Concept
Le terme est analogue au concept anglophone de fiscal policy, alors que la politique fiscale
est traduite par tax policy. La politique fiscale désigne les modifications de l'imposition dont
le but est d'atteindre des objectifs sociaux (redistribution, etc.) ou de modifier les
comportements individuels (encouragement de l'emploi par un impôt négatif, etc.).
Outils
La politique budgétaire peut jouer à la fois sur les dépenses et les recettes. Ces leviers
permettent de soutenir la consommation et l'investissement.
Effets
Les effets de la politique budgétaire sont difficiles à anticiper, parce que chaque décision
peut avoir à la fois des effets positifs et des effets négatifs, éventuellement à des échelles de
temps différentes, parce que la psychologie et la confiance jouent un grand rôle, parce que le
contexte international peut avoir une influence importante, etc.
Politique de demande
…
Si l'État verse davantage d'argent aux ménages (aide sociale), ou leur en prélève moins
(baisse des impôts), les ménages vont augmenter leur consommation et la demande
adressée aux entreprises (politique de demande). Empiriquement, une hausse de revenus a
d'autant plus d'effets que les ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance à
faiblement épargner tout nouveau revenu (on parle de forte propension à consommer). Mais
s'il suffisait de "distribuer du pouvoir d'achat" pour accélérer la croissance, la politique
budgétaire serait fort simple. Quantité d'effets négatifs peuvent contrecarrer, voire inverser,
une telle politique, par exemple:
si la consommation se porte sur des biens importés (parce que les capacités de
production internes ne correspondent pas à la nouvelle demande), alors la relance est
exportée : elle produit ses effets à l'étranger et non dans le pays ;
une diminution du travail des ménages, si le revenu octroyé rend le travail financièrement
inintéressant. Les ménages augmentent leur salaire de réserve ou réduisent leur offre de
travail, la main d'œuvre se raréfie, les coûts de production et par suite les prix augmentent.
pour financer cette politique, le gouvernement devra par exemple accroître sa pression
fiscale sur d'autres ménages ou sur les entreprises.
Politique de l'offre
…
Si l'État diminue ses prélèvements sur les entreprises (baisse d'impôts, versements d’aides et
de subventions), la compétitivité nationale s’améliorera et les entreprises pourront produire à
moindres coûts ; elles baisseront alors leurs prix, augmentant indirectement le pouvoir
d'achat, et par suite les quantités vendues, ce qui demandera un accroissement de capacité
de production, donc des investissements et des offres d'emplois susceptibles de réduire le
chômage. Une augmentation du profit des entreprises leur permettra d'investir et provoquera
une augmentation du PIB. Ce scénario peut ne pas se réaliser, par exemple
Cependant, rien n'empêche les citoyens d'un pays concerné par de telles mesures d'acheter
des parts dans les entreprises concernées. Ceci est particulièrement valable en France, pays
où la richesse des particuliers s'élevait le 6 avril 2011 à 11 000 milliards d'euros[4].
Effet d'éviction
…
Si l'État s'endette pour financer sa relance (aussi bien pour une politique d'offre que pour une
politique de demande), il lui faut offrir des conditions plus avantageuses que les autres
emprunteurs potentiels, ménages et entreprises. Ceux-ci pourront alors moins facilement
emprunter, les taux d'intérêt augmenteront, les crédits à la consommation comme
l'investissement baisseront, le tout contrecarrant la relance.
Inflation
…
L'effet exact des dépenses publiques sur l'inflation fait l'objet de débats multiples au sein de
la profession économique. Une étude de van der Wielen de 2020 sur des données
européennes estime qu'une augmentation des dépenses publiques d'1 point de pourcentage
augmente l'inflation de 0,43% sur l'horizon d'un an. En 2013, une étude de Cloyne basée sur
des données britanniques estime que l'effet est d'environ 0,6% au cinquième trimestre après
le choc[5].
Analyse
Le courant keynésien, dominant avant les années 1970, considérait la pratique de politiques
de relance comme essentielle. Toutefois, les échecs des politiques de relance dans les
années 1970 et au début des années 1980, engendrant les périodes de stagflation et une très
forte hausse des dettes publiques, ont remis en question le keynésianisme. L'efficacité du
New Deal des années 1930 est très contestée.
La politique budgétaire est désormais utilisée par les États comme un instrument contra-
cyclique, de régulation économique, pour lisser (partiellement) les cycles économiques :
l'État doit augmenter ses dépenses — ce qui augmente le déficit budgétaire — lors des
périodes de ralentissement économique, en particulier lorsque le ralentissement atteint le
stade de récession économique. En revanche, lors des périodes de trop forte activité
(surinvestissement et bulle spéculative, inflation en hausse, etc.), il doit diminuer ses
dépenses.
La réduction de la dette publique pendant les périodes favorables est essentielle pour avoir
les capacités d'intervenir à nouveau lors de la crise suivante.
Critiques et limites
Les politiques budgétaires ont fait l'objet, à travers le temps, de débats et de critiques de la
part des économistes.
La première critique est celle liée à l'incohérence temporelle des politiques publiques. Du fait
de la difficulté pour les décideurs politiques d'anticiper la conjoncture économique, ainsi que
de la lenteur de l'action de la politique budgétaire, une politique adéquate à un moment t ne
l'est plus à un moment t+1. Afin de pallier cette difficulté, les économistes recommandent de
mettre en place et de laisser jouer des stabilisateurs automatiques. En effet, les politiques
budgétaires « discrétionnaires » passées ont connu certains échecs et ont contribué à
accroître la dette publique[6]. Elles ont néanmoins également eu également le vent en poupe,
en favorisant l'emploi, par exemple dans la période des Trente Glorieuses[7].
Portée à l'extrême, la politique budgétaire, lorsqu'elle est mal configurée, peut avoir des effets
déstabilisants sur l'économie[8].
Notes et références
2. Carine Bouthevillain, Gilles Dufrénot, Philippe Frouté et Laurent Paul, Les politiques
budgétaires dans la crise: Comprendre les enjeux actuels et les défis futurs, De Boeck
Superieur, 5 septembre 2013 (ISBN 978-2-8041-7674-7, lire en ligne (https://books.google.
com/books?id=HFAEDgAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=Politique+budg%C
3%A9taire&hl=en) )
3. Robert Ayrton, L'impossible politique budgétaire: l'État fédéral face aux turbulences
économiques, Collection le savoir suisse, 2002 (ISBN 978-2-88074-597-4, lire en ligne (http
s://books.google.com/books?id=P428dlumSeIC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA4
4&dq=Politique+budg%C3%A9taire&hl=en) )
4. « Journal économique et financier » (http://www.latribune.fr/vos-finances/epargne/20110
406trib000613635/les-francais-detiennent-11.000-milliards-d-euros-d-epargne-.html) , sur
La Tribune (consulté le 21 octobre 2020).
5. Philippe Martin et Eric Monnet, « Helicopter money as a last resort contingent policy » (ht
tps://voxeu.org/article/helicopter-money-last-resort-contingent-policy) , sur VoxEU.org,
5 juillet 2021 (consulté le 6 juillet 2021)
Voir aussi
Articles connexes
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Direction du budget
Économie politique
Macroéconomie
Politique de relance
Politique économique
Politique fiscale
Bibliographie
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