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La SAS le nouveau véhicule de référence du droit des affaires marocain

Le conseil de gouvernement marocain a adopté un projet de loi n°19.20 modifiant et complétant la


loi 17.95 relative aux sociétés anonymes, et plus particulièrement les dispositions relatives aux
sociétés anonymes .simplifiées. Ce projet s’inscrit dans la volonté politique délibérée ddu Maroc afin
d’améliorer son climat des ’affaires et d’encourager les investissements surtout à la lumière des
derniers projets économiques visant l’ouverture du marché marocain à l’international, et des
accords économiques conclus afin de donner un coup de force aux investisseurs nationaux et
étrangers. L’objectif étant d’améliorer le classement du Maroc au sein de Doing Business, classement
de référence pour les investisseurs étrangers..

L’article premier dudit projet prévoit que seront modifiés et complétés les dispositions et l’intitulé du
titre quinze (15) de la loi 17.95 relative aux sociétés anonymes promulguée par le dahir n°1.96.124 du
30 septembre 1996 comme suit  :

1- Une démocratisation de la SAS 

Le changement de l’intitulé annonce expressément queAinsi la constitution d’une SAS ne sera plus
réservée exclusivement aux personnes morales détenant un capital minimum de deux millions de
dirhams ou la contrevaleur de cette somme en monnaie étrangère mais également aux autres
personnes morales et aux personnes physiques :. Uune avancée majeure qui encouragera les
petites et moyennes entreprises mais aussi les personnes physiques désirant de bénéficier de cette
structure plus flexible et souple à opter pour la société anonyme poursimplifiée pour la mise en
œuvre de leurs projets.

En outre, le projet de loi en plus de supprimer l’obligation d’un capital minimum pour les associés
personnes morales a supprimé l’exigence de capital minimum pour la société, elle-même. Aucun
capital minimum n’est à présent exigé à la différence de la société anonyme qui requiert un capital
minimum de 300.000 dirhams ce qui permet d’assurer plus de flexibilité et d’encourager l’attractivité
des investisseurs vers le Maroc et ce afin de bénéficier de cette structure juridique adéquate à
l’épanouissement des projets économiques.

En effet, l’article 425 dispose que « Une société par actions simplifiée peut être instituée par une ou
plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu'à concurrence de leur apport. Ce qui signifie que
la responsabilité des actionnaires d’une SAS est limitée au montant de leurs apports.

2- Une innovation majeure  : la société anonyme simplifiée à associé unique


Lorsque cette société ne comporte qu'une seule personne, celle-ci est dénommée " associé unique
". L'associé unique exerce les pouvoirs dévolus aux associés lorsque les présentes dispositions
prévoient une prise de décision collective. Ceci constitue une nouveauté majeure en droit des
sociétés marocain. Ainsi à l’instar de la Société à responsabilité limitée, l’arsenal juridique
marocain sera doté d’un dispositif consacré aux sociétés anonymes unipersonnelles.

3- La prévalence de la liberté contractuelle

Les statuts de la société anonyme simplifiée fixent avec liberté les modalités d’organisation de la
société et sa gestion en respectant les dispositions prévues ci-dessous. Cette disposition rappelle la
théorie contractuelle de la notion de société en donnant une marge de liberté considérable aux
associés dans la rédaction des statuts sous réserve bien évidemment des règles impératives
prévues par la loi.limitatives prévues au titre 15 et qui sont spécifiques à la société anonyme
simplifiée et rappelés ci-dessous au point 5.

Cette place laissée à la liberté contractuelle va permettre aux praticiens d e faire appel à l’ingénierie
juridique en dissociant par exemple le droit au dividende et le droit de vote attachés aux titres par
exemple. A titre de comparaison, la SA aujourd’hui ne permet de créer des actions sans d roit de vote
que sous réserve du respect des trois conditions alternatives suivantes : (i) totaliser plus de deux ans
d'existence (ii) cette catégorie d’actions doit être inférieure au quart du total des actions et (ii) cette
catégorie doit ouvrir droit à un dividende préférentiel. Grâce à la société anonyme simplifiée il sera
possible de créer des actions sans droit de vote, à la constitution de la société sans obligation
d’attribuer pour les titulaires de ces actions un dividende préférentiel. Ce véhicule peut être
parfaitement adapté pour la création d’une holding managériale pour intéresser les membres du top
management d’un groupe : les managers disposent du droit au dividende et sont incentivés mais ils
ne disposent pas de droit de vote qui est réservé au dirigeants et actionnaires du groupe.

Le capital social est fixé librement en vertu des statuts. Ainsi aucun capital minimum n’est exigé. Ce
qui permet d’assurer plus de flexibilité et d’encourager l’attractivité des investisseurs vers le Maroc.
Et ce afin de bénéficier de cette structure juridique adéquate à l’épanouissement des projets
économiques.

Les actions représentatives d’apports en numéraire doivent être libérées lors de la souscription du
quart au moins de leur valeur nominale. Et ce contrairement au régime actuel qui exige la libération
totale.

La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder trois ans
à compter de l’immatriculation de la société au registre du commerce. A défaut, tout intéressé peut
demander au président du tribunal de commerce compétent, statuant en référé, d’ordonner à la
société, sous astreinte, de procéder aux appels de fonds non libérés.

Les actions représentatives d’apports en nature sont libérées intégralement lors de leur émission.
Cependant rien n’a été prévu concernant leur évaluation.

La société ne peut pas faire appel public à l’épargne ».

Par ailleurs, Les actionnaires peuvent nommer à la majorité des voix un ou plusieurs commissaires
aux comptes.

Pour les sociétés dont le chiffre d’affaires, à la fin de l’exerce, dépasse un montant fixé par décret,
doivent obligatoirement, nommer au moins un commissaire aux comptes. Cette disposition
impérative peut se justifier par la préoccupation d’assurer une sécurité financière lorsque la taille
économique de la société atteint un certain seuil le nécessitant.

Même en cas de non réalisation du chiffre d’affaires mentionné à l’alinéa précédent, tout actionnaire
peut demander au président du tribunal, statuant en référé, de comme un ou plusieurs commissaires
aux comptes. Néanmoins à notre avis, cette demande doit être appuyer d’un motif raisonnable.
Toutefois, il se peut que le législateur voudrait la laisser à l’appréciation souveraine du président du
tribunal. Cependant en pratique la demande doit être appuyé des éléments qui le justifient sous
peine d’irrecevabilité.

Par ailleurs, Les actionnaires peuvent nommer à la majorité des voix un ou plusieurs commissaires
aux comptes.

Le commissaire joue un rôle aussi en matière de contrôle des conventions intervenues directement
ou par personne interposée entre la société et son président ou ses dirigeants. Il rédige un rapport
spécial aux associés qui doivent y statuer.

Les conventions non approuvées par lui produisent néanmoins leurs effets, à charge pour la
personne intéressée et éventuellement pour le président et les autres dirigeants d’en supporter les
conséquences dommageables pour la société.

Toutefois les conventions portant sur des opérations courantes et conclues à des conditions
normales échappent audit contrôle

4- Le président à tous pouvoirs


A la différence de la société anonyme où le président du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance dispose de pouvoirs extrêmement limités voire inexistants, la société anonyme
simplifiée donne à la fonction de président les pouvoirs les plus étendus.

De surcoût Le président représente la société à l’égard des tiers. Il est investi des pouvoirs les plus
étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social. Ses
pouvoirs sont ainsi trop étendus sauf atteinte portée à l’intérêt de la société.

Dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du président qui ne
relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers sût savait que l’acte dépassait
cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant exclu que la seule
publication des statuts suffise à constituer cette preuve. L’appréciation donc de l’acte repose sur la
bonne foi du tiers ayant conclu l’acte avec le président de la société.

En revanche les clauses statutaires limitant les pouvoirs du président sont inopposables aux tiers.
Cette disposition a pour objectif de protéger la société et l’intérêt de celle-ci contre les agissements
frauduleux de connivence entre le président et des tiers de mauvaise foi.

5- Règles spécifiques à la société anonyme simplifiée selon le projet de loi

 Les actions représentatives d’apports en numéraire doivent être libérées lors de la


souscription du quart au moins de leur valeur nominale et ce contrairement au régime actuel
qui exige la libération totale. Le projet de loi aligne les dispositions de la société anonyme
simplifiée sur ceux de la société anonyme qui n’imposait une obligation de libération qu’à
hauteur d’un quart du capital social. Cette disposition rend d’avantage attractive la société
anonyme simplifiée.

La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder
trois ans à compter de l’immatriculation de la société au registre du commerce. A défaut,
tout intéressé peut demander au président du tribunal de commerce compétent, statuant en
référé, d’ordonner à la société, sous astreinte, de procéder aux appels de fonds non libérés.

 Les actions représentatives d’apports en nature sont libérées intégralement lors de leur
émission.
 La société ne peut pas faire appel public à l’épargne.
 Pour les sociétés dont le chiffre d’affaires, à la fin de l’exerce, dépasse un montant fixé par
décret, doivent obligatoirement, nommer au moins un commissaire aux comptes. Cette
disposition impérative peut se justifier par la préoccupation d’assurer une sécurité financière
lorsque la taille économique de la société atteint un certain seuil le nécessitant.

Même en cas de non réalisation du chiffre d’affaires mentionné à l’alinéa précédent, tout
actionnaire peut demander au président du tribunal, statuant en référé, de nommercomme
un ou plusieurs commissaires aux comptes.

Par ailleurs, Les actionnaires peuvent nommer à la majorité des voix un ou plusieurs


commissaires aux comptes.

Le commissaire joue un rôle aussi en matière de contrôle des conventions intervenues


directement ou par personne interposée entre la société et son président ou ses dirigeants. Il
rédige un rapport spécial aux associés qui doivent y statuer. Les conventions non approuvées
par lui produisent néanmoins leurs effets, à charge pour la personne intéressée et
éventuellement pour le président et les autres dirigeants d’en supporter les conséquences
dommageables pour la société. Toutefois les conventions portant sur des opérations
courantes et conclues à des conditions normales échappent audit contrôle

 Dans les rapports entre associés les pouvoirs du président et, le cas échéant, des autres
dirigeants prévus par les statuts sont définis par ceux-ci. Dans la mesure où s’appliquent les
règles générales relatives aux sociétés anonymes, le président ou les dirigeants que les
statuts désignent à cet effet ont tous les pouvoirs d’administration, de direction et de
gestion.

 Des règles de responsabilité communes


 sont applicables aux membres des organes d’administration, de direction ou de gestion
ainsi qu’au président et aux dirigeants de la société anonyme simplifiée. entre sociétés. 

 Les associés de la société anonyme simplifiée ne supportent les pertes qu'à concurrence de
leur apport.

 Enfin  une amende de 2.000 à 10.000 dirhams sera appliquée si, le président d’une société
anonyme simplifiée omis omets d’indiquer sur les actes et documents émanant de la
société et destinés aux tiers la dénomination sociale, précédée ou suivie immédiatement
de la mention » société anonyme simplifiée » ou des initiales » SAS « , ou l’indication à la
société anonyme simplifiée unipersonnelle ou des initiales « SASU » lorsque la société
comporte un seul actionnaire ainsi que l’énonciation du montant du capital social et du
siège social ».

En guise de conclusion on peut dire que l’introduction d’une nouvelle structure comme la société
anonyme simplifiée unipersonnelle contribuera à renforcer et améliorer l’arsenal juridique
marocain en droit des sociétés, et donner ainsi aux investisseur une structure qui présente de
nombreux avantages dont le principal objectif est de remédier aux règles rigides et impératives qui
régissent la société anonyme et donner aux actionnaires plus de flexibilité et de liberté
contractuelle dans la gestion de leur société. Cependant ce projet de loi est aujourd’hui face à un
enjeu majeur d’adoption avant la fin de ce mandat gouvernemental qui expirera dans quelques
semainesdoit encore faire son cheminement dans le circuit législatif avant d’être définitivement
adopté par le parlement.

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