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Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

Faculté de Biologie, Département Biochimie /Microbiologie.

Master II Biochimie Appliquée


Module : Biochimie Appliquée à l’industrie Biologique et à l’environnement

LE SANG

2021-2022

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I .Généralités sur le sang

Le sang est un tissu conjonctif (seul tissu à être liquide) plus dense que l’eau, visqueux,
légèrement alcalin (7,35 < pH < 7,45), opaque, dont la couleur varie suivant la teneur en O2,
chaud (38 °C), légèrement salé et métallique. Volume total = 5 litres = 8 % du poids corporel.
Circule dans les vaisseaux sanguins vers tous les tissus du corps grâce aux contractions
cardiaques. Le sang est composé de plasma (phase liquide, 55 %) et de cellules (éléments
figurés du sang, 45 %) (Tableau I).

Tableau I : Les principaux constituants du sang

LE SANG
Plasma Eléments figurés du sang
Eau et électrolytes, lipides, sucres Les globules rouges (GR (hémoglobine)),
Facteurs de la coagulation Les globules blancs (GB),
Sérum (glycoprotéines, métalloprotéines, plaquettes
lipoprotéines……)
LE SERUM

Albumine (55-60 %) ;
α1-globulines (3-5 %) => cette fraction comprend : l'alpha-1-antitrypsine (AAT) (12 % de
glucides) et l’alpha-1-glycoprotéine = Orosmucoïde (40 % de glucides) ;
α2-globulines (5-9 %) => cette fraction comprend : l’α2- macroglobuline : 7,5 % de
glucides, l’haptoglobine : 18,6 % de glucides et la céruloplasmine: 0,3 % de cuivre ;
ß- globulines (1 et 2) (9-14 %) %) => cette fraction comprend : l’hémopexine et la
transferrine pour les ß- globulines 1 et le complément (C3) et les IgA pour les ß- globulines
2;
ɣ-globulines (12-20 %) => cette fraction comprend : les IgG, IgM, IgD, IgA et IgE.

NB : l’hémopexine : est une glycoprotéine sanguine dont le rôle est de se lier aux molécules hèmes
issues de la dégradation de l'hémoglobine.

Remarque :
Le sérum est le liquide séparé à la coagulation spontanée du sang (sans présence
d’anticoagulant).
Le plasma a une composition voisine mais en présence d’anticoagulant il contient en
plus le fibrinogène et les facteurs de la coagulation (Figure 1).
-après une séparation du sang total à fiable vitesse de centrifugation (200 g pendant 10
minutes) on obtient un plasma riche en plaquette, à forte vitesse de centrifugation (2000 g
pendant 10 minutes) on obtient les hématies, les leucocytes, les plaquettes et un plasma
pauvre en plaquette.

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sang
+ anticoagulant

coagulation pas de coagulation

sérum caillot plasma hématies


(défibriné)

Hématies fibrine hémoglobine stroma

Hème globine

Figure 1: Les différents constituants du sang avec et sans anticoagulant

1.1.1. Les différents types de cellules sanguines (éléments figurés du sang)


Les cellules du sang se répartissent en trois classes fonctionnelles principales (tableau
II). Elles sont toutes formées au niveau de la moelle osseuse au cours du processus de
l’hématopoïèse :

Tableau II : Les cellules sanguines et leurs fonctions

Types cellulaires Fonctions


Les globules rouges Fixation et transport de l’O2 des poumons vers les tissus ;
(érythrocytes ou hématies) Fixation et transport de CO2 des tissus vers les poumons.
Les globules blancs Jouent un rôle important dans le système de défense et
(leucocytes : d’immunité de l’organisme et son de ce fait principalement
polynucléaires, actifs en dehors des vaisseaux sanguins, dans le tissus ; les
lymphocytes) leucocytes circulants sont pour la plupart en transit entre leurs
divers sites d’activité.
Indispensable au contrôle des hémorragies (hémostase) en
Les plaquettes colmatant les plaies vasculaire et en contribuant à l’activation
(thrombocytes) de la chaine des différents facteurs de la coagulation (cascade
et coagulation)

1.1.2. Principaux rôles physiologiques du sang


-transport de nutriments, gaz (O2 et CO2 (O2 surtout)), produits de dégradation du
métabolisme, les cellules, hormones et les protéines plasmatiques ;
-défenses (Ig, leucocytes (GB)) ;
-hémostase (coagulation).

NB : Les Ag présents sur les GR support de l’individualité biologique (Système ABO, HLA).

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1.2. Les protéines plasmatiques
À la différence des autres constituants qui sont dissous dans le plasma, les protéines
sont dissous sous formes d’une dispersion colloïdale dans le plasma. Comme elles sont les
plus volumineux constituants du plasma, elles ne passent pas à travers les pores de la paroi
des capillaires ordinaire vers le liquide interstitiel. Les protéines plasmatiques exercent une
pression osmotique colloïdale à l’intérieur du système circulatoire participant à la régulation
des échanges liquidiens entre le plasma et le milieu extracellulaire, empêchant ainsi la fuite du
plasma hors des capillaires et contribuant ainsi à la conservation du volume plasmatique.
Elles sont partiellement responsables du pouvoir tampon du plasma qui s’oppose aux
changements de pH;
Certaines d’entre elles se lient à des substances insolubles dans le plasma (hormones,
cholestérol, fer…..) ;
La plupart des facteurs qui interviennent dans la coagulation du sang sont des protéines
plasmatiques ;
De nombreuses protéines plasmatique sont sous forme de précurseurs inactifs dans le
plasma et sont activés en cas de besoin par des stimuli spécifiques (exemple :
l’angiotensinogène est activé en angiotensine, une hormone essentielle pour l’équilibre hydro-
électrolytique de l’organisme.
Le tableau si dessous résume les principales protéines plasmatiques leur caractéristiques
physicochimiques ainsi que leurs fonctions biologiques.

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Tableau III : Les protéines sériques du sang
(Environ 200 protéines identifiées, 70 sont obtenues dans un état de pureté élevé)
Les ≠ protéines Caractéristiques physico-chimiques Activités biologiques
-PM=62 000Da ; 4S\U ; -rôle clé : transport de la vitA ;
Pré-albumine -0,5%de la protéinémie (25-35mg\dl) ; -marqueur de l’état nutritionnel -->
-niveau de migr.électroph. le plus élevé. Taux ↓dans les états de malnutrition
-69 000 Da (585aa) ; 1seule chaine -principal agent de la pression oncotique ;
polypeptidique ; 50-60 des protéines totales ; -sert de protéine de transport pour de
-taux normal : 40-50g\l. nombreuses molécules insolubles dans l’eau
albumine (bilirubine, Acide gras, médicament….).
-association de protéines spécifiques -rôle de transport de TG et du cholestérol
(apoprotéine A, B, C, D et E) et de substances dans l’organisme ;
lipidiques (cholestérol estérifié ou non, -augmentation de taux dans le sang --
Lipoprotéines (LP) triglycérides et phospholipides) ; >facteur de risque des maladies
--> chylomicrons, VLDL, LDL, HDL. cardiovasculaires.
-1 chaine polyp. De 130 000Da (1000aa) -enzyme du groupe des oxydases auquel le
Céruloplasmine ou α- contenant 9% de glucides ; cuivre sert de cofacteur
-couleur bleue due à sa haute teneur en cuivre (concentration varie de 270 à 500 mg\l)
2-glycoprotéine (8 atomes\molécules).

glycoprotéine de 80 000 Da(679aa) ; -protéine de transport du fer dans le plasma ;


-1chaine polyp. (6 de glucides) ; -possède un effet bactériostatique important
-plusieurs types génétiques ont été mis en en complexant le fer nécessaire à la croiss.
Transferrine évidence (type C : référence ; type B : pI bas ; des bactéries
type D : pI élevé)
-glycoprotéine de 54 000Da ; -inhibiteur puissant des activités
Alpha-antitrypsine -1 seule chaine polyp.(12 % de glucides) ; protéolytiques de type trypsique ;
-constitu.principal de la bande α1 en EPS. -inhibe aussi toute la classe des sérines
(AAT) protéases (-->α-antiprotéase)
-glycoprotéines volumineuses de 750 000Da - action marquée d’inhibiteur de protéases ;
Alpha -2- (plusieurs S\U reliées entre elles par des - fixe de très nombreuses molécules
pont S-S) ; (notamment l’hormone somatotrope et
macroglobuline -contient 10%de glucides. l’insuline)
4 chaines polyp. (2α et 2ß) :chaine α ≠, chaines ß -capte l’hémoglobine ;
Haptoglobulines (Hp) identiques chez tous les individus ; -le complexe Hp-Hg a une action
-3 formes différentes en EPS : Hp(1-1), Hp(2-1), enzymatique de type peroxydasique-->
Hp(2-2) ; Dépistage du sang sur les bandelettes
-taux varie entre 0,8 et 1,5g\l Urinaire ou dans les matières fécales.
-glycoprotéine : 4chaines : 2 L et 2 H -support des réactions de l’immunité
Immunoglobulines(ou -5classes : IgA, IgG, IgM,IgD et IgE humorale :
-PM : 146 000 (IgG)-970 000Da (IgM) -fragment Fab -->fixation de l’antigène
σ globulines) -taux : 20% des protéines plasmatiques Fragment Fc-->fixation du complément
-marqueur sensible et rapide de
La protéine C -glycoprotéine de 120 000 Da, 5 S\U ; l’inflammation-->détermination : suivi des
-concentration normale à peine détectable mais complications poste opératoire, infections
réactive (CRP) s’élève rapidement (2-4) en cas d’inflammation. néonatales, efficacité d’un
traitement,.antibiotique .........etc.
-glycoprotéine de faible PM (40 000 Da) ; -rôles multiples attribués : antithrombique,
Orosomucoïdes -1chaine polyp. (181 aa) contenant 40% de Antiprotéasique et immunosupresseur ;
glucides dont 12% d’acide sialique ; -dosage : permet de suivre ≠ pathologies
(ORO) -taux normal : 0,6-1,2g\l.
α-1-fœtoprotéine -glycoprotéine du sérum fœtal de 65 000 Da dont -marqueur de certaines pathologies :
(AFP) la séquence présente des analogies avec Réapparait chez l’adulte à des taux énormes
l’albumine ; (1-5g\l) lors du cancer primitif du fois.
-10à 20µg\l(radio-immuno ou immuno-ez)
-ce sont les facteurs notés de I-XIII ; -permettent la transformation d’1
Les protéines de la -PM de 51 000- 340 000 Da ; protéine soluble (fibrinogène) en une
coagulation -synthétisés pour la plupart sous frome inactives protéine insoluble (la fibrine) sous
l’action de la thrombine.

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Figure 2 : Electrophorèse des protéines sériques

γ2
γ1 Ig (1,4g)

fibrinogène (0,4 g)

β2 β globuline (1,0g)
β1

α2 α globuline (1,0g)
α1

+ albumine (4,3g)

( ..) Teneur moyenne par litre de plasma.

Figure 3 : Comportement électrophorétique des constituants protéiques du plasma

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II. L’hémoglobine structure et fonction

1. Généralité sur l’hémoglobine


En 1862, le physiologiste allemand HOPPE-SEYLER a créé le terme « hémoglobine »
pour désigner le pigment respiratoire, transportant l’oxygène, contenu dans les globules
rouges.
Les hémoglobines humaines appartiennent à une très ancienne famille de molécules, apparue
bien avant la vie aérobie dans l’évolution des espèces.
Les premières molécules de cette famille remontent à plus de 1,8 milliard d’années. Le
transport et le stockage d’oxygène qui, a priori, sont considérés comme les fonctions
essentielles des hémoglobines ne sont sans doute que des propriétés apparues plus récemment
dans cette famille de molécules, chez les organismes complexes pluricellulaires. Les
hémoglobines sont en effet présentes dans tout le monde vivant, végétal et animal, de la
bactérie à l’homme. On parle le plus souvent de myoglobine pour désigner cette molécule
lorsqu’elle est contenue dans une cellule musculaire et de neuroglobine lorsqu’elle l’est dans
une cellule nerveuse.
Le caractère commun à toutes ces molécules, affirmant leur appartenance à la
superfamille des globines, est une structure tridimensionnelle constituée par 6 à 8 hélices
enroulées autour de l’hème selon un même repliement caractéristique (appelé « globin fold »
dans la littérature anglo-saxone).
Chez les êtres unicellulaires et les invertébrés les plus primitifs, le transport et la diffusion
d’oxygène sont physiologiquement bien moins importants que ne l’est la protection contre
l’effet toxique des ions et radicaux libres produits par l’O2, le CO et le NO. Leurs
hémoglobines ont, le plus souvent, une telle affinité pour l’oxygène qu’elles sont plus aptes à
jouer un rôle dans la dépollution des radicaux libres actifs que dans un transport réversible
d’oxygène moléculaire.
La molécule d’hémoglobine, formée d’un hétérotétramère, telle qu’elle est présente chez
tous les vertébrés, provient d’une duplication, remontant à environ 750 millions d’années. Elle
a donné naissance d’une part à la myoglobine, spécialisée dans le stockage d’oxygène à
l’intérieur des organes, à proximité de son lieu de consommation, et d’autre part à
l’hémoglobine proprement dite, spécialisée dans le transport d’oxygène de la périphérie vers
les tissus.
Autour des années 1960, KENDREW et PERUTZ ont élucidé, par diffraction de
rayons X, la structure spatiale de la myoglobine et de l’hémoglobine. KENDREW a montré
que la structure spatiale de la myoglobine du muscle de cachalot consistait dans le repliement
d’une chaîne polypeptidique, appelée globine, autour d’un groupement prosthétique, l’hème,
pris en sandwich dans les repliements de la protéine (Figure 4). L’hémoglobine de cheval,
alors étudiée par Perutz à plus faible résolution que la myoglobine, s’avérait être un tétramère
hétérologue constitué de deux types de chaînes de globine, dont l’aspect était identique à celui
de la myoglobine (Figure 5a, 5b). Les coordonnées cristallographiques de ces molécules sont
aujourd’hui disponibles auprès de la « Protein Data Bank » sur internet et plusieurs logiciels
publics permettent d’en obtenir des représentations tridimensionnelles interactives qui
viennent compléter les classiques descriptions trouvées dans les atlas de structures protéiques.

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Figure 4: Structure 3 D de la myoglobine de cachalot par diffraction X

(a) (b)

Figure 5 : (a). Représentation tridimensionnelle de la myoglobine de cachalot. La protéine


est formée par le repliement de 8 hélices (désignées de A à H de l’extrémité N- vers
l’extrémité C-terminale). Les seuls résidus constants dans toutes les familles de globines sont
l’histidine proximale F8 et la phénylalanine CD1. (b). Représentation tridimensionnelle d’un
tétramère d’hémoglobine. Chacune des sous-unités a une structure spatiale très proche de
celle de la myoglobine.

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2. Anatomie d’une sous-unité d’hémoglobine
Une même géométrie d’ensemble est retrouvée dans toutes les hémoglobines : 75 % de
la molécule est sous forme d’hélices α, arrangement classique de la structure secondaire d’une
protéine où chaque tour de spire comporte un peu plus de trois résidus d’acides aminés. Chez
les vertébrés, dans chaque sous-unité d’Hb, on distingue, en allant de l’extrémité N-terminale
vers l’extrémité C-terminale, huit segments hélicoïdaux, désignés par une lettre de A à H, et
des zones inter-hélicoïdales portant le nom des deux hélices qui leur sont adjacentes. À
l’intérieur de chacun de ces segments, les résidus sont numérotés d’après leur position (Figure
5a). Cette nomenclature est commune à toutes les hémoglobines, quelle que soit l’espèce dont
elles sont issues. Elle permet de comparer point par point la structure des hémoglobines de
différentes origines. Ainsi, le 8ème résidu de l’hélice F (F8) est toujours une His liée au fer de
l’hème. Les huit hélices, repliées sur elles-mêmes, réalisent une structure globulaire compacte
avec, près de la surface, une poche hydrophobe où est enfouie la molécule d’hème. La surface
externe de la sous-unité est tapissée par les chaînes latérales de résidus hydrophiles facilitant
les interactions avec le milieu aqueux ambiant. Les régions internes sont au contraire
essentiellement occupées par des résidus hydrophobes, qui, en échangeant entre eux un très
grand nombre de liaisons de faible énergie, stabilisent l’édifice moléculaire. La cavité où est
enfouie la molécule d’hème a la forme d’un «V» dont l’ouverture est partiellement occupée
par l’hélice C et le segment CD, le plancher est formé par les hélices B G et H, et les parois
par les hélices E et F. L’hème échange une soixantaine de liaisons de faible énergie avec les
groupements latéraux des résidus qui l’entourent.

3. Les différentes hémoglobines humaines


Plusieurs hémoglobines se succèdent au cours de la vie, et, à tout moment, il en existe
plusieurs simultanément. Ces hémoglobines se distinguent par la nature des sous-unités qui
les constituent. Chez l’homme, au cours de l’évolution ontogénique, le profil des
hémoglobines change deux fois. La première de ces commutations (ou « switch ») coïncide
avec le passage de la vie embryonnaire à la vie fœtale, la seconde avec celui de la vie fœtale à
la vie adulte. Parallèlement à cette modification de la nature des sous-unités de globine, il y a
un changement du lieu où s’effectue l’érythropoïèse : sac vitellin dans la vie embryonnaire,
puis foie et rate dans la vie fœtale et enfin moelle osseuse chez l’adulte.

 Le profil électrophorètique de l’Hb


 Embryon : 3 hemoglobines coexistent (Hb Gower 1 : ζ2- ε2, Gower 2: α2-ε2,
Portland: ζ2-γ2);
 Fœtus : Hb F (α2-γ2), Hb A à taux faible (5-10 %) ;
 À la naissance : le taux d’Hb F est proche de 80 % ;
Quelque mois après la naissance le profile hémoglobinique adulte (1an à 2 ans) est atteint
soit :

Hb A (α2-β2) : 97 %
Hb A2 hémoglobine mineure (α2-δ2) : dont la synthèse débute dans la période néonatale et
qui restera par la suite à un taux faible < 5 %
HbF : <1 %
NB : δ très peu différente de β

(α : Alpha, β : Beta, δ : Delta, ζ: Zeta, γ: Gamma, ε: Epsilon).

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4. Structure de l’hémoglobine
Chez l’homme, on distingue des sous-unités de type α, longues de 141 résidus d’acides
aminés, qui ont une Arg en position C-terminale et dont la synthèse est sous le contrôle de
gènes localisés sur le chromosome 16, et des sous-unités de type β qui possèdent 146 résidus,
se terminent par une His et sont sous la dépendance de gènes portés par le chromosome 11.
Deux sous-unités α s’associent donc à deux sous-unités de type β selon une symétrie
tétraédrique pour former la molécule d’hémoglobine (figure 6). Dans la structure
tétramérique, les dimères sont disposés de façon à ce que la sous-unité α1 soit au contact de la
sous-unité β1 et α2 de β2. La disposition des chaînes est telle que des rapports très intriqués
existent entre chaînes latérales de résidus appartenant aux sous-unités non homologues. À
l’inverse, il n’existe qu’un très petit nombre de contacts entre sous-unités identiques (liaison
faible).
L’oxygénation de l’Hb s’accompagne d’un déplacement des S \U. Son PM est de 64 500
Da (64,5 kDa).
Selon la théorie allostérique, formulée par MONOD, WYMAN et CHANGEUX en 1965
l’hémoglobine serait en équilibre, à chaque pression partielle en oxygène, entre une forme de
forte affinité, dite R, et une forme de faible affinité, dite T.

Figure 6 : Molécule d’hémoglobine avec deux chaînes alpha et deux chaînes bêta maintenues
par des interactions non covalentes. Chaque chaîne possède un hème et un site de liaison de
l’O2

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Je retiens :

L’hémoglobine (Hb)

 Taux dans le sang : 110 – 140 g\l (60 – 65 kg);


 PM= 64 000 Da; 574 aa ;
 4 S\U =2 chaines α et 2 chaines β ;
Chaine α= 141 aa (15 126 Da)
Chaine β= 146 aa (15 866 Da)
 Chaque chaine porte un groupement hème ;
→ Hétéroprotéine porphyrinique: globine (96 %) + groupement prosthétique (atome de
fer (4 %)).

Structure 3D de l’hémoglobine: type IV

 Structure globulaire avec une cavité centrale;


 Chaque S\U comprend 8 hélices α (noté de A à H);
 Les chaines α et β sont disposées de telle façon que la molécule Hb présente 3 axes de
symétrie;
 Les chaines identiques (α1 et α2 ; β1 et β2) n’ont aucun contact;
 Les chaines α et β sont associés par des liaisons H et ioniques;
Les 4 noyaux hémiques sont enfouis dans des cavités hydrophobes.

La myoglobine (Mb)

 La myoglobine est constituée d’une seule chaîne polypeptidique de 153 acides aminés
et de masse 18 Kda;
 La synthèse de la myoglobine a lieu dans toutes les cellules musculaires;
 La myoglobine constitue 1 à 2 % du poids total des muscles squelettiques.
 La concentration sanguine physiologique de la myoglobine est faible, plus élevée chez
l’homme (16–96 μg l–1) que chez la femme (9–82 μg l–1);
 La myoglobine est une protéine spécifique des muscles du squelette et du myocarde
qui intervient dans leur oxygénation.
 Elle a une très forte affinité pour l’oxygène à 37 °C; supérieure à celle de
l’hémoglobine, permettant un transfert aisé de l’hémoglobine à la myoglobine et ainsi
une fourniture au système mitochondrial au cours du travail musculaire.

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Tableau IV : Les différentes caractéristiques biochimiques entre l’hémoglobine et la
myoglobine

Hémoglobine (Hb) Myoglobine (Mb)


Hétéroprotéine porphyrinique

4 chaines polypeptidiques 1 chaine polypeptidique : 153 aa


-2 chaines α identiques de 141 aa
-2 chaines β identique de 146 aa
Struc 3D => PERUTZ et coll (1960) Struc 3D => KENDREW et coll (1960)

Structure ordonnées : 8 hélices α (A…..H)


S\Uα (141) dépourvue d’hélice D
S\Uα et β ont une hélice H plus courte

Dans l’hème 4 liaisons de coordination avec 4 tomes des noyaux pyrroles


Hème \hémoglobines : 1 liaison de coordination avec N.. His, F8 (proximal)

O2 se fixe réversiblement avec le fer (Fe2+) de l’hème


Hb + 4O2 Hb (O2)4 Mb +O2<=> MbO2
(P50 =3550Pa) (P50=366Pa)

Fixation \libération O2
Courbe type sigmoïdal Courbe type hyperbolique
Faible affinité au début affinité élevée pour O2
Hb libère 25 % d’O2 Mb libère 10 % O2
Effecteurs
(O2, H+, CO2, Cl-, 2,3DPG)
Diminuent l’affinité de Hb pour O2 Pas d’effets sur Mb
NB : L’O2 est un effecteur régulateur (enzymes allostériques)

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5. La molécule de l’hème sous ces différents états
Par la nature et la disposition de ses groupements latéraux, la molécule d’hème est définie
comme une ferro-protoporphyrine de type IX. L’atome de fer situé en son centre est sous
forme réduite (Fe2+ ferreux) aussi bien dans l’hémoglobine oxygénée (HbO2) et la
carboxyhémoglobine (HbCO) que dans l’hémoglobine désoxygénée (désoxyHb). La forme
oxydée (Fe3+ ferrique) est impropre au transport de l’oxygène ; elle est caractéristique de la
méthémoglobine (metHb). Dans cette forme, l’atome de fer est lié sur sa face distale à un
groupe hydroxyl (OH). Les hémichromes sont une autre forme d’oxydation où le fer ferrique
est directement lié à un résidu de la face distale : cette structure est génératrice de radicaux
libres dangereux pour la membrane érythrocytaire, partiellement responsables des
complications hémolytiques observées chez les patients porteurs d’hémoglobines instables ou
thalassémiques. Dans l’HbO2, l’atome de fer présente six liaisons de coordinence : quatre
interviennent dans la structure de l’hème, la cinquième amarre l’hème à la globine au niveau
de l’His F8 (dite « histidine proximale ») et la sixième fixe la molécule d’oxygène entre l’His
E7 (dite « histidine distale ») et la Val E11. Dans la désoxyHb, l’atome de fer, plus
volumineux que dans l’HbO2, est pentacoordonné. Ces différentes formes de ligation sont
représentées dans la figure suivante

Figure 7: Les différents états de la molécule de l’Hème.

L’atome de fer est sous forme (Fe2+) dans la désoxyHb, l’HbO2 et l’HbCO. En revanche il est
sous forme (Fe3+) dans la metHb et les hémichromes. Des ligands différents sont complexés
au fer dans les quelques structures représentées.

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5.1. Structure de la molécule de l’hème

Figure 8 : Structure de l’Hème

L’hémoglobine est constituée de quatre sous-unités polypeptidiques associées chacune à


un cofacteur lié appelé l’hème. L’hème est lui-même formé d’une structure aromatique et
d’un atome de fer.
• Cette structure aromatique ou porphyrine est constituée de quatre noyaux pyrrol,
comprenant chacun un atome d’azote et 4 de carbone. Les carbones périphériques de ces
noyaux sont substitués par des chaînes latérales courtes qui lient la porphyrine aux radicaux
des acides aminés de la protéine.
• Au centre de la porphyrine, l’atome de fer est lié par six valences (on dit hexacoordiné).
Quatre de ces directions fixent le fer sur les 4 atomes d’azote de la porphyrine. Une valence
du fer est liée à un des azotes d’une histidine de l’hélice F (His proximale), et la dernière à
une histidine de l’hélice E (His distale).
• Cette structure peut recevoir une molécule d’oxygène (O2). Lors de la fixation de l’oxygène,
l’atome de fer se rapproche de l’histidine proximale. L’oxygène transporté s’interpose entre
l’atome de fer et l’His distale.

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6- L’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène
L’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène est caractérisée par une quantité P 50 qui est la
pression partielle (pO2) à laquelle 50 % des sites sont occupés (y=0,5). Une valeur faible de
P50 traduit une forte affinité de l’hémoglobine pour l’O2.
Au niveau des alvéoles pulmonaires, les hémoglobines fixent le dioxygène. Cette fixation
est favorisée par une pO2 élevée (environ 100 mmHg) l’Hb est totalement saturée, elle se
charge d’O2 et le transporte jusqu’aux tissus. Dans les zones où la pO2 est plus basse, aux
niveaux des tissus (pO2 de 30 mmHg), l’Hb libère son O2. Ainsi, les hémoglobines
parviennent à fournir le dioxygène nécessaire au métabolisme cellulaire. En revanche, à la
même pression, la myoglobine est capable de le capter pour le stocker, puis de le restituer
lors d’efforts musculaires soutenus.
La myoglobine présente une courbe hyperbolique de type Méchalienne. Elle traduit une
simple association réversible de l’hème et de l’oxygène.
La fixation de l’O2 par l’Hb est une sigmoïde elle traduit un phénomène de coopérativité
positive homotropique (sites identique) entre les 4 S/U.
La structure quaternaire en quatre sous-unités (tétramèrique) de l’Hb favorise la prise en
charge et la délivrance du dioxygène. En effet, les globines isolées sont rapidement saturées à
cause de leur grande affinité pour l'O2, mais elles le libèrent plus difficilement aux plus basses
pressions.
La fonction de transport de l’O2 par l'hémoglobine est affectée par d'autres facteurs
comme la température, le pH ou le 2,3 diphosphoglycérate (2,3 DPG).

Figure 9 : Courbe de dissociation de la myoglobine et de l'hémoglobine

Remarque : le DPG est un intermédiaire de la voie de la glycolyse qui est séquestré dans les
globules rouges et qui se fixe spécifiquement sur la désoxyhémoglobine, favorisant de ce fait
la libération de l’oxygène.

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7. Les hémoglobines instables
L’hémoglobines instables ce sont des hémoglobines qui ont tendance à former des
précipités qui s’attache à la surface interne du globule rouge et sont cause d’hémolyse. Cette
instabilité est due à plusieurs mécanismes :

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Figure 10 : Les différents sites de perturbation de la structure et/ou de la fonction de


l’hémoglobine

1- Substitutions d’acides aminés au voisinage du site de fixation de l’hème (Remplacement


d’acide aminé par un autre);
2- Perturbation de la structure secondaire α ou β. Les hélices peuvent êtres détruite si un
résidu d’acide aminé est remplacé par la proline (en raison de son incapacité de former des
liaisons H. hélice β leu → pro ;
3-Substitution à l’intérieur d’1 S/U → dissociation des monomères d’Hb;
4-Mutation de surface → insolubilité de l’Hb;
5-Mutation au niveau de la cavité Hydrophobe →perturbation au niveau des échanges gazeux
→ perturbation de la régulation.

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8. Les hémoglobinopathies
On distingue deux grands groupes d’hémoglobinopathies :

1-Anomalies quantitatives : c’est la diminution de la synthèse de certaines chaines de la


globine alors que les autres chaines sont synthétisées normalement entrainant un déséquilibre
entre les différentes chaines. Ce sont les syndromes thalassémiques.

Syndromes thalassémiques (anomalies quantitative)


α thalassémies Diminution de synthèse des chaines α (délétion
d’un à deux gènes) →excès de synthèse de la
chaine β et γ
β thalassémies β+ : diminution de synthèse des chaines β
(anémie de β° : absence total de synthèse de la chaine β
Cooley)
2- Anomalies qualitatives : en général ces anomalies de structures sont liées au
remplacement d’un acide aminé d’une chaine de globine par un autre acide aminé.

Hémoglobinoses (anomalies qualitatives) (Mutation d’aa)


Hémoglobinose S Substitution du Glu par Val dans la chaine β
(Drépanocytose) de la globine
(Pauling et Itano, →polymères d’Hb peu solubles et visqueux
1949) →déformation des globules rouges (hématies
falciformes) →syndromes hémolytiques
Hémoglobinose C Substitution de Glu par Lys dans la chaine β
et E de la globine → diminution de la solubilité des
Hb et augmentation de leur rigidité → anémie
Hémoglobinose D Substitution de Glu par Val dans la chaine β de
la globine sans polymérisation de l’Hb et
falciformation →anémie
Hémoglobinose M Substitution de His (proximal ou distal) par
(Horelein et Weber, Tyr (affecte les chaines α ou β)
1948) →liaison covalente Tyr-Fer → stabilisation
sous forme oxydée (Fe3+) → pas de fixation
d’O2→cyanose (couleur bleu- lavande de la
peau)

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Conclusion
L’étude des quelques 800 mutants de l’hémoglobine humaine aujourd’hui connus nous
montre que le changement d’un seul résidu suffit souvent à changer drastiquement la fonction
de la molécule. Parfois, des modifications post-traductionnelles inattendues viennent encore
compliquer le tableau. L’étude de la protéine, de sa structure, de sa fonction et de son
expression phénotype sont donc autant d’étapes incontournables dans la compréhension de
cette protéine aux multiples facettes.
L’expression de ses gènes par les techniques de la biologie moléculaire, la création de
variants par mutagenèse dirigée et leur expression dans des systèmes acellulaires et cellulaires
vont sans doute être les outils de demain pour encore mieux connaître ce chapitre de
l’évolution dans un domaine essentiel de la physiologie.
L’hémoglobine est certainement l’une des protéines actuellement les mieux connues. Si,
autrefois, on pouvait se contenter d’une image figée obtenue par diffraction de rayons X à
partir d’un cristal, l’introduction de la dynamique moléculaire, alliée aux progrès de
l’informatique et des techniques biophysiques, permet aujourd’hui de suivre d’une façon
continue le mouvement de chaque atome de la molécule lors de la transition RT. Un nombre
considérable de structures intermédiaires sont ainsi individualisées. Le modèle de MWC
permet certes une description simplifiée de la fonction oxyphorique, mais il n’apporte pas
toutes les réponses. Chez l’homme, les hémoglobines assurent-elles d’autres fonctions que le
transport d’oxygène ? Deux familles supplémentaires d’hémoglobines ont été décrites chez les
vertébrés : la neuroglobine et la cytoglobine. Il s’agit de molécules hexacoordonnées, à très
forte affinité pour l’oxygène. La neuroglobine, déjà présente dans le tube neural de multiples
espèces primitives, pourrait servir de réserve d’oxygène protégeant l’activité nerveuse. Dans
le cerveau humain, la neuroglobine est essentiellement localisée dans le noyau sub
thalamique, le thalamus et le lobe frontal. On la retrouve également, à plus faible
concentration, dans d’autres tissus comme l’hypophyse, l’appendice, le côlon ou le poumon.
Quelle est sa fonction ? S’agit-il d’un transporteur d’oxygène ou plutôt d’une molécule
assurant un rôle protecteur contre les agents oxydants ? La cytoglobine est d’apparition plus
récente, puisqu’elle semble avoir divergé de la myoglobine. Elle est distribuée dans une
grande variété de tissus, à l’exception du cerveau, où elle exerce une fonction encore mal
connue !.
Le chapitre des hémoglobines n’est certainement pas encore clos et les progrès apportés
par la mutagenèse dirigée dans la compréhension des relations entre structure et fonction
permettront peut-être un jour de voir le développement de transporteurs artificiels d’oxygène
d’origine hémoglobinique à visée transfusionnelle.

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