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Le fabuleux destin des équations différentielles linéaires : au-delà du premier ordre...

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A propos de ce qui suit...


La taverne de l'Irlandais
l'Irlandais
vous présente
Une équation différentielle est une égalité liant une fonction et une, voire
plusieurs de ses dérivées. Dans une précédente aventure, nous avons déjà
été amené à nous intéresser au cas des équations différentielles linéaires
du premier ordre. Pour cette seconde aventure, nous allons aborder les
équations différentielles d’ordre supérieur.
Nous commencerons notre épopée avec celles du second ordre. Dans un
louable souci de ne pas aller trop vite, nous débuterons par les équations
différentielles linéaires homogènes du second ordre à coefficients
constants, c’est-à-dire celles de la forme y "+ a .y '+ b .y = 0. Le fabuleux destin
D’un peu de théorie, nous enchaînerons sur de la pratique en résolvant
quelques équations du second ordre plus complexes.
Enfin, nous achèverons notre aventure en évoquant ce qui passe pour les
équations différentielles d’ordre supérieur.
des équations
Voilà quelle sera notre quête!
Avant d’entamer les hostilités, précisons que nous allons naviguer dans
des contrées situées bien au-delà du BAC. A présent, il ne nous reste plus
différentielles linéaires :
qu’à nous embarquer pour l’aventure, celles des équations différentielles
linéaires, au-delà du premier ordre...
Au-
Au-delà du premier ordre…
racompté par Jérôme ONILLON
Au sommaire :
A propos de ce qui suit... ................................................................................. 1
A propos des équations différentielles y'' + a.y' + b.y = 0. ............................. 2
Vers une solution particulière............................................................................2
Les solutions de l'équation caractéristique X² + a.X + b = 0. ................................2
Et les autres solutions ? ...................................................................................2
La tronche de certaines solutions. .....................................................................4
Ce qu'il faut retenir de tout ce qui a été fait !......................................................5
Du théorème à la pratique................................................................................5
Des équations moins homogènes : y'' + a.y' + b.y = c(x). ............................... 7
Le début de chaque résolution. .........................................................................7
Une première résolution : y'' - y' - 6.y = 7. ........................................................7
Une équation plus compliquée : résolution de 4.y'' - 12.y' + 9.y = x......................8 Avertissements : Ce document a été généré avec GhostWord 2.10. Il a été conçu
Résolution d'une grande classique : y'' + y = cos(x). ..........................................9 pour être consulté à l'écran avec ses liens ou être imprimé.
En guise de conclusion... ................................................................................11 Il est fourni tel quel sans aucune garantie et n’est en rien un document officiel. Les
Des équations différentielles au-delà du second ordre. ................................. 12 propos qu'il contient, n'engagent que leur auteur. Malgré tout le soin apporté à spn
Quelques briques pour établir la théorie. ..........................................................12 élaboration, il n'est pas impossible que cette fabuleuse aventure comporte des
Du théorème à la pratique..............................................................................13 coquilles ou quelque erreur. Si vous en découvriez une, merci de me la signaler !
Epilogue : à propos des équations linéaires non homogènes. ..............................14 L'auteur peut être contacté par e-mail ou via la taverne de l'Irlandais.

Une fabuleuse aventure écrite par Jérôme ONILLON et exclusivement mise en ligne par la taverne de l'Irlandais (http://www.tanopah.com). Edition du vendredi 10 septembre 2004.
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Les solutions
solutions de l'équation caractéristique X² + a.X + b = 0.
A propos des équations différentielles y'' + a.y' + b.y = 0. Justement, venons-en à l'équation du second degré X 2 + a .X + b = 0 .
Devant commencer par quelque chose, autant s'attaquer à quelque chose On dit qu'elle est l'équation caractéristique associée à l'équation
facile. Tout du moins, à ce qui semble l’être le plus. différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0 .
Nous allons essayer de déterminer la forme générale des solutions de
l'équation différentielle linéaire à coefficients constants du second ordre Son discriminant est ∆ = a 2 − 4.b .
qu'est : Suivant le signe de ce dernier, l'équation admet une ou deux solutions.
y "+ a .y '+ b .y = 0 • Si ∆ est positif alors l'équation admet deux solutions réelles
où a et b sont deux réels fixés. De plus, nous supposerons qu’ils ne −a − ∆ −a + ∆
peuvent être nuls simultanément et que b est nécessairement non nul. k' = et k'' = .
2 2
• Si ∆ est égal à 0 alors l'équation admet une seule solution réelle
Ce qui a été fait avec les équations de même type du premier ordre, n'est
a
pas reproductible ici. k' = − .
Ceux qui étaient avec nous dans notre première aventure se souviennent 2
certainement que toutes les solutions d'une équation différentielle du • Si ∆ est négatif alors l'équation admet deux solutions complexes
premier ordre du type y '+ a .y = 0 sont à base d'exponentielle. Plus et conjuguées k' = α + i .β et k'' = α − i .β
exactement, elles sont toutes de la forme : constante × e −a .x . a −∆ ∆
De fait, une question s’impose : l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0 où α = − et β = = .
2 2 2
a-t-elle des solutions de cette forme là, c'est-à-dire de la forme ek .x ? Dans les premier et troisième cas, nous avons que : k' + k'' = −a .
Et si oui, à quoi est égal ce coefficient k ? Par la suite, nous serons amenés à réutiliser cette égalité.

Vers une solution particulière... Et les autres solutions ?


Supposons que la fonction ψ(x) = ek .x soit une solution de l'équation Pour l'instant, la seule chose que nous sachions est :
différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0 . Pour tout réel x, nous avons donc que : Si k est une solution de l'équation X 2 + a .X + b = 0 alors
ψ ''(x) + a .ψ '(x) + b .ψ(x) = 0 ψ(x) = ek .x est une solution de l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0
Et les autres solutions ? Eh bien, nous allons chercher à les exprimer en
k 2 .ek .x + a .k .ek .x + b .ek .x = 0
fonction ek .x .
ek .x . k 2 + a .k + b  = 0
  Une exponentielle est
toujours non nulle Soit donc f une solution de l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0 .
k 2 + a .k + b = 0 Nous noterons Df son ensemble de définition.
Ainsi donc, pour que ψ(x) = ek .x soit solution de l'équation différentielle
y "+ a .y '+ b .y = 0 , il faut et il suffit que k soit solution de l'équation du Une exponentielle étant toujours non nulle (même lorsqu’elle est
second degré X 2 + a .X + b = 0 . complexe), il est donc toujours possible de diviser f(x) par ek .x .
Voilà qui est intéressant !
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Pour tout réel x de l'ensemble Df , on définit donc la fonction g par : • Si 2.k + a est différent de 0 alors l'équation caractéristique
f(x) X 2 + a .X + b = 0 a deux solutions distinctes. Nous en
g(x) = ⇔ f(x) = ek .x .g(x)
e k .x connaissons une en la personne de k. Nous appellerons l'autre k'.
Voilà qui rappellera bien des choses à ceux qui étaient avec nous dans
notre première aventure différentielle ! De plus, nous nous retrouvons donc face à une équation
Là encore, notre but va être de déterminer la fonction g. différentielle du premier degré que nous savons résoudre.
En effet, toutes les solutions de l’équation différentielle
Héritant des propriétés de l'exponentielle et de f, cette fonction g est donc ( 2.k + a ) .g '(x) + g ''(x) = 0 sont de la forme :
deux fois dérivable. D'ailleurs, on montre que :
g '(x) = Constante .e ( k a ) .
− 2. . + .x
• f '(x) = k .ek .x .g(x) + ek .x .g '(x) Pour ce qui concerne la fonction g, il vient donc que :
2 k .x k .x k .x
• f ''(x) = k .e .g(x) + 2.k .e .g '(x) + e g(x) = C .e ( k a ) + C
.g ''(x) − 2. . + .x
1 2
où C 1 et C 2 sont des nombres complexes fixés (voir remarques).
Comme f est une solution de l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0
Revenons à la fonction f. Nous pouvons donc écrire que pour tout
alors nous pouvons écrire que : réel x de l'ensemble Df , nous avons :
f ''(x) + a .f '(x) + b .f(x) = 0
f(x) = ek .x .g(x)
2 k .x
k .e .g(x) + 2.k .e k .x
.g '(x) + e k .x
.g ''(x) + a . k .e k .x
.g(x) + e k .x
.g '(x) 
 
= ek .x . C 1 .e (
− 2.k . + a ) .x
+ C 2  = C 1 .e (
− k . + a ) .x
+ C 2 .ek .x
 
+b .ek .x .g(x) = 0
Vu que k + k' = −a , il vient : ∀x ∈ Df , f(x) = C 1 .ek' .x + C 2 .ek .x
e k .x
. ( 2.k + a ) .g '(x) + g ''(x)  + e k .x
.g(x). k 2 + a .k + b  =0
  A propos de la complexité des racines, des constantes et du reste...
=0 car k solution Nous sommes dans le cas où l'équation caractéristique a deux solutions
d'une certaine équation... distinctes k et k'. Ces deux solutions peuvent être réelles (discriminant positif)
ou complexes (∆ négatif).
ek .x . ( 2.k + a ) .g '(x) + g ''(x)  = 0 Ayant défini l'exponentielle d'un imaginaire pur, étendre l'exponentielle au
Là encore, une exponentielle corps des complexes ne pose aucun problème. En effet, l'exponentielle du
n'est jamais nulle
( 2.k + a ) .g '(x) + g ''(x) = 0 nombre complexe a+ i.b est : e
a+ i.b a i.b
= e .e
a
[
= e . cos(b) + i.sin(b) ]
Là deux cas se présentent suivant la nullité de 2.k . + a : De même, nous avons dit que les constantes C1 et C 2 étaient des nombres
a
• Si 2.k + a est égal à 0 alors nous avons que k = − . complexes. Pourquoi n'avons-nous pas dit qu'elles étaient réelles ?
En fait, ces deux constantes sont réelles lorsque les deux racines k et k' le
2 sont aussi. C'est-à-dire lorsque le discriminant est positif.
2
Cela veut dire que l'équation caractéristique X + a .X + b = 0 a Par contre, lorsque le discriminant est négatif, c'est-à-dire lorsque les deux
solutions k et k' sont complexes alors les deux constantes sont aussi
un discriminant nul et une seule solution. En tout cas, g ''(x) = 0 complexes.
Après une double intégration, il vient : g(x) = C 1 .x + C 2 . -(2.k.+a ).x -1 - (2.k.+ a ).x
Cela tient au fait qu'une primitive de e est e .
2.k.+a
Donc ∀x ∈ Df , f(x) = ek .x .g(x) = ek .x .[C 1 ..x + C 2 ] -1
Or nous avons fait absorber le nombre par la constante C1 .
2.k.+a
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Lorsque k est un réel (discriminant positif), il en va de même pour la fraction. tout se passe dans .
-1
Par contre, lorsque k est un complexe non réel alors la fraction est C'est lorsque le discriminant est négatif et que les deux racine k et k' sont
2.k.+a
aussi un nombre complexe. Il en va alors de même pour les constantes. complexes que les choses se gâtent !
Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que nous recherchons des fonctions y Ce qui est sûr alors, c'est que les deux constantes C 1 et C 2 sont des
qui sont définies sur un intervalle réel. Mais ces fonctions (comprenez y(x))
peuvent prendre des valeurs réelles ou complexes. nombres complexes. Essayons de voir si elles ne sont pas mieux que cela.
Précisons que beaucoup de fonctions rencontrées sur  peuvent être étendues
au corps de complexe . De dérivables, elles deviennent alors holomorphes... La tronche de certaines solutions.
Récapitulons ce que nous venons de découvrir : Dans cette partie, l'équation caractéristique X 2 + a .X + b = 0 est donc
réputée avoir un discriminant négatif. Cela implique donc qu'elle a deux
racines complexes et conjuguées k = α + i .β et k' = α − i .β .
Un premier théorème : On considère l'équation différentielle linéaire à
coefficients constants du second ordre y "+ a .y '+ b .y = 0 . Nous allons nous attacher à rendre plus simple l'expression des solutions.
Justement, si f est solution de l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0
X 2 + a .X + b = 0 est appelée équation caractéristique de cette première. alors cela signifie qu'elle est de la forme :
On note ∆ son discriminant.
f(x) = C 1 .e k .x + C 2 .e k ' .x
• Si ∆ = 0 alors l'équation caractéristique admet une seule
= C 1 .e ( i ) + C 2 .e ( i ) = e α .x . C 1 .e i .β + C 2 .e − i .β.x 
solution k. α + .β .x α − .β .x
Toutes les solutions de l'équation différentielle sont alors de  
la forme ek .x .[C 1 ..x + C 2 ] où C 1 et C 2 sont deux Les solutions qui nous intéressent, sont celles à valeurs réelles.
constantes réelles. D'un point de vue complexe, il nous importe donc que la partie
• Si ∆ ≠ 0 alors l'équation caractéristique admet deux imaginaire de f(x) soit nulle. Venons-en à cette dernière :
solutions distinctes k et k'. Pour tout réel x, nous pouvons écrire que :
Toutes les solutions de l'équation différentielle sont alors de
la forme C 1 .ek .x + C 2 .ek' .x où C 1 et C 2 sont deux
( ) (
Im ( f(x) ) = eα.x . Im C 1 .ei .β + Im C 2 .e −i .β.x 
  )
constantes complexes. = eα.x . Re (C 1 ) .sin ( β ) + Im (C 1 ) .cos ( β )
+ Im (C 2 ) .cos ( β ) − Re (C 2 ) .sin ( β ) 
Remarque : toutes les solutions sont définies sur  tout entier.
Nous l'avons annoncé : nous voulons que cette partie imaginaire soit
Pour important qu'il soit, ce théorème n'en demeure pas moins toujours nulle. En particulier, nous voulons donc que :
insatisfaisant notamment dans son second point. En effet, ce qui nous • Im ( f(0) ) = 0 ⇔ Im (C 1 ) + Im (C 2 ) = 0
intéresse, ce sont les solutions de l'équation différentielle à valeurs réelles. Les constantes C 1 et C 2 ont des parties imaginaires opposées.
Alors s’il était possible de s'abstenir de travailler avec les constantes
  π 
complexes C 1 et C 2 , nul ne s'en plaindrait ! Allons donc plus avant ! • Im  f    = 0 ⇔ Re (C 1 ) − Re (C 2 ) = 0 .
Lorsque le discriminant est positif, il est évident que les constantes C 1 et   2 
C 2 sont des nombres réels à l'instar des deux racines k et k'. En effet, Les constantes C 1 et C 2 ont des parties réelles égales.

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Les constantes complexes C 1 et C 2 sont donc conjuguées, comme les Ce sont les conditions initiales de l'équation différentielle qui donnent
racines k et k'. Cela va nous permettre de simplifier l'expression de f(x) leurs valeurs aux constantes C 1 et C 2 .
et surtout d'éliminer cette affreuse exponentielle complexe !
Note : si l'inconnue de l'équation caractéristique est X, c'est pour éviter toute
confusion avec la variable x.
Appelons A et B les parties réelles et imaginaires du complexe C 1 .
Nous avons donc que : C 1 = A + i .B et C 2 = A − i .B .
Du théorème à la pratique.
pratique.
De plus, pour tout réel x, nous pouvons écrire que : Rien ne remplaçant l'action, nous allons nous livrer à la résolution de
f(x) = eα.x .[ A .cos(β.x) − B .sin(β.x) + A .cos(β.x) − B .sin(β.x)] trois équations différentielles linéaires du second ordre qui nous
permettrons d'utiliser notre théorème.
= eα.x .[constante .cos(β.x) + autre constante .sin(β.x)]
 y ''− y '− 6.y = 0
Voilà qui une bien sympathique expression ! 
Après tant d'épreuves et de tracas, nous pouvons à présent conclure cette • Résolvons l'équation différentielle  y(0) = 2 .
 y '(0) = 1
quête par un théorème plus que complet ! 
La première chose à faire est de calculer le discriminant de
Ce qu'il faut retenir de tout ce qui a été fait !
l'équation caractéristique X 2 − X − 6 = 0 . Ce dernier est égal à 25.
Cette dernière admet donc deux solutions réelles et distinctes que
Le théorème fondamental.
fondamental. sont k = −2 et k' = 3 .
On considère l'équation différentielle linéaire y "+ a .y '+ b .y = 0 . Toutes les solutions f de l'équation différentielle sont donc de la
∆ est le discriminant de l'équation caractéristique X 2 + a .X + b = 0 . forme f(x) = C 1 .e −2.x + C 2 .e3.x .
• Si ∆ = 0 alors l'équation caractéristique admet une seule A présent, ce sont les conditions initiales qui vont entrer en scène.
solution réelle k. Préalablement, remarquons que f '(x) = −2.C 1 .e −2.x + 3.C 2 .e3.x
Toutes les solutions de l'équation différentielle sont alors de Si f est solution de l'équation différentielle alors nous avons :
la forme ek .x .[C 1 .x + C 2 ] .  f(0) = 2  C 1 .e−2× 0 + C 2 .e3× 0 = 2  C1 +C 2 = 2
• Si ∆ > 0 alors l'équation caractéristique admet deux  ⇔ ⇔
f '(0) = 1 −2.C 1 + 3.C 2 = 1
−2× 0
solutions réelles et distinctes k et k'. −2.C 1 .e + 3.C 2 .e3× 0 = 1
Toutes les solutions de l'équation différentielle sont alors de Résolvant ce système, il vient que C 1 = 1 et C 1 = 2 .
la forme C 1 .ek .x + C 2 .ek' .x . Conclusion : la seule solution de l'équation différentielle proposée
• Si ∆ < 0 alors l'équation caractéristique admet deux est la fonction f(x) = e −2.x + e3.x .
solutions complexes et conjuguées α + i .β et α − i .β .
Toutes les solutions de l'équation différentielle sont alors de En procédant de même, on peut résoudre n'importe quelle équation
différentielle linéaire homogène à coefficients constants du second ordre.
la forme eα.x . C 1 .cos ( β.x ) + C 2 .sin ( β.x )  .
A chaque fois, c'est la même histoire : application du théorème, puis
où C 1 et C 2 sont deux constantes réelles. résolution d'un système découlant des conditions initiales et qui donnent
les deux constantes C 1 et C 2 .
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Ainsi, pouvons-nous dire que :

4.y ''− 12.y '+ 9.y = 0



• L'équation différentielle  y(0) = 2 admet une seule
 y(1) =1

3

( e−3 / 2 − 2) .x + 2 .
.x
solution en la personne de f(x) = e2 .

Ceci car l'équation caractéristique 4.X 2 − 12.X + 9 = 0 a un
3
discriminant nul et admet par conséquent une seule solution : .
2

 y ''− 4.y '+ 5.y = 0



• L'unique solution de l'équation différentielle  y(0) = 2
 y '(0) = 1

est la fonction f(x) = e2.x .[ 2.cos(3.x) − 3.sin(x)] .
Ceci car l'équation caractéristique X 2 − 4.X + 5 = 0 a un
discriminant négatif et donc, admet deux solutions complexes et
conjuguées que sont 2 ± i × 1 .
α β

Ce sont là, les trois types d'équation différentielle linéaire homogène


(sans second membre) à coefficients constants du second ordre que l'on
peut être amené à traiter.
La suite de notre aventure nous fera rencontrer des spécimen beaucoup
moins sympas !

Note : une chose que vous avez peut-être remarqué est la simplicité des conditions
initiales. Point d'égalité exotique. Tout cela afin de favoriser notre progression. Cela
étant dit, il est certain que si nous avions eu y(2) = 3 et y'(7) = 2 alors les
constantes n'auraient pas eu des têtes très sympathiques. En tout cas, les calculs
n’auraient pas été aussi faciles.

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Autrement écrit :
Des équations moins homogènes : y'' + a.y' + b.y = c(x). h ''(x).f(x) + 2.h '(x).f '(x) + h(x).f ''(x)
Dans le paragraphe précédent, les équations différentielles linéaires que +a .[ h '(x).f(x) + h(x).f '(x)] + b .h(x).f(x) = c (x)
nous avons été amenées à considérer, avaient des coefficients constants et
étaient homogènes, c'est-à-dire que leur second membre était 0. h ''(x).f(x) + 2.h '(x).f '(x)
Nous allons à présent nous intéresser à des équations moins homogènes +a .h '(x).f(x) + h(x).[ f ''(x) + a .f '(x) + b .f(x)] = c (x)
où le second membre est une fonction continue.   
=0 car f solution
A défaut de nous lancer comme précédemment dans une vaste étude de l'équation homogène
théorique, nous nous contenterons ici de résoudre trois équations
particulières. h ''(x).f(x) + h '(x).[ 2.f '(x) + a .f(x)] = c (x)
C'est à partir de cette dernière forme de l’équation différentielle que nous
Le début de chaque résolution.
résolution. entamerons chacune des trois résolutions à venir.
Les trois résolutions débutant de la même façon, nous allons faire un brin
de cas général à partir duquel nous enchaînerons sur nos trois cas Une première résolution : y'' - y' - 6.y = 7.
particuliers.  y ''− y '− 6.y = 7
Pour remplir nos trois missions, nous allons réutiliser une méthode qui a 
déjà fait ses preuves : la méthode de variation des constantes. Résolvons l'équation différentielle linéaire  y(0) = 1 .
Détaillons ce qu'est le début de chacune des trois résolutions.  y '(0) = 1

Au départ, il y a une équation différentielle du type y "+ a .y '+ b .y = c (x) Respectant la stratégie énoncée dans notre petite introduction, nous
où c est une fonction continue. devons d’abord nous intéresser à l'équation homogène y "− y '− 6.y = 0 .
Ceux qui étaient avec nous à la fin du précédent paragraphe,
Soit f une solution particulière de l'équation différentielle homogène reconnaîtront là un cas déjà traité.
associée y "+ a .y '+ b .y = 0 . De façon à pouvoir diviser par f(x), nous D'emblée, nous pouvons dire que toutes les solutions de cette équation
supposerons que cette solution f qui ne s'annule jamais. homogène sont de la forme C 1 .e −2.x + C 2 .e3.x .
Comme cela a déjà été fait, il est alors possible d'écrire toute solution g de Notre manoeuvre exige de retenir une fonction f qui soit solution de
l'équation y "+ a .y '+ b .y = c (x) sous la forme : l'équation homogène et qui ne s'annule jamais.
Pour tout réel x ∈ Dg , g(x) = h(x).f(x)
Nous décidons de porter notre dévolu sur la fonction f(x) = e3.x .
L’objectif est alors de chercher à déterminer h pour connaître g.
Pour ce faire, nous pouvons écrire que pour tout réel x de Dg : f ne s'annulant jamais, il est donc possible d'écrire toute solution g de
• g '(x) = h '(x).f(x) + h(x).f '(x) l'équation sous la forme g(x) = h(x).e3.x .
• g ''(x) = h ''(x).f(x) + 2.h '(x).f '(x) + h(x).f ''(x) Et finalement, reprenant le cheminement de notre introduction, on
aboutit à l'égalité.
Comme g est une solution de l'équation différentielle initiale alors pour h ''(x).e3.x + h '(x). 6.e3.x − e3.x  = 7
tout réel x de Dg :  
C'est ici que démarre réellement cette résolution.
g ''(x) + a .g '(x) + b .g(x) = c (x)
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Pour tout réel x de l'ensemble Dg , on peut écrire que : 11 16
La résolution de ce système nous amène à C 1 = et C 2 = .
e3.x .[ h ''(x) + 5.h '(x)] = 7 10 15
Une exponentielle réelle Ce qui achève la résolution. Il ne reste plus alors qu'à conclure.
7
= 7.e−3.x
est toujours positive...
h ''(x) + 5.h '(x) =
3.x Conclusion : L'équation différentielle admet une unique solution g qui est
e
On reconnaît une équation différentielle linéaire du premier ordre. définie sur  par :
Pour résoudre cette équation, il nous faut au préalable préciser deux 16 11 7
choses : g(x) = .e3.x + .e −2.x −
15 10 6
• Une primitive de a(x) = 5 est A(x) = 5.x .
Note : nous reprenons les notations du théorème vu dans cette page.

b(x) 7.e−3.x 7 2.x Une équation plus compliquée : résolution


résolution de 4.y'' - 12.y' + 9.y = x.
• Une primitive de = = 7.e2.x est .e
e − A(x)
e −5.x 2 4.y ''− 12.y '+ 9.y = x

Pour tout réel x de Dg , nous avons donc que : Résolvons l'équation différentielle linéaire  y(0) = 1 .
 y '(0) = 1
7  7 
h '(x) = e−5.x .  .e2.x + constante  = .e −3.x + constante .e −5.x
2  2 Là encore, tout va reposer sur notre petit travail préparatoire et le choix
D'où en intégrant : d'une bonne solution f de l'équation homogène 4.y ''− 12.y '+ 9.y = 0 .
7 constante −5.x Ayant déjà traité cette dernière, chacune de ses solutions est de la forme
h(x) = − .e −3.x + .e + autre constante
6 −5 C 1 .e1,5.x + C 2 .x.e1,5.x .
7
= − .e−3.x + C 1 .e −5.x + C 2 S'il y a une fonction f à ne pas choisir, c'est bien x.e1,5.x . En effet, celle-ci
6 a la désagréable particularité de s'annuler en x = 0 . Ici comme pour nos
où C 1 et C 2 sont deux constantes complexes (voire réelles) que les deux autres exemples, le mieux est encore d'opter pour une solution à
conditions initiales nous permettront de déterminer ! Mais n'allons pas base d'exponentielle pure. On pose donc : f(x) = e1,5.x .
trop vite ! Ce qui importe d'abord, est d'obtenir l'expression de g(x). La fonction f ne s'annulant jamais sur , toute solution g de l'équation
Il vient donc que : différentielle 4.y ''− 12.y '+ 9.y = x s'écrit donc sous la forme :
7 Pour tout réel x de l'ensemble Dg , g(x) = h(x).f(x)
g(x) = h(x).e3.x = − + C 1 .e −2.x + C 2 .e3.x
6 Mais pour utiliser ce qui a été fait, il faut au préalable réécrire l'équation.
Passons aux constantes C 1 et C 2 . Les deux conditions initiales nous 9 1
permettent d'écrire que : 4.y ''− 12.y '+ 9.y = x ⇔ y ''− 3.y '+ .y = .x
4 4
7 13
• g(0) = 1 ⇔ − + C 1 + C 2 = 1 ⇔ C 1 + C 2 = A présent, nous avons bien à faire à une équation de la forme
6 6 y "+ a .y '+ b .y = c (x) . Les hostilités vont pouvoir reprendre là où elles
• g '(0) = 1 ⇔ −2.C 1 + 3.C 2 = 1 s'étaient arrêtées dans notre petite introduction.

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Le fabuleux destin des équations différentielles linéaires : au-delà du premier ordre... - Page 9 sur 14
Pour tout réel x de Dg : Exploitons les conditions initiales :
4 23
1 • g(0) = 1 ⇔ +C 2 = 1 ⇔ C 2 =
h ''(x).e1,5.x + h '(x). 3.e1,5.x − 3.e1,5.x  = .x 27 27
  4 C'est comme
précédemment ! 1 23 −7
1 • g '(0) = 1 ⇔ + C 1 + 1, 5. = 1 ⇔ C1 =
h ''(x) = .x.e −1,5.x 9 27 18
4
Les bonnes âmes railleront mais la situation s'est quand même
notablement simplifiée. Ici, point d'équation à résoudre. Nous aurons Conclusion : l'équation différentielle admet une unique solution g qui est
simplement une double intégration à faire. définie sur par :
1 4 7 23
Par une intégration par parties, on démontre qu'une primitive de x.ea.x g(x) = .x + − .x.e1,5.x + .e1,5.x
9 27 18 27
x 1 
est ea.x .  −  . (Les "économes" dériveront la primitive supposée...)
 a a2 
Pour tout réel x, nous avons donc : Résolution d'une
d'une grande classique : y''y'' + y = cos(x).
1   2 4   y ''+ y = cos(x)
h '(x) = .  e−1,5.x .  − .x −   + constante 
4   3 9  Résolvons l'équation différentielle linéaire  y(0) = 1 .
 y '(0) = 1
1 1
= − .x.e −1,5.x − .e−1,5.x + constante 
6 9 Afin de réutiliser ce qui a été fait dans l'entête, il nous faut trouver une
Et en intégrant encore un tour, il vient que : solution f de l'équation homogène y "+ y = 0 qui ne s'annule jamais..
1  2 4  1 −2 Les deux solutions de l'équation caractéristique X 2 + 1 = 0 sont −i et i.
h(x) = − . e −1,5.x .  − .x −  − . .e−1,5.x + C 1 .x + C 2
6  3 9  9 
3 En application d'un précédent théorème, nous pourrions dire que toute
les solutions f de la forme f(x) = C 1 .cos ( x ) + C 2 . sin ( x ) .
  

1 4 −1,5.x Et en particulier, parmi ces solutions, il y a les fonctions sinus et cosinus.


= .x.e −1,5.x + .e + C 1 .x + C 2 L'inconvénient de ces deux dernières est qu'elles s'annulent sur . Il nous
9 27
Pour ce qui concerne la solution g, nous pouvons donc écrire : faut donc trouver d'autres qui n'ont pas ce défaut.
1 4 Le salut va venir du premier théorème que nous ayons vu !
g(x) = h(x).e1,5.x = .x + + C 1 .x.e1,5.x + C 2 .e1,5.x
9 27 i étant une solution de l'équation caractéristique X 2 + 1 = 0 , la fonction
A présent, il nous reste à trouver les deux constantes C 1 et C 2 . Comme ei .x est une solution de l'équation homogène y "+ y = 0 . De plus, elle a
toujours ce sont les conditions initiales qui vont nous permettre de régler le bon goût de ne jamais s'annuler sur .
le problème. Des esprits chagrins railleront qu'elle est à valeurs complexes.
Avant ceci, nous devons calculer la dérivée de g. Oui et après ? Au lieu de travailler dans , nous déborderons sur .
1 Nous décrétons donc que la fonction f est définie pour tout réel x, par :
g '(x) = + C 1 . 1, 5.x.e1,5.x + e1,5.x  + 1, 5.C 2 .e1,5.x
9   f(x) = ei .x

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Suivant ce qui a été dit dans l'entête, toute solution g de l'équation On peut donc écrire que pour tout réel x :
i .x i 1  x 1  constante −2i .x
y ''+ y = cos(x) peut donc s'écrire sous la forme g(x) = h(x).e . h(x) = − .x + .e −2i .x .  + + .e + constante2
f(x) 4 2  −2i 4  −2i
Pour tout réel x de l'ensemble Dg , nous pouvons donc écrire : i i
= − .x + .x.e −2i .x + C 1 .e−2.i .x + C 2
  4 4
h ''(x).ei .x + h '(x). 2i .ei .x + 0 × ei .x  = cos(x) i
 a  = .x. e −2i .x − 1 + C 1 .e −2.i .x + C 2
4  
Une exponentielle n'est ei .x .[ h ''(x). + 2i .h '(x)] = cos(x) où C 1 et C 2 sont deux constantes complexes.
jamais nulle...
cos(x) Quant à g(x), nous pouvons écrire que pour tout réel x :
h ''(x). + 2i .h '(x) =
Merci aux formules de ei .x g(x) = h(x).ei .x
Euler...
(
1
h ''(x). + 2i .h '(x) = . 1 + e−2i .x
2
) i 
=  .x. e −2i .x − 1 + C 1 .e −2.i .x + C 2  .ei .x
4   
Nous nous retrouvons face à une équation différentielle du premier ordre
i
que nous savons résoudre ! Mais avant, deux choses doivent être dites. = .x. e −i .x − ei .x  + C 1 .e −i .x + C 2 .ei .x
• Une primitive de a(x) = 2i est A(x) = 2i .x . 4  
1 ei .x − e−i .x
b(x) (
1
. 1 + e−2i .x ) = .x.
2 2.i
+ C 1 .e−i .x + C 2 .ei .x
= 2
Re-Merci aux formules
• Il faut déterminer une primitive de . de Mister Euler...
− A(x)
e e−2i .x 1
= .x.sin(x) + C 1 .e −i .x + C 2 .ei .x
1
( )
. 1 + e −2i .x
1
2
Il nous faut à présent déterminer les constantes C 1 et C 2 . Ce sont les
Or pour tout réel x, 2 = . e2i .x + 1
e −2i .x 2   conditions initiales qui vont nous y aider !
1  1 Nous savons que :
b(x) 
Une primitive de − A(x) est donc .  .e2i .x + x  . • Pour la première condition initiale :
e 2  2.i  g(0) = 1 ⇔ C 1 + C 2 = 1
Nous pouvons donc écrire que pour tout réel x :
• Pour la seconde condition initiale :
 i 1 
h '(x) = e−2i .x .  − .e2i .x + .x + constante  1
 4 2  Comme g '(x) = .[ x.cos(x) + sin(x)] − i .C 1 .e−i .x + i .C 2 .ei .x alors
2
i 1
= − + .x.e −2i .x + constante .e −2i .x g '(0) = 1 ⇔ −i .C 1 + i .C 2 = 1
4 2  C1 +C 2 = 1
Au moyen d'une intégration par parties, on montre qu'une primitive de Le système  ayant un déterminant non nul, admet une
x 1  −i .C 1 + i .C 2 = 1
x.ea.x est ea.x .  −  . seule solution. Après calculs, on trouve :
 a a2  C 1 = 1 = 0,5 + 0,5.i et C 2 = 1 = 0,5 − 0,5.i
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Pour ce brave g(x), il en résulte alors que :
1
g(x) = .x.sin(x) + ( 0,5 + 0,5.i ) .e −i .x + ( 0,5 − 0,5.i ) .ei .x
2  
C1 C2

1 ei .x + e −i .x ei .x − e −i .x
= .x.sin(x) + +
2 2 2i
Merci à Euler...
1
= .x.sin(x) + cos(x) + sin(x)
2
Ce qui achève la résolution de l'équation différentielle.

 y ''+ y = cos(x)

Conclusion : l'unique solution de l'équation  y(0) = 1 est la
 y '(0) = 1

fonction g définie sur  par :
x 
g(x) = sin(x).  + 1 + cos(x)
2 

En guise de conclusion...
Pour conclure ce paragraphe de bonnes résolutions, nous dirons que si
c est une fonction continue alors l'équation différentielle linéaire du
second ordre y "+ a .y '+ b .y = c (x) (pour peu qu'elle soit compléter par
deux conditions initiales), admet exactement une seule solution.
Le plus dur est encore de trouver cette unique solution !

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• manoeuvre à l'océan complexe .


Si l'on étend sa zone de manoeuvre
Des équations différentielles au-delà du second ordre. Dans , tous les polynômes qu'ils aient des coefficients réels ou
Pour achever cette si fantastique aventure dans le monde boulversifiant complexes, peuvent s'écrire sous la forme de produits dont les
des équations différentielles linéaires, nous allons dire un mot sur ce qui facteurs sont des monômes de la forme X − α .
se passe pour les équations différentielles faisant intervenir des dérivées Dans , tous les polynômes sont scindés.
troisième, quatrième voire pire.

Quelques briques pour établir la théorie. Revenons à notre équation y (n) + a n -1 .y (n −1) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 .
Notre objectif est de résoudre des équations différentielles de la forme : Dans le corps des complexes , son polynôme caractéristique
y (n) + a n -1 .y (n −1) + a n - 2 .y (n − 2) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 P(X) = X n + a n - 1 .X n −1 + .... + a1 .X + a0 est entièrement factorisable.
où : C'est-à-dire que l'on peut écrire que :
• a0 , a1 .... a n - 2 et a n -1 sont des nombres réels fixés. Ce sont les P(X) = X n + a n - 1 .X n −1 + .... + a1 .X + a0 = (X − α1 ).(X − α 2 )...(X − α n )
coefficients de l'équation différentielle. où les nombres complexes (parfois réels) α1 , α 2 ,...., α n sont les racines
• La notation y (n) désigne la dérivée nième de la fonction y. du polynôme P.
Pour éclairer notre propos, donnons quelques exemples :
Les dérivées y ' et y '' peuvent aussi être notées y (1) et y (2) .
• X 3 − 3.X 2 − 4.X + 12 = ( X + 2 ) . ( X − 2 ) . ( X − 3 ) .
Ce qui a été fait avec le second ordre, se généralise au-delà. Les trois racines du polynôme sont -2, 2 et 3. Elles sont réelles.
Pour résoudre l'équation différentielle y "+ a .y '+ b .y = 0 , on doit au Comme elles n'apparaissent qu'une seule fois dans la forme
factorisée, on dit qu'elles sont simples ou que leur ordre de
préalable s'intéresser son équation caractéristique X 2 + a .X + b = 0 . Le multiplicité est égal à 1.
polynôme X 2 + a .X + b doit donc être entièrement factorisé. Ce que l'on résume par : m(2)
 = 1.
De la même façon pour résoudre l'équation différentielle linéaire Ordre de multiplicité

y (n) + a n -1 .y (n −1) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 , il faut au préalable factoriser


de la racine 2.
3
n n −1 • X 4 − 19.X 3 + 105.X 2 − 49.X − 686 = ( X + 2) . ( X − 7 ) .
son polynôme caractéristique X + a n - 1 .X + .... + a1 .X + a0 .
Là encore, toutes les racines du polynôme sont réelles. Elles sont
Il faut totalement le casser, le scinder ! au nombre de deux : -2 et 7.
-2 est une racine simple alors que 7 est une racine triple. On
Les polynômes ont déjà fait l'objet d'une étude particulière. Rappelons
résume ces deux faits en écrivant : m(−2) = 1 et m(7) = 3 .
quelques résultats utiles vus dans Polynômitude et Complexitudes.
• Si l'on se restreint à travailler dans le berceau réel . 2
Tous les polynômes à coefficients réels peuvent être "cassés" en • X 4 − 10.X 3 + 38.X 2 − 66.X + 45 = ( X − 3 ) . ( X − 2 + i ) . ( X − 2 − i )
des produits dont les facteurs sont soient des monômes de la Ce polynôme à coefficients réels a trois racines : une racine réelle
forme X − α , soient des trinômes du type a.X 2 + b.X + c qui ont double en la personne de 3 et deux racines complexes simples qui
un discriminant négatif. sont 2 − i et 2 + i .
Pour plus de renseignements, se reporter à Polynômitude. On remarquera que les deux racines complexes sont conjuguées.
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Ces trois exemples nous aident à nous faire une idée du problème. Du théorème à la pratique.
pratique.
Précisons encore que les racines complexes ont aussi la faculté d'être
doubles, triples voire pire ! Théorème.
Théorème.
On appelle P le polynôme de l'équation différentielle :
A l'instar de ce que nous venons de faire, il est très rare que l'on répète y (n) + a n -1 .y (n −1) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 .
plusieurs fois un même facteur dans l'écriture d'un produit. En lieu et En reprenant les notations ci-contre, deux écritures de P sont :
3
place de ( X − 7 ) . ( X − 7 ) . ( X − 7 ) , on préférera toujours écrire ( X − 7 ) . P(X) = X n + a n -1 .X n −1 + .... + a1 .X + a0 ← forme développée
La puissance a été instituée pour noter ce genre d'auto-produit ! mp
Appliquons ce précepte à la forme factorisée du polynôme caractéristique = (X − β1 )m1 .(X − β2 )m 2 ....(X − βp ) ← forme factorisée
P. Désormais, nous écrirons que : Le polynôme P a donc p racines complexes (peut-être réelles) βk
n n −1 m1 m2 mp
X + a n -1 .X + .... + a1 .X + a0 = (X − β1 ) .(X − β2 ) ....(X − βp ) dont l'ordre de multiplicité est l'entier m k .
où :
Toutes les solutions f de l'équation différentielle linéaire d'ordre n
• Les nombres complexes (parfois réels) β1 , β2 , ....., βp sont les
y (n) + a n -1 .y (n −1) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 sont de la forme :
racines du polynôme caractéristique P.
.βp .x
On suppose qu'elles sont toutes deux à deux distinctes. En tout, P f(x) = Q1 (x).e.β1 .x + .... + Q p (x).e
a donc p racines.
• L'entier naturel m k est l'ordre de multiplicité de la racine βk .
où chaque Q k (x) est un polynôme à coefficients complexes (peut-
Précisons que la somme de tous les ordres de multiplicité m k est
être réels) dont le degré est strictement inférieur à l'ordre de
bien entendu égal au degré du polynôme P, c'est-à-dire à l'entier multiplicité m k de la racine βk .
n.

Ayant dit toutes ces choses, nous pouvons énoncer le théorème qui nous Il s'agit là d'un théorème d'un fort beau gabarit. Pour mieux en
permettra de résoudre n'importe quelle équation différentielle homogène comprendre l'intérêt et l'usage, nous devons cependant en donner
à coefficients constants. quelques exemples d'application.
• Depuis la dernière page, nous savons que :
X 3 − 3.X 2 − 4.X + 12 = ( X + 2 ) . ( X − 2 ) . ( X − 3 )
Donc les solutions f de l'équation différentielle du troisième ordre
y '''− 3.y ''− 4.y '+ 12 = 0 sont toutes de la forme
f(x) = C 1 .e −2.x + C 2 .e2.x + C 3 .e3.x
où C 1 , C 2 et C 3 sont trois constantes réelles dont les valeurs
sont données par trois conditions initiales.
Note : une constante peut être vue comme un polynôme de degré 0,
c'est-à-dire de degré strictement inférieur à 1.

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• Nous avons également vu que : Epilogue : à propos des équations linéaires non homogènes.
3 Dans ce paragraphe, nous allons indiquer comment il est possible de
X 4 − 19.X 3 + 105.X 2 − 49.X − 686 = ( X + 2 ) . ( X − 7 ) résoudre des équations différentielles linéaires du type
Donc les solutions f de l'équation différentielle du quatrième
y (n) + a n-1 .y (n −1) + a n- 2 .y (n − 2) + .... + a1 .y ' + a0 .y = b (x)
ordre y (4) − 19.y '''+ 105.y ''− 49.y '− 686.y = 0 sont de la forme : où :
f(x) = C 1 .e −2.x + (
C 2 .x 2 + C 3 .x + C 4 ) .e7.x • a0 , a1 .... a n - 2 et a n -1 sont des nombres réels fixés.
Polynôme de degré strictement
• b est une fonction continue sur un intervalle I de .
inférieur à m(7)=3.
où C 1 , C 2 , C 3 et C 4 sont quatre constantes réelles qui seront Là comme pour les premier et second ordre, tout repose sur la résolution
déterminées par les conditions initiales. de l'équation homogène y (n) + a n-1 .y (n −1) + .... + a1 .y ' + a0 .y = 0 .
Comme pour les équations du second ordre, on choisit une solution f de
• Enfin, il est notablement connu que : cette équation homogène, qui ne s'annule jamais.
2
X 4 − 10.X 3 + 38.X 2 − 66.X + 45 = ( X − 3 ) . ( X − 2 + i ) . ( X − 2 − i ) Comme f(x) ne s'annule jamais, il est donc toujours possible de diviser
par cette quantité.
Les solutions f de l'équation différentielle du quatrième ordre
En particulier toute solution g de l'équation différentielle initiale peut
y (4) − 10.y '''+ 38.y ''− 66.y '+ 45.y = 0 sont toutes de la forme : donc s'écrire sous la forme :
g(x) = h(x). f(x)
f(x) = C 1 .e( ) + C 2 .e( ) +
2 − i .x 2 + i .x
(
C 3 .x + C 4 )
 
.e3.x 
Jamais nul !
Polynôme de degré Le reste de la manoeuvre consiste alors à déterminer la fonction h pour
strictement inférieur à m(3)=2.
obtenir g. Mais tout cela est une autre histoire...
où C 1 et C 2 sont deux constantes complexes et conjuguées alors
que leurs consoeurs C 3 et C 4 sont elles nécessairement réelles.

En procédant de façon similaire à ce qui a été fait avec les


équations du second ordre à discriminant négatif, on montre que
f peut aussi s'écrire :
f(x) = e2.x .[C 1 .cos(x) + C 2 .sin(x)] + (C 3 .x + C 4 ) .e3.x
Sous cette forme, les quatre constantes sont toutes réelles.

En somme, c'est l'introduction de racines complexes qui


complexifie les constantes...

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