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1) Principes de base :
Il est un principe financier assez répandu selon lequel une entreprise devrait assurer son
développement par autofinancement {c'est-à-dire en finançant uniquement ses
investissements par ses résultats passés mis en réserve). Cette position semble correspondre
simultanément à l'intérêt des dirigeants et des créanciers, et indirectement à celui des
actionnaires.
En effet :
l'autofinancement doit se traduire, pour les actionnaires, par une augmentation de la
valeur de leurs actions, et donc par des plus-values. Or, celles-ci sont le plus souvent
imposées moins lourdement que les dividendes. Les actionnaires préféreraient donc, a
priori, percevoir leurs revenus sous forme de plus-values ; ils seraient donc favorables
à l'autofinancement ;
en assurant son développement exclusivement par autofinancement, l'entreprise n'a pas
besoin de recourir au marché financier {c'est-à-dire à des actionnaires ou à des
porteurs d'obligations] ou aux banques. Ses dirigeants y gagnent donc un degré de
liberté supplémentaire. Ils favoriseront donc, eux aussi, le recours à l’autofinancement
;
enfin, l’autofinancement est privilégié par les créanciers car il réduit le risque de leurs
créances et accroît donc la valeur de celles-ci.
Ces constats ne sont pas faux, mais nous voudrions ici insister sur les dangers d'une politique
d'autofinancement à outrance qui conduit à repousser dans le temps la sanction financière
indispensable à toute politique. Il n’est pas bon qu'une entreprise soit ainsi coupée des
marchés financiers, que la mobilité du capital soit réduite, freinée artificiellement, et permette
des investissements dans des secteurs peu rentables. L'entreprise se crée ainsi un marché
interne de capitaux indépendant des marchés financiers. Sur ce marché artificiel, les taux de
rentabilité peuvent être plus faibles et les ressources mal allouées.
Le principe financier le plus sain est probablement celui de distribuer la totalité des bénéfices,
quitte à faire aussitôt appel aux actionnaires lors de financements de projets importants.
Cependant, ce Principe se heurte à des considérations pratiques (coûts fiscal et d'opération
importants, contrôle de l’actionnariat, risque de marché) qui le rendent d'application difficile.
En résumé, l’autofinancement bénéficie d'une image extraordinaire auprès de tous les
partenaires de l'entreprise. Cependant, bien qu'il soit une composante des capitaux propres et
donc revienne fondamentalement à l'actionnaire, ce dernier le contrôle très mal. Il en résulte
que l'autofinancement peut constituer une véritable bombe à retardement pour l'entreprise.
2) Autofinancement et création de valeur :
Quel que soit le mode de financement, les investissements doivent rapporter leur coût
du capital. En s'autofinançant, l'entreprise réduit la part des dettes dans sa structure
financière et donc le risque pour ses créanciers, d'où un coût de la dette Plus faible.
Cette économie se rajoute, dans un monde en équilibre, à la rentabilité normalement
dégagée par l'investissement financé par autofinancement, soit le coût du capital, pour
correspondre à la rentabilité exigée par l'actionnaire. Ce raisonnement est le même
que celui de l’investissement financé par un nouvel endettement qui doit rapporter,
non le coût de l'endettement, mais le Coût du capital, soit plus que le coût de la dette.
Le surplus accroît la rémunération de l'actionnaire afin de le compenser du risque
supplémentaire qu'il supporte du fait du nouvel endettement.
Sur le plan fiscal, l'autofinancement a été considéré pendant très longtemps comme la panacée
pour l'actionnaire. En effet, l'autofinancement doit se traduire, pour l'actionnaire, par une
augmentation de la valeur de ses actions, et donc par des plus-values. Or, celles-ci sont
généralement imposées moins lourdement que les dividendes.
L’actionnaire préférant donc, a priori, percevoir ses revenus sous forme de plus-values, il
serait favorable à l'autofinancement. Cependant, l'écart de taxation entre dividendes et plus-
values s'est réduit au cours du temps. Il est maintenant nul en France, par exemple. Par
ailleurs, la fiscalité n’est pas le déterminant principal de la politique financière de l'entreprise.