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Avant Propos

Depuis l’antiquité l’être humain a diversifié les sources de l’énergie pour


les besoins de ses activités et améliorer sa vie. Au début de l’ère industrielle vers
les années 1820 et la fameuse découverte des machines thermiques, une science
est née, c’est la notion de la thermodynamique. Cette discipline est une nécessité
pour connaitre, dimensionner et construire les différentes machines trouvées
dans le milieu industriel. Ce fascicule de cours, destiné aux étudiants de 2 ième
année LMD spécialité mécanique, présente les quatre lois ou principes de base
de la thermodynamique et un exemple d’étude des machines frigorifiques à
compression.

Enfin, espérant que cette connaissance puisse être utile pour nos futurs
techniciens supérieurs et satisfaire leurs besoins au milieu industriel.
Chapitre I

Introduction aux principes de la


thermodynamique

Objectif

La connaissance des termes et des vocabulaires couramment utilisés


lorsqu’on évoque la thermodynamique et la présentation de son 1er principe.
I- Introduction 

La thermodynamique est l’étude d’échange de deux formes d’énergie :


mécanique et calorifique, entre un système thermodynamique et son milieu
extérieur au cours d’une transformation thermodynamique.
La thermodynamique ne cesse de s’élargir à tous les modes de conversion et de
transfert. Elle est gouvernée par quatre principes fondamentaux dictés par
l’observation et appuyés par les mesures :

- Principe zéro : qui concerne la notion d’équilibre thermique : deux corps


en équilibre thermique avec un troisième sont en équilibre entre eux (le
troisième corps est le thermomètre par exemple).

- Premier principe : principe d’équivalence ou principe de conservation qui


est une généralisation de la loi de conservation de l’énergie.

- Deuxième principe : ou principe de Carnot, il détermine la direction du


changement d’un système vers l’équilibre et introduit le concept
d’entropie.

- Troisième principe : ou principe de Nernst – Planck qui donne les


propriétés de la matière au voisinage de zéro absolu.

II- Définitions 

1- Système thermodynamique 

Un système thermodynamique est un corps délimité par une surface qui lui est
propre (cas d’un solide) ou matérialisé par des parois (cas d’un gaz, liquide). Il
est dit :

- ouvert s’il peut échanger matière et énergie avec l’extérieur,


- fermé s’il ne peut échanger que l’énergie avec l’extérieur,
- isolé s’il ne peut échanger ni matière ni énergie avec l’extérieur.
2- Etat thermodynamique 

L’état thermodynamique d’un système est l’ensemble des propriétés qui le


caractérisent, indépendamment de la forme de sa frontière. Pour décrire un
système ou définir son état, il faut connaître les valeurs de certaines grandeurs
mesurables appelées : variables thermodynamiques ou variables d’état. Ces
grandeurs sont des grandeurs macroscopiques et elles sont dites :

- extensives s’ils dépendent de la quantité de matière (masse, volume…


etc.),
- intensives s’ils ne le sont pas (pression, température …etc.).

État d’équilibre 

Un état d’équilibre d’un système est un état dans lequel aucune évolution ne
tend plus à se produire spontanément.
Lorsqu’un système passe d’un état d’équilibre à un autre état d’équilibre sous
l’action d’une influence extérieur, on dit que le système a subi une
transformation.

3- Transformation quasi – statiques 

Supposons que les états intermédiaires du système au cours de l’évolution soient


des états d’équilibre infiniment voisins. Cela signifie que l’état instantané du
système en évolution peut être défini au moyen de variables thermodynamiques
macroscopiques parfaitement déterminées.
La transformation envisagée est une succession d’état d’équilibre, elle est dite
quasi – statique, le système n’est jamais éloigné d’un état d’équilibre.

4- Transformation réversible 

Si la transformation se produit, dans un sens ou dans l’autre, d’un état d’équilibre


initial à un état d’équilibre final, cette transformation est dite réversible.
Pour qu’une transformation soit réversible, il faut qu’elle soit quasi – statique et
qu’aucun phénomène dissipatif n’intervient au cours de la transformation
(frottement, inélasticité, effet Joule…etc.).

Une transformation est dite :

- isochore si le volume reste constant,


- isobare si la pression reste constante,
- isotherme si la température reste constante.
5- Equation d’état d’un système 

A l’équilibre thermodynamique, c’est à dire aucune modification ne se produit à


l’intérieur du système au cours du temps, les différentes variables d’état ne sont
indépendantes mais au contraire reliées entre elles par des équations d’états du
système. La complexité de ces équations dépend de celle du système.

Exemple : PV = RT pour une mole de gaz parfait. ( R = 8.314 J/mol.K).

Règle de Gibbs: V = C + φ – 2 [I-1]

Avec :
V : nombre de variance,
C : nombre de constituants indépendants,
φ: nombre de phase.

Le nombre de variance nous permet de déterminer le nombre de variables


d’état à fixer, pour caractériser l’état d’équilibre d’un système.

III- Le premier principe de la thermodynamique 

1- Le travail 

Le travail mécanique est une forme d’énergie qui apparaît au cours d’une
variation de volume d’un système fermé. Sur la figure I-1, on représente une
enceinte fermée contenant un fluide soumise à une force F.

Position initial x

Position final x + dx

Fig. I-1 : système fermé soumis à une force

Donc : dW = F (x + dx – x) = F.dx

Or F = -P S (pression x surface du piston)

D’ou dW = P.S.dx
Or S.dx = V alors dW = -P.Dv

Si dV  0 (volume augmente)  dW  0
Si dV < 0 (volume diminue)  dW  0

Remarque : si le système passe d’un état 1 à un état 2 on a :


2

    PdV
1 [I-2]

2- La chaleur 

La chaleur est une forme d’énergie qui apparaît au cours de transfert d’énergie
entre deux corps de températures différentes, elle est de deux types :

 Chaleur latente, ou chaleur de transformation de phase si T = cst.

 Chaleur sensible si P et V = cstes et on a dQ = C dt avec C : la capacité


calorifique.

Si dT > 0  dQ > 0
Si dT < 0  dQ < 0

S’il n y a pas d’échange de chaleur avec le milieu extérieur, le système est dit
adiabatique.

3- Energie interne 

Soit un cycle de transformation (ABA) effectués selon les parcours (abc),


représenté sur la figure I-2.

P
B

a
b c

Fig. I-2 : cycle de transformation.


D’après le principe d’équivalence, on peut écrire :

Wa + Qa + Wb + Qb = 0

Si le cycle est décrit selon le parcours (a c), on a encore :

Wa + Qa + Wc + Qc = 0
La comparaison de ces deux expressions permet d’écrire:

Wb + Qb = Wc + Qc = - (Wa + Qa)

Ainsi la somme algébrique des quantités (W + Q) échangées entre B et A (donc


entre A et B) ne dépend pas du type de transformation (b ou c), mais seulement
de l’état initial et final de celle-ci.
Par suite, on peut affirmer qu’il existe une fonction U, dont la variation UAB
= (W + Q)AB reste la même pour toute transformation décrite entre A et B, soit :

UAB = UB – UA = WAB + QAB

Cette fonction qui ne dépend que de l’état du système et non du chemin


parcouru au cours de cette transformation, est une fonction d’état du système
appelée « fonction énergie interne ».
Elle est due essentiellement :

- au mouvement des particules (1/2 mv2) : énergie cinétique,


- à l’interaction potentielle entre les particules (interaction molécule–
molécule ou ion– ion).

Remarque : l’énergie interne U est une énergie que possède le système, alors
que le travail et la chaleur (W et Q) sont des formes d’énergie produites au cours
des transformations dans le système entre 2 états (initial et final).
W et Q ne sont pas des fonctions d’états, c’est pourquoi on utilise Q et W
(pour décrire des petites variations).

4- Expression simplifiée du premier principe 

Dans le cas d’une masse fluide donnée dont la pression est P et le volume est V
et qui ne subit que des transformations au cours desquelles les seuls travaux en
jeu sont ceux des forces de pression, l’expression du premier principe pour une
transformation élémentaire est :

dU = Q – PdV, car W = -PdV. [I-3]


Lorsque le problème étudié s’exprime plus facilement à partir des coordonnées
thermodynamiques P et T qu’avec V et T, il peut être avantageux de remplacer la
fonction d’état énergie interne par une autre fonction d’état, appelée enthalpie notée
H, telle que :

H = U + PV et dH = d (U + PV) = Q + VdP [I-4]

L’enthalpie d’une substance correspond à la quantité totale d’énergie


emmagasinée en elle-même ce qui comprend ; la chaleur sensible, la chaleur
latente accumulée lors des changements de phase s’il y à lieu et l’énergie de
travail d’écoulement.
L’enthalpie comprend l’énergie interne (chaleur sensible et latente)
emmagasinée correspondant à son niveau de température et du ou des
changements de phase plus l’énergie de travail d’écoulement fait sur la
substance à cause de son niveau de pression.

IV- Gaz parfait 

1- Equation d’état d’un gaz parfait 

D’après la loi de Mariotte (1676) et Boyle (1662), l’équation d’état d’un gaz
parfait est :

PV = nRT [I-5]

Avec :
n : nombre de moles de gaz,
R = 8.314 J/mol.K : constante des gaz parfaits,
T : température en Kelvin.
PV  Mm RT

Pour une masse (m) de gaz parfait,


M : masse molaire du gaz parfait.

PV = rT [I-6]

Avec r = R/M ; r dépend du gaz parfait.

2- Chaleurs spécifiques CP et CV 

L’énergie interne est une fonction de la température du gaz : U = U(T).


On considère une transformation élémentaire à volume constant au cours de
laquelle l’unité de masse du gaz absorbe la quantité de chaleur QV :

QV = CV dT = dU : d’après le premier principe.

Donc CV = dU/ dT : chaleur spécifique à volume constant.

La variation d’énergie interne dans une transformation amenant l’unité de masse


du gaz de T1 à T2 est :
2
U2  U1CV dT
1 [I-7]

De même l’enthalpie H ne dépend que de la température :

H = U + PV or PV = rT pour une unité de masse.

dH = dU + d (PV) = CV dT + d (rT) = (CV + r) dT.

On considère une transformation élémentaire à pression constante :

dH = dU + PdV +VdP = Q – PdV + VdP + PdV = QP

 dH = QP = CP dT ; CP = dH/dT avec CP : chaleur spécifique à pression constante.

dH = CP dT = (CV + r) dT; ce qui donne CP – CV = r = R/M  [I-8]

C’est la relation de Mayer pour l’unité de masse d’un gaz parfait.

3- Transformation isotherme d’un gaz parfait 

L’équation d’une transformation isotherme est PV = rT = cste.

Le travail réversible entre M1 et M2 est W = rT Ln V1/V2 pour une unité de masse.

U = 0 = Q + W = Q + rT LnV1/V2  Q = rT LnV2/V1.

Au cours d’une détente, pour empêcher le gaz de se refroidir, il faut lui fournir une
quantité de chaleur équivalente au travail fournir à l’extérieur.
4- Transformation adiabatique réversible : Q = 0.

dU = CV dT = - PdV

Et PV = rT, dT = 1/r (PdV + VdP)  dT = (PdV + VdP) / (CP – CV) = - PdV/ CV.

On note CP / CV = k : rapport des chaleurs spécifiques.

k dV/V = - dP / P

On en déduit PVk = cst ; TP (1-k)/k = cste ; TVk-1 = cste : formules de Laplace. [I-9]

5- Expression différentielle de l’énergie interne et de l’enthalpie : notion de


la chaleur latente 

U est une fonction de T et V ; U = U(T, V).

dU (UT )V dT ( UV )T dV QW

Or W = -PdV

Q(UT )V dT (UV )T dV  pdV


D’ou

Q(UT )V dT [( UV )T  p]dV


Or ( UT )V C V

 QC V dT [( UV )T  p]dV

[( UV )T  p]LV s’appelle chaleur latente, c’est la quantité de chaleur

nécessaire pour accroître V d’une unité (dV = 1) sans que la température varie

(dT = 0).
Donc
QC V dT  LV dV [I-10]

H est une fonction de T et P ; H = H(T, P).

dH ( HT ) PdT ( HP )T dPQW

 QC P dT [( HP )T V]dP

QC P dT  LP dP
 [I-11]

CP : est la capacité calorifique à pression constante ;


LP : est la quantité de chaleur nécessaire pour accroître la pression d’une unité.
Chapitre II

Le deuxième principe
Fonction entropie

Objectif

La définition de la fonction Entropie et l’énoncé du deuxième principe de


la thermodynamique.
I- Introduction 

Le deuxième principe (ou principe de l’évolution) impose des conditions


restrictives au cours des transformations d’un système et permet, contrairement
au premier principe, de prévoir le sens de l’évolution d’un système.

II- Transformations cycliques monothermes 

Le système n’échange la chaleur qu’avec une seule source. Il est impossible


qu’un système puisse fournir du travail au milieu extérieur, au cours d’un cycle
monotherme. On a donc nécessairement :
Wcycle  0

Et comme (W + Q) cycle = 0, on a aussi :

Qcycle  0

Si la transformation monotherme est réversible, dans un sens, on a W  0 et, en


sens inverse W  0 ; ces deux conditions entraînent : Wcycle = Qcycle = 0.

III- Transformations cycliques dithermes 

Le système échange la chaleur avec deux sources. D’après ce qui précède, il est
impossible de réaliser une machine thermique motrice, en empruntant de la
chaleur à une seule source. Pour fonctionner, une machine thermique doit donc
être en contact avec au moins deux sources.
Une machine thermique dithermes échange une quantité de chaleur Q 1 avec la
source chaude, une quantité de chaleur Q2 avec la source froide et un travail W
avec le milieu extérieur. Cette machine est représentée sur la figure II-1. Au cours
d’un cycle et d’après le premier principe, on aura toujours en valeurs algébriques :

W + Q1 + Q2 = 0 [II-1]
Source chaude T1

Q1

Machine W Milieu
thermiqu extérieur
e
Q2

Source froide T2

Moteur thermique

Machine frigorifique et pompe à chaleur

Fig. II-1 : Cycle d’une machine ditherme.

1- Cas du moteur thermique 

Son rôle est de fournir un travail au milieu extérieur (W<0), en empruntant une
chaleur Q1 à une source chaude (Q1>0) et en restituant obligatoirement une
quantité de chaleur Q2 à une source froide (Q2<0). Il est donc impossible d’avoir
Q2 = 0, sinon on reviendrait à la machine thermique monotherme qui ne peut pas
fonctionner.
Le rendement du moteur, définit comme le rapport positif recette – dépense, est :

 = -W / Q1 ( < 1)

Ou, d’après la relation [II-1]

 = (Q1 +Q2) / Q1 [II-2]

2- Cas de la machine frigorifique 

Son rôle est d’extraire une quantité de chaleur Q2 à la source froide (Q2 > 0), en
recevant un travail W du milieu extérieur (W > 0), et en fournissant une quantité
de chaleur Q1 (Q1 < 0), à la source chaude.
Le coefficient d’efficacité est encore le rapport positif recette – dépense, soit :

COP = Q2 / W (COP > 1)


Ou, d’après la relation [II-1],

COP = Q2 / - (Q1 + Q2) [II-3]

3- Cas de la pompe à chaleur 

Son rôle est de fournir une quantité de chaleur Q 1 (Q1 < 0), à la source chaude
(air de la salle à chauffer), en recevant un travail W du milieu extérieur (W > 0)
et une quantité de chaleur Q2 (Q2 > 0) de la source froide.

Le coefficient d’efficacité est le rapport positif recette – dépense, soit :

COP =- Q1 / W (COP > 1)

Ou, d’après la relation [II-1],

COP = Q1 / (Q1 + Q2) [II-4]

IV- Comparaison des cycles réversibles et irréversibles 

1- Cycles réversibles 

D’après le théorème de Carnot, tous les cycles réversibles fonctionnant entre les
mêmes sources ont même rendement (ou même coefficient de performance),
indépendamment de la nature du fluide.
Exemple : le cycle de Carnot (cycle réversible ditherme) comprend deux
isothermes (T1) et (T2) reliés par deux adiabatiques réversibles est représenté sur
la figure II-3.

P
T2 Q2
2 adiabatiques.
2 isothermes T1 et T2.
Seul cycle qui peut être effectué dans les 2 sens.
Sens trigo : réfrigérateur ou pompe à chaleur.
Sens horaire : moteur.

T1
Q1

Fig. II-2 : cycle de Carnot. V


Le rapport des chaleurs échangées (au cours des transformations isothermes)
avec les sources de température T1 et T2 est :

Q1 / Q2 = - T1 / T2 [II-5]

On en déduit, d’après les relations [II-2], [II-3] et [II-4] :

 Le rendement du moteur thermique ditherme réversibles :

r = (T1 – T2) / T1 [II-6]

 Le coefficient de performance de la machine frigorifique réversible :

COP = T2 / (T1 – T2) [II-7]

 Le coefficient de performance de la pompe à chaleur réversible :

COP = T1 / (T1 – T2) [II-8]

D’autre part, pour les cycles réversibles dithermes, la relation [II-5] s’écrit :

Q1 / T1 + Q2 / T2 = 0 [II-9]

On peut généraliser cette relation à un cycle réversible fonctionnant avec un


grand nombre de sources :

 (Qi / Ti) = 0 [II-10]

Et pour une infinité de sources, on aura :

∫ cycle réversible (Q / T) = 0 [II-11]

Où Q est la chaleur échangée par le système avec la source de température T


(égale à celle du système, car il y a réversibilité).

2- cycle irréversibles 

D’après le théorème de Carnot, le rendement (et le coefficient de performance)


d’un cycle fonctionnant entre deux sources est maximal lorsque le système
fonctionne de façon réversible ; donc
irréversible < réversible :

On en déduit :

(Q1 + Q2) / Q1 < (T1 – T2) / T1

Soit

Q1 / T1 + Q2 / T2 < 0 [II-12]

On peut généraliser ce résultat à un cycle irréversible fonctionnant avec un


grand nombre de sources :

 (Qi / Ti) < 0 [II-13]

Et pour une infinité de sources, on aura :

∫cycle réversible (Q / T) < 0 [II-14]

Ici T désigne la température d’une source, mais en aucun cas celle du système
(car la transformation est irréversible).

V- Transformations. Entropie 

1- Transformations réversibles 
F

La quantité  (Q/Tindépendante
I
)
du chemin suivi pour passer de l’état initial I à

l’état final F, est mesurée par la variation de la fonction d’état S (entropie) :

 (Q/T)S S
I
F I [II-15]

Pour un cycle SF = SI et on retrouve la relation [II-11].


La différentielle de la fonction entropie est donc, pour une transformation
réversible :

dS = δQ / T [II-16]

T étant la température de la source (égale à la température du système)


2- Transformation irréversible 

D’après les relations [II-12] et [II-14], on a :

(Q/T)S S
I
F I [II-17]

T étant la température de la source et non celle de système.

VI- Propriétés de la fonction entropie S 

S est une fonction d’état liée au désordre moléculaire ; elle est définie dans un état
d’équilibre du système ; ses variations ne dépendent pas du chemin suivi. Ce qui
simplifie le calcul de S.
dS = δQ / T est donc une différentielle totale exacte (alors que δQ ne l’est pas).

S est une quantité extensive (donc additive) : on peut calculer la variation


d’entropie de l’univers en faisant la somme des entropies de chaque partie du
système, des sources et des milieux extérieurs :

(S) univers = (S) système + (S) source + (S) extérieur

L’irréversibilité est liée à l’augmentation de l’entropie de l’univers.

Pour un système isolé, alors que son énergie interne U est constante, son entropie
ne peut que croître : S ≥ 0. C’est la raison pour laquelle un système même s’il est
isolé, il est en train de subir une évolution et ne peut pas revenir à son état initial.

VII- Entropie d’une mole de gaz parfait 

 En fonction des variables T et P, on a : dS = CP dT / T – R dP / P.

 En fonction des variables T et V, on a : dS = CV dT / T + R dV / V.

 En fonction des variables V et P, on a : dS = CV dP / P – CP dV / V.

Ainsi la variation d’entropie d’une mole de gaz parfait, de capacité calorifique


molaire
CP = γ R / (γ – 1) et CV = R / (γ – 1), sera :
- si la transformation est isobare : S = CP Ln (T2 /T1),
- si la transformation est isochore : S = CV Ln (T2 /T1),

- si la transformation est isotherme : S = R Ln (V2 /V1) = R Ln (P1 /P2),

- si la transformation est adiabatique réversible : S =0.

Exercice : Moteur thermique à air

Dans un moteur thermique à air, l’unité de masse (1kg) d’air (supposé parfait)
décrit de façon réversible le cycle des transformations suivantes :

- compression isotherme de l’état A1 (P1 = 1 atm, T1 = 350 K), à l’état


A2 (P2 = 8 atm, T1) ;

- échauffement isobare de l’état A2 à l’état A3 (T3 = 1400 K) ;

- détente adiabatique de l’état A3 à l’état A4 ;

- Refroidissement isobare de l’état A4 à l’état initial A1 .

On donne : γ = 1.4 ; R = 8.314 J/mol.K ; M = 29 g/mol.

1- Calculer la capacité calorifique à pression constante de l’unité de masse


d’air.

2- Déterminer la pression, le volume et la température de l’air dans chacun


des états A1, A2, A3 et A4.

3- Quel est le rendement thermodynamique η du cycle ? le comparer au


rendement du cycle de Carnot fonctionnant entre les mêmes températures
extrêmes.

4- Calculer pour chacune des quatre transformations du cycle, les variations


U et S de l’énergie interne et l’entropie du gaz. Vérifier que l’on a
(U)cycle = 0 et (S)cycle = 0.

5- Représenter le cycle étudié dans le diagramme (P, V), en utilisant les


résultats obtenus.
Chapitre III

Machines frigorifiques à compression

Objectif

La connaissance du principe de fonctionnement des machines


frigorifiques à compression et l’application des lois de la thermodynamique pour
étudier la performance de ces machines.
I- Principe 

Une installation frigorifique est une machine thermique à deux sources


fonctionnant en régime inverse de celui des machines motrices.
Etant donné une source TF (TF < TC), on fait décrire au fluide frigorifique un
cycle fermé au cours duquel il soutire à la source froide une quantité de chaleur
QF, puis cède à la source chaude une quantité de chaleur Q C. Cette machine est
représentée sur la figure III-1.

Source chaude TC

QC

Machine W
thermique Milieu
extérieur

QF

Source froide TF

Fig. III-1 : cycle d’une installation frigorifique.

D’après le second principe, ce transfert de chaleur de la source froide à la source


chaude ne peut pas se faire sans l’intervention d’un travail mécanique extérieur,
donc le fonctionnement d’une machine frigorifique nécessite la présence d’une
source extérieure d énergie.
Ainsi dans une machine frigorifique, le fluide frigorigène reçoit, au cours d’un
cycle, une quantité d’énergie QF prise à la source froide à TF et cède une
quantité de chaleur QC à la source chaude à TC. par conséquent, il reçoit un
travail W qui serait égal, d’après le bilan du premier principe appliqué à un
cycle (transformation fermé) à :

W = - (QC + QF) [III-1]


II- Le coefficient de performance 

1- Cas d’effet frigorifique

L’effet utile de la machine est QF désigné également sous le nom d’effet


frigorifique. On appelle coefficient de performance d’effet frigorifique par unité
de travail :

COP = QF / W = QF / - (QF + QC) [III-2]

Contrairement aux rendements, toujours inférieurs à l’unité, le COP d’effet


frigorifique est supérieur à l’unité dans la plupart des cas. Il est fonction des
températures extrêmes entre lesquelles évolue le cycle.

2- Cas d’une pompe à chaleur 

L’effet utile d’une pompe à chaleur est la quantité QC fournie à la source chaude
utilisé en générale pour la chauffer. Dans ce cas le COP de la machine est défini
par :

COP = QC / W = QC / - (QF + QC) [III-3]

III-Les fluides frigorigènes 

1- Propriétés thermodynamiques 

On recherche des fluides qui auront une bonne efficacité, donc des fluides qui
ont une chaleur de vaporisation élevée et qui absorbent un travail W plus réduit.

2- Propriétés physiques 

 Il faut essayer d’avoir une chaleur de vaporisation par m3 de volume


aspiré la plus grande possible pour limiter les dimensions de
l’installation.
 L’intervalle entre la pression du condenseur et la pression de
l’évaporateur doit être adapté au compresseur utilisé.
 La pression de l’évaporateur ne doit pas être inférieure à la pression
atmosphérique pour éviter des rentrées d’air humide dans l’évaporateur.
3- Sécurité du matériel et du personnel 

Le fluide utilisé doit être non corrosif, ininflammable et non toxique.

4- Le facteur écologique 

Ce facteur est devenu primordial au cours des dernières années. Le fluide


frigorigène ne doit pas avoir une influence destructrice sur la couche d’ozone
qui entoure le globe.

5- les fluides frigorigènes industriels 

a- Les fréons 

Il s’agit du nom d’une marque commerciale utilisé dans la pratique pour


désigner les fluides obtenus par substitution d’atomes de chlore, de fluor ou du
brome sur des hydrocarbures (méthane, éthane…etc.).
Ces fluides frigorigènes, désignés par une formule chimique, sont répertoriés,
d’après les normes par la lettre R (réfrigérant) suivi de 2 ou 3 chiffres.

Avantages : 

- la chaleur de vaporisation est importante.


- Les pressions d’évaporation et de condensation aux températures usuelles
sont compatibles avec le taux de compression admissible par les
compresseurs.

Inconvénients :

- Les fréons diffusent très facilement, dissolvent le caoutchouc naturel et


les huiles de graissage.
- Ils attaquent les métaux en présence d’humidité ce qui nécessite
l’utilisation de déshydratant dans le circuit.
- Ils se décomposent en présence de flamme en donnant surtout le
phosgène (COCl2) qui est très dangereux.

b- L’ammoniac (NH3) 

Il est préféré aux fréons dans les installations de grande puissance vu que la
production frigorifique au m3 aspiré est plus grande.
L’humidité peut être tolérée et la détection des fuites est facile.
Inconvénients :

- Il est moins stable que les fréons, d’où la nécessité de purger les gaz
incondensables.
- Il attaque le cuivre et ses alliages, ce qui est désavantageux pour les
petites installations où il est économique d’utiliser des échangeurs en
cuivre.
- L’odeur de l’ammoniac est toxique.

IV- Diagrammes thermodynamiques employés dans l’industrie frigorifique 

1- Généralités 

Dans l’industrie frigorifique, on utilise très souvent le diagramme enthalpique :


diagramme pression – enthalpie. Ce diagramme comporte : courbe de saturation
séparant les domaines liquide et vapeur, les courbes d’égales températures,
d’égaux volumes et d’égales entropies. Dans ce diagramme le tracé des cycles
des machines frigorifiques à une forme trapézoïdale.

2- Description 

- La courbe de saturation séparant le domaine liquide, liquide – vapeur et


vapeur surchauffée présente une certaine inclinaison plus au moins
accentuée suivant la nature du fluide.
- Les isothermes sont sensiblement verticales dans la zone liquide, si elles
ne sont pas tracées, on admet leurs verticalités. Elles sont horizontales
dans la zone d’équilibre liquide – vapeur.
- Les isochores (courbes d’égales volumes) subissent une diffraction au
niveau de la courbe de saturation.
- Les isentropes (courbes d’égales entropies) ne présentent pas de variation
de pente au passage par la courbe de saturation.
- Le diagramme comporte dans la zone d’équilibre liquide – vapeur, les
isotitres (courbes d’égaux titres de vapeur). Le titre de vapeur est la
proportion de vapeur dans un mélange, il est variable entre 0 (liquide
saturant) et 1(vapeur saturante).

La figure III-2 représente le diagramme (P-h) utilisé dans l’industrie


frigorifique pour suivre l’évolution du fluide frigorigène au cours de son cycle.
P T = cst
Point critique S = cst

V = cst

Liquide

Liq + Vap
Vapeur
Titre x = cst surchauffée

h
Fig. III-2 : Diagramme Pression - enthalpie.

V- Cycle théorique des machines frigorifiques à compression 

1- Introduction 

Une machine frigorifique à cycle continu comporte :

- Un évaporateur : dans lequel le fluide frigorigène s’évapore en absorbant


la chaleur fournie par le milieu à refroidir.
- Un compresseur : aspire la vapeur formée et la refoule au condenseur sous
forme de vapeur surchauffée à température élevée.
- Un condenseur : permettant la désurchauffe de la vapeur et sa
condensation à une température supérieur à celle du milieu de
refroidissement (air ou eau).
- Un détendeur : faisant passer le fluide condensé à la basse pression tout en
réglant le débit de fluide frigorigène à admettre dans l’évaporateur.

Nous avons donc deux pressions bien distinctes dans un circuit frigorifique :

- La partie basse pression P2 : depuis la sortie du détendeur, l’évaporateur


jusqu’à l’aspiration du compresseur.
- La partie haute pression P1 : depuis le refoulement du compresseur,
jusqu’à l’entrée du détendeur.
On fournit un travail W au compresseur pour extraire une quantité de chaleur Q F
à la source froide et restituer une quantité de chaleur QC à la source chaude.

Le cycle théorique est représenté ci-dessous sur la figure III-3 :

P
S = cst

C C’ B’ B
P1

P2 A
D
B’

h
Fig. III-3 : Cycle théorique d’une machine frigorifique à compression.

Ce cycle comporte les phases suivantes :

- AB : compression isentropique (de P2 à P1) : c’est une évolution à entropie


constante (S = cst). En B, la vapeur est surchauffée à la température de fin
de compression notée TC à la pression P1 du condenseur.

- BC : refroidissement (BB’) de la vapeur surchauffée, admise dans le


condenseur en B, de TC à T1 qui est la température de condensation à P 1,
puis condensation à température et à pression constantes sur le palier
B’C’, en C’ le fluide est à l’état de liquide saturé et en fin le sous
refroidissement C’C est bénéfique, il améliore l’efficacité du cycle. Le
sous refroidissement est obtenu par une surface d’échange importante du
condenseur, ou le fluide de refroidissement du condenseur (air ou eau) est
suffisamment froid, ou encore certaines installations comportent un sous
refroidisseur en série avec le condenseur. La chaleur totale cédée par le
fluide frigorigène à pression constante est égale à la différence
d’enthalpie :

QC = hC - hB [III-4]
- CD: détente isenthalpe (h = cst et P1 tend vers P2), le détendeur est un
simple capillaire ou une petite vanne créant une perte de charge suffisante
pour faire passer la pression de P1 à P2. Le travail récupéré et la chaleur
échangée au niveau de cette machine sont négligeables, donc on a une
détente isenthalpe :

ΔhCD = 0 → hC = hD. [III-5]

- DA : évaporation à P2 et T2 constantes (production du froid), le point D se


trouve dans la zone d’équilibre liquide – vapeur, par conséquent, le fluide
est admis dans l’évaporateur avec une petite proportion de vapeur déjà
formée en cours de la détente. Certaines installations comportent un
séparateur de liquide permettant aux vapeurs formées d’être aspirées
directement par le compresseur de façon que l’évaporateur n’est alimenté
que par du liquide. La chaleur absorbée par l’évaporation à pression
constante égale à la différence d’enthalpie, constituant la production du
froid (en frigorie / kg avec 1 frigorie = 1 kcal) :

Pf = QF = hA – hD. [III-6]

2- Efficacité théorique du cycle

D’après la définition du coefficient de performance d’effet frigorifique :

COP = QF / W [III-7]

Avec QF = hA – hD.

Les seules quantités de chaleur échangées le long du cycle sont Q F et QC puisque


la compression AB et la détente CD sont adiabatiques. Par conséquent et d’après
le premier principe de la thermodynamique appliqué à un cycle, on a :

W + QF + QC = 0 [III-8]

Par suite:

W = - (QF + QC) = - (hC – hB + hA – hD)


Puisque hC = hD, on aura:

W = hB – hA. [III-9]

Ce résultat est prévisible, d’après le premier principe appliqué à un système


ouvert: le travail absorbé par le compresseur adiabatique est égale à la différence
d’enthalpie du fluide entre l’entrée et la sortie du compresseur. Par conséquent :

COP = QF / W = (hA – hD) / (hB – hA). [III-10]

Les enthalpies sont exprimées en kcal/kg ou en kJ/kg.

3- Production frigorifique 

En pratique, la production frigorifique s’exprime en frigories / kWh.

Sachant que :
1 frigorie = 1 kcal = 4.18 kJ

1 kWh = 3600 kJ.

On considère l’efficacité théorique en exprimant QF en frigorie et W en kWh.

COP = (QF / W) . 3600/4.18 [III-11]

Production frigorifique spécifique = 860.COP [frigories / kWh].

On peut retenir la relation suivante entre les unités des puissances :

1 kW = 860 kcal/kg

4- Emploi de la surchauffe 

Dans la pratique et pour garantir une sécurité totale contre le « coup de liquide »,
on favorise une légère surchauffe (5 à 7°C) de la vapeur venant de l’évaporateur
avant son admission dans le compresseur. Cette surchauffe AA’ se fait à la
pression de l’évaporateur P2. Sur la figure III-4 est représentée le cycle
frigorifique avec la surchauffe et le sous refroidissement.
P

C C’ B’ B
P1

P2
D A A’

h
Fig. III-4 : cycle frigorifique avec surchauffe et sous refroidissement.

Le calcul du COP théorique se fait d’une manière analogue :

La production du froid est :

QF = hA’ – hD. [III-12]

Le travail absorbé par le compresseur est :

W = hB – hA. [III-13]

Le COP théorique est :

COP = QF / W. [III-14]

VI- Cycle réel d’une machine à compression 

1- Pertes dues aux échangeurs 

Elles ne sont pas prises en compte dans le calcul du cycle, elles se manifestent
par des pertes de charge et une légère diminution de la pression dans les paliers
d’évaporation et de condensation, introduisant des écarts de température.
2- Pertes dues au compresseur 

La masse volumique des fréons est supérieure à celle de l’air, par conséquent les
pertes dans les clapets augmentent dans les compresseurs frigorifiques par
rapport au compresseur à air. Si le compresseur n’est pas refroidi ni calorifugé,
l’ambiance extérieur à tendance à fournir de la chaleur au cylindre, on aura donc
une mauvaise compression qui s’éloigne de l’isentropicité.

Le cycle réel est schématisé sur la figure III-5.

S = cst

P1
B’ B
C C’

P2
D
A A’

h
Fig. III-5 : cycle réel d’une installation frigorifique.

VII- Coefficient d’effet frigorifique réel 

COP = QF / W = (hA – hD) / W [III-15]

Avec: W est le travail sur l’arbre et la production frigorifique réelle = 860. COP
(frigorie / kWh sur l’arbre).
Les machines industrielles de forte puissance ont une production qui peut
atteindre les 4000 frigories / kWh. Les petites et moyennes machines ont une
production frigorifique qui peut varier entre 1500 et 2500 frigories / kWh.

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