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IUC : Cours de Droit commercial général, année académique 2019-2020

INTRODUCTION GENERALE

Le droit commercial est une branche du droit privé qui s’intéresse à une catégorie
particulière de personnes. En réalité, il s’agit d’un ensemble de règles spécifiques qui
s’appliquent aux commerçants (c’est-à-dire celui qui exercent des actes de commerce à titre
professionnel et habituel) ainsi qu’aux non-commerçants lorsqu’ils accomplissent
occasionnellement un acte de commerce. Pour dire simple, c’est un droit qui s’applique à toute
personne exerçant une activité commerciale au sens professionnel.
Le droit commercial est un droit qui s’est construit à travers plusieurs sources.
Section I: Les sources du droit commercial
Paragraphe I : La source principale
Depuis la signature et la ratification du Traité OHADA en l’an 2000 par bon nombre de
pays Africains y compris le Cameroun et avec l’entrée en vigueur des Actes uniformes, le droit
commercial général est désormais règlementé par l’Acte uniforme OHADA portant sur le Droit
commercial général et révisé en 2010. Ce texte constitue la principale source du droit
commercial.
Paragraphe II : Les sources secondaires
A titre de source secondaire on peut citer la loi du 10 Août 1990 sur l’activité
commerciale au Cameroun, les règlements (Cf. cours de droit civil), la coutume, la
jurisprudence et la doctrine (Cf. cours de droit civil), la pratique commerciale qui sont des
pratiques généralisées qui se sont installées dans le domaine commercial au fil du temps et dont
les commerçants observent.
Sections II : Le champ d’application du droit commercial OHADA
Toutes les dispositions de l’Acte uniforme sont applicables aux commerçants personnes
physiques comme personnes morales c’est-à-dire, aux individus et aux sociétés commerciales
dont l’élément ou le siège social est situé sur le territoire de l’un des Etats membres du Traité
OHADA.
Il est à préciser que l’Acte uniforme ne s’applique pas uniquement aux sociétés à
capitaux privés, mais également à toute société commerciale dans laquelle un Etat ou une
personne morale de droit public est associée ou actionnaire.
La compréhension de ce cours commande d’étudier en première partie les acteurs du

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Par NGEA NDENDE DIADY Henri, Enseignant-chercheur, Juriste-Collaborateur dans Cabinets d’Avocats ; Tél :
694 206 542/ 670 914 327 ; Email : henringea@yahoo.fr
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commerce, ensuite en deuxième partie l’objet et le cadre de l’activité commerciale, et enfin
entroisième partie les principaux contrats commerciaux.

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PREMIERE PARTIE : LES ACTEURS DU COMMERCE
CHAPITRE I : LE COMMERÇANT
L’AUDCG définit le commerçant dans son article 2 : « est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession ». L’acte de commerce étant
au centre de la définition du commerçant, il convient d’examiner préalablement les actes de
commerce avant d’étudier le commerçant proprement dit.
SECTION I : LES ACTES DE COMMERCE
Au sens du droit civil, un acte juridique est une manifestation de volonté destinée à
produire des effets de droit. Un acte de commerce à son tour est un acte ou fait juridique
soumis aux règles du droit commercial en raison de sa nature, de sa forme ou en raison de la
qualité de commerçant de son auteur. Au regard de la spécificité du droit commercial, il
convient certaines règles concernant le régime juridique des actes de commerce.

• La preuve d’un acte de commerce se fait par tous moyens ex : support papier, par voie
électronique, livres de commerce...
• Le délai de prescription est de 05 ans en principe en matière commerciale (par
prescription il faut entendre l’extinction de la dette du créancier par l’écoulement d’un
certain temps). Ce délai peut être abrégé ou allongé par la loi ou la volonté des parties
dans des limites précises.
• La mise en demeure se fait par simple lettre contrairement à l’exploit d’huissier qui est
exigé en matière civile. (la mise en demeure est l’avertissement que le créancier donne
au débiteur de s’exécuter faute de quoi l’affaire sera portée devant une juridiction).
• La solidarité est présumée en matière commerciale, chacun des débiteurs sera donc tenu
de payer la totalité de la dette alors qu’en matière civile chacun des débiteurs paye sa part
sauf convention contraire des parties.
• La juridiction compétente en matière commerciale est le TPI (pour les contestations
d’un montant inférieur ou égal à 10 millions) ou le TGI (pour les contestations d’un
montant supérieur à 10 millions). De même que l’arbitrage est admis en matière
commerciale (il s’agit du mode non juridictionnel de résolution des litiges qui consiste à
confier le litige àunparticulier appelé arbitre).

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• La clause compromissoire : c’est une clause insérée dans un contrat et par laquelle les
parties s’engagent à soumettre à un arbitre la résolution d’un litige qui pourrait naître
entre eux.
• Compromis : c’est la convention par laquelle les parties décident de soumettre à un
arbitre un litige né et actuel.
Ainsi, on distingue 4 (quatre) catégories d’actes de commerce : les actes de commerce
par nature, les actes de commerce par la forme, les actes de commerce par accessoire et les
actes de commerce mixte.
Paragraphe I : Les actes de commerce nature
A-La définition de l’acte de commerce par nature
L’art. 3 AUDCG dispose que :« L’acte de commerce par nature est celui par lequel une
personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle
fournit des prestations de services avec l’intention d’en tirer un profitpécuniaire ». On
distingue deux critères cumulatifs, d’une part l’entremise dans la circulation des biens et d’autre
part, la recherche d’un profit pécuniaire. Autrement dit, il faut préalablement qu’un acte soit
posé, qu’une action soit effectuée dans l’intention d’en tirer des bénéfices. Il faut préciser que
c’est bien l’intention d’obtenir des bénéfices qui caractérise le statut de commerçant et non le
fait d’en réaliser.
B - L’énumération des actes de commerce par nature
L’art. 3 AUDCG énumère de façon non limitative les actes qui ont le caractère d’actes de
commerce par nature. On peut distinguer :
L’achat de biens meubles ou immeubles en vue de leur revente. Il faut préciser ici que
l’opération doit avoir un caractère spéculatif (recherche du gain, du profit) et doit être
effectuée à titre professionnel. Autrement dit, ne sont pas commerciales, les activités
qui ne font que la vente sans achat mais font un profit (activité agricole civile) ;
Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurances et de transit ;
Les contrats entre commerçant pour les besoins de leur commerce. Il s’agit ici des
transactions courantes entre commerçants indispensables à leurs activités. Ex : l’achat
d’un véhicule de transport non pour le vendre mais pour effectuer des livraisons de
marchandises. Par ailleurs, ne sont pas considérés comme acte de commerce par nature
les contrats conclu entre commerçant en dehors des besoins de leur commerce ;

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L’exploitation industrielle des mines, carrières et tout gisement de ressources naturelles ;
Les opérations de location de meubles ;
Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
Les opérations des intermédiaires de commerce ;
Les actes effectués par les sociétés commerciales.
Paragraphe II : Les autres actes de commerce
A- Les actes de commerce par leur forme.
L’art. 4 AUDCG retient comme acte de commerce par leur forme,la lettre de change,
lebillet à ordre et le warrant. Il s’agit des instruments de paiement et de crédit très utilisés en
matière commerciale qui permettent d’obtenir du crédit. Ces actes sont commerciaux du seul
fait de la forme qu’ils revêtent quel que soit leur but, leur objectif et la personne qui les
accomplit. Il convient de préciser que les actes de commerce par la forme peuvent être effectués
par des commerçants et des non-commerçants sans pour autant entrainer les non-commerçants
vers la profession commerciale.
B - Les actes de commerce par accessoire
Il s’agit des actes de nature civile qui sont accomplis par le commerçant pour les besoins
de son commerce. Ces actes sont considérés comme commerciaux parce qu’ils sont l’accessoire
de la profession commerciale. Parce qu’il a la qualité de commerçant, les actes accomplis par le
commerçant dans le cadre de son activité sont qualifiés d’actes de commerce par accessoire. A
vrai dire, deux conditions doivent être retenues pour qualifier l’acte de commerce par
accessoire : l’acte doit être passé par un commerçant et il doit avoir pour but les besoins du
commerce. Ex : l’achat de matériel et le louage d’immeuble pour le commerce. Toutefois, cette
présomption de commercialité peut être combattue par la preuve contraire.
C - Les actes de commerce mixtes
L’acte mixte est celui qui est passé entre un commerçant agissant pour les besoins de son
commerce et un non-commerçant. L’acte sera donc commercial pour le commerçant et civil
pourle non-commerçant. Ex : un contrat de vente de produit cosmétique est considéré comme
civil pour l’acheteur et commercial pout le vendeur.
Section II : L’exercice du commerce par le commerçant
Il sera question de définir le commerçant, d’examiner les conditions d’accès à la
profession commerciale et les conséquences liées à la qualité de commerçant.

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Paragraphe I : Définition du commerçant et distinction avec les notions voisines
A – Eléments constitutifs de ladéfinition du commerçant
L’acte uniforme définit le commerçant dans son art. 2 : « est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession ». Deux conditions sont
explicitement contenues dans cette définition (l’accomplissement d’actes de commerce par
nature et en faire une profession). La troisième condition est implicite selon la doctrine
(l’exercer pour son compte).
1 –L’accomplissement d’actes de commerce par nature
Au-delà de la définition et de l’énumération des actes de commerce par nature, ils doivent
être accomplis de façon habituelle avec la volonté d’en faire son moyen de subsistance.
L’accomplissement occasionnel d’actes de commerce par nature ne donne pas la qualité de
commerçant.
2 – L’accomplissement à titre de profession
L’exercice des actes de commerce par nature doit constituer pour celui qui les accomplit
une profession habituelle. Certes l’AU n’a pas donné de définition du mot profession, mais la
profession s’entend comme étant une activité déployée d’une façon continue, régulière et
indépendante dans le but de se procurer les moyens nécessaires à sa subsistance. Quant à
l’habitude elle suppose la répétition d’acte de même genre.
3 – L’accomplissement en son nom et pour son compte
Pour être qualifié de commerçant il faut accomplir les actes de commerce à titre
personnel et de façon indépendante. En effet, ne sont commerçants que les personnes qui
assument les risqueset périls de l’entreprise commerciale, c’est pourquoi les salariés ne sont pas
des commerçants car ils sont liés à leur employeur par un contrat de travail et s’il leur arrive
d’effectuer des actes de commerce, c’est au nom et pour le compte de leur employeur.
B – Distinction entre le commerçant et les notions voisines
1 – L’artisan
L’artisan est un travailleur autonome qui vend son travail manuel, il fabrique les objets
manuellement pour la satisfaction d’un nombre réduit de consommateur. C’est une profession
civile, l’activité suppose une qualification professionnelle. L’artisan vise uniquement la vente
des produits de son travail, il n’y a pas l’idée de spéculation (recherche du profit), alors que si le
commerçant achète et revend c’est justement pour réaliser un certain profit.

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2 – L’agriculteur
Activité traditionnellement civile, l’agriculteur est entendu ici au sens paysan ou
domestique et non au sens de l’agriculture commerciale ou industrielle. L’agriculteur cultive
pour consommer ou pour vendre, il n’achète pas pour revendre donc il n’y a absence du caractère
spéculatif contrairement au commerçant.
3 – Les membres des professions libérales
Le travail est à dominance intellectuel, il suppose un certain désintéressement. Les
professions libérales sont basées sur l’attachement et les liens personnels avec la clientèle. Il en
est ainsi des avocats, notaires, conseillers juridiques… Ils fournissent à leur client leur
connaissance et compétence, et même s’ils sont rémunérés en contrepartie il ne recherche pas de
bénéfice contrairement au commerçant mais plutôt des honoraires pour leur travail.
Paragraphe II : Les conditions d’accès à la profession commerciale
A – Le principe de la liberté du commerce et de l’industrie
1 – Définition et fondement textuel du principe
Encore appelé principe de la liberté d’entreprendre, ce principe signifie que chaque
personne est en principe libre d’exercer une activité commerciale. En effet, en vertu de l’art. 4
de la loi n°90/031 du 10 août 1990 portant sur l’orientation de l’activité commerciale au
Cameroun dispose : « Toute personne physique ou morale camerounaise ou étrangère est libre
d’entreprendre une activité commerciale au Cameroun sous réserve du respect des lois etdes
règlements en vigueur ». Quelle est donc la condition de mise en œuvre de ce principe ?
2 – La condition de mise en œuvre de la liberté d’entreprendre : la capacité
juridique
L’art. 6 AU dispose que « Nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de
profession s’il n’est juridiquement capable d’exercer le commerce ». La capacité juridique est
l’aptitude légale à avoir des droits et des obligations et le pouvoir de les exercer. Autrement dit,
le pouvoir de mettre en œuvre soi-même ses droits et ses obligations. Toutefois, afin d’éviter des
abus de la liberté d’entreprendre, il est nécessaire de poser des limites à cette liberté. Ces
restrictions visent la protection de certaines catégories de personnes, la protection de l’intérêt
général, ou encore la protection de la famille…
B – Les restrictions à la liberté d’entreprendre
Nous pouvons les classer en deux catégories, les restrictions protégeant l’intérêt général

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et les restrictions protégeant l’intérêt particulier.
1 – Les restrictions protégeant l’intérêt général
a –Les incompatibilités
L’incompatibilité est l’interdiction faite à certaines personnes d’exercer le commerce en
raison de leur fonction ou de leur profession. Il s’agit en quelque sorte de l’interdiction d’exercer
deux professions à la fois. Ces incompatibilités ont pour but de protéger l’indépendance et la
dignité des personnes visées. Ainsi l’exercice d’une activité commerciale est incompatible avec
l’exercice des fonctions ou professions suivantes : fonctionnaires et personnels des collectivités
publiques et des entreprise à participation publique ; officiers ministériels et auxiliaires de
justice (avocat, huissier, notaire, greffier …) ; expert-comptable agrée et comptable agrée ;
commissaire aux compte et aux apports…. Les actes accomplis par une personne en situation
d’incompatibilité demeurent valables à l’égard des tiers de bonne foi. Les actes accomplis par la
personne en état d’incompatibilité lui sont opposables par les tiers de bonne foi il ne peut s’en
prévaloir en invoquant son incompatibilité.
b – Les interdictions
L’interdiction est une prohibition faite à certaines personnes à propos de certaines
activités. Ainsi, ne peuvent exercer le commerce, les personnes physiques ou morales faisant
l’objet d’une interdiction (temporaire ou définitive) d’exercer le commerce, prononcée par une
juridiction d’un Etat membre ou une juridiction professionnelle. Sont également interdites
d’exercer le commerce les personnes faisant l’objet d’une condamnation définitive à une peine
privative de liberté pour un crime de droit commun…
Les actes accomplis par l’interdit demeurent valable à l’égard des tiers de bonne foi, de
même que ces actes lui sont opposables par les même tiers. L’interdiction prend fin par la
réhabilitation dans les conditions et les forme prévues par l’AUPCAP.
B – Les restrictions protégeant les intérêts particuliers
a – Le mineur
Deux cas sont à distinguer pour le mineur : le mineur émancipé et le mineur non
émancipé.
Le mineur émancipé : L’art 7 dispose : « le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut avoir
la qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce ». L’émancipation est l’acte
juridique par lequel un mineur acquiert la pleine capacité d’exercice et se trouve de ce

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faitassimilé à un majeur. S’il est donc émancipé, le mineur peur avoir la qualité de commerçant
et effectuer les actes de commerce. Il existe quatre catégories d’émancipations : l’émancipation
parentale, l’émancipation de plein droit par le mariage, l’émancipation par le conseil de famille
et l’émancipation à titre exceptionnel par le PR.
Le mineur non-émancipé : Il ne peut avoir la qualité de commerçant ni effectuer des
actes de commerce. Les actes de commerce effectués par lui encourent la nullité sur simple
demande du mineur ou de son représentant.
b – Les incapables majeurs
Ce sont des personnes majeures dont les facultés mentales sont altérées. On peut citer le
majeur sous tutelle et le majeur sous curatelle. Pour leur protection ils ne peuvent avoir la
qualité de commerçant car la capacité juridique est plus ou moins inexistante.
c – Le conjoint du commerçant
Dans le but de protéger le patrimoine familial contre les risques du commerce tels que la
faillite ou les procédures collectives, le législateur OHADA n’admet pas que les deux conjoints
aient la qualité de commerçant pour la même activité commerciale. Raison pour laquelle il pose
une condition en cas d’activité commerciale familiale. L’art. 7 al. 2 AU dispose que le conjoint
du commerçant n’a la qualité de commerçant que s’il accomplit les actes de commerce à titre
deprofession et séparément de ceux de l’autre conjoint. Ainsi donc la femme qui ne fait que
détailler le commerce de son mari n’a pas la qualité de commerçante.
Paragraphe III : Les conséquences liées à la qualité de commerçant : les obligations
du commerçant
A – L’obligation publicitaire : l’immatriculation au RCCM
1 – Le rôle du RCCM
Tout commerçant personne physique ou morale a l’obligation de se faire immatriculer au
RCCM dans le premier mois qui suit son activité (pour les personnes physiques), ou sa
constitution (pour les personnes morales) auprès du greffe de la juridiction compétente dans le
ressort duquel son activité se dérouleou dans le ressort duquel se situe son siège social ou son
principal établissement. Au-delà de recevoir l’immatriculation des commerçants, le RCCM a
également pour rôle de recevoir les informations marquant la vie de l’entreprise notamment les
modifications d’exploitation de toute nature,tout changement dans le statut juridique d’un
commerçant (changement de domicile, arrêt de l’exploitation…). Par ailleurs, le contenu de la

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demande d’immatriculation doit contenir pour les personnes physiques : les éléments de son état
civil, l’activité exercée, la forme d’exploitation…. Et pour les personnes morales : la
dénomination sociale, la forme juridique de la société, le montant du capital social.
2 – Les effets de l’immatriculation
L’immatriculation au RCCM emporte plusieurs effets.
D’abord la présomption de la qualité de commerçant : Toute personne immatriculée
est présumée, sauf preuve du contraire avoir, la qualité de commerçant. Cela suppose que les
personnes physiques ou morales concernées pourront bénéficier du régime dérogatoire des
commerçants (preuve, prescription, solidarité..). Toutefois, le défaut d’immatriculation ne
prive pas le commerçant de cette qualité (la personne sera qualifiée dans ce cas de
commerçantde fait ou de société de fait). Par ailleurs, le défaut ou l’absence d’immatriculation
entraine deux conséquences : la privation du bénéfice attaché à la qualité de commerçant et la
soumission aux obligations professionnelles du commerçant. Ensuite, l’acquisition de la
personnalité juridique : L’immatriculation confère au commerçant une pleine capacité de
jouissance et d’exercice et lui permet de bénéficier de tous les droits reconnus aux commerçants
(droit au bail, droit au renouvellement du bail, droit à êtresoumis à une procédure collective
particulière en cas de faillite, à la cession de son fonds decommerce, à sa sous location…). Ce
n’est qu’à partir de l’immatriculation que les sociétés commerciales ont une véritable existence
juridique, elle leur accorde la personnalité morale.Enfin, les obligations liées à
l’immatriculation : Tout commerçant personne physique ou morale est tenue d’indiquer sur ses
factures, bons de commande, tarifs et documents commerciaux, ainsi que sur toute
correspondance, son numéro et son lieu d’immatriculation au registre. Cette inscription a pour
but de les rendre opposable aux tiers.
3 – La fin de l’immatriculation : le cas de la radiation
Lorsque survient un évènement de nature à mettre un terme à l’activité commerciale, tout
commerçant doit procéder à sa radiation au RCCM et le greffe ou le responsable de l’organe
compétent de l’Etat-partie va délivrer un accusé d’enregistrement.
En cas d’inertie, de la personne physique ou morale, il revient au greffe ou au
responsable de l’organe compétent de l’Etat-partie de procéder d’office à la radiation dans un
délai de 3 mois. La conséquence immédiate de la radiation est qu’elle emporte la perte des droits
résultants de l’immatriculation et dont la perte de la qualité de commerçant.

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B – Les obligations comptables du commerçant
Tout le commerçant, personne physique ou morale doit tenir des livres de compte
comprenant :
• Un livre journal qui enregistre au jour le jour toutes les opérations
commerciales ;
• Un grand livre regroupant l’ensemble des comptes de l’entreprise ;
• Un livre inventaire récapitulant chaque année tous les éléments actifs et passifs
C – Les obligations fiscales du commerçant
Les commerçants doivent payer plusieurs sortes d’impôts :
• L’impôt sur le bénéfice (impôt au titre des bénéfices, industriels et
commerciauxpour les particuliers et impôt sur les sociétés pour les personnes
morales );
• La TVA, impôt qui frappe toutes les opérations relevant d’une activité
économique, donc commerciale ;
• Les contributions aux patentes (impôt communal annuel).

Les étrangers qui veulent exercer le commerce au Cameroun doivent préalablement


obtenir l’agrément du Ministre en charge du commerce. Toutefois, sont dispensés de l’agrément
les ressortissants de la zone CEMAC ainsi que ceux hors de cette zone mais avec qui le
Cameroun a conclu des conventions d’assimilation (clause de réciprocité) en matière
commerciale.
Au final, le non-respect des obligations du commerçant entrainent plusieurs
conséquences : sur le plan civil, les dommages-intérêts, sur le plan pénal, la destruction ou la
confiscation des biens, la fermeture de l’établissement, l’amende...

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CHAPITRE II : L’ENTREPRENANT
D’après les dispositions de l’art. 30 al.1 AUDCG, l’entreprenant est « un entrepreneur
individuel, personne physique qui, sur simple déclaration prévue dans le présent Acte uniforme,
exerce uneactivité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole ». Ce nouvel
acteur a été institué depuis la révision de l’Acte uniforme en 2010. Le premier objectif du
législateur consiste à faciliter le passage des opérations du secteur informel (il s’agit en gros des
petits métiers urbains) au secteur formel, d’attirer les commerçants de fait qui exercent dans la
clandestinité à exercer une activité commerciale sans pour autant être immatriculés au RCCM.
Section I : L’acquisition du statut d’entreprenant
Paragraphe I : Les conditions de fond
A – Le profil du postulant
La personne qui veut exercer son activité économique comme entreprenant doit être
une personne physique. Il y a là une différence fondamentale avec le statut de commerçant qui
est ouvert à la fois aux personnes physiques et aux personnes morales.
B – Etre capable et ne pas être frappées par les interdictions
Seules les personnes capables peuvent avoir le statut d’entreprenant. L’exigence de
capacité s’explique par la prise d’engagement dans le domaine des affaires dont les
conséquences sont importantes au plan des responsabilités. Par ailleurs, le statut d’entreprenant
ne concerne pas les personnes n’ayant pas été frappées d’une interdiction.
Paragraphe II : Les formalités à accomplir
La formalité principale à accomplir est la déclaration d’activité (elle emporte
présomption de la qualité d’entreprenant). De ce fait, il revient à la personne physique de
déclarer son activité avec le formulaire correspondant au greffe de la juridiction compétente ou à
l’organe compétent dans l’Etat-partie dans le ressort duquel il exerce.Par ailleurs, l’entreprenant
ne peut commencer à exercer son activité qu’après réception du numéro de déclaration de
l’activité qu’il doit mentionner sur ses factures, bons de commande, bordereaux de livraison,
correspondances professionnelles… Ce numéro est personnel, ce qui implique que l’on ne peut
multiplier les déclarations auprès de différents registres. Il n’existe pas de possibilité de cumuler
une immatriculation au RCCM et une déclaration d’activité au RCCM. Le statut de l’un exclut
celui de l’autre.

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Section II : Les obligations comptables de l’entreprenant
Il s’agit principalement de :

• La tenue d’un livre de compte : l’entreprenant est tenu d’établir, dans le cadre de son
activité, au jour le jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le montant de
ses ressources.
• La mention obligatoire du numéro de déclaration sur les factures, bons de commande…
• La facturation : Tout achat, vente de biens ou de servicesdoit faire obligatoirement
l’objet d’une facture conforme à la nature, à la qualité et à la valeur des biens ou des services
cédés. Par ailleurs, l’entreprenant est soumis aux obligations fiscales fixées par chaque Etat-
partie.
Section III : Les limites du statut d’entreprenant
Bien que le statut d’entreprenant emporte plus de limites que d’avantages, il convient
quand même au préalable de souligner que l’entreprenant bénéficie tout comme le commerçant
de la liberté de preuve (preuve par tout moyen) et de la prescription qui est de 5 ans. En ce qui
concerne le bail, sa situation est précaire.
Au titre des limites, le champ d’action de l’entreprenant est restreint par rapport au
commerçant. Ainsi, en matière de bail à usage professionnel, tandis que pour le commerçant il
s’agit d’une protection d’ordre public, pour l’entreprenant, l’art. 134 dispose que : « sauf
convention contraire entre le bailleur et l’entreprenant, ce preneur ne bénéficie ni d’un droit au
renouvellement du bail, ni d’un droit à la fixation judiciaire du loyer du bail renouvelé ».
Pourtant c’est justement ces droits qui font l’importance du bail à usage professionnel,
l’entreprenant ne pourra en bénéficier que si cela a été prévu dans le contrat de location.
De même, en matière de fonds de commerce, l’entreprenant tout comme le commerçant
peut exploiter un fonds de commerce, sauf que l’art. 138 al 4 rejette toute possibilité pour
l’entreprenant de faire partie d’un contrat de location-gérance.
Section IV : La perte de la qualité d’entreprenant
Le statut d’entreprenant n’a pas vocation à être définitif. Ainsi, selon les dispositions de
l’art 30 al 2, l’entreprenant perd son statut lorsque pendant deux exercices successifs son chiffre
d’affaire annuel obtenu dépasse :
• 30 millions FCFA pour les entreprises de négoce (ceux qui achètent et revendent)
• 20 millions FCFA pour les entreprises artisanales et assimilées

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• 10 millions pour les entreprises de service.


CHAPITRE III : LES INTERMEDIAIRES DE COMMERCE
Le commerçant est entouré d’un certain nombre de professionnels dont la mission vise à
lui faciliter les opérations de commerce. Encore appelés auxiliaires de commerce, ce sont des
commerçants qui n’ont d’autres rôles que de faciliter à d’autres commerçants ou aux particuliers
l’exercice de leur activité en les aidant à la conclusion des opérations qui leur sont nécessaires
(Ils présentent tous la caractéristique commune de ne pas agir de façon autonome ». L’AUDCG
retient trois intermédiaires de commerce : le commissionnaire, le courtier et l’agent
commercial.
Section I : Les règles communes à tous les intermédiaires de commerce
Paragraphe I : La notion d’intermédiaire de commerce
L’intermédiaire de commerce est une personne physique ou morale qui a le pouvoir
d’agir, ou entend agir, habituellement et professionnellement pour le compte d’une autre
personne, commerçante ou non, afin de conclure avec un tiers un actejuridique à caractère
commercial.Par ailleurs, L’intermédiaire de commerce est uncommerçant et donc, doit être
inscrit au RCCM et exercer sur le territoire de l’un des Etats-parties.
Paragraphe II : Les effets du statut d’intermédiaire
Les effets juridiques des actes des intermédiaires et la cessation de leur mission relèvent
des principes de la représentation et du régime du mandat.
NB : D’après l’art. 1984 du Code civil, le mandat ou procuration est un acte par lequel
une personne (le mandant) donne à une autre (le mandataire) le pouvoir de faire quelque
chose pour le mandant et en son nom. Le contrat peut être authentique ou sous-seing privé et
ne seforme que par l’acceptation du mandataire. Le mandataire est tenu d’accomplir le
mandat tant qu’il en demeure chargé et répond des dommages-intérêts qui pourraient résulter
de son inexécution. Quant-au mandant, il est tenu d’exécuter les engagements contractés par
le mandataire conformément au pouvoir qui lui a été donné. Le mandant doit rembourser au
mandataire les frais par lui déboursés pour sa mission et lui payer ses salaires.
Le mandat prend fin par l’exécution complète du mandat, par la révocation de
l’intermédiaire par le représenté, par la renonciation de l’intermédiaire, par la mort naturelle
ou civile ou l’interdiction soit du mandant, soit du mandataire.

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Section II : Les règles spécifiques à chaque catégorie d’intermédiaire de commerce
Paragraphe I : Le commissionnaire
Le commissionnaire est un professionnel qui, moyennant le versement d’une
commission, se charge de conclure tout acte juridique en son nom mais pour lecompte du
commettant qui lui en donne mandat. Le commissionnaire est donc un mandataire qui agit en
son propre nom, c’est lui qui est perçu comme le principal acteur de l’opération.
Dans ces rapports avec le commettant, le commissionnaire est tenu à une obligation
deloyauté (Il doit remplir fidèlement sa mission et rendre compte de sa mission), il ne peut
acheter pour son propre compte les marchandises qu’il est chargé de vendre. Quant
aucommettant, il a l’obligation d’honorer les engagements conclus pour son compte et payer
les frais et lacommission de l’intermédiaire. Il a par ailleurs l’obligation d’indemniser le
commissionnaire de ses pertes des lors qu’il démontre avoir agi dans l’intérêt du commettant.
Paragraphe II : Le courtier
Le courtier est un professionnel qui met en rapport des personnes en vue de faciliter
ou faire aboutir la conclusion de conventions entre ces personnes ». L’activité du courtier se
résume donc à mettre en relation des personnes désirant contracter. A la différence du
commissionnaire, le courtier n’est mandataire ni de l’une, ni de l’autre partie puisqu’il ne
représente personne, il agit donc en son propre nom et est indépendant.
Il est par ailleurs tenu à une obligation d’indépendance, il lui est interdit d’intervenir
personnellement dans une transaction sauf accord des parties ;obligation de donner
lesinformations utiles aux parties, obligation de faire tout ce qui facilitera la conclusion du
contrat.En cas de violation de ses obligations, notamment remise d’une rémunération par le tiers
contractant à l’insu du donneur d’ordre, le courtier perd son droit à rémunération (qui
estconstituée par un pourcentage du montant de l’opération) et au remboursement de ses
dépenses.
Paragraphe III : L’agent commercial
L’agent commercial est un mandataire professionnel chargé de façon permanente de
négocier et, éventuellement, de conclure des contrats de vente, d’achat, de location ou de
prestations de services, au nom et pour le compte de producteurs, d’industriels, de
commerçants, sans être lié envers eux par un contrat de travail. L’agent commercial et son
mandant sont tenus l’unenvers l’autre d’une obligation de loyauté et d’un devoir d’information.

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L’agent commercial est tenu à une obligation de secret (il ne doit pas divulguerles informations
confidentielles du mandant) et à une obligation de non-concurrence.
Quant au mandant, il est tenu de rémunérer l’agent commercial, et doit le mettre dans
les conditions à exécuter son mandat.
NB : Caractéristiques communes : Les trois intermédiaires agissent pour le compte
d’autrui et sont assujettis aux règles qui régissent le mandat.
Caractéristiques divergentes : Le commissionnaire et le courtier agissent en leur nom propre,
tandis que l’agent commercial agit au nom du représenté. Le commissionnaire et le courtier font
un contrat de mandat sans représentation alors que l’agent commercial fait un contrat d’intérêt
commun.

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DEUXIEME PARTIE : L’OBJET ET LE CADRE DE L’ACTIVITE
COMMERCIALE

Chapitre IV : LE FONDS DE COMMERCE


L’art. 135 AU définit le fonds de commerce comme étant constitué par un ensemble de
moyens qui permettent au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle. Le fonds de
commerce comprend nécessairement la clientèle et l’enseigne ou la clientèle et le nom
commercial ou encore la clientèle, l’enseigne et le nom commercial. Le fonds de commerce
peut comprendre différents éléments mobiliers, corporels et incorporels (les installations, les
aménagements et agencements, le matériels, le mobilier, les marchandises en stock, le droit au
bail, les licences d’exploitation, les brevets d’inventions, marques de fabrication et de
commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuellenécessaire à
l’exploitation).
Section I : Les éléments constitutifs du fonds de commerce
Le fonds de commerce est composé par deux séries d’éléments : les éléments meubles
corporels et les éléments meubles incorporels.
Paragraphe I : Les éléments meubles corporels
Le fonds de commerce est constitué des biens meubles, les immeubles étant exclus.
Parmi les éléments meubles corporels, les plus marquants sont le matériel et outillage et les
marchandises en stock.
A – Le matériel et l’outillage
Il s’agit des objets corporels qui servent à l’exploitation durable du fonds et qui ont une
stabilité réelle notamment les machines et l’équipement.
B – Les marchandises
Ce sont d’une part les matières premières destinées à être travaillées et d’autre part, les
produits finis qui attendent d’être vendus. Ces éléments constituent le stock alimentant le stock
d’exploitation.
Paragraphe II : Les éléments meubles incorporels
Ces éléments sont les plus importants du fonds de commerce car ils constituent le
« facteur clé » du monopole de l’exploitation commercial.
A – La clientèle
La clientèle constitue avec l’achalandage lespremiers éléments du fonds de commerce. La

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clientèle est l’ensemble des personnes qui viennent régulièrement s’approvisionner dans un
établissement commercial. C’est l’élément principal du fonds parce qu’il permet de le
stabiliser, de conserver le monopole de l’exploitation et la notoriété de l’entreprise.
L’achalandage est l’ensemble des personnes qui viennent occasionnellement s’approvisionner
dans un établissement commercial. Il s’agit de la clientèle de passage.
B – Le nom commercial
C’est l’appellation sous laquelle le commerçant personne physique ou société exerce son
activité, exploite son fonds de commerce. Il peut s’agir du nom patronymique (nom de famille)
du commerçant ou d’un pseudonyme. Dans tous les cas, contrairement en matière civile, le nom
commercial a une valeur économique, il peut donc être cédé avec le fonds. Le nom commercial
est protégé contre l’usage que pourrait en faire les concurrents au moyen de l’action en
concurrence déloyale. Classiquement la protection n’est accordée qu’en cas de détournement de
la clientèle. Elle suppose que le nom usurpé soit original ; d’une notoriété suffisante et qu’il y ait
un risque de confusion, donc de détournement dela clientèle.
C – L’enseigne
C’est une inscription, une forme ou une image apposée sur un immeuble et se rapportant
à l’activité qui s’y exerce. Elle est un moyen d’individualiser l’établissement où le fonds est
exploité. Elle peut être soit le nom commercial lui-même, soit une dénomination fantaisiste.
L’enseigne bénéficie de la même protection que le nom commercial et en cas de cession du fonds
de commerce, l’enseigne est également cédé.
D – Le droit au bail
C’est le droit de créance du commerçant-locataire à l’égard du propriétaire de l’immeuble
dans lequel est exploité le fonds. C’est son droit à la jouissance des lieux loués. C’est un bien
meuble incorporel. Il implique obligation pour le propriétaire de l’immeuble de renouveler le
bail, et si le bailleur ne peut plus renouveler le bail indépendamment de toute faute du locataire,
il doit verser à ce dernier une indemnité d’éviction (somme d’argent).
E – Les droits de propriété intellectuelle et commerciale
Il s’agit des droits donnant à leur titulaire un monopole d’exploitation et d’utilisation car
ils lui procurent des moyens exclusifs d’attirer et de conserver une clientèle. Il s’agit notamment
des brevets d’invention, marques de fabrication et de commerce, dessins et modèles, logo… Leur
usurpation peut également être défendue au moyen de l’action en concurrence déloyale.

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NB : On dit que le fonds de commerce est une universalité de droit parce qu’il constitue un
patrimoine autonome d’affectation composé d’un actif et d’un passif. En conséquence il peut
faire l’objet de plusieurs contrats.
On dit que le fonds de commerce est un bien meuble incorporel parce qu’il est composé
est éléments meubles (corporels et majoritairement incorporels), les immeubles étant
entièrement exclus.
Section II : Les différentes opérations sur le fonds de commerce
Le fonds de commerce peut faire l’objet de plusieurs contrats, notamment la location-
gérance, le nantissement et la cession.
Paragraphe I : La location-gérance du fonds de commerce
Le fonds de commerce peut être exploité directement ou dans le cadre d’un contrat de
location-gérance. La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de
commerce, personnes physique ou morale en concède la location en qualité de bailleur, à une
autre personne physique ou morale, locataire-gérant, qui l’exploite à ses risques et périls.
A – Les conditions de validité du contrat de location-gérance
1 – Les conditions de fonds
- Pour le propriétaire : Le propriétaire du fonds ne peut pas signer un contrat de
location-gérance s’il fait l’objet d’une interdiction ou s’il est déchu du droit d’exercer une
activité commerciale. De même, le propriétaire du fonds de commerce doit avoir exploité le
fonds mis en gérance pendant au moins deux années en qualité de commerçant. Par ailleurs, ces
conditions ne s’appliquent pas à certaines personnes telles que l’Etat, les collectivités locales, les
établissements publics, les incapables, les héritiers…
- Pour le locataire : Le locataire-gérant doit avoir la qualité de commerçant et donc être
immatriculé au RCCM.
2 - Les conditions de forme
Deux conditions de formes sont exigées. Le contrat de location-gérance doit être constaté
par écrit (acte authentique ou sous-seing privé), et doit être publié par la partie la plus diligente
dans un journal d’annonces légales dans un délai de 15 jrs à compter de sa date, aux frais du
locataire-gérant et dans le lieu où le fonds est inscrit au RCCM.
B - Les effets du contrat de location-gérance
1 – Les effets relatifs aux parties

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a – Les effets relatifs au propriétaire
Outre l’obligation de délivrer le fonds de commerce et ses accessoires au locataire, le
propriétaire du fonds est surtout tenu de faire modifier son inscription au RCCM par la
mention selon laquelle son fonds de commerce est mis en location-gérance, ceci afin d’en
informer les tiers notamment les créanciers actuels ou potentiels. Il a par ailleurs, l’obligation
de garantir au locataire la jouissance paisible des éléments du fonds contre toute concurrence
déloyale.
b – Les effets relatifs au locataire-gérant
D’abord, à compter de la date d’effet du contrat de location-gérance, le nouveau
locataire-gérant est tenu sous peine de sanctions, d’indiquer son n° d’immatriculation au RCCM
ainsi que sa qualitéde locataire-gérant du fonds de commerce, en tête de ses bons de commande,
factures et autres documents à caractère financier et commercial. Ensuite, le locataire-gérant doit
payer au propriétaire un loyer correspondant à la redevance due pour la jouissance des locaux et
un loyer pour la jouissance des éléments corporels et incorporels du fonds de commerce.Enfin, il
doit exploiter le fonds sans en modifier la destination, de même qu’il ne peut sous louer le fonds
sans autorisation du bailleur (en raison du caractère intuitu personae du contrat de location-
gérance).
2 – Les effets à l’égard des tiers
Lorsque la juridiction est saisie dans les délais et qu’elle considère que la location-
gérance met en péril le recouvrement des dettes du propriétaire du fonds, elle peut déclarer ces
dettes immédiatement exigibles. De même que toute personne intéressée peut demander à la
juridiction compétente dans un délai de 03 moisà compter de la publication du contrat de
location-gérance, la protection de ses intérêts en mettant en œuvre une action en déclaration
d’exigibilité de ses créances à l’égard du bailleur.
C – La fin du contrat de location-gérance
La location-gérance prend fin soit par l’arrivée à terme de la durée fixée dans le contrat,
soit à la suite de la mise en jeu d’une clause résolutoire ou d’une demande de résiliation
judiciaire pour inexécution des obligations nées du contrat de location-gérance. Dans tous les
cas, l’expiration de la location-gérance doit également être publiée etl’inscription du propriétaire
au RCCM modifiée en conséquence. Toutes les dettes contractées par le locataire-gérant à
l’occasion de l’exploitation du fonds deviennent immédiatement exigibles à l’expiration du

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contrat de location-gérance.
D – Avantages et inconvénients de la location-gérance
La location-gérance est spécialement utile lorsqu’un commerçant, exploitant une
entreprise individuelle, décède en laissant des héritiers mineurs. Le fonds est loué en attendant
que les héritiers soient en âge de l’exploiter personnellement. La location-gérance peut
également être un moyen de sauver une entreprise en difficulté soit avant, soit après le dépôt
bilan. Par ailleurs, la location-gérance est comporte certains risques : danger pour le bailleur qui
risque de ne pas percevoir son loyer et de voir le fonds être en faillite si le locataire ne sait pas
retenir la clientèle ; danger pour les créanciers qui ont en face d’eux un gérant habituellement
moins solvable que le propriétaire du fonds ; danger pour le locataire qui se procure difficilement
du crédit, car il n’est pas propriétaire du fonds et qui perd le fruit de ses efforts si le contrat n’est
pas renouvelé.
Paragraphe II : Le fonds de commerce, élément de crédit par le nantissement
Le commerçant peut avoir des difficultés financières, soit avoir besoin d’argent pour
investir ou développer son entreprise, il lui faut du crédit. La banque ou l’investisseur ne
consentira pas de crédit si le commerçant ne présente pas de garantie de remboursement. C’est
ainsi qu’il donnera son fonds de commerce en garantie et s’engage à rembourser le montant du
prêt faute de quoi, il donne droit à la banque de saisir son fonds et de le vendre. « le nantissement
du fonds de commerce est la convention par laquelle le constituant affecte en garantie d’une
obligation, les éléments incorporels constitutifs du fonds de commerce à savoir la clientèle et
l’enseigne ou le nom commercial ».
A – Les conditions de validité du nantissement conventionnel
1 - Les conditions de fond
- L’existence du fonds : Le fonds doit réellement exister et non être en formation.
Toutefois, l’on admet une promesse de nantissement lors de l’ouverture d’un fonds de
commerce.
- Le constituant doit être le propriétaire du fonds : Le nantissement est constitué par
le propriétaire du fonds et seulement avec les éléments du fonds qui lui appartiennent.
- La capacité de donner son fonds en nantissement : Le commerçant qui donne son
fonds en nantissement ne doit pas être en cessation de paiement, sinon il y a nullité.
2 – Les conditions de forme

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- L’exigence d’un écrit : Le nantissement doit être constaté par écrit (acte authentique
ou sous-seing privé) contenant les mentions suivantes à peine de nullité : l’identité des parties, la
désignation précise et le siège du fonds et s’il y a lieu les succursales, les éléments du fonds
nanti...
-L’inscription au RCCM : Qu’il soit conventionnel ou judiciaire, le nantissement doit
être inscrit au RCCM, c’est d’ailleurs cette inscription qui le rend opposable au tiers.
B – L’assiette du nantissement
-Leséléments inclus :Le nantissement porte nécessairement sur les éléments essentiels
du fonds (clientèle, enseigne, nom commercial). Il peut aussi porter sur les autres éléments
incorporels du fonds tels que le droit au bail, les licences d’exploitation ; les brevets d’invention,
les marques de fabrication et de commerce, dessins et modèles et autres droits de propriété
intellectuelle. Il peut également être étendu au matériel professionnel.
- Les éléments exclus : les marchandises et les créances du commerçant sont toujours
exclus du nantissement du fonds de commerce.
C – Les effets du nantissement
Le nantissement entraine à l’égard du créancier plusieurs effets. Il lui confère des droits,
notamment un droit de préférence, un droit de suite, un droit de réalisation.
Le droit de préférence est le droit pour un créancier d’être préféré aux autres créanciers.
Il est dans ce cas privilégié en raison de la qualité de sa créance et ce privilège lui permettra
d’être payé en priorité sur les autres créanciers appelés chirographaires ou ordinaires.
Le droit de suite : Ce droit permet au créancier nanti de saisir le fonds de commerce
alors même qu’il a été vendu et appartient désormais à une autre personne.
Le droit de réalisation : Il donne la faculté au créancier nanti de vendre le fonds en cas
d’insolvabilité du débiteur huit jours après sommation faite au constituant.
Il convient de préciser que le nantissement du fonds de commerce n’admet pas le pacte
commissoire (clause par laquelle un créancier gagiste ou hypothécaire obtient de son débiteur
qu’il deviendra propriétaire de la chose garantie sans avoir à le demander en justice).
D - L’extinction du nantissement
Le nantissement a un caractère accessoire et sa validité dépend du contrat principal. En
application du principe selon lequel l’accessoire suit le principal, le nantissement s’éteint par le
paiement de la créance principale, en l’occurrence le crédit du banquier. Mais, il peut aussi

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s’éteindre par la renonciation du créancier à sa dette.
Paragraphe III : La cession ou vente du fonds de commerce
Le fonds de commerce doit être vendu selon les dispositions générales à de la vente.
A – Les conditions de validité de la cession du fonds de commerce
Il y a les conditions de fond et les conditions de forme

1 - Les conditions de fond


-La cession du fonds de commerce porte nécessairement sur ses éléments essentiels à
savoir : la clientèle, l’enseigne et le nom commercial. Par ailleurs, la vente des autres éléments
constitutifs du fonds est possible, mais cela n’entraine pas la cession du fonds de commerce quel
que soit le contenu du contrat.
- La cession du fonds de commerce doit respecter les conditions de validité des contrats à
savoir : le consentement, il doit exempt de vice (l’erreur, le dol, la violence) ; la capacité à
contracter, un objet licite, une cause licite.
2 – Les conditions de forme
- L’exigence de l’écrit : la cession du fonds doit être constatée par un écrit (acte
authentique ou sous-seing privé).
- L’exigence des mentions obligatoires sous peine de nullité : L’acte de vente doit
obligatoirement contenir les détails concernant le vendeur et l’acheteur (état civil complet pour
les personnes physiques et dénomination sociale, forme juridique, objet social et siège social
pour les sociétés commerciales ; leur n° d’immatriculation au RCCM, l’état des privilèges,
nantissement et inscriptions grevant le fonds ; s’il y a lieu l’origine du fonds avec indication du
précédent vendeur etc.
- La publicité de la cession : L’acte de cession doit être publié à la diligence de
l’acquéreur dans un journal d’annonces légales dans un délai de 15 jrs suivant la signature dans
le lieu où l’acquéreur est inscrit au RCCM et vendeur et acquéreur doivent modifier leur
inscription respectives au RCCM afin d’en informer les tiers.
B – Les effets de la cession du fonds de commerce
1 – Les obligations du vendeur
- L’obligation de délivrance :Le vendeur est tenu de mettre le fonds de commerce cédé
à la disposition de l’acheteur à la date prévue dans l’acte de cession ou à la date du complet
paiement du prix si celui-ci est payable au comptant sauf convention contraire.

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- L’obligation de non-concurrence :Le vendeur doit s’abstenir de tout acte qui serait de
nature à gêner l’acheteur dans l’exploitation du fonds de commerce vendu. C’est à ce titre que
l’acte de vente peut comprendre une clause de non-rétablissement, toutefois limitée dans le
temps et dans l’espace. (Il s’agit ici pour le vendeur de s’abstenir de tout acte de nature à
détourner la clientèle).
- L’obligation de garantie :Le vendeur doit assurer à l’acquéreur la possession paisible
de la chose vendue (garantie contre l’éviction de son fait personnel ou du fait
d’autrespersonnes), et en particulier le garantir contre les droits que d’autres personnes
prétendraient faire valoir sur le fonds vendu. Il pèse également sur lui une obligation de garantie
contre les vices cachés du fonds de commerce.
2 - Les obligations de l’acheteur
L’obligation principale de l’acheteur est de payer le prix. Il doit le faire au jour et au lieu
fixé dans l’acte de vente entre les mains du notaire ou de tout établissement bancaire désigné
comme séquestre. Le séquestre doit conserver les fonds pendant un délai de 30 jrs pour permettre
aux créanciers potentiels de faire opposition. Si aucune opposition n’est faite dans ce délai, les
fonds sont versés au vendeur.
3 - Les effets à l’égard des créanciers du vendeur
a - L’opposition
Comme évoqué précédemment les créanciers doivent notifier leur opposition au paiement
du prix dans un délai de 30 jrs auprès du séquestre. Cette opposition a un effet conservatoire,
c’est-à-dire qu’elle rend le prix indisponible jusqu’à ce que la situation soit éclaircie. Toutefois,
en cas d’oppositions abusives ou d’oppositions dilatoires, le vendeur peut demander à la
juridiction la mainlevée de l’oppositionpour obtenir son paiement.
b – La surenchère
Les créanciers ont un droit de surenchère. Ce droit appartient aux créanciers inscrits,
nantis ou opposants. S’ils estiment que le prix de la vente du fonds ne correspond pas à sa valeur
véritable, ils peuvent former une surenchère du 1/6e du prix global du fonds de commerce
permettant ainsi de procéder à des enchères publiques. La surenchère se fait dans un délai de 30
jrs et dans le même délai le créancier doit consigner auprès du greffe de la juridiction compétente
le montant correspondant à la nouvelle offre. La surenchère doit être publiée et la juridiction
compétente procèdera à la vente du fonds de commerce par adjudication.

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NB : la vente du fonds de commerce entraine l’obligation pour l’acheteur de reprendre
les salariés du fonds de commerce (art. 42 Code du travail).

CHAPITRE V : LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE


Dans un contexte économique libérale, la concurrence est essentielle car elle est un
critère d’amélioration de la qualité des produits et des conditions de vente. Les pouvoirs publics
édictent des règles qui empêchent de fausser le jeu de celle-ci. Il faut donc protéger le fonds de
commerce contre les agissements des tiers, principalement les autres acteurs de l’activité
économique. La loi s’efforce donc à règlementer le marché en interdisant les pratiques
anticoncurrentielles et la concurrence déloyale.
Section I : Les pratiques anticoncurrentielles
Il s’agit principalement des ententes et abus de position dominante d’une part et des
concentrations d’autre part.
Paragraphe I : Les ententes et abus de position dominante
Le principe est que ces pratiques sont interdites
A – Les ententes
Ce sont des actions collectives ayant pour objet ou pour but de fausser ou d’entraver le
jeu de la concurrence. Il peut s’agir des accords ou des pratiques concertées entre entreprises
ayant pour but de porter atteinte à la libre concurrence et dans l’intention de nuire à un autre
commerçant. Elles peuventêtre verbales ou écrites.Ex : pratiques consistant à entraver l’accès à
un marché ou à répartir les acheteursou les sources d’approvisionnement dans un marché...
L’entente peut être sanctionnée par la nullité ou des amendes ou des astreintes pour les obliger à
cesser les pratiques interdites.
B - L’abus de position dominante
Une entreprise abuse de sa position de domination sur un marché lorsqu’en exerçant son
droit, elle s’adonne aux pratiques qui visent à restreindre la concurrence. La position dominante
n’est pas interdite en soi, ce qui est interdit c’est d’abuser de sa force. L’abus de position
dominante réside dans le fait de rechercher et d’obtenir des avantages que le jeu normal de la
concurrence ne permettrait pas d’obtenir. Ex : empêcher un concurrent de s’installer, exercer des
pressions pour empêcher les autres commerçants d’écouler leurs produits, l’élimination d’un
client actuel ou potentiel…

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Paragraphe II : Les concentrations
Elles consistent en des opérations de fusion ou d’acquisition d’entreprises modifiant ainsi
la structure juridique et économique. Elles deviennent un obstacle à la concurrence lorsqu’elles
ont pour but de l’éliminer ou de la restreindre. La Commission nationale de la concurrence
(CNC) veille donc au contrôle de ces concentrations
Section II : La protection contre la concurrence déloyale
La concurrence déloyale est le fait qu’un commerçant utilise des procédés abusifs,
irréguliers pour détourner ou tenter de détourner la clientèle d’un autre commerçant qui exerce
son activité dans le même domaine que lui.
Paragraphe I : les éléments constitutifs de concurrence déloyale
A- Les éléments matériels
Il peut s’agir du dénigrement des produits du concurrent ; de l’imitation de ses produits
afin de créer une confusion et de détourner la clientèle ; de désorganiser le marché en divulguant
par exemple les secrets d’affaires des concurrents ou encore du parasitisme qui peut consister à
usurper le nom commercial du concurrent pour profiter de sa notoriété.
B – L’élément intentionnel
Il s’agit d’agir avec l’intention de nuire au concurrent et avec pour conséquence de
détourner sa clientèle.
Paragraphe II : La répression de la concurrence déloyale
La concurrence déloyale est sanctionnée sur le fondement de l’article 1382 du Code
civil : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
faute duquel il estarrivé, à le réparer », et de l’article 1383 du même code : « Chacun est
responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou par son imprudence ». Il s’agit donc de la responsabilité civile délictuelle qui vise
à réparer le préjudice subi par le concurrent du fait des agissements fautifs d’un tiers (l’autre
commerçant). A cet effet, les sanctions suivantes peuvent être prononcées par le juge à
l’encontre du concurrent fautif : dommages-intérêts, cessation immédiate d’agissements
déloyaux, des sanctions pénales peuvent également être prononcées.

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CHAPITRE VI : LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL
La plus part des entreprises ne sont pas propriétaires des locaux dans lesquels elles
exercent leurs activités professionnelles. A cet égard, elles sont amenées à conclure un contrat de
bail. Ce bail constitue non seulement un élément important de stabilisation de l’entreprise, mais
permet aussi d’assurer la continuité de l’exploitation commerciale.
Section I : Champs d’application du bail à usage professionnel
Paragraphe I : Les immeubles concernés
Les règles relatives au bail à usage professionnel s’appliquent à tous les baux portant sur
des immeubles rentrant dans les catégories suivantes :
- Locaux ou immeubles à usage commercial, industriel, artisanal ou tout autre usage
professionnel ;
- Locaux accessoires dépendant d’un local ou d’un immeuble à usage commercial,
industriel, artisanal ou professionnel ;
- Terrains nus sur lesquels ont été édifiés, avant ou après la conclusion du bail, des
constructions à usage commercial, industriel, artisanal ou tout autre usage professionnel, si ces
constructionsont été élevées ouexploitées avec le consentement du propriétaire ou sa
connaissance.
Paragraphe II : les personnes concernées
Les dispositions sur le bail à usage professionnel s’appliquent au commerçant, à
l’entreprenant, aux artisans, aux industriels, aux agriculteurs, aux professions libérales, et même
aux établissements publics à caractère industriel ou commercial et aux sociétés de capitaux
publics, qu’elles agissent en qualité de bailleur ou de preneur de l’immeuble.
Section II : Formation et exécution du contrat de bail
Paragraphe I : conclusion, durée du bail et loyer
Le bail à usage professionnel est toute convention écrite ou non par laquelle une personne
appelée le bailleur, donne en location tout ou partie d’un immeuble (les immeubles concernés) à
une autre personne appelée le preneur, qui va exercer une activité commerciale, industrielle,
artisanale ou tout autre activité professionnelle.
Les parties fixent librement la durée du bail. Celle-ci peut être fixée pour une durée
déterminée ou indéterminée etprend effet à compter de la signature du contrat sauf convention
contraire des parties.

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Le loyer est déterminé librement par les parties à moins qu’une disposition nationale de
l’Etat membre n’en dispose autrement. Le loyer est révisable dans les conditions fixées par les
parties. En cas de désaccord entre les parties sur la révision du loyer, la partie la plus diligente
peut saisir la juridiction afin que le nouveau loyer soit fixé judiciairement.
Paragraphe II : Les droits et les obligations des parties
A-Les obligations des parties
1 - Les obligations du bailleur
- L’obligation de délivrance : Le bailleur est tenu de délivrer les locaux en bon état.
- L’obligation d’entretien : Le bailleur fait procéder à son propre à compte toutes les
grosses réparations devenues nécessaires et urgentes. Sont considérées comme grosses
réparations, celles des gros murs, des toitures, des murs de soutènement, des murs de clôtures,
des fosses septiques…
- L’obligation de jouissance :Le bailleur ne doit pas priver d’usage le locataire. Si les
travaux requis pour remettre les locaux en bon état privent le preneur de leur usage partiel ou
total, le montant du loyer sera diminué proportionnellement à cette privation. Si les réparations
rendent impossibles la jouissance du bail, le preneur peut en demander la résiliation judicaire ou
alors la suspension du contrat pendant la période des travaux.
2 - Les obligations du preneur
Le preneur a pour principale obligation de payer le loyer. Il doit le payer aux termes
convenus et exploiter les locaux donnés en bail en bon père de famille et conformément à la
destination prévue au bail. (Si le preneur veut exercer une activité différente de celle convenue
dans le contrat, il doit obtenir l’accord du bailleur qui peut s’y opposer pour des motifs sérieux).
Par ailleurs, le preneur est tenu des réparations d’entretien des locaux et doit indemniser
le bailleur de toutes dégradations ou pertes dues à un défaut d’entretien au cours du bail.
B - Les droits des parties
1- Les droits du preneur
a-Le droit d’adjoindre des activités connexes ou complémentaires : Le preneur peut
adjoindre à l’activité prévue au contrat de bail des activités connexes ou complémentaires
relevant du même domaine que celui envisagé lors de la conclusion du contrat de bail. Il devra
aviser expressément le bailleur qui peut s’y opposer pour des motifs graves (il appartient au juge
d’apprécier le caractère grave du motif).

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b-Le droit de priorité : Si le bailleur prévoit de démolir l’immeuble comprenant les
lieux loués et de le reconstruire, le preneur a le droit de rester dans les locaux jusqu’au début des
travaux. Par ailleurs, il bénéficie d’un droit de priorité pour se voir attribuer un nouveau bail dans
l’immeuble reconstruit.
c-Le droit de résiliation du bail : Le preneura le droit de demander une résiliation
judiciaire du contrat de bail dès lors que le bailleur ne respecte pas les clauses et les conditions
du bail.
d-Le droit de cession du bail :Le preneur a le droit de céder son bail à l’acquéreur de
son fonds de commerce (la cession du bail est l’acte par lequel le titulaire du bail (le cédant)
transmet le bénéfice à une autre personne (le cessionnaire). La cession peut s’imposer au bailleur
ou requérir son acceptation. Dans tous les cas, la cession du bail ne sera opposable au bailleur
qu’après signification ou notification de l’acte de cession par le preneur-cédant. Lorsque la
cession requiert l’accord du bailleur, celui-ci dispose d’un délai 01 mois à compter de la
signification ou notification pour se prononcer sur son acception ou son refus, passé ce délai, le
silence du bailleur vaut acception de la cession.
e-Le droit à la sous-location du bail :La sous-location est en principe interdite, mais si
cela a été prévue dans le contrat, le preneur aura le droit de sous-louer son bail. L’acte de sous
location doit être porté à la connaissance du bailleur par tout moyen écrit. Toutefois, si le prix de
ce second loyer est supérieur au prix du loyer principal, le bailleur peut exiger une augmentation
du loyer principal (en cas de désaccord, sur l’augmentation de ce loyer, il appartient au juge
detrancher).
f-Le droit au renouvèlement du bail
i -La condition du droit au renouvèlement : Qu’il s’agisse d’un bail à durée déterminée
ou indéterminée, Le droit au renouvellement du bail est acquis au preneur qui justifie avoir
exploité, conformément aux stipulations du bail, l’activité prévue pendant une duréeminimale
de 2 ans. Le législateur fixe la durée minimale du bail renouvelé a 3 ans à moins que les parties
n’en disposent autrement. Il convient de préciser que toutes les dispositions de l’AUDCG sur le
renouvellement du bail sont d’ordre public et dont ne peuvent faire l’objet de dérogations
contractuelles.
ii- Le refus du renouvèlement :Le bailleur peut s’opposer au renouvèlement du bail
sans avoir à régler une indemnité d’éviction dans les cas suivants :

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- Soit pour motif grave ou légitime, notamment en cas d’inexécution par le locataire
d’une obligation substantielle du bail (non-paiement des loyers ou retards excessifs) ou en cas
de cessation de l’exploitation de l’activité. Par ailleurs, ce motif n’est valable que si les faits se
sont poursuivis plus de 2 mois après une mise en demeure du bailleur d’avoir à les faire cesser.
- Soit pour reprise des locaux par le bailleur : C’est l’hypothèse où le bailleur envisage
de démolir l’immeuble loué pour le reconstruire ou en cas de reprise des locaux d’habitation
pour les habiter lui-même ou les faire habiter par son conjoint, ses ascendants, descendants ou
ceux de son conjoint.
Toutefois, le bailleur est obligé de verser une indemnité d’éviction au locataire
notamment lorsqu’il décide unilatéralement de ne pas renouveler le bail, ou en cas de motif non
valable ou injustifié. Tel est également le cas lorsque le bailleur après avoir démoli puis
reconstruit l’immeuble en a changé la destination ou n’a pas offert au preneur un bail dans les
nouveaux locaux.
2 - Les droits du bailleur
Le bailleur a le droit de s’opposer au renouvellement du bail dans les conditions
susmentionnées. De même qu’il a le droit de demander la résiliation judiciaire du contrat de bail
dès lors que le preneur ne respecte pas les clauses et conditions du bail (notamment le défaut
depaiement du loyer).
Paragraphe III : La fin du bail
Le bail à durée déterminée expirera à la date convenue dans le contrat si le preneur 3
mois à l’avance ne notifie par au bailleur son intention d’exercer son droit au renouvèlement.
Le bail à durée indéterminée expirera à la date fixée par le congé (il revient à la partie
quiveut résilier le contrat de donner congé à l’autre par signification ou notification au moins 6
mois à l’avance. Si le preneur ne conteste pas le congé en exerçant son droit au renouvèlement,
le bail prend fin à la date du congé).
Le bail peut aussi prendre fin en cas de résiliation (suppression pour l’avenir d’un contrat
successif en raison de l’inexécution par l’une des parties de ses obligations). En effet l’art. 133
AUDCG dispose que : « Le preneur et le bailleur sont tenus chacun en ce qui le concerne au
respect de chacune des clauses et conditions du bail sous peine de résiliation ».Une mise en
demeure préalable à l’action de résiliation est exigée.
De même que les parties peuvent prévoir une clause résolutoire (clause du contrat

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prévoyant qu’il sera résolu de plein droit en cas d’inexécution par l’une des parties) de plein
droit avec attribution de compétence.

TROISIEME PARTIE : LES PRINCIPAUX CONTRATS COMMERCIAUX


CHAPITRE VII : LA VENTE COMMERCIALE
La vente est un contrat par lequel une personne, le vendeur transfère ou s’engage à
transférer un bien à une autre personne, l’acheteur, qui a l’obligation d’en verser le prix en
argent.
Classiquement, la vente se résume à une rencontre des consentements entre l’offre et
l’acceptation.
Il convient de préciser que : D’abord, les dispositions de l’AUDCG sur la vente
commerciale s’appliquent aux contrats de vente de marchandises entre commerçants, l’approche
est celle des relations entre professionnels et non pas celle des rapports avec les usagers ou
consommateurs. Sont donc par conséquent exclus, la vente aux consommations, les ventes de
marchandises achetées pour un usage personnel, familial ou domestique, les ventes aux
enchères…Ensuite, Le droit OHADA de la vente n’est applicable dès lors que les parties ont
leurs établissements respectifs dans au moins l’un des Etats-membres de l’OHADA.Enfin,
l’AUDCG affirme le principe de la liberté contractuelle :les parties sont libres d’entrer en
négociation et d’en sortir. Elles ne peuvent être tenues pour responsables si elles ne parviennent
pas à un accord, toutefois, la parties qui conduit ou rompt une négociation de mauvaise foi est
responsable du préjudice qu’elle cause à l’autre partie (est notamment de mauvaise foi, la partie
qui entame ou poursuit des négociations sans intention de parvenir à un accord).
Section I : Les conditions de formation du contrat de vente
Outre les conditions de validité classique des contrats du code civil, les conditions de la
vente dont il s’agit ici concernent l’offre et l’acceptation.
Paragraphe I : L’offre ou pollicitation
Une offre est une proposition de conclure un contrat adressée à une ou plusieurs
personnes et indiquant la volonté de son auteur d’être liés en cas d’acceptation. L’offre doit
remplir certaines conditions pour être valable :
- L’offre doit être déterminée, donc adressée à une personne déterminée.
- L’offre doit être suffisamment précise pour que la simple acceptation de l’autre partie
suffise à former le contrat.

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- L’offre doit être ferme, c’est-à-dire doit indiquer sans équivoque la volonté de l’offrant
d’être lié en cas d’acceptation pure et simple du destinataire (ce qui exclut une proposition
decontracter assortie de réserves). L’offre prend effet lorsqu’elle parvient à son destinataire.
Paragraphe II : L’acceptation de l’offre
Elle peut être expresse ou tacite. L’acceptation est toute déclaration ou autre
comportement du destinataire indiquant qu’il acquiesce à l’offre. Le silence ou l’inaction ne peut
à lui seul valoir acceptation. L’acceptation d’une offre prend effet au moment où l’expression de
l’acquiescement parvient à l’auteur de l’offre.
Le contrat ne sera donc conclu qu’à compter de la réception de l’acceptation. Dans
l’hypothèse d’une acceptation tacite, c’est l’accomplissement d’un acte par le destinataire qui
vaudra acceptation et le contrat sera formé au moment de la connaissance par l’offrant de
l’accomplissement de cet acte.
Section II : Les obligations des parties
Paragraphe I : les obligations du vendeur
- L’obligation de livraison des marchandises : Le vendeur a l’obligation de livrer les
marchandises. Il doit les livrer la date fixée dans le contrat ou déterminée selon ses stipulations.
En l’absence de stipulations, le vendeur doit livrer les marchandises dans un délai raisonnable.
- L’obligation de conformité :Le vendeur doit s’assurer de la conformité des
marchandises. Cela dit, il doit livrer les marchandises en quantité, qualité, spécifications et
conditionnement conformes aux stipulations du contrat. Dans le silence du contrat, il doit les
livrer conformément aux usages habituels et avec des emballages adéquats.
La conformité de la chose vendue s’apprécie au jour de la prise de livraison, même si le
défaut n’apparait qu’ultérieurement. Le défaut de conformité apparent doit être dénoncé dans le
mois qui suit la livraison tandis que l’action de l’acheteur pour défaut de conformité caché est
prescrite dans un délai d’un an à compter du jour où ce défaut a été constaté ou aurait dû être
constaté. (Exception de la prescription en matière commerciale).
- L’obligation de garantie :Le vendeur doit livrer les marchandises libres de tout droit
ou prétention d’un tiers (garanties du fait d’un tiers, qui implique interdiction de vendre la chose
d’autrui ou une marchandise ayant déjà été réservée). Le vendeur doit également garantir
l’acheteur de toute éviction par son fait personnel (ce qui peut impliquer une clause de non-
rétablissement).

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Paragraphe II : les obligations de l’acheteur
- Le paiement du prix :L’acheteur est tenu de payer le prix convenu. Il doit le payer à la
date convenue.
- La prise de livraison des marchandises :L’acheteur doit prendre livraison en
accomplissant les actes permettant au vendeur d’effectuer la livraison, puis il doit retirer les
marchandises. Il convient de noter que c’est la prise de livraison des marchandises qui détermine
le moment du transfert de la propriété et des risques.
Section III : Les effets du contrat de vente
Le contrat de vente entraine deux conséquences principales : le transfert de propriété et
le transfert de risques.Le transfert de propriété s’opère à la prise de livraison des marchandises
par l’acheteur et entraine par le même fait le transfert de risques.
Section IV : Inexécution du contrat et responsabilité
L’art. 281 al. 1 AUDCG dispose que : « Toute partie à un contrat de vente commerciale
est fondée à en demander au juge compétent la rupture pour inexécution totale ou partielle des
obligationsde l’autre partie ». Toutefois, la gravité du comportement d’une partie peut justifier
que l’autre y mette fin de façon unilatérale à ses risques et périls et sous réserve du respect d’un
préavis (fautede préavis, l’auteur de la rupture engage sa responsabilité même si la juridiction
admet le bien -fondée de la rupture).La partie qui impose ou obtient la rupture du contrat peut
obtenir en outre des dommages-intérêts en réparation de la perte subie et du gain manqué qui
découlent immédiatement et directement de l’inexécution.
NB : Il convient de noter que l’AUDCG a prévu des mécanismes de maintien du contrat
en cas d’inexécution pour éviter des rupture automatiques (les délais de grâce accordés à la
partie défaillante, la régularisation du contrat à travers la possibilité donnée à l’acheteur
d’acquérir des marchandises de remplacement, la réduction du prix proportionnellement entre
lavaleur de la marchandise non-conforme et la véritable valeur).
En définitive, le vendeur qui passe des contrats de vente à crédit bénéficie très souvent
des moyens de protection qui garantissent son paiement tel que le gage (contrat par lequel
unbien meuble est remis au créancier pour garantir le paiement de sa dette) et le droit de
rétention (sureté légale qui confère au créancier le droit de retenir la chose jusqu’à paiement
complet).

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EXERCICES D’APPLICATION
QUESTIONS THEORIQUES

Définir les mots et expressions suivants :Commerçant, entreprenant, acte de commerce par
nature, clause compromissoire, émancipation, déclaration d’activité, acte de commerce par
nature, acte de commerce mixte, nantissement, fonds de commerce, bail à usage professionnel,
concurrence déloyale ; location gérance.
1 – Quelles sont les conditions à remplir pour avoir la qualité de commerçant ?
2 – Enumérez deux actes de commerce par nature et deux actes de commerce par la forme
3 – Donnez trois critères qui distinguent le commerçant de l’entreprenant
4 – Que signifie principe de liberté du commerce et de l’industrie
5 – Quelles sont les obligations comptables du commerçant
6 - A quoi se résume le rôle du RCCM à l’égard du commerçant et de l’entreprenant ?
7 - Donnez deux limites liées au statut d’entreprenant
8 - Quelles sont les sanctions au non-respect des obligations du commerçant ?
9 - Quelles sont les obligations comptables de l’entreprenant ?
10 - Qu’entend-on par solidarité présumée en matière commerciale ?
11 - Comment la preuve se rapporte-t-elle en matière commerciale ?
12 - Peut-on indéfiniment avoir le statut d’entreprenant ? Pourquoi ?
13 - Quelles sont les conditions à remplir pour avoir le statut d’entreprenant ?
14 - Le commerce est-elle une activité libre au Cameroun ?
15 - Quels sont les avantages attachés à la qualité de commerçant ?

CAS PRATIQUE
Mr. DIDIER, expert-comptable agrée de profession, qui est d’ailleurs le meilleur dans
son domaine d’après les derniers sondages parus le 09 novembre 2016 dans la presse locale, veut
se lancer dans la vente du matériel de construction, pour selon lui augmenter sa fortune. Il vient
vous voir pour un avis de spécialiste avant de se lancer dans son nouveau business.
Questions :
1 - Quel(s) conseil(s) pouvez-vous lui donner ?
2 - AGNES, la femme de DIDIER, qui est par ailleurs haut fonctionnaire au ministère du
commerce, sachant que la loi interdit qu’elle exerce comme commerçante dans la même activité
que son mari, décide de se lancer individuellement dans la vente des voitures. Quel(s) conseil(s)

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pouvez-vous donner à AGNES ?
3 - Finalement, Mr. DIDIER qui trouve qu’il n’aura pas assez de temps décide que sa fille
MELANIE, brillante étudiante qui vient d’avoir son BTS à 20 ans va exercer ce commerce. Que
pouvez-vous en conclure ?
CAS PRATIQUE
Mr. YAYA, citoyen tchadien âgé de 35 ans veut se lancer dans l’exercice d’une activité
commerciale au Cameroun, notamment acheter les meubles de décoration au Bénin et venir les
vendre au Cameroun. Mais avant il voudrait avoir votre avis de spécialiste du droit commercial

Questions :
1- Mr. YAYA voudrait savoir si son accès à la profession commerciale est libre au
Cameroun ? Pourquoi ?
2 - Il mentionne par ailleurs qu’il est infirme et qu’il ne se déplace qu’en chaise roulante,
il voudrait savoir si cela constitue une incapacité d’exercer le commerce ? Pourquoi ?
3 - Ayant entendu parler de « l’entreprenant », il vous demande qu’est-ce-que cela
signifie ? (1pt).
CAS PRATIQUE
Mr. POKO, célèbre commerçant au marché Dakar à Douala décide de se lancer avec son
épouse JACQUELINE dans une nouvelle activité commerciale, à savoir acheter les téléphones
androïd au Gabon et venir les vendre au marché Dakar et à Ndokoti parce qu’il parait que ce
dernier marché est très florissant. Seulement, BERNADETTE, la meilleure amie de
JACQUELINE essaye de dissuader le couple en leur disant qu’elle a lu dans le journal
« Lesdernières news du marché », que l’homme et sa femme ne peuvent avoir le statut de
commerçant pour la même activité commerciale. Mr. POKO dépassé par la tournure des choses
apprend par hasard que vous êtes un spécialiste en droit commercial, il vient vous voir pour une
consultation juridique pour avoir le cœur net.
Questions
1 - Mr. POKO et son épouse peuvent-ils avoir chacun le statut de commerçant pour
l’activité commerciale qu’ils veulent entreprendre ensemble ? Pourquoi ?
2 - Mr. POKO tenant absolument que sa femme vende avec lui, vous demande quel autre
statut peut-elle avoir dans le cadre de l’activité envisagée puisqu’elle ne peut être commerçante ?
3- Pendant la consultation, vous avez employé l’expression « liberté d’entreprendre », il
vous demande qu’est-ce-que cela signifie ?
4 - A la fin de la consultation, il vous demande pour quelle(s) raison(s) a-t-on interdit que
les conjoints soient commerçants pour la même activité ?

CAS PRATIQUES
Cas pratique n° 1
Mr. IBO, riche opérateur économique est de plus en plus éprouvé par l’âge et souhaite
conclure un contrat de location-gérance pour ainsi se reposer. Il aimerait savoir :
1 - Dans quelle(s) mesure(s) la conclusion d’un contrat de location-gérance est possible ?
2 - S’il y a des risques à donner son fonds de commerce en location-gérance ?

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Cas pratique n°2
La BCG une banque panafricaine vient de nantir le fonds de commerce de Mme
NYANGO pour un prêt de 25 000 000 FCFA. A l’échéance convenu, cette dernière ne respecte
pas ses engagements, bien au contraire subissant des pressions des autres créanciers qui
réclament le paiement de leurs dettes diverses, elle vend son fonds de commerce à sa belle-sœur
NYAMSI.
Questions
1 - La BCG décide de porter l’affaire devant la justice. Quel est le tribunal compétent ?
2 - Après examen du tribunal, le fonds de commerce est récupéré et vendu afin de payer
les différents créanciers. Etant donné que l’un des créanciers réclame le paiement d’une dette
supérieure à celle de la BCG, cette dernière a-t-elle une chance d’être payée ? Pourquoi ?
3 - A supposer que le vente ait été parfaite entre Mme NYANGO et sa belle-sœur, la
BCG a-t-elle encore une chance de recouvrir sa créance ?

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