A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Ce scénario1 « systemless » prend place en Prax, mais fonctionnera
mieux s’il n’y a pas de chevaucheur d’animaux dans le groupe. En
revanche, la présence d’un shaman serait un gros plus. L’un des
intérêts du scénario réside dans le fait qu’il donne l’occasion aux
personnages de jouer un rôle moteur dans la mise en route de la
dynamique qui débouche sur la Guerre des Héros.
C’est a priori un scénario « au long cours », voire une petite
campagne. On trouvera toutefois des conseils pour ménager des
« raccourcis » si l’on veut quelque chose de plus ramassé.
Je crois le scénario particulièrement adapté à une découverte de
Glorantha par des joueurs chevronnés car il est complexe et permet
la découverte des mythes. Il fonctionne donc mieux si les joueurs
sont expérimentés mais ne sont pas des encyclopédies
gloranthiennes.
Je postule ici que tous les mythes ne sont pas connus de tous,
accentuant le potentiel de « jeu à secret » de Glorantha, la quête des
runes par les personnages étant aussi celles de la connaissance des
mythes. Même les Sages Gris ne savent pas tout et une visite au
Temple de Lhankor Mhy voisin ne doit pas être une session Google.
Il est utile pour en tirer pleinement profit de posséder Pavis:
Gateway to Adventure (P: GtA). Les numéros de page donnés entre
parenthèses renvoient à ce supplément. A défaut, le Gloranthan
Classics: Pavis and Big Rubble fera l’affaire. On trouvera en fin de
scénario les références des autres suppléments, éventuellement non
« canoniques » cités. On peut parfaitement jouer sans les posséder
puisque j’en ai résumé la teneur lorsque cela était indispensable.
1 2
Merci aux vieux grognards gloranthiens, 7Tigers et Kridenow, pour leur relecture
plus qu’attentive.
SOMMAIRE
Introduction : où les héros sont confrontés à l’irruption dans la
Vallée des Berceaux d’une immense nuée de criquets et courent
prévenir Pavis du danger.
Sous le dôme bruissant : où les héros, piégés dans Pavis assiégé par
la nuée, mettent à jour l’origine du fléau : la vengeance d’un Kitori,
prêtre d’Argan Argar et initié de Gorakiki
Sur la Piste d’Arnstadles : où les héros s’élancent dans la Désolation
le long d’un itinéraire sacré des nomades de Prax pour remonter à la
source du fléau : le Trône de Seolinthur par-delà le Krjalki Bog.
Les nochers de Yamsur : où les héros réalisent leur destin et
contribuent à l’avènement d’un mythe : Argrath Whitebull.
INTRODUCTION
Jour du Gel, Semaine de la Fertilité, Saison de la Terre (22
)2. Progressant dans une chaleur sèche, les Pjs ont quitté depuis
quelques heures Maughry et cheminent le long de la vallée de la
Scritha vers Indagos, gros bourg situé à environ 60-70 km de Pavis
par ce que les locaux appellent une route. Ils espèrent y arriver peu
avant le Jour de la Grande Déesse pour y célébrer Ernalda, Esrola et
Eisritha.
Décidez de la raison du voyage en adéquation avec les
backgrounds des Pj. Dans le cas de ma propre campagne, ils incarnent
classiquement des résistants orlanthi partis en exil de Sartar pour
Dans le cadre de ma propre campagne, l’action se passe en 1617 mais il est aisé
de transposer à une autre année.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

échapper aux Lunars et enquêter sur une rumeur faisant état de la citernes et aux puits qui permettent d’attendre le retour imminent des
présence en Prax d’un héritier de la maison de Sartar que la résistance pluies. Le niveau d’eau est toutefois clairement à l’étiage.
pourrait opposer au faible Temertain, roi fantoche à la botte des
Les hôtes des Pj n’hésitent pas s’ouvrir de leurs inquiétudes
Lunars (S: KoH, p. 227 et 245). Ayant fait un large détour au nord de
auprès des voyageurs. Le péril des attaques nomades est
Moonbroth afin d’échapper aux patrouilles, ils se rendent à Indagos particulièrement grand avec l’approche du temps des moissons qui
avant même d’aller à Pavis pour y rencontrer un autre exilé, adopté incitent aux coups de main, voire à la pure et simple destruction des
par le clan Althimandi. Ce dernier doit les renseigner sur des contacts récoltes par les Praxiens soucieux de chasser les colons. C’est aussi
sûrs à Pavis. Mieux vaut ne pas se jeter dans ce nid de vipères la tête l’une des raisons pour lesquelles les voyageurs bien armés sont
baissée ! accueillis si libéralement… Le retour des pluies est l’autre grand sujet
des conversations : l’année dernière a été marquée par une rude
Demandez bien aux joueurs comment ils voyagent : montés sécheresse que les colons attribuent aux réticences des autorités
ou à pied pour éviter les agressions des nomades hostiles aux chevaux. lunares à permettre les rituels aux Pierres Apairées. N’hésitez pas à
La quasi-totalité des habitants de la vallée marche ou va à dos de jouer une telle rencontre pacifique avec les colons pour permettre aux
mule, un animal toléré par les tenants du Pacte de Waha. joueurs de s’imprégner du contexte. Si les Pj arrivent juste dans la
région, fuyant par exemple, Sartar occupé, c’est l’occasion ou jamais
La vallée est pratiquement sèche et la rivière réduite à un
de se renseigner « en jeu » sur la région.
chapelet irrégulier de longues mares boueuses. Les champs, bien que
pauvres, sont en revanche à leur apogée et la moisson d’orge pourra Pour la mise en scène de la ferme qui les accueille, inspirez-
commencer d’ici une douzaine de jours (les Sartarites fêtent les vous de Box Canyon Stead (P: GtA, p. 111).
moissons en 38 ). De loin en loin, des tours de garde surveillent
l’arrivée toujours possible de nomades surgis de la Désolation,
notamment les chevaucheurs d’Impala ou de Bisons, chassés de Prax
par l’empire. Les Pj avisent d’ailleurs parfois des éclaireurs de ces
tribus…
Les fermes des colons orlanthi, pour la plupart liés au clan
Althimandi, accueillent les Pjs, fidèles aux traditions d’hospitalité
sartarites, bien qu’une certaine méfiance initiale prévale. Bon nombre
des hommes sont en effet absents, partis aux Pierre Apairées (Pairing
Stones, P: GtA, p. 189) pour seconder Orlanth dans sa lutte contre
Daga et permettre la venue d’Heler en Prax et dans la Vallée des
Berceaux. La chair offerte est frugale, mais on leur livre accès aux
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
LE FLEAU
A les voir, on dirait des chevaux, Et ils courent comme des
cavaliers. A les entendre, on dirait un bruit de chars sur le sommet
des montagnes où ils bondissent, On dirait un pétillement de la
flamme du feu, quand elle consume le chaume. C'est comme une
armée puissante qui se prépare au combat.
Ayant sans doute honoré Heler avant de se mettre en route
(fête saisonnière le 23 ), les Pj ne tardent pas à être confrontés au
principal ennemi de ce scénario… Tout à coup, à l’est, en direction
de la Désolation et de la Terre des Vautours3, l’horizon prend une
teinte étrange, verdâtre. Le réflexe immédiat est de penser aux vents
3
J’entends ici le Vulture County. Je n’aime pas le terme comté, trop médiéval,
d’où ma traduction.
de Stormbull débouchant de la Dévastation. Mais bizarrement, le vent
est alors faible… Peu à peu, un son entêtant empli l’air, une vibration
stridente, qui effraie les bêtes de monte ou de somme. Ils risquent fort
de perdre une bonne partie de leur équipement s’ils n’arrivent pas à
les calmer. Peu à peu, la vérité apparaît : une immense nuée de
criquets est en train d’investir la vallée de la Scritha, progressant
rapidement vers le sud-est…
Les Pjs ont a priori deux solutions : chercher un abri ou
prendre leurs jambes à leur cou. Ils devraient comprendre d’emblée
l’enjeu de la menace : si la nuée atteint la Vallée des Berceaux et la
dévaste, c’est la famine pour l’ensemble de la population puisque la
récolte de l’année passée a déjà été mauvaise…
Si les Pjs prennent immédiatement la fuite, un simple test
d’équitation/perception (l’essentiel étant de repérer les obstacles pour
ne pas risquer de chuter ou de blesser sa monture) permet de distancer
la nuée puisqu’elle fait une brève étape dans la vallée de la Scritha. A
pied, la chose est nettement plus difficile et demandera un test
d’endurance en abandonnant l’essentiel des bagages.
Si les Pjs décident de trouver un abri, notamment s’ils sont à
pied, (ou s’ils y sont contraints par un échec) ils peuvent idéalement
revenir à Corral Canyon Stead ou atteindre une cabane de pierres
sèches fréquentées par les pasteurs. Il faudra assujettir les boucliers
ou les toiles de tente aux étroites fenêtres afin d’éviter que la pièce ne
soit envahie. Les éventuelles bêtes de monte ou de somme devront
être abandonnées dehors dans l’enclos. La quantité de bagages qu’il
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

sera possible de décharger dépendra de la qualité des jets pour la ténèbre peut servir en faisant chuter la température suffisamment
atteindre le refuge. pour neutraliser les criquets ou les repousser.
Quel que soit leur refuge, les Pjs vont vivre des heures A priori, la meilleure solution est de partir plein est afin de
parfaitement angoissantes lorsque la nuée s’abat sur leur refuge. La sortir au plus vite de la vallée en évitant d’avoir à s’embourber en
nuit arrive en plein jour et l’obscurité les enveloppe. Le toit, la porte passant la rivière. Mais cela nécessitera même ainsi un test de volonté
et les volets sont soumis à un pilonnage incessant, semblable à un pour garder la tête froide et se concentrer sur la pente pour poursuivre
orage de grêle associé à un vrombissement assourdissant qui éprouve dans la bonne direction.
les nerfs les plus solides. Une étrange odeur douçâtre les rend presque
Dès qu’ils ont pris de la distance, ils peuvent contempler
nauséeux. Inutile de dire que les bêtes, devenues folles, ne tardent pas
depuis les collines de la Scritha Orientale la masse compacte et
à rompre leur longe et à s’échapper du corral à mouton, prenant la
scintillante4 qui a littéralement enseveli la vallée, aussi loin que porte
fuite avec les bagages… La nuée va s’installer à demeure dans la
le regard…5
vallée le temps de consommer l’orge sur pieds, ainsi que les figuiers
de barbarie et autres buissons, arbres et arbustes.
Si les Pjs n’ont pas de réserves suffisantes (notamment s’ils
sont dans une cabane de pasteur), il va leur falloir sortir. Aussitôt, une
masse dense d’insectes s’abat sur eux et commence à dévorer les
fibres végétales de leurs vêtements et des cordes qu’ils ont
éventuellement utilisées pour se lier les uns les autres. Il leur semble
être littéralement ensevelis vivants dans un sol mouvant, leurs
tympans déchirés par la stridulation suraiguë : leurs pieds glissent sur
un tapis crissant. Dès qu’un cri leur échappe, par peur ou frustration,
les insectes envahissent leur bouche, les suffoquant… La
désorientation est rapidement totale. Qu’il soit rapidement clair pour
eux que leurs chances de mourir sont plus que réelles s’ils s’obstinent
à forcer leur passage. Il est plus que probable que seule la magie
puisse ici les sortir d’affaire : un tourbillon d’air peut tenir à distance
la multitude vorace, le feu créer des fumées ayant même effet ; même

4 5
Les nuées de criquets semblent scintiller, voire même être un nuage de vapeur, Une nuée de criquets peut couvrir jusqu’à 1200 km2, ce n’est pas le cas ici mais
en raison du jeu de la lumière solaire sur les élytres et les ailes. cela vous donne une idée…
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

L’HISTOIRE Ténèbre, les Guêpes ont survécu en dévorant les autres insectes.
Beranduzor est donc tout à la fois prêtre d’Argan Argar et un puissant
Tout ce qui suit constitue un arrière-plan dont les Pj pourront
initié du culte de Gorakiki.
sans doute reconstruire une partie en enquêtant sur les événements.
Servez-vous en pour nourrir leurs discussions avec les Psj Malgré le prestige de sa fonction, Beranduzor ne put obtenir
susceptibles de leur fournir des éléments de réponse. l’intervention contre l’empire lunar ni des Kitori, ni des Bezjalaf
(pygmées chevaucheurs de guêpes de Bezduron). Les rois kitori se
Le fléau qui menace la vallée du Zora Fel n’est évidemment
souviennent en effet encore de la destruction de leur empire par le roi
pas naturel, sinon les Pj n’y pourraient strictement rien. Il tire ses
Tarkalor de Sartar en 1550 et se refusent à aider ses descendants.
origines lointaines d’au-delà des montagnes, dans le Pays Saint (Holy
Quant aux seigneurs pygmées, ils sont par tradition isolationnistes et
Country). Là, au cœur du Trollwood, survivent les lambeaux de
ne voient aucun profit à affronter l’empire.
l’ancienne puissante tribu des Kitori, sujets loyaux d’Ezkankekko,
l’Unique Ancien (Only Old One). Ces humains adorateurs des Vers 1608, Beranduzor apprend d’un missionnaire lunar
Ténèbres perpétuent dans les vallées profondes le culte d’Arkat le capturé par les Kitori que l’empire se prépare à marcher sur Pavis : il
Ténébreux, le Culte Nocturne (Dark Arkat, Night Cult), et la mémoire décide de faire obstacle à cette conquête pour assurer la survie de
d’Ezkankekko (HoHP, p. 105-107). l’argrath. Lorsqu’il prend la route, son projet est encore bien flou car
il ne sait pratiquement rien du monde vers lequel il se dirige. Il a
Vers 1600, Beranduzor, un prêtre kitori, fut de plus en plus
toutefois connaissance de la présence de puissants clans trolls dans la
hanté par des visions apocalyptiques annonçant le retour de Gbaji.
Grande Ruine et entend en tirer profit pour comprendre comment faire
C’est en ce sens qu’il interprétait la conquête de Sartar par l’empire
échec aux ambitions lunares. Pour atteindre Pavis, Beranduzor rejoint
de Sedenya, dont le dogme affirme qu’elle reçut l’enseignement de
la caravane d’un marchand troll nommé Meddog Brooflyer (SaCo,
l’Horrible Lumière (Horrible Light). Au cours de ses visions,
p. 145-146). Cet adepte d’Argan Argar voyage normalement entre
Beranduzor vit le destructeur de l’empire, le libérateur, l’argrath, dans
Dagori Inkarth et le Pays Saint, mais la guerre entre l’empire lunar et
les murs de Pavis. Mais il le vit capturé et sacrifié par les Lunars,
le Roi-Dieu Belintar l’a convaincu de tenter sa chance sur une autre
rituel marquant leur triomphe définitif et pavant la voie au retour
route : descendre des Storm Hills et traverser Prax vers la mythique
triomphal de Gbaji, dans l’ombre de la Lune Rouge.
« cité des géants ».
Beranduzor était alors le supérieur du temple d’Argan Argar
Parvenu au terme de dures épreuves à pénétrer dans la Grande
auprès de l’étonnant peuple de Bezduron (= Wasps Nest, TBoHM,
Ruine, Beranduzor tente d’unir les clans trolls pour les mobiliser
p. 47). Le dieu troll sert en effet d’intermédiaire entre la déesse Isalla
contre la venue des forces lunares. Mais là encore, il se heurte aux
et ses enfants d’une part et de l’autre la mère de la déesse, Gorakiki,
traditions et aux peurs : hors de question pour les chefs des clans de
déesse des insectes, objet d’un culte vif chez les Uz. Cette
intermédiation a été rendue nécessaire après, que durant la Grande
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
sortir de la Grande Ruine pour aller combattre aux côtés des nomades,
surtout en plein soleil !
Beranduzor reprend alors son bâton de pèlerin et commence à
fréquenter les nomades qui campent à proximité de la Grande Ruine,
aux alentours de Badside. Se ruinant en dons, il parvient à obtenir
audience auprès de divers khans et reines praxiennes mais ses
discours peinent à convaincre car le mythe de l’argrath ne signifie rien
pour les nomades qui voient dans Jaldon Goldentooth leur véritable
« messie ». Le prêtre kitori emploie alors les « grands moyens » : les
montures du khan du clan des Sabots Rouges de la tribu des
Chevaucheurs d’hippotragues deviennent les proies d’un essaim de
taons. Les shamans du clan s’avèrent incapables de régler le problème
puisqu’il ne s’agit nullement d’un problème lié au monde des esprits,
mais à l’intervention de Gorakiki, sollicitée par Beranduzor. Le Kitori
intervient et (ô miracle !) parvient à « vaincre l’esprit » qui s’acharnait
sur les nomades. En retour, il obtient du khan, Scarel Sandtongue, la
promesse de l’introduire auprès d’Egajia Chewer of Flesh (P: GtA, p.
54), la Très Révérée Ancienne du sanctuaire de Prax. Beranduzor est
persuadé qu’il parviendra à lui faire comprendre la nécessité de
s’opposer à l’empire au nom de la lutte contre Gbaji et qu’il pourra la
convaincre de favoriser une alliance des nomades avec les Trolls de
la Grande Ruine. Quelques mois avant la fatale bataille de
Moonbroth, Beranduzor part pour les Paps en compagnie d’un groupe
de Chevaucheurs d’hippotragues.
Mal lui en prend…
Le khan Scarel Sandtongue porte bien son nom et le trahit sur
l’ordre de son chef tribal Inire le Rouge (P: GtA, p. 55). Mais tuer un
puissant prêtre d’Argan Argar n’est pas de tout repos et Beranduzor,
soucieux d’être pris au sérieux, n’a pas hésité à manifester la présence
du Dehori qui a remplacé son ombre naturelle lorsqu’il a « chassé »
l’esprit qui tourmentait les montures du khan. De l’avis de tous les
conseillers du khan, tuer le prêtre n’ira pas sans représailles de la part
de Celui-qui-Parle-dans-les-Ténèbres. L’ennemi de mon ennemi étant
mon ami, Scarel Sandtongue prend langue avec un initié de Yelmalio,
Amaranth Eiskolli. Ce dernier fournit au perfide Hippotrague un
javelot à pointe d’or béni. Lors du pèlerinage vers les Paps, le groupe
s’arrête aux abords immédiats d’un haut tertre funéraire et le khan
propose au Kitori, fort éprouvé par la lumière, de se reposer dans
l’ancienne chambre funéraire depuis longtemps pillée. Lorsqu’ils
entrent l’unique torche projette clairement la silhouette du Dehori sur
la paroi ; l’un des hommes de Scarel lance alors le javelot d’or qui
cloue le Dehori au mur, privant Beranduzor de son appui. Pris par
surprise, le Kitori est rapidement capturé et dépouillé de ses insignes
et ses symboles sacrés (masque de plomb et lance d’ébène).
Le lendemain, un groupe d’esclavagistes morokanths arrive
au tertre. Leur chef, Lurukanth Manbreeder, a rendez-vous avec le
khan pour prendre livraison du Kitori. En échange d’une substantielle
récompense et surtout de la promesse de prix avantageux sur les
prisonniers de la guerre imminente, l’esclavagiste effectue le rituel
d’Altération de la nature qui réduit le prêtre Kitori à l’état d’homme-
bétail (Alter Creature, GC – BaB, p. 43). Son esprit anéanti,
Beranduzor intègre le troupeau du Morokanth et part vers le sud avec
ses nouveaux maîtres.
De son côté, Scarel Sandtongue se pense à l’abri de la
vengeance d’Argan Argar car le prêtre n’est pas mort. Le khan,
désormais armé de la lance d’ébène, rentre au camp d’Inire le Rouge
pour rendre compte de son succès. Quant au masque de plomb, il est
ultérieurement remis à l’initié yelmalite qui a fourni le javelot d’or,
Amaranth Eiskolli. Le trophée permet au jeune homme de se
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
présenter comme le tueur d’un puissant prêtre des Ténèbres affronté
lors d’un pèlerinage au temple de Yelmalio de la Grande Ruine. Ce
« pieux mensonge » lui permet de prendre du galon et de s’insinuer
dans les bonnes grâces du chef de sa famille, Haloric Glowbrow. Peu
après, celui-ci prend la tête de la faction pro-lunar de Suntown et
Amaranth devient un homme en vue à Pavis. Quelques mois plus tard,
les Lunar remportent la victoire de Moonbroth, conquièrent Pavis et
prennent le contrôle de la Vallée des Berceaux.
Tout pourrait s’arrêter ici, si Beranduzor n’était qu’un prêtre
d’Argan Argar. Mais comme initié du culte de Gorakiki, il est
également en harmonie avec la rune de la Bête. Cette connexion lui a
permis non seulement de résister à la magie de Waha mais également
de tromper la vigilance de Lurukanth Manbreeder, le persuadant que
le rituel de destruction de l’intelligence a fonctionné. Beranduzor
attend alors son heure, mais la fuite est difficile à travers les plaines
de Prax pour un homme que le soleil accable. Il passe ainsi deux ans
en esclavage, se gagnant les bonnes grâces de son maître en simulant
une intelligence tout juste supérieure à celle de ses compagnons de
troupeaux.
Le salut vient sous la forme inattendue d’un trollkin nommé
Baglop, un ancien membre du clan troll Xaragang de la Grande Ruine.
Se sentant prédestiné à finir au menu, il a bénéficié d’un passage de
Lurukanth Manbreeder, venu vendre des esclaves à Brèche des Trolls
(P: GtA, p. 277), pour faire valoir ses menus talents. Le Morokanth,
toujours à l’affût d’individus dotés d’une bonne dextérité manuelle, a
échangé Baglop contre deux hommes-bétails qui ont offert à un dîner
plus copieux aux Trolls.
Quand les Morokanths repartent, Beranduzor révèle
secrètement à Baglop son statut de prêtre d’Argan Argar et obtient
son aide pour s’enfuir en échange d’une bénédiction qui assurera sa
fortune. L’entreprenant trollkin lui trouve armes, provisions et
matériel et assure sa fuite. Lui-même rejoint Pavis où les Pjs le
rencontreront sans doute.
Libre mais passablement dérangé par les effets cumulés du
sort auquel il a partiellement résisté et d’années de servitude à jouer
l’animalité, Beranduzor a décidé de se venger de tous ceux qui l’ont
trahi et de faire obstacle à la présence lunare en rendant leur
occupation impossible. Le repli des forces impériales marquera le
retour des tribus vaincues à Moonbroth, lesquelles vengeront la
trahison des Hippotragues. Enfin, sa vengeance frappera même les
Yelmaliotes, haïs pour leur rôle dans la destruction de l’empire kitori
dans l’ouest (KoS, p. 96). Pour ce faire, Beranduzor va exécuter une
Quête héroïque. Il s’enfonce dans la Désolation où cinq ans lui seront
nécessaires pour mettre en œuvre sa puissante magie et réitérer
l’Exode des Elytres.
Ce mythe raconte comment durant la Ténèbre Mineure, les
Trolls de Dagorki Inkarth attaquèrent à maintes reprises le Jardin de
Genert, jusqu’à ce que celui-ci accepte d’y accueillir les criquets,
enfants de Gorakiki. Ils y vécurent, dévorant des plantes
éternellement renouvelées, jusqu’à ce que la venue du Chaos et sa
marche contre le Jardin les contraignent à la fuite.
Désireux de prendre des forces avant leur départ, les criquets
trahirent la confiance de Genert et, profitant de son départ pour la
bataille d’Earthfall, se gorgèrent au-delà de ce qui leur était alloué.
Les aldryami tentèrent de les en empêcher et ce fut le début de la
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

grande Bataille de Gorakiki6, au cours de laquelle s’illustrèrent Isalla

et ses guêpes. Ayant remporté la victoire, les insectes dévorèrent le
Jardin, et notamment les Fleurs Pourpres de Yamsur le Splendide, et
se gorgèrent des flots d’or du Seolinthur, le Fleuve-Dieu du Jardin de
Genert.
Ce sacrilège pava de fait la voie à la victoire de Wakboth
puisque Yamsur, le Soleil du Jardin de Genert, et Seolinthur en furent
affaiblis et moururent face au Chaos. Les criquets entamèrent ensuite
le long exode qui allait les amener à vivre en tout lieu du monde. C’est
cet événement mythique fondateur que célèbrent les nuées de criquets
des temps historiques.
Afin d’entamer sa quête, Beranduzor, guidé par des insectes,
s’est rendu au pied du Trône de Seolinthur, au cœur de la Pâtures
d’Erno Arkozal (GtG, p. 451), l’un des derniers échos du Jardin de
Genert. Là, il paye le prix ultime mais le monde divin reproduit
l’Exode des Elytres et l’immense nuée des enfants de Gorakiki se
déverse sur la Vallée des Berceaux.

L’arrivée à Pavis par le nord-est

6
Ici, YGMV, c’est moi qui place ainsi la bataille dans l’histoire mythique. A ma
connaissance, cette bataille n’est jamais qu’évoquée sans plus de précision.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
SOUS LE DOME BRUISSANT7
Sous les élytres
Il est probable que les Pjs décident d’aller prévenir les
autorités car le fléau menace toute vie dans la vallée. Leur premier
contact en ce sens aura lieu à Maughry, où l’ancien du bourg pourra
leur remettre des provisions si nécessaires. En revanche, pas de
monture car le petit corps de soldats lunars normalement en garnison
est parti patrouiller autour des Pierres Apairées pour appréhender
d’éventuels sectateurs d’Orlanth. Il ne sera pas davantage possible
d’obtenir un sauf-conduit ou une lettre : n’oubliez pas que la région
est peuplée de colons orlanthi qui ne maîtrisent pas l’écriture. Même
chose à East Station. A priori donc le chemin se fera à pied et c’est
exténués et couverts de poussière que les Pj arriveront en vue de
l’antique cité.
Il est essentiel de saisir l’occasion de l’irruption du fléau dans
la vie quotidienne pour bien faire ressortir l’importance des cultes et
l’ambiance « antique ». Selon le temps dont vous disposez, impliquez
plus ou moins les Pj dans les « vignettes » brièvement décrites ici.
La nuée ralentissant un temps pour dévorer les récoltes du
nord8,les personnages arriveront sans doute avec un peu d’avance à
Pavis vers le 25 . A priori, ils arrivent par Bad Side et le Pont
7
Pour les institutions de Pavis, j’utilise des termes inspirés de l’architecture,
essentielle dans le culte de Pavis. Les termes des suppléments, comme « maire » de
la ville, faisant trop « médiéval ». Le problème naît ici de l’évolution de Glorantha,
initialement un hybride antiquité-moyen âge, vers une version « bronze age » plus
Lunar et la belle illustration de couverture de River of Craddles (ci-
dessus) peut ici servir à poser le décor et soutenir la description.
Tout le monde en ville a une sérieuse gueule de bois après les
festivités de la veille, le étant la grande fête annuelle en
l’honneur des Déesses de la Terre : des guirlandes de fleurs sont
encore appendues un peu partout et rues et places demeurent jonchées
de dormeurs trop ivres pour rentrer chez eux. Les Pj auront sans doute
initialement un peu de mal à faire admettre le danger qu’ils annoncent.
Présenter des poignées d’insectes morts peut évidemment aider,
auquel cas ils seront conduits rapidement au palais du gouverneur ou
au temple de Pavis selon la personne à laquelle ils auront initialement
parlé. Si le groupe est essentiellement composé de résistants
sartarites, il est probable qu’il tente d’éviter SorEel !
Puisqu’ils arrivent par l’est, les Pj ont également
l’opportunité de prévenir d’emblée le temple barge de Zola Fel. Si tel
est le cas, et s’ils se montrent persuasifs, le sanctuaire aura le temps
de descendre le fleuve pour se mettre à l’abri derrière la Grande
Muraille. Ils se seront alors gagné la reconnaissance de la grande
prêtresse Amina Ingilli (P: GtA, p. 188) et, à travers elle, de l’une des
grandes familles de Pavis.
Quelques heures après l’arrivée des Pjs dans la ville, la nuée
s’abattra sur Pavis. Le pouvoir du fondateur divin va toutefois
protéger l’antique cité : les insectes sont tenus à distance et leur
horripilante stridulation réduite à un bourdonnement assourdi.
L’ensemble de la ville et de la Grande Ruine sera donc comme placé
unifiée. Ici, donc, vous trouverez le conseil désigné comme la Voûte et le maire
comme la Clef (de Voûte).
8
Une nuée de criquets peut couvrir 100 à 200 km par jour donc il n’y a normalement
aucun moyen de la distancer pour les Pj.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
sous un dôme bruissant qui plonge les rues dans une obscurité
verdâtre. De même, les portes et les brèches dans la Grande Muraille
s’ouvrent sur un véritable mur d’insectes. La ville est pour ainsi dire
coupée du monde !
Si les Pj n’ont pas prévenu le Temple-barge, celui-ci subit
l’attaque de plein fouet. Si l’occasion vous en est donnée par les
déplacements des Pj, décrivez bien l’épisode : alors que la barge
descend lentement le fleuve vers la Grande Ruine, d’énormes
grenouilles translucides apparaissent sur le pont et ces esprits-
gardiens dardent d’immenses langues dans la nuée se gavant
d’insectes. Ils sont malgré tout peu à peu submergés et la barge
disparaît dans la nuée… A priori, elle atteint finalement l’abri de la
Grande Ruine, sauf si sa destruction convient à votre campagne
évidemment.
Dans Pavis-la-Neuve, l’ambiance est électrique, les habitants
terrifiés se massent dans les sanctuaires et sur l’esplanade des temples
au pied de la pyramide de Pavis. La fumée des sacrifices ne tarde pas
à monter vers le dôme d’insectes. Le culte du Fondateur et les
autorités d’occupation organisent rapidement des processions le long
des murailles pour renforcer la magie de Pavis à grands forts de chants
accompagnés de sistres et de tournoiement de cassolettes !
Coupés de la lumière de leur déesse, les fidèles de la Lune
Rouge font l’expérience d’un sentiment profond de perte et
d’abattement et leurs gémissements montent continûment du temple
des Sept Mères. Dès le soir, les pénitents de Danfive Xaron
9 10
Il n’y a pas de prêtre attitré de Danfive Xaron à Pavis.
déambulent dans les rues en se flagellant sous la conduite de Porusa
la Patiente (P: GtA, p. 185) appelant chacun à la contrition9.
Dans le quartier du Soleil, les initiés de Yelmalio haranguent
la foule, dénonçant l’attaque des enfants de la Ténèbre et en appelant
à une expédition punitive contre les trolls de la Grande Ruine. Un
groupe d’excités du quartier du Dôme du Soleil se met en marche pour
attaquer le temple d’Argan Argar : les premiers à y entrer ressortent
précipitamment hurlant de terreur (du fait d’un dehori gardien) ; les
portes se ferment, mais les Yelmalites continuent à jeter des pierres et
des torches, menaçant de bouter le feu aux bâtiments environnants. Il
faut l’intervention des prêtresses du temple voisin de Chalana Arroy,
menées par Oreena White (P: GtA, p. 157) et appuyées par la
menaçante présence de Krogar Wolfhelm (P: GtA, p. 180) le temple
d’Argan Argar a été placé sous la protection des prêtres d’Orlanth par
Dorastar, P: GtA, p. 217), pour que la foule en colère se disperse.
La rumeur se répand peu à peu que la venue des criquets le
lendemain de la Fête de la Grande Déesse ne saurait être fortuite…
De plus en plus de gens se persuadent que le rite n’a pas été observé
correctement et les détails ne tardent pas à courir sur toutes les lèvres.
Des hommes ont été admis dans la Vulve, le saint des saints souterrain
du sanctuaire, provoquant la colère de la Déesse ! Selon d’autres, un
initié de Yelmalio était mêlé aux hommes et a réitéré les actions
d’Angdartha10, dérobant l’image sacrée d’Esrola ! La colère gonfle,
se portant tant contre Daralanda, grande-prêtresse d’Ernalda (P: GtA,
p. 156), que contre les profanateurs du Dôme du Soleil. Des groupes
d’Orlanthi rôdent aux abords du quartier du soleil, tenus à distance
par les miliciens et les templiers, prompts à faire usage de leurs armes
Serviteur divin de Yelm qui enleva Esrola, la dissimula derrière un masque et la
démembra jusqu’à ce qu’Ernalda la délivre grâce à la Danse de l’Oie.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
en vertu de leurs privilèges juridictionnels. Devant le temple
d’Ernalda, des initiées scandalisées demandent des comptes à la
grande-prêtresse ! Finalement, celle-ci calme le jeu en dansant pour
elles la mythique Danse de l’Oie dans la grande salle du temple11. Des
mannequins de paille à l’effigie d’Esrola sont dressés sur le toit,
préfigurant la fête des moissons. Evidemment, ils demeurent toujours
des mécontents ! Et des ambitieuses !
Des Orlanthi, liés à la résistance, excitent également les
passions : les insectes ont surgi de la Désolation chassés par la
sécheresse ; or celle-ci a été causée par les Lunars qui, en refusant le
culte d’Orlanth, favorisent le triomphe de Daga ! Rapidement, une
troupe d’excités marche sur le Temple de l’Air et exige de Faltikus le
Bon (P: GtA, p. 179) qu’il procède aux rites interdits par l’occupant.
Quelques dévots rappellent opportunément que lorsqu’il descendit
aux enfers pour s’emparer des « Sandales de Ténèbres » de Kyger
Litor, Orlanth fut harcelé par des nuées d’insectes qu’il dispersa par
ses vents violents (TUW 2, p. 45). En l’absence de Krogar Wolfhelm
(voir plus bas), les meneurs se permettent de se montrer menaçant.
Lorsque la milice tente d’arrêter les agitateurs, des échauffourées
éclatent qui ne tardent pas à dégénérer en émeutes, exigeant
l’intervention de la troupe.
Par ailleurs, la protection du fondateur est nettement plus
puissante au sein du cercle de la Grande Muraille édifiée par Pavis
lui-même et au-dessus de Pavis-la-Neuve le « plafond d’insecte »
s’abaisse parfois dangereusement, provoquant des crises de panique.
De nombreux habitants en viennent à douter de l’efficacité des
11
C’est grâce à cette danse qu’Ernalda sauva Esrola de l’infâme Angdartha.
processions sur les murailles et forcent le passage de People’s Gate
pour aller camper au sein de la Grande Muraille.
SorEel ne se résout pas à décréter un couvre-feu : il est
indispensable que les fidèles puissent aller contribuer aux rituels en
cours dans les temples. Toutefois, il ordonne aux hoplites de la
Phalange de Marbre d’aller tenir la porte donnant sur la Grande Ruine
pour enrayer cet exode absurde qui peut dégénérer en émeute et de
protéger les accès du Temple de Pavis. Des piquets de Boucliers
d’Argent s’installent aux principaux carrefours, tandis que les
Lanciers Antilopes patrouillent sous le commandement de Sitzmag
Redmoon (P: GtA, p. 161). Toutes ces troupes sont sur les dents :
coupés de la lumière de la Lune Rouge, ils sont nettement plus
nerveux que d’habitude et ne demandent pas mieux que de se défouler
sur quelqu’un.
Loin des temples, les rues sont désertées et les bandes de
voleurs ne tardent pas à s’attaquer aux commerces et aux habitations,
malgré le déploiement des forces d’occupation. Pour le culte de
Lambril, ces journées seront commémorées d’une pierre blanche !
Sur le fleuve, les barges se replient en aval grâce aux
Newtlings qui les halent en nageant sous l’eau, aidés par le courant.
Une fois le cercle de la Grande Muraille passé, les embarcations
viennent s’amarrer entre la muraille et le Pont du Zèbre. De même,
les habitants de Bad Side se sont précipités dans la Grande Ruine et
campent entre le mur et le canal asséché menant à la carrière nord.
Les Newtlings n’apprécient pas que leurs arroyos soient occupés et là
aussi la tension monte. Par ailleurs, la « Garde Royale » du crapuleux
Hargran le Sale (P: GtA, p. 165) ne tarde pas à venir exiger une taxe
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
exorbitante de tous les nouveaux venus. Les incidents se multiplient.
Le « roi de Pavis » ne peut que difficilement « sévir » car bon nombre
de ses hommes ont dû partir pour tenter de récupérer les zèbres qui,
terrifiés par la stridulation, ont pris la fuite et errent dans la Grande
Ruine. Quant aux autres communautés humaines isolées de la Grande
Ruine, soit elles se terrent dans leurs bastions, comme au Fort de
Mani, soit elles se mettent en mouvement pour confluer vers le
Temple de la Véritable Cité, s’exposant au harcèlement de groupes de
Broos qui sortent de leurs tanières en profitant de la pénombre…
Heureusement pour ces pèlerins terrifiés, les disciples de Yelorna sont
aussi de sortie, patrouillant les ruines…
Bref, c’est le chaos… Et les jours suivants la situation
continue à empirer.
Le 25 , une procession des membres de la Guilde des
Tailleurs de Pierre, accompagnés de plusieurs membres de la Voûte,
emprunte le tunnel sous la pyramide de Pavis pour se rendre au
Temple de Flintnail prier pour la solidité des murs… Là encore,
Hargran le Sale, ne trouve rien de mieux à faire qu’exiger un droit de
passage sur le Pont du Zèbre et une « taxe d’escorte ». Une fois le
problème réglé, la procession continue mais peu avant l’arrivée, des
envoyés de la communauté de Griffin Gate arrivent et annoncent
qu’une forte troupe de trolls s’est avancée jusqu’à Blind King’s Hill.
La procession reflue en panique vers la ville, tandis que « l’escorte »
va se terrer dans le Fort du Zèbre. On se promet de revenir, sous
protection des troupes lunares et des Templiers de Yelmalio pour la
Grande Fête annuelle de Flintnail, le 31 . lumière lunaire, les prêtresses sont extrêmement tendues et la
12
Le palanquin rentrera finalement après la fête de Pavis.
Le 26 , une procession part du Temple des Sept Mères en
direction du Temple de Pavis sous la conduite de l’ensemble des
prêtresses. Des initiés portent un richissime palanquin couvert des
symboles du culte. Fortes de leur prestige, Hetaera Thessen, prêtresse
d’Irippi Ontor et membre de la Voûte, et Harnasti, prêtresse de
Derzoola (P: GtA, p. 186 et 185), les deux prêtresses les plus connues
de la population, viennent haranguer la foule au pied de la pyramide,
affirmant qu’il faut renforcer la puissance de Pavis en ce temps
d’épreuves et exigeant donc que l’on procède sans plus tarder aux
Noces Mystiques de Pavis et de la Déesse Rouge. Le palanquin est
avancé et les rideaux tirés révèlent la splendide Tala Errio (P: GtA,
p. 185) incarnant la déesse, laquelle procède à une danse nuptiale
sacrée à l’intention de Pavis. Le culte de Pavis est obligé de faire un
geste et Fleeter Nemm (P: GtA, p. 184 et 251) apparaît en grand
apparat pour saluer la Déesse et la remercier de son aide, promettant
de transmettre son amour à son Père lors de la Grande Fête du 28
. La chose semble insuffisante à la foule chauffée à blanc,
laquelle réclame à grands cris le mariage, traitant d’eunuque et de fils
indigne et jaloux, le malheureux Fleeter Nemm vers qui volent fruits
pourris et crottin. Le palanquin est posé au sol et la délégation attend,
affirmant sa détermination à ne pas laisser l’ambition des prêtres faire
obstacle à la théogamie à laquelle aspirent la population et la
Création …12 Les distributions de nourriture du clergé de Teelo Norri
sont déplacées de Riverside (R95) pour avoir lieu aux abords du
palanquin. Notez qu’il ne s’agit pas là d’une manœuvre strictement
opportuniste orchestrée par des Lunars opportunites. Coupées de la
théogamie leur apparaît réellement indispensable.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

En 27 , les colons orlanthi se pressent devant le Temple renforcer l’harmonie de la communauté. Le Temple d’Uleria
de la Terre, amenant avec eux des chiens apeurés13, volés à leur contribue également largement à endiguer la panique, ses Prêtresses
propriétaire, pour exiger qu’on les sacrifie à Maran Gor en ce jour de s’offrant à « communier » avec les individus les plus angoissés et les
la Fermeture de la Porte. Les prêtresses ont le plus grand mal à les plus en colère. Dès le lendemain, la panique diminue légèrement.
dissuader que ce rituel n’aidera en rien car il n’a pas pour but de
Le semblant de calme permet d’organiser, dans la hâte mais
renforcer les défenses mais commémore la fermeture de la demeure
plus sereinement, la Grande Fête annuelle de Pavis (28 ). Le
souterraine de Maran Gor après que les dieux morts furent remontés
rituel est néanmoins modifié pour tenir compte de la crise. En début
vers la surface à la suite de Yelm au commencement du Temps.
d’après-midi, une procession s’assemble sur l’esplanade des temples.
Devant la pression de la foule, Daralanda finit par accepter : au pire,
SorEel, les membres de la Voûte, les grands-prêtres de tous les
cela évitera que Maran Gor, toujours facétieuse, n’abatte les murailles
temples et le palanquin sacré de Tala Errio passent en procession sous
au plus mauvais moment ! Les hurlements des chiens résonnent de
la pyramide de Pavis pour entrer, sous haute surveillance militaire,
longues heures durant et leurs pauvres cadavres finissent suspendus
dans la Grande Ruine et aller jusqu’au seuil de la Véritable Cité (P:
au toit, les initiés, pressés par la foule, tenant de lire des oracles dans
GtA, p. 11 et 363 et surtout TPaBRC 1, p. 18-29). Là, ils sont
le sang qui ruissèlent sur les murs. La nuit, on ressent une légère
accueillis par l’Ancien, Gomoranx le Sage, et conduits au Temple
secousse, signe d’approbation de la déesse (voir plus bas). Si vous
Véritable de Pavis. Ils y rencontrent le Fils de Pavis, Benderri (robes
souhaitez jouer la chose à fond, le grand esprit praxien Frère Chien
cérémonielles de l’époque de l’EWF, barbe calamistrée ornée de
(Brother Dog) se manifeste toutefois pour tirer vengeance du
fleurs pourpres, peau maquillée en vert, tiare de jade ornée de
massacre et les cadavres des chiens se remettent à hurler, contribuant
pampres dorées, P: GtA, p. 182) et les Filles de Pavis14 qui attendent
à l’atmosphère hystérique. Durant la nuit, un petit groupe de nomades
sur le parvis devant l’étrange structure cristalline du Véritable
praxiens surexcités, des Hippotragues de la suite du Khan Roneer
Temple. Le Fils de Pavis ira présenter les suppliques de son peuple à
Smoke Cloud (P: GtA, p. 249) venu négocier avec SorEel, attaquent
Pavis en pénétrant le mur luminescent, puis reviendra annoncer le
le temple pour venger l’affront mais est repoussé par le clergé et les
soutien inconditionnel du Fondateur à la cité et la mise à disposition
dévots. Les choses vont continuer à dégénérer jusqu’à ce qu’un
des réserves de grain du temple. SorEel et la Clef de Pavis, Brygga
shaman de la tradition de Foundchild, Murnur Two-Tails, ne vienne
« Scissortongue » Garhound (P: GtA, p. 242), expriment
apaiser les esprits par les rites appropriés.
officiellement la gratitude de la population, puis la procession s’en
Le même jour, les initiés de Chalana Arroy sont réunis pour la revient dans Pavis-la-Neuve. Là, sur l’esplanade des temples, entouré
Fête saisonnière de leur déesse et la Grande-Prêtresse Oreena White des membres de la Voûte, SorEel annonce une distribution
modifie la liturgie prévue pour y inclure un rituel de masse visant à exceptionnelle de grain le matin du 31 (Jour de la Moisson)

13 14
Les sangliers sont rares ! Tous, à une exception près, des hommes. Fille de Pavis est un titre.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

suivie d’une grande procession générale à destination du temple de
Flintnail. Haloric Glowbrow Eiskolli (P: GtA, p. 157), s’engage à
mettre à disposition les templiers du Dôme du Soleil pour
accompagner la procession. Valerina la Colporteuse et Berene
Pavalava, la Mère de Compassion (P: GtA, p. 186 et 185), parlant
simultanément en une voix unique, promettent que les caravanes des
Sept Mères viendront approvisionner la ville depuis Tarsh lorsque la
nuée sera passée. Enfin, la grande-prêtresse Amina Ingilli annonce
que Zola Fel a accédé à sa demande de faire confluer les poissons
dans la section de la rivière accessible entre la Grande Muraille et le
Pont du Zèbre et Sharman Ingilli, Maître du Collège15 Ingilli des
Bords du Fleuve (P: GtA, p. 166) s’engage à ce que le produit de la
pêche soit fourni gratuitement aux détenteurs de la citoyenneté
pavisite. Bref, les autorités font le maximum pour apparaître soudées
et confiantes…
Vous avez sans doute compris l’esprit de la chose : tant que
la nuée sera présente les choses ne vont pas s’améliorer, malgré les
efforts des autorités. Improvisez des événements du même genre en
brodant sur le calendrier sacré et en vous inspirant des divers
complots décrits ci-dessous.
Les coulisses du pouvoir
La belle assurance affichée par les autorités n’est que de
façade. Suite à une divination effectuée au sein du Temple Véritable,
Pavis a averti son Fils que les insectes, contrairement à une nuée
ordinaire, ne continueront pas leur route et s’acharneront sur Pavis.
Le grand-prêtre va finir par révéler discrètement la chose à SorEel et
aux membres de la Voûte, décuplant leur inquiétude… Mais
initialement les ambitions se déchaînent avec l’arrivée de la nuée dans
laquelle les « gens d’expérience » ne voient initialement qu’une crise
ponctuelle.
De fait, la nuée va s’obstiner sur la ville, ce que n’avait pas
prévu Beranduzor. La raison en est que Pavis, membre éminent d’une
secte du Second Age dédiée à la restauration de l’Âge Vert, fonda sa
cité sur le site de l’un des derniers fragments, dissimulé aux regards
des hommes, du Jardin de Genert (voir « Le clan de Mani », YBoT 3,
p. 70-76). Les criquets sont donc en train de tenter de rejouer
pleinement le mythe originel, lorsqu’ils se gavèrent des richesses du
Jardin pour se préparer à fuir le Chaos. Ce lien renforcé au mythe,
qu’ignorait Beranduzor, va prêter une force nouvelle à la nuée qui
devient rapidement elle-même un « être mythique ». Dès lors, le
nombre de criquets cesse de diminuer naturellement. Les insectes ont
beau s’acharner sur Pavis sans s’alimenter, leur nombre ne décroît
pas, la nuée se régénérant de son lien au temps mythique. Il s’agit là
d’un raffinement de « deep background » que vous pouvez
parfaitement ignorer pour jouer le scénario. Seuls les grands-prêtre
des cultes de Pavis et de Flintnail, ainsi que les chefs de la
communauté très fermée du Fort de Mani et les aldryami connaissent
ce secret. Aucun ne le révèlera, quel qu’en soit le prix.

15
Personnellement, j’utilise « les Syssites ingilli des Bords du Fleuve », le terme
syssites désignant une association antique, et étant plus exotique que Collège. Mais
cela peut perdre les joueurs.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Il n’en reste pas moins que la situation est critique pour les
diverses factions politiques et religieuses qui rivalisent à Pavis
(P: GtA, p. 165-166). En cette occasion, les Impériaux (Imperials) et
les Tenants de la Paix civique (City Peacers) collaborent au mieux,
mais cela n’évite pas toutes les tensions.
La grande distribution de blé annoncée par SorEel doit
permettre de faire diminuer ponctuellement l’inquiétude des habitants
face à l’arrêt des approvisionnements et la perte a priori inéluctable
de la moisson, mais c’est un coup de poker psychologique car les
réserves sont faibles. En outre, sa mise en œuvre devient vite un casse-
tête pour le gouverneur : les réserves appartiennent à la ville et au
Temple de Pavis mais Berene Pavalava, la Mère de Pitié, exige que la
distribution soit effectuée par ses disciples au sein du clergé des Sept
Mères. Difficile pour SorEel de se mettre à dos le puissant culte lunar,
mais le Temple de Pavis n’entend pas se laisser faire… Le conflit
s’étend également au « chantage » qu’exercent les Sept Mères, jouant
de l’inquiétude de la foule, pour forcer la main du culte de Pavis sur
la question des Noces mystiques du Fondateur et de la Déesse Rouge
(voir ci-dessus).
Par ailleurs, SorEel est lui-même tenté de profiter du fléau
pour avancer ses propres pions (P: GtA, p. 160). Le gouverneur
appartient à la grande famille Eel-Ariash, dont la puissance repose sur
leur ascendance divine. Les Eel-Ariash descendent de la Troisième
Inspiration de Moonson, la mystérieuse HonEel, réincarnation de la
Déesse Rouge (GtG, p. 315). HonEel incarne la prise de contrôle par
la Lune Rouge des cultes de la terre. Elle offrit aux hommes une
plante nouvelle, le maïs, clef de la prospérité du cœur de l’Empire,
dont elle avait reçu le secret de son Premier Amant, le dieu aldryami
Sinoda. Soucieux de gagner de nouvelles terres au culte de son
ancêtre, le gouverneur entend profiter de la destruction des moissons
pour imposer la mise en culture de cette nouvelle plante, malgré
l’hostilité des colons sartarites. Et malgré l’interdit impérial en ce
sens, SorEel est tenté d’exiger que l’on suive le rite ancien, qui exige
des sacrifices sanglants pour fertiliser la terre avant les semailles
(TUW 3, p. 45). Il pense pouvoir légitimer la chose aux yeux des
autorités supérieures en arguant de la gravité de la crise. Il va donc
convoquer Daralanda pour faire pression sur elle afin qu’elle annonce
la chose le 31 , jour de la Fête de la Terre Rouge dédiée à
HonEel. C’est une menace extrêmement grave pour ce culte si cher
aux Sartarites.
Par ailleurs, les Yelmalites, habituellement si partisans de
l’ordre, contribuent cette fois au tumulte. Et de fait, Haloric Goldbrow
est en train de mettre en œuvre la maxime : « la meilleure défense,
c’est l’attaque ». Il y a cinq ans l’un de ses neveux, Amaranth a réalisé
un exploit en s’emparant du masque de plomb d’un grand-prêtre
d’Argan Argar. La gloire de ce haut fait a rejailli sur les Eiskolli, mais
à présent, confronté avec cette invasion d’insectes, Haloric envisage
que le fléau soit la vengeance du Dieu Sombre (ce en quoi il n’a pas
tout à fait tort !). En effet, le masque s’est brièvement animé à la veille
de l’arrivée des insectes. Il a prononcé des paroles incompréhensibles,
terrifiant le personnel de la maison Eiskolli. Il est donc essentiel pour
Haloric que personne n’apprenne l’acquisition de l’objet sacré et il
s’ingénie à déchaîner la colère du peuple sur le Temple d’Argan
Argar.
A l’inverse, Gimgim le Sinistre (P: GtA, p. 160-161), autre
allié ordinaire de SorEel, est derrière les calomnies frappant
Darandala et les Yelmalites : l’occasion était trop bonne de rabattre la
superbe de l’une des principales figures du mouvement de libération
ET des hautains adorateurs de Yelmalio qui n’obéissent que du bout
des lèvres. Mais la tension qui résulte de la manœuvre n’aide pas au
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
maintien de l’ordre et la dernière chose dont a besoin SorEel est un
combat entre Templiers et Orlanthi dans les rues de Pavis.
Enfin, le gouverneur est également confronté rapidement à
une recrudescence de la consommation du hazia par les habitants
angoissés. Là, encore, il doit arbitrer entre appliquer la loi et assurer
le calme. Sans compter que Malavar Patroma (P: GtA, p. 250), avide
de profit, fait pression sur lui pour qu’il achète sa marchandise de
façon officielle pour une distribution contrôlée « à bas prix » dans des
« halls de méditation » contrôlés par les Sept Mères. L’offre de
l’avide marchand est d’ailleurs téléguidée par le culte de Krarsht
(P: GtA, p. 192). La Bouche Béante, tapie derrière le trafic du hazia,
en profiterait pour empoisonner les rêves des fumeurs, provoquant des
cas de possession homicide. A vous de voir jusqu’où vous voulez aller
avec ce complot !
De leur côté, les Libres Pavisites, s’ils sont soucieux d’éviter
la catastrophe, sont également désireux de jouer du mécontentement
de la population et des mesures drastiques que le gouverneur pourrait
être amené à prendre pour renforcer le rejet de l’occupant. Le prêtre
d’Orlanth Frekor Firmfarer (P: GtA, p. 180) est derrière l’activité des
agitateurs orlanthi qui dénoncent les conséquences de la suspension
des rites en faveur de la venue de Heler. C’est lui qui a convaincu
Krogar Wolfhelm de s’absenter pour que Faltikus le Bon subisse seul
la colère de la foule et se déconsidère. Parallèlement, Frekor fait
pression sur SorEel pour que le gouverneur permette la tenue d’une
16
Cet élément n’a d’importance que si vous désirez jouer une longue campagne.
C’est « l’organisation » dont Argrath prendre à terme la tête. Tout dépend de votre
choix pour l’argrath, personnage unique, Argrath, ou confluence mythique de divers
individus. J’ai personnellement retenu cette solution et le chef des Dents Nouvelles,
Argrath de Pavis, sera distinct de l’Argrath, chef de la Société du Taureau Blanc.
J’utilise pour le premier Bad-Dream Enostar (P: GtA, p. 205) et lui et ses hommes
grande cérémonie qui permettrait la venue d’Ohorlanth, la Grande
Tempête, qui balaierait la nuée vers les désolations de l’Est. SorEel
est donc face à un dilemme, devant choisir le moindre mal entre
laisser Orlanth sauver la ville, renforçant son culte, et risquer de
perdre Pavis. Bien évidemment, les agitateurs orlanthi dénoncent ses
atermoiements…
Une petite faction des Alliés d’Orlanth est même décidée à
aller beaucoup plus loin. Elle regroupe des réfugiés sartarites pour qui
le bien-être de Pavis ne représente rien. Ce groupe se fait appeler les
« Dents Nouvelles », en référence à un obscur héros du Second Age,
Bostanisos le Croc16. L’arrivée du fléau est pour eux une opportunité
à ne pas manquer et ils sont bien décidés à miner les efforts de SorEel.
La dévastation des cultures signifie un coup terrible pour l’occupation
lunare, l’arrêt, voire le reflux, de la colonisation impériale et
l’incapacité d’assurer les versements de vivres qui assurent l’alliance
des nomades. Une situation qui profiterait à plein aux efforts des
résistants pour rejeter le joug impérial. Afin d’amplifier la crise, cette
faction va donc monter une attaque sur les réserves de grain du temple
de Pavis. Pour cela le commando va emprunter le Grand Cloaque
(P: GtA, p. 228), dont le tracé, du Marché des Fermiers au fleuve,
passe à proximité immédiate des greniers (P-26-27, P: GtA, p. 218).
Le 27 , pendant la fête de Maran Gor, une légère secousse sera
ressentie (voir ci-dessous) mais mise au compte de la cérémonie. En
réalité, l’invocation d’un élémentaire de terre aura été réalisée et la
créature creusera un accès aux sous-sols des greniers. Le 33 , les
n’hésiteront pas, pour secouer le jour lunar, à livrer Pavis au pillage par les
nomades. Les deux descendent de Sartar, aux joueurs de choisir leur « candidat ».
Si vous retenez la même option, faites du chef d’Ogban, le « fameux » Hardros
Naddarsson, rival d’Argrath de Pavis, qui finit par trahir la cause et être tué par le
libérateur.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
conspirateurs orlanthi mettront le feu aux greniers pour empêcher la
distribution et accroître la pression sur SorEel. Le jour choisi pour le
désastre est celui de la fête de Yelm : il n’y a pas de petits profits ! Le
succès du plan dépend du degré de chaos que vous souhaitez mettre
en scène et gérer.
Si vous le souhaitez, le Rat/Frekor Firmfarer (P: GtA, p. 293)
a eu vent du complot et y fait échec discrètement pour ne pas fragiliser
la cause orlanthi en amenant la population à savoir que les résistants
étaient prêts à sacrifier la ville à leur cause. Idéalement, Frekor
Firmfarer a besoin d’un groupe d’aventuriers dévoués à la cause et
encore inconnus en ville.… Si votre groupe est constitué de résistants
orlanthi, ils représentent l’instrument idéal. Si vous décidez de jouer
cette option, Frekor attendait l’arrivée des Pj, prévenu de leur venue
prochaine par leur contact à Indagos.
Le chef du groupe extrémiste se nomme Ogban Dustfed et,
bien entendu, les efforts des Pj pour résoudre la crise ne seront pas de
son goût. Jouez de ce groupe pour rendre la vie dure aux Pj car ces
Orlanthi extrémistes s’opposeront à leur quête d’une solution à la
crise. Ils n’hésiteront pas à les suivre jusque dans la Désolation. Mais
surtout utilisez Ogban Dustfed pour confronter les Pj à leurs propres
valeurs : jusqu’où sont-prêts à aller pour abattre les Lunars ?
Tout ce qui précède doit vous servir à faire bouger la « toile
de fond » de l’aventure ; multipliez les contacts des Pj avec les divers
acteurs, ne serait-ce que sous forme de rumeurs, cela rendra le cadre
vivant en les initiant doucement aux rivalités locales. C’est
évidemment particulièrement utile si vous souhaitez développer une
campagne dans Pavis. Dans ce cas, implqiuez-les dans les intrigues
annexes : ils peuvent avoir à protéger tel ou tel temple, enquêter sur
la source des rumeurs etc.
L’anarchie ambiante permet aussi de justifier que les
commanditaires des Pj ne soient pas toujours disponibles : de mon
point de vue, rien de plus démobilisant pour le meneur qu’un groupe
de Pj qui rentre à la niche toutes les 5 secondes pour demander des
instructions ou l’intervention du Chef Adoré.
Un dernier point : le projet de SorEel offre une excellente
accroche pour un prochain scénario. L’extension de la culture du
maïs dans la vallée, vecteur de l’expansion du culte d’HonEel au
détriment d’Ernalda, l’introduction des sacrifices humains sanglants
pour fertiliser la terre, la mise en danger du Zola fel par les énormes
ponctions d’eau pour irriguer les nouvaux champs, tout cela fournit
une excellente matière. Ce d’autant plus que les Lunars ne seront pas
unis face au projet, donnant l’occasion d’éviter tout manichéisme.
L’Oracle du Fondateur
Bien que les Pjs puissent être proactifs et s’impliquer d’eux-
mêmes dans les multiples conflits et complots en cours, voici un
moyen simple d’assurer qu’ils joueront un rôle de premier plan dans
la résolution de la crise. Evidemment, si les backgrounds des Pjs
offrent une meilleure accroche, voire que les Pj prennent l’initiative,
dispensez-vous de ce deus ex oraculo. Mais si souhaitez jouer une
campagne plus longue, il sera très utile donc ajoutez-le en « cerise sur
le gâteau ».
Dès l’arrivée de la nuée, le haut clergé de Pavis a procédé à
des divinations mais la réponse du Fondateur a été pour le moins
cryptique, renvoyant au Grand Codex Oraculaire, compilation de
prophéties des plus antiques. Benderri y a lu les vers suivant :
Quand sonneront les élytres,
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Les hérauts du fléau
En seront les héros,
Les nochers de Yamsur,
[Ceux-là qui en leur temps,
Seront forgeurs d’étoiles.]
Seuls les quatre premiers vers nous intéressent ici, mais il
serait bon d’insérer à leur suite quelque chose évoquant ce que vous
avez prévu pour la suite de votre campagne, afin de lui donner de la
profondeur. Ainsi, par exemple, je compte jouer The Eleven Lights au
cours de laquelle les Pj doivent « ressusciter » des étoiles pour
« reforger » l’Anneau d’Orlanth dans le ciel de Glorantha. Le vers
évoquant Yamsur renvoie à la forme probable de l’épisode final du
scénario (voir Au cœur des ténèbres) et à un élément dont je ferai un
élément central du succès de la quête des étoiles afin de lier
l’ensemble des aventures de la campagne.
Alors que le haut clergé de Pavis se perd en spéculation sur le
sens des vers, et que Broosta (P: GtA, p. 184) met même en doute la
pertinence de la traduction de Benderri, le plus pragmatique d’entre-
eux, Bendrath (P: GtA, p. 182) décide d’accepter le message au pied
de la lettre et de se renseigner sur d’éventuels individus ayant annoncé
le fléau en avance. Via les gardes des portes, il finira par rencontrer
les Pj. Son enquête, et la décision de l’entreprendre, peut prendre
autant de temps que vous le souhaitez. L’idéal étant sans doute de
déclencher la rencontre un peu avant que vous ayez tiré le maximum
des événements annexes décrits ci-dessus pour assurer le « tuilage »
entre les vignettes secondaires et la quête principale.
Lorsque vous estimez le moment venu, des initiés du Temple
de Pavis approchent les Pj et leur déclarent que « les Filles de Pavis »
veulent les voir. Ils rencontreront Bendrath dans une chapelle du
Temple de Pavis. Celui-ci les interrogera sur leurs origines, leurs
croyances, leurs positions politiques, la façon dont ils ont découvert
la nuée etc, avant de leur soumettre l’oracle en leur demandant s’ils y
comprennent quelque chose. Quoi qu’il en soit, il leur annoncera que
le temple souhaiterait s’attacher leurs services pour qu’ils contribuent
de leur mieux à régler le problème. Il sera sans doute assez clair aux
Pj que le prêtre une peu dubitatif (sauf s’ils l’ont particulièrement
impressionné durant la discussion). Il leur propose 12 L par mois, ce
qui est une paye décente, sans plus. Evidemment, sourit-il, « si vous
arrivez réellement à libérer la ville du fléau, vous n’aurez pas affaire
à des ingrats ». Il les assure également de son appui auprès des
autorités de la ville et des grandes familles en cas de problème, mais
souligne qu’il ne s’agit pas d’un blanc-seing pour ajouter à l’anarchie
ambiante.
La quête de la vérité – Pavis
Le temple de Lankhor Mhy
Il est plus que probable que les Pj se rendent au Temple de
Lhankor Mhy où le patronage du Temple de Pavis, et la
recommandation de Broosta (Fille de Pavis et initiée de Lhankor
Mhy) leur vaudra d’être reçu par Gavial Latish ou Varanos le Haut
(P: GtA, p. 182), selon votre degré de méchanceté.
Ils en obtiendront les informations génériques suivantes.
Evidemment, les informations données dépendent des questions
posées. Tant que les Pj n’ont pas entendu parler du mythe de l’Exode
des Elytres, personne n’abordera la question de la localisation du
Jardin de Genert, Vous trouverez une autre section « information »
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
plus bas après le passage traitant des contacts avec les Races
anciennes.
Surtout, n’hésitez pas à abreuver vos joueurs de détails absconds
et d’informations inutiles. Les sages de Lhankor Mhy sont des puits
de science, mais le genre de puits dont il peut être difficile de sortir.
Consulter les Sages Gris ne doit pas être une panacée, trier les
informations pour ne garder que les données pertinentes relèvent des
joueurs pas des Psj.
En italique sont indiquées des sources d’information alternatives,
plus spécialisées, susceptibles de donner une version plus complète
des données des sages. Bien évidemment, cela n’épuise pas les
ressources de Pavis, récompensez l’inventivité des joueurs.
Si les Pj sont en contact avec Frekor Firmfarer, le prêtre les mettra
en garde contre le fait de consulter les autorités lunares. Celles-ci
savent beaucoup de choses, mais leur curiosité sera mise en éveil par
une éventuelle enquête sur le fléau et elle pourrait s’intéresser à terme
à la possibilité de contrôler les nuées de criquets. C’est après tout une
arme idéale contre les déesses de la terre du Pays Saint… En
revanche, sauver Pavis en lieu et place des Lunars, c’est assurer aux
résistants orlanthi l’appui de son puissant culte. Le prêtre mettra tout
spécialement les Pj en garde contre Gimgim le Sinistre et ses Masques
Sélènes (Moon Masks, P: GtA, p. 248). Une bonne occasion d’agiter
ce croquemitaine de Pavis sous le nez de vos joueurs !
 La déesse trolle des insectes est Gorakiki. Il y a peu, Tolkazzi
Ingilli, l’oncle de Scharman Ingilli, a passé un accord avec une
prêtresse de ce culte lors de la fondation d’un port dans le delta
du Zola Fel à Corflu. Chefs du Collège Ingilli des Bords du
Fleuve ; grande-prêtresse de Zola Fel : version plus précise
de l’événement, expliquant que la prêtresse troll élève
d’énormes libellules qui ont réglé le problème des moustiques
qui rendaient impossible la colonisation du delta (P: GtA,
p. 67 et 69).
 Historiquement, les nuées de criquets surviennent assez
régulièrement, une fois par génération, causant des dommages
considérables. Les Annales de Pavis datent la dernière nuée
de 1596, mais à l’époque la population était plus faible, la
nuée plus restreinte et surtout elle arriva alors que la moisson
était déjà bien avancée.
 Les nomades disent que les masses d’insectes éclosent dans
un territoire tabou, une sorte de grand marais situé loin à l’est
dans la Désolation.
 Les Kitori sont des Heortlings, anciens vassaux
d’Ezkankekko, fils d’Argan Argar, et adorateurs des
Ténèbres. L’avènement de Bélintar, le Roi-Dieu, les priva de
l’alliance d’Ezkankekko. Leur royaume fut finalement brisé
par le roi de Sartar Tarkalor Trollkiller et les Templiers de
Yelmalio vers 1560. Ce qui reste de ce peuple vit en
Heidrikiland, dans les Trollwoods, dans les piémonts
occidentaux des Storm Hills.
 Yamsur est à la fois le nom d’un dieu solaire obscur, mort à la
bataille d’Earthfall, et d’un célèbre homme de guerre
yelmalite, Yamsur le Splendide, qui fut tué en combattant les
dragons lors de la Dragonkill War vers 1100. Temple du Dôme
du Soleil : le dieu Yamsur protégeait le Jardin de Genert en
récompense des soins que le jardinier prodiguait à ses filles
les Fleurs Pourpres, lesquelles naissaient sur le passage de
son char. Le templier Yamsur portait un objet magique appelé
par le culte « la couronne de Yamsur ». Elle était portée
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
jusqu’à il y a peu par Arintheus le Splendide, l’un des chefs
du Comté du Soleil, mais ce héros mourut lors de la bataille
de Moonbroth et personne au temple ne sait ce qu’est devenu
l’objet (voir SC, p. 109). Evidemment, les Templiers exigeront
de savoir la raison de ces questions…
 La bataille d’Earthfall est un affrontement mythique qui
marque le début de la Grande Ténèbre. C’est là que Wakboth
tua le dieu géant Genert dont le fabuleux Jardin est dit avoir
occupé l’actuelle région de Prax et la partie occidentale de la
Désolation. Les mythes fondateurs des Chevaucheurs
d’Animaux, les nomades de Prax, ont tous trait à la survie des
hommes dans l’obscurité après cette catastrophe. Les
prêtresses du Temple de la Terre savent également que les
mystérieux elfes blancs moururent dans cette même bataille et
que certaines versions du mythe accusent Stormbull de
n’avoir pas répondu à l’appel de Genert. Ce serait pour cette
raison que le dieu berserk livre l’Eternelle Bataille au cœur
de la Désolation.
Le temple d’Argan Argar
Si les Pj prêtent l’oreille aux accusations des Yelmalites ou ont
commencé à s’intéresser à Baglop (voir plus bas) une autre source
d’information qui pourrait les intéresser sera le prêtre d’Argan Argar.
Accéder à lui se révélera difficile étant donné la surveillance des
Yelmalites. Le Temple de Pavis sera assez peu enclin à faire acte
d’autorité face à ces derniers vu l’hystérie ambiante. Ils devront donc
se débrouiller pour entrer en contact avec le prêtre, un Vieux Pavisite
aveugle nommé Chokal Nightlids. Ce n’est pas une lumière (ce qui
est bienvenu d’une certaine façon vu son métier…), ni un grand initié
et la situation le rend légèrement paranoïaque mais il pourrait donner
divers renseignements intéressants si on lui pose les bonnes
questions :
 Baglop est arrivé en ville il y a environ cinq ans.
 Le trollkin verse régulièrement une partie de ses gains au jeu
au temple. Il semble gagner des sommes extrêmement
importantes dans les combats d’insectes.
 Baglop lui a confié être né dans la Grande Ruine
 Baglop lui a révélé avoir reçu ses insectes combattants d’un
prêtre d’Argan Argar. Le prêtre a mis la chose en doute car il
n’a pas ressenti la présence de son dieu. Le trollkin s’est vexé
et n’est plus jamais revenu sur le sujet.
 Le déesse trolle des insectes est Gorakiki. Elle est vénérée
sous plusieurs aspects correspondants aux différentes races
d’insectes. Il ne connaît pas d’aspect spécialement dédié aux
criquets. A sa connaissance, il n’y a pas de temple de Gorakiki
dans la Grande Ruine.
 La dernière fois qu’une activité d’insectes anormale à Pavis
peut être mise en relation avec les trolls remonte à une dizaine
d’années quand un marchand troll a conduit ici sa caravane
d’insectes géants depuis le Plateau d’Ombre. D’après ce que
lui a raconté son prédécesseur, un prêtre kitori d’Argan Argar
accompagnait la caravane. Il vint lui demander son aide pour
entrer en contact avec la tribu hippotrague des Sabots Rouges
qui campait alors en face de Pavis.
 Son prédécesseur a été tué par les Yelmalites lors des troubles
qui suivirent la conquête lunare de la ville.
 Même informations que les sages de Lankhor Mhy sur les
Kitori. La réputation des Kitori explique que le prédécesseur
de Chokal lui ait parlé de cette rencontre.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
 Il reçoit parfois des trolls de la Grande Ruine, notamment ceux
du clan Xaragang, dont les prêtres d’Argan Argar tiennent un
marché au niveau de la Brêche des Trolls. Lui-même n’y a
jamais été, sa cécité limitant ses mouvements.
 A sa connaissance, à Pavis, seule la famille Indagos a de
véritables contacts avec les trolls en raison de leur exploitation
conjointe des mines de sel de la Grande Ruine.
On n’a souvent besoin d’un plus petit que soi…
La marque des héros est d’être au bon endroit au bon moment
et pour les Pjs leur destin ne va tarder à se manifester… Essayez
autant que faire se peut de camoufler le début de cet épisode dans le
« bruit de fond » des événements décrits dans Sous les élytres, afin
que les Pj ne répondent pas mécaniquement et artificiellement à la
mise en route d’une péripétie. Les ennemis de Baglop ne sont que l’un
des groupes hurlants qu’ils croisent. Une bonne solution serait de faire
débarquer les lyncheurs dans la taverne où les initiés de Pavis
viennent chercher les Pj pour les conduire à Bendrath. Libres aux Pj
de se souvenir de ce « détail d’ambiance » après coup.
Alors qu’ils errent dans les rues de Pavis-la-Neuve, se rendent
vers la demeure de l’un de leurs contacts ou se remettent de leurs
émotions dans l’un des bouges locaux, ils voient arriver une foule
vociférante, venue de Riverside. Les hommes en colère arrêtent les
passants et exigent de savoir « où se cache Baglop ! ». Leur nervosité
rend la discussion évidemment difficile… La foule finit pas retourner
vers Riverside, ayant reçu un « tuyau » du gang des Dauphins :
Baglop se terre dans « l’école » de Churchak le Trollkin (P: GtA,
p. 210, R-81). Le gang espère bien manipuler la foule pour éliminer
ce dangereux rival ! Sur place, Churchak est retranché avec ses élèves
et quelques amis et quelques flèches tirées devant la foule fait hésiter
celle-ci. A terme, les Lanciers Antilopes interviennent pour disperser
la foule et inspectent la maison de Churchak pour « rassurer » les
émeutiers en prouvant l’absence de Baglop. Malgré tout, les meneurs
laissent des « guetteurs » avant de continuer la chasse ailleurs.
Quelle est la raison de cette agitation ?
Baglop est le trollkin qui a permis à Beranduzor de se
soustraire à la captivité. Et le prêtre kitori l’a dûment récompensé
comme promis en assurant sa fortune. Pour ce faire, il a étendu la
bénédiction de Gorakiki sur trois criquets, les rendant plus rapides et
plus forts que tous leurs congénères. Et grâce à ce trio de champions,
Baglop règne en maître sur les combats d’insectes si populaires à
Pavis. Le trollkin a rapidement amassé une petite fortune par le biais
des paris. Mais ces triomphes apparaissent aujourd’hui à la plèbe de
la ville, notamment d’anciens rivaux, comme la marque certaine d’un
pacte avec les esprits insectes ou de transgressions à leur encontre,
source de l’attaque de la nuée. Nul doute donc que la mort du trollkin
apaise l’envahisseur !
En interrogeant les habitués des tavernes, les Pjs peuvent
rapidement apprendre le dessous de l’histoire. Si, intrigués, ils
décident de trouver le trollkin, ils devront prendre de vitesse la foule
et éviter d’en verser le sang car les autorités lunares n’hésiteront pas
à faire un exemple en balançant des criminels par-delà les murailles
dans la nuée vrombissante. La demeure que s’était achetée Baglop
dans Riverside a bien évidemment été la première victime des
émeutiers.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Lorsqu’il a eu vent de la traque, Baglop a utilisé sa fortune
pour s’acheter une protection idéale : le Guet de Nuit (P: GtA, p. 164
et 259). Il est donc actuellement caché dans les quartiers des trollkins
du connétable Jorjar le Preste (D-40, P: GtA, p. 164), sous la garde du
troll sombre, Chooga. Churchak est au courant de la chose, ayant aidé
Baglop à traverser la ville.
A terme, la panique se saisit de Baglop. Il se persuade que les
autorités lunares vont se servir de lui comme bouc émissaire et
ordonner sa capture. Dès lors, la « solidarité trollkin » ne va résister
longtemps et Chooga va le livrer sans arrière-pensées. Baglop va donc
fuir la résidence. Son premier choix est de demander l’asile au temple
d’Argan Argar. Toutefois, l’édifice étant presqu’assiégé par les
Yelmalites, Baglop va tenter de rencontrer des contrebandiers
newtling de Riverside qui pourraient le faire passer dans la Grande
Ruine. Baglop espère en effet demander l’asile au temple de Gorakiki
(n’oubliez pas qu’il est originaire de la Grande Ruine) en présentant
ses criquets bénis comme preuve de la faveur dont il jouit auprès de
la divinité pour avoir sauvé son prêtre (voir Les Uz). Les
contrebandiers utilisent un tunnel qui passe sous les murailles de
Pavis-la-Neuve pour conduire au fleuve. Ils nagent sous l’eau pour
échapper aux criquets en tenant au-dessus des flots une sorte de
grande cloche en osier sous laquelle Baglop pourra respirer.
Evidemment, les criquets se jettent sur les fibres végétales et le
chemin jusqu’à la Grande Muraille sera des plus stressants ! Gardez-
ce système en mémoire si les Pj en viennent, pour une raison ou pour
une autre, à emprunter le même chemin. Une fois dans la Grande
Ruine, le courageux trollkin se met en route le long de la berge du
Zola Fel, remontant dans le Territoire de Chasse (Huntland) une fois
le Canal Puzzle dépassé. Il progresse alors vers la Carrière Principale
où il sait que se trouve le temple de Gorakiki.
Les Pj auront diverses opportunités de mettre la main sur lui.
Evidemment, la « solidarité trollkin » sera initialement difficile à
briser et les Pjs devront faire preuve d’inventivité pour faire parler
Churchak. Il en ira de même pour accéder à Baglop dans la résidence
du connétable. Celle-ci est située dans une zone bien contrôlée : le
bâtiment communique avec les quartiers (D-33) de Jorjar le Preste,
Derenx le Beau, Epée d’Humakt (P: GtA, p. 156), et de Jotoran
Longsword (P: GtA, p. 158), le chef de l’administration lunare… Ces
deux personnalités sont a priori absentes de chez elles, vue la frénésie
ambiante, mais la résidence demeure bien gardée par des Boucliers
d’Argent peu commodes.
Les Pj pourraient également avoir l’opportunité de sauver le
trollkin dans la Grande Ruine, alors qu’il est traqué par une tribu de
Broo en maraude, voire, si vous êtes taquin, perdu dans le Canal
Puzzle… Cette solution est particulièrement envisageable si les Pj ont
prévenu eux-mêmes le temple de Zola Fel de l’arrivée du fléau en
début d’aventure. Lorsque les Ingilli apprennent qu’ils s’intéressent à
Baglop, les contrebandiers, sur ordre du temple de la grande-prêtresse
Amina Ingilli, contacteront les Pjs pour les mettre au courant de la
fuite de Baglop et les conduire jusqu’à l’endroit où ils l’auront
débarqué.
Bref, il faudra improviser et la traque de Baglop offre
l’opportunité de varier les plaisirs : négociations, infiltration, combat,
the full mounty !
Une fois tranquille avec le trollkin, les Pj pourront apprendre
de lui les éléments suivants (plus ou moins vrai) :
 Les criquets lui ont été donnés par un puissant prêtre d’Argan
Argar nommé Beranduzor.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

 Il venait d’au-delà de Prax et avait servi le Seul Grand Ancien

(Ezkankekko).
 Baglop a rencontré Beranduzor il y a 5 ans, alors qu’il était
l’esclave de Lurukanth Manbreeder un chef de clan
morokanth qui le prenait pour un homme-bétail.
 Beranduzor se refusait à révéler la vérité au Morokanth bien
que celui-ci ait vénéré les Ténèbres.
 Beranduzor disait généralement des choses sans queue ni tête,
mais Baglop a cru comprendre qu’il avait été trahi par un
certain Scarel Sandtongue.
 Beranduzor parlait sans cesse de sa vengeance et de quelqu’un
qu’il appelait l’argrath…
 Baglop et le prêtre se sont séparés après avoir passé le grand
fleuve. Ils ont trouvé une trouée dans la falaise, près d’un
endroit où celle-ci était couverte de glyphes étranges.
Beranduzor est monté vers le plateau de la Terre des Vautours,
tandis que Baglop a trouvé passage sur une barque ingilli pour
revenir vers Pavis. N’importe quel spécialiste de la Vallée de
la Berceau saura identifier le Mur Peint (GtG, p. 455),
effectivement limité au sud par un canyon montant vers la
Terre des Vautours.
 Il existe un temple de Gorakiki dans la Grande Ruine, quelque
part dans la carrière principale. Baglop refuse absolument d’y
aller avec les Pj car ils n’auraient aucune chance de passer
inaperçu. Et il ne tient pas à être dévoré.
 Il peut donner les noms des grands clans troll de la Grande
Ruine (voir plus bas) et des informations simples à leur sujet.
Voir aussi, ci-dessous, « Un détour par la case départ ? »
LES RACES ANCIENNES
Il est possible, voire probable, que les Pjs, peut-être
missionnés par les autorités, décident d’aller discuter du problème
avec les uz et les aldryami de la Grande Ruine. C’est l’occasion idéale
d’introduire les Pjs aux races anciennes… Les antiques murailles
accueillent également une communauté naine et le petit groupe de
dragonewts installés dans l’ancien temple au sud de Yelmalio hill,
mais a priori ils n’ont rien de précis à offrir. Ce qui n’est pas une
raison évidemment pour que les Pjs n’aillent pas les embêter !
La quête de la vérité – Les races anciennes de la Grande Ruine
Les Uz
Rencontrer les Trolls
La Grande Ruine abrite plusieurs clans trolls dont les quatre
principaux sont les Loricek, de Troll Bridge, les Kaggroka de Temple
Hill, les Xaragang de Brèche des Trolls et les Javis du White Fort. A
priori, les humains interagissent seulement avec les deux derniers
clans.
Les contacts sont les plus réguliers avec le clan Xaragang. En
effet, Le culte d’Argan Argar y est particulièrement puissant, la
matriarche, Kukudoom la Haute, étant grande-prêtresse de Celui-qui-
Parle-dans-les-Ténèbres. Pour cette raison, le clan tient le seul marché
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
ouvert aux étrangers, à Brèche des Trolls. Malheureusement, l’accès
en est devenu difficile, car on ne peut plus contourner la Grande Ruine
par l’extérieur en raison de la présence de la nuée. Il y a donc fort à
parier que les Pjs favoriseront des contacts avec le clan Javis qui
contrôle les richissimes mines de sel sises au nord d’Ogre Island. Ce
clan est en effet un allié ancien d’une vieille famille de Pavis, les
Indagos. Si les Pjs ont brillé devant la Voûte ou s’ils sont appuyés par
le temple de Pavis, Javan Indagos (P: GtA, p. 253), pourrait leur
délivrer un sauf-conduit qui facilitera les premiers contacts aux
abords des mines. Les Pjs seront alors conduits au White Fort devant
les deux reines-sœurs, prêtresses de Kyger Litor, Rebecep et Robon.
Néanmoins, à terme, il leur sera sans doute nécessaire de pousser
jusqu’au territoire de Kukudoom la Haute.
Si les Pjs disposent des criquets bénis de Baglop, d’un sauf-
conduit de Chokal Nightlids, voire se présentent eux-mêmes comme
les libérateurs de Beranduzor, les réactions des chefs trolls seront
évidemment meilleures, mais il pourrait y avoir ensuite un sérieux
retour de bâton s’ils apprennent qu’on leur a éventuellement menti.
Quoi qu’il en soit, les criquets bénis seront remis au temple de
Gorakiki si les trolls ont l’occasion de mettre la main dessus.
Les Trolls face à la nuée
Si le fléau étonne les uz, il ne les inquiète nullement et est bien
loin de les déranger, au contraire, du fait de l’obscurité pérenne qui
s’est abattue, de leurs liens privilégiés avec les insectes et de la
catastrophe que cela représente pour le Jardin où vivent leurs ennemis
aldryami. S’ils s’aventurent en aval d’Ogre Island, les Pjs seront
d’ailleurs le témoin de mouvements de troupes, les forces du clan
Loricek se massant pour lancer une attaque de revers contre les
aldryami. Il est également possible que les Pj croisent des
« ambassadeurs » Loricek, envoyés auprès des autres clans pour les
inciter à, voire leur ordonner de participer à l’offensive. Les Pj
pourraient tirer profit de la situation, se gagnant les bonnes grâces des
aldryami en les prévenant de l’offensive. Evidemment, si cela revient
aux oreilles des uz, il faudra assumer les conséquences…
En définitive, le seul interlocuteur potentiellement intéressé
par l’idée de mettre fin au problème sera Kukudoom la Haute, et ce
pour trois raisons.
 La nuée a mis fin à l’activité du marché alors qu’à l’approche
de l’hiver, les nomades viennent normalement vendre les
surplus de leurs troupeaux.
 Du fait que la muraille est ici effondrée, la magie de Pavis
fonctionne moins bien, la stridulation déchire les sensibles
tympans des Trolls et perturbe leur darksense. En outre, les
criquets s’infiltrent, rendant l’existence pénible sur la durée.
L’industrieuse grande-prêtresse tente d’ailleurs de tirer profit
de la situation. Lorsque les Pj arrivent, ils voient les Trolls
jeter de grandes toiles vers l’extérieur pour « pêcher » des
grappes des criquets qu’ils piétinent ensuite allègrement, ou
frappent à coup de planches, récupérant la pâte broyée pour
s’en nourrir. On en remplit tous les conteneurs possibles en
vue de ventes futures. Par ailleurs, devant la brèche, des
prêtresses de Kyger Litor sont en train d’élever un autel pour
y centrer un enchantement visant à atténuer la stridulation
(« Deaden sound » TBoDR-Darkness, p. 112).
 Kukudoom la Haute a réussi à retourner contre Jorjar le Preste
(P: GtA, p. 164) l’un de ses trollkin, Snotleg. Particulièrement
pieux, celui-ci a pris le risque de venir prier au temple d’Argan
Argar et est tombé sous la coupe de la Grande-prêtresse.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Depuis, il lui communique les informations et rumeurs les plus
importantes dont il a connaissance. C’est ainsi que Kukudoom
a appris qu’un dignitaire du Dôme du Soleil possède un
masque de plomb, insigne liturgique du culte d’Argan Argar.
Amaranth s’en est vanté devant Derenx le Beau dans la
résidence que ce dernier partage avec Jorjar le Preste alors que
le trollkin venait faire son rapport. Récupérer le masque est un
impératif religieux pour la prêtresse et elle négociera son aide
contre la restitution de l’objet. Aux Pjs d’imaginer comment
obtenir l’objet qu’Amaranth Eiskolli n’a évidemment aucune
intention de rendre. Le voleront-ils ? Convaincront-ils SorEel
de faire acte d’autorité auprès du Dôme du Soleil ? Feront-ils
chanter le templier en le menaçant de dénoncer ses mensonges
après avoir identifié la provenance de l’objet ? N’hésitez pas
à leur faciliter légèrement la tâche car la possession du masque
de plomb peut permettre de tirer le plus grand profit du final
du scénario (voir Le trône de Seolinthur, ci-dessous). Mais
s’ils passent à côté, ça n’a rien d’une catastrophe.
Les informations des Trolls
Obtenir la collaboration de l’une des reines trolles permettra
d’être introduit auprès de la prêtresse de Gorakiki qui officie dans la
Grande Ruine. Les Pjs seront guidés par un trollkin initié du culte,
vêtu d’une magnifique cotte d’élytres dans des cavernes creusées dans
la Grande Carrière (Main Quarry) qui accueillent le temple. Le
chemin ne sera pas nécessairement de tout repos car il faut passer non
loin de Temple Hill et des redoutables Kaggroka : les Pjs pourraient
donc croiser la route d’un parti de guerriers allant attaquer le Jardin.
Le temple de Gorakiki a l’aspect d’une ruche, des concrétions
murales délimitant des alvéoles hexagonales dans lesquels d’énormes
larves pulsent d’une vie écœurante. L’air est saturé d’insectes volants,
parfois gros comme le poing dont les danses constituent la principale
liturgie de la déesse. Bugrun, la prêtresse, trône au centre, assise en
« lotus » sur son scarabée géant, d’énormes larves tétant ses
nombreuses mamelles. Elle passe le plus claire de son temps en
contemplation des évolutions aériennes des insectes dont elle tire ses
oracles. Bugrun n’est pas particulièrement bien disposée envers les
Ured Kobo, les Serviteurs de Celui-qui-Blesse, c’est-à-dire les
humains. Toutefois, elle se soumet à l’autorité des reines si les Pj
arrivent recommandés par l’une des matriarches des clans trolls. Elle
peut donner deux informations essentielles et une aide matérielle
peut-être plus déterminante encore.
 Les nuées de criquets sont la réitération de l’Exil des Elytres,
le mythique exode de ces enfants de Gorakiki face au Chaos.
Bugrun présente une version du mythe propre aux trolls. Ici
Genert refuse l’accès de son jardin aux criquets qui meurent
de faim jusqu’à ce que les Trolls le forcent à ouvrir ses
frontières en attaquant le Jardin. Lorsque le Chaos s’approche,
le traître et sa cour négocient avec l’ennemi pour se sauver en
leur livrant des victimes à dévorer : les criquets. Ces derniers
se révoltent et s’échappent grâce à l’intervention des guerriers
d’Isalla, les guêpes. Commence alors leur exode de par le
monde. Notez qu’on parle ici d’exil, les criquets étant les
victimes dans cette version du mythe.
 Le chef de guerre des criquets était Kolrang, devenu pour ses
exploits l’une des « mues » de Gorakiki, la Mère-des-
Criquets.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
 Bugrun a communié avec la nuée qui vient de s’abattre sur
Pavis. Elle a senti derrière le déclenchement du fléau l’esprit
d’un Kitori, prêtre d’Argan Argar, également initié aux
mystères de Gorakiki. Elle l’a identifié avec un certain
Beranduzor qui vint dans la Grande Ruine deux ou trois mois
avant la bataille de Moonbroth solliciter l’intervention des
clans trolls contre l’empire. Sans succès. A ce qu’elle sait, il
partit tenter sa chance auprès d’un clan nomade, les Sabots
Rouges, qui campait alors devant Pavis. Si vous avez le temps,
elle ignore ce dernier détail et il faut aller parler de
Beranduzor à Kukudoom.
 Si les Pj cherchent comment sortir de Pavis « assiégé », elle
pourra enchanter l’un de ses scarabées géants en le couvrant
de peintures sacrées réalisées avec des criquets écrasés mêlés
à son propre sang. Lorsque le scarabée avancera dans la nuée,
les criquets s’en écarteront et quiconque progressera à côté du
coléoptère pourra traverser l’horrible masse dans une sorte de
bulle. Attention, toutefois, la stridulation demeurera un
problème et quiconque perdra le contrôle de ses nerfs ira se
perdre dans la masse dévorante des insectes, mourant
rapidement étouffé. A priori, seul un usage de la magie
runique par ses compagnons pourrait alors sauver le
malheureux.
 Si on le lui demande, Bugrun peut confirmer la présence d’un
temple de Gorakiki à Corflu, mais elle considère avec un
dédain certain sa prêtresse qui s’est vendue à Tolkazzi et
utilise ses libellules pour dévorer les moustiques.
N.B. :
 Si vous n’avez pas le temps de jouer aussi une visite au Jardin
ou si les Pjs ne s’y décident pas, vous pouvez leur faire
compter intégralement le mythe de l’Exil des Elytres par
Bugrun.
 De même, il est possible de faire rencontrer Baglop aux Pjs
dans le temple s’ils n’ont pas réussi à l’approcher en ville. Le
Trollkin aura juste réussi à sauver sa peau et à rejoindre le
temple.
Les Aldryami
Entrer en contact avec les Aldryami
Les habitants du Jardin de la Grande Ruine sont nettement
plus secrets que les Trolls et encore plus hostiles envers ceux qui
s’aventurent sur leur territoire. Ainsi s’il est relativement aisé de se
rendre aux abords du Jardin, y pénétrer est une gageure. Les Pjs
doivent donc impérativement trouver un garant qui facilitera les
premiers contacts. Trois pistes se présentent a priori :
 Le culte de Pavis est allié traditionnellement à celui d’Aldrya,
le Fondateur étant un cas unique d’hybride d’Homme et
d’Aldryami. Pour cette raison, le Conseil des Anciens qui
gouverne la forteresse végétale réserve un siège à un « Elu »
qui n’est autre que Pavis lui-même ou son représentant. Aucun
prêtre du Fondateur n’a jamais siégé mais cette alliance
ancienne pourrait être invoquée pour tenter de surmonter la
xénophobie des aldryami. Ceux-ci ont d’ailleurs tout intérêt à
ne pas mécontenter le Fondateur en cette heure où seule son
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
influence maintient la nuée à distance ! Le Grand-Prêtre de
Pavis, Benderri, peut récupérer dans le Temple de la Véritable
Cité une tablette de terre portant le sceau du Fondateur qui
servira de sauf-conduit, assurant qu’on écoute ses envoyés. La
méfiance demeurera néanmoins palpable… Cette méthode
vous donne l’occasion de mettre en scène la Véritable Cité et
son étrange temple originel de Pavis (P: GtA, p. 11 et 363 et
surtout TPaBRC 1, p. 18-29).
 Le Jardin est défendu notamment par des guerriers aldryami
initiés au culte de Yelmalio et leur chef, l’Ami du Fils
Lumineux, siège au Conseil des Anciens, même s’il ne vote
pas. Il arrive donc que des Initiés du Dôme du Soleil soient
invités à pénétrer les franges extérieures du Jardin. Le
problème est qu’ils ne peuvent pas prendre l’initiative de
requérir ce privilège. Malgré tout, des Pjs pourraient tenter
leur chance si l’un des Templiers accepte de les accompagner.
Il leur faudra alors faire antichambre dans Angle Fort, sur
Yelmalio Hill, au nord du Jardin. Du sommet, parmi les ruines
de l’ancien temple, ils pourront contempler les frondaisons
mystérieuses du Jardin. Le Templier prévient de sa présence
en utilisant son bouclier comme un miroir pour envoyer des
flashs lumineux vers le Jardin. Il faut ensuite attendre que des
Aldryami les approchent… en priant pour que les trolls ne se
présentent pas les premiers ! A terme arrivera un groupe
d’aldryami mené par deux elfes verts initiés de Halamalao
(nom aldryami de Yelmalio), Seomale et Teshana (P: GtA,
p. 109). Ce dernier parle « tradetalk », ainsi que la langue
sacrée des cultes du ciel, la « langue ignée (firespeech) ». A
nouveau, éviter que le Yelmalite psj qui introduit les Pj aux
elfes occupe le devant la scène ! Il reste garder la colline tandis
que les Pjs vont vers le Jardin.
 Enfin, les Pjs pourraient obtenir l’accès au titre de leur aide
directe. En effet, comme on l’a vu, les trolls entendent profiter
de l’occasion pour attaquer leurs voisins. Les berserkers zorak
zorani utiliseront leur affinité avec le feu pour dévaster les
abords du Jardin, testant les défenses afin de décider de la
stratégie à adopter. Pendant ce temps, un fort parti tentera de
réaliser un objectif ancien : occuper Angle Fort sur Yelmalio
Hill et s’y retrancher pour créer une tête de pont stable au sud.
Que les Pj, d’une façon ou d’une autre, contrecarrent ce projet,
voire sauvent quelque chef aldryami, et ces derniers
pourraient, sinon les accueillir dans le Jardin, du moins
discuter avec eux sur leur frontière.
Les aldryami face au fléau
Les habitants du Jardin font face à une grave crise, ce d’autant
plus que l’attaque plonge au plus profond de leur passé mythologique.
Si la partie du Jardin sise au sein des murs est à l’abri des insectes, la
végétation qui déborde de l’enceinte est en première ligne. L’effet des
rituels de croissance d’Aldrya leur assure une protection certaine mais
la masse des insectes est telle que le rituel s’avère vite insuffisant.
Toutes les énergies magiques de la communauté sont donc tendues
dans l’effort de défense, stimulant la croissance des plantes au fur et
à mesure qu’elles sont dévorées. Malheureusement, l’attaque
simultanée des Trolls sur les arrières mine les capacités de résistance
et une partie des défenseurs doit faire face aux incendies et aux
envahisseurs en armes.
Les Pjs peuvent éventuellement assister (par exemple, s’ils se
sont approchés par le sommet des murailles) au repli des plus grands
arbres. Eveillés par les aldryami, ils avancent lourdement vers
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Hippogriff Gate, couverts d’insectes affamés. Sitôt sauvés par la
protection des murailles, ils partent vers la frontière intérieure pour
contrer les attaques des trolls. Les Pjs peuvent également les voir en
cet endroit et remarquer les dommages infligés à leurs frondaisons par
les milliers de petites bouches.
Alors que le Jardin semble sur le point de succomber, au
sommet de la muraille et un peu partout dans la frange extérieure, vont
éclore soudainement d’immenses et magnifiques fleurs violettes,
semblables à des lotus. Il en émane une intense lumière dorée et leurs
corolles semblent attirer les criquets qui s’y précipitent en grappe et
semblent ne plus en sortir, consumés par la lumière. Cette « ligne de
défense » a été activée par le Haut Jardinier, grand-prêtre d’Aldrya,
au terme d’une Quête héroïque qui l’a amené à revisiter l’Exil des
Elytres. Ces fleurs sont les mythiques Fleurs Pourpres de Yamsur le
Spendide, le dieu solaire du Jardin de Genert, qui viennent prendre
leur revanche sur les traîtres. Comme tous les affrontements
mythiques la bataille semble destinée à s’éterniser et l’apparition des
fleurs ne suffira pas à régler le problème, le Haut Roi en est conscient.
Les informations des aldryami
Si les Pjs parviennent à établir le contact, ils rencontreront en
lisière du Jardin un représentant du Conseil des Anciens. Il s’agira de
l’Ami Semi-Elfe, initié de Pavis, ou Ami du Fils Lumineux, prêtre de
Yelmalio, selon qui les a recommandés. A priori, ils peuvent en
obtenir les informations utiles suivantes, à condition évidemment que
les bonnes questions soient posées :
 Le récit du mythe de l’Exil des Elytres dans sa version la
moins favorable aux insectes (voir ci-dessus l’Histoire).
 La nature des fleurs pourpres qui leur servent à repousser la
nuée : ce sont les fleurs sacrées de Yamsur le Splendide, le
Soleil du Jardin.
 Les insectes accueillis par le Jardin vivaient au pied du Trône
de Seolinthur, le Roi des Serpents, d’où partaient les cours
d’eaux qui irriguaient le jardin. De même qu’ils avaient
dévoré les fleurs, les criquets se gorgèrent des eaux du Fleuve-
Dieu.
 Le récit de la bataille d’Earthfall, marquée par la destruction
des Elfes blancs, la mort de Yamsur et de Seolinthur, tous
deux affaiblis par la trahison des insectes, mais aussi par la
transformation de l’armée de Genert en sable de cuivre, ainsi
que par la lâcheté de Tada et du Storm Bull qui manquèrent à
l’alliance. Pour les Aldryami, la Bataille Eternelle est le
châtiment du Storm Bull pour sa lâcheté… Quant à Tada, c’est
sa honte qu’il cache sous les tonnes de pierre du fameux Haut
Tumulus.
 Comment se rendre sur le théâtre d’origine du mythe, là où
fleurissaient auparavant le Jardin de Genert ? Les Adryami
savent que le cœur de l’ancien Jardin se trouve loin à l’est, en
un endroit à présent occupé par ce qu’ils appellent « la bave
de Krjalki ».
 Les Aldryami n’ont aucune idée des itinéraires vers ces
endroits mythiques. La Désolation est trop hostile à leur race.
 Les Aldryami ne révèleront jamais le lien existant entre le site
de Pavis et le Jardin de Genert.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
La source du mal
Lorsque les Pj auront effectué le tour des sources potentielles
d’information, ils devraient être en possession des données
pertinentes suivantes :
 La nuée est liée à un prêtre kitori, initié à Argan Argar et
Gorakiki.
 Celui-ci veut se venger d’un khan de l’Hippotrague, mais
peut-être aussi de l’argrath.
 Il est probable que le yelmalite Amaranth Eiskolli soit aussi
impliqué.
 La nuée tire sa source du mythe de l’Exode des Elytres dont
l’épicentre mythique se situe au cœur du Jardin de Genert.
 Le Jardin de Genert avait son cœur quelque part dans la
Désolation là où se trouve la « bave de Krjalki » et le « Trône
de Seolinthur ».
Dès lors, il semble nécessaire de se rendre sur place pour
comprendre ce qui se passe. Ce sera en tout cas la conclusion de leurs
commanditaires… Si les joueurs y pensent dans l’optique d’une
éventuelle rencontre avec Beranduzor et demandent quelque chose en
ce sens à Choktar Nightlids, le prêtre d’Argan Argar pourra effectuer
sur eux un rituel les marquant provisoirement comme des amis du
culte. Le rituel doit être réitéré à chaque grande fête annuelle de celui-
Qui-Murmure-dans-les-Ténèbres.
Une fois la décision prise de partir sur les traces du Kitori, deux
problèmes se posent : sortir de Pavis et trouver le Jardin de Genert.
17
Je traduis ainsi Desert Tracker que je n’aime pas, car cela fait trop moderne. J’ai
pris le sens étymologique de Désert, eremos, vide.
Le premier est relativement aisé à résoudre. Les Pj peuvent
bénéficier de l’aide de Bugrun ou des contrebandiers liés au temple
du Zola Fel qui utiliseront la même méthode que pour Baglop. Korgar
Wolfhelm peut également faire se lever un vent suffisamment violent
pour ouvrir un tunnel dans la nuée le temps que les Pj passent.
Evidemment, utilisez-le uniquement si les Pj ne peuvent pas briller
par eux-mêmes, d’une façon ou d’une autre. Dans tous les cas, cela
permettra de sortir de la zone occupée par la nuée, mais laisse ensuite
les Pj à pied.
La question de l’itinéraire est autrement compliquée puisque
les Pj savent seulement qu’ils doivent aller à l’est. Pour une question
d’itinéraire, ils devraient avoir le réflexe d’aller consulter les prêtres
d’Issaries. La simple mention de Genert fera s’étouffer Kolli le Dodu
(P: GtA, p. 157) qui expliquera que les disciples de Garzeen, s’ils
tombent sur un lambeau de peau de hyène, doivent partir en
pèlerinage dans la Désolation pour contribuer à la renaissance de
Genert. Il n’en sait pas plus car il ne connaît personne qui en soit
revenu et ces pèlerins sont ensuite tenus au secret. Heureusement, il
existe une parade à la malédiction que l’on enseigne à tout initié de
Garzeen : il est licite de vendre la peau de hyène à un Arpenteur du
Vide qui prendra sur lui la réalisation de la quête. Les Arpenteurs du
Vide sont des prêtres de Goldentongue, des « saints caravaniers » (P:
GtA, p. 166). Ce sont les disciples de Caarith, une compagne
d’Issaries du premier Âge, qui dédia sa vie à la découverte du chemin
vers la légendaire Terre de Splendeur à travers la Désolation. Ceux
des dévots d’Issaries qui parviennent à mener leur caravane sur cet
itinéraire, au prix d’années d’efforts, appartiennent au cercle très
fermé des Arpenteurs du Vide17. Or, à Pavis, réside un tel individu :
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Kost le Traqueur. Issu de la tribu des Chevaucheurs de Zèbre, Kost est la Terre des Vautours, au-delà le relief de la Désolation
est revenu il y a deux ans de son itinérance sacrée et la revente des devient plus clément.
objets d’Orient l’a rendu, murmure-t-on fabuleusement riche. Fort de  Krjalki est une divinité du Chaos, la Mère des Monstres, la
leur appartenance commune au culte d’Issaries, Kolli peut servir corruption de la création. Cette information est évidemment
d’intermédiaire pour entrer en contact avec lui. accessible à bon nombre d’autres personnes.
 La malédiction de Garzeen naît de la Tâche sacrée des
Kost est en effet l’homme idéal mais, attention, jouez-le
Hyènes. Celles-ci savent certainement où se situaient le Jardin
correctement : c’est un mystique du voyage dans les terres ravagées
de Genert, mais tout ceci est un secret des Peuples du Pacte
et il n’est pas plus envisageable pour lui de donner des consignes
(les Chevaucheurs d’animaux) qu’il ne lui revient pas de
pragmatiques et des itinéraires précis que pour une prêtresse de Maran
révéler. Il faudra demander aux Gens du Pacte (lorsque Genert
Gor de vous faire le tour du propriétaire du Temple des Secousses
mourut, des débris de son corps couvrirent tout Prax. La
pour vous vendre des souvenirs. Entre guillemets, vous trouvez
hyène prit sur elle de dévorer les restes morts pour aller les
quelques formules à replacer pour bien l’incarner.
déposer dans une caverne secrète où les esprits de la terre
Que peut Kost pour les Pj et leurs commanditaires ? recomposent lentement le corps de Genert en vue de sa
résurrection). Si on lui oppose que garder le secret met Pavis
 Identifier la « bave de Krjalki » avec le Krjalki Bog, un marais
en danger, il répond en souriant que « toute ville est une
situé loin à l’est de Pavis, dans une zone particulièrement aride
insulte à la face de Waha et des Peuples du Pacte » et que cela
que les nomades appellent le Wahafanzali, au-delà de la Terre
ne le concerne pas.
des Vautours. Si on l’interroge sur la distance (environ 300
 Yamsur et les Fleurs Pourpres. Cela ne lui dit rien dans
km à vol d’oiseau), il répondra que « là-bas, les distances ne
l’absolu mais il a entendu dire que « à proximité de là où
veulent rien dire, la Désolation est un Pays Saint, où le respect
s’affrontent le Krjalki Bog et les Sables de Cuivre s’étend une
de la loi de Waha et la foi dictent seuls la progression de
zone de pâture particulièrement prisée des Chevaucheurs de
l’homme en quête de vérité. Un mécréant ou un profanateur y
Bisons18 qu’ils nomment la Pâture Double Clan des Fleurs
errera sans atteindre son but jusqu’à ce que le Taureau
Pourpres ». La précision « Double clan » est une unité de
Tempête dépose les armes », c’est-à-dire jamais puisqu’il
mesure de la capacité de la zone à nourrir les troupeaux et un
combat l’Eternelle Bataille. Il lui semble raisonnable de
prévoir deux mois de provisions… Le terrain le plus difficile

18
P: GtA, p. 167 indique que Kost est l’hôte de Chevaucheurs de Bison qui ont
voyagé dans l’Est avec lui. Néanmoins, j’ai écarté la chose car les membres de cette
tribu sont hors-la-loi en Prax après Moonbroth. Mais si vous souhaitez accélérer la
partie en facilitant les choses, un de ses nomades peut être présent et servir de guide
aux Pj. Dans ce cas, SorEel lui aura délivré un sauf-conduit en échange de précieux
produits ramenés par Kost, arguant du fait qu’il était dans l’Est lors de la « révolte »
de ses frères de tribus.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Double Clan19 bison doit être vraiment très étendu ou
extrêmement fertile (pour la Désolation !). Elle est sans doute
occupée en ce moment, étant donné que la saison sèche n’est
pas encore finie. Il croit savoir, mais n’en est pas certain, que
cette zone fut naguère disputée entre les Chevaucheurs de
bisons et les Monteurs d’autruches et leurs alliés20. Lui-même
ne s’y est jamais rendu, mais c’est une étape sur l’une des
routes de migration des Peuples du Pacte, qu’ils appellent la
Piste d’Arnstadle, le premier des khans à être entré dans la
Désolation après l’occultation de Waha. Pour autant qu’il le
sache, la piste part de la Trouée du Mur Peint, qui permet de
monter de la vallée du Zola Fel vers les hauteurs de la Terre
des Vautours (BoDR – Prax, p. 23, remanié de ToRM 14,
p. 31). Espérons ici que la mention du Mur Peint fera tilt pour
les joueurs qui auront recueilli le témoignage de Baglop.
Sinon, c’est une information nouvelle directement utilisable.
Idem, en entendant parler des Sables de Cuivre, ils pourraient
se rappeler de leur évocation par les Aldryami.
 Le Trône de Seolinthur qui serait au cœur du Jardin. Il n’en a
jamais entendu parler, la Désolation est une terre
exceptionnellement aride, il n’existe aucun cours d’eau
pérenne. Il faudra ici se renseigner ailleurs. Les Sages Gris
de Lhankor Mhy peuvent confirmer que Seolinthur est un
ancien dieu fleuve qui irriguait le Jardin de Genert. Dans les
mythes anciens, on appelle généralement « Trône » le point
19
P: GtA, p. 48, indique que les clans bisons dont très grands, rassemblant autour
de 1000 individus avec d’immenses troupeaux. Leur animal les pousse évidemment
à être grégaire. Un Double Clan ferait sans doute aux alentours de 10.000, ce qui
semble énorme pour le Pâturage des Fleurs Pourpres qui fait environ 400 km2. Il
faut donc admettre un pouvoir nutritif particulier desplantes de cette survivance du
Jardin.
d’arrivée des eaux, l’équivalent de ce qui devint la source
après la Destruction de l’Axe21 (the Spike). En revanche, ils
ne le connaissent pas comme Roi des Serpents et les prêtresses
d’Ernalda affirment que les serpents sont liés à la terre, aucun
fleuve n’a jamais été leur roi. Le culte d’Engizzi pourra offrir
la solution : les nomades appellent « serpent » les lits à sec
d’anciens fleuves morts ou de cours d’eau saisonniers. Ce
sont pour eux des lieux sacrés fréquentés notamment par les
shamans de la société secrète des Danseurs Serpents.
 Des informations de base sur la situation actuelle dans la
Désolation. La Désolation participe du Grand Cycle de
Dominance de Prax. Les tribus vaincues s’y réfugient et s’y
endurcissent tandis que leurs vainqueurs s’amollissent de la
vie « facile » de Prax ; les vaincus d’hier, reforgés par la
Désolation, reviennent alors et conquièrent Prax, exilant les
dominants d’hier dans la Désolation. Et le Grand Cycle de
Dominance recommence. Aujourd’hui, ce sont les
Chevaucheurs de Bison et d’Impala qui s’y sont réfugiés après
la bataille de Moonbroth et les Chevaucheurs d’Hippotrague
dominent les meilleures terres de Prax. Cette domination ne
devrait être que temporaire, mais la présence des Lunars,
toutefois, pourrait fausser le cycle…
 Dans la Désolation, les grands khans actuels sont Akasta
Ironspear (P: GtA, p. 54), Grand Khan de la nation des
Chevaucheurs de Bison, et Mokwaha Hearthand, Grand Khan
20
En raison du lien entre ce lieu et la création des autruches, voir plus bas.
21
Rappel : lorsque Wakboth détruisit l’Axe (the Spike), les fleuves qui jusqu’alors
coulait vers l’intérieur des terres inversèrent leur cours pour venir combler le
gouffre béant qui s’ouvrait là où se trouvait naguère la base de l’Axe.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

du peuple de l’Impala (P: GtA, p. 55). Tous les deux sont par rapport aux versions « finales » de l’AAA. La carte sera moins
recherchés par l’Empire. Roneer the Hue, un puissant khan jolie22, certes, mais le mystère plus excitant. Rappelez-vous aussi que
des Hippotrague (P: GtA, p. 55), a renoncé à installer son la Désolation est largement terra incognita pour les « civilisés » et
peuple en Prax de façon pérenne et arpente pour la Désolation que les nomades protègent jalousement ses secrets, se refusant à en
pour garder intacte leur force. Il est probable qu’il contrôle ce parler.
qui s’y passe pour le compte de l’Empire.
 Kost sera également d’une grande aide pour les questions de
logistique, voir ci-dessous. En revanche, il ne connaît pas la
zone où vont les Pj, étant passé bien plus au sud dans le
Wahoranstol.

Avec ce qui précède, les Pj ont normalement de quoi partir en

quête, même si évidemment toutes les difficultés ne sont pas
aplanies ! Sauf si tout le groupe est composé d’Uroxi, ils hésiteront a
priori doute à se jeter dans le Krjalki Bog et leur meilleure option
semble donc de tenter de rejoindre la fameuse Pâture des Fleurs
Pourpres qui se situerait entre les Sables de Cuivre et le marais
chaotique. Or les nomades connaissent le chemin, qu’ils appellent
« Piste d’Arnstadle ». Et il part du Mur Peint, où Beranduzor a été vu
pour la dernière fois. Gageons que c’est là qu’ils se rendront, mais
évidemment laissez-les trouver une solution plus personnelle.

Dans toutes les discussions d’itinéraires et de géographie, il est

préférable de ne PAS montrer de carte officielle aux joueurs mais de
jouer la chose, Kost dessinant devant eux, avec toutes les
approximations que cela suppose. Aidez-vous pour dessiner de la
carte issue de TBoDR – Prax, p. 50-51 qui présente des imperfections

22
Enfin en tout cas si vous dessinez comme moi !
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Un détour par la case départ ?
Si les aventuriers ont réuni suffisamment d’information sur ce
qui s’est passé en amont de l’arrivée du fléau auprès de Baglop, de
Chokal Nightlids, de Bugrun et d’Amaranth Eiskolli, ils pourraient
parfaitement décider d’explorer d’abord d’autres pistes que celle
menant dans la Désolation. Leurs commanditaires ne seront pas
enthousiastes d’un éventuel délai, mais ils peuvent se rendre aux
arguments des Pj. A priori, deux pistes peuvent se proposer : le clan
des Sabots Rouges et Lurukanth Manbreeder. Impossible de les
trouver par soi-même dans les immensités praxiennes et il faut ici
pouvoir obtenir des informations des autorités lunares ou de la Guilde
des Marchands de Pavis.
Les Lanciers Antilopes tentent de surveiller au mieux les
mouvements des tribus et les aide-de-camp de Sitzmag Redmoon
compilent leurs informations. La Guilde est ici moins bien renseignée
mais vous pouvez envisager qu’un de ses membres ait utilisé des
guerriers de cette tribu comme gardes pour ses caravanes. Les Pj
apprendront que la tribu campe à proximité de Runegate, sous
protection du Temple des Papst. Les guerriers seraient
majoritairement absents, partis à la suite du khan Scarel Sandtongue.
Où ? Mystère ! Enquêter auprès de la tribu peut permettre à des Pj
habiles d’en apprendre plus sur la présence du prêtre étranger qui
« trahit » le khan et l’attaqua dans une vieille tombe. S’ils obtiennent
d’être menés sur ce lieu « tabou » et pénètrent dans la chambre
funéraire, ils seront attaqués par le dehori du prêtre. Il s’est remis de
l’attaque par le javelot d’or, mais demeure incapable de quitter le
sous-sol. Eventuellement, ils peuvent parvenir à négocier avec lui. Le
dehori demeure lié au prêtre et « sent » confusément dans quelle
direction aller pour le trouver. Il acceptera de se lier à un Pj,
idéalement initié à la rune de Ténébre, devenant alors son ombre.
L’homme devient « l’ancre » qui permet au dehori de sortir de la
chambre. Ultérieurement, il peut intervenir pour l’aider si vous le
souhaitez mais l’essentiel de sa puissance passera dans le fait de
résister au soleil. Surtout n’en faites pas une arme vivante qui vole la
vedette aux Pj lors des combats. Au contraire, jouez-là, « Frodo et
l’Anneau », le dehori suçant l’énergie de son « porteur » pour
survivre en plein jour.
Quant au Morokanth, des membres de la Guilde impliqués
dans le trafic d’esclaves peuvent l’identifier et révéler qu’en cette
saison, il se trouve sans doute non loin du Pimper’s Block (GtG,
p. 456), vendant son cheptel à des intermédiaires pour contouner
l’interdiction faite aux Morokanths de fréquenter ce marché
d’esclaves réputés. C’est a priori trop loin pour que les Pj y aillent
mais on ne sait jamais avec ces fous de joueurs. Dûment convaincu
par un mélange de menaces et de récompenses, Lurukanth
Manbreeder pourra raconter l’ensemble du complot. Pour le mettre en
scène avec sa troupe, inspirez-vous de P: GtA, p. 125-126.
Evidemment, si vous préférez que vos Pj aillent au fond des
choses sur le passé de l’affaire et que vous avez décidé de jouer en
« version longue », placez Lurukanth dans un endroit plus abordable,
par exemple, dans la région de la Concession de Red Cliff dans les
Grantlands (P : GtA, p. 71-74). Ces zones ont toujours besoin de main
d’œuvre pour leur développement, attirant les trafiquants d’esclaces.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
SUR LA PISTE D’ARNSTADLE
Distance et logistique
Ce qui suit est un peu abscond (pour rester poli), mais pourra
vous resservir pour toute expédition dans des conditions similaires,
quel que soit le jeu.
Si les Pjs décident de suivre l’itinéraire d’Arnstadle, il leur
faudra effectuer deux voyages complémentaires, d’abord jusqu’au
pied du Mur Peint, ensuite jusqu’à la Pâture des Fleurs Pourpres. Dans
ce qui suit, les distances sont calculées à partir de l’Atlas d’Argan
Argar (p. 30). Ce sont évidemment des distances « à vol d’oiseau »,
non au sol, mais la conversion est a priori prise en compte par les
vitesses de déplacement, donnée dans P: GtA, p. 94. Sinon, difficile
de justifier que l’on se déplace de 8 km en une journée, même sur un
Terrain Très Difficile. Ce sont 8 km à vol d’oiseau, peut-être donc
une bonne vingtaine au sol sur ce type de terrain.
Dans la carte fournie ici, et dans le texte, les distances sont
donc « à vol d’oiseau », 8 km par hexagone. Les durées indiquées
dans le texte prennent en compte le relief via les vitesses moyennes
de déplacement.
La première partie du voyage n’est pas si évidente qu’il
pourrait sembler car le Mur Peint se trouve en bordure du Comté du
Soleil et il est possible que les Pj ne soient pas des grands amis des
Yelmalites. Surtout s’ils ont œuvré contre Amaranth Eiskolli pour
récupérer le masque de plomb… Evidemment, un sauf-conduit de
SorEel règlerait la question, mais cela revient à mettre les Lunars au
courant de l’expédition, avec le risque qu’ils en captent les bénéfices.
Laissez les joueurs régler ces questions de diplomatie politico-
religieuse, cela fait partie du plaisir !
S’ils choisissent ce chemin (A), il faut compter trois jours pour
Hembold par le fleuve. Puis 56 km à travers le Comté du Soleil
(Medium Terrain - MT), soit 2,5 jours à pied, 2 jours montés (en
comptant le temps perdu pour trouver les bêtes à Hembold et leur faire
traverser le Zola Fel). Ajoutons une journée pour les fastidieux
contrôles des autorités locales, plutôt paranoïaques. Total : 6 à 6,5
jours.
L’autre solution (B) exige un long détour : remonter plein
nord, jusqu’à l’endroit où la falaise s’abaisse, au niveau de Where-the
Rock-Speak, puis longer la falaise (Very Hard Terrain - VHT) jusqu’à
la Trouée du Mur Peint. Cela représente 112 km dans la vallée et les
collines (MT - 4,5 jours à pied ; 3,5 monté), puis 216 dans la Terre
des Vautours (VHT - 44 jours à pied ; 27 monté). Au total donc, 49,5
jours à pieds ou 30,5 jours montés.
Enfin, les Pj peuvent partir plein est, escalader la falaise au
nord du Comté du Soleil, puis la longer vers la Trouée du Mur Peint
(C). Dans ce cas, ils parcourent environ 105 km en vallée (MT), puis
90 dans la Terre des Vautours (VHT). Cela représente 4,5 jours à pied,
3,5 monté, jusqu’à la falaise, puis (si personne n’est mort durant
l’escalade…), 18 jours à pied dans la Terre des Vautours (les
montures ont de faibles scores en « grimper »). Admettons qu’ils
rencontrent d’emblée des nomades qui, non seulement ne les
dépouillent pas, mais acceptent de leur vendre des montures, on
tombe à environ 12 jours. Total entre 15,5 et 22,5 jours.
La seconde partie du voyage, en suivant la Piste d’Arnstadles,
représente 190 km depuis le sommet de la Trouée du Mur Peint, dont
90 pour passer la barrière de la Terre des Vautours. Traverser la Terre
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
des Vautours (VHT) va donc prendre, idéalement, 18 jours à pied, 11
avec des montures. Puis, le chemin à travers le Wahafanzali (Hard
Terrain - HT) jusque vers la Pâture prendra 6 jours à pied ou 5 montés.
Total entre 24 et 16 jours.
Selon les options, sur le papier, le voyage peut donc varier de
37,5 jours à 96 (les chiffres précis liés à l’itinéraire réel sont donnés
plus bas, ici vous avez des données de base abstraites pour aider les
joueurs réfléchir au voyage). Ce, bien entendu, sans compter les alea
du voyage, qui nécessitent de prendre une marge de sécurité pour les
provisions. La question cruciale est donc celle des réserves
disponibles dans Pavis… C’est une variable que vous pouvez ajuster
pour régler la difficulté du scénario. Huit semaines, soit 56 jours, ou
une saison, me semblent raisonnables. La magie va aider, renforçant
par exemple la valeur nutritive des céréales stockées, mais on est en
fin d’année, juste avant la récolte, lorsque les réserves sont au plus
bas. Dans cette configuration, les itinéraires les plus longs,
notamment celui par Where-The-Rock-Speak, me semblent
impraticables mais laissez-les joueurs choisir les risques pour eux et
pour Pavis.
Quel que soit leur choix, la logistique du voyage ne se règle
pas aisément23. Kost sera également ici d’une grande aide et leurs
commanditaires sont prêts à payer les frais. Brygga Scissortongue
notamment leur donnera une lettre pour que ses parents résidants à
Garhound répondent à tous leurs besoins logistiques (provisions,
23
J’utilise ici les normes appliquées dans l’armée romaine, les légionnaires n’ayant
sans doute rien à envier au Pj de base en terme d’endurance en voyage… Quand
des données manquent, j’ai consulté les études de l’armée américaine et les
mules etc.). Comme on va le voir, le véritable problème n’est pas le
coût.
Les rations journalières pour un homme représentent 1,5 kg
de nourriture, plus environ 6 litres d’eau vu le climat, le relief et le
degré d’activité, disons donc 7,5 kg par jour de poids. Une mule,
quant à elle, consomme une ration standard de 2,2 kg de céréales, plus
environ 6,8 kg de fourrage. Evidemment, dans la Désolation, le
fourrage ne va pas exactement être abondant. Il faut donc en emporter
l’essentiel. Chaque mule consomme donc 9 kg de nourriture chaque
jour. Admettons que l’on prenne plus d’orge, plus nourrissant, et que
les mules paissent un minimum, le tout diminuant la charge de 2 kg
par jour24, cela laisse 7 kg à porter. Mais le véritable problème est
l’eau, car les onguligrades boivent énormément. Une mule consomme
jusqu’à 94 litres d’eau par jour en faisant de gros efforts dans un
climat très chaud ! Même en conditions d’effort et de climat normal,
environ 38 litres sont nécessaires quotidiennement. Je prendrai donc
pour le voyage considéré ici 50 litres par jour. Or en l’absence de
points d’eau espacés d’une journée, il faut les porter…
Vu la difficulté du terrain et la chaleur, on peut considérer que
l’apport des Pj au transport sera négligeable. Leurs armes, leurs
armures, le matériel de camp etc., va déjà bien les occuper s’ils ne
veulent pas affronter chaque combat totalement épuisés et, de toute
façon, transpirer davantage, donc devoir prendre plus d’eau…
Le transport repose en conséquence sur les mules, lesquelles
en fait portent essentiellement leurs propres provisions ! On considère
publications du ministère de l’agriculture US du début du XXe siècle, pour les
régions chaudes des USA (les modèles « naturels » des créateurs de Runequest).
24
C’est déjà énorme dans la Terre des Vautours, mais c’est possible dans la
Wahafarzanli, donc je « simplifie ».
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
qu’une mule peut porter jusqu’à 192 kg,
mais sur une longue distance, les armées
préconisent une charge de 96 kg,
éventuellement 104 si le trajet n’est pas trop
long. C’est toujours dommage de voir la
mule mourir et de devoir abandonner son
paquetage…
Si chaque Pjs part avec une mule,
leur consommation quotidienne va
représenter 64.5 kg. Or pour 5 Pj voyageant
une semaine avec chacun une mule, on
atteint 2257 kg, plus de deux tonnes… Et,
ici, je considère comme négligeable le poids
des conteneurs. J’ai bien conscience que cela semble énorme, mais
les chiffres viennent de manuels militaires antiques ou de manuels
d’agronomie modernes.
On arrive donc rapidement à « l’horizon logistique », c’est-à-
dire le moment où le mouvement est impossible. Par exemple, dans
l’exemple qui précède, nous avions obtenu 2257 kg de bagage pour 5
Pj et 5 mules avançant une semaine. Or, les cinq mules ne peuvent
guère porter plus de 500 kg sur cette durée. Il faudrait donc 25 mules
pour bouger le ravitaillement des cinq premières mules. Et donc des
mules pour porter la nourriture de ces nouvelles mules. Et des mules
pour le ravitaillement des précédentes etc., etc. Ce n’est pas pour rien
que les armées bougent souvent le long des fleuves ou des côtes,
profitant des navires de charge, n’entrent pas en montagne et que
25
Je n’envisage pas les chevaux puisque les nomades attaquent alors à vue.
Rome a conquis le monde en construisant
partout des routes empruntables par les
chariots…
Telles sont les principales données du
problème pour les Pjs. La première
conclusion est qu’ils peuvent oublier l’idée
de partir en expédition montés. Il faudrait
aussi porter l’eau de leurs mules de bât25 ! La
seconde conclusion est qu’il sera impossible
de progresser sans refaire très régulièrement
les provisions.
C’est la raison pour laquelle, dans la
Désolation plus qu’ailleurs, la ligne droite est
le plus court chemin vers la mort. On fait parfois d’importants détours
pour bénéficier de chaînes de points d’eau. A priori, détail que peut
donner Kost, les nomades prévoient des itinéraires calculés pour
permettre des points de ravitaillement, au moins en eau, espacés au
plus de 4 jours. Comme les nomades voyagent montés, les relais ne
sont donc pas espacés, idéalement, de plus de 32 km dans la Terre des
Vautours et de 75 km dans le Wahafanzali. Pour les Pj qui voyagent
à pied, cela représente en revanche des étapes de 6-6,5 jours dans le
premier cas, de 4,5 jours dans le second. Or, avec des mules, on atteint
d’emblée « l’horizon logistique », puisque, de fait, on ne dispose
guère de plus d’un jour et demi d’autonomie (voir le tableau)26.
A ce stade, je pense que vous avez compris le problème des
expéditions dans la Désolation… De fait, personne n’est libre de son
26
Avec une mule par personne, 5 Pj ont 1,5 jours d’autonomie. Avec 15 mules
(5/Pj), ils atteignent péniblement 1.74 jours. Le gain par mule est donc négligeable.
Il faudrait des troupeaux entiers pour avancer.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

itinéraire. On est obligé de progresser d’oasis en oasis, ou au moins d’autonomie sera très limitée, même dans les serpents et après un
de puits en puits. Et donc, malgré l’immensité de l’espace, le contrôle orage : entre 1,6 et 2,5 jours.
politique peut être extrêmement étroit. Pour voyager, il faut assumer
que tout point d’eau sera occupé par des gens, potentiellement
hostiles… Ainsi, les Pjs ne peuvent pas espérer atteindre leur but NOMBRE DE 1/Pj 2/Pj 3/Pj
discrètement en évitant des contacts réguliers avec les nomades. Ne MULES
leur dites pas d’emblée, cela va les braquer. Laissez-les faire leurs Cons. / jour 322 kg 607 kg 892 kg
calculs… Ils comprendront pourquoi dire « ben, si y a des Lunars Cons. /jour 267,5 kg 502,5 kg 737 kg
en serpent
dans l’oasis, yaka contourner, on n’est pas cons ! » n’est tout 227,5 kg 427,5 kg 627,5 kg
Cons./jour en
simplement pas envisageable. serpent après
orage
Comment s’en sortir ?
Poids portable 520 1040 1560
Le problème concerne essentiellement la Terre des Vautours, Autonomie 1,6 jours 1,7 jours 1,75 jours
parfaitement aride et au relief extrêmement hostile (voir plus bas). Ici, Autonomie en 1,94 jours 2,06 jours 2,11 jours
Serpent
les nomades jouent des « serpents », les lits d’anciens fleuves où la 2,3 jours 2,4 jours 2,5 jours
Autonomie en
progression est plus aisée (entre HT et MT), atteignant 18 km par jour serpent après
à pied, 24 montés. En outre, les eaux des rares pluies tendent à s’y orage
accumuler et sur ces axes, les bêtes, en nombre raisonnable, peuvent
donc trouver un cinquième de leurs besoins en eau en chemin. La
Selon Kost, l’animal idéal pour la Désolation, d’un point de
charge à porter en est diminuée d’autant. Bien évidemment, il faut
vue logistique, est l’hippotrague. C’est, avec le bison, le seul qu’il est
faire la plus grande attention à l’irruption soudaine des orages car les
envisageable de monter sans une longue expérience et/ou une
« flash flood » balaieront tout ce qui bouge dans le lit du fleuve… En
morphologie de pygmée. Et l’hippotrague consomme nettement
revanche, l’eau disponible dans le lit après un orage couvre ensuite un
moins d’eau. Kost conseille donc d’obtenir de SorEel le droit de
tiers des besoins pendant plusieurs jours. Néanmoins, emprunter les
réquisitionner de telles montures auprès des unités de Lanciers
serpents demeure une solution pour les nomades montés. Les Pjs, du
Antilopes qui opèrent hors de Pavis27. En revanche, il ne cache pas le
fait de progresser plus lentement, vont encore avoir bien des
revers de la médaille : les tribus du Bison et de l’Impala se sont
difficultés, car, comme l’indique le tableau ci-dessous, leur marge
réfugiées dans la Désolation après la défaite de Moonbroth et ils

27
Il est évidemment impensable de sortir de la ville avec ces bêtes à cause de la
présence de la nuée.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
pourraient bien passer leur soif de vengeance à l’encontre de la tribu
des Hippotragues sur quiconque utilise cet animal.
La question logistique est un enjeu dramatique essentiel du
scénario : entrer la Désolation sans l’expérience des nomades, ce n’est
pas aller pique-niquer dans les bois près de chez vous. Que ce soit
clair pour les joueurs et faites de leur expédition un cauchemar dont
ils se souviendront avec délices !
Ceci étant, voyons à présent le parcours en détail…
Un sac de nœuds
Si les Pj suivent les conseils de Kost le Traqueur, ils devraient
tenter de suivre l’itinéraire établi il y a plus de mille ans par
Arnstadles. Ce dernier était le premier khan à s’être risqué dans la
Désolation après l’occultation de Waha. Toutefois, cela n’est pas la
seule solution, voir par exemple Un détour par la case départ ? pour
l’utilisation éventuelle du dehori comme guide.
Si jouer cette recherche d’itinéraire ne vous intéresse pas, vous
êtes évidemment libre de décider que la magie d’Issaries puisse
suffire. La seule solution franchement mauvaise à mon sens est de
laisser Kost accompagner les Pj. Cela revient à faire passer le contrôle
du scénario de ceux-ci à un Psj, les joueurs devenant simples
spectateurs des actions du MJ. A fuir absolument. Ou alors il faut faire
mourir Kost d’emblée au début du voyage pour laisser les Pj faire face
à la catastrophe !
Si vous jouez avec la Piste d’Arnstadles, la question cruciale
sera pour les Pj : comment obtenir cet itinéraire ? Tout dépend ici du
temps que vous voulez consacrer à ce scénario. Le problème est en
fait double : obtenir l’itinéraire et le décrypter.
En effet, les itinéraires des nomades se transmettent de
génération en génération et de lignées à lignées sous forme de cordes
nouées, les fameuses « cordes de Waha ». La corde elle-même
symbolise le chemin à parcourir et les nœuds renvoient à des points
de repère et autres indications pour progresser sur la piste. Sur place,
dans le paysage, des pierres ou des lances dressées, des cairns, des
totems etc., portent des reproductions des nœuds sous forme de
graffiti, constituent des jalons ou indiquant grossièrement la direction.
Ils arrivent qu’en certains endroits des versions « mises à jour » d’une
corde soient déposées, indiquant un problème ponctuel (par exemple,
une invasion de Pentans dans une oasis) ou une modification plus ou
moins pérenne (un puits définitivement à sec).
Les Pj doivent donc trouver la corde de la Piste d’Arnstadles,
puis la déchiffrer. Voici quelques pistes.
 L’option biberon : un vieux Chevaucheur de bison vit chez
Kost et leur confie une corde de Waha en leur en expliquant
le fonctionnement.
 L’option biberon lait caillé : lorsque les pj arrivent, Ogban
Dustfed a déjà tué le Bison pour gêner la quête des Pj. Ils
peuvent encore récupérer la corde, mais pas l’explication.
 L’option fast-food : à force de chercher, les prêtres du temple
de Lhankor Mhy ou d’Issaries découvrent dans leurs archives
une étrange corde à nœuds repliée dans une feuille de velum
sur laquelle un certain Biturian Varosh, prêtre d’Issaries,
décrit cette corde comme la « carte » du nomade qui lui servit
de guide pour aller étudier la Pâture des Fleurs Pourpres une
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
quinzaine d’années plus tôt28. Le prêtre livre ensuite le sens
premier des nœuds, mais pas l’interprétation exacte des
compositions. Ce sera aux joueurs de le faire.
 L’option slow-food : comme ci-dessus, mais le prêtre n’a rien
noté. Tout reste donc à faire pour décrypter la corde.
 L’option Issaries, Ouvreur-de-Voies : le recours à la magie
d’Issaries, divination ou intervention divine, provoque la
« possession » d’un Pj par la divinité. Le Pj se met à nouer des
nœuds mystérieux sur une corde… reste encore à savoir
l’interpréter.
 L’option Issaries, tête-de-nœud : le cas de possession évoqué
ci-dessus amène le bénéficiaire à une forme d’illumination,
Issaries lui révélant le sens des nœuds. Mais il faut avoir déjà
trouvé la corde et interpréter les assemblages de boucles.
 L’option Dirty MJ : peu avant l’arrivée de la nuée, des
prisonniers du Peuple bison ont été amenés en ville, capturés
par une patrouille de Hargran le Sale. Ils sont enfermés dans
le Fort du Zèbre en attendant d’être rançonnés. Si les Pj
parviennent à en libérer un, il pourra leur nouer une corde de
Waha en expliquant le nom des nœuds. Lui-même ne partira
pas : bien qu’il se soit opposé à Narmeed Whirlvishbane
(P: GtA, p. 55), il appartient au clan de ce dernier qui ne s’est
pas retiré dans la Désolation. Le prisonnier souhaite tenter de
regagner son rang parmi les siens. Même raison que pour
Kost : les protagonistes doivent être les Pj.
 L’option Dirty MJ Double Tap : comme ci-dessus, mais le
prisonnier ne sait pas tresser la corde, juste donner le nom des
nœuds si on la lui montre.
28
Les Sages n’ont retrouvé la chose qu’après que Kost a identifié établi le lien
entre les fleurs et l’endroit. « C’est plus facile quand on sait ce qu’on cherche ! »
 L’option Sadiko Emji : qu’ils se débrouillent une fois sur place
pour négocier avec les nomades pour obtenir la corde ou son
interprétation…
 Nul doute que les joueurs trouveront d’autres solutions
encore, si leurs idées sont bonnes, sautez sur l’occasion.
Attention, je crois essentiel que les joueurs aient à réfléchir sur la
lecture de la corde. Donc permettez-leur d’obtenir les noms de base
des nœuds mais pas l’interprétation de leurs associations sur la
corde.
Evidemment, la corde des Pj ne couvrira a priori que les premières
étapes de la Piste d’Arnstadle, de la Trouée du Mur Peint jusqu’à la
Pâture des Fleurs Pourpres. La corde comprend sept nœuds, lesquels
recouvrent davantage d’étapes (voir les appendices).
Le premier et le dernier nœud indiquent le sens de lecture, les
cordes étant toujours orientées est-ouest, axe principal des migrations
dans la Désolation. Ici, le nœud de départ est « nuit », le nœud
d’arrivée est « matin », l’itinéraire est donc globalement ouest-est.
Le second nœud, qui correspond donc au point de départ,
comporte trois boucles distinctives qui correspondent à « eau »,
« esprit » et « roche ». Chaque boucle est d’une taille supérieure à la
moyenne. Cela correspondant pour les nomades à une grande falaise
ou rocher dédié aux esprits à proximité d’un grand cours d’eau. C’est
évidemment une référence à la falaise couverte de pétroglyphes qui
surplombe la vallée du Zola Fel, le Mur Peint, haut lieu du
shamanisme praxien.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Vient ensuite un troisième nœud associant les boucles de
« Waha », « Hyène » et « Chaos ». Cela renvoie à un mythe bien
connu des nomades qui relate comment le Boucher s’allia au fauve
pour combattre la Mère des Pestes sur les lieux des Selles de Malia29.
Kost peut raconter le mythe.
Le quatrième nœud correspond dans le « vocabulaire » des
cordes à un « serpent », c’est-à-dire au lit d’un cours d’eau
temporaire, qu’il convient de suivre. Du nœud pend une cordelette
portant elle-même 8 nœuds. Sept correspondent à « œil ». Les
deuxième, quatrième et septième sont associés à la boucle « eau ».
Enfin, entre le cinquième et le sixième nœud « œil » s’intercale un
nœud correspondant à « été » placé « la tête en bas ». Chaque œil
correspond à une caverne s’ouvrant dans le lit sec du fleuve (comme
la Falaise d’Eyes Rise de la vallée du Zola Fel, P: GtA, p. 73). Trois
de ces sept cavernes (2e, 4e, 7e) recèlent une source. La boucle « été »
inversée indique que le passage entre les deux premiers points d’eau
ne doit pas être tenté durant la saison sèche, signe que la distance entre
les deux puits est sans doute assez grande ou qu’un puits peut alors
être sec.
Une longue cordelette rejoint les quatrième et cinquième
nœuds, dédoublant la corde principale. Au centre de cette cordelette,
la boucle « esprit ». Cela signifie qu’il faudra a priori invoquer un
esprit pour être guidé vers le prochain point de repère. En revanche
pas de précision sur l’identité de cet esprit. Si aucun Pj ne peut
invoquer d’esprit, ou ne peut parer au plus pressé avec la magie
d’Issaries, la boucle utilisée est celle du cheval. Cet animal est honni
29
En anglais, Malia’s Stool. Stool peut se traduire par “selles, “excrement”, ou
“tabouret”. Etant donné l’explication mythique, le premier sens me semble
des nomades praxiens et il n’est utilisé que pour marquer la direction
du nord, vers Pent, la contrée des peuples du cheval.
Le cinquième nœud associe les boucles « khan », « frère » et
« Mort Paisible » (Peaceful Cut). Cela évoque le Sacrifice du Bison
d’Arnstadles, lorsque le khan, face aux difficultés, tua sa monture
pour prouver sa détermination aux siens, se disant ainsi « prêt à
continuer à pied », pour les remotiver. C’est l’esprit de ce bison qui
vient chercher les nomades au nœud précédent lorsqu’un shaman
l’appelle. Il faudra que les joueurs fassent le lien entre les deux nœuds,
ce qui n’est pas si compliqué. A défaut, en allant vers le nord sur la
foi de la boucle « cheval », ils passeront à portée de l’étape et des
cairns portant la marque d’Arnstadles les orienteront dans la bonne
direction, voir plus bas le détail de l’itinéraire.
A nouveau, une cordelette relie les cinquième et sixième
nœuds. Elle porte la boucle du Matin, indiquant l’est, direction à
prendre pour atteindre la sixième étape.
Le sixième nœud comprend les boucles « pâturage » et
« géant ». Ce nœud renvoie ici à Genert et sert aux nomades à marquer
les sites aux abords de l’ancien Jardin.
Au final donc, l’itinéraire est le suivant (voir aussi la carte) :
Du Mur Peint à Waha et les Frères Hyènes : 20 km (2.5 hexagone) 4
jours à pied.
Waha et les Frères Hyènes – Le Serpent des Sept Yeux 1 : 24 km, (3
hexagone) soit 1,25 jours à pied.
s’imposer, mais pour garder l’ambiguïté avec un type de siège, j’ai pris « selles »
qui peut aussi s’entendre dans les deux mêmes sens opposés.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Le Serpent des Sept Yeux 1 – Le Serpent des Sept Yeux 2 : 32 km (4 Vent (s’il faut faire pleuvoir) et d’Issaries le Jour Sauvage (s’ils sont
hexagone) soit 1,6 jours à pied. perdus).
Le Serpent des Sept Yeux 2 – Le Serpent des Sept Yeux 3 : 48 km (6
hexagones), donc 2,5 jours à pied30.
Le Serpent des Sept Yeux 3 – Le Sacrifice du Bison d’Arnstadles : 32
km (4 hexagones), soit 2 jours à pied.
Le Sacrifice du Bison d’Arnstadles – La Pâture des Fleurs Pourpres :
32 km (4 hexagones), soit 2 jours à pied.
Pour les Pj voyageant avec leurs mules, la première section est
donc a priori impossible. Les deux suivantes sont raisonnables. La
quatrième n’est a priori faisable qu’en empruntant un serpent après un
orage. La cinquième nécessite un serpent, même « à sec ». Enfin, la
sixième section est à nouveau a priori impossible. L’expédition
s’annonce corsée et les ressources magiques seront mises à rude
épreuve. A toutes fins utiles, un petit élémentaire d’eau représente
27 m3 donc 27000 litres… Ça devrait suffire pour remplir les outres !
Mais un Pj saura-t-il réaliser ce prodige ? Et combien de fois ? Et
n’oubliez pas qu’une telle invocation nécessite que l’élément soit
présent en quantité au moins raisonnables à proximité immédiate pour
canaliser la venue de l’élémentaire.
Par ailleurs, gardez le calendrier sous le coude, cela peut servir
à improviser. Ainsi, à vue de nez, je dirais que les Pj entreront dans la
Terre des Vautours vers le début de la semaine du Mouvement de la
saison de la terre. Cela veut dire un jour saint saisonnier d’Engizzi au
Jour de l’Eau (toujours bien pour créer de l’eau), d’Orlanth le Jour du

30
Le terrain du Wahafanzali est juste Hard, pas Very Hard, P: GtA, p. xxxx.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
L’EXPEDITION
Vous trouverez ici des informations sur chacune des étapes.
Evidemment, les Pj vous surprendront sans doute, laissez-vous
surprendre et improvisez, l’avantage de Glorantha est que tout est
envisageable…
Du Mur Peint à Waha et les Frères Hyènes
20 km (2.5 hexagone), 4 jours à pied. N’oubliez pas qu’a priori, les Pj
se retrouvent sans eau au bout d’environ 38 heures… Cette section du
voyage constitue de fait la principale ligne de défense des nomades
de la Désolation contre les civilisés.
31
Je me concentre ici sur la solution la plus probable, si les Pj ont trouvé une
solution pour arriver par le haut de la falaise, adaptez ce qui suit.
D’une façon ou d’une autre, les Pj, étant sortis de Pavis, se
présenteront à la Trouée du Mur Peint31. S’ils ont négocié l’appui des
Yelmalites, ce ne sera qu’une formalité, sinon cela peut donner lieu à
une véritable session car il faudra traverser le Comté du Soleil en
secret ET rassembler mules et provisions pour entrer dans la Terre des
Vautours. Une solution serait de se faire passer pour une expédition
de Sages Gris venus étudier le Mur Peint. Si les Pj ne s’arrêtent pas à
l’aspect quelque peu sacrilège de la chose, cela fonctionne mieux
encore en se faisant passer pour des disciples d’Irippi Ontor car les
Yelmalites hésiteront davantage à embêter les prêtres lunars.
Sur plus d’un kilomètre, l’immense falaise qui borde la Terre
des Vautours est couverte de pétroglyphes antédiluviens, l’équivalent
praxien du fameux Mur des Dieux du Dara Happa. D’une faille dans
la roche jaillit l’eau de la Nisna, un affluent du Zola Fel qui coule vers
le bourg d’Eiskolli. La région suscite l’horreur religieuse des
Yelmalites qui auraient bien martelé les glyphes s’ils ne craignaient
pas la vengeance des esprits et des nomades. Le pied de la falaise est
donc inhabité et l’on peut y rencontrer, outre des patrouilles, des
Sages Gris ou des shamans praxiens. C’est une bonne occasion de
fournir d’ultimes informations aux Pj si vous l’estimez nécessaire.
Non loin, au sud, une gorge étroite et escarpée, semblable à
une entaille de hache, donne accès aux hauteurs. L’entrée de la gorge
est toujours bloquée par une barricade contrôlée par une dizaine de
miliciens du soleil, commandés par un Templier. Lorsque les Pj s’y
présentent le commandement est assumé par un certain Rurik
l’Impatient32. Si les laissez-passer sont en règle et que les Pj n’ont pas
32
Cela n’a d’importance que si vous jouez une campagne longue. Ce personnage
célébrissime de la « saga éditoriale » de Glorantha (il s’agit du personnage servant
à illustrer les règles dans la première édition de Runequest !) est destiné à devenir,
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

volé mules (marquées au fer) et provisions dans le Comté du Soleil, légèrement vers le nord, l’air a une teinte légèrement verdâtre (les
il n’y a aucune raison que les choses dégénèrent. Si l’on discute avec Copper Sands qui tournoient). Ce n’est que très loin au sud-est que la
Rurik, il conseille surtout d’éviter de marcher vers le nord-est, les vue accroche un ensemble de sommets déchiquetés, les Bleak Hills
mettant en garde, sans plus de détails, contre un « lieu maudit » (les Heights.
Selles de Malia) … Si les Pj se sont renseignés sur le mythe derrière
le nom « Waha et les frères-Hyènes », ils sauront que c’est pourtant
précisément par là qu’ils devront aller ! Si on lui pose explicitement
la question des derniers passages, il mentionnera les hommes de
Scarel Sandtongue, mais pas l’équipe de cadastration (voir ci-
dessous), passée avant qu’il ne prenne son tour de garde.
Lors de l’ascension, les Pj pourront remarquer un peu de
crottin que les plus versés dans les animaux pourront attribuer à des
Hippotragues. Cela marque le passage des forces de Scarel
Sandtongue (voir plus bas). Les quantités sont très faibles, car
l’arrière-garde ramasse le crottin. Séché et moulé en brique, c’est un
bon combustible. Rien ne se perd chez les nomades… Plus haut, on
passe entre des parois creusées de niches accueillant les crânes
d’animaux honorés par les nomades.
Au bout de quelques heures oppressantes dans la gorge, les Pj
déboucheront au sommet de la falaise. Le paysage est dantesque où
que l’on porte le regard. A l’ouest, ils embrassent la vallée du Zola
Fel sur des kilomètres et voient scintiller les dômes des temples
yelmalites dans le lointain (mais pas le principal, situé à une La difficulté de traverser la Terre des Vautours va
soixantaine de km à vol d’oiseau et donc trop loin). A l’est, s’étend la immédiatement leur apparaître. L’ensemble compose un immense
Terre des Vautours, un enfer rocailleux, un immense plateau labyrinthe. Hors de question ici d’avancer directement dans une
extrêmement aride, déchiqueté de profonds canyons. A l’horizon, direction donnée, chaque kilomètre se gagne en négociant le passage

sous le nom de Rurik Runespear, le maître du Comté du Soleil et l’un des principaux Les Pj auront ainsi contribué à la mise en mouvement de la Grande histoire. A
compagnons d’Argrath. Si vous le souhaitez, le templier peut poursuivre les Pj dans nouveau, le seul impératif est qu’il ne fasse pas d’ombre aux Pj (ce qui d’ailleurs
la Désolation (s’il réalise qu’ils l’on trompé pour passer ou sur ordre d’Amaranth pour une Yelmalite serait sacrilège…).
Eiskolli par exemple). Il pourra alors y rencontrer Argrath pour la première fois.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
des canyons, trouvant une piste pour y descendre avec les bêtes
apeurées, puis une autre pour en remonter, au prix trop souvent de
kilomètres de marche dans une direction tout autre que celle du but
final du voyage. Le tout alors que l’air surchauffé tremble et que
cerclent les vautours qui attendent la faute…
De loin en loin, des pierres dressées ou des parois présentent
les pétroglyphes les plus divers… Décrivez bien la chose pour faire
comprendre aux joueurs à quel point des réserves d’eau calculées trop
juste peuvent se révéler mortelles … Et de fait, n’oubliez pas qu’a
priori, les Pj se retrouvent sans eau au bout d’environ 38 à 42 heures
(selon qu’ils ont pris 1 à 3 mules) …
Hors de question évidemment de fournir une carte exhaustive,
mais vous avez plus haut l’exemple d’une petite zone33 pour que vous
vous fassiez une idée de la chose. La carte vient de SotB, p. 61, mais
cela ne signifie pas qu’il faille y placer les structures et habitants de
ce scénario. La carte sert juste pour illustrer ce que peut être le
paysage traversé et éventuellement y mettre en scène telle ou telle
rencontre aléatoire issue des tables de P: GtA, p. 96.
Le relief et le climat ne sont pas seuls à concourir à la
sensation d’oppression. Un malaise indéfinissable ne tarde pas à
s’emparer des voyageurs, lesquels ressentent tout à la fois un
sentiment de vide absolu, d’absence, de manque, d’abandon, et celui
d’être perpétuellement épiés. La chose découle de la nature même des
lieux, vidés de l’énergie vitale de la terre-mère alors que la barrière
séparant le monde physique de celui des esprits est
extraordinairement labile, laissant les voyageurs à la merci de la
curiosité de ces derniers… Les premières nuits seront difficiles, les
33
. Evidemment pour les Sartarites, les choses sont tout autres, Malia étant la
rêves agités, bien qu’au matin, le souvenir s’en soit dissipé. A priori,
seul un shaman peut dessiner dans le sol une ligne sacrée qui tiendra
les esprits à l’écart pendant la nuit…
Laissez-les mariner un peu, faire quelques jets de survie pour
négocier des raidillons, s’organiser contre l’oppression des esprits, se
désespérer de trouver le bon chemin puisqu’ils n’ont aucune
information sur la direction à prendre pour atteindre « Waha et les
Frères Hyènes ». En l’absence de l’utilisation de la magie d’Issaries,
un bon jet leur permettra de repérer, gravé dans une paroi le dessin de
boucles identiques à celle que leur corde utilise pour cette étape. Si,
interprétant correctement la mise en garde de Rurik, ils ont d’emblée
tenté de progresser vers le nord-est, accordez-leur un bonus au jet.
Dès qu’ils ont commencé à repérer les pétroglyphes, de loin en loin,
aux carrefours essentiels, ils trouveront des relais.
La route va finalement remonter sur le plateau et en y
débouchant, ils seront assaillis par une odeur pestilentielle, quelque
chose d’immonde, comme de la charogne marinant dans du vomi…
Le vent qui vient de tourner, charrie cette horreur depuis le nord. Les
mules seront prises de panique et tenteront de s’enfuir.
A bien y regarder, on distingue au loin une étrange colline
noire. Il s’agit des Selles de Malia (TBoDR – Prax, p. 6). En ce lieu,
Wakboth déféqua les restes du Jardin de Genert qu’il venait de
dévorer. Selon les nomades, c’est de ces selles immondes que naquit
Malia, la Mère des Pestes34, et là que Waha et les Hyènes la
vainquirent pour la première fois, évitant que son haleine fétide ne
ravage hommes et bêtes. Ici, rien de vit… Enfin, rien de sain !
34
maîtresse de Ragnaglar, frère d’Orlanth, et déjà active avant la venue du Chaos.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Il faut pourtant avancer et, rapidement, redescendre dans les
interminables gorges et canyons qui strient le plateau. Or, il apparaît
très vite que bien des pétroglyphes qui marquaient les divers
itinéraires ont été martelés récemment. Et un aventurier observateur
pourrait remarquer que certains pétroglyphes sont en revanche
récents… Il est clair que quelqu’un brouille les pistes…
De fait, la zone est aux mains d’une tribu de Broos qui ne
s’attaque pas aux grosses troupes nomades mais pour qui un petit
groupe de voyage est un véritable don du ciel.
Les Broos des Selles de Malia
Comment jouer à Runequest sans tuer de Broos ? Ce d’autant
plus que les Selles de Malia sont un lieu saint pour cette race maudite.
Les patrouillent de nomades tentent généralement de les intercepter
bien au large, mais les mailles du filet se sont espacées depuis que le
conflit avec les Hippotragues a éloigné les Impala et les Bisons.
Plusieurs troupes de Broo ont donc atteint les Selles de Malia
et se sont agrégées pour former une tribu particulièrement puissante
et abjecte. Les enfants de Thed se sont installés à proximité des Selles,
dans une série de goulets et de cavernes, s’abreuvant aux liquides
méphitiques qui suintent de la colline noire. L’immonde monticule
occupe le centre d’une cuvette dont tous les accès sont étroitement
contrôlés. Le fond de la cuvette est un cloaque infect dans lequel
s’ébattent les broo-charançons, contorsionnant leurs corps livides et
boursouflés, la gueule affleurant à la lisière du lisier dont ils se
nourrissent. Ces Broos sont incapables de combattre efficacement,
autrement qu’en bousculant un adversaire pour ensuite le maintenir
sous la fange, mais ils sont collectivement dotés de puissants pouvoirs
shamaniques et contrôlent les esprits de peste qui pullulent autour de
la colline. Les guerriers broos descendent également dans la cuvette
pour y laisser « faisander » les cadavres et y jeter les proies fécondées
en attendant qu’elles donnent naissance aux infectes larves. Les broo-
charançons dévorent ensuite les corps éventrés. Les Broos sont au
total une bonne centaine, mais évidemment ne chassent pas tous
ensemble.
La troupe obéit aux ordres de Rolgzark, une rareté, un broo-
vautour, né de la capture d’un malheureux volatile… La tête de
vautour de Rolgzark surgit d’une crinière de plumes jaunâtre ; ses
membres supérieurs sont un mélange d’ailes et bras, qui se finissent
par des mains, tandis que ses pieds sont des serres. Rolgzark a des
difficultés tant à marcher qu’à prendre son vol. Pour s’envoler, il doit
courir, maladroitement puis s’élancer d’une hauteur. Mais une fois en
l’air, il vole sans difficulté. Il a installé son aire au sommet de la
colline noire. Il y observe les évolutions des mouches-diables, grosses
comme le point, qui infestent la colline, en tirant des oracles de sa
déesse. Afin de gagner les faveurs de Mallia, il a mis au point un
projet délirant. Ses guerriers ont capturé quelques hyènes qu’il a lui-
même fécondées. Il a ensuite formé les Broos ainsi nés de ses reins à
chasser d’autres hyènes pour se multiplier. Rolgzarl espère que l’un
de ces guerriers héritera de sa « mère » la connaissance instinctive de
la localisation de la grotte secrète dans laquelle Genert est lentement
reconstitué… Il ira alors se couvrir de gloire en « finissant l’travail ».
En attendant, ses broo-hyènes chassent les autres hyènes, les dévorent
et reviennent déféquer sur la colline noire dans l’espoir d’y déposer
une fraction aussi infime soit-elle du corps de Genert. Celui-ci sera
dès lors condamné à demeurer incomplet ou à intégrer à ses chairs des
lambeaux imbibés de l’essence chaotique de Malia.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Bref, Rolgzark a clairement la folie des grandeurs. Il est
persuadé que sa quête convaincra Malia de le laisser unifier les Broo
de la Désolation. Il sera le Ralzakark35 de la Désolation !!!!! Ah, Ah,
Ah, Ah36 !!
Lorsqu’ils s’avanceront vers les Selles de Malia en errant dans
les gorges, gênés par la destruction des pétroglyphes, des Pj
observateurs aviseront sans doute les sentinelles broos qui occupent
les passes stratégiques, surveillant des hauteurs, les accès au plateau.
Bien leur en prendra de faire alors un détour s’ils ne veulent pas
tomber dans une embuscade classique, avec jets de pierre depuis les
hauteurs etc. Et n’oubliez pas que contrôler les mules terrifiées par les
Broos va occuper un ou deux Pj en cas de combat. Mais très vite, la
chasse va commencer et il sera très dur aux Pjs d’échapper à l’ennemi
car Rolgzark plane au-dessus des gorges (hors de portée de flèche !),
poussant des cris rauques pour rameuter ses troupes. Régulièrement,
les Pj verront les guerriers progresser par petits groupes sur le bord
du plateau, les contemplant des hauteurs… Les Broos n’attaqueront
pas tout de suite, laissant d’abord les esprits-peste de Malia affaiblir
les Pjs. Cet assaut aura lieu lors d’une halte de nuit et si un Pj est
vaincu en combat spirituel, il sera le lendemain saisi d’une forte fièvre
et de tremblements qui mineront ses capacités à combattre. C’est alors
que les guerriers broo passeront à l’attaque.
Le problème crucial pour les pj sera donc de progresser dans
la bonne direction en s’écartant du chemin balisé par les faux
pétroglyphes… Deux solutions, a priori, s’offrent à eux, en dehors de
la magie d’Issaries.
35
Empereur broo de Dorastor.
36
Les Broos ne jouent pas d’orgue mais vous avez compris le principe !!
Tout d’abord, ils peuvent tenter de repérer les restes de crottin
d’hippotragues laissés par la troupe de Scarel Sandtongue. Les
nomades connaissent assez bien la route pour ne pas s’être laissés
berner par les Broos37. Rappelez-vous que de telles traces sont très
rares et n’hésitez pas là encore à ruser, les Broo pouvant déplacer le
crottin comme appât… La progression en outre ralentit, ce qui n’est
pas idéal quand on est traqué et à court d’eau…
Ensuite, les Pjs peuvent bénéficier des échos du combat
mythique de Waha et des Frères Hyènes. Pour s’orienter, il suffit de
prêter l’oreille car l’écho du rire des esprits-fauves résonne encore,
notamment pour aider les voyageurs contre les Broos. Cette solution
est idéale si vos joueurs pensent à faire un sacrifice à Waha, voire
directement aux esprits-hyènes, ou comptent dans leurs rangs un
shaman. Attention, néanmoins, à ne pas confondre avec les rires des
broo-hyènes !
Guidés par le crottin, les rires ou Issaries, ils finiront par
arriver à l’entrée d’une pente raide qui descend dans la vallée
encaissée d’un fleuve disparu. Le lit coule vers le nord-est. L’entrée
est marquée par un immense pétroglyphe représentant un serpent dont
le corps porte sept ocelles, les fameux « sept yeux » mentionnés par
la corde. Toute la pente est jonchée de monceaux d’ossements
d’animaux : les sacrifices des nomades qui laissent des carcasses aux
hyènes pour commémorer leur guerre contre Malia aux côtés de
Waha. Vers la mi-pente, une petite meute de 4-5 fauves est en train
de déguster les restes pourris de deux vieux hippotragues offerts par
Scarel Sandtongue.
37
Les hommes de Scarel ont d’ailleurs exigé que l’on punisse les sacrileges, mais
le khan, sous l’effet du Summon of Evil, ne les a pas écoutés, promettant vaguement
de s’en occuper au retour. Le mécontentement gronde dans sa troupe…
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Si les Pj arrivent en bout de course, talonnés par les Broos,
faites donner la cavalerie : les Lanciers Antilopes surgissent du
serpent pour sauver la couenne (et le vertu…) des Pj. Devoir la vie
aux Lunars, c’est presque pire que la mort !
De Waha et les Frères Hyènes au Serpent des Sept Yeux 1
24 km, (3 hexagone) soit 1.25 jours à pied.
Une fois arrivée dans le serpent, les Pj découvriront un village
troglodyte taillé dans la parois, accessible par des encoches dans la
roche (pensez aux villages navajos/pueblos ou du final de L’or de
Mackenna). Les habitants, à moitiés nus, les observent des hauteurs,
les enfants courant au bord de l’à-pic, tout excités de ces visiteurs
exotiques ! Au pied du village, les eaux d’un vaste bassin rutilent au
soleil.
Cette communauté de « Gens des oasis » est forte d’une
centaine de personnes, mais les Pjs ne seront pas admis dans le
village. Ils n’auront de contact qu’avec les anciens et les « guerriers »,
vêtus de peaux de hyène, armés de frondes et de haches de pierre à
manche en os (la végétation est ici au mieux arbustive). Plus
audacieux que face à de nomades, ils demanderont d’emblée que les
Pj sacrifient une bête aux hyènes « pour ne pas les irriter ».
Evidemment, s’ils perdent un animal de bât, cela leur posera un gros
problème pour la suite, donc laissez-le se débrouiller !
38
Charge normale d’environ 75 kg. Il faudrait d’ailleurs admettre que les
hippotrague de Prax sont une peu plus forts sinon difficile d’avoir des cavaliers en
arme. En revanche, l’endurance est nettement inférieure à celle des mules.
Le village vit en partie du commerce avec les voyageurs de
passage et les Pj pourront acheter le nécessaire. Les habitants ne sont
pas du genre à arnaquer les voyageurs, car la plupart du temps, les
nomades ne payent pas et les locaux sont bien heureux de « payer
tribut » pour éviter la violence (même si la position en hauteur du
village gêne considérablement les nomades). Les habitants sont prêts
à leur vendre deux gerns laissés par des Morokanths en paiement
d’une vieille dette. Les habitants n’ont aucune idée qu’ils passeront
pours des cannibales aux yeux des Pjs… Si les Pj font les difficiles,
la nourriture disponible sera des plus pauvres, insectes pilés, racines,
quelques fruits et légumes des jardins, champignons des cavernes,
viande séchée de lézard et de serpent.
Potentiellement, plus embêtant, au pied du bassin campe une
petite troupe lunare, en mission pour « l’Office du Cadastre
Impérial » (P: GtA, p. 119 et SotB, hand-out du meneur no 19 qui
donne aussi les caractéristiques pour Runequest). Il s’agit de quatorze
Lanciers Antilopes, recrutés parmi les nomades du Plateau de la Faim
(Hungry Plateau, GtG, p. 313), à l’est de la moyenne vallée de l’Oslir.
Ils chevauchent donc des hippotragues et ont chacun deux bêtes de
bât supplémentaires. Ces animaux seraient évidemment précieux pour
les Pj : pour une force physique légèrement moindre à celle des
mules38, un hippotrague boit « seulement » 9 litre d’eau par jour
(disons 10 s’ils avancent sans brouter longuement). Si les Pj se
procurent des hippotragues, ils ont 3,2, jours d’autonomie avec une
bête par personne, 5,6 avec deux et 6,1 avec trois.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Les Lunars sont d’excellents professionnels et il est peu d’exploration le long de la falaise, vers le sud et rapportent plans et
probable que les Pj arrivent sans être aperçus, deux guetteurs montés notes, rédigées en pélorien39. Ils savent également que le khan Scarel
stationnant toujours en haut de la pente, près à descendre prévenir le Sandtongue est plus bas dans le serpent avec sa troupe.
gros de la patrouille. Le chef de la mission est Dalamidès Aveticus,
Consultez le calendrier. Le 43 correspond à la fête lunare
décurion des Lanciers Antilopes, un seigneur runique de Yanafal
de la Mise en Chemin, dédiée à Selven Hara, protectrice des
Tarnils et un initié de Kastok, le Héros Cavalier de l’empire ; son
voyageurs. Si les Pjs arrivent un peu avant ou juste ce jour-là, les
lieutenant, l’adiutor Antonia Blackhock, s’occupe de la
Lunars se reposaient en attendant ce jour faste pour repartir. Mettez
reconnaissance. Le chapelain de la troupe est Reskil Taranus, prêtre
en scène la célébration par la patrouille. Cela mettra la touche de
des Sept Mères. « L’officier scientifique », en charge des relevés est
« couleur locale » gloranthienne toujours bienvenue. De même, en 45
un prêtre d’Irippi Ontor et ancien membre du Collège de Magie,
, vous avez la fête des Souveraines, dédiée à Davadeezola, et en
Hazphar Pharates, harmonisé à la phase de la Pleine Lune ( ). Les
48 , la fête saisonnière des Sept Mères, que célébrera
soldats sont Acatha, Barron, Cormanius, Hanthan, Leevoy, Marus,
évidemment Reskil Taranus.
Phelides, Poleus et Sidus. S’ils vénèrent avant tout le khan des khan
Jaquat, conquérant du Plateau Affamé, plusieurs d’entre eux gardent N.B. : les choses peuvent être entièrement différentes si les Pj
une petite figurine de terre cuite d’Ergessa, l’Epouse Soumise, pour ont invoqué Orlanth pour faire pleuvoir. Dans ce cas, le lit du serpent
se rappeler leur famille lointaine. accueille de nombreuses mares peu profondes, mais il est possible
que le campement de la patrouille lunare ait été balayé et qu’elle ait
Les Lunars seront évidemment curieux et n’ont pas été choisis
perdu des animaux. Les Pjs peuvent d’ailleurs tomber sur
pour cette mission pour leur naïveté et la maîtrise de la rune de Vérité
hipppotrague fugitif avant d’atteindre le serpent. Les marques de
par Hazphar Pharates rendra les interrogatoires délicats à négocier.
l’armée lunare devraient les inquiéter à juste titre… Inutile de dire
Les Lunars exigeront des explications à la présence des Pj et tout cela
qu’en voyant apparaître des Orlanthi portant les runes de la tempête,
peut bien entendu dégénérer.
la moutarde risque de monter au nez des soldats. Pas facile d’être
Si les Pjs disent la vérité, Hazphar tentera de convaincre coincés entre ces vétérans et les broos…
Dalamidès d’accompagner les Pj. Il lui semble essentiel d’en savoir
Une fois négociées les provisions et réglées les choses avec
le maximum sur cette magie qui permet de contrôler les nuées de
les Lunars, les Pjs peuvent avancer dans le serpent. S’ils faussent
criquets. Ils seront également extrêmement intéressés par toute
compagnie aux soldats après avoir avoué la vérité sur leur objectif, ils
information sur les Broos. Eux-mêmes reviennent d’une semaine
seront pourchassés. Au fond du lit du fleuve mort, le terrain est

39
Il peut être idéal d’y placer l’amorce d’un prochain scénario si vos Pj s’emparent
des documents. Vous aurez a priori le temps d’y penser puisqu’ils ne lisent
probablement pas le pélorien.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
nettement plus clément et le rythme de progression des Pj devrait les
rassurer. Rien à voir avec le calvaire de chaque instant qu’ils ont vécu
précédemment. Evidemment, s’ils sont pourchassés par les Lunars, il
en va différemment…
Un élément de description à placer si vos joueurs aiment les
détails « gloranthiens » concerne la forme particulière de l’érosion
dans le Serpent-aux-Sept-Yeux. Dans les zones où il se fait
particulièrement encaissé, faites remarquer à un initié de la Terre
qu’un sommet du canyon les marques d’érosion dans la roche dure
changent de sens, « comme si l’eau naguère avait coulé en sens
inverse ». C’est parfaitement vrai, une partie du lit du serpent
correspondant à un fleuve qui coulait durant l’Âge d’Or.
S’ils avaient invoqué la pluie, des animaux vont descendre des
hauteurs pour boire. Il s’agit pour l’essentiel de petits caprins et
d’antilopes, du type de l’impala. L’occasion de manger de la
viande !! En revanche, s’il a plu, plus de traces de crottin des
hippotragues des Sabots Rouges (voir ci-dessous).
Par ailleurs, qui dit animaux, dit prédateur. C’est une bonne
occasion de mettre en scène les puissants et hautains Agimori ou les
horripilants Babouins ! Voir P : GtA, p. 98 et p. 9940. Les tables de
rencontre ne mettent pas de babouins dans la Terre des Vautours,
mais ils sont bien adaptés à ces conditions difficiles et encore plus au
relief. Rien n’interdit que la troupe de Father Aedan Big Weapon, mal
vue des Lunars pour une raison ou pour une autre, soit allée se faire
oublier ici quelque temps. Si vous aimez les situations un peu
complexes, cette troupe peut avoir travaillé comme guide pour les
cadastreurs lunars avant de se brouiller avec eux et de les voler !
40
Les tables aléatoires ne prévoient pas de babouins dans la terre des Vautours,
mais ils me semblent assez bien adaptés à cet environnement et eux aussi peuvent
Quel objet lunar intéressant peuvent-ils éventuellement proposer aux
Pj qui servira d’accroche à votre prochain scénario ? Evidemment
dans ce cas, lors de l’interrogatoire des Pj par les Lunars, les
babouins seront évoqués, les Pj pouvant apparaître comme les
commanditaires du vol !
Le Serpent des Sept Yeux 1 - Le Serpent des Sept Yeux 2
32 km (4 hexagones) soit 1,6 jours à pied.
De fait, une trentaine d’heures plus tard, une dizaine d’heures
après avoir passé une première grande caverne, ils trouveront un point
d’eau à proximité immédiate d’un deuxième antre béant.
S’ils n’ont pas sacrifié aux hyènes à l’étape précédente, le
puits est toutefois occupé par autant de bêtes que d’animal à abreuver.
La dominante regarde arriver les Pj, ricane, puis va uriner dans le
puits, avant que la troupe ne s’esquive si elle est attaquée avec des
armes à distance… L’animal était en fait un esprit et l’eau est
désormais impropre à être consommée par les « ingrats ». Les bêtes,
elles, n’ont aucun problème. Un exorcisme shamanique, voire
effectuer le sacrifice précédemment oublié, suffira à rendre l’eau
potable à nouveau.
La caverne est entièrement décorée de peintures rupestres
réalisées au fil des années par les clans. Dans la paroi, à environ 3
mètres de hauteur une sorte de dalle portant la « boucle » de Waha
bloque l’accès à un goulet rempli de pots de terre contenant des vivres.
Ces dépôts sacrés sont accessibles à tous les clans, à charge pour
avoir intérêt à venir s’y cacher. Ce d’autant plus qu’ils ont l’avantage non
négligeable de pouvoir escalader la falause sans difficultés.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
chacun d’y déposer en retour lorsque des surplus sont disponibles. En
outre, Eiritha est prévoyante pour ses enfants et sa bénédiction
couplée au point d’eau assure qu’il y ait toujours des gros animaux à
proximité, sur le plateau. Refaire les provisions ne sera donc pas
problématique.
Ils mettront a priori une petite quarantaine d’heures pour
atteindre le prochain puits, ce qui ne pose pas de problème de
ravitaillement. Les choses changent évidemment s’ils remontent sur
le plateau, puisque le rythme de progression quotidien y sera divisé
par quatre.
C’est sur cette section de leur itinéraire qu’ils entreront a priori
en contact les Chevaucheurs d’hippotragues du clan des Sabots
Rouges. Le clan tire son nom des sabots teints de ses bêtes. La fente
des sabots est par ailleurs noircie, l’ensemble, une forme ronde rouge
coupée d’une ligne noire verticale, étant censé évoquer la rune de la
Lune.
Le khan Scarel Sandtongue s’est lancé dans une campagne
folle, victime d’un rite d’Invocation du Mal (S: KoH, p. 193), réalisé
par Beranduzor, allié à une confrérie de Chevaucheurs de bisons, la
Fraternité de la Langue Bleue, soucieuse de venger la trahison de
Moonbroth. L’orgueilleux khan s’enfonce dans la Désolation à la tête
de 80 guerriers et 240 hippotragues, mu par le désir irrépressible de
se saisir des têtes d’Orgaral Whitefeet, le chef de la confrérie, et du
« prêtre des ténèbres ». Qu’il soit en fait incapable de dire exactement
qui est ce prêtre l’agace dans ses moments de lucidité, mais la magie
est trop puissante pour l’amener à se raisonner.
Cette décision brusque, prise sans délibérations, provoque le
malaise chez ses guerriers ; et le refus de Scarel de punir les Broos
sacrilèges n’ont pas arrangé les choses. La tension est donc grande
dans la troupe et certains poussent à la mutinerie en faveur d’un rival
de Scarel, Sigwanru Truemoon. Ce dernier est un initié des Sept
Mères et avance ses pions depuis quelques temps en s’appuyant sur
la faveur dont il jouit auprès des autorités d’occupation. Si, pour une
raison ou pour une autre, la troupe de soldats lunars se retrouve mêlée
à la lutte d’influence entre les deux chefs, elle soutiendra Sigwanru.
La troupe progresse lentement pour ménager les bêtes avant
l’arrivée dans les territoires hostiles du Wahafanzali. Lorsqu’ils
s’approchent du camp, les Pj repéreront sans doute des sentinelles
montées qui scrutent le serpent et le plateau environnant depuis le
sommet de la pente très raide. La question cruciale sera donc de savoir
qui a vu qui en premier ! Les Hippotrague quitteront le serpent
quelques heures avant d’arriver pour préparer leur attaque sur l’oasis
qui occupe le quatrième œil (la prochaine étape, voir ci-dessous).
Si, après avoir parlé avec Baglop, les Pj ont percé à jour
l’origine du désir de vengeance de Beranduzor, il est probable qu’ils
aient entendu parler du khan Scarel Sandtongue et sachent également
qu’ils possèdent la lance sacrée du Kitori. S’ils venaient à la récupérer
cela serait d’une grande aide lors de leur confrontation avec lui (voir
plus bas). Mais évidemment, la voler au milieu de la troupe des
nomades serait un exploit digne des légendes !
Cette forte troupe sera l’un des protagonistes de la suite de
l’aventure. Elle va parcourir le Wahafanzali en agresseur, les Sabots
Rouges passant leurs frustrations sur les petites familles de
Chevaucheurs d’impala et de bisons qu’ils rencontreront en
progressant vers la Pâture des Fleurs Pourpres, lieu où fut effectuée
l’Invocation du Mal.
L’important à saisir est que les interactions des Pj avec cette
troupe sont très ouvertes. Ils peuvent s’opposer à eux directement,
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
voler la lance, s’en servir comme d’un épouvantail pour obtenir
l’alliance d’autres nomades, mais tout aussi bien réussir à s’allier avec
Scarel pour affronter la menace de Beranduzor. Ou soutenir Sigwanru
Truemoon contre lui et prendre ainsi le contrôle de la troupe via leur
nouvel allié. Et évidemment, rien n’empêche les retournements
d’alliance. Deux deux côtés d’ailleurs… Un point à garder en
mémoire concerne le masque de plomb. Si les Pjs l’ont sur eux, cela
risque de barder avec le khan s’ils n’ont pas une excuse crédible…
Ceci étant posé, revenons-en à nos Pjs qui entament la
troisième et dernière section de leur périple au long du Serpent des
Sept yeux.
Vers la mi-parcours, alors qu’ils campent, la sentinelle est
surprise par une bouffée d’un vent glacé, aussi vite partie que venue.
Le lendemain, après une ou deux heures de marche, les Pj découvrent
un étrange spectacle. Devant l’ouverture d’un nouvel « œil » (le 3e
depuis le début) gisent trois grosses masses compactes indistinctes,
ternes mais incluant à la fois quelques éléments qui scintillent et des
parties velues. Il ne s’agit clairement pas de rochers, mais il faudra
s’approcher pour comprendre ce qu’il en retourne : des sortes de
compressions amalgamant un animal et son cavalier. Ce sont les rares
possessions en métal ou en verre, boucle de ceinture, perles de bijou
etc., qui brillaient au soleil. Les chairs sont littéralement réduites en
bouillie, pressées et entièrement drainées de leur sang (en fait, même
de leur énergie vitale). Imaginez un cavalier tombé dans quelque
chose à mi-chemin entre les mâchoires d’un vampire et une presse
hydraulique. L’ensemble est dur, mais avec un peu de travail sur les
restes, on peut en extirper des parties moins broyées et identifier la
41
L’esprit des ténèbres de Prax. Longue description de son culte dans TBoDR –
Darkness.
monture avec un hippotrague… Si l’on pénètre dans la caverne, on
est d’emblée saisi de frissons, la température étant fort basse, surtout
par rapport à l’extérieur. Sur le sol, quatre nouveaux cadavres, des
hommes nus, éventrés. Leurs entrailles ont été sorties et attachées
ensemble en un nœud complexe… Les corps ne montrent aucun
tatouage tribal, mais des scarifications sur la cuisse représentant deux
demi-cercles affrontés. Dans le sang, un œil avisé pourrait repérer les
traces semblables à ceux d’un pied porcin. Mais un porcin bipède…
Que s’est-il passé ? Les hommes de Scarel sont suivis par un
puissant shaman morokanth nommé Lumarg. Il a senti la présence
parmi les Hippotragues d’un objet sacré de la Ténèbre (la lance
d’ébène) et a décidé de s’en emparer. Pour cela, il a décidé « tout
simplement » d’invoquer le terrible Dark Eater41 pour le lâcher de nuit
sur les Hippotragues et profiter de la confusion pour s’attaquer au
khan à l’abri des ténèbres. Malheureusement pour lui, il a été surpris
par trois patrouilleurs de l’arrière-garde alors qu’il terminait le
sacrifice rituel de trois de ses gerns (homme-bétail). Lumarg a dû
lancer l’esprit des ténèbres contre cette menace immédiate. Ce qui se
trouve devant la porte est le résultat de l’attaque de cette manifestation
du grand dévoreur noir de Prax… Lumarg a ensuite pris ses cuissots
à son cou, avant l’arrivée d’autres Hippotragues. Il est possible de le
traquer, en remontant vers le plateau, mais le Morokanth a pris la
précaution d’emprunter un raidillon inaccessible aux quadrupèdes.
Les Pj devront donc se scinder, au moins une personne gardant les
mules.
Et comme dans tout film d’horreur, c’est le moment idéal pour
les attaquer. Faites donc arriver une patrouille de Chevaucheurs
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
d’hippotragues partis à la recherche des éclaireurs morts la nuit
précédente. Bien évidemment, le(s) Pj affecté(s) à la garde des mules
pourra lui aussi prendre la fuite par le raidillon assez aisément, mais
la perte des mules signifie mourir de faim ou de soif à brève échéance.
Encore une fois, faites bien sentir aux Pj à quel point le caractère
sauvage des lieux les prive de l’arme numéro 1 de l’aventurier : sa
liberté de mouvement.
Comme avec les Hippotragues (voir plus bas), la rencontre
éventuelle avec Lumarg est très ouverte. Il peut tout aussi bien devenir
un allié de circonstances, qu’un adversaire ou tout simplement une
victime. Quoi qu’il en soit, il ne quitte pas les environs car son clan
nomadise dans la Terre de Vautours, la plaine du Wahafanzali étant
trop favorable aux nomades montés aux yeux de ces morokanths.
Le Serpent des Sept Yeux 2 - Le Serpent des Sept Yeux 3
48 km (6 hexagones), donc 2,5 jours à pied (ou 3,3 jours – voir ci-
dessous)42
Quelles qu’aient été les péripéties sur le segment de route
précédent, les Pj doivent a priori refaire leurs provisions à l’orée du
Wahafanzali. Notez que dans cette zone plus clémente, les Pj peuvent
survivre en chassant et cherchant des points d’eau mineurs à condition
de ralentir leur mouvement quotidien d’un tiers, d’où le second chiffre
ci-dessus.
Après une dernière sinuosité, le cours du serpent s’ouvre
brusquement sur l’immensité steppique du Wahafanzali. Loin à l’est,
l’air a une couleur verte immanquable (les Copper Sands). Une
42
Le terrain du Wahafanzali est juste Hard, pas Very Hard, P: GtA, p. 94.
brusque déclivité, d’environ 10 m, correspond à une ancienne
cascade. Au pied, la cuvette creusée par la cascade concentre les eaux
qui ruissellent, par infiltration, de la Terre des Vautours. La paroi elle-
même a été sculptée d’un colosse de 6 m représentant Waha encadré
par des idoles plus petites des Protectrices43. C’est de ce monument
que l’oasis tire son nom de « Waha-de-la-Chute ». A nouveau, une
petite communauté du Peuple des Oasis s’est installée là, cultivant le
sol maigre de la steppe. Elle n’a aucune défense particulière, les
habitants sachant que la résistance aux nomades est vaine. Ils ont
appris à ployer le genou depuis des siècles. Pour l’instant, la trentaine
de familles locales vit sous la domination d’un petit groupe d’une
dizaine de Chevaucheurs d’Impala, et de leur cinquantaine de jolies
bêtes bondissantes, commandés par N’Laghe Double-Bow.
Le clan des Sabots Rouges va sortir du serpent bien en amont
du village, descendre dans le Wahafanzali plus au nord puis fondre
sur le village et massacrer les Impala, plus quelques locaux pour
mettre de l’ambiance, se défouler et respecter les traditions. Ce détour
peut donner l’occasion aux Pjs d’arriver les premiers mais N’Laghe,
un fidèle de Mokwaha Hearthand, Grand Khan du peuple de l’Impala,
est fanatiquement hostile aux étrangers. Et ce d’autant plus quand ils
osent profaner les zones intérieures de la Désolation. Pas de
reconnaissance à attendre de lui !
Après avoir festoyé de chair d’impala et dûment écartelé leurs
cavaliers, les Hippotragues vont camper quelques jours autour du
puits pour se reposer avant de lancer leur offensive. Le plan de Scarel
consiste à profiter de l’autonomie de ses guerriers pour quitter la Piste
d’Arnstadles et couper droit vers la Pâture des Fleurs Pourpres. Son
« instinct » le guidera, il en est persuadé ! Et de fait, l’Invocation du
43
Pensez au bouddha de Bamyan pour visualiser la chose.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Mal l’appelle comme un phare. Dotés d’excellentes montures, ses

guerriers aguerris bénéficient en outre des impalas capturés. Ces bêtes
porteront des réserves d’eau avant d’être abattues et mangées
lorsqu’elles faibliront. Cela fait gagner un jour crucial d’autonomie
pour atteindre la Pâture sans avoir à s’épuiser avant l’attaque.
De leur côté, le Pj se heurteront à l’éternel problème du
ravitaillement si les Hippotragues occupent l’oasis avant qu’ils
n’arrivent. S’ils refont leurs réserves dans l’oasis après le départ des
Sabots Rouges, les habitants leurs vendront avant tout des monceaux
de criquets séchés. Interrogés sur le fait, ils confirment que les
nomades du nord en vendent partout des quantités incroyables, signe
qu’une nuée a dû traverser la Désolation. Il n’y a pas de petit profit !
Une fois ce « détail » réglé, ils peuvent poursuivre.
A présent, le serpent est nettement moins encaissé et plus
large. Les têtes des hommes montés affleurent au niveau du sol de la
steppe aride. L’étape est assez longue et à nouveau ils devront trouver
une stratégie pour espérer arriver au bout. S’ils font pleuvoir,
avancent par le serpent et disposent de trois bêtes de somme par
personne, les Pj ont juste l’autonomie requise. Au-delà de ces
problèmes et d’éventuelles rencontres aléatoires, ce segment sera sans
histoire. Mais bien évidemment, si les Pjs sont alors en conflit ouvert
avec les Sabots Rouges, rien n’interdit de mettre en scène la traque.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
LES NOCHERS DE YAMSUR
A partir d’ici, le scénario change quelque peu et mêle trois
thèmes ouverts :
 La fin de la quête et la découverte de l’origine de la nuée.
 Une petite guerre tribale dans laquelle les Pj peuvent ou non
s’impliquer.
 La fondation par Argrath de la Société du Taureau Blanc,
destinée à jouer un rôle de premier plan dans la Guerre des
Héros.
Seul le premier thème est indispensable à la conclusion du
scénario, les deux autres peuvent demeurer en éléments d’arrière-
plan, compliquant ou facilitant les plans des Pj selon les stratégies
que ceux-ci déploieront. Tout dépend ici de vos choix de long terme.
Le Serpent des Sept Yeux 3 - Le Sacrifice du Bison d’Arnstadles :
32 km (4 hexagones), soit 2 jours à pied (2,6 jours).
Le puits indiqué dans le « septième œil » par la corde de Waha
correspond à une vaste cuvette dessinant un V grossier : la « tête du
serpent ». Le fond de la dépression accueille des dizaines de petits
bassins de pierre et des champs bénéficiant des sédiments. Au point
où le serpent débouche dans la dépression s’étend un gros village de
huttes cubiques en pisé. Au nord, à la pointe du V un cairn de crânes
rassemble les restes d’animaux de toutes les tribus qui ont remercié
Waha et Eiritha du don de cette oasis.
Lorsque les Pj arrivent, le village est silencieux et désert. De
fait, les bisons ont évacué les habitants en prévision de l’arrivée des
Hippotragues. Le village est donc vide mais il n’y a pas de traces de
violence. Le fond humide de la cuvette garde les empreintes des
énormes bêtes qui portaient les nomades. Cette évacuation ne fait pas
les affaires des Pj en quête de nourriture, mais s’ils fouillent
minutieusement ou, plus efficacement, font appel à la magie de la
terre, ils découvriront des silos enterrés contenant du sorgho.
Ils pourront ensuite se préoccuper de leur prochaine étape et
ici tout dépend de l’option que vous avez retenue pour la corde de
Waha. Si la cordelette porte le nœud du cheval, les Pjs n’ont qu’à
partir vers le nord. Si le groupe comporte un shaman, les choses seront
plus intéressantes car la boucle est celle de l’esprit. Si les Pj font le
lien avec les boucles suivantes évoquant le « sacrifice » du « frère »
du « khan », ils penseront sans doute à invoquer cet esprit particulier ;
s’ils l’ont correctement identifié avec le bison d’Arnstadles, donnez-
leur un bonus.
Une fois la cérémonie effectuée, les Pj vont voir avancer
lentement, semblant se matérialiser de l’air qui tremble avec la
chaleur, un majestueux bison aux cornes de flammes. Il regarde les Pj
puis se retourne et repart vers le nord. Il disparaît ensuite, mais le
shaman voit alors sur le sol des traces « comme fraîches » du passage
de l’animal. Les empreintes continuent jusqu’au prochain puits. Le
paysage change en avançant vers le fond de la cuvette du Krjalki Bog :
l’eau devient plus abondante dans le sol et la végétation plus riche.
Conséquence de quoi, les animaux sauvages deviennent plus
fréquents, facilitant la chasse.
Toutefois, sur le chemin, un événement survient qui va peut-
être changer la vie des Pj et l’Histoire de Glorantha.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Tout à coup, les traces du bison changent… ce sont à présent
les sabots d’un taureau que voit le shaman et cette piste oblique à
l’ouest. S’ils suivent, ils découvrent une sorte de dépression assez
profonde, un affaissement de terrain bordé, de leur côté d’un talus très
raide d’environ 2-2,5m. Au centre de la dépression, des pierres
dressées forment une « cheminée de fée » plongeant dans un tertre
herbu. Au pied du talus, les corps d’une douzaine de bisons morts
s’entassent, de terribles plaies exhibant leurs entrailles. Etrangement
les charognards ne s’approchent pas de cette montagne de viande
fraîche.
L’examen de la scène montre bien que les bêtes sont arrivées
en courant du nord-est et n’ont pas négocié le haut talus, se brisant les
pattes et se blessant en tombant pêle-mêle. Elles ont été ensuite
déchiquetées par un grand prédateur. Les traces sont celles d’un
animal à six pattes dotées de deux énormes griffes, dont le corps
devait faire environ 4 m de long. Etrangement, il est impossible de
comprendre où est reparti le monstre : aucune trace ne s’éloigne. Et
rien d’énorme qui plane dans le ciel si les Pj vérifient ! Mais ce n’est
pas la seule trace : des pieds humains et du sang indiquent qu’un
homme s’est éloigné de la scène pour entrer dans la « cheminée de
fée ».
Si les Pj s’aventurent dans la cheminée de fée, ils débouchent
sous le tertre dans une petite chambre soutenue par de grandes pierres
dressées couvertes de pétroglyphes. Une forte odeur animale, bovine,
flotte dans l’air. Au centre, un bloc est sculpté tout autour de sa base
des figures des Protectrices ; il supporte le crâne d’un énorme taureau
aux cornes d’ivoire. Les Pj ont découvert un sanctuaire des plus
anciens dédié au culte du Taureau Blanc, presqu’oublié dans cette
région de la Désolation. Le crâne est celui d’une antique incarnation
de ce puissant esprit (voir appendice).
Sur le sol, devant l’autel un jeune homme roux, le bras cassé,
gémit dans l’obscurité. Il porte des tatouages qui l’identifient
d’emblée comme un Sartarite, de la tribu Colymar. Ses tatouages
claniques ne sont pas connus des Pj, a priori le signe qu’il appartient
à un clan « recomposé » de la région de Pavis. Un Sage Gris pourrait
reconnaître en fait les marques du clan Karandoli, détruit par le clan
Varmandi il y a fort longtemps, après avoir donné deux rois aux
Colymar. Ses avant-bras portent les runes qui se sont révélées lors des
rites de passage à l’âge adulte : celles du Mouvement et de l’Esprit.
Sur l’épaule, un tatouage plus étrange, associant les runes de la Terre,
de la Fertilité, du Désordre et du Dragonewt en un dessin original.
Mais le jeune homme porte également un collier de cuir et sur le
dessus des pieds les scarifications du clan du bison. Il s’agit
clairement d’un esclave d’origine sartarite de cette puissante tribu.
Tout à coup, dehors, les bêtes deviennent folles ! L’une d’elle
est secouée de spasmes, puis son corps semble se convulser, puis
enfler. Finalement, il se déchire lorsque six puissantes pattes griffus
surgissent de ses flancs : un monstre effroyable, venu du monde des
esprits, est en train d’utiliser la bête comme « passage ». La taille de
la bête importe peu, le monstre finit de grandir après s’être dépouillé
de son « point d’entrée ».
Les bêtes terrifiées s’enfuient et le Pj préposé à leur garde va
sans doute finir lui aussi sous le tertre. Le monstre massacre les
animaux de bât, puis « assiège » le tertre. Les Pj l’entendent rôder
devant l’entrée ou piétiner au-dessus de leur tête, tentant sans succès
de creuser vers eux…
Les Pj sont confrontés à l’un des monstres mythiques de la
Désolation : l’Anxank. Durant l’Âge de la Ténèbre Mineure, la
Trinité Impie prépara longuement la venue du Chaos. En Prax, Thed
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

complotait pour tenir à la disposition de Wakboth et de ses guerriers la Matrice. Il resemble à un buffle couvert de soies épineuses comme
des montures. Pour ce faire, elle se rapprocha de sa « nièce », l’armure d’un porc-épic et doté de six patttes dont le sabot fendu se
Eiritha44. Celle-ci était alors grosse d’une nouvelle fille mais ne recourbe en deux griffes.
parvenait pas à enfanter. Thed lui proposa son aide pour mettre bas.
L’Anxank ne peut réellement se déplacer dans le monde
Il était su de tous que Thed pouvait surmonter les enfantements les
physique. Il demeure comme « en suspension » en un point donné.
plus difficiles et Eiritha accepta avec joie. Par ses soins, Thed
Lorsqu’une bête y passe et se laisse séduire, il se manifeste et fait des
corrompit la créature à naître dans la matrice d’Eiritha. Mais ces
ravages, puis, la dernière tête de bétail dans les environs immédiats
agissements éveillèrent la suspicion de Tada et celui-ci aida Eiritha à
morte, il est aspiré dans le monde des esprits après une heure ou deux.
réaliser qu’elle allait accoucher d’une monstruosité. La déesse se
Il y flotte à nouveau, à l’affut d’une fille d’Eiritha qui viendrait à
contracta alors si fort qu’elle expulsa la chose de ses entrailles par-
passer… Les nomades ont donc pour principale stratégie de marquer
delà la barrière du monde des esprits. Storm Bull se lança à la
les endroits dangereux pour ne pas y amener de bétail, mais les choses
poursuite de sa belle-sœur, mais sans succès, celle-ci avait pris la fuite
ne sont pas aussi simples, car il n’y a pas d’équivalence directe entre
et se préparait à donner naissance à Wakboth et à initier la Grande
le monde des esprits et des hommes et dans une certaine mesure, les
Ténèbre.
Anxank « dérivent ». En outre, les enfants de Thed, les Broos, ont
Depuis ce temps, la fille non-née d’Eiritha, la « Protectrice pour devoir sacré de détruire ou de déplacer les signes des nomades
corrompue », erre dans le monde des esprits de Prax et tente de naître pour aider la réalisation du plan de Thed.
enfin. Elle rôde autour des bêtes, tentent des les séduire par des
Que se passe-t-il ? La famille de Chevaucheurs de Bison dont
promesses de fertilité miraculeuse et lorsque l’une d’elles est
le jeune homme était l’esclave a établi son camp dans une zone où
d’accord, elle en profite pour se matérialiser dans le monde par sa
« flotte » une Anxank, des Broo ayant enlevé les signes de mise en
matrice, la tuant évidemment dans le processus. Elle tue alors tout son
garde. L’esprit s’est matérialisé dans une bête et a tué la famille, les
saoul pour se venger, s’acharnant sur les enfants de ses sœurs qui ont
bêtes paniquées se sont mises à courir, pourchassées par l’Anxank. Le
eu la chance de naître. Pour les nomades, le plus grave est que les
jeune homme s’est lui jeté sur le dos d’un des bisons. Les bêtes ont
bêtes tuées par l’Anxank ne rejoignent pas le sein d’Eiritha pour
fini par chuter dans la dépression et se sont faites massacrées.
renaître. Elles sont définitivement soustraites au Grand Cycle et
L’Anxank s’acharnant d’abord sur les bêtes si on ne l’attaque pas, le
renforcent le troupeau du diable.
jeune Sartarite en a profité pour aller se cacher sous le tertre. Là, il a
Ce monstre est nommé Anxank par les nomades, qui la rencontré son destin car l’esprit du Taureau Blanc s’est manifesté à
désigne également comme la Grande Tueuse de Bétail, le Poison de lui pour en faire son instrument, causant son évanouissement. C’est

44
Fille d’Ernalda, elle-même femme d’Orlanth, tandis que Thed est l’épouse de
Ragnaglar, frère d’Orlanth. Mais le père d’Eiritha est Hykim, non Orlanth.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
ce même esprit qui s’est ensuite substitué provisoirement au bison
d’Arnstadles pour faire des Pj l’instrument du salut du jeune homme
face à l’Anxank.
Vous savez tout. Il ne reste plus aux Pj et au blessé qu’à tuer
l’Anxank. Faites-en un combat homérique ! L’Anxank n’est pas au
maximum de sa force car il a dû passer dans le monde physique via
un animal qui, bien que servant les hommes, n’est pas directement un
descendant d’Eiritha. Une fois terrassé, l’Anxank se dissout
rapidement mais ses griffes demeurent sur place, telles des écailles
d’obsidienne et le jeune homme les récupérera.
Les Pj auront ensuite l’occasion de discuter avec le jeune
homme qui dit s’appeler Desdrinor. Celui-ci ne fait pas secret de ses
origines sartarites mais dit ignorer le sens de son tatouage étrange, lié
à sa mère qu’il n’a pas connue. Il est venu avec son père, Soranil, en
Prax juste après son initiation et leur caravane a été attaquée sur la
route par des Impala. Il a été vendu à Pimper’s Block à une famille de
Chevaucheurs de Bisons du clan des Nuages Têtus qu’il sert depuis
lors.
Il y a là bon nombre de mensonges ou de semi-vérités et les
Gloranthophiles avertis auront évidemment reconnu dans le jeune
homme roux de la tribu Colymar, esclave des Bisons, le futur Haut-
Roi de Dragonpass, Argrath. Aucune source, à ma connaissance, ne
donne le nom personnel de l’argrath, lequel prend rapidement ce
45
Parfois aussi présentée comme sa mère, mais la version de la Composite History
of Dragon Pass me semble meilleure (KoS, p. 129).
46
Ou Maniski Two‑sight selon les versions, mais je retiens celle-ci car elle apparaît
dans la plus déétaillée des généalogies, qui plus est censée être récitée par Argrath
lui-même.
« titre », « libérateur », pour nom propre. J’ai choisi de le nommer
Erindros, mais il donne aux Pj le nom qu’il utilise depuis sa capture.
L’étrange rune renvoie aux tricératops, ces dragonewts ( )
possédés par la luxure ( ) qui régressent en simples dinosaures,
adoptés par Maran Gor ( ). En effet, la grand-mère d’Argrath est
d’une héroïne appelée Arene Thunderqueen45, fameuse pour avoir
commandé aux tricératops. C’est par elle qu’il descend de Sartar et
j’ai décidé de l’identifier à une prêtresse de Maran Gor, puisqu’elle
commandait à un troupeau de « Bêtes Tonnerre ». Ce lien même
infime avec les dragons pourra servir dans une campagne longue à
légitimer l’accès d’Argrath au pouvoir dragonique et la voie par
laquelle il s’insinuera dans les bonnes grâces de la Fearthered-Horse-
Queen, grande prêtresse chthonienne. Il sauvera les dinosaures de leur
damnation, les ramenant sur la voie de l’illumination, se dotant ainsi
d’alliés chez les dragonewts, prêt à le guider dans leurs mystères. Sii
vous jouez ce scénario en « one-shot », ne vous occupez pas de ça. A
ce stade de sa vie, le jeune homme n’a honnêtement aucune idée du
sens de ce tatouage.
La mention du père tué en Prax est un mensonge puisque le
jeune homme, orphelin d’un thane nommé Venharl le grimpeur46 dès
l’âge de trois ans, s’est enfui seul après avoir tué des percepteurs
lunars. Bien conscient du fait que les Lunars pourchassent les
descendants de Sartar, il ne révèlera sa véritable identité sous aucun
prétexte. Les tatouages qui l’identifient comme héritier de Sartar ne
sont pas directement visibles47. Ils n’apparaissent que les jours sacrés
47
J’ai décidé d’introduire ce détail car sinon il est difficile de comprendre comment
d’autres descendant de Sartar, comme Ennostar, ont pu échapper à la traque si
longtemps.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
d’Orlanth ou du culte de Sartar, ou encore face à un rituel spécial ou
en des lieux particuliers. Ce n’est qu’au moment du final, lorsque les
Pj auront gagné sa confiance (voir Le Trône de Seolinthur, plus avant)
que la vérité apparaîtra. Cela n’empêche pas qu’il considérera
d’emblée avoir une dette d’honneur envers les Pj.
Un point essentiel à retenir est que « Erindros-Desdrinor » n’a
aucune conscience d’être l’Argrath, ni aucune capacité particulière à
ce stade de sa vie. Il est un héros « en puissance ». Résistez
absolument à la tentation de le jouer en « super PSJ dark and
mysterious ». C’est un jeune homme, un peu plus dégourdi que la
moyenne, ce qui n’a rien d’étonnant vu la vie qu’il a menée jusqu’ici.
Et c’est tout. Jouez-le plutôt comme un gentil « sidekick » des Pj pour
préserver la magie du final. Si vous avez un joueur gloranthophile,
prenez-le à part un peu en amont de cette scène, ou quand vous voyez
qu’il comprend, pour qu’il ne gâche pas le plaisir des néophytes.
La conversation finira sans doute par porter sur la situation
actuelle dans la région. « Erindros-Desdrinor » peut apprendre aux Pj
les points suivants :
 Une nuée de criquets a ravagé les Pâtures des Fleurs Pourpres,
mais les Chevaucheurs de Bison avaient levé le camp peu
avant.
 La rumeur veut que les criquets aient été chassés par les
« guerriers verts », une information qui certainement éveillera
la curiosité des Pj. « Erindros-Desdrinor » n’a aucune idée de
l’identité de ces « guerriers verts ».
 Des hommes de la fraternité de la Langue Bleue, une société
guerrière des Chevaucheurs de Bison, sont venus il y a une
semaine ordonner à la famille que servait « Erindros-
Desdrinor » de lever le camp. Ils étaient alors légèrement au
nord du « Waha-de-la-Chute » (la grande statue de Waha dans
l’oasis décrite ci-dessus). Les hommes jeunes sont repartis
vers le nord-est (la Pâture des Fleurs Pourpres) avec les
guerriers de la Langue Bleue et le reste de la famille s’est mis
en marche vers le nord. C’est pour cela que les guerriers
adultes n’étaient pas avec la famille quand l’Anxank a attaqué.
 « Erindros-Desdrinor » a entendu des rumeurs selon laquelle
une petite troupe de Chevaucheurs de Zèbres est arrivée il y a
peu dans la région… Cette « tribu » a, auprès des Peuples du
Pacte, la réputation d’être composée de mercenaires dont la
venue n’annonce rien de bon.
« Erindros-Desdrinor » sait que sans monture, il ne traversera
jamais le Wahafanzali sans être tué ou capturé à nouveau. Il ne se voit
d’ailleurs pas d’avenir hors de la Désolation en raison des Lunars. Il
tentera donc de convaincre les Pj de l’aider à ramener les corps de ses
anciens maîtres à leur tribu. Il a besoin d’eux car sans animaux de bât
porter les corps sera impossible. Il leur fait miroiter la présence de
provisions sur le site du campement ravagé et la nécessité de
s’occuper des corps. Cela pourrait servir de porte d’entrée auprès des
Bisons qui dominent la zone.
Son plan « secret » est de présenter partie des griffes de l’Anxank
en don pour gagner son affranchissement et intégrer la tribu.
« Erindros-Desdrinor » voudrait se diriger vers la Pâture de Fanzali et
des Autruches, située au nord, mais si les Pjs préfèrent aller à la Pâture
des Fleurs Pourpres, il finira par se rallier à leurs souhaits car, en fin
de compte, il n’a guère le choix ! Comme on le verra, les choses
changeront quand il approchera de la Pâture (voir Au cœur des
ténèbres).
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Le camp dévasté par l’Anxank révèle six cadavres humains, trois
enfants, deux jeunes femmes et une vieille, et une dizaine de bisons
morts ou blessés. Trois sont soignables. Les provisions éparpillées
permettent de refaire les stocks sans difficulté. La famille avait posé
ses tentes près d’un puits mineur et l’eau ne pose pas davantage de
problèmes.
N.B. : si, en l’absence de shaman dans la troupe, vous avez opté pour
un nœud « cheval », cet épisode peut parfaitement être adapté. Dans
ce cas, le chemin des Pj croise le camp détruit des chevaucheurs de
Bisons. Il y a fort à parier qu’ils iront voir où mène les traces des
animaux en fuite, ne serait-ce que pour se les approprier, voire les
manger ! Si vraiment ils ne font preuve d’aucune curiosité, Argrath
peut s’être dissimulé non loin et l’Anxank être resté sur place, se
manifestant de toute façon via les bêtes des Pj ou un éventuel bison
qu’ils ramèneront si, par hasard, ils ne possèdent plus de bêtes. Mais
encore une fois, le scénario fonctionne très bien en one-shot sans
Argrath, donc n’insistez pas outre mesure.
Le Sacrifice du Bison d’Arnstadles - La Pâture des Fleurs
Pourpres
32 km (4 hexagones), soit 2 jours à pied.
Vu ce qui précède, rien n’interdit de penser que les Pj n’iront
pas jusqu’à l’oasis et obliqueront directement vers la Pâture des Fleurs
Pourpres. Tout dépend à ce stade du type d’animaux dont ils
disposent. Quoi qu’il en soit, l’oasis accueille normalement une
communauté d’agriculteurs pauvres, mais là encore les habitants ont
été évacués de force en prévision de l’arrivée des Sabots Rouges.
Toutefois, les nomades disposent ici d’une ressource unique. Le
squelette du bison d’Arnstadles est toujours visible, ses os sculptés et
ornés d’ex-voto divers, plumes, cordes tressées, crânes d’ennemis,
armes etc. Tout autour de lui, sur un rayon d’une cinquantaine de
mètres, l’herbe pousse drue et se régénère extrêmement rapidement,
assurant une manne inépuisable. Elle profite évidemment surtout aux
bisons, animaux qui se nourrissent avant tout d’herbe.
Les lieux sont surveillés par les Chevaucheurs d’Impala du
chef Waharilla No-Wounds, car cette oasis est aussi la porte vers la
Pâture de l’Os Impala où campent actuellement des guerriers du
terrible Mokwaha Hearthand. Inutile de dire que les étrangers ne sont
pas les bienvenus…
N.B. : le rôle des Impalas ici est d’illustrer le fait que le monde n’est
pas absolument manichéen, divisé entre « bons rebelles » et
« méchants impériaux ». Unifier les ennemis de l’empire n’a rien
d’évident et bon nombre de clans nomades ne font aucune distinction
entre étrangers lunars et orlanthi.
La Pâture des Fleurs Pourpres
Finalement, les Pj voient le bout de la route ! Le sol se fait
plus fertile d’heure en heure, l’herbe devient plus dense, plus haute,
entre les arbustes des arbres apparaissent. Les bêtes sauvages sont
aussi plus nombreuses. Mais loin à l’est, une ligne de lourds nuages
jaunâtres, peu ragoûtants, barre l’horizon (le Krjalki Bog). Au sud-
est, l’air a toujours cette même teinte verdâtre, maintenant nettement
plus prononcée (les Copper Sands).
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Peu avant qu’ils n’arrivent à destination, un phénomène
étrange se produit. Le vent, qui souffle de l’ouest depuis des jours,
tourne brusquement. Peu après, il neige du sang. Ou plutôt l’air se
remplit de parcelles d’un pourpre clair. Quoi qu’en pensent les Pjs,
rien de surnaturel ici. En passant sur la Pâture des Fleurs Pourpres, le
vent balaye des monceaux de débris de fleurs pourpres, tout ce qui
reste des merveilleuses étendues fleuries après le passage des criquets.
Puis, les Pjs arrivent à une crète au-delà de laquelle s’étend la
Pâture des Fleurs Pourpres. Il est clair que la zone est normalement
d’une grande fertilité mais la nuée a largement dévoré la végétation
et les bosquets d’arbres sont aussi nus que durant un hiver en Sartar.
Il ne faudra guère de temps pour que les sentinelles locales les
repèrent. S’ils n’arrivent pas par l’ouest, il y a même de fortes chances
qu’ils attirent l’attention avant d’atteindre la Pâture car au sud les
Langues bleues attendent l’arrivée de leurs adversaires. Lorsque la
patrouille de cinq guerriers bisons vient intercepter les Pj, « Erindros-
Desdrinor » leur demande de le présenter comme l’un des leurs pour
éviter qu’il ne retombe en servitude. Rappelez-leur que si les Bisons
voient les scarifications sur les pieds du jeune homme ils sauront
qu’on a leur a menti. Puis laissez-les faire leur choix. Leurs relations
futures avec le Libérateur de Sartar seront évidemment marquées par
ce qu’ils vont décider en cet instant… « Erindros-Desdrinor » peut
jouer les interprètes, mais ne le laissez pas se substituer aux Pj. Tout
sauveur de Sartar qu’il soit destiné à être, cette aventure n’est pas la
sienne. Il aura assez d’occasions de briller dans le futur !
48
Ce terme, repris du titre de Waha, désigne le leader des fraternités guerrières
praxiennes.
La Fraternité de la Langue Bleue
Cette confraternité ressemble à bien d’autres sociétés de frères
jurés dans lesquelles confluent les jeunes Chevaucheurs de Bison
soucieux de réaliser les exploits qui leur assureront un bon statut et
une bonne épouse dans leur tribu. Mais la Langue Bleue a ceci de
particulier qu’elle rassemble presqu’exclusivement des orphelins
dont les pères sont morts à la bataille de Moonbroth. En âge à présent
de tirer vengeance des Hippotragues honnis, ils ont passé un pacte
avec Beranduzor. Ils l’ont aidé à accéder aux Pâtures des Fleurs
Pourpres contre sa promesse d’attirer à eux l’un des principaux
lieutenants d’Inire le Rouge, le khan Scarel Sandtongue.
Les jeunes guerriers attendent donc de pied ferme les Sabots
Rouges. Leur principal problème réside dans la mobilité des
Hippotragues : l’ennemi prendra simplement la fuite s’ils les voient
trop nombreux. Ils ont donc réuni moins de cent guerriers pour inciter
le khan ennemi à livrer bataille. En revanche, le Boucher48 de la
Langue Bleue a noué des contacts avec d’autres mécontents de la
domination des Hippotragues et des Lunars : des Survivants de Pavis.
Chevauchant des zèbres, ils bénéficient de la rapidité nécessaire pour
forcer le combat avec les Hippotragues le temps que les lourds bisons
arrivent. En outre, leurs archers peuvent largement rivaliser avec ceux
des Chevaucheurs d’Hippotragues. Idéalement, ils provoqueront les
Hippotragues pour les attirer vers leurs alliés.
Les Pj vont donc rapidement être conduits dans un camp de
yourtes devant les deux très jeunes chefs : Orgaral Whitefeet49,
Boucher de la Langue Bleue, et Olesvar l’hipparque.
49
Avoir les pieds blancs signifie n’avoir jamais marché mais toujours fièrement
chevauché !
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Orgaral Whitefeet est le fils d’Araltar, khan du clan des
Nombreux-Veaux. La mort de son père alors qu’il était trop jeune
pour prendre sa succession lui a fait perdre l’opportunité de lui
succéder. Il a su, en revanche, jouer du prestige de son ascendance
pour forger la Fraternité de la Langue bleue qui a fait de lui un chef
de guerre. L’heure est venue pour lui de tenir parole auprès des jeunes
guerriers qui l’entourent en leur livrant leur ennemi, de poser les bases
d’une extension de sa troupe et de s’attirer la faveur du Grand Khan
de la tribu du Bison, Akasta Ironspear. Puissamment bâti, cherchant
à dissimuler son jeune âge derrière une barbe fournie tressée de perles,
Orgaral est un chef charismatique et valeureux, mais sans réelle
expérience de la guerre en raison de son jeune âge. Sur le plan
militaire, il ne peut espérer rivaliser avec Scarel Sandtongue, ce
d’autant plus que ce dernier dispose d’une force plus polyvalente et
plus expérimentée.
Pour Olesvar50, voyez P: GtA, p. 143. Il a réuni autour de lui
vingt soldats. Héritier d’une longue tradition militaire, il peut apporter
à Orgaral ce qui lui manque, mais peine à faire entendre ses vues.
Hipparque est un ancien grade de la cavalerie royale de Pavis.
Le déroulement de la rencontre va évidemment dépendre de
ce que disent les Pj. A priori, Orgaral considère toujours Beranduzor
comme un allié et n’appréciera pas que l’on vienne tenter de
s’opposer à lui. Toutefois, plusieurs points peuvent jouer en faveur
des Pjs :
 Si les Pj arrivent avec « Erindros-Desdrinor » en ramenant les
corps de Bisons morts pour que la tribu puisse leur rendre les
rites appropriés, ils bénéficient évidemment d’un a priori plus
50
Si jamais un tirage aléatoire vous a déjà amené à mettre en scène Olesvar, changez
juste son nom en Alretin.
favorable. « Erindros-Desdrinor » appuiera bien sûr leur
version des faits s’il est avec les Pj.
 Orgalar ne sait pas que Beranduzor a provoqué l’irruption de
la nuée, provoquant la destruction des fleurs pourpres et
obligeant les Bisons à émigrer plus au nord. S’en convaincre
le persuaderait d’une trahison du prêtre, le libérant de ses
propres obligations envers lui.
 Olesvar est un initié du culte de Pavis dont les symboles
ornent son armure antique, héritée de l’époque de la dynastie
Arrowsmith. Les Pj peuvent donc compter sur son appui s’ils
évoquent la situation de Pavis et le convainquent qu’ils sont
mandatés par le Temple du Fondateur.
 Si les Pj peuvent offrir des informations de première main sur
les forces de Scarel Sandtongue, ils présentent un grand intérêt
pour les deux chefs. Un point qui pourrait être avancé, si les
Pj sont observateurs, est que l’ennemi devrait déjà être là. A
priori, les Hippotragues étaient devant les Pj jusqu’à l’entrée
dans le Wahafanzali et ensuite ont continué plein nord pendant
que les Pjs ont fait un détour par l’ouest. L’inquiétude des
chefs sera palpable et Olesvar partira immédiatement en
patrouille.
 Si les Pj présentent les griffes de l’Anxank, les yeux des
guerriers praxiens se remplissent d’une crainte superstitieuse
car qui tue un Anxank est réputé avoir été guidé par Tada, qui
le premier sauva Eiritha des manigances de Thed. Les griffes
sont en outre un cadeau sans prix. Chacun sait qu’un Anxank
ne peut s’incarner dans un animal appartenant à une famille
dont la matriarche possède une griffe de la Grande Tueuse de
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Bétail. Il ne faudrait pas grand’chose pour que le Boucher de kilomètres au plus des Copper Sands. Aussi prospère soit-elle la
accepte de devenir frère de sang de celui qui lui offre un tel zone n’a pas d’habitat permanent, bien que des ruines antédiluviennes
trésor. Aux Pj de gérer leurs alliances de long terme ! affleurent de loin en loin. Les nomades se réservent la région et le
Peuple des Oasis n’est pas le bienvenu ici. Le principal point d’eau
est au nord-ouest. Après le passage des insectes, le paysage est loin
Si la rencontre se déroule de façon satisfaisante, les Pj sont
d’être aussi riant que d’habitude. Les lambeaux de pétales de fleurs
relachés et se voient offrir du kumis (lait fermenté). Si les choses ont
rouges sont partout.
été jusqu’à permettre d’envisager une cérémonie d’afrèrement, on
« partagera le corps de la mère », les deux frères de sang mêlant du
lait de leur animal tribal à la terre avant de malaxer ensemble une
poignée de cette boue sacrée pour en reproduire sur le corps de l’autre
ses propres marques tribales.
Quoi qu’il en soit de cette dernière cérémonie, le Boucher révèlera
à des Pj ayant gagné sa confiance son accord avec Beranduzor. Il leur
apprendra que le prêtre est entré dans le Krjalki Bog il y a trois mois
pour n’en plus jamais ressortir. Si on le lui demande, le Boucher
demandera à son second, Mawgon Ironwool, de montrer l’endroit
exact où Beranduzor est entré dans le marais (voir ci-dessous, zone
2). Les Pj sont ensuite libres de parcourir la Pâture et de la quitter. Ils
doivent juste prêter serment de ne pas partir pour le sud. Hors de
question pour Orgalar qu’ils tombent aux mains des Hippotragues et
éventent le piège.

Explorer la Pâture des Fleurs Pourpres.

La Pâture forme une sorte d’ovale qui déroule ses collines
douces sur environ 400 km2. Outre les bisons, on y rencontre une
quantité surprenante d’autruches. La Pâture est bordée à l’est par les
étendues méphitiques du Krjalki Bog. Au sud-est, on est à une dizaine
1. Ici la Pâture va se perdre dans l’immensité méphitique du Krjalki
Bog, un marais dont la surface ressemble par endroit à une chair
maladive et qui frémit indépendamment du sens dans lequel souffle
le vent. Les rares touffes de végétation ressemblent à des poils noirs
et drus. L’ensemble évoque un vaste corps malsain, un gigantesque
gorp pour ceux qui en auraient déjà vu… La ligne de côte est marquée
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
par des cairns de pierres portant les crânes d’Enfants d’Eiritha
marqués des runes de Waha. Erigée par les shamans praxiens, cette
barrière spirituelle contient l’expansion du marais chaotique, mais il
arrive que des monstres surgissent pour les détruire physiquement. La
zone est donc surveillée par des shamans nomades secondés par des
guerriers, en cette occasion recrutés parmi le clan du Lait Pourpre. Si
vous sentez le besoin d’un peu d’action, les Pj peuvent surprendre une
bande de Broos, cela renforcera d’ailleurs leur prestige auprès des
nomades. Attention, toutefois, les Broo ne sont pas les gobelins de
D&D, mais des adversaires redoutables. N’épuisez pas trop les
resources des Pj avant leur entrée dans le marais lui-même.
2. Cette zone présente la même ligne de côte que la précédente mais
recèle une particularité. Ici, des plaques de fleurs rouges ont subsisté,
leurs corolles entamées par les criquets, mais pas entièrement
déchiquetées. On peut réaliser que ces plaques sont alignées en un
tracé sinueux et discontinu menant du marais au Tertre de l’Aube
(voir 7). De fait, les fleurs pourpres ont mieux survécu sur le tracé de
l’ancien lit du Seolinthor, le fleuve-dieu allié de Yamsur le Spendide.
Sous le limon épais de la Pâture dort un « serpent » remontant à l’Âge
d’Or. Si cette idée vient à un joueur, il sera possible de vérifier qu’une
légère, mais très large, dépression abrite l’ensemble des plaques de
fleurs encore vivantes. Si les Pj se font accompagner à l’endroit où
Beranduzor est entré dans le Krjalki Bog, ils seront conduits
précisément au point où l’ancien tracé du Seolinthor entre dans le
marais.
51
La traduction Danseurs Serpents serait ici trompeuse. Danseurs des Serpents
serait juste mais l’on y perd l’ambiguité qui fait le charme de la forme anglaise. Je
l’utilise, mes joueurs étant tous bons anglophones.
L’ancien lit du fleuve-dieu est le point d’accès par défaut des
Pj à Beranduzor (voir ci-dessous).
L’antiquité extrême de ce « serpent » et la puissance unique
de la magie divine qui y résonne encore expliquent que les lieux soient
particulièrement sacrés pour la confrérie des Serpent Dancers
(P: GtA, p. 53)51. Lorsque les Pj arrivent sur les lieux, la « veille »
qu’exerce la société secrète est assumée par l’Amphisbène. Il ne s’agit
pas réellement d’un serpent à deux têtes, mais de deux vieux jumeaux
couverts de tatouages, les membres noués d’innombrables cordelettes
magiques et autres phylactères. Les deux frères, Eirigun et Guneiri,
ont la capacité unique d’échanger librement leur puissance magique
(sorts, points de magie, points de pouvoir, point de quête etc., selon
votre système fétiche52). Ils ont d’ailleurs aussi l’agaçante habitude
de finir réciproquement leurs phrases, voire de prononcer
simultanément les mêmes mots. Lorsqu’ils ne se livrent pas à leurs
danses extatiques au creux du lit du fleuve mort53, ils déambulent de
bosquet en bosquet sur leurs immenses haut-lama (alticamelus),
éprouvant quelque peine à les nourrir après le passage de la nuée.
L’Amphisbène œuvre pour l’instant à rétablir l’équilibre
spirituel des lieux après le passage des criquets. Le choc n’a pas été
uniquement physique car la réitération du mythe a réveillé d’autres
échos traumatiques. La labile barrière entre le Monde du Temps et le
Monde des Dieux se convulse des souvenirs atroces de l’irruption du
Chaos et menace de se déchirer, laissant des reflets de l’Âge de la
Grande Ténèbre envahir la Pâture. Les danses extatiques des shamans
ont pour but de les faire accéder à un « entre-deux » correspondant à
52
Je n’ai pas pu résister à la faire…
53
De fait, les dieux fleuves ont l’avantage sur les autres qu’ils meurent souvent
dans leur lit.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
l’instant fondateur où les dieux tissèrent le Grand Compromis, ce afin
de réparer les mailles du filet d’Arachne Solara. Bien évidemment, ils
n’évoqueront jamais cette déesse : dans leur perspective, ils
« renouent les nœuds du corral de Storm Bull », le vaste espace où
paît le cheptel universel.
Ils seront initialement aussi méfiants, cryptiques et, disons-le
franchement, aussi horripilants que savent l’être les shamans. Ils
évoqueront à mots couverts le « géant Ghan-Art », ses Vingt-Sept
Femmes qui devinrent les Douze Estomacs de la Désolation, leurs
Fils-qui-chevauchent-les-Eanjak (sans évidemment dire ce dont il
s’agit !), leurs Filles, les Porteuses des Maux, et leurs Petits-Enfants,
devenus les Quatre-Cent-Mouches-Mordeuses ; ils murmureront les
yeux à demi-fermés, la voie tremblante, des noms comme « l’Oasis-
Vide », « les pasteurs-diables », le « Lieu-où-l’herbe-ne-pousse-pas »
et « Vrak Kargl Vozn » … Bref, si vos joueurs éprouvent le désir
d’étranger les jumeaux, vous les aurez joués convenablement !
Toutefois, une fois passé l’obstacle de leur hermétisme
mystique, les deux jumeaux se montreront extrêmement intéressés par
le récit des Pj puisque ceux-ci connaissent la cause réelle du problème
qui les occupe : Beranduzor. Reste à savoir si les Pj partageront leur
savoir ! Eux et l’Amphisbène risquent bien de se tourner autour un
certain temps, réciproquement persuadés de ne pas pouvoir se faire
confiance !
Si les Pj parviennent à collaborer avec l’Amphisbène, voir
« Au cœur des ténèbres » ci-dessous.
3. Toute cette zone est couverte d’une superficielle couche de sable
métallique vert venu des Copper Sands. Ce sable est né de la
transformation de ses guerriers par Genert lorsqu’il sut la bataille
d’Earthfall perdue. Lorsque les criquets ont ravagé les Fleurs
Pourpres réitérant leur trahison, les Sables se sont soulevés et ont
attaqué, provoquant la fuite précoce des criquets et sauvant
partiellement la Pâture. Si les Pj s’aventurent ici, ils pourront observer
l’équivalent de Whirlwhish (P: GtA, p. 140) dessinant les formes
mouvantes de guerriers aux armures d’un style archaïque inconnu.
Les Pj pourraient les convaincre de les accompagner dans leur quête,
mais ils ne peuvent communiquer qu’avec un adepte des dieux de la
terre ou de Storm Bull, leur ancien allié. C’est une option « grand
spectacle » et tout dépend du ton que vous voulez donner au final (voir
« Au cœur des ténèbres », plus bas).
4. C’est ici, au sud de la Pâture, que campent les 85 guerriers
d’Orgaral Whitefeet avec leur troupeau de quelque 250 têtes.
5. Cette région au sud-ouest de la Pâture est parsemée de piles
d’ossements cimentées par de la terre glaise. Il s’agit d’une nécropole
sacrée du Peuple des Oasis dont les membres couvrent parfois
d’énormes distances pour le privilège d’enterrer ici un parent mort.
6. Une fraction sgnificative du clan du Lait Pourpre a dressé ici ses
yourtes sur l’ordre de sa reine, Eirithorg. Il s’agit la tante d’Orgaral,
légèrement trop « protectrice » au goût de son bouillant neveu ! Cette
décision n’est pas du goût du khan du clan, le vieux Sorwaha, mais la
décision de la reine est souveraine en période de paix. Le vieux
guerrier est sensible aux motivations de la fraternité guerrière et
n’entend pas intervenir dans leur « guerre d’honneur ». Il demeure
donc en arrière-garde, prêt à sauver d’éventuels vaincus de leurs
poursuivants. Le clan dispose de 100 guerriers et d’un bon demi-
millier de têtes. Agacé des réticences de son khan, Eirithorg pourrait
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

s’adresser aux Pj pour protéger son neveu, « ce jeune veau sans
cervelle ». Inutile de dire que si les Pj arrivent chez le Boucher en lui
disant « votre tante nous a chargés de vous protéger », l’accueil sera,
pour le moins glacial…
7. C’est au cœur de la Pâture que les autruches se font les plus
nombreuses ; et tout particulièrement autour d’une haute colline aux
pentes raides que les nomades appellent le Tertre de l’Aube. Le nom
vient de la couleur de cette éminence littéralement couverte de fleurs
d’un rouge sombre, en toute saison. Même le passage des criquets est
ici invisible : que les fleurs aient été épargnées ou qu’elles aient déjà
repoussé elles recouvrent en un épais tapis la colline. En revanche, à
la base de la colline, des quantités énormes de criquets morts se sont
amassées. On dirait les cadavres d’une armée, amoncelés dans les
douves d’une forteresse. Le lieu est tabou pour les Chevaucheurs de
Bison : liés à la rune de l’Air, ils sont sensibles aux échos du culte
solaire dont la colline fut un haut lieu.
Parcourir le Tertre de l’Aube permet de déceler, affleurant à
la surface, des ruines cyclopéennes d’une antiquité à donner le vertige
à un Sage Gris. Une divination ou une exploration minutieuse
permettra de trouver dans la partie supérieure une galerie descendant
vers l’intérieur. L’accès en est gardé par un cercle de crânes d’impalas
fichés en terre (la tribu de l’impala est liée à la rune du feu).
Les murs de la galerie sont sculptés de bas-reliefs
presqu’entièrement perdus mais l’on peut encore y repérer l’image
d’un chariot tiré par de magnifiques oiseaux semblables à des paons,
mais d’une stature bien supérieure et plus hauts sur pattes. Le chariot
véhicule une divinité hiératique portant une vaste fleur dpnt la corolle
a pour centre la rune du feu. Il s’agit de Yamsur le Splendide, le Soleil
du Jardin de Genert. Le chariot est tiré par les yamseaux (yambirds),
les ancêtres des autruches. Ils perdirent leurs grandes ailes, leur
plumage radieux et leur voix sans égale lorsqu’ils fuirent le champ de
bataille d’Earthfall. Leur panique jeta Yamsur à bas de son char et sa
chute marqua la première nuit sur le Jardin. A la faveur de l’obscurité,
le dieu solaire fut dévoré par le Chaos, non sans avoir maudit les
traîtres volatiles, les réduisant à l’absurde animal actuel54.
Au cœur de la colline, se trouve encore une haute salle qui
abrite la Barge de Yamsur sur laquelle le dieu descendait au matin le
Seolinthur pour aller resplendir sur le Jardin de Genert. Les restes
d’une longue nef de fibres végétales calcifiées jonchent le sol. Les
murs présentaient également des scènes mythologiques liées à
l’histoire du Jardin et à l’amitié entre Yamsur et Gernet, mais seuls
subsistent des fragments impossibles à interpréter.
Si vous sentez que vos Pj ont besoin d’un peu d’action, ajoutez
un gardien, type élémentaire de feu ou esprits de Yamseaux pénitents.
Toutefois, n’oubliez pas que la prochaine étape du voyage sera des
plus rudes, il vaut mieux que les Pj ne soient pas des loques pour
l’affronter. Si vous décidez de les épargner, les esprits gardiens ne
réagissent qu’à l’approche du chaos. Ils ne font que les approcher
pour les « sentir ». Donc de la tension mais pas d’affrontement si les
Pj gardent leur calme.
Soixante zèbres, le troupeau des hommes d’Olesvar, paissent
également dans la zone. Ils sont surveillés par des adolescents des
Survivants de Pavis, en quelque sorte les écuyers des Chevaucheurs

54
Voir « The Fall of the Ostrichs », TBoDR – Prax, p. 35-36.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
de Zèbre. Le troupeau a été volontairement éloigné du camp de
l’armée de la Langue Bleue pour limiter les chances qu’un shaman
ennemi ne repère la présence des Survivants de Pavis aux côtés de la
Langue Bleue.
Guerre nomade
Comme les Pj l’auront sans doute remarqué, les Sabot Rouges
auraient dû arriver avant eux à la Pâture. La raison de ce retard tient à
la rencontre fortuite entre les hommes du khan Scarel Sandtongue et
une autre troupe de Chevaucheurs d’hippotrague Ces guerriers sont
venus du plus profond de la Désolation, des immensités connues des
nomades sous nom d’Arinstoli, d’après le khan impala qui les
découvrit.
Solidarité tribale aidante, ces deux troupes ont discuté plutôt
que de s’affronter et les étrangers se sont révélés être en quête de la
Pâture des Fleurs Pourpres. Scarel Sandtongue leur a proposé alors de
les y guider contre leur aide face aux bisons et au « prêtre des
ténébres ». Ce sont donc 150 guerriers qui vont marcher sur la Pâture
des Fleurs Pourpres, menaçant de massacrer les Frères de la Langue
Bleue et leurs alliés pavisites.
Le khan n’est toutefois pas parfaitement à l’aise avec ces
nouveaux alliés. Ceux-ci, en effet, ne forment pas un clan : leur troupe
regroupe des illuminés qui ont « entendu le meuglement du Taureau
tempête, exigeant qu’ils partent servir son fils », d’autres qui
proclament avoir « entendu le mugissement d’Eiritha leur confiant
55
Il s’agit ici d’Ernalda, mère d’Eiritha. La Société du Taureau Blanc contribuera
largement à la libérer Sartar contre l’occupant lunar qui aura « emprisonné » la
déesse lors du Grand Hiver.
celui de ses Enfants qui libérerait son aïeule55 ». Tous concordent sur
le fait que « le taureau blanc, Celui qui encorne la lune, a quitté son
exil d’Arinstoli pour rentrer chez lui ». Ils se sont donnés pour chef
Olingwe Bareheart après que celui-ci a vu en rêve un majestueux
taureau blanc paître au milieu de grandes fleurs rouges et appelé ses
« frères » à partir en quête de la légendaire « Pâture des Fleurs
Pourpres ». De même, Olingwe Bareheart a quelques doutes sur son
nouvel allié car certains de ses frères, initiés de Storm Bull, ont
l’impression de sentir des relents de chaos chez les Sabots Rouges.
Rien d’assez clair pour les attaquer : ils ne sentent en fait que
l’influence pernicieuse de la Lune Rouge. Il n’y a pas de « vrai
chaotique » dans la troupe de Scarel. Mais cela suffit à saper la
confiance que présuppose une même appartenance tribale.
La Pâture et ses alentours vont donc être le théâtre d’une
guerre tribale entre les hommes d’Orgaral, d’Olesvar, de Scarel et
d’Olingwe. Pour l’essentiel, c’est une guerre de mouvement, les
Bisons, trop lents pour attaquer directement les Chevaucheurs
d’hippotragues, tentant d’attaquer le troupeau de bêtes
supplémentaires, plus difficiles à faire bouger prestement. Pour cela,
le Boucher compte sur les archers montés d’Olesvar qui tenteront
d’attirer les défenseurs. De leur côté, les Chevaucheurs
d’hippotragues jouent de leur nombre, de leur vivacité et de leurs
projectiles, tentant de séparer les Chevaucheurs de bisons pour les
attaquer ensuite individuellement. Chacun tente de profiter du relief
collinaire, dissimulant des forces dans les combes et s’ingéniant à
contrôler les hauteurs.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Vous pouvez jouer cet affrontement comme un élément de
« toile de fond », les Pj explorant la Pâture en tenant d’esquiver les
combattants, devant éventuellement sauver l’Amphisbène de
guerriers hippotragues etc. Mais les Pj peuvent aussi désirer
s’impliquer dans le conflit. La clef de la victoire est a priori de
convaincre Olingwe de l’alliance des Sabots Rouges avec une déesse
liée au Chaos. N’oubliez pas que les Arinstoli, même s’ils voient
l’étrange corps céleste changeant qui trône dans l’Air Intermédiaire,
n’ont sans doute jamais entendu parler de l’empire lunar autrement
que par de vagues rumeurs. Donnez aux joueurs l’occasion de réaliser
que les Arinstoli ne sont pas un clan mais une fraternité cultuelle
proche de Storm Bull. Ils peuvent ainsi remarquer la disparité de leurs
marques claniques ou faire un prisonnier. Les Pj devront ensuite se
montrer persuasifs. Ils peuvent par exemple jouer des sabots peints,
inspirés de la Lune Rouge, et de la conversion de Sigwanru Truemoon
aux Sept Mère. Dans son enthousiasme de « néophyte », ce guerrier
peut « se couper » et proclamer que la Déesse a dompté le Chaos et
en a fait l’instrument de sa volonté. Ces propos sacrilèges suffiront à
briser l’alliance entre les chefs hippotragues. Peut-être après un petit
« duel sacré » entre Signwanru et l’un des Pj qui l’accusent ? Ça fait
toujours bien un petit duel ! Alternativement, les Pj peuvent « tilter »
en entendant parler du Taureau Blanc et promettre aux Arinstoli de
les conduire vers l’étrange tertre sous lequel repose le crâne de
l’énorme taureau aux cornes d’ivoire. Dans ce cas, les Arrinstoli
abandonneront immédiatement les combats laissant en plan leurs
alliés des Sabots Rouges.
Encore une fois, tout cela n’est qu’un hors-d’œuvre, les Pj
peuvent parfaitement se désintéresser de la chose et réussirent quand
même leur propre quête. Mais s’ils réussissent à rapprocher les
Arinstoli et les Bisons, ils auront pavé la voie à l’avènement de
l’Argrath dont l’exploit fondateur sera précisément l’union de ces
guerriers en une seule armée.
Au cœur des ténèbres
Les pèlerins de l’Entre-Deux-Temps
Voici les Pj arrivés au dernier acte : ils doivent s’enfoncer
dans le Krjalki Bog pour atteindre le lieu du rituel de Beranduzor.
Bien entendu, ils ne peuvent espérer survivre à une exploration
complète du monstrueux marais du chaos. Survivre pourrait d’ailleurs
être pire que mourir étant donné les pouvoirs corrupteurs du Chaos…
Heureusement pour eux, ils « n’auront qu’à » suivre le cours
de l’antique Seolinthur puisque l’Exode des Elytes débuta au pied de
son trône.
Mais en pratique comment faire ?
Rien ne leur interdit d’y aller bille en tête, affrontant les
monstruosités chaotiques dans un feu d’artifice d’exploits martiaux et
un déchaînement d’énergie magique ! Ou plus probablement avec
leur b… et leurs couteaux…
Mais il y a plus sage s’ils parviennent à collaborer avec
l’Amphisbène. La danse rituelle des deux shamans livre accès à cet
entre-deux mythique où se surimposent les réalités de l’Âge d’Or et
du Monde du Temps. Si les Pj y participent avec succès, leur vision
va brutalement changer. Ils verront clairement le cours majestueux
d’un fleuve doré s’enfoncer entre les splendeurs végétales
inconcevables du Jardin de Genert. Des espèces animales disparues
depuis des millénaires s’y ébattent, et notamment les incroyables
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

yamseaux. La vision toutefois « clignote », cédant brutalement la
place aux cauchemardesques paysages du Krjalki Bog. Pour peu
qu’ils ne deviennent pas fous en contemplant l’Âge d’Or, les Pj
pourront avancer sur ce fleuve pour éviter de se perdre dans le marais
tout en étant protégés par les échos de l’ancienne magie de Seolinthur.
Le voyage restera toutefois des plus ardus et nécessitera de
préparer un esquif, sauf à patauger au plus près de la berge.
L’important, comme l’indiquera l’Amphisbène, sera alors que le
radeau, ou la barque, parvienne elle-aussi à accéder à « l’Entre-Deux-
Temps ». Laissez ici les Pj donner libre-court à leur imagination folle,
leurs solutions vous laisseront certainement pantois et ce n’est que
justice que ce soit un peu à vous d’être émerveillé !
Il existe sinon une solution alternative, « par défaut », plus
grand spectacle, s’ils y pensent. Comme indiqué en zone 2, le cours
du Seolinthur passe par le Tertre de l’Aube. Si la danse rituelle de
l’Amphisbène est réalisée dans le temple de Yamsur, la barge du dieu
apparaît-elle aussi dans toute sa splendeur au sein d’un temple intact,
une haute voûte livrant accès au fleuve. La coque se révèle vivante, le
navire étant fils d’Aldrya et de Yamsur. Rien n’empêche donc aux Pj
d’y embarquer pour remonter les flots d’or vers le trône du Fleuve-
Dieu.
Attendez, ce n’est pas fini. Vous vous rappelez la zone 3 ? Et
bien pourquoi ne pas ajouter un équipage de guerriers de sables de
cuivre ? Pour peu que l’on parvienne à établir le contact, et pour le
prix d’un peu de magie divine, ils ne demanderont pas mieux que de
voler au secours du Jardin, même des millénaires après sa destruction.
Vogue la galère
Quels que soient leur choix et leurs atouts, les Pj finiront par
entrer dans le marais. L’essentiel à présent est de bien garder à
l’esprit que rien de ce qui précède n’est strictement obligatoire.
Comme indiqué lus haut, des Pj moins imaginatifs ou moins
mystiques peuvent parfaitement décider d’entrer dans le Krjalki Bog
avec une perche de trois mètres et de l’anti-moustique à base de
graisse de bison. Dans ce qui suit, je pars néanmoins du principe que
les Pj partent avec le navire divin sur le Seolinthur « fantôme », mais
adaptez simplement l’opposition que rencontreront les Pj à leurs
moyens afin de maintenir la tension. S’ils pataugent dans la boue, une
traque par un Walktapus qui se divise à chaque combat sera plus que
suffisante pour rendre la chose mémorable.
Un autre point important est que « Erindros-Desdrinor »
souhaitera accompagner les Pj dans cette dernière étape pour
contribuer à leur quête. Ce n’est pas important pour le scénario, c’est
important pour l’Histoire de Glorantha. S’il le faut, il leur révèlera
sentir « un appel ». Bien sûr, la chose peut être un piège du Chaos
mais il est prêt à prendre le risque et promet de ne pas les mettre en
danger. Il met en valeur que son affinité avec la rune de l’Esprit peut
lui permettre de seconder efficacement la « danse de l’Entre-deux-
Temps ». Connaissant les joueurs, il est bien peu probable qu’ils
refusent qu’un Psj les accompagne… Sinon, Argrath pénétrera seul
dans le marais en quête de la Maison du Taureau Blanc (voir plus
bas), mais il se souviendra dans le futur du refus des Pj.
La Barge de Yamsur emmènera les Pj sur les eaux dorées du
Seolinthur, déployant une large voile ronde semblable à la queue d’un
paon. A priori, le parcours devrait être aisé mais plusieurs obstacles
se présentent. Tout d’abord, la danse extatique de l’Entre-Deux-
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
Temps doit être maintenue. Si aucun shaman n’est présent dans le
groupe, laissez-en la responsabilité à l’Amphisbène, mais les Pjs
doivent contribuer à l’épreuve que cela représente. Un initié à un culte
de la Vie pourra renforcer l’énergie des danseurs ; un prêtre de
l’Harmonie assurer qu’ils demeurent parfaitement coordonnés. Si le
groupe compte un shaman, les Amphisbènes entrent en communion
avec lui pour le faire participer à la danse directement, puis le laissent
servir de relai sur le navire, eux-mêmes continuant à danser dans le
temple pour « garder la voie ouverte ». Laissez ensuite le shaman
faire les jets pour éviter que la barge ne soit éjectée dans le Temps et
que les Pj se retrouvent seuls, parmi les débris d’un navire fossile, au
beau milieu du Krjalki Bog.
Par ailleurs, l’Entre-Deux-Temps accueille inévitablement
des morceaux du Krjalki Bog, qui constituent autant « d’îlots » et de
« hauts fonds » sur lesquels s’échouer si l’on ne parvient pas à les
éviter. C’est la tâche idéale pour un bon nautonier, un initié de l’eau,
voire même un Uroxi car les fragments du Krjalki Bog « puent le
chaos » et il peut donc anticiper leur approche.
Pendant ce temps, l’embarcation sera assaillie par les forces
du Chaos, donnant l’occasion aux autres héros de repousser
l’abordage, éventuellement avec l’aide des guerriers de cuivre. S’ils
sont présents à bord, lachez-vous pour le grand spectacle ! Décrivez
bien comment les sables de cuivre affectent l’adversaire, faisant
grésiller et se dissoudre les chairs chaotiques ! Et maintenez la
pression, en faisant détruire un à un par l’ennemi les soldats de
Genert, laissant peu à peu les Pj seuls face aux dangers. En ce qui
concerne les combats, l’adversaire qui me semble le plus « dans le
ton » est une énorme hydre qui viendra se placer sous le navire, ses
56
Merci H.P.L !
multiples têtes surgissant de toute part, tandis que ses griffes tentent
de déchiqueter le navire vivant. En marge du combat, un adepte de la
rune de Plantes, voire même de la Vie, pourra stimuler la
guérison/croissance du navire-arbre, évitant sa mort et celle de
l’équipage. Un adepte de la Terre peut renforcer les guerriers de
sables, un Orlanthi leur permettre de voler vers l’ennemi, etc.
Ultérieurement, les Pj verront les berges du Krjalki Bog
commencer à se déliter, se décomposant en hordes de gorps qui
dériveront vers le navire. Même si on esquive la masse, elle suit,
flottant entre deux-eaux comme d’immenses méduses putrides. A
terme, les Pj croiseront un spectacle dantesque : l’immense squelette
d’un géant ! Les gorps vont alors s’amonceler sur lui comme une
chaire blafarde (et blasphématoire, n’ayant pas peur des adjectifs !),
jusqu’à ce que l’énorme masse s’anime et que le géant « s’avance en
trébuchant »56. Ses lourdes mains balaient le pont tenant de saisir nos
malheureux héros ! Les gorps n’étant guère sensibles qu’au feu, voici
l’occasion de briller pour les adeptes de cette rune, éventuellement
soutenus par l’énergie du navire de Yamsur (ou un vol de
Yamseaux) ! Quant aux adeptes de l’Air, il va falloir qu’ils assurent
une petite accélération de la propulsion du navire… Si les Pj sont à
court d’énergie magique, laissez-le la possibilité de capter celle qui
les entoure, ils sont au contact avec l’Âge d’Or après tout. Mais que
le risque demeure présent : en s’ouvrant à ces énergies démesurées,
ils peuvent en être consumés s’ils échouent à les contrôler.
Donc, pour résumer, des menaces « bigger than life », des
possibilités offertes, des risques à évaluer et à prendre et des effets
pyrotechniques.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

Difficile évidemment de tout prévoir : l’essentiel est que
chaque Pj ait une tâche correspondant à ses capacités. Il vous faudra
ici préparer en amont des défis « taillés sur mesure » pour votre
propre groupe. Que chacun sente que sans lui, sans les dons de son
personnage, sans sa chance aux dés ou son sacrifice, l’expédition
aurait un échec !
La Maison du Taureau Blanc
A un moment lors du périple, décrivez aux Pj qu’ils voient sur
la berge une immense stèle de marbre étincelant qui présente en bas-
relief l’image d’un musculeux taureau blanc. C’est ce qui reste de la
demeure du Storm Bull dans le Jardin de Genert, défiant, des
millénaires après Earthfall, la colère du Chaos. Alors qu’ils passent à
proximité, un événement se produit : « Erindros-Desdrinor » plonge
du bateau ! Il est hapé par les eaux dorées du fleuve et disparaît. S’il
est évident qu’il n’a pas agi sous une contrainte physique, il semble
possible qu’il ait été victime de magie. Vous pouvez d’ailleurs
entretenir le doute en faisant semblant de tirer un hasard la cible d’une
telle attaque avant de décrire l’acte fou du jeune homme. De fait,
l’Argrath a tenu à accompagner les Pj car il ressent l’appel du dernier
fils de Storm Bull, le Taureau Blanc, destiné à mener la lutte contre
le retour du Chaos au cours du Troisième Âge. Son destin s’est révélé
à lui lorsqu’il a pénétré dans l’antique sanctuaire lors de sa rencontre
avec l’Anxank, mais ce n’est qu’en voyant les ruines qu’il comprend
ce que l’on attend de lui. Par leur propre quête, les Pj l’ont mis en
position de rencontrer son destin. Il ne l’oubliera pas. Voilà posées les
bases d’une éventuelle campagne aux côtés du Libérateur de Sartar.
Il est peu probable qu’un Pj se jette à l’eau à sa suite,
abandonnant la quête principale. Mais si c’est le cas, n’hésitez pas
jouer ensuite une session « privée » au cours de laquelle ils
marcheront vers la Maison du Taureau Blanc.
Le Trône de Seolinthor
Alors que les Pj progressent sur le Seolinthor, ils perçoivent
soudainement que le paysage de l’Âge du Temps n’est plus le Krjalki
Bog. Aux splendeurs du Jardin se superpose à présent une vaste terre
clairement marquée par les déprédations des criquets. Ils ont atteint la
Pâture d’Erno Arkozal, au cœur du marais chaotique. Sur les rives,
les insectes sont d’ailleurs nombreux, même si l’on ne peut pas parler
de nuées. Devant eux, une colonne noire et mouvante monte jusqu’au
ciel, une trombe d’insectes, une masse de chitine et d’élytres posée à
l’aplomb du fleuve d’or… Cette colonne est la visualisation du rituel
de Beranduzor, elle relie les insectes du Temps, « d’ici-bas », à ceux
de l’Âge d’Or, du « monde des dieux ».
Il leur faudra derechef traverser et ce sera sans doute l’heure
de gloire de l’Orlanthi du groupe que d’éviter que le tourbillon
n’emporte la barge. Au-delà, c’est le calme de « l’œil du cyclone » et
il faudra débarquer pour pouvoir agir dans « l’Âge du Temps ». La
terre est ici totalement dépourvue de végétation, mise à nue par les
criquets, une épaisse couche d’insectes morts couvrant la poussière.
Devant les Pj se dressent une haute concrétion terreuse, une termitière
géante de plusieurs mètres de haut qui recouvre les ruines du « trône
de Seolinthor ». Au sommet, dans une sorte de niche, un visage
humain dont la « chair » est constituée d’insectes grouillants. Mais les
yeux demeurent humains et sont dardés sur nos héros.
Tel est l’ultime avatar de Beranduzor qui s’est sacrifié à
Gorakiki en se glissant dans cette termitière géante pour s’y laisser
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

dévorer par les insectes afin d’obtenir de la déesse-qui-bruisse la
réitération de l’Exode des Elytres.
Que faire ? Il y aura autant de solutions que de groupes de
joueurs, mais les deux stratégies fondamentales demeurent
évidemment « combattre » et « parlementer ».
Détruire Beranduzor se révèlera suprennament aisé. Le prêtre
n’est plus vraiment vivant et seule sa magie le maintient actif en ce
monde. Ce au prix d’atroces souffrances, puisque les insectes
dévorent inlassablement sa chair qui se régénère. Vous pouvez bien
entendu lancer des insectes géants contre les Pj, mais je crois qu’après
l’Odyssée du Krjalki Bog, la chose ne soit « anticlimactic ». Si vous
avez joué cet épisode à fond, il vous sera difficile de faire « mieux »
juste après. Laissez les Pj escalader la termitière et détruire la tête. Ils
l’ont bien mérité. Ce sera évidemment encore plus beau s’ils ont pu
récupérer la lance d’ébène et tuent le prêtre avec. Ce faisant, ils
enverront le Kiroti à son dieu sombre, évitant sa rancune. Peu après,
les Pj verront « Erindros-Desdrinor » sortir du marais (voir plus bas).
Discuter avec Beranduzor est plus difficile mais plus
intéressant. Le prêtre peut se confier à un prêtre d’Argan Argar, à
quelqu’un marqué comme ami de ce culte ou à quiconque lui ramène
les insignes de son rang, son masque de plomb, sa lance d’ébène ou
même son « ombre » (voir Un détour par la case départ ?). Même se
présenter devant lui avec les criquets combattants qu’il a bénis pour
Baglop peut fonctionner.
Si l’on parvient à engager le dialogue, Beranduzor révélera ses
motivations : il agit pour chasser les Lunars de Prax « car leur venue
répond à l’ordre de la Déesse Rouge de trouver et de tuer le
Libérateur, l’Arkat57 qui chevauchera le Taureau Blanc dont les
cornes renverseront la Lune ». En préparant sa vengeance,
Beranduzor a découvert une prophétie praxienne qui affirme que « le
Libérateur sera révélé au monde par les nochers de Yamsur58, au pied
du trône de Seolinthur ». Espérons qu’à ce moment au moins, les Pj
non seulement se rappelleront de la prophétie de Pavis, mais surtout
comprendront qui est « Erindros-Desdrinor », rencontré devant le
crâne d’un bovin aux cornes d’ivoire, et pourquoi il a sauté à l’eau
devant l’étrange bas-relief.
Faites alors sortir du marais, monté sur un majestueux taureau
immaculé, « Erindros-Desdrinor ». « Et à présent, voici que vient
celui qui était annoncé, tout est consommé », murmurera Beranduzor
avant de mourir. Sa magie s’éteint avec lui. A Pavis, la nuée perd son
lien au Temps du mythe. Isolés dans une région dévastée, les criquets
meurent en masse59.
Il ne reste plus aux Pj qu’à annoncer au jeune homme qu’il
est, ou plutôt sera, l’Argrath. Incrédule, il leur révélera aussi son
véritable prénom, semblant quelque peu dépassé par ce qu’ils lui
disent de son destin. C’est encore un jeune homme, laissez les Pj se
poser en protecteur de ce qu’il peut devenir, plutôt que de leur imposer
un Psj tout puissant qui les éclipse. D’ici quelques années, il sera bien

57 59
En bon Kitori, Beranduzor fusionne les deux figures mythiques d’Arkat et Et on mangera du criquet pilé toute l’année à Pavis ! Bob’s Bisonburger rouvrira
d’Agrath. sous le nom de Bob’s locustfalafel !
58
Si les Pjs ne sont pas arrivés ici sur la barge solaire, changez évidemment ce
point ! Licence prophétique, que diable !
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
assez tôt pour qu’il devienne leur chef. Vous avez
bâti ici les bases d’une relation spéciale entre vos
héros et l’Histoire.
N.B. : si les Pj sont encore en compagnie « d’alliés
lunars », la rencontre avec Beranduzor ne se
passera évidemment pas aussi bien.
EPILOGUE : LA NAISSANCE DE LA SOCIETE DU
TAUREAU BLANC
Vous êtes à présent confronté au
cauchemar des auteurs d’épopée : le retour !!
comment enchaîner sur un « climax » ?
Faites simple, à ce stade les joueurs seront
sans doute repus et n’attendront rien d’autre que de
voir leur ego de héros dorloté : contentez-vous de
relater le retour dans la barque solaire, la présence du taureau blanc,
incarnation de Storm Bull, maintenant à distance les monstruosités
chaotiques. Lorsque la barge atteint le temple, le taureau disparaît,
n’existant plus que sous la forme d’un tatouage blanc sur l’abdomen
de l’Argrath (voir ci-contre). Si les Pj n’ont pas utilisé la barque, le
taureau traverse avec la même majesté le Krjalki Bog.
N.B. : rien n’interdit que la barque resserve un jour.
Personnellement, j’entends lui donner un rôle dans ma propre version
de la Quête héroïque destinée à reforger la constellation nommée
l’Anneau d’Orlanth. Les Pj devant ramener sur la voûte céleste les
étoiles qu’ils auront sauvées des enfers, j’aimerais qu’ils repensent
alors à cette nef solaire. Cela créera un lien entre
leurs premières aventures et la Quête héroïque qui
est au cœur de la campagne The Eleven Lights
(que je recommande chaudement !).
Qu’ils émergent du Tertre de l’Aube ou du
Krjalki Bog, les Pj seront accueillis par une armée
de guerriers silencieux. Ce sont les Arinstoli –
accompagnés de la Langue Bleue si les Pj ont
réussi à les rapprocher. Tous ont senti la venue du
Taureau Blanc et attendent « Celui qui encornera
la lune ». Ils acclameront spontanément l’Argrath,
voyant instinctivement en lui « Celui-qui-
chevauche-le-Taureau-Blanc ».
S’ensuivra une cérémonie au cours de laquelle,
Argrath distribuera les griffes des l’Anxank aux
premiers « croyants », les piliers de la Fraternité du Taureau Blanc,
qui s’affrèreront par le rituel du Partage du Corps de la Mère :
Olingwe Bareheat, Orgaral Whitefeet, Olesvar l’Hipparque et… ceux
des Pj qui le souhaiteront. Au terme de la cérémonie, les participants
réaliseront en outre que leurs montures sont devenues d’un blanc
immaculé.
Après un temps de repos, chacun reprendra sa quête,
contribuant à sa façon à la défaite de « Celle-qui-au-ciel-se-vautre-
dans-le-Chaos ». Olingwe partira lever les Arinstoli en masse,
Orgaral unifier les Bisons, Olesvar mobiliser les Survivants de Pavis.
Et vos héros ? Iront-ils paver la venue d’Argrath en Sartar ?
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
APPENDICE 1 : MAIS QU’EST-CE QUE LE TAUREAU BLANC ?
Rien n’est dit à ce sujet à ma connaissance dans les sources
canoniques. Ma propre version est la suivante : le Taureau Blanc est
né de Storm Bull et d’Eiritha. Toutefois, à sa naissance, Ernalda
demanda à sa fille de le confier en fosterage à sa tante Brastalos. Sœur
de Storm Bull et d’Orlanth, Brastalos est la « déesse de l’Air Calme »,
le souffle intérieur, l’œil du cyclone. Elle réside à présent au cœur du
monde ayant joué un rôle clef pour sauver la création après la
Destruction de l’Axe en occupant le Gouffre de Magasta.
Sous l’influence de Brastalos, le fils de Storm Bull a
transcendé les limites de son père. Il en possède les pouvoirs contre
le Chaos mais sans sa violence brute. Il amène le changement dans le
monde par le changement intérieur des hommes, la purification de
leurs passions violentes qui met à mal le Grand Compromis et laisse
le Chaos sourdre dans le Monde du Temps. Son destin, deviné par
Ernalda, est d’affronter le retour du Chaos lors du Troisième Âge.
Descendant de la Grande Déesse, il s’associera alors à un
homme né de la ligne de Vingkot, fils d’Orlanth : l’Argrath. Cette
alliance renouvelée entre les lignées de la Terre et de la Tempête
sauvera la Grand Compromis de la Lune Rouge. Le Taureau Blanc
est , une association si paradoxale qu’elle rivalise avec la Déesse
Rouge dans son sphère de pouvoir privilégié, la résolution des
contraires.
APPENDICE 2 : LE CAST
En gras, les divinités et autres personnalités mythologiques moins
connues.
En italique, des individus qui n’apparaissent a priori que comme
élément de la toile de fond.
ACATHA (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
AKASTA IRONSPEAR (P: GtA, p. 54), Grand Khan de la nation des
Chevaucheurs de Bison
AMARANTH EISKOLLI : Templier de Yelmalio, neveu de Haloric
Goldbrow. Possède le masque de plomb.
AMINA INGILLI (P: GtA, p. 188) : grande prêtresse de Zola Fel à Pavis-
la-Neuve.
AMPHISBENE : Eirigun et Guneiri, deux shamans jumeaux des Snake
dancers, chevaucheurs de haut-lama.
ANTONIA BLACKHOCK (P: GtA, p. 120) : adiutor des Lanciers
Antilopes ; second de Dalamidès Aveticus.
ANXANK : la Grande Tueuse de Bétail, le Poison de la Matrice. Fille
mort-née d’Eiritha. Corrompue par Thed.
ARENE THUNDERQUEEN : la grand-mère d’Erindros-Argrath
ARINTHEUS LE SPLENDIDE (SC, p. 109) : un héros du Comté du Soleil
mort lors de la bataille de Moonbroth
ARNSTADLES : célèbre khan de la tribu des Chevaucheurs de Bisons
qui découvrit de nouveaux itinéraires à travers la Désolation.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
BAD-DREAM ENOSTAR (P: GtA, p. 205) : un descendant caché de
Sartar, résidant à Pavis.
BAGLOP : trollkin, ancien membre du clan troll Xaragang de la Grande
Ruine. Libère Beranduzor des Morokanths.
BARRON (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
BENDERRI (P: GtA, p. 182) : Fils de Pavis – grand-pontife de Pavis
BENDRATH (P: GtA, p. 182) : Fille de Pavis – membre du collège des
pontifes de Pavis.
BERANDUZOR : Kitori prêtre d’Argan Argar et initié de Gorakiki à
l’origine du fléau.
BERENE PAVALAVA, la Mère de Compassion (P: GtA, p. 185) :
prêtresse de Teelo Norri (culte des Sept Mères).
BROOSTA (P: GtA, p. 184) : Fille de Pavis – membre du collège des
pontifes de Pavis et initiée de Lhankor Mhy. Femme de Fleeter Nem.
BRYGGA « SCISSORTONGUE » GARHOUND (P: GtA, p. 242) : chef du
clan d’origine sartarite Garhound ; Clef de Pavis (chef du conseil de
la ville).
BUGRUN : prêtresse troll de Gorakiki dans la Grande Ruine.
CAARITH : une compagne d’Issaries du premier Âge, qui dédia sa vie
à la découverte du chemin vers la Terre de Splendeur.
CHOKAL NIGHTLIDS : prêtre d’Argan Argar de Pavis-la-Neuve, Vieux
Pavisite aveugle.
CHOOGA (P: GtA, p. 164 et 259) : troll sombre, officier du Guet de
Nuit.
CHURCHAK LE TROLLKIN (P: GtA, p. 210) : trollkin indépendant,
dirigeant une école, certains disent un gang, dans Riverside.
CORMANIUS (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
DAGA : dieu de la sécheresse.
DALAMIDES AVETICUS (P: GtA, p. 120), décurion des Lanciers
Antilopes, seigneur runique de Yanafal Tarnils et initié de Kastok, le
Héros Cavalier de l’empire.
DARALANDA (P: GtA, p. 156) : grande-prêtresse d’Ernalda
DAVADEEZOLA : souveraine divinisée de Torang, ville où renaquit la
Déesse Rouge et première capitale de l’empire.
DERENX LE BEAU (P: GtA, p. 156) : Epée d’Humakt, membre de la
Voûte.
DESDRINOR : nom sous lequel se présente Erindros, le futur Argrath
EGAJIA CHEWER OF FLESH (P: GtA, p. 54) : Très Révérée Ancienne du
sanctuaire des Papst en Prax. Morokanth.
EIRITHORG : reine du clan du Lait Pourpre de la tribu du Bison. Tante
d’Orgaral Whitefeet.
ERGESSA, L’EPOUSE SOUMISE : divinité des chevaucheurs
d’hippotragues du Plateau Affamé dans l’empire.
ERINDROS : le futur Argrath, fondateur de la Société du Taureau
Blanc.
FALTIKUS LE BON (P: GtA, p. 179) : prêtre de Matu, dieu de la pluie de
Talastar, placé à la tête du temple de l’Air de Pavis par les Lunars.
FLEETER NEMM (P: GtA, p. 184, 251) : Fille de Pavis – membre du
collège des pontifes de Pavis. Epoux de Broosta. En charge
spécialement des relations du culte avec les autorités politiques de la
ville.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
FREKOR FIRMFARER/LE RAT (P: GtA, p. 180) : ancien voleur devenu
prêtre d’Orlanth ; chef d’un vaste réseau d’informateurs qui ne le
connaissent que comme « le Rat ». Hostile aux Lunars.
GAVIAL LATISH (P: GtA, p. 182) : grand-prêtre de Lhankor Mhy.
Grand Bibliotéhcaire du Temple du Savoir.
GIMGIM LE SINISTRE (P: GtA, p. 160-161) : chef des services secrets
lunars.
GOMORANX LE SAGE (PaBRC 1, p. 18-29) : Ancien, premier magistrat,
de la Cité Véritable dans la Grande Ruine.
HALORIC GLOWBROW EISKOLLI (P: GtA, p. 157) : Templier du Dôme
du Soleil, membre de la Voûte. De facto leader des Yelmalites de
Pavis-la-Neuve.
HANTHAN (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
HARGRAN LE SALE (P: GtA, p. 165) : ancien brigand placé par les
Lunars à la tête du Fort du Zèbre, l’ancien domaine de la dynastie
royale Arrowsmith. Il s’est arrogé le titre de « Roi de Pavis »,
appelant ses hommes la « Garde Royale ».
HARNASTI (P: GtA, 185) : prêtresse de Derzoola (culte des Sept
Mères)
HAZPHAR PHARATES (P: GtA, p. 120) : officier scientifique de
l’Office Impérial de Cadastration ; prêtre d’Irippi Ontor ; ancien
membre du Collège de Magie.
HETAERA THESSEN (P: GtA, p. 186) : prêtresse d’Irippi Ontor et
membre de la Voûte (culte des Sept Mères).
INIRE LE ROUGE (P: GtA, p. 55) : Grand khan de la tribu des
Chevaucheurs d’Hippotragues.
JAQUAT : khan des khans, conquérant du Plateau Affamé.
JAVAN INDAGOS (P: GtA, p. 253) : chef de la principale famille de
Vieux Pavisites de Pavis-la-Neuve. Contrôle l’exploitation du sel
gemme de la Grande Ruine en accord avec les trolls.
JORJAR LE PRESTE (P: GtA, p. 164) : le « connétable », chef du guet.
JOTORAN LONGSWORD (P: GtA, p. 158) : chef de l’administration
civique de Pavis-la-Neuve.
KOLLI LE DODU (P: GtA, p. 157) : prêtres d’Issaries disciples de
Garzeen, membre de la Voûte, maître de la Guilde des Joaillers. Chef
de file des Tenants de la Paix civique.
KOST LE TRAQUEUR (P: GtA, p. 166) : Arpenteur du Vide (Desert
Tracker), issu de la tribu des Chevaucheurs de Zèbre. Prêtre de
Goldentongue, « saint caravanier ».
KROGAR WOLFHELM (P: GtA, p. 180) : prêtre d’Orlanth. Hostile aux
Lunars.
KUKUDOOM LA HAUTE : reine troll du clan Xaragang, grande-
prêtresse d’Argan Argar dans la Grande Ruine.
LEEVOY (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
LUMARG : puissant shaman morokanth, initié de Dark Eater
LURUKANTH MANBREEDER : esclavagiste morokanth à qui Scarel
Sandtongue confia la garde de Beranduzor.
MALAVAR PATROMA (P: GtA, p. 250) : richissime marchand contrôlant
le trafic de hazia ; chef de la puissante famille lunare Patroma.
MARUS (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
MAWGON IRONWOOL : chef de guerre des Bisons, secondu Boucher
de la Langue Bleue, Orgaral Whitefeet.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX
MEDDOG BROOFLYER (SaCo, p. 145-146) : marchand troll, adepte
d’Argan Argar.
MOKWAHA HEARTHAND (P: GtA, p. 55): Grand Khan du peuple de
l’Impala
MURNUR TWO-TAILS : shaman de la tradition de Foundchild.
N’LAGHE DOUBLE-BOW : chef de guerre des Chevaucheurs d’Impala
surveillant l’oasis de Waha-de-la-Chute
N’LAGHE DOUBLE-BOW : chef de guerre des Chevaucheurs d’Impala
surveillant l’oasis de Waha-de-la-Chute
NARMEED WHIRLVISHBANE (P: GtA, p. 55) : khan « collaborateur » de
la tribu des Chevaucheurs de bisons.
OGBAN DUSTFED : l’un des chefs de la principale faction
d’extrémistes sartarites à Pavis-la-Neuve.
OLESVAR L’HIPPARQUE : chef de guerre des Survivants de Pavis.
OLINGWE BAREHEART : « prophète » du Taureau Blanc parmi les
Chevaucheurs d’hippotrague de l’Arinstoli.
OREENA WHITE (P: GtA, p. 157): grande-prêtresse de Chalana Arroy.
ORGARAL WHITEFEET : chevaucheur de bison du clan des Nombreux-
Veaux, Boucher de la Langue Bleue.
PHELIDES (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
POLEUS (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
PORUSA LA PATIENTE (P: GtA, p. 185) : Grande-prêtresse des Sept
Mères, initiée de Deerzola (culte des Sept Mères).
RALZAKARK : empereur broo de Dorastor.
REBECEP ET ROBON : reines-sœurs du clan troll Javis, prêtresses de
Kyger Litor
RESKIL TARANUS (P: GtA, p. 120) : chapelain militaire des Lanciers
Antilopes, prêtre des Sept Mères.
ROLGZARK : broo-vautour, chef des broos des Selles de Malia.
RONEER SMOKE CLOUD (P: GtA, p. 249) : khan des Hippotragues.
RONEER THE HUE (P: GtA, p. 55) : un puissant khan des Hippotragues
nomadisant dans la Désolation.
RURIK L’IMPATIENT : Templier de Yelmalio
SCAREL SANDTONGUE : khan du clan hippotrague des Sabots Rouges.
Ayant trahi Beranduzor, il est victime d’une Invocation du Mal qui
l’attire dans un piège.
SELVEN HARA : déesse lunare protectrice des voyageurs
SEOLINTHUR : Fleuve-Dieu du Jardin de Genert.
SEOMALE (P: GtA, p. 109) : elfe vert initié de Halamalao (nom
aldryami de Yelmalio).
SHARMAN INGILLI (P: GtA, p. 166) : Maître du Collège Ingilli des
Bords du Fleuve.
SIDUS (P: GtA, p. 120) : soldat des Lanciers Antilopes
SIGWANRU TRUEMOON : rival de Scarel Sandtongue au sein du clan
hippotrague des Sabots Rouges. Initié des Sept Mères.
SINODA : dieu aldryami, Premier Amant d’HonEel.
SITZMAG REDMOON (P: GtA, p. 161) : commandeur des Lanciers
Antilopes.
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

SNOTLEG : trollkin membre du Guet de Nuit, informateur de APPENDICE 4 : RÉFÉRENCES

Kukudoom la Haute.
AAA : Argan Argar Atlas, Issaries
SORANIL : prétendu père d’Erindros-Argrath
GC – BaB : Gloranthan Classics, Borderlands and Beyond,
SOREEL (P: GtA, p. 160) : gouverneur lunar de Pavis Chaosium
SORWAHA : vieux khan du clan du Lait Pourpre de la tribu du Bison.
THoHP : History of the Heortling Peoples, Issaries
TALA ERRIO (P: GtA, p. 185): grande aristocrate lunare, prêtresse de la
P: GtA : Pavis: Gaateway to Adventure, Heroquest, Issaries
Lune Rouge destinée à jouer le rôle de Sedenya dans la hiérogamie
avec Pavis. RoC : River of Craddles, Runequest, Avalon Hill
TESHANA (P: GtA, p. 109) : elfe vert initié de Halamalao (nom S: KoH : Sartar: Kingdom of Heroes, Heroquest, Issaries
aldryami de Yelmalio).
SaCo : Sartar – Companion, Heroquest, Issaries
VALERINA LA COLPORTEUSE (P: GtA, p. 186) : prêtresse d’Etyries,
Premier Edile de Pavis (contrôle des marchés). SC : Sun County, Avalon Hill,
VARANOS LE HAUT (P: GtA, p. 182) : prêtre de Lhankor Mhy. TBoDR : The Book of Drastic resolution, fanzine
Premier Sage du Temple du Savoir.
TotRM : Tales of the reaching Moon, fanzine
VENHARL LE GRIMPEUR : thane des Colymar, père d’Erindros-Argrath
TPaBRC : The Pavis and Big Rubble Companion, fanzine
WAHARILLA NO-WOUNDS : chef de guerrre des Chevaucheurs
d’Impala, surveillant l’oasis du Sacrifice du Bison d’Arnstadles. TUW : The Unspoken Word, fanzine

WAHARILLA NO-WOUNDS : chef de guerrre des Chevaucheurs YBoT : Ye Book of Tentacles, fanzine
d’Impala, surveillant l’oasis du Sacrifice du Bison d’Arnstadles.
YAMSUR LE SPLENDIDE : divinité solaire, le « Soleil du Jardin de
Genert ». Père des autruches, comme quoi y a pas d’sot métier…

APPENDICE 3 : LES BOUCLES DE WAHA

Voir l’image des nœuds dans la dropbox
 A LES VOIR, ON DIRAIT DES CHEVAUX

SCENE POST-GENERIQUE
Il est temps d’introduire un dernier personnage dans cette
épopée.
Connaissez-vous Molobanamakur ?
Il s’agit de l’incarnation praxienne d’Eurmal …
Pensez-vous sérieusement qu’il passerait à côté de l’occasion
d’une monumentale farce aux dépens de gens trop crédules ? Qu’il
résisterait à l’idée de leur apprendre à ne pas se fier aveuglément aux
prophéties ?
Et qu’en est-il d’Erindros ? Est-il l’agent du trickster ou, plus
cruellement, sa première victime ?
Et comment réagiront vos héros quand le « Libérateur » se
heurtera au réel, s’écrasant contre la puissance lunare ?
A moins que, comme souvent, la blague ne se retourne contre
Eurmal et qu’il ait créé une fiction si puissante qu’elle s’imposera au
réel…
Notre rêve à tous en quelque sorte.