U 2019-2020
Chapitre 1
Structures algébriques
I. Eléments de logique
1. Logique propositionnelle
Dans la logique propositionnelle, on étudie les relations entre des énoncés, que l’on va appeler
propositions ou encore des formules. Ces relations peuvent être exprimées par l’intermédiaire de
connecteurs logiques qui permettent, par composition, de construire des formules syntaxiquement
correctes. On trouve principalement : la conjonction, la disjonction (inclusive), l’implication,
l’équivalence et la négation.
Parmi tous les énoncés possibles qui peuvent être formulés dans une langue, on distingue ceux
auxquels il est possible d’attribuer une « valeur de vérité » : vrai ou faux. Ces énoncés porteront le
nom de propositions (ou assertion ou affirmation).
Dans le langage formel de la logique, ces énoncés seront représentés par des variables (𝑝, 𝑞, 𝑟, etc.).
Remarquons que certaines phrases de la langue courante ne sont pas de propositions, elles ne sont
ni vraies ni fausses :
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On peut appréhender une logique soit sous son aspect syntaxique (ou déductif) soit sous son aspect
sémantique. Dans l’approche syntaxique on s’intéresse à la notion de preuve formelle. A partir
d’axiomes et d’hypothèses on déduit de nouveaux faits en appliquant un ensemble de règles
d’inférence.
Par exemple, la règle dite du modus ponens nous permet de déduire à partir des deux énoncés :
S’il pleut alors il y a des nuages.
Il pleut.
L’énoncé : Il y a des nuages.
Dans l’approche sémantique on s’intéresse à évaluer la vérité ou fausseté de certains énoncés dans
certaines situations, à voir si un énoncé est une conséquence logique d’un autre, à vérifier la
consistance d’un ensemble d’énoncés. Par exemple, est-il possible que les trois énoncés
S’il pleut il y a des nuages
Il y a des nuages
Il ne pleut pas
soient vrais simultanément ?
S’intéresser à la syntaxe de la logique propositionnelle, c’est considérer les formules qui sont « bien
écrites » ou « bien formées ». Pour cela, on se donne un alphabet, i.e. un ensemble de symboles.
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Département d’informatique Prépa-A1 – Algèbre 1 A.U 2019-2020
L'alphabet de la logique des propositions (langage que l'on notera L) est constitué des symboles
suivants :
– un ensemble {𝑝, 𝑞, 𝑟, . . . } dénombrable de lettres appelées variables propositionnelles (ou
symboles propositionnels). Il s’agit des propositions atomiques telles que par exemple « 6 est
divisible par 2 » ;
– les constantes 𝑣𝑟𝑎𝑖 « 𝑉 » et 𝑓𝑎𝑢𝑥 « 𝐹 » ;
– un ensemble (fini) de connecteurs logiques : ∧,∨, ¬, ⟹, ⟺ ;
– les délimiteurs ou parenthèses ( , ).
Remarque 1.1. Il existe d’autres notations pour les connecteurs logiques, la table ci-dessous donne
les correspondances :
⋀ &
⟹ → ou ⊃
⟺ ↔ ou ≡
¬𝑥 ~𝑥 ou 𝑥̅
Remarque 1.2. Dans le langage courant, le mot « ou » est souvent employé de deux façons
distinctes :
– il est parfois utilisé avec le sens « les deux cas peuvent se produire » (le ou inclusif) ;
– parfois avec le sens « 𝑝 ou 𝑞, mais pas les deux » (le ou exclusif). Dans ce cas, il s’agit de l’énoncé
«𝑝 ou exclusif 𝑞 » qui est une nouvelle proposition appelée disjonction exclusive de 𝑝 et de 𝑞 et
notée 𝑝 ⊕ 𝑞.
Sauf indication contraire, le « ou » sera toujours employé avec la première signification.
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2. Les quantificateurs ∀ et ∃
On se donne un ensemble 𝐸 et 𝑃(𝑥) une proposition dont les valeurs de vérité sont fonction des
éléments 𝑥 de 𝐸. Par exemple, considérons la proposition « 𝑥 2 = 1 » dépendant d’un réel 𝑥. On ne
peut pas dire que la phrase 𝑥 2 = 1 est vraie ou fausse tant qu’on ne sait pas ce que vaut 𝑥.
Une telle proposition, dont les valeurs de vérité sont fonction d’une (ou plusieurs) variable(s)
s’appelle un prédicat. Cette proposition est vraie quand 𝑥 = 1 ou quand 𝑥 = −1 et est fausse dans
les autres cas ou encore, la proposition « 𝑥 2 = 1 ⇔ (𝑥 = 1 𝑜𝑢 𝑥 = −1) » est vraie pour tout
choix du réel 𝑥.
De manière générale, la proposition : « Pour tous les éléments 𝑥 de 𝐸, la proposition 𝑃(𝑥) est vraie »
s’écrit en abrégé : « ∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) ».
La proposition : « il existe au moins un élément 𝑥 de 𝐸 tel que la proposition 𝑃(𝑥) est vraie » s’écrit
en abrégé : « ∃𝑥 ∈ 𝐸/ 𝑃(𝑥) » ou aussi « ∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) ».
Remarque 1.5. On ne peut pas permuter des quantificateurs de natures différentes. En effet, quand
on écrit ∃𝑥 , ∀𝑦 l’élément 𝑥 est fourni une bonne fois pour toutes avant les 𝑦 et est donc constant
quand 𝑦 varie. Quand on écrit ∀𝑦, ∃𝑥 l’élément 𝑥 est fourni après chaque 𝑦. Il dépend de 𝑦 et peut
donc varier quand 𝑦 varie.
3.1 Le raisonnement déductif (ou direct). Le schéma du raisonnement déductif est le suivant :
Quand 𝑃 est une proposition vraie, et 𝑃 ⇒ 𝑄 est une proposition vraie, on peut affirmer que 𝑄 est
une proposition vraie (le modus ponens). De plus, sachant que l’implication est transitive, une
démonstration prend très souvent la forme suivante : 𝑃 est vraie et 𝑃 ⇒ 𝑄 ⇒ 𝑅 ⇒ . . . ⇒ 𝑆 ⇒ 𝑇
est vraie, et on a donc montré que 𝑇 est vraie.
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3.3. Le raisonnement par contraposition : Le schéma est le suivant : Pour montrer que 𝑃 ⇒ 𝑄 est
une proposition vraie, il (faut et) il suffit de montrer que 𝑄 ⇒ 𝑃 est une proposition vraie.
3.4. Le raisonnement par disjonction de cas : Si l’on souhaite vérifier une assertion 𝑃(𝑥) pour tous
les 𝑥 dans un ensemble 𝐸, on montre l’assertion pour les 𝑥 dans une partie 𝐴 de 𝐸, puis pour les 𝑥
n’appartenant pas à 𝐴. C’est la méthode de disjonction de cas ou du cas par cas.
3.5. Le raisonnement par récurrence : Il permet de montrer qu’une assertion 𝑃(𝑛), dépendant de 𝑛,
est vraie pour tout 𝑛 ∈ ℕ. La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes : lors de
l’initialisation on prouve 𝑃(0). Pour l’étape d’hérédité, on suppose 𝑛 > 0 donné avec 𝑃(𝑛) vraie, et
on démontre alors que l’assertion 𝑃(𝑛 + 1) au rang suivant est vraie. Enfin dans la conclusion, on
rappelle que par le principe de récurrence 𝑃(𝑛) est vraie pour tout 𝑛 ∈ ℕ.
3.6. Le contre-exemple : Si l’on veut montrer qu’une assertion du type « ∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) » est vraie
alors pour chaque 𝑥 de 𝐸 il faut montrer que 𝑃(𝑥) est vraie. Par contre pour montrer que cette
assertion est fausse alors il suffit de trouver 𝑥 ∈ 𝐸 tel que 𝑃(𝑥) soit fausse. (Rappelez-vous la
négation de « ∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) » est « ∃𝑥 ∈ 𝐸, 𝑛𝑜𝑛 𝑃(𝑥) ».) Trouver un tel 𝑥 c’est trouver un contre-
exemple à l’assertion « ∀𝑥 ∈ 𝐸, 𝑃(𝑥) ».