ; arêtes supérieures légèrement convexes sur presque toute leur
longueur ; fourches apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins, courts Polymorphisme. Espèce relativement polymorphe, en particulier les caractères
et droits. Métatibias id., mais les soies moins nombreuses et l’arête supérieure suivants : taille (± 7 mm) ; habitus plus ou moins allongé et étroit ; écartement
nulle. Tarsomères fins, les V allongés (fig. 561). des tubercules internes ; ponctuation sétigère des aires latéro-antérieures du
Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII plus ou moins marqué métasternum plus ou moins étendue ; méso- et (ou) métatibias épineux ou
sur les deux tiers de sa longueur apicale. inermes (très rarement les quatre identiques) ; ponctuation des stries disco-
Édéage (fig. 562). Longueur : 2,5 mm. Habitus allongé, subparallèle. élytrales distincte ou non. Malgré cela, la somme des caractères clés évite toute
Bord postérieur légèrement bilobé. Paramères et phallobase séparés par une confusion avec une autre espèce, sympatrique ou non.
suture indistincte. Phallus grand et largement ponctué. Ventral : paramères Ce qu’a écrit LUEDERWALDT (1931) pour son « V. transversus » est donc
allongés et étroits ; phallobase courte et large. Dorsal : paramères et phallobase faux (il a confondu, en plus, au moins quatre espèces, dont le synonyme
limités à un fin liseré sclérotisé. V. trituberculatus) : « A presente especie varia extraordinariamente,
Derivatio nominis. Du pronotum plus transverse que celui d’un Passalus. principalmente nos caracteres da cabeça, mas tambem na ponteação das areas
Le caryotype déterminé par VIRKKI & REYES-CASTILLO (1972), sur intermedias [métasternum] e armação das tibias [épines], o que aliás não é
des exemplaires de El Salvador, ne peut être de cette espèce si la localité est de estranhar dado a grande distribuição geographica da especie (America Central
juste, mais plutôt de V. sinuatocollis (1). até Sul do Brasil). Comparando-se exemplares com area frontal [aire frontale
antérieure] lisa e outros com a area frontal fortemente rugosa, a differença é
Larve décrite par COSTA & FONSECA (1986) du Brésil (états de Goiàs, bastante notavel, mas as transições demonstram que não se trata de caracter
Mato Grosso, Minas, Rio, São Paulo). Dans le sud du Mato Grosso, V. sinuosus especifico. O mesmo se dá com os dentes terminaes das mandibulas [dents infra-
et V. transversus sont sympatriques. La première espèce figure alors peut-être apicales]… ». Luederwaldt a donné aussi une clé d’identification des
dans ce matériel. J’ai examiné des larves de V. sinuosus du Mato Grosso et principales « formes » de l’espèce, dans laquelle on retrouve une partie des
du Rondônia. Elles correspondent fidèlement à celle décrite et figurée par caractères non ambigus qui séparent le véritable transversus de Dalman de
ces auteurs, notamment la chétotaxie. En revanche, les spécimens cités du V. simillimus et de V. sinuosus. Pour ce qui concerne V. sinuosus, cette
Pérou (Cuzco : Machu Picchu) sont des V. tarsipes (voir p. 465). confusion est prouvée par le matériel que Luederwaldt a cité du Pará et du
Venezuela (MZSP).
En tant que principal réviseur de la faune du Brésil, LUEDERWALDT
(1) V. sinuatocollis (groupe d’espèces homonyme), est l’espèce méso-américaine (1931) est celui qui s’est le plus longuement exprimé sur le polymorphisme
qui ressemble le plus à V. transversus. Il n’a toutefois jamais été pris avec de l’espèce s. auct., mais il est évident que d’autres spécialistes ont partagé
certitude à El Salvador ou au Guatemala (voir p. 413). le même point de vue erroné, en particulier Hincks.

482
Figures 550-569
Veturius (V.) groupe « transversus ». – 550-562, V. transversus (Dalman), Brésil Atlantique, s. l. ; 563-569, V. sinuosus (Drapiez), Guyano-Amazonie. – 550,
563, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 551, mandibule (profil externe) ; 552, 564, massue antennaire ; 553, palpe
labial ; 554, 565, pronotum (dorsal, latéral) ; 555, 566, mésosternum ; 557-558, stries latéro- et disco-élytrales I-III ; 559, protibia (dorsal) ; 560, mésotibia
(latéral) ; 561, 568, protarsomère V ; 562, 569, édéage. – Échelles : 1 mm.

483
Stéphane Boucher

Répartition géographique. L’espèce occupe un très vaste ries longeant les cours d’eau. Les Passalides de ces régions
territoire dans le Brésil Atlantique et dans la moitié sud sont peu connus, mais le rôle de « couloir » de ces forêts
du Plateau du Mato Grosso (fig. 918). On peut établir humides, enclavées dans les cerrados entre l’Amazonie et
qu’elle existe, du nord vers le sud, depuis le Nordeste le Brésil Atlantique, fait peu de doute concernant V. trans-
(Pernambuco et Bahia orientaux) jusqu’au Misiones argen- versus et V. sinuosus.
tin et au Rio Grande do Sul ; d’ouest en est, depuis le sud Parmi les autres Veturius, V. sinuatus (grpe « cephalotes »),
du Plateau du Mato Grosso et la vallée du Paraguay (Mato peut-être aussi V. yahua (grpe « platyrhinus ») dans quelques
Grosso, Paraguay) jusqu’à l’Atlantique. stations, sont les seules espèces sympatriques.
Elle est aujourd’hui répertoriée avec certitude, au Brésil,
Remarques taxinomiques et historiques. Depuis
du sud du Mato Grosso, Pernambuco, Bahia, Goiás,
LACORDAIRE (1833) et PERCHERON (1835), V. transver-
Espirito Santo, Minas, Rio, São Paulo, Paraná, Santa
sus a été confondu par tous les auteurs et avec de
Catarina, Rio Grande do Sul ; au Paraguay, de Concepción
nombreuses espèces (à peu près toutes celles de son groupe
et de Guairá ; en Argentine, de Misiones.
et plusieurs d’autres groupes). Pourtant, les auteurs ont
De nombreuses localités ne sont connues que par du
aussi laissé comprendre que cette espèce était l’une des
matériel du XIXe siècle. On peut alors penser que l’espèce
mieux connues du genre. Il faut rappeler ici qu’à l’origine
s’est fortement raréfiée dans les régions ayant subi une
des confusions taxinomiques, dans la littérature, figure
importante destruction de leurs forêts humides. C’est à
l’emprunt courant des citations antérieures. On peut alors
dire dans la plupart des états du Brésil et dans le sud-est
penser que bien des erreurs auraient été évitées si les auteurs
du Paraguay.
avaient vu toutes les espèces en jeu.
La présence de l’espèce dans les états brésiliens d’Alagoas,
Parmi les spécialistes les plus connus, on peut noter
Sergipe (Nordeste) et Mato Grosso do Sul, ainsi qu’en
KUWERT (1891), qui a cité V. trituberculatus (syn. de trans-
Argentine (nord du Corrientes), ne fait pas de doute, bien
versus) d’Amazonie ; c’est en fait un V. sinuosus (MNHN).
qu’aucun spécimen n’en soit connu. La citation du Rio
GRAVELY (1918) a cité des « V. simillimus » de Bahia. Ils
Grande do Norte (Baía Formosa ; MEDEIROS et al. 2004)
n’ont pas été examinés ici, mais l’auteur a précisé : « The
doit être confirmée, une confusion avec V. sinuosus (Drapiez)
mandibles resemble those of V. unicornis » ; or, ce dernier a
étant possible. Par contre, toutes les localités citées de
l’apex mandibulaire bifide. Les autres caractères décrits
Guyano-Amazonie, des Andes ou de Méso-Amérique sont
montrent que ce sont en réalité des V. transversus. Gravely
dues à des confusions, principalement avec V. sinuosus,
a d’ailleurs comparé cette espèce avec d’autres qui sont tout
V. ecuadoris, V. boliviae, V. patinoi et V. sinuatocollis.
aussi distinctes que V. unicornis, comme V. sinuatosulcatus
Distribution dans l’aire. Espèce assez polyvalente dans (syn. V. sinuatocollis) et V. spinifer (syn. V. standfussi).
ses étages forestiers, ce qui est typique des endémiques du LUEDERWALDT (1931), qui avait étudié le plus grand
Brésil Atlantique. Ainsi vit-elle aussi bien en forêt ombro- nombre de Veturius du Brésil Atlantique, a pourtant
phile planitiaire qu’en forêt mésophile de montagne, où confondu toutes les espèces, sauf V. assimilis ; d’abord parce
elle atteint plus de 1 500 m d’altitude. Toutefois, la majo- qu’il était persuadé du fort polymorphisme de chacune
rité des spécimens examinés provenant de 600 à 900 m, d’elles, ensuite parce qu’il s’est fié exagérément à GRAVELY
l’espèce semble surtout abondante dans l’étage mixte ombro- (1918) et à MOREIRA (1922, 1925). Concernant V. trans-
mésophile des versants des serras. Par ailleurs, sa présence, versus, sa confusion avec plusieurs espèces est évidente après
ou ce qu’il en reste, n’est pas exclue des forêts à Araucaria, qu’il a indiqué : « Pódem-se distinguir duas formas princi-
compte tenu des anciennes localités certifiées et de l’éten- paes ligadas entre si por transições… » : la « forme type trans-
due qu’occupaient jadis ces formations, avant leur quasi- versus » (en réalité V. sinuosus, V. simillimus et des V. sinua-
destruction (voir LINDMAN & FERRI 1974; MAACK 1968 ; tus de la « petite forme de l’Est ») ; la « var. trituberculatus »
SCHNELL 1987 ; HARCOURT & SAYER 1996 ). (indistincte du taxon nominal) ; enfin, ses curieux hybrides
nomenclaturaux « transversuscephalotes » et « cephalotestrans-
Affinités chorologiques. Dans le Brésil Atlantique des versus » (qui incluent en fait des V. transversus, V. sinuatus
serras, V. transversus est sympatrique avec V. simillimus, et V. simillimus).
V. assimilis (Minas, Espirito Santo, Rio, São Paulo, Paraná,
Santa Catarina) et V. munitus (Minas, Rio et São Paulo). Sur le plan historique, V. transversus a été rapporté
L’espèce est aussi sympatrique avec V. sinuosus, mais seule- depuis longtemps du Brésil Atlantique, surtout des envi-
ment dans l’extrême ouest de son aire de répartition ; c’est- rons de Rio. La plupart des collections anciennes la contien-
à-dire dans le Corridor Paraguayen (bassins du Paraguay et nent.
du Paraná, depuis le Mato Grosso jusqu’au Misiones). Eschscholtz a décrit le synonyme trituberculatus à partir
D’autres zones de contact entre les deux espèces existent de ses propres récoltes, lors du voyage du Rurick, en 1815.
probablement sur les Plateaux du Mato Grosso et Brésilien, Les spécimens de Vauthier ont été pris entre 1831 et 1833
en particulier dans le Goiás et le Minas, via des forêts-gale- dans les états de Rio et de Minas (MNHN) ; celui de

484
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Gaudichaud-Beaupré, entre 1817 et 1836, sans doute à 1885 (MNHN 1 ex) ; Brasil, Minas Gerais, ex coll. Fruhstorfer 1897 (MNHN
2 ex) ; Sete Lagoas [760 m], Reinhardt / cephalotes Serv. [dét. ?] (ZMC 3 ex) ;
Rio (MNHN), quoique le naturaliste a rapporté égale- Brasilien, Minas Geraes, João Monlevade [± 750 m], Itabira, P. Balch-Barth
ment des Insectes des états de São Paulo, Bahia, Santa II.1939 (ZMC 1 ex) ; Brasil, M.G., Serra do Caraça, XII.1972 (MZSP 1 ex) ;
Catarina et Mato Grosso. L’expédition à laquelle a parti- M.G., Viçosa [650 m], III.1986 (IMEX 2 ex) ; Minas Geraes / Coll.
cipé Castelnau, de 1843 à 1847, est à l’origine de ses spéci- V. Doesburg via Plason (NNML 1 ex) ; Brasilien, Minas Gerais (MNHB
1 ex) ; Minas Geraes / V. transversus var. trituberculatus Esch., det. Hincks
mens des environs de Rio (MNHN). Ceux de Gounelle (SMTD 1 ex) ; Minas Geraes / ex coll. Knirsch, ex coll. K. Brancsik 1955 /
et de Germain proviennent de leurs récoltes dans le Minas, V. transversus, det. Pereira 1959 (FMNH 2 ex) ; Brazil, Minas Geraes, Vicosa,
en 1884-1885 (MNHN). Ceux du zoologiste autrichien I.1930 / Y. Mexia / V. transversus Dalm., det. Doesburg (CASC 2 ex). –
Zelebor proviennent sans doute encore de Rio, de l’expé- ESPIRITO SANTO : Brésil, E. Santo, 40 km N.N.E. Linhares, < 500 m,
Cl. Villemant XI.2000 (MNHN O) ; Brasil, Espirito Santo / V. similior Kuw.,
dition de la Novara, de 1857 à 1859 (NHMV). Ceux du said to be det. by Kuwert / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 3 ex) ;
danois Reinhardt (ZMC) sont dus à l’expédition de la Brasilien, Esp. Santo (IMEX 1 ex) ; Brasil, Espiritu Santo (ZISL 1 ex) ; Brasilia,
Galathea, entre 1845 et 1847, ou bien de ses voyages Esp. Santo (MNHB 1 ex) ; Brasil, Espirito Santo, ex coll. Fruhstorfer / ex
coll. Horrell / V. transversus Dalm., det. Zang (MUHD 1 ex) ; Espr. Santo /
personnels, de 1850 à 1856. Le spécimen attribué à Lacerda V. transversus Dalm., det. Endrödi (MTMA 1 ex) ; Brasilien, Espirito Santo,
(FMNH) a peut-être été récolté par lui, entre 1818 et 1850, A. Böttcher / V. similior Kuw. / Zang det. (DEIE 3 ex) ; Brasil, Espirito Santo,
mais ce naturaliste séjourna surtout dans le Pará, où l’es- Santa Leopoldina [15 m], H. Rolle (SMTD 1 ex) ; Brasilien, Esp. Santo, Miss.
pèce semble absente (sauf peut-être dans l’extrême sud). Mus. Steyl / V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1957 (MHNB 4 ex) ; Brazil,
Espiritu Santo, Mun. Conceição da Barra, 12 km E Pedro Canário [150 m],
Enfin Ohaus, vers 1900, a récolté l’espèce dans les états de Fazenda Klabin, J.P. Abravaya XII.1972 (LACM 3 ex) ; Brazil, Espiritu Santo,
Rio, Santa Catarina et Paraná et Haensch, en 1893-1894, Mun. Castelo, 3 km NE Forno Grande [± 100 m], J.P. Abravaya II.1973
à Bahia (MNHB). Aucune donnée n’a été trouvée sur les (LACM 1 ex). – RIO DE JANEIRO : id. néotype (MNHN, 82ex.) ; Rio,
éventuelles récoltes de Tarnier, en 1860 (MSNG), ni sur de Castelnau 1844 (MNHN 3 ex) ; Rio Janeiro, VIII.1871 / ex coll. H. Boileau
1925 (MNHN 1 ex) ; Brésil, Therésopolis (MNHN 1 ex) ; Brésil, Rio de
celles d’Udekem d’Acoz, vers 1870 (IRSN). Janeiro, Dupuy 1909 (MNHN 2 ex) ; Rio Jo. (MNHN 1 ex) ; Brésil, Rio de
Janeiro, Nova Friburgo, Macaé de Cima, sous écorce, 1 400 m, N. Dégallier
Autre matériel examiné. Environ 335 ex. (MNHN* O) ; Brasil, E. Rio, S. Fidelis [15 m], O. Alvaranga VII.1956
BRÉSIL (sans autre précision) : Brasilia / Brasilia, Cayennae, P. transversus (MZSP 1 ex) ; Rio de Janeiro, Muller XI.1919 (SMNS 1 ex) ; RdJaneiro,
Schönherr [dét. Dejean, ex.-coll. Dejean, < 1836] / P. transversus Schönh., Itatiaya [± 1 000 m], Zikan (NNML 1 ex) ; Maromba [Itatiaia, ± 1 000 m],
Colomb., Cay., Brasilia [dét. Thomson] / Ex. Musaeo J. Thomson (MNHN RdJaneiro / Coll. V. Doesburg via Plason (NNML 4 ex) ; Rio de Janeiro,
1 ex) ; Brésil, Gaud. [Gaudichaud-Beaupré, < 1836] (MNHN 1 ex) ; Brésil, Seitz XI.1926 (FISF 1 ex) ; R. d. Janeiro, Itatiaya, F. Ohaus / V. transversus
Vauthier [1831-1833] (MNHN 2 ex) ; Brésil, transversus [dét. Kaup] / ex Dalman, det. Luederwaldt (MNHB 3 ex) ; R. d. Janeiro, Petropolis [± 800 m],
Musaeo Mniszech [< 1880] (MNHN 2 ex) ; Brésil 1915 / ex coll. Michel F. Ohaus (MNHB 4 ex) ; R.d. Janeiro, Maromba (SMTD, 1 ex) ; Rio de
1992 (MNHN* 1 ex) ; Brésil, ex coll. F. Fleutiaux 1951 (MNHN 2 ex) ; Janeiro / V. cephalotes St. Fargeau, det. Endrödi (CVM 1 ex) ; Brésil, Rio de
Brésil, ex coll. Bugnion (MNHN 1 ex) ; Brasilien / V. transversus Dalm. [dét. Janeiro, Mendes [± 400 m], XI.1937, Le Moult vendit (IRSN 3 ex) ; Brasil,
Kaup] (HLMD 1ex); Brasilien / V. cephalotes St Fargeau. [dét. Kaup] (HLMD Mendes, 90 km Rio de Janeiro, Le Moult XI.1937 (IRSN 17ex) ; Brésil, Rio
5 ex) ; Brasilien (PAIZ 5 ex) ; Brésil, Coll. Melly 600-1 (MHNG 2 ex) ; Brésil / de Janeiro, d’Udekem d’Acoz 1870 (IRSN 1 ex) ; Zelebor, « Novara » (NHMV
ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Brasilia, Coll. E. Frivaldszky / 2 ex) ; Montagne des Orgues, Massif de la Tijuca / Wagner 1904 (NHMV
Passalus transversus Schön. / V. simillimus Kuw., det. Endrödi (MTMA 2 ex) ; 1 ex) ; Brasil, Rio de Janeiro, Itatiaia, B. Malkin III.1960 (FMNH 1 ex) ;
Brasil, Wagner (MTMA 1 ex) ; Brasilien / Coll. Felsche 1918 (SMTD 2 ex) ; Brasil, R. Janeiro, Itatiaia, Dirings I.1967 (MZSP 1 ex) ; Brazil, Rio de Janeiro,
Brasilien (MNHB 1 ex) ; Brésil, R. Vitalis de Salvaza I.1924 (IRSN 1 ex) ; Corcovado, S.A. Fragoso I.1969 / V. transversus (Dalman), det. Reyes-Castillo
Brazil / V. similior Kuw., det. Gravely (NHML 3 ex) ; BZ / transversus 1984 (EMEC 1 ex) ; Brazil, Rio Janeiro / E.R. Leach collection (CASC 1 ex) ;
Percheron [dét. ?] (UMHO 5 ex) ; Brazil (UMHO 1 ex) ; Brasile, N. Badariolli Brasil, Rio de Janeiro, Tijuca, Joss III.1997 (CVM 2 ex). – SÃO PAULO :
1900 (MSNG 1 ex) ; Brésil, Lacerda / F. Psota Coll. / V. transversus, det.
São Paulo, S.P., Jardin d’Acclimatation [± 750 m], IX.1920 / ex coll. Michel
Pereira 1959 (FMNH 2 ex) ; Brazil (AMNH 1 ex) ; Brésil, Tarnier 1860 [?]
1992 (MNHN* 2 ex) ; Brasile, Santos [0 m], Andreini XII.1908 (MSNG
(MSNG 1 ex) ; Brazil / Hincks & Dibb coll. / Veturius transversus (Dalm.),
1 ex) ; S. Paulo, Garça [680 m], I.1950 (MZSP 2 ex) ; S. Paulo, S. Vicente
det Hincks (MUHD 5 ex) ; Passalus transversus Sch. [dét. Kaup] / Brasilia,
[0 m], X.1949 (MZSP 1 ex) ; Brazil, São Paulo, 850 m, near Salesopolis,
P. transversus Dalm. [dét. ?, même étiquette que lectotype de V. (Ouayana)
E.G.I. & E.A. Munrœ IX.1971 (IMEX 2 ex) ; Brasil, S. Paulo / Coll.
laevior (Kaup)] (ZSSM 1 ex) ; Brasil (ZSSM 5 ex). – GOIÁS : Brazil, D.F.
[Distrito Federal], Estacao Florestal Cabeca do Veado, 1 100 m, E.G.I. & V. Doesburg via Staudinger / V. transversus trituberculatus Esch., det. Dibb
E.A. Munrœ X.1971 (IMEX 2 ex ; MCNO 1 ex). – MATO GROSSO : (NNML 3 ex) ; Brasilia, Santos [0 m] / Coll. V. Doesburg via Plason /
Miranda to Cujaba [= Cuyaba = Cuiabá 180 m], Andeer XI.1894-II.1895 V. transversus Dalm., det. Doesburg (NNML 2 ex) ; Sao Paulo (MNHB 1 ex) ;
(MNHN 1 ex) ; Brasil, Mato Grosso, Sinop [400 m], M. Alvaranga X.1975 S. Paulo / V. similior Kuw. / Zang det. (DEIE 3 ex) ; Brasil, SP, São Roque,
(IMEX 3 ex) ; Brésil, Mato Grosso, J. Cassedanne / ex coll. Ph. Moretto 1999 Sitio Itatuba, 950 m / J. Sár III-V.1993 (MTMA 4 ex) ; Brazil, São Paulo,
(MNHN* 2 ex). – PERNAMBUCO : Pernambuco / V. transversus Dalm São Roque, Itatuba / J. Pál II.2000 (MTMA 1 ex) ; Brésil, San Paolo (ZFMK
[dét. Bates] / ex Musaeo H.W. Bates 1892 (MNHN 2 ex) ; Brasilien, 9 ex) ; S. Paulo / Coll. Fry 1905-100 / V. cephalotes (St. F. & Serv.), det.
Pernambuco, P. Ringler / V. vinculofoveatus Kuw. [dét. ?] (MUHD 1 ex) ; Gravely (NHML 2 ex) ; Brazil, São Paulo, São José dos Campos [600 m],
Brasilien, Pernambuco (SMTD 1 ex). – BAHIA : Brasilia, Bahia, Fruhstorfer / D.L. Tiemann X. 1960 (LACM 1 ex). – PARANÁ : Brésil, Paraná, Cachœira
ex coll. Sicard 1930 (MNHN 2 ex) ; Brésil, Bahia, Timbó, Amargosa [400 m], de Cima, 760 m (MNHN* 3 ex) ; Ipiranga [800 m], F. Ohaus / V. transversus
XII.1989 (MNHN 3 ex) ; BA, Lençois, F. Cordeiro [400 m] I.1993 (MZSP Dalman, det. Luederwaldt (MNHB 1 ex) ; Brazil, Parana, Caviúna [=
1 ex) ; Brasil, Bahia, Encruzilhada, 980 m, M. Alvaranga XI.1972 (IMEX Rolândia, ± 750 m], XII.1945 / A. Maller, Donor F. Johnson / V. transversus
7 ex) ; Bahia / Coll. Piesbergen 1929 / Coll. van Doesburg rec. 1973 / Dalman, det. Pereira 1958 (AMNH 2 ex) ; Brasil, Paraná, Rolandia [740 m],
V. transversus trituberculatus Esch., det. Doesburg (NNML 1 ex) ; Bahia, Dirings XI.1949-VII.1954 (MZSP 4 ex). – STA CATARINA : S. Catharina /
Haensch [1893-94] (MNHB 1 ex) ; Brésil, Bahia, Ilhéus [50 m], ex coll. Ex Musaeo J. Thomson (MNHN 12 ex) ; Sta Cathar., Joinville [0 m] / Coll.
J. Muller (IRSN 1 ex) ; Bahia, Lacerda / V. trapezoides Kp., det. Arrow (NHML Piesbergen 1929 / V. transversus trituberculatus Esch., det. Doesburg / Coll.
2 ex) ; Brazil, Bahia, D. Davis / V. transversus var. trituberculatus Eschsch., van Doesburg rec. 1973 (NNML 1 ex) ; S. Catharina, Joinville, F. Ohaus
det. Doesburg (CASC 1 ex). – MINAS GERAIS : Brésil, Caraça [500- III.1905 / V. transversus Dalman, det. Ohaus (MNHB 3 ex) ; Brasil, St.
1 000 m], P. Germain 1884 (MNHN 4 ex) ; Minas Gerais, Caraça, E. Gounelle Catarina / V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1957 (MHNB 1 ex). – RIO

485
Stéphane Boucher

GRANDE DO SUL : Brasilia, São Leopoldo [15 m], ex coll. F. Schneider / Veturius transversus (Dalman) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim
V. similior Kuw. / Zang det. (DEIE 1 ex). transversus sensu Dalman, simillimus sensu Kuwert).
PARAGUAY (sans autre précision) : Paraguay / ex Musaeo H.W. Bates Veturius boliviae Gravely : ENDRÖDI 1973 : 58.
1892 (MNHN 1 ex) ; Paraguay, Col. Thomson, C. Dlouhy IX.1978 (MHNG Veturius transversus (Dalman) : REYES-CASTILLO 1973 : 1548, 1584 (partim
1 ex) ; Paraguay, A. Böttcher / V. similior Kuw. / Zang det. (DEIE 1 ex). – transversus sensu Dalman).
CONCEPCIÓN : Paraguay, Horqueta, Alb. Schultze XI.1932 (FISF 1 ex). Passalus transversus [sensu Dejean et Di Breme, vers 1830] : GIACHINO 1982 :
– GUAIRÁ : Paraguay, Villarica, X.1934, Coll. Koller (MNHB 1 ex). 236 (partim sinuatus sensu Eschscholtz, standfussi sensu Kuwert).
ARGENTINE, MISIONES : Argentine / ex Musaeo Mniszech (MNHN Veturius transversus (Dalman) : BOUCHER 1986 : 499 (partim transversus
1 ex) ; Argentine, Misiones, Azara [< 500 m], IV.1984 (MNHN* 3 ex) ; sensu Dalman); COSTA & FONSECA 1986 : 58 & fig. 1-16, 41-44 (partim
Argentina, Misiones, Eldorado [< 500 m], A. Kovacs VI.1963 (IMEX 2 ex) ; transversus sensu Dalman) ; BOUCHER 1987 : 374 (partim transversus
Argentina, Misiones, Iguazú [< 500 m], R. Fœrster II.1982-XII.1983 (IMEX sensu Dalman).
3 ex) ; Argentina, Misiones, San Vicente [< 500 m], J.C. Nicolaus IX.1985- Veturius sinuosus (Drapiez) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505
II.1986 / V. transversus (Dalman), det. Clausen 1998 (UMSP 2 ex) ; Argentina, (sensu Boucher, pers. com. ; partim patinoi).
Misiones, Eldorado, A. Kovacs VI.1963 / V. transversus (Dalman), det. Reyes-
Veturius transversus (Dalman) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 :
Castillo 1974 (AMNH 1 ex) ; Argentina, Misiones, Loreto, XI.1958 /
505 (sensu Boucher, pers. com. ; partim patinoi) ; AGUIAR & BÜHRNHEIM
V. transversus Dalm. [dét.? récente dactylographiée] (ZSSM 3ex); Argentinien,
1992 : 196.
Misiones, Iguazu, Foerster IX-XI.1976 (SMNS 2 ex).
Veturius transversus Dalman : FONSECA & RIBEIRO 1993 : 231 (partim
Non localisés : N.c. Y [?] / V. similior Kuw., ipce vidit (NHMV 3 ex).
transversus sensu Dalman).
Veturius transversus (Dalman) : BÜHRNHEIM & AGUIAR 1995 : 60.
35. Veturius (Veturius) sinuosus Veturius sinuosus (Drapiez) : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80,
84 (sensu Boucher, pers. com.).
(Drapiez 1820) n. stat. Veturius transversus (Dalman) : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 :
(fig. 1, 183-184, 247-249, 563-569 – 918, 920-921, 926) 80 ; MOUZINHO & FONSECA 1998 : 19 ; REYES-CASTILLO & AMAT
GARCÍA 2003 : 47 (partim patinoi).
Cupes Sacharrobarba ruber : VOËT 1766 ? [<1806] : 49 & pl. 29, fig. 2 (nomen [?] Veturius transversus (Dalman) : MEDEIROS et al. 2004 : 86.
nudum).
Lucanus interruptus Linné : OLIVIER 1789 : 24 & pl. 3, fig. 5c (partim Passalus Syn. : V. carinaesternus Kuwert 1898 n. syn.
interruptus sensu Linné). Veturius cacinaesternus Kuw. [err. typo.] : KUWERT 1898 : 169.
Cupes Sacharrobarba ruber : PANZER 1793 [trad. VOËT] : 32 & pl. 29, fig. 2 ; Veturius carinaesternus Kuwert : HINCKS & DIBB 1935 : 24 (catal.) ; REYES-
VOËT 1806 : 49 & pl. 29, fig. 2. CASTILLO 1970 : 165 (catal.).
Passalus sinuosus : DRAPIEZ 1820 : 324 & pl. 76, fig. 3. Veturius carinaesternus Kuwert (syn. in lit.) : BOUCHER 1988b : 295.
Passalus : LACORDAIRE 1833 : 42 (partim spp. indét.).
Passalus Sinuosus Drapiez (syn. Transversus Dalman) : PERCHERON 1835 : Matériels types
94 & pl. 7, fig. 3 (partim transversus sensu Dalman).
Passalus Assimilis Latreille (syn. Transversus Schönherr) : DEJEAN 1836, 1837 : V. sinuosus (Drapiez) – Espèce décrite sur n exemplaire(s) du
195 (nomen nudum ; partim transversus sensu Dalman). Brésil (sans autre précision), dans la collection de l’auteur.
Passalus Transversus Dalman : PERCHERON 1841 : 37 (partim transversus
sensu Dalman). Remarques sur l’espèce et sur le matériel type. P.A.J.
Passalus Sinuosus Drap. (syn. Transversus Dalman) : HOPE & WESTWOOD Drapiez (1778-1856), né à Lille, a vécu longtemps à Bruxelles,
1845 : 8 (partim ?) ; BURMEISTER 1847 : 511 (partim transversus sensu où il fut directeur du Musée d’Histoire Naturelle. On peut lire
Dalman) ; SMITH 1852 : 11 (partim transversus sensu Dalman).
dans FAUVEL (1868) : « Le collège St. Michel [Bruxelles] renferme
Passalus transversus Dalm. : GUÉRIN-MÉNEVILLE 1855 : 590 (partim ?)
Passalus transversus Schœnh. : FAUVEL 1860 : 303. la collection d’insectes de Drapiez, intéressante surtout par les types
Passalus cephalotes Serv. : KAUP 1868 : 27 (partim transversus sensu Dalman, de cet auteur ». Cet établissement existe toujours, mais il n’a pas
sinuatus sensu Eschscholtz). répondu à ma demande concernant ces Insectes. Malgré d’autres
Passalus transversus Dalm. : KAUP 1868 : 29 (partim transversus sensu Dalman, recherches, je n’ai retrouvé nulle part, en Belgique ou en France,
simillimus sensu Kuwert). des Insectes décrits par Drapiez, ni aucun spécimen ancien iden-
Passalus sinuosus Drapiez (syn. Assimilis Latreille [sinuosus sensu Drapiez],
transversus Dalm.) : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 974 (catal.). tifié « Passalus sinuosus ».
Veturius cephalotes Dej., Serv. : KAUP 1871 : 112 (partim transversus sensu La description originale et illustrée du Passalus sinuosus, bien
Dalman, sinuatus sensu Eschscholtz). qu’assez sommaire, permet d’affirmer que l’espèce doit être reva-
Veturius transversus Dalm. : KAUP 1871 : 113 (partim transversus sensu Dalman, lidée. Outre la localité, l’habitus, l’architecture dorso-céphalique
simillimus sensu Kuwert).
[?] Passalus transversus Dalman : LUCAS 1885 : 62 [larva].
et la taille de près de 40 mm montrent qu’il s’agit d’une espèce
Veturius Similior Kuw. : KUWERT 1891 : 173 (partim transversus sensu Dalman, très voisine de V. transversus. De plus, l’auteur ayant indiqué
simillimus sensu Kuwert, patinoi). « … les élytres… leurs bords sont parfaitement glabres même vers les
Veturius Transversus Dalm. : KUWERT 1891 : 174. épaules… », cela exclut une synonymie avec V. cephalotes et
Veturius Trituberculatus Eschsch. : KUWERT 1891 : 174. V. sinuatus, tandis que les aires latéro-post-frontales glabres
Veturius Heydenii Kaup : KUWERT 1891 : 174. excluent cette fois V. libericornis et V. charpentierae. Reste donc,
Veturius similior Kuw. : KUWERT 1898 : 168 (partim transversus sensu Dalman,
simillimus sensu Kuwert, patinoi). parmi les Veturius voisins, d’Amazonie ou du Brésil Atlantique,
Veturius heydeni Kaup : KUWERT 1898 : 169. V. transversus et V. simillimus. Ce ne peut toutefois être aucun
Veturius transversus Dalm. : KUWERT 1898 : 170 (partim transversus sensu d’eux car les méso- et métatibias (figurés) sont inermes. Sur la
Dalman). même figure, le pronotum est très transverse, ce qui le différen-
Veturius trituberculatus Eschsch. : KUWERT 1898 : 170. cie aussi quelque peu de V. transversus (en dépit de cette homo-
Veturius trituberculatus (Eschsch.) : ROSMINI 1902 : 3 (partim ?).
Veturius transversus Dalm. : PRUDHOMME 1906 : 9 ; HINCKS & DIBB 1935 :
nymie). Enfin, l’apex des mandibules (figuré) est trifide, alors
26 (syn. sinuosus Drapiez ; partim transversus sensu Dalman ; catal.) ; qu’il est bifide chez V. transversus. Ces caractères montrent que
DOESBURG 1942b : 330 (catal.). la seule espèce que Drapiez a pu décrire est celle retenue ici.

486
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Compte tenu de la localité type et de la répartition générale paramères et phallobase courts et larges. Dorsal : phallobase à peine apparente
de l’espèce, il est vraisemblable que le spécimen vu par Drapiez par un étroit liseré sclérotisé.
provenait de basse Amazonie. Avant la redécouverte éventuelle Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. transversus.
de ce type, il est nécessaire qu’un spécimen de référence soit
nommé. Spécimen de référence P : BRÉSIL, PARÁ : « Brésil / Larve peut-être décrite comme « V. transversus » par LUCAS (1885), sur
Amazone inférieure / ex coll. M. Sédillot 1935 ». – Longueur des spécimens du Venezuela (Rio Marichal, Monagas), puis par COSTA &
FONSECA (1986), sur des spécimens du Brésil (Mato Grosso). Les autres
totale : 39 mm (MNHN). localités citées par ces auteurs (états de Minas, Rio et São Paulo au Brésil ;
V. carinaesternus Kuwert n. syn. – Espèce décrite sur n exem- prov. de Cuzco au Pérou), sont à rapporter au moins à V. transversus et à
V. tarsipes, respectivement (voir ces espèces).
plaire(s) de « Mexico ? ». Lectotype (présente désignation, sexe
indét.) : « carinaesternus Kuw., ? Mexico [dét. Kuwert] / ex Musaeo Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : 37 mm (MNHN). autre V. (Veturius) : taille moyenne à rarement grande ; tubercule central
court, non tronqué en arrière, l’apex droit à obtus ; apex mandibulaires
Ce spécimen immature est indistinct du taxon nominal. trifides, les dents inférieures très peu développées ; aires latéro-post-frontales
Dans la littérature, l’espèce a été maintenue valide car le type n’a glabres ; fossettes latéro-frontales larges, assez profondes, fortement
jamais été révisé. BOUCHER (1988b) a signalé la synonymie (sans rebordées sur leur marge externe, les angles bien arrondis, la marge
désignation du taxon nominal) et l’erreur de localité. On notera antérieure obliquée en arrière vers le tubercule interne, la marge postérieure
obliquée quelque peu en arrière vers la ride frontale ; fossettes margino-
que le spécimen identifié par Kuwert (NHMV) est postérieur à
pronotales peu élargies, peu profondes, antérieures ; mésosternum
la description, puisque sa localité d’origine est différente ; ce n’est largement ponctué et sétigère ; partie antérieure des aires latéro-médianes
donc pas un syntype. du métasternum ponctuées et sétigères ; calus huméraux glabres ; protibias
non élargis ; méso- et métatibias inermes, les spolons supérieurs courts et
Caractères diagnostiques. Habitus allongé, transverse.
droits ; tarsomères V courts et épais.
Taille moyenne à rarement grande. Longueur totale : 33-41 mm ; largeur
maximale : 12-14 mm aux élytres. Affinités morphologiques. On séparera deux sous-groupes géographiques
Tête (fig. 563). Tubercule central conico-pyramidal, court et légèrement d’espèces affines de V. sinuosus : celui du Brésil Atlantique (V. transversus,
bombé en arrière, l’apex droit à obtus, fin mais émoussé. Tubercules latéro- V. simillimus et V. munitus) et celui des Andes de Colombie (V. patinoi) et
postérieurs marqués, petits et courbes, l’extrémité n’atteignant pas le sillon de la Cordillère Costale du Venezuela (V. heydeni). Il n’est pas démontré que
post-frontal. Tubercules tentoriaux peu marqués à presque effacés. Rides toutes ces espèces sont sym- ou parapatriques avec V. sinuosus, mais on suppose
frontales postérieures d’abord bien marquées et peu divergentes depuis l’apex qu’elles peuvent l’être, du moins localement. V. transversus, en particulier,
du tubercule central, puis effacées et presque convergentes proche des est en partie sympatrique, alors que c’est l’espèce la plus ressemblante.
tubercules internes. Angle des rides frontales obtus et mamelonné. Aire V. sinuosus est la seule espèce de son groupe qui a les tarsomères V courts
médio-frontale légèrement convexe, lisse. Clypéus large et fin, en forme et épais (caractère bien visible et invariable). On distinguera aussi l’espèce
d’accolade bien marquée ; angles antérieurs droits à aigus, obliqués en avant comme suit :
et bien visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges, assez
profondes, les angles bien arrondis, bien rebordées partout ; marge antérieure De V. transversus : habitus un peu plus transverse ; clypéus plus large ;
obliquée en arrière vers le tubercule interne ; marge postérieure obliquée marge postérieure des fossettes latéro-frontales obliquée vers la ride frontale ;
quelque peu en arrière vers la ride frontale. Canthus oculaires allongés, pronotum plus transverse, les angles antérieurs plus arrondis, mais les fossettes
subparallèles ; apex antérieur très obtus et très arrondi ne dépassant pas l’œil. moins larges et plus ponctuées, surtout en avant ; mésosternum glabre de
Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur net, plus ou moins fin part et d’autre de la ligne axiale ; méso- et métatibias inermes.
ou chagriné. Ligule à apex antérieur simple et long. Ailes du mentum assez De V. simillimus : clypéus plus large, en forme d’accolade mieux
courtes et régulièrement cintrées sur les côtés. Mandibules plutôt courtes marquée ; fossettes latéro-frontales larges et assez profondes ; apex antérieur
et peu cintrées ; apex trifide, les dents inférieures peu à très peu développées des canthus oculaires obtus et très arrondi ; massues antennaires longues ;
(mais bien distinctes chez les immatures). Massues antennaires longues et pronotum transverse ; mésosternum glabre de part et d’autre de la ligne
bien arrondies (fig. 564). axiale ; protibias non élargis ; méso- et métatibias inermes, les spolons
Pronotum (fig. 565). Bord antérieur assez fortement bilobé. Angles supérieurs courts et droits.
antérieurs bien arrondis. Fossettes latérales antérieures, assez larges et chargées De V. munitus : taille supérieure ; habitus plus transverse ; clypéus large,
de ponctuations rondes et fortes partout. Pubescence des pré-épisternes dense en forme d’accolade bien marquée ; fossettes latéro-frontales larges et assez
et longue, bien visible en vue dorsale de l’insecte. Pré-épimères avec des soies profondes ; massues antennaires allongées ; aires latéro-médianes du
nombreuses partout. métasternum en partie sétigères seulement ; méso- et métatibias inermes.
Mésosternum (fig. 566) largement ponctué et sétigère sur les côtés De V. patinoi : fossettes latéro-frontales obliquées en arrière ; mandibules
antérieurs uniquement ; tégument mat couvrant les côtés antérieurs et tout courtes, à dents dorsales courtes et apex trifides, mais les dents inférieures
ou partie de la ligne axiale ; ailleurs glabre, lisse et brillant. très peu développées ; apex antérieur des canthus oculaires très obtus et très
Métasternum (fig. 556) à aires latéro-antérieures et la partie antérieure arrondi ; yeux davantage globuleux ; article III des palpes labiaux court ; côtés
des aires latéro-médianes avec une fine et dense ponctuation sétigère, sauf antérieurs du pronotum non à peu abaissés ; mésosternum glabre de part et
en bordure des fossettes. Fossettes assez profondes partout, bien élargies en d’autre de la ligne axiale.
arrière, ponctuées et sétigères comme précédemment.
De V. heydeni : comme V. patinoi, avec en plus les fossettes margino-
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies éparses. Stries pronotales plus larges, davantage ponctuées et les calus huméraux glabres.
peu marquées, les ponctuations fines partout et plus ou moins distinctes.
Pattes. Mésotibias (fig. 567) inermes ; pubescence longue et dense ; arêtes Polymorphisme. Espèce très peu polymorphe. La seule variabilité nette est
supérieures légèrement convexes sur presque toute leur longueur ; fourches la longueur totale (± 8 mm), qui semble beaucoup plus dépendante de facteurs
apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins, courts et droits. Métatibias extrinsèques (écologiques, surtout l’altitude), qu’intrinsèques (génétiques,
id., mais les soies moins nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères isolement géographique stricte). Les plus grands spécimens habitent le Bassin
épais ; les V courts (fig. 568). Amazonien et les Guyanes. On notera aussi l’extension des ponctuations
Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII plus ou moins marqué sétigères des aires latéro-antérieures du métasternum et la longueur du sillon
sur le tiers de sa longueur apicale. marginal du sternite VII. Enfin, contrairement à V. transversus, V. munitus,
Édéage (fig. 569). Longueur : 2,5 mm. Habitus allongé, subparallèle, V. sinuatus et V. yahua, l’absence de véritables épines latérales méso- et
peu sclérotisé. Bord postérieur légèrement bilobé. Paramères et phallobase métatibiales est quasi-permanente chez V. sinuosus (moins de 2‰ des
séparés par une suture indistincte. Ventral : phallus largement ponctué ; spécimens avec des ébauches épineuses).

487
Stéphane Boucher

Existence d’hybrides V. sinuosus x V. transversus ? – On doit remarquer n’ai pas vu non plus ce matériel, mais sa véritable iden-
à ce sujet les rares spécimens connus du Corridor Paraguayen, qui est l’extrémité
sud de l’aire de répartition de l’espèce (voir ci-après). Dans cette région,
tité est pratiquement certaine.
V. sinuosus est une espèce « intrusive », d’origine amazonienne. Il y est Du Brésil, il en est de même pour d’autres spécimens
naturellement beaucoup moins abondant que V. transversus et ce dernier doit identifiés «V. transversus». Certains sont de l’Amazonas (haut
exercer une forte concurrence écologique sur le premier. Or, on constate que
V. sinuosus emprunte à V. transversus plusieurs caractères morphologiques
rio Urubu et Coari – Carauari ; AGUIAR & BÜHRNHEIM
nets : habitus plus étroit, fossettes margino-pronotales plus larges en avant 1992, BÜHRNHEIM & AGUIAR 1995), du Manacapuru (rio
et tarsomères un peu moins courts et moins épais. Pour le reste, les caractères Solimões ; MOUZINHO & FONSECA 1998), et d’autres du
clés de V. sinuosus sont présents (notamment les méso- et métatibias inermes Pará (Serra Norte dos Carajás ; FONSECA & RIBEIRO 1993).
et l’apex des mandibules trifide). L’hypothèse d’une hybridation entre les
deux espèces est donc plausible. C’est le seul cas susceptible d’être avancé Dans ces régions, une confusion avec une autre espèce que
chez Veturius et le premier dans la famille des Passalidae. V. sinuosus est peu vraisemblable.

Répartition géographique. V. sinuosus a la plus vaste répar- Distribution dans l’aire. Espèce strictement inféodée à
tition du genre tout en étant strictement sud-américain : la forêt ombrophile de basse altitude. Presque tout le maté-
il occupe presque toute la moitié nord du sous-continent, riel examiné provient de moins de 600 m. Les altitudes
plus le Corridor Paraguayen (bassins supérieurs des rio plus élevées, entre 1000 et 1 200 m en Colombie et au
Paraguay et Paraná ; fig. 918). Venezuela, méritent d’être confirmées (les localités corres-
L’aire s’étend ainsi, du nord vers le sud, depuis le nord pondantes ne sont pourtant pas douteuses car elles sont
du Venezuela et Trinidad, jusqu’au nord du Misiones situées dans des contreforts ou des bassins versants internes).
(Argentine), et d’ouest en est depuis la haute vallée du rio Dans les Andes orientales, l’espèce penètre ainsi profon-
Magdalena (Colombie), ou depuis le bas piémont Andin dément dans les grandes vallées (Magdalena et Caquetá
(de la Colombie à la Bolivie), jusqu’à l’Atlantique. La limite en Colombie ; Huallaga, Pachitea et Madre de Dios au
sud, perturbée par le Corridor Paraguayen, est très diffé- Pérou). Au-dessus de 1 000 m environ, l’espèce est relayée
rente selon les régions. par celles des groupes « platyrhinus » et « ecuadoris ».
Une répartition régionale originale est celle du Corridor
Dans la littérature, les localités citées d’Amérique Paraguayen. La haute vallée du Paraguay, qui longe l’ouest
Centrale, des Andes centrales et occidentales de Colombie, du Mato Grosso et du Mato Grosso do Sul, est le seul secteur
des reliefs du Massif des Guyanes ou du Brésil Atlantique connu ayant permis le passage nord-sud de l’espèce, depuis
s. str., sont toutes erronées, ou le plus souvent dues à des l’Amazonie. A l’est du Corridor, l’espèce pénètre également
confusions d’espèces. On doit néanmoins suggérer, eu vers le sud, en empruntant des forêts-galeries du Plateau
égard à certaines localités septentrionales ou méridionales du Mato Grosso et du Goiás, mais ces voies sont progres-
confirmées, que V. sinuosus est en phase d’expansion vers sivement interrompues, en amont du Brésil Atlantique, par
l’intérieur des Andes et vers le Brésil Atlantique. le climat aride et sa végétation xérophile.
L’espèce est à présent connue avec certitude des régions En conclusion, V. sinuosus est typiquement guyano-
suivantes : Colombie (vallée du rio Magdalena dans le amazonien. Son caractère dominant (parmi les autres
Cundinamarca et le Huila, Casanaré, Meta, Caquetá, Veturius sympatriques), son fort pouvoir d’expansion et
Putumayo, Guainía, Vaupés, Amazonas) ; Venezuela son omniprésence dans l’ensemble du Bassin Amazonien,
(Miranda, D. F., Carabobo, Cojedes, Táchira, Monagas, expliquent qu’il a pu conquérir presque toutes les forêts
Sucre, Bolívar, Amazonas, Apuré) ; Trinidad, Guyana, humides de basse altitude situées au nord du Brésil
Surinam, Guyane F. ; Equateur (Napo, Pastaza, Morona Atlantique.
Santiago) ; Pérou (Loreto, San Martín, Junín, Huánuco,
Affinités chorologiques. Selon les régions, V. sinuosus est
Cuzco, Madre de Dios) ; Bolivie (La Paz, Beni) ; Brésil
sympatrique avec de nombreuses espèces de plaine, de
(Roraima, Amapá, Pará y compris l’île de Marajó,
plateau ou du bas piémont Andin :
Maranhão, Amazonas, Rondônia, Mato Grosso) ; Paraguay
• Entre l’Amazonie centre-orientale et le Massif des
(Alto Paraná) ; Argentine (nord du Misiones).
Guyanes : V. charpentierae, V. christiani (grpe « libericor-
D’Équateur, la localité du Morona Santiago (Valle nis »), V. hermani (grpe « transversus »), V. cephalotes (grpe
Santiago : < 1 000 m d’altitude) est empruntée à ROSMINI homonyme), V. (Ouayana) guyanensis, V. paraensis,
(1902), qui a confondu l’espèce avec V. trituberculatus V. negroensis, V. punctatostriatus, V. unicornis et V. amazo-
(syn. V. transversus). Je n’ai pu examiner ces spécimens, nicus.
mais la présence de V. sinuosus dans le secteur ne fait pas • En Amazonie occidentale : V. libericornis, V. yahua
de doute (il est donc pointé sur la carte de répartition). (grpe « platyrhinus »), V. (Ouayana) punctatostriatus,
Quant à la localité du Putumayo (aussi pointée sur la V. unicornis, V. amazonicus et V. dominicae.
carte), elle est empruntée à REYES-CASTILLO & AMAT • Dans le Corridor Paraguayen et sur les Plateaux du
G ARCÍA (2003), qui ont signalé « V. transversus » de Mato Grosso et Brésilien : V. transversus, V. assimilis (grpe
Guerrero (près San Fransisco ; < 1 000 m d’altitude). Je « transversus ») et V. sinuatus (grpe « cephalotes »).

488
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Une parapatrie n’est pas à exclure avec d’autres espèces DRAPIEZ (1820) est le premier a avoir redécrit l’espèce
connues, ou supposées présentes, sur des bas versants : en la distinguant clairement des autres Passalus et en lui
dans le Massif du Pacaraima avec V. jolyi (grpe « cepha- attribuant un nom respectant le principe binominal. Par
lotes »), V. (Ouayana) bleuzeni et V. magdalenae ; sur le contre, il ne connaissait sans doute pas la publication du
piémont Andin avec V. guntheri (grpe « platyrhinus ») et P. transversus de Dalman (1817), puisqu’il a écrit : «… la
V. libericornis (grpe homonyme). conformation du vertex, toute différente de celle d’aucun autre
Passale, et la plupart des autres caractères que nous avons
Remarques taxinomiques et historiques. Outre l’éten- décrits, nous ont décidés à ne le point confondre parmi les
due de son territoire et son caractère dominant en Guyano- espèces connues ». Par la suite, P. sinuosus tomba en désué-
Amazonie, l’espèce occupe une place importante dans l’his- tude presque complète et fut confondu par tous les auteurs,
torique du genre et de la famille. surtout avec V. transversus, dès sa mise en synonymie par
Citations – VOËT (1766 ?, 1806) (1), l’un des premiers, PERCHERON (1835) et par DEJEAN (1836). Le matériel
a décrit des Passalides, dont un du Surinam sous le nom cité dans la littérature, ou identifié dans les collections,
de Cupes Sacharrobarba ruber. Le spécimen correspondant prouve la permanence de cette erreur. On se reportera à
n’a pas été retrouvé, mais il figure dans l’ouvrage Pl. XXIX, ce sujet – en plus des remarques ci-dessous – à l’index
fig. 2 (reproduit ici fig. 247). C’est un immature rouge nomenclatural et au matériel examiné.
brique (d’où son nom trinominal) représenté en trois
dimensions et selon des proportions très fidèles (ce qui LACORDAIRE (1833) a connu l’espèce par ses récoltes
n’est pas une règle à l’époque). L’échelle implique une en Guyane, parmi d’autres espèces qu’il a confondues ; un
longueur d’environ 35 mm. On y distingue le corps spécimen est dans la collection Dejean in Thomson
convexe, les massues antennaires triphylles plutôt courtes (MNHN). Le « Passalus Assimilis Latreille ; Cayennae,
et arrondies, le tubercule central court, le pronotum très Brasilia », cité par DEJEAN (1836, 1837), est peut-être l’un
arrondi et au bord antérieur bilobé, le vertex et les calus de ceux de Lacordaire, puisque l’on sait que Dejean reçut
huméraux glabres, les protibias non élargis et les méso- et des Passalides de Guyane, précisément de Banon et de
métatibias inermes. Grâce à ces caractères et à l’origine Lacordaire. De ce fait, dans la collection Dejean, la localité
géographique, on peut être sûre que c’est un V. sinuosus. « Cayennae » correspondrait au spécimen de Lacordaire et
Cette espèce est donc le premier Veturius décrit. De plus, « Brasilia » au véritable V. transversus. Enfin, contrairement
on notera que PERCHERON (1835) avait eu pleinement à d’autres auteurs, Dejean n’a pas confondu V. cephalotes
raison d’indiquer, au sujet de « Passalus Transversus avec V. sinuosus ou V. transversus, ce qui méritait d’être souli-
Dalman » : « Vœt, Cat. Syst. Coleopt.… fig. 2 ? ». gné. Dans leur catalogue, GEMMINGER & HAROLD (1868)
ont mis ainsi en synonymie, avec raison, le « P. Assimilis » de
OLIVIER (1789) a aussi décrit et illustré un Passalide Dejean avec « V. transversus », mais rien ne prouve ce qui,
néotropical, de « Surinam, Cayenne, Antilles », sous le nom du bien fondé ou de l’arbitraire, a précédé cet acte.
de Lucanus interruptus L. Les détails morphologiques et les
localités d’origine qu’il en a donné montrent que quatre PERCHERON (1835, 1841) a mis V. sinuosus en syno-
espèces sont confondues : trois Passalini (2) et un Proculini. nymie avec V. transversus, alors qu’il n’avait sous les yeux
Ce dernier (Pl. III, fig. 5c), reproduit ici fig. 248, est un que la première espèce. La description et la figure qu’il en
immature brun clair d’un peu plus de 30 mm. Bien qu’il donne le prouvent : « Les mandibules… tridentées, mais les
soit stylisé par rapport à celui de Voët, on distingue le bord deux dentelures supérieures [dents médio- et supra-apicales]
antéro-pronotal bilobé et les massues antennaires triphylles plus apparentes que la troisième… Le corselet [pronotum]
et courtes, ce qui est suffisant pour identifier avec certitude est beaucoup plus large que haut… ; les fossettes méso-ster-
un Veturius. En revanche, l’habitus et les méso- et métati- nales… une agglomération oblique de poils fins les remplace;…
bias inermes ne permettent pas, à eux seuls, d’atteindre l’es- Cette espèce est commune au Brésil et à Caïenne… ». Ces
pèce sans un certain doute. Quant à la collection Olivier, caractères sont propres à V. sinuosus. Toutefois, je n’ai pas
récemment intégrée au MNHN, elle comprend divers retrouvé de spécimen de l’espèce identifié par lui, contrai-
Passalides, dont deux ont une étiquette de fond de boîte rement à V. transversus.
manuscrite : «interruptus L., Cayennae». L’un est un Passalus Il semble que H OPE & W ESTWOOD (1845),
interruptus, l’autre un V. sinuosus immature et brun clair. BURMEISTER (1847) et SMITH (1852) n’ont pas connu
L’identité du Veturius d’Olivier semble confirmée. l’espèce ; aucun spécimen identifié « transversus » par l’un
d’eux n’a été retrouvé. KAUP (1868, 1871) et KUWERT
(1891, 1898) l’ont confondue, en particulier avec V. simil-
limus, V. heydeni et V. sinuatus. Kuwert n’a d’ailleurs iden-
(1) Concernant les différentes éditions, voir infra, p. 318. tifié comme « V. heydeni » que des V. sinuosus de Guyane
(2) Passalus unicornis Le Peletier & Serville, des Petites Antilles, P. interruptus
(L.) et une autre espèce continentale du même groupe que celui-ci, mais plus (MNHN, IRSN), alors qu’il a redécrit ce dernier sous le
petite et non identifiée. nom de V. carinaesternus !

489
Stéphane Boucher

Concernant la Guyane, la plupart des autres spécimens vers 1 500-2 000 m, voire plus. En conséquence, tous les
publiés ont été examinés (MNHN) : FAUVEL (1860), spécimens (examinés depuis) sont des V. sinuosus, sauf celui
P RUDHOMME (1906), R EYES -C ASTILLO (1973) et du Risaralda, qui est un V. patinoi. Ces distinctions alti-
BOUCHER (1986, 1987). tudinales corroborent parfaitement la systématique.
Du Brésil, les publications récentes montrent que
Les publications traitant d’espèces non guyanaises ne V. sinuosus (plus V. simillimus, V. tarsipes et V. arawak) a
permettent jamais, en l’absence des spécimens, de recon- été confondu sous le nom de « V. transversus » (COSTA &
naître avec certitude V. sinuosus. Ainsi GUÉRIN-MÉNEVILLE FONSECA 1986, AGUIAR & BÜHRNHEIM 1992, 1998,
(1855), qui a étudié les Passalides rapportés d’Equateur FONSECA & RIBEIRO 1993, BÜHRNHEIM & AGUIAR
par le naturaliste italien G. Osculati (1847-1848), a cité 1995). Très peu de ces échantillons m’ont été accessibles
des « P. transversus ». Ils sont préservés au MSNT mais n’ont et certains sont discutés dans la répartition géographique.
pu être vus. Osculati a réalisé un transect d’exploration On notera toutefois que FONSECA & RIBEIRO (1993)
depuis Quito jusqu’à l’Atlantique, en suivant le rio Napo ont indiqué : « as mandibulas bidentadas no ápice ». Il est
pour atteindre l’Amazone. Ses spécimens peuvent donc vrai que, chez V. sinuosus, la séparation des dents infra-
appartenir à des faunes ou à des espèces fort différentes. apicales est souvent peu distincte, surtout chez les spéci-
ROSMINI (1902) a identifié comme « V. trituberculatus » mens âgés. Quoiqu’il en soit, ces auteurs n’ont pas poussé
(syn. transversus) les Veturius rapportés d’Equateur par un plus loin leurs observations morphologiques, tandis que
autre italien, E. Festa (1895 et 1898), de diverses régions le véritable V. transversus est de toute façon absent
du sud de l’Occidente et de l’Oriente. Ces régions sont d’Amazonie. Ces auteurs ont d’ailleurs ajouté, à juste titre
encore peu connues et les spécimens n’ont pu être exami- et malgré eux : « É um táxon freqüentemente confundido
nés ; ceux de l’Oriente sont sans doute des V. sinuosus (ils com outros de gênero » !
sont discutés dans la répartition géographique).
Dans leur synopsis de la Région Amazonienne, Récolteurs – La très vaste répartition et la relative abon-
VULCANO & PEREIRA (1967) ont dû étudier des V. sinuo- dance de l’espèce expliquent qu’elle a été rapportée depuis
sus, mais qu’ils ont confondus au moins avec V. transver- longtemps par de nombreux naturalistes. Avant VOËT
sus et V. simillimus. ENDRÖDI (1973), qui a étudié les (1766) et O LIVIER (1789), M.S. Merian (dans son
Passalides de la Hungarian Soil Expedition (1965-1966), a Metamorphosis de 1705) l’aurait-elle connue de Surinam ?
cité des « V. boliviae » de Bolivie (bassin du rio Kaka, dépt. Par la suite, les collections montrent que des spécimens
La Paz). L’éloignement de cette région par rapport aux ont été rapportés couramment de cette région. De Guyane,
Andes et l’altitude de 400 m indiquent qu’il s’agit d’une on notera ceux de Leprieur (entre 1830-1832 ; MNHN),
autre espèce, en l’occurrence amazonienne. J’ai pu exami- Lacordaire (1824-1831 ; MNHN), Déplanche (campagne
ner ces spécimens : tous sont des V. sinuosus (MTMA). du Rapide 1854-1856 ; MNHN) et Gougelet (vers 1850 ;
De Colombie, l’espèce a été citée récemment, mais les MNHN). Curieusement, l’espèce n’a pas été prise par la
confusions sont nombreuses. REYES-CASTILLO & AMAT Mission d’Exploration entomologique du MNHN, en 1969
GARCÍA (1991) ont indexé « V. sinuosus » et « V. transver- (B ALACHOWSKY 1970, R EYES -C ASTILLO 1973). Du
sus » de la « selva baja » (< 1 000 m d’altitude), sans autre Guyana, des spécimens proviennent de l’expédition
précision. De plus, leur citation de V. sinuosus (comme italienne de Beccari, en 1931 (MZSF).
bonne espèce), est due au matériel que j’avais identifié pour Du Venezuela, les spécimens de J.W.K. Moritz (1835
le présent travail. Suivant le même procédé, AMAT GARCÍA à 1866) sont parmi les plus anciens (MNHB, NHMV).
& REYES-CASTILLO (1996) ont à nouveau cité les deux Leur localité d’origine précise est aujourd’hui impossible
espèces. On y trouve « V. sinuosus » des régions « Amazónica» à savoir, compte tenu de l’itinéraire compliqué du natu-
et « Baja Interandina », ce qui est plausible car l’espèce est raliste (voir V. heydeni). Le spécimen d’André (MNHN)
confirmée de la vallée du Magdalena (Cundinamarca, provient des expéditions de ce dernier en Guyane véné-
Tolima et Huila), mais aussi « V. transversus » de la région zuélienne (1897-1898, 1900-1901), précisément du bassin
« Orinocense ». Ce dernier ne peut être que V. sinuosus, qui du rio Caura, Bolívar (ANDRÉ 1904). Ceux de Klages
est la seule espèce connue de la confluence des bassins de (1898-1910, MZSP, FMNH) ont été pris par lui entre
l’Orénoque et du Meta, dans les Llanos du Venezuela Ciudad Bolívar et les bassins des rios Caura et Suapuré.
(Riecito, FISF). Enfin REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA E. Deville, compagnon de Castelnau lors de son expé-
(2003) ont cité uniquement « V. transversus » de Colombie : dition de 1843-1847, a sans doute récolté un spécimen
Amazonas (Parque Amayacu) ; Caquetá (Yarí) ; (IRSN). L’origine « Equateur » est trompeuse car ces natu-
Cundinamarca (Villeta) ; Huila (Gigante) ; Risaralda ralistes n’ont séjourné dans ce pays que dans le territoire
(Parque Ucumari) ; Meta (Villavicencio) ; Putumayo qui était à l’époque en litige avec le Pérou, et qui appar-
(Guerrero, San Fransisco). Toutes ces localités n’atteignent tient aujourd’hui au nord-est du Loreto péruvien. En 1845,
pas 1 000 m d’altitude, sauf celle du Risaralda, qui est située l’expédition rejoignit le rio Ucayali, puis le Marañon, depuis

490
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

la haute vallée de l’Urubamba. Le spécimen a donc été pris (ZMC 1 ex) ; Venezuela, Carabobo, Guapaso, Valencia, V.1979 / O. Otero
(IZAM 1 ex). – COJEDES : Venezuela, Cojedes, Manrique, La Sierra, 300 m,
entre ces trois points. Il a été étudié par Kuwert, vers 1895. XI.1983 / Rio San Carlos / F. Fernandez, A. Chacon (IZAM 1 ex). –
Aucune donnée n’a été trouvée sur les récoltes de Bassler TÁCHIRA : Venezuela, Táchira, 600 m, IX.1981 (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
(AMNH), en Amazonie, ni sur celles de Schunke (MNHN) Táchira, El Miri [< 1 000 m], II.1982 (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Táchira, La
Morita, 300 m, VIII.1972 / J.B. Teran, J. Salcedo (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
et de Bëissler 1899 (SMTD), sur le piémont Andin. Táchira, Rio Frio, 600 m, IX.1981 / F. Fernandez, J. Clavijo, A. Chacon
De Bolivie, l’origine de l’unique spécimen ancien (coll. (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Táchira, Parq. Nac. El Tamá, San Cristobal
Thieme, MNHB), n’est pas résolue. D’après ZIEGLER [< 1 000 m], A. Bandinelli IV.1994 (MZSF 1 ex). – MONAGAS : Venezuela,
Monagas, Quiriquire [< 500 m], E. Phillips / V. transversus Dalm., det. Pereira
(1907), Thieme (1857-1907) effectua un voyage en 1959 (LACM 2 ex). – BOLÍVAR : Venezuela [rio Caura, < 1 000 m] / ex
Amazonie et dans les Andes, mais pas plus de précision n’a coll. E. André 1914 (MNHN 1 ex) ; Ciudad Bolivar [< 500 m] (MNHN
été trouvée. Les autres récoltes sont presque toutes récentes, 1 ex) ; Venezuela, Bolívar, rte El Dorado à Bochinche, < 500 m, piège
lumineux, P. Bleuzen 1994 (MNHN*, 2 fem.) ; Venezuela, Luepa [< 1 000 m],
comme celles de l’anthropologue américain Malkin J. & B. Bechyné IV.1970 (IMEX 1 ex) ; Venezuela, Bolivar, Eldorado a Sta.
(FMNH), ou de la Soil Expedition hongroise 1966 Elena km 140, 1 200 m, J. & B. Bechyné (IZAM 7 ex) ; Venezuela, Bolivar,
(MTMA). Curieusement, l’espèce ne figure pas dans les Eldorado km 38, 160 m, VIII.1957 / F. Fernandez & C.J. Rosales (IZAM
importantes récoltes de Lecourt, des années 1990 1 ex) ; Venezuela, Bolivar, Nuria, B. Bechyné VI.1975 (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
Bolivar, Rio Guaniamo, 160 m, V.1979 / J. Clavijo, A. Chacon, G. Yebez
(MNHN*), proches des Yungas, alors qu’elle y existe (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Bolívar, Rio Paragua, E Rio Chiguao, 425 m,
(MTMA). IV.1983 / Exp. Inst. Zool. Agri. (IZAM 1 ex) ; Venezuela, Suapuré [rio,
< 1 000 m], E.A. Klages V.1908 (MZSP 1 ex) ; Venezuela, Suapuré,
Du Brésil, la collection Bates (MNHN) renferme deux E. A Klages / ex. Coll. F. Psota / V. transversus, det. Pereira 1959 (FMNH
spécimens de ses récoltes en Amazonie ; celui de Belém a 4 ex). – APURE : Venezuela, Riecito [< 500 m], Weldmann S.G. 1931 (FISF
été pris entre 1848 et 1859, peut-être avec Wallace ; celui 1 ex). – AMAZONAS : Venezuela, Amazonas, piste Gavilan à Puerto
d’Egua [Téfé] vers 1858. Aucune précision n’a été trou- Ayacucho, < 500 m, piège lumineux, P. Bleuzen XI.1990 (MNHN* 1 ex) ;
Venezuela, Amazonas, Rio Negro / S. Carlos de R. Negro, 65 m / J.A. Clavijo,
vée sur la seule capture connue de l’île de Marajó (Brésil), J. Demarmels III.1984 (IZAM 2 ex) ; Venezuela, Amazonas, 150 m / Alto
due à Bertram (MNHB), ni sur celles effectuées dans Rio Mavaca, II-III.1989 / J. de Marmels & A. Chacon (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
l’Amazonas par Bach 1897 (MNHN), Hahnel (MNHN), Amazonas, Rio Mavaca Camp, 150 m, III.1989 / D.A. Grimaldi, Phipps-
FUDECI Exped. Am. Mus. Nat. H. (AMNH 1 ex).
Hübner (NHRS) et Schmidt 1906. Les rares captures dans
TRINIDAD : Trinidad, Northern Range, N. Arima, 650 m, piège
le Rondônia et le Mato Grosso sont contemporaines. lumineux, P. Bleuzen VI.2000 (MNHN* 2P) ; Trinidad (ZMC 1 ex) ;
Trinidad, George County Mountains, N. of Port of Spain, decaying log.,
Autre matériel examiné. Environ 850 ex. P. Hunter & W.T. Atyeo III.1984 (IMEX 2 ex) ; Trinidad W I., Morne Bleu,
COLOMBIE (sans autre précision) : Colombie, Passalus transversus 820 m, H. & A. Howden VIII.1969 (MCNO 3 ex) ; Trinidad, Tunapuna
(Dalm.) [dét. ?] / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 2 ex). – Mt., St. Benedict forest, 200-250 m, bananabaitsagen, S. & J. Peck VI.1993
CUNDINAMARCA : Col., Cund., Villeta [< 1 000 m], A. Bernol V.1976 (MCNO 1 ex) ; Trinidad, W. Ince 1900-54 / V. transversus Dalman probably
(IMEX 1 ex). – HUILA : Colombie, Huila, Magdalena [rio], 400 m, X.1910 [dét. Arrow] (NHML 1 ex) ; Trinidad, Narva (NHML 2 ex) ; Trinidad, Port
(MNHN 1 ex) ; Colombia, Huila, Gigante [< 900 m], IX.1976 (MTMA of Spain, XI.1976, VIII.1977 / V. transversus (Dalman), det. Reyes-Castillo
2 ex) ; Colombie, Huila, Gigante, O. Rojas VII.1979-VIII.1981 (IZAM 1986 (AMNH 2 ex).
4 ex ; CPM 2 ex) ; Colombia, Huila, Gigante, X.1980-1983 (UVGC 3 ex). GUYANA : British Guiana (MNHN 1 ex) ; Brit. Guyana (NHML 1 ex) ;
– CASANARÉ : Colombie, Casanaré, Llanos [< 500 m], VIII.1995 Br. Guiana, Mallali [< 500 m] 1908 (ZISL 1 ex) ; Br. Guiana, Mallali (SMTD
(MNHN* 2 ex). – META : Colombie, Villavicencio [< 900 m] (MNHN 5 ex) ; Penal Settlement, Bartica District [< 500 m] 1917 (IMEX 1 ex) ;
1 ex) ; Colombie, M. Descamps / Meta, Vista Hermosa [< 900 m], XI.1970 Guiana Inglese, Sped. N. Beccari / Canister Falls [< 500 m], Demerara,
(MNHN 1 ex) ; Colombia, Meta, Villavicencio, troncos, var. col. XII.1994 XI.1931 (MZSF 1 ex) ; Guiana Inglese, Sped. N. Beccari / Mackenzie
(CLP 4 ex) ; Colomb., Villavicencio, VII.1938 / C.H. Seevers / V. transversus, [< 500 m], Sul Demerara, XII.1931 (MZSF 3 ex) ; British Guiana, Bartica
det. Pereira 1959 (FMNH 1 ex). – CAQUETÁ : Colombia, Caquetá, Yarí District, Kartabo, VII.1920 / Gift of N.Y. Zool. Soc., Dept. Trop. Researc.
[rio, ≤ 500 m], R. Fœster XI.1981-VII.1983 (IMEX 4 ex) ; Colombia, (AMNH 1 ex) ; Br. Gui., Kamakusa, I.1923, Ac. 24895 (AMNH 3 ex).
Caqueta, Panjil, 480 m, O. Rojas (IZAM 1 ex) ; Colombia, Vegas del Caqueta SURINAM : Surinam (MNHN 2 ex) ; Surinam, V. cephalotes St Fargeau
[< 500 m] / O. Rojas VIII.1981 (IZAM 2 ex). – PUTUMAYO : Kolumbien, [dét. Kaup] (HLMD 3 ex) ; Suriname, Brokop. Distr., Brownsberg, P.H. van
Valle Putumayo, VII.1978 (SMNS 2 ex). – GUAINÍA : Colombie, Guainía, Doesburg VII.1975 (NNML 2 ex) ; Surinam, Steenberghe / V. transversus
Santa Rosa [rio Guainía, < 500 m], XI.1986 (MNHN* 7 ex) ; Rio Guainia trituberculatus Esch., det. Doesburg (NNML 1 ex) ; Suriname, D.C. Geijskes
[< 500 m], Hübner (NHML 1 ex). – VAUPÉS : Colombia, Vaupes, VI.1990 V-IX.1948 / in rottende stam (NNML 3 ex) ; Suriname, Exp. 1948-49, Wia
(MNHN* 13 ex) ; Colombia, Vaupes, Rio Papuri, Indians Tukanoans Wia, D.C. Geijskes XI.1948 / V. transversus Dalm., det. Doesburg (NNML
Territory, D. Dufour X.1977 via M.G. Paoletti (UCMC 1 ex). – 1 ex) ; Suriname, D.C. Geijskes XII.1962 (NNML 1 ex) ; Suriname 1883
AMAZONAS : Colombie, J. Desplats / Amazonas, La Chorrera, rio Igara (NNML 2 ex) ; N.E. Suriname, Mœngatapœ-Wia Wia, D.C. Geijskes XI.1948
– Parana [< 500 m] IX-X.1973 / V. transversus (Dalman), Reyes-Castillo (NNML 1 ex) ; Gonini [riv.], VIII.1903 (NNML 1 ex) ; Surinam, Langaman
det 1975 (MNHN 15 ex) ; Col., Amazonas, Parq. Amacayacu [< 500 m], Kondre, Marowine District, B. Malkin X.1968 (IMEX 8 ex) ; Surinam,
F. Fernandez VII.1990 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Amazonas, Araracuara CD, Sipaliwini, M.S. Hoogmœd I-IX.1968 (IMEX 1 ex) ; Surinam, F. Scott I.1972
50 m, L.V. Rodriguez II.1989 (CLP 1 ex). (IMEX 1 ex) ; Surinam, Paramaribo, Heller S.V. IV.1908 (MNHB 1 ex) ;
VENEZUELA (sans autre précision ou non localisés) : Fracatal, Surinam / Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 6 ex) ; Surinam, B. Hüttler
Venezuela / ex coll. H. Boileau (MNHN 2 ex) ; Columbia [Nord Venezuela, III.1976 (MTMA 1 ex) ; Surinam, Paramaribo / V. simillimus, Kuw. det.,
Moritz] (MNHB 1 ex) ; Columb. [Nord Venezuela], Moritz (MNHB 1 ex) ; Endrödi 1967 (MTMA 1 ex) ; Surinam 1887 / V. similior Kuw. / det. Zang /
Venezuela, Moritz 1858 (NHMV 1 ex). – SUCRE : Venezuela, Carúpano Coll. Kraatz (DEIE 1 ex) ; Surinam / V. transversus Dalman / det. Zang /
[< 500 m], Schaefer 1904 (MNHB 1 ex). – MIRANDA : Nord-Venezuela, Coll. Kraatz (DEIE 2 ex) ; Surinam, at light, XII.1946 / V. simillimus Kuw.,
S. Klages 1904 (MNHN 3 ex) ; Venezuela, Miranda, Exp. Rio Frío Negro det. Endrödi 1967 (NHRS 1 ex) ; Surinam (IRSN 2 ex) ; Surinam, Marowijne
cr. Capaya, 100 m, VI.1980 / J. Clavijo, A. Chacon (IZAM 1 ex). – D. F. : [riv. Maroni] near Langatabbetje, M.L. Russell VII.1980 (NHML 1 ex) ;
Caracas, P. transversus [dét. Guérin-Mèneville] / ex Musaeo Guérin-Mèneville Surinam, Marowijne Dist., Langaman Kondre, B. Malkin X.1963 /
(MNHN 1 ex). – CARABOBO : Venezuela, Valencia [< 1 000 m], Reinhardt V. transversus (Dalman), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 14 ex).

491
Stéphane Boucher

GUYANE F. : Guyane, Leprieur 1839 (MNHN 1 ex) ; Guyane / Coll. G. Nazaret XII.1976 (IMEX 1 ex) ; Guyane, Cayenne-Madeleine,
Du Bus / Heydeni Kaup, Mexico [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 A. Chaminade IV.1979 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Guyane,
(MNHN 3 ex) ; Cayenne / Lacordaire [1824-31] / Ex Musaeo J. Thomson Kourou, A. Chaminade IX.1984 / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 6 ex) ;
(MNHN 1 ex) ; Cayenne, Fauvel 1897 [Déplanche 1854-56] / P. transversus Guyane, rte de Cacao, M. Soula 2002 (MNHN* O) ; Cayenne, C. Roussel /
Dalm., det. Fauvel (MNHN 1 ex) ; Cayenne, E. Reveillère [< 1892] (MNHN Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 2 ex) ; Guyane fr., Gourdonville / Le
19 ex) ; Guyane, Maroni, Méaux (MNHN 2 ex) ; Cayenne / ex Musaeo ED. Moult / V. cephalotes Serv., det. Endrödi 1964 (ZIMH 2 ex) ; Guyane, La
Brown / transversus [dét. Deyrolle] (MNHN 3 ex) ; N. Cayen. / Coll. de Mana (ZFMK 2 ex) ; Cayenne, Coll. Madon (IRSN 1 ex) ; Cayenne, Le Moult
Marseul 1890 (MNHN 1 ex) ; Guyane, env. de Cayenne, E. Merwart 1900 (IRSN 2 ex) ; Guyane, Bas Maroni, Le Moult (IRSN 23 ex) ; Cayenne,
(MNHN 7 ex) ; Guyane, env. St. Georges Oyapock, F. Geay 1900 / d’Udekem d’Acoz [vers 1850] (IRSN 1 ex) ; Guyane F. / Coll. Du Bus /
V. transversus (Dalman), det. Reyes-Castillo 1971 (MNHN 3 ex) ; Guyane, V. heydeni Kaup [dét. Kuwert] (IRSN 2 ex) ; Guyane, Fourgassié, I. Jenis
Pariacabo, Pennel 1905 (MNHN 1 ex) ; Guyane, Coll. A. Bonhoure 1909 I-III.1996 (MHNG 3 ex) ; F. Guiana, W Cayenne, 14 km Risquetout, 20 m,
[1906] (MNHN 2 ex) ; Guyane, Cayenne / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN at light, J.D. Beierl II.1994 (LACM 1 ex) ; Fr. Guiana, Rte de Kaw pk45,
6 ex) ; Guyane, Cayenne / H. Lomont 1932 (MNHN 3 ex) ; Maripa, Aubert J.D. McCarty I.1990 (EMEC 1 ex) ; Cayenne / V. cephalotes (St. F. & Serv.)
de la Rüe XII.1948 / V. transversus trituberculatus Esch., det. Hincks 1954 [dét. ?] / E.R. Leach collection (CASC 1 ex) ; Fr. Guyana, Roura env.
(MNHN 1 ex) ; Cayenne / Coll. Ch. & J. Primot 1950 (MNHN 1 ex) ; Fourgassié, riv. Oyapock, D. Vlasta II.1995 (CVM 1 ex) ; Fr. Guyana, river
Cayenne / Gougelet / ex coll. M. Sédillot 1935 (MNHN 2 ex) ; Guyane, Mana, Petit Valentin, D. Vlasta II.1995 (CVM 1 ex) ; Cayen. (ZSSM 3 ex) ;
Maroni, Le Moult (MNHN 1 ex) ; Guyane, Cayenne, tronc, M. Duranton Pass. furcilabris [dét. ?, étiquette ancienne] / Cayenne, P. furcilabris Esch.
II-III.1976 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 20 ex) ; Guyane, Saül, tronc, [dét. ?, même étiquette type V. laevior Kaup] / V. transversus (Dalm.), C.R.V.
M. Duranton VII.1979 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Fonseca det. 1992 (ZSSM 1 ex).
Roura, tronc, M. Duranton X.1980 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* ÉQUATEUR (sans autre précision ou non localisés) : Ecuador,
11 ex) ; Guyane, Saül, tronc, M. Duranton X.1980 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, D. Velastegui 1978 (IZAM 1 ex) ; Ecuador, W. von Hagen [1936], Ac. 33930 /
Cabassou, piège lumineux, G. Tavakilian-IRD XII.1980 (MNHN* 1 ex) ; V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1958 (AMNH 6 ex) ; Ecuador, Heran
Guyane, Armontabo-Piton Rocheux, tronc, G. Tavakilian-IRD I.1981 Batzuyacu [?], III.1935 / Y. Mexia / V. transversus Dalm., det. Doesburg
(MNHN* 1 ex) ; Guyane, Kourou-Montagne des Singes, piège lumineux, (CASC 2 ex). – Oriente, NAPO : Équateur, K. Riede / Napo, Res. Lagunas,
P. Sarry I.1984 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Maripasoula, tronc, F. Durant Cuyabeno [rio Aguarico, < 500 m], VIII.1983 (MNHN 1 ex) ; Équateur,
VII.1984 (MNHN* 2 ex) ; Guyane, Pompidouville, tronc, F. Durant S. Poulain / Napo, rios Rumiyacu / Tiputini, Pindo [S Coca], 300 m, lisière
VIII.1984 (MNHN* 2 ex) ; Guyane, Kourou-Montagne des Singes, pièges forêt de plateau, III.1995 (MNHN 1 ex) ; Equateur, Napo, Tena, 700 m,
d’interception / lumineux, M. Duranton XII.1984-I.1988 (MNHN* 8 ex) ; tronc, X.1992 (MNHN* 2 ex) ; Equateur, Napo, Coca, 250 m, G. Onore
Guyane, rte de Nancibo pK 6, piège lumineux, M. Thouvenot, P. Sarry I- IX.1983 (MHNG 1 ex) ; Ecuador, Napo, R.F. [Res. Forest.] Cuyabeno,
VI-IX.1984 (MNHN* 4 ex) ; Guyane, Montsinery-FRG, tronc, S. Boucher M. Garcia II.1985 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Pozo D. [puit pétrolifère,
& C. Lestrade XII.1984 (MNHN* 11 ex) ; Guyane, Montsinery-FRG, piège < 500 m], Sandoval IX.1989 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo or. (MUHD
lumineux, M. Duranton X.1984 ; id., S. Boucher -IRD II-III-VI.1985 1 ex) ; Ecuador, Jarugui (MUHD 1 ex) ; Ecuador, Napo, Misahuallí [± 450 m],
(MNHN* 5 ex) ; Guyane, Crique Anguille, piège lumineux, C. Lestrade G. Zapata VIII.1991 (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Napo, Station Yasuni, 250-
IX.1984 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste de Kaw, piège lumineux, S. Boucher 400 m, M. Bass IV.1995, M. Ayala VII.1995 (QCAZ 2 ex) ; Ecuador,
-IRD VII.1984-I.1985 (MNHN* 2 ex) ; Guyane, piste St Elie pK 12, piège Sucumbios, Shushufindi, 215 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 22ex); Ecuador,
lumineux, M. Duranton II.1985 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste de Kaw pK Napo, Yasuní, 36 km S Pompeya, 215 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 1 ex) ;
10, tronc, M. Duranton II.1985 (MNHN* 3 ex) ; Guyane, Paracou, piège Ecuador, Napo, Jatun Sacha Biol. Sta., 21 km E. Puerto Napo, 400 m, virgin
interception, P. Bleuzen IX.1985 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Cayenne-Trou forest, F. Génier VII.1994 (MCNO 1 ex) ; Ecuador, Santo Domingo, W. von
Biran, P. Sarry VII.1985 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, rte de Nancibo, piège Hagen VIII.1936, Ac. 34758 (AMNH 3 ex) ; Ecuador, Napo, Tena [rte Tena
lumineux, S. Boucher -IRD, M. Thouvenot I-VII.1985 (MNHN* 2 ex) ; à Coca, < 1 000 m], V.1995 (CDC 1 ex). – PASTAZA : Ecuador, Pastaza,
Guyane, Kourou-Montagne des Singes, pièges d’interception / lumineux, Lorocachi [front. Brésil / Colombie], 220 m, M. Ayala, C. Carpio II.1996
P. Bleuzen, M. Duranton V-VII-VIII-IX.1985-IX.1990 (MNHN* 18 ex) ; (QCAZ 1 ex) ; Ecuador, Pastaza, Rio Cusuimí, 150 km SE Puyo [< 500 m],
Guyane, Iracoubo-Rocoucoua, tronc, M. Duranton II.1986 (MNHN* 1 ex) ; B. Malkin V.1971 (FMNH 7 ex).
Guyane, Broche 1987 (MNHN* 11 ex) ; Guyane, Degrad Corrèze, piège PÉROU (sans autre précision ou non localisés) : Peru, Staudinger
lumineux, M. Duranton III.1988 (MNHN* 3 ex) ; Guyane, piste des [< 1900] / V. transversus var. trituberculatus Esch., det. Doesburg (NNML
Compagnons, piège interception, M. Duranton XII.1988 (MNHN* 7 ex) ; 1 ex) : Peru, Callanga [?] (MNHB 1 ex). – LORETO : Amazones, Yurimaguas
Guyane, Piste Coralie, piège lumineux, H. de Toulgoët 1989 (MNHN* 3 ex) ; [≤ 500 m] (MNHN 2ex); Pérou, S. Poulain / Loreto, Rio Yubineto [< 500 m],
Guyane, Exp. Radeau des Cimes, Kourou-Petit Saut, tronc, H.P. Aberlenc- III.1978 (MNHN 1 ex) ; Pérou, Loreto, Iquitos, Nauta [< 500 m], S. Poulain
CIRAD X-XI.1989 (MNHN 8 ex) ; Guyane, Orapu pK 3, piège lumineux, I-II.1991 (MNHN 1 ex) ; Pérou, Loreto, W Jenaro Herrera [< 500 m],
H. de Toulgoët II.1990 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste Risquetout pK 4, G. Couturier-IRD X.1988 (MNHN 2 ex) ; Pérou, Ucayali, rte Pucallpa à
piège lumineux, B. Hermier 1990-1995 (MNHN* 8 ex) ; Guyane, piste Aguaytía pK 138, 210 m, tronc, S. Boucher XI.1983 (MNHN* 4ex); Ecuador
Cormoran, St Laurent, piège lumineux, B. Hermier XII.1991 (MNHN* [territoire contesté : Loreto], E. Deville [1845] / V. transversus Dalman [dét.
1 ex) ; Guyane, Mtagne Trinité, piège lumineux, M. Duranton II.1991 Kuwert] (IRSN 1 ex) ; Peru, Puccalpa [200 m], X.1981 / J. Schunke L. (IZAM
(MNHN* 2 ex) ; Guyane, piste de Régina pK 44-79, piège lumineux, 1 ex) ; Peru, Loreto, Iquitos Barillal [< 500 m], L. Huggert II.1984 (ZISL
L. Sénécaux II.1991-I.1994 (MNHN* 3 ex) ; Guyane, piste Grand Laussat, 1 ex) ; Peru, Loreto, Estirón, Rio Amplacu [< 500 m], Malkin V.1966 (FISF
piège lumineux, V. & C. Marty II.1991 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste 4 ex) ; Ost-Peru, Iquitos, Mishijaru, IX.1929 (FISF 1 ex) ; Peru, Loreto, lower
Coralie pK 2, piège lumineux, L. Sénécaux II.1993 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Rio Orosa [< 500 m], P.J. Clausen IV.1987 / V. tuberculifrons Kuw., det.
piège lumineux, Ph. Thiaucourt XII.1993 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste Clausen 1998 (UMSP 1 ex) ; Peru, Loreto, Pébas [< 500 m], P.B. Moore
Risque-Tout pK 6, piège lumineux, H. de Toulgoët I.1995 (MNHN* 2 ex) ; I.1974 (FMNH 1 ex) ; Peru, Loreto, Estirón, Rio Ampi-Yacu [< 500 m],
Guyane, piste de Kaw-Camp Caïman, tronc, V. Gussarov VII.1995 (MNHN* B. Malkin XI-XII.1961, III.1970 (FMNH 2 ex) ; Peru, Middle Rio Ucayali,
1 ex) ; Guyane, piège lumineux, B. Hermier XII.1997 (MNHN* 2 ex) ; 150 m, X.1923 / H. Bassler, Ac. 33591 (AMNH 1 ex) ; Peru, Lower Rio
Guyane, piste Coralie pK 4, piège lumineux, H. Simoëns I.1998 (MNHN* Huallaga [< 500 m], XII.1925 / H. Bassler, Ac. 33591 (AMNH 1 ex) ; Peru,
1 ex) ; Guyane, RN2 pK 50, piège lumineux, H. Simoëns I.1998 (MNHN* Achinamiza, 150 m, XII.1925 / H. Bassler, Ac. 33591 (AMNH 2 ex) ; Peru,
1 ex) ; Guyane, Montagne des Chevaux, piège lumineux, M. Vialard I.2000 San Martin, San Martin, 450 m, XII.1946 / J.C. Pallister, Donor F. Johnson /
in coll. P. Renaudie (MNHN* 1 ex) ; Guyane, Iracoubo, M. Duranton I.2000 V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1958 (AMNH 1 ex) ; Peru, Amazon Camp.
(MNHN* 1 ex) ; Guyane, Carrière Ribal, tronc, M. Duranton V.2000 Rio Momón near Iquitos, 98 m, E.S. Ross XII.1982 (CASC 3 ex). – SAN
(MNHN* 4 ex) ; Guyane, Kourou RN1 pK 84, piège d’interception, MARTÍN : Peru, San Martín, Saposoa [< 1 000 m], C. Bolivar IX.1944
M. Duranton I.2001 (MNHN* 1 ex) ; Guyane F., St. Jean du Maroni, Le (IMEX 1 ex) ; Peru, San Martin, Hera, 15 km SE Moyobamba, 860 m /
Moult / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, St. Georges de F. Woytkowski, Donor Wm. Procter (AMNH 1 ex). – JUNÍN : Pérou,
l’Oyapock, J. Gaston IX.1970 (IMEX 15 ex) ; Guyane, Cayenne-Madeleine, Chanchamayo [< 1 000 m], Ch. O. Schunke (MNHN, 1 ex) ; Perú, Satipo

492
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

[< 1 000 m], X.1940 / V. boliviae Grav., det. Pereira 1947 (MHNB 1 ex) ; Maturacá [< 500 m], Chr. Lindemann II-V.1964 / V. boliviae Grav. -
Peru, Chanchamayo, La Merced, E.G. Smyth (LACM 1 ex) ; Peru, V. assimilisWeb., det. Endrödi 1971 (ZSSM 6 ex ; MTMA 1 ex) ; Manaos /
Chanchamayo, J. Schunke X.1968 (MCNO 1 ex) ; Chanchamayo, Bëissler Amazon / V. platyrhinus Hope, det. Endrödi 1967 (MTMA 1 ex) ; Amazonas,
1899 (SMTD 2 ex) ; Peru, Satipo [< 1 000 m], P. Paprzycki, Donor F. Johnson Manaus (SMTD 4 ex) ; Brazil, Amazonas, Humaitá [60 m], K. Rataj I.1977
(AMNH 2 ex) ; Pérou, Junin, Satipo, 2004 (MNHN* O). – HUÁNUCO : (CVM 1 ex) ; Brésil, Amazonie, Rio Preto da Eva [Manaus], G. Marlier
O. Peru, Mt Alegre, Rio Pachitea [< 1 000 m], G. Tessmann (MNHB 1 ex) ; III.1964 (IRSN 3 ex) ; Brazil, Amazonas, Res. Ducke 26 km Manaus –
Peru, Yurac 67mi E Tingo Maria [< 500 m], XI.1954 / E.I. Schingler & E.S. Itacoatiara Highway, E.G.I. & E.A. Munrœ (MCNO 2 ex) ; Brasil, Igarape
Ross (CASC 1 ex). – MADRE DE DIOS : Peru, Madre de Dios, Rio Belen, near confluence Rios Solimões et Amazonas / B. Malkin V.1970
Tambopata Reserve, 30 km air SW Puerto Maldonado, 290 m, E.S. Ross (FMNH 4 ex) ; Brazil, Amazonas / Col. 936 (AMNH 1 ex) ; Brazil, Amazonas,
XI.1982 (CASC 1 ex) ; Peru, Madre de Dios, Res. Nac. Tambopata, P. Reyes- Rio Caiary-Uaupés [< 500 m], H. Schmidt XI.1906 / V. transversus (Dalman),
Castillo X.1983, 200 m / tronco (IMEX 20 ex). det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 2 ex) ; Brasil, Amazonas, Manaus – Santa
BOLIVIE (sans autre précision) : Bolivia / Coll. Thieme [< 1907] Cruz, Rio Preto Eva, Joss XII.1994 (CVM 1 ex). – RONDÔNIA : Rondônia,
(MNHB 1 ex). – LA PAZ : Bolivia, Soil Zool. Exp., La Paz, Teoponte, Rio Forte Principe da Beira [< 500 m], G.R. Kloss XII.1967 (MZSP 1 ex) ; Brasil,
Kaka, 400 m, Balogh, Mahunka, Zicsi / XII.1966 / V. boliviae Gravely, det. Rondônia, Vilhena, 560 m, Fonseca, Castillo & Reyes-Castillo VI.1988 (IMEX
Endrödi 1971 (MTMA 6 ex). – BENI : Bolivia, Valle del Mamoré, 450 m, 5 ex) ; Brazil, Rondônia, 62 km SW Ariquemes nr. Fzda Rancho Grande
XI.1948 (MNHN 1 ex) ; Bolivia, Beni, B. Malkin VII-VIII.1960 / Chacobo [200 m], black light trap, J.E. Eger XI.1997 (FSCA 3 ex) ; Brazil, Rondonia,
Indian Village on Rio Benicito (FMNH, 42 ex.) ; Bolivia, Beni, Rurrenabaque 62 km SE Ariquemes, W.J. Hanson XI.1995 (USUL 1 ex). – MATO
env. [< 1 000 m], S. & P. Pokorny XI.1998 (CSP 1 ex). GROSSO : Brasilien, Mato Grosso, Gleba Arinos, 350 m, Viehmann X.1967 /
Coll. H. Viehmann 1994 (FISF P) ; Brasil, Mato Grosso, Sinop [380 m],
BRÉSIL (sans autre précision) : Brésil, Vauthier [< 1835] / transversus M. Alvaranga X.1975 (IMEX O, 2 ex).
Dalman [dét. Percheron] (MNHN 1 ex) ; Bras. Pass. [barré] V. cephalotes Dj. ARGENTINE, MISIONES : Argentina, Misiones, Iguazú [< 500 m],
[dét. Kaup] / ex-Musaeo Mniszech (MNHN 3 ex) ; Brazil, transversus [dét. III.1982 (MNHN 1 ex).
Deyrolle] / Ex coll. Deyrolle [< 1865] in ED. Brown (MNHN 2 ex) ; Brésil /
PARAGUAY, ALTO PARANÁ : A. Paraná [< 500 m] / ex coll.
Ex Musaeo J. Thomson (MNHN 7 ex) ; Brésil, Coll. Melly 600-1 (MHNG
E. Knirsch / K. Brancsik / V. transversus, det. Pereira 1959 (FMNH 1 ex).
2 ex) ; Brésil / P. de Borres / Coll. de Candolphe 1895 (MHNG 1 ex) ; Brésil /
Coll. Jurine 600-35 (MHNG 1 ex) ; Brasilien / Coll. Kraatz [< 1909] /
V. platyrhinus (Hope) var. validus Burm., det. Luederwaldt 1928 (DEIE 36. Veturius (Veturius) simillimus
1 ex) ; Brasil / M. Märkel (SMTD 3 ex) ; Brasilia, P. transversalis Dej. [dét. ?]
(NHMV 1 ex) ; Crist. a [?] / Veturius carinaesternus Kuw. (ipse vidid) (NHMV Kuwert 1891 n. stat.
1 ex) ; Brasilia, P. transversus var. [dét. Di Breme] / Coll. Di Breme (MSNT
3 ex) ; Brazil, São Paulo [nec D. Kistner, pers. com. 2000, err. loc.] III.1945 /
(fig. 254, 570-577 – 917, 920-921)
pres. by D. Kistner / V. transversus, det. Pereira 1959 (FMNH 2 ex). – Passalus transversus Dalm. : KAUP 1868 : 29 (partim transversus sensu Dalman,
RORAIMA : Brazil, Roraima, Serra Grande, F.B. Davis I.1992 (USUL 5 ex). sinuosus sensu Drapiez).
– AMAPÁ : AP., Calçœne [0 m], X.1978 / Brasil, W. Franca (MNRJ 3 ex). Veturius transversus Dalm. : KAUP 1871 : 113 & pl. 7 fig. 6 (partim transversus
– PARÁ : id. néotype (MNHN 1 ex) ; Pará [= Belém, 10 m] / ex Musaeo sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez).
H.W. Bates 1892 / cephalotes Dej. [dét. Bates] (MNHN 1 ex) ; Amazon, Veturius similior : KUWERT 1890 : 100 (partim transversus sensu Dalman).
trituberculatus Esch. [dét. Kuwert] (MNHN 1 ex) ; Para / ex coll. H. Boileau
Veturius Simillimus : KUWERT 1891 : 173.
1925 (MNHN 1 ex) ; Brésil, Pará, Belém, N. Dégallier 1985 (MNHN* P) ;
Brésil, Pará, Rio Curuá-Una [< 500 m], H. Simoëns XII.1997 (MNHN* Veturius Similior Kuw. : KUWERT 1891 : 173 (partim transversus sensu
1 ex) ; Brésil, Para, Coll. Jurine 600-35 (MHNG 2 ex) ; Brasile, Para, Obidos, Dalman).
II.1937 (MSNG 1 ex) ; PA., Faz Taperinha, prox. Santarém [< 500 m], Veturius simillimus Kuw. : KUWERT 1898 : 167.
XII.1967-I.1968, Exp. Perm. Amaz. (MZSP 2 ex) ; Brasil, Pará, Obidos Veturius similior Kuw. : KUWERT 1898 : 168 (partim transversus sensu
[50 m], J. Brazilino 1955 / V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1957 (MZSP Dalman).
2 ex) ; Brasilien, Pará, Obidos, B. Pohl III.1938 (MZSP 2 ex) ; Brasil, Pará, [Veturius simillimus Kuwert (syn. similior Kuwert, Staudingeri Kuwert) :
Obidos, Dirings / V. transversus (Dalm.), det. Pereira (MZSP 1 ex) ; id., MOREIRA 1922 : 262 & fig. 9 ; 1925 : 24 & pl. 2 fig. 2 (transversus sensu
Obidos, Canta Galo, XII.1956-VII.1962 (MZSP 18 ex) ; Brasil, Pará, Tucuruí Dalman)].
[40 m], M. Alvaranga I.1979 (IMEX 3 ex) ; Nord Brasilien, Marajó [< 500 m], Veturius simillimus Kuwert (syn. transversus (Dalm.)) : LUEDERWALDT 1931 :
O. Bertram S.V. (MNHB 1 ex) ; Amazon / V. trituberculatus Esch., type [dét. 42 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez).
Kuwert] (IRSN 2 ex) ; Amazonie, Le Moult vendit (IRSN 1 ex) ; Brésil, Pará, Veturius transversus var. trituberculatus (Eschsch.) (syn. trapezoides (Kaup)) :
Serra Norte Carajas [< 500 m], piège interception, N. Dégallier XI.1984 / LUEDERWALDT 1931 : 42 (partim transversus sensu Dalman).
ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* P) ; Brasilien, Pará, Santarém, A.V. Veturius transversus Dalm. : LUEDERWALDT 1931 : 202.
Arentin 1965 / V. sinuatus Esch. – V. transversus Esch., det. Endrödi 1969 Veturius simillimus Kuwert (syn. transversus Dalm.) : HINCKS & DIBB 1935 :
(ZSSM 5 ex ; MTMA 1 ex) ; Brasil, Para, Obidos, X.1944 / A. Maller, Donor 27 (catal.).
F. Johnson (AMNH 1 ex). – MARANHÃO : Brasil, X.1978 / Buriticupu, Veturius transversus (Dalman) : PEREIRA 1941 : 37 (partim transversus sensu
Faz União [< 500 m] (MNRJ 4 ex). – AMAZONAS : Amazones, Tefé (Ega) Dalman) ; VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 (partim transversus sensu
[80 m], M. de Mathan I-IV.1879 (MNHN 1 ex) ; Egua / ex Musaeo H.W. Dalman, sinuosus sensu Drapiez) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 (partim
Bates 1892 (MNHN 1 ex) ; Amaz. / ex Musaeo H.W. Bates 1892 (MNHN transversus sensu Dalman).
1 ex) ; Rio Jurua [< 500 m], Amazons, Bach VI.1897 (MNHN 1 ex) ; 1488- [?] Veturius transversus (Dalman) : COSTA & FONSECA 1986 : 58 & fig. 1-
92 : Brésil, Manaos / Brésil, D’Anthonay 1892 [Consul de France] (MNHN 16, 41-44 (partim transversus sensu Dalman, sinuosus sensu Drapiez,
1 ex) ; Amazones, São Paulo de Olivença [100 m], Hahnel (MNHN 1 ex) ; tarsipes).
Brésil, Amazonas, Rio Paduari / Negro, 150 m, F. Cardova Puig III.1946
(MNHN 1 ex) ; Amazone / Staudinger 1893 (MHNG 1 ex) ; Amazon, Syn. : V. vinculofoveatus Kuwert 1898 n. syn.
Huebner / Manaos [100 m] (NHRS 1 ex) ; Amazon (MELN 1 ex) ; Brasil, Veturius vinculofoveatus : KUWERT 1898 : 167.
AM, Benj. Constant [65 m], Rio Javari, Dirings V.1961-XI.1964 (MZSP Veturius vinculofoveatus Kuwert : HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.) ;
11 ex) ; Brasil, AM, Itacoatiara [50 m], Dirings IX.1965-XI.1968 (MZSP DOESBURG 1942b : 330 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.).
49 ex) ; Brasil, Amazonas, Rio Salimœs, Lago Janavaca, 0 m, Salomae
VIII.1968 (IMEX 3 ex) ; Brasil, Am., Manaus Itacoatiara, selva perturbada, Syn. : V. costalimai Moreira 1922 transf. syn.
P. Reyes-Castillo II.1992 (IMEX 1 ex) ; Brasil, Am., Manacapuru, R. Mouzinho, Veturius Costalimai : MOREIRA 1922 : 265 & fig. 13 ; 1925 : 22.
L. Aquino & Xavier IX.1993 / V. transversus (Dalm.) det. Reyes-Castillo 1993 Veturius costalimai Moreira (syn. transversus (Dalm.)) : LUEDERWALDT 1931 :
(IMEX 1 ex) ; Amazonas (MNHB 1 ex) ; Amazonas / Ex. Staudinger & Bang 42 ; HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.)
Haas (MUHD 1 ex) ; Brasilien, Amazonas, Mission Cauaburi am Kanal Veturius costalimai Moreira : ZIKÁN & WYGODZINSKY 1948 : 26 (type).

493
Stéphane Boucher

Syn. : V. fluminensis Moreira 1922 transf. syn. sait pas les types de Kuwert, n’a pas caché son doute sur la valeur
Veturius fluminensis : MOREIRA 1922 : 264 & fig. 11 ; 1925 : 22. de son espèce, comme sur celle de V. brasiliensis.
Veturius fluminensis Moreira (syn. transversus (Dalm.)) : LUEDERWALDT
1931 : 42 ; HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.).
L’espèce a été mise en synonymie avec V. transversus par
LUEDERWALDT (1931), mais sans argument, ce qui se comprend
Syn. : V. brasiliensis Moreira 1922 transf. syn. puisqu’il confondait l’espèce de Dalman avec celle de Kuwert.
Veturius brasiliensis : MOREIRA 1922 : 264 & fig. 12 ; 1925 : 21 & pl. 1
Il est aussi possible que Luederwaldt n’ait pas connu le matériel
fig. 2.
Veturius brasiliensis Moreira (syn. transversus (Dalm.)) : LUEDERWALDT 1931 : de Moreira.
42 ; HINCKS & DIBB 1935 : 27 (catal.).
V. fluminensis Moreira transf. syn. – Espèce décrite sur un
Matériels types exemplaire de la collection de « l’Ecole Supérieure d’Agriculture
de Niterói (Rio de Janeiro) ». Je n’ai pu en prendre connaissance
V. simillimus Kuwert – Espèce décrite sur n exemplaire(s) car son lieu de dépôt actuel n’est pas connu (J. Monné, pers.
d’Amérique Centrale (sans autre précision). La longueur totale com.). De plus, l’espèce ne figure pas dans le catalogue de ZIKÁN
indiquée est de 37-38 mm, ce qui prouve l’existence de plusieurs & WYGODZINSKY (1948). – Holotype : BRÉSIL, RIO DE
exemplaires. Un seul a été retrouvé. Par la suite, KUWERT (1898) JANEIRO : « Pinheiro, état de Rio de Janeiro ».
n’a donné qu’une longueur de 37 mm et la localité « Bahia ». En l’absence du type, des caractères décrits permettent toute-
Seule cette dernière localité est valable. Lectotype O (présente fois d’identifier l’espèce avec certitude : « dent inféro-antérieure
désignation) : BRÉSIL, BAHIA : « simillimus Kuw., Centralam. de la mandibule gauche sous-tridentée… mésosternum et métaster-
[dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur totale : num comme ceux de ces espèces [V. costalimai et V. brasiliensis]…
37 mm (MNHN). tibias des pattes moyennes avec une épine. Longueur totale, 35 mm ».
Remarque – OBERTHÜR (1933) a indiqué trois exemplaires L’apex mandibulaire trifide exclut V. transversus, et la longueur
« apud Kuwert » (in ex coll. Kuwert), dont un est étiqueté totale V. munitus et V. assimilis. Une confusion avec V. sinuatus
« Popelaire » (sans autre précision). Le seul autre Veturius ayant est peu probable car Moreira semble avoir correctement identi-
une telle étiquette est un V. standfussi du Pérou, conservé à l’IRSN. fié ce dernier.
V. vinculofoveatus Kuwert n. syn. – Espèce décrite sur n exem- Comme précédemment, V. fluminensis a été mis en synony-
plaire(s), de 33 mm, d’Equateur (sans autre précision). Comme mie avec V. transversus par LUEDERWALDT (1931).
pour V. simillimus, la localité type est erronée. Les deux exem-
V. brasiliensis Moreira transf. syn. – Espèce décrite sur un
plaires retrouvés identifiés par Kuwert sont du Minas (Brésil).
exemplaire de l’état de Rio (sans autre précision). Il n’a pu m’être
Celui de l’IRSN (voir matériel examiné) comporte une erreur
communiqué pour la même raison que ci-dessus. Holotype :
d’orthographe sur le nom d’espèce ; de plus, l’indication « Type »
BRÉSIL, RIO DE JANEIRO : « Rio de Janeiro ».
signifie comparé au type (ou « typique », par abus). Ce spécimen,
postérieur à la description, n’est donc pas un syntype (voir aussi Dans sa description, Moreira a repris les mêmes caractères
à ce sujet V. tuberculifrons, p. 418). Lectotype O (présente dési- que pour son V. fluminensis, y compris la taille (34 mm). Il ne
gnation) : BRÉSIL, MINAS GERAIS : « Minas Geras / vincu- peut donc s’agir de V. transversus ou d’une autre espèce du Brésil
lofoveatus Kuw., Minas Geras [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert Atlantique. MOREIRA (1925) a ajouté une photogravure certai-
1894 ». – Longueur totale : 33,5 mm (MNHN). nement fidèle de la tête et de la partie antérieure du pronotum.
Cet exemplaire est seulement plus petit et moins transverse On y reconnaît aisément V. simillimus, surtout par la forme des
que V. simillimus. La localité erronée et l’absence de révision du canthus oculaires et du pronotum.
type sont sans doute à l’origine du statut de bonne espèce dans Comme l’espèce précédente, celle-ci a été mise en synony-
la littérature. mie avec V. transversus par LUEDERWALDT (1931).

V. costalimai Moreira transf. syn. – Espèce décrite sur quatre Caractères diagnostiques. Taille moyenne (rarement < 34 mm ou > 39 mm).
exemplaires du Brésil : trois de Botucatu (état de São Paulo) et Longueur totale : 31-41 mm ; largeur maximale : 11-14 mm aux élytres.
un de l’état de Rio (sans autre précision). L’auteur a indiqué que Tête (fig. 570, 571). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, l’apex
celui portant le « n° 21 » est « le type ». Seuls ceux de Botucatu droit à obtus, émoussé. Tubercules latéro-postérieurs petits à assez longs,
m’ont été communiqués. Holotype (sexe indét.) : BRÉSIL, SÃO droits ou courbes, atteignant ou non le sillon post-frontal. Tubercules
tentoriaux marqués à presque effacés. Angle des rides frontales droit à obtus.
PAULO : « Botucatu [810 m], S. Paulo, Coll. Azevedo Marques Clypéus étroit, plus ou moins épais, en forme d’accolade peu marquée.
XI.1912, Inst. Biol. Entom. Agri. Rio Janeiro, 344 / Veturius Fossettes latéro-frontales assez larges et plus ou moins profondes, peu rebordées
costalimai C. Mor., type, C. Moreira X.1919 / Inst. Biol. n° 21 ». sur leur marge externe ; marge antérieure effacée ; marge postérieure obliquée
– Longueur totale : 37,5 mm. Paratypes : id., n° 345 et 346 / en avant vers le tubercule interne. Aires latéro-post-frontales glabres et lisses
ou finement ridées transversalement. Canthus oculaires d’abord étroits, puis
Cotypus (MNRJ). s’élargissant quelque peu jusqu’à l’apex antérieur souvent proéminent, arrondi
Les trois spécimens de Botucatu proviennent sans doute du et dépassant plus ou moins l’œil. Yeux grands mais peu globuleux. Ligule à
même groupe familial et ne diffèrent en rien de notable de V. simil- apex antérieur simple et long. Mandibules courtes et assez fortement cintrées
limus. La description originale est sommaire et accompagnée jusqu’à l’apex trifide ; dents infra-apicales développées et presque aussi longues
que les médianes ; dents dorsales plutôt longues et hautes. Massues antennaires
d’une figure très médiocre. On y reconnaît toutefois plusieurs assez courtes et trapues (fig. 572) ; articles d’égale longueur.
caractères qui distinguent V. simillimus de V. transversus : « La Pronotum peu transverse (fig. 573). Bord antérieur presque droit à
plaga frontale [aire médio-frontale] est irrégulièrement ridée,… légèrement bilobé. Angles antérieurs bien arrondis et abaissés plus ou moins
tibias moyens avec une forte épine… ». Moreira, qui ne connais- nettement. Sillon marginal peu élargi et peu profond dans sa partie antérieure ;

494
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

fossettes latérales médianes, peu élargies, parfois presque discrètes, avec des élytrales visibles ou non ; développement, nombre (1 à 3) et position des
ponctuations rondes ou transverses plus ou moins fortes partout. épines latérales méso- et métatibiales.
Métasternum (fig. 574) à aires latéro-antérieures ponctuées et sétigères ; V. simillimus et V. transversus sont sympatrique. On trouve donc dans
aires latéro-médianes glabres et lisses. Fossettes bien marquées mais peu les collections des spécimens des deux espèces confondues, identiques par
élargies en arrière. leurs dimensions, issus parfois d’une même récolte.
Pattes. Protibias (fig. 575) légèrement, mais distinctement, élargis, avec
2-5 fortes épines émoussées de longueurs inégales, plus la fourche apicale.
Mésotibias (fig. 576) avec 1-2 épine(s) post-médiane(s) ou pré-apicale(s) Répartition géographique. Espèce endémique du Brésil
assez forte(s) ; pubescence dense et longue ; arête supérieure légèrement Atlantique s. str., mais où elle est moins répandue que
convexe sur toute sa longueur ; fourches apicales courtes et étroites ou quelque V. transversus, V. assimilis et V. sinuatus. Elle n’est connue
peu élargies ; spolons supérieurs assez épais, longs et courbes faiblement.
Métatibias id. mais moins pubescents. Tarsomères fins ; les V allongés.
avec certitude que du Brésil : moitié sud du Minas, Espirito
Édéage (fig. 577). Longueur : 2,5 mm. Habitus allongé, subparallèle. Santo (jusqu’à la frontière nord), Rio, São Paulo, moitié
Paramères et phallobase séparés par une suture indistincte. Ventral : bord est du Paraná et du Santa Catarina, nord du Rio Grande
postérieur presque droit ; phallus largement ponctué ; paramères et phallobase do Sul (fig. 917).
hauts et étroits. Dorsal : paramères et phallobase à peine apparents par un
fin liseré sclérotisé. Sa présence plus vers le nord-est (Bahia et au-delà) et
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de vers l’ouest (Paraná, Santa Catarina, Rio Grande do Sul et
V. transversus.
Derivatio nominis. De sa ressemblance (probablement) avec V. transversus.
nord du Misiones argentin), n’est pas à exclure. Son abon-
dance moindre que V. transversus explique aussi notre moins
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille moyenne à rarement grande ; tubercule central
bonne connaissance de sa répartition. Toutes les localités
court, l’apex obtus ; apex mandibulaires trifides, les dents inférieures situées hors du Brésil Atlantique sont erronées ou dues à
développées ; aires latéro-post-frontales glabres ; fossettes margino-pronotales des confusions d’espèces.
médianes, peu élargies, ponctuées partout ; mésosternum largement ponctué
et sétigère ; aires latéro-médianes du métasternum glabres et lisses ; protibias Distribution dans l’aire. Espèce typique des forêts ombro-
légèrement élargis ; méso- et métatibias épineux ; tarsomères longs et fins ;
calus élytraux glabres. mésophiles de versants des serras, bien qu’elle soit égale-
ment présente sur le littoral (par exemple sur l’île Santo
Affinités morphologiques. Espèce peu différenciée des autres de son groupe
dans le Brésil Atlantique, surtout V. transversus et V. munitus. V. sinuosus, Amaro, près de São Paulo). Elle est donc surtout réperto-
bien qu’allopatrique, est également très proche. De plus, V. simillimus est riée entre 500 et 1 000 m d’altitude. Aucun spécimen n’est
assez polymorphe (plus que les autres espèces), ce qui lui confère parfois des indiqué de plus de 1000-1 200 m.
ressemblances marquées selon les spécimens. Toutefois, c’est la seule espèce
qui a les protibias élargis (fig. 575), ainsi que les fossettes margino-pronotales Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec V. trans-
presque étroites et médianes (fig. 573). On la distinguera aussi comme suit.
De V. transversus : clypéus plus épais, plus étroit, en forme d’accolade versus, V. assimilis, V. munitus et V. sinuatus, et allopatrique
peu marquée, les angles antérieurs peu exposés ; fossettes latéro-frontales plus avec tous autres Veturius.
étroites, moins profondes et moins rebordées sur leur marge externe ; distance
entre les tubercules internes supérieure ; apex antérieur des canthus oculaires Remarques taxinomiques et historiques. V. simillimus
moins arrondi, droit à proéminent et dépassant plus ou moins l’œil ; yeux était très peu connu car il a presque toujours été confondu,
plus petits et moins globuleux ; apex mandibulaires trifides ; massues
antennaires plus courtes; pronotum peu transverse, le sillon marginal antérieur surtout avec V. transversus. Kuwert lui-même l’a d’ailleurs
assez étroit et court ; aires latéro-médianes du métasternum glabres et lisses ; identifié V. similior Kuwert (NHMV), qui est un syno-
méso- et métatibias distinctement épineux. nyme de V. transversus ! Il semble que plusieurs spécialistes
De V. munitus : taille le plus souvent supérieure ; habitus plus transverse
et plus massif ; tubercule central non tronqué en arrière ; dents mandibulaires ne l’ont pas connu, comme P ERCHERON (1835) et
infra-apicales développées et presque aussi longues que les médianes ; apex GRAVELY (1918). Gravely l’a cité de Bahia, mais il s’agit
antérieur des canthus oculaires moins arrondi, droit à proéminent et dépassant en réalité de V. transversus (alors qu’il n’a pas cité ce dernier).
plus ou moins l’œil ; aires latéro-médianes du métasternum glabres et lisses ;
méso- et métatibias distinctement épineux. Le spécimen figuré par K AUP (1871) sous le nom de
De V. sinuosus : comme V. transversus, sauf les dents mandibulaires infra- « V. transversus » est probablement celui du ZSSM car c’est
apicales développées, les méso- et métatibias épineux et les tarsomères V le seul, identifié par lui, que j’ai trouvé. Dans les collec-
longs et fins.
tions les confusions sont parfois plus importantes ; par
Polymorphisme. Espèce assez variable, en particulier la taille (± 10 mm) et exemple, Endrödi l’a identifié « V. boliviae » et « V. unicor-
l’architecture dorso-céphalique, ce qui explique en partie son ballottement
entre les rangs de synonyme, de « variété » ou de « forme » de V. transversus, nis » (MTMA).
notamment par LUEDERWALDT (1931), qui examina le plus grand nombre En plus de ses caractères morphologiques ténus et poly-
de spécimens. Il est donc nécessaire de se fier aux présents caractères clés, qui morphes, l’espèce est peu répandue et peu abondante, ce
sont, eux, très stables.
Si l’on compare à l’œil nu deux exemplaires de tailles extrêmes opposées, qui a joué un rôle important dans sa méconnaissance. Le
on est tenté de les séparer en deux espèces. On constate ainsi que de grands seul spécialiste ayant fourni une approche préliminaire cohé-
spécimens de plus de 39-40 mm côtoient de très petits, inférieurs à 32 mm, rente sur l’espèce est Reyes-Castillo (in lit. 1989), lorsqu’il
dont l’habitus presque gracile les rapproche de V. munitus (fig. 571). Une
telle variation pour une espèce généralement comprise entre 35 et 39 mm
avait noté la présence, au Brésil, d’un « complexe d’espèces »
est peu habituelle dans le genre Veturius. V. sinuatus, un autre endémique comprenant, entre autres, V. simillimus et V. transversus.
du Brésil Atlantique, est comparable sur ce point. V. simillimus a été rapporté depuis aussi longtemps que
On notera aussi les autres caractères polymorphes suivants : structure
médio-post-frontale plus ou moins marquée et élevée, lisse à ridée ; bord ses espèces sympatriques. C’est peut-être le naturaliste
antérieur du pronotum presque droit à bilobé ; ponctuation des stries disco- britannique W. Swainson qui rapporta le premier spéci-

495
Figures 570-587
Veturius (V.) groupe « transversus », Brésil Atlantique s. str. – 570-577, V. simillimus Kuwert ; 578-587, V. munitus Luederwaldt. – 570-571, 578, tête (dorsal),
tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 579, mandibule (profil externe) ; 580, aire clypéo-frontale ; 572, 581, massue antennaire ; 582,
antennomère III (dorsal) ; 573, 583, pronotum (dorsal, latéral) ; 584, mésosternum ; 574, 585, métasternum ; 575, protibia (dorsal) ; 576, 586, mésotibia
(latéral) ; 577, 587, édéage. – Échelles : 1 mm.

496
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

men, après son séjour dans les états de Pernambuco, de Le Moult vendit (IRSN 8 ex) ; Brasilia, Rio Jan. / Fry Coll. 1905-100 /
V. transversus (Dalman), det. Hincks (NHML 4 ex) ; Brazil, Rio Janeiro / E.R.
Bahia et de Rio, en 1816-1818 (UMZC). Celui attribué Leach collection (CASC 1 ex) ; Brasil, Est. do Rio, Itatiaia (ZSSM 1 ex). –
à Sylveira 1831 (MNHN) provient de Rio, sinon du sud SÃO PAULO : Brésil, Sao Paulo [760 m] (MNHN 1 ex) ; Brésil, Sylveira
du Minas. Castelnau rapporta un spécimen en 1844 [600 m] 1892 (MNHN 3 ex) ; São Paulo / Brésil, ex coll. Monard 1986
(MNHN). Celui d’Udekem d’Acoz, antérieur à 1864, est (MNHN* 4 ex) ; Brasil, São Paulo, Lindoia [680 m], Bick X.1963 / ex. coll.
G. Flutsch 2004 (MNHN* 1 ex) ; Brasil, SP., Faz. Pau d’Alho, Itu [580 m],
sans doute originaire de Rio (IRSN), tandis que celui attri- U. Martins X.1961 (MZSP 1 ex) ; São Paulo, Cantareira [< 1 000 m], J. Malik
bué à Lacerda n’est, en réalité, peut-être pas de lui, puisque XI.1962 (MZSP 1 ex) ; Brasil, SP., Piracicaba [± 550 m], S. Silveira I.1969
son long séjour au Brésil (1818-1850), eut lieu surtout (MZSP 1 ex) ; São Paulo, Atibaia [800 m], J. Malik X.1972 (MZSP 1 ex) ;
Brasil, SP, Atibaia, C. Costa, M. Mendes XII.1993 (MZSP 2 ex) ; São Paulo,
(uniquement ?) au nord des serras Atlantiques, entre le Cantascita [?], XII.1933 / V. transversus (Dalman), det. Pereira 1940 /
Goías et le Pará. Le spécimen du danois Reinhardt provient V. transversus (Dalman), Reyes-Castillo det. 1970 (IMEX 1 ex) ; Brazil, SP.,
de l’expédition de la Galathea (1845-1847), ou bien de ses Est. Biol. Boracea, Salesopolis [800 m], J.M. & B.A. Campbell XII.1969
(IMEX 1 ex) ; S. Paulo 1954 / Brasile, C. Recchia (IMEX 1 ex) ; Brasil, SP.,
voyages personnels (1850-1852, 1854-1856) (ZMC). Les Faz Barreiro Rico, Anhembi [± 800 m],W.D. Edmonds XI.1965 / V. transversus
récoltes datant de la seconde moitié du XXe siècle sont très (Dalman), Reyes-Castillo det. 1970 (IMEX 1 ex) ; Barueri [± 750 m], K. Lenko
modestes, et l’on peut présumer que la destruction ou la XI.1954 / V. transversus (Dalman), det. Pereira 1957 (IMEX 1 ex) ; Brasilien,
Umg. v. Sao Paulo, Itapecirica [900 m], F. Paulsen III.1958 / V. transversus
profonde transformation des forêts denses Atlantiques ont (Dalman), det. Pereira (FISF 1ex); S. Paulo, Alto d. Serra [± 1000 m], F. Ohaus
été davantage préjudiciables à cette espèce qu’à d’autres. S. XI-XII.1926 / V. transversus Dalm., det. Luederwaldt (MNHB 4 ex) ; Sao
Paulo, Sto Amaro [Ihla de, < 500 m] 1922 / Becker G. (MNHB 1 ex) ; Ostgr.
Autre matériel examiné. Environ 160 ex. Sao Paulo, Bocaina [600 m], Coll. Kessel (PAIZ 1ex); Brasil, S. Paulo (MUHD
BRÉSIL (sans autre précision) : Brésil (MNHN 4 ex) ; Brasilia / Ex 1ex); Sao Paulo, Coll. Spemann (MUHD 1ex); Brasilien, Sao Paulo / P. Kaiser
Musaeo J. Thomson [< 1897] (MNHN 1 ex) ; 4145-1833 / Brésil, Sylveira 1953 / V. unicornis Gravely, det. Endrödi 1964 (MTMA 1 ex) ; Brasil, SP, São
[J. Silveira Caldeira] 1831 (MNHN 4 ex) ; Brésil / ex coll. H. Boileau 1925 Roque, Sitio Itatuba, 950 m / J. Sár III-V.1993 (MTMA 2 ex) ; Sao Paulo,
(MNHN 3 ex) ; 872-1893 / Brésil, Glaziou 1893 (MNHN 1 ex) ; Bresil / S. Bernardo [770 m], R. Spitz I.1928 / V. transversus (Dalman), det.
Coll. A. Jung 1984 (MNHN 2 ex) ; Brésil / ex Musaeo ED. Brown [< 1876] Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Brasilien, S. Paulo, Campinas [850 m],
(MNHN 1 ex) ; Brésil / ex coll. Ph. Moretto 1999 (MNHN* 5 ex) ; Brésil, A. Kraatz V. (MNHB 2 ex) ; S.P., S. Paulo, IX.1953 / V. transversus (Dalm.),
H. d’Udekem d’Acoz 1870 (IRSN 2 ex) ; Brésil, R. Vitalis de Salvaza 1924 det. Pereira 1964 (MHNB 1 ex) ; Brazil, S.P., Salesopolis, Est. Biol. Boraceia,
(IRSN 1 ex) ; Brésil, Coll. Melly 600-1 (MHNG 1 ex) ; Brésil, Lavanchy 1907 J.M. & B.A. Campbell XII.1969 / V. transversus (Dalm.), det. Reyes-Castillo
(MHNG 1 ex) ; Brasilia (MNHB 1 ex) ; Brasilia, Frölich / V. boliviae Gravely, 1984 (MCNO 2 ex) ; Brazil, São Paulo, Casa Grande, Boracéia Field Station
det. Endrödi 1967 (MTMA 1 ex) ; Brasilien / Coll. Kraatz [< 1909] / V. sp., [480 m], T.E. Rogers II.1975 (FSCA 1 ex) ; Bras., S. Paulo, Rio Mucury,
det Arrow / V. transversus (Dalman), det. Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Lindenberg XI.1915 / V. transversus (Dalm.), det W.D. Hincks (ZSSM 1 ex).
Brasil (NHRS 1ex); Brasil / V. sp., det. Gravely (NHML 1ex); ex coll. Swainson – PARANÁ : Brésil, Ponta Grossa [800 m], P. Lombard 1912 (MNHN 1 ex) ;
[1816-18] (UMZC 1 ex) ; Bras., sehr Klein transversus Dalm. (ZSSM 2 ex) ; Estado do Parana, Curityba, Claret III.1938 / Veturius transversus Dalm.,
N.c. Y [?] / V. similior Kuw., ipce vidit (NHMV 3 ex). – MINAS GERAIS : Pereira det. 1938 / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN* 2 ex) ; Brasil, Paraná,
Minas Gerais, Env. Passa Quatro, bord du Rio Las Pedras, 1 000 m, E.R. Curitiba [900 m], O. Schmitt 1987 (MNHN* 1 ex) ; Paraná, Cachœira
Wagner 1903 (MNHN P2O) ; Brésil, Uberaba [800 m] (MNHN 1 ex) ; [700 m], Morretes V.1935 / V. transversus (Dalman), det. Pereira 1940 /
Brasil, Minas Gerais, Conceição dos Ouros [870 m], Almoida II.1968 / ex. V. transversus (Dalman), Reyes-Castillo det. 1970 (IMEX 1 ex) ; Ipiranga
coll. G. Flutsch 2004 (MNHN* 1 ex) ; Minas Geraes / de Lacerda [< 1852] [800 m] / V. transversus (Dalman), det. Pereira 1940 / V. transversus (Dalman),
/ Veturius vinculofoveolatus Kuw. [dét. Kuwert], Type [nec type nomencl.] Reyes-Castillo det. 1970 (IMEX 1 ex) ; Curityba, III.1938 / V. transversus
(IRSN 1ex); Braz., Minas, Will / V. transversus Dalm., Lued. [dét. Luederwaldt] Dalm., det. Pereira (MTMA 2 ex). – SANTA CATARINA : Brésil, Mafra
(MNHB P) ; Minas Geraës, Stephan. / Samml. Jak. Sturm [vers 1830] / (800 m] (MNHN 6 ex) ; Sta. Catarina, Mafra, XII.1940 / V. transversus
V. transversus (Dalm.), det W.D. Hincks (ZSSM 4 ex) ; O. Monte-Minas (Dalman), det. Pereira 1949 / V. transversus (Dalman), Reyes-Castillo det.
[Monte Alegre de Minas, 730 m], P. Reyes-Castillo / V. (trans.) trituberculatus 1970 (IMEX 1 ex) ; Brazil, S. Cath., Pinhal [500 m], XII.1947 / A. Maller
Esch., det. Pereira 1970 / V. transversus (Dalman), Reyes-Castillo det. 1985 (IMEX 2 ex) ; Brasil, Blumenau [0 m] (SMTD 1 ex) ; Brésil, Santa Catharina,
(IMEX 1 ex) ; Lagoa Santa [760 m] (IZLH 1 ex) ; Sete Lagoas [760 m], Le Moult (IRSN 1 ex) ; Brazil, S. Cath., Pinhal, XII.1948 / A. Maller, Donor
Reinhardt (ZMC 1 ex) ; Brésil, Minas / Slg. R. Oberthür 1956 (ZFMK 2 ex) ; F. Johnson / V. transversus (Dalman), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 3 ex).
Brazil, Minas Gerais, Araxá [1 000 m], R. Nielsen IX. 1965 (USUL 1 ex) ;
Brasil, Minas Gerais, Viçosa, 648 m, luz, E. Amante XI.1956 (MZSP 1 ex).
– ESPIRITO SANTO : Brasil, Espirito Santo, ex. Frühstorfer [< 1922] / 37. Veturius (Veturius) assimilis (Weber 1801)
V. transversus (Dalman), det. Hincks (FISF 1 ex) ; Esp. Santo / Coll.
B. Schwarzer (FISF 1 ex) ; Brasilien, Espirito Santo, A. Böttcher / V. transversus (fig. 111, 588-600 – 916, 920-921, 926)
trituberculatus Esch., det. Luederwaldt 1928 (DEIE 1 ex) ; Brasilien, Esp.
Santo, Miss. Mus. Steyl / V. transversus (Dalm.), det. Pereira 1957 (MHNB Passalus assimilis : WEBER 1801 : 81.
1 ex) ; Brazil, Espiritu Santo, Mun. Conceição da Barra [0 m], 12 km E Pedro Passalus Assimilis Web. : DALMAN 1817 : 333 ; BURMEISTER 1847 : 518
Canário, Fazenda Klabin, J.P. Abravaya XII.1972 (LACM 1 ex) ; Brasil, ES, (partim guyanensis).
S. Mateus [40 m], A.D. Bresc I.1998 (MZSP 2 ex). – RIO DE JANEIRO : Passalus cephalotes Lep. & Serv. : CASTELNAU 1850 : 178.
Tijuco [± 1 000 m] (MNHN 1 ex) ; 10-1844 / Rio, de Castelnau 1844 Passalus assimilis Web. : KAUP 1868 : 26 (partim guyanensis) ; GEMMINGER
(MNHN O) ; Brésil, Rio Janeiro, Dupuy 1909 (MNHN O) ; Rio Janeiro, & H AROLD 1868 : 973 (catal.) ; K AUP 1871 : 111 (partim sp.,
VIII.1871 / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 2 ex) ; R. d. Janeiro, Petropolis guyanensis) ; KUWERT 1891 : 173, 1898 : 166 (partim guyanensis) ;
[800 m], F. Ohaus S. XII.1904 / V. transversus Dalman, det. Ohaus (MNHB ARROW 1907 : 454 ; GRAVELY 1918 : 38 & pl. V fig. 8 ; MOREIRA 1922 :
2 ex) ; Rio de Janeiro, Muller XI.1919 (SMNS 1 ex) ; Serra do Itatiaya [± 268 & fig. 15 ; 1925 : 19 & pl. 1, fig. 4 (partim munitus sensu
1 000 m], Südabhg., Waldreg, Zerny X.1927 (NHMV 1 ex) ; Brasilien, Rio, Luederwaldt?, guyanensis); LUEDERWALDT 1931 : 39 (partim guyanensis);
E. Wide (ZISL 1 ex) ; Brasil, Rio / Coll. B. Berthing / V. transversus Dalm., HINCKS & DIBB 1935 : 23 (catal. ; partim guyanensis) ; PEREIRA 1941 :
det. Pereira (FISF 2 ex) ; Itatiaya, Seitz II.1927 (FISF 5 ex) ; Rio de Janeiro, 37 ; GUÉRIN 1953 : 244 (catal.) ; DOESBURG 1957 : 22 ; PEREIRA &
Schäfer / V. transversus (Dalman), det. Hincks (FISF 1 ex) ; Brasil, Janeiro / KLOSS 1966 : 44 ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 ; BÜHRNHEIM 1978 :
Ex. Staudinger & Bang Haas [< 1900] (MUHD 1ex); Rio Janeiro / via Janson 15 & pl. 3 fig. 4-6, pl. 13 fig. 2 ; MARTINS 1982 : (caryol.) ; BOUCHER
(MUHD 1 ex) ; Rio d. Jan. (IZLH 2 ex) ; Rio Jan. / V. boliviae Gravely, det. 1986 : 498 (partim christiani sensu Boucher, guyanensis) ; BOUCHER
Endrödi 1967 (NHRS 1ex); Brésil, Rio de Janeiro, Mendes [400 m], XI.1937, 1987 : 367 (partim guyanensis).

497
Stéphane Boucher

[Veturius assimilis (Weber) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 L’espèce a été mise en synonymie par BURMEISTER (1847),
(catal.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 85 (catal.)]. statut inchangé jusqu’à présent. Il est intéressant de noter que
Veturius assimilis (Weber) : SERRANO et al. 1998 : 166 (caryol.).
[Veturius assimilis (Weber) : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 2002 : 142
PERCHERON (1835) n’a pas vu V. semicylindricus comme syno-
(catal.)]. nyme de V. assimilis, mais Passalus acuminatus, qui est une autre
espèce d’Eschscholtz dans le même travail. Or, l’examen du type
Syn. : V. semicylindricus (Eschscholtz 1829)
Passalus semicylindricus : ESCHSCHOLTZ 1829 : 27 ; 1831 : 336. de P. acuminatus montre que c’est un Passalini. Ceci confirme-
Passalus semi-cylindricus Eschs. : PERCHERON 1841 : 45. rait que Percheron ne connaissait pas le véritable V. assimilis (voir
Passalus semicylindricus Eschsch. (syn.) : BURMEISTER 1847 : 518. V. christiani et V. guyanensis).
Passalus semicylindricus Eschsch. : SMITH 1852 : 11.
Passalus semicylindricus Eschsch. (syn.) : KAUP 1868, 15 ; GEMMINGER & V. gabonis Kuwert. Espèce décrite sur n exemplaire(s) d’« Afrika
HAROLD 1868 : 973 (catal.). aequatorialis (Gabon) ». KUWERT (1898) modifia cette informa-
Veturius semicylindricus (Eschscholtz) (syn.) : KAUP 1871 : 111 ; KUWERT tion par : « Ein Stück im Stuttgarter Museum, mit unanfechtbarer
1891 : 173, 1898 : 166 ; LUEDERWALDT 1931 : 39 ; HINCKS & DIBB
1935 : 23 (catal.) ; BOUCHER 1987 : 369. Provenienz ? ».
Syn. : V. gabonis Kuwert 1890 Remarque sur le matériel et sur la localité types. La collec-
Veturius Gabonis : KUWERT 1890 : 103. tion Kuwert (MNHN) renferme un spécimen avec deux
Veturius Gabonis Kuw. (incertae sedis) : KUWERT 1891 : 173. étiquettes manuscrites par lui : l’une « Gabon », l’autre « Brasilien ».
Veturius gabonis Kuw. : KUWERT 1898 : 167 ; ARROW 1907 : 450. BOUCHER (1987) en avait conclu que le spécimen du SMNS
Veturius gabonis Kuw. (syn. pumilis Kuw.) : LUEDERWALDT 1931 : 41 ;
HINCKS & DIBB 1935 : 24 (catal.) ; BOUCHER 1987 : 369. était l’holotype et celui du MNHN un spécimen nommé. Ceci
s’avère inexact car le seul spécimen identifié par Kuwert avec la
Syn. : V. pumilis Kuwert 1890
Veturius Pumilio : KUWERT 1890 : 102, 1891 : 173, 1898 : 167.
localité type originale « Gabon » est celui du MNHN. En consé-
Veturius pumilis Kuwert : MOREIRA 1922 : 269 & fig. 16 ; 1925 : 23 & fig. 1. quence, le spécimen du SMNS n’a pu être cité qu’en 1898 et
Veturius pumilis Kuw. (syn.) : LUEDERWALDT 1931 : 39 ; HINCKS & DIBB n’est pas un syntype.
1935 : 24 (catal.) ; BOUCHER 1987 : 369. Une autre ambiguïté entre les deux descriptions concerne
Matériels types les dimensions des spécimens. KUWERT (1890) a indiqué une
longueur de 35 mm, puis (1898) de 28 mm. Il s’agit d’une erreur
V. assimilis (Weber). Espèce décrite sur n exemplaire(s)
typographique car en 1890 l’auteur avait précisé : « Species magni-
d’Amérique (sans autre précision). BOUCHER (1987), lors de
tudine, statura et adspectu antecedenti aequalis… ». Or, l’espèce
la révision de l’espèce, a considéré ce matériel comme disparu
précédente en question est son V. pumilis (voir ci-dessous), lequel
et a désigné un néotype. Néotype P : BRÉSIL, RIO DE
ne dépasse pas 31 mm.
JANEIRO : « Montagne des Orgues, prov. Rio de Janeiro, envi-
ron de la Tijuca, 500-1 000 m, E.R. Wagner 1901 ». – Longueur Quant à la localité type, tout porte à croire que Kuwert réalisa
totale : 28 mm (MNHN). Quatre autres exemplaires de la même qu’elle était erronée lorsqu’il fut convaincu que son espèce était
série sont au MNHN. synonyme. Dans sa collection, le spécimen identifié « assimilis,
Outre la localité type, d’une précision discutable, la descrip- Brasil » cotôie en effet son V. gabonis. Kuwert aurait donc ajouté
tion originale est très courte, imprécise et ne comporte pas les sur ce dernier l’indication « Brasilien », ce qu’il n’a pu faire sur le
dimensions de l’échantillon. L’indication « Affinis praecedentibus » second spécimen ne lui appartenant pas, au SMNS. On peut
(en l’occurrence Odontotaenius disjunctus (Illiger)) suggère qu’il alors corriger l’acte de 1987 par : lectotype (présente désigna-
s’agit d’un Proculini, mais seuls les caractères thoraciques permet- tion, sexe indét.) : BRÉSIL (sans autre précision) : « Gabonis
tent de penser que c’est un Veturius : « Thorax canaliculatus, late- Kuw., Gabon [dét. Kuwert] / Brasilien / ex Musaeo A. Kuwert
ribus apice valde marginatis nullis punctis impressis gaudens ». 1894 ». – Longueur totale : 28 mm (MNHN).
Dans la pratique taxinomique, presque tous les auteurs, Ce spécimen est indistinct de V. assimilis et l’espèce a été
depuis BURMEISTER (1847), ont identifié « assimilis Weber » la mise en synonymie par LUEDERWALDT (1931).
petite espèce décrite ci-après. Ceci est peut-être arbitraire, mais V. pumilis Kuwert. Espèce décrite sur n exemplaire(s) de Rio
jusqu’à preuve du contraire, on ne peut le contester. de Janeiro « In Meiner und der Königl. Stuttgarter Museum samm-
V. semicylindricus (Eschscholtz). Espèce décrite sur n exem- lung ». KUWERT (1898) ajouta : « Rio de Janeiro ; St. Catharina ».
plaire(s) de Rio de Janeiro. Lectotype (présente désignation, sexe Le spécimen du SMNS n’a pas été retrouvé. Les longueurs
indét.) : BRÉSIL, RIO DE JANEIRO : « semicylindricus Esch., totales sont autant contradictoires que pour V. gabonis (35 mm
Brasilia R.J., Manjav [dét. Eschscholtz] ». – Longueur totale : en 1890 ; 26-27 mm en 1898).
27,5 mm (MZUM). Il est aujourd’hui difficile de savoir avec précision quelle est
Cet exemplaire est indistinct du précédent. La description la série type car plusieurs spécimens de Rio et de Santa Catarina
originale, précise et sans figure, permet de ne pas douter du genre ont été mélangés avec V. assimilis dans la collection Kuwert.
et de l’espèce. La seconde description (ESCHSCHOLTZ 1831) est OBERTHÜR (1933) avait indiqué la présence de trois V. pumilis
même d’une concision remarquable : « Antennarum lamellis brevi- dans cette collection. Lectotype (présente désignation, sexe
bus, apicali majori semi-lunato ; Thorace antice bisinuato, angulis indét.) : BRÉSIL, SANTA CATARINA : « St. Catharina / pumi-
rotundatis ; Elytris convexis. Habitat Rio-Janeiro Brasiliae, lis Kuw., St. Cathar. [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 ».
Longitudine pollicis [un pouce = 27 mm] rufocastaneo totus ». – Longueur totale : 26,5 mm (MNHN).
LUEDERWALDT (1931) eut donc tort d’écrire que l’identifica- L’espèce a été mise en synonymie à juste titre par
tion était impossible avec cette description. LUEDERWALDT (1931).

498
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Caractères diagnostiques. Habitus allongé, souvent gracile. métasternum à aires latéro-médianes glabres et lisses et fossettes bien élargies
Taille petite à très rarement moyenne. Longueur totale : 25-31 mm ; en arrière ; ponctuation élytrale visible partout.
largeur maximale : 9-11 mm aux élytres. De V. dreuxi : tubercule central tronqué en arrière ; aires latéro-post-
Tête (fig. 588). Tubercule central conico-pyramidal très court, tronqué frontales davantage ponctuées et sétigères ; angle des rides frontales aigu à
en arrière, l’apex obtus et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs bien marqués, presque droit ; antennomères VIII plus courts que les IX ou X ; angles
longs, courbes, l’extrémité contiguë ou non avec le sillon post-frontal. antérieurs de la tête peu ou à peine marqués, très émoussés ; fossettes margino-
Tubercules tentoriaux peu marqués. Rides frontales postérieures allongées, pronotales moins larges et moins profondes ; aires latéro-médianes du
plus ou moins marquées, presque droites depuis l’apex du tubercule central, métasternum entièrement glabres et lisses; ponctuation élytrale visible partout.
puis convergentes à proximité des tubercules internes. Tubercules internes
De V. christiani : tubercule central tronqué en arrière ; bord antérieur
bien à peu marqués. Angle des rides frontales aigu à presque droit, mamelonné.
des fossettes latéro-frontales convexe et dépassant du bord frontal ; article II
Clypéus étroit, proéminent, bombé, souvent irrégulier, en forme d’accolade
des palpes labiaux lisse (non microtuberculé) ; pronotum à angles latéro-
plus ou moins marquée ; angles antérieurs droits, incurvés en avant et peu
postérieurs (vue de profil) marqués, les fossettes non « pincées » en arrière ;
distincts en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales assez profondes, étroites ;
épimères prothoraciques avec des soies nombreuses ; mésosternum ponctué
marge antérieure souvent incisée et dépassant du bord frontal (fig. 588 ; voir
et sétigère.
aussi V. munitus fig. 580) ; marge postérieure obliquée en avant vers le
tubercule interne. Aires latéro-post-frontales ponctuées et pubescentes. Parmi les espèces présentes dans le Brésil Atlantique, V. assimilis se
Canthus oculaires assez courts, l’apex antérieur obtus ou droit, arrondi et distingue surtout par la taille plus petite (les plus grands spécimens ressemblent
ne dépassant pas l’œil. Aire post-frontale délimitée postérieurement par un beaucoup à V. munitus) et par les aires latéro-post-frontales sétigères.
profond sillon chagriné plus ou moins largement. Ligule à apex antérieur
simple et long. Article II des palpes labiaux assez étroit, courbe et allongé, Polymorphisme. Espèce peu variable : taille (± 6 mm ; les spécimens > 30 mm
près de deux fois plus long que le III. Bord antérieur du labre droit ou à sont très rares) ; structure médio-post-frontale lisse à ridée, les soies des aires
peine concave. Mandibules à apex trifides, les dents inférieures développées ; latéro-post-frontales plus ou moins étendues et nombreuses ; angles antérieurs
dents dorsales courtes, assez élevées mais incurvées, l’apex obtus (fig. 590). du pronotum bien arrondis et abaissés à presque droits ; présence (< 1% des
Massues antennaires courtes (fig. 591) ; articles d’inégales longueurs, surtout spécimens) d’une très courte épine latérale sur les méso- ou métatibias.
le premier qui est plus court ; article apical convexe sur sa marge externe. Un caractère occasionnel et d’un intérêt particulier est l’incision que
Pronotum (fig. 592). Bord antérieur bilobé. Angles antérieurs plus ou l’on distingue clairement sur la marge antérieure des fossettes latéro-frontales.
moins abaissés. Sillon marginal élargi, assez profond ; lisse ou avec quelques Cette incision serait une trace du sillon clypéo-frontal proculinien (voir chap.
ponctuations et atteignant près de la moitié de la largeur du pronotum dans I-II) ; elle existe, homologue, chez V. munitus, peut-être aussi chez V. dreuxi
sa partie antérieure ; fossettes latérales antérieures, larges et couvertes de (grpe « ecuadoris »).
ponctuations fortes, rondes ou transverses.
Mésosternum très largement sétigère (fig. 594). Le spécimen aberrant de Rio. Chez les Passalides, la tératologie dissymétrique
Métasternum (fig. 595) à aires latéro-antérieures ponctuées et sétigères d’une partie de l’exosquelette est courante, en particulier sur les appendices,
partout, sauf parfois en bordure des fossettes ; aires latéro-médianes glabres mais elle est généralement peu distincte. En revanche, la tératologie symétrique
et lisses. Fossettes assez profondes partout ; étroites en avant ; peu élargies en est plus remarquable, mais elle est localisée et beaucoup plus rare. Un cas
arrière, ponctuées et sétigères comme précédemment. bien connu des spécialistes (malgré eux) est celui du type de Passalus denticollis
Élytres. Stries élytrales finement ponctuées et visibles partout (fig. 596, Kaup 1871, car il est figuré par son auteur. Chez cette espèce mythique du
597). Brésil, des caractères du pronotum lui confèrent un habitus tout à fait unique ;
Méso- et métatibias inermes. il est en effet unique puisque le spécimen est en réalité un tératologique du
banal P. alius Kuwert 1898 (BOUCHER 2004). Pourtant, les deux taxons ont
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué au moins sur les deux
toujours été admis par les auteurs comme deux bonnes espèces.
tiers de sa longueur apicale.
Édéage (fig. 600). Longueur : 1,8 mm. Habitus subparallèle, peu Un troisième type de tératologie, symétrique et étendue à de nombreuses
sclérotisé. Paramères et phallobase séparés par une suture plus ou moins parties du corps et des appendices, est rarissime. Un exemple existe chez
distincte. Ventral : bord postérieur droit à légèrement concave ; phallus V. assimilis et mérite d’être souligné ici. Le spécimen provient des environs
ponctué ; paramères et phallobase hauts et étroits. Dorsal : paramères et de Rio (coll. Boileau 1925 ; MNHN). Une grande partie de la tête, le
phallobase apparents par un fin liseré sclérotisé. pronotum et les appendices sont fortement déformés ou hypertéliques. Les
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de méso- et métathorax, l’abdomen et les genitalia femelles sont normaux. Sur
V. transversus. la face dorsale de la tête (fig. 589), la structure médio-post-frontale n’est plus
Derivatio nominis. De la ressemblance avec des Passalus (notamment convexe mais concave, donc peu marquée, sauf les tubercules internes qui
des Pertinax). sont au contraire plus développés que d’ordinaire, tandis que les aires latéro-
Caryotype déterminé 13 + XY par MARTINS (1982) sur des spécimens post-frontales ne sont plus ponctuées et sétigères, mais glabres et ridées. Sur
de São Paulo, puis repris par SERRANO et al. (1998). la face ventrale, le disque du mentum est élargi et plan. Sur le pronotum
(fig. 593), le sillon latéro-marginal est très fortement élargi, avec de larges
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun ponctuations crevassées. Enfin, les méso- et métatibias sont plus ou moins
autre V. (Veturius) : petite taille (ou très rarement > 30,5 mm) ; tubercule convulsionnés, avec les arêtes dorsales et latérales concaves et les plantes
central conico-pyramidal très court, tronqué en arrière, l’apex obtus ; apex presque tabulaires (fig. 598-599). L’habitus original de ce spécimen lui aurait
mandibulaires trifides, les dents inférieures développées ; aires latéro-post- sans doute valu autrefois le statut d’espèce.
frontales sétigères ; fossettes margino-pronotales antérieures, larges et couvertes
de ponctuations fortes ; mésosternum largement ponctué et sétigère ; aires
latéro-médianes du métasternum glabres et lisses; méso- et métatibias inermes; Répartition géographique. Espèce endémique du Brésil
ponctuation des stries élytrales fine mais visible partout. Atlantique, où elle est assez répandue. Elle est connue avec
Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. hermani (même groupe), certitude, au Brésil, des états de Minas (moitié sud), Rio,
de V. dreuxi (grpe « ecuadoris ») et dans une moindre mesure de V. christiani São Paulo, Paraná, Santa Catarina et Rio Grande do Sul
(grpe « libericornis »), avec lesquels elle peut être facilement confondue. On (nord-est), et au Paraguay de l’Alto Paraná (fig. 916). Sa
l’en distinguera néanmoins aisément comme suit.
De V. hermani : mandibules à apex trifides et dents dorsales moins élevées présence est vraisemblable, au Brésil, dans les états de
et incurvées ; aires latéro-post-frontales sétigères ; angle des rides frontales Espirito Santo et de Bahia, d’autant plus qu’un exemplaire
aigu à presque droit ; tubercules latéro-postérieurs longs, courbes et émoussés ; ancien est indiqué du Pernambuco (MUHD). Elle existe
antennomères VIII plus courts que les IX ou X ; angles antérieurs de la tête
peu ou à peine marqués, très émoussés ; apex antérieur de la ligule plus long sans doute aussi dans d’autres régions du Paraguay et en
que les côtés ; fossettes margino-pronotales avec des ponctuations fortes ; Argentine (Misiones).

499
Stéphane Boucher

Distribution dans l’aire. Espèce polyvalente dans ses très inexact ; V. assimilis est donc confondu au moins avec
étages, occupant le littoral jusqu’à plus de 1 500 m d’alti- V. transversus et V. munitus.
tude. Elle semble plus abondance dans les forêts ombro- Par la suite, les auteurs qui ont cité l’espèce du Brésil
mésophiles de versant, la majorité des spécimens exami- Atlantique l’ont bien reconnue. PEREIRA & KLOSS (1966)
nés provenant de 500 à 1 100 m. ont étudié le proctodéum, qu’ils ont comparé avec celui
d’autres Veturius. Quant aux citations de l’espèce
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec V. trans- d’Amazonie colombienne (REYES-CASTILLO & AMAT
versus, V. simillimus, V. munitus et V. sinuatus. Une sympa- GARCÍA 1991, AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996,
trie est avérée avec V. sinuosus, mais seulement dans la partie 2002), j’ignore de quel taxon il s’agit, aucun spécimen
méridionale du Corridor Paraguayen (Paraguay oriental). identifié comme tel n’ayant été trouvé dans le matériel reçu
Les autres Veturius sont tous allopatriques. de ces auteurs.
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce a Sur le plan historique, V. assimilis a été rapporté depuis
été le second Veturius connu, après V. sinuosus. Son endé- longtemps en Europe, notamment par la plupart des récol-
misme, sa petite taille et la découverte récente ou présente teurs des espèces sympatriques V. transversus, V. simillimus
des espèces les plus proches lui ont valu d’être peu confon- et V. sinuatus (voir ces espèces pour des précisions).
due. Toutefois, la première et principale erreur, due à
PERCHERON (1835) pour avoir cité l’espèce de Guyane, Autre matériel examiné. Environ 230 ex.
BRÉSIL (sans autre précision) : Brésil (MNHN 8 ex) ; assimilis Weber,
eut des conséquences lointaines : presque tous les auteurs Brasil [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex) ; Bras., ex
ont suivi cet auteur, alors que son spécimen était en réalité Musaeo H.W. Bates 1892 / V. heydeni Kaup [dét. Bates] (MNHN 1 ex) ;
un V. guyanensis (voir cette espèce et V. christiani). De plus, Brésil / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN 4 ex) ; Veturius assimilis, Brasil,
nous avons vu que Percheron n’a sans doute pas connu le Guyane [Guérin-Mèneville?] / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN O); Assimilis
Weber, Deyr., Brasilia [Deyrolle, < 1865] / ex coll. Deyrolle in ED. Brown
véritable V. assimilis. (MNHN 1 ex) ; Brasil / ex Musaeo ED Brown [< 1876] (MNHN 1 ex) ;
KAUP (1868) a identifié l’espèce sur un spécimen de Brésil / Ex Musaeo J. Thomson [< 1897] (MNHN 1 ex) ; Brasilien (ZISL
1 ex) ; Brasilien, Mangold (ZISL 1 ex) ; Brésil / P. de Borres / Coll. de Candolphe
Rio, de la collection Mniszech (MNHN) ; mais KAUP 1895 (MHNG 1 ex) ; Brésil, Coll. G. Junod / V. assimilis Weber, VI.1892
(1871), qui l’a ensuite citée de Guyane, l’a finalement [dét. ?] / V. assimilis Web., det Endrödi 1979 (MHNG 2 ex) ; Brasilien / Coll.
confondue avec V. christiani. CASTELNAU (1850) a rapporté Kraatz [< 1909] / V. trituberculatus Esch., det. Zang (DEIE 1 ex) ; Brésil,
Reitter (IRSN 1 ex) ; Brasilia / V. assimilis Web., det. Reitt. 1891 (MSNG
des spécimens de Rio, mais qu’il a identifiés « cephalotes » 2 ex) ; Bras. (MSNG 4 ex). – PERNAMBUCO : Brasilien, Pernambuco,
(MNHN). BURMEISTER (1847), comme l’a souligné P. Ringler (MUHD 1 ex). – MINAS GERAIS : Minas Gerais, Vila Monte
LUEDERWALDT (1931), n’a, semble t’il, pas connu l’espèce, Verde [± 1 000 m], J. Halik II.1970-V.1974 (MZSP 2 ex) ; id., J. Halik
II.1964 / V. assimilis (Web.), det. Pereira 1965 (USNM 3 ex) ; M. Geraes,
tandis que le spécimen figuré par HEYNE & TASCHENBERG Pocinhos [± 1 000 m], J. Halik X.1932 / V. assimilis (Web.), det. Pereira
(1896) est en fait un Passalus. Il est également très probable, 1965 (USNM 6 ex) ; Minas Geraes, Ouropreto [± 1 180 m] / V. Luederwaldti
comme l’a souligné à nouveau LUEDERWALDT (1931), que Zikán, det. Ohaus (MNHB 3 ex). – ESPIRITO SANTO : Bras., Espirito
MOREIRA (1922, 1925) a confondu l’espèce avec plusieurs Santo, Trijuco Preto, 900 m / Coll. v. Doesburg via Em. Reitter / V. assimilis
Web., det. v. Doesburg (NNML 1 ex). – RIO DE JANEIRO : id. néotype /
autres de la région de Rio, puisqu’il a considéré V. pumilis V. assimilis (Weber), Reyes-Castillo det 1976 (MNHN 4 ex) ; 17-1844 / Rio
comme bonne espèce et qu’il a noté « Tête lisse… », ce qui de Janeiro, de Castelnau 1844 (MNHN 1 ex) ; Brésil, Nova Friburgo [850 m],
est incompatible avec V. assimilis (ponctué et sétigère). La P. Germain II.1884 (MNHN 1 ex) ; Rio de Janeiro / ex Musaeo A. Kuwert
1894 (MNHN 3 ex) ; Brésil, Rio de Janeiro, Tijuca, Joss I.1996 (MNHN*
bonne figure donnée par MOREIRA (1925) ne montre 3 ex) ; Brazil, Rio de Janeiro, Corcovado [Parq. Nac. Da Tijuca], A. Martinez
d’ailleurs aucune soie. Enfin, cet auteur a signalé une taille XI.1956 (IMEX 1 ex) ; Brazil, Hardy-Dréneuf, Porto Real [> 500 m] 1890
maximale de 31 mm, ce qui n’est pas impossible, mais qui / V. assimilis Weber, det. v. Doesburg (NNML 1 ex) ; Rd Janeiro, Itatiaya [±
1000 m], Zikán S. (NNML 2ex); Brasilien, Santa Cruz, P. Ringler / V. assimilis
correspond davantage à V. munitus (lequel a, de surcroît, Web., det. v. Doesburg (NNML 1 ex) ; Braz., Rio, Organ Mts., 1 500 m,
la tête glabre et lisse). P.G. Russell / XII.1915 / V. assimilis (Weber), det. Hincks (USNM 1 ex) ;
R. de Janeiro / Coll. Felsche 1918 (SMTD 1 ex) ; Brasil, E. do Rio, Itatiaya,
C’est alors à LUEDERWALDT (1931) que l’on doit la 700 m, J.F. Zikán (SMTD 5 ex) ; Rio d. Janeiro, Petropolis [± 800 m], Ohaus /
meilleur révision de l’espèce car il a identifié, apparem- V. Luederwaldti Zikán, det. Ohaus (MNHB 10 ex) ; Rio d. Janeiro,
ment avec peu d’erreurs, une cinquantaine de spécimens Theresopolis [870 m], Ohaus S. I.1905 / det. id. (MNHB 3 ex) ; Rio
d. Janeiro, Itatiaya, Ohaus S. / V. assimilis Web., det. Ohaus (MNHB 8 ex) ;
du Brésil (des états de Minas, Rio, São Paulo, Santa Brésil, Rio Janeiro, Coll. Madon (IRSN 1 ex) ; Brésil, Mendes [± 400 m],
Catarina et Rio Grande do Sul). Toutes ses localités sont Le Moult (IRSN 4 ex) ; Brasil, 90 km Rio de Janeiro, Mendes, Le Moult
confirmées et nombre de ses spécimens ont pu être révi- XI.1937 (IRSN 5 ex) ; Brasilia, Rio Jan. / Fry Coll. 1905-100 / V. pumilis
sés. Cependant, sa confusion avec d’autres Veturius du Kuw., det. Arrow (NHML 2 ex). – SÃO PAULO : Sao Paulo, Alto da Serra,
R. Spitz II.1932 / V. assimilis Web., det. Luederwaldt 1933 / ex coll. P. Griveau
Brésil Atlantique est prouvée dans sa conclusion : « O unico 1990 (MNHN* 2 ex) ; Brasil, SP., Campos do Jordão [1 630 m], L. Travassos
caracter differencial seguro de transversus que ás vezes tem o I.1967 (MZSP 1 ex) ; San Paulo, Faz. Barreiro Rico, Anhembi [± 470 m],
mesmo comprimento, como assimilis, é a esculptura e a fina W.D. Edmonds XI.1985 (IMEX 1 ex) ; San Paulo, A.d. Serra [± 1 000 m]
(IMEX 2 ex) ; Brasilia, S. Paulo, Alto da Serra, II.1933 / V. assimilis Web.,
pubescencia na cavidade lateral da cabeça [aires latéro-post- det. Luederwaldt (NNML 2 ex) ; Est. Sao Paulo, Cénarajá [?], XII.1922 /
frontales] ; faltando esta, resta só o comprimento ». Ceci est V. assimilis (Weber), det. Luederwaldt (FISF 1 ex) ; São Paulo, Campos do

500
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Jordão, J. Halik IX.1964 / V. assimilis (Web.), det. Pereira 1965 (USNM BRÉSIL, RIO DE JANEIRO : « 06133 / Itatiaya, Maromba,
1 ex) ; Brasilien, Campinas [850 m] (MNHB 1 ex) ; S. Paulo, Alto da Serra, 1 100 m, Est. do Rio, J.F. Zikán X.1932 / Veturius sp. mit
Ohaus / V. assimilis Web., det. Ohaus (MNHB 20 ex) ; Brésil, Sn Paolo
[670 m] (ZFMK 9 ex) ; São Paulo, H. Schulz / V. assimilis (Web.), det. Pereira Dornauf / Veturius transversus D. var. munitus Luederwaldt [dét.
1957 (MHNB 1 ex) ; Brasil, Sao Paulo, Campos do Jordão, VII.1957 / Luederwaldt] / Cotipo ». — Longueur totale : 31 mm (MZSP).
V. assimilis Web. [dét. ? récente] (ZSSM 12 ex) ; Brazil, S.P., Salesopolis, Est.
Biol. Boracea, J.M. & B.A. Campbell XII.1969 / V. assimilis (Weber), det. Autre matériel examiné. 30 ex.
Reyes-Castillo 1984 (MCNO 1 ex) ; Brazil, São Paulo, Casa Grande, Boracéia BRÉSIL (sans autre précision) : Brasil / Museum antiquum (SMTD O) ;
Field Station, T.E. Rogers II.1975 (FSCA 1 ex). – PARANÁ : Curytiba Brasilien, E. Ule G. (MNHB O). – MINAS GERAIS : Minas / Slg.
[900 m], P. Lombard 1911 (MNHN 1 ex) ; Parana, Curityba, rio Barigui, R. Oberthür 1956 (ZFMK 1 ex) ; Brazil, Minas Gerais, Araxá [1 000 m], R.
Claret II.1938 / Vet. assimilis Weber, det. Pereira 1938 / ex coll. P. Griveau A. Nielsen IX. 1965 (USUL 18ex). – RIO DE JANEIRO : Tijuco [± 1000 m]
1990 (MNHN* 6 ex) ; Brésil, Paraná, Curitiba, II.1984 / Coll. O. Schmitt (MNHN O) ; Thérésop. [870 m] / ex coll. H. Boileau 1925 (MNHN O) ;
1986 (MNHN* 2 ex) ; Brasil, Parana, Cachœira [700 m], Morretes (IMEX Brésil, Rio de Janeiro, Nova Friburgo, Macaé de Cima, sous écorce, 1 400 m,
1 ex) ; Brasil, Parana, Floresta [400 m] (Deodoro), Hatschbach III.1941 N. Dégallier (MNHN* O) ; R. d. Janeiro, Petropolis [810 m], F. Ohaus
(IMEX 2 ex) ; Brasil, PR., Mun. Ponta Grossa, Guaraji [800 m], G.R. Kloss IX.1904 / V. transversus Dalman, det. Ohaus (MNHB 3 ex). – SÃO PAULO :
XII.1969 (MZSP 2 ex) ; Brasilien, Parana, Curitiba, II.1938 / V. assimilis Brasil, São Paulo, Halik XII.1958 / ex. coll. G. Flutsch 2004 (MNHN*
(Web.), det. Pereira 1955 (MTMA 1 ex) ; Parana, Curitiba, XI.1941 (MTMA 1 ex) ; S. Paulo, Alto d. Serra [± 800 m], F. Ohaus XI.1926 / V. transversus
3 ex) ; Brésil, Parana, Curitiba, II.1938, Coll. Clant / V. assimilis (Web.), det. Dalman, det. Luederwaldt (MNHB 2 ex).
Pereira 1938 (IRSN 2 ex) ; Brasilien, Parana, Curitiba, II.1938 / V. assimilis
Web., Pereira cmf det. 1938 (ZSSM 2 ex) ; Paraná, Curityba, Claretiano Caractères diagnostiques. Habitus allongé et étroit.
VII.1937-II.1939 / V. assimilis (Web.), det. Pereira 1938-1941 (MHNB Taille petite à moyenne. Longueur totale : 29-33 mm ; largeur maximale :
2 ex) ; Brasilien, Paraná, Miss. Mus. Steyl. / V. assimilis (Web.), det. Pereira 10-11,5 mm aux élytres.
1957 (MHNB 1 ex) ; Brazil, Parana, Caviúna [= Rolândia, ± 750 m], Tête (fig. 578). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, tronqué
XII.1945 / A. Maller, Donor F. Johnson / V. assimilis (Web.), det. Pereira en arrière, l’apex obtus et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs courts,
1958 (AMNH 2 ex) ; Brasil, Curityba / A. Fenyes collection / V. assimilis plus ou moins distincts, courbes et séparés du sillon post-frontal. Rides
Weber, det. Doesburg (CASC 1 ex) ; Brasil, Posto Alpino, 65 km NE Curitiba, frontales postérieures presque droites, assez longues, bien marquées depuis
C.E. & E.S. Ross IV.1964 / V. assimilis (Weber), det. Gillogly 1974 (CASC l’apex du tubercule central, puis quelque peu effacées et faiblement
1 ex). – SANTA CATARINA : Sta Catharina / ex Musaeo A. Kuwert 1894 convergentes à proximité des tubercules internes. Angle des rides frontales
(MNHN 2 ex) ; Brésil, Sta Catharina, Lages [± 900 m], J. Michaelis 1887 légèrement aigu, mamelonné au milieu. Aire médio-frontale convexe, très
(MNHN 2 ex) ; Brésil, Sta Catarina, Maller 1934 (MNHN 3 ex) ; Sta lisse. Clypéus étroit, bombé et proéminent, en forme d’accolade peu
Catharina / Ex Musaeo J. Thomson (MNHN 1 ex) ; Brésil, Sta Catarina / marquée. Fossettes latéro-frontales assez étroites et peu profondes, peu
ex. J.L. Rabeux 1998 [< 1900] (MNHN 2 ex) ; Brasilien / Sta Catharina, rebordées partout ; marge antérieure souvent incisée et dépassant du bord
Colonia Hansa (ZISL 1 ex) ; Brazil, S. Cath., Pinhal [= Pinhalzinhõ, 500 m], frontal (fig. 580 ; voir aussi V. assimilis, fig. 588). Canthus oculaires courts,
A. Maller XI.1947 (IMEX 3 ex) ; Brasilien, St. Catharina, Brusque [40 m] subparallèles, l’apex antérieur obtus et bien arrondi ne dépassant pas l’œil.
(MUHD 3 ex) ; St. Catharina (SMTD 2 ex) ; Sta Catharina, V. assimilis [dét. ?] Ligule à apex antérieur simple et long. Mandibules à apex trifide, les dents
(MSNG 1 ex) ; S. Catharina, Joinville [0 m], Ohaus S. III.1905 / inférieures développées, mais distinctement plus courtes que les médianes
V. Luederwaldti Zikán, det. Ohaus (MNHB 1 ex) ; Brasil, Sta. Catarina, et supérieures ; dents dorsales longues et hautes (fig. 579). Massues
Joinville, Dirings IV.1955 (MZSP 1 ex) ; Brasil, Sta. Catarina, S. Bento do antennaires courtes et trapues (fig. 581) ; articles plus ou moins d’égale
Sul [840 m], Dirings I.1958 (MZSP 2 ex) ; Brésil, Sta Catharina / V. pumilio longueur ; article apical convexe sur son bord externe.
Kuw. [dét. Kuwert] (IRSN 1 ex) ; Brazil / Sta Catharina (NHML 1 ex) ; Brazil, Pronotum (fig. 583). Bord antérieur nettement bilobé. Angles antérieurs
Santa Catarina, Ibirama, Pedro Wiggenhauser’s forest, mata primary growth, bien arrondis et abaissés. Sillon marginal élargi, assez profond ; lisse et
200 m, UV light, J. & E. Beierl I.1993 (LACM 3 ex) ; St. Catharina / ex coll. atteignant près de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie
E. Knirsch, ex coll. K. Brancsik 1955 / V. assimilis, det. Pereira 1959 (FMNH antérieure ; fossettes latérales antérieures, larges et couvertes de ponctuations
3 ex) ; Brazil, S. Cath., Pinhal, XII.1947 / A. Maller, Donor F. Johnson / assez fortes et transverses.
V. assimilis (Weber), det. Reyes-Castillo 1974 (AMNH 5 ex). – RIO Mésosternum (fig. 584) largement ponctué, sétigère et le tégument mat
GRANDE DO SUL : Brasil, Rio Grande do Sul, Santo Augusto [± 550 m], sur les côtés antérieurs ; ailleurs lisse, glabre et brillant.
O. Roppa XII.1970 (IMEX 5 ex) ; Bras., Rio Grande do Sul, Caracol b., Métasternum (fig. 585) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes avec
Gramado, 850 m, E. Schirm I.1922 (MNHB 1 ex). une fine et dense ponctuation sétigère partout. Fossettes assez profondes et
PARAGUAY, ALTO PARANÁ : Paraguay, Punte Strœssner [= Puerto étroites en avant ; plus ou moins profondes et élargies en arrière ; ponctuées
Presidente S., 200 m], C. Dlouhy VIII 1977 / V. assimilis Web., det Endrödi et sétigères comme précédemment.
1979 (MHNG 2 ex). Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec des soies courtes à peu près
partout.
Pattes. Protibias avec 2-4 épines courtes et émoussées d’inégales longueurs.
38. Veturius (Veturius) munitus Mésotibias (fig. 586) avec 1-2 très petite(s) épine(s) post-médiane(s).
Métatibias inermes.
Luederwaldt 1934 n. stat. Édéage (fig. 587). Longueur : 2,5 mm. Habitus allongé, subparallèle ou
(fig. 578-587 – 917, 920-921) rétréci vers la base. Paramères et phallobase séparés par une suture indistincte.
Ventral : bord postérieur à peine bilobé ; phallus de grande taille et largement
? Veturius assimilis (Weber) : MOREIRA 1922 : 268 & fig. 15 ; 1925 : 19 & ponctué ; paramères allongés et étroits. Dorsal : paramères triangulaires ;
pl. 1, fig. 4 (partim assimilis sensu Weber, guyanensis). phallobase à peine apparent par un étroit liseré sclérotisé.
Veturius transversus (Dalm.) « forma menor » : LUEDERWALDT 1931 : 43. Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Veturius transversus var. munitus : LUEDERWALDT 1934c : 20. V. transversus.
Derivatio nominis. De la taille moindre que V. transversus.
Veturius transversus var. munitus Luederwaldt : HINCKS & DIBB 1958 : 11
(catal.). Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille petite à moyenne (≤ 33 mm) ; aires latéro-post-
Matériel type. « Variété » de V. transversus décrite de « Itatiaia, frontales glabres ; tubercule central court, obtus et tronqué en arrière ; apex
mandibulaires trifides, les dents inférieures développées, mais moins longues
Est. do Rio de Janeiro », sur « divers cotypes » de la collection Zikán que les médianes et supérieures ; fossettes margino-pronotales larges et
et sur un « cotype » déposé au Museo Paulista. Seul ce dernier a antérieures ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères ;
été examiné. Lectotype O (présente désignation, sexe indét.) : protibias non élargis ; mésotibias épineux ; métatibias inermes.

501
Stéphane Boucher

Affinités morphologiques. Espèce très affine de V. transversus, V. assimilis aires latéro-médianes du métasternum entièrement ponctuées et sétigères ;
(les plus grands exemplaires, > 30 mm) et V. simillimus, avec lesquels elle est métatibias inermes.
sympatrique. V. sinuosus est aussi très proche, mais il est allopatrique. De V. simillimus : taille < 34 mm ; habitus étroit ; tubercule central
On retiendra les principaux caractères suivants qui distinguent V. munitus tronqué en arrière ; dents mandibulaires infra-apicales développées, mais
de ces espèces. moins longues que les médianes et supérieures ; fossettes margino-pronotales
De V. transversus : taille < 34 mm ; habitus étroit ; tubercule central larges et antérieures ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et
tronqué en arrière ; apex mandibulaires trifides ; massues antennaires courtes ; sétigères ; protibias non élargis ; métatibias inermes.

Figures 588-607
Veturius (V.) groupe « transversus ». – 588-600, V. assimilis (Weber), Brésil Atlantique, s. l. [589, 593, 598-599 : forme aberrante] ; 601-607, V. hermani n. sp.,
Est-Roraima. – 588-589, 601, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 590, 602, mandibule (profil externe) ; 591, 603,
massue antennaire ; 592-593, 604, pronotum (dorsal, latéral) ; 594, mésosternum ; 595, 605, métasternum ; 596, 606, stries disco-élytrales I-III ; 597, stries
latéro-élytrales I-III ; 598-599, méso- et métatibias (latéral) ; 600, 607, édéage. – Échelles : 1 mm.

502
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

De V. sinuosus : taille < 34 mm ; habitus étroit ; tubercule central tronqué d’ailleurs, la photogravure de 1925 (pl. I, fig. 4) semble
en arrière ; clypéus étroit ; dents mandibulaires infra-apicales très distinctes ;
massues antennaires courtes ; aires latéro-médianes du métasternum ponctuées
représenter un V. munitus.
et sétigères ; mésotibias épineux ; tarsomères V longs et fins. Les coléoptéristes Ohaus et Zikán sont les seuls récol-
De V. assimilis : aires latéro-post-frontales glabres ; mésotibias épineux ; teurs connus de spécimens relativement anciens. La belle
aires latéro-médianes du métasternum ponctuées et sétigères ; ponctuations série d’Araxá est due à l’hyménoptériste R.A. Nielsen
des stries élytrales peu distinctes.
(USUL).
Polymorphisme. Peu appréciable : angles antérieurs du pronotum plus ou
moins arrondis et abaissés ; ponctuation des stries disco-élytrales distincte
ou non ; pubescence mésotibiale plus ou moins longue. 39. Veturius (Veturius) hermani n. sp.
La principale variation est le nombre d’épines latérales méso- et (fig. 601-607 – 916, 920-921, 926)
métatibiales. La plupart des spécimens ont une seule épine mésotibiale et
aucune métatibiale (cas du lectotype et des autres spécimens anciens). Dans Holotype P : GUYANA : « Br. Guiana, Upper Mazaruni Riv.
la série d’Araxá (Minas), qui provient d’un même groupe familial, des [< 1 000 m], IX-X.1938 / Coll. A.S. Pinkus » (AMNH).
spécimens ont une très courte épine métatibiale, presque indistincte, et
d’autres en ont jusqu’à 3 ou 4. Caractères diagnostiques. Taille petite. Longueur totale : 29 mm ; largeur
Le lectotype et les paralectotypes (tous ?) ont le troisième article des maximale : 10 mm aux élytres.
funicules fortement épineux sur le bord supérieur (fig. 582). Ce caractère Tête (fig. 601). Tubercule central conico-pyramidal court, gouttiforme
tératologique est congénital. LUEDERWALDT (1934c) a en partie distingué en arrière, l’apex droit et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs très marqués,
son espèce du V. transversus « typique » par ce caractère sans valeur taxinomique. courts, hauts et droits, perpendiculaires à l’axe du corps, l’extrémité non
contiguë avec le sillon post-frontal. Tubercules tentoriaux peu marqués. Rides
Répartition géographique, distribution dans l’aire. frontales postérieures bien marquées depuis l’apex du tubercule central, puis
effacées et brusquement convergentes à proximité des tubercules internes.
Espèce endémique du Brésil Atlantique s. str., où elle est Tubercules internes bien marqués, hauts, l’apex émoussé. Angle des rides
connue de quelques localités des états de Rio, São Paulo frontales aigu, mamelonné. Aire médio-frontale plane, finement chagrinée
et Minas (fig. 917). La localité d’Araxá (Minas) prouve au milieu et quelque peu ridée. Clypéus assez large, presque droit ; angles
antérieurs droits et visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges,
que l’aire de répartition est plus vaste qu’elle paraît ; elle peu profondes, bien rebordées en avant, les angles bien arrondis ; marge
dépasse en réalité nettement, vers le nord, la Serra da postérieure obliquée en arrière vers la ride frontale postérieure. Aires latéro-
Mantiqueira, atteignant au moins celle de Canastra. Ainsi, post-frontales glabres et lisses en avant, chagrinées en arrière. Angles antérieurs
de la tête convexes, proéminents mais bien arrondis, la face dorsale concave.
la répartition couvre une grande partie des états de Minas Canthus oculaires courts, assez larges ; apex antérieur obtus et bien arrondi
et de São Paulo. Les limites de l’aire semblent suivrent ne dépassant pas l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur
celles des forêts ombro-mésophiles de versants élevés. net et atteignant les carênes supra-oculaires. Ligule à apex antérieur simple
et court. Article II des palpes labiaux allongé, peu élargi vers l’apex, deux
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec V. trans- fois plus long que le III. Mandibules à apex bifide ; dents dorsales très hautes
et courtes, l’apex émoussé, obtus (fig. 602). Massues antennaires allongées ;
versus, V. assimilis, V. simillimus et V. sinuatus, et allopa- articles de longueurs inégales ; le VIII plus long que les IX ou X ; X quelque
trique avec tous autres Veturius. peu convexe sur sa marge externe (fig. 603).
Pronotum (fig. 604). Bord antérieur fortement bilobé, la partie médiane
Remarques taxinomiques et historiques. Ce Veturius était plus longue que les côtés. Sillon marginal élargi, assez profond; lisse, atteignant
très peu connu. C’est le plus localisé et le seul qui soit rare près de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes
latérales antérieures, larges, avec de rares ponctuations fines, rondes ou
dans le Brésil Atlantique. Il représente, en quelque sorte, transverses.
notre méconnaissance d’une faune qui est pourtant l’une Mésosternum entièrement ponctué et sétigère comme chez V. assimilis
des plus anciennement échantillonnées et étudiées (fig. 594), sauf sur les marges latéro-postérieures ; tégument mat couvrant
étroitement les côtés antérieurs et largement la ligne axiale ; ailleurs brillant.
d’Amérique du Sud. En outre, la rareté de l’espèce ne peut Métasternum (fig. 605) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes avec
être étrangère à la destruction d’une grande part des forêts une fine et dense ponctuation sétigère partout. Fossettes profondes mais
denses des serras des régions de Rio et de São Paulo. étroites, élargies seulement un peu vers l’apex postérieur ; sétigères comme
précédemment, mais plus densément ponctuées.
La diagnose originale, sommaire, rend impossible en Élytres. Ponctuation des stries très fine partout et indistincte (fig. 606).
soi l’identification certaine de l’espèce. La récente série Pattes. [Mésotibias absents sur l’unique exemplaire]. Mésotibias inermes ;
d’Araxá, venue compléter les quelques spécimens anciens, fourches apicales courtes et étroites ; spolons supérieurs fins, courts et presque
droits.
a été décisive pour l’interprétation nouvelle du taxon. Les Édéage (fig. 607). Longueur : 1,8 mm. Habitus subparallèle, peu
rares spécialistes qui l’ont eu sous les yeux l’ont confondu, sclérotisé. Paramères et phallobase séparés par une suture indistincte. Ventral :
y compris LUEDERWALDT (1931), comme le prouve sa bord postérieur étroit et droit ; phallus à peine ponctué ; paramères et
« forme de V. transversus plus svelte et plus rare », de 30 mm phallobase hauts et étroits. Dorsal : paramères et phallobase apparents par
un fin liseré sclérotisé.
minimum et à apex mandibulaire trifide. De son côté, Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
MOREIRA (1922, 1925) l’a confondue avec V. assimilis, V. transversus.
comme le prouve la longueur totale de 31 mm de ses plus Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Lee Herman (AMNH).
grands spécimens. De plus, parmi les Veturius du Brésil Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Atlantique, Moreira n’a pas signalé un caractère qui autre V. (Veturius) : petite taille ; tubercule central conico-pyramidal court,
non tronqué en arrière, l’apex obtus ; apex mandibulaires bifides ; aires latéro-
distingue immédiatement V. assimilis de V. munitus : la post-frontales glabres ; fossettes margino-pronotales antérieures, larges, avec
présence de soies sur les aires latéro-post-frontales ; de rares ponctuations ; mésosternum et aires latéro-médianes du métasternum

503
Stéphane Boucher

largement ponctués et sétigères ; métatibias inermes ; ponctuation des stries statut d’espèces très proches dans la phylogénie. De plus,
élytrales invisible partout.
leur vicariance de part et d’autre du Bassin Amazonien
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. assimilis (allopatrique) est cohérente ; elle est comparable à celle de V. sinuosus et
et de V. christiani (grpe « libericornis », allo- ou parapatrique), avec lesquels
elle peut être facilement confondue. On l’en distinguera toutefois comme V. transversus, ou de celle de V. cephalotes et V. sinuatus
suit : (voir fig. 926).
De V. assimilis : mandibules à apex bifides et dents dorsales plus élevées ; Rares sont les entomologistes à s’être rendus au Guyana
aires latéro-post-frontales glabres ; angle des rides frontales droit ; tubercules
latéro-postérieurs courts, droits et affilés ; antennomères VIII plus longs que
sur le haut Mazaruni. La connaissance des Passalides locaux
les IX ou X ; angles antérieurs de la tête bien marqués, convexes ; apex antérieur est presque nulle. Aucune donnée n’a été trouvée sur A.S.
de la ligule plus court que les côtés ; fossettes margino-pronotales avec de Pinkus 1938, le récolteur de V. hermani.
rares et fines ponctuations ; métasternum à aires latéro-médianes ponctuées
et sétigères et fossettes peu élargies en arrière ; ponctuation des stries élytrales
invisible partout. 40. Veturius (Veturius) heydeni (Kaup 1868)
De V. christiani : tubercule central tronqué en arrière ; mandibules à
apex bifides et dents dorsales élevées ; aires latéro-post-frontales glabres ; (fig. 608-615 – 917, 920-921, 926)
fossettes latéro-frontales larges, à bord antérieur dépassant le bord frontal ; Passalus Heydenii : KAUP 1868 : 27.
apex antérieur de la ligule plus court que les côtés ; articles II des palpes Passalus Heydeni Kaup : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 973 (catal.).
labiaux lisses, non microtuberculés ; pronotum à angles latéro-postérieurs Veturius Heydenii Kaup : KAUP 1871 : 110 ; BATES 1886 : 22 (catal.).
(vue de profil) marqués, les fossettes très peu ponctuées et non « pincées » en [Veturius Heydenii Kaup : KUWERT 1891 : 174, 1898 : 169 (sinuosus sensu
arrière ; épimères prothoraciques avec des soies nombreuses ; mésosternum Drapiez)].
ponctué et sétigère ; ponctuation des stries élytrales invisible partout. Veturius heydeni Kaup : GRAVELY 1918 : 38 & pl. V, fig. 10 ; LUEDERWALDT
1931 : 198 (catal.); HINCKS & DIBB 1935 : 25 (catal.); REYES-CASTILLO
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce 1970 : 165 (catal.) ; BOUCHER 1988b : 295 ; REYES-CASTILLO & AMAT
uniquement connue du Guyana, versant oriental du Massif GARCÍA 1991 : 505 (catal.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 :
92 (catal.) ; BOUCHER 2004 : 108 (type).
de Pacaraima (fig. 916). La localité étant imprécise, le relief
abrupte des premiers contreforts du Pacaraima ne permet- Matériel type. Espèce décrite sur un exemplaire de « Brasilien ? »,
tent pas de connaître l’altitude exacte ; on peut toutefois la dans la collection Mniszech. KAUP (1871) a ajouté n’avoir
situer au-dessus de celle de la forêt planitiaire (> 500 m). examiné que des spécimens du Mexique, dans les collections
Affinités chorologiques. V. hermani est le seul Veturius Mniszech, Janson (« nombreux exemplaires ») et du HLMD. Ces
deux origines erronées doivent être corrigées (voir BOUCHER
connu dans son secteur géographique. Sa parapatrie, voire
2004 et ci-après : répartition géographique et remarques taxino-
sa sympatrie, avec les espèces répandues ailleurs dans les miques et historiques). Holotype (sexe indét.) : VENEZUELA,
Guyanes Atlantiques, fait peu de doute : V. sinuosus, Cordillère Costale : « Passalus [barré] Veturius Heydenii Kp., ?
V. cephalotes, V. charpentierae et V. (Ouayana) punctatos- Bras. Mn. [Mniszech ; dét. Kaup] / coll. Mniszech / ex Musaeo
triatus. Sur le versant est du Massif de Pacaraima, la Van Lansberge / Heydeni Kaup, Type ! [dét. Oberthür] ». —
présence de V. (Ouayana) bleuzeni et de V. (Ouayana) Longueur totale : 36 mm (MNHN). C’est un immature brun
dominicae n’est pas à exclure. En revanche, la proximité foncé, auquel il manque une patte médiane.
de V. christiani et de V. (Ouayana) guyanensis est beau-
coup plus spéculative car ceux-ci ne sont connus que de Autre matériel examiné. 4 ex.
Guyane Française. VENEZUELA, Cordillère Costale : Columb. [Thorey] / ex Musaeo
Thorey (MNHN P) ; Mexiko / Mex., Gesch. V. H. Janson / V. heydeni Kp.
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce [dét. Kaup] (HLMD 1 ex) ; Venezuela, Moritz 1858 / transversus Dalm.,
Bras. [dét. ? ancienne] (NHMV P) ; Venezuela, Caracas 1 820 m., III.1925
est remarquable par sa localisation, qui suppose son endé- (AMNH 1 ex).
misme, et parce qu’elle est à l’origine d’un hiatus dans les Caractères diagnostiques. Habitus assez trapu à allongé.
hypothèses de relations phylogénétiques entre des espèces Taille moyenne. Longueur totale : 35-38 mm ; largeur maximale :
des groupes « libericornis » et « transversus ». La découverte 12,5-13 mm aux élytres.
de V. christiani en Guyane (BOUCHER 1987) avait d’abord Tête (fig. 608). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 35°, étroit,
l’apex pointu, libre ou presque. Tubercules latéro-postérieurs assez marqués
permis de penser que cette espèce était l’espèce sœur de mais courts, droits, dirigés en avant. Rides frontales postérieures courtes, peu
V. assimilis. Cette hypothèse est aujourd’hui réfutée car le marquées et verticales depuis l’apex du tubercule central, puis plus ou moins
monophylétisme du groupe « libericornis » semble établi. effacées et droites jusqu’aux tubercules internes. Tubercules internes peu à
bien marqués. Angle des rides frontales obtus, plan ou faiblement mamelonné.
L’espèce sœur de V. assimilis restait donc inconnue. La Aire médio-frontale plane, très lisse. Clypéus assez large, proéminent, en
faune du Brésil Atlantique étant l’une des mieux connues, forme d’accolade peu marquée ; angles antérieurs abaissés, droits à obtus et
il fallait donc chercher une autre espèce hors de cette visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales assez larges et peu profondes,
région. Dans les Andes, V. dreuxi, qui ressemble beaucoup mais bien rebordées sur leur marge antérieure ; angles bien arrondis ; marge
postérieure à peine obliquée en avant vers le tubercule interne. Aires latéro-
à V. assimilis, appartient sans aucun doute au groupe « ecua- post-frontales glabres et lisses. Angles antérieurs de la tête étroits, proéminents,
doris ». En Amazonie, aucune espèce ne se rapproche de l’apex obtus bien arrondi. Canthus oculaires courts, subparallèles, l’apex
V. assimilis. Ce n’est donc que très récemment que antérieur légèrement obtus, presque droit et arrondi. Yeux grands mais peu
globuleux. Aire post-frontale plus ou moins profonde, délimitée par un sillon
V. hermani fut découvert. Les synapomorphies partagées postérieur fin mais net, chagriné. Ligule à apex antérieur simple et court, mais
entre V. assimilis et V. hermani mettent en évidence leur un peu plus long que les côtés; aire médio-postérieure étroite et plane. Mentum

504
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

à disque légèrement convexe avec quelques ponctuations sétigères postérieures; Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce
ailes couvertes de soies éparses, les fossettes peu marquées et les côtés bien
cintrés. Article II des palpes labiaux allongé et élargi vers l’apex, presque deux
endémique de la forêt mésophile de montagne (> 1 500 m
fois plus long que le III. Mandibules allongées; apex trifides, les dents inférieures d’altitude) de la Cordillère Costale du Venezuela (Aragua,
développées; dents dorsales allongées, droites, l’apex obtus. Massues antennaires Miranda ; fig. 917). L’altitude est comparable à celle de
courtes ; articles de longueurs inégales ; VIII plus court que le IX ou X ; X plus V. patinoi.
ou moins convexe sur sa marge externe.
Pronotum (fig. 609) transverse, rétréci en avant. Angles antérieurs bien Affinités chorologiques. V. heydeni est allopatrique avec les
arrondis et faiblement abaissés. Fossettes latérales antérieures, larges, mais
subparallèles et peu concaves, avec des ponctuations rondes assez fortes. autres espèces de son groupe. Parmi les autres taxons,
Mésosternum (fig. 610) assez largement ponctué et sétigère sur les côtés V. standfussi (grpe « platyrhinus ») est le seul sympatrique.
antérieurs et un peu de part et d’autre de la ligne axiale ; tégument mat
couvrant les côtés antérieurs et la partie antérieure de la ligne axiale ; ailleurs Remarques taxinomiques et historiques. Si un Veturius
glabre, lisse et brillant. mythique a existé, ce devait être V. heydeni. D’abord parce
Métasternum (fig. 611) à aires latéro-antérieures finement ponctuées et
sétigères, les soies longues ; aires latéro-médianes glabres et lisses. Fossettes que l’on ne connaissait que les spécimens décrits par KAUP
assez profondes, étroites en avant, élargies en arrière, la ponctuation dense, (1868, 1871), soit depuis près de 150 ans. Ensuite parce
les soies comme précédemment. que c’est le générotype ; or, après Kaup, seuls GRAVELY
Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur avec de nombreuses et
courtes soies éparses ; calus huméraux avec une touffe de soies plus longues
(1918), REYES-CASTILLO (1970) et BOUCHER (1988b)
que les précédentes et plus ou moins étendues, l’ensemble cependant bien l’avaient examiné. Enfin, son origine géographique ayant
distinct (fig. 612). Stries assez profondes ; ponctuation fine et dense plus ou été incertaine, il fut ballotté entre le Brésil, le Mexique, la
moins distincte partout (fig. 613). Guyane, l’Amérique Centrale et la Colombie. Cette situa-
Pattes. Protibias avec 3-4 épines robustes, mais trapues, d’inégales
longueurs, plus la fourche apicale. Méso- et métatibias inermes ; spolons tion était unique parmi tous les Proculini.
supérieurs courts et droits (fig. 614). GRAVELY (1918) est le seul à avoir donné une nouvelle
Édéage (fig. 615). Longueur : 2,4 mm. Habitus élancé et convexe, rétréci et brève diagnose, ainsi que des caractères clés et une figure,
à la base, peu sclérotisé. Paramères et phallobase séparés par une suture.
Ventral : bord postérieur bilobé ; phallus largement ponctué ; paramères et du véritable V. heydeni. A posteriori, on y reconnaît assez
phallobase allongés, à angles bien arrondis. Dorsal : paramères et phallobase bien l’espèce. L’unique spécimen qu’a examiné cet auteur
apparents par deux liserés sclérotisés. étant l’un des « nombreux » de la collection Janson (KAUP
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
V. transversus.
1871), la localité « Mexique » était également empruntée
à Kaup. Ce spécimen n’a pas été vu au NHML et se trouve
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Veturius) : taille moyenne ; tubercule central élancé à 35°, l’apex peut-être au Zoological Survey, à Calcutta. D’ailleurs,
pointu, libre ou presque ; apex mandibulaires trifides, les dents inférieures aucun des spécimens de Janson n’a été retrouvé, sauf celui
développées ; canthus oculaires courts, l’apex antérieur légèrement obtus, conservé par Kaup (HLMD). Par la suite, la localité
presque droit et arrondi ; massues antennaires courtes ; fossettes latéro-
pronotales antérieures, larges mais subparallèles, peu concaves mais nettes, « Mexique » a été reprise arbitrairement par les auteurs
ponctuées assez fortement partout ; mésosternum assez largement ponctué jusqu’à BOUCHER (1988b), qui l’a considérée erronée, tout
et sétigère ; aires métasternales latéro-médianes glabres et lisses ; méso- et en suggérant qu’une origine vraisemblable serait les Andes
métatibias inermes, les fourches apicales courtes et étroites et les spolons
supérieurs courts et droits ; tarsomères V longs et fins ; calus huméraux avec
de Colombie. Cette suggestion semble avoir été admise
une touffe de soies ; ponctuation élytrale fine mais visible presque partout. (REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991, AMAT GARCÍA
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. patinoi, son espèce sœur & REYES-CASTILLO 1996).
de Colombie, ainsi que de V. sinuosus, avec lequel elle est peut-être K UWERT (1891, 1898) a confondu l’espèce avec
parapatrique. On l’en distinguera par les principaux caractères suivants. V. sinuosus, de Guyane (MNHN, IRSN). Pourtant, cet
De V. patinoi : tête peu transverse ; apex du tubercule central pointu,
libre ou presque ; tubercules latéro-postérieurs courts et droits ; canthus
auteur n’a cité que la localité mexicaine de KAUP (1871).
oculaires courts ; angles antérieurs de la tête plutôt étroits et proéminents ; Dans les collections, Bates l’a confondue avec V. assimilis,
apex des dents dorso-mandibulaires obtus ; article III des palpes labiaux un endémique du Brésil Atlantique (MNHN), et Pereira
court ; massues antennaires courtes ; côtés antérieurs du pronotum faiblement avec V. aquilonalis, un endémique du Costa Rica – Panama
abaissés ; calus huméraux avec une touffe de soies ; ponctuation élytrale fine
mais distincte presque partout. (AMNH), ce qui est surprenant car ces deux espèces ne
De V. sinuosus : habitus plus convexe et plus trapu ; apex du tubercule lui ressemblent absolument pas.
central pointu, libre ou presque ; fossettes latéro-frontales non obliquées en Si l’on peut à présent affirmer que V. heydeni demeure
arrière ; angles antérieurs de la tête plutôt étroits et proéminents ; canthus
oculaires courts, l’apex antérieur faiblement obtus à droit ; yeux peu rarissime, mais que ses caractères taxinomiques et sa répar-
globuleux ; mandibules allongées, distinctement trifides, les dents dorsales tition géographique sont établis, c’est parce que seulement
longues ; bord médio-postérieur de la ligule plan ; fossettes latérales du quatre spécimens additionnels ont été trouvés, tous
mentum peu marquées ; massues antennaires courtes ; aires paramédianes
du mésosternum sétigères ; tarsomères V longs et fins ; calus huméraux avec anciens, mais en excellent état et munis d’informations
une touffe de soies. écrites suffisantes.
Polymorphisme. Les quelques spécimens connus sont très peu différents : Le premier spécimen examiné est celui de Thorey, de
tailles (± 3 mm) ; habitus plus ou moins massif et transverse ; présence de « Columbia » (MNHN). G.C. Thorey (1790-1884) était
1-3 soie(s) sur les aires latéro-post-frontales ; largeur et profondeur des fossettes marchand d’Insectes à Hambourg et sa collection fut
latéro-frontales et des aires latéro-post-frontales ; arrondi des angles antérieurs
du pronotum ; extension des ponctuations sétigères des aires métasternales acquise par R. Oberthür, vers 1900. Comme la plupart
latéro-antérieures. des Passalides de Thorey, celui-ci n’avait pas été étudié. On

505
Stéphane Boucher

doit noter ici que KAUP (1871), dans sa préface, a cité Veturius sinuosus : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 2002 : 145.
Thorey parmi ses fournisseurs d’échantillons. Veturius transversus (Dalman) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003 :
47 (partim sinuosus sensu Drapiez).
Le second spécimen est celui de la collection Kaup
(HLMD), et qui appartenait à la série « mexicaine » de Matériel type. 83 ex. Holotype P : COLOMBIE, CALDAS :
Janson (KAUP 1871), vue ci-dessus. Manizales [> 1 500 m], A.M. Patino (MNHN). Paratypes :
Le troisième spécimen (NHMV), bien qu’étiqueté COLOMBIE (sans autre précision) : Colombia / Ex Musaeo
seulement « Moritz 1858 », a fourni pour la première fois E.D. Brown [< 1876] (MNHN P, O) ; Colomb. / Ex Musaeo
des renseignements précis sur l’origine géographique de A. Sallé 1897 (MNHN P) ; Colombie / ex Musaeo J. Thomson
l’espèce. Le naturaliste allemand J.W.K. Moritz (1796- [< 1897] (MNHN 2 P) ; Colombie / ex coll. H. Boileau 1925
1866) s’est rendu en Amérique du Sud uniquement au (MNHN O) ; Columbia / ex Musaeo A. Kuwert 1894
Venezuela, d’abord de 1835 à 1837, où il explora une (MNHN P, 2 O) ; Colombie, J. Van Volxem 1858 / V. similior
Kuw. [dét. Kuwert] / determinat. Kuwert 1891 [imprimé]
partie des territoires du nord-ouest, entre la Cordillère
(IRSN P) ; Columbia / Coll. Felsche 1918 (SMTD P) ;
de Mérida et l’Orénoque. Après un retour en Europe
Columbien, Sammlung Pipitz [< 1899] / Coll. E. Witte [< 1910]
jusqu’en 1840, il revint au Venezuela, où il s’établit défi- (FISF 1 ex). – ANTIOQUIA : Medellín [± 1 800 m] / ex Musaeo
nitivement dans la colonie allemande de Colonia Tovar E. Steinheil [1872-73] (MNHN P) ; Colombia, Antioquia,
(laquelle est restée connue des entomologistes surtout Medellin, Piedras Negras, 2 450 m, T. Kano VI.1992 (MNHN*
par les récoltes d’E. Simon, vers 1885). Cette région PPO). – CALDAS : id. HT (MNHN, 13P, 11O, 23 ex) ;
montagneuse, à forêts tropicales denses, est située à l’ouest Colombia, Caldas, Manizales, Villamaría [> 1 500 m],
de Caracas. Selon toute vraisemblance, le spécimen de G. Albarracin XII.1994-I-II.1995 (CLP 3 P, O). – RISA-
Moritz en est originaire. De plus, Moritz ayant fait RALDA : Colombia, Pereira, P.N.Risaralda, Las Pastora, 2 300 m
commerce de ses Insectes (des Passalides ont été trouvés (IMEX 1ex); Colombia, Risaralda, Ucumari, L. Schneider X.1990
dans divers musées), et étant contemporain de Kaup, on (IMEX 1 ex). – QUINDÍO : [entre] Maquanál [et] Las Pavas
peut penser que les V. heydeni vus par Kaup étaient aussi [~ 1 800-2 300 m] / ex Musaeo E. Steinheil (MNHN P) ;
de lui. Autrement dit, les récoltes de Moritz ont pu circu- Colombia, Quindío, Res. Acaime, Salento, 2 500 m, tronco,
ler à la même époque depuis l’Allemagne (via le marchand P. Reyes-Castillo XII.1995 (IMEX P, O); id., cloud forest 1800 m,
Thorey, précisément) vers la France (collection Mniszech, J. Schuster X.1995 (UVGC 2 ex). – VALLE DEL CAUCA :
Colombia, Valle, La Nevera, El Orisol CD [> 1 500 m],
qui renferme le type) et vers l’Angleterre (collection
L.C. Pardo VIII.1984 (CLP P) ; Colombia, Valle del Cauca,
Janson, qui renfermait les autres spécimens cités par KAUP Parque Farallones de Cali [> 2000 m], L.C. Pardo IV.1988 (IMEX
1871 et par GRAVELY 1918). 2 ex) ; Colombia, Valle, La Nevera, La Punta CD, L.C. Pardo
Enfin, le quatrième spécimen (AMNH) a fourni un III.1992 (CLP O). – CAUCA : Colombie, Popayán [± 1 800 m],
élément décisif car il est formellement localisé de Caracas Gaujon 1899 (MNHN P).
(soit des environs) et de 1 820 m (altitude correspondant
à la moyenne de la région de Colonia Tovar). Son récol- Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale :
teur est inconnu car, si l’année 1925 est celle de récolte, 37-41 mm ; largeur maximale : 13-14 mm aux élytres.
ce ne peut être Moritz. Tête transverse (fig. 616). Tubercule central conico-pyramidal, élancé à
45°, allongé mais peu élevé, l’apex aigu émoussé. Tubercules latéro-postérieurs
L’endémisme de l’espèce de l’ouest de Caracas faisant bien marqués, allongés, courbes, légèrement dirigés en avant et séparés du
désormais peu de doute, l’origine « Columbia » du spéci- sillon post-frontal. Tubercules tentoriaux peu marqués à effacés. Rides frontales
postérieures longues, marquées mais émoussées, verticales depuis l’apex du
men de Thorey s’explique par le fait que la Colombie fédé- tubercule central, puis convergent quelque peu à proximité des tubercules
rative de Bolívar, ou Grande Colombie, englobait à internes. Tubercules internes bien marqués. Angle des rides frontales
l’époque l’actuel Venezuela. La scission de cet empire prit postérieures obtus et plus ou moins mamelonné. Aire médio-frontale très
acte en 1831, mais dans la pratique, des frontières ne furent lisse. Clypéus large ; bord antérieur droit ou faiblement concave, en forme
d’accolade plus ou moins marquée ; angles antérieurs droits à aigus, obliqués
modifiées que tardivement, vers 1890. Ce contexte histo- en avant et visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges et profondes,
rique est la cause d’erreurs encore courantes dans l’origine fortement rebordées sur leur marge externe, les angles bien arrondis ; marge
d’échantillons anciens de sciences naturelles. postérieure obliquée en avant vers le tubercule interne. Aires latéro-post-
frontales glabres et très lisses, ou rarement avec 1-2 petite(s) soie(s). Angles
antérieurs de la tête très obtus et très arrondis. Canthus oculaires longs, assez
41. Veturius (Veturius) patinoi n. sp. larges, subparallèles ; apex antérieur droit à légèrement obtus et aussi long
que l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur fin, mais net.
(fig. 110, 175-177, 616-622 – 917, 920-921, 926) Ligule à apex antérieur simple et long ; aire médio-postérieure large et plane.
Mentum à disque légèrement convexe, avec ou sans quelques rares
Veturius Similior Kuw. : KUWERT 1891 : 173, 1898 : 168 (partim sinuosus ponctuations sétigères éparses ; ailes à fossettes marquées et côtés régulièrement
sensu Drapiez ; transversus sensu Dalman, simillimus sensu Kuwert). cintrés. Article II des palpes labiaux allongé, peu élargi vers l’apex, presque
Veturius sinuosus (Drapiez) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 aussi long que le III (fig. 617). Bord antérieur du labre légèrement concave.
(partim sinuosus sensu Drapiez). Mandibules allongées, régulièrement cintrées ; apex trifides, les dents
Veturius transversus (Dalman) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1996 : inférieures développées ; dents dorsales allongées, droites, l’apex droit à
85 (partim sinuosus sensu Drapiez) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO presque épineux. Massues antennaires allongées ; articles d’égale longueur ;
2002 : 142 (partim sinuosus sensu Drapiez). article apical bien arrondi sur sa marge externe.

506
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Pronotum (fig. 618). Bord antérieur légèrement bilobé. Angles antérieurs assez profondes, étroites en avant, élargies en arrière, ponctuées et sétigères
très arrondis et bien abaissés. Fossettes latérales antérieures, plus larges en comme précédemment.
avant et couvertes de ponctuations assez fortes, rondes ou transverses. Élytres glabres, sauf le bord médio-antérieur avec de rares et courtes soies
Mésosternum largement ponctué et sétigère sur les côtés antérieurs et de très éparses (fig. 619). Stries peu profondes ; ponctuation très fine partout,
part et d’autre de la ligne axiale, comme chez V. heydeni (fig. 610) ; tégument peu ou pas distincte (fig. 620).
mat couvrant les côtés antérieurs ; ailleurs glabre, lisse et brillant. Pattes. Protibias armés de 4-6 épines d’inégales longueurs, plus la fourche
Métasternum à aires latéro-antérieures ponctuées et sétigères comme apicale. Méso- et métatibias inermes. Tarsomères V puissants et longs, mais
chez V. heydeni (fig. 611) ; aires latéro-médianes glabres et lisses. Fossettes fins (fig. 621).

Figures 608-622
Veturius (V.) groupe « transversus ». – 608-615, V. heydeni (Kaup), Venezuela ; 616-622, V. patinoi n. sp., Colombie. – 608, 616, tête (dorsal), tubercule central
(profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 609, 618, pronotum (dorsal, latéral) ; 610, mésosternum ; 611, métasternum ; 612, 619, élytre (latéro-dorsal) ;
613, 620, stries disco-élytrales I-III ; 614, spolon supérieur mésotibial (latéral) ; 617, palpe labial ; 621, protarsomère V ; 615, 622, édéage. – Échelles : 1 mm.

507
Stéphane Boucher

Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué sur les deux tiers de Affinités chorologiques. Aucune autre espèce du groupe
sa longueur apicale.
« transversus » n’est présente dans la vallée du Cauca. Parmi
Édéage grand (fig. 622). Longueur : 3,3 mm. Habitus assez massif,
convexe et fortement sclérotisé. Paramères et phallobase séparés par une les autres Veturius sont sympatriques V. standfussi (grpe
large suture. Ventral : bord postérieur en forme d’accolade marquée ; phallus « platyrhinus »), V. caquetaensis (grpe homonyme), peut-
peu et finement ponctué, à base plus étroite que les paramères et la être aussi Publius danieli. Une sym- ou parapatrie est
phallobase ; paramères et phallobase très allongés et étroits. Dorsal :
paramères apparents par une lunule étroite et courte ; phallobase limitée
possible avec V. aspina (grpe « platyrhinus »).
à un fin liseré sclérotisé.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de Remarques taxinomiques et historiques. La grande série
V. transversus. prise par A.M. Patino était conservée réunie dans des
Derivatio nominis. Espèce dédiée à la mémoire de A.M. Patino, récolteur magasins indéterminés d’Oberthür (MNHN). Patino
ignoré de la majorité de la série type. demeure inconnu, comme les conditions de capture de
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun son échantillon.
autre V. (Veturius) : taille moyenne à grande ; tubercule central élancé à
45°, mais peu élevé, l’apex aigu ; apex mandibulaires trifides, les dents
V. patinoi est original car il est peu caractérisé et géogra-
inférieures développées ; canthus oculaires longs, l’apex antérieur droit à phiquement isolé des autres espèces de son groupe.
légèrement obtus et aussi long que l’œil ; massues antennaires longues ; L’habitus, la taille, la pubescence générale du corps et des
pronotum à côtés antérieurs assez fortement abaissés et fossettes latérales pattes (surtout le mésosternum), l’architecture
antérieures, larges, bien concaves, ponctuées assez nettement partout ;
mésosternum largement ponctué et sétigère ; aires métasternales latéro- céphalique, etc., sont la cause de confusions avec diverses
médianes glabres et lisses ; méso- et métatibias inermes, les fourches apicales espèces, surtout V. sinuosus (« V. transversus » s. auct.).
courtes et étroites, les spolons supérieurs courts et droits ; tarsomères V KUWERT (1891, 1898) a identifié l’espèce comme « V. simi-
longs et fins ; calus huméraux glabres ; ponctuation élytrale très fine et peu
ou pas visible partout. lior », sur un spécimen de Colombie (IRSN ; voir ci-après) ;
V. similior ayant été synonyme de V. transversus (depuis
Affinités morphologiques. Espèce affine de V. heydeni et de V. sinuosus.
V. sinuosus, en particulier, a l’habitus, la taille et la pubescence générale du
MOREIRA 1922 et LUEDERWALDT 1931), voici donc ce
corps et des pattes comparables. On distinguera néanmoins aisément V. patinoi qui explique, pour cette espèce, la localité « Colombie »
de ces espèces comme suit. inscrite dans tous les catalogues.
De V. heydeni : tête très transverse ; apex du tubercule central non
libre ; tubercules latéro-postérieurs longs et courbes ; canthus oculaires
Outre la série de Patino, les collections anciennes renfer-
longs ; angles antérieurs de la tête très obtus et très arrondis ; apex des dents ment une majorité de spécimens non datés et localisés sans
dorso-mandibulaires droits à presque épineux ; article III des palpes labiaux précision. Font surtout exception ceux d’E. Steinheil, 1872-
long ; massues antennaires longues ; côtés antérieurs du pronotum bien 1873 (MNHN), pris par lui sur la crête de la Cordillère
abaissés ; calus huméraux glabres ; ponctuation élytrale fine, mais davantage
distincte. Centrale, en provenance d’Ibagué, ainsi que des environs
De V. sinuosus : fossettes latéro-frontales non obliquées en arrière ; de Medellín (STEINHEIL 1876b). Le spécimen du mission-
mandibules longues, les dents dorsales longues, l’apex trifide à dents inférieures naire Gaujon (MNHN) a dû être pris vers 1890 ; Gaujon
développées ; apex antérieur des canthus oculaires droit à légèrement obtus ;
yeux moins gros ; articles II et III des palpes labiaux longs ; côtés antérieurs
est beaucoup plus connu pour ses récoltes en Equateur
du pronotum plus fortement abaissés ; aires paramédianes du mésosternum qu’en Colombie. Le voyageur et marchand naturaliste
sétigères ; tarsomères V longs et fins. A. Sallé est généralement indiqué pour ses récoltes au
Polymorphisme. Sauf la taille (± 4 mm), les exemplaires connus n’offrent Venezuela (du moins pour ce qui concerne l’Amérique du
pas de variabilité notable. Sud), mais rien ne prouve que le spécimen portant son
nom, de Colombie (MNHN), n’a pas été pris par lui. Celui
Répartition géographique, distribution dans l’aire. de J. Van Volxem 1858 (IRSN), identifié « V. similior » par
Espèce endémique de Colombie occidentale, où elle est Kuwert, appartient peut-être à la même série que ceux de
strictement intra-andine et limitée aux versants de la vallée la collection Kuwert (MNHN). Le matériel ultérieur est
du rio Cauca (entre Medellín au nord, et Popayán au sud ; contemporain (CPL, IMEX, UVGC). On constate alors
fig. 917). Elle est connue avec certitude des dépts. que l’espèce n’a pas été prise pendant près d’un siècle entre
d’Antioquía (sud), Caldas, Risaralda, Quindío, Valle del les deux époques.
Cauca et Cauca. Dans la littérature, il ne fait aucun doute que les récentes
Sa présence un peu plus lointaine, en marge du rio citations de V. transversus et de V. sinuosus en Colombie
Cauca, est vraisemblable. En revanche, elle semble absente sont presque toutes dues à des confusions avec V. patinoi.
du versant occidental de la Cordillère Occidentale et du Ainsi, concernant les Veturius de ce pays, REYES-CASTILLO
versant oriental de la Cordillère Centrale. Les crêtes des & AMAT GARCÍA (1991) ont distingué les patrons de
deux cordillères formeraient des barrières qui isolent l’es- dispersion « andin », du « piémont » et « amazonien », avec
pèce du versant Pacifique et de la vallée du rio Magdalena. les attributs de « haute » et de « basse » altitudes. Sur ces
Les localités précises indiquant toutes une altitude points ils ont raison ; la distribution des Passalides est forte-
comprise entre 1 500 et 2 600 m, on est en mesure de ment conditionnée par les facteurs géographiques et alti-
penser que l’espèce est limitée aux forêts mésophiles de tudinaux. En revanche, ils ne précisent pas quelle espèce
versants. appartient à quel patron. V. patinoi étant un endémique

508
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

intra-andin de versants, on en déduit que les auteurs ont et avec deux espèces du groupe « laevior » (sous-genre Ouayana). La courte
longueur du vagin (car. 93) semble également être synapomorphe, mais elle
connu l’espèce car il ont figuré un point-carte dans le n’a pu être vérifiée chez toutes les espèces.
Caldas. Je n’ai pas vu le matériel en question, mais le risque
d’erreur est infime : V. sinuosus n’existe pas dans cette région, Diversité spécifique. Publius comprend 15 espèces (20 %
encore moins V. transversus. Les autres points-cartes indi- du genre). La part des espèces nouvelles est très impor-
qués, quels que soient leurs positions, correspondent en tante (80 %). Une « variété » est élevée au rang de bonne
réalité à d’autres espèces, à d’autres faunes et à plusieurs espèce.
patrons de dispersion ; ces espèces sont principalement
V. sinuosus, V. platyrhinus et V. standfussi. Répartition géographique. Le sous-genre est strictement
Selon le même procédé, REYES-CASTILLO & AMAT andin et montagnard (fig. 923), ce qui diffère beaucoup
GARCÍA (2003) ont cité V. transversus de Colombie ; il s’agit du « all Mexico and S. America » signalé par HINCKS (1933).
en fait de V. sinuosus et de V. patinoi (ce dernier du Parque Il est répandu, du nord vers le sud, depuis les Cordillères
Ucumari, Risaralda ; IMEX). La confusion inter-espèces de Tilarán et de Talamanca (Costa Rica – Panama) jusqu’au
est aussi démontrée par des indices écologiques et biogéo- sud des Andes de Bolivie. Une espèce échappe à l’axe prin-
graphiques : le spécimen indexé de la « région montagneuse cipal andin en étant localisée dans la Sierra Nevada Santa
andine » ne peut être que V. patinoi, tandis que les spéci- Marta (extrême nord de la Colombie).
mens indexés de la « région amazonienne » (Amazonas, Le principal centre de radiations des espèces est la
Putumayo), ou des « régions basses inter-andines », ou encore Colombie, où chacune des trois cordillères abrite au moins
du « Complexe Insulaire Continentale » [?] (Huila, un endémique ; il y existe au total une dizaine d’espèces.
Cundinamarca et Caquetá), ne peuvent être que des Ailleurs, on trouve quelques endémiques dans le sud de
V. sinuosus. La présente étude de la majorité de ce maté- l’Amérique Centrale, dans l’Occidente d’Equateur et dans
riel confirme ces identifications (IMEX, UVGC). le Sud-Pérou – Bolivie.
Enfin, il n’en est pas de même dans le travail de AMAT Entre les deux points cardinaux de la répartition géné-
GARCÍA & REYES-CASTILLO (1996), où les corrélations rale figure un vaste hiatus : presque aucune espèce n’est
taxinomiques, faunistiques et biogéographiques sont jalon- connue du Pérou et d’Equateur. Tous Veturius confondus,
nées d’un certain nombre d’erreurs qui rendent l’ensemble de nombreuses espèces des Andes d’Equateur ont été exami-
assez peu clair. On remarque toutefois la présence de nées, mais peu du Pérou. Malgré leurs dimensions, les
« V. transversus » et (ou) de « V. sinuosus », tous de basses Andes du Pérou sont l’une des régions les moins connues
altitudes, y compris intra-andines. V. patinoi ne peut avoir pour les Passalidae. On peut alors se demander, dans cette
fait partie de ce matériel, mais seulement V. sinuosus. méconnaissance, quelle est la part due au seul manque
d’échantillons.
4.4. Sous-genre Veturius (Publius) Kaup 1871 Étant donné l’importance qu’ont les reliefs dans les
processus de radiations des Publius, il est très probable que
Publius : KAUP 1871 : 70, 118. des espèces restent à découvrir.
Publius Kaup : KUWERT 1891 : 192, 1896 : 224, 1898 : 165 ; GRAVELY
1918 : 33, 42 ; H INCKS 1933a : 11 ; LUEDERWALDT 1934b : 4 ; Remarques phylogénétiques et taxinomiques. Les Publius
VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 ; REYES-CASTILLO 1970 : 99, 163 ;
SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1981 : 89, 113 (partim Arrox sensu sont brachyptères ; leurs ailes sont réduites et leurs élytres
Zang ; larva) ; REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992 : 362 ; SCHUSTER presque toujours coalescents. Nous avons vu que la réduc-
1993 : 60 ; PARDO 1997 : 90 ; REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA tion alaire est responsable de diverses modifications morpho-
2003 : 47.
logiques corrélatives. Les plus visibles sont l’élargissement
Espèce type : Passalus crassus Smith 1852, par monotypie origi- du thorax et le raccourcissement de l’abdomen, ce qui
nale. confère un corps plus convexe et plus trapu que chez les
Caractères diagnostiques. Brachyptère. Ailes très réduites à réduites au
formes macroptères (voir fig. 1 et p. 384-386). Les méso-
maximum. Taille petite à grande. Habitus très convexe et trapu. Pubescence et métathorax sont modifiés par la régression de la muscu-
générale du corps et des pattes faible à très faible. Structure médio-post- lature, des sclérites, des trachéides et de la surface alaire. En
frontale peu développée, sauf le tubercule central qui est bien à très développé, revanche, les tissus adipeux abdominaux sont plus volumi-
conico-pyramidal et étiré vers l’avant. Aires latéro-post-frontales et
mésosternum glabres et très lisses. Fossettes margino-pronotales marquées, neux car ils semblent constituer une protection supplémen-
mais étroites à réduites, peu profondes, lisses à peu ponctuées. Protibias non taire face aux conditions climatiques plus fraîches, parfois
élargis et épais, ou très rarement un peu élargis ; méso- et métatibias inermes givrantes, des forêts de montagnes. Cette règle est valable
ou épineux, mais les épines courtes. Genitalia : édéage de petite à grande
taille ; vagin avec un à deux lobe(s).
pour la plupart des Passalides brachyptères.
Le monophylétisme du sous-genre est soutenu par le brachyptérisme Les Publius sont peu diversifiés dans leurs détails archi-
permanent de toutes les espèces (fig. 255 ; caractère 64 ; car. corrélés : 16 tecturaux céphaliques et thoraciques. Ils ont à peu près
[réduction des yeux], 51 [réduction des méta-épisternes], 55 [coalescence
élytrale], 62 [inclinaison du bord antéro-élytral]). La réduction alaire est tous le même habitus et peuvent être difficile à identifier.
homoplasique avec deux espèces du groupe «caquetaensis» (sous-genre Veturius) De plus, ils ne comprennent pas, comme les sous-genres

509
Stéphane Boucher

Veturius et Ouayana, de sous-groupes d’espèces clairement 6. Aire médio-postérieure de la ligule assez fortement échan-
différenciés. La seule distinction notable est entre les espèces crée et bordée d’une paire de tubercules (fig. 693). Aires
d’Amérique Centrale et celles d’Amérique du Sud. L’ancêtre mates des côtés antérieurs du mésosternum larges
commun des Publius est apparu après une radiation de (fig. 695). Apex antérieur des canthus oculaires très arrondi
(fig. 692). [Longueur totale : 34-45 mm. Élytres : ponc-
type adaptatif : il s’est isolé dans un biotope d’altitude tuation indistincte à nulle partout (fig. 697) ; bord anté-
élevée. Depuis lors, cette spécialisation constante a contri- rieur et calus couverts de courtes soies éparses.
bué à la forte homogénéité morphologique des espèces. Métasternum : pubescence des aires latéro-antérieures et
Ceci explique aussi que de nombreux états de caractères des fossettes assez abondante et étendue (fig. 696). Sud-
sont convergents. Pérou et Bolivie] . . . . . . . . . . . V. (Publius) spinipes Zang
D’une façon générale, les Publius sont restés très peu – Aire médio-postérieure de la ligule non échancrée ni bordée
connus. Tous sont endémiques d’un territoire plus ou d’une paire de tubercules (fig. 668). Aires mates des côtés
moins exigu, tel un massif, plus rarement un sommet antérieurs du mésosternum étroites (fig. 670). Apex
unique. Dans le matériel important qui a été étudié ici, antérieur des canthus oculaires peu arrondi à droit
sept espèces sont représentées par un spécimen unique, la (fig. 667) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.
7. Dents mandibulaires infra-apicales très réduites (fig. 667)
plupart anciens. Toutefois, cela ne peut expliquer en soi le
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.
caractère inédit de la plupart des espèces, d’autant que de
– Dents mandibulaires infra-apicales développées (fig. 652)
nombreux spécimens avaient déjà été vus, parfois depuis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9.
longtemps, par des spécialistes. Il existerait donc d’impor- 8. Fossettes margino-pronotales à peine marquées, avec
tantes confusions taxinomiques et une prise en compte quelques fines ponctuations (fig. 669). Ponctuation élytrale
insuffisante, parfois même nulle, de critères écologiques fine mais distincte partout (fig. 672). Apex du tubercule
et biogéographiques. central obtus. Canthus oculaires peu obliqués en arrière
et très proéminents (fig. 667). Disque du mentum convexe
[Longueur totale : 39 mm. Colombie, Antioquia, nord
Clé et révision des espèces de la Cordillère Centrale] . . . V. (Publius) centralis n. sp.
1. Apex mandibulaires trifides, distinctement ou non – Fossettes margino-pronotales un peu élargies, lisses
(fig. 647, 661) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. (fig. 664). Ponctuation élytrale indistincte partout
– Apex mandibulaires bifides (fig. 623) . . . . . . . . . . . . . . 11. (fig. 697). Apex du tubercule central pointu, presque libre.
2. Méso- et métatibias épineux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Canthus oculaires fortement obliqués en arrière et peu
– Méso- et métatibias inermes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4. proéminents (fig. 661). Disque du mentum entièrement
plan (fig. 662). [Longueur totale : 41 mm. Colombie,
3. Longueur totale : 39-50 mm. [Costa Rica – Panama,
Cordillères de Tilarán et de Talamanca] . . . . . . . . . . . . . . . Cundinamarca, centre-est de la Cordillère Orientale] . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) talamacaensis n. sp. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) dupuisi n. sp.
– Longueur totale : 26-36 mm. [Costa Rica – Panama, 9. Tubercule central court ; apex obtus. Rides frontales posté-
Cordillère de Talamanca] . . . . . . . V. (Publius) solisi n. sp. rieures bien marquées, presque affilées. Fossettes latéro-
4. Métasternum entièrement glabre ou presque, les fossettes frontales distinctement rebordées en avant (fig. 328).
nulles ou presque (fig. 650). [Habitus très massif. Longueur [Longueur totale : 39 mm. Ponctuation élytrale presque
totale : 41-49 mm. Dents mandibulaires infra-apicales indistincte partout. Fossettes margino-pronotales un peu
réduites (fig. 647). Fossettes margino-pronotales nettes, élargies, presque lisses (fig. 332). Équateur, Occidente] . . . .
un peu élargies au milieu, lisses ou presque (fig. 648). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) alani n. sp.
Tubercule central conico-pyramidal élevé et massif. Aires – Tubercule central élevé, puissant ; apex pointu ou presque.
mates des côtés antérieurs du mésosternum très courtes Rides frontales postérieures presque effacées. Fossettes
(fig. 649). Colombie, Cundinamarca, centre de la latéro-frontales non rebordées en avant (fig. 661) . . . . . 10.
Cordillère Orientale] V. (Publius) concretus (Kaup 1868) 10. Ailes du mentum à bords externes bien arrondis (fig. 662).
– Métasternum sétigère, les fossettes plus ou moins élargies 5. [Longueur totale : 39,5 mm. Ponctuation élytrale peu
5. Fossettes latéro-frontales larges et profondes (fig. 682). distincte partout. Fossettes margino-pronotales très
Pronotum très transverse ; fossettes marginales crevassées étroites, imponctuées (fig. 653). Colombie, Tolima, centre
et fortement ponctuées (fig. 685). Fossettes métasternales de la Cordillère Centrale (?)] . . V. (Publius) pehlkei n. sp.
profondes, l’arête interne affilée (fig. 687). [Habitus très – Ailes du mentum à bords externes peu arrondis (fig. 657).
massif. Longueur totale : 44-47 mm. Dents mandibu- [Longueur totale : 41 mm. Ponctuation élytrale peu
laires infra-apicales réduites. Ponctuation élytrale fine mais distincte partout. Fossettes margino-pronotales étroites,
bien visible partout (fig. 689, 690). Colombie, Sierra lisses (fig. 653). Colombie, Santander, nord de la Cordillère
Nevada Santa Marta] V. (Publius) impressus Hincks n. stat. Orientale] . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) tectus n. sp.
– Fossettes latéro-frontales étroites, peu concaves à planes 11. Méso- et métatibias épineux. Tubercule central très incliné,
(fig. 692). Largeur du pronotum normale ; fossettes margi- l’apex libre, très pointu (fig. 674). Ailes du mentum : bords
nales peu à très peu marquées, peu ou pas ponctuées externes très arrondis ; fossettes très grandes, mal délimi-
(fig. 694). Fossettes métasternales peu à très peu profondes, tées (fig. 675). Mésosternum sans tégument mat.
l’arête interne émoussée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6. [Ponctuation élytrale nulle partout. Fossettes margino-

510
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

pronotales étroites, lisses. Pubescence métasternale très Matériels types


faible (fig. 680). Longueur totale : 40 mm. Venezuela, V. crassus (Smith). Espèce décrite sur n exemplaire(s) de
Táquira, Massif du Tamá] . . . . . V. (Publius) taurus n. sp. Colombie (sans autre précision), du NHML. Lectotype O
– Méso- et métatibias inermes. Tubercule central élevé, l’apex
(présente désignation) : COLOMBIE, CUNDINAMARCA :
non libre, obtus à peu pointu (fig. 637). Ailes du mentum :
« 46-20 / 213 / crassus Sm., Columb. [dét. Smith] / Type »
bords externes presque droits ; fossettes normales (fig. 662).
Mésosternum avec tégument mat . . . . . . . . . . . . . . . . . 12. (NHML). Paralectotypes : crassus P. [= Percheron], n. sp. [dét.
12. Longueur totale < 36 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13. Percheron] / ex Musaeo Guér.-Ménev. (MNHN 2 ex) ; Colombia,
– Longueur totale > 37 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14. Passalus crassus Perch. n. sp., D. [don de] J. Goudot, Passalus
13. Aires métasternales latéro-antérieures avec de nombreuses concretus Bqt. [= Buquet], D. [don de] Buquet [dét. Spinola] /
soies (fig. 639). Aire mate du mésosternum étendue Coll. Spinola / P. crassus (Smith), det. Reyes-Castillo 1993
(fig. 645). Bord externe des massues antennaires normal (MSNT 1 ex).
(fig. 637). [Colombie, Cundinamarca, centre de la Remarques sur la série et sur la localité types. Il est admis,
Cordillère Orientale] . . . . . . V. (Publius) rugifrons n. sp. par l’usage, que le matériel type de Passalus crassus est repré-
– Aires métasternales latéro-antérieures avec quelques rares senté par « le type », au NHML. SMITH (1852) a décrit l’espèce
soies (fig. 646). Aire mate du mésosternum très réduite. comme « crassus Guérin, MSS ? », sans indication du nombre de
Bord externe des massues antennaires très arrondi spécimens. L’abrégé signifie « manuscrit ? ». Quant au prétendu
(fig. 642). [Colombie, Valle, sud de la Cordillère type, examiné ici, il n’a pas d’étiquette comparable à celle-ci.
Occidentale] . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) danieli n. sp. On peut en déduire que Smith, avant de décrire l’espèce, avait
14. Protibias non élargis (fig. 633). Tubercules latéro-posté-
dû recevoir une information sur son existence ; c’est-à-dire en
rieurs situés à la base du tubercule central (fig. 623).
tant que « P. crassus » et auquel aurait été associé Guérin-
[Colombie, Cundinamarca, centre de la Cordillère
Orientale] . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) crassus (Smith) Méneville. La découverte de l’espèce et son nom ne sont alors
– Protibias élargis (fig. 676). Tubercules latéro-postérieurs peut-être pas de Smith, tandis que rien n’indique que « le type »
situés à mi-hauteur du tubercule central. [Colombie, est unique.
Caldas, centre de la Cordillère Centrale] . . . . . . . . . . . . . . . Ces remarques renvoient à présent aux spécimens du MNHN
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Publius) steinheili n. sp. et du MSNT.
L’un des spécimens identifiés dans la collection Guérin-
42. Veturius (Publius) crassus Méneville (MNHN) est étiqueté « crassus P. n. sp. », de la main
de Percheron. A moins d’une coïncidence peu vraisemblable,
(Smith 1852) cette étiquette du spécialiste le plus renommé de l’époque est
(fig. 1, 269-270, 623-635 – 908, 920-921) antérieure au travail de Smith. D’ailleurs, GRAY (in SMITH 1852)
Passalus crassus Guérin mss. ? : SMITH 1852 : 14. a préfacé : « The family Passalidae is chiefly arranged after the
Passalus crassus Perch. [sensu Spinola < 1852] : GIACHINO 1982 : 236. method adopted by Percheron ». Ainsi, le nom « crassus » de l’es-
Passalus crassus Smith : LACORDAIRE 1856 : 47 (catal.) ; KAUP 1869 : 39, pèce publiée par Smith devait être de Percheron ; toutefois, la
1871 : 70, 118 (partim concretus sensu n.). source de l’information de Smith reste inconnue (1).
[Publius crassus Smith : KUWERT 1891 : 192 (catal.)].
Publius crassus Smith : KUWERT 1898 : 166 ; ZANG 1903 : 419, 1905a : Par ailleurs, les premiers spécimens connus de l’espèce sont
231. très probablement dus à l’un ou l’autre des entomologistes fran-
? Publius crassus Smith : ARROW 1907 : 450. çais J. Goudot et P. Lebas, de leurs expéditions en Colombie,
Publius crassus (Smith) : GRAVELY 1918 : 10, 42 & pl. V fig. 2 ; HINCKS en 1822 et 1828. Tous deux sont parmi les plus anciens récol-
1933b : 176 (partim spinipes sensu Zang, concretus sensu n., danieli),
1934 : 156 (partim spp. indét.).
teurs d’Insectes dans la région de Bogotá. Goudot, du Muséum
[Publius crassus Smith : LUEDERWALDT 1934b : 5, 13 (partim talamacaensis)]. de Paris, s’y est rendu avec d’autres naturalistes ; ils ont exploré
[Publius crasus : ALFARO 1935 : 297 (loc. type)]. la vallée de Bogotá pendant plus d’un an, puis ont franchi les
Publius crassus Smith : HINCKS & DIBB 1935 : 30 (catal.) ; DOESBURG Cordillères Orientale et Centrale pour atteindre les vallées des
1942b : 330 (catal.) ; HINCKS & DIBB 1958 : 12 (catal.). rios Magdalena et Cauca. Lebas, naturaliste à gages, a aussi
Publius crassus (Smith) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 (partim rugifrons).
[Publius crassus (Smith) : REYES-CASTILLO 1970 : 169 (partim talamacaensis, récolté près de Bogotá. Goudot et Lebas ont rapporté beaucoup
spp. indét.)]. d’échantillons botaniques et entomologiques. Les Insectes ont
Publius crassus (Smith) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 ; été largement diffusés en France (chez Buquet, Chevrolat,
AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80 ; AMAT GARCÍA & REYES- Guérin-Méneville, Macquart, Mniszech, Percheron, Reiche,
CASTILLO 2002 : 143 (partim spp. indét.) ; REYES-CASTILLO & AMAT
etc.), en Italie (Spinola, Di Breme), en Angleterre et en
GARCÍA 2003 : 47 (partim spp. indét.).
Allemagne ; ils ont fait l’objet de nombreuses publications.
Syn. : V. (Publius) libericornis Luederwaldt 1934 GUÉRIN-MÉNEVILLE (1843) notamment, a beaucoup publié
Publius crassus (Smith) : GRAVELY 1918 : 10, 42 & pl. V fig. 2.
Publius libericornis : LUEDERWALDT 1934b : 15. sur les Coléoptères de Goudot. On ne peut alors douter que le
Publius libericornis Luederwaldt : HINCKS & DIBB 1958 : 12 (catal.). « P. crassus » identifié par Percheron (MNHN) a fait partie des
Publius libericornis Luederw. (syn.) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 535. mêmes récoltes, tout comme celui ayant appartenu à Spinola
Publius libericornis Luederwaldt : REYES-CASTILLO 1970 : 167 (catal.) ;
REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 (catal.) ; AMAT GARCÍA
& REYES-CASTILLO 1996 : 80 (catal.).
Publius libericornis Luederwaldt (syn.) : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA (1) Percheron semble avoir connu personnellement les britanniques Gray et
2003 : 48. Westwood.

511
Stéphane Boucher

(MSNT), qui est, de surcroît, notifié comme « don » de Goudot, non tuberculée sur les côtés. Processus hypostomaux (fig. 625) glabres et
via Buquet. Quant à SMITH (1852), il a décrit son P. crassus faiblement concaves au milieu ; apex arrondi. Palpes labiaux (fig. 626)
étroits et allongés ; article II un peu plus long que le III. Labre quadratique ;
avec un autre Passalide de Colombie, Passalus sagittarius, « from bord antérieur droit à légèrement concave. Mandibules puissantes et
the collection of M. Goudot ». Cette espèce m’est connue comme allongées, faiblement cintrées jusqu’à l’apex bifide et étroit ; dents dorsales
endémique du centre de la Cordillère Orientale et sympatrique allongées, droites, élevées, l’apex presque épineux ; fossettes infra-basales
avec crassus. marquées (fig. 627) ; angle postérieur précédé d’une concavité nette. Massues
antennaires assez trapues.
En conclusion, il ne fait pas de doute que tous ces spécimens Pronotum (fig. 628). Bord antérieur presque droit à légèrement bilobé.
proviennent de la même source et que, parmi eux, les crassus Angles antérieurs bien arrondis, peu abaissés. Sillon marginal étroit, lisse,
doivent être considérés comme syntypes (voir aussi P. concretus subparallèle sauf au niveau des fossettes latérales qui sont très légèrement
Kaup, et V. platyrhinus (Hope & Westwood) et son synonyme élargies et à peine concaves. Pubescence des pré-épisternes fine, courte et
validus (Burmeister), pour lesquels l’origine géographique et dense, plus ou moins visible en vue dorsale de l’insecte. Pré-épimères avec
de longues soies espacées à denses partout.
l’historique des types sont homologues de crassus). Mésosternum (fig. 629, polymorphe) glabre et lisse, sauf l’extrémité de
ALFARO (1935) est le seul auteur à avoir indiqué que le type l’angle antérieur qui a souvent quelques soies très fines. Tégument mat
de Smith provenait de Bogotá, mais j’ignore comment il est couvrant les côtés latéro-antérieurs plus ou moins largement ; ailleurs brillant.
parvenu à telle conclusion. Métasternum (fig. 630) à aires latéro-antérieures avec quelques fines
ponctuations sétigères proche des coxae ; aires latéro-médianes et latéro-
V. (Publius) libericornis Luederwaldt. Espèce décrite d’après postérieures glabres et lisses. Fossettes latérales très réduites, rétrécies
la diagnose et la figure de l’unique spécimen identifié « Publius postérieurement, peu à très peu sétigères.
Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a rarement quelques courtes
crassus » par GRAVELY (1918). Je n’ai pu recevoir ce spécimen, soies espacées. Stries discales (fig. 631) et latérales avec de très fines
qui doit être au Zoological Survey, à Calcutta. Holotype (sexe ponctuations indistinctes. Profil antérieur légèrement incliné. Cali bien
indét.) : COLOMBIE, CUNDINAMARCA : « Columbia, arrondis.
Bogota ». – Longueur totale : 43,5 mm. Pattes. Fossettes procoxales (fig. 632) larges, presque planes et très
finement sétigères. Protibias non élargis (fig. 633), avec 3-4 épines trapues,
Luederwaldt n’a sans doute jamais vu ce spécimen. Selon les plus la fourche apicale. Mésotibias inermes, courts et épais, les soies denses
indications claires de GRAVELY (1918), la localité d’origine, la et longues ; arêtes supérieures légèrement convexes sur presque toute leur
longueur totale, l’apex des mandibules bifide, la forme et la pubes- longueur ; fourches apicales étroites. Métatibias inermes, moins pubescents
cence des fossettes métasternales, l’architecture dorso-céphalique, que les mésotibias. Spolons supérieurs des méso- et métatibias assez courts,
entre autres caractères moins notables, lèvent le doute sur l’iden- fins et droits (fig. 634).
Abdomen glabre. Sillon marginal du sternite VII marqué plus ou moins
tité du taxon. Le seul caractère spécifique retenu par sur les deux tiers de sa longueur apicale.
LUEDERWALDT (1934b) est le développement important du Édéage (fig. 635). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe, arrondi et
tubercule central, ce qui n’est pas recevable car sa variabilité est trapu. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture ; paramères
courante chez P. crassus, surtout chez les spécimens de grande allongés et étroits ; bord postérieur de la phallobase légèrement concave.
Dorsal : paramères et phallobase peu distincts et de longueurs très inégales.
taille, comme celui-ci.
La larve décrite du Costa Rica par SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981)
VULCANO & PEREIRA (1967) ont mis l’espèce en synonymie. est celle de Publius talamacaensis.
Dans leurs catalogues, R EYES -C ASTILLO (1970), R EYES -
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
CASTILLO & AMAT GARCÍA (1991) et AMAT GARCÍA & REYES- autre Publius : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires bifides et étroits ;
CASTILLO (1996) l’ont considérée valide. Enfin, REYES-CASTILLO tubercule central assez fort, massif ; mentum à côtés presque droits et disque
& AMAT GARCÍA (2003) ont à nouveau émis l’hypothèse d’une convexe ; fossettes margino-pronotales très légèrement élargies, à peine
synonymie. Ces modifications statutaires sont arbitraires, en concaves, lisses ; fossettes métasternales très réduites et sétigères ; méso- et
métatibias inermes ; protibias non élargis.
dépit de leur pertinence occasionnelle.
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de Publius rugifrons, P. steinheili
Description. Habitus glabre, très convexe, trapu et massif. Coloration noire et P. concretus, avec lesquels elle peut être facilement confondue. On l’en
brillant dessus et dessous. distinguera comme suit :
De P. rugifrons : taille supérieure ; habitus plus massif, plus large ; fossettes
Taille moyenne à généralement grande. Longueur totale : 37-49 mm ;
métasternales généralement plus étroites ; fossettes margino-pronotales encore
largeur maximale : 14-17 mm aux élytres.
moins marquées et plus lisses ; ponctuation élytrale invisible partout.
Tête (fig. 623). Tubercule central conico-pyramidal, élancé à 45°,
De P. steinheili : protibias non élargis ; tubercule central élancé en avant
puissant, l’apex aigu mais émoussé. Tubercules latéro-postérieurs effacés
et en hauteur, plus massif et plus long ; tubercules latéro-postérieurs (lorsqu’ils
ou à peine marqués, courts et droits, perpendiculaires au tubercule central.
sont distincts) situés à la base du tubercule central ; canthus oculaires moins
Tubercules tentoriaux complètement effacés ou presque. Rides frontales
larges, plus arrondis vers l’apex.
postérieures courbes, effacées ou à peine marquées. Tubercules internes
De P. concretus : taille moyenne moindre ; habitus moins massif ; apex
petits, émoussés. Angle des rides frontales obtus et mamelonné au milieu.
mandibulaires bifides ; métasternum à aires latéro-antérieures et fossettes
Aire médio-frontale très lisse et convexe. Clypéus convexe, épais, le bord
sétigères, ces dernières moins étroites ; fossettes margino-pronotales moins
antérieur plus ou moins incisé au milieu, les angles antérieurs droits et
larges et moins profondes.
obliqués en avant, visibles ou non en vue dorsale. Fossettes frontales presque
planes et à peine rebordées. Aires latéro-post-frontales glabres et lisses. Polymorphisme. Les différences de tailles sont importantes (± 12 mm). Sans
Angles antérieurs de la tête très obtus et émoussés à presque nuls. Canthus un examen attentif, les petits spécimens peuvent se confondre avec P. rugifrons
oculaires courts, plus ou moins subparallèles jusqu’à l’angle antérieur droit et les plus grands avec P. concretus. Il existe aussi une variabilité dans
à obtus, émoussé et dépassant légèrement l’œil. Yeux réduits, non globuleux. l’architecture céphalique, en particulier le développement du tubercule
Fossettes post-oculaires larges et profondes, complètes, glabres ou presque. central, des tubercules internes, du clypéus et de son incision médiane, du
Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur plus ou moins complet. sillon post-frontal, ainsi que dans la forme du pronotum (ondulation du
Mentum (fig. 624) à disque large, peu convexe et glabre ; ailes avec des bord antérieur, longueur et largeur), dans la largeur postérieure des fossettes
soies éparses, les fossettes peu marquées et les côtés faiblement cintrés. métasternales et dans la densité et l’extension des soies de l’ensemble du
Ligule (fig. 624) à apex antérieur simple ; aire médio-postérieure plane, sclérite. Ces variations peuvent exister dans une même population.

512
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique. Espèce endémique du centre présence est confirmée par des récoltes anciennes et répé-
de la Cordillère Orientale colombienne (fig. 908). Elle est tées, notamment dans la partie méridionale de la Sierra
surtout connue de la région de Bogotá (Cundinamarca), Los Quinchas, ainsi qu’au nord-ouest de Bogotá et dans
mais sa présence, à cette latitude, est probable sur tout le le secteur de Muzo. Au sud, elle a été prise plusieurs fois
plateau de la cordillère. près de Fusagasugá. Aucune capture n’a eu lieu au sud de
La plupart des spécimens anciens étiquetés « Bogotá » Tocaima.
proviennent des forêts du périmètre aujourd’hui urbanisé La localité d’Ibagué, sur un spécimen ancien (MNHN),
du District Fédéral. Toutefois, les limites nord et sud de est douteuse car elle est située sur le versant occidental de
l’aire sont très imprécises. À l’est de Bogotá, sur les reliefs la Cordillère Centrale ; c’est-à-dire où la faune est diffé-
qui dominent le rio Gacheta, l’espèce est inconnue et rente, tandis que l’altitude locale de 1000-1 500 m est très
pourrait être relayée par V. (Publius) dupuisi. À l’ouest, sa inférieure à la moyenne établie pour l’espèce. De plus, la

Figures 623-636
Veturius (Publius), Colombie. – 623-635, V. crassus (Smith) ; 636, V. steinheili n. sp. – 623, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-
dorsal) ; 624, ligule et mentum ; 625, 636, processus hypostomal ; 626, palpe labial ; 627, fossette infra-mandibulaire ; 628, pronotum (dorsal, latéral) ; 629,
mésosternum (polymorphe) ; 630, métasternum ; 631, stries disco-élytrales I-III ; 632, fossette procoxale ; 633, protibia (dorsal) ; 634, spolon supérieur
mésotibial (latéral) ; 635, édéage. – Échelles : 1 mm.

513
Stéphane Boucher

climatologie et le type de forêt d’Ibagué sont celles de la calis », puisque l’altitude est bien trop basse pour être celle
vallée du Magdalena, qui diffèrent de celles de Bogotá. d’un Publius.
Toute autre localisation hors du centre de la Cordillère LUEDERWALDT (1934b) a cité l’espèce du Costa Rica,
Orientale est erronée, ou due à des confusions d’espèces. mais c’est en réalité talamacaensis. Dès lors, les catalogues
de H INCKS & D IBB (1935, 1958) et de D OESBURG
Distribution dans l’aire. L’espèce semble strictement limi- (1942b) sont très erronés : entre le Costa Rica et la Bolivie,
tée à la forêt mésophile de la mosaïque forêts-savanes du au moins quatre ou cinq espèces ont été confondues avec
plateau central. Les altitudes varient entre 1 800 et 3 500 m. crassus. VULCANO & PEREIRA (1967) ont aussi largement
confondu l’espèce, notamment avec rugifrons, concretus et
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, peut-être talamacaensis. Comme LUEDERWALDT (1934b), REYES-
dans toute son aire, avec Publius rugifrons, P. concretus et CASTILLO (1970) ne connaissait pas crassus, mais unique-
Veturius platyrhinus. Une sympatrie partielle semble confir- ment talamacaensis.
mée avec V. standfussi (grpe « platyrhinus ») car il est réper-
torié ici ou là du centre de la Cordillère Orientale, à des Dernièrement, l’échange d’informations entre plusieurs
altitudes voisines de 2 500 m. spécialistes a permis des corrections taxinomiques, en parti-
culier vis-à-vis de P. talamacaensis, qui est le plus répandu
Remarques taxinomiques et historiques. Contrairement dans les collections. De la sorte, P. crassus a été revu comme
à ce que laisse penser la littérature, V. crassus est peu connu. espèce propre à la Colombie (REYES-CASTILLO & AMAT
Sa confusion permanente, avec plusieurs espèces, a profon- GARCÍA 1991, AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996,
dément faussé la connaissance de sa taxinomie et de sa REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003) et P. talama-
chorologie. La description de SMITH (1852) est sommaire ; caensis comme espèce nouvelle propre à l’Amérique
à l’exception de l’apex mandibulaire bifide, les détails qu’elle Centrale. Enfin, PARDO (1997) a cité P. crassus du Nord-
comprend ne permettent pas de distinguer l’espèce des Chocó. Je ne l’ai pas vu, mais si l’origine était confirmée,
autres Publius de dimensions comparables. ce ne pourrait être cette espèce. Le même auteur a signalé
La majeure partie du matériel cité a été examinée. L’une aussi deux « morphospecies » du Nariño (Tumaco, volcan
des premières confusions est due à KAUP (1871), avec son Chiles) d’après une publication de 1995 de Lozano (celle-
P. concretus (voir cette espèce). ci m’est inconnue et n’est pas référencée par Pardo). Si un
KUWERT (1891) a signalé P. crassus sans l’avoir connu, Publius était confirmé de ce volcan, ce serait sans doute
puis (1898) il a cité un spécimen correctement identifié une nouveauté.
(MNHB). C’est peut-être le seul qu’il ait jamais vu car sa Parmi les premiers spécimens connus, nous avons vu
collection comporte une étiquette d’identification de fond que figurent ceux de Goudot (1822-1823) et de Lebas
de boîte, mais pas de spécimen (MNHN). Dans le cata- (1828 ; BMHN, MNHN, MSNT). Aucune donnée n’a
logue d’OBERTHÜR (1933), qui comprend la collection été trouvée sur Parzudaki 1840 (MNHN). Steinheil, lors
Kuwert, ne figurent que les spécimens de Steinheil. ZANG de son expédition de 1872-1873, a parcouru les Cordillères
(1905a) a comparé son P. spinipes à P. crassus, mais aucun Centrale et Orientale, mais ses P. crassus sont tous de la
spécimen de ce dernier, identifié par lui, n’a été trouvé. région de Bogotá. Celui de W. von Nolcken (MNHN)
Outre le « type » de Smith, ARROW (1907) a cité deux spéci- provient de ses récoltes, en 1871, du versant ouest de la
mens de Colombie (sans autre précision) au NHML ; ils Cordillère Orientale, ou bien des environs de Bogotá.
n’ont pas été retrouvés. D’après H ORN et al. (1990), l’entomologiste à gages
Le seul spécimen vu par GRAVELY (1918) est celui qui O. Thieme rapporta de Colombie des échantillons pour
a été redécrit comme P. libericornis par LUEDERWALDT Oberthür, en 1877-1878 ; un seul, certifié de lui, a été
(1934b). De son côté, HINCKS (1933, 1934) est à l’ori- retrouvé (MNHB). Au début du XXe siècle, les natura-
gine des plus importantes confusions de l’espèce ; des treize listes allemands E. Pehlke (avant 1920) et A. Schultze
spécimens qu’il a cités, dix ont été retrouvés (MUHD), (1920-1927) ont pris des spécimens près de Bogotá
parmi lesquels figurent crassus (Colombie, coll. Nonfried (MNHB, PAIZ). A la même époque, le missionnaire fran-
et Horrell), danieli (Rio Cauca) et concretus (Colombie, çais Apollinaire-Marie en envoya un bien plus grand
Staudinger). Les spécimens non retrouvés provenaient du nombre, encore de Bogotá (MNHN, MZSP, IRSN,
Pérou (Chanchamayo : Junín) et d’Equateur (Porto Viejo : MHNB). Aucune précision n’a été trouvée sur ceux de
Manabí, < 500 m d’altitude). Ces deux localités sont inté- F. Ovalle (AMNH ; voir aussi P. concretus et V. (Veturius)
ressantes car aucun Publius n’y est connu. L’espèce péru- montivagus).
vienne n’est sans doute pas spinipes, étant donné l’éloigne- Les spécimens contemporains sont très peu nombreux
ment de sa localité par rapport à celles, bien connues, du et la raréfaction de l’espèce, voire sa disparition, d’une
Sud-Pérou et de Bolivie. Quand à l’espèce d’Equateur, c’est bonne partie du District Fédéral et de ses environs, fait
sans doute un V. (Veturius) hémibrachyptère du grpe «biapi- peu de doute.

514
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Autre matériel examiné. 112 ex. Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale : 38,5-
COLOMBIE (sans autre précision) : 2899-40 / Colombie, M. Parzudaki 42 mm ; largeur maximale : 14 mm aux élytres.
1840 (MNHN 1 ex) ; Colombie / ex Musaeo W. Rothschild 1899 (MNHN Tête. Tubercule central conico-pyramidal presque vertical, assez court,
1ex); Colombie / ex coll. Perroud [< 1878] (MNHN 1ex); Colombie (MNHN l’apex aigu émoussé. Tubercules latéro-postérieurs très petits, mais distincts
5 ex) ; Columb., concretus Reiche [dét. Thomson] / Ex Musaeo J. Thomson et disposés à mi-hauteur du tubercule central. Tubercules tentoriaux effacés
(MNHN 1 ex) ; Columbia, Publius crassus Schn. = concretus Kp. [dét. ?] ou presque. Rides frontales postérieures courbes, effacées ou à peine marquées,
(MNHN 1 ex) ; Colombie, concretus Kaup [dét. Boileau] / ex coll. H. Boileau sauf à la base du tubercule central. Angle des rides frontales obtus, mamelonné
1925 (MNHN 1 ex) ; Columb. / crassus Guérin [dét. Thorey] / ex Musaeo ou plan au milieu. Clypéus convexe, épais et assez large. Canthus oculaires
Thorey [< 1884] (MNHN 1 ex) ; 27283, Neu Granada / P. crassus Smith [dét. courts, subparallèles, presque quadratiques ; angle antérieur droit, large et
Kuwert < 1898] (MNHB 2 ex) ; O. Thieme, V-VI.1877 (MNHB 1 ex) ; crassus émoussé, dépassant légèrement l’œil. Aire post-frontale délimitée par un
Germ., Colombie / concretus Perch., Colombie [dét. ?] / 600-1, Colombie, sillon postérieur peu marqué et incomplet. Processus hypostomaux sétigères
Coll. Melly [< 1851] (MHNG 2 ex) ; Columbia, Coll. Nonfried [< 1923] / sur le disque et à apex bien arrondi (fig. 636).
Ex. Staudinger & Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Columbia / 4659 / via Pronotum. Sillon marginal étroit, subparallèle sauf au niveau des fossettes
J. Clermont [< 1956] (MUHD 1 ex) ; Columbia / Coll. A. d’Orchymont [< qui sont légèrement élargies, peu concaves et occupées ou non par quelques
1947] (IRSN 1 ex) ; Passalus, Columbia, D. [don] Reiche [dét. Chevrolat] / ponctuations.
connatus Reiche, Colombie [dét. ?] / Coll. Chevrolat / Publius crassus Smith, Mésosternum glabre et lisse, sauf l’angle antérieur muni d’une plage de
det. v. Doesburg (NNML 1 ex) ; Columbia / Coll. Chevrolat / Cat. n° 20 / soies très fines. Tégument mat couvrant les côtés latéro-antérieurs plus ou
Publius crassus Smith, det. v. Doesburg (NNML 1 ex) ; Colombia / P. crassus, moins largement ; ailleurs brillant.
det. Pereira 1944 (MZSP 1 ex) ; Colombia (USNM 1 ex) ; Columb. / P. crassus Métasternum à aires latéro-antérieures finement ponctuées et sétigères
(Sm.), det. Pereira 1959 (FMNH 1 ex) ; Colombia 1978 (FMNH O). – à proximité des coxae uniquement. Fossettes latérales réduites, à peine élargies
CUNDINAMARCA : Bogota [Reiche ?] / ex coll. Olivier (MNHN 1 ex) ; Nova en arrière et sétigères.
Grenada [env. Bogotá, ≥ 2 500 m], B. [baron] Nolcken [1871] (MNHN 1 ex) ; Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a rarement quelques soies
Colombie, env. de Bogota, Apollinaire, Héribaud 1910 (MNHN 3 ex) ; S.F. espacées. Stries indistinctement ponctuées.
[Santa Fé] Bogota (MNHN 1 ex) ; La Vega [> 2 000 m] / ex Musaeo E. Steinheil Pattes. Protibias élargis, avec 3-4 épines trapues. Méso- et métatibias
(MNHN 1 ex) ; La Luzera [> 2 000 m] / Colombie, ex Musaeo E. Steinheil / inermes.
cicatricollis Steinh. [dét. Steinheil] / Publius spinipes Zang, det. Reyes-Castillo Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de P. crassus
1977 (MNHN 6 ex) ; Fusagasuga [> 2 000 m] / ex Musaeo E. Steinheil / crassus (voir fig. 623-634).
S. [dét. Steinheil] / Publius crassus (Smith), det. Reyes-Castillo 1977 (MNHN Derivatio nominis. Espèce dédiée à la mémoire du naturaliste voyageur
3 ex) ; Colombie, Cundinamarca, Fusagasuga / Publius crassus (Smith) det. allemand Eduard Wilhem Steinheil (1830-1879).
Reyes-Castillo 1975 (MNHN P) ; Bogota / ex Musaeo E.D. Brown [< 1876]
(MNHN 2 ex) ; Bogota, Passalus crassus / ex coll. L. Rouquet 1865 (MNHN Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
2 ex) ; Bogota (MNHN 3 ex) ; Colombie, env. Bogotá, IV.1970 / ex coll. autre Publius : taille > 37 mm ; tubercule central peu élevé, l’apex non libre
G. Minet 1994 (MNHN* 1 ex) ; Colombie, Cund. 1979 / ex coll. G. Minet assez fin ; apex mandibulaires bifides ; protibias élargis ; fossettes margino-
1994 (MNHN* 1 ex) ; Colombie, Cundinamarca, Alto de Rosas, 2 700 m, pronotales assez étroites et peu profondes, mais néanmoins marquées.
G. Lecourt 2002 (MNHN* 2PO) ; Colombia, Fusagasugá 1929-1930, Affinités morphologiques. Espèce très peu distincte de P. crassus, mais dont
Apolinar-Maria / P. crassus, det. Pereira 1939 (MZSP 2 ex) ; Bogota / Publius elle se sépare par les caractères suivants : protibias élargis ; tubercule central
crassus Smith, det. v. Doesburg / Coll. v. Doesburg via V. Plason (NNML plus fin, plus court ; tubercules latéro-postérieurs très petits, mais distincts
5ex); Colombia, Cundimamarca, San Miguel, 10 km NE Fusagasuga, 2900 m, et disposés à mi-hauteur du tubercule central ; canthus oculaires plus larges,
L. Richter V.1946 (UVGC 1 ex) ; Colombia, Bogota / B. Guevara (USNM presque quadratiques.
2 ex) ; Colombia, Cund., Mosquera [Bogotá], Oak Forest, V.1965 / J.A. Ramos P. steinheili et P. centralis sont les seuls Publius sud-américains à protibias
(USNM 1 ex) ; Columbien, Dintel Vuebel Urwald, 2 500 m, Arn. Schultze élargis. Toutes deux étant propres à la Cordillère Centrale, on distinguera
S.O. [1920-27] (MNHB 1 ex) ; Cundinamarca, Fusagasuga (MNHB 1 ex) ; P. steinheili par les caractères suivants : apex mandibulaires bifides ; apex
Bogota, Northland, E. Pehlke 1914 (PAIZ 1 ex) ; Colombie / Bogota / ex coll. antérieur de la ligule simple ; disque du mentum plus large et plus long ;
Ph. Moretto 1999 (MNHN* 1 ex) ; Bogota / Ex coll. E.C. Horrell / P. crassus massues antennaires plus longues, en particulier l’article VIII ; canthus
det. Hincks (MUHD 1ex); Colombia, Bogota, coll. DIA Entomologia, Hincks oculaires plus larges et presque quadratiques ; fossettes margino-pronotales
& Dibb coll. (MUHD 2 ex) ; Columbia, Muzo [> 2 000 m] / Ex. Staudinger mieux marquées, plus profondes ; fossettes métasternales très étroites, les
& Bang Haas (MUHD 1 ex) ; Columb. / Bogota / M. Kirsch (SMTD 5 ex) ; soies moins nombreuses ; calus huméraux glabres ; ponctuation élytrale
Fusagasuga 1913 / P. crassus Smith, det. Pereira 1947 (NHRS 1 ex) ; Columbia, indistincte partout.
Bogota, Le Moult [Apollinaire-Marie] (IRSN 3 ex) ; Colombie, Fusagasuga,
ex coll. J. Muller (IRSN 6 ex) ; Columbia, Muzo, A. Marie via Le Moult (IRSN Polymorphisme. Non appréciable chez les quelques spécimens connus.
4 ex) ; Colombia, Tequendama, XII.1934 / Publius crassus (Sm.), det. Pereira
1946 (IMEX, 1 ex) ; Columbia / Tocaima [> 2 000 m], L.E. Aguirre IV.1975 Répartition géographique, distribution dans l’aire.
(IMEX 1 ex) ; Carretera Bogotá – Mesa, Cund., 2 000 m, G. Amat García
XII.1990 (IMEX 1 ex) ; Alto San Miguel, Cund. 1 800 m, G. Amat García
Espèce uniquement connue de Manizales, dans le centre
VIII.1993 (IMEX 1 ex) ; C / Marca, Chipaque, G. Amat García (IMEX 1 ex) ; de la Cordillère Centrale colombienne (Caldas ; fig. 908).
Bogota / P. crassus Smith, det. Hincks 1936 (UMZC 1 ex) ; Colombia, L’altitude présumée est celle des environs de Manizales,
Fusagasugá, H. Apolinar-María I.1930 / P. crassus, det. Pereira 1939 (MHNB entre 2000 et 2 500 m, ce qui est comparable à P. crassus.
1 ex) ; Bogota / P. crassus (Smith), det. Reyes-Castillo 1993 / Coll. Di Breme
[< 1860] (MSNT 1 ex) ; Colombia, F. Ovalle, Q., Ac. 33501 / Publius crassus STEINHEIL (1876a), le récolteur, a signalé une mesure baro-
(Sm.), det. Pereira 1958 (AMNH 9 ex). – ? TOLIMA : Colombie, Ibagué [> métrique de près de 2 000 m lors de son étape à Manizales.
1 000 m] / ex coll. P. Griveau 1990 (MNHN* 1 ex).
Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu
43. Veturius (Publius) steinheili n. sp. de la région de Manizales, mais il y existe deux V. (Veturius)
(fig. 636 – 908, 920-921) sympatriques : V. standfussi (grpe « platyrhinus ») et V. patinoi
(grpe « transversus »).
Matériel type. 4 ex. Holotype P : COLOMBIE, CALDAS :
Colombie, Manizales [> 2 100 m], Coll. E. Steinheil / ex.-coll. Remarques historiques. Cette espèce n’a sans doute jamais
M. Sédillot 1935 (MNHN). Paratypes : Manizales / Slg. été vue auparavant et tous les spécimens connus semblent
R. Oberthür 1956 (ZFMK P, 2O). dus aux récoltes de Steinheil, en 1873 (STEINHEIL 1877).

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Figures 637-651
Veturius (Publius), Colombie. – 637-641, V. rugifrons n. sp. ; 647-651, V. concretus (Kaup) ; 642-646, V. danieli n. sp. – 637, 642, 647, tête (dorsal), tubercule
central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 643, processus hypostomal ; 644, fossette infra-mandibulaire ; 638, 648, pronotum (dorsal, latéral) ; 645,
649, mésosternum (polymorphe) ; 639, 646, 650, métasternum ; 640, stries disco-élytrales I-III ; 641, 651, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

La collection Steinheil fut acquise par Oberthür ; or, les Répartition géographique, distribution dans l’aire.
étiquettes des trois spécimens du ZFMK indiquent qu’ils Espèce sans doute endémique des forêts de versants de la
proviennent aussi d’Oberthür. Cordillère Occidentale colombienne (fig. 908). La loca-
lité suggère qu’il s’agit de la route de Cali à Buenaventura,
44. Veturius (Publius) danieli n. sp. versant Pacifique, vers 2 000 m d’altitude.
(fig. 642-646 – 908, 920-921) Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu
Publius crassus (Smith) : HINCKS 1933b : 176 (partim crassus sensu Smith, de la Cordillère Occidentale colombienne. En revanche,
spinipes sensu Zang, concretus sensu n.). on y trouve en sympatrie V. (Veturius) standfussi (grpe
« platyrhinus ») ; en sym-ou parapatrie V. caquetaensis (grpe
Matériel type. Holotype O : COLOMBIE, VALLE : Col., Valle, homonyme) ; en parapatrie peut-être V. sinuatocollis (grpe
30 km NW Calí 1 820 m, Engkman IV.1974 (CDC). homonyme), mais dans son plus haut étage.
Caractères diagnostiques. Habitus très voisin de P. rugifrons. Remarque historique. L’unique exemplaire connu est
Taille moyenne. Longueur totale : 35,3 mm ; largeur maximale : 12 mm récent. Malgré diverses recherches, grâce notamment à
aux élytres. l’obligeance de D. Curoe, aucune donnée n’a été trouvée
Tête. Tubercule central conico-pyramidal, élancé à 45°, l’apex presque
aigu, émoussé. Tubercules latéro-postérieurs à peine marqués. Tubercules sur le probable récolteur Engkman 1974.
tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures effacées, à tégument très lisse.
Angle des rides frontales obtus et plan au milieu. Clypéus convexe, les angles
antérieurs visibles en vue dorsale. Fossettes frontales étroites, presque planes
45. Veturius (Publius) alani n. sp.
et à peine rebordées. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur (fig. 328-335 – 908, 920-921)
très incomplet. Processus hypostomaux assez étroits et allongés (fig. 643).
Bord infra-basal des mandibules concave (fig. 644). Massues antennaires Matériel type. Holotype P : ÉQUATEUR, GUAYAS (?) :
trapues, bien arrondies extérieurement ; articles de longueurs inégales, le Guayaquil (MNHN).
premier visiblement le plus court.
L’étiquette de ce spécimen date de la première moitié du
Pronotum. Bord antérieur à peine ondulé. Sillon marginal étroit, lisse,
subparallèle sauf au niveau des fossettes qui sont très peu marquées, à peine XXe siècle (seul Passalide étiqueté de la sorte dans le matériel
concaves et avec quelques fines ponctuations. d’Oberthür).
Mésosternum (fig. 645). — Tégument mat couvrant une courte et étroite
lunule sur les côtés antérieurs, ainsi que sur la partie antérieure de la ligne Caractères diagnostiques. Habitus convexe, massif, mais plutôt allongé.
axiale ; ailleurs brillant. Taille moyenne. Longueur totale : 39 mm ; largeur maximale : 14 mm
Métasternum (fig. 646) à aires latéro-antérieures avec de rares et fines aux élytres.
ponctuations sétigères à proximité des coxae. Fossettes latérales légèrement Tête (fig. 328). Tubercule central conico-pyramidal, large à la base, peu
élargies en arrière et peu sétigères. élevé, l’apex obtus et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs marqués, courts
Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a de courtes soies espacées. et droits. Tubercules tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures bien
Stries discales imponctuées ; stries latérales avec de très fines ponctuations. marquées, complètes et presque droites. Angle des rides frontales obtus et
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de mamelonné au milieu. Clypéus convexe, large et plutôt fin, les angles
P. rugifrons (voir fig. 637-641). antérieurs visibles en vue dorsale de l’insecte. Fossettes frontales peu profondes,
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Daniel Curoe (Palo Alto). mais rebordées antérieurement. Angles antérieurs de la tête très obtus et
émoussés. Canthus oculaires très inclinés. Yeux peu réduits, non globuleux.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur incomplet. Mandibules
autre Publius : taille moyenne < 37 mm ; apex des mandibules bifide ; massues à apex trifides, les dents inférieures développées ; dents dorsales (fig. 329)
antennaires bien arrondies ; ponctuation des stries élytrales absente à très élevées, l’apex presque épineux.
fine, invisible partout ; aires mates du mésosternum très réduites ; aires latéro- Pronotum (fig. 332). Bord antérieur légèrement bilobé. Angles antérieurs
antérieures du métasternum avec de rares et fines ponctuations sétigères ; arrondis. Sillon marginal étroit, lisse, les fossettes légèrement élargies et peu
fossettes métasternales légèrement élargies en arrière et sétigères ; méso- et concaves.
métatibias inermes ; protibias non élargis. Mésosternum (fig. 330). — Tégument mat couvrant largement et presque
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de P. rugifrons, ne serait-ce toute la longueur des marges latéro-antérieures et de part et d’autre de l’apex
que par l’habitus, les dimensions, la forme et la pubescence des fossettes antérieur, ainsi qu’un très étroit filet axial ; ailleurs brillant.
métasternales, l’apex des mandibules bifide, les fossettes margino-pronotales Métasternum (fig. 331) à aires latéro-antérieures avec des ponctuations
étroites, mais nettes et finement ponctuées. V. danieli s’en sépare néanmoins sétigères assez abondantes proche des coxae uniquement. Fossettes élargies
par : massues antennaires plus arrondies et plus élancées, l’article VIII en en arrière et sétigères comme précédemment.
revanche plus court (fig. 642) ; mandibules plus courtes et à côtés infra- Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques courtes soies espacées.
basaux fortement coudés ; processus hypostomaux plus étroits et plus longs ; Stries discales profondes ; les latérales plus fines ; ponctuation indistincte.
élytres à bord antérieur avec des soies éparses et ponctuation des stries plus Pattes. Mésotibias (fig. 333) trapus, inermes, abondamment pubescents ;
ou moins nulle ; spolons supérieurs des méso- et métatibias plus longs et fourches apicales courtes mais larges. Spolons supérieurs des méso- et
plus fins ; aires latéro-antérieures du métasternum avec de rares soies éparses ; métatibias (fig. 334) courts et droits, l’aire pré-apicale concave.
aires mates du mésosternum moins étendues, plus étroites, lunuliformes. Édéage (fig. 335). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe, allongé et
L’espèce est à ne pas confondre non plus avec P. alani, d’Equateur, qui arrondi. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture incomplète ;
est donc voisin géographiquement. Elle s’en sépare néanmoins aisément par : phallus indistinctement ponctué ; paramères hauts et larges ; bord médio-
taille moindre ; habitus plus trapu ; tubercule central plus développé ; postérieur de la phallobase à peu près droit et légèrement incisé. Dorsal :
tubercules latéro-postérieurs peu développés à presque effacés ; spolons paramères hauts et convexes, bien apparents ; phallobase plus courte, étroite,
supérieurs des méso- et métatibias plus longs et plus fins ; métasternum à peu visible.
fossettes plus étroites et aires latéro-antérieures très peu sétigères. Enfin, et Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
surtout, l’apex mandibulaire est bifide (nettement trifide chez V. alani). P. crassus.

517
Stéphane Boucher

Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Alan Gillogly (College Station, peu ou à peine marqués, courbes. Tubercules tentoriaux marqués à effacés.
Texas). Rides frontales postérieures peu marquées à effacées. Aire médio-frontale
lisse ou peu ridée et convexe. Clypéus convexe, assez épais, les angles
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun antérieurs droits et obliqués en avant, visibles en vue dorsale. Fossettes
autre Publius : apex des mandibules nettement trifide ; tubercule central court frontales presque planes ou faiblement rebordées en avant. Angles antérieurs
et obtus ; rides frontales postérieures bien marquées et complètes ; fossettes de la tête très obtus et émoussés. Aire post-frontale délimitée par un sillon
latéro-frontales rebordées en avant ; fossettes margino-pronotales étroites, postérieur incomplet. Processus hypostomaux assez étroits, concaves au
mais nettes, lisses, peu concaves ; côtés latéro-antérieurs du mésosternum milieu, l’apex arrondi. Mandibules faiblement cintrées jusqu’à l’apex bifide.
glabres ; méso- et métatibias inermes ; métasternum à fossettes élargies et à Massues antennaires trapues.
aires latéro-antérieures avec des soies assez abondantes près des coxae ; Pronotum (fig. 638). – Bord antérieur faiblement bilobé. Angles antérieurs
ponctuation élytrale invisible. bien arrondis, peu abaissés. Sillon marginal étroit, lisse, subparallèle sauf au
niveau des fossettes qui sont légèrement élargies, à peine concaves et
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. (Veturius) hincksi, qui généralement couvertes de fines ponctuations.
habite également l’Occidente d’Equateur, notamment par la taille, l’habitus, Mésosternum glabre et lisse, sauf l’extrémité de l’angle antérieur qui a
l’apex des mandibules trifide, la forme des fossettes métasternales, les méso- souvent quelques soies très fines. Tégument mat couvrant l’angle antérieur,
et métatibias inermes, etc. Elle s’en distingue néanmoins aisément par : la ligne axiale plus ou moins complètement et la moitié des côtés antérieurs ;
absence de pubescence mésosternale ; tubercule central plus court ; rides ailleurs brillant.
frontales postérieures davantage marquées ; pubescence générale du corps et Métasternum (fig. 639) à aires latéro-antérieures ponctuées et sétigères
des pattes visiblement moindre. proche des coxae uniquement. Fossettes latérales étroites, faiblement élargies
L’espèce est à ne pas confondre non plus avec Publius danieli, du sud- en arrière et sétigères.
ouest de la Colombie. Elle s’en sépare néanmoins par : taille supérieure ; Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a rarement quelques courtes
habitus plus allongé et plus massif ; tubercule central plus court ; tubercules soies espacées. Ponctuation des stries très fines (fig. 640), les latérales souvent
latéro-postérieurs bien plus marqués ; apex mandibulaires trifides ; spolons visibles.
supérieurs des méso- et métatibias plus courts et plus épais ; métasternum à Pattes. Mésotibias inermes, à arêtes supérieures convexes sur presque
fossettes plus larges et à aires latéro-antérieures beaucoup plus sétigères. toute leur longueur.
Édéage (fig. 641). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe et élancé.
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce Ventral : paramères et phallobase hauts, étroits et séparés par une suture
endémique de l’Occidente d’Equateur. Cela reste toutefois nette ; bord postérieur de la phallobase convexe et légèrement incisé. Dorsal :
paramères et phallobase très étroits, subparallèle, de longueurs très inégales.
une hypothèse car l’unique exemplaire est indiqué de Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Guayaquil (altitude < 500 m). En tant que brachyptère, il P. crassus.
ne pourrait théoriquement exister dans des forêts littorales. Derivatio nominis. Du clypéo-front ridé et plissé (nom attribué à l’espèce
par Steinheil sur ses spécimens et dans son catalogue autographe, au MNHN).
Il est donc vraisemblable qu’il soit localisé sur les reliefs
proches, notamment dans l’est du Guayas, du Cañar ou de Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre Publius : taille moyenne ; apex mandibulaires bifides ; métasternum à
l’Azuay, au-delà de 1 000 m d’altitude (fig. 908). aires latéro-antérieures et fossettes sétigères, ces dernières légèrement élargies
en arrière ; fossettes margino-pronotales étroites, mais nettes et souvent
Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu finement ponctuées ; ponctuation élytrale fine mais souvent visible ; méso-
de l’Occidente d’Equateur, mais on y trouve V. (Veturius) et métatibas inermes.
petteri, V. biapicalis (grpe « biapicalis »), V. standfussi (grpe Affinités morphologiques. Espèce très voisine de P. crassus, mais qui s’en
« platyrhinus ») et V. sinuatocollis (grpe homonyme). distingue par : taille moindre ; habitus plus fin, moins robuste ; fossettes
métasternales plus larges ; fossettes margino-pronotales nettes mais étroites
et souvent finement ponctuées ; ponctuation élytrale fine mais souvent visible,
46. Veturius (Publius) rugifrons n. sp. surtout sur les flancs.
P. rugifrons est aussi très voisin de P. danieli. Habitus et tailles sont
(fig. 637-641 – 908, 920-921) identiques, ce qui rend leur distinction à l’œil nu difficile (les deux espèces
Publius crassus (Smith) : VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 (partim sont allopatriques). On distinguera rugifrons par : massues antennaires moins
crassus sensu Smith). arrondies et plus trapues, l’article VIII en revanche plus long (fig. 637) ;
mandibules plus élancées et à côtés infra-basaux moins coudés ; processus
hypostomaux plus larges et plus courts ; élytres à bord antérieur glabre et
Matériel type. 11 ex. Holotype P : COLOMBIE, CUNDI- ponctuation des stries plus marquée ; spolons supérieurs des méso- et
NAMARCA : Fusagasugá [> 2 000 m] / rugifrons Steinh. [dét. métatibias plus courts et plus épais ; aires latéro-antérieures du métasternum
Steinheil] / ex Musaeo E. Steinheil (MNHN). Paratypes : id. HT presque entièrement sétigères, bien que les soies soient éparses ; aire mate du
(MNHN P) ; Colombie, Bogotá (MNHN O) ; Bog. / Ex Musaeo mésosternum plus étendue et couvrant toutes, ou presque toutes, les marges
antérieures et l’angle antérieur.
J. Thomson [< 1897] (MNHN O) ; Colombia, Fusagasugá, Apolinar-
Il est aussi nécessaire de distinguer l’espèce de V. (Veturius) perecasi (grpe
Maria 1929 (MZSP 2 ex) ; Colombia, Fusagasuga, Amortegui, « caquetaensis »). Les deux espèces sont au moins partiellement sympatriques
VII.1935 / Publius oberthuri Hincks, det. Pereira 1959 / Publius sp. et la seconde, bien qu’appartenant à une autre lignée, lui ressemble beaucoup
nov., det. Reyes-Castillo 1986 (USNM P) ; Colombia, Cordillera car c’est un hémibrachyptère dont la taille et l’habitus sont très comparables.
de Subia [Fusagasugá], 3 050 m, VI.1948 / L. Richter / P. crassus ?, rugifrons s’en sépare toutefois aisément par : apex mandibulaires bifides ;
fossettes margino-pronotales beaucoup plus étroites et moins profondes ;
det. Pereira 1946 (USNM PO) ; Bogotá / Cund., Carretera Bogotá aires mates du mésosternum moins étendues ; fossettes métasternales plus
– Choachi, 2 730 m, XII.1979 (IMEX 1 ex) ; Colombia, Aguadita, étroites et moins sétigères ; aires infra-apicales des méso- et métafémurs
IV.1934 / 06141 (MZSP 1 ex). glabres ; spolons supérieurs des méso- et métatibias courts et droits, etc.
Polymorphisme. Les spécimens connus offrent peu de dissemblances de
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 32-35 mm ; l’habitus et de la taille (± 3 mm). Les principales variations sont la
largeur maximale : 12-13 mm aux élytres. ponctuation élytrale, bien à peu visible, les fossettes latéro-frontales plus
Tête (fig. 637). – Tubercule central conico-pyramidal, élancé à 45°, ou moins marquées et rebordées en avant, et le tégument de l’aire médio-
assez puissant, l’apex aigu ou droit et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs frontale plus ou moins ridé.

518
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique, distribution dans l’aire. Endrödi 1964 (ZIMH 10 ex) ; Columbien, Bogota 1921 / V. platyrhinus
Hope, det. Endrödi 1964 (MTMA 3 ex) ; Columb, Bogota 1925 (SMTD
Espèce endémique du centre de la Cordillère Orientale 15 ex) ; Columbia, Muzo, Apollinaire Marie via Le Moult (IRSN 30 ex) ;
colombienne (Cundinamarca ; fig. 908). Sur ce point, elle Colombia, Bogota / B. Guevara (USNM 1 ex).
est à nouveau comparable à P. crassus. Elle n’est toutefois Caractères diagnostiques. Habitus glabre, très convexe, massif à très massif.
connue avec certitude que du sud et du sud-ouest de Taille grande. Longueur totale : 41-49 mm ; largeur maximale : 14-
Bogotá, en particulier de la région de Fusagasugá. 17,5 mm aux élytres.
Tête (fig. 647). Tubercules internes petits à bien marqués, émoussés.
Affinités chorologiques. Comme P. crassus (voir p. 514). Angle des rides frontales obtus, plan ou mamelonné au milieu. Clypéus
convexe, épais, le bord antérieur légèrement concave. Aire post-frontale
Remarques taxinomiques et historiques. Pereira, en 1959, délimitée par un sillon postérieur presque complet. Mandibules puissantes
a identifié l’espèce comme « Publius oberthuri Hincks » et allongées, l’apex trifide et large.
Pronotum (fig. 648). Sillon marginal étroit, lisse ou presque, subparallèle,
(USNM), ce qui prouve qu’il ne connaissait ni celle-ci, ni sauf au niveau des fossettes qui sont peu, mais distinctement, élargies et
P. crassus, tant elles sont différentes. On peut alors penser concaves.
que VULCANO & PEREIRA (1967) ont également inclus Mésosternum (fig. 649, polymorphe). Tégument mat couvrant les côtés
latéro-antérieurs plus ou moins largement ; ailleurs brillant.
P. rugifrons sous le nom de « V. crassus ». Depuis, Reyes- Métasternum (fig. 650) entièrement glabre, ou très rarement avec 2-3
Castillo (in lit. 1986) est le seul à avoir reconnu P. rugi- soies vers l’apex des aires latéro-antérieures. Fossettes latérales réduites au
frons. comme espèce distincte. E. Steinheil, en 1872-1873, maximum et très rétrécies en arrière.
semble en être l’inventeur, mais il n’est pas exclu que le Élytres glabres, à l’exception du bord antérieur qui comprend rarement
quelques courtes soies espacées.
spécimen de la collection Thomson provienne de J. Goudot Édéage (fig. 651). Longueur : 3-3,5 mm. Habitus convexe et allongé.
(1822-1823 ; voir P. crassus). Parmi les autres spécimens, Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette ; phallus
un seul est récent (IMEX). finement ponctué ; paramères assez hauts et étroits ; bord médio-postérieur
de la phallobase convexe et légèrement incisé. Dorsal : paramères courts et
convexes, triangulaires, bien apparents ; phallobase allongée, étroite,
47. Veturius (Publius) concretus (Kaup 1868) subparallèle, peu visible.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de P. crassus
(fig. 103, 195, 647-651 – 908, 920-921) (voir fig. 623-634).
Proculejus concretus : KAUP 1868 : 14. Caractères clés. Le tégument entièrement glabre (ou presque) du méta-
Passalus crassus Smith : KAUP 1871 : 70 (partim crassus sensu Smith). sternum est une autapomorphie dans le sous-genre qui distingue l’espèce de
Proculejus concretus Kaup : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 973 (catal.). tout autre Publius. A toutes fins utiles, la combinaison des autres caractères
Proculejus concretus Kaup (syn.) : KAUP 1869 : 39. suivants n’existe chez aucun autre Publius : grande taille, habitus massif à
Publius concretus Perch., Kp. (syn.) : KAUP 1871 : 70. très massif ; apex mandibulaires distinctement trifides ; tubercule central
Publ. concretus Perch. (syn.) : ZANG 1903 : 419. conico-pyramidal élevé et massif ; fossettes margino-pronotales nettes, un
Publius crassus (Smith) : HINCKS 1933b : 176 (partim crassus sensu Smith, peu élargies au milieu, imponctuées ou presque ; méso- et métatibias inermes.
danieli).
[Publius concretus Kaup (syn.) : LUEDERWALDT 1934b : 13]. Affinités morphologiques. Espèce très proche de P. crassus (sympatrique),
Publius concretus Kaup (syn.) : HINCKS & DIBB 1935 : 30 (catal.). mais qui s’en distingue généralement à l’œil nu par ses dimensions moyennes
Publius concretus (Kaup) (bona. sp.) : BOUCHER 2004 : 107. supérieures, ce qui lui confère un habitus encore plus massif, ainsi que par
les caractères suivants : métasternum glabre ou avec de rares soies proche des
Matériel type. Espèce décrite sur trois spécimens de Colombie coxae ; fossettes métasternales réduites au maximum ; apex mandibulaires
distinctement trifides ; fossettes margino-pronotales plus larges et plus
(sans autre précision) des collections Mniszech (2 ex. « unter dem profondes.
Namen concretus Perch. ») et Parry (1 ex.). – Lectotype P (dés. Parmi les autres espèces peu dissemblables et voisines géographiquement
B OUCHER 2004) : COLOMBIE, CUNDINAMARCA : que sont P. pehlkei, P. dupuisi, P. centralis (tous à apex mandibulaires trifides
« Proculejus concretus Kp., Perch. [barré], Publius crassus Smith, plus ou moins marqués) ou P. steinheili (apex mandibulaires bifides),
Col. [Colombie], Mnisz. [dét. Kaup] / Collection Mniszech / P. concretus se distingue également par les fossettes très réduites et par le
tégument glabre du métasternum.
ex Musaeo van Lansberge » (MNHN). Longueur totale : 41 mm.
– Paralectotypes : id. LT (MNHN P); Publius crassus F.S. [Father
Répartition géographique, distribution dans l’aire.
Smith], Columbia, Mag. Parry [dét. Kaup] / Columbien
[Heldmann] (HLMD, Col-1156-PLT, 1 ex).
Comme P. crassus, c’est un endémique du centre de la
Cordillère Orientale colombienne (fig. 908).
Autre matériel examiné. 113 ex. Affinités chorologiques. Comme P. crassus (voir p. 514).
COLOMBIE (sans autre précision) : Columbia, J.P.A. Kalis / Coll.
v. Doesburg via Plason / P. crassus, det. Doesburg (NNML 2 ex) ; Columbien / Remarques taxinomiques et historiques. Dans la littéra-
P. crassus S. [dét. Kaup], Mag. Parry (HLMD 1 ex) ; Colombia / P. crassus
det. Pereira 1944 (IMEX 1 ex). – CUNDINAMARCA : Colombie, Choachi ture, l’espèce a d’abord été confondue avec P. crassus par
[> 2 500 m], Apollinaire-Marie 1918 (MNHN P, 4 ex) ; Bogotá [> 2 500 m] KAUP (1871). HINCKS (1933) a fait la même confusion
(MNHN 1 ex) ; Colombie, environ de Bogota / ex coll. P. Griveau 1990 (USNM), mais l’examen des collections en révèle de plus
[< 1950] (MNHN* 4 ex) ; Bogota, Colombie, Le Moult [Apollinaire-Marie]
(MNHN* 5 ex) ; Colombie, env. de Bogotá, IV.1970 / ex coll. G. Minet importantes. Par exemple, Endrödi l’a confondue avec
1994 (MNHN* 3 ex) ; Colombie, Cundinamarca 1976 / ex coll. G. Minet V. platyrhinus (MTMA, ZIMH).
1994 (MNHN* 1 ex) ; Columbien, La Unión, Bürger, 1000-2 400 m Des spécimens des collections Thomson (MNHN) et
(MNHB 3 ex) ; Columbia, Muzo [> 2 000 m] / Ex. Staudinger & Bang Haas
[< 1900] (MUHD 5 ex) ; Colombia, Apollinaire Marie / P. crassus, det. Hincks Melly (MHNG) sont identifiés « concretus », comme le
(USNM 3 ex) ; Columbien, Muzo / Le Moult / V. platyrhinus Hope, det. lectotype, suivi des noms d’auteurs « Percheron » ou

519
Stéphane Boucher

« Reiche ». P. concretus existait donc in litteris et de façon immédiatement par l’apex des mandibules trifide, dont les dents inférieures
sont développées, ainsi que par les fossettes métasternales élargies et
connue avant Kaup, surtout en France, au moins par entièrement sétigères. Pour le reste, les deux espèces (allopatriques) sont fort
Percheron, Reiche, Guérin-Méneville et Mniszech. C’est difficile à séparer.
à dire comme P. crassus. Il est concevable que ces spéci- P. pehlkei est une espèce encore plus ressemblante (mais allopatrique).
mens anciens provenaient également des récoltes de Goudot La taille et l’habitus sont identiques et l’apex des mandibules est également
trifide, avec les dents inférieures développées. Mais chez P. tectus les massues
ou de Lebas (voir P. crassus). antennaires sont plus longues, surtout l’article VIII, le tubercule central est
La plupart des spécimens connus sont dus aux abon- plus massif, plus large et les ailes du mentum sont visiblement plus étroites
dantes récoltes du missionnaire Apollinaire-Marie (vers et à côtés moins arrondis (du type de crassus).
P. dupuisi est une autre espèce peu distincte, tant par la taille et l’habitus
1910-1930), y compris, sans doute, ceux qui ont été diffu- que par l’apex des mandibules trifide (elle est voisine géographiquement,
sés par les marchands Le Moult (France) et Staudinger sans être a priori sympatrique). P. tectus s’en sépare toutefois aisément par :
(Allemagne). Le naturaliste allemand BÜRGER (1923) dents infra-apicales mandibulaires développées ; tubercule central plus massif,
l’apex presque aigu mais non pointu ; aires latéro-post frontales plus larges
rapporta plusieurs exemplaires de son expédition de 1920. et moins profondes ; mentum comme P. crassus ; paramères de l’édéage plus
Aucune donnée n’a été trouvée sur le probable récolteur courts, mais plus larges.
J.P.A. Kalis (NHML), de la première moitié du XXe siècle.
Enfin, aucun spécimen n’est récent, ce qui concorde avec Répartition géographique, distribution dans l’aire.
la raréfaction présumée des autres Publius de la région de Espèce uniquement connue du centre-nord de la Cordillère
Bogotá. Orientale colombienne. Elle est peut-être limitée au massif
compris entre les rio Cucutilla et Táchira (Santander orien-
48. Veturius (Publius) tectus n. sp. tal), face à la Cordillère de Mérida (Venezuela). La loca-
(fig. 652-656 – 908, 920-921) lité Pamplona signifie les montagnes proches, au-delà de
1 500 m d’altitude (fig. 908).
Matériel type. Holotype P : COLOMBIE, SANTANDER :
Colombie, état de Santander, Pamplona [> 1 500 m], P. Rocheraux Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu
1913 (MNHN). de cette partie du Santander. P. taurus habite les montagnes
proches de Pamplona, sur le Massif du Tamá. Les deux
Caractères diagnostiques. Taille grande. Longueur totale : 41 mm ; largeur espèces sont sans doute allopatriques. Parmi les autres
maximale : 14 mm aux élytres. Veturius, V. (Veturius) standfussi (grpe « platyrhinus ») est
Tête (fig. 652). Tubercules latéro-postérieurs et tentoriaux effacés. Rides
frontales postérieures peu marquées, courtes et légèrement courbes. Angle sympatrique, peut-être également V. imitator (à ailes
des rides frontales plan. Aire médio-frontale très lisse et convexe. Aire post- réduites, du grpe « caquetaensis ») car il est connu du nord
frontale délimitée par un sillon postérieur incomplet. Apex des mandibules de Bucaramanga (Santander) et d’Ocaña (Norte de
trifide, les dents inférieures développées.
Pronotum (fig. 653) assez fortement transverse, mais rétréci vers l’arrière.
Santander). Pamplona est situé à l’est et entre ces deux
Bord antérieur peu bilobé. Sillon marginal étroit, lisse, subparallèle, sauf au localités (fig. 908).
niveau des fossettes qui sont peu élargies et peu concaves.
Mésosternum (fig. 654). — Tégument mat couvrant étroitement les côtés Remarque historique. Aucune donnée n’a été trouvée sur
latéro-antérieurs, mais presque toute leur longueur, ainsi que de part et Rocheraux, récolteur de l’unique exemplaire connu.
d’autre de l’apex antérieur et sur une partie de la ligne axiale ; ailleurs brillant.
Métasternum (fig. 655) à aires latéro-antérieures finement ponctuées et
sétigères proche des coxae. Fossettes peu, mais visiblement, élargies en arrière 49. Veturius (Publius) pehlkei n. sp.
et sétigères, les soies peu étendues.
(fig. 657-660 – 908, 920-921)
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques courtes soies éparses.
Ponctuation des stries indistincte. Matériel type. Holotype P : COLOMBIE, TOLIMA :
Édéage (fig. 656). Longueur : 3 mm. Habitus convexe, arrondi et trapu.
Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette et partiellement
Columbien, Natagaima [> 1 500 m], E. Pehlke (PAIZ P).
ouverte ; phallus peu ponctué partout ; paramères hauts et étroits, surtout
vers l’apex, faiblement concaves sur leur marge antérieure ; bord médio- Caractères diagnostiques. Habitus glabre et massif.
postérieur de la phallobase droit. Dorsal : paramères et phallobase de longueurs Taille grande. Longueur totale : 39,5 mm ; largeur maximale : 14 mm
à peu près égales ; paramères convexes ; phallobase limitée à un fin liseré. aux élytres.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de Tête très voisine de V. tectus (fig. 652). Tubercules latéro-postérieurs et
P. crassus. tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures peu marquées, courtes et
Derivatio nominis. Caché. courbes. Angle des rides frontales plan. Aire post-frontale délimitée par un
sillon postérieur incomplet. Mentum à disque large et long, peu convexe et
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun glabre ; ailes bien arrondies sur les côtés et plutôt courtes (fig. 657). Processus
autre Publius : grande taille ; apex des mandibules trifide, les dents inférieures hypostomaux (fig. 658) larges, concaves au milieu, l’apex arrondi. Apex
développées ; tubercule central développé, puissant, l’apex élancé presque mandibulaires trifides, les dents inférieures développées. Massues antennaires
pointu ; ailes du mentum longues et presque droites ; fossettes margino- très trapues ; article VIII visiblement le plus court.
pronotales étroites, lisses, peu concaves ; côtés latéro-antérieurs du
Pronotum comme V. tectus (fig. 653). Bord antérieur légèrement bilobé.
mésosternum glabres ; métasternum à fossettes peu élargies et aires latéro-
Sillon marginal étroit, lisse, subparallèle sauf au niveau des fossettes qui sont
antérieures sétigères proche des coxae ; protibias non élargis ; méso- et
à peine élargies et très peu concaves.
métatibias inermes.
Mésosternum (fig. 659). Tégument mat couvrant les côtés latéro-antérieurs
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de P. crassus, notamment par assez étroitement mais presque sur toute leur longueur, ainsi que les côtés
la taille, l’habitus et l’architecture générale de la tête, mais qui s’en distingue de l’angle antérieur et une partie de la ligne axiale ; ailleurs brillant.

520
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Métasternum comme V. tectus (fig. 655) ; aires latéro-antérieures finement Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui a de rares et très courtes soies
ponctuées et sétigères proche des coxae ; fossettes peu élargies en arrière et espacées. Ponctuation des stries invisible.
sétigères. Pattes. Protibias armés de 3 épines trapues, plus la fourche apicale.

Figures 652-666
Veturius (Publius), Colombie. – 652-656, V. tectus n. sp. ; 657-660, V. pehlkei n. sp. ; 661-666, V. dupuisi n. sp. – 652, 661, tête (dorsal), tubercule central
(profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 657, mentum ; 662, mentum et ligule ; 658, 663, processus hypostomal ; 653, 664, pronotum (dorsal, latéral) ;
654, 659, 665, mésosternum ; 655, métasternum ; 656, 660, 666, édéage. – Échelles : 1 mm.

521
Stéphane Boucher

Édéage (fig. 660). Longueur : 3,5 mm. Habitus convexe, bien arrondi. Rides frontales postérieures peu marquées, courtes et courbes. Angle des
Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette en partie rides frontales plan. Bord antérieur du clypéus légèrement concave, non
ouverte ; phallus peu ponctué ; paramères hauts et larges, concaves sur leurs incisé au milieu. Fossettes frontales planes. Angles antérieurs de la tête
marges antérieures ; bord médio-postérieur de la phallobase concave sur les presque nuls. Canthus oculaires courts, légèrement élargis vers l’angle
côtés et légèrement incisé au milieu. Dorsal : paramères et phallobase de antérieur bien arrondi, un peu proéminent et dépassant l’œil. Aire post-
longueurs à peu près égales, convexes, bien apparents. frontale délimitée par un sillon postérieur complet, la partie médiane plus
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de marquée que les latérales et presque chagrinée. Ligule (fig. 662) à apex
V. crassus. antérieur finement bifide. Mentum (fig. 662) à disque large et haut, presque
Derivatio nominis. Espèce dédiée à la mémoire du naturaliste allemand plan ; ailes larges, à côtés faiblement cintrés, avec des soies nombreuses,
Ernst Pehlke (1870-1933), récolteur de l’unique spécimen connu. les fossettes larges et diffuses. Processus hypostomaux (fig. 663) étroits et
allongés, faiblement concaves au milieu, l’apex presque pointu. Apex
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun mandibulaires trifides mais étroits, les dents inférieures presque invisibles
autre Publius : grande taille ; apex des mandibules trifides, les dents inférieures à l’œil nu.
développées ; tubercule central développé, massif, l’apex élancé presque
Pronotum (fig. 664). Bord antérieur presque droit. Sillon marginal étroit,
pointu ; ailes du mentum courtes et bien arrondies ; fossettes margino-
très lisse, subparallèle sauf au niveau des fossettes qui sont assez élargies et
pronotales étroites, lisses, peu concaves ; côtés latéro-antérieurs du
concaves.
mésosternum glabres ; protibias non élargis ; méso- et métatibias inermes ;
métasternum à fossettes peu élargies et aires latéro-antérieures sétigères à Mésosternum (fig. 665) convexe dans sa partie antérieure. Tégument
proximité des coxae. mat couvrant une étroite bande sur les côtés latéro-antérieurs et largement
étendu en périphérie de l’angle antérieur ; ailleurs brillant.
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de P. crassus (allopatrique) : Métasternum comme P. tectus (fig. 655) ; aires latéro-antérieures ponctuées
taille, habitus et architecture de la tête sont peu distincts. P. pehlkei s’en sépare et sétigères assez largement ; fossettes latérales peu, mais visiblement, élargies
néanmoins par : apex des mandibules trifide, les dents inférieures développées ; et sétigères.
mentum à disque plus long et à ailes bien plus arrondies et plus courtes ; Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de rares et courtes soies éparses.
fossettes métasternales élargies et davantage sétigères. Ponctuation des stries invisible.
P. tectus et P. dupuisi sont encore plus ressemblants, notamment par Pattes. Protibias armés de 5 épines trapues, plus la fourche apicale
l’habitus, la pubescence métasternale et l’apex des mandibules trifide. Bien normalement développée. Mésotibias inermes, à arêtes supérieures convexes
que P. pehlkei soit allopatrique avec ces deux espèces, on l’en séparera sur presque toute leur longueur.
comme suit :
Édéage (fig. 666). Longueur : 3 mm. Habitus convexe et arrondi.
De P. tectus : massues antennaires plus courtes, notamment l’article VIII ; Paramères et phallobase séparés par une suture nette. Ventral : phallus finement
tubercule central un peu moins massif, plus fin ; ailes du mentum ponctué ; paramères allongés et étroits ; bord postérieur de la phallobase droit,
distinctement plus courtes, à côtés très arrondis. légèrement incisé au milieu. Dorsal : paramères beaucoup plus courts que
De P. dupuisi : par les mêmes caractères des antennes et du mentum, la phallobase mais bien apparents ; phallobase étroite et peu distincte.
plus les dents infra-mandibulaires qui sont développées.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
P. crassus.
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. Cl. Dupuis (MNHN), en cordial
Espèce uniquement connue du versant oriental du centre- hommage.
sud de la Cordillère Centrale colombienne (Tolima : ouest Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
de Natagaima, > 1 500 m d’altitude ; fig. 908). autre Publius : grande taille ; apex des mandibules trifide, les dents inférieures
très peu développées ; tubercule central élancé à 45°, assez fin, l’apex pointu,
Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu émoussé, presque libre ; apex antérieur de la ligule finement bifide ; mentum
de cette partie de la Cordillère Centrale. V. (Veturius) stand- large et long, presque plan ; méso- et métatibias inermes ; mésosternum
convexe dans sa partie antérieur ; métasternum à aires latéro-antérieures assez
fussi (grpe « platyrhinus ») et V. caquetaensis (grpe homo- largement sétigères et fossettes élargies et sétigères ; fossettes margino-
nyme) sont sympatriques. pronotales très lisses, élargies et concaves ; protibias non élargis ; ponctuation
des stries élytrales invisible partout.
Remarque historique. L’unique exemplaire provient des
Affinités morphologiques. Espèce voisine, par sa morphologie et sa répartition
récoltes d’E. Pehlke, vers 1920, alors qu’il résidait en géographique, de P. crassus, P. rugifrons, P. tectus, P. pehlkei et P. concretus.
Colombie. Cette localité est peu habituelle pour le natu- Elle se distingue de visu de P. rugifrons par la taille nettement supérieure.
raliste, la plupart de ses échantillons provenant des envi- Par rapport aux autres espèces, on notera principalement : tubercule central
rons de Victoria (Caldas). Aucune donnée n’a été trou- fin, l’apex pointu presque libre ; apex mandibulaires trifides, mais à dents
inférieures très peu développées ; fossettes margino-pronotales assez élargies,
vée sur des voyages qu’il aurait effectués ailleurs en imponctuées et concaves ; forme générale du mentum, en particulier le disque
Colombie. plan, haut et large ; apex antérieur de la ligule bifide ; fossettes métasternales
distinctement élargies et sétigères.

50. Veturius (Publius) dupuisi n. sp. Répartition géographique, distribution dans l’aire.
(fig. 661-666 – 908, 920-921) Espèce uniquement connue du centre-est de la Cordillère
Matériel type. Holotype P : COLOMBIE, CUNDINA- Orientale colombienne. La localité est imprécise, mais il
MARCA : Col., Cundinamarca, Junín [> 2 000 m], L. Pavajeau doit s’agir des reliefs situés au nord-est de la Cuchilla del
X.1989 (IMEX P). Gaque (Cundinamarca), sur les versants situés au nord du
rio Gacheta, au-dessus de 1 500 m d’altitude (fig. 908).
Caractères diagnostiques. Taille grande. Longueur totale : 41 mm ; Ces reliefs ne sont distants que d’environ 60 km, vers l’est,
largeur maximale : 14 mm aux élytres. de la vallée de Bogotá. Ils sont donc situés à la limite orien-
Tête (fig. 661). Tubercule central conico-pyramidal, élancé à 45°, assez
fin, l’apex pointu, émoussé, presque libre. Tubercules latéro-postérieurs tale probable de l’aire de répartition de P. crassus, P. rugi-
presque effacés, droits, dirigés vers l’avant. Tubercules tentoriaux effacés. frons et P. concretus.

522
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu 51. Veturius (Publius) centralis n. sp.
de cette partie de la Cordillère Orientale. V. (Veturius) stand- (fig. 667-673 – 908, 920-921)
fussi (grpe « platyrhinus ») est sans doute sympatrique.
Matériel type. Holotype O : COLOMBIE, ANTIOQUIA :
Remarque historique. P. dupuisi est le seul Publius connu 30-79 / Medellín [> 1 500 m], Gerrard 1879 (MNHN).
par un spécimen unique récent.

Figures 667-681
Veturius (Publius). – 667-673, V. centralis n. sp., Colombie ; 674-681, V. taurus n. sp., Venezuela. – 667, 674, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex
mandibulaire (latéro-dorsal) ; 668, ligule ; 675, mentum et ligule ; 676, palpe labial ; 677, processus hypostomal ; 669, 678, pronotum (dorsal, latéral) ;
670, 679, mésosternum ; 671, 680, métasternum ; 673, protibia (dorsal) ; 681, édéage. – Échelles : 1 mm.

523
Stéphane Boucher

Caractères diagnostiques. Taille grande. Longueur totale : 39 mm ; Remarques historiques. Le Cahier des Entrées du MNHN,
largeur maximale : 14 mm aux élytres. année 1879, indique un certain nombre d’Insectes
Tête (fig. 667). Tubercule central conico-pyramidal large, peu élevé, l’apex
droit, presque vertical et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs très peu
« recueillis à Medellín » et « cédés au Muséum de Paris par
marqués, courts, situés à mi-hauteur du tubercule central. Tubercules tentoriaux Mr. Gerrard, de Londres ». Cinq Passalides y figurent, tous
petits mais nets. Rides frontales postérieures marquées mais très émoussées, à montagnards, dont l’unique P. centralis. E. Gerrard était
peu près droites. Tubercules internes marqués, émoussés. Angle des rides
frontales plan au milieu. Aire médio-frontale très lisse et convexe. Clypéus
marchand d’Insectes ; aucune donnée n’a été trouvée sur
convexe, épais, assez fortement incisé au milieu, les angles antérieurs obliqués son éventuel séjour en Colombie, ni sur l’origine de ses
en avant et visibles. Fossettes frontales planes, rectangulaires. Angles antérieurs acquisitions. On peut néanmoins penser que ce Publius
de la tête pratiquement nuls et situés dans le prolongement des canthus oculaires. provient, lui aussi, d’E. Steinheil car les dates concordent
Canthus longs, élargis vers l’angle antérieur presque pointu, proéminent et
dépassant nettement l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur avec ses récoltes près de Medellín, en 1873 (STEINHEIL
incomplet. Apex antérieur de la ligule finement bifide (fig. 668). Apex 1877). De plus, Steinheil est le seul connu pour avoir pris
mandibulaires trifides, les dents inférieures très peu développées, presque des Passalides dans ces montagnes.
soudées aux dents médianes, mais néanmoins distinctes. Massues antennaires
bien arrondies ; article VIII visiblement plus court que les suivants.
Pronotum (fig. 669). Bord antérieur très faiblement bilobé. Sillon 52. Veturius (Publius) spinipes Zang 1905
marginal étroit, lisse, subparallèle sauf au niveau des fossettes latérales qui
sont très peu élargies, à peine concaves et occupées par quelques fines (fig. 196, 267-268, 692-698 – 908, 920-921)
ponctuations éparses. Pré-épimères avec quelques longues soies espacées Publius spinipes : ZANG 1905a : 231.
postérieures. Publius spinipes Zang : A RROW 1907 : 450 ; H INCKS 1934 : 156 ;
Mésosternum (fig. 670) à tégument mat couvrant la partie antérieure LUEDERWALDT 1934b : 14 ; H INCKS & D IBB 1935 : 30 (catal.) ;
des côtés ; ailleurs très brillant. DOESBURG 1942b : 330 (catal.) ; HINCKS & DIBB 1958 : 12 (catal.) ;
Métasternum (fig. 671) à aires latéro-antérieures avec de fines VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 ; REYES-CASTILLO 1970 : 167 (catal.).
ponctuations sétigères. Fossettes latérales bien élargies en arrière mais très
peu concaves, mal délimitées intérieurement et avec des soies longues et Matériel type. Espèce décrite sur un spécimen de Bolivie, Mapiri,
éparses partout.
Élytres glabres, sauf le bord antérieur qui est couvert de soies plus ou
dans la collection Zang. Holotype (sexe indét.) : BOLIVIE,
moins courtes et espacées, y compris sur les calus. Ponctuation des stries fine, LA PAZ : « Bolivia, Mapiri [Larecaja, ± 1 500 m] / spinipes Zg.
mais visible presque partout, surtout sur les flancs. [dét. Zang], D.E.Z. 1905 / Holotypus / Coll. Kraatz ». –
Pattes. Protibias peu, mais distinctement, élargis et armés de 3-4 épines Longueur totale : 42 mm (DEIE).
trapues, plus la fourche apicale normalement développée (fig. 673). Méso-
et métatibias inermes ; arêtes supérieures des mésotibias nettement convexes
Autre matériel examiné. 32 ex.
sur les trois quarts de leur longueur médiane.
PÉROU, CUZCO : S.E. Peru, Marcapata R. [river, ≥ 1 500 m],
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de J. Kalinowski 1902 / P. spinipes Zang, det. Arrow (NHML 1 ex).
P. crassus.
BOLIVIE, LA PAZ : 6287-34 [Bolivie, La Paz, Chulumani, > 1 500 m,
Derivatio nominis. De l’endémisme de l’espèce de la Cordillère Centrale. VII-IX.1830] / Amérique Méridionale, d’Orbigny 1826-1833 (MNHN
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun 1 ex) ; Bolivie, La Paz, Nor Yungas, rte Pucara à Caranavi 1 850 m, piège
autre Publius : taille grande ; apex mandibulaires trifides, les dents inférieures lumineux, G. Lecourt & P. Bleuzen X.1993 (MNHN* 6 ex) ; Bolivie, près
très peu développées ; canthus oculaires proéminents et presque pointus ; Caranavi, env. 1 500 m, X.2002 (MNHN* 1 ex) ; Bolivia, Rio Beni, [de]
massues antennaires bien arrondies ; ponctuation des stries élytrales fine mais La Paz [à] Reyes, Balzan 1891 (MSNG 1 ex) ; Bolivia, Sud Yungas,
visible presque partout ; aires mates du mésosternum très réduites ; Chulumani [≥ 1 500 m] 1907 / P. spinipes Zang, det. Arrow (NHML 2 ex) ;
métasternum à fossettes assez larges, très peu profondes et sétigères ; méso- Bolivia, Selvita [?], IX.1954 / J.C. Hopfinger 1962 / P. spinipes Zang, det.
et métatibias inermes ; protibias élargis. Reyes-Castillo (USNM 1 ex). – COCHABAMBA : Bolivie, Cochabamba,
Arani, Cordillère Centrale, 2 500 m, piège lumineux, G. Lecourt 1990
Affinités morphologiques. Comme P. steinheili, P. centralis a les protibias (MNHN* 2 ex) ; Bolivia, Yungas del Palmar [prov. Arani], 2 000 m,
élargis. Il en est aussi le plus proche géographiquement. On l’en distinguera R. Zischka X.1949-XII.1958-II.1959 / Veturius ? sinuatus Esch., det Endrödi
par : apex mandibulaires trifides ; apex antérieur de la ligule bifide ; mentum 1971 (ZSSM 9 ex) ; Bolivia, Yungas del Palmar, 2 000 m, Zischka III.1950 /
plus étroit et plus court ; antennomères VIII visiblement plus courts que les Coll. Dirings / P. spinipes Zang, det. Pereira 1957 (MZSP 2 ex) ; Bolivia,
suivants ; canthus oculaires proéminents, l’apex presque pointu ; fossettes Yungas, Incachaca, 2 100 m, Zischka X.1957 (ZSSM 1 ex) ; Bolivia,
margino-pronotales moins profondes, à peine concaves; fossettes métasternales Cochabamba, Chaparé, 35km Palmar, 2000-3 300 m, Borda I.1974, Coll.
plus larges et couvertes de soies plus nombreuses ; calus huméraux sétigères ; Morhner / P. spinipes Zang, det. Reyes-Castillo 1984 (MZSP 2 ex) ; Bolivia,
ponctuation élytrale distincte presque partout. Pour le reste, les deux espèces Chaparé, Limbo [≥ 1 500 m], Martínez 1939 / P. spinipes Zang, det. Pereira
sont peu différentes, notamment la taille et l’habitus, les méso- et métatibias 1960 (MZSP 1 ex) ; Bolivia, Limbo cordillera, 15.I.1955 / P. spinipes Zang,
inermes, ainsi que l’architecture de la tête, surtout les tubercules central et det. Doesburg (NNML 1 ex). – SANTA CRUZ : Bolivia, vic. Santa Cruz,
latéro-postérieurs. M. Grunbaum 1966 (LACM 1 ex).
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Caractères diagnostiques. Taille moyenne à grande. Longueur totale :
Espèce sans doute endémique des forêts de versants 34-45 mm ; largeur maximale : 12-16 mm aux élytres.
Tête (fig. 692). Tubercule central conico-pyramidal, plus ou moins élevé
(> 1 500 m d’altitude) de la région de Medellín, dans la et élancé à 45°, l’apex droit à obtus et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs
Cordillère Centrale colombienne (Antioquia ; fig. 908). effacés ou à peine marqués. Tubercules tentoriaux complètement effacés.
Rides frontales postérieures marquées, courtes, très inclinées, courbes. Aire
Affinités chorologiques. Aucun autre Publius n’est connu médio-frontale très lisse et convexe. Clypéus convexe, épais, assez large, le
proche de Medellín. Parmi les V. (Veturius), V. standfussi bord antérieur plus ou moins incisé au milieu et bilobé. Fossettes latéro-
(grpe « platyrhinus ») est sympatrique. Une parapatrie avec frontales assez profondes et bien rebordées. Aires latéro-post-frontales glabres
et lisses. Angles antérieurs de la tête presque nuls. Canthus oculaires
V. sinuatocollis (grpe homonyme), mais dans son plus haut subparallèles jusqu’à l’apex antérieur obtus, très arrondi et dépassant l’œil.
étage, n’est pas à exclure. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur incomplet et plus ou

524
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

moins marqué. Ligule (fig. 693) à apex antérieur simple et peu élevé ; aire Remarques taxinomiques et historiques. P. spinipes est
médio-postérieure concave et nettement tuberculée sur les côtés. Apex
mandibulaires trifides, les dents inférieures développées.
isolé géographiquement de tous les autres Publius. C’est
Pronotum (fig. 694). Bord antérieur droit ou à peine bilobé. Sillon en partie ce qui explique son identification généralement
marginal étroit, lisse, subparallèle sauf au niveau des fossettes qui sont très juste dans la littérature et dans les collections. L’espèce reste
légèrement élargies et à peine concaves. toutefois méconnue et peu de spécimens ont été vus.
Mésosternum (fig. 695, polymorphe). Tégument mat couvrant largement
les côtés latéro-antérieurs, l’angle antérieur et plus ou moins la ligne axiale ; ARROW (1907) a quelque peu douté de son statut, la consi-
ailleurs brillant. dérant, soit comme une « forme » de P. crassus, soit comme
Métasternum (fig. 696) à aires latéro-antérieures assez largement ponctuées une bonne espèce (NHML). HINCKS (1934) n’a sans doute
et sétigères. Fossettes réduites, mais bien marquées, assez profondes, rétrécies
vers l’apex postérieur et sétigères. connu que les spécimens vus par Arrow. En revanche, il
Élytres glabres, sauf le bord antérieur et les calus qui ont de courtes soies est certain que LUEDERWALDT (1934b), D OESBURG
espacées. Stries plus ou moins marquées ; ponctuation indistincte partout (1942b) et REYES-CASTILLO (1970) ne l’ont pas connue
(fig. 697).
Édéage (fig. 698). Longueur : 2,8 mm. Habitus convexe, allongé et étroit. (van Doesburg et Reyes-Castillo l’ont examinée ultérieu-
Paramères et phallobase séparés par une suture nette. Ventral : phallus finement rement ; NNML, MZSP).
ponctué ; paramères allongés et étroits ; bord médio-postérieur de la phallobase L’inventeur et la date de capture du type sont inconnus
droit. Dorsal : paramères plus courts que la phallobase, mais bien apparents ;
phallobase limitée à un fin liseré peu visible. et aucune donnée n’a été trouvée sur le récolteur du spéci-
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de men du Pérou (J. Kalinowski 1902 ; NHML), cité par
P. crassus. ARROW (1907). Par contre, le premier a avoir rapporté l’es-
Caractères clés. La combinaison des deux caractères suivants n’existe chez pèce est sans doute A. d’Orbigny, lors de son voyage d’ex-
aucun autre Publius : apex antérieur des canthus oculaires obtus, très arrondi ploration (1826-1833), mais il ne l’a pas publié (comme
et dépassant l’œil ; aire médio-postérieure de la ligule concave et tuberculée
sur les côtés. En outre, on notera en particulier l’apex des mandibules trifide, aucun Passalide), ni personne par la suite. Ce matériel est
à dents inférieures développées, les fossettes margino-pronotales à peine enregistré dans le Cahier des Entrées du MNHN, année
élargies, imponctuées, ainsi que les fossettes métasternales réduites mais bien 1834, avec un renvoi au « Catalogue de d’Orbigny ». Ce cata-
marquées, assez profondes et sétigères.
logue autographe, dont MORET (1995) a rappelé l’exis-
Affinités morphologiques. Cette espèce géographiquement isolée du reste tence, comprend les notes de récoltes et d’observations de
du sous-genre est bien reconnaissable par les caractères énoncés ci-dessus.
Elle ressemble cependant aux espèces est-colombiennes à apex mandibulaires d’ORBIGNY (1831). On y trouve le présent P. spinipes dans
trifides (P. tectus, P. concretus, etc.). « Séjour à la province de Yungas… juillet… septembre 1830 »,
Polymorphisme. 11 mm de longueur totale séparent les plus petits spécimens « Passalus ; nous trouvâmes cette espèce sous les écorces des vieux
des plus grands. Cette différence est importante. Un autre caractère à souligner, arbres à Chulumani : elle a une grande force (assez rare) ». On
à la lecture de ZANG (1905a), est la présence d’une « épine » latérale sur les peut alors se demander si le spécimen de Chulumani vu
méso- et métatibias (d’où le nom attribué à l’espèce). En fait, l’holotype n’a
pas de véritables épines, mais des renflements tégumentaires sous les arêtes par ARROW (1907) ne serait pas aussi de d’Orbigny, d’au-
dorsales, comme on en trouve chez d’autres espèces. ARROW (1907) avait tant que la précision « assez rare » implique qu’il devait y
soulevé ce problème avec les spécimens du NHML. avoir plusieurs spécimens.
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Un nouveau spécimen (MSNG) n’a été rapporté que
Espèce endémique des Andes du Sud-Pérou et de Bolivie, bien plus tard, par un autre naturaliste, moins connu, l’ita-
où elle est assez largement répandue, depuis la Cordillère lien L. Balzan, lors de son voyage du Paraguay à la Bolivie
de Vilcabamba (Pérou : dépts. Cuzco et Puno) jusqu’à la (1890-1892). Le parcours de BALZAN (1894), en Bolivie,
Cordillère Orientale (Bolivie : prov. La Paz, Cochabamba n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de d’Orbigny.
et Santa Cruz). Son biotope est la forêt mésophile des Par la suite, il semble qu’aucun spécimen n’a été pris
Yungas, entre 1 500 et plus de 3 000 m d’altitude (fig. 908). avant les années 1940-1950, soit avant les entomologistes
Cette forêt est interrompue au sud et au sud-est, dans la A. Martínez (MZSP), J.C. Hopfinger (USNM) et
Cordillère Orientale bolivienne, par une étroite marge à R. Zischka (MZSP, ZSSM). Récemment, G. Lecourt et
caractère xérophile qui ceinture les reliefs. De plus, la P. Bleuzen ont rapporté une dizaine de spécimens (MNHN).
Cordillère Orientale est séparée de la Cordillère Centrale
par l’ensellement du rio Grande et de ses affluents. Cette 53. Veturius (Publius) impressus
barrière écologique et topographique pourrait expliquer Hincks 1934 n. stat.
la méconnaissance (l’absence ?) de l’espèce dans la (fig. 271, 682-691 – 908, 920-921)
Cordillère Centrale.
Publius crassus var. impressus HINCKS 1934 : 156 ; HINCKS & DIBB 1935 :
Affinités chorologiques. C’est le seul Publius connu de cette 30 (catal.).
partie des Andes. Parmi les autres Veturius sont sympatriques Publius impressus Hincks : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505
(catal.) ; AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80 (catal.) ; PARDO
V. (Veturius) boliviae et V. dreuxi (grpe « ecuadoris »), et sont 1997 : 90.
sym- ou parapatriques V. guntheri, V. yahua (grpe « platyrhi-
nus »), peut-être aussi V. libericornis (grpe homonyme), mais Matériel type. « Variété » décrite sur un exemplaire avec les indi-
tous dans leur plus haut étage. cations ci-dessous. Holotype (sexe indét.) : COLOMBIE,

525
Stéphane Boucher

MAGDALENA : « Colombia, Magdalena, FR. Mason / Sierra Autre matériel examiné. 3 ex.
de S. Lorenzo, 1200-1 800 m / Cincinnati Trail, VII.1920 / ex COLOMBIE, MAGDALENA : Colombie, Sierra Nevada Sta Marta,
San Lorenzo, 2 100 m, VII.1971 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* O) ;
coll. F.R. Mason 1921-68 / Hincks det. (NHML). Colombia, Sierra Nevada Sta Marta, Magdalena, troncos, var. col. II.1993 /

Figures 682-698
Veturius (Publius). – 682-691, V. impressus Hincks, Colombie ; 692-698, V. spinipes Zang, Bolivie. – 682, 692, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 683,
693, ligule ; 685, 694, pronotum (dorsal, latéral) ; 686, 695, mésosternum (polymorphe) ; 687, 696, métasternum ; 689, stries disco-élytrales I-III ; 690,
697, stries latéro-élytrales I-III ; 691, 698, édéage. – Échelles : 1 mm.

526
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

P. crassus Hope, det. Reyes-Castillo 1993 (CLP 1 ex) ; Columbia, S. Nevada (> 1 500 m d’altitude) de la Sierra Nevada Santa Marta
S. Marta, Rio Frio Valley, H. Giltier 1906 (USNM O).
(Colombie, nord de la Cordillère Orientale, aux confins
Caractères diagnostiques. Habitus très massif. des Dépts Magdalena, Guajira et César ; fig. 908).
Taille grande. Longueur totale : 44-47 mm ; largeur maximale :
16-17 mm au pronotum. Affinités chorologiques. Unique Publius (et unique
Tête (fig. 682). Tubercules latéro-postérieurs et tentoriaux effacés. Rides Veturius) connu de la Sierra Nevada Sta Marta.
frontales postérieures marquées, plus ou moins verticales et courbes.
Tubercules internes assez développés, émoussés. Angle des rides frontales
droit à faiblement obtus et plan. Fossettes frontales grandes, profondes et
Remarques taxinomiques et historiques. P. impressus est
fortement rebordées, presque proéminentes en avant, les angles bien arrondis. très peu connu et remarquable par son endémisme et ses
Angles antérieurs de la tête très obtus et émoussés. Canthus oculaires courts, caractères taxinomiques. La description originale souligne
plus ou moins subparallèles jusqu’à l’angle antérieur obtus, bien arrondi et plusieurs caractères qui le distinguent aisément de P. cras-
dépassant légèrement l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur
plus ou moins complet et peu marqué. Mentum à disque large et long, sus, mais l’hypothèse de HINCKS (1934) et d’autres auteurs,
presque plan ; ailes couvertes de soies éparses, les fossettes peu marquées et selon laquelle les Passalides sont couramment polymorphes
les côtés faiblement cintrés. Ligule (fig. 683) à aire médio-postérieure large et polytypiques, a induit en erreur son auteur sur le rang
et presque plane. Labre à bord antérieur concave. Mandibules puissantes et
allongées, faiblement cintrées jusqu’à l’apex trifide ; dents infra-apicales peu du taxon. De plus, Hincks semble avoir négligé l’impor-
développées ; bords infra-basaux presque convexes ; fossettes infra-basales tance de la localité géographique, de type insulaire, donc
avec quelques soies (fig. 684). très favorable à la spéciation.
Pronotum (fig. 685) très transverse, plus large que les élytres. Bord
antérieur faiblement bilobé. Sillon marginal étroit, presque lisse, subparallèle
P. impressus a été décrit sur un spécimen pris en 1920
sauf au niveau des fossettes qui sont peu élargies mais assez profondes et avec par l’entomologiste américain F.R. Mason, mais le plus
des ponctuations fortes. ancien connu est celui de H. Giltier 1906 (USNM ; aucune
Mésosternum (fig. 686). Tégument mat couvrant largement les côtés donnée trouvée sur ce récolteur). Ensuite, seul le spécimen
antérieurs et tout ou partie de l’aire axiale ; ailleurs brillant, avec ou sans de
rares soies indistinctes et éparses vers les angles antérieurs et postérieurs. le plus récent, de 1993 (CLP), avait été examiné et iden-
Métasternum (fig. 687) à aires latéro-antérieures ponctuées et sétigères tifié : d’abord comme « P. crassus » par Reyes-Castillo, puis
à proximité des coxae. Fossettes étroites, peu ou à peine élargies en arrière, correctement par PARDO (1997). Pereira a identifié des
mais profondes ; marge interne très nette ; tégument chagriné et en entier
sétigère.
P. talamacaensis du Costa Rica comme « Publius crassus var
Élytres glabres, sauf le bord antérieur et les calus qui sont couverts de impressus » (MZSP), or ces trois bonnes espèces sont fort
courtes soies plus ou moins espacées. Stries élytrales profondes ; ponctuation distinctes. VULCANO & PEREIRA (1967), qui ont cité
fine mais nette (fig. 689, 690). P. crassus et P. impressus de la Région Amazonienne (alors
Pattes. Fossettes procoxales (fig. 688) bien marquées, assez profondes,
sétigères. Protibias avec 3-4 épines trapues, plus la fourche apicale. qu’ils n’y existent pas), avaient en réalité sous les yeux P. cras-
Édéage (fig. 691). Longueur : 3 mm. Habitus transverse, convexe et sus et P. talamacaensis. Récemment, REYES-CASTILLO &
arrondi. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture nette ; A MAT G ARCÍA (1991) et A MAT G ARCÍA & R EYES -
phallus finement ponctué partout ; paramères allongés et larges ; bord
postérieur de la phallobase à peine concave. Dorsal : paramères et phallobase
CASTILLO (1996) ont cité l’espèce, mais apparemment
de longueurs inégales, très étroits et peu visibles. sans l’avoir connue ou reconnue.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
P. crassus.
54. Veturius (Publius) taurus n. sp.
Caractères clés. L’espèce se distingue sans ambiguïté des autres Publius par
la combinaison des caractères suivants : grande taille ; habitus très massif ;
(fig. 674-681 – 908, 920-921)
apex mandibulaires trifides, les dents inférieures peu développées ; pronotum
Matériel type. Holotype P : VENEZUELA, TÁCHIRA :
très transverse, les fossettes marginales assez étroites mais bien marquées et
ponctuées ; fossettes métasternales peu élargies à étroites, mais profondes, « Venezuela, Táchira, Betania [Mpio Junín], 2 325 m, VIII.1972 /
sétigères, à tégument chagriné ; méso- et métatibias inermes ; stries élytrales J.B. Teran, J. Salcedo » (IZAM).
profondes, la ponctuation nette et visible (d’où le nom attribué à l’espèce). Cet exemplaire unique est dû aux prospections de L.J.
Affinités morphologiques. Il est nécessaire de bien distinguer l’espèce de V. Joly et collaborateurs, de l’Université de Maracay.
(Veturius) imitator (groupe « caquetaensis ») car ce dernier, bien que d’un autre
sous-genre et allopatrique, est aussi un brachyptère d’assez grande taille et Caractères diagnostiques. Coloration noir grisé brillant dessus et dessous.
qui en est géographiquement peu éloigné. On distinguera donc P. impressus Taille grande. Longueur totale : 40 mm ; largeur maximale : 15 mm aux
par les principaux caractères suivants : taille légèrement supérieure ; habitus élytres.
plus massif ; pronotum plus transverse, à fossettes marginales moins larges ; Tête (fig. 674). Tubercule central élancé en avant à 35°, peu élevé, mais
bord antérieur du labre davantage échancré ; fossettes latéro-frontales plus l’apex pointu et totalement libre. Tubercules latéro-postérieurs et tentoriaux
grandes et plus profondes ; mentum plus grand, à disque plan ; fossettes effacés. Rides frontales postérieures effacées ou presque, très courtes, verticales
métasternales plus étroites mais plus profondes, les marges intérieures et courbes. Tubercules internes petits, très émoussés. Angle des rides frontales
beaucoup plus nettes et affilées ; aires infra-apicales des méso- et métafémurs plan. Clypéus convexe, à bord antérieur concave et angles antérieurs droits
glabres ; spolons supérieurs des méso- et métatibias plus courts, plus fins et et proéminents, visibles en vue dorsale de l’insecte. Fossettes frontales étroites,
presque droits. presque planes et à peine rebordées. Angles antérieurs de la tête nuls. Canthus
On notera aussi que P. impressus se distingue de P. montivagus (espèce oculaires courts, assez larges, l’angle antérieur droit et émoussé dépassant
sœur de P. imitator et dont la localisation précise est inconnue) ne serait-ce légèrement l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur
par les méso- et métatibias inermes. indistinct. Mentum (fig. 675) à disque large et haut, presque plan ; ailes
couvertes de soies éparses, les fossettes indistinctes, larges et les côtés bien
Répartition géographique, distribution dans l’aire. arrondis. Ligule (fig. 675) à apex antérieur simple, très court, presque moins
Espèce endémique des forêts mésophiles de versants élevé que les côtés. Palpes labiaux (fig. 676) étroits mais assez courts. Processus

527
Stéphane Boucher

hypostomaux (fig. 677) allongés, étroits, nettement concaves au milieu, Publius crassus (Smith) : REYES-CASTILLO 1970 : 169 & fig. 76.
l’apex presque pointu. Mandibules plutôt courtes, faiblement cintrées jusqu’à Publius sp. A : SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1981 : 113 (larva).
l’apex bifide et étroit ; fossettes infra-basales presque effacées. Massues Publius n. sp. : SCHUSTER 1992 : 360 (larva).
antennaires trapues, l’article VIII visiblement plus court que les IX et X. Publius sp. : REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992 : 369 & fig. 24.32.
Pronotum (fig. 678). Bord antérieur faiblement concave, non bilobé. Publius n. sp. : SCHUSTER & SCHUSTER 1997 : 264.
Sillon marginal étroit, très lisse, subparallèle, sauf au niveau des fossettes qui Publius sp. : REYES-CASTILLO & AMAT-GARCÍA 2003 : 48.
sont très légèrement élargies et à peine concaves.
Mésosternum (fig. 679) entièrement brillant, lisse et glabre, sauf de part
Matériel type. 281 ex. Holotype P : COSTA RICA,
et d’autre de l’angle antérieur où sont disposés quelques soies très courtes ;
côtés antérieurs avec une fine et courte incision. CÁRTAGO : Costa Rica, P. Biolley [vers 1880] / Turrialba,
Métasternum (fig. 680) à aires latéro-antérieures avec quelques fines 2 000 m (MNHN). Paratypes : COSTA RICA (sans autre préci-
ponctuations sétigères à proximité des coxae uniquement. Fossettes réduites, sion) : Costa Rica, Veturius Heydeni Kaup [dét. ?] / ex coll.
rétrécies en arrière, avec des soies courtes et éparses. H. Boileau 1925 (MNHN P) ; Costa Rica (MNHN O) ; Costa
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques courtes soies espacées.
Stries peu marquées, la ponctuation très fine, invisible partout.
Rica, Hoffman (MNHB 1 ex). – CÁRTAGO : Costa Rica,
Pattes. Protibias avec 3-4 épines trapues, plus la fourche apicale. Méso- P. Biolley / El Roble, VII.1891 (MNHN PO) ; Costa Rica,
et métatibias avec une courte épine post-médiane ; pubescence faible ; arêtes P. Biolley / La Palma [Volcan Turrialba, 1 600 m], X.1890
supérieures des mésotibias convexes sur la moitié de leur longueur médiane. (MNHN 2 O) ; Costa Rica, vulkan Irazu 2 500 m, F. Nevermann
Édéage (fig. 681). Longueur : 2,5 mm. Habitus convexe, arrondi et trapu. V.1930 / Publius crassus Sm., det. Luederwaldt 1931 / Publius
Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture très peu marquée ;
phallus finement ponctué partout ; paramères courts et étroits ; bord postérieur crassus var. impressus Hincks, det. Pereira 1941 / 06145 / 06147
de la phallobase concave de part et d’autre de l’apex convexe. Dorsal : paramères (MZSP 2 ex) ; id., I.1929 / 06146 / 06149 (MZSP 2 ex) ; id.,
et phallobase de longueurs presque égales ; paramères courts, triangulaires, I.1926 / 06144 (MZSP 1 ex) ; id., XII.1925 / 06142 (MZSP
bien apparents ; phallobase allongée, subparallèle, peu visible. 1 ex) ; Costa Rica, Santa Cruz [volcan Turrialba], V.1931 / Publius
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
P. crassus.
crassus (Sm.), det. Pereira 1960 (MZSP 1 ex) ; Costa Rica, Vulkan
Derivatio nominis. Du tubercule central rappelant une corne de taurillon. Irazú, 2 500 m, F. Nevermann V.1930 / Publius nov. sp., det Reyes-
Castillo 1984 (IRSN 1 ex) ; Costa Rica, F. Nevermann V.1930 /
Caractères clés. L’espèce se distingue sans ambiguïté des autres Publius par
la combinaison des caractères suivants : grande taille ; coloration noir grisé Vulkan Irazú, 1500-2500 m / Coll. F. Nevermann 1940 (USNM,
dessus et dessous ; apex mandibulaires bifides et étroits ; tubercule central 14 ex.) ; Costa Rica, F. Nevermann II.1932 / Guayabillos, SW.
peu élevé mais pointu, à apex libre presque horizontal ; mentum large et Abhang Irazú, 2 200 m (USNM 2 ex) ; Costa Rica, Volcan
haut, à disque plan et ailes bien arrondies, les fossettes effacées ; mésosternum Turrialba, 2580m, A.R. Smith X.1922 (USNM 1 ex) ; Costa Rica,
sans plage mate ; métasternum presque glabre, à fossettes étroites et rétrécies
en arrière ; méso- et métatibias épineux ; stries élytrales peu marquées, la
Vulkan Irazú, 2 200 m, Tattenbach IV.1938-III.1939 (MNHB
ponctuation invisible. 2 ex) ; Costa Rica, Sierra de Talamanca, Cártago, Empalme,
Affinités morphologiques. P. taurus a plusieurs autapomorphies très
IX.1969, P. Reyes-Castillo, G. Halffter / bosque encino y Lauracea,
reconnaissables, en particulier : forme et position du tubercule central; fossettes tronco, 2340m (IMEX 4 ex) ; Costa Rica, Cartago, volcan
mandibulaires infra-basales effacées ; apex antérieur de la ligule obsolète ; Turrialba, 2 100 m, M. Wasbauer VI.1976 (IMEX 1 ex) ; Costa
mésosternum entièrement brillant ; coloration générale. Pour le reste, les Rica, Cerro de la Muerte, PanAm Highway, 2 600 m,
caractères affichent des affinités avec le groupe est-colombien de P. crassus. J.C. Schuster, L. Wolf III.1967 (UVGC 2ex); Costa Rica, Cártago,
volcán Irazú, 2865m, sobre encino, J.C. SchusterX.1984 (UVGC
Répartition géographique, distribution dans l’aire. 1 ex) ; Costa Rica, Südabhang Vulkan Irazú, 2800-3 000 m,
Espèce probablement endémique du massif du Tamá F. Nevermann I.1926 (NHMV 1 ex) ; Costa Rica, E. Reimoser /
(Venezuela : Táchira, extrême est de la Cordillère Orientale, Waldeck Farm bei Matina (NHMV 1 ex) ; Costa Rica, Irazú,
au sud-ouest de San Cristóbal ; fig. 908). La localité Betania Reimoser (NHMV 8 ex) ; Costa Rica, Cártago, Volcan Irazú,
(2 325 m d’altitude) est située au nord du Pic de Tamá 4,5km NE. San Juan Chicoa, 2860m, M. Carleton II.1975
(point culminant : 3330m). BONO (1996) a décrit avec (UMAA 1 ex) ; Costa Rica, 20mi NW La Georgina, Cerro de la
précision le biotope, qui est une forêt mésophile brumeuse Muerte, C.L. Hogue VI.1964 (LACM 1 ex) ; Costa Rica, Cerro
précédant les páramos de Tamá. de la Muerte, D. Jeffrey VIII.1970 (UCDC 1 ex) ; Costa Rica,
Orosi, Rio Grande, 1 500 m, A. Sólis VII.1987 (INBIO 1 ex) ;
Affinités chorologiques. Le seul autre Publius connu du Costa Rica, Cártago, A.C. Amistad, Fca Lagos, Madre Selva,
secteur de P. taurus est P. tectus, mais l’allopatrie entre les 2 600 m, M.A. Zumbado VI.1994 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica,
deux espèces est très probable. En revanche, V. (Veturius) Cartago, 5mi SE El Cañon, 2 730 m / R.E. Woodruff VI.1964 /
standfussi (grpe « platyrhinus ») est sans doute sympatrique, in rotting log / Publius crassus (Smith), det. Reyes-Castillo 1970
bien qu’il n’y soit pas inventorié. (FSCA 3 ex ; IMEX 3 ex) ; Costa Rica, Irazu, 3 400 m, Azofeifa
V.1931, Ac. 86797 (AMNH 1 ex) ; Costa Rica, Cártago, Cerro
55. Veturius (Publius) talamacaensis n. sp. de la Muerte, 3120m, R.T. Schuh VIII.1969 / Publius crassus
(Smith), det. Reyes-Castillo 1974 / nec crassus, det. Reyes-Castillo
(fig. 102, 266, 699-705 – 908, 920-921) 1986 (AMNH 2 ex) ; Costa Rica, 31 mi SSE Cartago, Tres de
Veturius heydeni Kaup : BIOLLEY 1901 : 177. Junio Mt., under log, cloud forest, R. Foster II.1971 (CAG 2 ex) ;
Publius crassus (Sm.) : LUEDERWALDT 1934b : 13. Costa Rica, Cart., Entr. Biol. Sta. Cuerisi, 2 600 m, C.W. & L.B.
Publius crasus : ALFARO 1935 : 297 (partim crassus sensu Smith [loc. type]).
Publius crassus Smith : HINCKS & DIBB 1958 : 12 (partim crassus sensu Smith).
O’Brien VIII.1998 (CAG 1 ex). – SAN JOSÉ : Costa Rica, San
Publius crassus var. impressus Hincks : VULCANO & PEREIRA 1967 : 535 José, Tattenbach (MNHB 1 ex) ; Costa Rica, F. Nevermann
(partim crassus sensu Smith). II.1925-III.1928 / [San Isidro de] Coronado, 1400-1 500 m,

528
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

T. Assmann (USNM 2 ex) ; Costa Rica, San José, 2580m, J.R. A. Gillogly XII.1992 (CAG 1 ex) ; Panamá, Chiriquí, Cerro Punta,
Alcorn VII.1956 (IMEX 2 ex) ; Costa Rica, San José, 29 km N 2 060 m, C.E. Yunker I.1960-IV.1961 (MCNO 2 ex) ; Panamá,
San Isidro del General, P. Reyes-Castillo, G. Halffter IX.1969 / Chiriquí, E side Volcán Baru 1 820 m, D. Cazan IV.1995 (CAG
bosque montaño de encino, tronco, 2 300 m (IMEX 2 ex) ; Costa 2 ex) ; CR-Panama border, Chiriquí, 2 200 m, D. Curoe V.1999
Rica, San José, 1 km S. La Trinidad, 2530m, Eidewort VII.1964 (CDC 1 ex) ; Panamá, Chiriquí, Jurutungu, Fca Guillen 1 945 m,
(IMEX 1 ex) ; Costa Rica, San José, Villa Milla, 2 625 m, D. Curoe V.1999 (CDC 1 ex).
VIII.1968 (IMEX 10 ex) ; Costa Rica, San José, S.E. of Empalme,
km 67,3 Pan Am Highway, J.C. Schuster III.1967 (UVGC 15 ex) ; Caractères diagnostiques. Taille moyenne à généralement grande. Longueur
Costa Rica, San José, 8 km S.E. Empalme, 2 500 m, sobre encino, totale : 39-50 mm ; largeur maximale : 15-17,5 mm aux élytres.
J.C. Schuster X.1984 (UVGC 2 ex) ; Costa Rica, San José, Villa Tête (fig. 699) assez étroite. Tubercule central conico-pyramidal régulier,
Milla, 3 000 m, J.M. Mora VI.1992 (INBIO 13 ex) ; Costa Rica, large à la base, assez peu élevé, l’apex droit à obtus et émoussé. Tubercules
San José, Est. Cuerici, 4,3 km Villa Milla, Send. El Mirador, latéro-postérieurs marqués à peu marqués, courts et droits, perpendiculaires
au tubercule central. Tubercules tentoriaux effacés ou presque. Rides frontales
2800-3 000 m, B. Gamboa VIII.1995 (INBIO 4 ex) ; id., 2 600 m, postérieures plus ou moins marquées et courbes. Angle des rides frontales
A. Picado XI.1995 (INBIO 1 ex) ; id., Send. El Carbón, 5 km plan. Fossettes latéro-frontales presque planes, non ou à peine rebordées,
Villa Milla, 2 600 m (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, San José, La inclinées sur les côtés extérieurs. Canthus oculaires assez longs, plus ou moins
Cima de Dota, 2 300 m, M. Chavarria V.1993 (INBIO 1 ex) ; élargis vers l’angle antérieur qui est droit à aigu, parfois épineux (fig. 700)
et dépassant l’œil. Yeux réduits à fortement réduits, non globuleux. Aire
Costa Rica, San José, San Gerardo de Dota, Albergue Savegre, post-frontale délimitée par un sillon postérieur peu ou pas distinct et très
2200-2 500 m, M.A. Zumbado II.1992, I.1998 (INBIO 2 ex) ; incomplet. Mandibules à apex trifides, larges, les dents inférieures assez
Costa Rica, San José, P.N. Chirripó, F. Cementerio de la développées ; dents dorsales allongées, droites, élevées, l’apex presque épineux ;
Máquina, 2100-2500 m, F. Quesada, M. Segura III.1993 (INBIO côtés infra-basaux à peine concaves (fig. 701). Massues antennaires trapues
1 ex) ; Costa Rica, San José, División, 2 300 m, V.1990 (CDC et régulièrement arrondies extérieurement.
2 ex) ; Costa Rica, road to Santa Edwiges near División, 2 300 m, Pronotum (fig. 702) rétréci en avant, peu transverse, souvent quadratique.
Bord antérieur presque droit à légèrement concave. Sillon marginal étroit,
IV.1993 (CDC 1 ex). – GUANACASTE : Costa Rica, lisse, subparallèle ; fossettes à peine plus larges.
Guanacaste, P.N. Volcan Guanacaste, Cacao, 1 100 m, J. Barbut Mésosternum (fig. 703) brillant, sauf deux plages mates et étroites de
V.2005 (MNHN* O). – ALAJUELA : Costa Rica, Vulkan Póas, part et d’autre de l’angle antérieur et d’une fine marge sur les côtés antérieurs.
2 500 m, F. Nevermann IV.1930 / 06143 (MZSP 1 ex) ; Costa Métasternum (fig. 704) à aires latéro-antérieures finement ponctuées et
Rica, Vulkan Póas, F. Nevermann VII.1936 (USNM 1 ex) ; Costa sétigères proche des coxae. Fossettes réduites à très réduites, rétrécies en
Rica, Alajuela, 2,9km crater volcan Póas, 2 500 m, D. Bright arrière, peu à très peu sétigères.
VII.1964 (IMEX 1 ex) ; Costa Rica, San Ramón, 900 m, G. Amat Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques courtes soies espacées.
García I.1993 (IMEX 1 ex) ; Costa Rica, Alajuela, Parq. Nac. Ponctuation des stries indistincte.
Póas, L.R. Schechter V.1977 (INBIO 6 ex) ; Costa Rica, Alajuela, Pattes. Protibias souvent un peu élargis. Méso- et métatibias avec
Volcan Poas, L.R. Schechter IX.1981 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, 1-3 épine(s) post-médiane(s) ; arêtes supérieures légèrement convexes sur
presque toute leur longueur.
Alajuela, Parq. Nac. Volc. Poás, J.C. Abbott V.1995 (CAG 1 ex) ;
Édéage (fig. 705) grand. Longueur : 4,5-5 mm. Habitus convexe, massif
Costa Rica, Alajuela, P.N. Volcan Poas, 1,2km cratère, 2 600 m, mais trapu, fortement sclérotisé. Ventral : paramères et phallobase courts,
J. Barbut V.2005 (MNHN* O). – HEREDIA : Costa Rica, étroits et séparés par une suture nette ; phallus indistinctement ponctué ;
Heredia, Volcan Bárba, env. 2 600 m, II.2003 (MNHN*, 1 f ) ; bord postérieur de la phallobase concave à droit. Dorsal : paramères courts
Costa Rica, Heredia, P.N. Braulio Carrillo, Est. Barva, 2 500 m, mais bien apparents ; phallobase un peu plus longue, plus fine, peu visible.
B. Apu IV. IX-XII.1989, A. Fernandez, G. Rivera I-V.1990, M.A. Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Zumbado II-VII 1990-I.1993 (INBIO, 87 ex.) ; Costa Rica, P. crassus.
Heredia, Transecto, P.N. Braulio Carrillo, 2 050-2 600 m, Larve stade III décrite comme « sp. A » (pour la distinguer de P. crassus)
par SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981), sur des spécimens du Costa Rica
R. Aguilar & M. Zumbado X.1989 (INBIO 1 ex). – PUNTA- (Cártago : sud-est de Empalme ; UVGC). SCHUSTER (1992) a complété ces
RENAS : Costa Rica, Puntarenas, Cerro Echandi, Transecto Las données par l’examen des stades I et II, sur des spécimens du Panamá
Alturas, Z.P. Las Tablas, Coto Brus [2 600 m], M.A. Zumbado (Chiriquí : Respingo ; UVGC).
X.1991 (INBIO 1 ex). – LIMÓN : Costa Rica, Limón, Valle del
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Silencio, 2420m, R. Villalobos VI.1996-I.1997 (INBIO 2 ex). autre Publius : taille moyenne à grande ; apex mandibulaires trifides, les dents
PANAMA, CHIRIQUÍ : Panamá, Chiriquí, Cerro Punta, inférieures développées ; méso- et métatibias avec 1-3 épine(s) post-
R.E. Caballero III.1981 (IMEX-UVGC 2 ex) ; id., 2 200 m, J.C. médiane(s) ; fossettes margino-pronotales à peine marquées et imponctuées ;
Schuster XII.1985 (UVGC 1 ex) ; id., B.C. Ratcliffe VI.1986 fossettes métasternales réduites à très réduites, rétrécies en arrière, peu à très
peu sétigères ; édéage de grande taille, massif.
(IMEX 2 ex) ; Panamá, Chiriquí, Respingo, 2400-2460m, J.C.
Schuster XII.1985 (UVGC 9 ex) ; Panamá, Chiriquí, 8 km Affinités morphologiques. L’espèce a de nombreux caractères en commun
Boquete near Quebrada Emporio, 2 200 m, VI.1973 / Erwin, avec P. solisi (sympatrique). De plus, les deux espèces sont assez polymorphes,
Hevel, Centr. Am. Exp. (USNM 1 ex) ; Panamá, Chiriquí, 2 km comme ne l’est aucun autre Publius. P. talamacaensis se sépare néanmoins
de P. solisi par sa taille nettement supérieure et par ses massues antennaires
E Cerro Punta, 2 420 m, H. Howden VI.1977 (MCNO 1 ex) ; plus longues.
Panamá, Chiriquí, 1 km W Respingo, 2 300 m, A. Gillogly, J.H.
White XII.1991 (CAG 7ex); Panamá, Chiriquí, Respingo, Volcan Polymorphisme. Outre la taille (± 10 mm), on notera surtout : pronotum
plus ou mois transverse ; canthus oculaires courts à allongés, l’apex antérieur
Baru, 2 450-2 500 m, A. Gillogly IX-XII.1992 (CAG 4 ex) ; bien arrondi à presque épineux (fig. 700) ; yeux très réduits ou non ; présence
Panamá, Chiriquí, 3 km N Bambilo, 2150 m, A. Gillogly IX.1992 de 1-3 épine(s) latérale(s) méso- et métatibiale(s) ; élytres plus ou moins
(CAG 1 ex) ; Panamá, Chiriquí, 4 km NE Jurutungo, 2 200 m, courts et larges.

529
Stéphane Boucher

Répartition géographique, distribution dans l’aire. Parmi les autres Veturius, V. (Veturius) aquilonalis (grpe
Espèce largement répandue dans le sud de l’Amérique « platyrhinus ») est sympatrique dans la majeure partie de
Centrale (Costa Rica – Panama), mais néanmoins endé- son aire (Cordillères de Tilarán et de Talamanca). Une
mique des Cordillères de Tilarán et de Talamanca sympatrie est concevable avec V. (Ouayana) laevior et V. ulti-
(fig. 908). REYES-CASTILLO & CASTILLO (1992) l’ont mus dans la Cordillère de Tilarán (notamment dans leur
considérée, à raison, comme montagnarde et propre à la plus haut étage), ainsi qu’avec V. (Veturius) sinuatocollis,
région (sans autre précision). V. tuberculifrons, V. schusteri (grpe « sinuatocollis ») et
L’altitude maximale de l’espèce est l’une des plus élevées V. (Ouayana) ptichopoides, dans le sud de la Cordillère de
du genre. ALFARO (1935) l’a citée de 3 400 m, sur le volcan Talamanca (surtout dans le Massif du Chiriquí).
Irazú (Cártago) ; le spécimen de l’AMNH appartient sans
Remarques taxinomiques et historiques. Dans la littéra-
doute à cette série. Cet auteur a ajouté : « allí donde el agua
ture, P. talamacaensis a été confondu avec P. crassus pendant
se congela, en pequeñas cantidades, durante las noches frías
50 ans : depuis LUEDERWALDT (1934b) et ALFARO (1935)
del invierno ». Cette condition ambiantale correspond à
jusqu’à SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981). Cette
l’étage supérieur de la forêt brumeuse en Amérique
confusion était due au fait que les deux espèces sont brachy-
Centrale. La plupart des autres spécimens examinés
ptères ; elles se ressemblent, mais des détails bien distincts
proviennent de 2800-3 000 m.
ont été sous-estimés ou ignorés.
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, dans le sud Les premiers spécimens semblent avoir été pris au Costa
de la Cordillère de Talamanca, avec Publius solisi. Les Rica vers 1880, par BIOLLEY (1901 ; spécimens identifiés
récoltes d’A. Sólis et collaborateurs (INBIO), dans la Valle « V. heydeni » au MNHN), mais c’est LUEDERWALDT
del Silencio (Costa Rica : Limón), semblent confirmer la (1934b) qui en a fait la diagnose, à partir d’une grande
sympatrie des deux espèces. série, toujours du Costa Rica, des récoltes de F. Nevermann

Figures 699-705
Veturius (Publius) talamacaensis n. sp., Costa Rica-Panama. – 699, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 700, canthus
oculaire (polymorphe) ; 701, fossette infra-mandibulaire ; 702, pronotum (dorsal, latéral) ; 703, mésosternum ; 704, métasternum ; 705, édéage. – Échelles :
1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

(vers 1925-1930), peut-être aussi de celles d’Alfaro, de la Caractères diagnostiques. Taille petite à moyenne. Longueur totale : 26-
36 mm ; largeur maximale : 9-13 mm aux élytres.
même époque. Deux des spécimens vus par Luederwaldt Tête (fig. 706, 712). Tubercule central conico-pyramidal, court à élevé,
sont au MZSP, mais d’autres sont dans diverses collections, aigu à obtus, l’apex émoussé. Tubercules latéro-postérieurs peu marqués.
bien qu’ils ne portent pas la signature de l’auteur (IRSN, Tubercules tentoriaux peu marqués à effacés. Rides frontales postérieures
NHMV, USNM). La diagnose de Luederwaldt est assez marquées, courbes. Angle des rides frontales plan. Clypéus convexe, épais,
le bord antérieur incisé au milieu. Fossettes latéro-frontales presque planes,
fidèle à l’espèce, mais évidemment pas au véritable P. cras- non ou à peine rebordées, inclinées sur les côtés extérieurs. Aires latéro-post-
sus car il ne le connaissait pas. Peu après, ALFARO (1935) frontales glabres et lisses, peu à bien profondes. Angles antérieurs de la tête
ajoutait quelques caractères descriptifs et des notes écolo- pratiquement nuls. Canthus oculaires assez allongés, plus ou moins
subparallèles jusqu’à l’apex antérieur obtus, bien arrondi et dépassant l’œil.
giques de ses observations sur le volcan Irazú. Aire post-frontale délimitée par un sillon postérieur plus ou moins complet.
La confusion entre les deux espèces a été ensuite recon- Apex mandibulaires trifides, les dents inférieures assez peu développées. Apex
antérieur de la ligule simple et large ou finement bifide. Massues antennaires
duite et parfois amplifiée. VULCANO & PEREIRA (1967) très courtes et très trapues.
ont ainsi confondu l’espèce avec la « variété » crassus impres- Pronotum (fig. 707, 713). Bord antérieur droit à faiblement bilobé.
sus Hincks (MZSP). REYES-CASTILLO (1970) a cité et Sillon marginal étroit, lisse, subparallèle, les fossettes à peine plus larges,
lisses ou avec de rares et fines ponctuations.
figuré l’espèce sur une série du Costa Rica (ce sont ceux Mésosternum (fig. 708, 714). Tégument mat couvrant les marges latéro-
cités ici de Cártago et de San José ; FSCA, IMEX). Enfin, antérieures plus ou moins largement, ainsi que l’angle antérieur et la partie
depuis SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981), l’espèce a antérieure de la ligne axiale ; ailleurs brillant.
été reconnue distincte du véritable crassus, mais sans avoir Métasternum (fig. 709, 715) à aires latéro-antérieures finement ponctuées
et sétigères près des coxae ; aires latéro-médianes et latéro-postérieures glabres
été décrite (S CHUSTER 1992, R EYES -C ASTILLO & et lisses. Fossettes peu à très réduites en arrière et peu à très peu sétigères.
CASTILLO 1992, SCHUSTER & SCHUSTER 1997, REYES- Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec (rarement) quelques courtes
CASTILLO & AMAT-GARCÍA 2003). soies espacées. Ponctuation des stries peu ou pas visible partout.
Pattes. Protibias souvent un peu élargis. Méso- et métatibias avec une
P. talamacaensis semble abondant et dominant, dans courte à très courte épine post-médiane ; arêtes supérieures légèrement
toute son aire de répartition, parmi les autres grands convexes sur presque toute leur longueur.
Édéage (fig. 710, 711, 716) grand. Longueur : 3-3,5 mm. Habitus
Proculini. D’abord cité du Costa Rica (prov. San José et convexe, arrondi et trapu. Paramères et phallobase séparés par une suture.
Cártago), il a récemment été découvert ou repris, dans ce Ventral : phallus plus ou moins fortement ponctué ; paramères allongés et
pays, des prov. d’Alajuela (volcan Póas), Heredia (Braulio étroits ; bord médio-postérieur de la phallobase légèrement convexe. Dorsal :
paramères et phallobase de longueurs à peu près égales ; paramères convexes,
Carrillo), Puntarenas (Coto Brus) et Limón (Valle del bien apparents ; phallobase étroite et peu visible.
Silencio), surtout grâce aux récoltes de l’INBIO. Sa connais- Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
sance du Panamá (Chiriquí) est plus récente encore (REYES- P. crassus.
CASTILLO & CASTILLO 1992, IMEX, SCHUSTER 1992, Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. A. Solís (INBIO).
UVGC). Les dernières et abondantes récoltes sur le Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre Publius : taille petite à moyenne ; apex mandibulaires trifides, à dents
Chiriquí sont surtout dues à A. Gillogly (CAG). On peut inférieures développées; méso- et métatibias avec une fine épine post-médiane;
être surpris qu’aucun spécimen ancien de ce massif ne soit fossettes margino-pronotales à peine marquées et lisses ; fossettes métasternales
connu, notamment parmi le matériel d’A. Boucard, qui y réduites à très réduites, rétrécies en arrière, peu à très peu sétigères ; édéage
séjourna vers 1875. de grande taille. (voir ci-après : polymorphisme).
Affinités morphologiques. Espèce voisine de P. talamacaensis, mais qui s’en
distingue aisément par la taille bien moindre et par les massues antennaires
56. Veturius (Publius) solisi n. sp. beaucoup plus courtes et plus trapues.
(fig. 101, 194, 706-716 – 908, 920-921) Polymorphisme. Il existe dans le matériel examiné deux morphes
sympatriques ; les spécimens ont été pris séparément et appartiennent donc
Matériel type. 25 ex. Holotype P : COSTA RICA, LIMÓN : à plusieurs groupes familiaux. A priori, les caractères distincts pourraient
suggérer l’existence de populations interstériles, mais en prenant comme
Costa Rica, Limón, Valle del Silencio, 2 200 m, A. Sólis B. X.1984 référence le polymorphisme de l’espèce sœur P. talamacaensis, on est en mesure
(INBIO). Paratypes : id. HT (INBIO O) ; PUNTARENAS : d’en douter. De nouveaux matériaux et des observations in situ sont nécessaires
Costa Rica, Puntarenas, Cerro Echandi, Transecto Las Alturas, afin de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse de deux bonnes espèces.
Z.P. Las Tablas, 2500-2 700 m, M.A. Zumbado X.1991 (INBIO « Morphe type ». Petits individus (26-30 mm) des séries du Cerro
1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, C. Rico, Centro Dudu, II.1996 Echandi (Costa Rica) et de la Finca Guillen (Panama). Habitus presque
(INBIO 1 ex). gracile (tête fig. 712) ; tubercule central court, à apex très obtus à droit ; aires
latéro-post-frontales peu profondes ; arêtes supra-oculaires peu élevées en
PANAMA, CHIRIQUÍ : Panama, Chiriquí, Continental bordure des fossettes post-oculaires ; aire mate mésosternale limitée au tiers
Divide Tr. Parque Amistad, 2 km NW Las Nubes [> 1 500 m], antérieur (fig. 714); fossettes métasternales bien élargies et assez abondamment
A. Gillogly I.1993 (CAG 8 ex) ; Panama, Chiriquí, Volcan Baru, sétigères (fig. 715) ; protibias un peu élargis ; pronotum quadrangulaire
1,5km S Respingo, 2 600 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 5 ex) ; (fig. 713). Édéage polymorphe : deux spécimens du Cerro Echandi sont fort
distincts, ce qui est exceptionnel dans le genre Veturius (fig. 711, 716).
Panama, Chiriquí, Parque La amistad, 3 km N Las Nubes, W
Cerro Punta, 2 400 m, A. Gillogly VI.1994 (CAG PO) ; Panama, « Morphe dérivée ». Grands individus (31-36 mm) des séries autres que
les précédentes. Habitus massif (tête fig. 706) ; tubercule central élevé,
Chiriquí, Las Nubes, cloud forest, 2 500 m, A. Gillogly VI.1994 puissant, l’apex aigu et parfois presque libre ; aires latéro-post-frontales
(CAG 3P, 2O); CR-Panama border, Chiriquí, vic. Finca Guillen, profondes et crevassées ; arêtes supra-oculaires élevées en bordure des fossettes
Jurutunga, 2 200 m, D. Curoe V.1999 (CDC 1 ex). post-oculaires ; aire mate mésosternale étendue sur les côtés antérieurs

531
Stéphane Boucher

(fig. 708) ; fossettes métasternales réduites, assez fortement rétrécies en arrière Groupe « punctatostriatus » (12 spp.). Antennomères
et peu sétigères ; protibias non élargis ; pronotum allongé (fig. 707). Édéage
non polymorphe (fig. 710).
VI et VII dilatés (car. 32) ; pubescence des méta-épisternes
En outre, certains caractères homologues sont variables chez les deux courte (car. 53). Ce groupe est lui-même scindé en deux
morphes : absence d’épine méso- et / ou métatibiales ; pronotum plus ou clades : punctatostriatus-magdalenae et oberthuri-casalei. La
moins transverse ; développement d’un rebord latéro-antérieur presque topologie de V. magdalenae est la plus incertaine du fait de
tuberculé sur les fossettes latéro-frontales ; présence de quelques rares soies
éparses sur les aires médio-latérales du métasternum ; présence / absence de
diverses convergences et (ou) réversions non résolues.
quelques soies sur l’aire infra-apicale des pro- et / ou métafémurs.
Groupe « cirratus » (3 spp.). Pubescence des calus
huméraux en touffe large et dense (car. 58) ; tégument infé-
Répartition géographique, distribution dans l’aire.
rieur des fémurs mat (car. 68) ; coloration générale noir
Espèce uniquement connue des montagnes de moyenne
bleuté mat ou brillant (car. 92).
à haute altitude (> 1 500 m, ≤ 3 000 m) du centre-est de
la Cordillère de Talamanca (fig. 908) : massif du Chiriquí, Groupe « laevior » (3 spp.). Fossettes post-oculaires
de part et d’autre de la frontière entre le Costa Rica (prov. entièrement marginées (car. 19) et étroites (car 20); fossettes
Puntarenas) et le Panama (prov. Panamá). latéro-frontales planes à faiblement concaves (car. 24,
convergent avec V. oberthuri, V. galeatus et V. casalei) ; sillon
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec P. tala- post-occipital complet (car. 38) ; pronotum allongé (car.
macaensis. Parmi les autres Veturius, V. (Veturius) aquilo- 39), à bord antérieur presque droit (car. 40) et à fossettes
nalis (grpe « platyrhinus ») est sympatrique. Une sympatrie latéro-marginales lisses (car. 44, convergent avec V. ober-
est probable avec V. sinuatocollis, V. tuberculifrons, V. schus- thuri, V. galeatus, V. casalei et V. fanestus) ; pubescence des
teri (grpe « sinuatocollis ») et V. (Ouayana) ptichopoides, mais calus huméraux en touffe très éparse (car. 61) ; protibias
surtout dans leurs plus hauts étages. très élargis (car. 70) ; arête dorsale des mésotibias avec des
Remarque taxinomique et historique. Cette espèce est soies éparses (car. 74, convergent avec divers clades termi-
remarquable par sa petitesse ; de ce fait, elle se sépare nette- naux) ; sillon apical du sternite VII effacé (car. 83). Les
ment de tous les autres Publius. Sa découverte est récente états des caractères 70 et 83 sont autapomorphes dans le
et en petit nombre, alors que l’espèce sœur, sympatrique, sous-genre.
a été rapportée en abondance depuis longtemps. Le premier La monophylétisme des groupes « laevior » + « cirratus »
exemplaire avait été remarqué dans les collections de est surtout soutenu par des caractères des méso- et méta-
l’INBIO par J.C. Schuster, qui me l’a obligeamment remis. tibias : spolons supérieurs très longs et crochus vers l’apex
Les autres spécimens sont dus aussi à l’INBIO, ainsi qu’à (car. 78) ; fourches apicales longues et larges (car. 80,
D. Curoe (CDC) et A. Gillogly (CAG). convergent uniquement avec V. bleuzeni).

4.5. Sous-genre Veturius (Ouayana) n. subg. Répartition géographique. Le sous-genre occupe un


vaste territoire : depuis le sud de l’Amérique Centrale
Espèce type (présente désignation) : V. punctatostriatus Arrow jusqu’au tiers nord de l’Amérique du Sud intertropicale
1907. (fig. 923). Sont toutefois exclus de cette aire les Cordillères
Caractères diagnostiques. Macro- ou brachyptère. Taille moyenne, parfois de Mérida et Costale (Venezuela), les Llanos de
petite, rarement grande (formes individuelles). Habitus convexe à très convexe l’Orénoque et Trinidad. La limite sud correspond assez
et allongé, glabre et lisse. Pronotum à angles bien à très arrondis. Structure précisément aux rives nord de l’Amazone et du Marañon.
médio-post-frontale peu développée et étirée vers l’avant, sauf le tubercule
central qui est parfois épineux et vertical. Aires latéro-post-frontales et
Toutefois, au sud du delta de l’Amazone et du Tocantins
mésosternum glabres ou très rarement sétigères. Fossettes margino-pronotales (Pará), existe une apophyse avec une espèce. Dans les
bien à très peu marquées, lisses ou ponctuées, mais toujours étroites et peu Andes, le sous-genre est répandu sur le versant Pacifique
profondes. Sillon marginal du sternite VII marqué et complet ou presque. de Colombie-Equateur et ça et là dans les cordillères de
Édéage de petite taille ; genitalia femelles avec un seul lobe vaginal.
Outre l’habitus assez caractéristique, six synapomorphies soutiennent
Colombie. Selon les groupes d’espèces, cet ensemble est
la monophylétisme du sous-genre : protibias élargis (car. 70), quelque peu fragmenté comme suit :
amincis (car. 71) et armés d’épines puissantes et acérées (car. 72) ; disque du
mentum ponctué et sétigères (car. 11) ; fémurs élargis (car. 67) ; épines Groupe « punctatostriatus ». Il est scindé en deux :
mésotibiales fortes (car. 75). punctatostriatus – magdalenae et oberthuri – casalei.
Derivatio nominis. Des territoires Amérindiens Ouayana.
• Le clade punctatostriatus – magdalenae occupe le nord
Diversité spécifique. Le sous-genre comprend 18 espèces du Bassin Amazonien et le Massif des Guyanes (fig. 907,
(25 % du genre). 924). Soit, d’ouest en est du piémont Andin à l’Atlantique,
et du nord vers le sud de la rive sud de l’Orénoque à la rive
Désignation et définition des groupes d’espèces. Le sous- nord de l’Amazone (ou la rive sud du Tocantins dans le
genre est divisé en trois groupes d’espèces soutenus par des Pará oriental). Ce groupe est donc guyano-amazonien,
synapomorphies (fig. 255) : mais il est surtout représenté dans l’Hylaea (< 800 m d’al-

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

titude). Les exceptions concernent des espèces propres au Rica-Panama ; 500 à 2 500 m d’altitude environ). Les proti-
Massif de Pacaraima (1000 à 1 600 m environ). bias très élargis ont peut-être un rôle particulier dans l’éco-
• Le clade oberthuri – casalei est strictement nord-andin logie des espèces. Le Passalini Ptichopus, du Mexique et
(fig. 906, 924) et répandu entre le versant Pacifique d’Amérique Centrale et qui habite et consomme les détri-
(< 1 000 m d’altitude) et des versants internes plus élevés tus des fourmis Atta, a les protibias assez comparables et
(1 000-2 000 m) de la Cordillère Occidentale (Colombie : adaptés au fouissage. Chez les Aulacocyclinae, de
Chocó ; Equateur : Occidente) et dans la vallée moyenne nombreuses espèces ont aussi les protibias de ce type.
du rio Magdalena (à la hauteur de Bogotá). Aucune donnée Certaines habitent des détritus de Termites, d’autres ont
n’est toutefois connue pour V. casalei. été observées dans l’espace intersticiel entre le bois mort
Groupe « cirratus ». Il est géographiquement scindé et la litière (voir chap. I).
en trois : le sud de l’Amérique Centrale, une enclave dans
la Cordillère Centrale colombienne et le versant Pacifique Remarques taxinomiques. Le sous-genre Ouayana forme
des Andes de Colombie-Equateur. Les espèces habitent, l’une des deux grandes lignées d’espèces macroptères du
soit des forêts de basse altitude (0-1 000 m), soit des forêts genre. Il se sépare clairement du sous-genre Veturius par
de versants (1000-1 500 m environ). sa morphologie et sa répartition géographique.
Groupe « laevior ». Il est endémique de forêts de PERCHERON (1835), le premier, avait remarqué l’élar-
versants des Cordillères de Tilarán et de Talamanca (Costa gissement et les puissantes épines des protibias de V. guya-

Figures 706-716
Veturius (Publius) solisi n. sp., Costa Rica-Panama. – 706-711, morphe type ; 712-716, morphe dérivée. – 706, 712, tête (dorsal), tubercule central (profil ;
polymorphe) ; 707, 713, pronotum (dorsal, latéral) ; 708, 714, mésosternum ; 709, 715, métasternum ; 710-711, 716, édéage. – Échelles : 1 mm.

533
Stéphane Boucher

nensis (sur un spécimen de Guyane alors identifié « V. assi- – Tubercule central très fin, pointu, vertical. Clypéus étroit.
milis » ; voir p. 252, 280). Par la suite, aucun auteur n’a Apex mandibulaires bifides (fig. 832). Tégument du corps
tenu compte de cette observation. Ce caractère est associé et des appendices mat. [extrême sud des Andes de
à trois autres qui sont typiques du sous-genre : habitus Colombie] . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) fanestus n. sp.
5. Métasternum entièrement glabre et lisse (fig. 820) [Apex
davantage convexe et glabre ; fossettes procoxales presque mandibulaires bifides. Longueur totale < 28 mm. Méso-
toujours profondes et larges ; fossettes latéro-marginales et métatibias : fourches apicales étroites et courtes ; spolons
du pronotum peu à très peu marquées et plus ou moins supérieurs courts et légèrement courbes (fig. 821).
imponctuées. Ponctuation élytrale indistincte partout ou presque.
L’état des fossettes latéro-marginales, homoplasique Colombie : centre des Cordillères Centrale et Orientale]
avec plusieurs Publius, est en partie à l’origine d’une confu- . . . . . . . . . . V. (Ouayana) oberthuri (Hincks) n. comb.
sion générique, depuis HINCKS (1933), avec son espèce – Métasternum plus ou moins sétigère . . . . . . . . . . . . . . . . 6.
oberthuri. 6. Tubercule central très fin, pointu, vertical (fig. 832)
[Habitus du corps et des pattes gracile. Apex mandibu-
Pour chaque espèce du sous-genre sont mis en évidence laires trifides. Longueur totale < 29 mm. Pubescence
d’excellents caractères taxinomiques externes. Ceci, en métasternale très faible (fig. 839). Mésotibias inermes mais
dépit parfois de grandes ressemblances inter-espèces, devrait très finement tuberculés. Métatibias inermes. Fourches
éviter des confusions auparavant très courantes. apicales assez larges mais courtes ; spolons supérieurs longs
Une autre particularité intéressante du sous-genre est et faiblement courbes (fig. 841). Ponctuation élytrale indis-
tincte. Colombie – Equateur, versant Pacifique des Andes]
l’apparente rareté naturelle de la plupart de ses espèces.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) galeatus Boucher
Certaines régions ont été peu prospectées, mais cela n’ex- – Tubercule central conico-pyramidal élevé à presque
plique pas que dans celles qui sont bien connues les espèces horizontal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.
demeurent rares. Par exemple, en Guyane Française, d’où 7. Méso- et métatibias inermes (fig. 808). Calus huméraux
une grande quantité de Passalides ont été examinés, les avec quelques soies nettes et éparses (fig. 805). [Apex
deux espèces de Ouayana sont parmi les plus rares. mandibulaires trifides, les dents inférieures très réduites,
peu distinctes (fig. 798). Ponctuation élytrale indistincte
partout (fig. 805). Longueur totale : 33-35 mm. Vénézuéla
Clé des espèces – Brésil, versant sud-ouest du Massif de Pacaraima]
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) magdalenae n. sp.
1. Protibias élargis (fig. 728, 744) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. – Méso- et / ou métatibias épineux. Calus huméraux glabres
– Protibias très élargis (fig. 886, 895) . . . . . . . . . . . . . . . . 16. ou avec quelques courtes soies éparses . . . . . . . . . . . . . . . 8.
2. Calus huméraux avec des soies regroupées (fig. 860). Méso- 8. Longueur totale < 28 mm. [Apex mandibulaires trifides,
et métatibias : fourches apicales très larges et acérées les dents inférieures très réduites. Ponctuation élytrale
(fig. 864) ; spolons supérieurs très longs, l’apex fortement indistincte partout. Méso- et métatibias : fourches apicales
crochu (fig. 865) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. assez larges mais courtes ; spolons supérieurs longs et droits.
– Calus huméraux glabres ou avec quelques soies éparses Colombie (sans autre précision)] V. (Ouayana) casalei n. sp.
(fig. 805). Méso- et métatibias : fourches apicales étroites – Longueur totale > 29 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9.
à larges et peu acérées; spolons supérieurs de taille moyenne 9. Aire médio-postérieure de la ligule échancrée et munie
à courte, l’apex droit, courbe, ou finement crochu d’une paire de tubercules para-médians développés
(fig. 730) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5. (fig. 789) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10.
3. Aires latéro-post-frontales sétigères (fig. 853). – Aire médio-postérieure de la ligule ni échancrée ni munie
Mésosternum avec des soies paramédianes (fig. 858.). de tubercules para-médians (fig. 813) . . . . . . . . . . . . . . 11.
Élytres : coloration bleu opalescent ; soies des calus humé- 10. Ponctuation élytrale fine mais distincte presque partout
raux denses ; ponctuation bien visible partout (fig. 860- (fig. 783). Massues antennaires longues (fig. 779). [Apex
861). Métatibias inermes (fig. 864). [Apex mandibulaires mandibulaires trifides, les dents inférieures très réduites,
trifides, les dents inférieures développées (fig. 853). Du peu distinctes. Mésotibias inerme et à arête supérieure
Costa Rica à l’Equateur, versant Pacifique des Andes]. légèrement convexe sur son tiers médian (fig. 785). Bassin
Amazonien] . . . . . . . . . . V. (Ouayana) amazonicus n. sp.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) cirratus Bates
– Ponctuation élytrale indistincte partout (fig. 795). Massues
– Aires latéro-post-frontales glabres (fig. 867). Mésosternum antennaires courtes (fig. 791). [Apex mandibulaires bifides.
glabre (fig. 872). Élytres : coloration bleuté ou noir-bleuté Mésotibias épineux et à arête supérieure bien convexe sur
brillant ou mat ; soies des calus huméraux assez denses son tiers médian (fig. 797). Venezuela – Brésil : versant
(fig. 874) ; ponctuation presque invisible ou invisible sud-est du Massif de Pacaraima] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
partout (fig. 875). Méso- et métatibias épineux (fig. 877) 4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) dominicae n. sp.
4. Tubercule central épais, conico-pyramidal et incliné à 45°. 11. Apex mandibulaires trifides, distinctement ou non . . . . 12.
Clypéus large. Apex mandibulaires trifides, les dents infé- – Apex mandibulaires bifides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13.
rieures réduites (fig. 867). Tégument du corps et des 12. Dents mandibulaires infra-apicales bien développées.
appendices brillant. [Colombie, nord de la Cordillère Longueur totale ≥ 36 mm. Habitus massif. Tubercule
Centrale] . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) cirratoides n. sp. central élevé. Fossettes latéro-frontales larges et profondes.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Sillon post-frontal bien marqué (fig. 717). Apex postérieur nés (fig. 879). Calus huméraux couverts de soies courtes
de la ligule assez large et plan (fig. 718). Fossettes métas- et éparses (fig. 885). Bord antérieur des élytres vertical.
ternales profondes, fortement chagrinées et abondamment [Costa Rica : Cordillère de Tilarán] . . . . . . . . . . . . . . . . . .
sétigères (fig. 726). Ponctuation des fossettes margino- . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) laevior (Kaup 1868)
pronotales très marquée (fig. 723). [Ponctuation élytrale – Hémibrachyptère. Rides frontales postérieures en partie
bien visible partout (fig. 727). Hylaea Amazonienne et effacées. Yeux non globuleux largement couronnés (fig. 890,
Massif des Guyanes] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 898). Calus huméraux couverts de soies longues et
. . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) punctatostriatus Arrow regroupées (fig. 902). Bord antérieur des élytres incliné . . . .
– Dents mandibulaires infra-apicales réduites. Longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17.
totale < 34 mm. Tubercule central court. Fossettes latéro- 17. Pubescence infra-pronotale, humérale et du bord anté-
frontales assez étroites et peu profondes. Sillon post-fron- rieur des élytres fine, courte et dense. Aire mate du mésos-
tal nul ou presque. Aire médio-postérieure de la ligule ternum limitée à l’angle antérieur (fig. 893). Aires métas-
étroite à très étroite et convexe. Fossettes métasternales ternales latéro-antérieures largement ponctuées et sétigères
peu profondes, peu chagrinées, peu sétigères. Ponctuation (fig. 894). [Costa Rica : Cordillère de Tilarán] . . . . . . . . . .
des fossettes margino-pronotales peu à très peu marquée 14. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) ultimus n. sp.
13. Ponctuation élytrale fine mais distincte partout. Apex – Pubescence infra-pronotale, humérale et du bord anté-
postérieur de la ligule étroit et peu convexe. [Arêtes supé- rieur des élytres épaisse, longue et espacée (fig. 902). Aire
rieures des mésotibias légèrement convexes sur leur tiers mate du mésosternum étendue sur tous les côtés anté-
médian ; sétigères sur leur tiers apical. Pará, sud-est de rieurs (fig. 900). Aires métasternales latéro-antérieures
l’Amazone] . . . . . . V. (Ouayana) paraensis Luederwaldt étroitement ponctuées et sétigères (fig. 901). [Panama :
– Ponctuation élytrale indistincte partout. Apex postérieur Massif du Chiriquí] . . . V. (Ouayana) ptichopoides n. sp.
de la ligule très étroit, nettement convexe, presque tuber-
culé. [Arêtes supérieures des mésotibias légèrement
convexes sur leur tiers médian ; sétigères sur leur tiers Groupe « punctatostriatus »
apical. Sud des Guyanes Atlantiques] . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) guyanensis n. sp. 57. Veturius (Ouayana) punctatostriatus
14. Tubercules internes effacés ou presque. Fossettes latéro- Arrow 1907
frontales presque effacées à convexes. Arêtes supérieures (fig. 98, 149, 717-731 – 907, 920-921)
des mésotibias à peine convexes sur leur tiers médian.
Sillon latéro-antérieur du pronotum presque étroit. Veturius punctatostriatus : ARROW 1907 : 454.
Habitus massif. Longueur totale ≥ 34 mm. [Sillon post- Veturius punctatostriatus Arrow : LUEDERWALDT 1931 : 201 ; HINCKS 1934 :
153 ; HINCKS & DIBB 1935 : 26 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165
frontal bien marqué. Ponctuation élytrale fine mais
(catal.) ; BACCHUS 1978 : 111 (type) ; BÜHRNHEIM 1978 : 16 & pl. 3,
distincte partout. Pérou – Brésil, ouest de l’Hylaea] fig. 7-9 ; pl. 13, fig. 3 ; BOUCHER 1986 : 496 ; 1987 : 373.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) unicornis Gravely
– Tubercules internes développés. Fossettes latéro-frontales Matériel type. Espèce décrite du Guyana, Georgetown, sur
bien marquées. Arêtes supérieures des mésotibias nette- « plusieurs exemplaires ». Cinq ont été indexés comme syntypes
ment convexes sur leur tiers médian. Sillon latéro-anté- par BACCHUS (1978), puis examinés et désignés par BOUCHER
rieur du pronotum large. Habitus étroit. Longueur totale (1986). Ces exemplaires proviennent certainement d’un même
≤ 33 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15. groupe familial. Lectotype (sexe indét.) : GUYANA :
15. Élytres : ponctuation fine mais distincte partout ; colora- « Demerara, Georgetown, W. Harper 1879 / Sharp Coll. 1905-
tion noir grisé ; bords latéro-antérieurs glabres. Fossettes 313 / Veturius punctatostriatus Arrow, type [Arrow] / Syntype,
latéro-frontales quadratiques, assez profondes (fig. 762). Bacchus det. 1975 ». – Longueur totale : 37 mm.
Sillon post-frontal fin mais net. Angles du pronotum
Paralectotypes : id. (NHML).
normalement arrondis. Méso- et métatibias : arêtes supé-
rieures glabres sur leur tiers apical ; épines médianes fines
Description. Habitus assez massif, très convexe, glabre. Coloration noir
et courtes (fig. 768, 769). Fossettes métasternales très peu brillant dessus et dessous.
sétigères (fig. 764) [Brésil – Venezuela : du nord de Taille moyenne à grande. Longueur totale : 36-42 mm ; largeur
l’Amazone au nord-ouest du Massif de Pacaraima] . . . . . . . maximale : 12,5-15 mm aux élytres.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) negroensis n. sp. Tête (fig. 717). Structure médio-post-frontale développée. Tubercule
– Élytres : ponctuation indistincte partout ; coloration noir central conico-pyramidal élancé à 45°, élevé mais étiré en avant, l’apex étroit,
profond ; bords latéro-antérieurs avec des soies éparses. droit à aigu. Tubercules latéro-postérieurs à peine marqués à effacés, légèrement
dirigés en avant. Tubercules tentoriaux peu marqués à presque effacés. Rides
Fossettes latéro-frontales bien arrondies, peu profondes frontales postérieures courtes et bien marquées ; presque verticales et parallèles
(fig. 739). Sillon post-frontal effacé. Angles du prono- depuis l’apex du tubercule central, puis divergent en angle très obtus et atteignant
tum très arrondis. Méso- et métatibias : arêtes supérieures les tubercules internes. Tubercules internes bien marqués, obliqués vers
sétigères sur leur tiers apical ; épines médianes fortes et l’extérieur, l’apex émoussé. Angle des rides frontales plus ou moins crevassé à
longues (fig. 745, 746). Fossettes métasternales entière- la base du tubercule central puis, en avant, plan ou mamelonné. Aire médio-
ment sétigères [Venezuela, versant nord-est du Massif de frontale convexe ou plane et très lisse. Clypéus convexe, assez large, en forme
d’accolade bien marquée ; angles antérieurs droits, peu proéminents, visibles
Pacaraima] . . . . . . . . . . . . . V. (Ouayana) bleuzeni n. sp. en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales larges et longues, très profondes et
16. Macroptère. Rides frontales postérieures bien marquées, fortement rebordées ; bord antérieur proéminent ; angles très arrondis. Aires
complètes et affilées. Yeux globuleux faiblement couron- latéro-post-frontales profondes, glabres et lisses. Aire post-frontale délimitée

535
Stéphane Boucher

par un sillon net, régulier et chagriné. Angles antérieurs de la tête très obtus atteignant près de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie
et émoussés. Canthus oculaires courts, subparallèles ; apex antérieur droit, antérieure ; fossettes médianes antérieures, couvertes de ponctuations rondes
émoussé, ne dépassant pas l’œil. Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires et fortes. Pubescence des pré-épisternes fine, courte et dense, assez peu
larges, complètes, en partie sétigères. Ligule (fig. 718) à apex antérieur simple distincte en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec des soies espacées à
et long ; aire médio-postérieure assez large et presque plane, non proéminente peu près partout.
(fig. 719). Mentum à disque étroit, convexe, avec ou sans ponctuations sétigères Mésosternum glabre (fig. 724-725, polymorphe) ; tégument mat couvrant
postérieures; ailes assez longues, avec des soies éparses, les fossettes bien marquées l’angle antérieur et le tiers proximal des côtés latéro-antérieurs ; ailleurs brillant
et les côtés faiblement cintrés. Processus hypostomaux incisés au milieu, l’apex et très lisse.
arrondi (fig. 720). Article II des palpes labiaux allongé, assez fortement élargi Métasternum (fig. 726). Aires latéro-antérieures avec une ponctuation
en avant, sétigère au milieu, presque deux fois plus long que le III (fig. 721). sétigère fine et éparse autour des trochanters uniquement. Aires latéro-
Bord antérieur du labre concave. Mandibules puissantes et régulièrement médianes glabres et lisses. Fossettes profondes, bien élargies en arrière,
cintrées; apex trifides, les dent inférieures développées; dents dorsales allongées, ponctuées et sétigères comme précédemment, mais plus densément.
droites, assez hautes, l’apex presque obtus; fossettes infra-basales bien marquées. Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies espacées
Massues antennaires presque allongées (fig. 722) ; article IX plus long que les presque partout. Stries profondes et distinctement ponctuées partout
VIII et X ; X bien arrondi extérieurement. (fig. 727). Bord antérieur vertical. Ailes normalement développées.
Pronotum (fig. 723). Angles très arrondis. Bord antérieur légèrement Pattes. Fossettes procoxales comme V. paraensis (fig. 757) larges, très
bilobé. Sillon marginal peu élargi, subparallèle, assez profond ; lisse et profondes, couvertes de soies, le bourrelet marginal antérieur assez mince.

Figures 717-731
Veturius (Ouayana) punctatostriatus Arrow, Guyano-Amazonie. – 717, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 718, ligule
(ventral) ; 719, mentum et ligule (profil ventral) ; 720, processus hypostomal ; 721, palpe labial ; 722, massue antennaire ; 723, pronotum (dorsal, latéral) ;
724-725, mésosternum (forme guyano-amazonienne et forme du piémont Andin) ; 726, métasternum ; 727, stries disco-élytrales I-III ; 728, protibia (dorsal) ;
729, mésotibia (latéral) ; 730, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-III) ; 731, édéage. – Échelles : 1 mm.

536
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Aire infra-apicale des profémurs glabre. Protibias légèrement élargis, armés lenae ; probablement sympatrique, en Amazonie centrale,
de 3-4 fortes épines acérées, plus la fourche apicale longue et robuste (fig. 728).
Mésotibias (fig. 729) avec une forte épine post-médiane ; pubescence espacée
avec V. negroensis, et en Amazonie occidentale avec
et plutôt courte ; arête supérieure à peine marquée sur le tiers de sa longueur V. amazonicus et V. unicornis ; probablement allopatrique,
médiane ; fourches apicales assez larges et longues ; spolons supérieurs fins, au sud de l’Amazone deltaïque, avec V. paraensis.
assez courts et presque droits (fig. 730). Métatibias id., mais les soies moins
nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères fins et allongés.
Parmi les V. (Veturius), l’espèce est sympatrique en
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII très marqué et complet ou Guyane (sans doute aussi au Guyana, Surinam et Amapá)
presque. avec V. sinuosus (grpe « transversus »), V. cephalotes (grpe
Édéage (fig. 731). Longueur : 2,8-3 mm. Habitus allongé, subparallèle. homonyme), V. charpentierae et V. christiani (grpe « libe-
Bord supérieur légèrement bilobé à concave. Ventral : paramères et phallobase
séparés par une suture indistincte ; lobe médian peu sclérotisé mais largement ricornis »). Ailleurs, elle est sympatrique avec V. sinuosus et
ponctué. Dorsal : paramères et phallobase apparents par un étroit liseré V. cephalotes en Amazonie centrale et sur les marges est et
sclérotisé. sud du Massif de Pacaraima, et sympatrique avec V. sinuo-
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun sus (sans doute aussi V. yahua, du grpe « platyrhinus ») en
autre V. (Ouayana) : taille ≥ 36 mm ; habitus massif, très convexe ; apex Amazonie péruvienne.
mandibulaires trifides, les dents inférieures développées ; tubercule central
élevé ; fossettes latéro-frontales grandes et profondes ; aire post-frontale
délimitée par un sillon complet et bien marqué ; aire médio-postérieure de
Remarques taxinomiques et historiques. Espèce aisément
la ligule plane ; méso- et métatibias épineux ; ponctuation élytrale forte et reconnaissable, mais qui a été très peu signalée.
visible partout. LUEDERWALDT (1931) ne la connaissait pas, bien qu’il en
Affinités morphologiques. Par la taille et l’habitus, l’espèce est voisine de ait comparé son V. paraensis. HINCKS (1934), qui ne la
V. magdalenae, V. dominicae, V. amazonicus et surtout V. unicornis, mais elle connaissait pas non plus, l’a confondue avec V. paraensis.
s’en distingue aisément par la somme des caractères clés. La forte ponctuation
élytrale et le développement du tubercule central et des fossettes latéro-
En revanche, van Doesburg a vu un spécimen, mais qu’il
frontales sont caractéristiques du taxon. De plus, parmi les autres espèces du a aussi confondu avec V. paraensis (NNML). Il faudra donc
sous-genre présentes dans le Bassin Amazonien, ou proche de celui-ci, attendre BÜHRNHEIM (1978) pour que soient correcte-
V. punctatostriatus ne peut être confondu, ne serait-ce que par la taille ment identifiés de nouveaux spécimens, de l’Amapá (sans
supérieure et l’habitus plus massif.
autre précision). Je ne les ai pas examinés, mais les figures
Polymorphisme. Hormis des différences de tailles notables (± 6 mm), l’espèce
est très peu variable. Plusieurs spécimens de Guyane ou du Venezuela ont
fournies par cet auteur excluent toute confusion.
une seconde épine sur les méso- et (ou) métatibias, mais plus courte que la Dernièrement, BOUCHER (1986) a révisé l’espèce après sa
première. L’unique spécimen péruvien (AMNH) diffère des populations découverte dans diverses localités de Guyane.
guyano-amazoniennes par l’extension du tégument mat mésosternal, qui
couvre largement les côtés antérieurs et la ligne axiale du sclérite (fig. 725).
V. punctatostriatus est toujours peu commun, ce que
Ce spécimen pourrait être l’indice d’un polytypisme mineur. confirme d’autant plus son aire de répartition très vaste.
En Guyane, où l’espèce est la mieux connue, sa rareté natu-
Répartition géographique, distribution dans l’aire. relle semble démontrée par les très nombreux Passalides
Espèce répandue sur un vaste territoire, comprenant la qui y ont été récoltés.
moitié nord du Bassin Amazonien et le Massif des Guyanes, Le spécimen le plus ancien a sans doute été rapporté
mais uniquement en forêt ombrophile de basse altitude de Guyane par l’expédition de Leschenault et Doumerc,
(0-800 m ; fig. 907). Elle est connue avec certitude du sur la Mana, en 1824 (MNHN). Par la suite, hormis la
Venezuela (Bolívar), Guyana (bassin inférieur de la série type, quelques autres spécimens du Guyana (NHML)
Demerara), Surinam, Guyane, Brésil (Roraima, Amapá) et celui du Pérou (AMNH), tous les autres sont récents.
et Pérou (Loreto).
Elle est inconnue du bassin du rio Negro (mais y existe Autre matériel examiné. 43 ex.
très probablement) et de la marge ouest du Massif de VENEZUELA, BOLÍVAR : Venezuela,, Bolívar,, Rte Santa Elena à
Eldorado km 107, 520 m, VIII.1987 / F. Fernandez & C.J. Rosales (IZAM
Pacaraima (sa présence y est moins sûre). Dans le Massif 1 ex) ; Venezuela, Bolívar, Rio Surukum, Carretera Sta Elena-Icabaru, 850 m,
de Pacaraima, l’espèce est relayée dès le bas étage monta- I.1985 / F. Fernandez, Y. Anibal Chacon, J. Demarmels (IZAM O) ; Venezuela,
gnard par V. bleuzeni et V. dominicae. Elle semble absente Bolívar / Campo Karrao Edelca [≤ 1 000 m], V.1986 / J. Lattke (IZAM 2O) ;
au sud de l’Amazone et au nord de l’Orénoque, ce qui Venezuela, Bolívar / Talva [< 1 000 m], SE Amarawai Tepui, V.1986 / J. Lattke
(IZAM 4 ex).
correspond aux limites géographiques méridiennes du sous- GUYANA : Demerara [riv.] 1887-39 (NHML 1 ex) ; B. Guiana, Bartlett
genre en Amérique du Sud. 1943-60 (NHML 1 ex) ; Demer. [Demerara] (UMHO 1 ex).
L’unique spécimen du haut Marañon (AMNH), sur le SURINAM : Surinam / Veturius paraensis Lued., det. v. Doesburg /
Collectie van Doesburg 1973 (NNML 1 ex).
bas piémont des Andes du Pérou (Loreto), est original car
GUYANE F. : de la Mana [riv.], Leschen [Leschenault 1824] (MNHN
l’espèce est inconnue des haut et moyen Amazone (Brésil). O) ; Guyane (MNHN 3 ex) ; Guyane, rte de Nancibo pK 6, piège lumineux,
De plus, ce spécimen est distinct de ceux du Massif des P. Sarry I.1984 (MNHN* P) ; Guyane, Pompidouville, Haut Maroni, tronc,
Guyanes (voir : polymorphisme). F. Durant VIII.1984 (MNHN* 2 ex) ; Guyane, Organabo, tronc, S. Boucher
XI.1984 (MNHN* O) ; Guyane, piste Ste. Elie, tronc, S. Boucher XI.1984
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, en Guyane, (MNHN* P2O, 2ex); Guyane, piège lumineux, L. Beaudoin 1987 (MNHN*
1 ex) ; Guyane, piste Coralie pK 2, piège lumineux, L. Sénécaux XI.1992
avec V. guyanensis ; parapatrique, sur les marges du Massif (MNHN* P) ; Guyane, Kourou, piste des Eaux Claires pK 3, Marquet
de Pacaraima, avec V. bleuzeni, V. dominicae et V. magda- I.1993 (MNHN* 1 ex) ; Guyane, piste Risquetout pK 5, piège lumineux,

537
Stéphane Boucher

B. Hermier XI.1993-XII.1995 (MNHN* 2PO) ; Guyane, Petit Saut, tronc, subparallèle et peu profond ; lisse et atteignant la moitié de la largeur du
Ph. Cerdan – IDRECO XI.1997 (MNHN* O) ; Guyane, Mtagne des pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes latérales antérieures, avec
Chevaux, tronc pourri, M. Vialard IV-X.1999-I.2000 in coll. P. Renaudie quelques ponctuations rondes, fines ou fortes, linéairement disposées.
(MNHN* P, 3O); Guyane, piste de Kaw, I.2001 (MNHN* 1ex); Guyane F., Pubescence des pré-épisternes fine, courte et dense, assez peu distincte en
Bas Maroni, Le Moult (IRSN 1 ex) ; Fr. Guyana, river Mana, Petit Valentin, vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec quelques soies espacées postérieures.
D. Vlasta II.1995 (CVM 1 ex). Mésosternum (fig. 736) glabre ; tégument mat couvrant plus ou moins
BRÉSIL, RORAIMA : Brasil, Roraima, 10 km S. Pacaraima, Col. Samá, largement l’angle antérieur et les côtés latéro-antérieurs ; ailleurs brillant et
500 m, tronco, P. Reyes-Castillo XI.1997 (IMEX PO). – AMAPÁ : Braz., très lisse.
Amapá [≤ 500 m] / V. punctatostriatus Arrow, det. Clausen 1998 (UMSP Métasternum (fig. 737) à aires latéro-antérieures avec une ponctuation
1 ex). sétigère fine et éparse à très éparse. Aires latéro-médianes glabres et lisses.
PÉROU, LORETO : Peru, Upper Rio Marañon [< 1 000 m], X.1928 / Fossettes profondes en avant, moins en arrière où elles sont peu élargies,
H. Bassler, Ac. 33591 (AMNH 1 ex). ponctuées et sétigères comme précédemment, mais plus densément.
Pattes. Protibias légèrement élargis, armés de 3 fortes épines acérées, plus
la fourche apicale.
58. Veturius (Ouayana) unicornis Gravely 1918 Édéage (fig. 738). Longueur : 2,8 mm. Habitus convexe et trapu,
(fig. 732-738 – 907, 920-921) transverse. Bord postérieur faiblement bilobé. Ventral : paramères et phallobase
longs et séparés par une longue et large suture ; phallus ponctué partout ;
Veturius unicornis : GRAVELY 1918 : 36 & pl. 5 fig. 6. côtés de la phallobase échancrés. Dorsal : paramères et phallobase contigus,
Veturius unicornis Gravely : MOREIRA 1922 : 270 (catal.), 1925 : 27 ; subparallèles et limités à un fin liseré sinueux sclérotisé ; phallus peu sclérotisé.
LUEDERWALDT 1931 : 33 ; H INCKS & D IBB 1935 : 27 (catal.) ;
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
DOESBURG 1942b : 330 (catal.) ; VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 ;
V. punctatostriatus.
REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.).
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Matériel type. Espèce décrite sur trois exemplaires : deux de autre V. (Ouayana) : taille ≥ 34 mm ; habitus assez massif ; apex mandibulaires
l’Amazonie péruvienne et un du haut Amazone (sans autre bifides ; tubercules internes effacés ou presque ; tubercule central court,
presque horizontal, l’apex enflé ; fossettes latéro-frontales petites, planes à
précision). Ils ne m’ont pas été communiqués et doivent être bombées, avec un tubercule médio-frontal vestigial ; sillon post-frontal
au Zoological Survey, à Calcutta (ANONYME 1922). Lectotype complet ; aire médio-postérieure de la ligule plane, non tuberculée sur les
(présente désignation, sexe indét.) : PÉROU, LORETO : côtés ; méso- et métatibias épineux ; stries élytrales profondes, la ponctuation
« Peruvian Amazon ». Paralectotypes : id. (1 ex.) ; Upper bien visible partout.
Amazon (1 ex.). – Longueur totale : 34-37 mm (selon Affinités morphologiques. Espèce voisine, par la taille et l’habitus, de
GRAVELY 1918). V. punctatostriatus, V. dominicae, V. amazonicus et V. magdalenae, mais qui
s’en distingue aisément par le très faible développement de l’ensemble de la
Matériel examiné. 5 ex. structure médio-post-frontale, en particulier les tubercules internes effacés
PÉROU, LORETO : Amazones, Pebas [< 500 m], Hahnel (MNHN (parfois totalement) et le court tubercule central. Les stries élytrales profondes
P) ; Pérou, S. Poulain / Loreto, Rio Yubineto, tronc pourri [< 500 m], I.1978 et visiblement ponctuées sont très proches de V. punctatostriatus. En revanche,
(MNHN O) ; Peru, Loreto, Explornapo Camp [< 500 m], S. Dunkle les fossettes latéro-frontales n’ont pas d’équivalent dans le sous-genre (voir :
VIII.1989 (FSCA 1 ex). caractères clés).
COLOMBIE, AMAZONAS : Colombia, Amazonas, Leticia, 200 m, Polymorphisme. Hormis la taille (± 3 mm), les rares spécimens connus sont
H. & A. Howden VII.1970 (MCNO O) ; Colombia, Leticia, P. Ward II.1972 peu différents. Ce sont surtout la structure médio-post-frontale (tubercules
(MCNO 1 ex). central et latéro-postérieurs) et la région clypéo-frontale (fossettes latéro-
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 34-37,5mm ; frontales et tubercules internes) qui varient un peu dans leur développement
largeur maximale : 12-13 mm aux élytres. et dans leur aspect tégumentaire. Les granulosités sur les côtés extérieurs des
Tête (fig. 732). Structure médio-post-frontale très peu développée. fossettes latéro-frontales sont surtout marquées sur le spécimen de Pebas
Tubercule central très court et étiré en avant, bombé et large en arrière, l’apex (MNHN), tandis que l’absence de trace des tubercules internes est plus nette
tuberculeux et arrondi. Tubercules latéro-postérieurs peu marqués, droits, sur l’un de ceux de Leticia (MCNO). On notera aussi la présence possible
courts et légèrement dirigés en avant. Rides frontales postérieures courtes, de 2-3 épines méso- et métatibiales supplémentaires et plus courtes.
presque effacées, divergent en angle très obtus depuis le tubercule central et
atteignant les tubercules internes. Tubercules internes effacés ou presque. Répartition géographique, distribution dans l’aire.
Angle des rides frontales crevassé ou non à la base du tubercule central puis,
en avant, plan ou mamelonné. Aire médio-frontale large, plane et lisse.
Espèce connue avec certitude d’Amazonie centre-occiden-
Clypéus convexe, assez large, en forme d’accolade marquée. Fossettes latéro- tale, depuis le haut Amazone jusqu’au bas Napo, ce qui
frontales étroites et courtes, planes ou un peu convexes, rebordées et plus ou comprend une partie du Loreto (Pérou) et des Amazonas
moins proéminentes vers l’angle antérieur externe uniquement ; front (Colombie – Brésil ; fig. 907). Les localités proches du
granuleux ou non sur les côtés extérieurs. Tubercules médio-frontaux
vestigiaux peu à très peu marqués, mais distincts. Aires latéro-frontales peu fleuve Amazone sont toutes situées sur sa rive nord. Sans
profondes, glabres et lisses. Angles antérieurs de la tête très obtus à presque tenir compte du piémont Andin proprement dit, ce vaste
nuls. Canthus oculaires courts, subparallèles ; apex antérieur droit, émoussé, domaine ne dépasse pas 500 m d’altitude et il est occupé
dépassant presque l’œil. Aire post-frontale délimitée par un sillon fin assez
net, peu régulier et chagriné. Ligule à apex antérieur simple et long ; aire par la forêt ombrophile planitiaire de l’Hylaea.
médio-postérieure plutôt étroite et plane. Mentum à disque étroit, convexe, Après GRAVELY (1918), MOREIRA (1925) est le seul à
avec quelques ponctuations sétigères médianes et postérieures. Article II des avoir cité l’espèce d’une nouvelle localité (« Purús », sans
palpes labiaux sétigère ou non au milieu (fig. 733). Mandibules peu allongées
et brusquement cintrées vers l’apex bifide, les dent inférieures larges et plus autre précision). Il s’agit du rio Purus, un affluent majeur
arrondies que les supérieures ; dents dorsales allongées, droites, hautes, l’apex de l’Amazone central (Amazonas). Ceci pose un certain
droit. Massues antennaires (fig. 734) assez trapues ; article IX plus long que problème car le Purus est situé sur la rive sud de l’Amazone
les VIII et X ; X bien arrondi extérieurement.
Pronotum (fig. 735). Angles très arrondis Bord antérieur légèrement et dans une région faunistique assez distincte du haut
bilobé, l’apex à peine proéminent à concave. Sillon marginal peu élargi, Amazone. Le matériel en question n’a pas été retrouvé.

538
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Toutefois, sachant comment Moreira a abordé la systéma- Description. Habitus allongé, subparallèle, glabre. Coloration noir
brillant dessus et dessous.
tique des Passalides, on est en mesure de douter de sa déter-
Taille petite à moyenne. Longueur totale : 29-33 mm ; largeur maximale :
mination. VULCANO & PEREIRA (1967) ont cité l’espèce 11-12 mm aux élytres.
de la Région Amazonienne brésilienne. Il est possible qu’il Tête (fig. 749). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, régulier,
s’agisse d’une reprise de MOREIRA (1925), puisque ces élancé à 45°, l’apex étroit, droit et émoussé. Tubercules latéro-postérieurs
peu ou à peine marqués, droits et légèrement dirigés en avant. Rides frontales
auteurs n’ont indiqué aucun spécimen qu’ils ont vu. postérieures courtes, peu marquées, parallèles et presque verticales depuis
l’apex du tubercule central, puis divergent en angle obtus et atteignant les
Affinités chorologiques. Les grands axes fluviaux formeraient tubercules internes. Angle des rides frontales à peu près plan ou faiblement
les principales barrières qui isolent l’espèce, notamment les mamelonné. Clypéus convexe, assez large, en forme d’accolade peu marquée.
affluents de l’Amazone orientés NO-SE (sur sa rive nord) et Fossettes latéro-frontales plutôt larges et longues, peu profondes et peu à
très peu rebordées ; bord antérieur à peine convexe. Canthus oculaires courts,
ceux orientés SO-NE (sur sa rive sud). Malgré ces limites larges et subparallèles ; apex antérieur droit, émoussé, ne dépassant pas l’œil.
hypothétiques, l’espèce est sympatrique avec V. punctatostria- Fossettes post-oculaires larges, incomplètes sur leurs marges, en partie sétigères.
tus et V. amazonicus, mais peut-être pas avec V. negroensis. Sillon post-frontal peu distinct et très incomplet. Ligule à apex antérieur
simple et long ; aire médio-postérieure assez étroite et convexe. Mentum à
Parmi les V. (Veturius), sont sympatriques V. sinuosus (grpe disque étroit, convexe, avec des ponctuations sétigères postérieures ; ailes
« transversus »), V. cephalotes (grpe homonyme), peut-être aussi assez longues, avec des soies éparses, les fossettes bien marquées et les côtés
V. libericornis (grpe homonyme) et V. yahua (grpe « platyrhi- faiblement cintrés. Processus hypostomaux (fig. 750) incisés au milieu, l’apex
nus »), mais ce dernier sur le bas piémont Andin seulement. recourbé mais arrondi. Article II des palpes labiaux allongé (fig. 751), assez
fortement élargi en avant, glabre au milieu, presque deux fois plus long que
le III. Bord antérieur du labre droit à légèrement concave. Mandibules assez
Remarques taxinomiques et historiques. Malgré l’ab- courtes et régulièrement cintrées ; apex trifides, les dents inférieures peu
sence de la série type, la description illustrée de GRAVELY développées ; dents dorsales allongées, droites, assez hautes, l’apex presque
(1918) est suffisante pour affirmer l’identité des spécimens obtus. Massues antennaires trapues ; article IX plus long que les VIII et X ;
examinés. V. unicornis est très reconnaissable par ses carac- X bien arrondi extérieurement.
Pronotum (fig. 752) à angles peu arrondis. Bord antérieur légèrement
tères céphaliques. Il n’a peut-être jamais été revu aupara- bilobé à droit. Angles antérieurs peu abaissés. Sillon marginal peu élargi,
vant : outre les citations douteuses de MOREIRA (1922, subparallèle, peu profond ; lisse et atteignant près des deux tiers de la largeur
1925) et de V ULCANO & P EREIRA (1967), celles de du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes médianes antérieures, avec
quelques ponctuations rondes et fines. Pubescence des pré-épisternes fine,
L UEDERWALDT (1931), H INCKS & D IBB (1935), courte et dense, peu distincte en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec
DOESBURG (1942b) et REYES-CASTILLO (1970) ont été quelques soies espacées, surtout postérieures.
empruntées à Gravely. Mésosternum glabre ; tégument mat couvrant l’angle antérieur, la moitié
proximale des côtés latéro-antérieurs, finement et de façon peu distincte,
Aucune information n’a été trouvée sur Hahnel, le ainsi que la partie antérieure de la ligne axiale ; ailleurs brillant et très lisse.
récolteur du spécimen de Pebas (Pérou), de la fin du Métasternum (fig. 753) à aires latéro-antérieures avec une ponctuation
XIXe siècle (MNHN). Les autres spécimens sont récents. sétigère fine, assez courte et éparse autour des trochanters uniquement. Aires
Ceux du MNHN et du FSCA proviennent du même latéro-médianes glabres et lisses. Fossettes profondes en avant, moins en
arrière où elles sont faiblement élargies ; ponctuations sétigères comme
secteur. Des deux spécimens colombiens, le premier précédemment, uniformes partout, mais plus courtes.
(MCNO) est dû aux récoltes de HOWDEN (1976) ; le Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de rares et courtes soies espacées.
second (MCNO) à celles de l’hyménoptériste P.S. Ward. Stries peu profondes, mais les ponctuations assez fortes, régulières et distinctes
partout (fig. 754, 755).
Pattes. Aire infra-apicale des profémurs sétigère (fig. 756). Fossettes
59. Veturius (Ouayana) paraensis procoxales grandes, profondes et couvertes de soies très fines (fig. 757).
Protibias légèrement élargis, armés de 2-3 fortes épines acérées de longueurs
Luederwaldt 1927 souvent inégales, plus la fourche apicale. Mésotibias (fig. 758-759) avec une
(fig. 749-761 – 907, 920-921) épine post-médiane assez forte ; pubescence espacée et courte ; arête supérieure
peu marquée sur le tiers médian de sa longueur et sétigère jusqu’à l’apex ;
Veturius sinuatocollis KUWERT : MOREIRA 1922 : 261 & fig. 8 ; 1925 : 25. fourches apicales assez étroites et courtes ; spolons supérieurs fins, assez longs
Veturius paraensis : LUEDERWALDT 1927 : 37. et presque droits. Métatibias id., mais les soies moins nombreuses et l’arête
Veturius paraensis Luederw. : LUEDERWALDT 1931 : 34, 201 (partim supérieure nulle. Tarsomères V courts et fins (fig. 760).
negroensis) ; HINCKS 1934 : 153 ; HINCKS & DIBB 1935 : 25 (catal.) ; Édéage (fig. 761). Longueur : 2 mm. Habitus convexe et arrondi. Bord
REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.) ; BOUCHER 1987 : 372 (partim postérieur bilobé. Dorsal : paramères et phallobase séparés par une suture
guyanensis, negroensis) ; BOUCHER 1988b : 301. peu distincte ; paramères longs et étroits ; phallus entièrement ponctué vers
l’apex. Ventral : paramères nettement plus apparents que la phallobase, qui
Matériel type. Espèce décrite sur un spécimen du Pará (sans est limitée à une étroite sclérotisation ondulée.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
autre précision). Holotype (sexe indét.) : BRÉSIL, PARÁ : « Pará, V. punctatostriatus.
Lima 1922 / 06004 / Holotipo / Veturius paraensis Luederwaldt
det. 1928 » (MZSP). – Longueur totale : 33 mm. Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Ouayana) : taille ≤ 33 mm ; habitus plutôt grêle et étroit ; apex des
mandibules trifide, à dent inférieure peu développée ; tubercule central peu
Autre matériel examiné. 6 ex. élevé et non étiré en avant ; fossettes latéro-frontales marquées mais peu
BRÉSIL, PARÁ : Brasilia, Pará [= Belém, < 500 m] (MNHN O) ; Pará, profondes ; sillon post-frontal très incomplet ; aire médio-postérieure de la
Rio Acara, E. Horvath 1930 (MTMA 1 ex) ; Brasil, PA, Utinga, Belém, ligule simple mais convexe ; fossettes métasternales entièrement sétigères ;
J. Bechyné X.1962 (MZSP O); Brasil, Pará, Belém, K. Lenko VIII.1962 (MZSP méso- et métatibias épineux ; élytres noir profond, la ponctuation fine, mais
2P) ; Brasil, PA., R.B. Neto / Belém, Mocambo, III.1979 (MNRJ 1 ex). bien visible partout.

539
Stéphane Boucher

Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. guyanensis et de tubercules paramédians développés sur l’aire médio-postérieure de la ligule.
V. negroensis. Le tableau 2 (ci-après) résume les caractères qui séparent les trois Ces états diffèrent chez V. paraensis, V. guyanensis et V. negroensis.
espèces. Les autres espèces du sous-genre, présentes dans le Bassin Amazonien
ou en bordure de celui-ci, sont toutes plus grandes ou nettement plus grandes. Polymorphisme. Non appréciable hormis la taille (± 4 mm).
Les petits exemplaires de V. bleuzeni pourraient être une source de confusions,
mais V. paraensis, V. guyanensis et V. negroensis s’en séparent sans ambiguïté – Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce
entre autres caractères moins notables – par les fourches apicales des méso- uniquement connue de la rive sud du delta de l’Amazone
et métatibias bien plus étroites, et par les massues antennaires plus longues.
On notera aussi que V. magdalenae a les calus huméraux pubescents et les et du Tocantins (près de Belém, Pará oriental), où elle est
méso- et métatibias inermes, et que V. amazonicus et V. dominicae ont des sans doute endémique (fig. 907). Cette région ne dépas-

Figures 732-748
Veturius (Ouayana). – 732-738, V. unicornis Gravely, Amazonie ; 739-748, V. bleuzeni n. sp., Nord-Pacaraima. – 732, 739, tête (dorsal), tubercule central
(profil) ; 733, 740, palpe labial ; 734, 741, massue antennaire ; 735, 742, pronotum (dorsal, latéral) ; 736, 743, mésosternum ; 737, métasternum ; 744,
protibia (dorsal) ; 745-746, mésotibia (dorsal, latéral) ; 747, protarsomère V ; 738, 748, édéage. – Échelles : 1 mm.

540
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

sant pas 500 m d’altitude est occupée par la forêt ombro- brillante… bord antérieur du pronotum presque droit,…
phile de terre ferme ou inondable. La présence de l’espèce mésosternum terne… les côtés et la partie postérieure sont
plus vers le sud, aux confins du Pará et du Maranhão, où lisses et brillants… tibias intermédiaires avec une épine…
l’on trouve le même type de forêt, n’est pas à exclure. Longueur totale 33 mm » ; or, la combinaison de ces carac-
tères n’existe, parmi les Veturius du Pará oriental, que chez
Affinités chorologiques. Seule espèce du sous-genre connue
V. paraensis. Il est d’ailleurs probable que Luederwaldt, à
de la région. Sont sympatriques V. (Veturius) sinuosus (grpe
la lecture de Moreira, ait compris qu’il ne pouvait s’agir
« transversus ») et V. cephalotes (grpe homonyme).
du véritable sinuatocollis (qui n’a effectivement rien à voir),
Remarques taxinomiques et historiques. La courte mais d’un taxon inconnu qu’il se serait alors un peu
diagnose de LUEDERWALDT (1927) ne permet pas de empressé de décrire. On peut en effet lire LUEDERWALDT
distinguer l’espèce de V. guyanensis ou de V. negroensis. De (1927) : « … limito-me aqui, descreve sómente as novidades
plus, cet auteur a comparé son taxon à V. (Veturius) tuber- em poucas palavras, apenas para reservar-me o direito de
culifrons (grpe « sinuatocollis »), qui est pourtant bien diffé- prioridade ».
rent et endémique d’Amérique Centrale. LUEDERWALDT Par la suite, les auteurs qui ont cité l’espèce ne la
(1931) a complété ses données par l’examen de deux autres connaissaient pas (HINCKS 1934, HINCKS & DIBB 1935,
spécimens, l’un de Mosqueiro (Pará), l’autre du rio Negro REYES-CASTILLO 1970). BOUCHER (1987) en a fait la révi-
(Amazonas). Ce dernier n’est pas V. paraensis, mais sion à partir du type, mais ce spécimen a été comparé dans
V. negroensis. La redescription est donc caduque, comme l’erreur avec des V. guyanensis de Guyane. Quant aux spéci-
le prouve la formule : « Ambas as mandibulas com 2 dentes mens cités par FONSECA (1981, 1988, 1991) et par AGUIAR
terminaes, sendo ás vezes accusado um terceiro dente » (le & BÜHRNHEIM (1998), tous sont en réalité des V. negroen-
premier état du caractère s’applique à V. negroensis, le second sis (une confusion avec d’autres espèces est toutefois
à V. paraensis). possible ; voir V. amazonicus).
En revanche, LUEDERWALDT (1931) a souligné, à Les rares spécimens connus sont tous de la région de
raison, que le spécimen cité par MOREIRA (1922, 1925) Belém. Le plus ancien, de la collection Bates (MNHN),
comme « V. sinuatocollis Kuwert », de Mosqueira égale- provient sans doute de son expédition avec Wallace, sur
ment, devait être un V. paraensis. Je n’ai pas vu ce spéci- l’Amazone, en 1848. Bates ne l’avait apparemment pas
men, mais M OREIRA (1922) a indiqué « Tête lisse et étudié.

Tableau 2. Distinction morphologique entre V. paraensis, V. guyanensis et V. negroensis.

caractères V. paraensis V. guyanensis V. negroensis

longueur totale 29-33 mm 29-30 mm 29-33 mm


teinte élytrale noir profond id. noir grisé
tubercule central élancé à 45° id. très court
écartement des tubercules internes rapprochés id. éloignés
fossettes latéro-frontales peu profondes id. profondes
sillon post-frontal effacé id. complet
apex mandibulaires trifides id. bi- ou trifides
aire médio-postérieure de la ligule convexe id. plane
fossette des processus hypostomaux faible id. forte
fossettes métasternales : forme étroite partout id. élargie en arrière
'' '' ponctuation et pubescence présente partout id. proximale
ponctuation élytrale bien visible invisible bien visible
profémurs : forme étroits id. convexes
'' pubescence infra-apicale présente id. absente
arête supérieure mésotibiale peu distincte id. développée
pubescence supra-apicale méso- et métatibiale présente id. absente
protarsomères fins id. épais
édéage : habitus large étroit large
'' suture paramères / phallobase peu distincte distincte peu distincte

541
Stéphane Boucher

60. Veturius (Ouayana) guyanensis n. sp. opp. Langataboetje, M. Russell VII.1980 (NHML 2 ex) ; Guyane,
(fig. 771-776 – 907, 920-921) Montagne des Singes, Kourou, piège lumineux, M. Duranton
X.1986 (MNHN* 2O); Guyane, piste Paul Isnard, Camp Voltaire,
Passalus Assimilis Weber : PERCHERON 1835 : 96 ; 1841 : 38 ; BURMEISTER piège lumineux, Ph. Moretto VII-VIII.1992 / ex coll. Ph. Moretto
1847 : 511, 518 (partim assimilis sensu Weber) ; SMITH 1852 : 17 1999 (MNHN* 1 ex). Guyane, piste Belizon pK3, sous tronc
(partim id.).
pourri, G. Moragues X.2005 (PO MNHN*).
Veturius assimilis Web. : KAUP 1871 : 111 (partim id.) ; KUWERT 1891 : 173,
1898 : 166 (partim id.). Caractères diagnostiques. Les caractères qui séparent l’espèce de V. paraensis
Veturius assimilis (Weber) : MOREIRA 1922 : 268 & fig. 15 ; 1925 : 19 & et de V. negroensis sont indiqués tab. 2. Les autres caractères sont peu ou pas
fig. 4 (partim id.) ; LUEDERWALDT 1931 : 39 (partim id.) ; HINCKS & distincts de V. paraensis et de V. punctatostriatus.
DIBB 1935 : 23 (catal. ; partim id.) ; REYES-CASTILLO 1973 : 1543 Derivatio nominis. De l’endémisme probable des Guyanes Atlantiques.
(catal.) ; BOUCHER 1986 : 498 (partim id.).
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
Veturius paraensis Luederwaldt : BOUCHER 1987 : 372 (partim paraensis sensu autre V. (Ouayana) : taille ≤ 31 mm ; habitus assez grêle et étroit ; apex
Luederwaldt, negroensis). mandibulaires trifides, les dents inférieures distinctes ; tubercule central court,
peu étiré en avant, l’apex obtus ; fossettes latéro-frontales marquées, larges
Matériel type. 10 ex. Holotype P : GUYANE F. : Guyane, Saül, mais peu profondes et peu rebordées en avant ; sillon post-frontal très
tronc pourri, V. Gussarov VII.1995 (MNHN*). Paratypes : incomplet ; aire médio-postérieure de la ligule simple mais convexe ; fossettes
métasternales entièrement sétigères ; méso- et métatibias épineux ; élytres
Cayenne / Chevrolat / Coll. Chevrolat / assimilis Weber [dét.
noir profond, à ponctuation très fine, indistincte presque partout.
Percheron < 1835] / V. paraensis Lued. ?, det Doesburg / Coll. van
Doesburg 1973 (NNML 1ex); Cayenne / Ex Musaeo J. Thomson / Affinités morphologiques. Voir V. paraensis et fig. 771-776.
assimilis Weber [dét. Percheron] (MNHN P); Guyane, St. Laurent Polymorphisme. Non appréciable chez les quelques exemplaires connus.

Figures 749-761
Veturius (Ouayana) paraensis Luederwaldt, Pará. – 749, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 750, processus hypostomal ;
751, palpe labial ; 752, pronotum (dorsal, latéral) ; 753, métasternum ; 754, élytre (latéro-dorsal) ; 755, stries disco-élytrales I-III ; 756, profémur (ventral) ;
757, fossette procoxale ; 758-759, mésotibia (latéral, dorsal) ; 760, protarsomère V ; 761, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique, distribution dans l’aire. remarquables, mais ils n’en restent pas moins typiques de
Espèce uniquement connue de Guyane Française, d’une Ouayana. De plus, puisque l’on pense que Percheron n’a
altitude inférieure à 500 m (fig. 907). On peut présumer pas connu le véritable V. assimilis (voir p. 447, 500), il ne
qu’elle existe au Surinam et dans l’Amapá. pouvait avoir confondu les deux espèces.
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique avec Entre P ERCHERON (1835) et B OUCHER (1987),
V. (Ouayana) punctatostriatus, V. (Veturius) sinuosus (grpe V. guyanensis n’a jamais été examiné. Et depuis lors, malgré
« transversus »), V. cephalotes (grpe homonyme), V. charpen- les recherches effectuées en Guyane, seulement dix exem-
tierae et V. christiani (grpe « libericornis »). plaires ont été pris. La rareté de l’espèce est comparable,
parmi les Veturius de Guyane, à V. (Ouayana) punctatos-
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce est triatus, V. (Veturius) charpentierae et V. christiani.
en réalité connue depuis PERCHERON (1835, 1841), qui
l’avait identifiée « V. assimilis » sur du matériel de Guyane. 61. Veturius (Ouayana) negroensis n. sp.
Cette erreur a été reprise par tous les auteurs, notamment
(fig. 762-770 – 907, 920-921)
B URMEISTER (1847), S MITH (1852), K AUP (1871),
K UWERT (1891, 1898), M OREIRA (1922, 1925), Veturius paraensis Luederw. : LUEDERWALDT 1931 : 34 (partim
L UEDERWALDT (1931), H INCKS & D IBB (1935) et paraensis sensu Luederwaldt).
Veturius paraensis Luederwaldt : FONSECA 1981 : 840 (partim
BOUCHER (1986). BOUCHER (1987) a montré que certains amazonicus ?) ; BOUCHER 1987 : 372 (partim paraensis sensu
détails dans les descriptions et les figures de Percheron ne Luederwaldt, guyanensis) ; F ONSECA 1988 : 215 (partim
pouvaient correspondre à V. assimilis, mais à V. christiani, amazonicus ?) ; R IBEIRO & F ONSECA 1991 : 226 (partim
espèce décrite de Guyane et qui en est peu distincte. Dès amazonicus ?) ; A GUIAR & B ÜHRNHEIM 1998 : 454 ;
MOUZINHO & FONSECA 1998 : 19.
lors, V. assimilis était relégué parmi les endémiques du
Brésil Atlantique. Matériel type. 50 ex. Holotype P : VENEZUELA, AMAZO-
La redécouverte de deux spécimens étudiés par NAS : Venezuela, Amazonas, Puerto Ayacucho, rte Pintapa à
Percheron infirme à présent l’hypothèse d’une confusion Samariapo, 500 m, piège lumineux, P. Bleuzen VII.1989
avec V. christiani, mais elle ne remet pas en cause l’endé- (MNHN*). Paratypes : id. HT (MNHN* P) ; Venezuela,
misme de V. assimilis. Le premier spécimen examiné est Amazonas, rte Gavilan à Puerto Ayacucho, < 500 m, piège lumi-
celui de la collection Thomson (MNHN). Son identifica- neux, P. Bleuzen XI.1990 (MNHN* P) ; Venezuela, Amazonas,
tion « V. assimilis » (omise par BOUCHER 1987) est manus- Rio Negro / Rio Baria, 140 m / C. Padilla II-III.1984 (IZAM
crite par Percheron. Le second spécimen (NNML), iden- P, 3 ex) ; Venezuela, Amazonas, VII.1984 / Mamuxovidi, Rio
tifié aussi par Percheron, est plus intéressant encore car il Pasimonia / L.J. Joly, J. Demarmels (IZAM P) ; Venezuela,
provient de la collection Chevrolat, comme l’avait indi- Amazonas, Rio Negro, VI.1984 / San Carlos de Rio Negro,
65 m / L.J. Joly, J. Demarmels (IZAM 1ex); Venezuela, Amazonas,
qué PERCHERON (1835). Une relecture minutieuse de ce
150 m / Alto Rio Mavaca, II-III.1989 / J. Demarmels, A. Chacon
dernier permet d’associer les deux spécimens, notamment
(IZAM 2P) ; Venezuela, Amazonas, III.1984 / Rio Baria, 140 m /
par : « Long. 13,5 lignes [30 mm]… [tubercule central] aigu E. Osuna, A. Chacon (IZAM 2P, O) ; Venezuela, Amazonas, San
à son extrémité… sillon marginal [pronotal] entièrement Pedro de Cataniapo, VIII.1981 / J.L. Garcia (IZAM 2O) ;
lisse ; les tibias antérieurs sont un peu plus dilatés que d’ha- Venezuela, Amazonas, 600 m, X.1987 / Talud Cerro Aracamoni,
bitude ; leurs dentelures [épines latérales], contrairement aux Exp. Terramar (IZAM PO) ; Venezuela, Amazonas, Parq. Nac.
autres espèces, ne sont qu’au nombre de deux, outre les deux Duida-Marahuaka / Culebra, 250 m, XII.1985 / Exp. Marahuaka
terminales… aucune partie du corps n’offre de villosité remar- Fund. Terramar (IZAM O) ; Venezuela, Amazonas, Sta Lucia [±
quable… ». A l’exception de la longueur totale, aucun de 500 m], XI.1982 / A. Chacon, G. Yepez (IZAM 1 ex) ; Venezuela,
ces caractères n’existe chez V. christiani, mais tous sont très Amaz., Cerro de la Neblina, Basecamp, 140 m, II.1984, D. Davis
nets chez V. guyanensis ; la figure de la tête et du pronotum & T. McCabe II.1984 (USNM P) ; id., under bark, rain forest,
donnée par le même auteur corrobore précisément ce qu’il W.E. Steiner II.1985 (USNM 3P, O) ; Venezuela, Mt. Duida,
a écrit. Autrement dit, les spécimens de Percheron sont XI.1928 / Ac. 29500 (AMNH 4 ex) ; Venezuela, Amazonas, Rio
bien ceux-ci (1). Mavaca Camp, 150 m 1989 / D.A. Grimaldi, Phipps-FUDECI
Exped. Am. Mus. Nat. Hist. (AMNH 1 ex) ; Venezuela,
PERCHERON (1835) a signalé sur ses spécimens la dila-
Amazonas, Cerro de la Neblina, base camp, 120 m, Rozen &
tation particulière des protibias et la faible villosité de l’en- Stupakoff II.1984 (AMNH 1 ex).
semble du corps et des pattes. Ces caractères sont peu
BRÉSIL, AMAZONAS : Amazon, Manaos, Ohaus II.1906 /
Veturius n. sp., det. Ohaus (MNHB 2 ex) ; Brazil, Amazonas, Rio
Caiary-Uaupés, H. Schmidt VIII-IX.1906 (AMNH 2 ex) ; Brasil,
(1) Ces deux spécimens vus par Percheron ont sans doute été pris par AM., Taracuá, Rio Uaupés, Pereira & Machado VIII.1964
Lacordaire, durant son séjour en Guyane, 1824-1831. LACORDAIRE (1833)
n’a donné qu’un bref commentaire sur les Passalides qu’il y a observés, et sans
(MZSP P) ; Brasil, Matucará, Rio Negro, I.1963 / AM., J. &
les avoir identifiés. DEYROLLE (1875) a signalé que Chevrolat avait acquis B. Bechyné (MZSP 1 ex) ; Tapuruquara, Rio Negro, AM, XI.1962,
des Insectes de Guyane par les récoltes de Lacordaire. J. Bechyné XI.1962 (MZSP P) ; Brasil, AM., Serra de Neblina, Rio

543
Stéphane Boucher

Tucano, 230 m, E Dente XII.1965 (MZSP 2 P) ; Brasil, Amazonas, les V. (Veturius), sont sympatriques V. sinuosus (grpe « trans-
Res. Ecol. Ducke, Fonseca, Reyes-Castillo & Castillo V.1988 (IMEX versus »), V. cephalotes (grpe homonyme), sans doute aussi
7 ex) ; Brasil, Amazonas, Manaus Itacoatiara [< 500 m], P. Reyes- V. lepidus (grpe « libericornis »).
Castillo II.1992 (IMEX P, 2 O). – PARÁ : Pará, Terra Santa Fáro,
M. Albuquerque IV.1967 (MNRJ 1 ex). Remarques taxinomiques et historiques. Ohaus, le
premier, a reconnu l’espèce en 1906, comme le montrent
Caractères diagnostiques. Les caractères qui séparent l’espèce de V. paraensis les spécimens de Manaus qu’il a identifiés «n. sp.» (MNHB).
et de V. guyanensis sont indiqués tab. 2 et fig. 762-770. Les autres caractères La même année, le paléontologue Schmidt a pris des spéci-
sont peu ou pas distincts de V. paraensis et de V. punctatostriatus.
Derivatio nominis. Du bassin du rio Negro, où l’espèce semble la plus
mens sur le haut Negro (AMNH) ; d’autres ont été pris en
répandue. 1928 sur le Mt. Duida (Venezuela) par un récolteur inconnu
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
(AMNH), précédant ainsi depuis longtemps ceux de l’ex-
autre V. (Ouayana) : taille ≤ 33 mm ; habitus assez grêle et étroit ; apex pédition Terramar, en 1987 (IZAM ; voir AYALA 1989).
mandibulaires bifides ou indistinctement trifides ; tubercule central court, LUEDERWALDT (1931) a confondu l’espèce avec son
étiré en avant, l’apex tuberculé ; fossettes latéro-frontales marquées, larges et V. paraensis, sur un spécimen de San Gabriel (rio Negro,
assez profondes, bien rebordées en avant ; aire post-frontale délimitée par un
sillon très fin mais net ; aire médio-postérieure de la ligule plane et non Amazonas brésilien). En revanche, BOUCHER (1987) ne
tuberculée sur les côtés ; fossettes métasternales presque glabres et lisses sur la connaissait pas lors de sa révision de V. paraensis.
leur tiers distal ; méso- et métatibias épineux ; élytres noir bleuté ou grisé, la Récemment, FONSECA (1981, 1988) RIBEIRO & FONSECA
ponctuation fine mais bien visible partout.
(1991), AGUIAR & BÜHRNHEIM (1998) et MOUZINHO
Affinités morphologiques. Voir V. paraensis. En outre, on distinguera aisément & FONSECA (1998) l’ont confondue avec V. paraensis (1),
l’espèce de V. amazonicus par l’absence de tubercule paramédian sur l’aire
médio-postérieure de la ligule, ainsi que par : taille moindre; élytres à coloration sur des spécimens de l’Amazonas brésilien : Manaus-
plus claire, gris-noir, et à ponctuation plus forte; arête supérieure des mésotibias Caracaraí (Reserva Ducke, 50 km N-Manaus), Coari
plus convexe, glabre proche de l’apex ; fossettes métasternales en partie glabres. (350km W-Manaus) et Manacapuru (rio Solimões).
Polymorphisme. Sauf la taille (jusqu’à 4 mm, ce qui est important pour une
espèce n’excédant pas 33-34 mm) les variations sont peu appréciables. On
notera surtout l’apex des mandibules ; bien que bifide, il accuse parfois une
62. Veturius (Ouayana) bleuzeni n. sp.
dent inférieure très discrète, mais visible chez des immatures, ce qui pourrait (fig. 739-748 – 907, 920-921)
prêter à confusion avec V. paraensis, V. guyanensis ou V. amazonicus.
Matériel type. 3 ex. Holotype P : VENEZUELA, BOLÍVAR :
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce Venezuela, Bolívar, rte Sta. Elena à Eldorado km 120, 1 200 m,
connue de deux régions distinctes, mais contiguës : le Bassin piège lumineux, P. Bleuzen VII.1986 (MNHN*). Paratypes :
Amazonien central (rive nord de l’Amazone, au Brésil : id., km 133, 1 300-1 350 m 1994 (MNHN* 2P).
Amazonas et Pará) et le bassin supérieur de l’Orénoque, en Caractères diagnostiques. Habitus allongé, assez étroit, glabre.
particulier son affluent le Guainía (Venezuela : Amazonas). Taille petite à moyenne. Longueur totale : 30,5-33 mm ; largeur
Ce vaste territoire ceinture le Massif de Pacaraima par le maximale : 10,5-11,5 mm aux élytres.
sud et par l’ouest (fig. 907). Il est probable que l’espèce soit Tête (fig. 739). Tubercule central conico-pyramidal, étiré en avant, court,
l’apex droit à aigu mais bien émoussé. Tubercules latéro-postérieurs à peine
davantage répandue vers l’ouest, en Amazonie colombienne marqués, droits et perpendiculaires au tubercule central. Tubercules tentoriaux
(Vichada et Guainía, d’où l’on ne connaît presque aucun à peine marqués à effacés. Rides frontales postérieures courtes et bien
Veturius), vers l’est, dans le Roraima non tropophile, ainsi marquées ; verticales et obtuses depuis l’apex du tubercule central, puis
divergent en angle très obtus et atteignant les tubercules internes. Tubercules
que dans le Pará occidental. internes très marqués. Angle des rides frontales plus ou moins concave à la
Cette répartition est conditionnée par une altitude infé- base du tubercule central puis, en avant, plan. Aire médio-frontale plane et
rieure à 500 m environ, laquelle correspond à la forêt très lisse. Clypéus convexe, assez large, en forme d’accolade peu marquée, le
bord antérieur droit non incisé au milieu ; angles antérieurs aigus, mais peu
ombrophile de l’Hylaea. Dans l’étage supérieur à celui-ci, proéminents et peu visibles en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales étroites
soit dans les bas contreforts du Cerro de la Neblina (entre et courtes, peu profondes et mollement rebordées ; bord antérieur non
Brésil et Venezuela) et des Mts. Duida, Marahuaka et proéminent ; angles très arrondis. Aires latéro-post-frontales peu profondes,
glabres et très lisses. Angles antérieurs de la tête très obtus à presque nuls.
Aracamoni (Venezuela), l’absence de l’espèce semble établie. Canthus oculaires courts, étroits, bien rétrécis au milieu ; apex antérieur
Dans le contexte biogéographique guyano-amazonien, droit, émoussé, ne dépassant pas l’œil. Fossettes post-oculaires larges,
V. negroensis est séparé, d’une part de V. paraensis par complètes mais peu marquées, en partie sétigères. Aire post-frontale sans
sillon postérieur. Ligule à apex antérieur simple et long ; aire médio-postérieure
l’Amazone et par le Tocantins deltaïques, d’autre part de étroite et convexe. Mentum à disque étroit, convexe, avec des ponctuations
V. guyanensis par les reliefs des Mts Acaraí et Tumuc-Humac sétigères éparses ; ailes assez longues, avec de soies éparses, les fossettes peu
(pl. I, p. 372). Il est très vraisemblable que ces deux marquées, un peu diffuses et les côtés faiblement cintrés. Article II des palpes
barrières, bien que différentes dans leur principe, soient à labiaux (fig. 740) trapu, fortement élargi en avant, glabre au milieu, presque
une fois et demie plus long que le III. Bord antérieur du labre droit ou à
l’origine de la vicariance des trois espèces.
Affinités chorologiques. Espèce sympatrique, dans
l’Amazonas brésilien, avec V. (Ouayana) amazonicus, sans (1) Une seconde espèce confondue avec V. paraensis, par au moins l’un de
doute aussi V. punctatostriatus (inconnu de la région). Parmi ces auteurs, est V. amazonicus (voir p. 545).

544
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

peine concave. Mandibules assez courtes et nettement cintrées ; apex bifides ; 1 500 m d’altitude environ) du versant nord du Massif de
dents dorsales allongées, droites, basses, l’apex obtus. Massues antennaires
très courtes et trapues (fig. 741) ; article IX un peu plus long que les VIII
Pacaraima (Venezuela : Bolívar, Gran Sabana ; fig. 907).
et X ; X bien arrondi extérieurement.
Pronotum (fig. 742) à angles très arrondis. Bord antérieur à peine bilobé.
Affinités chorologiques. V. magdalenae et V. dominicae
Angles antérieurs peu abaissés. Sillon marginal élargi, subparallèle, assez sont peut-être sympatriques car l’altitude et l’étage de végé-
profond ; lisse et atteignant la moitié de la largeur du pronotum dans sa tation de leurs localités sont similaires. Une parapatrie avec
partie antérieure ; fossettes médianes antérieures, avec quelques ponctuations V. punctatostriatus (connu aussi de la Gran Sabana) est
rondes, petites et éparses. Pré-épimères avec des soies espacées, surtout
postérieures. possible, ainsi qu’avec V. (Veturius) sinuosus (grpe « trans-
Mésosternum glabre (fig. 743) ; tégument mat couvrant l’angle antérieur, versus ») et V. cephalotes (grpe homonyme), mais dans leur
les deux tiers proximaux des côtés antérieurs et une très étroite et courte plus haut étage.
portion antérieure de la ligne axiale ; ailleurs brillant et très lisse.
Métasternum à aires latéro-antérieures avec une ponctuation sétigère
fine et éparse autour des trochanters uniquement. Fossettes profondes en 63. Veturius (Ouayana) amazonicus n. sp.
avant ; peu élargies et presque planes en arrière ; les soies comme
précédemment, mais plus courtes et plus denses.
(fig. 777-786 – 907, 920-921)
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies espacées [?] Veturius paraensis : FONSECA 1981 : 840 ; 1988 : 215 ; 1991 :
presque partout. Stries peu marquées, les ponctuations indistinctes partout. 226 (partim negroensis ?).
Pattes. Fossettes procoxales larges et profondes. Protibias élargis (fig. 744),
armés de 2 fortes épines acérées, plus la fourche apicale. Mésotibias (fig. 745- Matériel type. 5 ex. Holotype P : PÉROU, LORETO : Pérou,
746) avec une forte épine post-médiane ; pubescence espacée et peu allongée ;
arête supérieure très marquée sur le tiers de sa longueur médiane ; fourche
Loreto, Jenaro Herrera [< 500 m], sous tronc pourri de Palmacée,
apicale large et longue ; spolon supérieur fin, assez court et droit ou presque. G. Couturier-IRD IX.1987-X.1989 (MNHN) Paratypes : id.
Métatibias id., mais les soies encore moins nombreuses et l’arête supérieure HT (MNHN O).
nulle. Tarsomères V fins et longs (fig. 747). BRÉSIL, AMAZONAS : Brasil, AM., Vila Bittencourt
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué et complet ou [< 500 m], XI.1977, E.P.A. col. (MZSP O) ; Brasil, Amazonas, P.N.
presque.
Jaú, IG DO Miratucu [< 500 m], L. Aquino VII.1995 / V. paraen-
Édéage (fig. 748). Longueur : 2,2 mm. Habitus ogival. Ventral : paramères
et phallobase séparés par une suture très indistincte ; bord postérieur de la sis, det. Fonseca 1996 (IMEX 2O).
phallobase bilobé ; sclérotisation du phallus ponctuée partout. Dorsal :
paramères convexes, bien apparents, de même que la phallobase, mais à ses Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 35-36 mm ;
extrémités seulement. largeur maximale : 12-12,5mm aux élytres.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de Tête (fig. 777). Structure médio-post-frontale peu développée. Tubercule
V. punctatostriatus. central conico-pyramidal peu élevé, étiré en avant, l’apex obtus à droit et
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. P. Bleuzen (Paris), récolteur de arrondi. Tubercules tentoriaux marqués à presque effacés. Rides frontales
la série type. postérieures courtes et bien marquées, inclinées et parallèles depuis l’apex
du tubercule central, puis divergent en angle très obtus et atteignant les
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun tubercules internes. Clypéus convexe, assez large, en forme d’accolade bien
autre V. (Ouayana) : taille ≥ 30, ≤ 34 mm ; apex mandibulaires bifides ; marquée ; angles antérieurs droits à aigus, proéminents, visibles en vue dorsale.
massues antennaires très courtes et trapues ; fossettes latéro-frontales étroites, Fossettes latéro-frontales larges et longues, profondes et bien rebordées ; bord
peu profondes, presque rondes ; angles du pronotum très arrondis ; fossettes antérieur peu proéminent ; angles très arrondis. Aires latéro-frontales assez
margino-pronotales avec des ponctuations fines et éparses ; méso- et métatibias profondes, glabres et lisses. Canthus oculaires courts, subparallèles ou un
fortement épineux, les fourches apicales longues et larges ; arête supérieure peu rétrécis vers l’apex. Fossettes post-oculaires larges, complètes ou non, en
des mésotibias très convexe au milieu ; élytres à ponctuation invisible partout partie sétigères. Aire post-frontale non délimitée par un sillon. Ligule à apex
et calus huméraux glabres. antérieur simple et long ; aire médio-postérieure assez étroite, avec une paire
Affinités morphologiques. Cette espèce partage avec V. punctatostriatus les de tubercules paramédians développés. Mentum à disque étroit, convexe,
angles du pronotum très arrondis, ce qui lui confère, entre autres caractères avec des ponctuations sétigères éparses. Article II des palpes labiaux allongé,
moins notables, un habitus assez ressemblant. Mais V. bleuzeni est plus petit, assez fortement élargi en avant, glabre au milieu (fig. 778). Bord antérieur
moins massif, avec la structure médio-post-frontale moins développée (surtout du labre concave à presque droit. Mandibules plutôt courtes et fortement
les fossettes latéro-frontales), les massues antennaires bien plus courtes, la cintrées ; apex bifides, les dent inférieures plus larges et plus arrondies que
ponctuation élytrale presque nulle, etc. les supérieures. Massues antennaires assez longues, surtout les deux articles
Par la taille, V. bleuzeni pourrait être rapproché de V. paraensis, apicaux (fig. 779).
V. negroensis et V. guyanensis, mais le pronotum très arrondi, les méso- et Pronotum (fig. 780). Angles très arrondis. Bord antérieur peu bilobé à
métatibias fortement épineux et à fourche apicale longue et large, l’arête droit. Sillon marginal peu élargi, subparallèle, peu profond ; lisse et atteignant
supérieure des mésotibias nettement convexe, la ponctuation élytrale presque plus de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes
nulle, etc., l’en séparent aussi sans ambiguïté. médianes antérieures, avec des ponctuations rondes, fine ou fortes et peu
Enfin, on distinguera V. bleuzeni de V. dominicae – dans la mesure où nombreuses. Pré-épimères avec des soies espacées postérieures.
ce dernier occupe peut-être le même territoire et qu’il lui ressemble sur Mésosternum glabre (fig. 781) ; tégument mat couvrant l’angle antérieur,
certains points – par les caractères suivants : habitus plus étroit et taille les côtés antérieurs largement et au moins la moitié proximale de la ligne
moindre ; développement de la structure médio-post-frontale plus modeste ; axiale ; ailleurs brillant et très lisse.
apex des mandibules bifide; apex postérieur de la ligule étroit et sans tubercules Métasternum (fig. 782) à aires latéro-antérieures avec une ponctuation
paramédians ; massues antennaires plus courtes ; ponctuation élytrale sétigère fine et éparse près des trochanters uniquement. Aires latéro-médianes
indistincte partout ; pronotum visiblement plus arrondi ; épines latérales et glabres et lisses. Fossettes profondes partout, peu élargies en arrière, ponctuées
fourches apicales méso- et métatibiales nettement plus fortes ; pubescence et sétigères comme précédemment, mais plus densément.
moindre de l’ensemble du corps et des pattes. Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de rares soies courtes et espacées.
Stries peu profondes, les ponctuations fines mais visibles partout, surtout
sur les côtés (fig. 783).
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce Pattes. Protibias légèrement élargis (fig. 784), armés de 2-3 fortes épines
seulement connue de la forêt ombro-mésophile (1 000- acérées, plus la fourche apicale. Mésotibias (fig. 785) avec une forte épine

545
Stéphane Boucher

post-médiane ; pubescence espacée et peu allongée ; arête supérieure bien Affinités morphologiques. Espèce affine, par la taille et l’habitus, de
marquée, convexe sur la moitié de sa longueur médiane ; fourches apicales V. punctatostriatus, V. unicornis, V. magdalenae et surtout V. dominicae (espèce
assez étroites et courtes ; spolons supérieurs fins, assez courts et presque droits. sœur). Comme V. dominicae, V. amazonicus a une paire de tubercules
Métatibias avec 1-2 courte(s) à très courte(s) épine(s). paramédians sur le bord postérieur de la ligule, mais ils sont bien moins
Édéage (fig. 786). Longueur : 2,5 mm. Habitus assez étroit, peu convexe développés (aucune autre espèce du sous-genre n’a ces tubercules). Pour le
et allongé. Bord postérieur concave. Ventral : paramères et phallobase séparés reste, V. amazonicus se distingue de V. dominicae par quelques caractères non
par une suture peu distincte ; paramères étroits et allongés ; phallobase ambigus : ponctuation élytrale distincte presque partout ; massues antennaires
largement ponctuée et sclérotisée. Dorsal : paramères et phallobase visibles, plus longues (du type de V. punctatostriatus); processus hypostomaux fortement
mais limités à une frange marginale. incisés au milieu ; article II des palpes labiaux plus étroit et moins trapu ;
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de tégument mat mésosternal plus étendu et couvrant toute la ligne axiale. Dans
V. punctatostriatus. une moindre mesure, les fourches apicales méso- et métatibiales sont un peu
plus étroites et plus courtes, le sillon antérieur infra-profémoral presque complet
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
et le sillon marginal du sternite VII plus long et plus profond. On ne connaît
autre V. (Ouayana) : taille ≥ 35 mm ; apex mandibulaires bifides ; tubercules
toutefois qu’un seul exemplaire de V. dominicae, si bien qu’il est prématuré
internes développés ; tubercule central court, l’apex droit à obtus ; fossettes
d’établir une valeur taxinomique pour cette seconde série de caractères.
latéro-frontales grandes, profondes ; aire post-frontale non délimitée par un
sillon ; aire médio-postérieure de la ligule avec une paire de tubercules Polymorphisme. Peu notable chez les rares spécimens connus. Ceux de Vila
paramédians développés ; massues antennaires longues ; méso- et métatibias Bittencourt et du Jaú ont les fossettes latéro-frontales un peu plus grandes
épineux ; stries élytrales peu profondes, à ponctuations fines, mais visibles et plus profondes, les canthus oculaires plus larges et non rétrécis vers l’apex,
presque partout. et le tégument mat mésosternal étendu sur presque toute la ligne axiale.

Figures 762-776
Veturius (Ouayana). – 762-770, V. negroensis n. sp., Amazonie ; 771-776, V. guyanensis n. sp., Guyane. – 762, 771, tête (dorsal), tubercule central (profil),
apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 763, processus hypostomal ; 767, profémur (ventral) ; 768-769, mésotibia (latéral, dorsal) ; 770, protarsomère V ; 772,
mésosternum ; 764, 773, métasternum ; 765, 774, élytre (latéro-dorsal) ; 766, 775, stries disco-élytrales I-III ; 776, édéage. – Échelles : 1 mm.

546
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Répartition géographique, distribution dans l’aire. Espèce Loreto, rive ouest du rio Ucayali) et Vila Bittencourt (entre
connue de deux régions éloignées l’une de l’autre dans Amazonas brésilien et colombien), d’autre part le Parc Jaú
l’Amazonie centrale : d’une part Jenaro Herrera (Pérou : (Amazonas brésilien : NW-Manaus). Ces localités sont

Figures 777-797
Veturius (Ouayana). – 777-786, V. amazonicus n. sp., Amazonie ; 787-797, V. dominicae n. sp., Roraima. – 777, 787, tête (dorsal), tubercule central (profil) ;
778, 788, palpe labial ; 789, ligule (ventral) ; 790, ligule et mentum (profil ventral) ; 779, 791, massue antennaire ; 781, 793, mésosternum ; 782, 794,
métasternum ; 784, 796, protibia (dorsal) ; 785, 797, mésotibia (latéral, dorsal) ; 783, 795, stries disco-élytrales I-III ; 786, édéage. – Échelles : 1 mm.

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Stéphane Boucher

toutes situées sur la rive nord de l’Amazone (fig. 907). En Répartition géographique, distribution dans l’aire.
dépit de ces maigres données, on est en mesure de penser Espèce uniquement connue de la forêt ombro-mésophile
que l’espèce est un endémique de la forêt de basse altitude du versant sud du Massif de Pacaraima (environ 1 000 m
de l’Hylaea centre-occidentale. d’altitude), entre le Brésil (Amazonas) et le Venezuela
(Bolívar ; fig. 907).
Affinités chorologiques. Comme V. unicornis (voir p. 539).
Affinités chorologiques. L’espèce est peut-être sympatrique
Remarques taxinomiques et historiques. Les caractères avec V. bleuzeni, bien que celui-ci soit inconnu du versant
morphologiques externes de V. amazonicus et de V. domi- sud du Massif de Pacaraima, ainsi qu’avec V. magdalenae,
nicae sont extrêmement voisins, plus qu’entre toutes les mais qui est connu, quant à lui, de la partie occidentale
autres espèces du sous-genre. En revanche, leurs localisa- du même versant, soit à plus de 400 km linéaires. Une
tions géographiques et éco-altitudinales sont incompa- parapatrie avec V. negroensis n’est pas à exclure. Les autres
tibles. Dans les collections, les spécimens du Jaú ont été espèces du sous-genre sont allopatriques.
confondus avec V. paraensis par Fonseca. Cette erreur Parmi les autres Veturius, une parapatrie est possible
s’ajoute à celles de FONSECA (1981, 1988, 1991) entre avec V. (Veturius) sinuosus (grpe « transversus »), V. cephalotes
V. paraensis et V. negroensis. (grpe homonyme) et V. charpentierae (grpe « libericornis »).
La localisation de V. hermani (grpe « transversus »), sur le
64. Veturius (Ouayana) dominicae n. sp. versant est du Roraima, suggère davantage une sympatrie.
(fig. 787-797 – 907, 920-921) Remarque historique. De nombreux et intéressants
Matériel type. Holotype O : VENEZUELA, BOLÍVAR : Passalides ont été récoltés par le coléoptériste tchèco-véné-
«Venezuela, Bolívar, Agua Fria (cr. Sta. Elena), 1000 m, XI.1966 / zuélien J.K. Bechyné (1920-1973 ; voir OSUNA 1973). La
J. & B. Bechyné & E. Osuna » (IMEX O). majeure partie de son matériel est préservée à l’IZAM et
a pu être étudiée. Les expéditions de Bechyné l’ont mené
Caractères diagnostiques. Taille moyenne. Longueur totale : 35 mm ; largeur dans toutes les grandes régions de l’Amérique tropicale,
maximale : 12 mm aux élytres. mais surtout en Amérique Centrale, au Brésil et au
Tête (fig. 787). Apex mandibulaires trifides, les dents inférieures très
réduites, peu distinctes. Article II des palpes labiaux court et large (fig. 788).
Venezuela. L’unique spécimen connu de V. dominicae lui
Ligule (fig. 789, 790) à aire médio-postérieure assez étroite et munie d’une est dû.
paire de tubercules paramédians très développés (d’où le nom donné à
l’espèce). Massues antennaires courtes et trapues (fig. 791).
Pronotum (fig. 792). Angles antérieurs régulièrement arrondis et
65. Veturius (Ouayana) magdalenae n. sp.
convexes; angles postérieurs moins arrondis que les précédents; sillon marginal (fig. 798-811 – 907, 920-921)
peu marqué, étroit presque partout, y compris les fossettes médianes.
Mésosternum glabre (fig. 793) ; tégument mat couvrant l’angle antérieur, Matériel type. 2 ex. Holotype P : BRÉSIL, AMAZONAS :
les trois quarts des côtés antérieurs, mais finement, et la moitié antérieure Brésil, Tucano, 1 600 m, 1966 (MNHN). Paratype O : Brasilien,
de la ligne axiale ; ailleurs brillant et très lisse. Amazonas, Serra Neblina, N Rio Cauaburi [> 500 m], Chr.
Métasternum (fig. 794) comme chez V. amazonicus, mais les fossettes Lindemann IV.1964 / V. assimilis Weber, det. Endrödi 1971
un peu plus larges et couvertes de soies moins nombreuses vers l’apex
postérieur.
(MTMA).
Élytres. – Stries peu profondes, les ponctuations indistinctes partout
(fig. 795). Caractères diagnostiques. Habitus assez étroit et allongé, le pronotum
Pattes. Protibias (fig. 796) élargis, peu distincts de V. amazonicus. Méso- sétigère.
et métatibias finement épineux (le mésotibia gauche en est dépourvu ; Taille moyenne. Longueur totale : 33-35 mm ; largeur maximale :
fig. 797). 11-12 mm aux élytres.
Tête (fig. 798). Tubercule central conico-pyramidal, élancé à 45°, étiré
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de en avant, peu élevé, l’apex étroit et légèrement obtus. Tubercules latéro-
V. amazonicus. postérieurs à peine marqués à effacés, droits et légèrement dirigés en avant.
Derivatio nominis. Espèce amicalement dédiée à Mme D. Pluot-Sigwalt Tubercules tentoriaux à peine marqués à effacés. Rides frontales postérieures
(MNHN). assez courtes et marquées ; très inclinées et parallèles depuis l’apex du tubercule
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun central, puis divergent en angle très obtus et atteignant indistinctement les
autre V. (Ouayana) : taille égale ou voisine de 35 mm ; habitus peu massif ; tubercules internes. Tubercules internes bien marqués. Angle des rides frontales
apex mandibulaires trifides, mais les dents inférieures très peu développées ; concave à la base du tubercule central puis, en avant, quelque peu mamelonné.
tubercules internes développés ; tubercule central court, l’apex droit à obtus ; Aire médio-frontale plane et très lisse. Clypéus convexe, assez large, en forme
fossettes latéro-frontales grandes, profondes ; aire post-frontale non délimitée d’accolade peu marquée, le bord antérieur presque droit ou faiblement
par un sillon ; aire médio-postérieure de la ligule avec une paire de tubercules concave et à peine incisé au milieu. Fossettes latéro-frontales larges et longues,
paramédians très développés ; massues antennaires courtes et trapues ; méso- peu profondes, sauf en avant où elles sont bien rebordées ; bord antérieur
et (ou) métatibias épineux ; stries élytrales peu profondes, la ponctuation proéminent. Aires latéro-post-frontales assez profondes, glabres et lisses.
invisible partout. Angles antérieurs de la tête très obtus, presque nuls et émoussés. Canthus
oculaires plutôt courts ; apex antérieur droit à légèrement obtus, émoussé,
Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. amazonicus, mais qui ne dépassant pas l’œil. Fossettes post-oculaires presque sans bordure et assez
s’en distingue néanmoins par les caractères diagnostiques. Ceux-ci devraient largement sétigères. Aire post-frontale sans sillon. Ligule à apex antérieur
aussi éviter une confusion avec V. punctatostriatus, V. unicornis et simple et long ; aire médio-postérieure assez large et légèrement échancrée
V. magdalenae. au milieu. Mentum à disque faiblement convexe, avec des ponctuations

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

sétigères éparses ; ailes assez longues, avec des soies éparses, les fossettes peu Métasternum (fig. 804) à aires latéro-antérieures avec une ponctuation
marquées, quelque peu diffuses et les côtés faiblement cintrés. Article II des sétigère fine et éparse autour des trochanters uniquement, les soies assez
palpes labiaux (fig. 799) allongé, coudé, assez fortement élargi en avant où longues. Fossettes marquées et très étroites en avant ; bien élargies mais peu
il est presque épineux à l’angle externe ; sétigère au milieu ; presque deux fois délimitées en arrière ; ponctuées et sétigères, les soies plus denses et surtout
plus long que le III. Processus hypostomaux (fig. 800) incisés au milieu, plus courtes que précédemment.
l’apex arrondi. Bord antérieur du labre droit ou à peine concave. Mandibules Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies éparses, ainsi
assez courtes et régulièrement cintrées ; apex trifides, les dent inférieures peu que les calus inférieurs avec quelques longues soies peu regroupées. Stries
distinctes ; dents dorsales allongées, droites, basses, l’apex presque obtus. peu profondes, les ponctuations indistinctes partout ou presque (fig. 805).
Massues antennaires (fig. 801) assez allongées ; article IX plus long que les Pattes. Fossettes procoxales (fig. 806) larges, à peine concaves, couvertes
VIII et X ; X bien arrondi extérieurement. de très courtes soies, le bourrelet marginal antérieur assez mince. Protibias
Pronotum (fig. 802). Angles très arrondis. Bord antérieur faiblement (fig. 807) légèrement élargis, armés de 2-3 épines assez fortes, plus la fourche
bilobé. Angles antérieurs abaissés. Sillon marginal assez élargi, presque apicale. Mésotibias (fig. 808) inermes ; pubescence assez espacée et longue ;
subparallèle, peu profond ; lisse et atteignant la moitié de la largeur du arête supérieure à peine marquée sur la moitié de sa longueur médiane ;
pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes médianes antérieures, avec des fourches apicales assez larges mais plutôt courtes ; spolons supérieurs fins
ponctuations rondes ou transverses marquées mais peu nombreuses. (fig. 809), assez courts, ne dépassant pas les trois premiers tarsomères, et
Pubescence des pré-épisternes fine, longue et dense, bien distincte en vue presque droits. Métatibias id., mais les soies moins nombreuses et l’arête
dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec des soies très espacées à peu près supérieure nulle. Tarsomères V longs et grêles (fig. 810).
partout, mais surtout postérieures. Abdomen. Sillon marginal du sternite VII marqué et complet ou presque.
Mésosternum (fig. 803) glabre ; tégument mat couvrant l’angle antérieur Édéage (fig. 811). Longueur : 2,2 mm. Habitus convexe, trapu. Ventral :
et près de la moitié proximale des côtés antérieurs ; ailleurs brillant et très paramères et phallobase séparés par une suture indistincte ; phallus ponctué
lisse. presque partout ; paramères larges ; bord postérieur de la phallobase concave.

Figures 798-811
Veturius (Ouayana) magdalenae n. sp., Ouest-Pacaraima. – 798, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 799, palpe labial ;
800, processus hypostomal ; 801, massue antennaire ; 802, pronotum (dorsal, latéral) ; 803, mésosternum ; 804, métasternum ; 805, élytre (latéro-dorsal) ;
806, fossette procoxale ; 807, protibia (dorsal) ; 808, mésotibia (latéral) ; 809, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-III) ;
810, protarsomère V ; 811, édéage. – Échelles : 1 mm.

549
Stéphane Boucher

Dorsal : paramères allongés et étroits ; phallobase apparente vers l’apex et Syn. : V. (Ouayana) louwerensi Doesburg 1957 n. syn.
non contiguë avec les paramères. Veturius louwerensi : DOESBURG 1957 : 22.
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de Veturius lowrensi Doesburg : VULCANO & PEREIRA 1967 : 536 ; BOUCHER
V. punctatostriatus. 1988a : 37 ; REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 (catal.) ;
AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 2002 : 142 (catal.).
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Ouayana) : taille ≥ 33 mm ; apex mandibulaires trifides, à dents
inférieures très réduites ; pubescence des pré-épisternes longue et bien distincte Matériels types
en vue dorsale de l’Insecte ; fossettes procoxales peu concaves ; méso- et V. oberthuri (Hincks). Espèce décrite sur trois spécimens
métatibias inermes ; ponctuation élytrale presque indistincte partout ; calus
huméraux avec quelques longues soies peu regroupées.
de la collection Hincks & Dibb : le « type » de « Santa Fé de Bogota
(Clermont) » et deux « cotypes » de « Villavicencio, East Colombia
Affinités morphologiques. Les caractères clés séparent sans ambiguïté (Staudinger) ». Holotype (sexe indét.) : COLOMBIE, CUNDI-
V. magdalenae des autres espèces du sous-genre. Pourtant, au premier abord,
V. magdalenae est peu différencié des espèces guyano-amazoniennes car ses
NAMARCA : « Santa Fé de Bogotá, Clermont / Publius Oberthüri
dimensions et son habitus sont intermédiaires entre les plus grandes espèces Hincks 1933, det. W.D. Hincks / Type ». – Longueur totale :
(V. punctatostriatus, V. unicornis, V. amazonicus, V. dominicae) et les plus 27,5 mm (NHML). Paratypes (sexes indét.) : META (?) :
petites (V. paraensis, V. negroensis, V. guyanensis, V. bleuzeni). Par ailleurs, « Villavicencio [> 1 500 m], Ost. Columbia / Ex. Staudinger &
V. magdalenae a les soies pré-épisternales longues et bien visibles, des soies Bang Haas, Dresden / Brit. Mus. 1938-444 / Publius oberthüri
humérales, les fossettes procoxales peu concaves et les méso- et métatibias
inermes. Ces derniers caractères le rapprochent cette fois, par convergence, Hincks 1933, det. W.D. Hincks, leeds / Co-type / Paratype »
de V. (Veturius) cephalotes et jolyi (grpe « cephalotes »). (NHML).
V. cephalotes étant limité à des altitudes inférieures à 1 000 m, il ne
rentrerait théoriquement pas en contact avec V. magdalenae (voir ci-dessous). V. louwerensi Doesburg n. syn. Espèce décrite sur deux
V. jolyi, en revanche, occupe le même étage ; la distinction des deux espèces spécimens : l’holotype, dans la collection de l’auteur et un para-
est alors nécessaire. On retiendra les caractères suivants de V. magdalenae, type, dans celle du récolteur. Seul l’holotype a été examiné ; il
qui le séparent : aires latéro-post-frontales glabres ; fossettes post-oculaires est un peu plus petit et a la ponctuation élytrale plus effacée que
et du mentum peu délimitées, diffuses ; processus hypostomaux courts et à
peine incisés au milieu ; fossettes margino-pronotales peu marquées, peu
V. oberthuri. Leur conspécificité ne fait toutefois aucun doute.
concaves ; mésosternum glabre, le tégument mat limité à l’angle antérieur ; Holotype (sexe indét.) : COLOMBIE, SANTANDER :
métasternum à aires latéro-antérieures et fossettes peu sétigères, peu élargies « Colombia, S. Am., Magdalena Valley, La Cimitarra vic.
en arrière ; tarsomères et antennomères fins et allongés ; calus huméraux avec [± 1 500 m], virgin forest, C.J. Louwerens II.1950 / Veturius
de longues soies éparses ; ponctuation élytrale indistincte partout. louwerensi, Type Col. [dét. van Doesburg] / Museum Leiden,
Coll. van Doesburg rec. 1973 / Type ». – Longueur totale : 25mm
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Les (NNML). Paratype : id.
deux spécimens connus proviennent de la forêt ombro-
Autre matériel examiné. 7 ex.
mésophile de moyenne altitude (1 600 m) du versant sud COLOMBIE, CUNDINAMARCA : Colombie, environ de Bogotá [>
du Pico de la Neblina (Brésil ; fig. 907). L’espèce est sans 2000 m], Apollinaire-Marie 1927 (MNHN 1ex); Colombie, Cund. (MNHN
doute présente sur d’autres reliefs orientaux et contigus du PO). – ANTIOQUIA : Canoas, Naré / ex Musaeo E. Steinheil [1872-73]
Pacaraima. (MNHN O, 1 ex) ; [entre] Peñol [et] St. Carlos [900-1 750 m] / ex Musaeo
E. Steinheil (MNHN P) ; Colombie, Antioquia, San Luis [E Yarumal], Rio
Claro, 1440m, A. Espinosa, D. Arias IX.1994 (IMEX P).
Affinités chorologiques. Deux espèces du sous-genre sont
peut-être sympatriques avec V. magdalenae : V. bleuzeni Description. Habitus grêle, subparallèle, très glabre. Coloration noir brillant
dessus et dessous.
(localisé à une altitude comparable, mais sur le versant est Taille petite. Longueur totale : 25-27,5 mm; largeur maximale : 9-9,5mm
du Pacaraima) ; V. dominicae (présent sur le même versant, aux élytres.
mais à l’extrémité est du Massif ). Les autres espèces Tête (fig. 812). Structure médio-post-frontale peu développée. Tubercule
présentes sur la marge du Pacaraima (V. negroensis, V. punc- central conico-pyramidal court, très étiré en avant, presque horizontal, l’apex
tuberculé, droit à aigu et arrondi. Tubercules latéro-postérieurs peu marqués,
tatostriatus) sont para- ou allopatriques. Parmi les droits à mamelonnés et perpendiculaires à l’axe du corps. Tubercules tentoriaux
V. (Veturius), seul V. jolyi (grpe « cephalotes ») semble sympa- peu marqués à effacés. Rides frontales postérieures courtes et peu marquées,
trique. Une parapatrie n’est pas à exclure avec V. sinuosus presque verticales et divergent en angle très obtus depuis l’apex du tubercule
central, puis atteignant faiblement les tubercules internes. Tubercules internes
(grpe « transversus ») et V. cephalotes (grpe homonyme), mais bien marqués. Angle des rides frontales plus ou moins concave à la base du
dans leur plus haut étage (vers 1 000 m). tubercule central puis, en avant, plan ou mamelonné. Aire médio-frontale
convexe ou plane, très lisse. Clypéus convexe, assez large et proéminent, en
forme d’accolade plus ou moins marquée ; bord antérieur presque droit, peu
66. Veturius (Ouayana) oberthuri incisé au milieu ; angles antérieurs droits, peu visibles en vue dorsale. Fossettes
(Hincks 1933) n. comb. latéro-frontales étroites et courtes, à peine concaves à presque convexes,
rebordées en avant uniquement ; bord antérieur proéminent ; angles bien
(fig. 812-822 – 906, 920-921) arrondis. Tubercules médio-frontaux vestigiaux bien à peu marqués. Aires
latéro-post-frontales peu profondes, glabres et lisses. Angles antérieurs de la
Publius oberthüri : HINCKS 1933b : 177. tête très obtus et arrondis à presque nuls. Canthus oculaires plus ou moins
Publius Oberthüri Hincks : HINCKS & DIBB 1935 : 30 (catal.) ; DOESBURG courts, étroits, subparallèles ; apex antérieur droit, émoussé, dépassant ou
1942b : 330 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 167 (catal.). non l’œil. Yeux grands, globuleux. Fossettes post-oculaires larges, complètes
Publius / Veturius oberthuri Hincks : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA mais mal délimitées, glabres ou presque. Aire post-frontale non délimitée
1991 : 505 (catal.). par un sillon distinct. Ligule (fig. 813) à apex antérieur simple et long ; aire
Publius oberthuri Hincks : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : 80 médio-postérieure étroite, plane ou légèrement convexe. Mentum (fig. 814)
(catal.). à disque peu convexe, avec des ponctuations sétigères éparses, mais surtout

550
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

postérieures ; ailes assez longues, avec des soies éparses, les fossettes peu à des Cordillères Centrale et Orientale colombiennes, depuis
bien marquées et les côtés faiblement cintrés. Processus hypostomaux allongés
(fig. 815) ; apex recourbé ; fossettes marquées et grandes. Article II des palpes
le sud-est de l’Antioquía jusqu’au nord-ouest du Meta, à
labiaux (fig. 816) allongé, peu élargi en avant, sétigère ou non au milieu, un des altitudes comprises entre 1000 et 2 500 m environ.
peu plus long que le III. Mandibules puissantes et bien cintrées ; apex bifides, Ceci s’avère en partie inexact.
les dents inférieures assez étroites ; dents dorsales allongées, droites, assez
hautes, l’apex relevé presque épineux ; fossettes infra-basales bien marquées.
Les versants proches de Villavicencio (localité type)
Massues antennaires courtes et trapues (fig. 817) ; article VIII plus court que abritent une faune de Passalides différente de celle des
les IX et X ; X bien arrondi. plateaux et des vallées intra-andines. De plus, les Veturius
Pronotum peu transverse (fig. 818). Angles bien arrondis. Bord antérieur de la région de Bogotá sont à présent assez bien connus.
droit à concave, ou faiblement bilobé. Angles antérieurs à peine abaissés.
Sillon marginal peu élargi, subparallèle, assez profond ; lisse et atteignant Or, aucun V. oberthuri n’a été pris avec certitude dans ces
près de la moitié de la largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes localités. Il faut aussi rappeler que Clermont et Staudinger
médianes antérieures, avec quelques ponctuations fines, rondes, peu distinctes. (fournisseurs de la série type) étaient surtout marchands
Pubescence des pré-épisternes courte et éparse, peu distincte en vue dorsale
de l’Insecte. Pré-épimères avec de rares soies postérieures. d’Insectes et qu’ils ont diffusé de nombreux Passalides avec
Mésosternum glabre (fig. 819) ; tégument mat couvrant l’angle antérieur, des localités erronées. Dans les Andes, des récoltes effec-
moins du tiers proximal des côtés antérieurs, parfois aussi une étroite portion tuées d’un versant à un autre, ou d’une cordillère à une
antérieure de la ligne axiale ; ailleurs brillant et très lisse. autre, est une source ancienne d’erreurs dans les localités
Métasternum (fig. 820) entièrement glabre et lisse. Fossettes peu profondes
en avant, presque planes mais bien élargies en arrière. d’origine. Enfin, concernant le récolteur Apollinaire-Marie,
Élytres glabres, ou rarement avec quelques courtes soies espacées sur le on sait qu’il englobait dans les « environs de Bogotá » diverses
bord antérieur. Stries peu profondes ; ponctuation discale indistincte et localités voisines des Cordillères Centrale et Orientale,
latérale partiellement distincte.
Pattes. Fossettes procoxales larges, profondes, le bourrelet marginal
mais qui sont en réalité distinctes par leur faune.
antérieur assez mince ; couvertes de soies. Aire infra-apicale des profémurs En revanche, on peut tenir pour exactes les localités de
glabre. Protibias élargis, avec 2-3 fortes épines acérées, plus la fourche apicale. récoltes de Steinheil (MNHN), de Louwerens (NNML) et
Mésotibias avec une forte épine post-médiane ; pubescence espacée et courte ;
arête supérieure presque nulle ; fourches apicales assez larges et courtes ;
de Espinosa & Arias (IMEX). Dans ces conditions, V. ober-
spolons supérieurs fins (fig. 821), courts (moins de trois tarsomères) et droits thuri apparaît strictement intra-andin, mais répandu de
ou presque. Métatibias id., mais les soies moins nombreuses. Tarsomères part et d’autre de la moyenne vallée du rio Magdalena, soit
fins ; les V allongés. dans un triangle approximatif compris entre Medellín au
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII très marqué et complet ou
presque. nord-ouest (Antioquia), le sud du Santander au nord-est,
Édéage (fig. 822). Longueur : 2 mm. Habitus convexe, transverse, et l’est de Bogotá au sud-est (fig. 906). L’altitude moyenne
subparallèle. Ventral : paramères et phallobase séparés par une suture la plus cohérente se situe vers 1 000 m, ce qui correspond
indistincte ; bord postérieur de la phallobase bilobé ; sclérotisation du phallus
large et ponctuée ; paramères étroits et allongés ; bord latéro-postérieur de
à la forêt de basse montagne, comme l’indique en particu-
la phallobase concave. Dorsal : paramères peu convexes, peu apparents ; lier le spécimen de San Luis (IMEX). Ceci corrobore l’hy-
phallobase coudée fortement, bien apparente à proximité du bord postérieur pothèse de l’absence de l’espèce sur d’autres versants et près
uniquement.
de Bogotá, qui sont notablement plus élevés.
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Ouayana) : taille ≤ 28 mm ; apex mandibulaires bifides ; fossettes Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec les autres
latéro-frontales réduites, planes à presque bombées; tubercules médio-frontaux espèces du sous-genre (l’origine de V. casalei est inconnue).
vestigiaux souvent distincts ; métasternum entièrement glabre et lisse ; méso-
et métatibias épineux ; arête supérieure des mésotibias nulle ou presque ;
Parmi les V. (Veturius) sont sympatriques V. standfussi (grpe
ponctuation élytrale peu ou pas distincte partout. « platyrhinus »), peut-être aussi V. platyrhinus, Publius cras-
Affinités morphologiques. V. oberthuri est l’un des plus petits Veturius et sus, P. concretus et P. rugifrons, mais dans leurs bas étages.
n’est comparable sur ce point, dans les Andes de Colombie, qu’à V. casalei
et V. galeatus. Il se sépare néanmoins de ces espèces par le métasternum Remarques taxinomiques et historiques. HINCKS (1933)
entièrement glabre et lisse. Pour le reste, V. casalei est le plus ressemblant, a décrit V. oberthuri dans le genre Publius, mais en ajou-
surtout la structure médio-post-frontale. tant à ce propos : «… a rather aberrant species and may
Outre la taille, l’habitus et le faible développement du tubercule central
sont convergents avec trois espèces du sous-genre Veturius, mais qui sont
possibly become the type of a new genus as it differs from
absentes des Andes : V. assimilis, V. hermani (grpe « transversus ») et V. christiani Publius in several characters. Before adopting such a course
(grpe « libericornis »). Cette comparaison est nécessaire car V. assimilis a été I should like to see more material of the subfamily [Proculinae
cité récemment de Colombie, or il n’y existe pas. A toutes fins utiles, sensu GRAVELY 1918] and especially of Procululus Zang…
V. oberthuri se distingue de ces espèces par : protibias élargis ; ponctuation
des fossettes latéro-pronotales très faible ; méso- et métatibias avec une épine The elytra are not fused, nor the wing reduced ; a character
latérale ; corps et pattes presque glabres. which would at once exclude it from Publius according to
Polymorphisme. Peu notable : taille (± 2,5mm) ; tubercules internes très Gravely’s table of the subfamily ». Hincks n’a finalement pas
petits à convexes et larges ; canthus oculaires à angle antérieur droit à aigu suivi l’opinion de Gravely, qui était pourtant en partie
et dépassant ou non l’œil ; stries disco-élytrales effacées à très finement fondée. Quant à Procululus Zang, c’est un Passalini, comme
marquées ; nombre d’épines mésotibiales (1 à 4) ; présence ou non de
tubercules « médio-frontaux ». l’ont souligné HINCKS & DIBB (1935). A posteriori, il
semble que ce soit l’origine géographique et le tégument
Répartition géographique, distribution dans l’aire. Dans glabre qui ont le plus motivé Hincks à mettre son espèce
la littérature et dans les collections, l’espèce est localisée parmi les Publius.

551
Stéphane Boucher

L’inclusion de l’espèce dans Publius semble être aussi à angle obtus depuis le tubercule central, puis atteignant les tubercules internes.
Tubercules internes marqués mais très emoussés. Angle des rides frontales
l’origine du synonyme louwerensi. DOESBURG (1957) ne légèrement concave à la base du tubercule central puis, en avant, plan. Aire
s’était pas trompé sur le genre de son espèce, mais il n’ima- médio-frontale plane et très lisse. Clypéus bombé, rectangulaire, assez large
ginait sans doute pas qu’elle ait pu exister parmi les Publius. et nettement proéminent ; bord antérieur droit, non ou à peine incisé au
De plus, il a comparé son espèce à V. assimilis (grpe « trans- milieu ; angles antérieurs droits, presque indistincts en vue dorsale. Fossettes
latéro-frontales rectangulaires, planes à peu concaves, non rebordées ni
versus »), du fait de leurs dimensions et de leur physiono- proéminentes en avant ; angles plus ou moins arrondis. Aires latéro-post-
mie voisines. On sait à présent que ces caractères sont des frontales assez profondes, glabres et très lisses. Angles antérieurs de la tête
convergences. marqués, droits à presque épineux et obliqués vers l’extérieur. Canthus
oculaires plutôt longs, concaves au milieu ; apex antérieur droit, émoussé,
REYES-CASTILLO (1970), qui ne connaissait pas V. ober- dépassant presque l’œil. Yeux grands, globuleux à très globuleux. Fossettes
thuri, l’a maintenu dans les Publius d’après les caractères post-oculaires larges, complètes mais mal délimitées, glabres ou presque.
proposés par lui pour séparer les genres Veturius et Publius ; Sillon post-frontal distinct. Ligule (fig. 833) faiblement sétigère; apex antérieur
simple et long ; aire médio-postérieure assez large, plane ou presque. Mentum
ces caractères sont réfutés ici (voir p. 378-379). Récem- à disque convexe, avec des ponctuations sétigères éparses, mais surtout
ment, REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA (1991) et AMAT postérieures ; ailes assez longues, avec des soies peu nombreuses, les fossettes
G ARCÍA & R EYES -C ASTILLO (1996) ont cité l’espèce peu marquées et les côtés faiblement cintrés. Article II des palpes labiaux
(fig. 834) allongé, peu élargi en avant, sétigère au milieu, à peine plus long
comme Publius, de Colombie, mais ils ne l’ont pas claire- que le III. Processus hypostomaux (fig. 835) étroits, allongés, l’apex légèrement
ment reconnue, puisqu’ils ont admis le synonyme louwe- relevé. Bord antérieur du labre droit. Mandibules puissantes et régulièrement
rensi comme bonne espèce et dans le genre Veturius. De cintrées ; apex trifides, les dents inférieures réduites ; dents dorsales allongées,
droites, assez hautes, l’apex relevé presque épineux ; fossettes infra-basales
plus, leurs conclusions éco-altitudinales et biogéographiques bien marquées. Massues antennaires courtes et arrondies (fig. 836) ; article
sont en partie inexactes. Il semble alors que, depuis HINCKS VIII plus court que les IX et X ; X bien arrondi extérieurement.
(1933), seuls DOESBURG (1957) et BOUCHER (1988a) ont Pronotum transverse (fig. 837), presque quadratique, les angles plus ou
cité des spécimens correctement identifiés. moins arrondis. Bord antérieur droit ou presque. Sillon marginal peu élargi,
subparallèle, peu profond et mal délimité, lisse et atteignant la moitié de la
L’inventeur de cette curieuse petite espèce est sans doute largeur du pronotum dans sa partie antérieure ; fossettes médianes diffuses,
E. Steinheil, lors de son expédition de 1872-1873 lisses ou presque. Pubescence pré-épisternale courte et éparse, peu distincte
(MNHN). Les deux autres spécimens anciens, au MNHN, en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec de rares soies postérieures.
Mésosternum glabre (fig. 838) ; tégument mat couvrant l’angle antérieur,
sont dépourvus d’origine précise. Les récoltes ultérieures une fine bandelette sur le tiers proximal des côtés latéro-antérieurs, ainsi que
sont très sporadiques et la rareté de l’espèce semble due à la moitié antérieure de l’aire axiale ; ailleurs brillant et lisse.
sa localisation géographique plutôt qu’à autre chose. Métasternum (fig. 839) à aires latéro-antérieures avec quelques fines
ponctuations sétigères proches de la coxa ; aires latéro-médianes glabres et
lisses. Fossettes peu profondes en avant, presque planes mais élargies vers
67. Veturius (Ouayana) galeatus Boucher 1988 l’apex, avec quelques soies éparses, parfois presque aucune.
(fig. 100a-b, 147, 832-843 – 906, 920-921) Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques courtes soies éparses.
Stries peu profondes ; ponctuation indistincte partout (fig. 849).
Veturius galeatus : BOUCHER 1988a : 36. Pattes. Fossettes procoxales larges, profondes, le bourrelet marginal
Veturius galeatus : REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 1991 : 505 antérieur assez mince. Apex inférieur des profémurs glabre. Pattes grêles.
(catal.). Protibias élargis (fig. 840), avec 2-3 fortes épines acérées, plus la fourche
Veturius galeatus Boucher : AMAT GARCÍA & REYES-CASTILLO 1996 : apicale. Mésotibias inermes ou avec une très courte épine post-médiane
80 (catal.). (parfois substituée par un bourrelet) ; pubescence très espacée et courte ; arête
supérieure convexe sur la moitié de sa longueur médiane ; fourches apicales
Matériel type. Espèce décrite sur quatre exemplaires. assez larges et courtes ; spolons supérieurs (fig. 841) fins, assez courts,
régulièrement courbes vers l’apex. Métatibias id., mais les soies moins
Holotype P : COLOMBIE, CAUCA : « Colombie, Cordillère nombreuses et l’arête supérieure nulle. Tarsomères fins ; V allongés (fig. 842).
versant occid., Rio Yurumangui [< 1 000 m] / E. Aubert de la Abdomen. Sillon marginal du sternite VII très marqué et complet ou
Rüe 1933 ». – Longueur totale : 28,5mm (MNHN). Paratypes : presque.
id. (MNHN 3O). Édéage (fig. 843). Longueur : 2 mm. Habitus étroit, ogival, convexe
latéralement. Paramères et phallobase séparés par une suture à peine distincte
Autre matériel examiné. 8 ex. sur le côté uniquement. Phallobase rétrécie vers la base, le bord postérieur
bilobé. Ventral : lobe médian largement ponctué ; paramères à bord antérieur
COLOMBIE, CHOCÓ : Colombia, Chocó, Bajo Taporal, Bajo San
bilobé. Dorsal : paramères convexes, dépassant distinctement ; phallobase
Juan [< 1 000 m], L.C. Pardo XI.1992 (CLP P). – CAUCA : Colombia,
limitée à un fin liseré parallèle et allongé.
Cauca, Quebrada Huanqui, Rio Saija, 100 m, B. Malkin XI.1971 (FMNH
2 ex). – NARIÑO : Colombia, Nariño, F. Lozano 1994 (CLP 2 O). Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
ÉQUATEUR, Occidente, ESMERALDAS : Ecuador, Esmeraldas, autre V. (Ouayana) : taille < 30 mm ; habitus étroit et gracile, y compris les
32 km NW Lita, 620 m, A. Gillogly VIII.1997 (CAG 2P, O). pattes ; tubercule central vertical, allongé, pointu et effilé ; coloration noir
brillant dessus et dessous ; fossettes latéro-frontales rectangulaires, planes à
Description. Habitus gracile, subparallèle, glabre. Coloration noir brillant
peu concaves, non rebordées ni proéminentes en avant ; apex mandibulaires
dessus et dessous.
trifides, les dents inférieures réduites ; méso- et métatibias inermes ou avec
Taille petite. Longueur totale : 25-28,5mm ; largeur maximale : 8-10 mm
une très courte épine (ou bourrelet) post-médiane ; ponctuation élytrale
aux élytres.
indistincte partout.
Tête (fig. 832). Structure médio-post-frontale peu développée, sauf le
tubercule central vertical qui est allongé, pointu et très effilé. Tubercules Affinités morphologiques. La forme du tubercule central de V. galeatus n’a
latéro-postérieurs effacés à peu marqués, droits et mamelonnés, d’équivalent, dans le genre Veturius, que chez V. (Ouayana) fanestus
perpendiculaires à l’axe du corps. Tubercules tentoriaux effacés. Rides frontales (endémique, comme celui-ci, du sud des Andes colombiennes). Sont aussi
postérieures courtes et très peu marquées, presque verticales et divergent en très comparables, entre les deux espèces, les caractères suivants : clypéus

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

proéminent et rectangulaire ; fossettes latéro-frontales rectangulaires, presque Parmi les autres espèces de Ouayana, V. casalei est aussi très proche,
planes et non ou à peine rebordées en avant ; massues antennaires courtes, surtout si l’on exclut le tubercule central. Les dimensions, l’habitus, les
trapues, l’article VIII plus court que les IX et X, le X large et très arrondi. massues antennaires, la pubescence du corps et des pattes, le développement
On distinguera donc V. galeatus par les caractères suivants : habitus plus des épines et des fourches apicales des méso- et métatibias, la faible
étroit et plus gracile ; coloration noir brillant ; apex des mandibules trifide ; ponctuation et la forme de la ligule et des palpes labiaux, etc., sont voisins.
pubescence pré-épisternale et métasternale plus courte, moins dense et moins
Polymorphisme. Les spécimens types sont peu variables : présence d’une
étendue ; méso- et métatibiales à épines absentes ou nettement plus courtes
épine latérale sur les méso- et métatibias, canthus oculaires plus ou moins
et à fourches apicales plus courtes et bien plus étroites.
développés ; yeux très globuleux ou non. Les spécimens méridionaux

Figures 812-831
Veturius (Ouayana), Colombie. – 812-822, V. oberthuri (Hincks) ; 823-831, V. casalei n. sp. – 812, 823, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex
mandibulaire (latéro-dorsal) ; 814, mentum ; 816, 825, palpe labial ; 815, 824, processus hypostomal ; 817, 826, massue antennaire ; 818, 827, pronotum
(dorsal, latéral) ; 819, 828, mésosternum ; 820, 829, métasternum ; 830, protibia (dorsal) ; 821, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux
tarsomères I-III) ; 831, protarsomère V ; 822, édéage. – Échelles : 1 mm.

553
Stéphane Boucher

(Equateur et Nariño) se distinguent des précédents par leur tégument pronotal Pattes. Protibias élargis, les épines moins longues et moins acérées que
chagriné ou ponctué plus ou moins fortement. chez V. galeatus (fig. 830). Méso- et métatibias avec une épine post-médiane
assez forte ; spolons supérieurs fins et droits. Tarsomères apicaux courts
Répartition géographique, distribution dans l’aire. (fig. 831).
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII bien marqué et presque
Espèce endémique de la forêt ombrophile de basse alti- complet.
tude (0-1 000 m) du versant Pacifique des Andes (fig. 906) : Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
entre le sud de la Cordillère Occidentale colombienne V. galeatus.
Derivatio nominis. Espèce dédiée à M. A. Casale (Université de Sássari).
(Cauca, mais peut-être depuis le Chocó) et l’Occidente
Nord équatorien (Esmeraldas). Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
autre V. (Ouayana) : taille < 30 mm ; habitus grêle et étroit, y compris les
pattes ; tubercule central court, presque horizontal ; apex mandibulaires
Affinités chorologiques. V. cirratus est la seule espèce du trifides ; métasternum sétigère ; méso- et métatibias épineux ; ponctuation
sous-genre qui est sûrement sympatrique. Parmi les autres élytrale indistincte partout.
Veturius, V. (Veturius) aspina, V. onorei (grpe « platyrhinus ») et Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. galeatus, mais qui s’en
V. sinuatocollis (grpe homonyme) sont sympatriques. V. caque- distingue par le tubercule central bien plus court, presque horizontal, et par
taensis (grpe homonyme) est peut-être sym- ou parapatrique, les ponctuations sétigères métasternales plus étendues et plus denses.
À l’extérieur des Andes, V. paraensis et V. guyanensis sont deux petites espèces
mais dans son plus bas étage. peu différentes de V. casalei ; dans les détails, ce dernier s’en sépare comme
suit : habitus plus grêle ; massues antennaires plus trapues et plus arrondies ;
Remarques historiques. Cette belle espèce a été prise pour scapes et funicules antennaires plus minces ; clypéus moins large mais plus
la première fois en 1933 par le géologue naturaliste proéminent, presque rectangulaire ; ponctuation élytrale indistincte partout
E. Aubert de la Rüe. Les autres spécimens de la même (id. chez V. guyanensis, mais bien visible chez V. paraensis) ; palpes labiaux
région sont dus à l’entomologiste B. Malkin 1971 plus longs et plus étroits, surtout l’article II ; bord postérieur de la ligule
plan ; disque du mentum moins convexe.
(FMNH). Les spécimens suivants, pris dans les années
1990, laissent penser que la rareté de l’espèce est une consé- Répartition géographique, distribution dans l’aire.
quence de son endémisme géographique. Espèce endémique d’une partie des Andes colombiennes,
centrales ou occidentales, de basse à moyenne altitude.
68. Veturius (Ouayana) casalei n. sp. Toute autre précision serait spéculative.
(fig. 823-831) Remarque historique. Aucune information convaincante
Matériel type. Holotype O : COLOMBIE (sans autre préci- n’a été trouvée, en Suisse et en France, concernant
sion) : « Colombie, Bonnet » (MHNG). « Bonnet ». On sait seulement que l’étiquette qui porte ce
nom, sur l’unique spécimen connu, date de la première
Caractères diagnostiques. Taille petite. Habitus gracile. Longueur totale : moitié du XXe siècle. Cette espèce est la seule du genre dont
28 mm ; largeur maximale : 10 mm aux élytres. l’origine géographique reste imprécise.
Tête (fig. 823). Structure médio-post-frontale peu développée. Tubercule
central conico-pyramidal court, étiré en avant, l’apex tuberculé. Tubercules
latéro-postérieurs peu marqués, droits et perpendiculaires à l’axe du corps. Groupe « cirratus »
Rides frontales postérieures assez courtes et peu marquées ; presque verticales
et divergent en angle très obtus depuis le tubercule central, puis atteignant
les tubercules internes. Clypéus bombé, rectangulaire, assez large et nettement 69. Veturius (Ouayana) cirratus Bates 1886
proéminent ; bord antérieur droit, incisé au milieu ; angles antérieurs droits, (fig. 97, 148, 853-866 – 906, 920-921)
peu distincts en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales assez larges, faiblement
concaves, peu rebordées et non proéminentes en avant ; angles bien arrondis. Veturius cirratus : BATES 1886 : 23 & pl. 1, fig. 19.
Aires latéro-post-frontales peu profondes, glabres et très lisses. Angles Veturius Cirratus Bates : KUWERT 1891 : 175.
antérieurs de la tête marqués, fin mais obtus. Canthus oculaires plutôt longs, Veturius cirratus Bates : KUWERT 1898 : 166 ; BIOLLEY 1901 : 177.
larges et subparallèles ; apex antérieur droit, émoussé, dépassant l’œil. Yeux Veturius cirrhatus Bates : HINCKS 1934 : 153.
grands, globuleux. Ligule à apex antérieur simple et long ; aire médio- Veturius cirratus Bates : HINCKS & DIBB 1935 : 24 (catal.) ; DOESBURG
postérieure étroite, plane ou presque. Mentum à fossettes marquées. Processus 1942b : 330 (catal.) ; REYES-CASTILLO 1970 : 165 ; SCHUSTER & REYES-
hypostomaux à apex arrondi (fig. 824). Article III des palpes labiaux long CASTILLO 1981 : 115 ; REYES-CASTILLO & CASTILLO 1992 : 368 &
(fig. 825). Bord antérieur du labre concave. Mandibules plutôt courtes et fig. 24.29 ; REYES-CASTILLO & PARDO 1994 : 112 ; AMAT GARCÍA &
peu cintrées ; apex trifides, les dents inférieures réduites. Massues antennaires REYES-CASTILLO 2002 : 142 ; REYES-CASTILLO & AMAT GARCÍA 2003 :
courtes, trapues et arrondies (fig. 826) ; article VIII un peu plus court que 46.
les IX et X ; X bien arrondi extérieurement. Syn. : V. criniceps Kuwert 1891
Pronotum transverse (fig. 827), les angles peu arrondis. Bord antérieur Veturius Criniceps Kuw. : KUWERT 1891 : 174.
légèrement bilobé. Sillon marginal élargi, peu profond, assez bien délimité ; Veturius criniceps Kuwert : KUWERT 1898 : 170 ; GRAVELY 1918 : 37 ;
fossettes latérales assez nettes, antérieures, avec quelques ponctuations peu MOREIRA 1922 : 269 ; 1925 : 26 (catal.) ; LUEDERWALDT 1931 : 38.
distinctes. Pré-épimères avec des soies postérieures. Veturius criniceps Kuw. (syn.) : HINCKS 1934 : 153 ; HINCKS & DIBB 1935 :
Mésosternum (fig. 828) glabre ; tégument mat couvrant l’angle antérieur 24 (catal.).
et près de la moitié des côtés latéro-antérieurs ; ailleurs brillant et lisse.
Métasternum (fig. 829) à aires latéro-antérieures avec de fines Matériels types
ponctuations sétigères éparses, mais assez largement réparties. Fossettes peu
profondes mais assez nettes, étroites en avant et élargies vers l’apex ;
V. cirratus Bates. Espèce décrite sur « a large number of
ponctuations sétigères comme précédemment, mais plus denses, surtout sur examples » de « Panama, Volcan de Chiriqui, Bugaba, Champion ».
la moitié antérieure. Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : PANAMA,

554
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

CHIRIQUÍ : « V. de Chiriqui, 2 500-4 000 ft, Champion / V. criniceps Kuwert. Espèce décrite sur n exemplaire(s)
Veturius cirratus Bates [dét. Bates] ». – Longueur totale : 30,5 mm d’« Amazonengeb ».
(NHML). Paralectotypes : id., 600-1 820 m (NHML 8 ex ; Remarque sur la série et sur la localité types. La localité
MNHN 6 ex ; MCNO 1 ex). type est erronée (voir ci-dessous : répartition géographique).

Figures 832-852
Veturius (Ouayana), Colombie – Equateur. – 832-843, V. galeatus Boucher ; 844-852, V. fanestus n. sp. – 832, 844, tête (dorsal), tubercule central (profil),
apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 833, ligule (ventral) ; 834, 845, palpe labial ; 835, 846, processus hypostomal ; 836, massue antennaire ; 837, 847, pronotum
(dorsal, latéral) ; 838, mésosternum ; 839, métasternum ; 848, élytre (latéro-dorsal) ; 849, stries disco-élytrales I-III ; 840, 850, protibia (dorsal) ; 841, 852,
spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères I-III) ; 842, protarsomère V ; 843, édéage. – Échelles : 1 mm.

555
Stéphane Boucher

V. tuberculifrons (grpe « sinuatocollis ») a aussi été décrit par Métasternum (fig. 859). Aires latéro-antérieures largement ponctuées et
K UWERT (1891) de cette localité. Or, c’est un endémique sétigères, les soies longues et denses. Aires latéro-médianes comme
précédemment, ou presque glabres et lisses. Fossettes profondes et étroites
d’Amérique Centrale, où il est surtout abondant, comme V. cirra- en avant, plus ou moins marquées et élargies en arrière, ponctuées et sétigères
tus, dans la Cordillère de Talamanca. Il fait alors peu de doute comme précédemment, mais plus densément.
que les types des deux espèces provenaient de la même localité, Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de nombreuses soies éparses
voire du même récolteur. En conséquence, on considérera la presque partout et des calus, qui ont une touffe de soies regroupées et denses
Cordillère de Talamanca comme localité type corrigée. (fig. 860). Stries peu profondes, mais distinctement ponctuées partout
(fig. 861).
Outre le spécimen de la collection Kuwert (MNHN), un Pattes. Fossettes procoxales larges, profondes, le bourrelet marginal
second est identifié par lui « Veturius criniceps Kuw., Type, antérieur assez mince (fig. 862). Apex inférieur des profémurs sétigère.
Amazon » (IRSN). Comme indiqué pour V. tuberculifrons et Protibias légèrement élargis, avec 2-3 fortes épines acérées, plus la fourche
V. simillimus (p. 418, 494), ce spécimen n’est pas un syntype, apicale (fig. 863). Mésotibias inermes ou avec une fine épine post-médiane
(fig. 864) ; pubescence assez dense et peu allongée ; arête supérieure finement
mais un spécimen nommé, comparé au type, ou « typique » (par marquée sur presque toute sa longueur ; fourche apicale large et longue,
abus), selon l’habitude de Kuwert. acérée ; spolons supérieurs fins, longs, droits, sauf l’apex qui est nettement
Lectotype (présente désignation, sexe indét.) : COSTA crochu (fig. 865). Métatibias id., mais inermes, les soies moins nombreuses
RICA-PANAMA, Cord. de Talamanca : « criniceps Kuw. et l’arête supérieure nulle. Tarsomères fins ; les V allongés.
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII très marqué et complet ou
Amazon [dét. Kuwert] / ex Musaeo A. Kuwert 1894 ». – Longueur presque.
totale : 32 mm (MNHN). Édéage (fig. 866). Longueur : 2,3 mm. Habitus convexe, transverse.
Ce spécimen est indistinct de l’espèce nominale et a été mis Paramères et phallobase séparés par une suture assez nette. Ventral : phallus
en synonymie par HINCKS (1934). ponctué à proximité de la bordure axiale ; paramères larges et allongés ; bord
postérieur de la phallobase fortement bilobé. Dorsal : sclérotisation du tegmen
limité à deux fins liserés marginaux.
Description. Habitus allongé, subparallèle, pubescent. Coloration bleu gris Derivatio nominis. Des soies abondantes sur les aires latéro-post-frontales
subopalescent dessus et dessous, surtout les élytres. et (ou) sur les calus huméraux.
Taille moyenne à petite. Longueur totale : 28-33 mm ; largeur maximale : Larve décrite par SCHUSTER & REYES-CASTILLO (1981) du Costa Rica
10-12 mm aux élytres. (Puntarenas, Péninsule de Osa).
Tête (fig. 853). Structure médio-post-frontale bien marquée mais peu
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
élevée. Tubercule central conico-pyramidal élancé à 35°, mais court, étiré en
autre Veturius : taille < 34 mm; apex des mandibules trifide, les dents inférieures
avant, l’apex étroit et obtus. Tubercules latéro-postérieurs marqués, l’arête
développées ; tubercule central conico-pyramidal court, étiré en avant ; aires
arrondie ; droits et légèrement dirigés en avant. Tubercules tentoriaux peu
latéro-post-frontales sétigères ; bord médio-postérieur de la ligule large et plan ;
marqués. Rides frontales postérieures courbes, assez courtes et bien marquées,
fossettes margino-pronotales assez fortement ponctuées ; mésosternum sétigère
souvent affilées, inclinées et en angle aigu depuis l’apex du tubercule central,
de chaque côté de sa ligne axiale ; mésotibias inermes ou avec une fine épine
puis divergent en angle presque obtus et atteignant les tubercules internes.
post-médiane ; métatibias inermes ; méso- et métatbias à fourches apicales
Tubercules internes bien marqués. Angle des rides frontales concave à la base
larges, longues et acérées, les spolons supérieurs longs, droits, sauf l’apex
du tubercule central, puis plan en avant. Aire médio-frontale plane et lisse.
crochu ; élytres bleu gris subopalescents, la ponctuation des stries bien visible
Clypéus convexe, large, en forme d’accolade peu marquée ; bord antérieur
partout ; calus huméraux avec des soies denses regroupées en touffe.
presque droit et faiblement incisé au milieu ; angles antérieurs droits, inclinés
et peu distincts en vue dorsale. Fossettes latéro-frontales plus ou moins larges Affinités morphologiques. L’opalescence élytrale, qui rappelle des Scarabaeidae
et étroites, peu profondes et bien rebordées ; bord antérieur non proéminent ; et Cetoninae, existe chez d’autres Passalides de l’Ancien ou du Nouveau
angles bien arrondis. Aires latéro-post-frontales profondes, avec des soies Mondes, mais ces derniers n’ont pas un tel éclat. Ce caractère, combiné à la
longues et regroupées jusqu’aux arêtes supra-oculaires. Angles antérieurs de ponctuation élytrale marquée et à la pubescence abondante de la tête et des
la tête très obtus mais nets. Canthus oculaires assez longs, rétrécis au milieu ; calus huméraux, lui confèrent un aspect unique. Toute confusion avec un
apex antérieur droit, émoussé, dépassant ou non l’œil. Yeux grands, globuleux. autre Veturius semble exclue.
Fossettes post-oculaires larges, complètes, en partie sétigères. Aire post- Dans son groupe d’espèces, V. cirratus se distingue comme suit.
frontale délimitée par un sillon complet ou non, mais net, irrégulier et De V. cirratoides : élytres opalescents, la teinte bleutée plus soutenue et
chagriné. Mentum à disque étroit, convexe, avec des ponctuations sétigères brillante ; tubercule central moins élevé ; dents mandibulaires infra-apicales
éparses ; ailes avec des soies éparses, les fossettes peu marquées et les côtés développées ; aires latéro-post-frontales et mésosternum sétigères ; pronotum
faiblement cintrés. Ligule (fig. 854) à apex antérieur simple et long ; aire moins transverse et moins arrondi ; mésotibias bien plus finement épineux
médio-postérieure large et plane. Article II des palpes labiaux allongé, peu ou inermes ; métatibias inermes ; élytres à soies humérales denses et étendues,
élargi en avant, glabre au milieu, à peine plus long que le III (fig. 855). à stries plus profondes et à ponctuation distincte partout.
Processus hypostomaux larges, l’apex presque arrondi (fig. 856). Bord De V. fanestus : pubescence céphalique et mésosternale, pubescence,
antérieur du labre droit ou peu concave. Mandibules puissantes et stries et ponctuation élytrales, fossettes margino-pronotales et épines latéro-
régulièrement cintrées ; apex trifides, les dents inférieures développées ; dents tibiales comme précédemment. En plus, le tubercule central est conico-
dorsales assez courtes, droites et hautes, l’apex obtus à relevé et presque pyramidal, beaucoup plus court, et l’apex des mandibules est trifide.
épineux ; fossettes infra-basales bien marquées. Massues antennaires trapues ;
articles à peu près de même longueur ; le X bien arrondi extérieurement. Polymorphisme. Espèce très peu variable, sauf la taille (± 4,5mm) : structure
médio-post-frontale plus ou moins marquée ; pubescence des aires latéro-
Pronotum (fig. 857). Bord antérieur légèrement bilobé, souvent concave
post-frontales plus ou moins abondante et étendue ; angles antérieurs du
au milieu. Angles antérieurs abaissés ou non. Sillon marginal assez large et
pronotum bien à peu arrondis, abaissés ou non ; présence / absence d’épines
profond ; lisse et atteignant les deux tiers de la largeur du pronotum dans sa
méso- et métatibiales.
partie antérieure ; fossettes médianes antérieures, avec des ponctuations fortes,
rondes ou transverses. Pubescence des pré-épisternes assez longue et dense,
distincte en vue dorsale de l’Insecte. Pré-épimères avec des soies espacées Répartition géographique. Espèce répandue depuis le
postérieures. centre-nord du Costa Rica jusqu’au nord-ouest de
Mésosternum (fig. 858) sétigère de part et d’autre de la ligne axiale, les l’Equateur, longeant ainsi les Andes sur leur versant
soies assez longues et plus ou moins denses ; ailleurs glabre ; tégument mat
couvrant largement l’angle antérieur, les côtés latéro-antérieurs et la ligne Pacifique (fig. 906). Sa présence au Honduras, notée sur
axiale ; ailleurs brillant et plus ou moins lisse. un spécimen de la collection Kuwert (MNHN), est très

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Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

douteuse ; l’espèce n’y a jamais été prise avec certitude, type erronée du synonyme criniceps a été la cause d’impor-
comme au Guatemala et au Nicaragua. tantes erreurs dans sa chorologie et sa biogéographie. Tous
Du Costa Rica, suite au premiers signalements (REYES- les auteurs ont admis cette origine jusqu’à ce que REYES-
CASTILLO 1970 : sans autre précision ; S CHUSTER & CASTILLO & CASTILLO (1992) ont considéré l’espèce
REYES-CASTILLO 1981 : Puntarenas, Péninsule d’Osa), sa comme endémique du sud de l’Amérique Centrale. Elle
présence est confirmée des prov. de San José, Puntarenas existe pourtant largement en Amérique du Sud, mais sans
et Limón, soit de part et d’autre de la Cordillère de avoir atteint les Andes centrales.
Talamanca. La dépression du Nicaragua formerait la HINCKS (1934) a affirmé que Kuwert n’a connu V. cirra-
barrière dans son extension vers le nord. tus que par sa description. Pourtant, KUWERT (1891, 1898)
Entre le Costa Rica et le Panama, l’espèce est surtout l’a dûment cité du volcan Chiriquí, sur un spécimen iden-
abondante dans le Massif du Chiriquí. Elle est connue, au tifié par lui dans sa collection. Dans cette erreur, il semble
Panama, des prov. de Panamá, Coclé, Veraguas, Colón et que Hincks a été influencé par le synonyme criniceps, décrit
Darien. Compte tenu de ses limites éco-altitudinales (voir par Kuwert. GRAVELY (1918), qui n’a pas cité cirratus, a
ci-dessous), elle doit occuper tout le sud de l’Amérique examiné l’espèce sur des spécimens provenant aussi du
Centrale. Chiriquí et qu’il a identifiés criniceps. En revanche,
De Colombie, REYES-CASTILLO & PARDO (1994) ont MOREIRA (1922, 1925) et LUEDERWALDT (1931) n’ont
cité l’espèce du Chocó (sans autre précision) et REYES- pas connu l’espèce.
CASTILLO & AMAT GARCÍA (2003) de Valle (Alto Placas). La série type de Bates est due aux récoltes de C.G.
Elle est certifiée ici de localités plus méridionales de Valle Champion (1879-1883 ; GODMAN 1915). A la même
(environs de Buenaventura ; MCNO, CVM), du Cauca époque (vers 1876-1878), A. Boucard prit aussi l’espèce
(rio Saija ; FMNH) et de l’île Gorgona (NHML). au Panama (BOUCARD 1894), puis BIOLLEY (1901) au
D’Equateur, l’espèce est connue du nord de Costa Rica (MNHN). ALFARO (1935) ne semble pas l’avoir
l’Esmeraldas (Occidente Nord) par un spécimen des connue, malgré ses nombreuses observations au Costa Rica.
récoltes de Rosenberg 1896 (MNHN). Plus au sud, la Récemment, les récoltes de Reyes-Castillo & Halffter, de
Dépression du Nord-Pérou semble être la limite de l’aire l’INBIO, ainsi que celles de D. Curoe et d’A. Gillogly, ont
de répartition. beaucoup contribué à la connaissance de l’espèce en
Amérique Centrale. En Amérique du Sud, les rares captures
Distribution dans l’aire. L’espèce a une assez forte ampli- prouvent qu’elle y est beaucoup moins abondante. Le
tude écologique. Dans, ou proche de la Cordillère de premier spécimen a été pris en Equateur (le seul connu de
Talamanca, elle est présente depuis le littoral jusqu’à plus ce pays) par W.F. Rosenberg, lors de son expédition de
de 1 700 m d’altitude. Cette amplitude explique le vaste 1896. De Colombie, le plus ancien est celui de l’île
territoire qu’elle occupe (voir V. tuberculifrons, qui est Gorgona, de l’expédition du St. George 1924 (également
dans le cas opposé). Aucune localité de la marge Pacifique le seul connu de cette île).
de Colombie-Equateur n’étant connue au-dessus de
1 000 m d’altitude, il pourrait alors exister une différence Autre matériel examiné. Environ 215 ex.
éco-altitudinale notable entre les populations méso- et COSTA RICA, LIMÓN : Costa Rica, P. Biolley [1879-1883] / Las
sud-américaines. Lomas, 250 m (MNHN 1 ex). – PUNTARENAS : Costa Rica, Rio Negro,
25 km La Uníon, 1 500 m, J.B. Karren II.1965 (IMEX 1 ex) ; Costa Rica,
Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec Puntarenas, San Vito [NW La Unión, > 1 000 m], IX.1967 (IMEX 9 ex) ;
Costa Rica, Puntarenas, Rincón de Osa [< 1 000 m], Reyes-Castillo & Halffter
V. (Ouayana) cirratoides et V. fanestus, mais sympatrique avec IX.1969 (IMEX 12 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Sierra Par. Nac. Corcovados,
V. galeatus en Colombie-Equateur. Sirena [≤ 500 m], C.K. Starr II.1979 (IMEX 7 ex) ; Costa Rica, Las Cruces
Entre le Costa Rica et le Panama, les trois espèces du sous- [San Vito], E.A. Sugden VII.1977 / V. sp., det. Schuster 1991 (UCDC 1 ex) ;
Costa Rica, PU, Medandulla 18 km NE Quepos, 900 m / R.M. Bohart /
groupe « laevior », plus Publius talamacaensis, P. solisi, V. cirratus Bates, det. Reyes-Castillo 1984 (EMEC 1 ex) ; Costa Rica,
V. (Veturius) aquilonalis (grpe « platyrhinus »), V. tuberculifrons Puntarenas, Osa Peninsula, Rincón, VII.1966 / G.R. Buckingham (FSCA
et V. schusteri (grpe « sinuatocollis »), sont sym- ou parapa- 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Peninsula Osa, Corcovado Nac. Parq., D.H.
Janzen III.1977, VIII.1978 (INBIO 2 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Pen. De
triques, mais dans leur bas étage. En revanche, V. (Veturius) Osa, Rancho Quemado, 200 m, K. Flores, F. Quesada, G. Varedla V. VI.1992
aspina (grpe « platyrhinus »), V. sinuatocollis et peut-être V. sinua- (INBIO 4 ex) ; id., A. Marín XII.1993 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas,
tomarginatus (grpe « sinuatocollis »), sont sympatriques. P.N. Amistad, Est. Las Mellizas, Fca Cafrosa, 1 300 m, M. Ramirez & G. Mora
V.1990, III. IV.1991 (INBIO 4 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Pittier,
En Colombie-Equateur, sont sympatriques V. sinuatocol- Pila-Acla, A. Azofeifa, M. Lobo I. II.1995 (INBIO 3 ex) ; Costa Rica,
lis, V. aspina et V. onorei. Puntarenas, Fila Madre, 3 km SO Cerro Rincón, 540-710m, A. Picado
V.1995 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Est. Agujas [S res. Carara],
Remarques taxinomiques et historiques. Les particula- 300 m, A. Azofeifa IV.1996 (INBIO 3 ex) ; Costa Rica, Puntarenas, Cotoncito,
rités morphologiques contrastées de V. cirratus lui ont valu 3,5 km N La Lucha, 1 600 m, A. Picado, A. Sólis V.1997 (INBIO 1 ex) ;
Costa Rica, Puntarenas, rio Cotón, gift N. Zakharoff I.1987 (CASC 6 ex).
d’être assez bien connu. Il n’a que rarement été confondu – SAN JOSÉ : Costa Rica, San José, San Isidro del General [> 500 m], Reyes-
et uniquement avec V. tuberculifrons. Toutefois, la localité Castillo & Halffter IX.1969 (IMEX 3 ex) ; Costa Rica, San José, Est. Bijagual,

557
Stéphane Boucher

1,5km N Bijagual, 500 m, A. Sólis VII.1995 (INBIO 1 ex) ; Costa Rica, San Panama, Boquete, II.1914 / J. Zetek (USNM 2 ex) ; Panama, Boquete, O.S.
José, Est. Las Nubes de Santa Elena [NE San José cap.], Send. El Gringo, Flint Jr. VII.1967 (USNM 8 ex) ; Panama, La Laguna, Volcan [> 1 000 m],
1210-1 500 m, E. Alfaro VIII-IX.1995, VI.1997 (INBIO 3 ex). XI.1963 (USNM 2 ex) ; Panama, Volcan Chiriqui, M.A. Querra XII.1978
PANAMA (sans autre précision) : cirratus Bates, Panama [dét. Kuwert] / (IMEX 3 ex) ; Panama, Chiriquí, 4,5 ml N Santa Clara, 1 500 m, A. Gillogly
ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN 1 ex) ; Panama, VI.1929 via B. Benesh- & J.H. White XII.1991 (CAG 3 ex) ; Panama, Chiriquí, 1 km NW Santa
Chicago / V. cirratus Bates, det. Hincks / Mus. Hincks & Dibb (MUHD Clara, 1 200 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 10 ex) ; Panama, Chiriquí, 5 km
2 ex). – CHIRIQUÍ : Chiriqui / Ex. Mus. A. Boucard [1876-1878] (MNHN E Rio Sereno, 1 000 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 5 ex) ; Panama, Chiriquí,
1 ex) ; Chiriqui (MNHN 4 ex) ; Panama, Volcan de Chiriquí, 1 700 m 1980 Jaramillo Abajo, 4 km E Boquete, 1 500 m, A. Gillogly IX.1992 (CAG 3 ex) ;
(MNHN* 3 ex) ; Chiriqui, VI.1981 / ex coll. G. Minet 1994 (MNHN* Panama, Chiriquí, Res. La Fortuna, 2 km E Hornito, 1 350 m, A. Gillogly
4 ex) ; Chiriqui (ZISL 1 ex) ; Panama / Chiriqui / Coll. v. Doesburg via Plason & J.H. White IV.1993 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriquí, Las Lagunas, 4 km
(NNML 6 ex) ; Panama, Vicinity Boquete [> 1 000 m], V-VIII.1939 / J.R. W Volcan, 1 340 m, A. Gillogly & J.H. White XII.1991 (CAG 4 ex) ; Panama,
Stevin / V. cirratus Bates, det. v. Doesburg (NNML 2 ex) ; Panama, Chiriqui, Chiriquí, Palma Real, 800 m, A. Gillogly & J.H. White I.1992 (CAG 5 ex) ;
Le Moult vendit (IRSN 10 ex) ; Panama, Chiriqui / Ex. Staudinger & Bang Panama, Chiriquí, 1,4 km Palo Alto, Boquete, 1200-1 400 m, A. Gillogly
Haas-Dresden [< 1900] / V. criniceps Kuwert, det. Dibb / Mus. Hincks & VIII.1993 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriquí, 0,5km S Alto Quiel, 1 700 m,
Dibb (MUHD 3 ex) ; Panama, Boquete / V. criniceps Kuwert, det. Hincks / A. Gillogly I.1993 (CAG 2 ex) ; Panama, Chiriquí, 6ml W Volcan, 1 400 m,
Ex. Staudinger & Bang Haas-Dresden / Mus. Hincks & Dibb (MUHD A. Gillogly & J.H. White XII.1991 (CAG 7 ex) ; Panama, Chiriqui, 15 km
1 ex) ; Panama, Potrerillos [≥ 1 000 m], VI.1937 via B. Benesh-Chicago NW Volcán, 1 350 m, D.M. Windsor V.1995 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui,
(MUHD 3 ex) ; Chiriqui / criniceps Kuw. [dét. ?] (SMTD 1 ex) ; Panama, 3,5 km NE Sta Clara, 1475m, H. Stockwell V.1995 (CAG 2 ex) ; Panama,
vic. Boquete, VIII.1939 / V. cirratus Bates det. Doesburg (MTMA 1 ex) ; Chiriqui, La Culebra Trail, 1 km n. Boquete, 1 215 m, A. Gillogly VIII.1995

Figures 853-866
Veturius (Ouayana) cirratus Bates, Costa Rica – Equateur. – 853, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 854, ligule (ventral) ;
855, palpe labial ; 856, processus hypostomal ; 857, pronotum (dorsal, latéral) ; 858, mésosternum ; 859, métasternum ; 860, élytre (latéro-dorsal) ; 861,
stries disco-élytrales I-III ; 862, fossette procoxale ; 863, protibia (dorsal) ; 864, mésotibia (latéral, dorsal) ; 865, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur
comparée aux tarsomères I-III) ; 866, édéage. – Échelles : 1 mm.

558
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

(CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Parque Nac. Altos de Campana, n. Malganao, Tête (fig. 867). Tubercule central conico-pyramidal élancé à 45°, assez
715 m, R. Ibanez I.1996 (CAG 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Cerro Campana, élevé, l’apex droit et étroit. Tubercules latéro-postérieurs peu marqués, courts.
800-900 m, A. Gillogly VI.1994-VII.1995 (CAG 6 ex) ; Panama, volc. Tubercules tentoriaux presque effacés. Rides frontales postérieures peu
Chiriqui, A. Brérig VII.1930 / V. cirratus Bates, det. Pereira 1947 (MHNB marquées, verticales, divergent en angle aigu depuis l’apex du tubercule
1 ex) ; Panama, Chiriqui, Boquete, J.E. White VII.1988 (UCDC 1 ex) ; central, puis en avant en angle droit et atteignant faiblement les tubercules
Panama, Arco Iris, J.E. White XI.1988 (UCDC 1 ex) ; Panama, Camp internes. Aire médio-frontale plane ou concave et lisse. Clypéus large, en
Chagres, T. Taylor X.1967 (FMNH 1 ex) ; Panama, Boquete, 1 200 m, forme d’accolade bien marquée ; bord antérieur faiblement concave et bien
G. Small XII.67 (FMNH 1 ex) ; Panama, Chiriqui, Hartmann’s Finca, Morris incisé au milieu. Aires latéro-post-frontales profondes, glabres et lisses.
& Wappes, R. Turnbow VII.1997 (FSCA 2 ex) ; Panama, vic. Boquete, V.1939 / Canthus oculaires assez longs et larges, peu rétrécis au milieu ; apex antérieur
J.R. Slevin / V. cirratus Bates, det. Doesburg (CASC 5 ex) ; Panama, Chiriqui, droit, émoussé, dépassant l’œil. Fossettes post-oculaires étroites, complètes,
Cerro Punta, 1 524 m, E.S. Ross III.1975 (CASC 1 ex) ; Panama, Chiriqui, en partie sétigères. Aire post-frontale non délimitée par un sillon postérieur.
2 km NE Boquete, D.C. Rentz, M.S. Carter & C.L. Mullinex IV.1976 (CASC Ligule (fig. 868) fortement élargie vers l’avant, l’aire médio-postérieure étroite
1 ex) ; Panama, Chiriqui, S slope Volcan Chiriqui, 1 000 m, E.S. Ross I.1987 / et plane. Article II des palpes labiaux (fig. 869) court et large. Processus
V. cirratus Bates, det. Gillogly 1997 (CASC 1 ex) ; Panama, Chiriqui, La hypostomaux (fig. 870) avec quelques soies médianes, l’apex presque arrondi.
Fortuna, Cerro Pinola, 1 250 m, A. Guerra VIII.1997 (CDC 1 ex) ; Panama, Mentum avec des ponctuations sétigères postérieures sur le disque. Bord
Chiriqui, Alto Boquete, 1 200 m, D. Curoe V.1998 (CDC 1 ex) ; Panama, antérieur du labre droit. Apex mandibulaires trifides, les dents inférieures
Chiriqui, Bajo Boquete, 1 100 m, D. Curoe V.1999 (CDC 4 ex) ; Panama, réduites.
Chiriqui, 20 km W Volcán, 1 350 m, D. Curoe VI.1999 (CDC 1 ex) ; Panama, Pronotum (fig. 871) transverse. Bord antérieur bilobé, concave au milieu.
Chiriqui, Jurutungu, Fca Guillen 1 945 m, D. Curoe V.1999 (CDC 2 ex) ; Angles antérieurs peu abaissés mais très arrondis. Sillon marginal à fossettes
Panama, Chiriqui, Café Durán, near Nueva California, 1 300 m, D. Curoe, antérieures, avec des ponctuations rondes, plus ou moins fines et éparses.
J. Monzon V.1994 (CDC 1 ex). – VERAGUAS : Panama, Veraguas, Alto de Mésosternum glabre (fig. 872) ; tégument mat couvrant largement l’angle
Piedras, W Santa Fé, 800-850 m, A. Gillogly XII.1991-IX.1992 (CAG 12 ex ; antérieur, les côtés latéro-antérieurs et une courte et étroite bandelette
IMEX 4 ex) ; Panama, Veraguas, Cerro Tute, 4 km W Sta Fé, 830 m, antérieure sur la ligne axiale ; ailleurs lisse et brillant.
A. Gillogly VII.1995 (CAG 4 ex). – COLÓN : Panama, Colón, Santa Rita
Ridge, 4 km S Cerro Sto Domingo, 500 m, A. Gillogly III.1992 (CAG 2 ex) ; Métasternum (fig. 873) à aires latéro-antérieures et latéro-médianes
Panama, Colón, Cerro Viejo, Mine Road 4 km SW Nombre de Dios, 100 m, ponctuées et sétigères, les soies assez longues et éparses. Fossettes peu
A. Gillogly X.1992 (CAG 21 ex). – COCLÉ : Panama, El Valle, XI.1946 / profondes, étroites en avant, bien élargies en arrière, ponctuées et sétigères
N.L.H. Krauss (USNM 2 ex) ; Panama, El Valle de Antón, Coclé, 640 m, comme précédemment, mais un peu plus densément.
J. Schuster XII.1985 / V. cirratus Bates, det. Schuster (UVGC 1 ex) ; Panama, Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques soies éparses et des
Coclé, La Mesa, El Valle, 1 000 m, A. Gillogly III.1993 (CAG 3 ex) ; Panama, calus, qui ont une touffe de soies regroupées et denses (fig. 874). Stries peu
Coclé, La Mesa, n. El Valle, 780 m, A. Gillogly VII.1995 (CAG 1 ex) ; Panama, profondes, les ponctuations indistinctes partout ou presque (fig. 875).
Coclé, La Mesa, El Valle, 850 m, D. Curoe VI.1999 (CDC 13 ex) ; Panama, Pattes. Protibias élargis (fig. 876). Mésotibias armés d’une forte épine
Coclé, Cerro Gaital, 850 m, D. Curoe VII.1996 (CDC 1 ex). – PANAMÁ : post-médiane, parfois dédoublée (fig. 877) ; pubescence assez dense et peu
Panama, Panama, Rte El Llano – San Blas, 375 m, G. Lecourt & Th. Decaens allongée ; arête supérieure marquée sur les deux tiers de sa longueur médiane.
VII.2003 (MNHN* 1 ex) ; Panama, Pma, Cerro Campana, 850 m, W. Bivin Spolons supérieurs des méso- et métatibias longs et presque crochus (fig. 878).
IX.1972 (USNM 1 ex) ; Panama / Catwright Coll. (USNM 1 ex) ; Panama, Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de
Panama, W side Cerro Campana, 750-800 m, A. Gillogly X.1991 (CAG V. cirratus (d’où le nom donné à l’espèce).
12 ex) ; Panama, Panama, Cerro Campana, 850-950 m, A. Gillogly VIII.1992
(CAG 5 ex) ; Panama, Canal Zone, Pipeline Road, 100 m, NW Gamboa, Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun
A. Gillogly IV-VII-VIII.1992 / V. cirratus Bates, det. Gillogly (CAG 8 ex). – autre V. (Ouayana) : taille < 34 mm ; apex mandibulaires trifides, les dent
DARIEN : Panama, Darien, Cana, Pirre Trail, 1 135-1 250 m, A. Gillogly inférieures réduites ; tubercule central conico-pyramidal, assez élevé, étiré en
VI.1996 (CAG 7 ex). avant ; aires latéro-post-frontales glabres ; bord médio-postérieur de la ligule
COLOMBIE, VALLE DEL CAUCA : Colombia, Anchicaya Dam, étroit et plan ; fossettes margino-pronotales peu et assez finement ponctuées ;
70km E Buenaventura, 360m, H. & A. Howden VII.1970 (MCNO 1 ex) ; mésosternum glabre ; méso- et métatibias avec une forte épine post-médiane,
Col., Valle del Cauca, Buenaventura env. Seragosa, 1 000 m, V. Maly VI.1996 les fourches apicales larges, longues et acérées et les spolons supérieurs longs,
(CVM 1 ex). – ÎLE GORGONA : Colombia, Gorgona Islands [≤ 500 m], droits, sauf l’apex crochu ; élytres brillants, bleu gris (peu visible sur le
St. George Exp., rotting tree trunks, C.L. Collenette VII-XI.1924 (NHML paratype), la ponctuation des stries indistincte partout, les calus huméraux
1 ex). – CAUCA : Colombia, Cauca, Quebrada Huanqui, Rio Saija, 100 m, avec des soies denses regroupées en touffe.
B. Malkin XI.1971 (FMNH 4 ex).
ÉQUATEUR, Occidente, ESMERALDAS : Cachabí, low c. Affinités morphologiques. Espèce très voisine de V. cirratus, mais dont elle
[< 1 000 m], Rosenberg XI.1896 (MNHN 1 ex). se sépare aisément par : tubercule central plus élevé ; dents mandibulaires
Origine douteuse : Honduras / ex Musaeo A. Kuwert 1894 (MNHN infra-apicales réduites ; pronotum davantage transverse et à angles très
1 ex). arrondis ; aires latéro-post-frontales et mésosternum glabres ; méso- et
métatibias fortement épineux ; élytres bleu gris à ponctuation indistincte ;
soies humérales moins denses et moins étendues.
70. Veturius (Ouayana) cirratoides n. sp. Par ailleurs, V. cirratoides se distingue de V. fanestus par : tubercule central
conico-pyramidal ; fossettes latéro-frontales larges et profondes ; apex des
(fig. 867-878 – 906, 920-921) mandibules trifide ; soies humérales plus nombreuses ; aires latéro-médianes
du métasternum sétigères ; ensemble du corps et des appendices brillant.
Matériel type. 2 O. Holotype : COLOMBIE, ANTIOQUIA :
« [entre] Peñol [et] St. Carlos [1000-1 500 m] / ex Musaeo
E. Steinheil [1872-1873] » (MNHN). Paratype : « IX.1884 / Répartition géographique, distribution dans l’aire.
Columb. 1884-85, Lehmann / Veturius sp. ?, det. Hincks » Espèce probablement endémique des forêts ombro-méso-
(MZSP). philes de basse à moyenne montagne (> 1 000 m d’alti-
tude) du nord de la Cordillère Centrale colombienne
Caractères diagnostiques. Coloration gris noir brillant dessus et dessous, (Antioquia : nord-est de Medellín ; fig. 906). STEINHEIL
sauf les élytres légèrement bleu gris (le paratype est un vieil exemplaire dont (1876a) a signalé des relevés baromètriques correspondant
la coloration originelle est peu discernable).
Taille moyenne. Longueur totale : 31-33,5 mm ; largeur maximale : 11- à des altitudes de 1740m à Peñol et de 900 m à San Carlos
12 mm aux élytres. (itinéraire entre Medellín et Naré).

559
Stéphane Boucher

Affinités chorologiques. Hormis V. oberthuri, qui a été Caractères diagnostiques. Coloration dorsale entièrement bleu gris mat ;
coloration ventrale davantage satinée.
aussi récolté par Steinheil dans la même région, aucune
Taille moyenne. Longueur totale : 31-32 mm ; largeur maximale :
autre espèce du sous-genre n’est connue du nord de la 11-12 mm aux élytres.
Cordillère Centrale. Parmi les autres Veturius, V. standfussi Tête (fig. 844). Tubercule central vertical, allongé, pointu et très effilé.
(grpe « platyrhinus ») est la seule espèce sympatrique. Tubercules latéro-postérieurs presque effacés et décelables par une très faible
convexité. Tubercules tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures peu
Remarques historiques. Le spécimen de Steinheil provient marquées, courtes ; verticales et divergent en angle obtus depuis la base du
tubercule central, puis atteignant les tubercules internes. Angles des rides
de son expédition de 1872-1873. Aucune information n’a frontales postérieures concave ou plan. Aire médio-frontale plane et lisse.
été trouvée sur le probable récolteur Lehmann 1884-1885. Clypéus large, en forme d’accolade peu marquée ; bord antérieur droit et
incisé au milieu. Fossettes latéro-frontales rectangulaires, peu marquées, à
peine concaves. Aires latéro-post-frontales assez profondes, glabres et lisses.
71. Veturius (Ouayana) fanestus n. sp. Canthus oculaires longs et larges, rétrécis au milieu ; apex antérieur droit,
presque épineux, proéminent, dépassant légèrement l’œil. Fossettes post-
(fig. 844-852 – 906, 920-921) oculaires larges, complètes, presque glabres. Aire post-frontale délimitée par
un très faible sillon latéral. Ligule à aire médio-postérieure étroite et plane.
Matériel type. 2 O . Holotype, paratype : COLOMBIE, Article II des palpes labiaux assez étroit et allongé (fig. 845). Processus
NARIÑO : « Colombia, Nariño, R.N. Námbi, 1 200 m, tronco, hypostomaux étroits et allongés, l’apex faiblement relevé (fig. 846). Mentum
F. Lozano V.1994 » (UVGC). avec des ponctuations sétigères éparses sur le disque. Bord antérieur du labre

Figures 867-878
Veturius (Ouayana) cirratoides n. sp., Colombie. – 867, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire (latéro-dorsal) ; 868, ligule (ventral) ; 869,
palpe labial ; 870, processus hypostomal ; 871, pronotum (dorsal, latéral) ; 872, mésosternum ; 873, métasternum ; 874, élytre (latéro-dorsal) ; 875, stries
disco-élytrales I-III ; 876, protibia (dorsal) ; 877, mésotibia (latéral, dorsal) ; 878, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur comparée aux tarsomères
I-III). – Échelles : 1 mm.

560
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

droit. Apex mandibulaires bifides. Massues antennaires courtes et trapues ; Veturius laevior (Kaup) : BOUCHER 2004 : 108 (type) ; SCHUSTER et al.
article VIII plus court que les IX et X ; X large et bien arrondi extérieurement. 2005 : 118.
Pronotum (fig. 847) transverse, lisse ou ridé. Bord antérieur faiblement Syn. : V. lineatosulcatus Luederwaldt 1941
bilobé. Angles antérieurs peu abaissés mais très arrondis. Sillon marginal peu Veturius lineatosulcatus : LUEDERWALDT 1941 : 83.
marqué, les fossettes antérieures, assez larges, avec de rares et très fines Veturius lineatosulcatus Luederwaldt : HINCKS & DIBB 1958 : 11 (catal.) ;
ponctuations, ce qui leur confère un aspect presque lisse. REYES-CASTILLO 1970 : 165 (catal.).
Mésosternum glabre ; tégument mat couvrant l’angle antérieur, les côtés Veturius lineatosulcatus Luederwaldt (syn.) : SCHUSTER et al. 2005 : 118.
antérieurs et la ligne axiale ; ailleurs lisse et brillant.
Métasternum à aires latéro-antérieures et latéro-médianes ponctuées et Matériels types
sétigères, les soies longues et éparses. Fossettes peu profondes, étroites en
avant, bien élargies en arrière, ponctuées et sétigères comme précédemment, V. laevior (Kaup). Décrit sur n exemplaire(s) de « Central-
mais un peu plus densément. America, durch Herrn Moritz Wagner ». On se reportera à
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de nombreuses soies éparses BOUCHER (2004) et SCHUSTER et al. (2005) concernant la révi-
et des calus, qui ont une touffe de soies longues et regroupées (fig. 848).
Stries très peu marquées, la ponctuation indistincte partout (fig. 849).
sion du matériel type et les modifications nomenclaturales de
Pattes. Protibias nettement élargis (fig. 850). Mésotibias armés d’une l’espèce, et à WAGNER (1870) pour l’origine de ce matériel.
puissante épine post-médiane, parfois dédoublée ; pubescence longue et Lectotype (sexe indét.) : COSTA RICA (sans autre précision) :
éparse ; arête supérieure fortement convexe sur le tiers de sa longueur médiane ; « M. Wagner [Kaup] / Guatemala, Proc. laevior Kaup [Kaup] ».
fourches apicales très larges, longues et acérées (fig. 851). Spolons supérieurs – Longueur totale : 29 mm (ZSSM). Ce spécimen est dans un
des méso- et métatibias longs, presque droit, sauf l’apex qui est régulièrement
courbe (fig. 852).
état moyen (genitalia détruits par des entomophages ; manque
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de une patte postérieure, plusieurs tarses et une massue antennaire).
V. cirratus. V. lineatosulcatus Luederwaldt. Décrit du Costa Rica sur
Derivatio nominis. Du tégument entièrement mat à satiné (très rare pour un spécimen de la collection Nevermann, et mis en synonymie
un Passalidae).
par SCHUSTER et al. (2005). Holotype (sexe indét.) : COSTA
Caractères clés. La combinaison des caractères suivants n’existe chez aucun RICA (sans autre précision) : « Costa Rica, F. Nevermann, ex coll.
autre Veturius : taille < 34 mm ; coloration du corps et des appendices Zeledon / Type / Veturius lineatosulcatus n. sp. [dét. Luederwaldt]».
entièrement bleu gris mat (dessus) ou satiné (dessous) ; tubercule central
vertical, pointu et très effilé ; fossettes latéro-frontales rectangulaires, presque
– Longueur totale : 30 mm (USNM).
planes ; aires latéro-post-frontales et mésosternum glabres ; méso- et métatibias
fortement épineux, les fourches apicales très larges, longues et acérées, les Autre matériel examiné. 4 ex.
spolons supérieurs longs, droits, sauf l’apex crochu ; stries élytrales très peu COSTA RICA, ALAJUELA : Naranjo, IV. 1892 / Costa Rica, P. Biollay
marquées, les ponctuations invisibles partout ; calus huméraux avec quelques (MNHN P). – HEREDIA : Puerto Viejo [125 m], IV. 1892 / Costa Rica,
longues soies regroupées. P. Biollay (MNHN P). – GUANACASTE : Costa Rica, Guan., Volcan
Cacao, 1000-1 650 m, D. Good VIII.1987 (MCNO P) ; Costa Rica, Volcan
Affinités morphologiques. La coloration générale, l’architecture du tubercule Cacao, 1170m, J.C. Schuster VIII.1994 (UVGC O).
central, les fourches apicales méso- et métatibiales et la ponctuation élytrale
rendent cette espèce remarquable. Outre sa coloration peu commune, on la Description. Macroptère. Habitus glabre, étroit et allongé, subparallèle.
distingue de V. cirratus et de V. cirratoides surtout par : tubercule central Coloration noire brillant dessus et dessous.
pointu et très effilé ; fossettes latéro-frontales rectangulaires, à peine concaves ; Taille petite à moyenne. Longueur totale : 27-31,5mm ; largeur
apex des mandibules bifide ; soies humérales peu nombreuses, éparses, mais maximale : 9-11 mm aux élytres.
longues ; fourches apicales méso- et métatibiales plus puissantes encore, plus Tête (fig. 879). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, large et
larges et plus longues. On se reportera aussi à V. galeatus car il a le même bombé en arrière, étroit vers l’apex qui est obtus à presque droit. Tubercules
type si particulier de tubercule central. latéro-postérieurs marqués par une fine et courte arête plus ou moins affilée
perpendiculaire au tubercule central. Tubercules tentoriaux effacés ou presque.
Rides frontales postérieures courbes et bien marquées, affilées depuis l’apex
Répartition géographique, distribution dans l’aire. du tubercule central, puis quelque peu effacées ou non à proximité des
Espèce uniquement connue de l’extrême sud des Andes tubercules internes. Tubercules internes marqués, obliqués en avant et sur
de Colombie (Nariño : Námbi), proche de l’Equateur les côtés. Angle des rides frontales droit, légèrement crevassé à la base du
tubercule central. Aire médio-frontale lisse et concave transversalement.
(Sucumbios). L’altitude de 1 200 m indique une forêt Clypéus bombé ; bord antérieur en forme d’accolade plus moins marquée ;
ombro-mésophile de basse montagne. angles antérieurs proéminents, mais incurvés et peu visibles en vue dorsale.
Fossettes frontales circulaires, assez larges, peu à très peu profondes. Aires
Affinités chorologiques. Aucune autre espèce du sous- latéro-frontales glabres et lisses. Angles antérieurs de la tête très obtus et
genre n’est connue du versant sud-est des Andes de émoussés. Canthus oculaires étroits, l’apex antérieur arrondi dépassant
légèrement l’œil. Yeux globuleux mais petits. Fossettes post-oculaires larges,
Colombie. En revanche, on y trouve, à cette altitude, complètes, glabres ou presque. Aire post-frontale à peine concave et dépourvue
V. (Veturius) standfussi et V. guntheri (grpe « platyrhinus »). de sillon postérieur. Ligule (fig. 880) à apex antérieur simple et nettement
plus long que les côtés ; aire médio-postérieure plane, assez large. Mentum
à disque convexe, ponctué et sétigère ; ailes avec des soies éparses, les fossettes
Groupe « laevior » peu marquées et les côtés faiblement cintrés. Processus hypostomaux (fig. 881)
allongés, convexes et non incisés au milieu, l’apex arrondi. Article II des
72. Veturius (Ouayana) laevior (Kaup 1868) palpes labiaux court et élargi vers l’apex, près d’une fois et demie plus long
que le III. Bord antérieur du labre légèrement concave. Mandibules courtes,
(fig. 150, 879-889 – 905, 920-921) assez fortement cintrées ; apex trifides, les dents inférieures peu développées
et plus courtes que les médianes ; dents dorsales plutôt courtes, élevées et
Proculejus laevior : KAUP 1868 : 15. affilées, l’apex obtus ; fossettes infra-basales courtes mais marquées. Massues
Proculejus laevior Kaup : GEMMINGER & HAROLD 1868 : 973 (catal.). antennaires courtes et trapues.
Ogyges laevior Kaup : KAUP 1871 : 70 ; BATES 1886 : 7 (catal.). Pronotum (fig. 882). Bord antérieur à peu près droit. Angles antérieurs
Ogyges laevior (Kaup) : REYES-CASTILLO 1970 : 176 (catal.). bien arrondis et peu abaissés. Sillon marginal étroit et lisse, y compris au

561
Stéphane Boucher

niveau des fossettes et atteignant en avant la moitié de la largeur du pronotum. voisine de Publius (voir chap. II). De plus, ces deux genres
Pubescence des pré-épisternes longue et espacée, peu distincte en vue dorsale
de l’Insecte. Pré-épimères avec quelques soies espacées, surtout postérieures
ont surtout des formes brachyptères, ce qui ne facilite pas
(fig. 883). leur distinction. Toutefois, nous avons vu (chap. II) que
Mésosternum (fig. 883) glabre et lisse. Tégument mat couvrant largement d’autres caractères peu discutables placent Proculejus dans
l’angle antérieur ; ailleurs brillant. la lignée Ogyges – Proculus, c’est-à-dire dans le grand clade
Métasternum (fig. 884) à aires latéro-antérieures largement ponctuées
et pubescentes, la ponctuation fine et les soies longues et espacées ; aires
de Proculini n’incluant pas Publius.
latéro-médianes et latéro-postérieures glabres et lisses ; fossettes bien élargies KAUP (1871) a ensuite transféré Proculejus laevior dans
en arrière, peu profondes, ponctuées et sétigères comme précédemment. son genre Ogyges, ce qui recoupe l’information précédente.
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies éparses, y Dès lors, l’espèce est tombée en désuétude totale, puisque
compris proche ou sur les calus huméraux (fig. 885). Stries rougeâtres, peu
marquées, la ponctuation indistincte. Bord antérieur vertical. Ailes celle dont les auteurs ont parlé est en fait un autre Ogyges,
normalement développées. homonyme (HINCKS & DIBB 1935, 1958, HINCKS 1953,
Pattes. Fossettes procoxales larges, profondes et finement sétigères. SCHUSTER & REYES-CASTILLO 1990). Dernièrement,
Protibias très élargis, armés de 4 fortes et larges épines, plus la fourche apicale
(fig. 886). Mésotibias avec 1-2 épine(s) médiane(s) ; les soies peu nombreuses
Schuster (pers. com.) m’ayant signalé que le type du véri-
et espacées ; arêtes supérieures légèrement convexes sur plus de la moitié de table laevior Kaup serait un Veturius, son examen a montré
leur longueur médiane ; fourches apicales longues et larges (fig. 887). que c’est en plus un synonyme de V. lineatosulcatus
Métatibias comme les mésotibias, mais plus fins et moins pubescents. Spolons
supérieurs des méso- et métatibias longs, fins, droits, l’apex légèrement courbe
Luederwaldt. On notera enfin, pour compléter ces points,
(fig. 888). que Proculejus laevior ab. vinculotaenia Kuwert 1897, est
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII presque effacé. un taxon du clade Proculejus-Ogyges, et non un synonyme
Édéage (fig. 889). Longueur : 2,1 mm. Bord postérieur droit ou presque. de Veturius laevior.
Ventral : paramères et pièce basale séparés par une suture assez distincte.
Dorsal : phallus largement sclérotisé ; phallobase et paramères limités à un
Hormis la similitude morphologique que présente la
fin liseré marginal. région clypéo-frontale entre V. laevior et le genre Ogyges,
Derivatio nominis. Du tégument général très lisse et glabre. il n’y a, rétrospectivement, qu’une raison plausible pour
Affinités morphologiques. V. laevior se distingue des deux autres espèces du que KAUP (1871) ait transféré l’espèce de Proculejus vers
sous-groupe surtout par son habitus de macroptère (allongé et étroit, yeux Ogyges : le système de classification quinaire (voir chap. I,
globuleux, bord antérieur des élytres vertical), par ses rides frontales- p. 265). Celui-ci exigeant de réunir les taxons au maxi-
postérieures nettement marquées, souvent affilées, ainsi que par l’absence de
soies réunies en touffe sur les calus huméraux. On séparera aussi V. laevior mum par cinq, il semble que Kaup a parfois contourné
de V. ptichopoides par : taille moindre ; ponctuations sétigères métasternales cette difficulté par des transferts très subjectifs d’espèces.
plus étendues et un peu plus denses ; protibias moins élargis ; métatibias Ainsi, Proculejus comptant cinq espèces, et Ogyges moins
épineux.
de cinq, laevior a pu être transféré vers ce dernier. Un autre
Polymorphisme. Les rares spécimens connus sont peu variables : longueur exemple de ce type, vu auparavant, est Pleurostylus trape-
totale (± 5 mm) ; développement des rides frontales postérieures ; écartement
des tubercules internes ; pronotum rétréci en avant ou non ; massues zoides (voir p. 481).
antennaires plus ou moins trapues.
73. Veturius (Ouayana) ultimus n. sp.
Répartition géographique, distribution dans l’aire. (fig. 890-897 – 905, 920-921)
Espèce endémique des forêts de versants de basse montagne
(environ 1 000 m) de la Cordillère de Tilarán (Costa Rica ; Matériel type. 3 ex. Holotype P : COSTA RICA, PUNTARE-
fig. 905). La localité de Puerto Viejo (Heredia), notée de NAS : Costa Rica, Puntarenas, R.B. [Res. Biol.] Monteverde,
125 m par Biolley, est douteuse. 1 520 m, N. Obando X.1993 (INBIO). Paratypes : Costa Rica,
Puntarenas, Monte Verde, 1 000 m, IX.1985 (MNHN* PO).
Affinités chorologiques. Espèce parapatrique avec V. ulti-
mus, allopatrique avec V. ptichopoides et sympatrique avec Caractères diagnostiques. Hémibrachyptère.
V. (Veturius) sinuatocollis (grpe homonyme). Taille moyenne. Longueur totale : 32-34 mm ; largeur maximale :
11-11,5 mm aux élytres.
Tête (fig. 890). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, large à la
Remarques taxinomiques et historiques. Cette espèce a base, légèrement moins vers l’apex très obtus et émoussé. Tubercules latéraux-
été confondue pendant plus d’un siècle avec Proculejus postérieurs à peine marqués par une courte et molle convexité perpendiculaire
laevior Kaup. Elle est restée méconnue aussi du fait de son au tubercule central. Tubercules tentoriaux effacés. Rides frontales postérieures
endémisme. courbes et effacées, sauf à proximité du tubercule central. Tubercules internes
marqués, larges et très émoussés. Angle des rides frontales aigu proche du
Curieusement, KAUP (1868) n’a pas indiqué les proti- tubercule central, puis droit en avant et plan. Aire médio-frontale lisse et un
bias très élargis qui caractérisent l’espèce. On remarque peu concave transversalement. Clypéus bombé ; bord antérieur à peu près
aussi qu’il a placé à côté d’elle Proculejus concretus, un ex- droit ; angles antérieurs non proéminents, incurvés et peu visibles en vue
dorsale. Yeux réduits non globuleux. Articles II des palpes labiaux assez longs
synonyme de Publius crassus, ce qui signifie qu’il avait et faiblement élargis vers l’apex. Ligule évasée vers l’avant, large (fig. 891).
remarqué d’autres similitudes entre les deux espèces (sans Pronotum (fig. 892). Sillon marginal partout étroit et très lisse, ou
doute la conformation du clypéus et l’absence de sillon indistinctement dilaté à l’emplacement des fossettes médianes. Pré-épimères
avec quelques soies marginales (fig. 893).
clypéo-frontal). Il est vrai que le genre Proculejus compte Mésosternum avec une macule mate antérieure (fig. 893).
des espèces dont l’architecture clypéo-frontale est très Métasternum (fig. 894). Aires latéro-médianes glabres et lisses.

562
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec de courtes soies éparses et des épine affilée post-médiane ; soies peu nombreuses et espacées. Métatibias
calus huméraux, avec une touffe de soies plus longues que les précédentes. comme les mésotibias, mais inermes, plus fins et moins pubescents.
Bord antérieur incliné. Ailes réduites. Abdomen. Sillon marginal du sternite VII effacé.
Pattes. Protibias (fig. 895) très élargis, armés de 3 fortes épines de Édéage (fig. 897) petit. Longueur : 2,8 mm. Apex postérieur convexe et
longueurs inégales, plus la fourche apicale. Mésotibias (fig. 896) avec une affilé au milieu. Ventral : paramères et pièce basale séparés par une suture

Figures 879-897
Veturius (Ouayana), Costa Rica. – 879-889, V. laevior (Kaup) ; 890-897, V. ultimus n. sp. – 879, 890, tête (dorsal), tubercule central (profil), apex mandibulaire
(latéro-dorsal) ; 880, 891, ligule (ventral) ; 881, processus hypostomal ; 882, 892, pronotum (dorsal, latéral) ; 883, 893, mésosternum et méta-épisterne ;
884, 894, métasternum ; 885, calus huméral ; 886, 895, protibia (dorsal) ; 887, 896, mésotibia (dorsal) ; 888, spolon supérieur mésotibial (latéral, longueur
comparée aux tarsomères I-III) ; 889, 897, édéage. – Échelles : 1 mm.

563
Stéphane Boucher

distincte ; apex des paramères presque aussi large qu’au milieu. Dorsal : tion naturelle (voir HARTSHORN 1983). On ignore quelles
phallus largement sclérotisé ; phallobase et paramères limités à un fin liseré
marginal.
sont les limites de l’aire de répartition de l’espèce ; il est
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de toutefois vraisemblable qu’elles correspondent aux reliefs
V. laevior. significatifs de la Cordillère de Tilarán.
Affinités morphologiques. Espèce « intermédiaire » entre V. laevior et
V. ptichopoides, mais plus proche du second par l’hémibrachyptérisme et ses
Affinités chorologiques. Comme V. laevior.
modifications corrélatives (habitus un peu plus transverse, plus massif ; yeux
réduits, rides frontales postérieures en partie effacées, bord antéro-élytral 74. Veturius (Ouayana) ptichopoides n. sp.
incliné, élytres raccourcis). Pour le reste, il s’en distingue aisément par : taille
moindre ; habitus moins massif et moins transverse ; clypéus plus étroit et (fig. 264, 898-904 – 905, 920-921)
plus proéminent ; canthus oculaires plus étroits ; antennomère X plus long
et plus étroit ; protibias moins élargis ; méso- et métatibias plus fins ; Matériel type. Holotype P : PANAMA, CHIRIQUÍ : Chiriquí
pubescence générale du corps et des pattes plus courte et moins espacée ; [volcan, > 1 000 m] / Ex Musaeo. A. Boucard (MNHN). Ce spéci-
tégument mat mésosternal limité à l’angle antérieur. men est âgé, comme en témoigne la forte usure tégumentaire
Polymorphisme. Non appréciable chez les exemplaires connus. générale et une mandibule brisée.

Répartition géographique, distribution dans l’aire. Caractères diagnostiques. Hémibrachyptère.


Espèce uniquement connue de la forêt de basse montagne Taille moyenne. Longueur totale : 38 mm ; largeur maximale : 12,7mm
aux élytres.
(700-1 200 m d’altitude environ) de la réserve biologique Tête (fig. 898). Tubercule central conico-pyramidal peu élevé, large et
de Monteverde (Cordillère de Tilarán : Nord-Costa Rica, arrondi à la base, l’apex obtus et bien émoussé. Tubercules tentoriaux presque
entre les prov. d’Heredia, Guanacaste et Puntarenas ; effacés. Angle des rides frontales droit depuis l’apex du tubercule central.
Aire médio-frontale lisse et faiblement mamelonnée au milieu. Clypéus
fig. 905). L’îlot forestier est de petite dimension et en partie bombé, large ; bord antérieur à peu près droit. Canthus oculaires larges,
d’origine secondaire, mais il est en processus de reforma- élargis vers l’apex antérieur qui est bien arrondi.

Figures 898-904
Veturius (Ouayana) ptichopoides n. sp., Panama. – 898, tête (dorsal), tubercule central (profil) ; 899, pronotum (dorsal, latéral) ; 900, mésosternum et méta-
épisterne ; 901, métasternum ; 902, calus huméral ; 903, protibia (dorsal) ; 904, édéage. – Échelles : 1 mm.

564
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Pronotum (fig. 899). Angles antérieurs très arrondis et abaissés. Sillon


marginal étroit et lisse partout, un peu moins à la hauteur des fossettes
B. Synthèse chorologique
médianes. et faunistique
Mésosternum. Aire mate (fig. 900) couvrant largement les côtés antérieurs
et la ligne axiale. Métasternum (fig. 901) : aires latéro-antérieures ponctuées Le genre Veturius compte un plus grand nombre d’espèces
et sétigères proche des coxae ; fossettes bien élargies en arrière ; pubescence et occupe un territoire plus vaste que tout autre genre de
longue et espacée partout. Proculini. Sa répartition géographique générale ne peut
Élytres glabres, sauf le bord antérieur avec quelques longues soies éparses alors être utile que par comparaison avec celle de taxons
et des calus huméraux, avec une touffe de soies comme les précédentes
(fig. 902). Bord antérieur incliné. Ailes réduites (fig. 264). de rang équivalent et sans tenir compte des particularités
Pattes. Protibias (fig. 903) très élargis, armés de 3 épines larges et de chaque espèce. C’est ce qui était nécessaire et qui a été
trapues de longueurs inégales, plus la fourche apicale. Mésotibias avec une fait dans l’étude des Proculini (chap. II).
fine épine post-médiane, les soies peu nombreuses et très espacées. La monographie de Veturius, objet de la première partie
Métatibias comme les mésotibias, mais inermes, plus fins et moins
pubescents. du présent chapitre, a permis d’établir, pour les 74 espèces
Abdomen. Sillon marginal du sternite VII peu marqué par une simple du genre, les répartitions, les étages et les types de végéta-
concavité mal délimitée. tions qu’elles occupent. Malgré les apparences, aucune aire
Édéage (fig. 904) grand et fortement sclérotisé. Longueur : 3,5 mm. n’est semblable à une autre et chacune vient compléter la
Habitus convexe, ogival. Bord postérieur nettement concave. Ventral : phylogénie. Sur cette relation est fondée l’étape de la
paramères et phallobase séparés par une suture nette ; phallobase concave
sur les côtés. Dorsal : paramères limités à un simple liseré ; phallobase
synthèse chorologique et faunistique.
indistincte. Les aires de répartition des espèces sont instables dans
Les autres caractères non mentionnés sont peu ou pas distincts de l’espace et dans le temps. Pourtant, comme les espèces, ces
V. ultimus. aires ne sont mesurables qu’à un instant t, tandis que des
Derivatio nominis. De l’analogie des protibias (très élargis) avec ceux du espèces n’ayant pas de lien de parenté peuvent occuper le
genre Ptichopus (Passalini). même territoire. Ce dernier, devenu alors hétérogène par
Affinités morphologiques. Espèce voisine de V. ultimus (en tant qu’hémi- rapport à la phylogénie, ne peut être défini que par sa
brachyptère), mais qui s’en distingue par : taille supérieure ; habitus plus composition faunistique (et non plus phylétique). Les
massif et plus transverse ; pubescence du corps et des pattes plus longue mais
plus espacée ; clypéus large et court ; canthus oculaires larges ; massues
nouvelles relations établies entre les espèces d’un territoire
antennaires plus courtes, surtout l’article apical ; tégument mat mésosternal donné sont mesurées par les phénomènes de sympatrie, de
couvrant tous les côtés antérieures et l’aire axiale ; protibias encore plus élargis ; parapatrie ou d’allopatrie. Néanmoins, on ne peut négli-
méso- et métatibias plus épais. ger l’affiliation des espèces et des clades, puisqu’il existe
toujours, dans chaque groupe systématique, une certaine
Répartition géographique, distribution dans l’aire. cohérence entre les territoires faunistiques et la phylogénie.
Espèce sans doute endémique du massif du Chiriquí (Costa Une étude chorologique dépassant le cadre statique est
Rica – Panama ; fig. 905), en particulier de la forêt complexe car elle doit tenir compte de ces deux processus
brumeuse d’altitude élevée (≥ 2 000 m ?). différents. De plus, sa complexité croît avec le nombre et
Affinités chorologiques. Espèce allopatrique avec avec la spécialisation des espèces en jeu. Une telle étude
V. (Ouayana) laevior et V. ultimus. Parmi les autres Veturius, intègre ainsi la notion de système de distribution des espèces
elle est sans doute sympatrique avec V. (Veturius) aquilo- (MÜLLER 1976), dont la précison apportent des éléments
nalis (grpe « platyrhinus »), peut-être aussi avec V. tubercu- clés en biogéographie (voir chap. I, méthode d’approche
lifrons et V. schusteri (grpe « sinuatocollis »), mais dans leur biogéographique).
haut étage. Les principaux facteurs extrinsèques à l’origine des
phénomènes de vicariances, puis de regroupements ou de
Remarques taxinomiques et historiques. Le naturaliste séparations des espèces sur un territoire, sont les « ponts »
A. Boucard, unique récolteur de V. ptichopoides, a résidé et les « barrières » (surtout géomorphologiques et climato-
et fait plusieurs expéditions en Amérique Centrale, dans logiques), auxquels sont associés les types de végétations.
les années 1870. Il a laissé très peu d’écrits sur ses itiné-
Afin de mettre en évidence ces divers facteurs chez
raires et sur ses observations entomologiques. De la sorte,
Veturius, nous tenterons, dans un premier temps, de défi-
BOUCARD (1894) n’a pas fait référence à son séjour sur
nir et de cartographier les aires faunistiques à partir des
le Chiriquí. À la fin du XIXe siècle, d’importantes récoltes
aires de répartition des espèces et des lignées d’espèces
de Passalides ont eu lieu sur le versant Pacifique de ce établies précédemment.
massif, depuis le littoral jusqu’à plus de 2 500 m, en parti-
culier par P. Biolley et C.G. Champion. Récemment, Les unités géomorphologiques citées dans le texte sont
A. Gillogly a réalisé au Panama de méticuleuses récoltes indiquées sur la carte physique de l’Amérique intertropi-
sur les versants Pacifique et Caraïbes, de même que cale (pl. I, p. 372). Pour la végétation et ses diverses forma-
l’INBIO au Costa Rica. Malgré cela, l’espèce n’a jamais tions, et pour certaines divisions biogéographiques, de
été reprise. nombreux renseignements ont été puisés dans les impor-

565
Stéphane Boucher

tants travaux de HUECK (1972) et de SCHNELL (1987),


ainsi que dans ceux qui sont consacrés à certaines régions,
ou à une seule (SAMPAIO 1938, PIMENTA VELOSO 1966,
M AACK 1968, B ARTLETT & B ARGHOORN 1973,
L INDMAN & F ERRI 1974, P UIG 1976, C AÑADAS &
ESTRADA 1978, HARTSHORN 1983, RZEDOWSKI 1986,
PRANCE 1987a, POR 1995, BONO 1996, FURLEY 1999,
MORRONE et al. 2002).

1. Généralités sur la répartition


géographique de Veturius
Avant d’établir les limites géographiques et la composi-
tion des faunes régionales et sous-régionales de Veturius,
il est utile de rappeler quelques précisions sur l’ensemble
du genre.
Veturius occupe la majeur partie de l’Amérique inter-
tropicale continentale. Ce territoire très grand et diversi-
fié (hauts reliefs disséminés d’âges variés, puissant réseau
orographique), a déterminé une forte disparité climatique
et forestière entre les différentes régions qui le composent.
Les espèces sont compartimentées dans leur répartition
selon ces facteurs déterminants.

1.1. Originalités et affinités de Veturius


parmi les Proculini Figure 906
Nous avons vu (chap. II) que presque tous les genres de Localisation des Veturius (Ouayana) des groupes « cirratus » et
« punctatostriatus » dans les Andes de Colombie – Equateur et en Amérique
Proculini sont originaires de la Méso-Amérique et que la Centrale. Trame : altitude ≥ 1 000 m.
plupart y sont endémiques. Les exceptions sont Popilius

et Veturius, qui ont chacun une histoire sud-américaine,


toutes deux assez comparables d’ailleurs.
Veturius. La répartition actuelle de ce genre est consi-
dérée néotropicale car elle s’étend du nord de l’Isthme de
Tehuantepec jusqu’à la limite sud des forêts tropicales
denses de l’Amérique du Sud (axe Bolivie – Rio Grande
do Sul ; fig. 245).
Popilius. La répartition actuelle de ce genre est voisine
de celle de Veturius, mais elle est considérée sud-américaine
car elle dépasse à peine, au nord, l’Isthme de Panama
(fig. 243).
Verres et Arrox. La répartition de Verres est considé-
rée néotropicale car elle est voisine de celle de son groupe
frère Veturius (fig. 245). Cependant, la présence sud-améri-
caine de Verres n’a pu être que beaucoup plus récente (posté-
rieure à la jonction définitive de Panama, au Pléistocène ;
chap. II et fig. 245). En Amérique du Sud, une seule espèce
couvre les trois quarts de l’aire de répartition du genre
(toutes les localités est-andines). Ailleurs, c’est-à-dire en
Figure 905 Colombie-Equateur, existent un endémique et quelques
Localisation d’Arrox et des Veturius (Ouayana) du groupe « laevior » (Mexique, espèces d’origine méso-américaine. Quant à Arrox (groupe
Amérique Centrale). Trame : altitude ≥ 1 000 m. frère de Veturius-Verres), il fut et est strictement méso-améri-
cain (fig. 245).

566
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

1.2. Principales influences géomorphologiques (interconnexions) entre espèces et groupes d’espèces.


Finalement, ce territoire apparaît comme un territoire-clé
Les reliefs. Les conditions écologiques apportées par les
pour une grande partie du genre.
reliefs sont très favorables aux Veturius : à leur biologie, à
leurs spéciations et à leurs endémismes, donc à la richesse Événements majeurs en Amérique du Sud. En Amérique
des différentes faunes du genre. L’examen détaillé des du Sud, la phylogénie et la répartition des espèces ont
espèces a montré que certaines sont limitées à des altitudes montré que des événements géologiques et climatiques,
élevées et d’autres à des altitudes basses. Toutefois, dans depuis le Néogène, ont participé de façon déterminante
l’ensemble, le genre s’est davantage diversifié sur les versants dans l’évolution générale du genre. Ce sont surtout : la
de basse et de moyenne montagnes (entre 700 et 2 000 m surrection des Andes, l’accumulation d’un vaste dépôt est-
environ). Ceci correspond aux étages de forêts ombro- andin de piémont, et la transgression marine dans le Bassin
mésophiles à mésophiles (fig. 921). C’est aussi dans ces Amazonien, achevée au Pliocène.
étages que l’on observe les populations les plus abondantes.
On peut alors penser que tout relief forestier humide, 1.3. Influence du climat et de la végétation
quelque peu isolé et dépassant environ 1 500 m d’altitude,
est susceptible d’abriter au moins un endémique. En consé- On a vu (chap. I) que « toute forêt humide tropicale est
quence, les secteurs géographiques qui renferment le plus susceptible d’abriter des Passalides ». Quelques précisions
grand nombre d’espèces sont celles qui disposent à la fois doivent maintenant être ajoutées à propos de Veturius.
de ces reliefs et d’une situation favorable pour les échanges Les phytogéographes ont distingué en Amérique tropi-
faunistiques (carrefours biogéographiques). cale de nombreux types de forêts humides en fonction de
critères variés (flores, latitudes, étages, pédologie, inonda-
Panama et les sous-continents méso- et sud-américains. bilité, etc. ; voir par exemple la synthèse de PRANCE 1987a).
L’existence de deux sous-continents, tantôt reliés, tantôt Ces forêts ont une répartition beaucoup plus hétérogène
séparés depuis le Néogène par l’Isthme de Panama, est que l’on croyait, notamment celles qui couvrent d’immenses
l’une des premières causes de la diversification de Veturius. territoires sans discontinuer. Pour le genre Veturius, on peut
On a ainsi observé, de part et d’autre de l’Isthme, autant englober sous le terme de « forêt » les formations denses de
de différences (endémismes) que d’affinités faunistiques terre ferme, sempervirentes à tropophiles et plus ou moins

Figure 907
Localisation des Veturius (Ouayana) du groupe « punctatostriatus » en Amérique du Sud extra-andine (Amazonie, Massif des Guyanes). Trame : altitude
≥ 1 000 m.

567
Stéphane Boucher

hygrophiles tout au long de l’année. Les étages de ce type


de forêt ont beaucoup fluctué depuis le Néogène en fonc-
tion des climats et des orogenèses. Quant aux barrières que
peuvent former les reliefs, elles sont infranchissables pour
les espèces lorsqu’elles dépassent en altitude l’étage supé-
rieur des forêts, vers 3 500 m. Plusieurs espèces atteignent
cette limite, qui est l’une des plus élevées pour la famille.
L’instabilité spatio-temporelle post-Pliocène des forma-
tions xérophytiques (dépourvues d’espèces) a aussi été
importante dans l’ensemble de la zone intertropicale, surtout
dans les grands bassins, comme celui de l’Amazone
(TRICART 1974, AB’SÁBER 1977, 1982, ABSY et al. 1991,
HARRIS & MIX 2002). Ces savanes et forêts sèches encla-
vées dans les forêts humides ne se maintiendraient qu’à plus
ou moins brève échéance. Pour Veturius (et les Passalides
en général), la présence et le « déplacement » de ces forma-

Figure 909
Localisation des Veturius (V.) des groupes « caquetaensis » et « platyrhinus »
dans les Andes. Trame : altitude ≥ 1 000 m. – V. caquetaensis Boucher,
V. imitator n. sp., V. sp. perecasi n. sp., V. montivagus n. sp., V. guntheri Kuwert.

tions sèches, qui sont parfois de grandes dimensions, ont


pu jouer un rôle de barrière écologique hermétique.
Les formations xériques : des barrières. Entre l’Isthme
de Tehuantepec et le Misiones argentin, trois régions prin-
cipales à formations xérophiles sont dépourvues d’espèces
et ont visiblement joué un rôle de barrières écologiques :
le versant Pacifique des Andes du Pérou, le Nordeste brési-
lien et le Chaco septentrional (pl. I, p. 372 et fig. 919).
Le versant Pacifique des Andes du Pérou est xérique
à désertique sur plus de 2000km (REPARAZ 1958, EIDT
1968, HUECK 1972, SCHNELL 1987, LINARES-PALOMINO
et al. 2003). Certains secteurs sont parmi les plus arides
du Globe. Il n’y existe donc pas de forêt dense humide,
sauf dans quelques contreforts élevés et de petites dimen-
sions ; toutefois, le nord-ouest du Pérou en aurait peut-
Figure 908
Localisation des Veturius (Publius) et des V. (Veturius) du groupe « biapicalis » être abrité sur une superficie non négligeable (SCHNELL
dans les Andes et dans le sud de l’Amérique Centrale. Trame : altitude 1987), mais elle aurait été détruite par l’Homme depuis
≥ 1 000 m. longtemps. Plus au nord, la transition entre le Pérou sec
et l’Equateur humide s’ajoute à l’effet de la Dépression du

568
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Nord-Pérou ; on y distingue un « décrochement » net dans entre ces deux faunes et l’absence de Veturius y semble
la répartition de tous les Passalides (exemple fig. 923). avérée (fig. 919).
L’aridité du versant Pacifique du Pérou permet de
comprendre que le versant amazonien de ce pays, qui est, Le Chaco septentrional est situé entre les cordillères
lui, très arrosé, est l’unique voie possible qu’ont pu emprun- de Bolivie (ouest), le rio Paraguay (est) et le sud du Plateau
ter les espèces lors de leurs expansions dans les Andes. du Mato Grosso (nord ; pl. I, p. 372, fig. 919). Il appar-
tient au Gran Chaco, pénéplaine qui est l’une des plus vastes
Le Nordeste brésilien (centre-est et nord-est du Brésil) forêts sèches d’Amérique du Sud (HUECK 1972, SCHNELL
est occupé par une forêt basse, ouverte à dense, mais xéro- 1987, PENNINGTON et al. 2000). La majeure partie présente
phile, épineuse et tropophile. Ce trait général caractérise une végétation herbacée à arborée, ouverte et parfois inon-
la caatinga et le cerrado, deux formations voisines de climat dable. Aucun Veturius n’y est connu, ni même présent proba-
semi-aride et qui couvrent un territoire considérable sur blement, sauf peut-être sur les rares reliefs situés à l’ouest
les Plateaux du Mato Grosso et du Brésil (pl. I, p. 372 ; de Robore (Paraguay) et qui pourraient constituer des îlots
MELLO 1953, AUBERT DE LA RÜE 1957, HUECK 1972, de transition avec les Andes (voir V. dreuxi). Ce n’est donc
SCHNELL 1987, FURLEY 1999). Dans ses parties septen- qu’au voisinage des Andes de Bolivie et du bassin du
trionales les plus sèches, le Nordeste sépare deux régions à Paraguay que la forêt dense humide domine. Le Chaco
forêts denses humides : le Pará oriental (Hylaea) et le Brésil septentrional joue ainsi, certainement depuis longtemps,
Atlantique (mata atlântica). Le Nordeste forme une barrière un rôle de barrière entre les Andes et le Brésil Atlantique.

Figure 910
Localisation des Veturius (V.) du groupe « platyrhinus » dans les Andes, en Amérique Centrale, en Amazonie occidentale et sur le Plateau Brésilien. Trame :
altitude ≥ 1 000 m.

569
Stéphane Boucher

Les forêts-galeries du centre-est et du nord-est du Brésil :


des voies d’échanges. Il faut distinguer le Nordeste propre-
ment dit (vu ci-dessus), à déficit hydrique fort et homo-
gène (EIDT 1968, HAFFER 1987), des régions assez compa-
rables qui sont situées au sud-ouest, notamment dans le
Mato Grosso, le Goiás et le Minas, et où existent des
enclaves forestières hygrophiles et parfois denses (MELLO
1953, D IAS DE Á VILA -P IRES 1974, S CHNELL 1987,
FURLEY 1999). Ces forêts sont surtout localisées sur des
reliefs plus élevés (≥ 800 m) car plus frais et plus arrosés.
D’autres longent les cours d’eau sous forme de galeries.
Leur disposition dite « en doigts de gants » leur donne l’as-
pect d’apophyses (« massa do leste » de PIMENTA VILOSO
1966). Contrairement au Nordeste, ces forêts sont une voie
d’échanges faunistiques à double sens entre l’Amazonie et
le Brésil Atlantique (PRANCE 1987, COSTA 2003). Elles
ont donc une grande importance pour les Passalides. Ce
type de forêt-galerie existe aussi dans les Llanos de Venezuela

Figure 912
Localisation des Veturius (V.) du groupe « sinuatocollis » au Mexique, en
Amérique Centrale et dans les Andes. Trame : altitude ≥ 1 000 m.

– Colombie (SARMIENTO & MONASTERIO 1971, HUECK


1972, SCHNELL 1987), où la présence d’un Veturius d’ori-
gine guyano-amazonienne est signalée ici (V. sinuosus).
Le Pantanal : une lagune en partie dépourvue d’espèces.
Un autre territoire sud-américain d’où n’est connue aucune
espèce de Veturius, et qui n’en abrite sans doute que peu ou
pas, est le Pantanal du Mato Grosso (pl. I, p. 372, fig. 919).
POR (1995) en a fait une revue exhaustive. Ce très vaste
plateau lagunaire est situé au nord-est du Chaco et sur la
marge nord-ouest du bassin supérieur du Paraguay, soit aux
confins de plusieurs grandes régions biogéographiques. La
Figure 911 majeure partie est couverte par les eaux chaque année et la
Localisation des Veturius (V.) du groupe « platyrhinus » dans les Andes et dans forêt dense de terre ferme, dans laquelle pourrait exister des
le sud de l’Amérique Centrale. Trame : altitude ≥ 1 000 m. Passalides, est très dispersée. Pour le genre Veturius, le maté-
riel examiné montre que le Pantanal joue un rôle de barrière

570
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

2.1. La Méso-Amérique
Cette région s’étend depuis la marge nord de l’Isthme de
Tehuantepec jusqu’à l’Isthme de Panama inclus. Elle
comprend en particulier le Massif du Chiapas, le Nucléaire
Méso-Américain, la Dépression du Nicaragua et les
Cordillères de Tilarán et de Talamanca (fig. 919 : 1 à 5).
1. Sierra de Los Tuxtlas. Sous-région volcanique de
petites dimensions et peu élevée (point culminant : 1660 m),
située en bordure du Golfe du Mexique. Les terres émer-
gées qui la ceinturent sont dépressionnaires et couvertes,
primitivement, de forêts ombrophiles. Ce massif forme un
îlot à part entière (voir TOLEDO 1982, RZEDOWSKI 1986,
LLORENTE-BOUSQUETS & ESCALANTE-PLIEGO 1992,
GONZÁLEZ SORIANO et al. 1997).
Une espèce : V. (Veturius) marilucae*.
Figure 913 Condition écologique : basse montagne.
Localisation des Veturius (V.) du groupe « sinuatocollis » au Mexique et en
Amérique Centrale. Trame : altitude ≥ 1 000 m. 2. Massif du Chiapas. Ce vaste et ancien massif
rehaussé de volcans actifs est constitué de deux chaînes
parallèles (au nord la Sierra del Norte, au sud la Sierra
Madre) que sépare une zone dépressionnaire (Meseta
Central). Il se prolonge au sud-est par le Nucléaire Méso-
non négligeable, venant s’ajouter au Chaco, entre Américain, atteignant le nord du Nicaragua. Il est bordé
l’Amazonie, le Brésil Atlantique et les Andes. au nord-ouest par l’Isthme de Tehuantepec et au nord par
la plate-forme du Yucatan.
2. Richesse des faunes régionales Deux espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, [V. tuberculifrons].
et sous-régionales Condition écologique : basse montagne.
Une carte de richesse reflète l’identité, le nombre et la répar- 3. Nucléaire Méso-Américain. Massif Crétacé rehaussé
tition des taxons qui habitent un territoire donné. Elle est de nombreux volcans actifs entre le Guatemala, le Salvador,
divisée en régions et sous-régions faunistiques en fonction le Honduras et le Nicaragua. Y sont intégrés les bas reliefs
des paramètres environnementaux (géomorphologie et qui bordent le Pacifique et la Mer des Caraïbes, ainsi que
végétation) qui déterminent en partie la répartition de ces la dépression des grands lacs du Nicaragua.
taxons. Les données fournies par une telle carte ont une Trois espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, [V. tuberculifrons],
teneur informative élevée en biogéographie car elles mettent V. aspina.
en évidence les ponts et les barrières qui séparent les faunes. Conditions écologiques :
Pour le genre Veturius, cinq régions (Méso-Amérique, – plaine : V. aspina.
Andes, Sud-Est Brésil, Bassin Amazonien et Massif des – basse montagne : V. sinuatocollis, V. tuberculifrons.
Guyanes) et vingt-deux sous-régions ont été retenues (pl. I, 4. Sud de l’Amérique Centrale. Arc volcanique actif
p. 372, fig. 919). Ces régions et sous-régions coïncident (point culminant : près de 4 000 m), constitué des
tout à fait avec celles qui sont classiquement admises par Cordillères de Tilarán (nord) et de Talamanca (sud). Il est
de nombreux biologistes (voir notamment FITTKAU 1969, bordé au nord par la Dépression du Nicaragua et au sud
SICK 1969, DIAS DE ÁVILA-PIRES 1974, HALFFTER 1976, par l’Isthme de Panama. Y sont intégrés les bas reliefs en
SIMPSON & HAFFER 1978, DUELLMAN 1982, PRANCE marge du Pacifique et de la Mer des Caraïbes.
1987a, LLORENTE-BOUSQUETS & ESCALANTE-PLIEGO Douze espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, V. sinuatomargi-
1992). Chacune est brièvement décrite ci-dessous avec sa natus*, V. schusteri*, V. tuberculifrons, V. aspina, V. aquilonalis* ;
richesse spécifique. V. (Publius) talamacaensis*, V. solisi* ; V. (Ouayana) cirratus,
Signes et numérotation utilisés. Les espèces endémiques sont indi- V. laevior*, V. ultimus*, V. ptichopoides*.
quées par un astérisque (*) ; celles dont la présence semble très Conditions écologiques :
plausible, mais qui n’est pas confirmée, sont entre crochets ([ ]). – du littoral au haut piémont : V. sinuatocollis, V. aspina,
Pour chaque espèce sont précisées les conditions éco-altitudi- V. cirratus.
nales (les détails sont fournis dans la première partie de ce – basse montagne : V. sinuatomarginatus, V. laevior, V. ultimus.
chapitre). Les sous-régions sont numérotées de 1 à 22 (en italiques – moyenne à haute montagne : V. tuberculifrons, V. schusteri,
dans le texte et fig. 919). V. aquilonalis, V. talamacaensis, V. solisi, V. ptichopoides.

571
Stéphane Boucher

5. Dépression de Panama. Isthme étroit dépourvu de


relief. Il est bordé au nord par la Cordillère de Talamanca
et au sud par les faibles reliefs du Darien.
Trois espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, V. aspina ;
V. (Ouayana) cirratus.
Condition écologique : plaine.

2.2. Les Andes


Région comprenant l’orogène andin proprement dit, les
étages moyen et supérieur de son piémont et quelques
massifs périphériques. Elle s’étend depuis la Cordillère
Costale du Venezuela jusqu’aux Cordillères de Bolivie
(fig. 919 : 6 à 13).
6. Marge Pacifique de Colombie-Équateur. Étroit
couloir sans relief important (< 1 000 m), situé entre les
Andes de Colombie-Equateur et le Pacifique (y compris
l’île Gorgona). Souvent nommé Chocó biogéographique, ce
couloir est bordé au nord par les reliefs du Darien et au
sud par la Dépression du Nord-Pérou.
Cinq espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, V. aspina, V. onorei* ;
V. (Ouayana) cirratus, V. galeatus*.
Condition écologique : plaine et bas versants.
7. Sierra Nevada Santa Marta. Haut massif cristallin
(point culminant : 5 800 m) situé à la pointe nord des
Andes de Colombie. Il est isolé des Andes (Cordillère de
Perijá) par le bassin du rio César.
Une espèce : V. (Publius) impressus*. Figure 914
Condition écologique : moyenne à haute montagne. Localisation des Veturius (V.) du groupe « ecuadoris » (Andes). Trame : altitude
≥ 1 000 m.
8. Cordillères vénézuéliennes. Hauts reliefs presque
contigus (point culminant : 5 000 m) avec les Andes de
Colombie, et constitués des Cordillères de Mérida (ouest)
et Costale (est), qui sont bordées au nord par la Dépression
heili*, V. pehlkei*, V. danieli* ; V. (Ouayana) cirratoides*, V. fanes-
de Maracaibo et par la Mer des Antilles, et au sud-ouest par
tus*, V. casalei*.
l’étroit défilé de Táchira, face à la Cordillère Orientale colom-
Conditions écologiques :
bienne. Au sud, elles dominent les Llanos (bassin de l’Apure) – bas à haut piémont : V. sinuatocollis, V. aspina.
et le bassin de l’Orénoque. En dépit de leurs affinités géolo- – haut piémont à moyenne montagne : V. caquetaensis, V. fanes-
giques, la Cordillère de Guacharo et Trinidad ne sont pas tus, V. cirratoides, V. casalei, V. patinoi.
incluses dans cette sous-région (voir la sous-région 22). – moyenne à haute montagne : V. standfussi, V. danieli, V. pehl-
Trois espèces : V. (Veturius) standfussi, V. sinuosus, V. heydeni*. kei, V. steinheili, V. centralis.
Conditions écologiques :
– bas piémont : V. sinuosus. 10. Cordillère Orientale colombienne. Chaîne volca-
– moyenne montagne : V. standfussi, V. heydeni. nique active constituée de la Cordillère Orientale (paral-
lèle aux précédentes) que prolonge, à sa pointe nord, la
9. Cordillères Occidentale et Centrale colombiennes. Cordillère de Perijá. Elle est bordée au nord-est par la
Chaînes volcaniques actives comprenant les Cordillères Cordillère de Mérida, à l’ouest par le versant est de la vallée
Occidentale et Centrale et la vallée du rio Cauca qui les du rio Magdalena et au sud par les Andes d’Equateur. On
sépare. La sous-région est bordée à l’ouest par la marge y intègre les haut et moyen piémonts qui dominent
Pacifique de Colombie-Équateur, à l’est par le versant ouest l’Amazonie Occidentale.
de la vallée du rio Magdalena et la Cordillère Orientale, Dix-huit espèces : V. (Veturius) aspina, V. standfussi, V. platy-
au sud par les Andes d’Équateur et au nord par les bassins rhinus*, V. guntheri, V. yahua, V. caquetaensis, V. perecasi*, V. imita-
du Cauca et du Magdalena non inclus. tor*, V. montivagus*, V. sinuosus, [V. libericornis] ; V. (Publius)
Douze espèces : V. (Veturius) sinuatocollis, V. aspina, V. stand- crassus*, V. concretus*, V. dupuisi*, V. tectus*, V. rugifrons*,
fussi, V. caquetaensis, V. patinoi* ; V. (Publius) centralis*, V. stein- V. taurus* ; V. (Ouayana) oberthuri*.

572
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Conditions écologiques : – bas piémont : V. sinuosus.


– bas piémont : V. sinuosus. – bas à haut piémont : V. sinuatocollis, V. aspina, V. guntheri,
– bas à haut piémont : V. aspina, V. guntheri, V. yahua, V. libe- V. yahua, V. libericornis.
ricornis. – moyenne montagne : V. hincksi, V. dibbi, V. petteri, V. biapi-
– haut piémont à moyenne montagne : V. caquetaensis. calis, V. alani.
– moyenne à haute montagne : V. platyrhinus, V. standfussi, – moyenne à haute montagne : V. standfussi, V. ecuadoris.
V. perecasi, V. imitator, V. montivagus, V. crassus, V. concretus,
V. dupuisi, V. tectus, V. rugifrons, V. taurus, V. oberthuri. 12. Andes du Pérou. Cordillère dans la continuité de
la précédente, mais que sépare la Dépression du Nord-
11. Andes d’Équateur. Chaîne volcanique active Pérou et la haute vallée du Marañon. Elle est constituée
constituée de deux crêtes parallèles : l’Occidente et uniquement de la Cordillère Orientale car l’Occidentale
l’Oriente. On intègre dans l’Oriente les haut et moyen est aride et dépourvue d’espèces (sauf peut-être dans l’ex-
piémonts qui dominent l’Amazonie. L’ensemble est bordé trême nord). Elle est bordée à l’est par l’Amazonie
à l’ouest par la Marge Pacifique de Colombie-Equateur, Occidentale et au sud par la cuvette du lac Titicaca. Les
à l’est par le bas piémont et par l’Amazonie Occidentale, haut et moyen piémonts face à l’Amazonie sont inclus.
au nord par les trois cordillères colombiennes et au sud Neuf espèces : V. (Veturius) standfussi, V. guntheri, V. yahua,
par la Dépression du Nord-Pérou. Le plateau central des V. ecuadoris, V. inca*, V. tarsipes*, V. arawak*, V. sinuosus, V. libe-
páramos, entre les deux Cordillères, est dépourvu d’espèces. ricornis.
Treize espèces : V. (Veturius) aspina, V. standfussi, V. yahua, Conditions écologiques :
V. guntheri, V. sinuatocollis, V. ecuadoris, V. sinuosus, V. libericor- – bas piémont : V. sinuosus.
nis, V. hincksi*, V. dibbi*, V. petteri*, V. biapicalis* ; V. (Publius) – bas à haut piémont : V. guntheri, V. yahua, V. libericornis.
alani*. – moyenne montagne : V. inca, V. tarsipes, V. arawak.
Conditions écologiques : – moyenne à haute montagne : V. standfussi, V. ecuadoris.

Figure 915
Localisation des Veturius (V.) du groupe « cephalotes » (Amérique du Sud extra-andine). Trame : altitude ≥ 1 000 m.

573
Stéphane Boucher

13. Andes de Bolivie. Cordillère dans la continuité 14. Bassins du Paraguay et du Paraná. Cette sous-
de la précédente, mais que sépare en grande partie la cuvette région occidentale englobe un massif peu élevé (< 1 500 m)
du Titicaca. Elle est bordée au sud par les Salinas, au sud- que ceinturent les bassins moyens des rios Paraguay (ouest :
ouest par la vallée du rio Grande, au nord-est par Corridor Paraguayen), et Paraná (est). Elle est limitée à
l’Amazonie Sud-Occidentale et au sud-est par le Chaco. l’ouest par le Chaco septentrional, à l’est par le Brésil
Sont inclus les haut et moyen piémonts face à l’Amazonie Atlantique, au sud par le bassin inférieur du Paraná et au
Sud-Occidentale. nord par la marge sud du Plateau du Mato Grosso.
Huit espèces : V. (Veturius) standfussi, V. guntheri, V. yahua, Quatre espèces : V. (Veturius) sinuatus, V. transversus, V. assi-
V. boliviae*, V. dreuxi*, V. sinuosus, V. libericornis ; V. (Publius) milis, V. sinuosus.
spinipes*. Conditions écologiques :
Conditions écologiques : – plaine : V. sinuosus.
– bas piémont : V. sinuosus.
– plaine à basse montagne : V. sinuatus, V. transversus, V. assi-
– bas à haut piémont : V. guntheri, V. yahua, V. libericornis.
milis.
– moyenne montagne : V. dreuxi.
– moyenne à haute montagne : V. standfussi, V. boliviae, 15. Brésil Atlantique. Ce territoire correspond à la
V. spinipes. mata atlântica des phytogéographes. Il comprend plusieurs
serras principales (< 3 000 m) qui longent l’océan : do Mar,
Geral, Paranapiacaba et Mantiqueira. Il est bordé au nord
2.3. Le Sud-Est Brésil, s. l.
par le Nordeste et par le plateau aride de Borborema, au
La région comprend l’ensemble du territoire situé au sud sud par les bas reliefs du Rio Grande do Sul, au sud-ouest
du Bassin Amazonien et à l’est du piémont Andin par le bassin du Paraná en Argentine, et au nord-ouest par
(fig. 919 : 14 à 16) les Plateaux du Mato Grosso et du Brésil. Les limites sud,

Figure 916
Localisation des Veturius (V.) des groupes « transversus » et « libericornis » (Amérique du Sud péri- et extra-andine). Trame : altitude ≥ 1 000 m.

574
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

subtropicales, sont un peu en retrait de celle établie pour 2.4. L’Amazonie, s. l.


la famille, qui est localisée dans le tiers nord de l’Uruguay.
Il semble aussi que les formations à Araucaria, jadis très La région comprend le Bassin Amazonien proprement dit,
étendues (M AACK 1968, L INDMAN & F ERRI 1974, depuis le bas piémont Andin jusqu’à l’Atlantique, où il se
SCHNELL 1987), ont pu former barrière pour le genre. rétrécie notoirement (fig. 919 : 17 à 19).
Cinq espèces : V. (Veturius) sinuatus, V. transversus, V. muni- 17. Pará oriental. Sous-région de petites dimensions
tus*, V. simillimus*, V. assimilis. et sans relief (≤ 500 m), bordée au nord par l’Atlantique,
Condition écologique : plaine à basse montagne. au nord-ouest par l’Amazone et le Tocantins déltaïques,
16. Plateau Brésilien. Vaste massif cratonique peu au sud-ouest par le bassin du Tocantins, au sud par le bas
élevé (< 2 000 m) comprenant le Plateau du Mato Grosso piémont du Plateau du Brésil et au sud-est par le Nordeste.
et la partie occidentale du Plateau du Brésil. Il est bordé Trois espèces : V. (Veturius) cephalotes, V. sinuosus ;
V. (Ouayana) paraensis*.
au nord par le Bassin Amazonien, au nord-est par le Pará
oriental, au sud-est et à l’est par le Brésil Atlantique, au Condition écologique : plaine.
sud par le Pantanal et les bassins du Paraguay et du Paraná, 18. Amazonie centre-orientale. C’est le bassin de
et à l’ouest par l’Amazonie Sud-Occidentale. l’Amazone s. str., orienté est-ouest sur plus de la moitié
Cinq espèces : V. (Veturius) yahua, V. sinuatus, V. transversus, de la largeur du sous-continent (soit entre le delta et le
V. sinuosus, V. libericornis. bassin central du fleuve) et sans relief (≤ 500 m). Il est
Conditions écologiques : entièrement bordé à l’ouest par l’Amazonie occidentale,
– plaine à bas piémont : V. sinuosus, V. libericornis. au sud par le piémont du Plateau du Mato Grosso, à l’est
– bas piémont à basse montagne : V. yahua. par le Pará oriental et au nord et au nord-est par le Massif
– plaine à basse montagne : V. sinuatus, V. transversus. des Guyanes.

Figure 917
Localisation des Veturius (V.) du groupe « transversus » dans le Brésil Atlantique et dans les Andes Trame : altitude ≥ 1 000 m.

575
Stéphane Boucher

Six espèces : V. (Veturius) cephalotes, V. sinuosus ; V. (Ouayana) 20. Guyanes Atlantiques. Sous-région sans véritable
negroensis, V. amazonicus, [V. punctatostriatus, V. unicornis]. relief (< 900 m) et enclavée entre l’Atlantique et les Monts
Condition écologique : plaine. Tumuc Umac. Elle est donc bordée au sud-est par le delta de
l’Amazone (Amapá), au nord-ouest par celui de l’Orénoque
19. Amazonie occidentale. Cette sous-région sépare le (Amacuro) et à l’ouest par les premiers contreforts du Roraima
piémont Andin et l’Amazonie centrale. Elle est donc dépour- (Guyana). Ces limites correspondent à celles soulignées dans
vue de relief (≤ 500 m), mais elle épouse la concavité Andine un cadre biogéographique par DESCAMPS et al. (1978) d’une
depuis le nord de la Colombie jusqu’à la pointe sud de la part, et par HUBER (1994) d’autre part.
Cordillère Orientale de Bolivie. Elle est bordée au nord par
Six espèces : V. (Veturius) cephalotes, V. sinuosus, V. charpentie-
les Llanos (Venezuela) et au sud-est par le piémont occiden- rae, V. christiani* ; V. (Ouayana) punctatostriatus, V. guyanensis*.
tal du Plateau du Mato Grosso et par le Pantanal (Brésil).
Condition écologique : plaine.
Sept espèces : V. (Veturius) yahua, V. cephalotes, V. sinuosus,
V. libericornis ; V. (Ouayana) punctatostriatus, V. unicornis, 21. Massif de Pacaraima. Sous-région très accidentée
V. amazonicus. que dominent le vieux plateau tabulaire gréseux (tepuis ;
Condition écologique : plaine. point culminant : 2 875 m) et ses contreforts marginaux.
En périphérie, s’étendent vers l’ouest les reliefs en crêtes
2.5. Le Massif des Guyanes jusqu’au Pic de La Neblina (3 050 m), et vers le nord le
large piémont élevé jusqu’en bordure de l’Orénoque. Le
La région comprend le Massif de Pacaraima et sa ceinture Massif est bordé au sud par le bas Roraima et l’Amazonie
deltaïque de l’Orénoque (Trinidad incluse), et les Guyanes, centrale (Brésil), à l’ouest par le haut Orénoque (Amazonie
soit jusqu’au delta de l’Amazone (fig. 919 : 20 à 22). centrale de Venezuela-Colombie), au nord et nord-ouest

Figure 918
Localisation des Veturius (V.) du groupe « transversus » en Amérique du Sud extra-andine Trame : altitude ≥ 1 000 m.

576
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

par les Llanos et le bassin inférieur de l’Orénoque, et à l’est au nord par les Cordillères de Mérida et Costale et au sud
par les Guyanes Atlantiques. par le piémont du Pacaraima. Il se prolonge au sud-est par
Onze espèces : V. (Veturius) cephalotes, V. jolyi*, V. sinuo- les Guyanes Atlantiques et à l’ouest par les Llanos.
sus, V. hermani*, V. charpentierae, V. lepidus* ; V. (Ouayana) Deux espèces : V. (Veturius) cephalotes et V. sinuosus (la
punctatostriatus, V. negroensis, V. dominicae*, V. magdalenae*, première est inconnue de Trinidad).
V. bleuzeni*. Conditions écologiques : plaine à moyen piémont.
Conditions écologiques :
– plaine à moyen piémont : V. cephalotes, V. sinuosus, V. char- 3. Discussion
pentierae, V. punctatostriatus, V. negroensis.
Les territoires ayant à la fois une situation de carrefour
– haut piémont à basse montagne : V. dominicae, V. magdale-
nae, V. bleuzeni, V. jolyi, V. hermani, V. lepidus.
biogéographique et des reliefs importants sont ceux qui
bénéficient d’une richesse spécifique élevée. Dans le genre
22. Bas Orénoque. Ce bassin comprend à l’ouest les Veturius, trois territoires offrent ces conditions (fig. 919) :
Llanos et à l’est l’Orénoque inférieur (y compris Trinidad). Les Andes de Colombie-Équateur (sous-régions 6, 9,
A l’exception de la Cordillère de Guacharo (point culmi- 10, 11), où existent 35 espèces (un tiers du genre) dont
nant : 2 700 m) et du nord de Trinidad (id. : 950 m), le 26 endémiques, les 3 sous-genres et 6 groupes d’espèces
relief moyen est inférieur à 500 m. Le bassin est dominé (dans les sous-genres Veturius et Ouayana).

Figure 919
Richesses spécifiques du genre Veturius selon les régions et sous-régions. – Barres obliques : sous-régions dépourvues d’espèce connue. Trame : altitude
≥ 1 000 m.

577
Stéphane Boucher

Les Cordillères de Tilarán et de Talamanca (sous-


région 4), où existent 12 espèces dont 8 endémiques, les
3 sous-genres et 4 groupes d’espèces (dans les sous-genres
Veturius et Ouayana).
Le Massif de Pacaraima (sous-région 21), où existent
11 espèces dont 6 endémiques et 4 groupes d’espèces (dans
les sous-genres Veturius et Ouayana).
Ces territoires comptent de nombreux taxons basaux ;
or, on remarque qu’ils sont proches du centre d’origine
présumé de l’ancêtre commun du genre (Andes du Nord ;
voir chap. II).
À l’opposé, les territoires les moins riches sont situés,
soit en périphérie, soit dans des zones intermédiaires de
l’aire de répartition du genre. Certains de ces territoires
sont à peu près dépourvus de relief et d’autres ont des
reliefs significatifs. On peut donc en conclure que les reliefs
ne suffisent pas à eux seuls pour augmenter la richesse
spécifique, mais qu’ils favorisent l’endémisme. On
distingue ainsi :
Les territoires situés en périphérie comptent peu d’es-
pèces et très peu de sous-genres ou de groupes d’espèces,
mais tous ont au moins un endémique. Rentrent dans cette
catégorie huit sous-régions : 1 (Los Tuxtlas), 7 (Sierra
Nevada Sta Marta), 8 (Cordillères du Venezuela), 12 et 13
(Andes de Pérou – Bolivie), 15 (Brésil Atlantique), 17 (Pará
Oriental), 20 (Guyanes Atlantiques).
Les territoires intermédiaires comptent davantage
d’espèces, de sous-genres et de groupes d’espèces, mais
aucun endémique. Rentrent dans cette catégorie huit sous-
régions : 2 (Chiapas), 3 (Nucléaire Méso-Américain),
5 (Panama), 14 (Bassins du Paraguay et du Paraná),
16 (Plateau Brésilien), 18 (Amazonie centre-orientale),
19 (Amazonie occidentale) et 22 (Bas Orénoque).
Ces observations fournissent des précisions importantes
et qui vont être mises à profit, à l’appui de la phylogénie,
pour établir les hypothèses de biogéographie évolutive.
Figure 920
Altitudes relatives occupées par les genres Arrox s. nov. (vert) et Veturius
C. Éléments de biogéographie s. nov. (orange et noir ; changement de couleur à chaque groupe d’espèces).
Histogramme flottant ; regroupement phylogénétique des espèces. ≤ 1 000 m,
Protocole. Dans ce qui suit, la répartition géographique forêt ombrophile planitiaire ou de basse altitude ; 1000-2 000 m, forêt ombro-
de chaque espèce de Veturius est traitée comme attribut mésophile à mésophile de basse montagne ; > 2000-2 500 m, forêt mésophile
ou brumeuse de montagne.
sur l’arbre phylogénétique du genre. Pour les genres frères
Arrox et Verres, seule la répartition « primitive » (ici méso-
américaine) est considérée. La méthode a pour objet d’ap-
porter des renseignements supplémentaires sur l’évolution giques, ambiguës. Afin que ce choix ne soit pas arbitraire,
du taxon depuis son origine présumée. il est orienté en fonction du même critère que pour les
Compte tenu de la topologie variable de plusieurs genres Arrox et Verres : la répartition retenue pour chaque
taxons terminaux dans l’arbre, les informations biogéogra- espèce est la répartition « primitive ». C’est-à-dire celle qui
phiques concernant ces taxons sont plus discutables. De est présumée la plus ancienne. Par exemple, V. cirratus vit
plus, calquer les répartitions sur un arbre n’est pas toujours dans deux régions distinctes, mais voisines (l’Amérique
aisé lorsque des espèces vivent dans plusieurs sous-régions. Centrale et les Andes nord-occidentales ; fig. 922). Sur
Un choix doit alors être fait afin d’éviter les « répartitions l’arbre, l’espèce est alors considérée comme (d’origine)
multi-états », qui sont, comme les caractères morpholo- méso-américaine car c’est l’hypothèse la plus solide. La

578
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

franchi l’arc qui reliait les sous-continents (chap. II et fig.


246c). Cette hypothèse est fortement soutenue par la répar-
tition géographique et par la diversité taxinomique extrê-
mement contrastées, en Amérique du Sud, que l’on observe
entre Veturius et son genre frère Verres : Veturius y est omni-
présent et très diversifié, plus que tout autre Proculini ;
Verres n’y est représenté que par quelques espèces, presque
toutes dans les Andes de Colombie – Équateur. On ne peut
alors concevoir que les multiples radiations sud-américaines
qui ont eu lieu chez Veturius soient postérieures à la dernière
connexion de Panama (Miocène terminal, – 5 Ma).
De plus, la phylogénie montre que les groupes les plus
basaux de Veturius sont surtout nord-andins (fig. 922).
Chez Verres, on a vu que l’espèce supposée la plus basale
est endémique du sud de l’Amérique Centrale. En consé-
quence, la cladogenèse Verres-Veturius a dû se produire de
part et d’autre de Panama. Enfin, même depuis la dernière
glaciation, on constate que les deux genres ne peuvent avoir
eu une histoire comparable en Amérique du Sud.
Sur ces points essentiels, on ne peut alors suivre REYES-
CASTILLO & HALFFTER (1978), qui pensent que Veturius
et Verres appartiennent au patron de dispersion néotropical.
En réalité, tout indique que seul Veturius en fait partie.
Il faut rappeler ici que la phylogénie permet de penser
que Popilius s. nov. (qui n’appartient pas à la lignée Veturius
– Verres) semble être le seul autre genre de Proculini origi-
naire d’Amérique du Sud. Il est d’ailleurs concevable que
les vicariances de Popilius s. nov., et de Veturius se soient
produites à une même époque dans les Andes du Nord.

1.2. La cladogenèse Ouayana-Veturius s. str.


(+ Publius)
Au Miocène moyen (– 14 Ma), la Cordillère des Andes
occupait la majeure partie de son territoire actuel, mais
elle était peu élevée. Elle ne formait donc pas encore une
barrière infranchissable pour la plupart des Passalides.
Figure 921 La phylogénie et la répartition géographique de
Altitudes relatives occupées par les genres Arrox s. nov. (vert) et Veturius
s. nov. (noir : sous-genres Veturius et Ouayana ; orange : sous-genre Publius). Veturius montrent que la première scission du groupe
Histogramme flottant ; regroupement éco-altitudinal des espèces. ≤ 1 000 m, souche (Ouayana d’une part, Veturius s. str. + Publius
forêt ombrophile planitiaire ou de basse altitude ; 1000-2 000 m, forêt ombro- d’autre part) eut lieu dans les Andes septentrionales. En
mésophile à mésophile de basse montagne ; > 2000-2 500 m, forêt mésophile
ou brumeuse de montagne. effet, puisque les taxons basaux de chaque sous-genre sont
localisés dans ce territoire (fig. 922), tandis que le sous-
genre Ouayana est absent de la moitié sud de l’Amérique
du Sud (y compris les Andes du Pérou) et des cordillères
recherche du maximum de cohérence a ainsi été faite pour
du Venezuela (fig. 923).
les quelques espèces ayant ce type de répartition mixte.

1. Au Néogène 1.3. La cladogenèse Veturius s. str. – Publius


Le monophylétisme (fig. 922), l’endémisme (fig. 923) et
1.1. La cladogenèse Verres-Veturius l’absence de forme macroptère chez Publius sont trois faits
On a vu que les premiers Veturius se sont probablement qui indiquent qu’une radiation adaptative intra-andine
répandus précocement en Amérique du Sud, peut-être dès (sans doute dans un biotope d’altitude plus élevé que
le Miocène inférieur (– 16 Ma), après que leur ancêtre eut Veturius) est à l’origine du taxon. Jusqu’à présent, presque

579
Stéphane Boucher

aucune espèce ne s’est éloignée de ce territoire. La seule répandu. Ceci indique, toujours à l’appui de la phylogé-
exception connue est l’ancêtre commun de solisi et tala- nie et des répartitions géographiques, que tous les Proculini
macaensis. ; ce clade endémique du sud de l’Amérique ayant émigré vers l’Amérique du Sud étaient macroptères,
Centrale n’est pas basal dans la phylogénie. c’est-à-dire adaptés à des forêts de basse altitude (1).
La datation de la cladogenèse Veturius s. str.-Publius La situation du sous-genre Veturius s. str., vis-à-vis de
nécessite de nouvelles recherches. Il semble toutefois qu’elle la jonction définitive de Panama, est également claire, mais
soit antérieure à la jonction définitive de Panama ; les distincte de celle des autres Proculini : il est d’origine sud-
processus qui ont conduit à la diversité spécifique et à la américaine ; il est fondamentalement macroptère ; enfin il
si large distribution des deux groupes ont vraisemblable- s’est d’abord diversifié dans le nord des Andes. En consé-
ment requis un temps plus long. Un autre argument est quence, sa migration vers l’Amérique Centrale a été faci-
que les Publius se déplacent difficilement (en raison du litée, donc plus importante, que celle des autres Proculini.
brachyptérisme). Or, on constate que les espèces basales On le constate par sa diversité actuelle de Panama au
impressus et spinipes sont très éloignées l’une de l’autre dans Mexique (spécialement le sous-groupe « sinuatocollis » ;
les Andes (fig. 908, 922). fig. 922, 912-913 et p. 410). Enfin, chez Ouayana, une
radiation comparable est à l’origine du groupe d’espèces
1.4. Les cladogenèses des groupes « laevior », qui est propre aux reliefs de Tilarán et de
et des sous-groupes d’espèces Talamanca (fig. 922 ; p. 561 et suiv.).

Après les trois radiations précédentes, le sous-genre Les Andes. Dans les Andes, la compartimentation accrue
Ouayana s’est divisé en trois groupes d’espèces et Veturius des reliefs a apparemment accentué l’effet de barrière des
s. str., en huit (fig. 922). La diversité morphologique et dépressions principales (Sud-Colombie, Nord-Pérou et
chorologique de ces groupes suggère que tous devaient grands lacs du Pérou). On observe, sur cet axe andin, des
exister avant les dernières fluctuations climatiques radiations géographiques dans le sous-genre Veturius
Pléistocène (– 1,6 Ma). (fig. 922) : groupes « biapicalis », « platyrhinus » et « ecua-
À cette époque, Ouayana occupait peut-être déjà deux doris » en Equateur ; groupe « caquetaensis » en Colombie.
territoires très distincts (les Andes et le Massif des Guyanes), Les répartitions montrent que les groupes basaux « biapi-
comme l’indique la radiation qui eut lieu de part et d’autre calis » et « caquetaensis » n’ont pas quitté leur région d’ori-
des Llanos actuels et qui correspond aux clades punctatos- gine nord-andine (fig. 909). Dans le sous-genre Ouayana,
triatus-magdalenae et oberthuri-casalei (fig. 922). La phylo- il existe une vicariance à l’origine du sous-groupe « ober-
génie et la répartition des espèces montrent également que thuri », endémique de Colombie (fig. 922, 906).
seul le sous-genre Ouayana devait être présent dans le Massif
des Guyanes avant les glaciations. En effet, les espèces de À l’est des Andes. Sur cet immense territoire, des radia-
Veturius s. str., aujourd’hui présentes dans ce massif, appar- tions dans le sous-genre Veturius s. str., sont à l’origine des
tiennent toutes à des groupes extra-andins (« cephalotes », groupes « transversus », « cephalotes » et « libericornis » (stric-
« transversus », « libericornis » ; fig. 922). tement sud-américains ; fig. 922). La phylogénie et la répar-
tition des espèces montrent que ces radiations ont un point
Nous avons vu que Veturius s. str., et Publius ont d’abord commun écologique : la plupart des espèces sont adaptées
évolué dans les Andes nord-occidentales et dans le sud de à de bas étages forestiers, c’est-à-dire péri- ou extra-andins.
l’Amérique Centrale. Les quatre groupe basaux de Veturius
sont encore aujourd’hui limités à ces régions (fig. 922). • Groupe « transversus ». Dans ce groupe, le clade heydeni
Chez Publius, le brachyptérisme explique que le sous-genre – patinoi s’est maintenu dans les Andes, tandis que le clade simil-
soit toujours absent des reliefs est-andins (alors que ces limus – transversus s’en est beaucoup éloigné (fig. 915-917). Le
derniers recèlent des biotopes propices, surtout dans le centre de dispersion de ce dernier étant situé dans le Brésil
Pacaraima et les cordillères du Venezuela). Atlantique, il y a lieu de penser que l’ancêtre commun prove-
nant des Andes n’a pu que contourner, par le sud-ouest, le Bassin
L’Isthme de Panama et la Méso-Amérique. C’est à partir Amazonien, puisque celui-ci était envahi par les eaux jusqu’au
de la jonction définitive de Panama (– 5 Ma) que les Pliocène (BIROT 1970, HAFFER 1987, FRAILEY et al. 1988,
premiers échanges significatifs de Proculini ont eu lieu MARROIG & CERQUEIRA 1997). A noter que la répartition
entre les sous-continents (voir chap. II). Toutefois, la répar- « primitive » des deux clades du groupe « transversus » est remar-
tition des espèces montre que ces échanges sont restés
modestes (contrairement à beaucoup d’autres organismes),
surtout dans le sens nord-sud, depuis l’Amérique Centrale 1. Nous avons vu (chap. II) que, outre Verres, ne sont concernés par cette
vers l’Amérique du Sud. Un élément clé qui peut expli- émigration que quelques Petrejoides et Odontotaenius (tous limités aux Andes
septentrionales), et des Heliscus (sauf une espèce dans le bassin de l’Orénoque ;
quer ce fait est que, chez les Proculini, la plupart des genres fig. 244). La présence, en Amérique du Sud, des genres Pseudoarrox et Proculus
sont montagnards et que le brachyptérisme y est très a fortement été mise en doute.

580
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

quablement voisine de celle du genre d’Angiospermes Des Andes aux reliefs proches. Il existe des spéciations
Stephanopodium, étudié par PRANCE (1987). ayant fait intervenir à la fois les Andes et les reliefs proches.
• Groupe « cephalotes ». L’ancêtre de ce groupe peut avoir C’est ainsi que dans le sous-genre Veturius s. str., les espèces
emprunté la même voie péri-Andine que le précédent pour V. patinoi et V. heydeni (grpe « transversus ») sont séparées
atteindre le Brésil Atlantique, comme le suggère l’absence d’es- par les Cordillères Centrale et Orientale de Colombie
pèce en Amazonie Occidentale et sur le piémont Andin (fig. 915). (fig. 917) ; V. aquilonalis est séparé de V. standfussi (grpe
On peut d’ailleurs se demander si l’espèce problématique V. inca « platyrhinus ») par Panama (fig. 911), etc. Il y a toutefois
(fig. 922) ne serait pas le dernier représentant andin de cette deux exceptions au sein d’un même groupe : V. onorei et
lignée (comparable, sur ce point, au clade heydeni-patinoi, dans V. yahua. V. onorei est endémique de la marge Pacifique de
le groupe « transversus »).
Colombie-Equateur, mais son espèce sœur est inconnue
• Groupe « libericornis ». La répartition de ce groupe est (fig. 922, 911). En revanche, V. yahua est très probable-
bien différente de celle des groupes précédents. L’étude phylo-
ment l’espèce sœur de V. guntheri (fig. 910-911). Leur
génétique indique que c’est le groupe frère du groupe « transver-
ancêtre commun devait alors occuper un territoire étendu,
sus » (fig. 922), ce qui est peu douteux. La spéciation de l’ancêtre
commun a pu avoir lieu dans la partie septentrionale péri-andine, entre le piémont Andin et le Plateau du Mato Grosso.
puisqu’aucune espèce n’existe dans les Andes, ni au sud du Bassin Dans le sud de l’Amérique Centrale. Sur les reliefs
Amazonien (fig. 916). des Cordillères de Tilarán et de Talamanca, on trouve des
espèces typiquement méso-américaines : les Ouayana du
2. Au Pléistocène groupe « laevior » (fig. 905) et les Veturius s. str., du groupe
« sinuatocollis » (fig. 912).
Les instabilités climatiques du Pléistocène (– 1,6/0,01 Ma)
sont à l’origine de bouleversements de grande ampleur Du Massif de Pacaraima à la Guyano-Amazonie.
dans les faunes et les flores néotropicales (VUILLEMIER Les reliefs du Pacaraima ont été le siège de plusieurs isole-
1971, DOLLFUS & LAVALLEE 1973, GRAHAM 1972, 1975, ments chez des espèces auparavant répandues jusqu’en
TOLEDO 1974, 1982, VAN DER HAMMEN 1974, 1982, Amazonie, en particulier des sous-genres Ouayana et
H AFFER 1987, C OLINVAUX 1993, R OMERO 1993, Veturius s. str. (groupes « cephalotes » et « libericornis »). Les
PENNINGTON et al. 2000, HARRIS & MIX 2002). Elles allo- parapatries altitudinales et (ou) géographiques reflè-
ont provoqué des fluctuations des types de végétations : tent le morcellement des aires ancestrales (comparer
verticales sur les reliefs, horizontales sur les plateaux et dans fig. 907, 915-916 avec 922).
les plaines. En basse altitude, la régression des forêts denses
humides, au profit de forêts arbustives ouvertes et de Des Guyanes Atlantiques au Pará oriental. Au moins
savanes, eut lieu lors des refroidissements en même temps une spéciation est connue de part et d’autre de la barrière
que s’abaissait le niveau marin. L’Amazonie, les Llanos et que forment l’Amazone et le Tocantins deltaïques, par le
divers secteurs centre-brésiliens ont subi une expansion de clade du sous-genre Ouayana, paraensis-guyanensis (fig. 907).
ces formations sèches (TRICART 1974, ABSY et al. 1991, Les deux espèces habitent des biotopes comparables.
COLINVAUX 1993, FURLEY 1999, CROFT 2001). Celles- De la Guyano-Amazonie au Brésil Atlantique. La
ci subsistent disséminées, certaines de dimensions impor- barrière méridienne qu’ont formé les Plateaux du Mato
tantes, dans les grandes forêts humides, surtout en Grosso et du Brésil est à l’origine de spéciations, comme
Amazonie (DIAS DE ÁVILA-PIRES 1974, SCHNELL 1987). le montrent clairement V. (Veturius) sinuatus et le clade
Le déplacement des étages de végétations et le morcel- cephalotes-jolyi (fig. 915), le clade sinuosus-transversus
lement des forêts humides durant cette période est très (fig. 918), ainsi que V. hermani et le clade assimilis-muni-
probablement à l’origine de la diversité des espèces actuelles. tus (fig. 916).
Dans les cinq régions néotropicales précitées, on distingue
chez Veturius six principaux pools de spéciations : Dans le Brésil Atlantique. Les serras, qui sont parmi
les reliefs les plus isolés d’Amérique du Sud, ont été le siège
Dans les Andes. Toutes les Andes tropicales humides d’une seule radiation interne, celle du clade assimilis-muni-
ont fait l’objet d’isolements et de connexions de faunes de tus (fig. 917).
part et d’autre des grandes vallées, des dépressions
(Magdalena, Cauca, Marañon, Urubamba, Sud-Colombie, 2.1. Les vicariances Pléistocène : analogies
Nord-Pérou) et des reliefs (surtout en Colombie – Équa- ou homologies avec les « refuges forestiers » ?
teur). C’est ce que montre la répartition des Publius
(fig. 908), de nombreux Veturius s. str. (groupes « caque- La théorie des « refuges forestiers » des âges glaciaires, qui
taensis », « biapicalis », « platyrhinus », « ecuadoris » ; fig. 909- fait depuis son origine l’objet de discussions de fond, est
911), ainsi que d’une partie du sous-genre Ouayana surtout basée, en Amérique tropicale, sur des travaux menés
(groupes « cirratus » et « oberthuri » ; fig. 906). sur des Plantes, des Vertébrés et des Mollusques (voir

581
Figure 922
Relations phylogénétiques des Veturius. Consensus strict ; optimisation de la chorologie. Groupes frères : Arrox, Verres.

582
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

Ensuite, la rupture post-glaciaire des barrières qui sépa-


raient ces refuges a pu conduire aux expansions actuelles,
lesquelles sont à l’origine des sympatries, des richesses
spécifiques, ainsi que du caractère polyphylétique des
faunes de toutes les sous-régions.
Les Veturius étant dépendants des forêts humides, les
analogies constatées entre les systèmes de distribution du
taxon et ceux de Plantes vivant dans des biotopes iden-
tiques, pourraient révéler des processus homologues, consé-
cutifs d’épisodes climatiques Pléistocène et post-Pléistocène.

3. Depuis la glaciation du Würm


La période interglaciaire actuelle, depuis la fin du Würm
(± 10 000 a), est l’une des principales causes de l’expan-
sion mondiale des forêts tropicales humides. En Amérique
du Sud, en particulier en Amazonie, les formations xériques
climaciques seraient ainsi à leur plus faible niveau. Comme
conséquence pour les Passalides, l’expansion des forêts
humides favorise celle de nombreuses espèces qui y vivent.
Figure 923 De leur côté, les espèces montagnardes se trouvent davan-
Endémisme du genre Arrox (fuchsia) et des sous-genres du genre Veturius ; tage isolées du fait de l’élévation des étages de végétation.
V. (Veturius) (orange), V. (Ouayana) (vert), V. (Publius) (noir). Trame : altitude
≥ 1 000 m. Ces faits sont observés chez Veturius par les aires étendues
des espèces macroptères de plaines ou de bas versants d’une
part (expansion stricte), et par la proximité géographique
et la diversité des espèces brachyptères de montagne d’autre
HAFFER 1969, 1979, 1982, PRANCE 1973, 1982, CROIZAT
part (dispersion stricte).
et al. 1974, SIMPSON & HAFFER 1978, ENDLER 1982,
Pour les espèces de plaines, plusieurs régions et sous-
ERWIN & ADIS 1982, WHITMORE & PRANCE 1987,
régions qui sont en position de carrefour sont devenues très
MAYR & O’HARA 1986, COLINVAUX 1993, 1998, CRISCI
propices aux contacts et aux échanges fauniques. L’examen
et al. 2003). Concernant les Insectes, je n’ai pas trouvé
de certaines espèces pionnières renseigne sur les voies qui
d’étude phylogénétique et biogéographique qui traite,
sont favorables aux expansions encore actives et, à l’inverse,
comme ici, d’un groupe à la fois reconnu monophylétique,
sur les obstacles qui ont conservé un effet de barrière.
autant diversifié et de répartition continentale. La récente
révision du genre de Scarabéide Ontherus (GÉNIER 1996)
aurait pu permettre des comparaisons intéressantes avec
Veturius, puisque leurs espèces présentent beaucoup d’ana-
logies (nombre, répartitions et habitats). Toutefois, les
imprécisions sur la reconstruction phylogénétique et sur
la répartition d’Ontherus rendent ces comparaisons impos-
sibles. D’autres études, mais qui sont plus ponctuelles dans
leurs cadres systématiques et géographiques, sont aussi
d’utiles éléments de comparaisons, comme par exemple
celles de H ALL & H ARVEY (2001, 2002) sur des
Lépidoptères Riodinidae.
Veturius semble pouvoir apporter des réponses éclai-
rantes sur le sujet car la connaissance étendues sur l’en-
démisme de ses espèces et sur les limites géographiques
de ses faunes présentent de multiples concordances avec
les refuges forestiers des auteurs (notamment PRANCE
1973, 1982, WHITMORE & PRANCE 1987). Dans l’his-
Figure 924
toire de Veturius, des zones refuges de ce type, lors des Endémisme des groupes d’espèces du sous-genre Veturius (Ouayana) :
aléas climatiques Pléistocène, ont dû exister par scission « cirratus » (fuchsia), « punctatostriatus » (vert et noir), « laevior » (bleu). Trame :
des aires de répartition et sont responsables d’isolements altitude ≥ 1 000 m.
génétiques (rétractions d’aires de PAPAVERO et al. 1994).

583
Stéphane Boucher

3.1. Les voies principales favorables aux expansions


Les vallées intra-andines. La répartition des Veturius
permet de distinguer trois types d’expansions qui ont mani-
festement été favorisées grâce à des vallées intra-andines.
Dans les Andes de Colombie, les trois cordillères sont
presque parallèles. Ceci explique l’aire étendue qu’occupent, sur
cet axe, diverses espèces parmi celles qui sont dominantes et les
moins exigeantes quant à l’altitude. Les deux exemples suivants,
concernant V. (Veturius) standfussi et V. aspina, le montrent bien.
V. standfussi est montagnard ; c’est le seul Veturius à avoir fran-
chi le fossé qui sépare les Cordillères Orientale (Colombie) et de
Mérida (Venezuela) et le seul à avoir atteint la Bolivie, emprun-
tant ainsi les reliefs, souvent élevés, sur plus de 3 000 km (fig. 910-
911) ; V. aspina, en revanche, est limité à une altitude moyenne
nettement plus basse ; c’est le seul du groupe « platyrhinus » à
avoir franchi l’Isthme de Panama (fig. 920-921). Dans les Andes,
l’espèce vit dans les grandes vallées et sur des bas versants, mais
sans avoir atteint le nord de la Cordillère Orientale (Colombie,
au nord), ni la Dépression du Nord-Pérou (Equateur, au sud).
V. caquetaensis, une autre espèce typique de bas à moyens versants,
présente une répartition analogue en Colombie (fig. 909).
Entre les Andes Occidentales de Colombie et le sud de
l’Amérique Centrale, l’expansion particulière de V. (Ouayana) Figure 926
cirratus peut s’expliquer par l’altitude moyenne basse à laquelle Modèles de vicariances post-Pléistocène et répartitions géographiques actuelles
vit l’espèce (fig. 906-920). Pour V. (Veturius) sinuatocollis, le phéno- dans trois groupes d’espèces de Veturius (Veturius) : « cephalotes », « libericornis »,
mène est inverse (fig. 912). Un point commun entre les deux « transversus ».
1) V. cephalotes (Le Peletier & Serville), Guyano-Amazonie, V. sinuatus
espèces est qu’aucune ne semble avoir dépassé, vers le sud, la (Eschscholtz), Sud-Est Brésil [orange] et V. jolyi n. sp., Pacaraima [bleu]. –
Dépression du Nord-Pérou ; elles longent les Andes par la marge 2) V. libericornis Kuwert, piémont Andin, Amazonie méridionale et
Pacifique, ou y pénètrent modestement par la vallée du Cauca. V. charpentierae Reyes-Castillo, Massif des Guyanes [vert]. – 3) V. transversus
Depuis l’Amazonie, seul V. (Veturius) sinuosus a atteint des (Dalman), Sud-Est Brésil et V. sinuosus (Drapiez), moitié nord de l’Amérique
vallées intra-andines, parfois profondément, comme en Colombie du Sud [contour noir ; trame pointillée : zone de sympatrie potentielle dans
le Corridor Paraguayen et sur une partie du Plateau Brésilien] ; V. heydeni
et au Pérou (fig. 918). (Kaup), Venezuela, Cordillère Costale et V. patinoi n. sp., Colombie, Andes
occidentales [jaune] ; V. assimilis (Weber), Brésil Atlantique et V. hermani
n. sp., Guyana, Roraima [fuchsia]. – Trame grise : altitude ≥ 1 000 m.

Le piémont oriental des Andes. Nous avons vu que ce


long et étroit territoire a toujours été la principale voie dans
les expansions méridiennes des espèces montagnardes ou
sub-montagnardes. On le constate aisément, par exemple,
dans la répartition des espèces des groupes « platyrhinus »,
« ecuadoris » (fig. 901-911) et chez V. libericornis (fig. 916).

L’Amazonie, s. l. Ce bassin épicentral est à l’origine des


plus importantes expansions et sympatries post-glaciaires
en Amérique du Sud. L’expansion la plus visible est celle
de V. sinuosus ; l’espèce occupe presque toutes les forêts
planitiaires, Trinidad et le Corridor Paraguayen inclus
(fig. 918, 926). Seules les barrières arides du Sud-Est du
Brésil et du Nordeste semblent l’avoir empêché d’atteindre
Figure 925
Endémisme du sous-genre Veturius (Veturius) ; groupes d’espèces l’Atlantique. Une répartition comparable, quoique bien
« caquetaensis » (bleu), « sinuatocollis » (vert), « platyrhinus » (rouge), « ecuadoris » plus limitée, est celle de V. cephalotes (fig. 915, 926). Dans
(noir). Trame : altitude ≥ 1 000 m. le groupe « libericornis », V. charpentierae est répandu depuis
le Pacaraima oriental jusqu’aux Guyanes ; V. libericornis

584
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

occupe tout l’ouest et le centre-sud amazonien (fig. 916). été franchie que par des V. (Veturius), comme V. sinuosus
Dans le sous-genre Ouayana, V. punctatostriatus a aussi et V. cephalotes, qui sont, eux, dominants et peu spéciali-
conquis une grande partie de l’Amazonie Centrale et sés (fig. 915, 918). Il est également possible que l’Amazone
Occidentale ; V. negroensis occupe tout le pourtour sud du et ses affluents majeurs ont limité l’expansion orientale de
Pacaraima (fig. 923), etc. V. libericornis ; cette espèce n’est connue que de leurs rives
sud, bien que sur une très vaste étendue (fig. 916). Ces
Le Sud-Est Brésil. Les Veturius présents dans cette grande faits montrent, parmi les Veturius, que les grands cours
région comptent deux types d’expansion (fig. 915, 926). d’eau amazoniens ont un effet de barrière efficace et
1) l’expansion des espèces originaires des serras, qui est soit durable, soit sur des groupes d’espèces entiers, soit sur des
modeste (V. munitus, V. simillimus), soit étendue (V. trans- espèces en particulier.
versus, V. assimilis, V. sinuatus). Il est probable que V. trans-
versus et V. sinuatus ont atteint des forêts-galeries des
plateaux centraux du Brésil ; 2) l’expansion via le Corridor D. Conclusion du chapitre III
Paraguayen ; cette voie est la seule connue où deux espèces, Parmi tous les Passalides, le genre Veturius se distingue par
l’une provenant d’Amazonie (V. sinuosus), l’autre du Brésil sa richesse taxinomique et son aire de répartition remar-
Atlantique (V. transversus), sont devenues sympatriques. quablement étendue. Sur ces deux points, il n’existe guère
que deux ou trois genres qui puissent l’égaler en Amérique
3.2. Les barrières persistantes (parmi les Passalus s. auct.), aucun en Afrique, sans doute
guère plus de trois ou quatre en Asie (parmi les Passalinae).
Il s’agit surtout des reliefs Andins et du fleuve Amazone, Cela souligne le caractère particulièrement favorable du
qui demeurent plus hermétiques que toutes les autres continent américain pour la diversité spécifique et supra-
barrières méso- ou sud-américaines. spécifique dans la famille. On peut aussi comprendre main-
Les Andes. Deux premiers constats importants s’im- tenant pourquoi le genre Veturius diffère si clairement des
posent : 1) aucun Veturius des groupes d’origine méso- autres Proculini : originaire d’Amérique du Sud, il a pu
américaine n’existe avec certitude à l’est de la crête des évoluer sur un immense territoire, sans presque aucune
Andes et au sud de la Dépression du Nord-Pérou ; 2) concurrence écologique directe avec une autre lignée de la
aucun Veturius des groupes d’origine extra-est-andine tribu. Popilius s. nov., également sud-américain typique,
n’existe avec certitude à l’ouest de la crête des Andes. Les est le genre qui lui ressemble le plus par le territoire occupé,
Andes, surtout colombiennes, auraient donc fonctionné mais ses caractéristiques écologiques sans doute différentes
sur leur axe méridien comme un « filtre entonnoir », mais pourraient expliquer sa bien moindre diversité et sa quasi-
sur leur axe transversal peut-être uniquement comme absence de la Méso-Amérique. Il sera intéressant de compa-
barrière hermétique. De fait, la répartition de l’ensemble rer l’évolution des deux genres, lorsque l’on disposera d’une
du genre révèle deux autres constats importants : 1) la étude sur Popilius comparable à celle-ci. A priori, les deux
faune extra-est-andine et la faune méso-américaine genres présentent d’étroites analogies systématiques et
comprennent chacune une majorité d’espèces de groupes biogéographiques. Ces analogies pourraient refléter des
autochtones et une minorité d’espèces de groupes d’ori- processus évolutifs homologues ou très voisins. On est
gine andine ; 2) dans ces faunes, les espèces de groupes d’ailleurs en mesure de penser que des schémas tout aussi
d’origine andine proviennent des versants opposés des voisins, voire identiques, seront retrouvés dans divers genres
Andes (extra-est-andine : versant oriental ; méso-améri- de Passalini. Cependant, il faut souligner que la systéma-
caine : versant Pacifique). En conséquence, même pour tique d’une grande partie de cette vaste tribu doit être revue
les groupes d’espèces typiquement andins, l’axe central et réinterprétée au préalable.
des Andes a fonctionné comme barrière. Par ailleurs, il a été mis de côté, pour de futures études,
L’Amazone. Dans le sous-genre Ouayana, aucune de nombreux matériaux et données sur Veturius. Il s’agit
espèce, sauf V. paraensis, ne semble présente sur la rive sud en particulier de spécimens fixés en alcool, de larves et de
de l’Amazone ou de ses principaux affluents supérieurs préparations anatomiques du proctodéum. Leur étude
(fig. 907). Nous avons vu que les espèces d’Ouayana ne physique ou biochimiques devrait apporter des éléments
sont pas dominantes et que certaines semblent davantage qui confirmeront ou infirmeront ce qui a été réalisé à partir
spécialisées. Ceci peut expliquer que l’Amazone n’aurait de la morphologie des imagos.

585
Stéphane Boucher

CONCLUSION GÉNÉRALE
Un examen approfondi de la plupart des espèces de nomique. De plus, il a été montré que des interprétations
Passalidae du Globe a été la base du présent travail. La importantes, dans la littérature aussi bien ancienne que
systématique et l’évolution de la famille ont été abordées récente, corroborent celles-ci, ou leur sont fort voisines.
en tenant compte des relations phylogénétiques entre ces Bien que souvent réfutées de manière implicite par les
espèces, entre celles-ci et d’autres Scarabaeoidea, ainsi que auteurs, certaines de ces interprétations n’avaient jamais été
des milieux que ces espèces occupent. C’est la première rediscutées. Celles de GRAVELY (1914, 1918), même si elles
fois qu’une étude aussi complète est réalisée dans ces comprennent des erreurs, offrent les similitudes les plus
domaines sur la famille. nombreuses et les plus intéressantes. Pourtant, Gravely
Les interprétations ont été réorientées et renouvelées n’avait pas étudié le tiers des espèces répertoriées ici. Il était
sur la base de critères morphologiques et anatomiques ; alors nécessaire de réhabiliter des données quelque peu
elles l’ont été aussi en suivant de façon rigoureuse trois disparues de la mémoire collective, comme celles-ci, parfois
démarches opératoires : 1, rechercher des caractères même des auteurs et tout leur travail. Hormis les travaux
nouveaux et diversifiés, certains appartenant à des régions consacrés uniquement aux Passalides, il en existe, en parti-
entièrement négligées ou peu connues ; 2, tenter d’établir culier de morphologie comparée, qui ont fait l’objet d’ob-
l’homologie de tous les caractères utilisés ; c’est-à-dire y servations originales sur des espèces de la famille, mais,
compris nombre de ceux existant dans la littérature, mais mêlées à d’autres Coléoptères ou à d’autres Insectes, il semble
qui devaient être réinterprétés et reformulés ; 3, proposer qu’ils soient restés méconnus.
des reconstructions phylogénétiques en suivant la méthode M’étant d’abord attaché à mieux concevoir certaines
cladiste, chacune étant consacrée à des taxons d’un rang structures choisies de l’holomorphe, j’ai montré que la
particulier. L’observation et la compréhension des carac- systématique des Passalidae a été interprétée en partie de
tères ont été menées d’une façon comparable pour tous les façon arbitraire, cela, bien entendu, malgré des données
taxons et moyennant des techniques adaptées. Cette publiées pouvant être très justes.
démarche d’ensemble a également eu lieu pour la première Il apparaît, en premier lieu, que la diversité de la famille
fois dans l’étude générale et fondamentale de la famille. est plus importante que l’on croyait, en particulier parce
La nouvelle systématique présentée pour chaque rang que la variabilité des caractères spécifiques est en réalité
taxinomique abordé se trouve justifiée par des hypothèses très limitée, tandis que la proportion des caractères infor-
testées à chacune de leurs étapes. Ces hypothèses sont véri- matifs en taxinomie est, en revanche, bien plus élevée. Ces
fiables car tous les échantillons étudiés sont cités avec les faits, très souvent mal interprétés et pourtant de première
détails qui permettent de les retrouver, et car tous les carac- importance, ont toujours eu une influence notable, sur la
tères et options utilisés lors des analyses et des interpréta- plupart des spécialistes, dans leur approche de la famille.
tions sont décrits ou annoncés. Il est dommage, en effet, Dans un ouvrage de vulgarisation sur les Coléoptères,
qu’il soit si souvent difficile, voire impossible, de reproduire désormais presque ancien, PAULIAN (1944) a consacré aux
ou de vérifier les données publiées, spécialement en matière Passalides un petit chapitre. Cet auteur y a inclus des
de phylogénie. Ainsi ai-je voulu éviter, autant que possible, remarques, certaines justes, d’autres erronées (plusieurs
ce manquement contraire à la nature même de l’exposé ont été corrigées par lui depuis). Néanmoins, les unes et
scientifique. Par ailleurs, la pertinence des hypothèses que les autres synthétisent à mon avis parfaitement la compré-
l’on formule en systématique évolutive ne dépend pas, hension que des générations de systématiciens ont eu de
évidemment, et malgré ce que pourraient laisser penser des la famille. On peut lire : « La famille est, morphologique-
publications, de la maîtrise de quelque théorie providen- ment, très homogène, et peu de groupes sont d’une étude plus
tielle, ou de la maîtrise de l’outil informatique, mais du difficile. Les systématiciens n’arrivent pas à se mettre d’accord
degré de connaissance et de compréhension que le spécia- sur la valeur des diverses formes spécifiques, ou même géné-
liste a de son groupe d’étude. C’est pour cela que les riques ; la variation individuelle et la variation régionale sont
recherches et les résultats présentés ici reposent d’abord sur considérables et masquent souvent les véritables affinités ».
ce que le phylogénéticien tente d’élucider et d’optimiser au J’ai essayé de montrer que l’étude des Passalides n’est
mieux : les caractères, en l’occurrence morphologiques, à sans doute pas plus difficile que celle d’une autre famille.
travers l’homologie, le polymorphisme et le polytypisme. La difficulté mentionnée dans la littérature n’est qu’un
Il a été mis en évidence ce qui permet de caractériser les artefact de l’uniformité des espèces. Certes, celle-ci est bien
Passalides de façon plus objective et plus précise. Pour cette réelle, mais la cause de la difficulté taxinomique est bien
raison, les trois chapitres doivent être perçus comme des plus dans l’acceptation de la « variation » des caractères ; en
bases méthodologiques pour l’étude de chaque niveau taxi- fait, ceux-ci n’ont pas été reconnus comme tels et là où a

586
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

été vue une espèce polymorphe, il en existe en réalité tion d’une phylogénie des grands groupes de Passalidae.
souvent plusieurs, distinctes par leur morphologie d’abord, Outre les caractères de l’exosquelette, dont un certain
puis par leur distribution géographique et leur écologie. nombre utilisés auparavant ont été reconsidérés et d’autres
De la sorte, comme j’ai pu l’indiquer à diverses reprises, sont nouveaux, l’anatomie des voies génitales mâles et
on doit reconnaître que Kuwert – malgré les critiques qu’il femelles, en grande partie inconnue jusqu’alors, a montré
a reçues en raison du grand nombre d’espèces qu’il a décrites qu’elle forme une excellente source d’informations systé-
– avait en partie raison. Quant au polytypisme, il semble matiques. Les caractères spécifiques semblent fort peu poly-
rare dans la famille et n’a, finalement, jamais été démon- morphes ; mieux, ils sont très diversifiés d’un groupe d’es-
tré, ce que l’on retrouve peu chez d’autres Scarabaeoidea. pèces à un autre. On peut aussi insister sur le fait que
Il est possible que sa rareté soit due à la faible capacité d’ex- n’importe quel spécimen, même ancien, peut faire l’objet
pansion des espèces, laquelle serait liée à l’activité subso- d’une dissection précise ; c’est-à-dire qui permette à la fois
ciale et au microhabitat relativement très stable et plésio- d’accéder aux intimas les plus fines et de rendre au spéci-
morphe de toute la famille. J’ai cru reconnaître seulement men son apparence exacte d’origine. Avec ces avantages,
quelques cas de véritables sous-espèces géographiques. A les genitalia ne devraient plus être négligés dans toute étude
ce propos, l’étude du grand genre Veturius est un bon test : systématique sur la famille.
aucune sous-spéciation n’a été mise en évidence. Nous Des résultats présentés dans les chapitres I et II se sont
rejoignons là les raisons des « désaccords » entre spécialistes trouvés renforcés par des études de caractères larvaires et
sur la « valeur des diverses formes » des Passalides, évoquées cytologiques tirées de la littérature. Il est alors souhaitable
par Paulian. Quel que soit le rang taxinomique, ces désac- que des recherches sur ces matériaux soient poursuivies,
cords sont dus autant à la méthode d’observation et à l’in- de même que sur des séquences d’acides aminés (il n’en
terprétation des caractères qu’à l’intégration de certains existe actuellement pas pour la famille), afin qu’elles vien-
mécanismes évolutifs. Parmi les notions essentielles qui nent compléter les données morphologiques des imagos.
semblent avoir été peu approfondies figure l’espèce, dans
son contexte morphogénétique, phylogénétique et biogéo- Quant à la nomenclature, moyen d’expression univer-
graphique. Avant tout, l’homologie des caractères n’avait sel dans la reconnaissance des organismes, celle des
pas été recherchée de façon à mieux définir les taxons et Passalidae a fait l’objet de confusions diverses. Il était néces-
leurs « véritables affinités ». saire de corriger ce qui devait l’être, et l’on peut souhaiter
Les Passalidae comprendraient environ un millier d’es- que cela soit suivi, afin que l’outil nomenclatural soit stabi-
pèces (contre un peu plus de 700 reconnues dans la litté- lisé et respecté dans ses règles, comme il se doit dans toute
rature). Une opinion fondée, sur cette diversité potentielle étude se référant à des taxons.
de l’ensemble du groupe, n’avait pas été émise auparavant.
Environ 250 espèces supplémentaires ayant déjà été incluses La phylogénie des grands groupes de Passalides appa-
ici, on est en mesure de penser que celles qui restent incon- raît cohérente dans ses rapports avec la géotectonique et
nues sont peu nombreuses; dans ces conditions, leur décou- avec la fluctuation des espaces forestiers humides tropicaux
verte ne devrait pas modifier les principaux traits qui carac- depuis le Secondaire. Les schémas paléobiogéographiques
térisent chaque taxon supra-spécifique. Cette situation proposés à partir de cette phylogénie suggèrent que les tribus
n’est pas courante parmi les Coléoptères et présente divers de Passalinae, en particulier, ont évolué presque toutes en
atouts, spécialement en phylogénie et en biogéographie. autonomie territoriale par rapport à leur groupe-frère respec-
De ce fait, les Passalidae devraient pouvoir être utilisés tif. L’exception, qui pose en plus quelques problèmes récur-
davantage dans le cadre de travaux sur l’évolution géné- rents, est la faune américaine. En effet, d’une part les deux
rale de milieux ou d’autres organismes terrestres et fores- tribus de ce continent y sont toutes deux originaires, d’autre
tiers tropicaux. Le présent travail s’adresse donc à diverses part le groupe-frère des Proculini n’est peut-être pas la tribu
spécialités et disciplines. des Passalini dans son ensemble, mais une partie seulement,
notamment parmi les Pertinax, s. l. Une réponse argumen-
De son côté, le groupe frère des Passalides, admis de tée à cette question permettrait de mieux comprendre le
façon plus ou moins explicite et depuis longtemps comme peuplement initial de plusieurs régions biogéographiques
étant les Lucanidae, est mis en doute après l’examen clés, telles les Grandes Antilles, le Mexique et l’Amérique
nouveau d’espèces de Trogidae et de Chironidae. Il semble Centrale, ainsi que les relations phylogénétiques et fauniques
également que des arguments paléo-écologiques et biogéo- qui s’exercent entre ces régions.
graphiques sur ces familles aillent dans le même sens que
les données issues de la morphologie. Sur les continents de l’Ancien Monde, les limites systé-
matiques et l’endémisme des tribus sont beaucoup plus
Chapitre I. L’homologation de caractères de la capsule clairs. Toutefois, l’étude phylogénétique future de chaque
céphalique, des pièces buccales, du thorax et de l’abdo- tribu apportera aux présentes hypothèses des éléments
men, a fourni des éléments concrets pour la reconstruc- décisifs.

587
Stéphane Boucher

La connaissance des taxons fossiles est encore très frag- de Passalini. En effet, si les genres de Passalinae de l’Ancien
mentaire du fait de leur rareté. Pourtant, leur intérêt est Monde sont, en règle générale, assez bien établis, la situa-
évident pour affiner les hypothèses de vicariances, de paléo- tion est toute autre pour ceux-ci. Le grand genre Passalus
endémismes et du monophylétisme de chaque grand est hétérogène ; il regroupe diverses lignées bien distinctes
groupe. Il est d’ailleurs probable que les Passalides, orga- qui représentent autant de genres à part entière. Il n’existe
nismes saproxylophages depuis leur genèse, soient mieux cependant pas de publication, même sommaire, qui remette
représentés que l’on suppose, sous forme fossile, dans des en cause de façon argumentée la permanence historique
dépôts de végétaux arborescents. N’y aurait-t-il pas, ainsi, de cette confusion. Une nouvelle fois, l’examen des geni-
quelque Aulacocyclinae conservé dans les Araucaria pétri- talia complets, entre autres caractères jusqu’ici peu ou mal
fiés de l’Archipel de Kerguelen, ce fragment en partie conti- explorés, apportera sans aucun doute des éléments sur la
nental et détaché de l’Australo-Antarctique (1) ? On trouve phylogénie de la tribu. Les exemples vus chez les genres
aujourd’hui de ces Passalides, vivants et dans les mêmes Paxillus, Passalus s. str. et Pertinax s. str., ainsi que chez le
arbres, en divers secteurs de l’Australasie. groupe d’espèces « guatemalensis », le montrent clairement.
En outre, dans cette tâche, il faudra que les classifications
Chapitre II. Les genres de la tribu néotropicale des partiellement abandonnées depuis longtemps de Kaup, de
Proculini ont été étudiés parce que celle-ci a fait l’objet de Kuwert et de Gravely surtout, soient rediscutées, ne serait-
nombreuses publications ces dernières décennies et qu’elle ce parce que presque tous les taxons supra-spécifiques qui
était donc, théoriquement, assez bien connue. Malgré des méritent d’être réévalués (voire tous), ont probablement
découvertes importantes, j’ai montré que sa systématique, déjà été décrits par ces auteurs. Enfin, il faut remarquer
voire son évolution générale, était encore incomprise ou que ce sont les Passalini, parmi toutes les tribus de la famille,
peu connue sur divers points. Presque pour ses 19 genres, qui renferment le plus grand nombre d’espèces, le plus
la composition spécifique, les affiliations naturelles et la grand nombre d’espèces confondues et (ou) nouvelles, ainsi
répartition géographique des espèces se sont trouvées que la nomenclature la moins stabilisée. Ces faits expli-
réorientées par une approche différente. Il serait à présent quent en partie nos lacunes dans leur connaissance. Je reste
utile d’étudier en profondeur chacun de ces genres redé- d’ailleurs persuadé que, lorsque cette tribu sera mieux
finis, afin de tester les présentes hypothèses générales de connue, des corrélations étroites seront mises en évidence
phylogénie et de biogéographie. Dans le chapitre III, le entre sa systématique et sa biogéographie et celles décrites
genre Veturius a été abordé en partie comme modèle de ce ici concernant les Proculini.
type de révision beaucoup plus détaillée. D’un autre côté,
l’étude des Proculini a permis de soulever à nouveau le Chapitre III. Les genres de Proculini Veturius Kaup et
problème (indiqué dans le chapitre I) de l’identité du Arrox Zang ont été utilisés comme modèles d’étude détaillée
groupe frère de la tribu, mais sans pour autant le résoudre ; de taxons infra-tribaux. Le choix porté sur Veturius (en
ce groupe frère demeure discutable et sa découverte dépend particulier celui-ci car Arrox ne compte que deux espèces)
désormais davantage de futures données extraites des s’est trouvé justifié parce que c’était à la fois l’un des genres
Passalini que des Proculini. les plus méconnus, des plus diversifiés et des plus répan-
Les Proculini sont à la fois si diversifiés et si étroite- dus de la tribu. Avec ses trois sous-genres (dont l’ancien
ment localisés dans la Méso-Amérique – leur lieu d’ori- genre Publius Kaup), Veturius s. nov., compte près de
gine et de radiations les plus nombreuses – que les diver- 75 espèces et occupe à peu près toute l’Amérique intertro-
gences morphologiques entre certains genres sont souvent picale ; on en connaissait auparavant guère plus de 25. Sans
minces, parfois confuses parce qu’entravées par des homo- que cela soit une conséquence évidente, on est maintenant
plasies répétées. Afin d’établir leurs relations naturelles avec en mesure de penser que les espèces demeurant inconnues
des arguments solides, l’étude des genitalia mâles et femelles sont en petit nombre et étroitement localisées. Autrement
semble, ici aussi, dorénavant peu contournable. Les dit, leur découverte ne modifiera pas les schémas systéma-
exemples décrits dans chaque genre montrent que ces struc- tiques et biogéographiques établis pour le genre, pour ses
tures sont une source d’informations au moins équivalente sous-genres et pour ses groupes d’espèces.
à celle de la région clypéo-frontale, ou à celles d’autres
La révision de toute la littérature sur Veturius, Publius
territoires externes des stades adulte et larvaire.
et Arrox a montré que de nombreuses données ont été
L’étude des Proculini a aussi permis de mieux mettre
publiées sur ces taxons, mais la plupart dans une profonde
en relief une ambiguïté importante dans la connaissance
confusion taxinomique. Les spécimens correspondant à
de l’ensemble de la faune américaine : la tribu et les genres
cette littérature ont été vus en majorité. Ils ont été augmen-
tés par un matériel nouveau, ancien ou récent, volumi-
neux. Grâce à cet ensemble, l’étude des trois taxons a permis
(1) Voir notamment AUBERT DE LA RÜE (1932), qui a mis en évidence
l’existence de ces végétaux, de nature forestière, dans des gisements des l’obtention de résultats convaincants, parfois très précis.
Kerguelen. Voir aussi CROIZAT (1952). En outre, des données biogéographiques de cet ordre sont

588
Chapitre III. Le complexe Veturius, modèle d’expansion continentale chez les Proculini

venues étayer des idées formulées par des zoologistes et des simplement réexaminées. Chez les Passalidae, le genre de
botanistes, en particulier celles à l’origine de la théorie des Proculini Popilius s. nov., est le seul de la tribu qui présente
refuges forestiers post-Pléistocène, proposée et développée des similitudes réelles et nombreuses avec Veturius, mais il
depuis les années 1970 par Haffer et par Prance, et qui n’existe qu’en Amérique du Sud. Par contre, les Passalini
demeure un sujet de discussions. On peut alors avancer renferment des groupes monophylétiques qui sont, sur
que des études monographiques, menées sur d’autres divers points, plus voisins encore de Veturius ; leur étude
groupes d’organismes terrestres comparables à Veturius, future devrait apporter les éléments de comparaison
pourraient mettre en évidence de nouvelles corrélations, recherchés.
peut-être de vrais homologies, avec la plupart de ces zones Les Passalidae présentent des particularités qui prêtent
refuges responsables de vicariances. Malgré des recherches, à les considérer comme un modèle intéressant pour des
il est curieux de constater qu’aucune référence de ce type travaux d’écologie – biogéographie. Dans un autre
n’a été trouvée sur des Insectes. Pourtant, il existe d’abon- domaine, mais voisin, la forte sensibilité des espèces à la
dantes révisions et presque autant d’interprétations biogéo- perturbation de leurs biotopes en font d’excellents bio-
graphiques publiées sur des groupes répandus depuis le indicateurs. En effet, parmi les qualité requises, les Passalides
Mexique jusqu’à l’Argentine, mais aucune ne semble forment un groupe vulnérable aux effets directs et indi-
comprendre une étude phylogénétique et biogéographique rects des activités anthropiques, alors que leur observation
d’un grand groupe monophylétique répandu sur l’ensemble dans leurs milieux est relativement aisée. On sait ainsi que
de ce territoire. Parmi les Scarabaeidae coprophages, les des macrofaunes disparaissent bien que notre connaissance
Canthonides, dont PAULIAN (1938-1939) avait fait la fondamentale à leur égard est encore lointaine. De plus,
première étude générale, ou le genre Ontherus, récemment leur rôle de premier plan dans la dégradation des éléments
révisé par GÉNIER (1996), à l’appui d’une phylogénie et celullolytiques, comme leur comportement situé à la base
d’une esquisse biogéographique, sont des taxons qui pour- de l’organisation sociale et des sociétés évoluées d’Insectes,
raient être propices pour des comparaisons avec Veturius. n’ont pas d’équivalent chez les Coléoptères. Pour ces raisons,
Toutefois, dans ces travaux, bien des données manquent leur étude semble pouvoir contribuer aux réflexions sur la
ou ne sont pas explicitées de façon à être reproduites ou préservation durable de la biodiversité des forêts tropicales.
Stéphane Boucher

AUTEURS CITÉS / AUTHORS CITED


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Stéphane Boucher

Liste des abréviations morphologiques

aaci angles infra-antérieurs du clypéus, infra-anterior angles of clypeus L latéral, lateral


aacs angles supra-antérieurs du clypéus, supra-anterior angles of clypeus lbmd lobe médian dorsal (du vagin), median dorsal lobe (of the vagina)
aat « angles antérieurs de la tête », « anterior angles of the head » lbpd lobe proximal dorsal (du vagin), proximal dorsal lobe (of the vagina)
abd « appendice » mandibulaire basal droit, basal « appendage » of the lbpv lobe proximal ventral (du vagin), proximal ventral lobe (of the vagina)
right mandible ltg latérotergites, laterotergites
alf aires latéro-frontales, laterofrontal areas mb membrane, membrane
alm arêtes latéro-mandibulaires, lateromandibular ridges mbc membrane connective (1re ou 2e), connecting membrane (1st or 2d)
alpf aires latéro-post-frontales, lateropostfrontal areas mtg médiotergite, mediotergite
amf aire médio-frontale, mediofrontal area o yeux, eyes
arf angle des rides frontales, angles of the frontal ridges op « opercule » du sac interne invaginé, « operculum » of the invagina-
aso arêtes supra-oculaires, supra-orbital ridges ted internal sac
bf bord frontal, anterior margin of the frons ov oviducte commun, common oviduct
c clypéus, clypeus pc pars communis, pars communis
cd condyles, condyls ph phallus, phallus
cej canal éjaculateur, ejaculatory duct phb phallobase (pièce basale), phallobase (basal piece)
c-f clypéo-front, clypeofrons phs processus hypostomaux, hypostomal plates
co canthus oculaires, orbital canthus pm paramères, parameres
D dorsal, dorsal proc proctodéum, proctodaeum
db dents basales (du lobe molaire proximal), basal teeth (of the proxi- pt pli terminal (de l’endophallus), terminal fold (of the endophallus)
mal molar lobe) rfa rides frontales antérieures, anterofrontal ridges
dd dents dorsales, dorsal teeth rfp rides frontales postérieures, posterofrontal ridges
dd2 dents dorsales secondaires, secondary dorsal teeth s supports (du tegmen), struts (of tegmen)
deb dents extra-basales, extrabasal teeth scf sillon clypéo-frontal, clypeofrontal groove
dia dents infra-apicales (du lobe inciseur), infraterminal teeth (of the scl sclérotisations, sclerotizations
incisor lobe) sec sutures épicrâniennes, epicranial sutures
dii dents internes inférieures (du lobe molaire distal), infra-internal si sac interne (endophallus), internal sac (endophallus)
teeth (of the distal molar lobe) smpf structure médio-post-frontale, mediopostfrontal structure
dis dents internes supérieures (du lobe molaire distal), supra-internal spf sillon post-frontal, postfrontal groove
teeth (of the distal molar lobe) spf2 sillon post-frontal secondaire, secondary postfrontal groove
di1,2,3 tubercules des dents internes supérieures, tubercles of the supra-inter- spl sillons pariétaux (de l’endophallus), parietal grooves (of the endo-
nal teeth phallus)
dma dents médio-apicales (du lobe inciseur), medioterminal teeth (of the spm spermathèque, spermatheca
incisor lobe) spo spolons (des protibias), spolons (mobile spines of protibias)
dsa dents supra-apicales (du lobe inciseur), supraterminal teeth (of the stg stigmates, spiracles
incisor lobe) tc tubercule central, central tubercle
ed édéage, aedeagus tg tergites, tergites
fa fosses antennaires, antennal fossae ti tubercules internes, inner tubercles
fec fossettes épicrâniennes, epicranial pits tlf tubercules latéro-frontaux, laterofrontal tubercles
flc fossettes latéro-clypéales, lateroclypeal pits tlf2 tubercules latéro-frontaux secondaires, secondary laterofrontal tubercles
flf fossettes latéro-frontales, laterofrontal pits (g. Veturius, Proculus) tlp tubercules latéro-postérieurs, lateroposterior tubercles
foa fourches apicales (des protibias), terminal forks (of protibias) tm tables molaires (du lobe molaire proximal), molar tables (of the proxi-
fpo fossettes post-oculaires, postorbital pits mal molar lobe)
fpt fossettes apicales (des protibias), terminal pits (of protibias) tmf tubercules médio-frontaux, mediofrontal tubercles
fts fosses tarsales, tarsal fossae tmf2 tubercules médio-frontaux secondaires, secondary mediofrontal
g arêtes génales, genal ridges tubercles
gl glande de la spermathèque, appended gland, gland of the sperma- tt tubercules tentoriaux, tentorial tubercles
theca V ventral, ventral
go gonopore, gonopore vg vagin, vagina
l labre, labrum
Index des taxons

Index des taxons


Index of taxa
Noms nouveaux et actes nomenclaturaux Veturius (Publius) alani n. sp., 510, 517, 568
Veturius (Publius) centralis n. sp., 510, 523, 568
New names and nomenclatural acts Veturius (Publius) danieli n. sp., 511, 517, 568
Les numéros de pages renvoient aux références principales. Veturius (Publius) dupuisi n. sp., 510, 522, 568
Veturius (Publius) impressus Hincks 1934 n. stat., 385, 510, 525, 568, 580
Page numbers denote main references. Veturius (Publius) pehlkei n. sp., 510, 520, 568
Veturius (Publius) rugifrons n. sp., 511, 518, 568
Arrox Zang 1905 n. stat., 309, 319, 325, 329, 343, 351, 364, 366, 373, Veturius (Publius) solisi n. sp., 304, 314, 510, 531, 568
376, 377, 379, 382, 384-387, 566, 578, 579, 583 Veturius (Publius) steinheili n. sp., 511, 515, 568
Arrox agassizi (Kaup 1871) n. comb., 304, 311, 351, 378, 384, 385, 387- Veturius (Publius) talamacaensis n. sp., 304, 385, 510, 528-531,568
391, 566 Veturius (Publius) taurus n. sp., 511, 527, 568
Arrox assmanni (Kuwert) n. comb., 388 Veturius (Publius) tectus n. sp., 510, 520, 568
Arrox granulipennis (Zang 1905) n. comb., 311, 351, 378, 384, 385, 391- Veturius (Veturius) Kaup 1871 subg., 394-396, 571, 583, 584
393, 566 Veturius (Veturius) aquilonalis n. sp., 305, 422, 432-435, 570
CERACUPINI n. trib., 284, 318, 319, 323, 332, 335, 338 Veturius (Veturius) arawak n. sp., 461, 466, 572
Chondrocephalus salvadorae (Schuster 1988) n. comb., 347 Veturius (Veturius) aspina Kuwert 1898 n. stat., 293, 313, 375, 422, 435-
Coniger Zang 1905 n. syn. Heliscus Zang 1905, 319 440, 569
Episphenus Kaup 1871 n. stat., 320, 330 Veturius (Veturius) biapicalis n. sp., 314, 397, 568
Heliscus eclipticus (Truqui 1857) n. comb., 302, 309, 350 Veturius (Veturius) brasiliensis Moreira 1922 transf. syn. V. simillimus Kuwert
Heliscus ridiculus (Kuwert 1891) n. comb., 291, 302, 309, 350, 357, 366 1891, 494
LEPTAULACINI Kaup 1871 n. stat., 318, 325-327, 329, 330, 332, 334, 337 Veturius (Veturius) carinaesternus Kuwert 1898 n. syn. V. sinuosus (Drapiez
MACROLININI Kaup 1871 n. stat., 318, 324-330, 332, 334, 337, 356 1820), 486, 487
Odontotaenius decipiens (Kuwert 1896) n. comb., 282, 299, 310, 351 Veturius (Veturius) costalimai Moreira 1922 transf. syn. V. simillimus Kuwert
Odontotaenius yucatanus (Bates 1886) n. comb., 351 1891, 493, 494
Pertinax carajaensis (Fonseca & Ribeiro 1993) n. comb., 319 Veturius (Veturius) criniferous Fonseca 2004 n. syn. V. libericornis Kuwert
Pertinax hylauius (Fonseca & Reyes-castillo 1994) n. comb., 319 1891, 472
Petrejoides abnormalis (Luederwaldt 1941) n. comb., 348 Veturius (Veturius) dibbi n. sp., 305, 314, 385, 397, 398, 568
Petrejoides caldasi (Reyes-Castillo & Pardo 1994) n. comb., 301, 351 Veturius (Veturius) dreuxi n. sp., 384, 462, 470
Petrejoides frantzi (Kuwert 1897) n. comb., 348 Veturius (Veturius) fassli Luederwaldt 1931 n. syn. V. guntheri Kuwert 1898,
Petrejoides hirsutus (Luederwaldt 1941) n. comb., 348 440
Petrejoides intergeneus (Bates 1886) n. syn. P. tau (Kaup 1869), 348 Veturius (Veturius) fluminensis Moreira 1922 transf. syn. V. simillimus Kuwert
Petrejoides klingelhofferi (Kaup 1869) n. syn. P. tau (Kaup 1869), 301 1891, 494
Petrejoides lenzi (Kuwert 1897) n. comb., 365, 368 Veturius (Veturius) hermani n. sp., 379, 479, 503, 574, 584
Petrejoides mysticus (Bates 1886) n. comb., 301, 310 Veturius (Veturius) hincksi n. sp., 385, 397, 400, 568
Petrejoides varius (Kuwert 1891) n. comb., 348 Veturius (Veturius) imitator n. sp., 304, 385, 404, 408, 568
Proculejus obesus (Bates 1886) n. comb., 344 Veturius (Veturius) inca n. sp., 461, 466-468, 572
Ptichopus melzeri (Luederwaldt 1927) n. syn. P. angulatus (Percheron 1835), Veturius (Veturius) jolyi n. sp., 313, 447, 453-455, 573, 584
319 Veturius (Veturius) montivagus n. sp., 385, 404, 410, 468
SOLENOCYCLINI Kaup 1871 n. stat., 318, 320, 322, 324, 326, 327, 329, Veturius (Veturius) munitus Luederwaldt 1934 n. stat., 479, 501-503, 575
330, 332, 333, 337 Veturius (Veturius) oepa Fonseca 1999 n. syn. V. charpentierae Reyes-Castillo
Undulifer nigidioides (Hincks 1949) n. comb., 344, 345 1973, 475
Undulifer violetae (Reyes-Castillo & Castillo 1986) n. comb., 344, 345 Veturius (Veturius) onorei n. sp., 313, 422, 446, 570
Veturius (Ouayana) n. subg., 319, 382, 394, 395, 532, 578, 579, 583 Veturius (Veturius) patinoi n. sp., 305, 313, 479, 506-509, 575, 584
Veturius (Ouayana) amazonicus n. sp., 534, 545, 567 Veturius (Veturius) perecasi n. sp., 312, 385, 404, 407, 568
Veturius (Ouayana) bleuzeni n. sp., 535, 544, 567 Veturius (Veturius) peruvianus Arrow 1907 n. syn. V. guntheri Kuwert 1898,
Veturius (Ouayana) casalei n. sp., 534, 554 440
Veturius (Ouayana) cirratoides n. sp., 534, 559, 566 Veturius (Veturius) petteri n. sp., 397, 401, 568
Veturius (Ouayana) dominicae n. sp., 534, 548, 567 Veturius (Veturius) platyrrhinoides Kuwert 1898 transf. syn. V. guntheri Kuwert
Veturius (Ouayana) fanestus n. sp., 534, 560, 566 1898, 440
Veturius (Ouayana) guyanensis n. sp., 535, 541, 542, 567 Veturius (Veturius) schusteri n. sp., 305, 411, 421, 571
Veturius (Ouayana) louwerenzi Doesburg 1957 n. syn. V. oberthuri (Hincks Veturius (Veturius) simillimus Kuwert 1891 n. stat., 384, 479, 493-497, 575
1933), 550 Veturius (Veturius) sinuatosulcatus Gravely 1918 n. syn. V. sinuatocollis Kuwert
Veturius (Ouayana) magdalenae n. sp., 534, 548, 567 1890, 411
Veturius (Ouayana) negroensis n. sp., 304, 535, 541, 543, 567 Veturius (Veturius) sinuatus (Eschscholtz 1829) n. stat., 305, 313, 448, 455-
Veturius (Ouayana) oberthuri (Hincks 1933) n. comb., 379, 384, 534, 550 461, 573, 584
Veturius (Ouayana) ptichopoides n. sp., 385, 535, 564, 566 Veturius (Veturius) sinuosus (Drapiez 1820) n. stat., 282, 290, 291, 313, 357,
Veturius (Ouayana) ultimus n. sp., 535, 562, 566 375, 479, 486-493, 576, 584
Veturius (Publius) Kaup 1871 subg., 319, 343, 351, 353, 374, 376-378, Veturius (Veturius) spinifer Gravely 1918 transf. syn. V. standfussi Kuwert
382, 384, 394, 395, 509, 568, 578, 579, 583 1891, 427

601
Stéphane Boucher

Veturius (Veturius) standfussi Kuwert 1891 n. stat., 313, 422, 427-432, 570 C. patalis (Lewis), 286, 289
Veturius (Veturius) tarsipes n. sp., 461, 464-466, 572 Dicotylédone, 263
Veturius (Veturius) trituberculatus (Eschscholtz 1829) n. syn. V. transversus Didimus, 304, 320
(Dalman 1817), 480, 481 Eriocnemiae, 320
Veturius (Veturius) validoides Kuwert 1891 transf. syn. V. standfussi Kuwert Eriocneminae, 320
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Veturius (Veturius) validus (Burmeister 1847) n. syn. V. platyrhinus (Hope Eriocnemis [Aves], 320
& Westwood 1845), 423 Erionominae, 375
Veturius (Veturius) vinculofoveatus Kuwert 1898 n. syn. V. simillimus Kuwert Erionomus, 300, 308, 309, 320, 324-327, 376
1891, 493, 494 E. planiceps (Eschscholtz), 278, 289
Veturius (Veturius) yahua n. sp., 313, 422, 442-446, 569 E. platypleura Arrow, 295, 306
Yumtaax n. g., 319, 343, 347, 348, 366, 368 Flaminius, 320
Yumtaax imbellis (Casey 1897) n. comb., 348 Fourmi, 263
Yumtaax laticornis (Truqui 1857) n. comb., 348 Geotrupidae, 321
Yumtaax mazatecus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb., 348 Gnaphalocneminae, 315
Yumtaax nebulosus (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb., 348 Gonatas, 320
Yumtaax olmecae (Castillo & Reyes-Castillo 1984) n. comb., 348 Gymnosperme, 263, 335
Yumtaax recticornis (Burmeister 1847) n. comb., 300, 310, 348 Heliscus, 309, 319, 343, 350, 361, 364, 366, 368, 369
H. tropicus (Percheron), 302, 309, 350
Hincksius, 320, 327, 330
Autres taxons Labienus, 320, 346, 356
Other taxa L. compergus (Boisduval), 279, 289
L. moluccanus (Percheron), 346
Aceraieae, 320
Lépidoptère, 583
Aceraiinae, 315
Leptaulax, 266, 278, 292, 304, 320, 324, 326, 334
Aceraius, 288, 320, 327, 330
L. dentatus (Fabricius), 320
A. aequalis (Gravely), 325
Lucanidae, 261, 295, 303, 315, 316, 318, 335, 336, 587
A. ashidai Kon, Araya & Boucher, 280, 290
Lucanoidea, 261, 316
Adephaga, 293, 295
Lucanus, 375, 489
Aesalinae [Lucanidae], 316
Macrolininae, 320
Analaches, 292, 335
Macrolinus, 287, 320, 327, 328, 330, 333
Angiosperme, 263, 335, 336, 581
M. andamanensis Gravely, 279, 290
Araucaria [Gymnosperma], 457, 484, 575, 588
M. latipennis (Percheron), 320
Arthropode, 264
Malagasalus, 320
Atta [Hymenoptera], 263
Mastochilus, 292, 320, 327
Aulacocyclidae [nomen nudum], 315
M. macleayi Kaup, 265
Aulacocyclinae, 265, 283, 284, 287, 288, 291-293, 315, 318, 319, 322-
Monocotylédone, 263
324, 326, 332, 335, 337, 385
Necrophorus (Silphidae), 264
Aulacocyclini, 318, 319, 322, 323, 332, 335
Odontotaenius, 304, 319, 329, 343, 351, 366, 368
Aulacocyclus, 263, 319, 323, 337
O. cerastes Castillo, Rivera-Cervantes & Reyes-Castillo, 351
A. edentulus (Mac Leay), 319
O. disjunctus (Illiger), 280, 285, 287, 293, 298, 351, 355, 357, 385
A. macleayi (Kaup), 265
O. floridanus Schuster, 351
A. tricuspis Kaup, 286, 289
O. striatopunctatus (Percheron), 306, 310, 351, 357
Austropassalus, 320
O. striatulus (Dibb), 299, 351
Cacoius, 287, 320, 327
O. zodiacus (Truqui), 351
Canthonides [Scarabaeidae], 589
Ogyges, 319, 326, 329, 346, 365, 376, 394, 395
Ceracupes, 263, 319, 323
O. laevissimus Kaup, 346
C. fronticornis (Westwood), 286, 289, 319
O. politus (Hincks), 298, 308, 346, 357
Cetejus, 292, 320
O. tzutuhili Schuster & Reyes-Castillo, 291
Chironidae, 316, 318, 321, 587
Oileus, 319, 345, 359, 365, 376
Chondrocephalus, 319, 329, 346-348, 364, 365, 368
O. rimator (Truqui), 291, 297, 345, 357
C. debilis (Bates), 299, 346
O. sargi (Kaup), 297, 345
C. granulifrons (Bates), 299, 346
Ophrygonius, 288, 320, 327, 330
C. purulensis (Bates), 299, 346
O. cantori (Percheron), 280, 290, 320
Ciceronius, 320, 324
O. koni Boucher, 323
Coléoptère, 259, 262, 264, 280, 290, 299, 586
Ontherus [Scarabaeidae], 583, 589
Comacupes, 319, 323
Paratiberioides, 320, 330
Coniger, 309, 342, 343, 347, 350
Passalida, 262, 318
Coptotermes [Isoptera], 264
Passalidae, 259, 261, 262, 264, 265, 269, 273, 275, 278, 280, 281, 284-
Cupes [nomen nudum], 318, 375
288, 292, 293, 295-297, 299, 300, 302, 306, 308, 315, 316, 318, 321,
C. sacharrobarba ruber Voët [nomen nudum], 375, 486, 489
324, 327, 331, 333, 335, 367, 385, 586
Cylindrocaulus, 284, 319, 321-323, 335, 338, 349
Passalinae, 265, 283, 284, 287, 288, 293, 315, 318, 319, 322-326, 329-
C. bucerus Fairmaire, 286
333, 335, 337

602
Index des taxons

Passalini, 265, 318, 319, 324-327, 329-332 Polyphaga, 262


Passalus, 262, 263, 265, 308, 309, 318, 319, 328, 330, 331, 342, 355, 363, Popilius, 319, 347-349, 364-366, 368-370
374 P. amazonicus Gravely, 349
P. acuminatus Eschscholtz, 498 P. erotylus Reyes-Castillo & Castillo, 349
P. alius Kuwert, 499 P. fisheri Pereira, 349
P. approximatus Dejean [nomen nudum], 423, 429, 441 P. gibbosus (Burmeister), 349
P. coniferus Eschscholtz, 294, 306, 342 P. hebes Kuwert, 348
P. denticollis Kaup, 499 P. magdalenae Boucher, 301, 348, 349
P. guatemalensis (Kaup), 285, 291, 294, 309, 326, 327, 342, 355-357 P. marginatus (Percheron), 348, 349, 357
P. indormitus Cockerell, 332, 342, 358, 367 P. novus Kuwert, 349
P. interruptus (L.), 290, 292, 298, 319, 489 P. parvicornis (Gravely), 349
P. interstitialis Eschscholtz, 363, 367 P. refugicornis Bührnheim, 349
P. opacus Gravely, 392 P. sieberi (Kuwert), 310, 349
P. pugionifer (Kuwert), 282, 327, 328 P. tetraphyllus (Eschscholtz), 349
P. punctiger Le Peletier & Serville, 282, 290, 291, 327, 328, 342 P. villei Kuwert, 349
P. sagittarius Smith, 512 Proculejoides, 346, 387, 391
P. unicornis Le Peletier & Serville, 489 Proculejus, 319, 329, 343, 345, 365, 368, 376
Passipassalus, 316, 319, 326, 330 P. ganglbaueri (Kuwert), 298, 345, 357
P. buhrnheimi Fonseca & Reyes-Castillo, 291 P. hirtus (Truqui), 291
Paxillus, 266, 304, 308, 309, 319, 342, 355, 363, 367 P. truquii Kaup, 345
P. jamaicensis Hincks, 363 Proculinae, 356, 375
P. pentaphyllus (Palisot), 291, 294, 306, 357, 363 Proculini, 261, 265, 284, 292, 306, 309, 318, 319, 322, 324, 325, 327,
Pectinicornia, 262, 316 329, 330-332, 335, 355, 367, 377, 587
Pelopides, 320, 330 Procululus, 551
Pentalobus, 266, 296, 304, 306, 308, 309, 320, 324-326 Proculus, 311, 319, 326, 329, 345, 352, 361, 365, 374-376, 379, 384
P. barbatus (Fabricius), 278, 289 P. burmeisteri (Kuwert), 345
P. palini (Percheron), 291, 295, 296, 304, 306 P. goryi (Melly), 320, 345
Pertinax, 302, 309, 319, 327, 331, 342, 355, 363, 367 P. kraatzi (Kuwert), 345
P. affinis (Percheron), 363 P. mniszechi Kaup, 291, 297, 308, 345
P. convexus (Dalman), 291, 295, 306, 342 P. opacipennis (Thomson), 357, 392
P. dominicanus Doesburg, 285, 327, 356, 363 Prosoclitus, 345
P. morio (Percheron), 328 Protomocoelus, 320
P. pertyi (Kaup), 363 Pseudacanthinae, 356
P. radiatus Kuwert, 392 Pseudacanthus, 319, 329, 343, 344, 359, 365
P. venerabilis (Kuwert), 328, 342 P. aztecus (Truqui), 296, 308, 344
Petrejoides, 319, 329, 343, 347, 348, 365, 366, 368, 369 P. mexicanus (Truqui), 344
P. caralae Cano & Schuster, 348 P. subopacus (Bates), 322
P. chiapasae Schuster, 348 Pseudepisphenus, 292, 327, 330
P. guatemalae Reyes-Castillo & Schuster, 348 P. forceps Boucher, 280, 290
P. haagi (Kaup), 348 Pseudoarrox, 319, 343, 347, 351, 366
P. jalapensis (Bates), 300, 348 P. karreni Reyes-Castillo, 310, 351
P. michoacanae Schuster, 348 Ptichopus, 262, 263, 319
P. orizabae Kuwert, 348 P. angulatus (Percheron), 319
P. panamae Schuster, 348 Quercus [Angiosperma], 369, 390
P. pokomchii Schuster, 348 Rhodocanthopus, 339
P. reyesi Schuster, 348 Rhododendron [Angiosperma], 320
P. silvaticus Castillo & Reyes-Castillo, 348 Riodinidae [Lepidoptera], 583
P. subrecticornis (Kuwert), 348 Scarabaeidae, 262, 283, 292, 308, 315, 321, 583, 589
P. tau Kaup, 348, 365 Scarabaeoidea, 259, 262, 273, 281, 283, 287, 292-296, 298, 300, 308, 316,
P. tenuis Kuwert, 300, 310, 347, 348, 351 321, 322, 324, 335
P. wagneri Kaup, 348 Scarabaeus, 318
Petrejus, 328 Semicyclus, 320, 324
P. armatus (Perty), 328 Serrulus, 320, 325, 333
Pharochilus, 292, 320, 327 S. sinicus Hong, 333
Phrenapatinae [Tenebrionidae], 264 Sertorius, 265, 376, 386
Pinus [Gymnosperma], 369, 390 Sertorius [Hemiptera], 386
Platyverres, 376 Silphidae, 264
Plesthenus, 292, 320, 327, 330 Sinodendron [Lucanidae], 316
P. anneae Boucher, 279, 289 Solenocycleae, 375
Pleurarius, 320, 324, 325 Solenocyclus, 320, 324
Pleurosticti [Scarabaeidae], 308 S. exaratus (Klug), 320, 324
Pleurostylus, 376, 396 Soranus, 265
Podocarpus [Angiosperma], 469 Spasalus, 319, 363

603
Stéphane Boucher

Spurius, 284, 309, 311, 319, 323, 326, 347-349, 361, 366, 369 Veturius (Publius) concretus (Kaup), 304, 314, 510, 519, 568
S. bicornis (Truqui), 301, 310, 349, 357 Veturius (Publius) crassus (Smith), 385, 511, 515, 568
Stephanocephalus, 320, 324, 326 Veturius (Publius) libericornis Luederwaldt, 314, 511, 512
S. hostilis (Percheron), 278, 289 Veturius (Publius) spinipes Zang, 314, 385, 510, 524, 568, 580
Stephanopodium [Angiosperma], 581 Veturius (Veturius) aculeatus Luederwaldt, 411
Taeniocerus, 263, 264, 319 Veturius (Veturius) assimilis (Weber), 305, 376, 379, 384, 479, 497-501,
Tarquinius, 320, 327, 330 574, 584
T. paradoxus Kuwert, 280 Veturius (Veturius) attenuatus Kuwert, 448
Tenebrionidae, 264 Veturius (Veturius) boliviae Gravely, 461, 468-470, 572
Termite, 264 Veturius (Veturius) caquetaensis Boucher, 312, 385, 404-407, 568
Theotimius [Chironidae], 316 Veturius (Veturius) cephalotes (Le Peletier & Serville), 305, 313, 375, 447-
T. grandis (Gory), 316 453, 573, 584
Tiberioides, 292, 327 Veturius (Veturius) cephalotestransversus sensu Luederwaldt, 452, 457, 484
Trichostigmus, 320 Veturius (Veturius) charpentierae Reyes-Castillo, 314, 472, 475, 574, 584
Trictenotomidae, 316 Veturius (Veturius) christiani Boucher, 305, 314, 472, 476-478, 574
Trogidae, 292, 295, 316, 318, 322, 587 Veturius (Veturius) ecuadoris Kuwert, 305, 312, 461-464, 572
Trox, 292, 317, 322 Veturius (Veturius) gabonis Kuwert, 376
Undulifer, 319, 344, 359, 365 Veturius (Veturius) guntheri Kuwert, 422, 440-442, 568
U. incisus (Truqui), 296, 308, 344, 345 Veturius (Veturius) heydeni (Kaup), 376, 479, 504-506, 575, 584
U. salvadorae Kuwert, 344 Veturius (Veturius) isthmicus Arrow, 418
Verres, 309, 319, 325, 329, 352, 364, 366, 368, 369, 373-377, 379, 382, Veturius (Veturius) latisulcatus Luederwaldt, 418
384, 566, 578, 579 Veturius (Veturius) lepidus Fonseca, 478
V. cavicollis (Bates), 352 Veturius (Veturius) libericornis Kuwert, 472-475, 574, 584
V. cavifrons Kuwert, 376 Veturius (Veturius) mariculae Boucher, 312, 411, 416-418, 570
V. corticicola (Truqui), 352 Veturius (Veturius) moevi Kuwert, 423
V. deflexicornis (Kuwert), 303, 352 Veturius (Veturius) platyrhinus (Hope & Westwood), 376, 384, 422-427, 569
V. furcilabris (Eschscholtz), 291, 303, 311, 352, 355 Veturius (Veturius) pumilis Kuwert, 498
V. hageni Kaup, 303, 311, 352 Veturius (Veturius) semicylindricus (Eschscholtz), 498
V. onorei Boucher & Pardo, 352 Veturius (Veturius) similior Kuwert, 480
V. sternbergianus Zang, 291, 303, 352, 357 Veturius (Veturius) sinuatocollis Kuwert, 312, 384, 385, 411-415, 570
Verroides, 376 Veturius (Veturius) sinuatomarginatus Luederwaldt, 411, 415
Veturiinae, 376 Veturius (Veturius) staudingeri Kuwert, 480, 481
Veturius, 261, 263, 311, 319, 325, 329, 343, 351, 352, 363, 364, 366, Veturius (Veturius) transversus (Dalman), 293, 298, 305, 479-486, 576, 584
368-370, 373, 376, 377-379, 382, 385, 393-396, 566, 577-579, 582 Veturius (Veturius) transversuscephalotes sensu Luederwaldt, 452, 457, 484
Veturius (Ouayana) cirratus Bates, 304, 312, 534, 554-559, 566 Veturius (Veturius) trapezoides (Kaup), 480, 481
Veturius (Ouayana) criniceps Kuwert, 554, 555 Veturius (Veturius) tuberculifrons Kuwert, 312, 411, 418-421, 571
Veturius (Ouayana) galeatus Boucher, 304, 312, 534, 552, 566 Vindex, 309, 311, 319, 326, 329, 342-344, 358, 365, 368
Veturius (Ouayana) laevior (Kaup), 312, 353, 535, 561, 566 V. agnoscendus (Percheron), 307, 343
Veturius (Ouayana) lineatosulcatus Luederwaldt, 561 Vitellinus, 320, 324
Veturius (Ouayana) paraensis Luederwaldt, 535, 539, 541, 567 Xylopassaloides, 319, 329, 344, 358, 365
Veturius (Ouayana) punctatostriatus Arrow, 304, 312, 535-538, 567 X. chortii Schuster, 307
Veturius (Ouayana) unicornis Gravely, 379, 384, 535, 538, 567 X. pterocavis Reyes-Castillo & Fonseca, 296, 307, 344

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