Comme toute énumération de « droits » qui se respecte, celle des droits à la lecture devrait s’ouvrir
par le droit de n’en pas user – en l’occurrence le droit de ne pas lire – faute de quoi il ne s’agirait
pas d’une liste de droits mais d’un vicieux traquenard.
Pour commencer, la plupart des lecteurs s’octroient quotidiennement le droit de ne pas lire. N’en
déplaise à notre réputation, entre un bon bouquin et un mauvais téléfilm, le second l’emporte plus
souvent que nous aimerions l’avouer sur le premier. Et puis, nous ne lisons pas continûment. Nos
périodes de lecture alternent souvent avec de longues diètes où la seule vision d’un livre éveille les
miasmes de l’indigestion.
Mais le plus important est ailleurs.
Nous sommes entourés de quantité de personnes tout à fait respectables, quelquefois diplômées,
parfois « éminentes » – dont certaines possèdent même de fort jolies bibliothèques – mais qui ne
lisent pas, ou si peu que l’idée ne nous viendrait jamais de leur offrir un livre. Elles ne lisent pas.
Soit qu’elles n’en éprouvent pas le besoin, soit qu’elles aient trop à faire par ailleurs (mais cela
revient au même, c’est que cet ailleurs-là les comble ou les obnubile), soit qu’elles nourrissent un
autre amour et le vivent d’une façon absolument exclusive. Bref, ces gens-là n’aiment pas lire. Ils
n’en sont pas moins fréquentables, voire délicieux à fréquenter. (Du moins ne nous demandent-ils
pas à tout bout de champ notre opinion sur le dernier bouquin que nous avons lu, nous épargnent-ils
leurs réserves ironiques sur notre romancier préféré et ne nous considèrent-ils pas comme des
demeurés pour ne pas nous être précipités sur le dernier Untel, qui vient de sortir chez Machin et
dont le critique Duchmole a dit le plus grand bien.) Ils sont tout aussi « humains » que nous,
parfaitement sensibles aux malheurs du monde, soucieux des « droits de l’Homme » et attachés à
les respecter dans leur sphère d’influence personnelle, ce qui est déjà beaucoup – mais voilà, ils ne
lisent pas. Libre à eux.
L’idée que la lecture « humanise l’homme » est juste dans son ensemble, même si elle souffre
quelques déprimantes exceptions. On est sans doute un peu plus « humain », entendons par là un
peu plus solidaire de l’espèce (un peu moins « fauve ») après avoir lu Tchekhov qu’avant.
Mais gardons-nous de flanquer ce théorème du corollaire selon lequel tout individu qui ne lit pas
serait à considérer a priori comme une brute potentielle ou un crétin rédhibitoire. Faute de quoi nous
ferons passer la lecture pour une obligation morale, et c’est le début d’une escalade qui nous
mènera bientôt à juger, par exemple, de la « moralité » des livres eux-mêmes, en fonction de
critères qui n’auront aucun respect pour cette autre liberté inaliénable : la liberté de créer. Dès lors
la brute, ce sera nous, tout « lecteur » que nous soyons. Et Dieu sait que les brutes de cette espèce
ne manquent pas de par le monde.
En d’autres termes, la liberté d’écrire ne saurait s’accommoder du devoir de lire.
Le devoir d’éduquer, lui, consiste au fond, en apprenant à lire aux enfants, en les initiant à la
Littérature, à leur donner les moyens de juger librement s’ils éprouvent ou non le « besoin des
livres ». Parce que, si l’on peut parfaitement admettre qu’un particulier rejette la lecture, il est
intolérable qu’il soit – ou qu’il se croie – rejeté par elle.
C’est une tristesse immense, une solitude dans la solitude, d’être exclu des livres – y compris de
ceux dont on peut se passer.
La télévision est une prouesse technologique quasi omniprésente. Ses effets controversés sur
l'esprit et les comportements semblent bien réels. Un minimum de prudence s'impose.
Elle se trouve pratiquement dans tous les foyers, parfois en plusieurs exemplaires, et sous
différentes formes. Certains pensent que c'est une fenêtre ouverte sur le monde. D'autres, que c'est
la porte ouverte à toutes les intrusions. C'est la télévision.
Cette technologie est remarquable, surtout aujourd'hui, au XXIe siècle. Comme souvent, ce n'est pas
tant la conception d'un outil qui pose parfois problème, mais bien son utilisation.
Par exemple, la télévision nous permet de voyager là où nous n'irons peut-être jamais, de voir ce qui
est hors de notre portée, de mettre un visage sur des noms. Ce peut être un excellent moyen
d'enseignement, de découverte, d'information, de culture, de divertissement, etc. Et au moment
de la rédaction de cet article, elle permet, depuis son fauteuil, de suivre le Tour de France en direct !
Les français passent ainsi environ 3 heures par jour devant le petit écran.
On peut donc y voir des programmes forts intéressants. On peut aussi y trouver des images
beaucoup plus discutables et aux effets surprenants, voire pervers.
Une étude réalisée aux États-Unis révèle que pratiquement deux films sur trois contiennent des
scènes de violence, à raison de six par heure en moyenne. Ainsi, parvenu à l'âge adulte, un
téléspectateur aura été témoin de milliers d'agressions, d'actes violents, de vols, de viols, de
meurtres. Mentionnons aussi les scènes à caractère sexuel, à tendance pornographique, même si les
réalisateurs savent louvoyer entre les réglementations à ce propos. Deux tiers des programmes en
parlent, plus d'un tiers le montrent. Et les limites de la censure sont repoussées toujours plus loin.
« La télévision est faite pour ceux qui, n'ayant rien à dire, tiennent absolument à le faire savoir. » –
Pierre Dac
Nombre d'études amènent à penser qu'un lien existe entre criminalité, comportement à risque et
télévision. Certains ont admis que leur conduite violente avait été fortement influencée par ce qu'ils
avaient « vu à la télé ». Bien entendu, d'autres facteurs sont à prendre en compte : l'environnement,
l'éducation, ainsi que d'autres médias et équipements.
VR21 ne cherche pas à s'imposer en termes de morale, concept par ailleurs très flou aujourd'hui,
mais s'intéresse aux effets probables ou avérés des programmes télévisuels sur le téléspectateur. A
ce stade de l'article, des lecteurs réagissent probablement en prétendant qu'il est exagéré de parler
d'influence, bonne ou mauvaise, quand on est bien éduqué, mature et en possession de ses facultés;
que l'on peut gérer la chose en « décodant ses messages afin d'éviter leur influence. » Pour de
nombreux spécialistes, cette version est elle-même une illusion...
1
Valorisez vos Ressources. Révélez vos valeurs.
Une illusion qui peut faire écran
Les publicitaires, pour ne parler que d'eux, ne gaspilleraient pas des sommes énormes pour afficher
leurs produits sur le petit écran, s'ils n'étaient convaincus du pouvoir de l'audio-visuel, y compris sur
ceux qui se prétendent immunisés contre cette influence.
Pour exemple, en 2004, Coca-Cola a dépensé 2,2 milliards de dollars pour vanter ses produits dans
le monde entier par la presse, la radio et la télévision. Avec quel résultat ? Les bénéfices de
l'entreprise pour cette année-là ont avoisiné 22 milliards de dollars. Les publicitaires connaissent
l'effet cumulatif de la publicité, son efficacité dans le temps. Et ces publicités ne durent que
quelques secondes.
A cela, il y a d'abord des explications neurobiologiques. En effet, l'écran réduit la capacité
attentionnelle à sa plus simple expression, état de suggestibilité maximale. On appelle cela
l'attention flottante, condition encéphalographique proche d'un des rythmes du sommeil. En d'autres
termes, on ne pense pratiquement plus, tout en restant perméable au ressenti émotionnel. L'instant
est propice à susciter des envies, des désirs, des pseudo-besoins qui ne se heurteront pas à la
barrière de la critique.
Autre aspect, certains avancent que, passé la quarantaine, chaque heure devant le petit écran
augmente considérablement nos « chances » de développer une dégénérescence cognitive grave...
Les détracteurs de la télévision lui opposent en cela « l'arme absolue » : la lecture.
Jouant sur le mélange de la recherche légitime de nouveauté et d'agrément, la télévision crée
l'illusion d'une expérience qui n'a pas lieu mais qui suggère les émotions correspondantes. Tant
qu'il s'agit de programmes « édifiants », pas d'inquiétude. Mais ce n'est pas la majorité des
émissions ! Et on a beau le savoir, la tentation est forte. Il est vrai que, entre un documentaire Arte
sur les champs d'épandage mérovingiens et un film mêlant action, sexe et violence, l'hésitation est
réduite.
Le film est en effet facile à suivre, l'interprétation supporte la médiocrité, il suscite des émotions
assez fortes, jugées fréquemment plaisantes, car souvent violentes et saupoudrées d'érotisme.
Même en matière d'information, le criminel et le désastreux sont exhibés et prévalent sur le banal.
La télévision joue sur l'attente légitime de la nouveauté mais les thèmes diffusés sont assez
récurrents (action, violence, spectacle, érotisme). Du coup, les producteurs n'ont d'autres ressources
que d'aller toujours plus loin dans ces représentations. Rappelons qu'ils cherchent avant tout à
susciter des émotions, peu importe si le « sens » des films et émissions est redondant.
De tout ce qui précède, il y a des détracteurs qui tentent d'alerter l'opinion, les politiques, les
parents. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ?
Des conclusions sont contradictoires. Par exemple, un psychologue canadien écrit : « Les faits
scientifiques ne montrent absolument pas que la violence à la télévision produit la violence chez les
individus ou les y désensibilise. » Pourtant, la Commission pour les médias et la société, formée par
l'Association américaine de psychologie, déclare quant à elle : « Il est indéniable qu'il existe un
lien entre l'exposition accrue à la violence télévisée et l'acceptation grandissante des mentalités
agressives ou l'augmentation des comportements agressifs. »
Les versions pour une influence souvent négative de la télévision sont de plus en plus fréquentes,
surtout lorsqu'il faut parler des enfants.
F. Huguenin - VR2
http://vr2.fr/les_newsletters/public/2013/juillet/television_influence.php
LA VIOLENCE
Questions :
1- Quelle est la thèse soutenue ?
2- Quelles sont les argumentations ?
3- Comment l’auteur organise-t-il son raisonnement ?
4- Quels sont les éléments typiques d’un texte argumentatif que vous pouvez retrouver dans ce
texte ?
« Jeunes et Jeunes »
Une habitude perverse s’est installée dans le langage parlé et imprimé, en France et ailleurs,
pour relater la violence d’une partie de la jeunesse : celle de ne pas qualifier les délinquants et
les criminels, et de les désigner par l’un des mots les plus chargés de promesses du vocabulaire,
les « jeunes ».
Or ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui insultent et crachent au visage des chauffeurs de
bus, ce sont de jeunes voyous. Ce ne sont pas des « jeunes », qui extorquent des blousons et de
l’argent à des lycéens, ce sont de jeunes voleurs. Ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui
lancent des pavés dans les vitrines, mais de jeunes casseurs. Ce ne sont pas tous les jeunes qui
incendient les voitures, mais de jeunes incendiaires. Enfin, ce n’est pas toute la jeunesse qui tue
à coups de couteau, de massue et de fusil, mais quelques jeunes assassins.
Il est donc injuste d’amalgamer par le même vocabulaire une minorité de diverses catégories
d’asociaux et une majorité de jeunes citoyens normaux et loyaux. C’est non seulement un abus
de langage, mais une atteinte à la dignité et aux droits des plus nombreux. C’est, à leur égard,
diffamatoire.
C’est une injustice consistant à innocenter de jeunes coupables et à culpabiliser de jeunes
innocents, à impliquer l’immense majorité de la population jeune dans une présomption de
culpabilité collective qui les stigmatise. Il y aurait, certes, lieu de stigmatiser des voyous, des
voleurs, des incendiaires, des assassins, qualifications qu’au fond même les auteurs de ces délits
et de ces crimes n’arboreraient pas tous fièrement. Au lieu de quoi, on élève ces « jeunes »
dévoyés sur le pavois de l’impunité en bagatellisant leurs méfaits ; comme s’il était normal et
inéluctable de casser, de brûler, de tuer avant de se « ranger »…
Mais l’immense majorité des français ne sont ni des délinquants ni des criminels. L’immense
majorité des jeunes non plus.
Que penseraient, que diraient, que feraient d’autres catégories d’humains si l’on usait à leur
égard tant de désinvolture, si l’on amalgamait les français délinquants et criminels avec tous les
français, pour stigmatiser les « français » et engendrer l’idée d’une équivalence entre Français
délinquants et criminalité ?
Il ne s’agit pas seulement d’un emploi impropre de mots. « On a bouleversé la terre avec les
mots », a écrit Alfred De Musset, dans A quoi rêvent les jeunes filles ? Avec les mots détournés
de leur sens, on est en train de bouleverser le monde civilisé.
La vérité, disait Marguerite Yourcenar, est une exactitude. Il faut dire l’exacte vérité : des
voyous, des casseurs, des incendiaires, des assassins sont à l’œuvre parmi la jeunesse. Il faut
stigmatiser, punir les coupables. « Les » jeunes sont innocents.
Paul Giniewski « Le Figaro »
Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D’abord, – parce qu’il
importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui
nuire encore. – S’il ne s’agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ?
Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde (1). Si vous ne
croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries (2) ?
Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l’un, ni l’autre. Se
venger est de l’individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si
grand et de si petit ne lui sied (4). Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger
pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes (5), nous la comprenons
et nous y adhérons.
Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l’exemple. – Il faut faire des exemples ! Il faut
épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter !
– Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq
cents parquets (6) de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! Nous
nions d’abord qu’il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l’effet
qu’on en attend. Loin d’édifier (7) le peuple, il le démoralise et ruine en lui toute sensibilité,
partant toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous
voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu’il est le plus récent. Au
moment où nous écrivons, il n’a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval.
À Saint-Pol, immédiatement après l’exécution d’un incendiaire nommé Louis Camus, une
troupe de masques est venue danser autour de l’échafaud encore fumant. Faites donc des
exemples ! Le mardi gras vous rit au nez.
Victor Hugo, extrait de la préface de Le dernier jour d’un condamné, 15 mars 1832
1. Surveillance
2. Zoo
3. Gardien de prison
4. Convient
5. Spécialistes scientifiques du crime
6. Tribunaux
7. Instruire
I COMPREHENSION DU TEXTE
2. Victor Hugo énonce deux thèses dans cet extrait. Quelle est celle qu’il défend et avec
laquelle n’est-il pas d’accord ?
3. Pour défendre son point de vue, Victor Hugo développe trois arguments. Lesquels ?
Reformulez-les (réécrivez les en utilisant d’autres mots).
4. Relevez les indices qui révèlent la présence de l’émetteur. Qui représentent-ils selon
vous ?
5. Dans le dernier paragraphe, Victor Hugo constate qu’une exécution n’a pas l’effet
attendu. Quel devrait être cet effet et comment, selon lui, le public réagit-il en fait ?
Doit-on bannir le téléphone portable de nos écoles ?
L’usage des téléphones cellulaires ou « portables » a augmenté à un point tel qu’il est désormais
rare d’avoir des élèves qui n’en possèdent pas. Pour bon nombre d’enseignants, ce phénomène pose
plusieurs problèmes dans la salle de classe. Le plagiat, la messagerie texte (SMS) et la vidéo caméra
ne sont que quelques exemples auxquels les enseignants souhaiteraient des solutions radicales.
Parmi celles-ci, la plus simple et certainement la moins coûteuse consiste à bannir les portables de
nos salles de classe et de nos écoles. Mais est-ce vraiment la meilleure chose à faire devant ce
phénomène omniprésent chez nos élèves ? À notre avis, cette mesure irait en quelque sorte à
l’encontre du besoin intrinsèque de l’école de suivre tout courant technologique. Bannir le
téléphone cellulaire sans considérer la polyvalence de cet outil est un pas dans la mauvaise
direction. C’est pourquoi il faut considérer, d’une part, le potentiel technologique de cet appareil,
d’autre part, la dimension organisationnelle de l’outil et, enfin, la dimension environnementale
offerte par le portable.
Premièrement, interdire la présence du cellulaire à l’école priverait les élèves d’un outil de travail
dont les capacités techniques et pédagogiques sont multiples. On a tendance à vouloir étiqueter à
tort le portable comme une source de distraction nuisible à l’apprentissage. Or, les cellulaires qui
sont maintenant à notre disposition sont capables de prouesses technologiques qu’on ne peut
ignorer, ce que beaucoup de nos élèves ont déjà saisi, et ce, bien malgré leurs enseignants. En fait,
les multiples logiciels et l’accès aux ressources innombrables qu’offre Internet font en sorte que ce
petit ordinateur de poche puisse rendre de précieux services à l’enseignement et aux apprentissages.
Souvent, la pénurie d’ordinateurs oblige les enseignants à limiter leur enseignement à la salle de
classe. Avec l’accès à Internet en permanence (Wi-Fi), le cellulaire permet au même titre que
l’ordinateur d’avoir accès, de la salle de classe, aux différentes ressources, pages Web,
encyclopédies, etc. Donc, malgré les différents problèmes tels que le plagiat relié à la présence du
cellulaire en salle de classe, nous pensons qu’il faut éviter de soustraire l’usage de ce dernier et de
saisir le potentiel pédagogique du portable et chercher à mieux l’intégrer à nos différents
programmes pédagogiques, tout en éduquant les élèves au potentiel de cet outil de travail.
Deuxièmement, que ce soit au travail, à la maison ou dans nos autres activités quotidiennes, le
téléphone portable possède également de nombreuses capacités d’organisation et de planification
que l’on pourrait mettre au service de l’école. L’usage de l’agenda scolaire, par exemple, est de
moins en moins courant dans nos écoles. Plusieurs établissements n’ont en fait aucun agenda à
offrir aux élèves, car ils sont trop coûteux à produire et souvent peu utilisés par les élèves. En 2007,
au Canada, environ 66,8 % des Canadiens possédaient un téléphone cellulaire. Par ailleurs, comme
le démontrait un sondage réalisé en 2005 chez les jeunes Canadiens, ils sont de grands utilisateurs
des télécommunications sans fil. En effet, cette étude affirmait que 6% des élèves de 4e année
possèdent un téléphone cellulaire et que, chez les élèves de 11e année, plus de 46% en avaient un.
Que ce soit pour les dates de remise de travaux, d’examens et les congés scolaires, les élèves qui
possèdent un cellulaire ont en leur possession un agenda électronique de loin supérieur à son
ancêtre-papier. Plutôt que de supprimer le droit des élèves au téléphone portable parce qu’ils
interfèrent parfois avec le travail des enseignants, nous croyons que les enseignants pourraient
encourager l’usage pratique de ce dernier en l’exploitant au même titre qu’ils ont, pendant des
années, encouragé l’usage de l’agenda traditionnel. Sans nier les efforts d’adaptation des
enseignants, des élèves et les différents problèmes relatifs à la transition entre l’agenda papier et
l’agenda électronique, il nous paraît évident que l’école ferait un pas dans la mauvaise direction en
supprimant l’utilisation des téléphones portables. C’est pourquoi il faut à tout prix « se rallier à cette
technologie » plutôt que de la « combattre ».
Troisièmement, dans un contexte où l’environnement occupe une place importante dans le discours
sur l’engagement environnemental, l’école ne peut rejeter du revers de la main une technologie qui
lui offre de réduire sa consommation de papier. La majorité des écoles et des conseils scolaires en
tant qu’organisation publique vont de l’avant dans leur engagement social avec des programmes de
recyclage dans leurs établissements afin de protéger l’environnement. Néanmoins, malgré les
courriels et les sites Web où l’on peut accéder à la majeure partie des informations et
documentations scolaires que l’on imprimait autrefois, tous sont d’avis que trop de papier demeure
en circulation et ce, tant les enseignants que les élèves. Si, par exemple, on encourageait les élèves à
se servir de leur portable pour prendre des notes, les photographier ou les enregistrer, les
enseignants diminueraient considérablement le nombre de photocopies. Quant aux élèves, ils
pourraient plus facilement avoir accès à leurs notes en tout temps et sans les perdre aussi facilement
que celles imprimées. En somme, il est de notre avis que bannir le cellulaire de nos écoles, bien que
les raisons invoquées par les enseignants semblent légitimes, constituerait un recul des milieux de
l’éducation face à une technologie qui pourrait servir davantage la cause environnementale que lui
nuire.
Pour conclure, la plupart des acteurs de l’éducation s’entendent pour dire que les cellulaires sont
dérangeants et inutiles à l’école, et que trop souvent ils nuisent aux apprentissages de l’élève. Bon
nombre d’entre eux sont donc pessimistes quant au potentiel du portable en salle de classe.
Néanmoins, lorsque l’on s’arrête aux avantages évidents, tant sur les plans pédagogique et pratique
que sur le plan environnemental du cellulaire à l’école, on réalise que le potentiel de ces appareils
est méconnu, voire largement sous-estimé, par les enseignants et même les élèves. En somme,
comme nous l’avons clairement illustré, l’interdiction du téléphone cellulaire ne semble qu’une
solution temporaire aux problèmes décriés par les enseignants à l’égard de son utilisation. Il ne faut
donc pas éliminer sans juste mesure un outil qui pourrait s’avérer la prochaine panacée de
l’éducation.
Michel Dumais, L’entrevue – Une école pour les «natifs» de l’univers numérique, Le Devoir, Édition du
lundi 05 janvier 2009 [http://www.ledevoir.com/2009/01/05/225781.html] (février 2009).
SUITE 101 (2007). Fair Cell Phone Use in Schools: Pros and Cons of Cell Phones in School
[http://teachingtechnology.suite101.com/article.cfm/fair_cell_phone_use_in_schools#ixzz0Hfi65zbX&
D] (février 2009).
• le système d’énonciation
2. S’adapter au destinataire
Le souci de l’effet à produire est très fort dans le discours argumentatif,
puisque l’auteur cherche à convaincre, il doit connaître son destinataire et
disposer son argumentation en fonction de ce qu’il sait de son caractère.
L’adaptation calculée du langage à l’auditeur relève parfois de la
manipulation. C’est le cas lorsque les propos ne sont adaptés aux attentes
du destinataire que pour tromper celui-ci.
• en préparant l’auditoire
3. Réfuter l’adversaire
Vouloir persuader de la vérité de son discours, c’est souvent du même coup
contester le discours d’un autre : le texte argumentatif revêt alors la forme
d’un affrontement de thèses. Dans un texte argumentatif à caractère
littéraire, cet affrontement est rarement une réfutation au sens strict : l’auteur
ne cherche pas à prouver la fausseté de la thèse adverse (comme le ferait
une réfutation philosophique), il se contente de la présenter sous le jour le
plus défavorable, voire de la ridiculiser (l’argumentation est polémique, du
grec polemos, la guerre). Plusieurs moyens sont à sa disposition :
• l’énonciation à plusieurs
• l’ironie
Elle constitue l’un des moyens de la polémique ; elle est le procédé favori
des philosophes du XVIIIe siècle pour dénoncer les abus de leur temps. Elle
est une arme et à ce titre elle vise une cible, elle déprécie l’adversaire sous
couvert de son éloge, elle amuse le lecteur par la raillerie, et elle sollicite sa
connivence.
2. La progression du raisonnement
La construction de l’argumentation obéit à certaines règles, les unes relevant
de la logique, les autres de la rhétorique, ou "art de persuader". Elle peut
prendre diverses formes.
• le raisonnement inductif (on part des faits particuliers pour conclure sur une
vérité générale) qui induit des vérités abstraites sur la base d’expériences et
d’observation. Ce raisonnement par induction est celui qui conclut à une
vérité générale induite en partant d’un fait particulier cité en exemple. Ce
type de raisonnement est considéré comme abusif car généraliser une
observation à partir d’un cas unique ne prouve rien, mais il est souvent très
persuasif puisqu’en s’appuyant sur des exemples concrets, il donne à
l’argumentation son poids de réalité.
• soit la thèse est prise dans une controverse dialoguée (discussion, débat).
Dans ce cas, l’exposé de la thèse prend en compte la thèse opposée. On
peut alors :
Comme dans tout texte, la lecture d’ensemble amène à relever des termes
appartenant à un même champ lexical. Dans un texte argumentatif,
l’opposition des deux thèses en présence se manifeste souvent par la
coexistence de champs lexicaux opposés. Il faut mettre en évidence les
champs lexicaux et les rattacher à l’une ou à l’autre des thèses en présence.
4 - Les arguments
On relèvera comme argument tout fragment du texte que l’on peut rapporter
directement à l’une ou l’autre des thèses. Ces fragments sont de longueur
variable, l’émetteur choisit le plus souvent de leur donner une force plus
grande en les développant.
Il existe deux façons de développer des arguments !