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1. LA CRITIQUE DE L’IDÉALISME
1. Feuerbach
Ici, comme l’on peut voir, nous trouvons non seulement la distinction entre
sujet et prédicat, mais aussi l’équivalence entre le sujet et la substance, d’un
côté, le prédicat et l’accident, de l’autre. Nous sommes donc en plein aristoté-
lisme.
Le reproche que Feuerbach adresse à Hegel est donc d’avoir renversé le
rapport entre le sujet et le prédicat admis par Aristote, c’est-à-dire d’avoir
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L’homme est la vérité, la réalité de Dieu, car tous les prédicats qui réalisent
Dieu comme Dieu et font de Dieu un être réel, tels la puissance, la sagesse, la bonté,
l’amour, l’infinité et la personnalité elles-mêmes…ces prédicats ne sont posés que
dans l’homme et avec l’homme. 10
Ici nous voyons à nouveau que le prédicat est opposé à l’être réel, c’est-
à-dire au sujet, qui est la doctrine d’Aristote, indépendamment – c’est évi-
dent – du contenu auquel elle est appliquée.
La philosophie spéculative, c’est-à-dire la Logique et le système de Hegel
tout entier, est résumée par Feuerbach de cette manière :
Chez Hegel la pensée est l’être ; la pensée est le sujet, l’être est le prédicat. La
Logique est la pensée dans l’élément de la pensée, ou la pensée qui se pense elle-
même, la pensée comme sujet sans prédicat, ou la pensée qui est à la fois sujet et
son propre prédicat… Hegel s’est contenté de penser les objets comme prédicats de
la pensée qui se pense elle-même. La contradiction ainsi avouée entre la religion
existante et la religion pensée dans la philosophie de la religion de Hegel tient donc
seulement à ce que, ici comme ailleurs, on transforme la pensée en sujet, et l’objet
(la religion) en un simple prédicat de la pensée. 11
Le vrai rapport de la pensée à l’être se réduit à ceci : l’être est le sujet, la pen-
sée le prédicat. La pensée provient de l’être, et non l’être de la pensée. L’être existe
à partir de soi et par soi. 12
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attribut la substance, et du prédicat le sujet (la philosophie nouvelle est l’idée réali-
sée, la vérité du christianisme). 13
2. Marx
dans son Adversus Coloten, que les qualités admises par Épicure, en tant que
subjectives, étaient presque du non-être. À cela Marx répond que Plutarque
parlait d’un être et d’un non-être aussi immobiles que s’ils étaient des
prédicats, tandis que l’être sensible n’est absolument pas un tel prédicat.
« La pensée commune – conclut-il – a toujours prêts les prédicats abstraits,
qu’elle sépare du sujet. Tous les philosophes ont fait, de ces mêmes prédicats,
les sujets (Alle Philosophen haben die Prädikate selbst zu Subjekten
gemacht) » 25. On retrouve ici la critique que Feuerbach, la même année,
adressait à Hegel. Si cette contemporanéité nous empêche de penser à une
dépendance de Marx part rapport à Feuerbach, il ne nous reste qu’à supposer
une commune dépendance des deux philosophes par rapport à Aristote.
L’image, en effet, que Marx se forme d’Aristote en général dans cette période
est, comme dans le cas de Feuerbach, celle du philosophe qui a reconduit le
lieu d’origine de l’universel à la particularité singulière 26.
L’influence de Feuerbach, au contraire, est très claire dans la première
œuvre où Marx prend explicitement position contre Hegel, c’est-à-dire la
Critique de la philosophie de l’État de Hegel, qui remonte à 1843 et qui sup-
pose la connaissance directe par Marx des Thèses provisoires pour la réforme
de la philosophie. Celles-ci, en effet, avaient été publiées dans les mêmes
Anecdota philosophica édités par Ruge, où Marx lui-même avait publié deux
de ses premiers articles. Dans sa Critique Marx reproduit le texte des para-
graphes de la Philosophie du droit de Hegel qui concernent la famille, la
société civile et l’État, lui ajoutant ses propres remarques.
Au § 262, où Hegel affirme que « L’idée réelle, l’esprit, …se divise lui-
même en les deux sphères idéales de son concept, la famille et la société
civile », Marx observe : « L’idée dite ‘idée réelle’ (l’esprit en tant qu’esprit
infini, réel) est représentée comme si elle agissait d’après un principe déter-
miné et dans une intention déterminée… En cet endroit le mysticisme
logique, panthéiste, apparaît très clairement » 27. Évidemment le mysticisme
logique est, selon Marx, le pire aspect de la philosophie de Hegel et consiste
dans la représentation de l’idée comme un sujet réel qui agit. Cela est
confirmé par les lignes suivantes :
Ce qui est important, c’est que Hegel fait partout de l’idée le sujet, et du sujet
réel, proprement dit, tel que la ‘disposition politique’, le prédicat. Mais le dévelop-
pement s’effectue toujours du côté du prédicat. 29
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On parle ici de l’idée comme d’un sujet, de l’idée qui se transforme en ses diffé-
rences. Outre ce renversement du sujet et du prédicat, l’apparence est produite
qu’il est question ici d’une autre idée que de l’organisme. 30
Voilà le « renversement » que nous avons trouvé chez Feuerbach, qui exige
à son tour d’être renversé pour rétablir la juste primauté – aristotélicienne –
du sujet sur le prédicat.
Au § 270, où Hegel affirme que « le but de l’État est l’intérêt général
comme tel et que là réside, comme dans sa substance, la conservation des
intérêts particuliers », Marx commente :
Comme l’on a pris comme point de départ l’‘idée’ ou la ‘substance’ en tant que
sujet, être réel, le sujet réel n’apparaît que comme le dernier prédicat du prédicat
abstrait. Le ‘but de l’État’ et les ‘forces de l’État’ sont mystifiées en ce qu’ils appa-
raissent, représentés et séparés en tant que ‘modes d’existence’ de la substance, à
leur réelle existence, à l’esprit que se sait et se veut, à l’esprit cultivé’. 31
Hegel donne une existence indépendante aux prédicats, aux objets, mais en
les séparant de leur véritable indépendance, de leur sujet. Le sujet réel apparaît
ensuite comme leur résultat, tandis qu’il faut partir du sujet réel et considérer son
objectivation. La substance mystique devient donc le sujet réel, et le sujet réel
apparaît comme étant autre, comme étant un élément de la substance mystique.
Précisément parce que Hegel part des prédicats de la détermination générale au
lieu de partir de l’être réel (hupokeimenon, sujet), et qu’il faut pourtant un support
à ces déterminations, l’idée mystique devient ce support. 32
3. Kierkegaard
C’est un point de départ positif pour la philosophie quand Aristote dit qu’elle
commence par l’étonnement et non comme de nos jours par le doute. En général le
monde ne manquera pas d’apprendre que c’est faire fausse route de commencer par
le négatif, et la raison pour laquelle ça a réussi jusqu’à présent, c’est qu’au fond on
ne s’est jamais abandonné tout à fait au négatif, et qu’ainsi on n’a jamais sérieuse-
ment pratiqué ce qu’on disait. Le doute des philosophes n’est que coquetterie. 33
La répétition se trouve partout. 1) Quand je dois agir, mon acte a déjà existé
dans ma conscience comme représentation ou idée, sinon j’agis sans pensée, ce qui
n’est point agir. 2) Du moment que je dois agir, je me présuppose donc dans un état
originaire, où mon moi est intact. Ensuite je pose le problème du péché, c’est
une autre répétition ; car il me faut maintenant regagner mon vrai moi. 3) Un
autre enfin est le paradoxe, ce par quoi je deviens l’Isolé ; car si je reste dans le
péché considéré comme le monde, le général, ce n’est encore que la répétition n° 2.
À cela on peut comparer la catégorie d’Aristote : Das – Was – War – Sein. Cf.
Marbach Geschichte der Philosophie des Mittelalters, § 128, pp. 4 et 5 ; et le § 102
de sa Geschichte der griechischen Philosophie. 34
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Si, une fois écrite toute sa Logique, Hegel l’avait qualifiée, dans la préface, de
simple spéculation expérimentale, confessant même avoir en plus d’un endroit pris
la tangente, il serait sans doute le plus grand penseur de tous les temps. Tel quel,
il n’est que comique. 37
Nous voyons reprise ici la critique bien connue que Trendelenburg avait
adressée à Hegel dans ses Logische Untersuchungen de 1840, c’est-à-dire
d’avoir interpolé (au moyen d’une Unterschiebung ou subreption) dans la
logique l’intuition sensible, pour pouvoir y introduire le mouvement. La
dépendance de Kierkegaard à l’égard de Trendelenburg est confirmée par le
passage qui suit immédiatement, qui d’ailleurs contient un autre important
concept de la philosophie kierkegaardienne.
Voir Trend. Elementa (logices Aristoteleae), pp. 15, 16 … et maints passages des
Recherches logiques. Dans les conclusions du syllogisme, la possibilité de conclure
négativement l’emporte de loin sur l’affirmation ; voir Trend. Erläuterungen der
aristotelischen Logik, p. 58. Par analogie et induction on ne peut conclure que par
un saut. Toute autre conclusion est essentiellement identité. Trendelenburg ne
semble pas du tout faire attention au saut.
Le chapitre 3 de De anima III traite, comme il est notoire, des erreurs pro-
duites par l’influence de l’imagination sur la pensée. Kierkegaard se trouve
d’accord à ce propos avec Aristote et l’oppose encore une fois à Hegel. Son
éloge de Trendelenburg est probablement dû au fait qu’il a lu le De anima
dans l’édition faite par ce dernier en 1833, celle-là même qu’avait lue Marx.
Ce passage, en outre, nous confirme que la découverte d’Aristote par
Kierkegaard est arrivée entre 1843 et 1844.
En effet, dans les œuvres de Kierkegaard publiées en 1844, c’est-à-dire
Le concept de l’angoisse et Miettes philosophiques, les citations d’Aristote se
multiplient. Dans la première, Kierkegaard rappelle la doctrine aristotéli-
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Non, non, ce n’est pas du tout de cette façon là que Hegel a tort. Puisqu’il déter-
mine aussi le mal comme subjectivité abstraite, pur arbitraire, empiétement de
l’individu sur le terme général…donc aussi comme égoïsme, rien n’empêchait
J. Müller d’être d’accord avec lui, et il le serait aussi si évidemment Hegel ne rame-
nait pas cette présence du mal à une nécessité supérieure. Non, l’erreur tient prin-
cipalement au fait que le ‘général’, dont la philosophie de Hegel fait la vérité (et
l’individu pour elle n’acquiert de vérité qu’en s’y résorbant), est une abstraction :
l’Etat, etc. Hegel n’arrive pas à Dieu qui est la subjectivité absolue ni à cette vérité
qu’en réalité, en dernière instance, l’individu est plus haut que le général, j’entends
l’individu dans son rapport à Dieu. Que de fois n’ai-je pas exposé qu’au fond
Hegel fait, en païen, des hommes une espèce animale douée de raison. Car dans
une espèce animale, l’‘individu’ reste toujours inférieur à l’‘espèce’. Le genre
humain a cette singularité, – justement parce que chacun de nous a été créé à
l’image de Dieu – que l’individu est au-dessus de l’ ‘espèce’. Qu’on puisse prendre
cela en vanité et en faire un abus horrible, je le concède. Mais le christianisme c’est
cela. Et c’est là exactement qu’on doit livrer bataille. 44
Le principe selon lequel l’individu est plus haut que le général, bien que
reconduit par Kierkegaard au rapport de l’homme avec Dieu, ou à la création
de l’homme à l’image de Dieu, correspond à la doctrine aristotélicienne selon
laquelle la substance individuelle (« un certain homme ») est la substance
première, tandis que l’espèce (« homme ») ou le genre (« animal ») sont des
substances secondes (Cat. 5). Ici Kierkegaard ne cite pas Aristote, mais il ne
fait que répéter, contre la thèse de Hegel selon laquelle l’universel est supé-
rieur au particulier, la thèse d’Aristote de la primauté de la substance
individuelle, c’est-à-dire du sujet réel, de l’hupokeimenon. En somme, les cri-
tiques adressées à Hegel par Feuerbach, Marx et Kierkegaard au milieu du
XIXe siècle, convergent entre elles et ont toutes en commun une origine aris-
totélicienne.
NOTES
1. Cet écrit est compris dans le vol. 9, Kleinere Schriften, II (1839-1846), de L. Feuerbach,
Gesammelte Werke, hrsg. v. W. Schuffenhauer u. W. Harich, Berlin, Akademie Verlag, 1970.
2. L. Feuerbach, Contribution à la critique de la philosophie de Hegel, dans Id., Manifestes
philosophiques. Textes choisis (1839-1845), traduits par L. Althusser, Paris, P.U.F., 1973, p. 14
(italiques dans le texte).
3. Aristot. Cat. 3, 1 a 20-25.
4. Feuerbach, op. cit., p. 18.
5. Feuerbach, op. cit., p. 42 sq. (italiques dans le texte).
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6. Feuerbach, op. cit., p. 48 et note 2 (Kleinere Schriften II, p. 54 : « Beim Schatten des Aristo-
teles ! »).
7. Feuerbach, op. cit., p. 56.
8. L. Althusser, Note du traducteur, dans L. Feuerbach, op. cit., p. 3.
9. Feuerbach, Thèses provisoires pour la réforme de la philosophie, dans Id., Manifestes philoso-
phiques, p. 105-106, italiques dans le texte.
10. Feuerbach, Thèses provisoires, p. 111.
11. Feuerbach, Thèses provisoires, p. 120.
12. Ibid.
13. Feuerbach, Thèses provisoires, p. 125 sq.
14.K. Marx – F. Engels, Werke, Berlin, Dietz Verlag, 1968 (= MEW), Ergänzungsband I, p. 679
et 685. Voir aussi K. Marx – F. Engels, Historisch-kritische Gesamtausgabe, hrsg. v.
D. Rjazanov, Frankfurt a. M.-Berlin, Marx-Engels Verlag, 1927-1929 (MEGA), I, 1/2, p. 107-
113, et C. Natali, « Aristotele in Marx (1837-1846) », Rivista critica di storia della filosofia 31
(1976), p. 164-192.
15. K. Marx, Differenz der demokritischen und epikureischen Naturphilosophie, dans MEW, EB I,
p. 266 ; Différence de la philosophie naturelle chez Démocrite et Epicure, dans Œuvres t. III,
éd. M. Rubel, Paris, p. 19.
16. K. Marx, Hefte zur epikureischen, stoischen und skeptischen Philosophie, dans MEW, EB 1,
p. 225 ; Philosophie épicurienne, cahiers posthumes, dans Œuvres t. III, p. 849 (« Quant aux
philosophes les plus intensifs, tels Aristote, Spinoza, Hegel... »).
17. K. Marx, Die deutsche Ideologie, MEW III, p. 121 ; trad. G. Badia, Paris, 1976, p. 126.
18. Lettre à Lassalle du 21 décembre 1857 (MEW XXIX, p. 547).
19. K. Marx, Das Kapital (MEW XXIII, p. 96 et 113) ; Le capital, dans Œuvres t. I, Paris, 1963,
p. 591 et 617.
20. Marx, Hefte, p. 88 ; Œuvres t. III, p. 822.
21. Marx, Hefte, p. 89 sq. ; ibid., p. 823.
22. Marx, Hefte, p. 215 ; ibid., p. 830.
23. Marx, Hefte, p. 224 ; ibid., p. 849.
24. Marx, Hefte, p. 225 ; ibid., p. 849.
25. Marx, Hefte, p. 126 ; ibid., p. 829.
26. Voir R. Sannwald, Marx und die Antike, Einsiedeln, Verlaganstant Benzinger, 1956, p. 36 ;
M. Rossi, Da Hegel a Marx. III : La scuola hegeliana, Il giovane Marx, Milan, Feltrinelli, 1974
(Ire éd. ; 1963), p. 154-270, et Natali, op. cit. Tandis que Rossi pense à une influence de
Trendelenburg sur Marx, Natali pense, à mon avis plus justement, à une influence directe
d’Aristote.
27. K. Marx, Critique de la Philosophie de l’État de Hegel, dans, Œuvres t. III, p. 873 sq.
28. Marx, Critique, ibid., p. 874-875.
29. Marx, Critique, p. 878 sq.
30. Marx, Critique, p. 880, italiques dans le texte.
31. Marx, Critique, p. 886, italiques dans le texte.
32. Marx, Critique, p. 893-894.
33. S. Kierkegaard, Journal (extraits), I (1834-1846), traduit du danois par K. Ferlov et
J.-J. Gateau, Paris, Gallimard, 1963, p. 223.
34. Kierkegaard, Journal, I, p. 293.
35. Lehrbuch der Geschichte der Philosophie. Mit Angabe der Literatur nach den Quellen
bearbeitet von Dr. G.O. Marbach. Leipzig, Verlag von Otto Wigand, 1. Abtheilung (1838).
Einleitung und Geschichte der griechischen Philosophie. § 102 (sur la Métaphysique
d’Aristote), p. 248 : « So ist alles Seiende in der Bewegung von sich zu sich, ist das Was-war-
sein [...] In ihrem Begriffe ist die Wesenheit das Selbständige, daher nicht das abstract
Allgemeine und nicht das Geschlecht (die Gattung), sondern das Individuelle, welches als das
Was-war-sein alles Seienden bezeichnet ist ». 2. Abtheilung (1841). Geschichte der Philosophie
des Mittelalters. § 128, p. 5 : « So kam Aristoteles zu dem Satze, das [sic] der Begriff (als das
Was-war-sein) von Allem die Wahrheit sei und damit die Aufgabe den νου`~ als Prinzip von
Allem nachzuweisen gelöst ».
36. Kierkegaard, Journal, I, p. 294.
37. Kierkegaard, Journal, I, p. 329.
38. Ibid.
39. Kierkegaard, Journal, I, p. 330.
40. Kierkegaard, Journal, I, p. 333 sq.
41. Kierkegaard, Journal (extraits), III (1849-1850), p. 295.
42. Kierkegaard, Journal, III, p. 300.
43. Aristot. Cat. 5, 2 a 11 sq.
44. Kierkegaard, Journal, III, p. 334 sq.
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