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Cours Ennoblissement (1)

Chapitre II: Les apprêts de la laine

2ème Année Génie Textile

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Chapitre II

Les apprêts de la laine

2. Les apprêts mécaniques de la laine


2.1. Le grattage
- Le grattage ou lainage consiste à sortir du tissu des fibrilles ou
fragments de fils superficiels afin de modifier le toucher et son
pouvoir de rétention calorifique.
- Le grattage est généralement effectué sur la face envers de l’étoffe,
mais il peut être aussi réalisé sur les deux faces.
- Il permet d’avoir un toucher plus doux et d’augmenter l’épaisseur de
tissu ce qui provoque une augmentation du volume d’air à l'intérieur.
- Puisque l’air est le meilleur isolant, l’augmentation de son volume
permet de rendre le transfert de chaleur à travers ce volume
beaucoup plus difficile d’où on aura un effet d’isolation thermique.
- Ce traitement n’est pas adapté au tissus constitués des fils continus
comme la soie, les rayonnes et les fils continus synthétiques.
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2. Les apprêts mécaniques de la laine


2.1. Le grattage
- Le dispositif de grattage est un rouleau garnis d’aiguilles
métalliques recourbées appelés «travailleur».
- On utilise plusieurs travailleurs qui sont arrangés sur un
tambour rotatif d’une manière généralement alternée.

1 Cylindre poil; 2 Cylindre contre poil; 3 Entrée de la matière;


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4 Tissu; 5 Tambour; 6 Cheminement de la matière
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2.1. Le grattage
Si l’inclinaison des aiguilles est dans le même sens que
l’avancement de l’étoffe alors les travailleurs travaillent dans le
sens de poil.

Ve : Vitesse de l’étoffe

Vp : Vitesse de la pointe

Dans cette situation, on a trois cas :


- Si Vp > Ve, il ya grattage ;
- Si Vp < Ve, il y a lissage (on peigne les duvets sans les gratter).
- Si Vp = Ve, rien ne se passe.
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2. Les apprêts mécaniques de la laine


2.1. Le grattage
Si les aiguilles sont inclinées dans le sens inverse du sens de
déplacement de l’étoffe, on parle de sens « contre poil" et il y a
toujours un grattage dans ce cas.

Ve : Vitesse de l’étoffe

Vp : Vitesse de la pointe

Dans cette situation, on a deux cas :


- Si Vp > Ve, il y a grattage intense.
- Si Vp ≤ Ve, il y a grattage.

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Les apprêts de la laine

2. Les apprêts mécaniques de la laine


2.1. Le grattage
- La qualité de grattage d’une étoffe dépend de plusieurs facteurs
dont certains sont liés à la matière textile et d’autres à la
machine.

Avant grattage Après grattage

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2.1. Le grattage

Les principaux facteurs liés à la matière textile sont :


- La masse surfacique : Plus l’article est lourd, plus il est facile à le
gratter car il contient beaucoup de poils par rapport à un article léger.
- La nature de l’armure : Plus il y a de flottés, plus c’est facile à gratter.
- La contexture : Plus la contexture est serrée, plus c’est difficile à
gratter.
- La torsion des fils : Plus la torsion augmente, plus le grattage est
difficile.
- La matière textile : Les tissus en laine sont plus faciles à gratter alors
que les tissus constitués de fibres synthétiques sont les plus difficiles à
gratter (car la garniture glisse sur le tissu).
- La laize : Plus la laize est importante, plus on a risque d’apparition
des plis et plus le grattage devient difficile. 7
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2.1. Le grattage
Les principaux facteurs liés à la machine :

- L’agencement des travailleurs.


- La vitesse des travailleurs "Poils" et "Contre poils": Plus la
vitesse de rotation des travailleurs des contres poils > la vitesse
de rotation des travailleurs des poils, plus le grattage est efficace.
- Le nombre de passages de la matière textile.
- La tension de la matière : Par exemple, si l’étoffe est trop
tendue, les pointes des gratteurs sont rabaissées et ne peuvent
plus la gratter.
- La densité des aiguilles (nombre d’aiguille/cm2).
- La finesse et la forme des garnitures montées sur les
travailleurs poils et contre poils.
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2.1. Le grattage
- L’effet de grattage dépend également de la différence entre la
vitesse du tissu et la vitesse communiquée par le tambour. Pour
qu’un grattage ait lieu, il faut que:

 Vtravailleur P < Vtissu – Vtambour


 Vtravailleur CP < Vtissu – Vtambour

- Pour avoir un grattage uniforme (même hauteur du poil


redressée), il faut que:

 Vtravailleur CP – (Vtissu – Vtambour) = (Vtissu – Vtambour) – Vtravailleur P

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2.1. Le grattage
- Le grattage possède plusieurs inconvénients: Diminution des
propriétés mécaniques (jusqu’à 40%), perte de poids (5 à 10%),
retrait de la laize (jusqu’à 25%), léger virage de la nuance,
formation des poussières, tendance de l’article au boulochage.
- Le grattage peut être aussi effectué sur des articles maille en
tubulaire à l’aide d’une machine équipée d’un système
élargisseur.
- L’effet de grattage peut être également obtenu en faisant passer
le tissu sur des cylindres recouverts de papier émeris
(émerisage).
- Les tissus grattés ou émerisés présentent des bonnes solidités
au nettoyage à sec. Par contre, le lavage peut altérer ces
structures. 10
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2.1. Le grattage
Le contrôle de la qualité d’un grattage se fait par:

- La mesure de la perte de résistance du tissu avant et après


grattage.
- La mesure de l’épaisseur du tissu.
- La mesure de retrait de la laize.
- La mesure du pouvoir adiathermique du tissu i.e. c’est-à-dire
l’aptitude d’une étoffe à conserver la chaleur du corps qui le
recouvre.
- L’évaluation du toucher (utilisation de système Kawabata).
- La mesure de la pilosité (mesure optique avec un pilosimètre).
- Evaluation de virage de la nuance.
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2.2. Le tondage

- Cette opération appelée aussi rasage permet d’éliminer les


fibres individuelles sortant des fils (fibres flottantes).
- Le tondage permet de donner au tissu un aspect régulier (poils
à même hauteur) et éviter le problème du boulochage (pilling).
- Dans le cas de la laine, ce traitement remplace le flambage et
évite ainsi ses inconvénients: le flambage risque de provoquer
un jaunissement et un durcissement du toucher de la laine.

- Les tissus obtenus présentent des bonnes solidités aux


lavages doux et au nettoyage à sec.

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2.2. Le tondage

L’opération de tondage nécessite trois étapes principales:


- Le séchage sur une rame: Les tissus à raser doivent être
parfaitement sec.
- Le brossage: Cette opération est généralement effectuée par des
brosses circulaires. Elle permet de:

 Nettoyer l’étoffe des poussières.


 Individualiser les fibres à la surface du textile.
 Eliminer les nœuds formés, les fibres et les duvets flottants.
 Redresser les poils, avant la coupe, perpendiculairement à
la surface de la matière.
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2.2. Le tondage

L’opération de tondage nécessite trois étapes principales:


- Le tondage proprement dit:

 Il est réalisé au moyen d’un dispositif qui se compose


d’un cylindre à lames hélicoïdales (généralement 12 à 40
lames), d’un couteau travaillant d’une manière similaire à
une paire de ciseaux et d’une table de coupe ce qui
permet de régulariser la hauteur de coupe.
 Le cylindre peut tourner à 500 tours/min ce qui est
équivalent à 6000 coupes à la minute.
 Les fibres coupées sont éliminées par un système
d’aspiration placé à l'arrière du cylindre à lames.
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2.2. Le tondage

(A) tissu
(B) table de coupe
(C) couteau fixe
(D) cylindre à lames hélicoïdales
(E) système d’aspiration
(F) brosses circulaires

N  W (tours / min)
Le rendement de la machine : Rcoups/ cm 
Vtissu (m / min)  100
Avec
N : nombre de lames sur le cylindre tondeur ;
W : vitesse de rotation du cylindre tondeur en tours/min ;
Vtissu : vitesse d’avancement du tissu en m/min. 15
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2.2. Le tondage

- Dans certains cas, le tondage peut provoquer plusieurs


problèmes:
 Des rayures en chaîne si le cylindre et la table sont en
mauvais état.
 Des rayures horizontales dues aux arrêts de la machine.
 Des trous s’il y a des nœuds à l’envers.
 Des déchirures à cause des tissus plissés ou une tension
insuffisante de tissu.

- Le contrôle de la qualité d’un tondage se fait par un test de


boulochage (utilisation de martindale, ISO 129475-2), la mesure la
pilosité (pilosimètre) et la mesure de l’uniformité de l’épaisseur.
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2.3. Le pressage
- Pour la laine, ce traitement est l’équivalent au
calandrage chez le coton.
- Il permet de conférer aux tissus de laine un toucher
lisse, doux, un aspect brillant en éliminant les plis qui
existent.
- Il permet d’éviter les affaissements des rouleaux
dus au non pressage d’une matière ou à un
prétraitement effectué dans des mauvaises
conditions.
- Ce traitement est effectué à la continue à l’aide
d’une de deux machines suivantes : les presses à
cuvette ou les contipress.
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2.3. Le pressage
2.3.1. Le pressage avec des presses à cuvette
- Au cours du pressage par des presse à cuvette, le tissu subit
un vaporisage (17 à 18%) avant d’entrer dans la presse pour
humecter la matière et éviter ainsi un séchage excessif lors de
pressage.
- Ensuite, la marchandise passe entre une cuvette métallique
fixe chauffée à 120-125°C et un cylindre métallique tournant
chauffé ce qui applique une pression relativement importante
sur la marchandise textile (0,5-2 tonnes).
- Après le pressage, les tissus sont relaxés par refroidissement
et reprise d’humidité.

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2.3. Le pressage
2.3.1. Le pressage avec des presses à cuvette

Press à cuvette

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2.3. Le pressage
2.3.1. Le pressage avec des presses à cuvette
Le pressage avec des presses à cuvette est une technique
économique mais elle présente plusieurs inconvénients:
 Ce traitement permet un allongement en longueur et un retrait en
largeur du tissu. Ces effets augmentent avec la pression de la
presse.
 Le traitement n’est pas identique sur les deux faces.
 Il donne moins d’amélioration d’aspect et de toucher par rapport à
la deuxième technique.
 L’effet obtenu n’est pas permanent puisque les tissus fixés perdent
leur brillant apparent au cours de vaporisage et de repassage.
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2.3. Le pressage
2.3.2. Le pressage avec les contipress
- Après un vaporisage, la matière passe immédiatement entre
un rouleau d’effet chauffé et un tablier caoutchouté bien tendu,
(imperméable et résistant) enveloppant ce rouleau presseur. La
pression est réglable jusqu’à 120 bars.
- Pour obtenir l’effet de pressage, le tablier presseur et le
rouleau sont chauffés indépendamment l’un de l’autre à une
température réglable.
- Au cours du pressage, le doublier sans fin tendu permet la
conversion de l’humidité contenue dans le tissu en vapeur.
- Par rapport à la presse à cuvette, la surface de pression
efficace (contact) est 30 fois plus supérieure et par suite la
durée d’action est 30 fois plus supérieure.
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2.3. Le pressage
2.3.2. Le pressage avec les contipress

- Après pressage, le tissu traverse sans tension, sur un tablier


transporteur, le tunnel de refroidissement à basse température
où l’azote liquide (à -196°C) est projeté sur le tissu très chaud
sortant de la presse.
- Ce passage à travers l’azote liquide permet d’augmenter le
degré de fixage et la teneur en humidité du tissu ce qui se
traduit par une amélioration de la qualité du toucher.

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2.3. Le pressage
2.3.2. Le pressage avec les contipress

Par rapport à l’autre technique, la contipresse permet d’avoir:


- Un pressage sans allongement donc sans aucune perte en
largeur ce qui correspond à un gain de matière.
- Un effet de brillance qui est résistant à la goutte d’eau.
- Un effet de brillance qui est semblable sur l’endroit et l’envers
du tissu.

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2.3. Le pressage
2.3.2. Le pressage avec les contipress

1 Tablier presseur
2 Tissu
3 Rouleau à effet chauffé
4 Rouleau d’entrainement
Contipress 5 Rouleau tendeur

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2.3. Le pressage
2.3.3. Contrôle du pressage
Ces sont des tests à effectuer sur des échantillons avant le
pressage pour juger de l’efficacité de ce traitement sur la laine:

 La mesure de la stabilité dimensionnelle en sens chaîne et trame


d’un échantillon (5 passages à la presse à la vapeur).
 La mesure du degré de fixage en utilisant la méthode de l’angle
rémanent (pliage, repassage et mesure de l’angle). ISO2313 1972
 Evaluation de la modification de l’aspect après pressage au niveau
des cassures, lustrage et l’apparition des ondulations selon des
observations visuelle.
 La mesure de la raideur du tissu: s’il y a une augmentation de
raideur, le tissu devient trop rigide, et ça modifie l’aspect.
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2.4. Le décatissage
- Ce traitement vise à rétracter les tissus de laine afin de leur
conférer la stabilité dimensionnelle (éviter leur rétrécissement
après lavage) et avoir une infroissabilité à sec et au mouillé.
- Son principe consiste à:
 Rompre tout d’abord un certain nombre de ponts disulfures de la
laine sous l’effet de l’eau et la chaleur (Dans certains cas, par des
réducteurs). La structure de la protéine de la laine devient relâchée.
 On fixe alors la laine selon la forme voulue. Cette opération
amène en face les unes des autres des fonctions cystéines qui, à
l'origine, étaient éloignées.
 La troisième étape consiste à recréer les ponts entre les chaînes
protéiniques. La permanence des effets obtenus dépend de la
nature et le nombre des liaisons formées.
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2.4. Le décatissage
- Le décatissage permet aussi d’améliorer le toucher et avoir une
brillance optimale (atténuer le brillant indésirable).
- Le décatissage peut être réalisé soit en discontinu en utilisant
des décatisseuses à rouleaux (à pression atmosphérique ou en
autoclave) soit à la continue (décatisseuses en continu).
- Selon le mode d’action physico-chimique pour fixer la laine, on
utilise trois types de procédés de décatissage : par l’eau chaude,
par la vapeur ou par des agents réducteurs.
- La fixation et l’élimination des plis et des cassures sont plus
efficaces au mouillé (à l’eau chaude) qu’à sec (avec vapeur d’eau).
- Les effets obtenus possèdent des bonnes solidités au nettoyage
à sec et au lavage doux.
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2.4. Le décatissage
2.4.1. Le décatissage au mouillé (potting)
- Au cours de ce procédé, le tissu est pris en sandwich dans un
doublier et enroulé sur un tambour perforé pouvant tourner dans
une cuve.
- Ensuite, on fait circuler de l’eau chaude (60-80°C) à travers le
tissu/doublier de l’intérieur à l’extérieur et inversement jusqu’à ce
que la laine soit suffisamment gonflée. Enfin, on rince à l’eau froide.

- L’utilisation d’un doublier est indispensable


car si l’enroulement de tissu n’est pas parfait,
toute lisière déplacée s’imprime sur le tissu.
De plus, la condensation de la vapeur
conduira à des taches ce qui provoquerait un
problème de moirage. 28

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