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Interview
Interview
«La feuille de route du gouvernement
ne s’attaque pas aux causes du mal-
être des paysans»
Après deux rapports parlementaires, le gouvernement s’est saisi de la
question du mal-être des agriculteurs en détaillant ce mardi une série de
propositions. Des mesures qui ne s’attaquent pas aux «responsabilités
collectives des difficultés» selon le réseau Solidarité Paysans.
Dans un hameau dans l'Aveyron; un paysan marche dans un champ. (Julien Coquentin/Hans Lucas)
Il y a quelques propositions qui vont dans le bon sens, comme le suivi des
familles endeuillées après le suicide d’un agriculteur. Mais globalement, les
actions préconisées par le gouvernement sont largement insuffisantes. La
feuille de route ne s’attaque aucunement aux causes du mal-être des
paysans. Je pense notamment à leurs revenus très faibles, qui sont souvent
la source principale de leur détresse. De plus, on peut douter de l’efficacité et
du résultat des mesures proposées… Par exemple, l’idée de l’aide au répit,
[qui finance le remplacement jusqu’à dix jours des exploitants agricoles en
situation d’épuisement professionnel] est très intéressante. Mais les services
de remplacement ne sont pas dès à présent mis à disposition des paysans. Il
y a beaucoup de promesses, reste à voir comment elles seront mises en
œuvre concrètement sur le terrain.
Je parle du modèle agricole en France, qui est agressif pour les travailleurs
de la terre. Il est industriel, vise la concurrence, à la productivité à tout prix,
sans prendre en compte les coûts de production, l’humain et son travail.
Bref, il est complètement déphasé par rapport à la réalité des paysans et à la
demande des consommateurs qui veulent de plus en plus des produits de
qualité. La pression est permanente, pourtant il n’en est nulle part mention
dans la feuille de route du gouvernement. Pour changer ce modèle, il
faudrait une forte volonté politique et une PAC [Politique agricole commune
à l’Union européenne] qui soutiendrait les exploitants en difficulté. Ce qui
ne semble pas à l’ordre du jour. On pourra mobiliser 42 millions ou
100 millions d’euros l’année prochaine encore, si on ne s’attaque pas aux
enjeux structurels, rien ne changera.
Je ne nie pas leur volonté d’humaniser mais tous les moyens proposés ne
vont pas dans ce sens. L’accompagnement des paysans doit être global, en
prenant en compte toute difficulté qu’ils pourraient rencontrer, qu’elle soit
matérielle, technique, juridique ou sociale. Avec notre réseau, nous mettons
à disposition les ressources pour que les agriculteurs s’en sortent par eux-
mêmes. La question de l’autonomie, de la maîtrise et de la capacité
décisionnelle des professionnels sur leur exploitation est fondamentale.
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