ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie

3,30 DT
Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9

lesafriques.com
Hebdomadaire international

FACE A L’EURO
LES MONNAIES
AFRICAINES
CAN 2015, LA GUINEE EQUATORIALE RELEVE LE DEFI

Parce que l’information a de la valeur

N° 310 - 12 au 18 février 2015

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL

SOMMAIRE

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

N° 310 - 12 au 18 février 2015

EDITORIAL
Maroc-Côte d’Ivoire
Franc CFA, la porte de l’indépendance 04 Attijariwafa bank apporte
BAROMÈTRE conseil et financement à 3
Dominique Strauss-Kahn, s’est présenté devant les juges du opérateurs
tribunal correctionnel de Lille pour répondre de
proxénétisme aggravé 06 Le groupe Attijariwafa bank, à
BRUITS DE MARCHÉ travers sa filiale la Société
Le prince Al Walid lance sa chaîne d’informations 08 Ivoirienne de Banque (SIB), renforce
ARRÊT SUR IMAGE
sa présence en Côte d’Ivoire. Il s’est
Forum franco-africain au ministère des Finances à Paris 12
VERBATIM 14
engagé à apporter conseil et
BANQUES & ASSURANCES financement à 3 grands opérateurs
SÉNÉGAL La leçon de Christine Lagarde pour réussir le PSE 16 économiques ivoiriens. 21
MAROC Saham Assurance lance Assur’Santé International 17
ETI rejette la compétence de
la juridiction togolaise du travail 18
400 milliards de f CFA d’Eximbank
Cameroun Vers la fin
pour l’eau potable au Cameroun 20 de la restructuration
MAROC-CÔTE D’IVOIRE Attijariwafa bank apporte conseil de la Commercial Bank
et financement à 3 opérateurs 21
ECOBANK-ORANGE Le processus de restructuration de la
Lancement d’un service de transfert d’argent 22 Commercial Bank-Cameroun (CBC) tire
CAMEROUN vers la fin, selon une source proche de
Vers la fin de la restructuration de la Commercial Bank 23 la Commission bancaire de l’Afrique
BOURSES & FONDS
centrale (Cobac), l’organe de
BÉNIN 15 milliards pour booster le microcrédit 24
MAURICE Transactions record à la Bourse de Port-Louis 25 régulation sous-régionale qui a placé
Hélios clôture son fonds de placement africain de 1,1 cette banque sous administration
milliard de dollars 26 provisoire depuis six ans. 23
Le Fonds norvégien d’investissement prend pied en Afrique 28
ENTREPRISES & MARCHÉS
ALGÉRIE Hydrocarbures, cacophonie autour des projets
Galsi et Nigal 30 Maroc
MAROC Vivo Energy exportera bien-
Une augmentation de +20,3% du trafic aérien avec l’Afrique 32 tôt vers 16 pays africains
MAROC Vivo Energy exportera bientôt vers 16 pays africains 33
Mazars rachète le cabinet d’intelligence économique GIP 34 Vivo Energy a décidé d’investir à partir
RISK MANAGEMENT de 2015 quelque 100 millions de dollars.
Des instituts pour insuffler une dynamique 36 Mohammed Raihani, DG de Vivo Energy,
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE a annoncé que la nouvelle usine de
CAN 2015 La Guinée équatoriale relève presque le défi 40
Casablanca sera opérationnelle en
AFRIQUE CENTRALE
Incertitudes au sujet du Sommet des chefs d’Etat 42 deuxième trimestre 2015. 33
AFRIQUE Le volume des flux financiers
illicites s'élève à plus de 60 Mrds de f CFA 43
ADDIS-ABEBA Robert Mugabe porté à la présidence de l’UA 44 Les monnaies africaines
TUNISIE Le nouveau gouvernement
d’Essid obtient la confiance du Parlement 45 face à l’euro
CAMEROUN Hausse des importations nigérianes 46
En Afrique, bon nombre de pays ont
ARRÊT SUR IMAGE Poignée de main entre le président
pris le soin d’inclure dans le panier de
ukrainien Petro Porochenko, la chancelière allemande
Angela Merkel et le président français François Hollande 48
devises composant leur monnaie une
DOSSIER proportion importante d’euros et/ou
Les monnaies africaines face à l’euro 50 de dollars, si elle n’est pas carrément
LE COIN DE L’EXPERT Pour Abdelaziz Bouteflika, l’exploitation arrimée à la devise européenne ou au
du gaz de schiste n’est pas à l’ordre du jour, une sage décision 64 dollar. Aujourd’hui, avec la crise
FOCUS NIGÉRIA-TCHAD-CAMEROUN grecque, le monde entier est dans
L’étau se resserre sur Boko Haram 68 l’expec-tative. Quid en Afrique, où on
RELATIONS INTERNATIONALES est entre appréhensions et
Rétrospective 2014 et perspectives 2015 72 opportunités ? 50-63
PIED DE LETTRE CAN 2015 et arrivèrent les hooligans… 74

12 février 2015 Les Afriques .3

ÉDITORIAL

Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication

Franc CFA,
la porte de l’indépendance

P
eut-on imaginer que le franc CFA
(Communautés financières d'Afrique)
créé en 1945, hérité de l’époque
coloniale, soit encore la monnaie
commune de plusieurs Etats d'Afrique ?
Beaucoup d’économistes le disent, les
mécanismes financiers sur lesquels repose cette N’est-ce pas «trop pour le petit âne» ? Surtout
monnaie coloniale, notamment la parité fixe avec le quand on sait que 75% des grandes entreprises
franc français au départ, et maintenant avec l'euro, françaises présentes en Afrique réalisent à elles
handicapent l’économie des pays africains. En effet, seules plus de 40 milliards d’euros de chiffre
pour garantir la valeur du franc CFA, des frais d’affaires.
exorbitants ont été payés au Trésor public français, Les institutions africaines, notamment les banques
dans le cadre du traité de Maastricht, sans compter centrales, ratent chaque jour l’occasion de mettre
l’obligation pour tous les pays de la zone f CFA de sur la table ce problème épineux. L’Afrique et ses
déposer au Trésor français 50% des devises issues de populations en souffrent. Le semblant de
leur commerce extérieur, entre autres. développement actuel n’est que poudre aux yeux.
Le franc CFA symbolise bien la mainmise de la L’Afrique ne peut pas avancer d’un point de vue
France sur l’Afrique, puisqu’il lui permet d’exercer structurel sans une indépendance financière. En
son influence au quotidien sur l’économie de 15 créant sa propre monnaie, gage d’une indépendance,
pays d’Afrique de l’Ouest (Uemoa) et de l’Afrique elle se donne toutes les chances pour son
Centrale (Cemac). Avec cette mise sous tutelle, la développement.
France, en appuyant sur un simple bouton, peut La création d’une monnaie unique et forte
décider de la valeur de la monnaie de tous ces pays. permettra à l’Afrique de prendre place dignement
La dévaluation du franc CFA en 1994 en témoigne. dans le concert des nations.

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, François
Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca,
Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Moha-
Responsable e-Marketing
Khalid Essajidi

Responsable Communication et Marketing

Groupe Les Afriques Edition & Communication medou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibra- Nada Benayad
SA au capital de 2’657’600.- CHF him Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis. n.benayad@lesafriques.com
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Commission paritaire : 1017 C 89135
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L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM

4 Les Afriques . 12 février 2015

BAROMÈTRE
Roi Mohammed VI
Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a chargé sa
sœur aînée, la Princesse Lalla Meryem de re-
mettre leurs décorations, aux 3 religieux ré-
cipiendaires, à l’Institut du monde arabe. Le
Roi du Maroc a décidé d’offrir des «wissams»
royaux à trois religieux français, un musul-
man, un juif et un chrétien, qui sont natifs
du Maroc.
Sergio Mattarella
EN FORME
Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été
élu président italien à l'issue du 4ème tour du
vote tenu par le Parlement italien. Sergio Mat-
tarella, âgé de 73 ans et membre de la Cour
constitutionnelle italienne depuis 2011, est
entré en politique en tant que chrétien-démo-
crate dans les années 1980, après la mort de son
frère, assassiné par la mafia sicilienne, et a été
ministre dans plusieurs gouvernements.
Marine Le Pen
La popularité de François Hollande grimpe
mais pas les intentions de vote pour le PS à la
prochaine élection présidentielle. Un sondage
crédite la présidente du Front national de
29% des voix, que le candidat PS soit Fran-
çois Hollande ou Manuel Valls et en imagi-
nant que le candidat UMP soit Nicolas
Sarkozy. Si Alain Juppé était le représentant
de l'UMP, le score de Marine Le Pen pourrait
se hisser à 32% des suffrages.
6 Les Afriques . 12 février 2015
Chiffres
246
MILLIARDS
D’EUROS Dominique Strauss-Kahn
L’ancien patron du FMI, Dominique Strauss-
Actifs sous gestion de Kahn, s’est présenté devant les juges du tribu-
Robeco en 2014 nal correctionnel de Lille pour répondre de
proxénétisme aggravé, presque quatre ans après
le scandale du Sofitel qui lui avait coûté sa car-
rière politique. Accusé d’avoir été au cœur d’un
réseau de prostitution mis en place par ses amis
du nord, l’ancien favori des sondages de la pré-
14 sidentielle 2012 se retrouve sur le banc des pré-
venus aux côtés de treize autres personnes.
MILLIARDS DE
DOLLARS
Bénéfices Google en 2014
5 Denis Sassou N’guesso
Denis Sassou N’guesso, chef d’Etat du Congo,
MILLIARDS DE a désapprouvé les conclusions des négocia-
EN PANNE
tions qu’il avait lui-même initiées au Kenya en
DOLLARS décembre 2014 sur la stabilité en Centrafrique.
Emission obligataire Apple Le président congolais affirme que les négo-
ciations qu’il avait lui-même entamées à Nai-
robi «ne vont pas dans le bon sens. En
décembre dernier, il avait sollicité de son ho-
mologue kényan de la tenue à Nairobi «des né-
gociations informelles entre les leaders des
2 groupes armés centrafricains».
MILLIARDS DE
DOLLARS
Investissements Apple
dans un centre de
données en Arizona
Abubaker Shekau
De villageois désœuvré, né dans l’Etat de Yobe
au Nigéria, Abubaker Shekau s’est retrouvé en
1,37 quelques mois à la tête d’un petit émirat isla-
mique. De trainard dans le quartier misérable
MILLIARD DE de Mafoni à une hypothétique formation en
théologie à Médine en Arabie saoudite, en pas-
DOLLARS sant par sa rencontre avec le prédicateur fonda-
Amende à S&P dans la mentaliste Mohamed Yusuf, fondateur de la
surévaluation de secte Boko Haram, le chef actuel de Boko
subprimes Haram, va de déroute en déroute.
Gaz et or, le niet de l’exécutif grec Agenda
Le projet de privatisation de la compagnie de Marrakech : 2ème édition
gaz publique DEPA et l'exploitation du gise-
ment de la mine d'or de Skouries, dans le
d’Afrisanté
Le Forum Afrisanté, à l’initiative de i-confé-
nord du pays, par un groupe canadien seront
rences, événement annuel et régional du
suspendus par le nouveau gouvernement
secteur de la santé en Afrique du Nord, de
grec. En réalité, le premier projet sera annulé, tandis que l’attribution
l’Ouest et centrale, organisé sous l’égide du
de la concession au groupe canadien Eldorado Gold a été suspendue.
ministère de la Santé du Royaume du Maroc,
Confirmation du ministre grec de l'Energie Panagiotis Lafazanis.
sera organisé les 25 et 26 février à Marra-
kech. Après le succès de la précédente édi-
Un magnat de l’énergie verte, tion, FAS 2015 revient pour une nouvelle
édition riche en échanges et networking.
homme le plus riche de Chine
Li Hejun, fondateur et président de la société
Hanergy (panneaux solaires, éoliennes et hy- Maroc : Casablanca abrite le 1er
droélectricité) a vu sa fortune triplée en un Salon de l’entreprise en Afrique
an. Avec un pactole estimé à 26 milliards de
Hubafrica, le premier Salon des entrepre-
dollars, il supplante Jack Ma, fondateur du
neurs et de l’entreprise en Afrique, sera
géant du commerce électronique Alibaba, et
devient l’homme le plus riche de Chine. C’est organisé à Casablanca, les 2 et 3 avril. Il
du moins ce qui est ressorti du rapport s’agit d’un rendez-vous des dirigeants et
Hurun publié mardi dernier. A l’échelle mon- des chefs d’entreprise avec plus de 60
diale, il est passé du 108e au 28e rang des per- rencontres B to B et des conférences.
Li Hejun sonnes les plus fortunées du monde.
Tunisie : Le Forum social
Le milliardaire Albert Frère lâche du lest mondial 2015
A la veille de ses 89 ans, Albert Frère, milliardaire belge (4 milliards de
$), a informé le président du Conseil d'administration du groupe diversi-
fié Groupe Bruxelles Lambert (GBL) de ne pas solliciter le renouvelle-
ment de son mandat d'administrateur, lors de l'Assemblée générale
ordinaire du 28 avril prochain, et de renoncer dès lors à ses fonctions de
CEO à l'issue de celle-ci. GBL est la holding phare d'Albert Frère,
390ème fortune mondiale, selon le classement Forbes. Le groupe pos-
sède des participations importantes dans des valeurs françaises comme
Total, GDF Suez, Suez Environnement, Pernod Ricard ou Lafarge.

La Tunisie va recevoir l’édition 2015 du

Cours des monnaies et devises
100 dinars Algérie (DZD) = 1,078 $
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,681 $
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,969 $
100 livre Egypte (EGP) = 13,402 $
100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,885 $
100 cedis Ghana (GHS) = 30,047$
100 shillings Kenya (KES) = 1,071 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,086 $
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,407 $
100 ariarys Madag (MGA) = 0,034 $
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,337 $
100 roupies Maurice (MUR) = 2,928 $
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,213 $
100 kwachas Zambie (ZMK) = 0,018 $
100 dinars Libye (LYD) = 74,821 $
100 dollars Namibie (NAD) = 8,681 $
100 nairas Nigéria (NGN) = 0,518 $
100 shillings Somalie (SOS) = 0,135 $
100 leones S. Leone (SLL) = 0,023 $
100 dinars Tunisie (TND) = 51,588 $
100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,053 $
100 shillings Ougan (UGX) = 0,034 $
100 francs Zone CFA = 0,171 $
Forum social mondial. La décision du
Conseil international d’organiser l’édition
2015 à nouveau en Tunisie a été prise lors
de la réunion de Casablanca en novembre
dernier. Elle répond à une demande formu-
lée par les mouvements sociaux régionaux
et internationaux.
Abidjan : Le Sara de retour
en avril 2015
Le Salon international de l'agriculture et des
ressources animales d'Abidjan (Sara) se tien-
dra du 3 au 12 avril autour du thème «Promo-
tion de l'investissement agricole». Le Sara
2015 attirera 600 à 800 exposants et près de
500 000 visiteurs avec un budget institution-
nel estimé à 500 millions de f CFA.

12 février 2015 Les Afriques .7

BRUITS DE MARCHÉ
Liu Jieyi,
représentant permanent de la Chine auprès de l'ONU
Le prince Al Walid lance sa chaîne
d’informations
Al Arab est la nouvelle chaîne d’informations interna-
tionales du prince Al Walid d’Arabie saoudite. La
chaîne a été lancée le 1er février. La diffusion par sa-
tellite a commencé à partir de son siège de Bahreïn.
Installée à Bahreïn, la chaîne saoudienne emploie 280
personnes dans 30 pays. Le bureau de Riyad sera le
plus important avec une vingtaine d'employés, selon
Jamal Khashoggi, directeur général de la chaîne.
«L'agence financière américaine Bloomberg partagera
ses ressources journalistiques avec Al Arab, ce qui per-
mettra à la chaîne saoudienne de fournir cinq heures
d'informations économiques par jour», a ajouté l'an-
cien rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-
Watan, Khashoggi dans un communiqué. «Al Arab» se
positionne en tant que concurrent direct de la chaîne
qatarie Al-Jazeera et devra également se frotter aux
canaux plus récents comme Al-Arabiya, Sky News Ara-
bia, France 24 et la BBC en arabe.
Prince Al-Walid Ben Talal
8 Les Afriques . 12 février 2015
La Chine assume la présidence tournante
du Conseil de sécurité de l'ONU
La Chine assume depuis le 1er février la présidence tour-
nante du Conseil de sécurité de l'ONU pour le mois de
février. Liu Jieyi, représentant permanent de la Chine
auprès de l'ONU, a succédé à la présidence tournante à
Cristian Barros Mellet, représentant permanent du Chili
auprès de l'ONU. La présidence du Conseil de sécurité
de l'ONU tourne chaque mois entre les pays siégeant
dans l'organe en charge de la paix et de la sécurité mon-
diales, sur la base de l'ordre alphabétique des noms des
différents pays. La Chine, membre permanent du
Conseil de sécurité, avait assumé la présidence tournante
du conseil en novembre 2013.
Mauritanie : Grève des ouvriers de la
plus grande société industrielle
Les ouvriers de la plus grande société industrielle, la Société
nationale industrielle et minière (SNIM, qui produit le fer
mauritanien), ont observé dernièrement une grève depuis 48
heures, paralysant l'exploitation des mines de fer du nord de
la Mauritanie, principal poumon de l'économie du pays. Les
ouvriers ont multiplié leurs activités de protestations ces
derniers jours dans la ville minière de Zouerate (plus de 600
km au nord de Nouakchott) pour, disaient-ils, «exiger de
meilleures conditions de vie et de travail et protester contre
le mépris affiché à leur égard par la direction de la SNIM».
Boko Haram : le Cameroun abritera un
sommet extraordinaire de la Ceeac
Les autorités camerounaises s’apprêtent à accueillir un som-
met extraordinaire de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique centrale (Ceeac) consacré à la guerre
contre Boko Haram, le 16 février à Yaoundé, décidé lors
d’une concertation organisée en marge d'un sommet de
l'Union africaine (UA) tenu les 30 et 31 janvier à Addis-
Abeba en Ethiopie. Autour du Tchadien Idriss Deby Itno,
président en exercice de la Ceeac, la rencontre tenue dans la
capitale éthiopienne a examiné la situation sécuritaire
posée, hors des frontières du Nigéria, par la secte islamiste
nigériane au Cameroun, membre de cette organisation ré-
gionale avec l'Angola, le Burundi, le Congo, le Gabon, la
Guinée équatoriale, la République centrafricaine (RCA), la
République démocratique du Congo (RDC), le Tchad.
Tunisie : Candidature of- Russie : Révision à la baisse de la croissance
ficielle de Jalloul Ayed à économique pour 2015
la présidence de la BAD Le ministère russe du Développement éco-
Le ministre de l'Economie et des fi-
nances, Hakim Ben Hammouda, a an-
noncé que la Tunisie a officiellement
déposé la candidature de Jalloul Ayed
à la présidence de la Banque afri-
caine de développement (BAD).
Hakim Ben Hammouda précise dans
une déclaration relayée par l’agence
tunisienne de presse que plusieurs
pays actionnaires de la BAD ont sou-
tenu le candidat tunisien. Pour rap-
pel, la prochaine Assemblée annuelle
de la banque se tiendra, en mai 2015,
à Abidjan, afin d'élire un président,
ajoute le ministre.
Le Cameroun lance le proces-
sus de création d’une entre-
prise de transport de
l’électricité
Le gouvernement camerounais vient
de lancer un appel à manifestation
d’intérêt, en vue du recrutement de
consultants «pour l’appui technique à
la réorganisation du secteur de
l’électricité au Cameroun», notam-
ment, dans sa composante création
d’un Gestionnaire du réseau de trans-
port public de l’électricité (GRT). Les
offres des soumissionnaires à cette
prestation sont attendues à la direc-
tion de l’électricité du ministère ca-
merounais de l’Energie et de l’Eau, à
Yaoundé, au plus tard le 13 février
2015. Pour rappel, selon les experts,
la création d’une entreprise publique
dédiée au transport de l’électricité
au Cameroun permettra de gérer plus
efficacement le réseau de transport,
dont l’état actuel occasionne d’im-
portantes pertes préjudiciables aussi
bien au concessionnaire du service
public de l’électricité (Eneo), qu’aux
entreprises et aux ménages. En effet,
une étude de l’Agence de régulation
du secteur de l’électricité (Arsel) éva-
lue à environ 6,5% la quantité
d’énergie électrique perdue au Came-
roun, dans le processus du transport.
nomique a révisé les prévisions écono-
miques du pays pour 2015 et a prévu que le
produit intérieur brut (PIB) de la Russie di-
minuera de 3% cette année, en raison du
prix du baril de pétrole à 50 dollars améri-
cains. S'appuyant précédemment sur un
prix du pétrole conjecturé à 80 dollars
américains le baril, le ministère avait estimé que le PIB du pays baisserait
en 2015 d'environ 0,8%. «Bien que les prévisions consensuelles indiquent des
estimations supérieures, nous tenons compte des chiffres les plus prudents», a
déclaré le ministre du Développement économique Alexeï Oulioukaïev. Le
ministre a également déclaré s'attendre, en 2015, à un taux annuel d'infla-
tion de 12%, alors que selon l'estimation de décembre, il devait atteindre
7,5 %. Ces dernières estimations font partie des prévisions économiques
révisées pour 2015 et soumises au gouvernement pour approbation.
BMCE Bank réorganise sa banque
d’affaires
BMCE Bank, maison mère du groupe ban-
caire Bank of Africa (BOA), vient de finali-
ser la réorganisation de son pôle de
banque d’affaires en Afrique autour d’une
plateforme ad hoc basée à Casablanca. Le
troisième groupe bancaire marocain va re-
grouper les 2 entités Actibourse et BOA
Asset Management, qui sont respective-
ment les filiales spécialisées de l’intermé- Li Ka-shing
diation boursière et de gestion d’actifs du
groupe BOA, au sein de la holding BOA Ca- Hong Kong :
pital. L’opération s’est matérialisée par Le multimilliardaire Li Ka-
une augmentation du capital de BOA Capi- shing se tourne vers l'Europe
tal entièrement réservée au groupe BOA à Connu pour son sens aigu des affaires
hauteur de 34 milliards de dirhams maro- et sa propension à investir exactement
cains (1 dirham = 0,092 €), en contrepartie au bon moment, le multimilliardaire
de son apport de 95% du capital d’Acti- hongkongais Li Ka-shing est en train de
bourse et de 100% du capital de BOA se détourner d'une Chine qui s’essouf-
Asset Management. fle et cherche à faire son marché en Eu-
rope. Li Ka-shing et son vaste empire
symbolisé par un gratte-ciel en verre de
63 étages sont emblématiques de l’an-
cienne colonie britannique. Chaque
jour, ses décisions affectent ses sept
millions d'habitants. Aujourd’hui, il
semble s’intéresser davantage à l'exté-
rieur, comme en témoigne l'annonce ré-
cente de «discussions exclusives» en
vue du rachat de l'opérateur britan-
nique de téléphonie mobile O2, pour un
minimum de 12,1 milliards d'euros.
12 février 2015 Les Afriques .9
BRUITS DE MARCHÉ

Grèce : Martin Schulz, 1er représentant

de l’UE à visiter Athènes
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, est allé
à Athènes pour rencontrer le nouveau Premier ministre grec,
Alexis Tsipras. Martin Schulz est le premier représentant de
l'Union européenne à rencontrer les membres du nouveau
gouvernement grec. Alexis Tsipras a salué la visite hautement
symbolique du président du Parlement européen. Pendant la
réunion, les deux dirigeants ont discuté des solutions à la
dette grecque. C'est une visite sous haute surveillance. Les
observateurs craignent un conflit entre le gouvernement de
gauche de la Grèce et les prêteurs du sauvetage financier. La
Grèce avait réussi à inquiéter les marchés boursiers, en man-
quant à sa parole sur une série d'engagements budgétaires
Martin Schulz clés, qui garantissait 240 milliards d'€ de prêts de secours.

Maroc : Mazars finalise le rachat Nairobi, première ville africaine dans

de GIP
Mazars, le cabinet international de conseil et des ser-
vices comptables, fiscaux et juridiques, vient de para-
chever le rachat de Global Intelligence Partners (GIP),
la société basée à Rabat spécialisée dans le conseil en
stratégie, la veille informationnelle et l’intelligence
économique. A travers l’acquisition de la totalité des
actions de GIP, Mazars reprend le large portefeuille
clients de la société implantée à Rabat. Au cours des
dernières années, les prestations de services de GIP ont
en effet englobé d’importants organismes privés et pu-
blics, au Maroc aussi bien qu’en Afrique de l’Ouest.
Selon le cabinet international qui dispose lui-même de
quelque 150 collaborateurs au Maroc, le potentiel de
développement de GIP et l’expertise de ses équipes ont
aussi été déterminants dans sa décision de rachat.
10 Les Afriques . 12 février 2015
le classement 2015
Dans son classement 2015 des 21 villes les plus intelligentes du
monde, Smart21, Intelligent Community Forum, le think-tank
qui étudie le développement économique et social des com-
munautés du 21ème siècle, a désigné Nairobi, la capitale du
Kenya, comme la première ville africaine intelligente du conti-
nent. Les villes sont désignées en fonction de trois critères que
sont l’innovation, l’éducation et la technologie, dans la résolu-
tion des problèmes de la communauté. Enfin, les efforts des
autorités pour faciliter l’inclusion numérique des populations
à Nairobi et dans le reste du pays sont une raison de plus qui
justifie la sélection de la capitale kenyane dans ce palmarès.
Angola : Lucapa Diamond organise la troi-
sième vente des diamants de Lulo en février
Lucapa Diamond Company Ltd, listée sur ASX, recherche l’aval
des partenaires de son projet de diamant en Angola pour orga-
niser en février 2015 la troisième vente aux enchères des dia-
mants de sa concession angolaise Lulo. «Un lot de diamants
d'environ 1 500 carats ferait l'objet de cette vente», a dit la com-
pagnie diamantifère qui a vendu à ce jour deux lots de diamants
bruts, 371,35 carats et 496,2 carats, pour un montant global de
6 millions de dollars australiens, soit une moyenne de prix ex-
ceptionnelle de 7 000 dollars par carat. Lucapa Diamond Com-
pany possède, en Angola, la concession Lulo de 3 000 km2 dans
la province de Lunda Norte et détient une licence d’exploita-
tion, pour 35 ans, du diamant alluvial sur une zone de 218 km2
couvrant plus de 50 km de la rivière Cacuilo à Lulo.
Espagne : 100 000 personnes manifestent à
Madrid pour soutenir le parti Podemos
Des centaines de milliers de sympathisants du parti de gauche espa-
gnol Podemos sont descendus dans les rues de Madrid pour partici-
per à une manifestation organisée par le parti. 100 000 personnes,
selon les estimations de la police, notamment les passagers des plus de
260 autobus qui ont gagné la capitale depuis toutes les régions d'Es-
pagne, ont participé à ce que l'on a appelé «la marche pour le change-
ment». Cette manifestation peut être considérée comme la première
étape de la campagne pour les élections municipales, régionales et lé-
gislatives menée par Podemos, qui a des liens étroits avec le parti grec
Syriza, au pouvoir à Athènes depuis la semaine dernière. C'est égale-
ment le point d'orgue d'une année incroyable pour une formation
politique créée il y a à peine un an par Pablo Iglesias, un ancien universitaire, et dominant aujourd'hui les son-
dages d'opinion devant le parti populaire (PP) au pouvoir et le parti socialiste (PSOE) qui, à eux deux, ont gou-
verné l'Espagne sous une forme ou une autre depuis la mort de Franco en 1975. L'arrivée de Podemos sur la
scène politique, lorsque le parti a remporté 5 sièges aux élections européennes en mai 2014, a provoqué un choc.

Afghanistan : Plus de 95 morts
dans des explosions et attentats
en janvier 2015
En janvier, plus de 95 personnes ont été
tuées et près de 190 autres blessées, dont
une majorité de civils, dans des explosions
et des attentats talibans en Afghanistan
depuis que les forces de sécurité afghanes
sont de nouveau entièrement responsa-
bles de la sécurité du pays, selon des res-
ponsables. D'après les statistiques, plus
de 35 attentats à la bombe ont eu lieu le
mois dernier, dont une dizaine d'attentats-
suicides impliquant 14 kamikazes. Outre
les attentats-suicides, 23 explosions en
bord de routes ont été déclenchées à dis-
tance dans le pays le mois dernier. Les tali-
bans ont intensifié leur offensive ces
derniers mois, au terme du processus de
transition sécuritaire de quatre ans qui
s'est achevé le 31 décembre 2014. Depuis
le 1er janvier 2015, les troupes de l'OTAN
sont passées d'un rôle de combat à un rôle
d'appui axé sur la formation, l'aide et le
conseil aux troupes afghanes.
Nigéria : Dangote installe la plus
grande unité de transformation de
tomates en Afrique
Au Nigeria, les producteurs de tomates
de l’Etat de Kano pourraient bien en
finir avec les problèmes de débouchés
pour leurs fruits. En effet, l’entrée en
activité de la Dangote Tomato Proces-
sing Factory (DTPF), une unité de trans-
formation lancée par le tycoon
absorbera leur production. Dotée d’une
capacité de transformation de 1 200
tonnes/j, l’infrastructure qui est dé-
crite comme la plus grande usine de
son genre en Afrique constitue une au-
baine pour la région, estime Ashwin
Patil un des ingénieurs agronomes de
la compagnie. L’infrastructure partici-
pera à la professionnalisation de la fi-
lière et pourrait à terme contribuer à
assurer l’autosuffisance du pays en ce
qui concerne la tomate.
RDC : Ban Ki-Moon réclame
des résultats concrets contre
les rebelles
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-
moon s'est félicité de l'annonce par le
gouvernement de la RD Congo du début
des opérations militaires contre les re-
belles des FDLR et a souhaité des résul-
tats concrets. Malgré les progrès
réalisés par les Forces armées de la RDC
(Fardc), soutenues par la Mission des
Nations unies en RDC (Monusco), pour
mettre fin aux activités des groupes
armés et protéger les civils, des dizaines
de civils ont été tués ces derniers mois
dans la région de Beni», a déclaré Ban
Ki-moon. «Cette tragédie montre com-
bien il est important d'éradiquer tous les
groupes armés illégaux de la région. Je
salue votre détermination à user de la
force militaire contre les FDLR», a indi-
qué Ban Ki-moon, cité dans un commu-
niqué de l'ONU.

Aliko Dangote Ban Ki-Moon

12 février 2015 Les Afriques . 11

ARRÊT SUR IMAGE

France
Le 6 février 2015. Forum franco-
africain au ministère des
Finances à Paris. De gauche à
droite : Michel Sapin, ministre
français des Finances, Alassane
Ouattara, président de Côte-
d'Ivoire, François Hollande,
président français, Ali Bongo,
président du Gabon et Macky
Sall, président du Sénégal.

12 Les Afriques . 12 février 2015

12 février 2015 Les Afriques . 13
VERBATIM
Etat
«L'Autorité nationale pales-
tinienne (ANP) a été établie
dans le but d'amener le peu-
ple palestinien depuis un
statut où il est sous occupa-
tion à un statut, où il a l'in-
dépendance et dispose d'un
Etat… Toutes les puissances sur terre ne permettront
pas de revenir en arrière»
Saeb Erekat, négociateur en chef palestinien.
Euro
«La France jouera son rôle
en tant que nation amie de
la Grèce… Aucun pays ne
pourrait sortir de l'impasse
économique actuelle sans
réaliser une croissance né-
cessaire… C’est d'autant plus
vrai pour la Grèce»
Michel Sapin, ministre français des Finances.
Troubles
«48,9% des Marocains
souffrent ou ont déjà souf-
fert de troubles psy-
chiques… La création
prochaine de trois hôpitaux
psychiatriques régionaux
afin d’atteindre 3 400 lits
au lieu des 2 453 lits existants actuellement»
Houcine El Ouardi, ministre marocain de la Santé.
Terrorisme
«Le Japon est fermement ré-
solu à prendre ses responsabi-
lités en lien avec la
communauté internationale
pour combattre le terrorisme»
Shinzo Abe, Premier ministre
japonais.
Destin
«En tant que pays africains,
nous devons être totalement
indépendants et prendre nos
décisions sur notre destin…»
Jacob Zuma, président de
l’Afrique du Sud.
14 Les Afriques . 12 février 2015
Justice
«Nous avons décidé d'instaurer une
complémentarité entre les deux jus-
tices (Maroc-France). On a décidé
aussi de respecter les attributions et
la souveraineté de chacune des
deux justices»
Mustapha Ramid, ministre marocain
de la Justice.
Légion
«Nous parlons souvent de l’armée
ukrainienne. Mais en réalité, qui est-
ce qui combat ? Effectivement, il
s’agit en partie d’unités officielles des
forces armées, mais également de ba-
taillons nationalistes de volontaires.
En réalité, ce n’est même pas une
armée, c’est une légion étrangère, en l’occurrence une légion
étrangère de l’OTAN, qui ne s’occupe sûrement pas des inté-
rêts nationaux de l’Ukraine»
Vladimir Poutine, président russe.
Budget
«Plus de 70% de notre budget vient
de l’extérieur. Ce n’est pas tenable !»
Le nouveau président de l’UA, Ro-
bert Mugabe.
Désespérés
«Nous devrions commencer par
nous centrer sur l’application de la
loi à l’égard des gangs criminels qui
s’en prennent aux migrants mais
nous devons aussi créer des filières
sûres pour les migrants désespérés
qui cherchent à se réfugier. Parmi ces
migrants figurent des demandeurs d’asile qui fuient la ter-
reur des fondamentalistes islamistes et l’oppression politique
ou des migrants vulnérables victimes de traite ou d’autres
mauvais traitements»
William Lacy Swing, directeur général de l’OIM.
Transformation
«La Chine sera un partenaire clé
dans notre quête noble d'une trans-
formation via l'industrialisation et
le développement des infrastructures
modernes telles que le réseau ferro-
viaire à haute vitesse, l'autoroute, les
ports et les infrastructures ICT»
Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l'UA.
BANQUES & ASSURANCES

Implantation de
SÉNÉGAL La leçon de Christine la Rand Merchant
Lagarde pour réussir le PSE Bank au Ghana
La banque sud- africaine Rand Mer-
Le Sénégal reste en bas du classement par rapport à chant Bank (RMB) compte s’im-
ses pairs africains pour ce qui est du climat des planter au Ghana à partir du mois
de juin 2015. RMB deviendrait ainsi
affaires, a affirmé Christine Lagarde, directrice la 28ème banque universelle du mar-
générale du Fonds monétaire international, vendredi 30 ché ghanéen. Confirmation de Mi-
chael Larbie, directeur général et
janvier à Dakar, dans le cadre de sa mission au Sénégal. directeur régional de RMB pour
l’Afrique de l’ouest, qui a précisé
que la banque avait reçu un accord
de principe sur l’octroi de licence
pour débuter des activités de
banque universelle au Ghana. Pro-
fitant de la présentation de l’état des
travaux de construction d'une cen-
trale thermique de 350 mégawatts
(MW) au Ghana, dont RMB a joué
un rôle de premier plan dans la
mobilisation des financements. A
cela s’ajoutent des investissements
importants dans l'immobilier et
dans d'autres projets publics au
Ghana. «Nous avons une très
grosse activité immobilière ici, et
nous avons beaucoup de projets
immobiliers», a-t-il dit, citant
parmi eux les sièges de la Stanbic
Bank et de la Agricultural Deve-
lopment Bank ainsi que des centres
commerciaux à Accra et Kumasi.

L Daraja Microfinance
a directrice du FMI, Christine
Lagarde, n'a pas pris de gants
pour expliquer la petite forme
de l'économie sénégalaise qui peut
bien faire des progrès. «C'est bien pos-
sible, mais il faut corriger certains
points pour y arriver. Les conséquences
sont énormes», a reconnu la directrice
du FMI. Les griefs ne manquent pas.
Car Lagarde estime que les investis-
sements directs étrangers au Sénégal,
ces dernières années, ont stagné aux
alentours de 2 % du Produit intérieur
brut (PIB). «C’est bien moins que les 7
% du PIB enregistrés dans beaucoup
de pays à faible revenu ou à revenu in-
termédiaire d’Afrique subsaharienne»,
confesse-t-elle.
Pour corriger les impairs, il est pré-
conisé d’élargir la portée des ré-
formes réglementaires qui ont été
enclenchées afin d’attirer un inves-
tissement étranger indispensable.
Loin d'être la voie royale, la patronne
du FMI indique le soutien accru à la
création des petites et moyennes en-
treprises en vue de permettre aux
jeunes d'obtenir des emplois pro-
ductifs dans le secteur formel.
La DG du FMI a exhorté les autorités
sénégalaises à partager les bienfaits de
la croissance et d'encourager le po-
tentiel du capital humain surtout
chez les jeunes, vecteur de croissance
durable. Au cours de sa mission de
trois jours au Sénégal, Christine La-
garde a été reçue par le Premier mi-
nistre et le président de l'Assemblée
nationale avant d'animer un débat
public sur l'économie inclusive.
Ismael Aidara,
Dakar
Christine Lagarde,
DG du FMI
Bank obtient sa
licence au Kenya
La Banque centrale du Kenya (CBK)
vient d’accorder une licence à Da-
raja Microfinance Bank Ltd. Daraja
Microfinance Bank (MFB) devient
10ème banque de microfinance à
l'échelle nationale. A noter que le
paysage des banques de microfi-
Partager les nance au Kenya comprend Faulu
bienfaits de la Kenya MFB, Kenya Women MFB,
SMEP MFB, Remu MFB, Rafiki
croissance et MFB, Century et MFB Sumac MFB
encourager le et les deux MFB communautaires, à
potentiel du savoir Uwezo MFB et U & I MFB. A
noter que Daraja MFB est une so-
capital ciété en commandite par actions au
humain. Kenya et a l’intention d’opérer dans
Division Dagoretti, Nairobi.

16 Les Afriques . 12 février 2015


MAROC Saham Assurance lance
Assur’Santé International
Le groupe Saham Assurance a annoncé le 2 février à
Casablanca le lancement d’un nouveau contrat
d’assurance (couverture complète des frais
d’hospitalisation). Assur’Santé International devait être
opérationnel le 6 février en partenariat avec NextCare.
L Augmentation de
a compagnie d’assurance ma-
rocaine Saham Assurance élar-
git la gamme de ses produits
avec le lancement d’un nouveau
contrat d’assurance. Le produit As-
sur’Santé International offre une cou-
verture complète des frais
d’hospitalisation au Maroc et dans le
monde. Pour Mehdi Tazi, président-
directeur général de Saham Assurance
Maroc : «Un grand nombre de ménages
se retrouve, en cas de coup dur, dans
l’incapacité totale de supporter les frais
liés à une hospitalisation. Ce contrat
s’adresse également aux chefs d’entre-
prise soucieux de la santé de leurs em-
ployés». Selon les propos de Mehdi
Tazi, Saham Assurance propose aux
Marocains, individus ou entreprises,
la possibilité d’avoir une assurance
maladie avec une couverture à l’inter-
national pour toute hospitalisation.
«Ce contrat d’assurance santé nouvelle
génération permet à chaque souscrip-
teur et à sa famille de bénéficier d’une
couverture complète des frais d’hospi-
talisation au Maroc et dans le monde,
ainsi que de soins ambulatoires à
l’étranger. En plus d’un contrat indi-
viduel, Assur’Santé International pro-
pose un Contrat groupe qui s’adresse
aux entreprises de plus de 10 salariés»,
informe Saham Assurance.
Par ailleurs, Assur’Santé Internatio-
nal sera commercialisé en partena-
riat avec NextCare, un leader de la
gestion des services de soins de
santé dans la région MENA, qui dis-
pose d’un très large réseau de pres-
tataires de soins conventionnés à
travers le monde.
NextCare est membre du groupe Al-
lianz, avec 2 millions d’assurés. Il est
le premier prestataire mondial de
services financiers.
Sanae Taleb, Casablanca
Accord de
coopération CFC –
Finance Montréal
Afin de développer leur coopération
en matière de services financiers, Fi-
nance Montréal et Casablanca Fi-
nance City Authority (CFCA)
viennent de signer un protocole
d’accord. Confirmation d’Eric Le-
mieux, directeur général de Finance
Montréal, pour qui la conclusion de
cette entente constitue un pas im-
portant dans l’internationalisation
de la place financière du Québec,
ainsi que celle du Maroc. Il a juste-
ment indiqué que leur vision est
celle d'un partenariat à long terme
qui permettra aux institutions fi-
nancières du Québec de miser sur le
potentiel de croissance de l'Afrique.
Déjà la coopération entre les deux
organismes va porter notamment
sur le partage d'expertise en matière
de produits dérivés, de gestion des
retraites, de financement des projets
d'infrastructures et de gestion des
risques financiers, l’organisation
d'événements et la facilitation des
relations entre les organismes insti-
tutionnels régissant le secteur fi-
nancier dans les deux places.
capital à Access
Bank Nigeria
Herbert Wigwe, directeur général
d’Access Bank, a invité les investis-
seurs à financer des projets dans son
pays, vu les bons retours sur investis-
Un grand sements. Access Bank compte lever
nombre de dans une opération d’augmentation
de capital 52,6 milliards de nairas. De
ménages se son avis, les investisseurs gagneraient
retrouve, en à se positionner sur une telle offre,
cas de coup compte tenu des fondamentaux so-
dur, dans lides de la banque et des stratégies en
place pour offrir de hauts rende-
l’incapacité ments aux investisseurs. Justement,
totale de le directeur général de la banque les
supporter les a invités à se focaliser plus sur les fon-
damentaux que sur le prix de l'ac-
frais liés à une tion, sachant que l’objectif avoué est
hospitalisation. de figurer parmi les 3 premières
banques du Nigéria en 2017.
12 février 2015 Les Afriques . 17
BANQUES & ASSURANCES
ETI rejette la compétence de la juridiction
togolaise du travail
Ecobank Transnational Incorporated (ETI), la maison
mère du groupe Ecobank, interjette appel contre la
décision d'un tribunal togolais du travail qui a alloué 11,6
millions de $ américains à son ex-DG, Thierry Tanoh, et
maintient le bien-fondé du licenciement de Tanoh.
L
es choses se corsent. Le groupe
panafricain Ecobank ne lâche
pas prise dans le litige qui l'op-
pose à l'ancien locataire de la bâtisse
bleue de Lomé. Dans un communiqué
qui fait office de déclaration officielle
du porte-parole du groupe Ecobank,
parvenu aux Afriques, la mégabanque
panafricaine estime qu’«autant que
cette décision soit décevante, elle n'en est
pas surprenante». L'ancien DG, l'Ivoi-
rien Thierry Tanoh avait recouru à la
juridiction d'Abidjan pour réparer les
préjudices subis suite à un licencie-
ment qu'il qualifie d'abusif.
Maintien du bien-fondé
du licenciement
ETI ne reconnaît pas la légalité de la
décision rendue par la juridiction to-
golaise parce que celle-ci est dépour-
vue de toute compétence territoriale à
l’égard d’un litige né de l’exécution du
contrat de Tanoh. En signant ce
contrat avant sa prise de fonction
comme directeur général du groupe
18 Les Afriques . 12 février 2015
Ecobank en juillet 2012, Tanoh avait la
parfaite connaissance de ce qu’il était
régi par la loi britannique. Le contrat
stipule expressément que tous diffé-
rends seront tranchés à Londres par
voie arbitrale par un arbitre désigné
par le président de la Chambre arbi-
trale internationale de Paris. Le contrat
attribue donc la compétence exclusive
en la matière aux juridictions britan-
niques. Tanoh, qui est de nationalité
ivoirienne et qui jouissait durant son
mandat en qualité de directeur géné-
ral du groupe, d’un statut de résident
permanent aux Etats-Unis, a expressé-
ment rejetté ces clauses contractuelles,
préférant en lieu et place la saisine
d’une juridiction togolaise, pour des
raisons dont lui seul aurait le secret.
«C’est la seconde fois, en l’espace de
quelques mois, que Tanoh tente par
tous moyens de droit d’extorquer à
Ecobank des montants substantiels sur
le fondement des réclamations qui se-
raient déclarées irrecevables par bon
nombre de juridictions.»
Bank Windhoek
octroie des bourses
Bank Windhoek a attribué des
bourses à 4 étudiants namibiens
pour étudier dans des établisse-
ments reconnus en Afrique du
Sud. Les bourses, d'une valeur
combinée de 270 915 dollars na-
mibiens, couvriront les frais de
scolarité, les manuels scolaires
prescrits, les frais d'inscription et
les frais d'examen. Confirmation
d’Elize Fahl, DRH du groupe de la
Bank Windhoek, qui a soutenu
que le système de bourses vise
non seulement à remédier à la pé-
nurie de compétences dans le sec-
teur bancaire, mais aussi pour
aider les étudiants talentueux et
méritants dont les parents sont
incapables de payer leurs études
dans l’enseignement supérieur. Le
nombre de lauréats de cette année
portera à 45 les étudiants bénéfi-
ciaires de système de bourses de
la Banque Windhoek depuis sa
création, il y a 15 ans.
Nouvelle implanta-
Siège Ecobank
à Lomé tion Commerzbank
à Abidjan
Dans le cadre de l’élargissement
de son réseau sur le continent
africain, Commerzbank AG vient
d’ouvrir un bureau de représen-
tation à Abidjan, capitale écono-
mique de Côte-d'Ivoire. La
banque, qui opère en Afrique de-
puis 1952 et entretient des rela-
tions d'affaires avec 50 des 54
pays africains, porte ainsi le nom-
bre de ses sites sur le continent à
7. Konrad Engber, directeur géné-
ral du Bureau à Abidjan, a d’ores
ETI ne et déjà promis un rapprochement
reconnaît pas entre banques locales et entre-
prises allemandes et internatio-
la légalité de la nales en Afrique de l’ouest. Le
décision patron du Bureau d’Abidjan a
rendue par la derrière lui de nombreuses an-
juridiction nées d’expérience pour Com-
merzbank. Il a déjà officié à
togolaise. Addis-Abeba, en Ethiopie, et à
Tripoli en Libye.
Courant janvier dernier, le tribunal
commercial ivoirien, devant lequel
Tanoh avait introduit une action
contre ETI, Public Investment Corpo-
ration (PIC) et Dr Daniel Matjila en
réparation pour cause de «diffama-
tion», avait tranché en sa faveur en lui
allouant la somme de 15 millions de
dollars américains. Le groupe interjette
appel également contre cette décision.
«Au-delà de toutes considérations re-
levant des techniques du droit, et par
rapport aux questions principales de ce
dossier, Ecobank soutient fermement le
bien-fondé de la décision de relever
Tanoh de ses fonctions, et rejette la de-
mande en paiement de sommes exces-
sives allouées par les tribunaux du
Togo et de Côte d'Ivoire. Son licencie-
ment était parfaitement justifié. Nom-
bre de fondateurs, d'actionnaires,
d'administrateurs ainsi que certains
des organes de contrôle d’ETI avaient
émis la requête expresse de voir Tanoh
relèveer de ses fonctions, ceci au terme
de l’examen et de l’appréciation dans
les formes requises, de faits et causes
manifestes, rendant impérative la ces-
sation de ses fonctions.»
Le groupe Ecobank dépose
une plainte pénale
Coup pour coup, la banque a déposé
une plainte contre Tanoh pour avoir
gardé, par devers lui, tous les dossiers
officiels qu’il a gérés en qualité de di-
recteur général du groupe, et pour avoir
supprimé tous les fichiers électroniques
des ordinateurs de la société qu'il a uti-
lisés dans le cadre de son travail.
«Ces décisions incroyables des tribu-
naux de Côte d'Ivoire et du Togo repré-
sentent des dommages auto-infligés du
fait des signaux négatifs percutants
qu'ils projettent à l'égard du monde des
affaires. Les effets de telles décisions ne
peuvent qu'être dissuasifs pour l'inves-
tissement local et étranger dans ces deux
pays. Elles posent pour n'importe quelle
entreprise commerciale de profondes
interrogations quant à l'indépendance
ou l'objectivité des décisions de justice
dont elles pourraient faire l'objet en cas
de différends. Le conseil d'administra-
tion d’ETI a tenu une réunion extraor-
dinaire cette semaine afin d'examiner
les options dont dispose l'institution au
regard de ces décisions».
«Le Groupe Ecobank est confiant quant
à l’issue heureuse de l’appel qu’il a in-
terjeté contre ce jugement, et demeure
focalisé sur ses priorités fondamentales,
à savoir la conduite d’opérations de
banque, la culture de l’excellence au
sein de son personnel, à l’endroit de sa
clientèle, et à la satisfaction de ses ac-
tionnaires. Ecobank continue de jouir
de fortes performances et de la plus
haute confiance de la part de ses ac-
tionnaires. Pour finir, elle demeure une
institution panafricaine d’un caractère
unique, toujours engagée dans sa
contribution au développement écono-
mique de l’Afrique et à son intégration
au sein du marché financier global».
Ismael Aidara, Lomé
Le Groupe
Green of Africa, joint-
Ecobank est venture Akwa-Finan-
confiant quant ceCom-Sofinam
à l’issue
heureuse de
l’appel.
Une nouvelle alliance, baptisée Green
of Africa, dans le domaine des éner-
gies renouvelables vient de voir le
jour au Maroc. C’est le fruit d’un par-
tenariat stratégique entre les groupes
FinanceCom, Akwa et Sofinam. Le
partenariat tripartite a abouti à la si-
gnature d’une joint-venture s’est ef-
fectué en présence du Dr Abdelkader
Amara, ministre marocain de l’Ener-
gie, des mines, de l'eau et de l'envi-
ronnement, Othman Benjelloun,
président du groupe, FinanceCom,
Ali Wakrim, vice-président d’Akwa
Group, et Mustapha Amhal, prési-
dent de la holding Sofinam. D’après
les responsables, Green Of Africa se
positionne en incubateur clé de réfé-
rence pour le développement d’ins-
tallations de petites et moyennes
puissances. Une initiative qui se veut
un rayonnement continental à tra-
vers les économies les plus stables, sé-
curisées et diversifiées d’Afrique.
Thierry Tanoh,
ex-DG d’Ecobank Sovereign Trust Insu-
rance fête ses 20 ans
Sovereign Trust Insurance, compa-
gnie d’assurances du Nigéria, a célé-
bré le 2 janvier dernier ses 20 ans.
Au-delà de la commémoration de la
date d’anniversaire, il a été fêté la
gestion de deux décennies de pro-
fessionnalisme et l’héritage d’un vé-
ritable esprit d’entreprise. Les
responsables ont alors salué la vi-
sion de l’un des meilleurs assureurs
du Nigeria, Oluseun Ajayi. Une vi-
sion qui s’est concrétisée avec l’ap-
pui d’une autre personnalité de
premier plan, à savoir SE Ephraïm
Faloughi. Derrière le succès de la
compagnie d’assurance, une formi-
dable équipe, mise en place sous la
direction du pionnier Ajayi.
12 février 2015 Les Afriques . 19
BANQUES & ASSURANCES

400 milliards de f CFA d’Eximbank

pour l’eau potable au Cameroun
La banque export/import de Chine (Eximbank) a octroyé un prêt au Cameroun
pour permettre à ce pays d’améliorer la desserte en eau potable. Après
Douala, la métropole économique, c’est au tour de Yaoundé de bénéficier d’un
gigantesque projet d’adduction d’eau.

L
e Cameroun vient d’obtenir
d’Eximbank de Chine un fi-
nancement de 400 milliards de
f CFA pour le projet d’adduction
d’eau potable de Yaoundé la capitale
et des villes environnantes. La réalisa-
tion de ce vaste projet d’adduction
d’eau permettra de résorber en partie
les pénuries d’eau potable que
connaissent certains quartiers de la
capitale et des localités voisines. Il
s’agit là de la conséquence de longues
années d’hibernation marquées par le
gèle des investissements dans les sec-
teurs sociaux, depuis que les bailleurs
de fonds, en l’occurrence le Fonds
monétaire international (FMI), avait
mis l’économie camerounaise sous
ajustement structurel à la fin de la
décennie 1980. Il sera question de
capter l’eau à partir du fleuve Sanaga,
soit environ 60 km de Yaoundé, pour
desservir la capitale ainsi que plu-
sieurs localités environnantes.
A terme, ce sont 300 000 m3 d’eau par
jour qui seront produits, avec en prime
une possibilité d’extension à 400 000
m3 d’eau par jour. Selon le ministère de
l’Eau et de l’énergie qui pilote le projet,
les travaux d’aménagement du centre
de captage et de traitement vont com-
mencer cette année et devront s’ache-
ver dans trois ans, ce qui permettra de
résoudre le problème d’eau potable à
Yaoundé, où certains habitants recou-
rent à l’usage de l’eau des puits, des ma-
rigots et des pluies qui est souvent
source des maladies hydriques. Il y a
quelques mois, grâce à l’appui de
l’Agence française de développement
Adduction d’eau (AFD), la mise en service de la station
potable réhabilité de la Mefou dans le Centre,
pour près de 50 milliards de f CFA, a
permis d’apporter 50 000 m3 par jour
supplémentaires, réduisant ainsi la
forte demande en eau potable du fait
de l’expansion démographique de
Yaoundé et de ses environs.
Grâce à un autre financement
Les travaux d’Eximbank de Chine, d’environ 60
d’aménage- milliards de f CFA, le projet d’eau po-
ment du centre table de Douala et ses environs est
opérationnel depuis deux mois, ce
de captage et qui a permis d’ajouter 100 000 m3
de traitement d’eau par jour à la métropole écono-
vont mique et aux localités riveraines, por-
tant à plus de 300 000 m3 d’eau par
commencer jour les capacités en eau potable de
cette année. cette localité.
Achille Mbog Pibasso, Douala

20 Les Afriques . 12 février 2015

MAROC-CÔTE D’IVOIRE Attijariwafa bank L’Arseg promeut
l’assurance agricole
apporte conseil et financement à 3 opérateurs Le président du Conseil d'adminis-
tration de l’Agence angolaise de rè-
Le groupe Attijariwafa bank, à travers sa filiale la glement et supervision des
Société Ivoirienne de Banque (SIB), renforce sa assurances (Arseg, sigle en portu-
gais), Aguinaldo Jaime, a défendu
présence en Côte d’Ivoire. Il s’est engagé à apporter jeudi, à Luanda, l’emploi de l'assu-
conseil et financement à 3 grands opérateurs rance agricole pour prévenir les
risques de terres agricoles. Pour
économiques ivoiriens. Aguinaldo Jaime, qui s’exprimait
lors d'une réunion visant à encou-
rager l’emploi d'assurance agricole
dans le pays, cette position se jus-
tifie par la fréquence avec laquelle
les risques se produisent principa-
lement dans l'agriculture. Selon
lui, cette assurance agricole se pré-
sente comme un mécanisme de
protection des petits agriculteurs
et de l'entreprise agricole commer-
ciale contre le risque latent, les ca-
tastrophes.

Nigeria : Rallonge de
la SFI à Lafayette
Microfinance
SFI, membre du Groupe de la
Banque mondiale, a annoncé la se-
maine dernière une facilité de prêt de
400 millions de nairas nigérians, en-
viron 2,5 millions $, à Lafayette Mi-
crofinance Bank. Le financement
appuiera un accès accru aux services
financiers pour les micro-entreprises

P
our soutenir le secteur privé
en Côte d’Ivoire, le groupe At-
tijariwafa bank a signé en
marge du Forum Maroc-Côte
d’Ivoire, qui s’est tenu à Marrakech
les 20 et 21 janvier dernier, «des ac-
cords de conseil et de financement avec
trois grands opérateurs économiques
de la Côte d’Ivoire», nous informe un
communiqué d’Attijariwafa bank.
Les trois opérateurs signataires des ac-
cords sont actifs dans deux secteurs
majeurs, à savoir l’énergie et l’agricul-
ture. Ces opérateurs sont Dekeloil
Public Limited, une société spéciali-
sée dans la production d’huile de
palme, Saf Cacao, acteur de premier
plan de la filière cacao, et Star Energie
engagée dans la construction et l’ex-
ploitation pour le compte de l’Etat
Ivoirien d’une centrale thermique à
cycle combiné de 358 MW.
Il est à rappeler dans ce sens que la
production totale de l’électricité en
Côte d’Ivoire est de 6 057 Gw/h dont
630 GW/h sont exportés vers le
Togo, le Bénin, le Mali, le Ghana, le
Libéria, la Sierra Leone et la Guinée.
En effet, au moins 25% de la pro-
duction totale est de source hydrau-
lique et 75% de source thermique.
Notons que la cérémonie de signa-
ture a été présidée à Marrakech par
Boubker Jai, directeur général du
groupe Attijariwafa bank, et
Daouda Coulibaly, directeur géné-
ral de la SIB, le 20 janvier dernier.
Sanae Taleb, Casablanca
Mohamed et TPE, les PME, la création d'em-
El Kettani, plois encourageants, l'inclusion fi-
PDG du groupe
Attijariwafa bank nancière… Le prêt en naira aidera à
financer la croissance et l'expansion
de Lafayette microfinance au Nigéria,
et les aider à offrir des services de cré-
dit et de dépôt à plus de micro, petites
et moyennes entreprises au Nigéria.
Des accords de A noter que la Fayette Microfinance
conseil et de Bank Ltd, également connue sous
financement d’Advans Nigeria, fait partie du ré-
seau Advans des institutions de mi-
avec 3 grands crofinance. Justement, a déclaré Zine
opérateurs Otmani, directeur général, que la
économiques Fayette Microfinance Bank cherche à
offrir des services financiers simples,
de la Côte mais efficaces aux MPME qui ont
d’Ivoire. peu ou pas d'accès aux services ban-
caires formels.

12 février 2015 Les Afriques . 21

BANQUES & ASSURANCES

Financements de
ECOBANK-ORANGE Development Bank
Lancement d’un service de transfert d’argent of Namibia (DBN)
pour WordPress
Orange s'allie avec Ecobank pour développer des
services financiers mobiles et express pour plus
d’accès du public aux services bancaires. Le
Cameroun, la Guinée, le Niger, la Côte d'Ivoire, la RDC,
le Sénégal sont dans les starting-blocks.

La Banque de développement de
la Namibie (DBN) a annoncé
qu'elle a accordé des finance-
ments pour la mise en place d'une
deuxième presse d'impression de
journaux en Namibie, Word-
Press, situé à Windhoek. Word-
Press imprime le journal The
Namibian et explore des pistes
pour imprimer d'autres jour-

O
range et le groupe bancaire
panafricain Ecobank ont
lancé un service permettant
aux clients d'Orange Money déten-
teurs de comptes bancaires domici-
liés aux filiales du groupe Ecobank
de transférer de l'argent entre leurs
comptes. Le service est déjà opéra-
tionnel au Mali et sera déployé dans
plusieurs autres pays africains, dont
le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la
Guinée Conakry, le Niger, le Séné-
gal et la République démocratique
du Congo, au cours du premier se-
mestre 2015.
Selon un document du groupe
Orange, ce partenariat vise à faciliter
les échanges entre les clients com-
muns à Orange et Ecobank, en leur
offrant la possibilité d’alimenter
leur portefeuille électronique
Orange Money avec leur compte
bancaire et inversement.
Les clients peuvent effectuer ces
échanges depuis leur téléphone mo-
bile en toute sécurité à tout mo-
ment, sans se déplacer et sans
transporter d’argent liquide.
Les deux entreprises ont lancé ce
service suite à un accord de prin-
cipe. Ce partenariat représente la
volonté commune de développer les
services financiers mobiles et per-
mettre l’accès de tous aux services
bancaires en Afrique.
Selon une étude, en Afrique subsa-
harienne, moins de 24% de la po-
pulation dispose d’un compte
bancaire, alors que plus de 60% des
habitants sont équipés de télé-
phones mobiles.
Avec plus de 12 millions de clients
et plus de 4,5 milliards d’€ échan-
gés en 2014 dans 13 pays, Orange
Money est en pleine croissance.
Ismael Aidara, Lomé
Partenariat naux, ainsi que des suppléments
Ecobank-Orange et des encarts. WordPress a im-
primé sa première édition de The
Namibian mardi. Le financement
fournie par DBN a été utilisé
pour l'acquisition de machines
pour l'opération d'impression.
Cela comprend la machine d'im-
pression, d'une machine de
pliage, l'équipement d'imagerie
d'ordinateur à la plaque, d'une
machine d'insertion et une pelli-
cule rétractable et de la machine
Le service est de cerclage. Afin de déplacer les
déjà opération- rouleaux de papier et de distri-
buer les journaux, WordPress a
nel au Mali et acquis les chariots élévateurs et
sera déployé les camions. En plus de l'acquisi-
dans plusieurs tion de l'usine d'impression,
WordPress également a utilisé fi-
autres pays nances DBN pour acquérir et ré-
africains. utiliser les bâtiments pour
abriter l'usine d'impression.

22 Les Afriques . 12 février 2015


CAMEROUN Vers la fin de la restructuration
de la Commercial Bank
Le processus de restructuration de la Commercial Bank-
Cameroun (CBC) tire vers la fin, selon une source proche
de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac),
l’organe de régulation sous-régionale qui a placé cette
banque sous administration provisoire depuis six ans.
L’
autorité monétaire nationale
a engagé une «profonde re-
structuration», poussant
hors du top managérial, des action-
naires historiques à l’instar du groupe
Fotso alors actionnaire majoritaire.
Moins de deux ans après avoir pro-
cédé à la recapitalisation bancaire, ce
processus pourrait «s’achever à tout
moment», puisque «la Banque a déjà
repris un rythme qu’on peut juger nor-
mal dans ses activités», a-t-on appris.
Selon de fiables informations, ce qui
est attendu, «c’est que soit convoquée
une assemblée générale qui va le
constater officiellement et désigner les
dirigeants de la banque».
Au ministère des Finances, où l’on se
garde de donner une moindre date
quant à la fin de ce processus, on se
contente d’indiquer que certains détails
doivent être finalisés entre le régulateur
du secteur bancaire en Afrique centrale,
la Cobac, le gouvernement camerou-
nais et les actionnaires majoritaires
d’avant la procédure de redressement.
En octobre 2014, le ministre des Fi-
nances, Alamine Ousmane Mey, a
rendu public un communiqué proro-
geant pour la sixième fois consécutive
le mandat de l’administrateur provi-
soire, Martin Luther Njanga Njoh. In-
téressée pour une reprise par plusieurs
groupes bancaires africains ainsi que
des holdings financières des pays du
Golfe, dont un groupe qatari, rien n’in-
dique pour l’heure que la CBC sera
vendue, l’Etat camerounais ayant à un
moment donné marqué son intention
d’y acquérir d’importantes actions.
Bien que sous administration provi-
soire, la CBC, qui a porté son capital à
12 milliards de f CFA, il y a moins de
quinze mois, continue de jouer un rôle
important dans le financement de
l’économie nationale occupant même
le rôle de chef de file de pool bancaire
pour financer des entreprises. C’est le
cas en janvier 2015 où la CBC était à la
tête d’une syndication bancaire ayant
mobilisé 36 milliards de f CFA pour
permettre à la Société de développe-
ment de coton (Sodecoton) d’amélio-
rer, de renforcer et de moderniser son
outil de production.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Conventions de par-
tenariat groupe Atti-
jariwafa bank et des
opérateurs ivoiriens
Le groupe Attijariwafa bank, à
travers la Société ivoirienne de
Banque (SIB) a conclu, la veille du
Forum économique maroco-ivoi-
rien qui s’est tenu les 21 et 22 jan-
vier à Marrakech, des accords de
conseil et de financement avec
trois grands opérateurs écono-
miques de Côte d’Ivoire. Il s’agit
Récents de : Dekeloil Public Limited, so-
financements dans ciété spécialisée dans la produc-
la filière coton
tion d’huile de palme ; Star
Energie, engagée dans la
construction et l’exploitation
pour le compte de l’Etat ivoirien
d’une centrale thermique à cycle
combiné de 358 MW ; et Saf
Cacao, acteur de premier plan de
la filière cacao. Cette cérémonie
de signature, présidée par Boub-
ker Jai, directeur général du
groupe Attijariwafa bank et
Daouda Coulibaly, directeur gé-
Bien que sous néral de la SIB, s’est déroulée le 20
administration janvier 2015 au siège de la Direc-
tion régionale Sud en présence de
provisoire, la hauts responsables du groupe At-
CBC continue tijariwafa bank et de la SIB ainsi
de jouer un que d’une délégation de clients
ivoiriens. A travers ces accords, le
rôle important groupe Attijariwafa bank réaf-
dans le firme son engagement en faveur
financement de l’approfondissement du déve-
loppement de la coopération Sud-
de l’économie Sud en participant activement à la
nationale. dynamique économique des pays
subsahariens de présence.
12 février 2015 Les Afriques . 23
BOURSES & FONDS

Cartier Women’s
BÉNIN Initiative Awards
Les Cartier Women’s Initiative
15 milliards pour booster le microcrédit Awards (http://www.cartierwomen-
sinitiative.com) sont un concours
Une ligne de crédit d'un montant de 15 milliards de international annuel de business
f CFA vient d'être mise à la disposition de plusieurs plans, dont la mission est d’accom-
pagner et de soutenir les initiatives
centaines de promoteurs de projets par le président de femmes entrepreneures. Pour
Yayi Boni, pour des besoins de financement estimés participer à l’édition 2015 du
concours, il suffit de remplir le for-
à plus de 26 milliards f CFA. Un signal fort. mulaire de candidature en ligne :
https://application-form.cartierwo-
mensinitiative.com/. Date limite de
participation : 27 février 2015 à 10
heures, heure française.Créé en
2006, ce projet est conduit par Car-
tier, en partenariat avec le Women’s
Forum, l’école de management In-
sead et McKinsey & Company, ré-
compense chaque année 6 femmes
de talent dans les catégories sui-
vantes : Amérique latine, Amérique
du Nord, Europe, Afrique sub-saha-
rienne, Moyen-Orient & Afrique du
Nord, et Asie-Pacifique. Les lau-
réates reçoivent un an d’accompa-
gnement personnalisé, un
financement de 20 000 $, de la visi-
bilité médiatique, ainsi qu’une invi-
tation au Women’s Forum.

Tanzanie :
Remarquables pro-
grès des plantations
de café Aviv
Mizengo Pinda, Premier ministre

L
e locataire du palais Marina
envoie un bol d'air aux en-
trepreneurs du microcrédit
via un nouveau financement addi-
tionnel et structurant, en vue de
soutenir la création de richesse et
de l'entrepreneuriat privé. Sur un
portefeuille de requêtes de projets
estimé à plus de 26 milliards de f
CFA, le président Yayi Boni en a
décroché quelque 15 milliards
grâce au système revolving et mis
à la disposition du Fonds national
de microfinance que dirige Jean
Panti. Une grosse prouesse qui
dope les ardeurs des promoteurs
de projets au nombre de 370 000
qui se sont fait enregistrer auprès
des guichets de FNMF.
Le chef de l'Etat, Yayi Boni, a
exhorté les promoteurs bénéficiaires
de cette ligne de crédit à plus de ri-
gueur dans la gestion des deniers
prêtés et rembourser dans les délais.
«J’accorde du prix à ce programme,
car c’est un programme qui nourrit la
démocratie et tue la misère. Je vous
invite à bien le gérer, à travailler pour
assurer sa pérennité», a avoué le pré-
sident du Bénin. Ce modèle de cré-
dit a permis de distribuer entre
petits entrepreneurs du pays une
enveloppe de plus de 78 milliards de
f CFA et de faire tourner l'économie
intermédiaire.
Ismael Aidara, Cotonou
Aviculture tanzanien, s’est dit impressionné par
(financer les TPE) les progrès réalisés sur une courte pé-
riode dans les plantations de café
Yayi Boni a Aviv dans la localité de Lipokela, à
décroché Songea Rural. En effet, il a constaté
une nette amélioration en seulement
quelque 15 18 mois. En visite sur le terrain pour
Mrds de f CFA s’enquérir de l’état des infrastruc-
grâce au tures d'irrigation, de la gestion des
système plantations et échanger avec les tra-
vailleurs, il a apprécié qu’un bon
revolving, mis nombre de graines ont été plantées et
à la disposition d’autres ont commencé à produire.
du Fonds Le Premier ministre a enfin félicité
les investisseurs pour avoir opté pour
national de la culture du café, soutenant qu'ils ne
microfinance. le regretteront, car la demande est
forte dans le monde entier.

24 Les Afriques . 12 février 2015


MAURICE Transactions record
à la Bourse de Port-Louis
La Bourse de Maurice a connu un niveau record des
transactions en 2014, soit plus de 623 millions de
dollars en 2014. Ce chiffre représente une
augmentation de 30%, par rapport à l’année
précédente.
L
a Bourse de Port-Louis a
connu un niveau record des
transactions en 2014, soit plus
de 623 millions dollars. Ce chiffre re-
présente une augmentation de 30%
par rapport à l’année précédente où
les transactions avaient atteint 476
millions de dollars. La capitalisation
du marché officiel ainsi que du De-
velopment and Enterprise Market
(DEM) s'élevait à l'issue de la der-
nière séance 2014 à 9,21 milliards de
dollars, soit une hausse de 253, 3
millions par rapport à son niveau de
l'année dernière. Des activités in-
tenses ont marqué la Bourse de
Port-Louis qui a fêté ses 25 ans
d'existence l'année dernière avec
notamment l’introduction de la lo-
terie nationale du groupe immobi-
lier Bluelife Ltd et du groupe sucrier
et hôtelier, CIEL Group.
Selon les chiffres publiés au 30 dé-
cembre 2014, les échanges les plus
importants ont été enregistrés en
juin 2014 (83,3 millions dollars) et
en novembre (près de 67 millions
dollars). La capitalisation du mar-
ché officiel affichait une progression
de 7,5% entre le 1er janvier et le 26
décembre 2014.
Sanae Taleb, Casablanca
Appui financier de la
Fondation Master-
card aux petits ex-
ploitants zambiens
En Zambie, le secteur primaire
contribue pour plus de 22 % du
produit intérieur brut (PIB) et
fournit des moyens de subsistance
à plus de 50 % de la population. La
Fondation MasterCard a lancé 50
millions de dollars de fonds de
défi pour améliorer la vie des pe-
tits exploitants agricoles en
Afrique en permettant aux entre-
prises de commencer ou étendre
les services financiers dans les
zones rurales de l'Afrique subsa-
harienne. Beaucoup de presta-
taires de services financiers n’ont
pas les connaissances et la capa-
cité de développer des produits et
des services appropriés qui peu-
vent permettre aux ruraux pau-
vres et aux petits exploitants
d’intégrer le système financier. En
Zambie, le Fonds de la Fondation
MasterCard pour la prospérité ru-
rale sera géré par KPMG Interna-
tional Advisory Services.
Kenya : Revalorisa-
tion des déchets de
la floriculture
Pendant plusieurs années, les
agriculteurs et autres écologistes
ont rencontré des difficultés pour
le traitement des déchets de la
floriculture issus des nombreuses
Port-Louis fermes au sud du lac Naivasha.
Oserian Flower vient de trouver
une façon de traiter la question
des déchets solides provenant des
légumes et des fleurs. La ferme
est devenue la première dans le
pays à utiliser la technologie
connue sous le nom de lombri-
culture (vermiculture) des dé-
chets végétaux. La technologie
consiste à transformer les dé-
chets en compost et fumier.
Aussi, l'extraction du jus de ver,
qui a beaucoup d'acide orga-
nique, est utilisée comme com-
plément à la ferme.
12 février 2015 Les Afriques . 25
BOURSES & FONDS
Hélios clôture son fonds de placement
africain de 1,1 milliard de dollars
Helios Investment Partners (Helios), une société d'in-
vestissements privés leader sur le continent africain, a
annoncé vendredi 6 février avoir mis un terme à son
troisième fonds centré sur les transactions africaines,
après que le fonds ait atteint 1,1 milliard de dollars.
H
élios prend de la voilure. Les
partenariats avec des inves-
tisseurs qui lui font
confiance et qui contractent plus de
60% du capital engagé dans Helios
Investors III L.P. (Helios III), outre
les engagements d'autres investis-
seurs institutionnels mondiaux lea-
ders, ont permis à Helios de
produire le fonds le plus large qui
soit dédié à un investissement en ca-
pital africain.
Au travers de Helios III, Helios a fait
l'acquisition d'un intérêt dans ARM
Pensions, le plus gros gestionnaire
indépendant de caisses de retraites
au Nigéria, qui gère plus de 2,2 mil-
liards de dollars d'actifs et qui a éga-
lement établi une solide filière
d'opportunités propriétaires.
26 Les Afriques . 12 février 2015
«La stratégie de Helios, déclinée par
ses dirigeants, consiste à se concen-
trer sur l'investissement dans des en-
treprises leaders de l'infrastructure
économique clé, ce qui désengorge
l'économie, stimule les efficacités et
réduit le coût de la vie pour les mé-
nages tout comme les frais d'exploi-
tation pour les entreprises».
Signalons que le lancement des ac-
tivités de la société, l'équipe d'in-
vestissement a bénéficié du soutien
du Portfolio Operations Group
dédié de Helios qui se trouve à
Lagos, au Nigéria, et Nairobi, au
Kenya, et en partenariat étroit avec
la direction de la société financée
par capital-risque pour des valeurs
synergiques appropriées.
Ismael Aidara, Dakar
Zimbabwe : Inquié-
tude des exploitants
de platine
Les compagnies de platine au Zim-
babwe ont exprimé leur inquiétude
quant à l'incertitude entourant le
prélèvement à l'exportation de pla-
tine introduit par le gouvernement
en 2013 et dont le report est prévu
pour 2017. Pourtant rien n’est spéci-
fié dans ce sens dans le projet de loi
des Finances 2015 finalisé le 9 janvier
2015. Implats et Aquarius Platinum
(Mimosa), plus grands exploitants
de platine dans le pays, ont déclaré
que la taxe à l'exportation, à un taux
de 15 % du chiffre d'affaires, devrait
initialement prendre effet à partir du
1er janvier 2015. A noter que l’intro-
duction de la taxe à l'exportation vi-
sait à encourager les sociétés
minières de platine à investir dans la
fusion et l'infrastructure de raffi-
nage, pour plus de valeur ajoutée,
l'ordre du jour au Zimbabwe étant
pour une transformation socio-éco-
nomique durable. Patrick China-
masa, ministre zimbabwéen des
Finances et du développement éco-
nomique, confirmait lors de la pré-
sentation de son budget national
2015 que le gouvernement avait re-
porté la taxe à l’exportation de pla-
tine non enrichi au 1er janvier 2017.
Tope Lawani,
associé gérant
De l’accroissement
Helios Investment de la puissance
Partners
installée pour
Mbanza Congo
Récemment, João Baptista Borges,
ministre angolais de l'Énergie et de
Se concentrer l’eau, s’est rendu sur le terrain pour
s’enquérir de l’état d’avancement
sur l'investis- des travaux de la station d'alimenta-
sement dans tion actuelle de Mbanza Congo. En
des présence de José Joanes André, gou-
verneur de la province du Zaire, il
entreprises s’est appesanti sur la nécessité d’ac-
leaders de croître la capacité de production
l'infrastructure d'énergie, qui n’était que de 12 MW
et qui n’arrivait plus à couvrir la de-
économique mande actuelle de la ville de Mbanza
clé. Congo et sa périphérie. De son avis,
le projet avance normalement.
BOURSES & FONDS

Le Fonds norvégien d’investissement prend pied en Afrique

Norfund, holding financier norvégien à travers l’acquisition des actions de
Globeleq Africa, une entité du Fonds d’investissement britannique Actis,
s’installe en Afrique avec pour ambition d’améliorer la production
énergétique à travers le continent.

L
e Fonds d'investissement
norvégien (Norfund) vient
de racheter 30 % des actifs de
CDC, l’agence de développement
du gouvernement britannique dans
le capital de Globeleq Africa, une
entité du Fonds d’investissements
britannique ACTIS qui contrôle
plusieurs centrales électriques en
Afrique. Deux de ces infrastruc-
tures énergétiques se trouvent au
Cameroun, en l’occurrence la cen-
trale thermique de Dibamba dans
la banlieue de Douala, d’une capa-
cité de 88 Mégawatts (MW), et la
centrale à gaz de Kribi, d’une puis-
sance de 216 MW, et dont un pro-
jet d’extension est en cours et
pourrait porter sa capacité de pro-
duction à 330 MW.
Cette transaction, qui permet ainsi
à Norfund de se positionner dans
le secteur énergétique camerou-
nais, à travers l’entrée dans le capi-
tal des sociétés Kribi power deve-
lopment company (KPDC) et
Dibamba power development
company (DPDC) qui gèrent les
deux centrales évoquées en sus, a
officiellement coûté 112,5 milliards
de f CFA. Dans un communiqué
dont Les Afriques s’est procuré une
copie, Norfund précise qu’avec une
capacité de production cumulée de
304 MW, le Cameroun est le prin-
cipal producteur du réseau énergé-
tique de Globeleq Africa, à travers
le continent, devant la Côte
d’Ivoire avec 288 MW à travers la
centrale d’Azito, et l’Afrique du
Sud dont les trois centrales solaires
et éoliennes ont une capacité ins-
tallée globale de 238 MW.
Pour le moment, l’entreprise n’a
pas officiellement rendu publics les
projets d’investissement qu’il en-
Norfund cible le tend développer à travers le conti-
secteur énérgétique nent, même si l’on a appris que le
en Afrique
nouveau partenariat devrait dé-
boucher sur «plus de projets de
construction de centrales élec-
triques et l’ajout de plus de 5 000
MW de capacité de production en
Afrique». Bien que le potentiel hy-
droélectrique du Cameroun soit le
2ème en Afrique derrière celui de la
République démocratique du
Congo (RDC), le pays demeure un
vaste champ en friche aussi bien
pour la production hydroélec-
trique que celui des énergies re-
nouvelables. Une insuffisance en
énergie électrique qui plombe le
Se positionner développement industriel en
dans le secteur Afrique, avec des coupures intem-
pestives du courant électrique qui
énergétique plombent l’activité des ménages et
camerounais. des entreprises.
Achille Mbog Pibasso, Douala

28 Les Afriques . 12 février 2015

ENTREPRISES ET MARCHÉS
ALGÉRIE
Hydrocarbures, cacophonie autour des projets Galsi et Nigal
En Algérie, les professionnels déplorent une certaine cacophonie et un
statu quo, respectivement autour des projets Nigal (accroissement des
exportations) et les travaux de construction du gazoduc Galsi devant relier
l’Algérie à l’Italie.
Q
uid des tergiversations au-
tour des projets Nigal et des
travaux de construction du
gazoduc Galsi ? Pour rappel, je cite
le propos de quelques responsables.
Le 1er juin 2009, sur APS, le minis-
tre algérien de l’Energie soutenait :
«Les travaux de construction du ga-
zoduc Galsi devant relier l’Algérie à
l’Italie et dont les études sont termi-
nées démarreront en 2010». Ensuite,
le 8 mars 2011, sur la même agence
de presse, le ministre de l’Energie
confiait : «Le projet Galsi se déroule
normalement». Ensuite, le 20 février
2013, le ministre de l’Energie affir-
mait dans le Forum quotidien Chaab
que les travaux de réalisation du pro-
jet Galsi seront entamés une fois la
rentabilité économique confirmée».
Des propos relayés par APS. Et
enfin, le 28 janvier 2015 dernier, le
PDG par intérim de Sonatrach5 a
soutenu que «la décision finale de
l’investissement (projet Galsi) a été
reportée au mois d’avril 2015, les par-
tenaires étant en train d’étudier la
possibilité de construire ce projet
30 Les Afriques . 12 février 2015
transcontinental». Pourtant, le 26
novembre 2011, sur une chaîne de
télévision française, j’avais attiré
l’attention des autorités algériennes
sur la possibilité d’une non-rentabi-
lité du projet Galsi, du fait de sur-
coûts. Que de pertes de temps et
d’argent au détriment de l’Algérie ?
Des pour et des contre
Devant relier directement l’Algérie
à l’Italie via la Sardaigne pour un in-
vestissement de 2/3 milliards d’eu-
ros, le coût en 2014 du projet Galsi
dont la mise en service était initia-
lement prévue pour 2014 dépasse-
rait largement 4 milliards de $.
Rappelons qu’un accord intergou-
vernemental relatif à ce projet a été
conclu en novembre 2007 entre l’Al-
gérie et l’Italie. Ce gazoduc doit re-
lier Hassi-R’mel à El Kala dans sa
partie "On shore" sur une longueur
de 640 km. Dans sa partie «off
shore», le projet reliera El Kala à Ca-
gliari en Sardaigne sur une distance
de 310 km. Le niveau de participa-
tion de Sonatrach est de 36%. Une
fois concrétisé, il devant acheminer,
directement en Italie, un volume
annuel de 8 milliards m3 de gaz.
Dans le cadre de l’arrêté du 15 dé-
cembre 2009 relatif à la program-
mation pluriannuelle des
investissements de production
d’électricité, publié au Journal offi-
ciel du 10 janvier 2010 français, il
était prévu que pour la Corse, les
nouvelles centrales thermiques
fonctionneraient au gaz naturel, dès
lors que le raccordement de la Corse
au gazoduc Algérie-Italie via la Sar-
daigne (Galsi) serait réalisé.
Or, contrairement à la majorité des
élus corses qui sont favorables au
projet Galsi, il semblerait que la ma-
Galsi : un projet jorité des élus de la Sardaigne s’op-
controversé posent pour l’instant à la réalisation
de ce projet du moins dans le tracé
traditionnel pour des raisons écolo-
giques et autres et du fait de l’auto-
nomie de cette région, le
gouvernement central italien ne
pouvant rien faire sans l’aval des élus
locaux. Contrairement aux affirma-
tions officielles algériennes, pour le
maire de la Sardaigne, dans une
émission d’une chaîne française, je le
cite, «jamais le projet Galsi ne passera
en Sardaigne dans son tracé initial».
Mais d’après l’agence Europe, l’Italie,
par la voix de son ministre des Af-
faires étrangères et de la coopération
internationale, Paolo Gentiloni, a re-
lancé ce projet, devant relier l’Algé-
rie et l’Europe via la Sardaigne.
Nigal, trop onéreux ?
Se pose le Le projet Nigal pourra t-il permettre
problème de la d’accroître les capacités d’exporta-
tion? Dans ce cadre, se pose le pro-
rentabilité de blème de la rentabilité de ce projet
ce projet. où suite au mémorandum d’entente
qui avait été signé en janvier 2002,
entre Sonatrach et Nigerian Natio-
nal Petroleum (NNPC), réunis à
Abuja au Nigéria, les ministres du
Pétrole et de l’énergie d’Algérie, du
Niger et du Nigéria avaient égale-
ment signé, le 3 juillet 2009, un ac-
cord pour construire un gazoduc
baptisé Trans Saharan Gas Pipeline
(TSGP), de 4 128 km (dont 2 310
km pour le territoire algérien) qui
devrait servir à alimenter l’Europe
en gaz (20/30 milliards de mètres
cubes) puisé dans le delta du Niger
au sud du Nigéria. Avec un coût
prévu initialement à 7 milliards de
$, il aurait dépassé actuellement les
15 milliards de $, selon une étude de
l’Institut français des relations in-
ternationales (IFRI) donnant 20
milliards de $. Ce projet financé
pour partie par l’Europe, avec la
crise d’endettement et outre les ten-
sions géostratégiques au niveau du
Sahel, est-il réalisable d’autant plus
que comparé aux prix actuels son
coût est trop élevé avec la problé-
matique de sa rentabilité ?
En résumé, la demande extérieure
des hydrocarbures pour l’Algérie
d’une manière générale sera fonc-
tion d’une reprise ou pas de l’éco-
nomie mondiale, de l’évolution du
cours du dollar, des investissements
dans les énergies substituables,
d’une entente entre les Etats-Unis et
l’Arabie saoudite qui détermineront
l’évolution du prix international.
L’Algérie est une économie totale-
ment rentière, 98% des exportations
en devises étant le fait de Sonatrach.
Toute chute des cours entraine des
conséquences financières, sociales et
politiques du fait de la dominance
de l’Etat providence. Rappelons la
chute des cours en 1986 avec toutes
les ondes de choc politiques, écono-
miques et sociales entre 1988-1994
(rééchelonnement) et de près de
45% des recettes en devises de So-
natrach après la crise de 2008-2009.
Mais aussi se pose cette question
stratégique: quelles sont les réserves
prouvées du pétrole et du gaz ? Sa-
chant que l’Algérie comptera 50
millions d’habitants dans 25 ans, en
plus des coûts d’exploitation et le
bilan des devises des investisse-
ments de Sonatrach réalisés à
l’étranger. Le temps en économie ne
se rattrape jamais, cela implique,
face aux nouvelles mutations éner-
gétiques mondiales, un nouveaux
management tant du ministère de
l’Energie que de Sonatrach et sur-
tout réhabiliter le Conseil national
de l’énergie, seul habilité, selon la loi
en vigueur, à définir la stratégie
énergétique.
Dr Abderrahmane Mebtoul,
expert international
Ce projet
Accord commercial
financé pour Sonangol-Congolaise
partie par des hydrocarbures
l’Europe, avec
la crise
d’endettement,
est-il
réalisable ?
La Société angolaise de pétrole
appartenant à l'Etat (Sonangol
EP) et son homologue Congolaise
des Hydrocarbures (Cohydro SA)
de la RD Congo viennent de si-
gner un Accord Commercial pré-
liminaire par rapport à
l’exploration conjointe des hy-
drocarbures dans la zone dési-
gnée d'intérêt commun (ZIC).
Une avancée notable dans l'ex-
ploration conjointe des hydro-
carbures dans ZIC, une zone
située dans le couloir entre les
deux pays.
L'accord définit les termes d’acti-
En attendant
le Trans Saharan vités d'exploration et les prin-
gas pipeline cipes généraux qui régiront le
futur contrat de partage de la
production. Il a été paraphé, la
semaine dernière à Luanda, par le
PDG de la Sonangol EP, Francisco
de Lemos José Maria, et par le di-
recteur général et le directeur de
production et d'exploration de
Cohydro SA, respectivement Li-
liane Ilunga et Louis-Gérard Vu-
nunu. Un acte suivi par la
signature de S.E. l'ambassadeur
angolais en RDC, Emílio Guerra,
et l'assistant du président congo-
lais Antoine Ghonda. Le présent
accord entre Sonangol E.P. et Co-
hydro constitue une évolution si-
gnificative dans les contacts qui
ont été menés au niveau bilatéral,
dans le cadre du protocole de
coopération entre l'Angola et la
RDC signé le 30 juin 2007, sou-
ligne-t-on.
12 février 2015 Les Afriques . 31
ENTREPRISES ET MARCHÉS

MAROC
Une augmentation de +20,3% du trafic aérien avec l’Afrique
Avec plus de 17 millions de passagers, le trafic aérien marocain a affiché une
hausse de 4,84% en 2014. L’ONDA affirme une nette augmentation du trafic
international particulièrement avec l’Afrique.

L
e trafic international à partir
du Maroc a connu une pro-
gression de 3,7% avec une
augmentation de +20,3% du trafic
avec l’Afrique. L’Office national
des aéroports du Maroc (ONDA),
qui précise cette tendance fait état
d’une augmentation significative
du trafic à l’international jumelée
à une croissance remarquable du
trafic domestique. Celle-ci a enre-
gistré une amélioration de
+16,34%. Le chiffre d’affaires du
secteur est de 3,208 milliards de di-
rhams. La croissance du chiffre
d’affaires est de +9%, «une pro-
gression supérieure à celle du tra-
fic», commente l’ONDA. Avec plus
de 17 millions de passagers, le tra-
fic aérien affiche une hausse de
4,84% cette année avec une nette
amélioration par rapport à une
année avant. Les redevances aéro-
nautiques sont en hausse de 7,5% à
2,6 milliards de dirhams, nous in-
forme l’ONDA qui précise qu’il
s’agit d’un «effet combiné de la
croissance du trafic passagers de
+4,84%, du nombre de mouve-
ments de +4% et la croissance du
survol de +11,5%».
En revanche, les redevances extra-
aéronautiques ont atteint 596,5 mil-
lions dirhams avec une évolution de
14% par rapport à l’année 2013.
Cette évolution est due principale-
ment à la croissance des redevances
commerciales de + 15,5% et doma-
niales de + 6% enregistrées à travers
les principaux aéroports du Maroc.
Un chiffre d’affaires de 3,5
milliards de DH en 2015
Par ailleurs, lors de cette même
séance de travail du conseil d’admi-
nistration, présidé récemment par le
ministre marocain de l'Équipement
et du transport et de la logistique,
Abdelaziz Rebbah, le conseil a
écouté et approuvé la présentation
de Zouhair Mohamed El Aoufir, di-
recteur générale de l’ONDA, qui a
Aéroport présenté outre les résultats de l’an-
Mohammed V née 2014 les détails du budget 2015.
de Casablanca
Le budget 2015 de l’ONDA prévoit
un chiffre d’affaires de 3,5 milliards
de dirhams, basé sur une croissance
supposée du trafic des passagers de
8%, des mouvements d’avion de 7%
et du fret aérien de 4%. Ainsi, une
enveloppe de 3,88 milliards de di-
rhams a été allouée aux investisse-
ments dont 1,69 milliard de
dirhams pour la poursuite du déve-
loppement des capacités aéropor-
tuaires, 939 millions de dirhams
pour la sûreté et la sécurité des aé-
rodromes, et 645 millions de di-
rhams pour la navigation aérienne.
Il est à souligner que l’infrastructure
aéronautique marocaine a été ren-
forcée par l’inauguration en mai
L’infrastructure dernier du nouvel aéroport de Béni
aéronautique Mellal et la reprise des travaux du
chantier du terminal 1 de l’aéroport
marocaine a Casablanca - Mohammed V après
été renforcée. un arrêt prolongé du chantier.
Sanae Taleb, Casablanca

32 Les Afriques . 12 février 2015

MAROC Vivo Energy exportera
bientôt vers 16 pays africains
Vivo Energy a décidé d’investir à partir de 2015
quelque 100 millions de dollars. Mohammed Raihani,
DG de Vivo Energy, a annoncé que la nouvelle usine
de Casablanca sera opérationnelle en deuxième
trimestre 2015.
V
ivo Energy a annoncé avoir
l’intention d’investir à par-
tir de 2015 et jusqu’à 2019
quelque 100 millions de dollars. La
majeur parie de cette enveloppe,
répartie sur quatre ans, sera consa-
crée au développement du réseau
de distribution.
Mohammed Raihani, le directeur
général de Vivo Energy a également
annoncé à la presse que le site in-
dustriel de lubrifiants de Casa-
blanca «se refait une santé grâce à
une perfusion de quelque 7 millions
de dollars».
Il est à rappeler que Vivo Energy ex-
ploite la licence Shell dans 16 pays
africains. En effet, 25% de l'activité
est réalisée au Maroc. La rénovation
du site de Casablanca permettra de
réaliser une production annuelle de
100 000 tonnes, contre les 40 000
tonnes produites aujourd’hui.
L’usine de lubrifiants de Casablanca
une fois opérationnelle deviendra la
plus grande d’Afrique. Vivo Energy
pourra alors centraliser sa produc-
tion sur ce nouveau site important
en cédant les deux sites du Sénégal
et du Ghana. Le but étant de réali-
ser un taux de 50% d'exportation de
lubrifiants produits localement par
la marque Shell.
S.T., Casablanca
Recherche sur le
climat : des fonds
aux chercheurs
africains
Le Climate Impacts Research and
Leadership Enhancement (Cir-
cle), institut de recherche sur les
changements climatiques, a ac-
cordé des financements à 34 cher-
cheurs de 24 universités en
Afrique du Sud, Éthiopie, Ghana,
Kenya, Nigéria, Ouganda, Sou-
dan, Tanzanie et au Zimbabe.
Confirmation à Nairobi de Benja-
min Gyampoh, responsable du
programme au sein du Circle,
pour qui ce projet vise à dévelop-
per le capital humain pour soute-
nir la capacité de recherche
organisationnelle et institution-
nelle sur les changements clima-
tiques en Afrique. A terme, ces
bourses permettront de mener
des recherches de pointe sur les
changements climatiques et déve-
lopper des solutions locales adap-
tées à l'échelle locale et régionale
pour lutter contre ce phénomène.
La première série de jeunes cher-
cheurs financés par ce pro-
gramme a débuté son projet d'un
an. Les jeunes chercheurs afri-
cains déjà employés dans les uni-
versités africaines et les
institutions de recherche ont dés-
ormais une opportunité de déve-
lopper leurs compétences de
recherche par un apprentissage
Réaliser un taux expérimental. A noter que le pro-
d'exportation gramme est financé par le De-
de lubrifiants
produits partment for International
localement par Development (DFID) britan-
la marque Shell nique pour un coût de 7,3 mil-
lions de $, par l'Académie des
sciences africaine (AAS) et par
l’Association des universités du
Commonwealth (ACU). Il pourra
octroyer jusqu'à 100 bourses de
recherche. Sur les 34 chercheurs
sélectionnés jusqu'à présent, 44 %
sont des femmes et 56 % sont des
hommes. Quarante de ces bourses
seront octroyées à des chercheurs
post-mastère et les soixante au-
tres à des chercheurs en doctorat.
12 février 2015 Les Afriques . 33
ENTREPRISES ET MARCHÉS

Mazars rachète le cabinet d’intelligence économique GIP

Le cabinet international de conseil Mazars vient de racheter Global
Intelligence Partners (GIP), une agence spécialisée dans la veille
informationnelle, l’intelligence économique et le conseil en stratégie,
fondée par le consultant marocain Abdelmalek Alaoui.

M
azars Maroc vient de fina-
liser l’acquisition de Glo-
bal Intelligence Partners
(GIP) et reprend le portefeuille
clients de cette société implantée à
Rabat. Mazars qui a racheté la tota-
lité des actions de GIP étoffe ainsi
son offre avec de nouveaux services
dans l’Intelligence économique et le
conseil en stratégie. Notons qu’en
plus des activités d’intelligence éco-
nomique, GIP est aussi prestataire
de services d’information en
continu pour l’aide à la décision à
travers ses plateformes de big data et
de veille. Le cabinet GIP, fondé en
2008 par le consultant marocain
Abdelmalek Alaoui, a connu une
croissance rapide de ses activités,
enregistrant une croissance annuelle
moyenne de 30% de son chiffre
d’affaires.
En rachetant GIP qui est positionné
leader sur la zone de l’Afrique de
l’Ouest, Mazars renforce son offre
de consulting dans les prestations
qui demandent du savoir-faire
pointu et rare. «Cette opération s’ins-
crit dans l’ADN de Mazars qui a tou-
jours placé l’innovation au cœur de
son développement et renforce signifi-
cativement nos offres en veille straté-
gique et business intelligence»,
souligne Kamal Mokdad, Managing
Partner.
Renforcer ses services avec
l’intelligence économique
Mazars va «bénéficier des savoir-faire
exclusifs développés par les équipes de
Global Intelligence Partners, qui re-
joignent désormais nos 14 000 colla-
borateurs dans le monde», a déclaré
Denis Grison, Senior Partner du
Groupe en charge de l’Afrique fran-
cophone, lors de la conférence de
presse officialisant l’opération le 2
février 2015. Pour Abdelmalek
Alaoui, fondateur de Global Intelli-
gence Partners : «Ce rapprochement
est devenu au fil des mois une évi-
dence, tant les valeurs fondamentales
de Mazars, telles que l’intégrité, l’ex-
cellence technique et l’engagement
total en faveur des clients nous sont
proches».
Soulignons qu’au Maroc, Mazars est
leader avec 40% d’activité dans l’au-
dit. Il compte 150 collaborateurs et
2 bureaux sur Casablanca et Rabat.
Au niveau du continent africain, le
cabinet international compte 2 250
Mazars collaborateurs et 42 bureaux. A
l’échelle mondiale, Mazars compte
renforce son 14 000 salariés, répartis sur 73 pays,
offre de et génère un CA de plus d’un mil-
consulting liard d’euros.
Dans la nouvelle structure, Abdel-
dans les malek Alaoui sera chargé d’accom-
prestations qui pagner Mazars en tant que Senior
demandent du Advisor dans le développement de
ses offres en intelligence straté-
savoir-faire gique, auprès des clients et parte-
pointu et rare. naires du groupe.
Ibrahim Souleymane, Casablanca

34 Les Afriques . 12 février 2015

ENTREPRISES ET MARCHÉS
RISK MANAGEMENT
Des instituts pour insuffler une dynamique
Antoine Frachot relate, entre autres, ici son retour dans
l'enseignement et la recherche, notamment dans le
secteur financier, les missions du Genes, la coopération
stratégique avec des pays d'Afrique, le soutien à une
grande dynamique de recherche en finance...
L
es Afriques : Vous êtes actuel-
lement DG du Genes, mais
depuis votre première expé-
rience comme économiste Insee et
Banque de France en 1989 vous
avez occupé plusieurs postes de
responsabilités dans les milieux
académique et bancaire. Pourriez-
vous nous rappeler les principales
expériences qui ont marqué votre
parcours professionnel ?
Antoine Frachot : J’ai commencé en
fait dans l’enseignement et la recherche
en économie, en finance et en statis-
tique. Très rapidement, j’ai eu envie
d’avoir des responsabilités managé-
riales au sein de l’administration fran-
çaise puis au sein des banques. Après
quelques années au ministère de l’Eco-
nomie et des finances, j’ai passé une
douzaine d’années au total dans les
banques, notamment comme direc-
teur des risques et à un moment où
l’ensemble du secteur financier mon-
36 Les Afriques . 12 février 2015
dial était secoué par la crise qui a dé-
marré en 2007. C’était réellement pas-
sionnant et très dur nerveusement. Je
suis retourné au ministère de l’Econo-
mie dans le courant 2009 et on m’a
proposé de prendre la direction géné-
rale du Genes. Mais, en pratique, j’avais
toujours continué à enseigner et, donc,
il était naturel pour moi de revenir
dans le monde de l’enseignement et de
la recherche un jour ou l’autre.
LA : Vous êtes directeur général du
Genes (Groupe des Ecoles natio-
nales d’économie et statistiques),
depuis 2011, pouvez-vous nous
rappeler le statut juridique ainsi
que les principales missions de cet
établissement d’enseignement su-
périeur et de recherche français ?
A.F. : Le Genes est un établissement pu-
blic d’enseignement supérieur et de re-
cherche et sa tutelle est le ministère de
l’Economie. Son statut est identique à
Angola :
Lutte contre
la déforestation
Jorge Manuel, chef du départe-
ment d'Urbanisme et environne-
ment de la Direction provinciale
de l'aménagement du territoire, de
l’urbanisme et de l’environne-
ment, vient de réitérer à Malanje
l'interdiction d'abattre sans dis-
tinction des arbres et de faire la
chasse furtive. Il s’est ainsi exprimé
au cours d’un débat sur «la défo-
restation et l’impact environne-
mental», dans le cadre de la
journée nationale de l’environne-
ment, soutenant que l’abattage
d’arbres concourt à la perte de la
biodiversité et l’extinction en
masse d’espèces fondamentales
pour la préservation du milieu am-
biant. Aussi, ce responsable a
trouvé que la déforestation repré-
sente l’un des émetteurs de gaz à
effet de serre, ce qui augmente la
vulnérabilité des incendies dans les
forêts tropicales. Il a dévoilé que les
Antoine Frachot,
directeur général maladies respiratoires, le cancer de
du Genes (Groupe la peau… des dangers pour le dé-
des écoles veloppement socio-économique
nationales
d'économie et du pays, sont les principales consé-
statistiques) quences de la déforestation.
Kenya : Acquisition
de yuMobile par
L’enseignement Airtel
supérieur de Après un processus entamé au mois
d’août 2014, pour intégrer les clients
niveau master, yuMobile (Kenya) dans son réseau,
doctorat et Bharti Airtel vient de révéler que
ingénieur dans l’opération s’est achevée avec succès.
Les 2,55 millions de clients de yu-
tous les Mobile font partie du réseau Airtel,
domaines des qui consolide maintenant sa posi-
sciences tion de 2ème plus grand opérateur
de téléphonie mobile au Kenya avec
économiques, une base de clientèle combinée de
de la plus de 8 millions et une part de
statistique, de 26,6% de la clientèle. Pour les res-
l’économétrie, ponsables, rejoindre un tel réseau
signifie une plus large couverture,
de la finance, une meilleure qualité d'appel vocal,
de l’actuariat. l’occasion de se connecter plus rapi-
dement à l’Internet, etc.
celui des universités françaises. Ses
missions sont bien sûr l’enseignement
supérieur de niveau master, doctorat et
ingénieur dans tous les domaines des
sciences économiques, de la statistique,
de l’économétrie, de la finance, de l’ac-
tuariat ou encore de la sociologie. Nous
assurons également de la formation
continue et professionnelle pour les
entreprises et les administrations. Ré-
cemment, nous avons créé une filiale
de conseil et d’expertise qui commer-
cialise notre savoir-faire. Enfin, nous
sommes l’hébergeur des données
confidentielles des administrations
françaises à destination de la recherche
scientifique. Près de 800 chercheurs
français et européens utilisent notre
dispositif sécurisé pour accéder à des
données sensibles, à des fins de re-
cherche scientifique sur les politiques
économiques, sociales, environnemen-
tales ou encore les politiques de santé.
LA : Depuis sa transformation en éta-
blissement public le 1er janvier 2011,
le groupe Genes a signé un nombre
important de nouveaux contrats, de
chaires de recherche et de partena-
riats public-privé, et a remporté aussi
un laboratoire d’excellence en Econo-
mie et Sciences de la décision avec
l’Ecole Polytechnique et HEC : un
label d’excellence. Quelle est la straté-
gie de développement du Genes qui
semble être la clé de tels succès ?
A.F. : Nous avons la chance d’être sur
des créneaux pour lesquels il y a une
énorme demande : l’évaluation des
politiques publiques, la datascience et
le big data, l’actuariat, l’économie en
général. Nous sommes en permanence
sollicités par les entreprises qui sou-
haitent des expertises sur ces domaines
ou qui veulent embaucher nos étu-
diants. Par ailleurs, en tant qu’écoles
d’ingénieur, nous avons une très forte
proximité avec les entreprises en
France et à l’international, ce qui faci-
lite la tâche. Enfin, c’est aussi un com-
bat quotidien de nos enseignants et de
nos chercheurs pour être à l’écoute des
demandes de la société et de savoir y
répondre au mieux.
LA : D’après la cartographie du
Genes, un volet important de ce der-
nier est consacré à la coopération
internationale et à l’appui des
Ecoles étrangères. Pourriez-vous
nous indiquer si vous avez déjà
concrétisé des partenariats avec des
pays africains ? Si oui, lesquels ? Et
sous quels formats de partenariats ?
A.F. : Oui, pour le Genes, la coopé-
ration avec les pays d’Afrique est très
importante et est stratégique. En
premier lieu, des écoles de statistique
et d’économie se sont construites au
fil du temps en Tunisie, au Maroc, en
Algérie, au Sénégal, en Côte d’Ivoire
et au Cameroun. Nous sommes très
proches de ces écoles qui sont d’un
très bon niveau. Nous avons signé
des accords de double-diplôme avec
l’Insea (Maroc) ou avec l’Essai (Tu-
Nous sommes Seychelles :
sur les une référence de
créneaux pour création d’emplois
lesquels il y a «verts» en Afrique
une énorme
demande.
Les Seychelles, archipel de 115 îles
situé au large de la côte orientale de
l’Afrique, peuvent être considérées
comme une référence pour les
études sur le développement dura-
ble et la création d’emplois "verts"
en Afrique. Confirmation d’Ema-
nuele de Stefani, expert sur les em-
plois durables aux Seychelles, qui a
récemment participé à un forum à
Antananarivo à Madagascar sur
l’environnement et la création des
emplois "verts" ; à l’initiative de
l’IFDD (Institut de la francopho-
nie pour le développement dura-
ble). De son avis, ce pays à un haut
développement dans la création
des industries respectueuses de
l’environnement, notamment
l’énergie renouvelable, l’écotou-
risme et la pêche durable.
Du souci
de l’adéquation Rosa Pacavira, ministre angolaise
formation-emploi du Commerce, a précisé, la se-
maine dernière à Luanda, que les
produits importés et qui entrent
par le Port de Luanda, sans per-
mission préalable, créent des em-
barras dans le fonctionnement des
services du commerce, des
douanes et des banques. En marge
d’une réunion avec les représen-
tants des banques commerciales et
des Associations de distributeurs
de produits pour trouver des voies
et moyens pour surmonter les dif-
ficultés occasionnées par des pro-
duits importés sans autorisation
préalable, elle a assuré qu’ils seront
confisqués. Ce sera le sort réservé
aux marchandises d'importateurs
qui violent la loi sur les activités
commerciales.
12 février 2015 Les Afriques . 37
ENTREPRISES ET MARCHÉS
nisie). Nous avons des contacts rap-
prochés avec toutes les autres. La ré-
gion sud-méditerranéenne et la
région sub-saharienne sont des
zones en plein expansion écono-
mique : je crois beaucoup à leur dé-
veloppement dans les prochaines
années et il serait impardonnable
qu’un établissement comme le nôtre
ne travaille pas avec ces écoles qui,
une fois de plus, sont d’un très bon
niveau et avec lesquelles nous parta-
geons les mêmes valeurs.
LA : Genes a organisé récemment, en
partenariat avec l’Université interna-
tionale de Rabat et l’Université Cadi
Ayyad de Marrakech, une conférence
internationale à Marrakech en fi-
nance quantitative et en risk-mana-
gement. D’ailleurs, l’organisation de
cet événement s’inscrit dans le cadre
d’une série de conférences organisées
au Maroc et initiées par la diaspora
marocaine que votre institution a
toujours soutenue et à laquelle vous
avez toujours répondu présent. Que
pensez-vous d’une telle initiative ?
A.F. : Compte tenu de ce que je viens
de dire, je m’en réjouis beaucoup. En
premier lieu, c’est un plaisir de tra-
vailler avec la diaspora marocaine : ce
sont des personnes brillantes et qui
ont gardé une immense envie de par-
ticiper au développement de leur
pays. Mais je pourrai dire la même
chose de tous ceux avec qui je travaille
dans les écoles des autres pays que j’ai
mentionnés !
38 Les Afriques . 12 février 2015
LA : L’une des retombées du works-
hop de Rabat et de la conférence de
Marrakech sur le risk-management
est la création d’un Institut africain
du risk-management (IARM). Vous
avez contribué à la réflexion et aux
différents débats autour de ce projet.
Que dire des tenants et aboutissants
d’un tel projet ?
A.F. : Il s’agit d’insuffler une dyna-
mique, via l’animation d’un site web
ambitieux, la création de Prix pour
les meilleurs étudiants ou encore
l’organisation de conférences et de
séminaires, où des scientifiques et des
entreprises, se rencontrent pour par-
tager leur expertise mutuelle.
LA : D’après des sources proches, il
semble que vous avez accepté de
faire partie du Comité scientifique
de l’institut qui sera constitué de
personnalités scientifiques de renom
international, comme les profes-
seurs Nicole El Karoui, R. Tyrell
Rockafellar et Nizar Touzi. Est-ce
que vous confirmez ? Si oui, quel se-
rait le rôle exact d’un tel Comité ?
A.F. : Oui, je peux confirmer. J’ai ac-
cepté avec plaisir et je suis très honoré
qu’on me l’ait proposé. Je pense que ce
Comité aura pour principale ambition
d’aider à une grande dynamique de re-
cherche en finance, en assurance et en
gestion des risques. Nous sommes
convaincus que le potentiel de re-
cherche et d’expertise est immense et
ne demande qu’à s’épanouir.
Propos recueillis par Daouda MBaye
Ericsson Innova-
tion Awards, une
équipe du Sénégal
demi-finaliste
Dans les TIC, le Sénégal et
l’Afrique ne manquent pas de ta-
lents. Pour la deuxième fois en 3
ans, une équipe sénégalaise est
demi-finaliste des Ericsson Inno-
vation Awards, grand concours
mondial organisé chaque année
par Ericsson autour du dévelop-
pement d’applications et de l’in-
novation. Cette année, le
concours, qui réunit les meilleurs
développeurs du monde autour
de «l’Avenir de l’éducation»,
Le label thème de cette édition 2015, a vu
d’excellence l’équipe sénégalaise Handi’Educ
(formation)
se démarquer avec leur applica-
tion du même nom.
L’application multiplateforme
web/mobile a été développée pour
aider les enfants handicapés dans
un environnement éducatif. Elle
fonctionnera sur tous les appa-
reils et répond aux défis rencon-
trés par les enfants qui ont des
problèmes de vue, de parole,
d’ouïe ou de mobilité.
L’équipe sénégalaise représentera
le Sénégal et toute l’Afrique sub-
saharienne au concours.
Obi Mobiles
investit le marché
kenyan
Obi Mobiles, nouvelle marque de
téléphone intelligent, cofondée
par le vétéran de commercialisa-
tion et ancien PDG d’Apple John
Sculley, va investir le marché ke-
nyan au mois de mars prochain.
L’entreprise, qui vise à attirer le
Le potentiel de segment croissant des jeunes
branchés sur le Smartphone,
recherche et trouve que le Kenya est un mar-
d’expertise est ché important pour sa stratégie
immense et ne d’expansion mondiale rapide en
Afrique. A noter qu’Obi Mobiles
demande qu’à est une entreprise d’investisse-
s’épanouir. ment, basée à Toronto, et qui
vient d’acquérir Inflexionpoint.
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
CAN 2015 La Guinée équatoriale
relève presque le défi
A la suite de la défection du Maroc qui sollicitait un
report de la compétition pour cause d’Ebola,
l’organisation de la CAN 2015 a failli ne pas se jouer.
N’eût été la volonté panafricaniste de l’équato-
guinéen Téodoro Obiang Nguéma Mbasogo...
«R
éussir l’organisation
d’une Coupe d’Afrique
des Nations Orange en
moins de deux mois peut apparaître
comme un pari risqué», déclarait Issa
Hayatou dans un discours prononcé
lors de la cérémonie de tirage au
sort de la compétition, dans la
splendide salle de conférence de Si-
popo à Malabo.
Selon ce dernier, l’Afrique et la Guinée
équatoriale ont aujourd’hui la matu-
rité nécessaire et ce qu’il faut en termes
d’infrastructures et de ressources, tant
humaines que matérielles, pour rele-
ver le défi. Cette certitude du patron de
la CAF s’est effectivement confirmée
lors de l’organisation.
En effet, à la suite des matchs de poule
et des quarts de finale, la Guinée
équatoriale a relevé le défi et a fait
honneur à la compétition en prou-
vant au monde entier ses capacités à
réussir l’organisation d’une compéti-
40 Les Afriques . 12 février 2015
tion de grande envergure en 50 jours
seulement. Les quatre villes retenues
pour abriter la compétition ont ré-
pondu aux attentes et au cahier des
charges des organisateurs de la CAF.
C’est dans cette optique que l’adjoint
au maire de la ville de Malabo décla-
rait : «Tout le monde constate la soli-
darité agissante, avec le gouvernement,
de la population pour mieux accueillir
la plus prestigieuse compétition afri-
caine». Ces paroles de Manuel Mor-
gades rassuraient déjà en son temps
les plus sceptiques sur les «capacités
acquises par le pays en matière d’orga-
nisation des manifestations et événe-
ments de tout genre».
L’expérience acquise lors de l’orga-
nisation conjointe de la CAN 2012
avec le Gabon a considérablement
contribué dans la dynamique de
l’organisation et de la sécurisation
de l’événement. En plus du savoir-
faire dans l’accueil et l’organisation,
Le déficit commer-
cial sud-africain se
creuse
Malgré une embellie à la fin de l’an-
née (excédent de 6,8 milliards de
rands, soit 517 millions d'euros,
grâce à une baisse des importations
d'hydrocarbures et de machines), le
déficit commercial de l’Afrique du
Sud s’est creusé en 2014 à 95,3 mil-
liards de rands, soit 7,2 milliards
d'euros, contre -71,4 milliards en
2013. Pour les services fiscaux sud-
africains, ce creusement s’explique
principalement par l’augmentation
soutenue des importations et l’im-
portance d’une facture énergétique -
qui a certes baissé sur les derniers
mois - renchérie par la dépréciation
du rand. Les analystes ont constaté
que le rythme de la progression des
exportations s’est ralenti, vu la fai-
blesse persistante de la demande ex-
térieure, qui n’a que peu profité d’un
taux de change plus favorable. Com-
parativement à l’année dernière, les
importations ont ainsi progressé de
8,6% à 1 083,5 milliards de rands,
tandis que les exportations sud-afri-
caines ont augmenté de 6,6% à 988,2
milliards de rands.
Les joueurs de la
Guinée équatoriale
exultent après un Visite du vice-prési-
but marqué à Bata
(Coupe d'Afrique dent angolais à Soyo
des Nations 2015) Manuel Domingos Vicente, vice-
président angolais, s’est rendu, en
début de semaine dernière à Soyo,
ville située dans la province de
Zaire, où il a présidé la cérémonie
officielle de rentrée des classes 2015.
Confirmation de Domingos NKita
Margarida, directeur provincial de
l’Education, science et technologie,
qui a précisé l’inauguration de 242
salles de classes dans toute la pro-
La Guinée vince, pour faciliter l’accès à la sco-
larisation à 10 000 nouveaux élèves
équatoriale a inscrits, cette année, dans le sys-
relevé le défi tème normal d’enseignement de la
et a fait province de Zaire (près de 150 000
inscrits au total). A noter que plu-
honneur à la sieurs membres du gouvernement,
compétition. notamment, Mpinda Simão, ac-
compagnent le vice-président.
le pays dispose des infrastructures
requises pour ce genre d’événements
(stades, réceptif hôtelier) que ce soit
à Malabo, Bata, Mongomo ou à Ebe-
biyin. Les principales villes qui ont
abrité les matchs de la compétition
ont répondu a fortiori aux attentes.
Par ailleurs, les détracteurs internes et
externes de la Guinée équatoriale, no-
tamment les partis d’opposition qui
critiquaient les autorités de ne pas
mettre en place des dispositifs sani-
taires nécessaires afin de dépister les
potentiels cas de virus Ebola, ont en eu
pour leur compte, car pour rassurer la
population, le président Obiang a tenu
à assister à tous les matchs d’ouverture
dans les 4 stades retenus pour la com-
pétition. Ce dernier ne cessait de mar-
teler qu’Ebola ne pénétrera pas en
Guinée équatoriale, car son gouverne-
ment avait pris la mesure de la menace
en redoublant les contrôles sanitaires
dans toutes les portes d’entrées du
pays. Les moyens conséquents ont été
mis à la disposition des équipes sani-
taires pour promouvoir la sensibilisa-
tion des populations à travers les
campagnes préventives. A ce sujet
d’ailleurs, la CAF avait assuré les auto-
rités de la Guinée équatoriale qu’elle
jouerait pleinement sa partition dans
la lutte contre le virus Ebola.
Qu’à cela ne tienne, au-delà de tout
ce que l’on peut rapporter au sujet
de ce pays, il faut reconnaître que les
dirigeants de ce pays ont prouvé au
monde qu’impossible n’était pas
équato-guinéen, car le président
Obiang a réellement travaillé et ne
ménage aucun effort pour dévelop-
per son pays en le dotant des infra-
structures de haut standing. Ce pays
comme l’a déclaré aux journalistes
le deuxième vice-président Téodore
Nguéma Obiang Mangué vient de
prouver sa capacité à organiser en
un temps record une manifestation
panafricaine de grande envergure.
La jeunesse africaine devrait à tra-
vers la Guinée équatoriale remercier
le sens panafricain du président
Obiang qui a évité au continent une
déconvenue en acceptant dans un
délais court l’organisation de la
CAN. C’est en substance le message
de Guillaume Soro qui s’interro-
geait en ces termes : «Imaginez-vous
une CAN organisée hors du conti-
nent ? Ce serait une véritable honte
pour le continent», concluait-il.
Somme toute, au regard de tout ce
qui précède, la Guinée équatoriale a
relevé son défi, car la compétition se
déroule sans réelles difficultés en
dépit de quelques problèmes inhé-
rents à toute œuvre humaine. On
peut confirmer que la fête est belle.
Rodrigue Fénelon Massala,
envoyé spécial à Malabo
Les moyens
Manifestation pour
conséquents la libération du jour-
ont été mis à naliste Bob Rugurika
la disposition Afin de réclamer la libération du
directeur de la radio locale «RPA»,
des équipes Bob Rugurika, incarcéré depuis le
sanitaires pour 21 janvier dernier pour compli-
promouvoir la cité d’assassinat, près de 150 jour-
nalistes et membres de la société
sensibilisation civile ont manifesté, la semaine
des dernière, à Bujumbura. Le cortège
s’est déployé sur des artères du
populations. centre et autour du Palais de jus-
tice. Des confrères sur place ont
soutenu que la justice lui re-
proche la diffusion depuis plus de
3 semaines des aveux d’un
homme qui se présente comme
l’un des assassins de 3 religieuses
italiennes, âgées de 75, 79 et 83
ans, les 7 et 8 septembre, à Ka-
menge, dans le nord de la capitale.
Un témoin qui aurait aussi mis en
cause de hauts responsables des
services secrets burundais dans ce
crime. Il se trouve que ce témoi-
gnage est en contradiction avec la
version officielle de la police.
Celle-ci avait arrêté un déséquili-
bré, désigné coupable.
Scènes de liesse à la Les Sankaristes font
CAN 2015
appel à Mariam
Sankara
Le Burkina Faso, Pays des
hommes intègres, traverse une
phase de transition. Le mouve-
ment Kamb-Si-Yiangda en profite
pour parachever le processus de
naissance d’une Communauté
des Sankaristes-Unis pour le Re-
nouveau (S.U.R). Pour donner
plus de punch à ce renouveau et
adopter un projet de société san-
kariste, les membres et sympathi-
sants du mouvement ont adressé
une pétition à Mariam Sankara,
veuve de Thomas Sankara. L’ob-
jet est de désigner une candida-
ture sankariste, consensuelle et
unique à la présidentielle, mais
aussi établir une liste commune
aux locales et un agenda du pro-
cessus de ce renouveau.
12 février 2015 Les Afriques . 41
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

AFRIQUE CENTRALE
Incertitudes au sujet du Sommet des chefs d’Etat
Le report sine die pour la énième fois du Sommet des chefs d’Etat de
l’Afrique centrale ne sera pas sans conséquence sur l’avenir de cette partie
du continent, en butte à des défis politiques, économiques et sécuritaires.

P
lusieurs fois annoncé et au-
tant de fois reporté, le 12ème
Sommet des chefs d’Etat de la
Communauté économique et moné-
taire de l’Afrique centrale (Cemac)
pourrait continuer à jouer les pro-
longations. Plus d’un mois après le
dernier report, alors que sur place à
Libreville, au Gabon, tout semblait
indiquer que les dirigeants de la
sous-région devraient se retrouver
pour plancher sur des sujets d’inté-
rêt commun, aucun indice sérieux
ne présage de la tenue de la grand-
messe courant février comme cer-
tains analystes avaient cru le
percevoir. Et pourtant, l’actualité po-
litique, économique et sociale com-
mande la tenue de ce Sommet, au
regard de l’instabilité institutionnelle
en Centrafrique et l’insécurité gran-
dissante dans les frontières came-
rounaises et tchadiennes du fait des
exactions de la secte islamiste nigé-
riane Boko Haram.
Les autres dossiers dits «brûlants», at-
tendus sur la table des dirigeants de la
sous-région sont la convertibilité du
franc CFA entre les pays de la Cemac et
ceux de l’Union économique et moné-
taire ouest-africaine (Uemoa), l’échec
du lancement de la compagnie sous-
régionale Air Cemac, l’intégration
communautaire avec la difficulté de la
circulation des personnes et des biens,
en l’occurrence le Gabon et la Guinée
équatoriale qui exigent encore l’obten-
tion d’un visa pour les ressortissants
de la Cemac. Pour des analystes, l’in-
convertibilité du CFA selon que l’on
est en Afrique de l’Ouest ou en Afrique
centrale alors que ces pays font partie
de la Zone Franc est une «incongruité»
qui ne doit pas exister, tant il est vrai
que cela constitue une entrave aux
échanges économiques et commer-
ciaux. Or, il se trouve que malgré la
disponibilité des deux Banques cen-
trales pour la convertibilité du CFA
dans les deux régions, en l’occurrence
Parlement de la la Banque centrale des Etats de
Cemac l’Afrique de l’Ouest (Bceao), la
Banque des Etats de l’Afrique Centrale
(BEAC), toute convertibilité doit re-
quérir l’assentiment des chefs d’Etat.
Autres sujets préoccupants : l’avenir
de la Commission de la Cemac mo-
mentanément délocalisée de Bangui
à Libreville à cause du conflit en Ré-
publique centrafricaine, la probléma-
tique de la signature d’un accord de
partenariat économique (APE) sous-
régionale, et d’autres problèmes d’in-
térêt commun, avec en bonne place
la sécurité en Afrique centrale. Last
Aucun indice but not least, la candidature du mi-
sérieux ne nistre tchadien des Finances et du
budget, Kordjé Bedoumra, à la prési-
présage de la dence de la Banque africaine de dé-
tenue de la veloppement (BAD) qui nécessite
grand-messe sans doute une concertation des gou-
vernants de la sous-région pour don-
courant ner plus de chance au candidat de
février. l’Afrique centrale.
Achille Mbog Pibasso, Douala

42 Les Afriques . 12 février 2015

 De violents combats
AFRIQUE Le volume des flux financiers contre Boko Haram
illicites s'élève à plus de 60 Mrds de f CFA à Fotokol
Dans la ville de Fotokol, à la fron-
Le rapport final du Groupe de haut niveau sur les flux tière camerouno-nigériane, d’où
financiers illicites en provenance d’Afrique a été l’armée tchadienne a lancé la veille
son offensive terrestre au Nigéria
présenté au Centre international de conférences des contre Boko Haram, il y a eu de vio-
Nations unies à Addis-Abeba, le 1er février 2014. Sous les lents combats, la semaine dernière.
Les heurts ont opposé les soldats
auspices de l’ex-président sud-africain, Thabo Mbeki. loyalistes aux jihadistes. En même
temps, les services de sécurité ont
aussi assuré que l’armée tcha-
dienne lançait une opération de ra-
tissage contre les islamistes de
Boko Haram dans la ville nigériane
de Gamboru, totalement désertée
par la population, au lendemain du
déclenchement de son offensive
terrestre au Nigéria.

Début des essais

du tramway
d’Addis-Abeba
En Ethiopie, les essais du tramway
de la capitale Addis Abeba ont dé-
buté au tout début du mois de fé-
vrier. Si actuellement les essais sont
confinés sur un tronçon de 9 km
entre Kality et Meskel Square, à
terme, le tramway électrique cou-
vrira un réseau de 34 km. A noter
que le projet essentiel au dévelop-
pement de l’Ethiopie, qui s’inscrit

L
e rapport sur les flux finan-
ciers d'origine illicite a fait
l'objet de soumission à l’As-
semblée de l’Union africaine (UA),
le 31 janvier 2015. C'est le fruit
d'une collaboration d'experts de
haut niveau des États-Unis et
d'Europe.
Ce rapport émet des recommanda-
tions qui devront aboutir à empê-
cher l'hémorragie financière due
aux flux financiers illicites en
Afrique qui gangrènent les écono-
mies africaines souvent exposées
aux contrecoups des transactions
nébuleuses commerciales et indus-
trielles. Des flux financiers émanant
de la corruption, de trafics de
drogues, de minerais, d’armes, de
toutes sortes de contrebande, de
l’évasion fiscale...
Selon les rédacteurs du rapport,
cette manne inestimable d'argent il-
licite représente «une menace im-
portante et récurrente pour la
gouvernance et le développement éco-
nomique en Afrique».
Les chiffres sont alarmants : le
manque à gagner en faveur du sys-
tème financier africain s'élève à plus
de 50 milliards de dollars ces dix der-
nières années. Le montant des flux fi-
nanciers illicites en provenance de
l’Afrique dépasse l’aide officielle au
développement du continent qui re-
présentait 46,1 milliards de dollars en
2012, précise le rapport. Le Groupe
de haut niveau est constitué d'experts
de la CEA et de l'Union africaine.
Ismael Aidara, Addis-Abeba
Un manque dans le cadre du plan quinquennal
à gagner de plus de de croissance du pays, est réalisé par
46 milliards de $
le groupe China Railway Group Ltd.
Des flux Le président Bongo
financiers reçoit l’opposition
émanant de la sans Jean Ping
corruption, de Au Gabon, Abdoulaye Bathily, re-
trafics de présentant spécial du Secrétaire
drogues, de général de l’ONU et chef du Bu-
reau régional des Nations unies
minerais, pour l’Afrique centrale (Unoca),
d’armes, de s’emploie pour renouer le dialogue
contrebandes, politique. Le président Ali Bongo a
ainsi reçu, mercredi dernier à Li-
de l’évasion breville, des représentants de par-
fiscale... tis politiques. Toutefois, Jean Ping
ne figurait pas parmi les invités…

12 février 2015 Les Afriques . 43

POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
ADDIS-ABEBA
Robert Mugabe porté à la présidence de l’UA
Coup de théâtre. A l’issue du 24ème Sommet des chefs
d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA),
Robert Mugabe a été élu par ses pairs président de
l’organisation, le 31 janvier à Addis-Abeba.
L
e Sommet de l'Union afri-
caine (UA) a connu le chan-
gement de poste de
président en exercice de l'instance
continentale qui a été marqué par
la fin du mandat du chef de l'Etat
mauritanien, Mohamed Ould Ab-
delaziz, la prise de fonction du
président Robert Mugabe et la
croisade contre l'escalade tragique
des attaques du groupuscule armé
de Boko Haram. Mugabe, jusque-
là au ban d’une bonne partie de la
communauté occidentale, est im-
posé de facto par ses pairs. Vive-
ment la suite.
La présidente de la Commission
de l'UA, la Sud-Africaine Nkosa-
zana Dlamini-Zuma, a indiqué
44 Les Afriques . 12 février 2015
que l'Afrique, dans un élan hé-
roïque, doit vite faire face à cette
tragédie imposée aux populations
de la région nord-est du Nigéria et
de certaines villes stratégiques des
pays voisins (Cameroun).
Les chefs d'Etat africains ont ap-
pelé au cours de la réunion du
CPS (Conseil de paix et de sécu-
rité) à la création rapide d'une
force multinationale forte de 7 500
hommes, via le Fund Trust.
La milice armée Boko Haram s'est
emparée de territoires entiers du
nord-est du Nigéria et poursuit ses
attaques meurtrières au Came-
roun voisin, à quelques encablures
du Tchad et du Niger.
Ismael Aidara, Addis-Abeba
Nouvelles facilités
du FMI au Kenya
Afin d’aider le Kenya à faire face à de
possibles «chocs économiques exté-
rieurs», le Fonds monétaire interna-
tional (FMI) vient d’approuver une
ligne de crédit de précaution de près
de 700 millions de $. Dans un com-
muniqué rendu public, il ressort que
le Conseil d'administration du FMI,
qui représente ses 188 Etats-mem-
bres, a donné son feu vert à 2 méca-
nismes de crédit qui s’étendent sur
un an et portent au total sur 688,3
millions de $. Pour mémoire, les cré-
dits de précaution du FMI sont des-
tinés à rassurer les investisseurs et les
bailleurs de fonds internationaux
sur les marges de manœuvre budgé-
taire d’un pays qui n’est pas en si-
tuation de crise. Justement, le FMI
assure que ces plans constituent un
point d'ancrage pour la poursuite de
réformes institutionnelles et macro-
économiques et contribuent à atté-
nuer l'impact de chocs potentiels.
Extradition d’un
terroriste somalien
présumé du Kenya
Arrêté lundi dernier, dans la ville
côtière de Mombasa, Alweys Omar,
homme d’affaires somalien et pré-
sumé terroriste, doit être extradé de
Nairobi vers la Somalie après un in-
Robert Mugabe terrogatoire minutieux. Il est origi-
naire d’une famille de riches
réfugiés somaliens. Confirmation
de Munga Nyale, chef de l’unité de
police anti-terroriste, qui a précisé
qu’il est accusé d'être proche
d'hommes d'affaires qui sont liés
directement aux réseaux interna-
tionaux de financement et qui sou-
tiennent les activités terroristes, y
compris les recrutements et les li-
vraisons d’armes à feu.
Mais pour l’avocat d’Alweys Omar,
il s’agit d’un cas grave d’injustice,
vu que son client a été innocenté par
le tribunal et possède des docu-
ments de réfugié valides. A noter
que l’accusé est arrivé au Kenya,
alors qu’il était âgé de 19 ans.

TUNISIE Le nouveau gouvernement d’Essid
obtient la confiance du Parlement
Habib Essid est devenu, jeudi 5 janvier, le 26ème chef
de gouvernement de la Tunisie. Sur les 204 élus
présents, 166 ont voté pour la nouvelle équipe
d’Essid. Les portefeuilles de souveraineté ont été
confiés à des indépendants.
L
e Parlement tunisien vient
d’accorder confiance à la nou-
velle équipe d’Habib Essid, le
chef du gouvernement. Avec 166 voix
pour, 30 contre et 8 abstentions sur
204 votants, Habib Essid devient le
26ème chef de gouvernement tuni-
sien depuis 1882. Le nouveau gou-
vernement tunisien de coalition est
dominé par le vainqueur des élec-
tions Nidaa Tounès, mais également
le parti Ennahda.
En effet, Habib Essid est un indépen-
dant désigné par Nidaa Tounès pour
diriger le nouveau gouvernement
après les élections présidentielles de
décembre 2014 qui ont porté Béji
Caïd Essebsi à la présidence de le Ré-
publique. Après le rejet de la première
mouture du gouvernement, Habib
Essid devait constituer une coalition
avec Ennahda, deuxième force au
Parlement, pour atteindre les 109
voix nécessaires au vote de confiance.
Nidaa Tounès a obtenu six porte-
feuilles dont celui des Affaires étran-
gères. Les ministères de l'Intérieur, de
la Défense et de la Justice ont été
confiés à des indépendants. Ennahda
a obtenu le portefeuille de l'Emploi et
trois secrétariats d'Etat.
Outre Nidaa Tounès et Ennahda,
trois autres formations politiques
sont représentées dans l'équipe gou-
vernementale, à savoir l'Union pa-
triotique libre avec 16 députés, le
parti Afek Tounès avec 8 élus et le
Front du salut national, qui ne
compte qu'un seul député.
Sanae Taleb, Casablanca
Nouveau procès
de Morsi à la
mi-février
L’ex-président islamiste Moha-
med Morsi, destitué par l’armée
égyptienne en 2013, et accusé de
trahison et d’espionnage au pro-
fit du Qatar, sera de nouveau face
aux juges, à partir du 15 février.
L’annonce a été faite par la justice
égyptienne. Un nouveau procès,
pour lequel il encourt aussi la
peine capitale. Rappelons que
Mohamed Morsi est accusé
d’avoir transmis des documents
classifiés au renseignement du
Qatar et à la chaîne de télévision
qatarie Al-Jazeera, du temps où il
était chef de l’Etat, premier prési-
dent élu démocratiquement en
Egypte, un an après la chute de
Hosni Moubarak en 2011. Le
Qatar a toujours soutenu la
confrérie des Frères musulmans.
Délocalisation de
Daesh en Libye
La Libye, en proie à des combats
interethniques et entre factions
rivales, souffre de la porosité de
ses frontières et de l’absence de
toute autorité centrale. L’Etat is-
lamique (EI) ou Daesh, qui a subi
Habib Essid, de nombreux revers en Syrie, s’y
nouveau chef est alors retiré. Les analystes atti-
du gouvernement
de la Tunisie rent l’attention sur le fait que
cette mouvance jihadiste profite
d’une situation chaotique qui
offre un terreau fertile au terro-
risme. Ils ont souligné qu’Abu
Bakr al-Baghdadi déclarait, il y a
quelques jours, que la Libye re-
présente une porte stratégique
pour le regroupement de tous les
jihadistes du monde. N’est-ce pas
que les habitants de Derna lui ont
proclamé leur allégeance, il y a
Nouveau des mois. Aussi, les combattants
gouvernement proviennent de Syrie, de Tunisie,
du Maroc, d'Algérie, d'Afghanis-
tunisien de tan, de Tchétchénie, du Pakis-
coalition. tan… et se rendent à Sabratha,
Misrata, Syrte et Derna.
12 février 2015 Les Afriques . 45
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
CAMEROUN
Hausse des importations nigérianes
Malgré le climat d’insécurité entretenu dans l’Extrême-
Nord du Cameroun par la secte terroriste nigériane
Boko Haram, les échanges commerciaux entre les
deux pays sont en constante augmentation.
L
es exportations du Nigéria en
direction du Cameroun ont
augmenté de 36% en 2014,
tandis que celles du Cameroun vers
le Nigéria, sur la même période, ont
connu une augmentation de 24%,
soit un taux déficitaire de 12% pour
le Cameroun. Un déficit commercial,
selon les responsables de la Chambre
de commerce, d’industrie, des mines
et de l’artisanat (Ccima), qui s’ex-
plique par «la rigidité des normes
imposées sur certains produits aux
frontières du Nigéria». Les responsa-
bles des deux pays sont actuellement
en conclave à Douala, dans le cadre
d’une réunion préparatoire à la mise
en place d’une plateforme entre opé-
rateurs économiques Cameroun-Ni-
géria, la finalité étant de booster les
échanges économiques et commer-
ciaux entre la première puissance
46 Les Afriques . 12 février 2015
économique du continent africain et
la locomotive de l’économie en
Afrique centrale.
Le Nigéria exporte vers le Came-
roun des produits, tels que les cos-
métiques, du textile, des pièces
détachées pour véhicules, les appa-
reils électroniques et électroména-
gers, tandis que les exportations
camerounaises vers le Nigéria sont
constituées de produits alimen-
taires, du coton, du caoutchouc.
Toutefois, soutiennent des experts,
il est difficile de faire une évaluation
juste des échanges entre les deux
pays du fait d’un niveau élevé du
commerce informel, sans oublier la
fraude et la contrebande qui sévis-
sent le long des 1 500 km de fron-
tières que partagent le Cameroun et
le Nigéria.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Report des
élections locales
au Maroc
Au Maroc, on se dirige vers un re-
port des élections communales et
régionales. Initialement prévues
en juin 2015, elles se dérouleraient
vraisemblablement le 4 septem-
bre. C’est du moins la proposition
faite par le gouvernement aux
partis politiques. Dans un com-
muniqué qui nous est parvenu, il
est précisé que : «Le mois de juin
qui devait être la date initiale
pour tenir les communales et ré-
gionales n'est plus valable». Ce
nouveau délai permettrait d'ac-
corder plus de temps à la finalisa-
tion et l'adoption des différentes
lois électorales.
Contingent de soldats
de l’UA au Nigéria
Samil Chergui, président du
Conseil de paix et de sécurité de
l’Union africaine, a assuré que les
chefs africains ont accepté d’en-
voyer 7 500 soldats pour combattre
l’insurrection de Boko Haram
dans le nord-est du Nigeria. Il
s’agit d’une mesure adoptée après
que l’Union africaine (UA) ait
exhorté les chefs d’État à approu-
Port Douala ver le déploiement de soldats de 5
pays d’Afrique de l’Ouest pour
combattre le groupe terroriste.
Enlèvement de deux
pilotes russes au
Darfour
Artour Safoukov, porte-parole de
l’ambassade de Russie au Soudan,
a confirmé que deux pilotes de la
compagnie aérienne ruse Utair, qui
travaillaient au Soudan dans le
cadre d’un contrat avec la Minuad
(Mission de maintien de la paix de
Booster les l’Union africaine et des Nations
échanges unies) ont été enlevés, le 29 janvier
à Zalingei. Il a ajouté que toutes les
économiques et mesures sont en train d’être prises
commerciaux. pour leur libération dans cette par-
tie du Darfour.
ARRÊT SUR IMAGE

Ukraine
Le 5 février 2015. Poignée de main
entre le président ukrainien Petro
Porochenko (centre), la chancelière
allemande Angela Merkel et le
président français François Hollande,
juste avant leurs entretiens à Kiev
pour un nouveau plan de paix à même
de mettre fin à la recrudescence des
combats dans l'Est du pays.

48 Les Afriques . 12 février 2015

12 février 2015 Les Afriques . 49
DOSSIER
Les monnaies africaines
face à l’euro
En Afrique, bon nombre de pays ont pris le soin d’inclure dans le panier de
devises composant leur monnaie une proportion importante d’euros et/ou
de dollars, si elle n’est pas carrément arrimée à la devise européenne ou au
dollar. Aujourd’hui, avec la crise grecque, le monde entier est dans l’expec-
tative. Quid en Afrique, où on est entre appréhensions et opportunités ?
E
n dépit de la percée des dragons d’Extrême-
Orient, l’Afrique commerce plus générale-
ment avec l’Europe et l’Amérique. Par
conséquent, le cours de change de l’euro
par rapport au dollar est surveillé par les ex-
perts de ces pays comme du lait sur le feu. Aussi, vu
qu’une grande majorité de pays ont leur monnaie liée à
la devise européenne, cette veille s’explique amplement.
Un euro trop fort renchérit les exportations des pays,
dont le panier comprend une forte proportion de la
monnaie européenne. Du coup, ils deviennent moins
compétitifs. Certes entre 2008 et les tout premiers mois
de l’année en cours, l’euro a cédé pas mal de terrain par
rapport au dollar, passant de 1,4706 $ à 1,1301 $. Mais
l’analyse va plus loin, vu qu’il arrive que dans ces mêmes
pays, une partie des importations soit libellée en dollars.
Aujourd’hui, si l’euro perd du terrain, c’est au profit du
dollar. Et ce qu’on récupère d’une main, on risque de le
perdre de l’autre, en le restituant…
Les incohérences L’Euro au cœur des préoccupations
Avec l’arrivée au pouvoir en Grèce du parti de gauche
de certaines radical Syriza, l’opération de charme, menée de concert
par Alexis Tsipras, Premier ministre grec, et Yanis Va-
monnaies, telles roufakis, ministre des Finances, pour renégocier la dette
que le f CFA, la de leur pays en Zone Euro, fait l’objet d’une attention
toute particulière du monde économique et financier.
création de L’offensive des nouvelles autorités grecques auprès d’un
certain nombre de pays européens est par conséquent
monnaie unique suivie en Afrique. Il s’agit de pourparlers, dont les ré-
en Afrique, percussions seront ressenties au-delà des frontières
grecques… Il est vrai que pour stimuler l’activité éco-
l’encouragement nomique, la Banque centrale européenne (BCE) a dé-
cidé d’injecter 60 milliards d’euros par mois jusqu’en
d’Accords de septembre 2016, mais uniquement dans les économies
facilitation de solvables. Le nouveau gouvernement grec, qui a brandi,
par moments, la menace d’annulation pure et simple
transfert d’une partie de sa dette, plaide pour une indexation du
remboursement de la dette à la croissance. Les négo-
d’argent. ciations sont toujours en cours, mais la BCE compte
maintenir la pression. Elle en a les moyens vu que les
50 Les Afriques . 12 février 2015
règles de la Zone Euro sont claires. Les banques ne peu-
vent obtenir des liquidités du guichet BCE qu’à la
condition d’apporter des garanties («collatéraux») suf-
fisamment sûres. Actuellement, vu les notations des
agences, ce n’est pas le cas des banques grecques, ni non
plus de la dette grecque. Ce pays est encore sous super-
vision de la Troïka, ce qui lui permet d’avoir des liqui-
dités à partir du guichet de Francfort. Mais qu’en
sera-t-il lorsque le robinet sera fermé, le 28 février, date
d’expiration du programme de supervision de la
Troïka ? Entre autres solutions, certains experts avan-
cent l’emploi du principe de l’ELA ou liquidités d’ur-
gence allouées à la Banque centrale grecque par la BCE
à un taux d’intérêt élevé, ou évoquent de prochaines
réunions de ministres des Finances de la Zone Euro…
Une nouvelle étape
Sachant que les réserves de change soutiennent le cours
des devises, les pays africains ont mis en place des poli-
tiques monétaires en fonction de leurs transactions
commerciales, de leurs ressources et de leurs relations
historiques avec le reste du monde. A titre d’exemple, le
dinar algérien est corrélé à 70% au cours des hydrocar-
bures. Au Maroc, le panier de devises composant le di-
rham tourne autour de 80% d’euros pour 20% de
dollars. Le cédi ghanéen, le naira du Nigéria, le franc gui-
néen, le birr éthiopien… toutes des devises de pays afri-
cains, non convertibles, mais garanties par les réserves de
change. Mais dans les zones Cemac (Communauté éco-
nomique et monétaire de l’Afrique centrale) et Uemoa
(Union économique et monétaire ouest-africaine), la
monnaie en cours, le franc CFA, est à parité fixe avec
l’euro (1 euro = 655,9570 f CFA). Excepté pour cette
dernière -et encore- il s’agit d’autant de monnaies et de
devises, dont les fluctuations à venir peuvent impacter
sérieusement les économies des pays où elles ont cours.
Un contexte économico-financier qui remet en selle les
incohérences de certaines monnaies, telles que le f CFA,
la création de monnaie unique en Afrique, l’encourage-
ment d’Accords de facilitation de transfert d’argent…
Daouda MBaye, Casablanca
12 février 2015 Les Afriques . 51
DOSSIER

Round-up des pays africains

ayant leur propre monnaie
La conjoncture internationale marquée par les fluctuations de l’euro et
du dollar affecte les économies africaines. L’impact reste variable
selon la zone, avec une particularité pour les pays de la zone CFA qui
ont donc leurs propres monnaies.
Fluctuations techniques
des échanges

D
es pays comme le Nigéria, l’Afrique
du Sud, la Guinée, le Ghana, le Kenya,
ont leurs propres monnaies mais sont
aussi affectés par les fluctuations des
devises comme l’euro ou le dollar
américain. A la différence des pays de la zone CFA
qui bénéficient de cette parité entre l’euro et le CFA
(1 euro = 655,957 f CFA), les monnaies des autres
pays sont parfois plus volatiles.
Mais la baisse récente de l’euro inquiète beaucoup
de pays africains. En janvier 2014, un euro valait
Variation du flux 1,349 dollar, alors qu’en janvier 2015, un euro vaut
environ 1,158 dollar, soit une baisse de 14% en une
des IDE, variation année. Une situation qui pénalise directement les
des exportations, pays de la zone CFA.
Dans un contexte de conjoncture internationale in-
des importations, stable, la fluctuation des devises comme l’euro et le
dollar américain peut avoir des conséquences variées
etc. sur l’économie des pays africains. L’impact peut être
de différentes natures : variation du flux des IDE, va-
riation des exportations, des importations, etc.
Pour les pays hors zone CFA, qui ont leur propres
monnaies, la fluctuation du cours de l’euro peut af-
fecter directement les flux du commerce internatio-
nal. Leurs monnaies souvent non rattachées à une
devise internationale s’exposent (en plus des pro-
blèmes de crédibilité de leur politique de change)
aux incertitudes liées à la volatilité des taux de
change. Sans compter un impact négatif sur l’entrée
de capitaux et des investissements étrangers.
Nigeria : instabilité du naira
Le 25 novembre dernier, la Banque centrale du Nigé-
ria a décidé de dévaluer la monnaie nationale, le naira,
alors que le pays, première économie d’Afrique, est
frappé de plein fouet par les conséquences de la chute
du cours du pétrole. Suite à cette modification de la
parité du naira avec le dollar américain, désormais un
dollar est échangé contre 168 nairas, au lieu de 155 au-
paravant. La Banque centrale a aussi revu à la hausse

52 Les Afriques . 12 février 2015

 le taux des réserves obligatoires des banques privées,
Pour se protéger passant de 15 à 20 %. Le budget du pays dépend à 80
de fluctuations % des recettes tirées des hydrocarbures. Depuis août
2014, le naira a perdu au moins 8% de sa valeur. La
trop violentes de dévaluation permettra au pays de mieux aligner le
taux de change avec le taux du marché interbancaire et
leurs monnaies, de réduire l’érosion des réserves de change du pays.
les pays Notons que les réserves de change du pays ont chuté,
passant de 43,16 milliards de dollars en janvier 2014 à
émergents 34,38 milliards de dollars au 28 janvier 2015. La va-
leur de la monnaie nationale impacte direct la santé
membres des de l’économie. Le pouvoir d’achat des consommateurs
BRICS, dont nigérians est sérieusement menacé par la dégringolade
du naira, surtout parce que 80 % des produits
l’Afrique du Sud consommés dans le pays sont importés.
fait partie, ont Afrique du Sud :
d’ailleurs décidé les nombreuses fluctuations du rand
Le rand, monnaie de l’Afrique du Sud (symbole :
de créer une ZAR) qui existe depuis 1961, est également utilisé par
d’autres pays comme le Lesotho et le Swaziland en tant
banque commune que monnaie commune. La monnaie sud-africaine
connaît des hauts et des bas face au dollar américain.
Parmi ces fluctuations historiques, on peut citer la
longue dépréciation de 2001 lors de laquelle la mon-
naie d’Afrique du Sud perdit 100% de sa valeur
(EUR/ZAR = 6,1684 en février 2000 et EUR/ZAR =
12,1203 en décembre 2001). Après avoir regagné du
terrain sur le dollar (EUR/ZAR = 7,1910 en février
2006), l’inquiétude sur les marchés financiers à la suite
de la crise des subprimes conduit à une nouvelle ap-
préciation de l’euro face à la monnaie sud-africaine
(jusqu’à la valeur EUR/ZAR = 12,7671 en mars 2008).
Le rand reste très volatile. Pour se protéger de fluctua-
tions trop violentes de leurs monnaies, les pays émer-
Le rand, aussi malmené
gents membres des BRICS, dont l’Afrique du Sud fait
partie, ont d’ailleurs décidé lors de leur Sommet, tenu
en 2014 au Brésil, de créer une banque commune et
ainsi «s'émanciper» de l'Occident.
Ghana : le cedi,
une monnaie qui s’affaiblit
Le cedi (1 USD = 3.39997 GHS), monnaie natio-
nale du Ghana, deuxième producteur mondial de
cacao et deuxième producteur d'or d'Afrique, est
aussi fortement exposé aux fluctuations du marché
international. Rappelons que depuis juillet 2007, le
Ghana avait changé sa monnaie pour adopter un
nouveau cedi plus fort, qui vaut 10,000 anciens
cedis. L'affaiblissement de la monnaie, les fluctua-
tions des prix mondiaux des produits d'exporta-
tion comme le cacao et l'or (le cours de l'or a chuté
de 28% en 2014) suscitent des inquiétudes sur le
ralentissement de l’économie du pays. Suite à la dé-
gringolade du taux de change du cedi qui est à son
niveau le plus bas, la banque centrale du Ghana a
imposé des contrôles supplémentaires sur les mou-
vements de monnaies étrangères, ainsi que des res-
trictions sur les montants des retraits en devises.
Les pays hors zone CFA et qui ont leurs propres mon-
naies ne semblent donc pas mieux se porter par rap-
port aux 15 pays qui ont le franc CFA comme monnaie
commune. Dans l’ensemble, les pays africains sont di-
rectement affectés par les fluctuations du cours des ma-
tières premières ainsi que la volatilité du dollar et de
l’euro (surtout pour les pays de la zone CFA). Selon
certains analystes, la création d’une monnaie africaine
commune pourrait atténuer les impacts de la conjonc-
ture internationale sur l’économie des Etats africains.
Ibrahim Souleymane, Casablanca
12 février 2015 Les Afriques . 53
DOSSIER
Yves-Stéphane Mbele
Le franc CFA en question
Yves-Stéphane Mbele, Credit Risk manager, analyse l’impact des
fluctuations du cours des devises comme l’euro sur l’économie
africaine. Il évoque aussi les avantages et les inconvénients de
l’utilisation du franc CFA comme monnaie commune au sein des 15
pays de la zone CFA.
L
es Afriques : Avec la conjoncture internatio-
nale instable, on constate beaucoup de fluc-
tuations sur le cours des devises comme
l’euro et le dollar. Quel est l’impact de cette situa-
tion sur les pays de la zone CFA ?
Yves-Stéphane Mbele : Il convient de préciser que les
fluctuations des devises sont une conséquence natu-
relle du système de taux de change flottant, ce qui est
la norme pour la plupart des grandes économies.
Cependant, les effets de la variation des taux de
change ont une grande portée pour les pays de la
zone CFA. En fait, le prix de l’euro ou du dollar a
un impact direct sur certains aspects des économies
africaines : - Le commerce des biens et des services
: il s'agit du commerce international ou de ses ex-
portations et importations. Un franc CFA faible va
stimuler les exportations et rendre les importations
plus chères, ce qui diminue le déficit commercial.
Inversement, une monnaie forte peut réduire la com-
pétitivité des exportations, ce qui peut provoquer une
augmentation du déficit commercial et finalement af-
faiblir les économies africaines dans leurs mécanismes
d'auto-ajustement. Mais avant que cela n'arrive, les
secteurs primaires qui sont fortement axés sur les ex-
portations pourraient être décimés par une monnaie
trop forte. - La croissance économique : l’analyse des
Les relations dépenses de consommation et des investissements en
immobilisation des entreprises et des ménages fait ap-
entre taux paraître une baisse de ces agrégats en période de
d’intérêt et taux hausse de devises. Il est clair que le PIB de la zone CFA
sera faible si la valeur de l’euro ou du dollar est élevée.
de change sont - Les flux de capitaux : les investissements directs
formalisées selon étrangers (IDE) ont tendance à faire des arbitrages,
afin d’anticiper les fluctuations et la stabilité des de-
le principe de vises. C’est néanmoins ce qui a été constaté lors des
différentes crises monétaires et qui s’est vérifié à la
«parité des taux veille du 11 janvier 1994 lors de la dévaluation du
d’intérêt». franc CFA, dont une des manifestations concrètes aura
été une perte de confiance entrainant une fuite des ca-
pitaux. - L'inflation : les pays de la zone CFA étant de
54 Les Afriques . 12 février 2015
grands importateurs, les fluctuations des devises peu-
vent entraîner une inflation «importée», comme ce fut
le cas lors de la hausse des prix des denrées de pre-
mière nécessité en 2008, qui a provoqué des crises ali-
mentaires. - Les taux d'intérêt : comme mentionné
précédemment, le niveau du taux de change est un
facteur clé pour l’ajustement de la balance de paie-
ment, pour la plupart des banques centrales. Les rela-
tions entre taux d’intérêt et taux de change sont
formalisées selon un principe simple plus connu sous
le nom de «parité des taux d’intérêt». Ce principe sti-
pule que si deux devises ont des taux d’intérêt diffé-
rents, cette différence se reflètera dans les taux de
change forward et dans les taux de change futur anti-
cipé. Par exemple, la décision prise le 22 janvier par la
BCE de faire du Quantitative Easing (assouplissement
quantitatif) en injectant 1 100 milliards d’euros, cou-
plée à une baisse du taux des opérations de refinance-
ment offertes aux banques (LTRO), visent à adopter
une politique monétaire exceptionnellement accom-
modante à cause de la vigueur persistante de l’euro
face au dollar.
LA : Lorsqu’on parle du franc CFA, on évoque sou-
vent le «compte d’opérations». Pouvez-vous nous
dire de quoi il s’agit ?
Y.-S.M. : Liée à la coopération monétaire entre la
France et les pays de la zone CFA, l’union monétaire
CFA fonctionne selon quatre principes directeurs (ga-
rantie de convertibilité ; fixité de parité ; libre transfé-
rabilité et centralisation des réserves), auxquels
s’ajoutent les particularités des comptes d’opérations.
Les comptes d’opérations sont des dispositifs de
sauvegarde, qui fonctionnent comme des comptes à
vue ouverts auprès du Trésor français au nom de
chacun des trois instituts d’émission (Bceao, BEAC
et BCC). Ces comptes sont rémunérés et offrent la
possibilité d’un découvert sous certaines conditions.
Concrètement, les trois instituts d’émission dépo-
sent une partie de leurs avoirs extérieurs (produits
 de leurs exportations) dans des comptes auprès du
Au moins 65% Trésor public français.
des avoirs En réalité, et en échange de la garantie de convertibi-
lité, les règles de fonctionnement de la zone franc im-
extérieurs posent qu'au moins 65% des avoirs extérieurs soient
déposés sur les comptes d'opérations ouverts au Tré-
doivent être sor français dans le cadre du dispositif de sauvegarde.
déposés sur les Enfin, d'un point de vue juridique, le mécanisme
des comptes d’opérations qui garantit la converti-
comptes bilité du franc CFA, est de nature budgétaire et non
monétaire. Autrement dit, depuis 1948, la converti-
d'opérations bilité du franc CFA est garantie par le Trésor fran-
ouverts au Trésor çais et non la Banque de France. Un éventuel déficit
du compte d'opérations serait pris en charge par le
français. budget français.
LA : Pour les 15 pays qui utilisent le franc CFA,
quels sont les avantages et les inconvénients de
cette monnaie commune ?
Y.-S.M. : Le franc CFA est une question centrale pour
les économies africaines. Certes, son avènement a
permis de préserver des liens d’affaires privilégiés
avec le partenaire historique qu'est la France, cette
donne était sans doute intéressante à la sortie de la
Seconde Guerre mondiale dans un monde bipolarisé,
où les relations bilatérales étaient la règle. Mais pour
les agents économiques, le franc CFA est au quoti-
dien source de forces et de faiblesses.
Il permet dans un premier temps d’éliminer les
Yves-Stéphane Mbele
risques et les coûts des transactions liées aux opéra-
tions de change dans l’espace monétaire commun
aux 15 pays. La parité du taux de change avec l’euro
offre une certaine commodité pour les agents éco-
nomiques, dans le domaine du commerce interna-
tional, du fait de la constance et de la continuité de la
parité d’un mois à l’autre et d’une année à une autre.
Ce qui rend possible l’établissement des budgets et
des plans de trésorerie.
Par rapport aux autres pays africains, les taux d’in-
flation dans les pays de la zone CFA sont structu-
rellement inférieurs. Par exemple, le Nigéria, le
Ghana et la République démocratique du Congo
ont tous connu au cours des dernières décennies des
périodes de forte inflation et de chute de la valeur
extérieure de leurs monnaies, ce que n'ont pas
connu les pays de la zone CFA.
Toutefois, le coût économique réel de la commodité
et de la quiétude monétaire ayant trait à l’inflexibilité
du mécanisme liant les pays africains de la zone CFA
à la France et à l’Europe est de plus en plus élevé. Ce
coût n’est certes pas le même, pour un petit pays
d’Afrique centrale qui n’exporte quasiment que du
pétrole, et ne se soucie pas vraiment de compétitivité
comme la Guinée équatoriale, contrairement à une
économie relativement diversifiée d’Afrique de
l’Ouest comme la Côte d’Ivoire.
L’arrimage avec l’euro fait subir au franc CFA les
fluctuations de la monnaie européenne par rapport
12 février 2015 Les Afriques . 55
DOSSIER
Bceao, une succursale
de la Banque de France ?
au dollar, qui reste la monnaie de référence du com-
merce international.
Une appréciation constante de l’euro, et donc du
franc CFA, par rapport au dollar accroît ainsi le pro-
blème de compétitivité des entreprises exportatrices
des pays de la zone franc. Plus concrètement, la pa-
rité fixe avec l’euro ne prend pas en compte l’évolu-
tion de la structure du commerce international des
pays africains, de moins en moins marqués par le
biais historique favorisant leurs partenaires euro-
péens. Elle gèle également tout dynamisme pouvant
L’arrimage avec s’opérer par le biais des ajustements inhérents aux
performances des économies de la zone monétaire.
l’euro fait subir Le quiétisme du franc CFA prive les pays africains
de l’utilisation des politiques de change mieux
au franc CFA les adaptées, pour anticiper et répondre à des chocs
fluctuations de la économiques internes ou externes.
monnaie LA : De plus en plus de voix s’élèvent pour inciter
européenne par les dirigeants africains à délaisser le franc CFA qua-
lifié souvent de «monnaie coloniale» défavorable au
rapport au dollar, développement de l’Afrique. Le franc CFA est-il un
obstacle au développement des pays africains ?
qui reste la
monnaie de
référence du Bio-express
Yves-Stéphane Mbele est responsable Gestion de
commerce risques chez FCG. Auparavant, il a été analyste
international. Crédit à la Société Générale (en 2011), Credit
Risk Analyst chez GDF Suez Trading et Credit
56 Les Afriques . 12 février 2015
Y.-S.M. : En effet, plusieurs experts (économistes et
analystes financiers) reconnaissent que les principes
de fonctionnement de la zone CFA relevant de la
quiétude et de la continuité monétaire ne stimulent
pas la croissance et l’innovation. Ainsi, l’assuétude
au mécanisme du CFA n’est pas appropriée dans un
contexte international volatile et pour la conduite
d’une politique monétaire moderne, dont l’objectif
est de stimuler une croissance inclusive et durable.
LA : Si le franc CFA est vraiment un obstacle pour
les pays africains, comment peut-on sortir de cette
impasse monétaire ?
Y.-S.M. : La meilleure manière de sortir de l’impasse
est de considérer le franc CFA comme un passage.
Qu’est ce que je veux dire par cette formulation un
peu philosophique ? Une idée toute simple, qui tient
plus à la sagesse africaine qu’à une théorie financière,
mais qui peut se traduire sur le champ macro-éco-
nomique par le fait que l’indépendance monétaire
n’est pas une fin en soi.
Car très souvent, pour nombre d’Africains, derrière
la question de l’obstacle se pose la question de la li-
Manager chez Arcelor Mittal. Yves-Stéphane
Mbele est diplômé de l’ESG Paris (option Fi-
nance) et de l’ENA (Mastère spécialisé en ges-
tion des risques).
 berté et de l’indépendance, ce qui est faire fausse
Avoir une route. La seule question qui se pose au demeurant
monnaie en est celle d’avoir une monnaie en phase avec sa si-
tuation économique et sa stratégie économique. Et
phase avec sa après on rentre soit dans un jeu de forces, soit dans
un jeu d’équilibre.
situation Prenons le cas de la Suisse qui après avoir adopté
économique et sa une parité fixe entre franc suisse et euro en septem-
bre 2011 a décidé le 15 janvier dernier d'abolir le
stratégie seuil de 1,2 franc suisse pour un euro.
Ce que certains de mes collègues ont traité d’illu-
économique. sion insensée de l’indépendance monétaire repose
sur l’anticipation de l'assouplissement quantitatif
(QE) de la BCE, autrement dit l'achat massif de
dettes publiques de la zone euro. La BNS (Banque
nationale suisse) a jugé qu'il était impossible de
maintenir un tel seuil face à la pression baissière qui
allait peser sur l'euro. La BNS aurait donc décidé de
gérer le cours du franc de façon plus souple, via une
politique de taux négatif. Somme toute, dans une
économie moderne et globalisée, la fonction et l’im-
pératif d’une monnaie tiennent plus à des leviers
d’ajustement et d’équilibre qu'au paramètre de
croissance et de développement économique. En
effet, toutes les illusions se sont éteintes avec la sup-
pression de la convertibilité en or du dollar en 1971.
Ce qui me fait dire que le franc CFA n’est pas un obs-
tacle pour les pays africains. Il est tout simplement
inapproprié, car basée sur une politique passive. Et on
ne peut sortir de l’impasse monétaire en s’orientant
vers un espace budgétaire, encore moins vers l’illusion
d’indépendance monétaire comme certains le pensent.
La solution est et reste économique, avec une activa-
tion des investissements et des réformes structurelles.
Qu’est-ce que j’entends par là ? La mondialisation ap-
Siège de la BEAC, Yaoundé
pelle les Etats africains à la maîtrise du changement, et
surtout à mettre en place les nouvelles théories de la
croissance faisant une large part au capital humain.
LA : Un certain nombre de pays africains qui ne
sont pas dans la zone CFA et qui ont leur propre
monnaie ne se portent pas mieux sur le plan écono-
mique. Comment expliquez-vous cette situation ?
Y.-S.M. : Voilà qui nous fait revenir sur la question
des obstacles et surtout me donne l’occasion de
mieux étayer mon propos et ma position. Une fois
de plus, il ne s’agit pas de trouver des exceptions
qui confirment la règle, car de toute évidence, il
n'en existe pas à proprement parler. Car de même
qu’un certain nombre de pays africain hors zone
CFA ont des indicateurs économiques décevants
s'ils ne sont pas insuffisants, autant les exemples in-
diquant que le salut est possible hors de la zone
CFA sont légion. Il est difficile, sinon impossible,
d’isoler de façon nette l’impact d’une monnaie sur
la santé économique d’un pays africain.
Le différentiel réside plus dans la mise en place et la
maîtrise par l’effet d’apprentissage de certaines éco-
nomies que dans l’approche monétaire. A titre
d’exemple, le Ghana, quoique moins riche que la
Côte d’Ivoire, présente une économie avec une stra-
tégie de diversification qui se traduit par des ajuste-
ments facilités par la conjoncture mondiale. Mieux
encore, dans la zone SADC, malgré la multiplicité des
monnaies, la plupart des pays présentent de plus en
plus une convergence des indicateurs économiques
satisfaisants, compte tenu de leur effort de réforme
et d’activation des investissements de structures.
Propos recueillis par
Ibrahim Souleymane
12 février 2015 Les Afriques . 57
DOSSIER

Les incohérences du franc CFA

L’Afrique compte 54 pays qui n’ont pas tous leur propre devise. A côté
de monnaies nationales cohabitent deux zones monétaires CFA. Ces
dernières présentent certes des avantages, néanmoins les
inconvénients, émanant particulièrement d’un pouvoir monétaire
domicilié ailleurs que le pouvoir économique, ne manquent pas.
Banque de France

C’
est d’une trivialité économique
La planche à d’avancer que sur les marchés in-
ternationaux, les biens libellés dans
billets est sous le une devise forte sont moins com-
contrôle de la pétitifs. De peur de gagner des
parts de marchés importants à l’étranger et imposer
Banque de leur monnaie, des Etats jeunes ont subrepticement
France. Par opté pour la facilité d’une monnaie sous tutelle. Le
franc des Colonies françaises d’Afrique (f CFA) a été
conséquent, rebaptisé au lendemain des indépendances le franc de
la Communauté financière africaine. Le f CFA était
aucun pays n’est sauf, à cause d’une certaine frilosité d’Etats prompts
en mesure de à créer leur propre monnaie. Pourtant l’histoire de la
monnaie ne date pas d’hier en Afrique. Plusieurs
créer de la chercheurs rapportent l’utilisation de coquillages, tels
les cauris, ou de pièces frappées, pour monnayer des
monnaie selon transactions depuis des temps immémoriaux.
ses besoins. Le f CFA, monnaie en cours dans une zone monétaire,
subdivisée en deux zones, à savoir la Cemac (Afrique
Centrale) et l’Uemoa (Afrique de l’ouest), souffre de
plusieurs incohérences. Elle est garantie par la Banque
de France. Une garantie, loin d’être illimitée, vu que
les avances Banque de France n’excèdent guère 20%
des recettes budgétaires pays par pays… Sa parité est
fixe par rapport à l’euro, ce qui en fait une monnaie
surévaluée! Le Compte d’opérations CFA au Trésor
français rachète les f CFA et créances exigibles de la
Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest
(Bceao) et de la Banque des Etats de l’Afrique centrale
(Beac), grâce au dépôt de 50% des avoirs des pays de
la zone CFA, suivant le système du pot commun de
devises. Il s’agit d’une mise en commun des réserves.
La planche à billets est sous le contrôle de la Banque de
France. Par conséquent, aucun pays n’est en mesure
de créer de la monnaie selon ses besoins.
Autre incongruité et non des moindres, il n’y a pas
de convertibilité du f CFA d’une zone à l’autre. En
dépit de l’existence des deux banques centrales,
toute convertibilité doit requérir l’aval des chefs
d’Etat. Une absurdité qui entrave les échanges éco-

58 Les Afriques . 12 février 2015

 nomiques et commerciaux dans une vaste zone de
La cause de plusieurs millions de consommateurs. Les transac-
misères tions ne s’y font que via circuits bancaires.
persistantes, Hybride et trop cher !
Bien entendu, toutes les anciennes colonies et pos-
d’humiliations sessions françaises ou anglaises en Afrique, qui ont
permanentes et recouvré leur indépendance n’ont pas suivi cette
voie. Certains ont entrepris de mettre en place une
de sous- politique monétaire propre, avec une monnaie por-
tant leurs effigies et autres armoiries. Ce fut notam-
développement ! ment le cas dans la plupart des pays anglophones,
d’Afrique du Nord, mais aussi de la Guinée, du Mali,
du Ghana, de la Gambie, du Nigéria… S’il y a eu des
flops, à mettre sur le compte d’empressements pro-
fanes, d’autres ont bien réussi à imposer leurs de-
vises, moyennant un contrôle de change strict. Il
n’est pas rare que des Banques centrales soient dé-
tentrices de réserves Or et en devises équivalentes à
plusieurs mois d’importations ! Le Togo comptait
leur emboiter le pas, cinquante ans plus tard et quit-
ter la zone le 31 décembre 2009 pour créer sa propre
monnaie, le Mono, en janvier 2010! Une monnaie
qui devrait comprendre dans sa composition un peu
de son panier de riyal saoudien, de bath thaïlandais,
de livre libanaise et de roupie indienne… Nous
sommes en 2015, il n’en est toujours rien.
Une autre latitude
Loin de nous l’idée de fustiger la zone monétaire, qui
peut être la panacée dans un système de changes flot-
tants, qui n’exclue pas, rappelons-le, des ententes entre
banques centrales pour stabiliser certains taux.
L’heure est donc à la réinvention de nos devises. Les
La monnaie de singe,
en attendant la monnaie
unique
pays, qui ont plus ou moins réussi, ont mis en place
un contrôle des changes rigoureux quoiqu’évolutif et
composé dans leurs paniers monétaires des propor-
tions de plusieurs devises… Si les Etats de la zone CFA
arrivent à transcender les séquelles de leur balkanisa-
tion, alors ils pourront alors émettre et frapper une
monnaie garantie par des devises étrangères accumu-
lées au nom de la chrématistique, si chère à Platon !
A défaut, des voix s’élèvent un peu partout pour
soutenir que les espoirs de réels développements se-
ront toujours vains et la chute très prochaine risque
d’être vertigineuse. Nicolas Agbohou avance qu’il
n’y a aucune équivoque. Dans son ouvrage «Le
franc et l’euro contre l’Afrique», il précise que la ca-
misole, dans laquelle sont enserrés de force des pays
africains dans la zone franc, est aussi la cause de mi-
sères persistantes, d’humiliations permanentes et de
sous-développement !
S’insérer dans
le commerce international
L’autre alternative, qui milite au succès de l’instaura-
tion de devises autochtones dans la zone dite CFA et
au-delà, est une réelle culture du chrysohédonisme, ce
système fondé sur la richesse des nations par l’accu-
mulation de métaux précieux. Dans son sous-sol, le
continent en regorge… Il reste à s’insérer véritable-
ment dans le commerce international, piloté par
l’OMC. Les analystes incitent nos pays, à l’instar des
nations développées, à commercer avec le reste du
monde, au nom du libre-échange, en usant peu des
barrières tarifaires et en «abusant» de celles non tari-
faires (normes, règles…).
Daouda MBaye, Casablanca
12 février 2015 Les Afriques . 59
DOSSIER
Interview Magathe SowFustiger les
écarts entre politiques monétaires
Dans cet entretien, Magathe Sow, ex-directeur du Crédit agricole du
Sénégal, qui a contribué au processus de financement du commerce
extérieur en Guinée... évoque entre autres les travaux du Dr Yves Ekoué
Amaïzo, directeur d’Afrology Think Tank, notamment le faible niveau des
échanges intra-régionaux africains, la monnaie unique, ...
L
es Afriques : L'impact de l'euro sur les écono-
mies africaines est-il plus complexe, vu la
multiplicité des monnaies ?
Magathe Sow : La multiplicité des monnaies africaines
devient progressivement une majeure contrainte à la
libre circulation des biens, des services et du capital. La
fragmentation des espaces monétaires réduit substan-
tiellement le rôle d’équivalent général de la monnaie
dans les transactions. En réalité, c’est bien le faible ni-
veau des échanges intra-régionaux africains, les frais de
transactions bancaires non compétitifs et la petite cor-
Magathe Sow,
ruption sur les axes de communication qui font, entre
Expert en manage-
autres, augmenter l’écart entre les déclarations et les
ment stratégique, actes des autorités politiques et économiques. Les es-
Consultant, ex-direc- paces monétaires africains, du fait de l’absence de sou-
teur du Crédit agri- veraineté collective, ne sont pas considérés comme des
cole du Sénégal, Unions monétaires. Ils ne peuvent évoluer en l’état vers
pilotage du proces- une monnaie commune d’ici à l’an 2023 uniquement
sus de financement sur décision des chefs d’Etat membres de l’Union afri-
du commerce exté- caine. Le rôle de la monnaie dans la création de la valeur
rieur en Guinée... ajoutée met en exergue la nécessité d’une période de
transition où harmonisation, convergence, amélioration
de la compétitivité des entreprises africaines, meilleure
gouvernance des affaires publiques et commerce intra-
régional doivent retrouver leur fonction première. La
monnaie ne peut qu’accompagner les échanges. Elle doit
assurer son rôle d’intermédiation et d’équivalent géné-
ral sans devenir une contrainte nouvelle. Les institutions
Faire de la monétaires, elles-aussi, organisées de manière parcel-
monnaie un outil laire entre zones francophones et anglophones, doivent
être reconsidérées à la lumière de la recherche d’une ef-
de levier et de ficience collective de l’économie africaine.
robustesse de la LA : Qu’apporteront des espaces monétaires ho-
croissance mogènes ?
M.S. : L’inconvénient majeur de la situation actuelle
économique africaine se retrouve dans les contraintes aux échanges
avec des coûts relativement élevés pour faire des affaires
africaine. en Afrique. L’avantage d’évoluer vers des espaces mo-
nétaires homogènes et souverains permettra de faire de
60 Les Afriques . 12 février 2015
la monnaie un outil de levier et de robustesse de la
croissance économique africaine. Celle-ci a commencé
à montrer des signes de pérennisation avec des taux de
croissance largement au-dessus de ceux des pays occi-
dentaux. Les modalités de mise en œuvre, outre une vé-
ritable volonté collective des responsables politiques et
économiques du continent, sont multiples.
LA : Comment y arriver ?
M.S. : Une période de transition est nécessaire pour
réussir une harmonisation et une convergence des
pratiques et des signes monétaires. Cela aura pour
avantage d’améliorer la compétitivité des entreprises
africaines, de soutenir une meilleure gouvernance des
affaires publiques et d’augmenter le commerce intra-
régional. Les monnaies et les institutions africaines
doivent accompagner l’évolution des échanges intra
et extra-africains sans augmenter les contraintes, tout
en concourant à la recherche d’une efficience collec-
tive de l’économie africaine.
Il est proposé d’évoluer vers une monnaie par sous-
régions africaines en optant pour une convergence
monétaire, puis vers une fusion des monnaies dispa-
rates en une monnaie commune sur la base d’un ré-
gime de taux de change fixe. Le poids des monnaies
sera déterminé en fonction du poids économique de
chacun des pays. Pour faciliter les échanges interna-
tionaux avec les économies hors espace monétaire afri-
cain et soutenir les termes de l’échange, il est suggéré
d’adopter un système de taux de change flottant pour
préserver la souveraineté monétaire africaine et assu-
rer un meilleur équilibre des fluctuations monétaires.
LA : L’expérience de la monnaie unique peut-elle
être dupliquée ?
M.S. : A partir de l’expérience de l’Union européenne,
notamment la Zone Euro, il est proposé d’atteindre
l’Union monétaire par la négociation basée sur des ana-
lyses économiques et des volontés de solidarité intra-
régionale. L’indépendance de la Banque centrale

La monnaie de
référence, dans
un premier
temps, pourrait
être celle d’une
pondération d’un
panier de
monnaies basées
sur les 3
monnaies des
principaux
partenaires
internationaux.
Il importe de ne pas
imposer de monnaie unique
au cours de la période de
transition
européenne dans la gestion d’une monnaie commune
et unique et la politique monétaire régionale ont été
considérées comme une bonne pratique à intégrer dans
les approches africaines. Il ne faut pas s’étonner que
pour faire respecter la discipline, il a fallu un pacte de
stabilité monétaire qui a été largement observé. La
question reste posée de la volonté des dirigeants des dif-
férents espaces monétaires africains de se surveiller mu-
tuellement pour atteindre ce résultat sur le continent.
LA : Vous avez proposé une monnaie commune.
Quid d’une nécessaire période de transition ?
M.S. : A l’instar des expériences de l’Union monétaire
européenne, la formation des espaces monétaires afri-
cains devrait passer par une période de transition avec
des harmonisations et des convergences au niveau
sous-régional. Ainsi, la monnaie d’une future union
monétaire devra servir, d’une part, à faire progresser la
production et les échanges intra-régionaux et, d’autre
part, à faciliter, sans manques à gagner, les échanges
extrarégionaux. A ce titre, la monnaie de référence,
dans un premier temps, pourrait être celle d’une pon-
dération d’un panier de monnaies basées sur les 3
monnaies des principaux partenaires internationaux.
LA : Concrètement, quelles sont les différentes étapes ?
M.S. : Les institutions monétaires actuelles ne peuvent
plus continuer à organiser l’avenir de l’Afrique à partir
de considérations suggérées d’ailleurs. Il s’agit de ren-
trer dans un processus qui va bien au-delà de la simple
création monétaire. Il s’agit de créer des espaces moné-
taires viables qui devraient soutenir une meilleure effi-
cacité dans l’intégration des économies africaines entre
elles, avec une priorité au commerce intra-régional.
Cette économie de proximité suppose que l’Afrique ne
se contente pas d’organiser la création de nouvelles ins-
titutions monétaires, prélude à la création d’une
banque centrale régionale, et demain continentale, mais
se dote aussi d’un véritable instrument d’anticipation
au travers d’un Fonds monétaire africain. Celui-ci
devra assurer la surveillance mutuelle des pairs et sou-
tenir les déséquilibres de balances de paiements dans le
cadre de la solidarité africaine. A défaut, la monnaie
commune africaine risque de ne pas voir le jour comme
prévu et la banque centrale africaine qui en serait ga-
rante risque de rencontrer des difficultés pour s’affran-
chir de la servitude monétaire. Avec la formation
d’unions monétaires fiables et viables, il est question de
retrouver une souveraineté monétaire, et donc la liberté
d’agir en Afrique au service des populations africaines.
LA : Quelle configuration préconisez-vous pour la
future monnaie commune africaine ?
M.S. : L’innovation consiste à arrimer une future mon-
naie commune africaine sous-régionale, puis conti-
nentale, sur un panier de monnaies composé de l’euro,
du dollar américain et du yuan chinois. Avec la forma-
tion d’unions monétaires fiables et viables, il est ques-
tion de retrouver une souveraineté monétaire, et donc
la liberté d’agir en Afrique au service des populations
africaines. Les monnaies communes sous-régionales
pourront alors converger à terme vers une monnaie
commune africaine sans précipitation ni prudence ex-
cessive qui semblent caractériser la situation actuelle. Il
importe de ne pas imposer de monnaie unique au
cours de la période de transition qui peut s’étaler sur
une quinzaine d’années puisque les adhésions des pays
et les cessions de subsidiarité des autorités monétaires
nationales se feront librement, vraisemblablement de
manière coordonnée avec un premier groupe de pays,
puis graduellement par cercles concentriques avec les
autres pays adhérents.
Propos recueillis par
Daouda MBaye
12 février 2015 Les Afriques . 61
DOSSIER

La chute de l’euro Bonne ou une

mauvaise nouvelle pour l’Afrique ?
L’euro a poursuivi sa baisse face au dollar, les deux dernières
semaines. Il est même tombé sous 1,15 dollar pour la première fois
depuis novembre 2003. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle
pour l’Afrique ?
Siège de la Banque centrale
européenne (BCE)
à Francfort, Allemagne

L’impact négatif

A
«n’est pas dans en croire Philippe Bourguignon, di-
recteur des marchés chez Bank Of
la baisse de China Paris, il s’agit d’une mauvaise
l’euro lui-même nouvelle pour la majeure partie des
pays du continent africain. L’Afrique
mais il est plutôt qui recèle le 1/3 des réserves minières mondiales
dans la baisse du continue de vendre ses matières premières à l’in-
ternational en dollar. Philippe Bourguignon af-
cours de ces firme qu’ «en même temps que l’euro a baissé, le
prix du pétrole et des matières premières a baissé».
matières En effet, pour les pays africains exportateurs des
premières». matières premières pour le monde, l’impact néga-
tif «n’est pas dans la baisse de l’euro lui-même mais
il est plutôt dans la baisse du cours de ces matières
premières», souligne toujours le directeur des mar-
chés chez Bank Of China Paris.
Le professeur de sciences économiques à l’Univer-
sité de Brest et économiste au Centre d’études pros-
pectives et d’informations internationales assure
que la chute de l’euro «devrait se poursuivre sur la
longue durée, car elle reflète deux phénomènes».
Premièrement la reprise de la croissance des États-
Unis avec 3,1% prévus pour 2015, alors que la
croissance est de 1,3% en 2015 selon le Fonds mo-
nétaire international. Au fait, «dans ces conditions,
les opportunités d’investissement aux États-Unis
sont plus rentables que dans la zone euro», souligne
Jérôme Héricourt dans une interview accordée au

62 Les Afriques . 12 février 2015

 journal le Monde. A ces raisons s’ajoute une nou-
Une sonnette velle crise de confiance des investisseurs vis-à-vis
d’alarme pour de l’euro, en cas de renouveau du «problème grec»
après les élections du 25 janvier.
huit pays de
L’euro : Le malheur des uns fait le
l'Afrique de bonheur des autres
l'Ouest, membres En revanche, si la dépréciation de l’euro a un effet
négatif sur les exportations africaines, elle a un
de l'Uemoa. effet contraire sur les exportations européennes.
Ainsi, une dépréciation du taux de change de 10%
de l’euro par rapport à un pays partenaire se tra-
duit par 6% de croissance des exportations en
moyenne. Un pays comme la France qui effectue
l’essentiel de ses échanges à l’intérieur de la zone
euro, «la dépréciation de l’euro n’a pas une grande
incidence pour elle», juge Philippe Bourguignon.
Et d’ajouter «pour les petits exportateurs français,
cette dépréciation de l’euro s’avère une bonne nou-
velle, ils vont voir leurs produits coûter moins
cher». Dans ce cadre, certes, le dollar augmente, or
le prix des matières premières baisse et la diffé-
rence peut toujours contrebalancer. Vous voyez
pour un pays importateur de pétrole comme le
Maroc ou de plusieurs matières premières comme
le Japon, certes l’euro a baissé et le dollar coûte plus
cher, mais en même temps le prix des matières pre-
mières a baissé.
Sur la question de savoir pourquoi l’Allemagne, un
pays important de l’Union européenne, n’a eu de
cesse d’exprimer plus que n’importe quel autre
pays sa volonté à avoir un euro fort, Philippe Bour-
Siège de la Bceao à Dakar
guignon souligne qu’«il faut se rappeler qu’histori-
quement l’Allemagne a toujours été attachée à un
Deutsch Mark fort». L’Allemagne qui a connu au
siècle dernier d’énormes problèmes avec sa devise,
plus particulièrement une inflation extrêmement
forte entre les deux guerres, est restée très marquée
par rapport à ce point et elle a fait de la puissance
du Mark allemand «un peu l’emblème de la résur-
rection» de son pays. D’où l’attachement de la l’Al-
lemagne à la stabilité de sa devise. Maintenant que
les Allemands ont abandonné le Mark et qui ont un
recours à l’euro, « l’euro se doit aussi d’être une de-
vise forte, et effectivement le fait que l’euro se dé-
précie tellement est mal vécu par les Allemands ».
Face à un tel attachement de la part d’une puissance
comme l’Allemagne, la comparaison n’est pas ap-
propriée, mais elle sert de leçon. Voire une sonnette
d’alarme pour huit pays de l'Afrique de l'Ouest,
membres de l'Union économique et monétaire
ouest-africaine (Uemoa). Ces pays continuent à tra-
vers la Bceao de déposer 50% de leurs réserves d’ar-
gent au Trésor français, pour obtenir une garantie
de convertibilité. Ces dépôts sont estimés au-
jourd’hui à plus de 8 000 milliards de f CFA.
Il est à rappeler que le f CFA est une monnaie impo-
sée par la France à ses colonies en 1939 et officialisée
en 1945. Appelé autrefois le franc des colonies fran-
çaises d’Afrique, aujourd’hui il est rebaptisé le franc
de la communauté financière d’Afrique. La monnaie
c’est l’économie d’un Etat souverain, et surtout le re-
flet de la politique et des rapports de force.
Sanae Taleb, Casablanca
12 février 2015 Les Afriques . 63
LE COIN DE L’EXPERT

Pour Abdelaziz Bouteflika,

l’exploitation du gaz de schiste n’est
pas à l’ordre du jour, une sage décision
Abderrahmane Au moment où certains experts mus par des intérêts de rente
Mebtoul, ont fait un forcing au détriment d’un dialogue serein qui risque
expert international
de déstabiliser toute une région, avec des tensions géostra-
tégiques, le président de la République vient de trancher, en
espérant des débats contradictoires productifs.

S
ur la problématique de l’exploitation
du gaz de schiste, le président algérien,
Abdelaziz Bouteflika, vient de trancher.
En mini-conseil des ministres, le 27
janvier 2015 dernier, faisant suite à
l’annonce faite par le Premier ministre algérien
Abdelmalek Sellal, en date du 22 novembre 2012,
il vient de décider d’ajourner la production du gaz
de schiste en Algérie. Je cite le communiqué du
mini-conseil : « L’exploitation du gaz de schiste
n’est pas à l’ordre du jour… initier des débats
transparents avec la participation de compétences
reconnues, pour permettre à chacun de mieux com-
prendre les données relatives aux hydrocarbures
non conventionnels qui sont une réalité et une ri-
chesse nouvelles de notre pays… si l’exploitation de
ces nouvelles ressources nationales en hydrocar-
bures s’avère une nécessité pour la sécurité énergé-
tique du pays à moyen et long termes, le
gouvernement devra, cependant, veiller avec fer-
Abdelmalek Sellal,
Premier ministre meté au respect de la législation par les opérateurs
de l’Algérie concernés, pour la protection de la santé de la po-

64 Les Afriques . 12 février 2015

pulation et la préservation de l’environnement…
Les forages-tests, initiés à In Salah, seront achevés à
très brève échéance». C'est une sage décision, appe-
lant à un dialogue serein au sein de régions straté-
giques avec les tensions aux frontières de l'Algérie. Je
tiens donc à me réjouir de cette décision, puisque
j’ai eu à prendre une position récemment dans plu-
sieurs contributions nationales et internationales,
pour un dialogue productif sur le pétrole-gaz de
schiste, personne n’ayant le monopole du nationa-
lisme et de la vérité, évitant cette dictature des choix,
source de tensions, qui est une gouvernance dépas-
sée. Cela fait suite à différentes conférences au ni-
veau international sur la transition énergétique,
notamment à Paris, le 6 novembre 2012, en pré-
sence de nombreux opérateurs, experts internatio-
naux dont l’ancien président-directeur général du
FMI, Michel Camdessus, et plusieurs ministres afri-
cains (voir mes contributions dans les magazines
internationaux Jeune Afrique et les Afriques Paris-
Genève et dans de nombreux sites et quotidiens al-
gériens). Mais ne nous trompons pas de cibles : le
défi stratégique 2015-2025 de l’Algérie est de réali-
ser la transition, d'une économie de rente à une éco-
nomie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs
De la raréfaction internationales supposant une nouvelle gouver-
de la ressource nance et une réorientation de la politique socio-
économique, mais aussi avec l'austérité qui
s'annonce une adhésion sociale.
Vers un mix énergétique
Selon les recommandations du mini-conseil des
ministres, il s’agira de continuer à développer
certes les ressources en hydrocarbures classiques,
ne devant pas être utopiques, cela sera l’essentiel
Le défi stratégique des rentrées en devises pendant encore de longues
années mais parallèlement à d’autres sources
2015-2025 de d’énergie. Pourquoi pas le gaz de schiste lorsque
l’Algérie est de les conditions techniques avec de nouveaux pro-
cédés de protection de l’environnement et de ren-
réaliser la tabilité seront remplies? Pourquoi pas l’énergie
transition, d'une nucléaire à des fins pacifiques? Pour ces deux op-
tions à l’horizon 2025-2030 pour l’Algérie peut-
économie de rente être ? A court et moyen terme, du fait des
à une économie avantages comparatifs de l’Algérie, pourquoi ne
pas miser sur les énergies renouvelables qui sont
hors des énergies flux inépuisables par rapport aux
«énergies stock» tirées des gisements de combusti-
hydrocarbures. bles fossiles en voie de raréfaction, et surtout ce
que l’on oublie souvent génèrent des emplois à
12 février 2015 Les Afriques . 65
LE COIN DE L’EXPERT
forte valeur ajoutée. La production à grande
échelle qui permettrait de réduire les coûts tout en
favorisant à l’aval une multitude de PMI-PME
renforçant le tissu industriel à partir des énergies
propres. Concernant le pétrole-gaz de schiste, il
s’agit de prévoir tous les moyens de lutte contre la
détérioration de l’environnement et de réaliser des
extrapolations d’arbitrage entre la consommation
d’eau des populations, des secteurs économiques
et l’utilisation de ce gaz. Car en l’absence de tech-
niques alternatives à la facturation hydraulique
grande consommatrice d’eau douce, l’impact de
cette exploitation sur la ressource en eau demeure
l’une des principales préoccupations pour l’Algé-
rie parce que dans le climat aride ou semi-aride, le
rechargement des nappes phréatiques étant faible.
En Algérie, évitant des positions tranchées pour
ou contre, la stratégie devra reposer sur un mix
énergétique. L'énergie étant au cœur de la sécurité
nationale est posée, la problématique de la transi-
tion énergétique renvoyant à d'autres sujets que
techniques, posant la problématique sociétale. Par
ailleurs, la transition énergétique implique la so-
briété énergique (efficacité énergétique), la maî-
trise de la demande, la sensibilisation, mais aussi la
formation pour forger de nouveaux comporte-
ments et donc un changement de culture. C’est
que la plus grande réserve de gaz et de pétrole pour
l'Algérie, ce sont les économies d'énergie pouvant
aller à 15/20% et économiser au vu de la consom-
66 Les Afriques . 12 février 2015
mation actuelle 4 milliards de mètres cubes gazeux
par an et cumulé à l’horizon 2015-2030, avec une
progression arithmétique plus de 90/100 milliards
de mètres cubes gazeux. Il est désolant que les mi-
nistères de l'Habitat et du Transport n'aient pas
cette vision stratégique. Un large débat national
s’impose, d’où l’importance d’un dialogue produc-
tif devant donc porter sur trois facteurs : la protec-
tion de l'environnement, éviter toute pollution de
l'eau, le prix de cession de l'exploitation du pétrole-
gaz de schiste devant impérativement couvrir les
coûts avec une marge de profit raisonnable. Et tout
cela conditionné par la maîtrise technologique et
managériale revenant au fondement de tout pro-
cessus de développement, la ressource humaine.
Mais pour éviter des débats stériles et éviter la ca-
cophonie, il est impératif de redynamiser le Conseil
national de l’énergie.
Redynamiser le Conseil national
de l’énergie
Toute décision stratégique sur l’énergie relevant de
la sécurité nationale devra être prise en Conseil na-
tional de l’énergie. Je rappelle que ce conseil a été
créé par décret présidentiel le 19 avril 1995, qui dans
son article 6 stipule que «le Conseil se réunit pério-
diquement sur convocation de son président», le
président de la République dont le secrétariat (arti-
Quid des pressions sur cle 5) est assuré par le ministre de l’Energie et com-
l’environnement ? posé des ministres dits de souveraineté (Défense
nationale, Affaires étrangères, Energie et Finances),
du gouverneur de la Banque d’Algérie et du délégué
à la planification. L’article 6 stipule que «le Conseil
national de l’énergie est chargé d’assurer le suivi et
l’évaluation de la politique énergétique nationale à
long terme, notamment de la mise en œuvre d’un
plan à long terme destiné à garantir l’avenir éner-
gétique du pays ; d’un modèle de consommation
énergétique en fonction des ressources énergétiques
nationales, des engagements extérieurs et des ob-
jectifs stratégiques à long terme du pays ; de la pré-
servation des réserves stratégiques du pays en
matière d’énergie; des stratégies à long terme de re-
nouvellement et de développement des réserves na-
tionales en hydrocarbures et leur valorisation ; de
l’introduction et du développement des énergies re-
nouvelables ; des schémas d’alliances stratégiques
avec les partenaires étrangers intervenant dans le
secteur de l’énergie et des engagements commer-
ciaux à long terme».
Privilégier le dialogue par la
confrontation d’idées contradictoires
Les tensions au sud mais également dans la majo-
rité des wilayas montrent clairement qu'il n'y a pas
d'intermédiation sociale et politique crédible entre
l'Etat et les citoyens. Le débat est biaisé, où nous as-
sistons sur les plateaux de télévisons à une pollu-
Puits de pétrole onshore tion du paysage médiatique, tout le monde deve-
nant par enchantement expert en énergie. Pour
avoir passé plus de 35 ans dans ce secteur et par-
ticipant régulièrement aux rencontres internatio-
nales sur l'énergie, je puis affirmer que c'est un
sujet complexe qu'il s'agit d'analyser avec précau-
tion, rentrant dans ce cadre les données tant tech-
niques, économiques que géostratégiques. Pour
un débat serein, loin de toute manipulation poli-
ticienne, et pour que nos populations du sud
puissent avoir un aperçu objectif, devant associer
la société civile leur parlant un langage simple ac-
cessible, seuls devraient être concernés les experts
Le choix indépendants connaissant le secteur en collabo-
ration avec les cadres de Sonatrach pour un ébat
dictatorial contradictoire. Ceux qui sous-tendent que les po-
(imposer sans pulations du sud sont manipulées par des réseaux
extérieurs ignorent la réalité et aiguisent les ten-
dialogue) est sions de divisions. Le choix dictatorial (imposer
totalement sans dialogue) est totalement dépassé et source de
dérives nuisibles à l'avenir du pays. La méthode
dépassé et source de gouvernance en 2015 avec le monde parabolé
et une jeunesse de plus en plus exigeante, celle du
de dérives sud est éduquée et informée, doit reposer sur la
nuisibles à l'avenir concertation et le dialogue permanent avec les
segments représentatifs de la société, d'où l'im-
du pays. portance de relais sociaux et politiques crédibles
loin des bureaux climatisés.
12 février 2015 Les Afriques . 67
FOCUS

Nigéria-Tchad-Cameroun
L’étau se resserre
sur Boko Haram

La coalition entre les armées camerounaise et tchadienne

commence à porter ses fruits, avec la reprise de la ville de
Gambarou dans le nord-est du Nigéria jusque-là sous le
contrôle de Boko Haram.

A
l’instar de toutes les guerres contre les
organisations terroristes, la guerre
contre la secte islamiste nigériane
Boko Haram ne sera pas de courte
durée. Toutefois, force est de recon-
naître que depuis que cette secte a décidé de trans-
porter la guerre hors du Nigéria dans la
perspective de créer un califat qui partirait du Ni-
géria au Tchad, en passant par le Cameroun et le
Niger, la situation sur les lignes du front est au dés-
avantage des assaillants. La force de feu de l’armée
camerounaise ayant surpris ces intégristes qui en-
tendaient faire du Cameroun une base arrière,
l’étau se resserre de plus en plus sur Boko Haram
depuis le déploiement de l’armée tchadienne au
Cameroun en mi-janvier 2015. Deux semaines
après cette entrée en guerre du Tchad, Boko
Haram a perdu la ville de Gambarou dans le nord-

68 Les Afriques . 12 février 2015


est du Nigéria, sous le contrôle des intégristes de-
puis quelques semaines, qui avaient réussi à mettre
en déroute l’armée nigériane.
Selon toute vraisemblance, le droit de poursuite ac-
cordé à l’armée tchadienne par le Nigéria com-
mence à porter des résultats probants, un droit de
poursuite réclamé naguère par l’armée camerou-
naise et que les autorités nigérianes guidées par des
considérations souverainistes n’avaient pas jusque-
là accordé. C’est dire que la résolution de l’Union
africaine (UA) adoptant le déploiement d’une Force
mixte multilatérale (FMM) lors du dernier sommet
des chefs d’Etat et de gouvernement à Addis-Abeba,
en fin janvier dernier, aurait amené les dirigeants du
Nigéria à revoir leur position, d’autant que plusieurs
localités de ce pays sont tombées sous le contrôle de
Boko Haram, démontrant l’incapacité de l’armée
nigériane à combattre efficacement cette organisa-
tion terroriste qui disposerait de plus de 20 000
combattants. Du 31 janvier au 3 février 2015, les
troupes camerounaises et tchadiennes stationnées
dans la base militaire de Fotokol, dans l’Extrême-
nord du Cameroun, ont pilonné à l’arme lourde les
positions de Boko Haram, libérant la ville de Ga-
barou qui se situe à un jet de pierre de la frontière
camerounaise. Se sentant encerclés par les fantas-
sins venus du pays de Toumai, les intégristes ont
tenté une incursion au Cameroun en choisissant
une voie détournée. Mal leur en a pris, puisqu’ils
ont retrouvé sur leur chemin l’armée camerounaise
en faction, qui n’a pas fait de quartier face à un en-
nemi en quête d’une action d’éclat pour remonter le
moral de ses combattants.
Sale temps pour Boko Haram
De violents combats ont opposé le 4 février 2015 l’ar-
mée camerounaise à Boko Haram à la frontière entre
le Cameroun et le Nigéria. Selon nos informations,
c’est aux environs de 4 heures locales qu’une colonne
constituée de centaines de terroristes a attaqué la ville
de Fotokol où l’armée camerounaise dispose d’une
base militaire. Au moment d’aller sous presse, il était
difficile de faire un bilan chiffré, même si l’on dé-
nombrerait plusieurs morts, notamment parmi les
assaillants. Le ministère camerounais de la Défense
qui a confirmé l’information a toutefois précisé que
les «assaillants seraient sur le point de battre en re-
traite», tandis que l’on parle d’importants dégâts ma-
tériels côté islamistes en plus de quelques
interpellations. Si le Tchad entre sur le territoire ni-
gérian, c'est en effet parce qu'un accord existe entre
Ndjamena et Abuja qui autorise un droit de pour-
suite. Ce qui n’est pas encore le cas entre Yaoundé et
Abuja, d’où l’option prise par l’armée camerounaise
de rester dans son territoire.
En six mois, près de 1 500 combattants «djihadistes»
ont été tués par l’armée camerounaise, à quoi il
convient d’ajouter la destruction et la saisie d’un im-
portant arsenal de guerre, constitué essentiellement
de véhicules, d’armes et de minutions. Avec le dé-
ploiement attendu dans les prochaines semaines de 7
500 militaires au Cameroun dans le cadre de la force
multinationale mixte, il n’y a pas l’ombre d’un doute
que Boko Haram, bien que loin d’abdiquer, passera
des moments encore plus difficiles.
Achille Mbog Pibasso, Douala
12 février 2015 Les Afriques . 69
FOCUS
Cameroun
7 500 militaires attendus
pour lutter contre Boko Haram
Le gouvernement camerounais confirme le déploiement
prochain d’une force multinationale contre Boko Haram,
conformément à la décision de l’Union africaine.
L
Eléments de l’armée a lutte contre le mouvement intégriste ni-
camerounaise (BIR) gérian Boko Haram va certainement ga-
gner en intensité avec le déploiement
d’une force multinationale décidé par les
gouvernants africains. En effet, les autori-
tés camerounaises ont confirmé, mardi 3 février
2015, le renfort de 7 500 soldats attendus au «fil des
mois» au Cameroun dans le cadre de la Force multi-
nationale mixte (FMM) qui sera déployée dans ce
pays pour lutter contre la secte terroriste nigériane
Boko Haram, coupables de plusieurs incursions dans
l’Extrême-nord du Cameroun.
70 Les Afriques . 12 février 2015
Dans cette perspective, et conformément à une réso-
lution du dernier sommet des chefs d’Etat et de gou-
vernement de l’Union africaine (UA), la semaine
dernière à Addis-Abeba en Ethiopie, des experts vont
se retrouver dès jeudi à Yaoundé pour statuer sur la
question. Selon le ministère camerounais de la Dé-
fense, «tous les détails y afférents seront définis», ce
qui laisse croire que les terroristes auront plus de dif-
ficultés à procéder aux enlèvements, à attaquer des
villageois où à piller les plantations et le cheptel à
partir du Cameroun. Le conclave de Yaoundé per-
mettra notamment à la Commission du bassin du
Lac Tchad (CBLT) composé du Cameroun, Niger,
Nigéria et du Tchad, à quoi il faut ajouter le Bénin, de
finaliser le concept d’opération (Conops) de cette
force multinationale mixte.
En attendant, le Tchad a déjà déployé depuis deux
semaines plus de 2 500 soldats au Cameroun en vue
de prêter main forte à l’armée camerounaise qui a
multiplié des victoires contre la secte islamiste.
N’eussent été des thèses souverainistes des autori-
tés nigérianes – notamment en cette période d’élec-
tion présidentielle - qui refusent le droit de
poursuite dans leur territoire, il est claire que la
force de frappe des forces de défense camerounaises
couplée à l’expérience de l’armée tchadienne Boko
Haram serait plus en difficulté. De son côté, le
Bénin a déclaré que 700 soldats rejoindront bientôt
le Cameroun dans le cadre de cette guerre contre
Boko Haram qui a réussi à conquérir plusieurs lo-
calités au Nigéria, obligeant l’armée régulière à bat-
tre en retrait. Une indication sur la capacité de
nuisance de ce mouvement terroriste dont seule une
mutualisation des efforts des pays de la région avec
l’appui de la communauté internationale pourront
venir à bout de ces terroristes.
Achille Mbog Pibasso, Douala
RELATIONS INTERNATIONALES

Rétrospective 2014
et perspectives 2015
L’année 2014 a été très riche en événements marquants. Voici un
tour d’horizon de quelques faits qui ont influencé la scène
internationale au cours de l’année passée et ceux qui pourraient
peser sur le monde en 2015.
72 Les Afriques . 12 février 2015
G
uerres, crises politiques, épidémie
d’Ebola, crash du cours du baril, etc.,
l’année 2014 a été très animée en
termes d’événements géopolitiques. La
nouvelle année qui démarre vient aussi
avec son lot de soubresauts économiques, politiques
et sécuritaires qui pourraient bouleverser le monde.
Quelques faits qui ont
marqué l’année 2014
La crise en Ukraine a été l’un des événements phares
qui ont marqué l’année 2014. Au mois de mars, la
Russie annexe la Crimée et réveille les anciennes ri-
valités entre les occidentaux et les russes (ou l’ex-
URSS). Essayant de recréer «la grande Russie»
(l’ex-URSS), Vladimir Poutine a surpris tout le
monde en annexant la Crimée. Il a réussi à déstabi-
liser l’Ukraine et profiter de la situation pour asseoir
son influence sur les populations russophones de la
région. Le bras de fer diplomatique avec l’Occident
ne l’a pas intimidé. Malgré les condamnations et les
sanctions économiques prises par les Occidentaux,
et qui commencent à peser sur la Russie, il est peu
probable que Poutine fasse marche arrière.
En juin 2014, Abou Bakr al-Baghdadi dont les com-
battants islamistes occupent une partie de l’Irak et
de la Syrie crée l’Etat Islamique et proclame le Cali-
fat. Personne n’a vu venir la menace. Les combat-
tants du groupe parviennent à défaire les forces
irakiennes et à annexer un vaste territoire entre
l’Irak et la Syrie. Au début sous-estimé, l’Etat Isla-
mique devient une menace pour le monde lorsqu’il
décapite plusieurs otages occidentaux et diffuse les
vidéos auprès des médias.
En août dernier, le président Barak Obama
convoque le premier Sommet Afrique–USA à
Washington pour marquer sa volonté de remettre
l’Afrique parmi les priorités de la Maison Blanche.
Le président américain relance la coopération avec
le continent africain.
Suite au changement de la base de calcul de son PIB,
le Nigéria devient en 2014 la première puissance éco-
nomique d’Afrique avec un PIB de plus 500 milliards
de dollars aujourd’hui, détrônant ainsi l’Afrique du
Sud. Un statut qui devrait ouvrir de nouvelles pers-
pectives au pays. Mais l’instabilité liée à la nébuleuse
terroriste mine l’attractivité du Nigéria puisque Boko
Haram y multiplie les attaques meurtrières.
L’Épidémie de la fièvre hémorragique d’Ebola en
Afrique de l’Ouest a aussi marqué l’année 2014. Ja-
mais une épidémie n’a autant inquiété les popula-
tions d’Afrique de l’Ouest. Apparue en Guinée,
Ebola s’est rapidement propagée en Sierra Leone et
au Libéria, avant qu’on ne prenne la mesure de la
gravité de la situation. Trois pays qui sont durement
touchés puisque 99% des personnes infectées (dont
plus de 8 000 morts) viennent de ces pays. La haute
contagion de la maladie, son niveau élevé de mor-
talité et l’absence de vaccin ont créé un véritable cli-
mat de psychose dans le monde entier.
Les parlements de plusieurs pays européens (France,
Espagne, etc.) votent la reconnaissance de l’Etat de
Palestine. Un événement hautement symbolique
puisque les pays européens avaient toujours sou-
tenu ouvertement Israël. Une petite victoire pour les
Palestiniens même si cela ne va pas changer grand-
chose sur le terrain.
En octobre, une révolte populaire renverse le prési-
dent burkinabé Blaise Compaoré qui tentait de mo-
difier la Constitution de son pays pour s’octroyer un
troisième mandat, malgré de nombreuses mises en
garde, alors qu’il était au pouvoir depuis 27 ans. Un
début de «printemps africain» historique qui sert
d’avertissement aux nombreux autres chefs d’Etat
africains tentés par le tripatouillage de la Constitu-
tion de leur pays pour s’éterniser au pouvoir.
Après quelques années de hausse, le cours du baril
plonge, perdant 50% entre juin et décembre 2014. Un
crash qui s’explique par la baisse de la demande
mondiale et la mise sur le marché du pétrole de
schiste, nomment américain. En plus, l’OPEP – et en
particulier l’Arabie saoudite – refuse de diminuer sa
production pour aider à faire remonter les cours.
L’économie russe souffre de la perte de valeur de sa
rente énergétique et le rouble perd plus des deux tiers
de sa valeur par rapport à fin 2013 face au dollar.
Ce qui nous attend en 2015
L’année 2015 débute avec son lot d’évènements géo-
politiques. En janvier 2015, des attaques terroristes
contre le journal satirique Charlie Hebdo et la com-
munauté juive font 17 morts en France. Une tragé-
die que certains qualifient de «11-Septembre
Guerres, crises français» et qui relance la guerre des Occidentaux
politiques, contre le terrorisme dans le monde. Elle déclenche
aussi l’islamophobie dans les pays occidentaux,
épidémie d’Ebola, alors que dans les pays musulmans, les populations
manifestent pour protester contre la publication de
crash du cours du nouvelle caricature du prophète Mahomet dans le
baril, etc., l’année journal satirique français.
Pour le reste de l’année, on peut s’attendre à d’autres
2014 a été très évènements majeurs, tels que la mobilisation inter-
animée en termes nationale pour combattre le groupe Boko Haram et
l’Etat Islamique, le retour de l’Iran et de Cuba sur la
d’événements scène internationale. Par ailleurs, il est probable que
géopolitiques. La le monde parvienne à éradiquer l’épidémie Ebola
en Afrique de l’Ouest au cours de cette année.
nouvelle année qui On peut aussi s’attendre à la remontée du prix du
pétrole, à une intervention militaire internationale
démarre vient pour mettre fin à la guerre en Libye, etc. Dans l’en-
aussi avec son lot semble, on peut espérer que le monde soit meilleur
en 2015 par rapport l’année passée.
de soubresauts… Ibrahim Souleymane,
Casablanca
12 février 2015 Les Afriques . 73
PIED DE LETTRE
CAN 2015 et arrivèrent
les hooligans…
L
a Guinée équatoriale, qui a organisé au
pied levé la Coupe d’Afrique, a
commencé par remplir des stades aux
normes, veiller à la sécurité sanitaire des
équipes et des supporters. Les
observateurs se sont empressés de saluer
une telle organisation, en dépit de quelques
couacs. Mais, en demi-finale, contre l’équipe du
Ghana, la Guinée équatoriale, tombée sur une
formation plus forte qu’elle, s’est inclinée par 3
buts à 0. La fête a failli être gâchée par le
comportement de hooligans et autres nervis, qui
ne l’entendaient pas de cette oreille. Déjà à la mi-
temps du match, le Ghana menait par deux buts à
0, dont un but sur pénalty. Tous les partisans du
football avaient applaudi et salué le courage de
l’arbitre qui a osé siffler et avertir le gardien
équato-guinéen Ovono. Les deux pénaltys sifflés
au profit de l’équipe du pays organisateur dans les
précédentes phases avaient fait grand bruit dans le
monde du football. L’arbitre mauricien, Seechurn
Rajindrapasard, a été sévèrement sanctionné par la
CAF et a écopé d’une suspension de 6 mois.
Mais de retour des vestiaires pour jouer la seconde
mi-temps, des joueurs équato-guinéens, le coach
Esteban Becker et des pseudo-amateurs de football
74 Les Afriques . 12 février 2015
CAN 2015,
le grain de sable
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
ont grandement contribué à mettre le feu aux
poudres. On peut supporter son équipe tout en
respectant son adversaire, en étant loyal, fair-play
et juste. Aux gesticulations de l’entraineur, recruté
seulement 12 jours avant le début de la
compétition, se sont jointes celles de joueurs qui se
sont lamentablement illustrés troublions aux yeux
du monde… Des spectateurs qui n’ont rien à voir
avec le sport en général et le football en particulier
ont alors commencé à larguer des bouteilles d’eau
sur le camp ghanéen. Joueurs, membres du staff et
supporters ont été littéralement bombardés de ces
projectiles. Le match a alors été interrompu
pendant près d’une demi-heure, avant que
n’interviennent les forces de sécurité pour évacuer
les fauteurs et protéger les supporters du Ghana.
Pour ce faire, les grands moyens ont été déployés
dans le stade, avec notamment des bombes
lacrymogènes, des hélicoptères lourdement armés,
en stationnaire à seulement quelques mètres des
joueurs et des spectateurs… un arsenal qui n’a
rien à faire dans un stade de football. L’image du
football africain, hélas habitué à pareille péripétie,
en prend un autre coup. De toute évidence, les
éducateurs autour du milieu ont encore du pain
sur la planche. Pour gagner, il faut savoir perdre.