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Les traumatismes du secteur antérieur chez l’enfant et

l’adolescent : rôle et responsabilité de l’odontologiste


Aude Aboulker

To cite this version:


Aude Aboulker. Les traumatismes du secteur antérieur chez l’enfant et l’adolescent : rôle et respons-
abilité de l’odontologiste. Sciences du Vivant [q-bio]. 2017. �dumas-01726018�

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AVERTISSEMENT

Cette thèse d’exercice est le fruit d’un travail approuvé par le jury de soutenance
et réalisé dans le but d’obtenir le diplôme d’État de docteur en chirurgie
dentaire. Ce document est mis à disposition de l’ensemble de la communauté
universitaire élargie.

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UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES
FACULTÉ DE CHIRURGIE DENTAIRE

Année 2017 N° 053

THÈSE
POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le : 12 juillet 2017

Par

Aude ABOULKER

Les traumatismes du secteur antérieur chez l’enfant et


l’adolescent : rôle et responsabilité de l’odontologiste

Dirigée par M. le Docteur Benjamin Salmon

JURY

Mme le Professeur Catherine Chaussain Président


M. le Docteur Benjamin Salmon Assesseur
M. le Docteur Daniel Nebot Assesseur
Mme le Docteur Zeina Feghali Assesseur
M. le Docteur Claude-Bernard Wierzba Invité
Tableau des enseignants de la Faculté
Remerciements

À Mme le Professeur Catherine Chaussain

Docteur en Chirurgie dentaire

Docteur de l’Université Paris Descartes

Habilitée à Diriger des Recherches

Professeur des Universités Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Praticien Hospitalier, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

Vice-Doyen de la Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Qui me fait le grand honneur de présider ce jury. Votre ouverture


d’esprit, votre disponibilité, votre gentillesse et votre bienveillance
sont pour moi le modèle de ce que doit être un enseignant.
Veuillez trouver ici l’expression de ma profonde et respectueuse
gratitude.
À M. le Docteur Benjamin Salmon

Docteur en Chirurgie dentaire

Spécialiste qualifié en Chirurgie Orale

Docteur de l’Université Paris Descartes

Maître de Conférences des Universités, Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Praticien Hospitalier, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

Pour m’avoir fait l’honneur de diriger cette thèse. Merci pour votre
disponibilité, votre soutien, votre aide et votre patience.
Veuillez trouver ici l’expression de mon profond respect et de mes
sincères remerciements.
À M. le Docteur Daniel Nebot

Docteur en Chirurgie dentaire

Docteur de l’Université Paris Descartes

Docteur en Sciences Odontologiques

Maître de Conférences des Universités, Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Praticien Hospitalier, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

Chevalier de l’ordre des palmes académiques

Officier de l’ordre national du mérite

Qui me fait l’honneur de participer à ce jury. Qui m’a toujours


témoigné cordialité et bienveillance. Merci pour vos précieux conseils,
votre disponibilité, votre soutien, et votre bonne humeur.
Veuillez trouver ici l’expression de ma plus vive reconnaissance et de
mon profond respect.
À Mme le Docteur Zeina Feghali

Docteur en Chirurgie dentaire

Assistante Hospitalo-Univeristaire, Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Qui me fait l’honneur et le plaisir de participer à ce jury de thèse.


Pour votre soutien, votre gentillesse, votre aide, vos compétences
professionnelles et vos qualités humaines, Veuillez trouver ici
l’expression de mes vifs remerciements.
À M. le Docteur Claude-Bernard Wierzba

Docteur en Chirurgie dentaire

Docteur de l’Université Paris Descartes

Ancien Maître de Conférences de l’Université Faculté de Chirurgie dentaire Paris Descartes

Ancien Praticien Hospitalier à l’Hôpital Bretonneau

Membre de l’Académie Nationale de Chirurgie dentaire

Ancien expert près la Cour d’Appel de Paris

Pour l’honneur que vous me faîtes de siéger au jury de cette thèse.


Veuillez trouver ici l’expression de ma très haute considération et de
ma gratitude la plus sincère pour votre indéfectible soutien, pour vos
encouragements tout au long de mes études, et pour m’avoir aidée et
guidée dans la rédaction de cette thèse. Pour les liens de grande amitié
et de complicité personnelle et professionnelle qui nous unissent.
Votre constante bienveillance, votre gentillesse, votre droiture, votre
personnalité, votre enseignement et vos précieux conseils marqueront
à tout jamais mon parcours.
En hommage à mes grands-pères,
Georges Nahon, Docteur en chirurgie-dentaire, qui fut assistant en prothèse à Garancière,
Chevalier de l’Ordre National du Mérite, dont le souvenir a guidé mon choix professionnel,
et Emilien Aboulker, docteur en pharmacie et chirurgien-dentiste dont j’ai toujours admiré le
parcours. In memoriam

Remerciements

Au Professeur Robert Garcia, Doyen de l’UFR d’Odontologie de l’Université Paris Diderot – Paris 7, avec
ma haute considération et toute ma reconnaissance pour avoir influé sur mon choix professionnel et
m’avoir pris sous son « aile » dès le plus jeune âge.

Au Docteur Hervé Tarragano, avec toute ma reconnaissance pour la confiance qu’il m’a accordée, et
les bases de l’implantologie qu’il m’a enseignée, par sa haute technicité et ses grandes qualités
pédagogiques. Qu’il soit ici remercié pour son aide précieuse, son soutien inconditionnel, son extrême
bienveillance, sa gentillesse, sa générosité et sa disponibilité à mon égard. Qu’il soit assuré de ma plus
haute considération et de ma profonde admiration. J’espère qu’il sera fier de mon travail.

Au Docteur Olivier Boujenah, que je ne remercierai jamais assez pour m’avoir guidée, portée et
soutenue, durant tout mon parcours. Il a été un coach, un modèle de professionnalisme et de
générosité, il m’a appris à allier humour et rigueur, et mon accomplissement professionnel n’aurait
pas été possible sans son aide. Merci pour son soutien inaltérable, sa patience, sa confiance, sa
bienveillance. Notre complicité est inatteignable et surtout merci pour son amitié.

Au Professeur Olivier Hue, pour cet enseignement de l’excellence prothétique que j’ai eu la chance de
suivre durant un an à ses côtés, pour sa gentillesse, son humour, sa bienveillance, et pour m’avoir fait
partager son immense connaissance de la prothèse complète en alliant savoir et empathie envers les
patients.

Au Professeur Laurent Pierrisnard pour sa qualité d’enseignement clinique en prothèse conjointe à


Bretonneau.

Au Docteur Henri Frémont, pour cette belle année professionnelle au sein de l’Institution des Invalides,
pour sa gentillesse et sa sympathie. Ce fut un immense plaisir de pouvoir travailler à ses côtés.
Au Docteur François Josserand, qui m’a accordé sa confiance dès ma première année d’étude et qui a
cru en moi. Son immense compétence professionnelle, sa générosité et son extrême sympathie sont
un exemple pour moi.

Au Docteur Florian Bouaziz, pour sa bienveillance, son soutien, son enseignement et sa sympathie.

Aux Docteurs William Ohana, Lionel Puderbeutel et Christophe Poulain, pour leur bienveillance à mon
égard, pour m’avoir choisie comme leur « protégée » et pour m’avoir fait bénéficier de leur talent.
Merci pour leur amitié.

Au Docteur Dominique Boes, pour avoir accepté d’être mon maître de stage.

Au Docteur Daniel Serra, merci pour son accueil et sa gentillesse à mon égard.

Au Docteur William Haussman, pour m’avoir permise d’assister aux formations « Invisalign », pour son
soutien et pour avoir influencé mes choix professionnels dans le domaine de l’orthodontie.

Au Docteur Alami et au Docteur Mansouri, pour leur accueil, leur amitié et tous ces moments
extraordinaires partagés avec eux.

Au Docteur Bernard Cohen, pour sa gentillesse et sa motivation.

Au Docteur Joanna Profeta, ma complice, pour ses précieux conseils.

À mes cousins, chirurgiens-dentistes, les Docteurs Henri et Fabrice Aboulker et les Docteurs Yves et
Michèle Sayag, avec toute mon affection.
Pensées affectueuses et remerciements
À mes chers parents, avec toute ma reconnaissance pour m’avoir accompagnée tout au long de mes
études, pour leur soutien inconditionnel, leur extrême patience et leur dévouement au quotidien. J’ai
réussi grâce à eux malgré les obstacles, c’est pourquoi je leur dédie cette thèse aujourd’hui. Merci pour
leur amour.

Au Docteur Mickaël Aboulker, mon frère, mon moteur, mon éternel complice de ma jeunesse et de
mes études et également mon exemple de professionnalisme. Merci d’être toujours là pour moi et
d’être un frère en or.

À Franck, mon petit frère, mon petit génie, ma fierté, ingénieur Centralien et bientôt diplômé de
l’Essec, il est pour moi un exemple de rigueur, de travail et de sérieux.

À ma grand-mère, Josette Nahon, avec toute ma tendresse.

À Bethsabée Gad, ma future belle-sœur, avec toute mon affection.

À mes chers cousins, Anne-Sophie, Frédéric et Alexandre Nahon, ainsi que mes oncle et tante bien-
aimés, Jean-Louis et Sylvie Nahon avec qui j’ai tant de bons souvenirs.

À Alban Levy, pour sa relecture attentive.

À Nadège Tephaine, pour m’avoir considérée comme une petite sœur et m’avoir appris rigueur et
professionnalisme.

À Maître Anouchka Assouline, pour son amitié fidèle et sa précieuse aide dans la rédaction de cette
thèse. Elle sera une grande avocate, j’en suis certaine.

À Jocelyne et Sylvie de l’Hôpital Bretonneau ainsi qu’à tout le personnel, pour leur soutien et leur
bonne humeur permanente durant ces années de pratique hospitalière.

Au personnel des Invalides.

À Eliza, ma binôme de P1, je n’oublierai jamais ces années marquantes de ma vie.


À Joy, Tara, Sarah, Doriane, Eva, Stéphane, Julia, Elise, Aurélia, Fiona mes meilleurs amis, avec qui j’ai
partagé joies et galères.

À la team Fleg, mes coachs, Joanna et Yael Chemama, Audrey, Eva et tous les autres, merci d’avoir cru
en moi depuis le premier jour.
Table des matières

INTRODUCTION ................................................................................................................................................ 3
1 : TRAUMATISMES DU SECTEUR ANTERIEUR ................................................................................................... 5
1.1 GENERALITES .................................................................................................................................................... 5
1.1.1 Définitions ............................................................................................................................................. 5
1.1.2 Traumatologie ........................................................................................................................................ 5
1.1.3 Prise en charge et traitements ............................................................................................................... 8
1.1.4 Spécificités des lésions traumatiques bucco dentaires ........................................................................... 8
1.1.5 Suivi ........................................................................................................................................................ 9
1.1.6 Pronostic ................................................................................................................................................. 9
1.2 CLASSIFICATION DES TRAUMATISMES ................................................................................................................... 11
2 : ATTITUDE DE L’ODONTOLOGISTE .............................................................................................................. 18
2.1. RASSURER LES PARENTS ET L’ENFANT .................................................................................................................. 18
2.2. RECHERCHER LES ETIOLOGIES............................................................................................................................. 19
2.3. EXAMEN DU PATIENT ....................................................................................................................................... 19
2.3.1 Examen clinique ................................................................................................................................... 20
2.3.1.1 Interrogatoire, anamnèse (vaccination anti tétanique ) et circonstances du traumatisme ....... 20
2.3.1.2 Examen exo buccal ...................................................................................................................... 21
2.3.1.3 Examen endo buccal ................................................................................................................... 23
2.3.2 Examens complémentaires .................................................................................................................. 25
2.4. GERER L’URGENCE........................................................................................................................................... 27
2.4.1. Etablir un diagnostic final ................................................................................................................... 27
2.4.2. Déterminer un plan de traitement ...................................................................................................... 28
2.4.3. Thérapeutiques .................................................................................................................................... 28
2.4.4. Anésthésie et champ opératoire ......................................................................................................... 30
2.4.5. Cas clinique ......................................................................................................................................... 31
2.4.6. Suivi et prévention .............................................................................................................................. 34
2.5. CERTIFICAT MEDICAL INITIAL .............................................................................................................................. 36
2.5.1. Rédaction du CMI suite à un traumatisme dentaire ........................................................................... 37
2.5.2. Intérêts pour le patient et le praticien ................................................................................................ 40
2.5.3. Conséquences des certificats mal rédigés .......................................................................................... 40
2.5.4. Incidences médico légales .................................................................................................................. 40
3 : RESPONSABILITES DE L’ODONTOLOGISTE .................................................................................................. 42
3.1. RESPONSABILITE DU PRATICIEN .......................................................................................................................... 42
3.1.1. Responsabilité civile (ou légale) ......................................................................................................... 43

1
3.1.2 Responsabilité pénale .......................................................................................................................... 48
3.1.3. Responsabilité disciplinaire ................................................................................................................ 49
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 50
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 52
TABLE DES FIGURES ........................................................................................................................................ 55
TABLE DES TABLEAUX ..................................................................................................................................... 56
ANNEXES ........................................................................................................................................................ 57

2
Introduction

Les traumatismes des dents du secteur antérieur sont très fréquents au cours de l’enfance et
de l’adolescence (de 12 à 18 ans pour les filles et de 14 à 20 ans pour les garçons).
Un ouvrage récent1 montre que près de 30% des enfants de moins de 5 ans reçoivent un choc sur les
dents temporaires, avec prédominance pour les garçons, et 95% de ces traumatismes sont localisés au
maxillaire et concernent les incisives centrales.2
La traumatologie est donc très présente dans notre exercice. Elle prend le plus souvent la forme d’une
URGENCE qu’il faut traiter immédiatement, le patient arrivant non seulement blessé mais aussi
souvent dans un état de stress psychologique, avec des parents très inquiets.
La meilleure option thérapeutique doit être choisie rapidement, afin de proposer le traitement le plus
approprié, compte tenu du contexte clinique et de l’âge de l’enfant (dents temporaires ou dents
permanentes), et de rester conforme aux données acquises de la science. L’existence de plusieurs
dentitions aux âges de l’enfance et de l’adolescence est évidemment fondamentale du fait d’un
remaniement continuel.
Un diagnostic précis, le jugement de l’importance et de la sévérité du traumatisme, une évaluation de
possibles séquelles sont à la base d’une prise en charge adéquate ; un traitement rapide et réfléchi
permet d’améliorer sensiblement le pronostic initial et d’éviter à ces jeunes patients des traitements
inutiles, voire inappropriés.
Ce diagnostic s’établira sur un ensemble de paramètres, comprenant le questionnaire médical, qui
s’adresse principalement aux représentants légaux. Aucun acte ne devra être réalisé avant une
anamnèse médicale et une prise en compte du carnet de santé.
Le recueil des circonstances du traumatisme et le temps écoulé depuis l’accident influent sur la mise
en œuvre de certaines thérapeutiques (thérapeutiques pulpaires, repositionnement après luxation,
réimplantation…).
L’examen clinique minutieux et systématisé exo- et endo-buccal demande beaucoup d’attention,
même si la coopération de l’enfant est difficile ; l’analyse des données cliniques conduit le praticien
vers un plan de traitement.
Le praticien doit impérativement établir un certificat médical initial concis et précis lors de cette
première séance.

1
Naulin-Ifi, Traumatologie clinique : de la théorie à la pratique.
2
Kumar et Dixit, « Prevalence and risk factors for traumatic dental injuries in adolescent children attending
special needs schools in India : a comparative study ».

3
Avec l’apparition de nouvelles technologies, des progrès de l’analgésie et du développement des
régimes de remboursement, la demande de soins est en augmentation et les patients mineurs
représentent une part de plus en plus importante dans nos cabinets dentaires.

Quelle doit être la démarche du praticien devant un traumatisme du secteur antérieur ?


Quelle est la responsabilité de l’odontologiste face à une urgence médico-dentaire chez un enfant ou
un adolescent ?
Ce travail tente de répondre à ces questions en fonction des différents paramètres, tels que l’âge, la
maturité, le milieu socio-économique, l’état de santé général ainsi que l’hygiène buccale et les
motivations du patient.

Devant l’étendue du sujet, ce mémoire n’aborde pas de manière exhaustive les différentes formes de
traumatismes ni leurs traitements.

4
1 : Traumatismes du secteur antérieur

1.1 Généralités

1.1.1 Définitions

Un traumatisme se définit comme une lésion non physiologique de toute partie du corps, qu’elle soit
mécanique, thermique ou chimique.
C’est un contexte d’urgence, de douleur et de stress pour le patient (traumatisme consécutif à une
chute, un choc ou une agression), davantage encore lorsqu’il s’agit d’un enfant.
L’urgence se définit comme la survenance brutale d’une situation qui réclame un diagnostic rapide et
un traitement immédiat.
Le traumatisme est une urgence : chez les patients mineurs, l’urgence peut-être médicale et / ou bucco
dentaire.
Les urgences médicales recouvrent entre autres, le malaise, la perte de connaissance, les hémorragies,
les réactions allergiques (obligation de détenir une trousse d’urgence dans tout cabinet dentaire) et
les accidents d’inhalation ou d’ingestion favorisés par le décubitus dorsal, les mains gantées, la cavité
buccale humide, les instruments petits et les enfants indociles (nécessité de la pose du champ
opératoire).
Les urgences bucco-dentaires, suite à un traumatisme du secteur antérieur, peuvent-être d’ordre :
• esthétique,
• infectieux,
• fonctionnel.
Il s’agit d’un enjeu de santé publique :
• Atteinte des dents du sourire (conséquences esthétiques et sociales)
• Traitements complexes et coûteux.

1.1.2 Traumatologie

La prise en charge bucco-dentaire peut être relayée au second plan s’il existe une urgence en rapport
avec un traumatisme d’une autre partie du corps (traumatisme crânien ou d’un membre associé…)
nécessitant une hospitalisation. En effet, le traitement des lésions bucco-dentaires ne sera effectué
qu’après avoir écarté tout risque général ou régional pour le patient.

5
La traumatologie alvéolo-dentaire obéit aux règles de la traumatologie générale. Il existe une relation
entre l’agent traumatisant et l’organe traumatisé. Toutes forces appliquées à une dent ou à un groupe
de dents peuvent déterminer des lésions sur ces dents ou leurs éléments de soutien, si l’intensité de
la force est supérieure à leur résistance. La lésion est fonction de l’intensité du traumatisme, de sa
direction par rapport à l’axe de la dent, et de sa surface d’impact.
La traumatologie regroupe une grande variabilité de cas. Il peut s’agir de l’atteinte d’une dent, de
plusieurs dents, de dents et de tissus périphériques, et de structures osseuses. En effet, les lésions
traumatiques peuvent être isolées, mais aussi associées, surtout lors des accidents sur la voie publique
et des chocs violents. On note une prédominance d’atteinte de la région incisive supérieure et les
fractures de l’émail sont le type de traumatisme le plus fréquent.
La région oro-faciale équivaut à 1% du corps mais représente 5% des traumatismes corporels. Dans
une méta-analyse de 3197 articles faite en 2015, chez les enfants et les adolescents de 0 à 18 ans, la
prévalence des traumatismes dentaires a été estimée à 17,5 % de la population avec une
prédominance chez les garçons.3
Les garçons sont deux fois plus touchés que les filles. 71 à 98% des traumatismes se produisent avant
19 ans. L’étude faite en 2014 au Brésil 4 sur 1210 enfants scolarisés, âgés de 8 à 12 ans confirme
l’existence d’enfants plus exposés aux traumatismes dentaires ; ce sont les garçons en surpoids ou
obèses et les enfants avec des antécédents de traumatismes dentaires dans l’enfance.
Il existe un pic pour les dents temporaires entre 2 et 4 ans et pour les dents permanentes immatures
entre 8 et 10 ans ; ces tranches d’âge sont identifiées comme « âge à risque ». Le risque de subir un
second trauma est huit fois plus important lorsque le premier traumatisme survient avant 9 ans, d’où
l’intérêt de la prévention (orthopédie dento-faciale) et des protections sportives.5
Les causes de ces traumatismes sont extrêmement variées. L’apprentissage de la marche puis les
activités ludiques et sportives favorisent d’autant plus les traumatismes chez l’enfant et l’adolescent.
En denture lactéale ou mixte, ce sont les fractures et les luxations dentaires qui sont les lésions
traumatiques les plus fréquentes. L’os jeune, élastique, est rarement le siège de fracture. C’est
pourquoi les traumatismes dentaires chez les enfants et adolescents appellent un traitement
d’urgence immédiat en raison de l’immaturité des structures. En effet, il y a urgence à évaluer, à
diagnostiquer, à intervenir si nécessaire, à prévenir les familles que tout traumatisme peut avoir des
conséquences à long terme et qu’il est nécessaire d’instaurer un suivi régulier.

3
Azami-Aghdash et al., « Prevalence, etiology, and types of dental trauma in children and adolescents :
systematic review and meta-analysis ».
4
Goettems et al., « Dental trauma : prevalence and risk factors in schoolchildren ».
5
Davido et Yasukawa, Orthopédie dento-faciale - odontologie pédiatrique.

6
Les types de dents les plus exposées sont les incisives supérieures.6 7

Figure 1 : Fréquence des traumatismes en fonction des dents

Source : Naulin-Ifi, Traumatologie clinique : de la théorie à la pratique, 2016

Figure 2 : Traumatisme facial chez un adolescent (nombreuses contusions, lacérations cutanées


narinaire gauche)

Source : Dr Wierzba

6
Rodrigues Campos Soares, de Andrade Risso, et Cople Maia, « Traumatic dental injury in permanent teeth of
young patients attended at the federal university of Rio de Janeiro, Brazil ».
7
Chalissery et al., « Prevalence of anterior dental trauma and its associated factors among children aged 3-5
years in Jaipur city, India : a cross sectional study ».

7
1.1.3 Prise en charge et traitements

Dans les services hospitaliers, les patients arrivent sans prévenir en consultation d’urgence. Au cabinet,
s’ils appellent, il est important de savoir évaluer le degré de l’urgence qui va du très urgent (comme
l’expulsion qui est une « urgence vraie ») au peu urgent. Pour une prise en charge idéale, il faudrait
que le temps extra oral soit inférieur à 20 minutes pour réimplanter la dent. En denture permanente,
les traumatismes concernent un enfant sur deux et ce sont les incisives maxillaires qui sont le plus
souvent touchées. Ces jeunes enfants (7-9 ans) qui subissent un traumatisme sur leurs dents
permanentes, présentent pour la plupart un problème orthodontique (comme par exemple la classe II
où les dents sont souvent en avant, ce qui favorise le choc puisque les lèvres ne les protègent pas).8 9
Les traitements d’urgence du traumatisme dentaire devront assurer la protection du complexe
pulpo-dentinaire ainsi que permettre la cicatrisation des structures pulpo-parodontales. La
thérapeutique sera aussi bien la reconstitution d’un angle qu’une réimplantation dentaire.
Les progrès diagnostiques et thérapeutiques permettent aujourd’hui d’aborder de manière
plus conservatrice les traumatismes alvéolo-dentaires.

1.1.4 Spécificités des lésions traumatiques bucco-dentaires

L’approche des traumatismes sur les dents temporaires et permanentes est très différente, en
termes de contexte et de faisabilité, en raison de la présence d’une dent permanente sous-jacente.
C’est pourquoi, nous nous intéressons ici davantage aux traumatismes chez les enfants et les
adolescents et aux répercussions existantes entre l’apex des dents temporaires et des dents
permanentes sous-jacentes. Les enfants consultant pour les traumatismes sont souvent jeunes, il s’agit
même parfois du premier contact avec le dentiste. Réduire le stress du patient et des parents est donc
la priorité du praticien grâce aux premiers gestes appropriés qui conditionnent le pronostic et le
devenir des dents atteintes.
La dent immature possède une longueur radiculaire faible car la racine de la dent permanente est
en formation. Les traumatismes rencontrés sont le plus souvent des luxations10 11. Le faible ancrage
radiculaire intra alvéolaire favorise les traumatismes du mouvement. Il est important de toujours
privilégier le développement normal du germe de la dent permanente sous-jacente.

8
Andreasen, « Relationship between cell damage in the periodontal ligament after replantation and
subsequent development of root resorption : a time-related study in monkeys ».
9
Andreasen, « Periodontal healing after replantation of traumatically avulsed human teeth : assessment by
mobility testing and radiography ».
10
DiAngelis et al., « Guidelines for the management of traumatic dental injuries : 1. Fractures and luxations of
permanent teeth ».
11
Mendoza-Mendoza et al., « Prevalence and complications of trauma to the primary dentition in a
subpopulation of Spanish children in southern Europe ».

8
Certaines lésions peuvent apparaitre mineures comme les fêlures ou les micros-fractures de
l’émail ; cependant, l’éventualité d’une atteinte du complexe pulpo-parodontal devra toujours être
suspectée. Pour cette raison, l’examen clinique et radiographique sera indispensable avant tout
établissement du certificat médical initial.

1.1.5 Suivi

Le suivi doit être réalisé sur une longue période, quel que soit le traumatisme, car les complications
peuvent survenir plusieurs années après. D’ailleurs, dans une étude rétrospective longitudinale au
Brésil 12 sur le suivi clinique et radiologique au long cours des traumatismes dentaires des dents
antérieures maxillaires, des séquelles après une intrusion ou une subluxation ont été diagnostiquées,
même après 3 à 4 ans de suivi. Dans cette même étude, les séquelles retrouvées pour les subluxations
et les intrusions ont été un changement de couleur de la couronne dentaire mais aussi une fistule, une
oblitération du canal pulpaire, une résorption interne de la racine.
Le but de la prise en charge est toujours de rechercher une cicatrisation pulpaire et/ou parodontale
afin de maintenir la/les dents sur l’arcade, définitivement ou le plus longtemps possible. Ce maintien
de la dent sur l’arcade peut être une solution transitoire avant la mise en place d’un implant (fracture
radiculaire, résorptions internes, résorptions externes).
Sur une dent immature, une prise en charge inadaptée aura des conséquences sur les possibilités
thérapeutiques futures.
Les traumatismes et la gestion des séquelles pourraient dépasser les prises en charge liées à la maladie
carieuse ou parodontale chez les patients jeunes dans les années à venir.

1.1.6 Pronostic

Les séquelles sont directement dépendantes de l’âge du sujet : le même traumatisme infligé à un
an de distance pourra provoquer des lésions complètement différentes.
Le pronostic sera d’autant plus amélioré que la prise en charge sera précoce. Chez l’enfant, le praticien
devra s’efforcer de minimiser d’éventuelles séquelles sur l’harmonie des arcades dentaires et le
développement de la région péribuccale. Au-delà du rôle curatif, le praticien devra exercer pleinement
un rôle préventif. Ainsi, dans une étude rétrospective sur 9 ans 13 sur les traumatismes des dents
temporaires, l’évaluation des risques prédictifs de séquelles a montré que les dents avec traumatisme

12
Qassem et al., « Long-term clinical and radiographic follow up of subluxated and intruded maxillary primary
anterior teeth ».
13
Costa et al., « Clinical and radiographic sequelae to primary teeth affected by dental trauma : a 9-year
retrospective study ».

9
des tissus durs tendaient à présenter des changements de couleurs, des images apicales radioclaires
et des pertes dentaires prématurées.
Toutefois, étant difficile de prévoir l’évolution, un suivi minutieux et régulier est de règle, et le
pronostic sera toujours réservé.
Une étude 14 faite en Italie pour examiner les niveaux de connaissances et de comportements
concernant les traumatismes dentaires chez les parents d'enfants scolarisés dans les écoles primaires
de la région des Pouilles en Italie, a montré que la moitié d'entre eux ne savaient pas quoi faire en cas
de blessure dentaire traumatisante mais savaient qu’il fallait intervenir dans les 30 minutes.
Cependant, ils n'avaient pas les informations nécessaires pour mieux aider l'enfant affecté. Motiver les
parents à adopter une approche préventive, envers les traumatismes dentaires, peut produire des
changements positifs qui entraîneront une augmentation des bénéfices à long terme pour la santé
chez les parents et les enfants.

Figure 3 : Traumatisme du secteur antérieur chez un enfant de 5 ans

Source : Dr Wierzba

1.2 Classification des traumatismes


Les traumatismes alvéolo-dentaires sont classés selon des considérations étiologiques, anatomiques,
pathologiques ou thérapeutiques en fonction des différentes classifications existantes.

14
Quaranta et al., « Knowledge, attitudes, and behavior concerning dental trauma among parents of children
attending primary school ».

10
Parmi les principales classifications, on retient :
 La classification d’ELLIS et DAVEY (1970)
CLASSE 1 / fracture simple de la couronne, englobant l’émail et un peu de dentine ;
CLASSE 2 / fracture coronaire étendue à la dentine, sans atteinte pulpaire ;
CLASSE 3 / fracture coronaire étendue avec atteinte pulpaire ;
CLASSE 4 / mortification pulpaire avec ou sans perte de la couronne ;
CLASSE 5 / luxation complète ;
CLASSE 6 / fracture radiculaire avec ou sans perte de la couronne ;
CLASSE 7 / déplacement sans fracture de la couronne ou de la racine ;
CLASSE 8 / fracture coronaire totale

 La classification d’ANDREASEN adaptée de celle de l’OMS (1969), la plus complète.15


Elle demeure la plus répandue et c’est elle qui sera retenue ici car elle permet d’aborder cliniquement
les traumatismes alvéolo-dentaires et de les croiser avec l’anatomie.
Cette classification s’applique aux dents temporaires et permanentes et se divise en 4 groupes :
• Lésions des tissus durs de la dent et de la pulpe
• Fêlure amélaire : fracture incomplète de l’émail sans perte de tissus amélaire
• Fracture amélaire : fracture complète de l’émail (perte de tissus amélaire)
• Fracture amélo dentinaire (coronaire) simple : fracture au niveau de l’émail, ou de l’émail
et de la dentine, avec perte de structure dentaire, sans exposition de la pulpe
• Fracture amélo dentinaire (coronaire) complexe : fracture avec exposition de la pulpe
• Fracture corono radiculaire (simple ou complexe) : fracture au niveau de l’émail, de la
dentine et du cément, sans exposition de la pulpe / fracture avec exposition de la pulpe
• Fracture radiculaire : tiers cervical, moyen, apical ; fracture au niveau de la dentine, du
cément et de la pulpe.

• Lésions des tissus de soutien parodontaux


• Concussion : lésion parodontale sans déplacement anormal de la dent, mais avec une
réaction accentuée à la percussion
• Subluxation : lésion parodontale avec mobilité anormale de la dent, mais avec une
réaction accentuée à la percussion
• Extrusion (luxation en égression) : déplacement partiel de la dent en dehors de l’alvéole,
en direction axiale

15
Andreasen, Andreasen, et Andersson, Textbook and color atlas of traumatic injuries to the teeth.

11
• Intrusion (luxation en ingression) : déplacement de la dent à l’intérieur de l’os alvéolaire
c'est-à-dire en direction apicale. C’est la plus sévère des luxations
• Luxation latérale : déplacement de la dent dans une autre direction que l’axiale,
(palatine/linguale ou en direction labiale) sans ou avec fracture du rebord alvéolaire
• Expulsion (luxation complète) : avulsion de la dent.
• Lésions des tissus de soutien osseux
• Comminution de l’alvéole
• Fracture de l’alvéole
• Fracture du procès alvéolaire
• Fracture du maxillaire et/ou de la mandibule.
• Lésions des tissus gingivaux et muqueux
• Contusion
• Abrasion
• Lacération.

*A titre informatif : Tableaux récapitulatif du traitement, du suivi et du pronostic des différents


traumatismes possibles.
Tableau 1 : Prise en charge des traumatismes des tissus durs (d’après Naulin-Ifi)
Examen clinique (C) Examen Traitement Suivi
radiologique (R)
Fracture EMAIL *Perte de structure *Pas *Polissage.
minime. d’anomalies. *Application de
vernis fluoré.
Fracture EMAIL + *Perte de substance *Pas *Scellement des *3 à 4 semaines C.
DENTINE +/- importante, mais d’anomalies. tubuli * 3 mois C+R.
sans exposition *Rapport entre dentinaires avec *Tous les 6 mois
pulpaire. pulpe et trait de CVI / composite C+R.
fracture. fluide. *Surveiller
*Si perte de éventuelle
structure dyschromie
importante et coronaire.
coopération++
restauration

12
avec un
composite.
Fracture EMAIL + *Perte de *Déterminer le *Si exposition *1 semaine C.
DENTINE + PULPE substance++et pulpe stade minime < 48h et *6 à 8 semaines
exposée. physiologique. stade 1 : C+R.
pulpotomie *1 an C+R.
vitale MTA ou
Biodentine.
*Si exposition >
48h et stade 2 :
pulpectomie.
*Stade 3 et
absence de
coopération :
extraction.
Fracture *Fracture intéressant *Conservation : *1 semaine C.
CORONO- émail+dentine+racine. si trait fracture * 6 à 8 semaines C.
RADICULAIRE *La pulpe peut être superficiel et si *1 an C+R.
exposée. possibilité de *Tous les ans
*Fragment peut être restauration. jusqu’à la chute
mobile et toujours *Extraction dans C+R.
attaché. tous les autres
*Déplacement cas.
minime ou modéré.
Fracture *Fragment coronaire *Trait de *Sans *1 semaine C.
RADICULAIRE peut être mobile ou fracture déplacement : * 6 à 8 semaines C.
déplacé. généralement surveillance *1 an C+R.
situé au tiers radiologique car *Tous les ans
moyen ou au résorption jusqu’à la chute
tiers apical. accélérée du C+R.
fragment apical.
*Avec
déplacement :
extraction du

13
fragment
coronaire en
laissant le
fragment apical.
Fracture *Toutes les dents *Fracture *Repositionner *1 semaine C.
ALVEOLAIRE incluses dans la horizontale au et contention *3 à 4 semaines
fracture bougent en niveau des apex pendant 4 S+C+R.
même temps. des DT et des semaines. *6 à 8 semaines
*Occlusion germes *Surveiller les C+R.
généralement successionnels. dents dans le *1 an C+R.
perturbée. *Un cliché trait de fracture. *Tous les ans
latéral permet jusqu’à la chute
de mettre en C+R.
évidence les
relations entre
les deux
dentitions si le
fragment est
déplacé en
vestibulaire.

Tableau 2 : Prise en charge des traumatismes des tissus parodontaux (d’après Naulin-Ifi)
Examen clinique (C) Examen Traitement Suivi
radiologique
(R)
CONTUSION *Percussion +/- *Pas *Pas de traitement. *1 semaine C.
douloureuse. d’anomalie. *Surveillance. *6 à 8 semaines
*Espace C.
desmodontal
normal.
SUBLUXATION *Saignement *Pas *Pas de traitement. *1 semaine C.
sulculaire. d’anomalie. *Surveillance. *6-8 semaines
*Percussion +/- C.
douloureuse.

14
*Espace *Dyschromie
desmodontal coronaire peut
normal. survenir.
EXTRUSION *Déplacement partiel *Elargissement *Traitement *1 semaine C.
hors de l’alvéole. de l’espace dépend du degré * 6-8 semaines
*Dent + longue et + desmodontal d’extrusion, du C+R.
mobile. apical. stade physiologique *6 mois C+R.
*Déplacement et de coopération. *1 an C+R.
de la dent. *Repositionnement. *Dyschromie
*Absence de *Extrusion minime coronaire peut
fracture (<3mm) dent survenir.
alvéolaire. immature :
repositionnement
passif dans l’alvéole
sans forcer et
contention 1-
2semaines.
*Extrusion
importante,
interférences
occlusales, dent
proche de
l’exfoliation :
extraction.
LUXATION *Dent non *Déplacement *Si pas *1 semaine C.
LATERALE alignée/controlatérale. de l’apex. d’interférence *2-3 semaines
*Peu ou pas de *Fracture occlusale : laisser la C.
mobilité. alvéolaire dent se *6-8 semaines
*Occlusion parfois possible. repositionner C+R.
perturbée. *Rechercher la spontanément. *1 an C+R.
proximité avec *Si interférence
le germe. occlusale :
repositionner la

15
dent sous
anesthésie locale.
*Si déplacement
sévère ou si la
couronne s’est
déplacée en
vestibulaire :
extraction.
IMPACTION *Déplacement vers *Si *Si déplacement *1 semaine C.
l’os vestibulaire ou déplacement vers l’os *3-4 semaines
vers le germe. vers l’os vestibulaire, laisser C+R.
vestibulaire, la la dent se *6-8 semaines
dent parait repositionner C.
plus courte vs spontanément. *6 mois C+R.
controlatérale *Si déplacement *1 an C+R
et apex visible. vers le germe, jusqu’à
*Si extraction. l’éruption de la
déplacement dent
vers le germe, successionnelle.
la dent paraît
plus longue vs
controlatérale
et apex non
visible.
EXPULSION *Ne pas réimplanter *1 semaine C.
les dents *6 mois C+R.
temporaires (sinon, *1 an C+R
risque de nécrose, jusqu’à
résorption, l’éruption de la
ankylose). dent
successionnelle.

Source : Naulin-Ifi, Traumatologie clinique : de la théorie à la pratique, 2016

16
2 : Attitude de l’odontologiste

2.1 Rassurer les parents et l’enfant


Lorsque le patient consulte immédiatement après un traumatisme, il faut évaluer tous les dommages
subis par les tissus dentaires et environnants. Toutefois, il arrive que celui-ci consulte plus tardivement,
il faut alors tenir compte de l’incidence que peut avoir le facteur temps sur le pronostic.
En effet, les enfants arrivant au cabinet ou à l’hôpital en urgence, suite à un traumatisme, sont souvent
très jeunes. Le praticien peut être le premier contact de l’enfant avec le monde dentaire. Ainsi, ce
rendez-vous est primordial dans l'approche psychologique de l'enfant et des parents, afin de rassurer
et d'obtenir leur coopération respective pour les soins qui seront à réaliser. Dans certains cas, le
praticien peut être confronté à un refus de soins qu’il est néanmoins indispensable de prodiguer. Face
à ce refus, différentes solutions permettent de modifier (d’influencer) le comportement de l’enfant.
Tout d’abord, l’environnement dentaire est primordial et influence l’attitude de l’enfant. Le
premier contact avec l’enfant sera très important et le rôle de l’assistante dentaire n’est pas à négliger.
La méthode « démontrer, expliquer, agir » est également prouvée. Elle consiste à utiliser des
mots simples à l’aide d’une terminologie adaptée à l’âge de l’enfant : le praticien doit vulgariser les
termes professionnels. Il s’agit du second langage.
Les techniques de distraction, telles que la musicothérapie, permettent de détourner
l’attention de l’enfant.
Le premier contact se fera toujours en présence des parents afin d’établir une relation triangulaire
enfant-parent-praticien. Le praticien prendra en compte les remarques des parents concernant
l’enfant, ses expériences antérieures de soins, l’attente des parents et enfin le motif de la consultation,
c'est-à-dire ici l’urgence traumatique.
Un entretien avec les parents est réalisé afin de connaitre les circonstances du traumatisme. En effet,
l’interrogatoire du patient et de l’entourage devra déterminer si le sujet a perdu connaissance. Si c’est
le cas, toute considération bucco-dentaire sera reléguée au second plan et l’urgence prioritaire à
prendre en charge par le corps médical sera le traumatisme crânien. Un examen clinique neurologique
et radiologique devra être rapidement réalisé. Rassurer l’enfant et son entourage est primordial afin
de pouvoir réaliser un examen clinique et radiographique de bonne qualité.
Dans un second temps, le praticien demande aux parents de rester seul avec l’enfant. Cette demande
n’est pas et ne doit pas être perçue comme une obligation. Elle dépend, bien entendu, de l’âge de
l’enfant.

17
En effet, chez le très jeune enfant, il faut se faire aider par la personne accompagnante. Aussi, avant
l’âge de 3 ans, il sera demandé à cette dernière de s’allonger sur le fauteuil, l’enfant sur elle, en lui
tenant les mains et immobilisant ses jambes, tout en lui parlant sans discontinuer. Le contact
mère/enfant est essentiel et rassure le jeune patient. Chez un enfant très difficile, le recours à une
prémédication sédative consciente (MEOPA) peut s’avérer nécessaire avant l’examen.

2.2 Rechercher les étiologies


Différentes étiologies sont possibles et devront être déterminées lors de l’entretien.
Elles peuvent être accidentelles (chute sur un objet immobile ou surface dure), iatrogènes, ou dues à
un impact avec un objet en mouvement, à des chocs répétés, à l’utilisation des dents comme outil, aux
activités sportives, aux accidents de la voie publique, aux violences physiques, ou la conséquence de
facteurs favorisants (pathologies générales ou facteurs locaux tels que la promaxilie, la proalvéolie
supérieure, un surplomb important ou un recouvrement labial insuffisant).
Dans l’étude épidémiologique faite en 2015, en Inde,16 chez les enfants scolarisés âgés de 5 à 8 ans, les
blessures traumatiques du secteur antérieur étaient principalement dues à des chutes, suivies des
accidents de vélo, puis des collisions, des violences (maltraitances) et des accidents de moto.
Dans la méta-analyse faite en 2015 les chutes sont également apparues comme cause principale des
traumatismes dentaires et le lieu le plus fréquent était le domicile de l’enfant.

2.3 Examen du patient


Plusieurs formes cliniques sont observées. La forme clinique de la lésion dépendra de l’énergie de
l’impact, de la résilience de l’objet impactant, de la forme de celui-ci, de la direction du choc, des
caractéristiques propres de la dent et des tissus de soutiens. Un examen clinique rigoureux du site
traumatique doit être systématiquement réalisé, ainsi que la recherche des traumatismes associés. Il
s’appuiera surtout sur les signes objectifs. L’examen radiologique type rétroalvéolaire est nécessaire
pour connaitre le volume de la chambre pulpaire et sa position par rapport au trait de fracture ainsi
que le stade d’édification des apex. Il servira également de référence pour les contrôles de suivi.
Cependant, les tests cliniques de vitalité pulpaire et de percussion seront souvent sujets à caution du
fait de l’état d’anxiété et de stress de l’enfant. Le diagnostic sera essentiellement guidé par l’inspection
et la palpation et complété par des examens radiographiques.

2.3.1. Examen clinique

16
Gojanur, Yeluri, et Munshi, « Prevalence and etiology of traumatic injuries to the anterior teeth among 5 to 8
years old school children in mathura city, India : an epidemiological study ».

18
2.3.1.1 Interrogatoire, anamnèse (vaccination antitétanique) et circonstances du traumatisme

* Loin de représenter une simple formalité administrative, l’interrogatoire médical est un outil de
travail indispensable dans notre pratique quotidienne. Comprenant un questionnaire écrit complété
d’un entretien oral, il permet d’apprécier l’état de santé général du patient, son suivi médical ainsi que
les médications passées, en cours ou à venir, et de déterminer la capacité des patients à recevoir des
soins. Il permet également de déterminer le profil psychologique de la personne et son attitude plus
ou moins coopérative.
Grâce à ces informations, le praticien peut planifier correctement les différentes étapes du plan de
traitement, en prenant toutes les précautions médicales ou techniques qui s’imposent.
Le document écrit doit être simple, complet, remis à jour régulièrement, daté et signé par le patient
(ou les parents si le patient est mineur). Cette dernière exigence est primordiale car la signature du
patient (ou de ses parents) engage sa (leur) responsabilité, ce qui indirectement l’oblige(les) à
mentionner tous les détails le concernant. En particulier, en cas d’accident grave et imprévu, le
praticien pourra prouver qu’il a bien respecté ses obligations de moyens. L’entretien oral permet
ensuite d’approfondir les réponses qui seront consignées dans le dossier.
Au cours de cet entretien, le praticien demande également le carnet de santé, notamment en cas de
traumatisme, pour vérifier la vaccination antitétanique.
* Même lorsque le patient consulte en urgence, l’anamnèse ne doit pas être négligée.
En effet, l’anamnèse est primordiale, elle doit préciser les circonstances du traumatisme, guider
l’examen clinique et orienter le choix thérapeutique.
Elle contient :
• les données personnelles (nom, date de naissance, coordonnées, médecin de famille) ;
• les antécédents médicaux : le praticien devra faire préciser si l’enfant souffre d’une pathologie
particulière, de pathologies systémiques, d’épilepsie, de diabète, d’allergies connues, et les
médications en cours.
• le statut vaccinal (notamment le tétanos en cas de blessure souillée) ;
• les troubles liés au traumatisme : une évaluation globale du patient, logique, en allant du
général au particulier, permettra de déceler l’existence de chocs ou de traumatismes
cérébraux. En cas de perte de connaissance, de vomissements, de céphalées, il est important
de suspecter une commotion cérébrale. En cas de saignement du nez, des oreilles, ou une
asymétrie des pupilles et s’il y a un trouble de la conscience ou de l’expression, il faut suspecter
une blessure crânienne ou une lésion cérébrale.
Dans ces deux derniers cas, le patient sera adressé aux urgences générales hospitalières ou
au moins, impérativement, chez un médecin.

19
L’anamnèse précise également :
• les conditions de l’accident qui répondent aux questions :
- OU ? Le savoir permet d’évaluer le risque de contamination des plaies et d’instaurer
éventuellement une antibiothérapie et/ou une vaccination antitétanique.
- QUAND ? Cette question introduit le facteur temps (date et heure). C’est un élément
décisif pour déterminer la conduite à tenir (thérapeutique pulpaire, repositionnement
après luxation, réimplantation) et le pronostic.
- COMMENT ? Le chirurgien-dentiste doit s’intéresser aux circonstances dans lesquelles
s’est déroulé l’accident. Cependant, il ne doit pas rechercher une responsabilité d’un tiers
mais essayer de comprendre les mécanismes d’action des traumatismes : agression,
accident, point d’impact, direction et intensité du choc.
Il faut toujours suspecter l’éventualité d’un cas de maltraitance.
• les antécédents au traumatisme. Ceux-ci conditionnent la cicatrisation pulpaire ainsi que celle
du parodonte. Ils ont donc un impact sur le pronostic de la dent. En effet, l’existence ou non
de chocs antérieurs au traumatisme est capitale car elle peut influencer le pronostic.
• la présence ou non de douleurs (chaud/froid, position) et s’il y a une paresthésie/anesthésie
d’un territoire précis.
Enfin, l’âge du patient est essentiel, le pronostic de certaines thérapeutiques (notamment de
conservation pulpaire) pouvant être plus ou moins réservé en fonction de ce paramètre. Par exemple,
les dents immatures ont un potentiel de réparation plus important, mais leurs racines sont plus
courtes, aussi un traumatisme parodontal se surajoute-t-il souvent au traumatisme dentaire.
En effet, ce qui va être singulier chez l'enfant, c’est la distinction entre la dent temporaire et dent
immature, deux entités ayant chacune leurs spécificités anatomiques, physiologiques et anatomo-
pathologiques, qui ne devront pas être abordées et gérées comme des dents permanentes matures,
au risque de mettre en place des thérapeutiques inadaptées.

2.3.1.2 Examen exo-buccal (facial)17

Afin de visualiser l’étendue réelle du traumatisme, un nettoyage des plaies superficielles du visage doit
être effectué à l’aide d’une éponge imbibée d’un antiseptique doux (Mercryl).
L’examen exo buccal comprend aussi bien l’inspection que la palpation.
Lors de l’examen exo buccal, il faut évaluer :
• la face : palpation systématique des rebords osseux (os zygomatique, maxillaires supérieur et
inférieur) pour rechercher les signes de fractures osseuses ainsi que les hématomes ;

17
Courson et Landru, Odontologie pédiatrique au quotidien.

20
• les atteintes du revêtement cutané (joues, face externe des lèvres, menton), qui pourraient
nécessiter des sutures ;
• la présence, par la palpation, d'éventuels corps étrangers dans les tissus mous ;
• les tuméfactions, les asymétries ;
• les articulations temporo-mandibulaires (ATM) par un examen en statique et en dynamique.
Une limitation de l’amplitude d’ouverture peut être le signe d'une fracture ou d’une fêlure
condylienne. Il faut aussi évaluer la mobilité mandibulaire.
L’examen exo buccal ne doit pas être négligé, car une plaie sous le menton peut faire suspecter une
fracture mandibulaire ou condylienne, une lèvre oedematiée et dilacérée associée à une fracture
coronaire doit faire penser à l’inclusion d’un fragment dentaire. La vigilance doit être soutenue durant
l’examen clinique et radiographique pour permettre le cas échéant de repérer la présence d’un
fragment enfoui dans l’épaisseur de la lèvre.

Figure 4 : Traumatisme antérieur. Plaie et contusion labiale

Lors de la consultation d’urgence : nettoyer les plaies et appliquer de la glace afin de diminuer
l’œdème.

Source : Dr Wierzba

21
Figure 5 : Recherche d’éventuels corps étrangers inclus dans la lèvre à l’aide d’un cliché positionné
dans le vestibule

Source : Dr Wierzba

Les lésions traumatiques sont rarement isolées lors des chocs violents et accidents sur la voie publique.
Certaines lésions peuvent apparaitre mineures, comme les fêlures ou les micro-fractures de l’émail,
mais elles doivent toujours faire suspecter une possible mise en cause du complexe pulpo parodontal
que l’examen clinique et radiographique, indispensable en toutes circonstances, aideront à évaluer.

2.3.1.3 Examen endo-buccal

Urgence ne signifie par précipitation. L’examen de la cavité buccale doit être systématique et
méthodique. Toute perte de temps peut être préjudiciable. Plus le délai augmente entre le
traumatisme et l’examen, plus le pronostic de guérison diminue.

 Avant toute observation intra buccale, il convient de nettoyer avec une compresse imbibée de
sérum physiologique ou d'un produit antiseptique (Bétadine, chlorhexidine) la zone à examiner,
après avoir pratiqué, si nécessaire, une anesthésie avec un gel de xylocaine à 2%.

 Il faut tout d’abord vérifier :


- l'examen des tissus mous (face interne des joues, lèvres, frein), la gencive et la langue ;
- les dents traumatisées, les collatérales et les antagonistes (exposition pulpaire, perte de substance,
déplacements) ;
- les mobilités : si les mouvements sont coronaires, c’est le signe d’une fracture corono-radiculaire. S’il
y a un mouvement d’ensemble de la dent, c’est le signe d’une luxation ;

22
- l’articulé dentaire ;
- les déplacements, qui peuvent être difficiles à quantifier car on ne connait pas toujours la situation
initiale (malposition antérieure au traumatisme objectivable par les facettes d’usure) ;
- les colorations : normale, grisâtre (choc antérieur ou datant de quelques semaines ou mois), jaunâtre,
rosé (hémorragie pulpaire). Un changement de couleur, observé immédiatement après le
traumatisme, peut disparaître plus tard, et ne doit pas entrainer la décision immédiate de dépulpation.
A l’inverse, l’apparition lors des séances ultérieures, d’une coloration, notamment plus jaune ou grise,
indique une calcification voire une nécrose pulpaire.
- l’occlusion : les fractures osseuses peuvent être suspectées si l’on observe des anomalies
inhabituelles de l’occlusion. En effet, des anomalies de la position d’intercuspidation maximale
peuvent être détectées et associées à des déplacements dentaires, des fractures corono-radiculaires
et/ou des fractures osseuses.

 Des tests cliniques complémentaires sont à réaliser sur les dents traumatisées et sur celles des
dents adjacentes :
- test de mobilité : la mobilité axiale est recherchée pour diagnostiquer une section du paquet vasculo-
nerveux et la mobilité horizontale pour une fracture radiculaire ou alvéolaire.
- test de percussion : la percussion axiale avec le manche d'un miroir métallique peut révéler une
fracture radiculaire, si elle est douloureuse, ou une atteinte du ligament parodontal car si le son est
métallique, cela indique une intrusion, une luxation ou une ankylose.
- test de vitalité pulpaire :
Il est important de ne pas réaliser de tests d’évaluation de l’état pulpaire le jour du traumatisme car
ils sont douloureux et non fiables, et la réponse est aléatoire en raison du phénomène de sidération
pulpaire. Les tests de vitalité peuvent être effectués au cours du suivi, à quelques jours du
traumatisme, uniquement sur les dents permanentes ou des dents permanentes immatures (pas de
tests de vitalité sur dents temporaires). En effet, lorsque les tests de sensibilité (tests thermiques et
électromagnétiques) sont effectués immédiatement après le traumatisme, une réponse négative peut-
être enregistrée.18 Toutefois, cette absence de sensibilité peut n’être que transitoire. Aussi, elle ne doit
pas entrainer une décision d’intervention endodontique immédiate, car même si elle annonce une
lésion pulpaire ultérieure, elle ne signifie pas pour autant que la pulpe est nécrotique.

18
Bastos, Goulart, et de Souza Côrtes, « Pulpal response to sensibility tests after traumatic dental injuries in
permanent teeth ».

23
2.3.2. Examens complémentaires

 Clichés radiographiques
Indispensable pour compléter l’examen clinique, l’examen radiographique révèle l’étendue de
l’atteinte des tissus de soutien et permet souvent de confirmer le diagnostic, mais il n’est pas toujours
réalisable.
L’examen radiologique doit être reproductible dans le temps lors des séances de rappel. Il est donc
nécessaire d’utiliser un angulateur et de noter l’incidence du rayon utilisé lors de la première séance
(difficilement réalisable chez l’enfant traumatisé). Toutes les dents de la région traumatisée doivent
être radiographiées et ce, même si aucune lésion traumatique n’est visible à l’examen clinique.
La recherche des corps étrangers s’effectue avec un film (taille 0 chez les jeunes enfants et taille 1 ou
2 chez les adolescents).
L’examen doit comporter plusieurs clichés rétroalvéolaires ou incidences dysocclusales (film
mordu et incidence à 45°) en première intention : incidences multiples, collatérales et antag La
rétroalvéolaire est un élément essentiel du diagnostic radiographique qui permet l'observation
minutieuse des dents et des tissus parodontaux. Elle permet également d'évaluer l'étendue du
traumatisme et du stade physiologique des dents et/ou des germes.19
Il faudra évaluer sur les radios :
- la maturation physiologique (la longueur radiculaire et la largeur de la lumière canalaire qui rétrécit
au fur et à mesure de la maturation) ;
- le degré d’évolution /de minéralisation pour les dents permanentes, l’état radiculaire pour les dents
temporaires ;
- le rapport dent temporaire / germe de la dent permanente ;
- le trait de fracture par rapport à la pulpe, s’il s’agit d’une fracture radiculaire, alvéolaire ou osseuse ;
- le déplacement de la dent dans son alvéole, en recherchant un élargissement desmodontal.

19
Pecorari, « Les traumatismes alvéolo-dentaires ».

24
Figure 6 : Clichés rétroalvéolaires lors de l’expulsion de 11 chez un adolescent de 13 ans

Source : Pr M. Folliguet

Un cliché panoramique n’est réalisé qu’en cas de suspicion de fracture mandibulaire. En effet, on
évite de réaliser des panoramiques en dessous de 8 ans mais en cas de choc sur le menton, la
radiographie panoramique est systématique, pour dépister une fracture mandibulaire ou observer
l’intégrité des condyles. Il permet également de voir les dents manquantes et d’observer les fractures
osseuses et les procès alvéolaires.

25
Figure 7 : Fracture radiculaire

Radiographie rétroalvéolaire d’une fracture radiculaire (24)

Source : Dr Wierzba

Le cliché mordu occlusal dépistera les fractures incomplètes des structures osseuses. Il permettra
aussi d'apprécier la position des germes par rapport aux apex des dents temporaires correspondantes
et de mettre en évidence les déplacements axiaux ou non de la dent, et les fractures radiculaires et de
l’os alvéolaire.

Le CBCT (Cone Beam Computed Tomography) est un plus pour compléter le diagnostic mais n’est
pas un examen systématique ; il se ne fait pas en 1ère intention car trop irradiant.20 Il est utilisé si un
doute sur une fracture radiculaire subsiste au vu des signes cliniques et des examens radiographiques
ou si la zone traumatisée s'étend au-delà du complexe alvéolo-dentaire.
L’imagerie 3D trouvera davantage son intérêt dans le suivi des traumatismes.
En outre, l’examen radiologique aura un rôle primordial dans le suivi clinique instauré par le
praticien.21 En effet les clichés serviront de référence pour les contrôles ultérieurs et ils permettront
de confirmer une évolution favorable vers la guérison ou, au contraire, d’intercepter d’éventuelles
complications.*

 Photographies extra- et intra-buccales


Des photographies extra et intra buccales, servant de référence pour apprécier les changements
de teinte des dents et à visée médico-légale, peuvent aussi être réalisées.

20
Salmon et al., Cone beam ct en pratique dentaire : du chirurgien-dentiste au radiologue.
21
Holan et Yodko, « Radiographic evidence of traumatic injuries to primary incisors without accompanying
clinical signs ».

26
2.4 Gérer l’urgence
Tout praticien est confronté à l'urgence pédiatrique. Il existe deux motifs principaux : la douleur
et le traumatisme. Savoir reconnaître et gérer rapidement ces situations particulières qui n'ont pas
toujours le caractère d'une véritable urgence, mais qui demandent néanmoins une prise en charge
rapide, permet de prévenir bien des complications.

2.4.1. Établir un diagnostic final

La consultation auprès du praticien peut se faire directement après le traumatisme ou être différée
de plusieurs jours.
Lorsque la consultation est différée, le motif de consultation est souvent une complication infectieuse
ou bien une douleur qui est apparue et dont l’amplitude augmente.
Des examens cliniques et radiologiques permettent le diagnostic des séquelles pulpaires et
parodontales.
Après synthèse de tous ces paramètres (interrogatoire, anamnèse, examen clinique, examens
complémentaires), le praticien établit un diagnostic final.

2.4.2. Déterminer un plan de traitement

À partir de ce diagnostic final, un plan de traitement est déterminé afin de procéder aux soins :
- Soins immédiats : lavage de blessures, suture des parties molles, repositionnement dentaire,
contention, prescription.
- Soins différés : suivi opératoire, endodontie, chirurgie, orthodontie ou bien restauration des dents
fracturées.
Peu importe le moment de la consultation, les différents objectifs à retenir sont identiques :
- rassurer l’enfant et les parents ;
- établir un diagnostic ;
- mettre en place une thérapeutique d’urgence si nécessaire ;
- émettre un pronostic (plus la dent est immature, meilleur est le pronostic) ;
- établir un calendrier de suivi ;
- rédiger un certificat médical initial.

2.4.3. Thérapeutiques

Toute dent subissant un traumatisme présente un phénomène inflammatoire pulpaire et parodontal.

27
Sans aucun traitement, une nécrose pulpaire va s’installer et une mobilité dentaire apparaître, ce qui
déclenchera des douleurs qui iront en s’intensifiant.
La thérapeutique sera soit ciblée sur la vitalité pulpaire, soit sur le parodonte.
Les grandes lignes de la conduite à tenir en urgence :
- réduire toute luxation et soulager le parodonte avec mise en place d’une contention ;
- conserver la vitalité pulpaire22 ;
> Coiffage indirect : fracture amélo-dentinaire sans exposition pulpaire
> Coiffage direct/pulpotomie partielle : fracture avec exposition pulpaire
- réimplanter : avulsion de la dent permanente sauf en cas de contre-indication ;
- extraire : si la luxation d’une dent temporaire est importante et si elle gêne l’occlusion, luxation et
parodontite sévère, multi-fracas de la dent /alvéolaire/osseux ;
- instaurer un suivi des lésions et intercepter les complications.
La thérapeutique devra exploiter au maximum les potentiels de cicatrisation importants de ces
jeunes patients. Les traitements devront s’attacher à permettre la poursuite de la dentition et à limiter
les séquelles sur la denture définitive. Dans le cas des dents lactéales, les atteintes seront
symptomatiques. Les répercussions sur les dents définitives seront fonction du degré de maturation
du germe et de sa position. En effet, le traitement doit tenir compte du stade d’évolution de la dent
temporaire. On distingue trois périodes dans l’évolution des dents temporaires :
1/Édification : stade I, 2/ Stabilité : stade II, 3 /Régression ou résorption : stade III.

Jusqu’à l’âge d’un an, le germe définitif est nettement en position palatine par rapport à la dent
lactéale : il est donc peu exposé lors des traumatismes de celle-ci.

À l’âge de 4-5 ans, l’évolution de la dent définitive sera proche de l’apex de la dent lactéale, les risques
seront donc plus importants.
A 5-6 ans les risques sont moindres avec la résorption radiculaire.
Lors des luxations de dents lactéales, en fonction du degré de maturation et de mobilité, la dent sera
extraite d’emblée ou surveillée après pose d’une contention. L’apparition secondaire de signes
infectieux tels que la fistule, conduira à l’extraction. Les fractures radiculaires des dents lactéales, bien
que rares, imposent l’extraction.

Pour les dents permanentes immatures, il faudra obtenir une fermeture de l’apex, avant de réaliser
l’obturation canalaire définitive. Celle-ci sera obtenue par apexification lorsque la nécrose pulpaire

22
Bjørndal, « Indirect pulp therapy and stepwise excavation ».

28
n’est pas totale ou par apexogénèse lorsque les tissus pulpaires auront dû être éliminés totalement.
Aujourd’hui, on prend en compte le rôle de la revascularisation dans la cicatrisation des zones
apicales.23
Rappelons que la racine est encore immature lorsque la dent commence son éruption. Trois ans
en moyenne sont nécessaires pour obtenir une fermeture de l’apex ; pour les incisives supérieures, la
fin de la formation se situe vers 10 ans et la fermeture de l’apex vers 11 ans ; pour les incisives latérales,
permanentes supérieures, elles ont lieu respectivement à 11 et 12 ans.

2.4.4. Anesthésie et champ opératoire

Lors de ces thérapeutiques, l’anesthésie n’est pas toujours obligatoire ; il faut tenir compte de la
sensibilité douloureuse en fonction de l’acte pratiqué, du degré de maturité de la dent, du temps
écoulé depuis le traumatisme.

En aucun cas, il ne faut minimiser les dires de l’enfant ou de l’adolescent ; il n’existe pas de bonne
chirurgie sans une bonne anesthésie.24

Le champ opératoire est primordial dans le but d’éviter toute contamination bactérienne et salivaire
au cours de la thérapeutique.

Le maintien de la digue peut se faire par des coins de bois.

23
Simon et Ifi-Naulin, « Conservation de la vitalité pulpaire et traitement de la dent immature ».
24
Chassard, Principes et protocoles en anesthésie pédiatrique.

29
Figure 8 : Enfant de 8 ans : Fracture coronaire sans exposition pulpaire.

Digue et mise en place d’une large protection de toute la surface dentinaire exposée.

Source : Dr Wierzba

Figure 9 : Enfant de 8 ans : Fracture coronaire avec large exposition dentinaire.

30
Mise en place de la digue sur des dents faiblement évoluées, par conséquent la prise d’ancrage
s’effectuera sur les deuxièmes molaires.

Source : Dr Boujenah

Parfois, le contexte local ne permettra pas la pose de la digue ; des écarte-joues, combinés à des
rouleaux de cotons salivaires et à une aspiration, réaliseront le champ opératoire en urgence.

2.4.5. Cas clinique

Les traumatismes chez l’enfant peuvent survenir à tout âge avec des tableaux cliniques
différents d’un cas à l’autre. L’intrusion d’une dent, qu’elle soit temporaire ou définitive, constitue une
forme de déplacement dentaire dont les conséquences sont très diverses en fonction du type de dent
et de sa maturité radiculaire.

Exemple clinique. Intrusion dentaire : les traumatismes avec intrusions de dent permanente sont
violents et consécutifs à un accident lié à la pratique sportive chez le préadolescent. Les deux
complications majeures face à ce traumatisme sont l’ankylose de la dent et la résorption de
remplacement. C’est pourquoi une prise en charge de l’urgence, le plus rapidement possible, est
impérative afin d’éliminer ou de réduire ces deux complications.

31
Figure 10 : A/ Radiographie rétroalvéolaire de départ.

Enfant de 12 ans venant consulter le lendemain de son traumatisme après un match de handball

B/ Vue clinique de face. Mise en place d’une contention provisoire

32
C/ Vue clinique maxillaire avec rotation de la dent

D/ Vue de l’attelle de traction orthodontique et du bouton pression sur la dent ingressée

E/ Radiographie rétro alvéolaire avec traitement à l’hydroxyde de calcium

33
F/ Extrusion orthodontique obtenue au bout de quelques mois

G/ Restauration finale au composite

Source : photographies numérotées de A à G : Dr Wierzba

2.4.6. Suivi et Prévention

Les complications, nombreuses, notamment dans le cas d’intrusion, sont importantes au niveau
physiologique entre l’organe dentaire et son environnement parodontal. Elles peuvent êtres
minimisées par une prise en charge précoce et un suivi régulier.

En effet, les complications pulpaires et parodontales sont inconstantes, plus ou moins différées,
variables selon la sévérité du déplacement et la maturité de la dent. La notion de rupture du paquet
vasculo-nerveux reste toujours présente. Les conséquences possibles sont :

• des dyschromies qui peuvent être associées à des dysplasies ;

34
• la constatation d’un retard d’éruption ou d’une position ectopique de la dent permanente,
dans l’hypothèse d’une dent qui ne se résorbe pas ;

• une dilacération corono-radiculaire : la dent se plie sous le choc et ne peut pas faire son
éruption.

Des recommandations doivent être données aux parents et au patient suite à un traumatisme,
comme :

• Prendre une alimentation molle jusqu’à deux semaines. La reprise d’une alimentation
normale, dès que possible, est conseillée.

• Éviter toute nouvelle sollicitation (ex : tétine, succion digitale) ;

• Avoir une bonne hygiène en utilisant une brosse à dent très souple, voire chirurgicale. Si
l’enfant est très jeune, une compresse imbibée de chlorexidine est recommandée ;

• Éviter les sports de contact ;

• Faire des bains de bouche à la chlorexidine, deux fois par jour, pendant une semaine ;

• Prendre éventuellement des thérapeutiques médicamenteuses telles que des antalgiques


voire des antibiotiques.

• Prévenir les parents de possibles complications, comme des douleurs, des dyschromies, des
tuméfactions, en insistant sur l’importance de consulter ; les informer des conséquences
possibles sur la dent définitive notamment si impaction, expulsion ou fracture alvéolaire.

Lors du suivi, un examen clinique et radiologique est réalisé.

L’examen clinique comprend l’évaluation

• des antécédents douloureux ;

• de l’aspect de la gencive (inflammation, tuméfaction, fistule) ;

• de l’aspect de la dent (modification de la teinte, mobilité, changement de position).

Et l’examen radiologique consiste :

• à suivre l’édification radiculaire et la fermeture apicale (signes d’une bonne santé pulpaire) ;

• à regarder si présence ou non de résorptions radiculaires ;

35
• à suivre les lésions apicales, signe de la nécrose de la dent. Suite à cette nécrose, la
dentinogénèse est stoppée, il y a donc une diminution de la largeur de la lumière canalaire
visible radiologiquement.

La prévention joue également un rôle important dans l’évitement des traumatismes dentaires chez les
enfants et les adolescents grâce à :

- la prévention primaire, en amont du traumatisme, qui a pour objectif de limiter les


circonstances et la gravité des accidents. Est importante la place :

• de l’information et de l’éducation : formation des personnes fréquemment confrontées aux


traumatismes dentaires (parents, professeurs des écoles, coachs sportifs, paramédicaux) à la
conduite à tenir et aux gestes d‘urgence ;

• de l’usage de moyens de protection intra-buccale comme l’utilisation de « protège-dents »


thermoformés ou de casques dans la pratique des sports ;

• des traitements d’orthopédie dento-faciale ; ils permettent le traitement précoce de


proalvéolie maxillaire et/ou de rétroalvéolie mandibulaire.

- La prévention secondaire a pour but de prévenir ou de réduire la sévérité des accidents par
une prise en charge rapide et efficace des parents, des professionnels dentaires, des
enseignants et des coachs sportifs qui auront été préalablement formés aux gestes d’urgence.
- La prévention tertiaire porte sur le traitement optimal et la réhabilitation.

2.5. Certificat médical initial


Le certificat médical (cf. annexe, figures 11 et 12) est l’attestation écrite des constatations
cliniques et para cliniques, positives ou négatives, concernant l’état de santé d’un individu qui a
bénéficié d’un examen médical.

C’est l’élément de base pour tout problème juridique éventuel. Il constitue la première preuve
suite à un traumatisme pour permettre à la victime d'obtenir réparation (jusqu’à 10 ans après la
majorité). Il doit être effectué à l'occasion de la première consultation, dans les 24 à 48 heures après
un traumatisme, pour constater un dommage corporel. Toutes les constatations doivent être
consignées. Il est nécessaire de noter tout fait clinique particulier, d’être exhaustif, de toujours émettre

36
des réserves sur les dents voisines ou antagonistes concernant leur devenir, et de prendre des
photographies intrabuccales pour un constat complet.

La responsabilité disciplinaire, civile, et pénale du professionnel est engagée quand il rédige un


certificat médical. En effet, sa responsabilité est totalement engagée sur la véracité des propos
mentionnés, car certifier, c'est avant tout assurer que quelque chose est vrai. Le certificat doit
comporter la signature manuscrite du praticien. Et pourtant, peu de praticiens ont été initiés à la
rédaction de documents médicaux et peu également connaissent la réelle portée de ce certificat dans
un dossier de réparation de dommage dont il est la pièce maîtresse.

Le certificat médical initial (CMI) se fait le plus souvent, sur la demande spontanée d’une
victime (ou de la personne ayant autorité). Sa rédaction se fait dans diverses circonstances de
traumatisme comme :

- enfant victime d’un accident à l’école (seul ou bagarre) ;

- accident à la maison ;

- accident de la route ;

- rixe dans la rue ;

- violences volontaires.

Les traumatismes sur les dents temporaires ne doivent pas être minimisés, du fait de leurs
répercussions possibles sur les germes successionnels. Leur éventuelle atteinte doit être notée sur le
CMI.

2.5.1. Rédaction du CMI suite à un traumatisme dentaire

Appelé parfois certificat d’origine, il doit être systématiquement rédigé par le chirurgien-dentiste après
une consultation d’urgence en traumatologie, ce qui permet d’y mentionner les doléances de la
victime et les résultats d’examens complémentaires.

La relation avec des troubles survenant ultérieurement sera facile à établir si le CMI est précis, détaillé,
et s’il fait état de certaines réserves, quant au pronostic.

37
Le chirurgien-dentiste est parfois obligé de surseoir à la rédaction de son CMI, notamment s’il suspecte
des problèmes prioritaires comme des fractures de maxillaire ou de l’articulation temporo
mandibulaire nécessitant des examens complémentaires en milieu hospitalier.

En effet, le CMI a une valeur médico-légale et doit être :

• clair, lisible et le plus complet possible,

• rédigé sur une ordonnance à en-tête ;

• daté et signé ;

• remis aux parents / au responsable légal ;

• copié dans le dossier du patient.

Il faut :

 Indiquer l’identité : nom prénom, âge, du patient ;

 Mentionner la présence ou l’absence au moment de l’examen, de ses parents ou du


responsable légal ;

 Relater, selon les dires du patient, les circonstances de l’accident, avec mention des date,
heure et lieu ;
 Rapporter les lésions observées à l’examen exo buccal, endo buccal et à l’examen
radiographique ;
 Décrire les lésions dent par dent, en précisant les dents en toutes lettres (par ex. luxations de
l’incisive latérale permanente supérieure droite (12)).
(Remarque : pour les fractures dentaires, il est recommandé d’adjoindre un schéma de chaque
dent concernée ; le trait étant clairement matérialisé afin de montrer s’il intéresse l’émail, la
dentine ou la pulpe.)

Il faut également noter :

 L’atteinte des tissus mous : il faut être précis dans la topographie (par ex. plaie horizontale de
la pointe de la langue sur une longueur de 1cm) ;
 Les examens complémentaires : radiographies à commenter ;
 Le diagnostic ;
 La thérapeutique d’urgence ;
 La périodicité des contrôles ;

38
 Le pronostic : émettre toutes les réserves sur le devenir des dents affectées/ collatérales/
antagonistes/sous-jacentes ;
 Le traitement envisagé et établissement d’un calendrier de suivi clinique et radiologique :
préciser la date des contrôles et leur fréquence.

Exemple :
 Photos de traumatisme, entraînant par conséquent la rédaction d’un CMI

Figure 13 : Expulsion de 11 chez un adolescent de 13 ans

Source : Pr M. Folliguet

Dans ce type de cas, il faut faire bien comprendre aux parents qu’il est primordial d’envoyer la
déclaration d’accident accompagnée du CMI afin de bénéficier d’une prise en charge.

 Rédaction d’un CMI 25 26

25
Frih et al., « Le certificat médical ».
26
Naulin-Ifi, Traumatologie clinique : de la théorie à la pratique.

39
Je soussigné Dr P.X, docteur en chirurgie dentaire, certifie avoir examiné ce jour (date), le jeune X âgé
de X ou (né le X) accompagné de X. Il me dit avoir été victime d’un accident survenu le X (date déclarée
de l’accident).

J’ai constaté (description précise des lésions) :

 à l’examen clinique
Constatations extra-orales (au niveau : des tissus externes, fonctionnel, des tissus mous péri
intrabuccaux, au niveau des tissus durs…)

Constatations endobuccales (pour chaque dent concernée : place de la dent sur l’arcade, stade de
denture de la dent, type de traumatismes des tissus parodontaux ou des tissus durs)

 à l’examen radiographique

État antérieur : avant l’accident

Traitement : en urgence, j’ai pratiqué …

Réserves : toutes réserves sont à émettre sur la pérennité des dents traumatisées et, éventuellement,
des dents voisines et antagonistes.

Un suivi clinique régulier sera indispensable pendant toute la phase d’établissement de la denture
adulte.

[S’il y a lieu, indiquer la nécessité de repos pour les enfants fréquentant l’école ou inscrits dans un club
sportif : ITT (interruption temporaire de travail ou arrêt de scolarité pour l’enfant) a été de X jours.]

Certificat rédigé à la demande de …(des parents ou ayant droit) de l’enfant (nom), sur leur demande
et remis en mains propres à M. X pour servir et faire valoir ce que de droit.

Date, cachet et signature

2.5.2. Intérêts pour le patient et le praticien

La rédaction du CMI présente plusieurs intérêts :


 pour le patient : il expose la situation le jour de la première consultation et il est indispensable
pour les assurances en cas de frais de soins, prothèses de transition/ semi-permanentes,
traitement d’orthopédie dento-facial, etc. ;

40
 pour le praticien (si expertise) : il justifie la qualité de son examen, la pertinence du traitement
d’urgence et l’exactitude des informations fournies.
2.5.3. Conséquences des certificats mal rédigés

Le chirurgien-dentiste doit être compétent pour établir un CMI afin que la victime puisse obtenir
réparation de son préjudice et argumenter pour un éventuel dépôt de plainte.

L’absence de certificat léserait la victime et constituerait pour elle une perte de chance, ce qui, en
vertu du code civil, constitue un dommage par négligence ou omission.

Un certificat mal rédigé peut desservir la victime, aggraver la sanction pour le responsable, obliger le
magistrat à renouveler l’examen, et mettre éventuellement en cause la responsabilité pénale, civile et
ordinale du rédacteur.

En outre, il faut faire attention au respect de la confraternité, ainsi qu’au respect du secret médical.

Un CMI permet d’amorcer la procédure de prise en charge de la réparation du dommage afin que la
victime puisse retrouver un état le plus proche possible de l’état antérieur à « l’accident ».

Les blessures peuvent entraîner une incapacité de travail temporaire, ce qui est très important en droit
pénal. Chez l’enfant et l’adolescent, il s’agit plus d’une incapacité à aller à l’école. Si les blessures sont
consécutives à une agression, le magistrat déterminera, selon l’ITT, si l’affaire doit être confiée à un
tribunal de police (contravention) ou correctionnel (délit).

Il faut également, si un deuxième traumatisme survient sur le même patient, établir un certificat
d’aggravation et de non-consolidation.

2.5.4. Incidences médico-légales

Quelques mois après le traumatisme, l’expert ou le chirurgien-dentiste conseil d’une compagnie


d’assurance cherchera à évaluer le dommage chez l’enfant ou l’adolescent. Il s’agit de réparer de façon
adéquate le préjudice causé, en se souvenant que, selon les critères définis par la Cour de cassation,
seul le préjudice personnel, direct, actuel et certain est indemnisable.
Chez un adulte, où la denture et les maxillaires sont à un stade de développement définitif,
l’importance du dommage est relativement simple à établir, ce qui est différent chez le jeune enfant
qui est en pleine croissance.
De plus, l’âge de l’enfant ayant subi un traumatisme peut nécessiter de prévoir une nouvelle expertise
lorsqu’il atteindra l’âge adulte pour statuer sur certains postes de préjudices impossibles à déterminer

41
sur le moment, d’où l’importance de la notion de réserves qui doivent être mentionnées sur le CMI, ce
document, constituant alors la pièce maîtresse.

42
3 : Responsabilités de l’odontologiste

Dans le cas d’un traumatisme du secteur antérieur, la responsabilité du chirurgien-dentiste


pourra être engagée, notamment sur le fondement de :

 L’ANAMNESE ;
 LA CONDUITE DE L’EXAMEN ;
 LE CHOIX DU TRAITEMENT ;
 LA MAINTENANCE ;
 L’ABSENCE DE REDACTION D’UN CERTIFICAT MEDICAL INITIAL.

Les principaux traumatismes qui peuvent entraîner des séquelles importantes sont les expulsions
dentaires, les intrusions, les luxations et les fractures coronaires avec exposition pulpaire.

Le chirurgien-dentiste peut se voir reprocher cinq comportements fautifs en présence d’un


traumatisme dentaire chez un enfant ou un adolescent :

• Le refus de s’occuper de l’urgence ou le retard mis à s’en occuper ;

• Le manquement à son devoir médical, de prescription et de vérification de l’état de santé du


patient (vaccinations) et l’absence de CMI ;

• L’extraction de la dent définitive immature au cours de l’urgence ou la non réimplantation ;

• La pulpectomie le jour de l’urgence ;

• L’absence de contention ou son inadaptation.

De telles fautes sont susceptibles de provoquer un préjudice immédiat (perte de la dent ou infection
générale) ou un préjudice tardif (séquelles tardives iatrogènes comme l’ankylose ou les résorptions
radiculaires) et d’engager la responsabilité du praticien.

3.1. Responsabilité du praticien


La responsabilité, selon le dictionnaire « Robert » correspond à l’obligation ou à la nécessité morale,
intellectuelle, de réparer une faute, de remplir un devoir, un engagement ; c’est aussi le fait pour
certains actes, d’entraîner des conséquences pour les auteurs. 27

27
Béry et Delprat, Droits et obligations du chirurgien-dentiste.

43
« La responsabilité médicale est la responsabilité encourue par un professionnel du soin ou un
établissement, à raison des dommages causés par des actes de prévention, de diagnostic ou de soins.
Pour que la responsabilité d’un praticien soit engagée, il est nécessaire que soit rapportée la preuve
d’une faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité. Dans le cadre de sa pratique, le professionnel de
santé est soumis à une triple responsabilité juridique : civile, dont le but est d’indemniser la victime,
pénale (sanction de l’infraction) et disciplinaire (sanction des agissements contraires aux règles
professionnelles), qui ont toutes deux une finalité punitive 28 . » 29 Ces responsabilités peuvent être
encourues pour les mêmes faits et donner lieu alors à une triple condamnation : des dommages-
intérêts, une peine et une sanction disciplinaire.

Figure 14 : Illustration selon un dessin de Daumier

Source : Dr Wierzba

3.1.1 Responsabilité civile (ou légale)

La loi du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, est venue
modifier largement le droit de la santé, notamment en matière de responsabilité médicale. 30
Précédemment, la responsabilité des professionnels de santé était régie par le droit commun de la
responsabilité. Il s'agissait d'une responsabilité de nature contractuelle, ainsi que l'avait jugé le célèbre
arrêt Mercier du 20 mai 1936 par lequel la Cour de cassation 31avait reconnu l'existence « d'un véritable
contrat entre le médecin et son client comportant pour le praticien l'engagement, sinon bien

28
Sabek, Les responsabilités du chirurgien-dentiste.
29
Groupe Pasteur mutualité, « Guide de la responsabilité professionnelle médicale. »
30
Scolan, « La responsabilité civile en matière médicale ».
31
Arrêt Mercier.

44
évidemment de guérir le malade, du moins de lui donner des soins consciencieux, attentifs et, réserve
faite de circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la science ; la violation,
même involontaire de cette obligation contractuelle est sanctionnée par une responsabilité de même
nature, également contractuelle ».
Depuis l'entrée en vigueur des nouveaux textes, la responsabilité médicale étant désormais fondée sur
des textes spécifiques (Code de la santé publique : Code de déontologie dentaire), et la qualification
de responsabilité contractuelle n’a plus lieu d’être. Elle est remplacée par une responsabilité civile avec
des obligations légales.
Tout praticien est dans l’obligation souscrire une assurance responsabilité civile personnelle. Pour
conforter cette obligation, des sanctions disciplinaires et pénales ont été prévues, en cas de
manquement à cette disposition légale. Cette obligation est justifiée par la nécessité d’indemniser les
victimes de fautes médicales.32

3.1.1.1 Responsabilité pour faute

L'article L. 1142-1, I, alinéa 1er du Code de la santé publique 33 énonce que : « Hors le cas où leur
responsabilité est encourue en raison d'un défaut d'un produit de santé, les professionnels de santé (...)
ne sont responsables des conséquences dommageables d'actes de prévention, de diagnostic ou de soins
qu'en cas de faute ». Ne peut donc voir engager sa responsabilité que le praticien qui a commis une
faute dans l’accomplissement de l’acte médical.
Ce principe est justifié traditionnellement par l'idée que le médecin est tenu non pas à une obligation
de résultat (la guérison, la réussite de l'intervention,...), mais seulement à une obligation de moyens :
il doit mettre tout en œuvre pour tenter de parvenir à ce résultat. En conséquence, la non-obtention
du résultat espéré ne suffit pas à engager sa responsabilité. Il faut encore établir que cette non-
obtention est due à un manquement du médecin à l'une de ses obligations. En d'autres termes, il faut
prouver que ce dernier a commis une faute.
« Il est important de préciser ici que c’est au patient qu’il appartient de prouver la faute médicale.
Toutefois, dans le cadre du défaut d’information, la charge de la preuve a été renversée, obligeant
ainsi le praticien à prouver qu’il a correctement informé le patient des risques encourus. »34
Concernant la faute, une faute simple suffit pour engager la responsabilité du praticien. Aucune
condition de gravité particulière n'est exigée. Il peut s’agir d’une simple maladresse, d’une
imprudence, d’une inattention ou encore d’une négligence. Par ailleurs, la faute médicale est
appréciée en comparant le comportement du médecin incriminé avec celui qu'aurait eu un « bon

32
Corcos, Larrar, et Wierzba, « La responsabilité de l’odontologiste devant l’urgence ».
33
Légifrance, « Article L1142-1.»
34
Groupe Pasteur mutualité, « Guide de la responsabilité professionnelle médicale. »

45
médecin », éventuellement de la même spécialité, placé dans les mêmes circonstances externes. Le
praticien est ainsi en faute chaque fois qu'il ne respecte pas une obligation imposée soit par un texte
précis, soit par une obligation générale, notamment en termes de prudence et de diligence.

3.1.1.2 Typologie des fautes médicales

 Atteinte illicite : le praticien est en faute s'il commet un acte qualifié d'illicite par la loi ou la

jurisprudence.

 Défaut de consentement à l’acte médical : le consentement de la personne examinée ou soignée

ou de ses représentants légaux doit être recherché dans tous les cas. Le praticien qui pratique une
intervention sans avoir recueilli le consentement du patient engage sa responsabilité.

Toutefois, le professionnel de santé peut passer outre le défaut de consentement lorsque le patient
est hors d'état d'exprimer sa volonté et qu'il y a urgence, après avoir tenté de consulter, pour un
mineur, les parents ou le titulaire de l’autorité parentale ou le représentant légal. Le fait justificatif de
l'urgence a toujours été admis par la jurisprudence.
 Manquement à l’obligation d’information : le consentement n'a de valeur que s'il a été donné
en connaissance de cause et, pour ce faire, le professionnel de santé est tenu à une obligation
d'information dont la violation engage sa responsabilité. L'obligation d'information est imposée par le
Code de déontologie 35 et elle est également édictée par l'article L. 1111-2 36 du Code de la santé
publique tel qu'il résulte de la loi du 4 mars 2002.
L'obligation d'information ne cède que dans le cas d'une urgence rendant impossible cette information
ou lorsqu’en raison des circonstances, le médecin se trouve dans l'impossibilité d'informer le patient,
ou bien encore en cas de refus du patient d'être informé.

Les principaux cas de responsabilité médicale portent sur le défaut d'information sur le diagnostic ainsi
que sur le traitement proposé et surtout sur le défaut d'information sur les risques inhérents au
traitement ou à l'intervention préconisés.
 Manquement au devoir d’assistance : Si le médecin est, en principe, libre de refuser de soigner
(C. santé publ., art. R. 4127-47)37, réserve faite de l'obligation de porter secours aux personnes en péril
et du principe de non-discrimination, il a en revanche l'obligation de poursuivre les soins commencés
et ne peut abandonner son patient en cours de traitement. Un tel abandon est de nature à engager sa

35
Vassal, Code de déontologie des chirurgiens-dentistes commenté.
36
Légifrance, «Article L1111-2, 11.»
37
Légifrance, «Article R4127-47.»

46
responsabilité. En cas de manquement au devoir d'assistance, le médecin s'expose également aux
sanctions pénales édictées par l'article 223-6 du Code pénal.38
 Manquement au devoir de secret médical
 Faute de technique médicale : parmi les fautes susceptibles d'engager la responsabilité du
praticien, les fautes de technique médicale sont les plus fréquentes. L’odontologiste est, en effet, tenu
de donner des soins « consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science » et le
non-respect de cette obligation engage sa responsabilité.
Le seul fait, par exemple, de poser un diagnostic erroné ou de choisir une mauvaise méthode
d'intervention ne suffit pas à engager la responsabilité du praticien. Encore faut-il que cette erreur soit
fautive. Il ressort de la jurisprudence que le défaut de conformité avec le comportement requis du
« bon professionnel » est établi lorsque :
 le praticien concerné n'a pas respecté la loi et les usages en vigueur (violation du secret
médical, non respect des affichages sur la situation conventionnelle et honoraires…),
 il n'a pas respecté les données acquises de la science,
 il a commis * une imprudence (non respect des contre-indications médicales, insuffisance ou
absence d’examens pré-opératoires…),

* une négligence (non respect des règles d’asepsie, absence de consignes


appropriées),

* une maladresse (instrument inhalé, dérapage, atteinte du nerf lingual…),


* ou une inattention (erreur dent à avulser…).

Voici, pour l’illustrer, quelques situations susceptibles d’engager la responsabilité du praticien, en cas
de traumatisme dentaire de l’enfant :
- ainsi, sur le plan civil, un praticien peut être condamné à verser des dommages et intérêts, si
le contenu d’un CMI, cause un dommage à son bénéficiaire ou à un tiers.
- autre exemple, où la responsabilité du praticien peut être engagée, c’est lors d’un traumatisme
d’expulsion dentaire. En effet, si le praticien ne réimplantait pas la dent permanente expulsée, son
attitude serait non conforme aux données acquises de la science. Elle pourrait entrainer des séquelles
comme le déplacement des dents collatérales à court terme provoquant une dysharmonie dento
maxillaire avec nécessité par la suite d’un traitement orthodontique, ou la réduction de l’os alvéolaire
avec nécessité d’un comblement osseux lors de la mise en place de la prothèse implanto portée à l’âge
de 18ans.

38
Légifrance, «Article 223-6.»

47
Ces séquelles nécessiteront des frais supplémentaires à la remise en état de la cavité buccale. Le
patient pourra demander réparation car on a bien une faute, un préjudice et un lien de causalité entre
les deux. La faute est la non réimplantation de la dent ; le préjudice, c’est l’absence d’une dent sur
l’arcade à remplacer par une dent prothétique ; le lien de la causalité est le fait que le praticien n’a pas
respecté la marche à suivre.

- autre situation, prenons l’exemple d’un enfant présentant une luxation latérale dentaire suite à
un traumatisme. Si après avoir repositionné la dent, le praticien ne réalise pas une contention et que
se produit une alvéolyse et le déplacement de la dent, avec les difficultés de remise en place que cela
engendrera, le patient ou ses ayants droits qui s’estiment victime d’un dommage devront s’adresser,
s’il n’y a pas eu d’accord amiable, à une juridiction civile (TGI) pour obtenir une indemnisation.
3.1.1.3 Indemnisation de la faute médicale
« Le but de la responsabilité médicale est exclusivement de réparer un préjudice, c’est-à-dire de
replacer autant que possible la victime d’un dommage dans la situation qu’elle connaissait avant la
survenance de l’évènement dommageable. Le seul but ici est l’octroi de dommages et intérêts. Il s’agit
d’une compensation financière qui s’opère par le versement d’un capital ou d’une rente.
Si le principe de la réparation intégrale, c’est-à-dire l’indemnisation de tous les préjudices subis,
prévaut en matière d’indemnisation des fautes médicales, le juge accorde parfois une réparation
partielle en utilisant la notion de perte de chance.

Lorsque des difficultés de preuve ne permettent pas à la victime d’établir parfaitement le lien de
causalité entre la faute et le dommage, la jurisprudence peut toutefois octroyer à la victime une
réparation partielle. Dans l’hypothèse d’une faute technique, il s’agit de la perte de chance de
guérison. Dans le cadre d’une faute éthique (défaut d’information ou de recueil de consentement), il
s’agit de la perte de chance de se soustraire au risque qui s’est réalisé. »39 C’est le degré de probabilité
de refus de l’acte par le patient, dans l’hypothèse ou l’information lui aurait été délivrée, qui détermine
la condamnation et son montant.

Qu’il s’agisse d’un recours en indemnisation d’une faute médicale dans un cadre juridictionnel ou
amiable, la logique poursuivie est la même : une expertise, une décision et une indemnisation
(indemnisation calculée selon la nomenclature « Dintilhac »)40.

A noter que si le praticien exerce en établissement public, la faute du praticien constitue alors une
faute de service, engageant l’établissement. Seule la responsabilité de ce dernier sera mise en cause

39
Groupe Pasteur mutualité, « Guide de la responsabilité professionnelle médicale. »
40
Dintilhac, « Nomenclature des postes de préjudices : rapport de M. Dintilhac ».

48
devant la juridiction administrative.41 La responsabilité indemnitaire est donc de nature
administrative et non civile, comme dans le secteur privé.

3.1.2 Responsabilité pénale

Outre sa condamnation à des dommages et intérêts en cas de préjudice causé au patient, le praticien
s'expose à des sanctions pénales lorsque les faits qui lui sont reprochés sont susceptibles de constituer
une infraction. Les infractions et les peines encourues sont définies par le Code pénal. Il existe les
infractions de droits commun comme :
 l’omission de porter secours à personne en danger (Code pénal art. 223-6, al. 2) ;42
 la violation du secret professionnel (Code pénal art. 226-13).43
En dehors de ces infractions particulières, le praticien peut encourir des poursuites pour homicide et
blessures involontaires en cas d'atteinte portée à l'intégrité physique ou à la vie du patient.
A titre d’exemple, commet une faute professionnelle grave et est responsable le chirurgien-dentiste
ayant méconnu le danger que courait un blessé venu le consulter, auquel il n’a pas donné les soins
nécessaires.
Il y a aussi les infractions en rapport avec les conditions d’exercice, les faux certificats et ordonnances
de complaisance, les infractions liées aux actions de prévention, notamment celles concernant
l’enfant…
Si la responsabilité civile a pour objectif l’indemnisation du patient/victime, la responsabilité pénale a
vocation à sanctionner le praticien.
Pour qu'il y ait responsabilité pénale, le comportement du praticien doit constituer une « maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence
imposée par la loi ou les règlements ». En conséquence, bon nombre de fautes médicales sont
susceptibles, a priori, de constituer une infraction et la victime peut être tentée de porter l'action en
réparation devant la juridiction répressive, afin de profiter des avantages traditionnellement reconnus
à cette voie.
Si peu de victimes d’actes médicaux saisissent le juge pénal et si le risque pénal semble ténu, le nombre
de plaintes donnant lieu à des actions pénales a néanmoins beaucoup augmenté ces dernières années.

41
Conseil d’Etat, « L’engagement de la responsabilité des hôpitaux publics ».
42
Légifrance, «Article 223-6.»
43
Légifrance, «Article 223-6.»

49
3.1.2.1 Responsabilité pour faute

Depuis la loi du 10 juillet 2000 qui a donné une nouvelle définition des délits non intentionnels, lorsque
le lien de causalité entre la faute et le dommage est indirect, seule une faute qualifiée permet de
sanctionner pénalement le praticien. Selon le nouvel article 121-3 du Code pénal44« les personnes
physiques qui n'ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la
situation qui a permis la réalisation du dommage ou qui n'ont pas pris les mesures permettant de
l'éviter, sont responsables pénalement s'il est établi qu'elles ont soit violé de façon manifestement
délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit
commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d'une particulière gravité qu'elles ne
pouvaient ignorer ».
Exemple de faute pouvant engager la responsabilité pénale du praticien : en cas de traumatisme
dentaire, le juge au pénal peut retenir la qualification de violation du secret médical si le praticien, par
erreur, a transmis à la compagnie d’assurance qui le lui demandait, le CMI de l’enfant, alors qu’il devait
être remis au patient, à ses parents ou à ses ayant droits, ou au responsable légal, en mains propres.

3.1.2.2 Lien de causalité

Pour que l'infraction soit constituée et donc la responsabilité du praticien engagée, il faut que le
dommage consiste bien en une atteinte à la vie ou à l'intégrité corporelle du patient. En conséquence,
la chambre criminelle refuse toute incrimination, lorsque le dommage invoqué est la seule perte d'une
chance de guérison ou de survie.

3.1.3 Responsabilité disciplinaire45

« La loi définit un cadre strict réglementant l’exercice du professionnel de santé : accès à la profession,
responsabilité, secret professionnel… Toutes ces règles servent une éthique transcrite dans le code de
déontologie médicale, lui-même retranscrit dans le Code de la santé publique. La déontologie médicale
correspond donc à l'ensemble des devoirs qui incombent au praticien dans l’exercice de sa profession.
La déontologie et le droit médical sont étroitement imbriqués. Le droit médical a en effet pour mission
de confirmer et de soutenir les valeurs essentielles de la profession, au premier chef, la liberté et la
dignité du malade et du médecin. Il semble impossible d'imaginer un droit médical privé de son
substrat déontologique.

44
Légifrance, «Article 121-3.»
45
Groupe Pasteur mutualité, « Guide de la responsabilité professionnelle médicale. »

50
La déontologie du chirurgien-dentiste n'est, quant à elle, pas seulement une morale professionnelle
puisque les fautes déontologiques peuvent être juridiquement sanctionnées ; la déontologie, selon
Almares et Pequignot constitue « le droit disciplinaire ».
La faute déontologique est constituée par tout manquement aux principes de déontologie. En
conséquence, eu égard à la diversité des obligations déontologiques, la responsabilité disciplinaire
recouvre une grande quantité de fautes » dont notamment le non-respect :
 de la dignité humaine ;
 de l'honneur de la profession ;
 de la conscience professionnelle :
 du secret médical ;
 du principe de confidentialité ;
 des principes de l'art dentaire ;
 de l'obligation d'information.
Exemple de faute déontologique par le praticien : la rédaction d’un CMI post datée, à la demande de
la famille dont l’enfant a été victime d’un accident sur la voie publique alors qu’il devait se trouver, à
l’heure réelle de l’accident, dans son école.
Concernant les chirurgiens-dentistes, c’est l’Ordre des chirurgiens-dentistes qui apprécie la nature des
fautes susceptibles de donner lieu à condamnation, indépendamment de l’existence ou non d’un
préjudice, et prononce les sanctions disciplinaires.46 Celles-ci peuvent être de diverses natures telles
que : l'avertissement, le blâme, l’interdiction temporaire d’exercer, la radiation.
Les juridictions du Conseil de l’Ordre n’ont pas obligation à suivre les décisions rendues par les juges
de droit commun. Elles peuvent ne pas infliger de sanction disciplinaire à un praticien, si elles
considèrent que la faute sanctionnée par le droit commun n’est pas constitutive d’une faute
professionnelle. Réciproquement, la chose jugée sur le plan disciplinaire n’a aucune autorité sur le plan
du droit commun.

46
Meyer, « 10 questions sur la responsabilité médicale ».

51
Conclusion

Les traumatismes du secteur antérieur représentent une part importante de notre exercice
quotidien.
Chaque patient consultant pour un traumatisme bucco-dentaire doit être pris en charge le plus
rapidement possible. L’urgence bucco-dentaire a pour obligation la détermination d’un diagnostic,
suivi d’une intervention immédiate du praticien.
Les traumatismes du secteur antérieur chez l’enfant et l’adolescent sont encore plus complexes à
traiter. En effet, la communication avec le jeune patient reste difficile et l’aide des parents souvent
primordiale pour établir un diagnostic. Le traitement initial doit être adapté en fonction de la
collaboration, souvent variable, du jeune patient et de ses parents. Le maintien de l’espace
interdentaire est primordial.
Les lésions traumatiques de la dent permanente doivent être considérées avec grande
attention. La protection pulpo-dentinaire est toujours impérative, ainsi que la mise au repos d’une
dent luxée ou fracturée, par l’instauration d’une contention.
Une surveillance régulière clinique et radiographique permettra d’intercepter les
complications éventuelles. Toute dent traumatisée doit être l’objet de vigilance de la part du patient,
qui en est informé, et du praticien, en particulier si l’indication d’un déplacement orthodontique doit
être portée.
Le praticien devra faire preuve non seulement de psychologie, mais également d’un sens clinique
professionnel pour gérer l’urgence avec célérité. En effet, l’aspect psychologique, conséquence des
problèmes esthétiques, n’est pas à négliger. Le remplacement prothétique de la ou des dents
traumatisées est souvent indispensable.
Un diagnostic erroné ou une mauvaise gestion de l’urgence peut avoir des conséquences dramatiques
sur l’avenir bucco-dentaire du jeune patient et les parents ou les ayants droit ne manqueront pas de
rejeter la responsabilité sur le praticien ; les conséquences pourront lui être néfastes si sa
responsabilité civile, pénale ou disciplinaire est mise en cause.
La bonne gestion de l’urgence traumatique réside donc dans un diagnostic précis, un bilan
complémentaire radiographique souvent indispensable, et un geste thérapeutique rapide et réfléchi,
c'est-à-dire une prise en charge immédiate, afin d’améliorer la situation initiale et d’éviter à ces jeunes
patients des complications, des traitements inutiles, voire inappropriés, sans oublier l’obligation de
rédiger un certificat médical initial.

52
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55
Table des figures

Figure 1 : Fréquence des traumatismes en fonction des dents .............................................................. 7


Figure 2 : Traumatisme facial chez un adolescent .................................................................................. 7
Figure 3 : Traumatisme du secteur antérieur chez un enfant de 5ans ................................................. 10
Figure 4 : Traumatisme antérieur.......................................................................................................... 21
Figure 5: Recherche de corps étranger à l'aide d'un cliché radiographique ......................................... 22
Figure 6 : Clichés rétroalvéolaires lors de l'expulsion de 11 chez un adolescent de 13 ans ................. 25
Figure 7 : Fracture radiculaire ; radiographie rétroalvéolaire d'une fracture radiculaire .................... 26
Figure 8 : Fracture coronaire sans exposition pulpaire chez un enfant de 8ans................................... 30
Figure 9 : Fracture coronaire avec large exposition dentinaire chez un enfant de 8 ans ..................... 30
Figure 10 : Traumatisme chez un enfant de 12 ans .............................................................................. 32
A/ Radiographie rétrolvéolaire de départ ................................................................................. 32
B/ Vue clinique de face. Mise en place d'une contention provisoire ........................................ 32
C/ Vue clinique maxillaire avec rotation de la dent................................................................... 33
D/ Vue de l'attelle de traction orthodontique et du bouton pression sur la dent ingréssée.... 33
E/ Radiographie rétroalvéolaire avec traitement à l'hydroxyde de calcium ............................. 33
F/ Extrusion orthodontique obtenue au bout de quelques mois .............................................. 34
G/ Restauration finale au composite ......................................................................................... 34
Figure 11 : Modèle de certificat médical initial ..................................................................................... 61
Figure 12 : Modèle de certificat d'aggravation ..................................................................................... 62
Figure 13 : Expulsion de 11 chez un adolescent de 13 ans ................................................................... 39
Figure 14 : Illustration selon un dessin de Daumier .............................................................................. 44

56
Table des tableaux

Tableau 1 : Prise en charge des traumatismes des tissus durs ............................................................. 12


Tableau 2 : Prise en charge des traumatismes des tissus parodontaux................................................ 14

57
Annexes

Figure 1

Figure 2

Figure 3

58
Figure 4

Figure 5

Figure 6

59
Figure 8

Figure 9

60
Figure 10

61
Figure 11

62
Figure 12

63
Figure 13

Figure 14

64
65
Vu, le Directeur de thèse Vu, le Doyen de la Faculté de Chirurgie dentaire
de l’Université Paris Descartes

Docteur Benjamin SALMON Professeur Louis MAMAN

Vu, le Président de l’Université Paris Descartes


Professeur Frédéric DARDEL
Pour le Président et par délégation,

Le Doyen Louis MAMAN


Traumatismes du secteur antérieur chez les enfants et adolescents :
rôle et responsabilité de l’odontologiste

Résumé :
Les traumatismes du secteur antérieur chez l'enfant et l'adolescent représentent des
situations d'urgence que le praticien doit prendre en charge le plus rapidement possible, après avoir
déterminé un diagnostic positif basé sur des paramètres bien définis.
Lors de cette première séance, le praticien délivrera un Certificat Médical Initial, document
indispensable pour le suivi du traitement et l'indemnisation.
La responsabilité du praticien sera engagée devant toute faute que le patient ou les
représentants légaux de ce dernier devront prouver: une anamnèse incomplète, une thérapeutique
inadaptée au traumatisme, un mauvais suivi du patient ou un défaut de certificat médical initial.
Devant ces paramètres démontrant l'échec de la thérapeutique proposée par le praticien, il
reviendra à ce dernier d'expliquer le choix justifié de son traitement et que le préjudice n'est pas de
son fait.

Discipline :
Odontologie pédiatrique

Mots clés fMesh et Rameau :


Pédodontie -- méthodes -- Dissertations universitaires ; Traumatismes -- Dissertations universitaires ;
Urgences en odontostomatologie -- Thèses et écrits académiques ; Responsabilité légale --
Dissertations universitaires

Université Paris Descartes


Faculté de Chirurgie dentaire
1, rue Maurice Arnoux
92120 Montrouge

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