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Le droit de ne pas lire

Comme toute énumération de « droits » qui se respecte, celle des droits à la lecture devrait s’ouvrir
par le droit de n’en pas user – en l’occurrence le droit de ne pas lire – faute de quoi il ne s’agirait
pas d’une liste de droits mais d’un vicieux traquenard.
Pour commencer, la plupart des lecteurs s’octroient quotidiennement le droit de ne pas lire. N’en
déplaise à notre réputation, entre un bon bouquin et un mauvais téléfilm, le second l’emporte plus
souvent que nous aimerions l’avouer sur le premier. Et puis, nous ne lisons pas continûment. Nos
périodes de lecture alternent souvent avec de longues diètes où la seule vision d’un livre éveille les
miasmes de l’indigestion.
Mais le plus important est ailleurs.
Nous sommes entourés de quantité de personnes tout à fait respectables, quelquefois diplômées,
parfois « éminentes » – dont certaines possèdent même de fort jolies bibliothèques – mais qui ne
lisent pas, ou si peu que l’idée ne nous viendrait jamais de leur offrir un livre. Elles ne lisent pas.
Soit qu’elles n’en éprouvent pas le besoin, soit qu’elles aient trop à faire par ailleurs (mais cela
revient au même, c’est que cet ailleurs-là les comble ou les obnubile), soit qu’elles nourrissent un
autre amour et le vivent d’une façon absolument exclusive. Bref, ces gens-là n’aiment pas lire. Ils
n’en sont pas moins fréquentables, voire délicieux à fréquenter. (Du moins ne nous demandent-ils
pas à tout bout de champ notre opinion sur le dernier bouquin que nous avons lu, nous épargnent-ils
leurs réserves ironiques sur notre romancier préféré et ne nous considèrent-ils pas comme des
demeurés pour ne pas nous être précipités sur le dernier Untel, qui vient de sortir chez Machin et
dont le critique Duchmole a dit le plus grand bien.) Ils sont tout aussi « humains » que nous,
parfaitement sensibles aux malheurs du monde, soucieux des « droits de l’Homme » et attachés à
les respecter dans leur sphère d’influence personnelle, ce qui est déjà beaucoup – mais voilà, ils ne
lisent pas. Libre à eux.
L’idée que la lecture « humanise l’homme » est juste dans son ensemble, même si elle souffre
quelques déprimantes exceptions. On est sans doute un peu plus « humain », entendons par là un
peu plus solidaire de l’espèce (un peu moins « fauve ») après avoir lu Tchekhov qu’avant.
Mais gardons-nous de flanquer ce théorème du corollaire selon lequel tout individu qui ne lit pas
serait à considérer a priori comme une brute potentielle ou un crétin rédhibitoire. Faute de quoi nous
ferons passer la lecture pour une obligation morale, et c’est le début d’une escalade qui nous
mènera bientôt à juger, par exemple, de la « moralité » des livres eux-mêmes, en fonction de
critères qui n’auront aucun respect pour cette autre liberté inaliénable : la liberté de créer. Dès lors
la brute, ce sera nous, tout « lecteur » que nous soyons. Et Dieu sait que les brutes de cette espèce
ne manquent pas de par le monde.
En d’autres termes, la liberté d’écrire ne saurait s’accommoder du devoir de lire.
Le devoir d’éduquer, lui, consiste au fond, en apprenant à lire aux enfants, en les initiant à la
Littérature, à leur donner les moyens de juger librement s’ils éprouvent ou non le « besoin des
livres ». Parce que, si l’on peut parfaitement admettre qu’un particulier rejette la lecture, il est
intolérable qu’il soit – ou qu’il se croie – rejeté par elle.
C’est une tristesse immense, une solitude dans la solitude, d’être exclu des livres – y compris de
ceux dont on peut se passer.

Daniel PENNAC, Comme un roman (1992)


Fontenelle, La dent d'or (Histoire des Oracles, 1686)

Assurons-nous bien du fait avant que de nous inquiéter de la cause. Il est


vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens qui courent
naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait ; mais enfin
nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point.
Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle passé à quelques
savants d'Allemagne que je ne puis m'empêcher d'en parler ici.
En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans,
il lui en était venu une d'or à la place d'une de ses grosses dents. Horstius, professeur en
médecine dans l'université de Helmstadt, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent, et prétendit
qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à
cet enfant, pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle
consolation, et quel rapport de cette dent aux chrétiens ni aux Turcs. En la même année, afin
que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux
ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la
dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme,
nommé Libavius, ramasse tout ce qui avait été dit de la dent, et y ajoute son sentiment
particulier. Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la
dent était d'or. Quand un orfèvre l'eût examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or
appliquée à la dent, avec beaucoup d'adresse ; mais on commença par faire des livres, et
puis on consulta l'orfèvre.
Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si
convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue,
que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que, non
seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons
d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.
L’idée que la guerre peut avoir des fonctions propres a conduit certains théoriciens à en
faire l’apologie. Hegel prétend qu'elle incarne le moment où l’État se réalise pleinement ;
Joseph de Maistre va jusqu'à la glorifier comme le moyen de fortifier la nature humaine ;
Nietzsche trouve dans les « vertus » guerrières le meilleur aiguillon au dépassement de soi-
même ; plusieurs évolutionnistes croient pouvoir tirer de la loi de sélection naturelle une
justification des pertes qu’engendre la guerre ; L. Gumplowicz fait même de la guerre la
source de toutes les institutions et de la civilisation. Enfin, les sociologues ont parfois
hasardé une comparaison de la guerre et de la fête, en leur attribuant des fonctions
analogues, notamment l’exaltation collective et le renversement des règles habituelles.
Pourtant les arguments de divers ordres ne manquent pas contre les théories bellicistes. On
peut, à l’encontre de ceux qui prônent les vertus militaires, faire d’abord état des statistiques
qui prouvent la recrudescence de la criminalité à la suite des guerres. S’il est vrai que les
grandes civilisations se sont répandues par la force des armes, est-il utile d’alléguer que
c’est de la même façon qu’elles ont disparu ? Aux progrès techniques et économiques
réalisés sous son aiguillon, il est aisé en effet d’opposer un calcul des coûts de la guerre, qui
sont de plus en plus élevés à mesure qu’elle devient plus totale. Enfin s’il est vrai que la
guerre présente bien des caractères de la fête, n’en diffère-t-elle pas en même temps, du fait
qu’elle oppose un groupe à un autre et tend plus spécifiquement à la destruction ?
d'après Jean Cazeneuve, Guerre et Paix © 1995 Encyclopædia Universalis.

On s'assure aujourd'hui par le développement Le pronom indéfini On commande un


des techniques de communication qu'une ère verbe d'opinion. Il indique nettement la
nouvelle est née où l'homme va enfin sortir de parole de l'autre dans la proposition incise.
son isolement et, dit-on, triompher des obstacles
qui jugulaient sa parole : courrier électronique,
"chat" (prononcez Tchat !) sur Internet,
prolifération des chaînes de télévision, que de Le conditionnel vous invite à prendre le
moyens offerts aujourd'hui à notre désir légitime discours qui suit avec prudence : il est
d'ouverture à l'autre ! Si l'on en croit les d'ailleurs clairement renvoyé à des
nouveaux apôtres de ce nouvel Évangile, nous "nouveaux apôtres" (notez l'ironie).
n'aurions qu'à nous féliciter de cet élargissement
des frontières ancestrales dans lesquelles Attention au discours indirect libre : ici le
l'humanité croupissait : disparu le village où discours cite les arguments adverses (il est
chacun restait confiné toute sa vie dans clairement introduit par :, qui signale un
l'ignorance, révolue cette époque où l'information discours rapporté.)
arrivait à ses destinataires déjà périmée ! Voici
les temps nouveaux où des citoyens éclairés Une injonction : on s'adresse à nous en
vont exercer leur sollicitude sur les misères du nous invitant à réfléchir. L'auteur va
prochain et participer également à la vie affirmer sa thèse (notez aussi l'alinéa).
publique.
Ne rêvons pas trop : cette ère nouvelle, si elle
bouscule en effet notre univers, ne réussit guère
Une forme sentencieuse : notez le présent
qu'à substituer une communication indirecte et
de vérité générale et l'autre valeur de On.
désincarnée aux vrais rapports humains qui, à
l'évidence, ne peuvent se passer de la présence
charnelle de l'autre. Car on ne communique bien Les termes péjoratifs jugent clairement la
qu'avec des mots. Si la plupart des grands thèse adverse.
médias s'adressent à nous, c'est dans une masse
d'images confuses et de slogans publicitaires qui Une interrogation oratoire : l'auteur nous
ne peuvent que nous guider à notre insu vers des invite à y répondre dans un sens qui ne
buts plus ou moins douteux. Et que penser d'une peut être qu'approbateur.
apothéose de la communication qui permet aux
gens de dialoguer jusqu'à l'autre bout de la
planète alors qu'ils n'ont pas encore adressé un
mot à leur voisin de palier ?

des verbes d'opinion : affirmer, soutenir, douter,


prôner, suggérer...
des adverbes : évidemment, sans doute, peut-
être, assurément...
des périphrases : il est certain que, il est possible
Les modalisateurs : que...
des prétéritions : est-il utile de rappeler que, je ne
l'auteur peut exprimer un soutien m'étendrai pas sur...
le conditionnel, mode essentiel du doute
gradué de son énoncé les guillemets, qui isolent et mettent en doute le
discours de l'adversaire
les question rhétoriques (suggèrent la réponse :
"n'est-il pas vrai que...?")
les formes sentencieuses (maximes, sentences,
vérités générales).

les noms ou adjectifs mélioratifs ou péjoratifs


Les évaluatifs : les connotations attachées à certains mots, à
certaines sonorités
l'auteur peut faire part de ses les antiphrases portent sur ce qui est dit un
jugement dont d'autres indices signalent la
jugements sur un énoncé qu'il évalue fausseté (ironie).
L'influence de la télévision

La télévision est une prouesse technologique quasi omniprésente. Ses effets controversés sur
l'esprit et les comportements semblent bien réels. Un minimum de prudence s'impose.

Elle se trouve pratiquement dans tous les foyers, parfois en plusieurs exemplaires, et sous
différentes formes. Certains pensent que c'est une fenêtre ouverte sur le monde. D'autres, que c'est
la porte ouverte à toutes les intrusions. C'est la télévision.
Cette technologie est remarquable, surtout aujourd'hui, au XXIe siècle. Comme souvent, ce n'est pas
tant la conception d'un outil qui pose parfois problème, mais bien son utilisation.

La télévision, un outil à double tranchant.


L'essentiel
 La télévision est une invention technologique remarquable.
 Elle peut être utilisée à des fins constructives, documentaires ou distrayantes.
 Une majorité de programmes, cependant, misent plutôt sur les attraits de la violence et de
l'érotisme, sous une appellation générique d'action.
 Nier les effets potentiellement pervers du petit écran risque de nous y exposer encore plus.

Par exemple, la télévision nous permet de voyager là où nous n'irons peut-être jamais, de voir ce qui
est hors de notre portée, de mettre un visage sur des noms. Ce peut être un excellent moyen
d'enseignement, de découverte, d'information, de culture, de divertissement, etc. Et au moment
de la rédaction de cet article, elle permet, depuis son fauteuil, de suivre le Tour de France en direct !
Les français passent ainsi environ 3 heures par jour devant le petit écran.
On peut donc y voir des programmes forts intéressants. On peut aussi y trouver des images
beaucoup plus discutables et aux effets surprenants, voire pervers.
Une étude réalisée aux États-Unis révèle que pratiquement deux films sur trois contiennent des
scènes de violence, à raison de six par heure en moyenne. Ainsi, parvenu à l'âge adulte, un
téléspectateur aura été témoin de milliers d'agressions, d'actes violents, de vols, de viols, de
meurtres. Mentionnons aussi les scènes à caractère sexuel, à tendance pornographique, même si les
réalisateurs savent louvoyer entre les réglementations à ce propos. Deux tiers des programmes en
parlent, plus d'un tiers le montrent. Et les limites de la censure sont repoussées toujours plus loin.

« La télévision est faite pour ceux qui, n'ayant rien à dire, tiennent absolument à le faire savoir. » –
Pierre Dac

Nombre d'études amènent à penser qu'un lien existe entre criminalité, comportement à risque et
télévision. Certains ont admis que leur conduite violente avait été fortement influencée par ce qu'ils
avaient « vu à la télé ». Bien entendu, d'autres facteurs sont à prendre en compte : l'environnement,
l'éducation, ainsi que d'autres médias et équipements.
VR21 ne cherche pas à s'imposer en termes de morale, concept par ailleurs très flou aujourd'hui,
mais s'intéresse aux effets probables ou avérés des programmes télévisuels sur le téléspectateur. A
ce stade de l'article, des lecteurs réagissent probablement en prétendant qu'il est exagéré de parler
d'influence, bonne ou mauvaise, quand on est bien éduqué, mature et en possession de ses facultés;
que l'on peut gérer la chose en « décodant ses messages afin d'éviter leur influence. » Pour de
nombreux spécialistes, cette version est elle-même une illusion...

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Valorisez vos Ressources. Révélez vos valeurs.
Une illusion qui peut faire écran

Les publicitaires, pour ne parler que d'eux, ne gaspilleraient pas des sommes énormes pour afficher
leurs produits sur le petit écran, s'ils n'étaient convaincus du pouvoir de l'audio-visuel, y compris sur
ceux qui se prétendent immunisés contre cette influence.
Pour exemple, en 2004, Coca-Cola a dépensé 2,2 milliards de dollars pour vanter ses produits dans
le monde entier par la presse, la radio et la télévision. Avec quel résultat ? Les bénéfices de
l'entreprise pour cette année-là ont avoisiné 22 milliards de dollars. Les publicitaires connaissent
l'effet cumulatif de la publicité, son efficacité dans le temps. Et ces publicités ne durent que
quelques secondes.
A cela, il y a d'abord des explications neurobiologiques. En effet, l'écran réduit la capacité
attentionnelle à sa plus simple expression, état de suggestibilité maximale. On appelle cela
l'attention flottante, condition encéphalographique proche d'un des rythmes du sommeil. En d'autres
termes, on ne pense pratiquement plus, tout en restant perméable au ressenti émotionnel. L'instant
est propice à susciter des envies, des désirs, des pseudo-besoins qui ne se heurteront pas à la
barrière de la critique.
Autre aspect, certains avancent que, passé la quarantaine, chaque heure devant le petit écran
augmente considérablement nos « chances » de développer une dégénérescence cognitive grave...
Les détracteurs de la télévision lui opposent en cela « l'arme absolue » : la lecture.
Jouant sur le mélange de la recherche légitime de nouveauté et d'agrément, la télévision crée
l'illusion d'une expérience qui n'a pas lieu mais qui suggère les émotions correspondantes. Tant
qu'il s'agit de programmes « édifiants », pas d'inquiétude. Mais ce n'est pas la majorité des
émissions ! Et on a beau le savoir, la tentation est forte. Il est vrai que, entre un documentaire Arte
sur les champs d'épandage mérovingiens et un film mêlant action, sexe et violence, l'hésitation est
réduite.
Le film est en effet facile à suivre, l'interprétation supporte la médiocrité, il suscite des émotions
assez fortes, jugées fréquemment plaisantes, car souvent violentes et saupoudrées d'érotisme.
Même en matière d'information, le criminel et le désastreux sont exhibés et prévalent sur le banal.
La télévision joue sur l'attente légitime de la nouveauté mais les thèmes diffusés sont assez
récurrents (action, violence, spectacle, érotisme). Du coup, les producteurs n'ont d'autres ressources
que d'aller toujours plus loin dans ces représentations. Rappelons qu'ils cherchent avant tout à
susciter des émotions, peu importe si le « sens » des films et émissions est redondant.
De tout ce qui précède, il y a des détracteurs qui tentent d'alerter l'opinion, les politiques, les
parents. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ?
Des conclusions sont contradictoires. Par exemple, un psychologue canadien écrit : « Les faits
scientifiques ne montrent absolument pas que la violence à la télévision produit la violence chez les
individus ou les y désensibilise. » Pourtant, la Commission pour les médias et la société, formée par
l'Association américaine de psychologie, déclare quant à elle : « Il est indéniable qu'il existe un
lien entre l'exposition accrue à la violence télévisée et l'acceptation grandissante des mentalités
agressives ou l'augmentation des comportements agressifs. »
Les versions pour une influence souvent négative de la télévision sont de plus en plus fréquentes,
surtout lorsqu'il faut parler des enfants.

Télévision : grandir ou mentir, faut-il choisir ?


« Derrière le plus banal des divertissements, constate l'auteur de Histoire internationale de la
télévision (angl.), le média agit comme un professeur sournois. » Le livre L'histoire de la
télévision en images (angl.) déclare quant à lui : « La télévision est en train de modifier notre façon
de penser. » Mais de quelle façon... ?
Par le petit écran (ou le grand...), nous rencontrons, voire fréquentons, toutes sortes de gens. « Avec
l'invention de la télévision, vous vous divertissez dans votre salon en compagnie de gens que vous
ne recevriez pas chez vous. », écrit David Frost, écrivain, journaliste et... présentateur de télévision
britannique.
Si la polémique perdure, « Au vu des données réunies au fil d'études menées sur des décennies, la
communauté scientifique et les organismes de santé publique ont conclu dans leur très grande
majorité que le spectacle de la violence constitue un réel danger pour les enfants. », d'après la
Fondation Henry Kaiser pour la famille. Cela les conduirait à une désensibilisation à la souffrance
d'autrui et à des défauts d'empathie, qualité indispensable pour des relations sociales saines.
L'Institut américain des médias et de la famille rapporte les propos de l'Académie américaine de
pédiatrie selon laquelle il ne faudrait « pas que les enfants de deux ans et moins regardent la
télévision. Étant dans une période de développement cérébral formidable, ces enfants ont besoin de
jeux actifs et de contacts avec des personnes réelles ; cela stimule leur croissance et leurs
aptitudes physiques et sociales. »
Même si la télévision n'est pas la seule en cause, il ressort d'un article publié dans la revue
Pediatrics que « De plus en plus de faits montrent que l'exposition d'un jeune à des scènes
télévisées à caractère sexuel façonne son comportement sexuel et son point de vue sur la
sexualité. » Selon une étude, les adolescentes exposées à ce genre de contenus « risquent deux fois
plus de tomber enceintes » que celles qui en consomment peu. Pour quelle raison ? La télévision ne
donne qu'une version illusoire de la réalité et n'en présente que les attraits en omettant souvent les
risques y afférents.
Plus grave encore, dans les tribunaux d'Afrique du Sud, pratiquement tous les jours, plus de quatre-
vingts enfants sont reconnus coupables « de viol ou d'atteinte à la pudeur sur d'autres enfants ». Un
nombre important de ces accusés affirment que leur conduite « était inspirée d'actes vus à la
télévision ». - The star, Afrique du sud.
Arrêtons ici la liste encore longue des travers imputés à la télévision. Que l'on soit pour ou contre,
difficile de nier ses effets sur les téléspectateurs. A chacun d'estimer son degré d'exposition et d'en
assumer les conséquences, sans oublier que parmi ces conséquences, il y a des « dommages
collatéraux » possibles. Et pour se faire une idée de ces dommages, il n'y a qu'à regarder la télé...

F. Huguenin - VR2
http://vr2.fr/les_newsletters/public/2013/juillet/television_influence.php
LA VIOLENCE

Le phénomène essentiel réside dans le caractère amplificateur, orchestrateur et dévastateur de la


diffusion par Internet d’appels à la violence susceptibles de mobiliser et de galvaniser le fanatisme.
L’Internet, comme la langue selon Ésope, est à la fois la meilleure et la pire des choses, mais ce
qu’elle a de pire depuis quelque temps en arrive à faire oublier ce qu’elle a de meilleur. Il en est
ainsi du “printemps arabe” qui a pris ses sources dans l’Internet mais qui reste toujours compromis
par les islamistes grâce à ce même internet.
Le temps est venu de juger toutes les attitudes et tous les événements en fonction du degré de
violence qu’ils impliquent. Longtemps les intellectuels engagés et les théoriciens politiques ont
vécu avec la conviction que la violence était “accoucheuse de l’histoire”. Et comme l’histoire
paraissait alors à la fois nécessaire et juste, la violence devenait bénéfique.
On pensait en avoir fini avec ce dérèglement idéologique. Erreur candide ! Nous gardons trop
souvent, en effet, une compréhensive indulgence pour ce que l’on appelle “l’irrépressible violence”.
Et ce sont malheureusement les fondements religieux des appels à la violence qui continuent de
justifier toutes les barbaries.
La seconde observation concerne une réflexion qui m’a toujours tenu à cœur. Elle peut se résumer
ainsi : il ne suffit pas de condamner les violences ou même les sentiments racistes ou xénophobes,
encore faut-il étudier les circonstances de leur émergence. Longtemps, et à juste titre à cause de la
Shoah, on s’est refusé à penser que certaines circonstances pourraient, sinon devenir “atténuantes”,
du moins faire comprendre les monstruosités spécifiques de l’histoire.
Avec le temps et la découverte que plusieurs autres peuples que celui des juifs avaient été
exterminés dans le passé ou menacés de l’être, on en est venu à se dire que chacun d’entre nous était
susceptible de concevoir une action démente et que rien n’était plus humain que l’inhumain. C’était
donc en nous-mêmes qu’il fallait chercher les racines de la barbarie pour mieux les combattre….
Nous savons désormais que notre siècle sera celui des immigrés comme le siècle précédent a été
celui des personnes déplacées. Il y a toutes les raisons de penser que les gens qui n’ont rien iront
frapper à la porte de ceux qui ont quelque chose. Et il est facile de constater qu’une diversité subie
suscite des allergies, puis des préventions, enfin des préjugés qui peuvent se transformer en une
intolérance radicale. Les musulmans et leurs “alliés” vont-ils en être les principales victimes en
Occident ? Sans doute. C’est de ce problème que nous ne cesserons de débattre.

L’éditorial de Jean DANIEL, Le Nouvel Observateur, 4 août 2011

Questions :
1- Quelle est la thèse soutenue ?
2- Quelles sont les argumentations ?
3- Comment l’auteur organise-t-il son raisonnement ?
4- Quels sont les éléments typiques d’un texte argumentatif que vous pouvez retrouver dans ce
texte ?
« Jeunes et Jeunes »

Une habitude perverse s’est installée dans le langage parlé et imprimé, en France et ailleurs,
pour relater la violence d’une partie de la jeunesse : celle de ne pas qualifier les délinquants et
les criminels, et de les désigner par l’un des mots les plus chargés de promesses du vocabulaire,
les « jeunes ».
Or ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui insultent et crachent au visage des chauffeurs de
bus, ce sont de jeunes voyous. Ce ne sont pas des « jeunes », qui extorquent des blousons et de
l’argent à des lycéens, ce sont de jeunes voleurs. Ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui
lancent des pavés dans les vitrines, mais de jeunes casseurs. Ce ne sont pas tous les jeunes qui
incendient les voitures, mais de jeunes incendiaires. Enfin, ce n’est pas toute la jeunesse qui tue
à coups de couteau, de massue et de fusil, mais quelques jeunes assassins.
Il est donc injuste d’amalgamer par le même vocabulaire une minorité de diverses catégories
d’asociaux et une majorité de jeunes citoyens normaux et loyaux. C’est non seulement un abus
de langage, mais une atteinte à la dignité et aux droits des plus nombreux. C’est, à leur égard,
diffamatoire.
C’est une injustice consistant à innocenter de jeunes coupables et à culpabiliser de jeunes
innocents, à impliquer l’immense majorité de la population jeune dans une présomption de
culpabilité collective qui les stigmatise. Il y aurait, certes, lieu de stigmatiser des voyous, des
voleurs, des incendiaires, des assassins, qualifications qu’au fond même les auteurs de ces délits
et de ces crimes n’arboreraient pas tous fièrement. Au lieu de quoi, on élève ces « jeunes »
dévoyés sur le pavois de l’impunité en bagatellisant leurs méfaits ; comme s’il était normal et
inéluctable de casser, de brûler, de tuer avant de se « ranger »…
Mais l’immense majorité des français ne sont ni des délinquants ni des criminels. L’immense
majorité des jeunes non plus.
Que penseraient, que diraient, que feraient d’autres catégories d’humains si l’on usait à leur
égard tant de désinvolture, si l’on amalgamait les français délinquants et criminels avec tous les
français, pour stigmatiser les « français » et engendrer l’idée d’une équivalence entre Français
délinquants et criminalité ?
Il ne s’agit pas seulement d’un emploi impropre de mots. « On a bouleversé la terre avec les
mots », a écrit Alfred De Musset, dans A quoi rêvent les jeunes filles ? Avec les mots détournés
de leur sens, on est en train de bouleverser le monde civilisé.
La vérité, disait Marguerite Yourcenar, est une exactitude. Il faut dire l’exacte vérité : des
voyous, des casseurs, des incendiaires, des assassins sont à l’œuvre parmi la jeunesse. Il faut
stigmatiser, punir les coupables. « Les » jeunes sont innocents.
Paul Giniewski « Le Figaro »
Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D’abord, – parce qu’il
importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui
nuire encore. – S’il ne s’agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ?
Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde (1). Si vous ne
croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries (2) ?

Pas de bourreau où le geôlier (3) suffit.

Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l’un, ni l’autre. Se
venger est de l’individu, punir est de Dieu.

La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si
grand et de si petit ne lui sied (4). Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger
pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes (5), nous la comprenons
et nous y adhérons.

Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l’exemple. – Il faut faire des exemples ! Il faut
épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter !
– Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq
cents parquets (6) de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! Nous
nions d’abord qu’il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l’effet
qu’on en attend. Loin d’édifier (7) le peuple, il le démoralise et ruine en lui toute sensibilité,
partant toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous
voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu’il est le plus récent. Au
moment où nous écrivons, il n’a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval.
À Saint-Pol, immédiatement après l’exécution d’un incendiaire nommé Louis Camus, une
troupe de masques est venue danser autour de l’échafaud encore fumant. Faites donc des
exemples ! Le mardi gras vous rit au nez.

Victor Hugo, extrait de la préface de Le dernier jour d’un condamné, 15 mars 1832

1. Surveillance
2. Zoo
3. Gardien de prison
4. Convient
5. Spécialistes scientifiques du crime
6. Tribunaux
7. Instruire
I COMPREHENSION DU TEXTE

1. A quel type ce texte appartient-il ?

2. Victor Hugo énonce deux thèses dans cet extrait. Quelle est celle qu’il défend et avec
laquelle n’est-il pas d’accord ?

3. Pour défendre son point de vue, Victor Hugo développe trois arguments. Lesquels ?
Reformulez-les (réécrivez les en utilisant d’autres mots).

4. Relevez les indices qui révèlent la présence de l’émetteur. Qui représentent-ils selon
vous ?

5. Dans le dernier paragraphe, Victor Hugo constate qu’une exécution n’a pas l’effet
attendu. Quel devrait être cet effet et comment, selon lui, le public réagit-il en fait ?
Doit-on bannir le téléphone portable de nos écoles ?
L’usage des téléphones cellulaires ou « portables » a augmenté à un point tel qu’il est désormais
rare d’avoir des élèves qui n’en possèdent pas. Pour bon nombre d’enseignants, ce phénomène pose
plusieurs problèmes dans la salle de classe. Le plagiat, la messagerie texte (SMS) et la vidéo caméra
ne sont que quelques exemples auxquels les enseignants souhaiteraient des solutions radicales.
Parmi celles-ci, la plus simple et certainement la moins coûteuse consiste à bannir les portables de
nos salles de classe et de nos écoles. Mais est-ce vraiment la meilleure chose à faire devant ce
phénomène omniprésent chez nos élèves ? À notre avis, cette mesure irait en quelque sorte à
l’encontre du besoin intrinsèque de l’école de suivre tout courant technologique. Bannir le
téléphone cellulaire sans considérer la polyvalence de cet outil est un pas dans la mauvaise
direction. C’est pourquoi il faut considérer, d’une part, le potentiel technologique de cet appareil,
d’autre part, la dimension organisationnelle de l’outil et, enfin, la dimension environnementale
offerte par le portable.
Premièrement, interdire la présence du cellulaire à l’école priverait les élèves d’un outil de travail
dont les capacités techniques et pédagogiques sont multiples. On a tendance à vouloir étiqueter à
tort le portable comme une source de distraction nuisible à l’apprentissage. Or, les cellulaires qui
sont maintenant à notre disposition sont capables de prouesses technologiques qu’on ne peut
ignorer, ce que beaucoup de nos élèves ont déjà saisi, et ce, bien malgré leurs enseignants. En fait,
les multiples logiciels et l’accès aux ressources innombrables qu’offre Internet font en sorte que ce
petit ordinateur de poche puisse rendre de précieux services à l’enseignement et aux apprentissages.
Souvent, la pénurie d’ordinateurs oblige les enseignants à limiter leur enseignement à la salle de
classe. Avec l’accès à Internet en permanence (Wi-Fi), le cellulaire permet au même titre que
l’ordinateur d’avoir accès, de la salle de classe, aux différentes ressources, pages Web,
encyclopédies, etc. Donc, malgré les différents problèmes tels que le plagiat relié à la présence du
cellulaire en salle de classe, nous pensons qu’il faut éviter de soustraire l’usage de ce dernier et de
saisir le potentiel pédagogique du portable et chercher à mieux l’intégrer à nos différents
programmes pédagogiques, tout en éduquant les élèves au potentiel de cet outil de travail.
Deuxièmement, que ce soit au travail, à la maison ou dans nos autres activités quotidiennes, le
téléphone portable possède également de nombreuses capacités d’organisation et de planification
que l’on pourrait mettre au service de l’école. L’usage de l’agenda scolaire, par exemple, est de
moins en moins courant dans nos écoles. Plusieurs établissements n’ont en fait aucun agenda à
offrir aux élèves, car ils sont trop coûteux à produire et souvent peu utilisés par les élèves. En 2007,
au Canada, environ 66,8 % des Canadiens possédaient un téléphone cellulaire. Par ailleurs, comme
le démontrait un sondage réalisé en 2005 chez les jeunes Canadiens, ils sont de grands utilisateurs
des télécommunications sans fil. En effet, cette étude affirmait que 6% des élèves de 4e année
possèdent un téléphone cellulaire et que, chez les élèves de 11e année, plus de 46% en avaient un.
Que ce soit pour les dates de remise de travaux, d’examens et les congés scolaires, les élèves qui
possèdent un cellulaire ont en leur possession un agenda électronique de loin supérieur à son
ancêtre-papier. Plutôt que de supprimer le droit des élèves au téléphone portable parce qu’ils
interfèrent parfois avec le travail des enseignants, nous croyons que les enseignants pourraient
encourager l’usage pratique de ce dernier en l’exploitant au même titre qu’ils ont, pendant des
années, encouragé l’usage de l’agenda traditionnel. Sans nier les efforts d’adaptation des
enseignants, des élèves et les différents problèmes relatifs à la transition entre l’agenda papier et
l’agenda électronique, il nous paraît évident que l’école ferait un pas dans la mauvaise direction en
supprimant l’utilisation des téléphones portables. C’est pourquoi il faut à tout prix « se rallier à cette
technologie » plutôt que de la « combattre ».
Troisièmement, dans un contexte où l’environnement occupe une place importante dans le discours
sur l’engagement environnemental, l’école ne peut rejeter du revers de la main une technologie qui
lui offre de réduire sa consommation de papier. La majorité des écoles et des conseils scolaires en
tant qu’organisation publique vont de l’avant dans leur engagement social avec des programmes de
recyclage dans leurs établissements afin de protéger l’environnement. Néanmoins, malgré les
courriels et les sites Web où l’on peut accéder à la majeure partie des informations et
documentations scolaires que l’on imprimait autrefois, tous sont d’avis que trop de papier demeure
en circulation et ce, tant les enseignants que les élèves. Si, par exemple, on encourageait les élèves à
se servir de leur portable pour prendre des notes, les photographier ou les enregistrer, les
enseignants diminueraient considérablement le nombre de photocopies. Quant aux élèves, ils
pourraient plus facilement avoir accès à leurs notes en tout temps et sans les perdre aussi facilement
que celles imprimées. En somme, il est de notre avis que bannir le cellulaire de nos écoles, bien que
les raisons invoquées par les enseignants semblent légitimes, constituerait un recul des milieux de
l’éducation face à une technologie qui pourrait servir davantage la cause environnementale que lui
nuire.
Pour conclure, la plupart des acteurs de l’éducation s’entendent pour dire que les cellulaires sont
dérangeants et inutiles à l’école, et que trop souvent ils nuisent aux apprentissages de l’élève. Bon
nombre d’entre eux sont donc pessimistes quant au potentiel du portable en salle de classe.
Néanmoins, lorsque l’on s’arrête aux avantages évidents, tant sur les plans pédagogique et pratique
que sur le plan environnemental du cellulaire à l’école, on réalise que le potentiel de ces appareils
est méconnu, voire largement sous-estimé, par les enseignants et même les élèves. En somme,
comme nous l’avons clairement illustré, l’interdiction du téléphone cellulaire ne semble qu’une
solution temporaire aux problèmes décriés par les enseignants à l’égard de son utilisation. Il ne faut
donc pas éliminer sans juste mesure un outil qui pourrait s’avérer la prochaine panacée de
l’éducation.

Références bibliographiques — Le cellulaire

Michel Dumais, L’entrevue – Une école pour les «natifs» de l’univers numérique, Le Devoir, Édition du
lundi 05 janvier 2009 [http://www.ledevoir.com/2009/01/05/225781.html] (février 2009).

CCS (Conseil Canadien de la Sécurité). Faut-il réglementer l’usage du téléphone cellulaire?


[http://www.safety-council.org/CCS/sujet/route/cell-reg.html] (2006) (février 2009).

Les ménages canadiens adoptent le cellulaire, Presse Canadienne


[http://www.ledevoir.com/2009/01/05/commentaires/0901081045333.html] (février 2009).

Control Your Impact. 7 Disadvantages of Cell Phones


[http://www.controlyourimpact.com/2008/03/disadvantages-of-cell-phones/] (février 2009).

BLOG Intégration des TIC à l’école, [http://ppa2100a-a08.blogspot.com/2009/03/t-on-avantage-


utiliser-le-tableau-blanc.html] (février 2009).

SUITE 101 (2007). Fair Cell Phone Use in Schools: Pros and Cons of Cell Phones in School
[http://teachingtechnology.suite101.com/article.cfm/fair_cell_phone_use_in_schools#ixzz0Hfi65zbX&
D] (février 2009).

TQS (2007). Le cellulaire chez les jeunes. [http://www.tqs.ca/videos/famille/2007/07/le-cellulaire-chez-


les-jeunes-12602.php] (février 2009).

Bureau de la consommation du Canada. Tendances en consommation. L’expansion des services de


téléphonie cellulaire [http://www.ic.gc.ca/eic/site/oca-bc.nsf/fra/ca02267.html] (février 2009).
Le texte argumentatif
Ses fonctions :

Tout texte argumentatif défend une prise de position en s’opposant


implicitement ou explicitement à ceux qui pensent le contraire. Si le texte
n’est pas adressé à l’adversaire lui-même, il vise à empêcher le lecteur de
prendre cet adversaire au sérieux. Si le texte est directement adressé à
l’adversaire, il vise à réduire l’autre au silence, sans chercher à le
convaincre. Il a donc 2 fonctions dominantes :

- Fonction persuasive : lorsque l’émetteur cherche à convaincre le lecteur, à


lui faire partager son point de vue en faisant appel à ses sentiments
(persuader) ou à sa raison (convaincre).

- Fonction polémique : lorsque l’objectif premier de l’émetteur est de


ridiculiser celui ou ceux avec lesquels il n’est pas d’accord.

I. "Comment ça marche ?"


1. S’impliquer dans son discours
Le principe de l’argumentation réside dans la conviction de son auteur qui
revendique la paternité des idées exprimées, notamment à travers :

• le système d’énonciation

On recourt fréquemment à la 1ère personne, indice de la présence du


locuteur dans la phrase et des propos tenus. Du fait de cette présence forte
de l’auteur, le texte argumentatif relève du discours (qui est à l’initiative du
locuteur) et non du récit (qui est à l’initiative du narrateur).
Le locuteur peut se manifester (utilisation de la 1ère et 2ème personne et
présences de marques de jugement) ou pas (objectivité apparente du texte
informatif/explicatif ; utilisation de la 3ème personne et des phrases
déclaratives) pour masquer l’intention de convaincre Le présent intemporel
est le temps habituel du texte argumentatif, puisque l’argument est valable
de façon générale.

• le choix du lexique comme indicateur du degré de certitude :

- l’affirmation catégorique, certifiant qu’il n’y a pas de doute possible. Sont


alors employés des termes comme "assurément", "sans aucun doute", "il est
certain que", "toujours", "jamais"...
- l’hésitation qui cherche ou semble chercher à ne pas contraindre le lecteur.
Sont alors employés des termes comme "peut-être", "il est possible que",..

En argumentant, le locuteur affirme sa certitude d’être dans le vrai ; il use


d’expression qui traduisent son assurance, sa confiance dans ses idées
comme "sans doute", "évidemment", "il est indubitable que", etc.… La
conviction d’avoir raison s’affiche également dans les verbes d’obligation.
Toutes ces marques d’un jugement personnel sont appelées modalisations.

- l’utilisation d’un lexique affectif par lequel le locuteur cherche à capter la


sympathie ou l’estime de son public et essaie de communiquer de lui l’image
morale la plus positive ou de présenter son dessein comme particulièrement
louable. Il utilise pour cela un réseau de termes propres à manifester son
émotion, sa sincérité et son attachement à la thèse exposée.
- les connotations qui indiquent un jugement de valeur : connotations
positives pour le point de vue défendu ; négatives pour le point de vue
refusé.

2. S’adapter au destinataire
Le souci de l’effet à produire est très fort dans le discours argumentatif,
puisque l’auteur cherche à convaincre, il doit connaître son destinataire et
disposer son argumentation en fonction de ce qu’il sait de son caractère.
L’adaptation calculée du langage à l’auditeur relève parfois de la
manipulation. C’est le cas lorsque les propos ne sont adaptés aux attentes
du destinataire que pour tromper celui-ci.

• en préparant l’auditoire

Dans certains discours argumentatifs, l’auteur commence par une entrée en


matière brève et percutante, l’exorde, propre à capter l’attention du
destinataire et à lui inspirer de la bienveillance. Souvent, ce type de texte se
conclut par une péroraison, résumé des principaux arguments et appel aux
sentiments.

• en choisissant des arguments adaptés

Le choix de la méthode d’approche et celui des arguments dépendra de


l’esprit et des sentiments du destinataire à convaincre. Pour plaire et
raisonner en suscitant l’intérêt du lecteur par l’exposition de la pensée en
cherchant des appuis incontestables en utilisant :

- la métaphore. Plus qu’un ornement, elle est un véritable outil de persuasion


qui transfère l’énoncé abstrait dans un registre imagé et accepté du lecteur,
en rapprochant des faits qui ne résistent pas toujours à l’analyse ;
- l’exemple qui introduit un fragment de récit dans un discours abstrait et aide
à la compréhension en fournissant une mise en scène de l’idée et peut avoir
valeur de preuve. Ils ont pour fonction de soutenir une opinion, une vérité
d’ordre intellectuel de manière concrète plus facile à saisir ; il appuie
l’argument logique comme une illustration.
- le récit qui concourt à l’agrément des propos en prêtant à l’argument une
crédibilité supplémentaire en le montrant à l’œuvre dans une histoire vivante
dotée d’un statut de réalité.

• en faisant découvrir la vérité

La meilleure façon de toucher le destinataire de l’argumentation est de le


faire participer à la découverte de la vérité dont on veut le convaincre. Cette
méthode prend en compte l’amour-propre de l’interlocuteur, amené à durcir
ses positions dès lors qu’on les récuse. Elle permet d’obtenir un changement
d’opinion de l’interlocuteur, mais en faisant mine de lui en laisser l’initiative.

Il privilégiera une énonciation qui évite la neutralité de l’expression ordinaire


et qui utilise un style oratoire :

- l’anaphore (répétition à intervalles réguliers d’un terme ou d’une


construction) qui provoque un leitmotiv sémantique ou sonore pour attirer
l’attention sur une notion essentielle ;
- la période (phrase longue et rythmée par des pauses secondaires) qui
donne au discours un rythme et une ampleur qui traduisent le force de
conviction du locuteur ;
- l’antithèse (rapprochement de termes de sens opposés) qui indique la
tonalité polémique au travers, souvent, de 2 champs lexicaux opposés pour
valoriser sa thèse et celle qui discrédite pour renforcer l’opinion du locuteur
par effet de contraste ;
- le temps des verbes typiques du discours, dépourvu de valeurs temporelle.

3. Réfuter l’adversaire
Vouloir persuader de la vérité de son discours, c’est souvent du même coup
contester le discours d’un autre : le texte argumentatif revêt alors la forme
d’un affrontement de thèses. Dans un texte argumentatif à caractère
littéraire, cet affrontement est rarement une réfutation au sens strict : l’auteur
ne cherche pas à prouver la fausseté de la thèse adverse (comme le ferait
une réfutation philosophique), il se contente de la présenter sous le jour le
plus défavorable, voire de la ridiculiser (l’argumentation est polémique, du
grec polemos, la guerre). Plusieurs moyens sont à sa disposition :

• l’énonciation à plusieurs

Deux voix se font entendre dans le texte à caractère polémique, celle de


l’auteur et celle de l’adversaire. Vous devez observer chaque fois comment
la parole est concédée à ce dernier, comment son discours est rapporté afin
de ne pas attribuer à l’un la pensée de l’autre.
• une présentation partiale des thèses en présence

La thèse de l’auteur est exposée avec faveur à travers un réseau lexical


valorisant : épithètes louangeuses, superlatifs, substantifs et verbes à
connotations positives. Le champ lexical de l’approbation est d’un usage
constant pour servir l’idée. Au contraire, la thèse adverse est traitée avec
sévérité. En relevant les champs lexicaux antagonistes du bon et du mauvais
et en étudiant leur mise en relation, vous disposerez d’un bon moyen
d’approche de ce type d’argumentation.

• l’ironie

Elle constitue l’un des moyens de la polémique ; elle est le procédé favori
des philosophes du XVIIIe siècle pour dénoncer les abus de leur temps. Elle
est une arme et à ce titre elle vise une cible, elle déprécie l’adversaire sous
couvert de son éloge, elle amuse le lecteur par la raillerie, et elle sollicite sa
connivence.

• l’emploi d’arguments d’autorité

L’argument d’autorité est une affirmation présentée comme incontestable


non pas nécessairement parce qu’elle est vraie, mais parce qu’elle émane
d’une personnalité digne de foi. La citation d’une personnalité qui fait autorité
dans le domaine en question ou proverbe, lieu commun de la sagesse
populaire, ont pour but de renforcer un argument voire même d’en tenir lieu.
C’est également une façon pour l’auteur de faire pression sur un
contradicteur.

II. Comment l’analyser ?


La parole la plus insistante ne convaincra personne si elle ne se présente
pas clairement. La clarté de l’exposition, la progression logique des énoncés,
de l’ouverture à la conclusion, sont les qualités premières de
l’argumentation. Cet aspect est particulièrement sensible dans les textes à
dominante littéraire et philosophique. Il s’agit donc de repérer :

1. Les indices de la logique


Dans sa présentation, le texte argumentatif manifeste une certaine
organisation, premier indice de sa construction logique :

• les signes typographiques constituent la marque apparente d’une pensée


claire. La division en paragraphes souligne souvent les étapes du
raisonnement.

• les connecteurs logiques ou chronologiques permettent de souligner les


articulations de la pensée en rendant apparentes les étapes du
raisonnement: ce sont les conjonctions indiquant la cause (en effet, parce
que...) ou la conséquence (alors, aussi, ainsi...), ou encore, les adverbes de
temps (d’abord... ensuite... enfin).

• la phrase d’ouverture, lorsque la construction est rigoureuse, présente


brièvement le thème du texte et cet effet d’annonce fournit au lecteur une
orientation préalable des plus utiles. Une brève conclusion reprend parfois,
en fin de texte, la formule initiale et signale que, phrase après phrase, le
rédacteur vous a bien conduit sur le lieu annoncé.

2. La progression du raisonnement
La construction de l’argumentation obéit à certaines règles, les unes relevant
de la logique, les autres de la rhétorique, ou "art de persuader". Elle peut
prendre diverses formes.

• le raisonnement inductif (on part des faits particuliers pour conclure sur une
vérité générale) qui induit des vérités abstraites sur la base d’expériences et
d’observation. Ce raisonnement par induction est celui qui conclut à une
vérité générale induite en partant d’un fait particulier cité en exemple. Ce
type de raisonnement est considéré comme abusif car généraliser une
observation à partir d’un cas unique ne prouve rien, mais il est souvent très
persuasif puisqu’en s’appuyant sur des exemples concrets, il donne à
l’argumentation son poids de réalité.

• le raisonnement déductif (on part d’idées générales pour justifier une


conclusion particulière) : c’est la démarche qui s’appuie sur des postulats qui
ne sont pas ou plus à démontrer pour déduire des conséquences.

Le raisonnement déductif est un type de construction dans lequel chaque


affirmation doit amener nécessairement la suivante.

Ce type de raisonnement n’est utilisé que dans les textes scientifiques et


dans certains textes philosophiques ; il a été baptisé par Aristote "syllogisme
nécessaire": il part d’une vérité générale appelée majeure (tous les hommes
sont mortels) pour en déduire une vérité particulière: la conclusion (Socrate
est mortel) grâce à une vérité intermédiaire appelée mineure (Socrate est un
homme). L’enthymème (ou "syllogisme probable") est le mode de déduction
que l’on trouve dans les textes argumentatifs littéraires : il part non de vérités
prouvées mais d’affirmations probables pour obtenir l’adhésion car elle
suggère au lecteur que la thèse défendue est objective.

• le raisonnement concessif : on commence par accorder quelque crédit aux


arguments adverses, pour défendre ensuite plus librement ses propres
arguments.

• le raisonnement par analogie : on met la réalité dont on parle en parallèle


avec une autre réalité plus concrète ou plus connue.

• la logique du thème et du propos est le mode de progression le plus


souple. Il est bien approprié au texte argumentatif littéraire, car il permet à
l’auteur d’agencer l’ordre de ses arguments comme il l’entend. Le thème
désigne ce dont on parle et ainsi se construit progressivement la cohérence
du texte. Un texte argumentatif peut être structuré selon un aller-retour
judicieux entre les idées abstraites et les exemples concrets.
III. Comment définir la stratégie
argumentative ?
• soit tous les arguments et les raisonnements présentés sont en faveur de la
thèse soutenue par le locuteur (ex : plaidoyer, apologie). Dans ce cas, la
thèse est placée en tête du raisonnement et reprise en conclusion ;

• soit la thèse est prise dans une controverse dialoguée (discussion, débat).
Dans ce cas, l’exposé de la thèse prend en compte la thèse opposée. On
peut alors :

- réfuter les arguments de la thèse opposée en montrant qu’ils ne sont pas


pertinents ou trop faibles ;
- objecter/opposer à l’adversaire un contre-argument qui l’invalide ou
retourner l’argument contre lui ;
- jouer la concession (donner raison puis rejeter la thèse adverse avec plus
de vigueur) ;
- laisser sous-entendus ou implicites certains éléments du raisonnement ;

• soit on vise à disqualifier l’adversaire, à polémiquer. On peut alors :

- raisonner par l’absurde en envisageant les absurdités qui s’ensuivraient si


on admettait la thèse adverse ;
- enfermer la thèse dans un choix impossible (dilemme) ;
- utiliser l’ironie pour feindre d’adopter l’opinion de l’autre pour mieux la
détruire en la ridiculisant;

• soit on utilise une argumentation de mauvaise foi comme :

- la tautologie (raisonnement en cercle vicieux) ;


- les prétextes ou fausses raisons pour se tirer d’un mauvais pas ;
- l’argument ad hominem qui s’appuie sur la personnalité de l’adversaire
pour réfuter ses idées.
Le texte argumentatif

Le texte argumentatif fournit au lecteur un certain nombre d’indices dont la


présence assure sa cohérence et sa dynamique. Comprendre un texte
argumentatif, c’est partir du texte tel qu’il est, et rassembler les indices en
réseaux. C’est aussi analyser à partir de là son fonctionnement d’ensemble et
identifier les différents arguments. C’est donc à l’intérieur du texte que se
trouvent les indices qui guident la compréhension.

On distingue trois types d’indices :

 Les indices d’énonciation


 Les indices d’organisation
 Les indices lexicaux

Il est peut-être commode de définir ces indices séparément mais ils


fonctionnent simultanément dans le même texte. Un indice isolé n’est pas
signifiant. C’est la convergence des différents types d’indices qui éclaire la
compréhension. De plus, le lecteur doit prendre en compte leur répartition
dans le texte.

1 - Les indices d’énonciation


On appelle "indices d’énonciation" les différentes marques qui renseignent sur
la position de l’émetteur par rapport à son énoncé. L’émetteur peut s’impliquer
plus ou moins. (ex : en employant "Moi, je pense que...", l’émetteur s’implique
totalement. En employant "On peut penser que...", il s’implique beaucoup
moins.)

L’émetteur peut donc exprimer son adhésion ou prendre ses distances. On


peut relever comme indices d’énonciation des procédés très divers :

 Des termes ou expressions exprimant directement un jugement de


valeur (ex : certains prétendent à tort que..., on peut affirmer à juste
titre que...)
 Des termes ou expressions exprimant indirectement un jugement de
valeur

L’emploi du conditionnel indique une prise de distance de l’émetteur par


rapport à son énoncé. Les adverbes peuvent être des indices d’énonciation
(ex : abusivement). Nous qualifierons aussi d’indices d’énonciation les
restrictions ou négations (ex : ils la jugent sans même la comprendre, ils
croient voir, ils contredisent, elle ne tient pas compte...)
2 - Les indices d’organisation

Les indices d’organisation regroupent : les connecteurs grammaticaux


(conjonctions ou adverbes), les termes à valeurs sémantiques équivalentes (ex
: il en découle que..., on peut conclure que...), les phrases ou expressions qui
soulignent les articulations du raisonnement, l’organisation de l’information, la
disposition typographique.

3 - Les indices lexicaux

Comme dans tout texte, la lecture d’ensemble amène à relever des termes
appartenant à un même champ lexical. Dans un texte argumentatif,
l’opposition des deux thèses en présence se manifeste souvent par la
coexistence de champs lexicaux opposés. Il faut mettre en évidence les
champs lexicaux et les rattacher à l’une ou à l’autre des thèses en présence.

4 - Les arguments

On relèvera comme argument tout fragment du texte que l’on peut rapporter
directement à l’une ou l’autre des thèses. Ces fragments sont de longueur
variable, l’émetteur choisit le plus souvent de leur donner une force plus
grande en les développant.
Il existe deux façons de développer des arguments !

 Reprendre le même argument avec des formulations différentes


 Illustrer un argument par des faits qui servent d’exemple, ou l’appuyer
par des preuves.

Rappel : dans un texte argumentatif, le thème est ce dont il est question, la


thèse est le point de vue soutenu par l’émetteur.

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