3,00 € lundi 22 novembre 2021 le figaro - N° 24 029 - www.lefigaro.

fr - France métropolitaine uniquement Première édition

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

jérômE FOUrqUEt LE FIGarO étUdIaNt

taBLEaU POLItIqUE dE « La FraNCE LE PaLmarès 2022 dEs éCOLEs
qUI vIENt », NOtrE sérIE PAGE 21 dE COmmErCE noTrE SuPPlémEnT

Stationnement, limitation de vitesse, réglementations

le FIGARO SAnTé

Ces mesures qui accablent

psychologie :
connaître
les automobilistes
Pneus neige obligatoires, lutte contre le diesel, hausse de l’essence, stationnement payant :
ses racines
pour mieux l’accumulation des contraintes rend la possession d’une voiture de plus en plus difficile.
s’ancrer dans
C’était un symbole de liber- de restrictions qui pousse de temps la guerre à l’automo- tants des banlieues. Les ven- ment avec le retour au bu-
l’avenir té, c’est devenu un objet de plus en plus de Français à y bile, il s’agit d’une victoire… tes de voitures neuves sont reau. Mais, bien que promu
PAGES 11 à 14 contrainte. La voiture, com- renoncer. Pour les grandes non sans conséquences tou- également en baisse. par les pouvoirs publics, il
me la moto, est soumise à métropoles comme Paris, tefois sur les commerces des Quant au covoiturage, il est loin d’être adopté massi-
criSE SANiTAirE une inflation de normes et qui ont déclaré depuis long- centres-villes et les habi- connaît un léger frémisse- vement.
Le virus se réinvite è L’atteNtIsme des aCheteURs, UN COUp dUR de pLUs pOUR Les CONstRUCteURs è Le COVOItURage pOUR Le tRaVaIL, UN « pLaN B » qUI COmmeNCe à CONVaINCRe
è à CaLaIs, Le statIONNemeNt gRatUIt pOUR sOUteNIR Le COmmeRCe pAGes 2, 4 et l’édItORIAl
à l’agenda
de l’exécutif PAGE 8
Lr
Les candidats La contestation anti vaccin dégénère : Les pénuries
affichent leur unité
et leurs ambitions
la Guadeloupe au bord de l’embrasement en cascade
PAGE 10
bouleversent
rugby
autopsie d’une
les achats
ambition retrouvée
PAGE 17
de Noël
Alertés par les risques de pé-
ciNémA nuries, les Français ont com-
Hollywood victime mencé dès le mois d’octobre
à acheter des jouets. De leur
de la nouvelle côté, les commerçants ont
guerre froide PAGE 31
France-anTilles gUadeloUPe

également anticipé, en pas-

sant leurs commandes quel-

Champs ques mois plus tôt que lors

d’une année habituelle. Mal-
lIbRes gré cela, il ne sera pas tou-
jours facile de trouver les
n
En plein centre de produits les plus populaires,
comme les consoles de jeux
Lyon, la Guillotière ou certains modèles de bas-
livrée La contestation antivaccin se mue en un mouvement violent et chaotique où les revendications économiques kets et de vélos électriques.
aux trafiquants se mêlent aux scènes de pillage. Les barrages se multiplient, des renforts policiers ont été envoyés ce week-end. PAGE 6 PAGES 26 ET 27

Un grand
n

entretien édItOrIaL par Laurence de Charette ldecharette@lefigaro.fr

avec
Christophe Guilluy
bellross.com

n
La chronique Les nouveaux parias

L
de Nicolas Baverez
a voiture, ce sont ceux qui n’en ont sur la pédale du frein, la main au portefeuille,
n
L’analyse de pas qui en parlent le plus. Ils sont in- et la mine basse de celui qui se sait condamné
40mm

Guillaume Perrault collables : ils connaissent tout des par avance sans bien comprendre toutefois de
PAGES 20 à 23 émissions de gaz à effet de serre, des quel si grand crime il est devenu coupable.

@
méfaits comparatifs de l’essence et Les ligues de vertu et les théoriciens des
Automatique

du diesel ou de l’élasticité du prix du station- « mobilités douces » font-ils leurs courses en

FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
de samedi :
Pensez-vous qu’Anne
Hidalgo ira jusqu’au bout
de sa candidature
à la présidentielle ?
OUI
31 %
TOTAL DE VOTANTS : 129 861
Votez aujourd’hui
3’:HIKKLA=]UXUUW:?b@b@c@m@k";
nement sur la densité automobile. Ils tra- trottinette ? Ignorent-ils qu’un Français sur
quent les guimbardes les plus polluantes, cé- quatre a déjà refusé un emploi faute de solu-
lèbrent les Journées sans voiture, tion pour pouvoir s’y rendre et que l’insécuri-
applaudissent le quadrillage des quartiers té dans les trans-
promus « ma ville respire » ; likent les cartes La voiture, ports en commun
Vélib’ et envisagent avec gourmandise l’ex- une réalité ronge le quotidien
tension maximale des ZFE (zones à faibles souvent des habitants des
émissions). Ils sont du bon côté de la force ; petites et grandes
Greta (Thunberg) est avec eux. indispensable banlieues ?
NON Restent les autres : la foule des habitants des Malgré l’impérieux souci de la planète, on ne
69 % campagnes et des « périphéries », pour qui saurait trop conseiller aux redresseurs de
l’automobile est en réalité indispensable. torts de tout poil, pourfendeurs de la « ba-
Ceux-là le savent : ils n’ont pas bonne presse. gnole » ou de la maison individuelle, cette as-
Le bien a changé de camp. La voiture, qui fut piration des Français érigée à son tour en

sur lefigaro.fr longtemps le symbole du progrès, de la réus- « non-sens écologique, économique et social »
Limitation de vitesse, site et de la liberté, et tint une si grande place par Emmanuelle Wargon, de manier avec
prix du stationnement… dans le cinéma français, est devenue paria. parcimonie le sarcasme, la sentence et la
M 00108 - 1122 - F: 3,00 E

Approuvez-vous les Les mauvais, les boomers, les déplorables, course aux normes… car, derrière leur volant,
politiques antivoiture ? tous ceux « qui fument des clopes et roulent au se tiennent ces Français sans cesse déclassés,
diesel » (Griveaux), circulent donc désormais lassés des promoteurs d’un monde soi-disant
Fabien claireFond - MarTin au pas - voire encore moins vite… -, le pied meilleur duquel ils sont déjà exclus. ■
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A

LUX : 3 € - NL : 3,40 € - PORT.CONT : 3,30 € - MAR : 23 DH - TUN : 4,40 DT - ZONE CFA : 2.400 CFA ISSN 0182.5852
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
2 l'événement
Pneus neige
obligatoires
Les Alpes, le Jura, le Massif
central, les Pyrénées
et les Vosges : la carte
des 48 départements
désormais soumis
à l’obligation de pneus
neige ou de chaînes
correspond, sans surprise,
à celle des massifs
montagneux de France.
Cette obligation découle
d’une loi de 2016
sur « la modernisation,
le développement et la
protection des territoires de
montagne », en application
de laquelle il revient aux
préfets de dresser, parmi
ces départements, la liste
des communes soumises
à cette obligation. Dans
un premier temps, durant
cet hiver, une « tolérance »
sera en vigueur à l’égard
des oublieux ou des
récalcitrants, mais,
dès l’année prochaine,
ce sera une amende
de 135 euros
et l’immobilisation
du véhicule.
30
km/h
Limite de vitesse
à Paris
+@ » Éric de Seynes :
« La mairie de Paris
renie la liberté fondamentale
des citoyens à circuler librement »
www.lefigaro.fr/vox/societe
L’attentisme des acheteurs, un coup dur de plus pour les constructeurs
vAlerie Collet £@V_Collet
LES ACHETEURS ne sont plus au
rendez-vous. En octobre dernier,
les ventes de voitures neuves ont
plongé de 30 % par rapport à l’an
passé, en Europe comme en Fran-
ce. Pourquoi un tel trou d’air ?
Certes, la pénurie mondiale de
composants électroniques a toire Cetelem de la mobilité. Un
plombé la production de voitures.
Ainsi, cette année, cinq millions
de véhicules ne sortiront pas des
usines à l’échelle mondiale. Les
délais de livraison sont passés de
huit à douze mois pour les véhicu-
A
les neufs à essence. Les construc-
teurs donnent la priorité aux mo-
Ces contraintes qui dégoûtent
les Français de la voiture
Restrictions, contrôles et règlements s’accumulent pour les automobilistes.
Angélique négroni
anegroni@lefigaro.fr
PARLER MOTO ou auto, c’est
désormais évoquer la pollution, les
zones à faible émission (ZFE), les
embouteillages, les bouchons. Mais
c’est aussi aborder les 30 km/h, les
PV, les prix faramineux du station-
nement, les contrôles techniques
de plus en plus tatillons. Depuis
plusieurs années, automobilistes et
motards sont devenus la cible de
mesures incessantes et de contrô-
les tous azimuts. Aux prises avec
une circulation urbaine de plus en
plus compliquée pour eux, en
raison du règne du vélo et de la
trottinette décrété par les munici-
palités, ils sont chaque année rat-
trapés par de nouvelles contraintes
mais aussi par de mauvaises nou-
velles comme le prix à la hausse du
carburant. Dernière règle en date :
l’obligation d’équiper les véhicules
de pneus neige dans les zones
montagneuses.
Face à ce pilonnage continu,
certains jettent l’éponge. Ils re-
noncent à la voiture ou à la moto
en se rabattant notamment sur les
transports en commun. Adieu le
confort d’un véhicule ou la
conduite interfile en deux-roues.
Bonjour les rames de métro bon-
dées, les trains de banlieue suppri-
més… Au cœur du quotidien des
Français et en pleine révolution
avec la fin du thermique annoncée
en 2035, la voiture, et plus globa-
lement la mobilité, devrait être
torisations électriques ou hybri-
des rechargeables.
« Le marché est actuellement per-
turbé par la pénurie de semi-con-
ducteurs avec des délais de livraison
qui poussent des acheteurs à se tour-
ner vers les véhicules d’occasion.
Mais ce n’est pas la seule explica-
tion », nuance Flavien Neuvy, éco-
nomiste et directeur de l’observa-
grand nombre de particuliers se dé-
tournent en effet de l’achat de voi-
tures neuves de plus en plus chères.
« Au fil des normes, Euro 5, Euro 6
et bientôt Euro 7, les constructeurs
ajoutent des équipements de dépollu-
tion qui font grimper les prix. Ils ont
aussi tendance à ajouter de l’électro-
l’un des thèmes forts de cette
campagne présidentielle.
Comme tant d’autres, Isabelle,
juriste dans un groupe américain, a
ainsi remisé sa Renault au garage.
Pour cette habitante des Hauts-de-
Seine, il n’est plus question de
prendre le volant pour se rendre à
Paris. « Trop de bouchons, trop de
travaux, trop d’agressivité au vo-
lant », lâche-t-elle en gardant en
travers de la gorge un PV par
vidéoverbalisation. « La signalisa-
tion est tellement mal faite que pour
entrer dans un parking souterrain
j’ai utilisé une voie de bus, et bingo…
90 euros d’amende ! », rage-t-elle.
Et sans voiture dans Paris, c’est,
pour cette mère de famille, la fin de
la fréquentation des magasins pa-
risiens. « Car je ne vais pas, en plus,
m’infliger un retour par les trans-
ports en commun les bras chargés »,
dit-elle, ne voulant pas utiliser le
train de banlieue qui la ramène
chez elle. « Car il y a trop de retards
et d’annulations », s’insurge-t-elle
encore. La solution, pour elle, est
de rouler et de s’arrêter le plus près
de la capitale, à Boulogne-Billan-
court en l’occurrence, et de s’en-
gouffrer dans le métro.
Parcours du combattant
Mais si les banlieusards sont vent
debout contre la politique antivoi-
ture d’Anne Hidalgo, des Parisiens
aussi s’arrachent les cheveux
quand il s’agit de s’offrir un week-
end au vert. Sortir de la capitale en
voiture le vendredi est compliqué
et y revenir est parfois tout sim-
nique embarquée. C’est agréable
mais pas toujours utile. Aujourd’hui,
le prix moyen d’un véhicule neuf at-
teint 26 000 euros ! », note l’expert.
Inaccessible pour beaucoup, notam-
ment pour les jeunes générations.
Un « sentiment
d’incertitude »
Autre frein à l’achat : les clients ont
du mal à s’y retrouver entre les voi-
tures à essence, électriques, hybri-
des ou hybrides rechargeables, cu-
mulant thermique et électrique,
menacées à terme pour ses émis-
sions de CO2 ? « Les volte-face des
politiques publiques, qui ont subven-
tionné l’achat de diesel après le
“Grenelle de l’environnement” puis
plement impossible, comme le re-
« gens
Quand les
vont
late Yves Carra, porte-parole de
l’Automobile Club Association. « À
cause d’une manifestation sportive,
comprendre toutes les voies autour de mon ap-
qu’ils ne partement du 10e arrondissement
ont été bloquées un dimanche soir et
pourront plus je n’ai pas pu rejoindre mon par-
rouler sur king ! », relate-t-il. Il a été obligé
une grande de la garer plus loin dans Paris. De
guerre lasse, après plusieurs épiso-
partie des de ce type, il a fini par rendre
du territoire, les clés de son appartement et
s’installer ailleurs.
les « gilets
Même les deux-roues motorisés,
jaunes » longtemps considérés comme une
vont devenir bonne alternative à la voiture, ne
« gilets sont plus la panacée pour déjouer
rouges » !
Yves Carra,
» les bouchons parisiens. Domicilié
dans le Val-d’Oise et motard de
longue date, Cyril y renonce.
porte-parole
« Avec des travaux dans tous les
de l’automobile
Club assoCiation sens, la largeur des voies est réduite
et on ne peut plus faire de l’interfile.
On reste bloqué dans les embou-
teillages », regrette-t-il. Lui qui
enfourchait sa moto pour collec-
tionner les concerts parisiens fré-
quente désormais les salles de ban-
lieue. Et découvre qu’on s’amuse
bien aussi de l’autre côté du périph !
Quant à Stéphane, qui réside à
Paris, il profite de ses dernières
heures de plaisir avec sa BMW.
Des cyclistes circulent
dans un couloir de bus
« J’arrête bientôt. Les conditions de
circulation sont devenues insuppor-
tandis que des voitures
sont à l’arrêt dans tables », regrette-t-il. Entre les
les voies qui leur sont
réservées, en partie
bloquées par des
automobilistes qui roulent avec
leur portable au volant et les vélos
qui déboulent dans une rue sans
travaux, en mai 2020, regarder, tout est devenu, selon
à Paris. THOMAS COEX/AFP lui, parcours du combattant.
« Quand on programme une adres-
se sur une application, on ne peut
pas toujours y aller car les sens de
circulation changent d’un coup »,
signale-t-il encore. Depuis peu, il
a aussi hérité d’un chantier sous
ses fenêtres… avec effet surréaliste
garanti. « Je ne peux plus sortir de
mon parking sans commettre une
infraction ! Si je vais à gauche, j’em-
prunte un sens interdit, et à droite,
la rue est bloquée et je dois monter
sur le trottoir ! »
Rouler pour les deux-roues de-
vient donc difficile et bientôt le sta-
tionnement sera un casse-tête. En
janvier prochain, il sera payant
dans la capitale. De quoi convain-
cre ceux qui hésitaient encore à lâ-
cher leur bécane pour de bon !
« C’est une mesure parfaitement in-
sensée », s’insurge Jean-Marc Be-
lotti, de la Fédération des motards
en colère (FFMC). « Prendre un
deux-roues à la place d’une voiture
permet de désengorger le trafic et de
lutter contre la pollution. Au lieu de
soutenir les motards, Paris les péna-
lise. Ils sont devenus la nouvelle bête
noire de la capitale », dénonce-t-il.
Excédée par toutes ces
contraintes, Isabelle, motarde et
parisienne depuis toujours, a tran-
ché. Elle quittera Paris et gardera
sa vieille 125 cm3, devenue
d’ailleurs hors la loi. La capitale et
aussi sa petite couronne sont, en
effet, passées en ZFE (zone à faibles
émissions), un dispositif qui - avec
ont décidé de le bannir, ne facilitent
pas les choses. L’incitation à l’élec-
trique, alors que les obstacles de
l’autonomie et du manque de bornes
30 %
de recharge ne sont pas levés,
contribue à ce sentiment d’incertitu-
de », observe Flavien Neuvy.
Albert, 60 ans, cadre dans le pri-
Chute des ventes vé, fait partie de ces indécis : « Je
de voitures neuves possède aujourd’hui un modèle à es-
en octobre sence. Je serais tenté de passer à un
par rapport à l’an véhicule 100 % électrique. Mais je
passé, en France fais de longs trajets pour aller en
et en Europe week-end ou en vacances et je me
demande si j’aurais assez de bornes
de recharge sur mon parcours. » Il
préfère attendre encore quelques
années que le réseau de station se
densifie. « Je pense que j’opterai
contrôles et sanctions à la clé -
permet de bannir progressivement
de ces territoires véhicules et
motos les plus polluants. Avec sa
125 cm3 de 1979, cette gérante de
59 ans ne devrait plus en théorie
rouler… Elle se donne encore un an
avant de faire ses valises et de
trouver un nouveau point de
chute. « Une ville sans ZFE !... »,
lance-t-elle.
Or, le choix va se restreindre.
Car, décrétées arme incontourna-
ble de lutte contre la pollution de
l’air, ces ZFE poussent comme des
champignons, englobant d’ailleurs
le plus souvent une ville et sa mé-
tropole. Si quatre ZFE seulement
sont à ce jour créées, sept sont en
préparation et trente-cinq autres
devraient être mises en place
avant 2024. En parallèle, au fil des
ans, les quatre collectivités pion-
nières durcissent les règles.
Vieilles guimbardes
Ainsi, à Grenoble, seuls les véhicu-
les professionnels et utilitaires les
plus polluants sont aujourd’hui
concernés par une interdiction de
circulation. Mais, selon l’adjoint à
la mobilité Gilles Namur, « une ré-
flexion est en cours pour que les voi-
tures des particuliers soient concer-
nées ». Même si ce dernier réfléchit
et dit réfléchir à des mesures pour
accompagner l’interdiction, ce
sera un coup dur pour les foyers les
plus modestes. « Personne ne voit
ce qui se trame, mais c’est une véri-
table révolution qui se prépare.
Quand les gens vont comprendre
qu’ils ne pourront plus rouler sur une
grande partie du territoire, les “gi-
lets jaunes” vont devenir “gilets
rouges” ! », prédit Yves Carra. « À
force de nous empêcher de mourir,
on nous empêche de vivre ! », s’in-
surge Isabelle, qui n’exclut pas de
s’installer à la campagne.
Loin des villes, le monde rural
vit, en effet, à l’écart de toutes les
contraintes que subit de plein
fouet le monde urbain. D’ailleurs,
dans ces territoires reculés, on
compte bien garder toutes les
vieilles guimbardes qui circulent.
Par tradition. « On est tous ici un
peu bricoleurs et on répare nous-
mêmes notre voiture pour la mener
le plus loin possible. C’est comme
ça ! », raconte Alex, qui habite un
hameau dans la région d’Aix-en-
Provence. Et par nécessité, aussi :
« Certains n’arrivent déjà pas à se
chauffer, alors, se débarrasser
d’une voiture qui marche pour en
acheter une autre est le cadet de
leurs soucis », poursuit Alex. « On
veut nous faire croire que prendre
un véhicule électrique, c’est écolo-
gique, alors que l’on ne sait que faire
des batteries ! Moi, je garderai jus-
qu’au bout ma Citroën Saxo », pré-
vient d’ailleurs Alexandre, sa-
peur-pompier à Fréjus. L’année
2035, qui sonnera la fin de la vente
du thermique, ne l’empêchera
donc pas de rouler à bord de son
vieux modèle. À condition qu’il ne
lâche pas d’ici là… ■
dans un premier temps pour une voi-
ture électrique d’occasion récente.
D’une marque qui a l’expérience des
voitures à batterie. »
L’attentisme des acheteurs tra-
duit sans doute un vrai change-
ment de comportement, déjà pris
en compte par les constructeurs
qui se préparent tous à vendre
moins de voitures dans les pro-
chaines années. Ils misent sur des
offres d’abonnement à l’usage.
Une bonne formule pour les cita-
dins de plus en plus tentés par
l’autopartage ou le covoiturage. En
revanche, la voiture, électrique ou
non, va continuer à s’imposer à
temps plein à la campagne et dans
la périphérie des villes. ■
 25
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 lundi 22 novembre 2021 le figaro
4 l'événement
Le covoiturage pour le travail, un 2
« plan B » qui commence à convaincre millions
Encore marginale, cette pratique fait l’objet de mesures d’incitations des pouvoirs publics.
Les sites spécialisés disent observer une augmentation des offres, liée au retour au bureau.
Éric dE la chEsnais
£@plumedeschamps
DEPUIS la rentrée de septembre,
le covoiturage entre le domicile et
le travail repart de plus belle.
Après une pause liée au confine-
ment, ce mode de déplacement,
bien qu’encore marginal dans les
modes de déplacement quotidiens
pour gagner son entreprise,
connaît une très forte progression.
« Nous avons gagné 28 000 nou-
veaux inscrits depuis début septem-
bre sur notre application, se félicite
Joachim Renaudin, en charge du
marketing de Karos, l’un des lea-
ders en France sur ce marché avec
au total 500 000 utilisateurs aux
côtés de Klaxit et BlaBlacar Daily.
Nous notons une hausse de 85 % de
trajets covoiturés avec Karos entre
la première semaine de septembre
et aujourd’hui. »
Un autre acteur important du
marché, BlaBlaCar, fait part d’une
tendance similaire. « Le nombre
d’usagers sur notre plateforme a
été multiplié par deux entre la ren-
trée de septembre et les vacances
de la Toussaint. Cela continue
d’augmenter en novembre », indi-
que Adrien Tahon, directeur de
BlaBlaCar Daily. Il revendique
2 millions d’inscrits sur son appli-
cation dédiée aux trajets domici-
le-travail, contre 20 millions pour
les déplacements longue distance,
principalement liés aux loisirs sur
BlaBlaCar. « La marge de progres-
sion du covoiturage est énorme. Sur
les 16 millions de voitures qui circu-
lent quotidiennement en France en
semaine, le taux d’occupation est
de 1,1 personne selon les chiffres de
l’Ademe et de l’Insee », poursuit-il.
“ Le covoiturage
représente un moyen
efficace de lutter contre
les embouteillages
et la pollution de l’air
SébaStien Mabille, porte-parole
d’île-de-France MobilitéS
” nomie réalisée pour la personne
Actuellement, seuls quelques
dizaines de milliers d’automobi-
listes pratiquent le covoiturage
domicile-travail, avec un frémis-
sement récent qui s’explique par
trois raisons principales. La pre-
mière est liée à l’augmentation
actuelle des carburants. Un point
hautement sensible pour les mé-
nages, quand on sait que le budget
moyen annuel qu’ils consacrent à
leur auto s’élève entre 5 000 et
À Calais, le stationnement gratuit pour soutenir le commerce
EmmanuEl magdElainE
lille
CALAIS, temple de la bagnole ? En
tout cas, dans cette ville de
75 000 habitants, rien n’est fait
pour décourager les automobilis-
tes. Le stationnement y est gratuit
dans une grande partie de la ville.
Sur 50 000 places de parking, seu-
les 415 sont payantes, la plupart
dans l’hypercentre. Et sur ces
dernières, le premier quart d’heu-
re est gratuit. Même le parking
privé attenant à un centre com-
mercial urbain propose une heure
trente de gratuité à ses clients.
« On en profite bien, reconnais-
sent Daniel et Liliane, retraités ca-
laisiens. On ne se rend même plus
compte que ce n’est pas comme ça
dans toutes les villes. » À Calais, les
amendes, rares, ne sont pas chè-
res non plus : 11 euros. Manque à
gagner estimé pour la ville : de
200 000 à 250 000 euros par an.
A
Mais Natacha Bouchart, la mai-
re LR de Calais, assume. Le sta-
6 000 euros. En partageant leur
véhicule, ils peuvent réduire l’im-
pact de la hausse des prix à la
pompe. « Partager sa voiture avec
une personne peut engendrer, selon
nos calculs, une économie de
97 euros par mois pour le conduc-
teur, soit l’équivalent de deux pleins
d’essence, souligne Joachim Re-
naudin. Pour celui qui laisse sa voi-
ture au parking, le gain est non né-
gligeable. Une voiture coûte à son
utilisateur 33 centimes du kilomè-
tre. » « Sur un trajet moyen domici-
le-travail de 30 kilomètres pendant
3 jours de la semaine matin et soir,
ce qui correspond au parcours
moyen sur notre application, l’éco-
transportée est supérieure à 2 000
euros par an », poursuit Adrien
Tahon. Un attrait financier cer-
tain. « Mais il faut changer les
mentalités, comme cela a été le cas
dans les déplacements liés aux loi-
sirs avec BlaBlaCar, où nous avons
mis six ans », rappelle le dirigeant.
Deuxième facteur incitatif : la
fin du télétravail généralisé. « Le
retour au bureau a multiplié les of-
fres et les demandes de covoiturage
entre la maison et l’entreprise, es-
time Joachim Renaudin. Mercredi,
tionnement gratuit, elle en avait
fait un argument de campagne
lors de sa première élection à la
tête de la ville en 2008.
L’objectif principal de cette po-
litique est limpide : faire vivre ou
revivre le commerce de centre-
ville. « On a de grands centres
commerciaux en périphérie. Leurs
parkings sont gratuits. Alors on fait
comme eux, on s’aligne pour ne pas
mettre de handicap supplémentaire
aux commerçants calaisiens. Dans
une ville moyenne comme la nôtre,
c’est très important. » Et, selon la
maire, ça marche : « De nombreux
commerces ouvrent, la redynami-
sation est toujours en cours. En
2017, on avait un taux de vacance
(commerces vides, NDLR) de
27 % ; il est aujourd’hui de 12%. »
« On a malheureusement une ac-
tualité souvent négative autour de
Calais, et les commerçants subis-
sent une crise conséquente, ren-
chérit Christophe Fagot, président
de l’association de commerçants
Calais, cœur de ville. Mais la ville
se relance, les touristes revien-
Une aire de covoiturage
près de Lyon, le long
à 18 h 20, nous avions par exemple
plus de 50 000 offres de trajets »,
de l’autoroute A7.
liPonne/Hans lucas/aFP
ajoute le responsable de Karos.
Enfin les entreprises et les collec-
tivités locales multiplient les inci-
tations au covoiturage domicile-
travail en faisant appel aux
applications spécialisées pour
mettre en place des offres subven-
tionnées. « Avec 16 millions de tra-
jets quotidiens sur les routes en Île-
de-France et 250 kilomètres de
bouchons chaque jour, le covoitu-
rage représente un moyen efficace
de lutter contre les embouteillages
et la pollution de l’air, pointe Sé-
bastien Mabille porte-parole d’Île
-de-France Mobilités. En rendant
ce mode de transport quasiment
gratuit, la région permet à chaque
Francilien de lutter concrètement
contre l’“autosolisme”. Nous ver-
sons également une forte prime aux
conducteurs, jusqu’à 9 euros par
trajet, pour les encourager les
conducteurs à ouvrir leurs portières
et décupler l’offre de covoiturage. »
De leur côté, les sociétés d’auto-
routes comme Vinci créent des
aires de covoiturage multimodales
en partenariat avec les collectivi-
tés locales comme celle de Long-
villiers à 40 kilomètres au sud-
nent… Si on veut devenir ville bal-
néaire, il faut que le stationnement
reste accessible, que ce ne soit pas
cher, que les visiteurs vivent une
belle expérience. Je dirais même
que Calais devrait, sur ce plan, être
un exemple pour les autres villes. »
« Voitures ventouses »
Sur les 50 000 places
de parking de la ville, Mais cette politique a aussi ses
seules 415 sont payantes. détracteurs. James, retraité ca-
altitudedrone/stock adobe laisien, constate : « Il y a à boire
Nombre d’inscrits sur
l’appli BlaBlaCar Daily
dédiée aux trajets
domicile-travail
en covoiturage
ouest de Paris, près de l’échangeur
de Dourdan. Elle permet de gagner une voie
les portes de Paris en laissant sa
voiture sur cette aire sécurisée et
réservée
aménagée pour prendre un car,
désormais avec Wi-Fi, qui em-
sur le
prunte l’autoroute et laisse les périphérique
voyageurs à des stations de RER.
« D’ici les 4 prochaines années, parisien
en lien avec les collectivités locales, « L’héritage des Jeux
nous allons multiplier par deux le
olympiques » pourrait
nombre de places de covoiturage
disponibles en France à proximité
de nos échangeurs, affirme Estelle
Ferron, responsable de la com-
bien ressembler, dans la
capitale, à un périphérique
encore moins fluide
munication chez Vinci Autorou- puisque le Conseil de Paris
tes. Il y en aura 6 000 au total à a voté, mi-novembre,
travers 79 parkings, soit un inves-
tissement de 16 millions d’euros. »
Les utilisateurs apprécient, à Paris
comme en province. Ainsi, en
la mise en place d’une voie
réservée au covoiturage.
Elle devrait être en vigueur
Mayenne, sur l’aire de covoitura- à la suite des JO de 2024,
ge à la sortie de l’échangeur n° 3 lors desquels une « voie
de l’A81 près de Laval. « Je laisse olympique », destinée
ma voiture ici tous les jours, dit aux athlètes, aux pompiers
John, ouvrier du BTP. J’habite à ou à la police sera instaurée
5 kilomètres d’ici en ville. Un collè- sur le périph . Des caméras
gue qui vit tout près vient me pren- et des capteurs seront
dre et on part sur nos chantiers
avec sa voiture. C’est une sacrée
installés pour vérifier
économie vu le prix actuel de l’es- qu’elle est bien respectée.
sence et c’est mieux que d’y aller Les jeux terminés, cette
seul », sourit-il . ■ voie devrait s’étendre sur
la totalité des 35 kilomètres
du boulevard périphérique,
qui compte en général
quatre voies de circulation
dans chaque sens.
et à manger, car, quand c’est
gratuit, les gens prennent leurs
aises. C’est parfois galère de
trouver une place. Certains res-
tent plusieurs heures, voire plu- Beaucoup
sieurs jours. »
Les « voitures ventouses » exis- de maires
tent et sont un des effets pervers partent du
du stationnement gratuit. Natacha
Bouchart le reconnaît : « Il n’y a principe qu’il faut
pas de solution parfaite » - et quel- taxer la voiture,
ques aménagements ou réajuste-
ments sont faits régulièrement. qui pollue,
Calais essaie par exemple de déve- qui encombre
lopper les places « dépose-minu-
te » (30 minutes maximum) de- les villes.
vant certains commerces.
Mais, aujourd’hui, la mairie ne
Moi, je veux
veut surtout pas revenir en arriè- qu’on reste une
re : « C’est vrai qu’on a une philo-
sophie différente. Beaucoup de
maires partent du principe qu’il
ville attractive
natacha bouchart,
»
faut taxer la voiture, qui pollue, Maire lr de calaiS
qui encombre les villes. Moi, je
veux qu’on reste une ville attracti-
ve. Et il ne faut pas oublier de dire
qu’on développe en parallèle le vélo
et que les bus sont gratuits dans
tout le Calaisis. » ■
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
6 Société
La Guadeloupe menacée par le chaos
Le mouvement de contestation antivaccin a dégénéré. Barricades et scènes de pillage se multiplient.
AmAndine Ascensio £@Aascensio
pointe-à-pitre
violences Avec le début de la se-
maine, cette journée de lundi aura
des allures de test pour le mouve-
ment de contestation qui a embrasé
la Guadeloupe la semaine dernière.
Mais aussi pour les forces de l’or-
dre, mobilisées en nombre ce
week-end : 2 250 policiers et gen-
darmes sont présents sur le terri-
toire. Près d’une semaine après le
début de la mobilisation générale,
les syndicats de Guadeloupe sem-
blent se faire déborder : les barrica-
des sont désormais tenues par des
gens de tout poil et chaque nuit est
tendue, avec son lot d’incendies, de
pillages et d’interpellations. Les
pompiers et le personnel soignant
de Guadeloupe réfractaire à l’obli-
gation vaccinale avaient pourtant
annoncé une grève illimitée.
Sous l’égide de l’Union générale
des travailleurs de Guadeloupe
(UGTG), ils ont lancé une mobilisa-
tion générale contre la loi du
5 août, et surtout les suspensions de
contrat de ceux qui ne seraient pas
résolus à « prendre le vaccin »,
comme on dit sur l’île. Dès les pre-
miers jours le ton a été donné : opé-
rations escargot dans toute l’île,
feux de barricades de pneus allu-
més par les pompiers eux-mêmes,
blocage filtrant des entrées du
CHU, et piquets de grèves inamo-
vibles devant les casernes et les
établissements de santé concernés.
Une mobilisation qui, selon les
autorités, n’est que le fait d’une
« minorité » puisque, d’après les
chiffres donnés par l’agence régio-
nale de santé dimanche, plus de
85 % des soignants du territoire,
tous métiers confondus, sont vac-
cinés. « Au CHU, on avoisine les
90 % de conformité avec l’obligation
vaccinale », indiquait Cédric Zolez-
zi, le directeur adjoint du CHU de
Guadeloupe, où la mobilisation
reste très forte et où certains soins
doivent être décalés en raison du
mouvement.
Mais, depuis vendredi, le mou-
vement a changé de visage. Des
barricades faites de toutes sortes
d’objets, de végétaux, de voitures
ou de bouts de tôle, ont poussé
comme des champignons sur toute
la Guadeloupe, entravant de très
Après les tours de vis, la violence éclate dans plusieurs pays européens
Anne RovAn £@AnneRovan
correspondante à Bruxelles
LE RETOUR à des mesures plus
strictes pour endiguer la nouvelle
vague de Covid passe mal dans
plusieurs pays européens. En Bel-
gique, quelque 35 000 protestatai-
res ont défilé dimanche après-mi-
di dans les rues de Bruxelles.
« Ensemble pour la liberté » était la
devise du rassemblement. Les po-
liciers ont été contraints d’utiliser
les canons à eau et les gaz lacry-
mogènes à plusieurs reprises alors
que la manifestation dégénérait :
incendies de poubelles, jets d’ob-
jets divers sur les forces de l’ordre,
vitres de voitures brisées, etc.
Les Pays-Bas ont également été
le théâtre de violences ce week-
end. Elles ont d’abord éclaté ven-
dredi soir à Rotterdam, où la police
est accusée d’avoir tiré sur des
manifestants. Alors que de nom-
breux véhicules ont été incendiés,
A
nombreux axes routiers et créant,
au moins les premiers jours, de très
longues files d’attente de véhicules.
« Parfois les barrages ne sont pas
tenus, parfois seules quelques per-
sonnes sont installées dessus, parfois
c’est plus important », indique une
source de gendarmerie, dont les
effectifs sont régulièrement mobi-
lisés pour déblayer la route.
Un véritable jeu du chat et de la
souris, car il n’est pas rare que, si-
tôt libérée, la route se rebloque un
peu plus loin. Depuis plusieurs
nuits, les forces de l’ordre sont
confrontées à des pillages en règle
de magasins, à de la casse, et par-
fois même à des tirs. « L’intention
de s’approprier des biens par effrac-
tion n’est plus la seule motivation de
ces bandes organisées qui recher-
chent désormais le chaos. Des com-
merces de première nécessité pour la
population, dont quatre pharmacies,
ont été fracturés, et des voitures de
particuliers enflammées », indique
le maire de la ville, Ahmed
Aboutaleb, a dénoncé « une orgie
de violence ». « Ce n’est pas une
protestation mais de la terreur », a
tweeté le leader néerlandais d’ex-
trême droite, Geert Wilders. Sept
personnes ont été blessées - dont
trois par balle - et 51 arrestations
ont été effectuées. Les violences
ont repris samedi soir dans plu-
sieurs autres villes du pays, dont
La Haye, où siège le gouvernement
néerlandais. Des unités mobiles,
des policiers à cheval, des chiens et
des canons à eau ont été déployés.
Ces tensions font suite au renfor-
cement des mesures anti-Covid
décidées par le gouvernement
néerlandais. Les bars et les restau-
rants ont désormais l’obligation de
fermer leurs portes à 20 heures. Il
est également envisagé de res-
treindre le passe sanitaire aux per-
sonnes vaccinées et à celles guéries
du Covid. Les contaminations ont
explosé dans ce pays de 17,5 mil-
lions d’habitants, où l’on enregis-
Des militants de l’Union un communiqué de la préfecture,
générale des travailleurs ce dimanche matin, qui pourrait
de Guadeloupe bloquent, bien décider de laisser les écoles
le 17 novembre, fermées une partie de la semaine.
le rond-point de Perrin, Il s’agit « d’une franche réponse à
aux Abymes.
tous les mépris, toutes les violences
CARLA BERNHARDT/AFP
qui nous sont opposés depuis des an-
nées, nous, peuple de Guadeloupe »,
affirme le LKP - Liyannaj kont
Pwofitasyon, (alliance contre la
« profitation ») - déjà à l’œuvre
lors des grandes grèves de 2009 et
revenu sur le devant de la scène. Il
pointe ainsi du doigt les fortes iné-
galités sociales qui sévissent dans le
territoire mais aussi les problèmes
insolubles de l’île, comme l’accès à
l’eau ou à l’éducation.
Des sujets qui font également
partie de la plateforme de revendi-
cation déposée avec les préavis de
grève, ce qui dépasse le simple ca-
dre de l’obligation vaccinale. Par la
voix de sa secrétaire générale, Maï-
té Hubert M’Toumo, l’UGTG ap-
pelle « les travailleurs et plus large-
trait jeudi quelque 23 000 nou-
veaux cas.
« Corona dictature »
Le premier ministre, Mark Rutte,
n’avait pas réagi dimanche après-
midi. Mais le gouvernement néer-
landais semblait toutefois ouvert à
la discussion. « Les mesures corona
que le cabinet doit prendre pour li-
Au lendemain des
violences qui ont éclaté
vendredi à Rotterdam,
la mobilisation est
restée importante
et a gagné les autres
villes des Pays-Bas.
SvEN SimCiC - viDEo iN
vERzET/viA REUTERS
AURÉLIEN PRADIÉ
député du Lot, secrétaire général Les Républicains
Ce soir à 19h30
En direct sur le canal 13 de la TNT et sur lefigaro.fr
ment le peuple de Guadeloupe » à
« poursuivre la mobilisation », et
déclare le collectif « prêt à la négo-
ciation sur l’ensemble des revendi-
cations ». Mais, pour les autorités,
c’est d’abord l’ordre qu’il faut ré-
tablir. Samedi, Gérald Darmanin,
le ministre de l’Intérieur, et son
homologue des Outre-mer, Sébas-
tien Lecornu, ont annoncé l’envoi
de forces militaires supplémentai-
res, notamment des agents du Raid
et du GIGN.
Dans la foulée, le procureur de la
République de Pointe-à-Pitre, Pa-
trick Desjardins, a annoncé son in-
tention de « poursuivre systémati-
quement » les auteurs des exactions
et des infractions constatées par les
forces de l’ordre. Dans la nuit de
samedi à dimanche, la police et la
gendarmerie ont procédé à 37 in-
terpellations, la plupart en flagrant
délit de pillage.
« Nous ne sommes pas favorables
à toute cette violence, indique Maïté
miter le nombre d’infections causent
beaucoup de problèmes à la société.
Il est important que nous conti-
nuions d’en discuter et, si nécessai-
re, d’avoir un débat vigoureux », a
affirmé le ministre de la Justice,
Ferd Grapperhaus, dans un com-
muniqué. Le pays, très libéral,
avait déjà été le théâtre de violents
affrontements en début d’année,
Hubert M’Toumo, mais c’est une
réponse normale à l’envoi des forces
de l’ordre contre une jeunesse qui se
met en position de défense, alors que
nous demandons des négociations
sur l’obligation vaccinale. Regardez
comment cela se passe aux Pays-
Bas en ce moment. » Ces négocia-
tions sont appelées de leurs vœux
par l’ensemble des « organisations
politiques patriotiques » du territoi-
re. « Nous rappelons aux élus gua-
deloupéens qu’ils ont demandé et
obtenu des mandats qu’ils exercent
aujourd’hui. Nous exigeons d’eux
qu’ils prennent toutes leurs respon-
sabilités dans le cadre de leur fonc-
tion », écrivent ces organisations
dans un communiqué.
“ Il s’agit d’une franche
réponse à tous
les mépris, toutes
les violences qui nous
sont opposés depuis
des années à nous,
peuple de Guadeloupe
”
le lkp (liyannaj kont pwofitasyon)
Du côté de la communauté poli-
tique, après un silence assourdis-
sant, les différents élus ont fini par
s’exprimer. « Rien ne peut se
construire dans le désordre », pour
la fédération socialiste de Guade-
loupe, qui appelle à se méfier d’une
prochaine « vague de contamina-
tion au Covid-19 qui s’annonce »,
car le virus reste actif sur le terri-
toire. Les parlementaires de l’île
ont sollicité une entrevue avec le
premier ministre et les ministres
concernés « pour chercher ensemble
les voies de l’apaisement », une réu-
nion également appelée de leurs
vœux par les présidents du dépar-
tement et de la région, ce dernier
ayant finalement annoncé par voie
de presse qu’il ne comptait pas s’y
rendre.
Certains maires, pourtant en
déplacement au congrès des mai-
res, à Paris, ont également fini par
s’exprimer, condamnant les vio-
lences, appelant la population à la
prudence et indiquant également
de ne pas « laisser les poubelles de-
hors », pour éviter qu’elles se re-
trouvent utilisées sur les barrica-
des enflammées. ■
lorsqu’un couvre-feu avait été im-
posé à la population.
À Vienne, 40 000 personnes ont
manifesté samedi pour dénoncer
la « corona dictature ». Certains
arboraient une étoile jaune portant
l’inscription « non vacciné ». Im-
posé dans un premier temps aux
personnes non vaccinées, le confi-
nement va être étendu ce lundi à
l’ensemble de la population. Le
nouveau chancelier, Alexander
Schallenberg, a également annon-
cé vendredi que la vaccination de-
viendrait obligatoire à compter de
février 2022. « Nous n’avons pas
réussi à faire vacciner suffisamment
de personnes. Les mesures les plus
récentes ont augmenté les vaccina-
tions quotidiennes, mais pas suffi-
samment », a-t-il argumenté alors
que le taux d’incidence approche
les 1 000 nouveaux cas par semaine
pour 100 000 habitants. L’Autriche
est, pour l’heure, le premier pays
de l’UE à imposer la vaccination à
l’ensemble de la population. ■
© PHOTO DR
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
8 Politique
Le virus se réinvite à l’agenda de l’exécutif
Le président, qui commençait à dresser des perspectives d’avenir, est contraint de gérer le rebond épidémique.
TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL
£@TristanQM
crise sanitaire Les médecins ont
repris le chemin des plateaux de
télévision. À cinq mois de l’élection
présidentielle, revoilà la crise sani-
taire, à la faveur d’une « cinquième
vague qui démarre de façon fulgu-
rante », selon le constat dressé
dimanche par le porte-parole du
gouvernement, Gabriel Attal, lors
du « Grand Rendez-Vous Europe 1/
Cnews/Les Échos ».
L’exécutif - qui capitalise depuis
le printemps sur les bons chiffres de
la vaccination - est de nouveau
confronté à l’inquiétude des
Français. Témoins des décisions
drastiques prises par nos voisins
européens (confinement en Autri-
che, couvre-feu aux Pays-Bas…), ils
s’interrogent sur les conditions dans
lesquelles ils traverseront l’hiver.
Même si le gouvernement ne cesse
de rappeler que les contaminations
sont pour l’instant moins importan-
tes chez nous. « C’est parce que la
couverture vaccinale est supérieure »,
insiste-t-on à l’Élysée, où l’on veut
ainsi prouver que les efforts récla-
més cet été par le chef de l’État n’ont
pas été vains.
Malgré tout, « le sujet sanitaire
monte et place les Français dans un
haut niveau d’incertitude. Ça n’a rien
de satisfaisant » en plein rebond
économique, s’inquiète une minis-
tre. Alors que le président de la
République a dévoilé cet automne
des perspectives d’avenir, à l’image
de son plan France 2030, il est
ramené à l’imprévisibilité quoti-
dienne de l’évolution du virus.
Mercredi, il tiendra un Conseil de
défense sanitaire. Le port du
masque, le périmètre du public
éligible au rappel vaccinal, la validité
du passe sanitaire, les fermetures de
classes, le retour des centres de
vaccination… Autant de questions
que l’exécutif pensait moins brû-
lantes, qui se retrouvent à nouveau
en tête de ses priorités. Sans oublier
Emmanuel Macron confronté lui aussi au respect des gestes barrières
ARThUR beRdAh £@aberdah
LES DÉPLACEMENTS se suivent et
la séquence se répète inlassable-
ment. Une masse compacte de ba-
dauds se presse derrière les grilles
installées sur le parcours d’Emma-
nuel Macron pour espérer le saluer.
Le président les voit, cède à son ir-
résistible attraction pour ce type de
moment, et se rue vers eux. La dis-
cussion dépasse rarement le cadre
du dialogue convenu et désormais
habituel : « Bonjour, ça va ? Vous al-
lez bien ? Merci d’être là ! » Voilà
pour ce que les caméras présentes
sur place parviennent à filmer et
diffuser, dans la cohue des « meu-
tes » de journalistes redevenues
imposantes.
Un retour de l’épidémie susceptible de perturber la campagne ?
JeAN CITTONe £@JCittone
EN SORTANT du dernier Conseil
des ministres, le 17 novembre,
Gabriel Attal a donné le ton. « La
cinquième vague est là », et la cam-
pagne présidentielle ne saurait se
dérouler sans en tenir compte.
« Quand vous rencontrez des Fran-
çais qui vous tendent la main, vous
avez envie de leur serrer. Il faut évi-
demment faire très attention, être
très vigilant, et on le fait tous. »
En février 2020, peu de temps
avant le premier confinement,
Olivier Véran recommandait déjà
« d’éviter la poignée de main ». Un
geste pourtant sacro-saint pour les
hommes politiques, incontournable
lors des déplacements de campa-
gne. Martin Blachier, médecin et
spécialiste en santé publique, estime
A
cependant que ce type de contacts
« a vraiment très peu d’impact » sur
les troubles en Guadeloupe provo-
qués par la contestation de
l’obligation vaccinale des soignants
(lire page 6). L’opposition n’est pas
en reste. Jean-Luc Mélenchon a
ouvert un front en réclamant le
retour de la gratuité des tests pour
les non-vaccinés, rejoint par le
Pr Gilles Pialoux.
Pas question pour l’exécutif de
s’enfermer dans ce seul dossier.
« On agit pour protéger les Français
tout en continuant à agir sur les
autres champs de l’action »,
commente-t-on à l’Élysée, où l’on
évoque les déplacements de Macron
- qui poursuivra ce lundi à Amiens
sa campagne subliminale dans les
Hauts-de-France. Mais ce dernier
Mais, au-delà du visible, restent
tout un tas de petits à-côtés pour-
tant lourds de sens. C’est Guillaume
Gomez, ancien chef des cuisines de
l’Élysée, qui joue les Père Fouettard
dans les allées du salon de la restau-
ration, à Lyon, fin septembre, en
exigeant du public qu’il remette son
masque avant de s’adresser à Ma-
cron. C’est cette collaboratrice qui,
à Lourdes, mi-juillet, arrose régu-
lièrement les mains du président de
gel hydroalcoolique. Car depuis le
déconfinement de l’été dernier, le
chef de l’État donne du fil à retordre
à ses équipes.
Pas encore candidat déclaré, il en
a pourtant déjà adopté la parfaite
panoplie. Reprenant les codes qui
étaient les siens en 2017, et qui firent
son succès à l’époque, il s’est remis
la propagation du virus. Pour ce
médecin, « ce ne sont pas quelques
poignées de main dans un meeting
qui vont changer quelque chose ».
Selon lui, la campagne ne devrait
pas être particulièrement perturbée
par le coronavirus à ce niveau-là.
« J’ai du mal à croire que l’exécutif va
changer de ligne sur les gestes bar-
rières, mais il peut se montrer plus
incitatif sur la vaccination ».
Les rassemblements politiques
vont-ils quant à eux pouvoir se dé-
rouler normalement ? Christophe
Castaner, président du groupe
LREM à l’Assemblée nationale, se
veut lui aussi rassurant, en pré-
voyant un déroulement normal de
la campagne. Des grands meetings
politiques ? « Il y en aura », expli-
que le député. « La démocratie doit
se protéger, mais elle ne se négocie
pas, précise-t-il. Si certains veulent
en organiser, en respectant les rè-
gles sanitaires, il est normal de le
Emmanuel Macron
en déplacement
à la maison de santé
d’Aulnoye-Aymeries
(Aisne), le 19 novembre.
BENOIT TESSIER/REUTERS
« Je me lave
toujours les
mains, et je
garde toujours
le masque en
milieu fermé.
Et je pense
que c’est
indispensable
emmanuel macron
» relâché nos efforts, et c’est bien nor-
« La cinquième vague
est là », a rappelé Gabriel
Attal, porte-parole
du gouvernement,
à l’issue du conseil
des ministres
du 17 novembre.
LUDOVIC MARIN/AFP
n’a pas échappé vendredi dans
l’Aisne aux questions sur le
Covid-19 (lire ci-dessous).
« L’inquiétude monte »
Attentif sans être soumis aux alertes
des Cassandre, le Palais se félicite de
voir augmenter les prises de ren-
dez-vous pour l’injection de la dose
de rappel tandis que les contrôles
du passe sanitaire sont amenés à
être plus soutenus. « On fait tou-
jours le choix de la confiance et de la
responsabilité des Français », résu-
me l’entourage du chef de l’État,
conservant là une ligne qui lui a été
plutôt bénéfique politiquement.
Aux Français qui craignent le confi-
nement, le gouvernement loue
à « aller au contact ». Au sens quasi
littéral du terme. Presque convain-
cu que sa présence et son toucher
sont « thaumaturges » pour les gens
qu’il rencontre, a fortiori lorsqu’ils
lui sont hostiles, comme l’avait ré-
sumé fin 2019 son ancien conseiller
en communication Joseph Zimet.
« Poing contre poing »
Alors, à l’approche de la présiden-
tielle, Emmanuel Macron refait du
Emmanuel Macron. Et ce, quoi qu’il
en dise. « Nous avions tous un peu
mal. Il faut donc les reprendre », a-t-
il exhorté le 9 novembre, lors de son
allocution solennelle, appelant les
Français à une « attention accrue »
sur « l’application des gestes barriè-
res ». Cette petite phrase, suivie par
faire. Nous sommes dans ce contex-
te-là. » Dans un courrier adressé le
28 septembre aux partis politiques,
le ministre de l’Intérieur Gérald
Darmanin assure, quant à lui, que
le passe sanitaire ne sera pas né-
cessaire pour participer aux ren-
contres et aux meetings de la pré-
le passe sanitaire, qu’il présente
comme la meilleure des parades.
Il n’empêche, chaque prise de
parole gouvernementale nourrit les
interprétations des internautes. Les
déclarations de Gabriel Attal, il y a
dix jours, sur France 2, qui n’a pas
exclu « par principe » l’hypothèse
d’un confinement - dont il n’est
pourtant « absolument pas question
aujourd’hui »- ont été reprises avec
fébrilité. Véronique Reille-Soult,
qui analyse les réseaux sociaux pour
Backbone Consulting, a dénombré
2,2 millions de messages la semaine
dernière en France sur le Covid, le
vaccin et le passe sanitaire. « L’in-
quiétude monte », observe celle qui
note 80 % de messages en plus sur
plus de 20 millions de téléspecta-
teurs, s’appliquait en réalité surtout
à lui-même. Il le sait. Même s’il l’a
aussitôt transformée en vœu pieux.
À Béziers (Hérault), mardi, le
président s’est offert une longue
poignée de main avec le maire puis
la députée locale, le couple Robert
et Emmanuelle Ménard, ainsi
qu’avec les autres élus venus
l’accueillir. Idem jeudi, à Paris,
pour le Congrès des maires.
Rebelote vendredi, à Aulnoye-
Aymeries (Aisne), malgré la pré-
sence du ministre de la Santé
Olivier Véran à ses côtés. Ce dont il
a d’ailleurs convenu lors d’un point
presse. « Je me lave toujours les
mains, et je garde toujours le masque
en milieu fermé. Et je pense que c’est
indispensable », a-t-il reconnu.
sidentielle. Cette décision s’inscrit
dans la continuité de l’avis du
Conseil constitutionnel du 31 mai,
qui précise que « les réunions politi-
ques n’entrent pas dans le champ
des grands rassemblements de per-
sonnes où les participants doivent
disposer du passe sanitaire ».
Report du scrutin
Sur BFMTV, le presque-candidat
Éric Zemmour va pourtant jusqu’à
se demander « s’il faudra le passe
sanitaire pour aller voter », en
avançant qu’il s’agirait d’une « en-
tourloupe majeure », si c’était l’in-
tention d’Emmanuel Macron. Une
possibilité aussitôt écartée par
Gabriel Attal, lequel souligne que
cette décision serait contraire à la
Constitution.
Un report du scrutin en cas de
recrudescence de l’épidémie sem-
ble également assez improbable
pour l’instant, malgré les précé-
l’hypothèse d’un confinement et
70 % sur le couvre-feu.
Si la reprise de l’épidémie modifie
l’horizon de l’exécutif, il pourrait
malgré tout en tirer profit. « À tout
prendre, même s’il est plus compliqué
de parler de France 2030, la question
du pouvoir d’achat - autrement plus
dangereuse que la gestion de l’épidé-
mie - s’éloigne. Ce qui n’est pas une
mauvaise chose pour lui », analyse le
directeur général de l’Ifop, Frédéric
Dabi. Un conseiller de l’exécutif
« assez surpris » par « le peu d’inté-
rêt de l’opposition » sur la gestion de
la cinquième vague abonde : « Tous
les yeux sont rivés vers nous. Ça
remet l’État, le gouvernement et les
acteurs publics au centre du jeu. » ■
Fini, donc, la salutation « poing
contre poing » qui était de rigueur
au plus fort de la crise épidémique.
Et tant pis pour la cinquième vague
qui menace le pays. Désormais, et
en attendant d’y voir plus clair sur
la situation sanitaire, seul le port
du masque fera donc office de
« barrière » virale pour le chef de
l’État.
Cela tombe bien : le maire LR du
Touquet (Pas-de-Calais), Daniel
Fasquelle, vient d’en réinstaurer le
port obligatoire. Hasard du calen-
drier, cette décision a été prise pile
le week-end où le couple Macron
avait décidé de venir se reposer
dans leur domicile familial, au len-
demain d’un déplacement dans
l’Aisne vendredi, et à la veille d’une
visite dans la Somme ce lundi. ■
dents du second tour des munici-
pales en 2020 et des régionales
en 2021. Selon le politologue Bruno
Cautrès, « toucher à la date de tenue
d’une élection dans une démocratie
est tout sauf anodin et il serait donc
très difficile pour l’exécutif de bou-
ger cette date ». Un tel chambar-
dement démocratique ne pourrait
se faire selon lui qu’avec « un
constat unanime de la communauté
médicale et des leaders de partis po-
litiques », des conditions « tout sauf
faciles à réunir en période de cam-
pagne électorale », a fortiori pour
une présidentielle.
Par ailleurs, prendre des
mesures restrictives serait risqué
politiquement pour le pouvoir en
place, explique Bruno Cautrès. Le
politologue souligne que de telles
mesures viendraient « contrecarrer
la narration dans laquelle on est
depuis plusieurs mois maintenant et
le succès du passe sanitaire ». ■
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 lundi 22 novembre 2021 le figaro

10 Politique

Les candidats
LR affichent
leur unité et
leurs ambitions
Réunis en conseil national, les Républicains
ont dénoncé la politique de Macron.
emmanuel galiero egaliero@lefigaro.fr
et marion mourgue £@MarionMourgue
droite Clamer la confiance et l’unité des
Républicains tous rassemblés derrière les
candidats de la droite. C’est l’image que
LR ont voulu offrir samedi à Issy-les-
Moulineaux lors du conseil national des-
tiné à entendre Michel Barnier, Xavier
Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin et
Valérie Pécresse. « On va gagner ! On va
gagner ! », clame la salle devant la photo
de famille de l’ensemble des candidats sur
scène. « Qui l’eût cru ? », sourit la prési-
dente du conseil national, Annie Gene-
vard, en rappelant le chemin accompli
par la droite ces dernières années et le
travail de Christian Jacob, chaudement
félicité par les candidats. « Emmanuel
Macron est de plus en plus fébrile, notre
agenda est devenu son obsession », ironise
Annie Genevard. « Aujourd’hui c’est tous
les autres qui courent derrière notre calen-
drier », poursuit le président des Républi-
cains en énumérant les initiatives du chef
de l’État pour occuper le calendrier début
décembre. « À partir de janvier, la donne
changera parce que Les Républicains se-
ront en ordre de bataille, conclut Christian
Jacob. On va droit à la victoire. »
Le grand oral
Michel Barnier, premier intervenant dé-
signé par tirage au sort, évoque d’emblée
l’enjeu « capital » de la présidentielle loin
« des petites phrases, des sondages, des
rumeurs ». Si il appelle au « respect » en-
tre les candidats, il ne retient pas non plus
ses coups en rappelant sa fidélité au parti
contre « ceux qui l’ont abandonné par tac-
tique personnelle pour rejoindre le pou-
voir ». « Pour ma part, je n’ai jamais fait
partie de ceux qui trouvaient Laurent
Wauquiez trop à droite » sur l’immigra-
tion. Manière de rappeler à la salle les dé-
parts de Bertrand et de Pécresse, qui
avaient tous les deux dénoncé l’orienta-
tion politique prise par Les Républicains
sous la présidence de Wauquiez.
Les cinq prétendants à l’investiture LR pour la présidentielle 2022 (en partant de la gauche), Michel Barnier, Éric Ciotti, Xavier Bertrand,
Valérie Pécresse et Philippe Juvin (tout à droite), aux côtés de Christian Jacob, président des Républicains et d’Annie Genevard,
vice-présidente, samedi 20 novembre, devant le conseil national du parti. JulieN De RoSA/AFP
Intervenant à son tour, Xavier Troisième dans l’ordre de passage pour face à un gouvernement qui « ne fait que
Bertrand assume : il a fait le choix du le grand oral des candidats, Valérie commenter ». Selon lui, le sujet des
congrès et le retour dans sa famille Pécresse, très applaudie par ses soutiens Républicains est « simple » : la « différen-
politique car « c’est le choix du rassem- en terre francilienne, est revenue sur son ce de vision » avec Emmanuel Macron et
blement ». « Ici, on vote en famille et pour retour au sein des Républicains. « J’ai ac- l’urgence de « mettre fin au désordre »,
une famille. C’est le choix gagnant, c’est le cepté dès le début toutes les règles du jeu immigration en tête, qui « doivent res-
choix du rassemblement », martèle-t-il, collectif que vous avez fixées, car pour pecter nos lois, ce que nous sommes et ce
en rappelant qu’il n’a jamais créé d’autre rassembler son pays un chef doit d’abord que nous avons construit ».
parti ni pris sa carte dans un autre. « Moi, rassembler ses amis », explique-t-elle Dernier à s’exprimer, Éric Ciotti va
je n’ai jamais trahi en rejoignant les rives indiquant qu’elle savait « chasser en droit au but : « Notre famille politique a
de la macronie. Je sais qui je suis », déve- meute ». « Notre victoire, nous allons l’ar- rendez-vous avec l’histoire, avec son his-
loppe-t-il, appelant à se battre contre racher. La présidentielle est une affaire toire. » Dans un discours aux forts ac-
« les fossoyeurs et les vautours ». « Si je d’envie. Cette envie, je l’ai, et, avec vous, je cents sarkozystes et fillonistes, Éric Ciotti
m’engage de toutes mes forces dans cette suis là pour gagner », expose-t-elle appelle sa famille politique à la respon-
bataille, c’est que ce qui se joue, c’est la encore. sabilité. « Nous sommes les seuls à pouvoir
survie ou la disparition de notre famille Pour Philippe Juvin, le moment est rallumer la lumière de l’espérance
politique », soutient Xavier Bertrand, en venu de « reprendre le contrôle ». Le mai- française. Nous sommes les seuls à pouvoir
appelant à mettre « dehors Emmanuel re LR de La Garenne-Colombes est parti interrompre le déclassement d’une nation
Macron ». du « spectacle d’une France qui tombe » qui a façonné et éclaire le monde. » ■

APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE

01.49.04.01.82 - annonces@osp.fr
PRÉFET DE LA DRÔME - PRÉFET DE VAUCLUSE
Zemmour clôt sa précampagne
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE
L’essayiste lancera son mouvement, le 5 décembre, au Zénith de Paris.
Demande d’autorisation de création par la société ORANO CHIMIE ENRICHISSEMENT,
sur le site nucléaire du Tricastin, sur la commune de PIERRELATTE, proprement parler. Elle débutera par sa duit. Plus question de réunion publique
d’un « atelier de maintenance des conteneurs 2 AMC2 », Charles saPin £@csapin déclaration de candidature, attendue ou de discours devant un millier de per-
demande d’autorisation de modification substantielle et de modification du périmètre de
l’installation nucléaire de base INB n° 178, dénommée « Parcs uranifères du Tricastin », entre le 26 et le 30 novembre. Un nou- sonnes. Une façon de rompre avec la
la zone concernée devant passer du périmètre de l’INB n°93 à celui de l’ INB n°178 Présidentielle Éric Zemmour et ses veau temps qui aura pour premier point tournée débutée mi-septembre à Toulon
Par arrêté inter-préfectoral Drôme–Vaucluse du 16 novembre 2021, une enquête publique, d’une durée équipes ont tourné une page ce week- d’orgue ce raout parisien où, selon nos et Nice. Une précampagne qui a com-
de 34 jours, est ouverte du vendredi 10 décembre 2021 au mercredi 12 janvier 2022 inclus. end à Londres. Celle d’une précampagne informations, le candidat alors déclaré mencé, avec une percée sans précédent
La décision susceptible d’intervenir à l’issue de la procédure est un décret autorisant la modification subs- de plus en plus délicate à grimer en tour- annoncera le lancement de son mouve- de l’essayiste dans les sondages, mais qui
tantielle et la modification du périmètre de l’INB N°178, assortie du respect de prescriptions ou un refus. née littéraire tant les velléités présiden- ment auquel ses soutiens pourront adhé- s’achève plus rudement. Déconvenues et
Le présent avis d’enquête, ainsi que le dossier d’enquête publique, sont publiés sur le site internet acces- tielles de l’essayiste seront devenues cer- rer en vue de la présidentielle. contraction dans les enquêtes d’opinion
sible à l’adresse suivante: https://www.registre-dematerialise.fr/2706 . titudes. En officialisant la tenue, le ont marqué, ces derniers jours, Éric
Pendant la durée de l’enquête, le public pourra consulter sur support papier le dossier d’enquête, compre- 5 décembre, d’un grand meeting au Zé- Une mauvaise passe Zemmour et ses équipes. Une mauvaise
nant notamment l’étude d’impact, l’étude de maîtrise des risques, l’avis de l’autorité environnementale et nith de Paris, Zemmour a souhaité se Si l’essayiste honorera bien, d’ici là, les passe qu’ils entendent bien conjuguer au
la réponse de la Société ORANO CHIMIE-ENRICHISSEMENT à cet avis et les avis recueillis lors de la phase projeter dans une nouvelle séquence : étapes de Marseille et Genève, arrêtées il passé une fois leur champion enfin sorti
d’examen, en mairies de PIERRELATTE, siège de l’enquête, CLANSAYES, LA-GARDE-ADHÉMAR, SAINT-PAUL- celle de sa campagne présidentielle à y a plusieurs semaines, le format a été ré- de cette fausse ambiguïté. ■
TROIS-CHÂTEAUX, SAINT-RESTITUT (26), BOLLÈNE, LAMOTTE-DU-RHÔNE et LAPALUD (84) et consigner ses
observations et propositions sur les registres d’enquête prévus à cet effet, pendant la durée de l’enquête,
aux jours et aux heures d’ouverture de la mairie.
Le dossier est également consultable, en version numérique, sur un poste informatique, en mairie de PIER-
RELATTE, siège de l’enquête, aux jours et heures d’ouverture de la mairie.
Pendant la durée de l’enquête, un site Internet, comportant un accès au dossier d’enquête publique et un
CONTRE-POINT
registre dématérialisé sécurisé sur lequel le public peut consigner ses observations et propositions direc- PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard
tement, est ouvert à l’adresse suivante: https://www.registre-dematerialise.fr/2706 .

Macron veut priver la droite d’espace

Pendant la durée de l’enquête, les observations et propositions écrites sur ce projet peuvent également
être adressées :
- par voie postale en mairie siège de l’enquête : Mairie de PIERRELATTE, avenue Jean Perrin, CS 30139,

N
26702 PIERRELATTE Cedex, à l’attention du président de la commission d’enquête, lequel les annexera au
registre d’enquête ou
e pas relâcher la tenaille. s’en prend à « l’obsession
- par courriel : enquete-publique-2706@registre-dematerialise.fr ; le président de la commission d’en-
quête les annexera au registre d’enquête. Au moment où immigrationniste de LR qui singe
Les observations et propositions transmises par voie électronique sont accessibles sur le site https://www.
Les Républicains, par leur Le pari Éric Zemmour ou Marine Le Pen ».
primaire interne, captent Il peut sembler surprenant que le
registre-dematerialise.fr/2706
à nouveau l’attention de l’opinion, les
macroniste ministre de l’Intérieur, chargé d’offrir
Le rapport préliminaire de sûreté, consultable par ailleurs en Préfecture de la Drôme au Bureau des en-
quêtes publiques et à la Direction Départementale de la Protection des Populations de Vaucluse au ser- macronistes entendent plus que jamais est de rendre un bilan et une crédibilité régalienne
priver la droite d’espace politique. au chef de l’État, assure : « On ne
vice prévention des risques techniques, ne fait pas partie du dossier d’enquête publique.
Et pour cause : face à Marine Le Pen irréversible m’arrête pas tous les jours pour me parler
Le public pourra, sur sa demande et à ses frais, obtenir communication du dossier d’enquête publique
auprès du Préfet de la Drôme, Bureau des enquêtes publiques avant l’ouverture de l’enquête et pendant ou Éric Zemmour, Emmanuel Macron une fracture immigration ou sécurité. » Mais c’est
pense pouvoir l’emporter nettement au davantage Darmanin le politique qui
la durée de celle-ci.
La commission d’enquête est composée de : second tour de la présidentielle, grâce entre la droite s’exprime ici. Celui qui pense que le
- Président : M. Thierry AWENENGO-DALBERTO, Architecte, ingénieur, expert énergétique notamment à une mobilisation réformatrice vivier sociologique habituel de la droite
- Titulaires : Mme Anna-Belle MARAND-DUCREUX, Géologue de la gauche contre un supposé péril est avant tout soucieux de réformes
et la droite
»
M. Michel MORIN, Directeur projet sécurité sûreté retraité militaire (colonel) extrémiste. Alors que face à un candidat économiques et sociales. Et qui espère
La commission d’enquête, ou l’un au moins des commissaires enquêteurs, seront présents, en mairies,
pour recevoir les observations du public, lors des permanences suivantes :
de droite « classique », il redoute la mise
en place d’un « tout sauf Macron »
conservatrice que le déport régalien des prétendants
LR enverra ou confortera ce vivier-là
Vendredi 10 décembre 2021 de 9h à 12h en mairie de PIERRELATTE auquel pourraient participer des dans le giron du président de la
Mardi 14 décembre 2021 de 14h30 à 17h30 en mairie de LAPALUD électeurs d’un spectre très large allant République. C’est aussi pour cela
Vendredi 17 décembre 2021 de 9h à 12h en mairie de BOLLÈNE des mélenchonistes aux lepénistes. le lancement de la campagne LR, que Macron, le 9 novembre dernier,
Mardi 21 décembre 2021 de 9h à 12h en mairie de SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX
Or, la droite est aujourd’hui à la les cinq prétendants durcissent leur a brandi la « valeur travail » et esquissé
Jeudi 23 décembre 2021 de 14h30 à 17h30 en mairie de LAMOTTE-DU-RHÔNE
Mercredi 29 décembre 2021 de 9h à 12h en mairie de CLANSAYES croisée des chemins. Soit elle convainc discours sur les questions de sécurité, une nouvelle réforme des retraites.
Mardi 4 janvier 2022 de 14h30 à 17h30 en mairie de SAINT-RESTITUT d’un côté des sympathisants tentés par d’immigration et d’identité. Et les Le pari macroniste est de rendre
Vendredi 7 janvier 2022 de 9 à 12h en mairie de LA-GARDE-ADHÉMAR Zemmour qu’elle est de retour, et de macronistes veulent croire qu’ils ne irréversible une fracture
Mercredi 12 janvier 2022de 15h à 18h en mairie de PIERRELATTE l’autre des électeurs légitimistes qu’elle seront jamais assez radicaux pour faire entre la droite réformatrice et la droite
Le rapport et les conclusions motivées de la commission d’enquête seront tenus à la disposition du public incarne une alternative crédible au chef revenir ceux qui sont partis chez conservatrice. ■
en mairies, lieux d’enquête, ainsi qu’en Préfecture de la Drôme (Bureau des enquêtes publiques 3 boule- de l’État sortant ; auquel cas elle peut Zemmour ou chez Le Pen, mais que
vard Vauban, 26030 VALENCE Cedex 9) et à la Direction Départementale de la Protection des Populations
susciter un élan qui lui permettra de se cette radicalisation du discours suffira à
de Vaucluse (Service prévention des risques techniques cité administrative bât 1 entrée A Avenue du 7ème
Génie 84000 AVIGNON) et sur le site internet des services de l’État en Drôme (www.drome.gouv.fr), à ré- qualifier au deuxième tour et donc, effrayer l’électorat de la droite modérée.
ception et pendant un an à compter de la clôture de l’enquête. potentiellement, de gagner. Ainsi, la semaine dernière, sur BFM,
Les informations relatives au projet peuvent être demandées auprès de : Soit, à l’inverse, elle ne parvient pas Bruno Le Maire lançait un appel à cette
Loïc CADORET - Orano Tricastin - Chef de Projet AMC2 à se sortir de la tenaille et se vide frange-là à rejoindre Emmanuel
Tél. : 07 60 07 06 89 / 04 75 50 42 65 / Courriel : loic.cadoret@orano.group ou électoralement des deux côtés. Macron. Ce dimanche, dans le JDD,
Etienne LECOURIEUX - Orano Tricastin - Ingénieur Sûreté Projets C’est évidemment l’espoir des amis ce sont des maires issus de la droite,
Tél : 04 75 50 74 99 / Courriel : etienne.lecourieux@orano.group
du président de la République. certes déjà macronisés, qui en appellent
A

Dans le cadre du covid-19, les mesures d’hygiène et de distanciation sociale définies pour cette enquête,
Ils font le constat suivant : depuis à un deuxième quinquennat. Et dans
sur un document affiché en mairie, à côté de l’avis au public, devront être respectées.
l’offensive d’Éric Zemmour et depuis Le Parisien, Gérald Darmanin à son tour
 le figaro lundi 22 novembre 2021

santé 11

lefigaro.fr/santé

psycho dossier
connaîTre ses racines Troubles urinaires :
pour mieux vivre un problème fréquenT mais
PAGE 14 à prendre au sérieux PAGES 12 ET 13

La dénutrition, une maladie

qui guette les personnes âgées santé
Chutes, perte
d’autonomie,
infections…
Gare à la perte de
poids et de force
musculaire.

alfa27/stock.adobe.com ; RfbsIP/stock.adobe.com ; bURGeR/PHanIe

Anne prigent
£@AnnePrigent1

GériATriE « Depuis quelque

temps, maman flottait dans ses robes.
Quand je m’en suis inquiétée, elle m’a
répondu : “Avec l’âge, tu verras, toi
aussi, tu auras un appétit d’oiseau”,
témoigne Véronique, infirmière à
Lille. Quinze jours après, elle trébu-
chait et se cassait le col du fémur. »
La dénutrition est une maladie.
Et comme le rappelle le Pr Agathe
Raynaud-Simon, chef du service
de gériatrie de l’hôpital Bichat à Pa-
ris, « une personne vieillissante qui
maigrit, ce n’est pas normal. C’est
un signe d’alerte. » On parle peu de
cette question, pourtant la dénutri-
tion touche 4 % à 10 % des plus de
70 ans vivant à domicile, soit
400 000 personnes en France. Mais
aussi 35 % des personnes en Ehpad
et jusqu’à 70 % de celles hospitali-
sées. Une situation particulière-
ment préoccupante pour le collectif
de lutte contre la dénutrition, à
l’origine de la semaine de la nutri-
tion qui vient de se terminer.
« Quand on est dénutri on perd du
muscle, ce qui va entraîner des chu-
tes et une perte d’autonomie. Mais
cela va aussi diminuer l’efficacité de
notre système immunitaire. Et donc,
lorsqu’on perd beaucoup de muscles,
on va être plus sensible aux infec-
tions », explique le Pr Éric Fontai-
ne, président du collectif. La dénu-
trition va ainsi s’accompagner
d’une augmentation des chutes,
des hospitalisations, des infections
nosocomiales, des pertes d’auto-
nomie et de la mortalité. De plus,
comme le rappelle la Haute Autori-
té de santé, la dénutrition s’inscrit
dans une spirale infernale : elle ag-
La dénutrition s’inscrit grave les maladies qui sont elles-
dans une spirale mêmes des facteurs de dénutrition.
infernale : elle aggrave C’est la raison pour laquelle il faut
les maladies qui la diagnostiquer le plus tôt possible.
sont elles-mêmes des
facteurs de dénutrition.
“ Le plus important
est de garder un poids
stable. Si l’on perd
3 kg, on en parle
à son médecin
”
Pr AgAthe rAynAud -Simon,
chef du Service de gériAtrie
de l’hôPitAl BichAt à PAriS
Premier réflexe, se peser réguliè-
rement. « Le plus important est de
garder un poids stable. C’est pourquoi
il faut se peser tous les mois. Si l’on
perd 3 kg, on en parle à son méde-
cin », insiste le Pr Agathe Raynaud-
Simon. En effet, une perte de poids
de 5 % en un mois (soit 3 kg pour une
personne de 60 kg ou 4 kg pour une
personne de 80 kg) est un signe de
dénutrition, indique la Haute Auto-
rité de santé. Quant à l’indice de
masse corporelle, à partir de 70 ans il
ne doit pas tomber en dessous de 22.
« La composition corporelle se modifie
en vieillissant et pour avoir autant de
muscle qu’un adulte jeune, il faut un
poids supérieur. C’est notamment
pour cette raison que l’indice de mas-
se corporelle critique est plus élevé
chez les plus de 70 ans », explique
Éric Fontaine. Mais attention, un in-
dice de masse corporelle élevé ne
suffit pas et la dénutrition guette
aussi les personnes obèses et en
surpoids. Il faut donc prendre garde
à un autre signal d’alarme, la perte
de force musculaire. Il existe un test
simple pour l’évaluer : il faut réussir
à se lever et se rasseoir cinq fois sur
une chaise, bras croisés sur le corps,
en moins de 15 secondes.
Une fois installée, la dénutrition
doit être prise en charge. Mais
comme souvent en médecine,
mieux vaut prévenir que guérir.
Encore faut-il tordre le cou à un
certain nombre d’idées reçues :
« Je vois des patients avec des régi-
mes sans sucres, sans sel. À partir
de 70 ans, certains régimes sont
aberrants. À cet âge ils ne doivent
plus suivre de régime particulier »,
met en garde le Dr Christophe Tri-
valle, gériatre à l’hôpital Paul-
Brousse à Villejuif. Autre préjugé
largement répandu, les personnes
âgées devraient manger moins de
protéines. Au contraire ! Pour
conserver leur masse musculaire
qui a tendance à fondre, leur be-
soin en protéines est plus impor-
tant que lorsqu’ils étaient jeunes.
« Alors que pour les jeunes adultes
les besoins sont de 0,8 gramme par
kilo et par jour, ils grimpent à
1,2 gramme par kilo et par jour. Ce
qui veut dire qu’il faut manger 1 part
de poisson, de viande ou des œufs et
3 ou 4 laitages par jour », précise
Agathe Raynaud-Simon.
Un régime alimentaire qui néces-
site d’avoir gardé un bon coup de
fourchette. Or lorsqu’on vieillit,
plusieurs changements physiologi-
ques s’opèrent et l’on arrive plus
vite à satiété. « Comme on mange
moins en volume, il faut des aliments
plus riches. Il faut arrêter de se foca-
liser sur “5 fruits et légumes par
jour” et ne pas avoir peur de manger
gras et salé, insiste Eric Fontaine.
Comme on mange peu, on ne mange-
ra pas trop gras ou trop salé. Je suis
moi-même un grand prescripteur de
charcuterie et de pâtisserie. Il faut en
être conscient : les aliments à limiter
pour ne pas grossir sont ceux à
favoriser pour ne pas maigrir. » En-
fin, pour que les aliments riches in-
gurgités se transforment en muscle,
il faut maintenir une activité physi-
que et de se supplémenter en
vitamine D. ■

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 lundi 22 novembre 2021 le figaro
12 dossier santé
santé
Troubles urinaires : un problème
fréquent mais à prendre au sérieux
Prises en charge tôt, incontinence et infections urinaires se traitent souvent sans chirurgie.
PauLine Léna
Urologie Petites fuites, en-
vies impérieuses, besoin trop fré-
quent, difficulté à uriner, infec-
tions à répétition : autant de
troubles fréquents que les patients
des deux sexes tardent pourtant
souvent à signaler à leur médecin.
Les femmes sont plus particu-
lièrement concernées par l’incon-
tinence (une femme sur trois
après 60 ans) et les infections uri-
naires (une femme sur deux, tous
âges confondus). Pour les hom-
mes, moins touchés par l’inconti-
nence (10 % des hommes après
65 ans) et les infections (moins de
5 % des hommes), uriner n’est
plus un geste facile et automatique
quand la prostate s’en mêle. Dans
tous les cas, des solutions peuvent
être proposées, d’autant plus sim-
ples et efficaces que le problème
est évoqué tôt.
Pour proposer le meilleur trai-
tement, il faut commencer par
identifier la source de l’inconfort.
L’enquête commence toujours par
la même question : s’agit-il d’un
problème de vidange ou de rem-
plissage ?
L’appareil urinaire est constitué
d’un filtre (le rein) qui permet de
concentrer les éléments à élimi-
ner dans un réservoir (la vessie)
équipé d’un tuyau (l’urètre) qui
permet de le vider lorsqu’il se
remplit trop en décidant d’ouvrir
le robinet (le sphincter urinaire).
« À un quart de remplissage, une
contraction réflexe se produit dans
la vessie, c’est l’envie d’uriner »,
explique le Pr Stéphane Larré, chef
du service d’urologie du CHU de
Reims. « Cela laisse un peu de
temps pour trouver un endroit où la
vidanger avant qu’elle ne soit trop
pleine. » Plus la vessie est pleine,
plus la contraction est forte et
l’envie est urgente. Voilà pour le
fonctionnement normal, confor-
table. Les problèmes commencent
lorsque l’un des éléments se mon-
tre moins coopératif.
Si les contractions de la vessie
sont trop fortes, elles peuvent for-
cer l’ouverture du sphincter et
Une prostate envahissante après 50 ans
« UN JET FAIBLE et des envies ur-
gentes sont les principales raisons
qui conduisent les hommes à consul-
ter un médecin pour des troubles
urinaires, souligne le Pr Romain
Mathieu, chirurgien urologue au
CHU de Rennes. Ces deux symptô-
mes sont, dans l’extrême majorité
des cas, liés à une banale hypertro-
phie bénigne de la prostate et signa-
lent rarement un cancer. »
Aucune raison, donc, d’hésiter à
demander conseil quand uriner de-
vient compliqué : le grossissement
de la prostate est un phénomène
normal après 50 ans puisqu’il
concerne un homme sur deux. La
modification de l’équilibre hormo-
nal conduit en effet à une croissan-
ce des cellules de la prostate, essen-
RFBsIP/stock aDoBE
A
La modification de l’équilibre hormonal conduit à une croissance des cellules
de la prostate, essentiellement dans la zone qui entoure l’urètre.
1 Spasmes ou hyperactivité
des muscles
de la paroi vésicale
Vessie
2 Faiblesse des muscles pelviens
à la suite d’un accouchement,
de surpoids, d’activités
qui « appuient »
Contractions involontaires
Vessie
Infographie
provoquer des fuites même lors-
que la vessie n’est pas pleine. Si la
vessie est distendue par des rem-
plissages trop espacés ou affaiblie
par une pathologie neurologique,
ses contractions sont moins puis-
santes et moins fréquentes : le li-
quide s’accumule et peut se char-
ger de bactéries nocives qui
risquent alors de remonter vers
les reins.
Il ne s’agit plus alors d’un sim-
ple inconfort : si la cystite (infec-
tion des urines dans la vessie) est
simple à traiter, la pyélonéphrite
(infection du rein) est souvent
rebelle au traitement et peut,
dans les cas les plus graves, évo-
tiellement dans la zone qui entoure
l’urètre. Celui-ci peut donc finir par
être comprimé, rendant la miction
plus difficile. Le tonus musculaire
de la prostate, également renforcé,
provoque des envies pressantes.
Conséquence : des réveils noctur-
nes intempestifs, des mictions qui
n’en finissent pas et une vessie dif-
ficile à vider complètement.
Simple toucher rectal
Cette rétention d’urine peut alors
faciliter la survenue d’infections
urinaires douloureuses, favorisant
l’incontinence mais surtout capa-
bles de se compliquer rapidement
en grave pyélonéphrite.
« Les hommes parlent également
plus librement des conséquences sur
Pression (éternuement,
rire, toux, effort
physique...)
Les principales causes
de l’incontinence
luer vers une septicémie parfois
mortelle. Les infections provo-
quent également une inflamma-
tion de l’ensemble du système
urinaire qui peut alors se gripper,
provoquant douleurs et fuites
parfois durables si les infections
se répètent.
Chirurgie
en dernier recours
Si le tuyau est comprimé, le liqui-
de ne peut pas s’écouler et uriner
demande un véritable effort. Près
d’un homme sur cinq connaît cet
inconfort dès l’âge de 50 ans
lorsque l’augmentation - très
normale - du volume de leur
leur vie sexuelle », se réjouit le
Pr Mathieu. Le canal éjaculateur
traverse en effet la prostate pour y
rejoindre l’urètre, qui véhicule
l’urine et le sperme. « Comprimé
par la prostate, l’éjaculat est bloqué
dans le canal ou même renvoyé en
arrière », explique le spécialiste.
Le diagnostic nécessite un sim-
ple toucher rectal : c’est un exa-
men très fiable pour confirmer que
les troubles urinaires ne sont pas
liés à un cancer. Une fois ce ris-
que écarté, il faut acquérir des
bonnes habitudes hygiéno-dié-
tétiques (voir ci-contre), qui peu-
vent suffire à limiter les symptô-
mes gênants. Si l’inconfort
persiste, des médicaments per-
mettent d’apporter une améliora-
tion à court et moyen terme. Un
bénéfice d’autant plus utile que,
dans certains cas, une prostate
hypertrophiée provoque des effets
secondaires indésirables, notam-
ment sexuels (troubles de la libido
et de l’éjaculation).
Si cela ne suffit pas, la chirurgie
pourra être envisagée en dernier
recours : même si les approches
mini-invasives sont de plus en plus
précises pour enlever une partie de
la prostate là où elle gêne le plus,
cette intervention peut affecter la
vie sexuelle des patients. Dans la
majorité des cas, surtout lorsque la
prise en charge est précoce, l’opé-
ration ne devient indispensable
qu’à un âge où l’inconfort des
troubles urinaires l’emporte sur les
craintes pour sa sexualité. ■ P. L.
Uretère Obstruction du col de la vessie
ou de l‘urètre (hypertrophie
de la prostate chez l’homme
3
ou prolapsus chez la femme)
Vessie
Compression
de l’urètre
Vessie Prostate
élargie
4
L’incontinence réflexe
urinaire
ou neurogène est liée à un défaut
de transmission nerveuse
(causé par un AVC, du diabète,
la maladie de Parkinson,
la sclérose en plaques...)
Urètre
Le message nerveux
ne passe pas, ou mal
Vessie
Prostate
prostate empêche l’ouverture de sensible, il est possible d’interve-
l’urètre au passage de l’urine. nir avec des traitements non in-
Chez les femmes, ce type de vasifs : rééducation pelvienne et
trouble peut apparaître en cas de médicaments dans la majorité des
prolapsus : lorsque les organes du cas. « Consulter un médecin permet
pelvis descendent vers le vagin de se rassurer : dans l’immense
par affaiblissement du plancher majorité des cas, ce n’est pas gra-
pelvien. Pour les deux sexes, le ve, rappelle le Pr Larré. Les traite-
risque est une vidange incomplè- ments non invasifs, si on a la pa-
te de la vessie qui favorise la sta- tience de bien les utiliser, sont
gnation des bactéries dans l’ap- ensuite suffisants pour la plupart
pareil urinaire, d’autant plus que des troubles urinaires. »
l’urètre irrité par la compression La chirurgie ne viendra donc
favorise leur installation sur ses qu’en dernier recours, avec des
parois. techniques désormais éprouvées
Lorsque les troubles urinaires pour retrouver le confort que cha-
sont pris en charge sans attendre, cun peut attendre d’un acte nor-
dès qu’ils provoquent une gêne malement si simple et agréable. ■
Incontinence et cystite,
la dure loi des femmes
« LES FEMMES n’osent pas parler ment l’infection dans la vessie di-
de leurs troubles urinaires car elles minue le risque de pyélonéphrite,
considèrent que c’est normal, re- plus grave.
grette le Pr Stéphane Larré, chef du
service d’urologie du CHU de Rééducation pelvienne
Reims. S’il est vrai que ces problè- Les infections à répétition peuvent,
mes sont fréquents, cela ne veut pas à terme, faciliter l’incontinence en
dire qu’il faut en accepter les symp- affaiblissant l’appareil urinaire : des
chu DE REIMs
tômes parfois très gênants. » médicaments peuvent compenser
Les infections urinaires sont fré- ces défauts. L’incontinence d’ef-
quentes chez les femmes : l’anus fort, la plus fréquente, est surtout
n’est pas loin de l’orifice urinaire et liée au vieillissement des tissus et à
S’il est les bactéries du côlon l’atteignent l’affaissement du plancher pelvien,
vrai facilement. C’est pourquoi E. coli, en particulier pour les femmes en
que ces la plus commune des bactéries en- surpoids, celles qui ont eu des ac-
tériques, est retrouvée dans 9 cas couchements difficiles ou qui pra-
problèmes sur 10. Par ailleurs, les rapports tiquent une activité qui « appuie »
sont sexuels favorisent leur migration à sur les muscles pelviens (haltéro-
fréquents, l’intérieur de l’urètre. Le plus sou- philie, chant, instruments à
vent, ces bactéries sont simple- vent…). La rééducation pelvienne
cela ne veut pas ment chassées par l’urine, plu- est alors particulièrement efficace,
dire qu’il faut sieurs fois par jour, et les surtout à l’apparition des symptô-
en accepter éventuelles infections se résolvent mes, à condition d’être faite chez
spontanément en moins de qua- un praticien spécialisé. Ce travail
les symptômes rante-huit heures. Des antibioti- requiert efforts et assiduité et devra
parfois ques permettent de résoudre la cri- être repris régulièrement avec des
très gênants »
Pr StéPhane larré,
se si la douleur et l’inconfort se
prolongent ou sont trop intenses.
exercices à faire seule chez soi.
En cas d’échec, une prothèse
Environ 15 % des antibiotiques uti- peut renforcer le plancher pelvien
chef dU Service
lisés dans le monde servent avec des résultats qui sont désor-
d’Urologie dU chU
d’ailleurs à traiter des infections mais fiables et durables. Les types
de reimS
urinaires, avec un risque associé de de prothèses et les modalités de
résistance. Certains spécialistes es- pose ont en effet été récemment
timent que prescrire un antidou- révisés et tous les cas doivent dé-
leur urinaire pourrait laisser le sormais être discutés en équipe
temps à de nombreuses infections pluridisciplinaire pour s’assurer
de se résoudre spontanément, mais que l’intervention soit la plus ap-
d’autres jugent que traiter rapide- propriée pour chaque femme. ■ P. L.
 le figaro lundi 22 novembre 2021

SANTé santé 13

28 %
Pourcentage des hommes
de plus de 90 ans
souffrant
de fuites urinaires
Programme « 13-Novembre » :
une nouvelle façon d’explorer la mémoire
REchERchE Les attentats du 13 no- depuis 2000, on constate une
vembre 2015 ont constitué un trau- concentration croissante sur le
matisme pour les victimes, mais 13 novembre 2015, alors que le
aussi pour la société dans son en- souvenir de l’attentat de janvier
semble, qui s’inscrit durablement 2015 est réactivé par les commé-
dans notre mémoire collective. Le morations. Par ailleurs, la référen-

1 sur 5
Programme de recherche transdis- ce au Stade de France et aux ter-
ciplinaire et longitudinal (2016- rasses diminue au profit d’une

Part des femmes souffrant
d’incontinence d’effort,
avec un pic
entre 55 et 59 ans
2028) « 13-Novembre » est une vé-
ritable construction patrimoniale de
la mémoire des attentats terroristes
qui ont ensanglanté Paris et sa pro-
che banlieue en cette année 2015.
Ce programme scientifique intè-
gre la nature continue et imbriquée
des résultats, pour se rapprocher du
façonnement de la mémoire dans
toutes ses dimensions . Pour cette
MeHrak/InserM
référence constante au Bataclan.
Cet article est écrit à un moment
particulier, puisque le procès – qui
doit durer 8 à 9 mois – est en cours.
Les auditions et débats publics for-
ment un point de rencontre entre
Francis les mémoires individuelles des par-
EustachE ties qui s’expriment, et la mémoire
● Neuropsycho- « 13-Novembre » est une véritable construction patrimoniale collective façonnée par les médias.
logue, directeur de la mémoire des attentats terroristes qui ont ensanglanté Paris Sur le plan de l’écriture de la mé-
et sa proche banlieue en 2015. tHOMas saMsOn/aFP

E. coli
Bactérie issue du côlon
responsable
de 90 % des cystites
les bons
réflexes
« S’asseoir lourdement sur
les toilettes pour uriner. »
C’est le plus simple et le plus
efficace des conseils en cas
de troubles urinaires, pour
les hommes comme pour
les femmes ! La position
assise confortable permet
en effet de détendre
les muscles de l’abdomen et
raison, il s’agit de l’élaboration
d’une nouvelle science de la mé-
moire fondée sur la dialectique en-
tre mémoire individuelle et mé-
moire collective.
Premier volet, l’étude 1 000 re-
cueille les témoignages de mille
personnes lors de quatre campa-
gnes d’entretiens filmés en 2016,
2018, 2021 et 2026. Cette étude ne
vise pas un échantillon représenta-
tif, mais suffisamment diversifié
pour élaborer une cartographie la
plus complète et variée possible. La
répartition des volontaires se fait
sur la base de leur proximité des
lieux des attentats, en quatre
cercles du plus proche au plus
lointain. Les phases 1 et 2 ont donné
lieu à 934 et 839 tournages, soit
2 763 heures d’enregistrement. Cela
permet de reconstituer un récit de
référence des attentats du 13 No-
vembre et de montrer les singulari-
tés des corporations qui sont inter-
venues sur les lieux, comme les
policiers ou les soignants, ou la pla-
ce que prennent les différents lieux
d’études à l’EPHE,
directeur de l’unité
Le troisième volet, ESPA-13 No-
Inserm-EPHE- vembre, est une étude épidémiolo-
Unicaen gique menée par Santé publique
neuropsychologie France qui interroge des victimes,
et imagerie intervenants et témoins des atten-
de la mémoire tats par le biais de web questionnai-
humaine (NIMH), res. Menée en deux phases en 2016 et
coresponsable avec en 2021, l’étude vise à estimer l’im-
pact psycho-traumatique des atten-
l’historien Denis
tats et à mieux connaître l’utilisation
Peschanski des dispositifs de soins proposés. La
du programme
de recherches
prévalence du TSPT (plus de 50 %)
chez les rescapés, mais aussi chez les
« 13-Novembre ». parents endeuillés, constitue l’une
des conclusions de l’étude.
Enfin, l’enquête « Conditions de
vie et aspirations » du Crédoc in-
terroge semestriellement, depuis
plus de quarante ans, un échan-
tillon représentatif de la popula-
tion française. Onze questions
portant sur les attentats ont été in-
sérées en juin 2016. Le dispositif est
déployé en parallèle des quatre
phases de l’Étude 1 000 et permet
d’observer la mémorisation des at-
tentats du 13 novembre 2015 au
sein de la société française. À la
question portant sur les attentats
qui ont le plus marqué les Français
moire collective, le procès permet
d’approcher la vérité des faits dans
leur intégralité, de revisiter les dif-
férents sites des actes terroristes et
les personnes qui y ont été confron-
tées, sans que l’oubli ne fasse faire
des impasses sélectives et pour que
toutes les mémoires individuelles
prennent leur place dans la mémoi-
re collective en cours d’écriture. Il
faut reconnaître ces mémoires in-
dividuelles, pour éviter aux victi-
mes ce que nous avions appelé la
double peine : vivre un épisode
traumatique, de surcroît très mé-
diatisé, sans que celui-ci puisse être
exprimé et reconnu. ■

Cancer : la thérapie
du pelvis. L’urètre est ainsi pour les habitants des quartiers vi-
plus libre et la vessie peut sés par les attaques, même s’ils
se vider souplement n’étaient pas présents ce soir-là.

cellulaire CAR-T,
et entièrement, réduisant Le deuxième volet, l’étude RE-
MEMBER, menée à Caen, évalue les
le risque d’infection
conséquences d’un événement
par rétention d’urine.

une forme
traumatique sur l’évolution des
Messieurs, commencez par fonctions mentales, psychologiques
prendre cette habitude et cérébrales (via l’IRM) pour amé-

d’immunothérapie
la nuit, vous y gagnerez liorer les prises en charge. Les par-
au moins la reconnaissance ticipants sont 80 sujets non exposés
du reste du foyer qui et 120 sujets exposés aux attentats,

se verra épargner le bruit
de vos cascades nocturnes,
surtout si votre prostate
provoque des mictions
erratiques prolongées.
Mesdames, il faut arrêter
de « planer » au-dessus
des toilettes : leur siège
ne transmet pas d’infections
puisque vous y posez
seulement la peau de vos
fesses, très étanche aux
bactéries. Si la « planeuse »
précédente y a laissé
des gouttes peu
ragoûtantes, le flacon de gel
hydroalcoolique que nous
avons désormais toutes
en poche permet
une désinfection rapide.
Une fois bien installée,
il vous sera plus facile de
vous essuyer correctement,
d’avant en arrière,
pour éviter la migration
des bactéries depuis l’anus.
« Buvez et faites pipi
régulièrement. » Voilà
un deuxième conseil
pour toute la vie. Une vessie
distendue par des mictions
volumineuses et espacées
ou au contraire sollicitée
en plein essor
ces derniers formant deux sous-
groupes de même taille présentant
ou non un trouble de stress post-
traumatique (TSPT).
Intrusions expérimentales
Il s’agit d’évaluer les processus à
l’œuvre dans le cerveau quand la
personne est victime d’une intru-
sion, images fortement vivaces et
émotionnelles issues de l’événement
traumatique qui s’imposent à la
conscience de la victime en lui don-
nant l’impression que le traumatis-
me survient à nouveau. C’est le
symptôme caractéristique et cardi-
nal du TSPT. Le protocole confronte
le participant à des intrusions « ex-
périmentales » (en s’interdisant tou-
te image ou tout mot potentiellement
traumatisant) pour observer le fonc-
tionnement du cerveau pendant qu’il
génère et tente d’inhiber l’intrusion.
L’étude montre que la résurgence
des images et pensées intrusives se-
rait liée à un dysfonctionnement des
En moins de 10 ans, l’immunothérapie a révolutionné la lutte contre le cancer1. Parmi ses
réseaux cérébraux impliqués dans le
contrôle de la mémoire. Cette nou- différentes approches, les CAR-T, qui combinent thérapie génique et thérapie cellulaire2,
velle façon de comprendre les méca- constituent une nouvelle source d’espoir dans le traitement de certains cancers du sang,
nismes du TSPT ouvre de nouvelles
comme les leucémies, les lymphomes et le myélome multiple.
voies thérapeutiques qui permet-
tront de renforcer ces mécanismes En ce domaine, l’entreprise biopharmaceutique Bristol Myers Squibb est mobilisée pour
inhibiteurs défaillants. apporter aux patients des innovations thérapeutiques.
Un autre axe de l’étude est la re-
cherche des déterminants psycho-
logiques de l’apparition d’un TSPT
et les facteurs prédictifs de résilien-

trop souvent à la moindre
envie sera moins
obéissante avec le temps.
Des urines trop concentrées
ou qui stagnent dans
la vessie favorisent
également la survenue
de calculs et d’infections.
Enfin, rappelons que
tous ces troubles sont
favorisés par le café, l’alcool,
le tabac et le manque
d’activité physique…
À vous de jouer ! P. L.
C’
ce chez des sujets exposés aux at-
tentats. La question est de taille :
pourquoi, à distance de l’événe- est à présent un fait éta- qui ne parviennent plus à les détruire4. En Cette découverte scientifique a été à l’origine
ment, une personne présentera un bli : à l’origine du cancer situation normale, il existe des mécanismes d’un changement d’approche thérapeutique
TSPT incontestable et une autre se trouvent des cellules pour réguler l’immunité. Mais quand un can- révolutionnaire.
aucun symptôme alors que toutes a n o r m a l e s 3 q ui p ro - cer se développe, les cellules de la tumeur
deux ont vécu la même tragédie ? lifèrent de manière incon- détournent ces mécanismes de régulation. Qu’est-ce que
trôlée, notamment parce Les lymphocytes T, ces globules blancs l’immunothérapie ?
Les premiers résultats mettent en
qu’elles échappent progressivement à la « soldats » de l’immunité, sont alors inactivés Au lieu de détruire directement les cellules
évidence plusieurs facteurs dans surveillance de nos défenses immunitaires et les tumeurs échappent à la destruction4. cancéreuses, mais aussi des cellules saines
l’apparition et l’évolution de trou-
bles psychologiques : d’une part,
l’importance de la nature de l’ex-
position traumatique et les réac-
tions physiques immédiates,
d’autre part, le soutien social au
long cours qui joue un rôle détermi-
A

nant dans la mise en place de méca-

nismes de résilience.
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

14 santé

Connaître ses
racines pour
mieux vivre
La généalogie passionne de plus
en plus de Français. S’interroger
sur son passé permet parfois de faire
face à l’avenir plus sereinement…

plus réservé aux retraités mais sé-

Ségolène BarBé
Psycho Guadeloupéenne,
Josée a commencé à s’intéresser à
la généalogie à la cinquantaine, en
tombant sur les actes notariés de
son grand-père. Grâce aux archi-
ves départementales, elle a retrou-
vé la trace de ses ancêtres esclaves
duit aussi de plus en plus de jeunes.
Logiciels, sites internet et archives
accessibles en ligne ont rendu la
pratique beaucoup plus ludique,
réveillant chez certains des talents
d’enquêteur insoupçonnés. En re-
trouvant des membres de leur fa-
mille éparpillés un peu partout,
certains organisent ainsi des

dont certains, des « nègres mar-
rons », avaient fui dans les monta-
gnes pour échapper à leur sort…
« Les esclaves n’étaient pas tous
pinel
« cousinades », pour faire vivre les
liens familiaux qui leur ont peut-
être manqué dans l’enfance. auteur de L’Héritage invisible. Se- 14 ans qui en voulait énormément à connus. Parfois, ils permettent aus-
crets de famille, deuils inachevés, son père de les avoir abandonnés, lui si de combler un vide dans son his-
a. Delorme/evebissonejeufroy.info

soumis, beaucoup se sont battus,
nous ont transmis leur force et leur
courage. Aujourd’hui, je veux faire
connaître leur histoire et honorer
leur mémoire », explique-t-elle.
Comme Josée, de plus en plus de
Français se passionnent pour les
recherches généalogiques. Une
manière, souvent, de faire la paix
avec leur passé et de trouver une
place dans leur histoire. Aujour-
d’hui, 70 % des Français se décla-
rent intéressés par leurs origines et
leurs racines (« Les Français et la
généalogie », sondage Opi-
nionWay pour Filae, 2016). Boos-
tée par les confinements, la généa-
logie est un loisir de plus en plus
prisé : pionnier du secteur, le site
geneanet.org recense plus de
4,5 millions de membres (dont
800 000 nouveaux en 2020). Rem-
plir son arbre généalogique n’est
« Une lumière nouvelle »
« Dans ce contexte de crise sanitaire,
les jeunes s’interrogent sur leur ave-
nir, sur le sens de leur vie… Pour par-
venir à aller de l’avant, ils ont besoin
de savoir d’où ils viennent, de quoi ils
sont faits, assure le sociologue Serge
Guérin. Lorsqu’il y a eu un déficit de
transmission, les recherches généa-
logiques permettent d’aller chercher
par soi-même cette histoire qui nous
manque, d’être davantage acteur de
sa vie. »
Face à l’éclatement géographi-
que, à la complexité des familles
recomposées ou à la solitude des
grandes villes, nous avons plus que
jamais besoin de racines et de soli-
dité. « Nous n’avons jamais été aussi
libres de devenir ce que nous vou-
lons : c’est à la fois merveilleux et
très insécurisant, résume la psy-
chologue Évelyne Bissone Jeufroy,
loyautés… (Larousse, 2021). C’est
rassurant de se sentir le maillon
d’une chaîne. C’est pourquoi il peut
être si bénéfique de faire un arbre
généalogique avec un enfant, de lui
donner tôt dans sa vie un sentiment
d’appartenance. »
Mieux connaître les difficultés
auxquelles se sont heurtés nos
C’est aïeux – guerres, conditions de vie
rassurant difficiles – nous permet aussi de re-
de se sentir lativiser les nôtres, de mesurer le
le maillon courage et les valeurs dont nous
avons, peut-être, hérité. En théra-
d’une chaîne. pie familiale, travailler à partir de
C’est pourquoi son arbre généalogique avec le gé-
il peut être nosociogramme (un arbre qui en-
si bénéfique globe les dates, les liens entre les
de faire un arbre membres de la famille et les faits
généalogique
Évelyne
» importants de leur vie) aide sou-
vent à trouver un fil conducteur à
son histoire, à la regarder d’un œil
Bissone Jeufroy différent. « J’avais un patient de
et sa mère, peu de temps après sa
naissance, se souvient Évelyne Bis-
sone Jeufroy. En travaillant sur son
génosociogramme, il a compris que
son père biologique et son grand-
père avaient été eux-mêmes aban-
donnés par leur père, ce qui a forte-
ment diminué son hostilité. Cette
exploration, qui ressemble parfois à
un travail digne d’Agatha Christie,
permet d’éclairer d’une lumière
nouvelle nos choix de vie, de
construire notre identité avec un peu
plus de liberté et de guérir des bles-
sures du passé. »
Quoique interdits en France, les
tests ADN « récréatifs » (sans portée
médiale ou scientifique) sont eux
aussi en plein boom, permettant
chaque année à près de 200 000
Français (Inserm, 2019) de se dé-
couvrir des origines géographiques
insoupçonnées ou des cousins in-
toire ou de lever un secret de fa-
mille qui empêchait d’avancer.
Dans Le Syndrome du bâtard (Flam-
marion, 2021), Marie Lemeland ra-
conte comment elle a pu se recons-
truire grâce à un test ADN qui lui a
apporté la confirmation de ce
qu’elle pressentait depuis toujours :
l’homme qui l’avait élevée n’était
pas son géniteur. « Quand l’incerti-
tude plane sur les origines biologi-
ques, les fondements mêmes de sa
propre existence vacillent. Ce test
ADN a été un choc, mais aussi un
soulagement. Une nouvelle donnée
sur laquelle j’ai pu m’appuyer pour
forger mon identité », assure la jeu-
ne femme qui a également retrouvé
son père biologique grâce à Face-
book. Chercher ses racines permet
souvent d’ouvrir le dialogue avec sa
famille… et parfois, même, d’en
trouver de nouveaux membres. ■

Quand la vaccine antivariolique voyageait… dans des bras d’enfants

Soline roy £@so_sroy
LES DIFFICULTÉS posées par les cam-
pagnes vaccinales se ressemblent par-
fois d’un siècle à l’autre. Fin 2020, il a
fallu s’équiper de congélateurs capa-
bles de conserver à très basse tempéra-
ture les vaccins à ARN contre le Covid.
Deux siècles plus tôt, le royaume d’Es-
pagne était confronté à un semblable
défi : comment protéger la toute nou-
velle vaccine antivariolique lors de son
acheminement vers les possessions es-
pagnoles d’Amérique et d’Asie ?
En mars 1803, le roi d’Espagne, in-
quiet des ravages de la variole, « ordon-
ne au Conseil des Indes d’étudier la pos-
sibilité d’introduire le vaccin dans les
colonies », raconte l’historien améri-
cain Michael Smith dans les Transac-
tions of the American Philosophical So-
ciety. La variole est une maladie
redoutable qui tue au moins 30 % de ses
victimes, mais le Britannique Edward
Jenner vient de mettre au point le tout
premier vaccin de l’histoire : en injec-
tant à des patients sains du pus prélevé
sur des paysannes infectées par la va-
riole bovine, Jenner les protège de la
variole humaine.
En Espagne, un rapport sur la faisa-
bilité d’une campagne de vaccination
outre-mer est demandé au Dr José Feli-
pe Flores, médecin de la cour. Il propo-
se une expédition dotée de trois objec-
tifs : diffuser le vaccin gratuitement,
enseigner la vaccination aux soignants
locaux et créer des « Conseils de vacci-
nation » pour assurer la conservation
du fluide vaccinal. Encore faut-il que
celui-ci parvienne intact aux lointaines
Amériques… Les bateaux pourraient
emmener des vaches varioleuses, mais
c’est une cargaison bien encombrante.
La conservation de la lymphe vaccinale
entre des lames de verre est loin
d’avoir fait ses preuves. Dernière solu-
tion, qui sera celle retenue : conserver
et perpétuer la vaccine là où elle se por-
te le mieux, dans l’organisme humain.
A
Le roi confie la conserver gereux à cause de leur faiblesse. » Dé-
l’expédition au fraîche jusque barquer avec des petits souffreteux n’est
Dr Francisco Ja- de l’autre côté pas la meilleure des publicités pour la
vier Balmis, l’un de l’Atlantique. vaccine… Parfois, la chaîne manque
des chantres de la Balmis calcule d’être rompue : à Veracruz, racontent
vaccination jen- que pour assu- les médecins et historiens espagnols
nérienne à Ma- rer une chaîne Emilio Balaguer Perigüell et Rosa Balles-
drid. Il s’adjoint vaccinale sans ter Añón dans un ouvrage de l’Associa-
les services du risque de rup- tion espagnole de pédiatrie, « les vésicu-
Dr José Salvany ture, il lui faut les des enfants (…) étaient à leur apogée,
y Lleopart, qui une quinzaine prêtes à être inoculées aux autres, mais il
prendra la tête d’enfants par n’y avait aucun moyen de trouver des vo-
d’une sous-ex- période de lontaires. La situation était critique. (Bal-
pédition en Amé- trente jours. mis) a lui-même expliqué au gouverneur
rique du Sud tan- Cela nécessite que si la lymphe n’était pas communiquée
dis que Balmis une attention immédiatement, “il y avait un danger im-
parcourra l’Amé- sans faille, jour minent de perdre le trésor qui avait coûté
rique centrale et nuit, pour tant de tribulations”. Enfin, l’autorité
puis l’Asie. Une que les petits ne susmentionnée a recruté des volontaires
dizaine de méde- grattent pas dans l’armée, et le vaccin a été administré
cins et infirmiers leurs vésicules à trois d’entre eux. » À La Havane, il faut
les accompa- ni ne se trans- acheter trois esclaves pour perpétuer la
gnent. Mais lors- mettent l’infec- vaccine. À Mexico, raconte Balmis,
qu’elle quitte le tion accidentel- « j’aurais perdu la lymphe (…) si l’alcalde
port de La Coro- lement. Le roi zélé n’avait pas traîné vingt femmes in-
gne en ce 30 no- d’Espagne a en- diennes dont les enfants n’ont été vacci-
vembre 1803, la voyé des consi- nés qu’après mille supplications. (…)
Maria Pita recèle surtout en ses flancs Le Dr Francisco Javier Balmis gnes à son administration outre-mer : Toutes se sont immédiatement rendues
un précieux chargement : 22 orphelins, quitte, le 30 novembre 1803, le travail de l’expédition Balmis devra chez l’apothicaire le plus proche pour ob-
placés sous la surveillance de l’inten- le port de La Corogne, être facilité, et de nouveaux enfants lui tenir un antidote au poison qui avait été
dante Isabel Sendales y Gómez. Il n’y a à bord du Maria Pita, avec être fournis régulièrement. Faute d’or- introduit dans le bras de leurs enfants. »
là rien de choquant pour l’époque : les 22 orphelins qui se voient phelins, des familles pourront être in- Balmis se voit aussi reprocher le déve-
inoculer la vaccine pour
enfants recueillis par la puissance pu- vitées à confier leurs petits en échange loppement d’œdèmes chez des orphe-
se la transmettre de bras
blique lui sont considérés comme re- à bras et la conserver fraîche d’argent et de la promesse qu’ils seront lins vaccinés par ses soins ; après enquê-
devables et peuvent légalement être jusque de l’autre côté bien traités et ramenés chez eux ou pris te, celui-ci rétorque que la cause de leur
employés au service de la santé publi- de l’Atlantique. en charge et éduqués dans le pays mal réside dans leurs mauvaises condi-
que. Balmis semble par ailleurs réelle- vaDebarcos.net/ d’arrivée. tions de vie et les maltraitances dont ils
ment soucieux du bien-être des en- boletín Del centro naval sont victimes.
fants qui lui sont confiés : à Mexico, « Situation critique » Au total, l’expédition Balmis aurait
effrayé des conditions d’accueil de ses Cela ne va pas toujours sans mal. permis de vacciner directement quel-
protégés, il plaide pour qu’ils soient D’abord, Balmis convient qu’il faut des que 250 000 personnes en Amérique et
placés dans un internat plutôt qu’à enfants plus âgés : les petits sont certes en Asie. « Je ne puis imaginer que dans
l’hospice, et que l’archevêque supervi- plus susceptibles de ne jamais avoir les annales de l’histoire l’on puisse four-
se leur prise en charge et leur assure
une éducation correcte.
Les vingt-deux orphelins embarqués
HiSToire croisé la variole donc de réagir à la vac-
cine, mais ils supportent plus difficile-
ment le voyage. Il faut, considère le mé-
nir un exemple de philanthropie plus no-
ble et plus grand que celui-là », admire-
ra Jenner. Il faudra cependant bien des
d’Espagne sont âgés de 3 à 9 ans. Tous DE LA MÉDECINE decin dans un courrier du 29 avril 1804, campagnes de vaccination pour que, le
les neuf jours, le temps de développer des enfants « de constitution robuste et 8 mai 1980, la 33e Assemblée mondiale
de belles vésicules, deux nouveaux en- pas trop tendres, car l’expérience a mon- de la santé puisse officiellement décla-
fants se voient inoculer la vaccine pour tré qu’outre qu’ils causent beaucoup rer : « Tous les peuples du monde sont
se la transmettre ainsi de bras à bras et d’inconvénients, ils sont exposés et dan- désormais libérés de la variole. » ■
 le figaro lundi 22 novembre 2021

InternatIonal 15

Trente ans
après, Vukovar
toujours divisée
par le passé

aNToNio BroNic/reUTers
Les journées commémorant les massacres
de novembre 1991 n’ont pas permis de Le 18 novembre,
au cimetière mémorial
rassembler Croates et Serbes de cette ville. de Vukovar, un homme
se recueille sur une tombe.

Milica cuBrilo
VukoVar
CrOATIE C’est une même bâtisse. Mais
les enfants croates et serbes du jardin
d’enfants de Vukovar n’y entrent pas
par la même porte. Ils ne suivent pas
leurs leçons dans les mêmes salles, et
leurs aires de jeux sont séparées. Trente
ans après la prise de contrôle de la ville
par l’armée fédérale yougoslave et les
forces paramilitaires serbes, les Journées
du souvenir des victimes, ces 18 et 19 no-
vembre, ont également été commémo-
rées différemment. Il y avait des bougies
funéraires dans la cour des enfants croa-
tes. Rien dans celle des enfants serbes.
Au terme de 87 jours d’un siège débuté
en août 1991, la ville frontière avec la Ser-
bie, défendue par quelque 1 800 volontai-
res croates, a été pratiquement rasée. Il y a
eu plus de 1 600 morts et 3 000 blessés. Le
pire est arrivé lors de la chute de Vukovar.
Près de 5 000 personnes ont été emme-
nées dans des camps en Serbie, et près
de 20 000 autres expulsées. Plus de
1 000 blessés, civils et militaires, qui se
trouvaient à l’hôpital improvisé de Boro-
vo Komerc ont été entassés dans des
autocars et emmenés par les forces serbes.
On a retrouvé les restes de 264 d’entre
eux, à Ovcara, à la lisière de la ville, dans
des fosses communes. Plus de 300 per-
sonnes sont toujours portées disparues.
« Je ne sais si on a jeté le corps de mon
fils Tomislav dans le Danube ou si ses res-
tes sont dans une fosse », souffle Marija
Sestar, la soixantaine, le visage marqué
par la souffrance. Elle est venue jeter des
roses blanches dans le fleuve et allumer
une bougie à même le sol, à côté de di-
zaines d’autres qui forment une croix
dans le tapis de feuilles mortes. Ils
étaient ainsi des dizaines de milliers à
participer aux Journées du souvenir des
victimes de Vukovar, malgré une nou-
velle flambée de l’épidémie de Covid 19.
Les membres du gouvernement
et des minorités présents
Tout le sommet de l’État s’est déplacé, y
compris le vice-président du gouverne-
ment et représentant de la minorité ser-
be de Croatie, Boris Milosevic, et Milo-
rad Pupovac, chef du Conseil national
serbe. Au son des cloches de l’église
Saint-Philippe-et-Saint-Jean, une lon-
gue « colonne du souvenir », menée par
de haut gradés et associations de vété-
rans arborant le drapeau national, a par-
couru 5,5 km, de l’hôpital de Vukovar
jusqu’au Mémorial, traversant une ville
désormais quasiment reconstruite. Sur
le chemin bordé de bougies, les dra-
peaux croates étaient déployés à de
nombreux balcons, fenêtres, devant les
commerces et les cafés, fermés pour
l’occasion. Sauf chez ceux de l’autre
communauté, terrés.
Certes, l’ancien président de Serbie,
Boris Tadic, a présenté des excuses lors
d’une visite historique à Vukovar en
2010. Belgrade a arrêté et transféré au
Tribunal pénal international pour l’ex-
Yougoslavie (TPIY) les responsables re-
cherchés. Mais si l’actuel président serbe
Vucic s’est fait représenter à Vukovar
par Veran Matic, chargé du dossier des
disparus, un silence assourdissant règne
aujourd’hui à Belgrade sur la question
des crimes de guerre commis par les for-
ces serbes, quand ils ne sont pas niés.
Pour Dinka Corko Biruski, professeur
de psychologie sociale, si les 20 000 ha-
bitants qui restent des 45 000 d’avant-
guerre vivent aujourd’hui côte à côte,
mais séparés, c’est parce que depuis la
environnantes, comme le font la radiothéra-
pie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées,
les immunothérapies visent à « réveiller » le
système immunitaire afin qu’il s’en charge.
Les lymphocytes T peuvent donc à nouveau
reconnaître, attaquer et détruire les cellules
tumorales5.
Des milliers de malades souffrant de
mélanome malin, de carcinome à cellules
de Merkel, de carcinome épidermoïde cutané
réintégration de la région à la Croatie,
en 1998, on n’a pas investi dans la guéri-
son d’un traumatisme collectif. « On en
a fait une ville monument, emprisonnée
par la politique, dans laquelle 80% des
habitants désapprouvent le manque d’ac-
tions d’intégration qui ont pour résultat
que 70 % des enfants n’ont pas d’amis qui
appartiennent à une autre communau-
té », dit-elle.
Un projet norvégien d’école pilote qui
devait être un modèle de dialogue et
d’intégration interculturelle a été aban-
donné en 2019. « Il n’y avait pas de sou-
tien des responsables politiques locaux, ni
croates, ni serbes, ni celui des médias »,
explique Dijana Antunovic Lazic, qui
dirige la Maison européenne de Vuko-
var, oeuvrant à la réconciliation. « Le
nationalisme et la haine sont des outils
politiques bon marché qui marchent. La
preuve, le maire, Ivan Penava, ancien du
HDZ (Union démocratique croate, fon-
dée en 1989 par le nationaliste Franjo
Tuđman, NDLR), est membre du Mouve-
ment patriote d’extrême droite », peste
Pavao Josic, restaurateur pétillant, qui
n’a eu de cesse de dénoncer, lors de son
passage au conseil municipal, la corrup-
tion et le clientélisme régnant. À Vuko-
var, « le vivre-ensemble » avec les Ser-
bes, qui représentent environ un tiers
de la population, s’exprime tant bien
que mal au café, dans les nombreuses
familles mixtes, ou autour des événe-
ments sportifs. ■
Publi-communiqué

Le Drian inquiet du
(des formes de cancers de la peau), de cer-
taines formes de cancer du poumon, de la
vessie, du rein, de cancer de la tête et du cou
(de la sphère ORL) ou encore de lymphome

jeu russe en Ukraine

de Hodgkin (cancer du sang) ont déjà été ou
sont traités par immunothérapie. Chez cer-
tains patients, la réponse est durable6,8 et le
cancer est maintenu sous contrôle.

Invité dimanche du « Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro », La thérapie cellulaire

le ministre des Affaires étrangères a souligné
l’« accumulation de forces russes » sur la frontière.
DIPLOMATIE La Russie, « voisin » quali-
fié d’« encombrant et parfois insup-
portable », semble être au centre des
préoccupations françaises. « Il faut
pourtant trouver un moyen de s’entendre
avec lui (…) et garder des chemins de
dialogues », a expliqué dimanche lors
du « Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro »,
le ministre des Affaires étrangères
Jean-Yves Le Drian, tout en s’inquié-
tant que le président russe soit « dans
une forme de dérive autoritaire préoccu-
pante ». Les signes se verraient dans
« l’accumulation de forces russes aux
frontières de l’Ukraine », dont la viola-
tion de la souveraineté aurait de « gra-
ves conséquences », et dans les tensions
migratoires à la frontière polonaise.
Yves le Drian, dimanche, sur le plateau
« Il ne s’agit pas d’une crise migratoire,
mais d’une opération géopolitique condui-
te par un dictateur », affirme Jean-Yves
Le Drian, visant le président biélorusse,
Alexandre Loukachenko. « Il a cherché à
diviser l’Europe, mais il a échoué », assure
le ministre, se disant « solidaire avec la
Pologne », qui doit « assumer la sécurité
des frontières extérieures de l’Europe ».
La volonté de Varsovie de construire un
mur à cette frontière ne semble toutefois
pas « pour l’instant la réponse appro-
priée », selon la France.
Mercenaires russes
Au Sahel, où la France a déployé quelque
5 000 hommes, Jean-Yves Le Drian se
soucie également des menées de Mos-
cou, alors que des informations font état
d’un possible débarquement de merce-
naires du groupe russe Wagner. « Il n’est
pas possible que Wagner vienne au
Mali », a dit le ministre, qualifiant les
paramilitaires de « prédateurs » mais se
refusant à préciser la réaction française
en cas de déploiement.
Les frictions avec les Britanniques, no-
tamment dans le dossier de la pêche,
sont « une affaire qui n’est pas terminée ».
« On va se battre licence après licence »,
en dépit du « pointillisme exaspérant » de
Londres. Et de mettre en cause le pre-
mier ministre Boris Johnson, « un popu-
liste qui multiplie les manœuvres, essen-
tiellement avec la France », pour des
raisons de politiques intérieures. « Mais
nous sommes prêts à la discussion. »
Le populisme est un autre sujet de
tracas pour le ministre. « La France
n’est pas l’abri », avertit Jean-Yves
Le Drian, qui fustige « Monsieur Zem-
CAR-T, un nouvel espoir
Parmi les différentes stratégies d’immuno-
thérapie, la plus récente, les CAR-T, consiste à
concevoir un traitement unique pour chaque
patient à partir de ses propres lymphocytes
T. A l’heure actuelle, en France, une vingtaine
de centres experts sont habilités à traiter les
patients par thérapie CAR-T7. Les lympho-
cytes T du patient sont prélevés par aphé-
rèse8 (technique de tri des cellules sanguines)
et envoyés dans un laboratoire spécialisé
(pour le moment, le plus souvent aux Etats-
Unis). Les lymphocytes T sélectionnés sont
alors modifiés génétiquement pour fabriquer réinjectées au patient. Une seule perfusion Cette forme d’immunothérapie indivi-
à leur surface des récepteurs spécifiques (« suffit et les CAR-T continuent à se multiplier dualisée en est encore à ses prémices
récepteurs antigéniques chimériques », CAR pour agir dans l’organisme du patient9,12. et beaucoup de questions scientifiques
en anglais), qui leur donnent la capacité Administrer cette thérapie de pointe requiert restent à élucider. Toutefois, avec des résul-
de reconnaître spécifiquement la tumeur des plateaux techniques et des compétences tats parfois spectaculaires, la thérapie
dont le patient est atteint. À ce stade, on ne très spécifiques, ainsi qu’une parfaite coor- CAR-T est porteuse de nouveaux espoirs
parle plus de lymphocytes T mais de cellules dination entre les différents départements pour les patients atteints de certains can-
CAR-T. Ces dernières se multiplient in vitro impliqués : hématologie, réanimation, phar- cers du sang réfractaires aux traitements
avant d’être renvoyées à l’hôpital pour être macie, neurologie10… traditionnels ou en rechute11,12.
1
https://www.frm.org/recherches-cancers/immunotherapie
2
https://www.inserm.fr/information-en-sante/c-est-quoi/sans-mario-c-est-quoi-car
3
https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Le-ou-les-cancers
4
https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Se-faire-soigner/Traitements/Therapies-ciblees-et-immunotherapie-specifique/Immunotherapie-mode-d-action
5
Institut National du Cancer. Les immunothérapies spécifiques dans le traitement des cancers. Rapport. Mai 2018 (cf page 3, introduction)
6
Ribas et al., Science 359, 1350–1355 (2018)
7
https://www.francelymphomeespoir.fr/contenu/comprendre/comment-soigner-un-lymphome/les-car-t-cells (cf question 12 “Les centres agréés en France”)
8
https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/REGARD-SUR-les-medicaments-d-immunotherapie
9
https://www.francelymphomeespoir.fr/contenu/comprendre/comment-soigner-un-lymphome/les-car-t-cells (cf question 6 “Comment se déroule concrètement le trai-
tement avec des CAR-T cells ?”)
10
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000038353958?tab_selection=all&searchField=ALL&query=CAR-T+Cells&page=1&init=true
11
Rapport d’activité 2019, INCa (p. 19)
12
https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/REGARD-SUR-les-medicaments-d-immunotherapie
HEFR2000934-01 - NP - Octobre 2020
A

du « Grand Jury-RTL-LCI-Le Figaro ». mour », « un semeur de haine (…) et un

Nicolas KovariK/ageNce 1827/rTl matamore du déclinisme ». ■ T. B.
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

16 InternatIonal

Peng Shuai même ses initiales, sont bloqués,

et la presse officielle passe sous si-
lence cette affaire qui a explosé à la
veille d’un plénum du Parti consa-

réapparaît
cré à l’autorité sans partage du
président Xi Jinping. En quelques
minutes, Peng Shuai a été métho-
diquement « effacée » de l’internet

sur une vidéo

chinois. Une « mort numérique »
subi avant elle par de nombreuses
célébrités, à l’image de l’actrice
Zhao Wei « disparue » depuis sep-
tembre, ou du patron d’Interpol

et des photos
Le monde sportif se mobilise pour
retrouver la championne chinoise de
tennis que le régime a fait disparaître.
SébaStien Falletti £@fallettiseb
Correspondant en asie
Asie Emmitouflée dans un survê-
tement blanc large, Peng Shuai
opine du chef, le visage impassi-
ble, face au convive volubile, pen-
dant que des plats défilent sur la
table ronde de ce restaurant de
Pékin. À deux reprises, l’homme,
présenté comme le coach de la
vainqueur en double de Roland-
Garros, répète distinctement la
date du 21 novembre. Cette vidéo à
l’authenticité incertaine signe le
retour en image de la championne
de tennis, qui avait disparu après
avoir accusé de viol un cacique du
régime communiste, et dont le
sort inquiète la planète tennis et
les chancelleries. Ces images fleu-
rant la mise en scène ont été re-
layées ce week-end sur Twitter
par Hu Xijin, rédacteur en chef du
Global Times, affilié au Parti, pour
prouver que la jeune femme de
35 ans est libre et en bonne santé.
« Ces derniers jours, elle est restée
chez elle en toute liberté et ne vou-
lait pas être dérangée », a affirmé
cet influent rouage de la propa-
gande externe du régime, alors
que le mot-dièse #WhereIsPengS-
huai (« Où est Peng Shuai ») de-
vient viral sur les réseaux sociaux,
partout dans le monde, sauf dans
l’empire du Milieu.
Hu a également diffusé deux
autres vidéos, montrant notam-
ment la championne lors d’un
match à Pékin, ce dimanche ma-
tin, alors que la pression interna-
tionale s’accroît sur la Chine. Ces
vidéos et la diffusion de photogra-
phies également répliquent à la
mobilisation internationale crois-
sante de ces derniers jours, relayée
par des champions comme Novak
Djokovic ou Serena Williams,
l’Association mondiale des joueu-
ses de tennis (WTA), et l’adminis-
tration de Joe Biden. Tous récla-
ment des éclaircissements sur le
sort de l’athlète, alors que la se-
conde puissance mondiale impose
un silence d’État sur les accusa-
tions mettant en cause Zhang Gao-
li, ancien vice-premier ministre.
Ces vidéos n’ont pas rassuré Ste-
ve Simon, le patron de la WTA, qui
tente désespérément de joindre
l’ancienne numéro un mondiale de
double depuis le début du mois, et
redoute une mise en scène grossiè-
re. Cette vidéo est « insuffisante »,
a déclaré Simon, qui avait déjà mis
en doute l’authenticité d’un e-
mail, où Peng démentait les accu-
sations d’agression sexuelle, et ju-
Dans une vidéo à
l’authenticité incertaine
mise en ligne dimanche,
on voit la joueuse signer
des autographes
à l’occasion de la
cérémonie d’ouverture
d’une compétition
de tennis junior
à Pékin.
vIa tWItter
@QInGQInGParIS/vIa
reUterS
rait être en bonne forme et se re-
poser, la semaine dernière. « Il est
positif de la voir, mais il demeure in-
certain qu’elle soit libre de prendre
les décisions qu’elle souhaite, sans
interférence ou coercition », a jugé
le directeur de l’association des
joueuses, dans un communiqué,
maintenant la pression sur Pékin.
Pression sur l’empire
Peng Shuai avait semé la stupeur
sur la messagerie Weibo, le 2 no-
vembre, dans un long post où elle
déballait des accusations de viol
contre Zhang, remontant il y a
trois ans et révélait une relation
secrète commencée il y a une dé-
cennie à Tianjin. « Je n’ai pas
consenti cette après-midi-là. J’ai
pleuré. Après le dîner j’étais tou-
jours réticente, et tu as dit que tu me
détestais. J’ai finalement dit oui car
j’avais peur, et je paniquais », ra-
conte le post, effacé au bout de
vingt minutes par l’armée des
censeurs qui veillent constamment
sur la toile chinoise. Dans son post
chargé d’émotion, la jeune femme
affirme n’avoir aucune preuve
contre son agresseur présumé.
Cette accusation contre un an-
cien membre du comité perma-
nent du Politburo, rassemblant les
sept personnages les plus puissants
du régime est sans précédent. De-
puis, toute recherche, et tout mot-
clé pouvant mener à Peng Shuai,
Meng Hongwei en 2016, ou du cé-
lèbre artiste contemporain Ai
Weiwei, qui fut placé dans une
maison de détention secrète pen-
dant 81 jours, sans pouvoir donner
signe de vie, en 2011.
La diffusion de ces images de
Peng signale la nervosité du pou-
voir face à la pression internatio-
nale croissante, à quelques semai-
nes des Jeux olympiques d’hiver à
Pékin, rendez-vous de prestige
pour le président Xi Jinping, et qui
sont menacés par un boycott di-
plomatique des États-Unis et de
certains pays occidentaux en re-
présailles à la répression en vi-
gueur au Xinjiang. Jusqu’ici Pékin
niait toute affaire « Peng Shuai ».
« Je ne suis pas au courant de la si-
tuation que vous évoquez », a dé-
claré Zhao Lijian, le porte-parole
du ministère des Affaires étrangè-
res, interrogé par des journalistes
lors d’un briefing quotidien. Mais
la mobilisation internationale en
ligne, portée par des célébrités
planétaires, et relayés désormais
par des capitales, dont Washing-
ton et Londres, accentue la pres-
sion sur l’empire du Milieu. La
Maison-Blanche a fait part de sa
« profonde préoccupation » et ap-
pelé les autorités chinoises à offrir
« des preuves indépendantes et ir-
réfutables » sur la situation de
Peng. Si le Comité international
olympique a jugé suffisant l’e-mail
venant de Peng, la WTA se montre
nettement plus ferme, menaçant
de se retirer du marché chinois, où
elle organise neuf tournois, tant
qu’une enquête transparente sur
les accusations lancées par Peng
n’est pas conduite. « Notre relation
avec la Chine est à un carrefour », a
prévenu le pugnace Steve
Simon. ■

Venezuela : des élections locales à portée nationale

Pour la première fois depuis quatre ans, l’opposition participait dimanche au scrutin chargé de désigner maires et gouverneurs.
Patrick bèle pbele@lefigaro.fr
envoyé spéCial à CaraCas
Amérique lAtine Alfredo a
longtemps hésité à se rendre dans
son bureau de vote de Chacao, un
quartier aisé de Caracas, pour les
élections municipales et régiona-
les. 3 000 postes sont à pourvoir
dans le pays, dont 23 gouverneurs
et 320 maires. « La dernière fois
que j’ai voté c’était en 2015, expli-
que-t-il. L’opposition
pression de la société civile que
des partis d’opposition. « Nous
avons présenté avec d’autres orga-
nisations de la société civile une lis-
te de candidats recteurs de quinze
noms, explique Jose Domingo Mu-
jica, du réseau d’observation élec-
torale de l’assemblée de l’éduca-
tion. Et finalement l’Assemblée
nationale a désigné deux recteurs
venant de l’opposition sur cinq. »
Le gouvernement a également ac-
cepté la présence d’observateurs
internationaux : une
tion est restée la seule option. Il a politique vénézuélien qui préfère contestation de la légitimité du
d’ailleurs annoncé qu’il ne vote- conserver l’anonymat. Le chavis- pouvoir, puisque « non démocrati-
rait pas ce week-end. Mais la me ne parvient plus à mobiliser les que », et conserver le leadership
pression de la base a forcé l’en- votes en dehors de son appareil po- des négociations de Mexico entre
semble de leaders de l’opposition litique. Mais celui-ci reste très effi- l’opposition et le gouvernement,
à accepter l’idée de participer à ce cace et étendu. Plus la participation avant, surtout, de se proclamer à
scrutin. Ils l’ont fait dans le désor- sera forte, meilleur sera le résultat nouveau président intérimaire le
dre et la division. « Il y a deux vi- de l’opposition. » Si Henrique Ca- 7 janvier prochain.
sions qui s’opposent au sein de priles a sillonné le pays pour sou- Cette présidence intérimaire est
l’opposition : celle de Juan Guaido et tenir les candidats de l’opposition, loin d’être symbolique : elle per-
Leopoldo Lopez qui estiment que le la direction de Voluntad Popular met d’avoir la main sur l’ensem-
gouvernement chaviste est illégiti- de Juan Guaido n’a rien fait pour ble des avoirs extérieurs du
me et qu’avec des pressions exté- favoriser ses candidats, au plus Venezuela, qui comprennent, en-
rieures et intérieures, il est possible grand dam de la base du parti. tre autres, la compagnie pétrolière

3 postes
000
avait remporté une délégation de l’Union
large victoire au Par- européenne, une autre
lement en gagnant du Centre Carter, ont
deux tiers des sièges. pu surveiller le dérou-
Mais ensuite le gou- lement des opérations
vernement a retiré de votes.
sont à pourvoir Le président Maduro
tout pouvoir au Parle-
dans le pays,
ment. » L’opposition a également promis
antichaviste a appelé dont 23 de gouverneurs qu’il n’y aurait plus de
à l’abstention lors des et 320 de maires « puntos rojos » (points
4 élections suivantes : rouges). Il s’agissait de
constituante et régionales en 2017, petites tentes disposées face aux
présidentielle en 2018, parlemen- bureaux de vote où des militants
taires en 2020. La MUD (coalition du PSUV, le Parti socialiste unifié
des partis d’opposition) estimait du Venezuela, surveillaient qui
que les conditions n’étaient pas venait voter et distribuait des ré-
réunies pour un scrutin juste et compenses sous forme de sacs de
honnête : le Conseil national élec- nourriture à ceux qui s’étaient dé-
toral était constitué uniquement placés. « Mais on nous dit que des
de recteurs chavistes, de nom- groupes locaux du PSUV cherchent
breux partis et des politiques à louer des maisons aux abords des
avaient perdu leur habilitation, et bureaux pour faire la même chose
les chavistes disposaient des res- plus discrètement », signale Jose
sources de l’État. Résultat : un Domingo Mujica.
« triomphe » des chavistes à cha-
que scrutin, mais avec des taux de Présidence intérimaire
participation de plus en plus fai- Les partis d’opposition ont mis du
bles pour atteindre moins de 31 % temps à se laisser convaincre de
aux législatives de 2018. participer à ce scrutin. Si Henri-
Le scrutin de ce dimanche était que Capriles de Primero Justicia,
donc le premier depuis six ans deux fois candidat à la présiden-
auquel l’opposition acceptait de tielle, a depuis longtemps exprimé
participer. Car cette fois le gou- ses doutes sur la stratégie de l’abs-
vernement de Nicolas Maduro et tention, du côté de Juan Guaido,
A
de le renverser, explique Temir
Porras, ancien ministre de Cha-
vez. Et il y a celle de Henrique Ca-
priles et d’une grande partie de
l’opposition qui acceptent, souvent
de mauvaise grâce, le gouverne-
ment en place, mais préparent la
présidentielle de 2024. »
La participation sera détermi-
nante dans le résultat du scrutin.
« Si elle est inférieure à 40 %, c’est
que l’opposition n’a pas réussi à
mobiliser, explique un journaliste
Des citoyens font
la queue pour participer
à l’élection des
gouverneurs d’État
et des maires locaux,
à Caracas, hier.
leonarDo FernanDeZ
vIlorIa/reUterS
Certains observateurs n’hési-
tent pas à avancer qu’une défaite
cuisante de l’opposition serait
souhaitée par l’entourage du pré-
sident intérimaire. Cela permet-
trait de valider la stratégie de
non-participation en affirmant
que le scrutin était tronqué. Une
lourde défaite empêcherait
l’émergence de nouveau leaders
dont la légitimité récente pourrait
contester celle de Juan Guaido. Lui
pourrait poursuivre sa stratégie de
Citgo aux États-Unis, les réserves
d’or entreposées à Londres, et
quantité d’avoirs que l’État véné-
zuélien détient à travers le monde.
La fin de la présidence intérimaire
permettrait au gouvernement
Maduro de reprendre la main sur
ces actifs, ce que le gouvernement
des États-Unis essaie d’éviter à
tout prix. « Guaido ne se bat plus
que pour le contrôle des avoirs ex-
térieurs du Venezuela, déplore Ny-
dia Ruiz, chercheuse à l’Universi-
té centrale du Venezuela. Le pays
connaît une crise sans précédent de
l’économie d’extraction, avec la
quasi-disparition des exportations
pétrolières, et ni le gouvernement ni
l’opposition n’ont de proposition
pour sortir du chaos. »
La réponse du gouvernement
est une politique de libéralisation
de l’économie, à rebours des dog-
mes chavistes, avec la privatisa-
tion des entreprises d’État et le re-
cours au dollar, qui laisse une
grande partie de la population
dans une précarité extrême. « Le
Venezuela est devenu le régime le
plus néolibéral d’Amérique latine.
Liberté des capitaux, des importa-
tions, du change, des prix, déplore
un ancien leader du parti chaviste.
Les salaires des fonctionnaires sont

le camp chaviste ont fait des qui s’est déclaré président intéri- si faibles que tous sont contraints
concessions, souvent plus sous la maire en janvier 2019, l’absten- d’avoir une seconde activité. » ■

Sport
Autopsie d’une ambition retrouvée
En battant les All Blacks avec la manière, le XV de France a confirmé son statut de candidat au titre mondial.
david reyrat £@DavidReyrat
rugby Forcément, la démonstra-
tion (40-25) face aux All Blacks
- plus large écart lors d’une victoire
des Bleus - nourrit l’ambition la
plus grande. Ce XV de France s’af-
fiche comme un sérieux prétendant
au titre suprême dans deux ans sur
ses terres. Un statut qui n’est pas né
de cette seule rencontre. S’ils ont
mis fin à 12 années et 14 matchs de
revers face aux hommes en noir, les
Bleus avaient déjà accroché à leur
tableau de chasse leurs plus sérieux
rivaux (à l’exception des cham-
pions du monde sud-africains,
dont ils ne croiseront la route qu’en
2022) : l’Angleterre (1 fois), l’Irlan-
de (2), le pays de Galles (3), l’Aus-
tralie (1 fois, première victoire chez
les Wallabies depuis 1990…), l’Ar-
gentine (1). Quand on pose la ques-
tion à Fabien Galthié, il ne s’échap-
pe pas, signe d’une évolution des
mentalités. « Candidat au titre
mondial, c’est notre façon de vivre.
Ce n’est pas ce résultat qui le fait - il
n’en est que la conséquence -, c’est
notre ambition, celle des joueurs.
Mais cette victoire ne changera pas
notre vision. C’est une étape sur no-
tre chemin. On ne va pas se prendre
pour d’autres après cette victoire.»
Un succès qui permet, au passage,
aux Bleus de réussir un sans-faute
lors de la tournée d’automne pour
la première fois depuis… 2012. Une
excellence retrouvée qui s’explique
en quatre points.
u Le ciment
de l’état d’esprit
La métamorphose s’est enclenchée
dès les premiers matchs sous la
nouvelle direction chapeautée par
Raphaël Ibañez et Fabien Galthié.
Les deux anciens glorieux capitai-
nes du XV de France ont listé les
obligations, rétabli les valeurs, im-
posé l’exigence. Un traitement de
choc indispensable pour en finir
avec une équipe déprimée par une
décennie de revers et autres dérou-
tes, minée par les ego des plus an-
ciens, l’audace bridée et les idées en
berne. Et, de fait, les Bleus ont ins-
tantanément retrouvé le ciment qui
fait les grandes équipes : solidarité
sans faille, don de soi, sens du sa-
crifice. Les séquences défensives de
ce XV de France new-look furent la
première manifestation de ce col-
lectif retrouvé. Sacralisé. Les deux
patrons sont également de vérita-
bles DRH. La mentalité des hom-
mes compte autant que le talent des
joueurs a coutume de rappeler Iba-
ñez. Ils n’ont ainsi pas hésité à mi-
ser sur des parcours atypiques, sur
des revanchards.
On peut citer « Momo » Haouas, le
pilier de Montpellier qui aurait pu
mal tourner. Ou Gabin Villière, pas-
sé par la Fédérale, révélé à Rouen,
mort de faim. Il y en a d’autres
(Bouthier, Flament…). Ils ont égale-
ment affiché leur confiance en la
jeunesse. Ainsi, récemment, avec
Melvyn Jaminet. Lancé dans le
grand bain l’été dernier lors de la
tournée en Australie alors qu’il
n’avait évolué qu’en Pro D2, l’ar-
rière de Perpignan vient d’enchaî-
ner six titularisations. Brillant à
chaque fois. Et buteur émérite
(34/37 !). Ce savant mélange donne
une équipe de France tendre sur le
papier (25 ans et 18 sélections de
moyenne au coup d’envoi samedi
soir), mais soudée et respectueuse
(reconnaissante, même, pourrait-
on écrire), ambitieuse et beaucoup
plus solide que ne l’indique son cur-
riculum vitae, pour l’instant vierge
de tout titre.
u La sécurité
des stratégies
Galthié et Ibañez ont constitué un
staff d’experts : Laurent Labit pour
les trois-quarts, William Servat pour
les avants, Thibault Giroud pour le
physique, l’Anglais Shawn Edwards
pour la défense et quelques autres
encore. Tous pointus, rigoureux,
exigeants. Rien n’est acquis. Des
Nous avons centaines d’heures d’analyse des vi-
travaillé déos et des datas pour se remettre en
permanence en question. Et élabo-
à acquérir rer un plan de jeu précis mais aussi
des repères des variantes afin d’être parés à faire
collectifs face à n’importe quelle éventualité.
Sur les murs de la salle de vie, à Mar-
forts coussis, s’affiche la fameuse flèche
qui nous
permettent
du temps : la liste des 36 matchs pro-
grammés durant ces quatre années
qui mènent à la Coupe du monde,
toujours avec, pour ceux déjà disputés, un
d’être petit résumé, une action et un joueur
en position mis en avant. Les coups du sort liés à
la pandémie, à un cluster malencon-
de gagner treux, à des rencontres reportées
jusqu’au puis disputées à huis clos, ont
bout. »
Fabien galthiÉ,
contraint le staff à revoir ce compte
à rebours. À s’adapter. Mais les pro-
grès sont indéniables. À coups d’en-
sÉlectionneur
de l’Équipe de France traînements à haute intensité - ces
anne-christine séances plutôt courtes mais très exi-
pouJoulat/aFp geantes physiquement -, le staff es-
saie de cibler tous les scénarios (y
compris une infériorité numérique)
en faisant tourner l’effectif, en se
dotant de plusieurs stratégies. Pos-
Samedi au Stade
de France, le demi
d’ouverture Romain
Les All Blacks ont perdu leur magie noire
Ntamack, soutenu
par ses deux arnaud Coudry £@ArnaudCoudry
coéquipiers Peato
Mauvaka et François
Cros, perfore la défense LES VALISES sont lourdes pour les All
néo-zélandaise, pour Blacks au moment de repartir d’Eu-
inscrire le deuxième rope. Balayés par l’Irlande il y a dix
essai de l’équipe jours (29-20), les « hommes en noir »
de France. ont subi une nouvelle déroute samedi
Anne-Christine soir (40-25) et le plus lourd revers de
POUJOULAt/AFP leur histoire face au XV de France.
« Ça a été dur pour nous sur les deux
derniers matchs », a concédé le sélec-
tionneur néo-zélandais Ian Foster,
qui veut néanmoins positiver : « On
va continuer à travailler, mais on a une
bonne base de travail. Ce que je pense
de nos progrès cette saison ? On n’a
jamais joué autant de matchs et on en a
session ou dépossession. Deux
ouvreurs (Jalibert et Ntamack) asso-
ciés. Un seul 10, mais une paire de
centres avec plusieurs canons de
beauté : Virimi Vakatawa le magi-
cien, Arthur Vincent l’irréductible,
Jonathan Danty le démolisseur,
presque toujours associés à Gaël Gic-
kou, le gardien du temple. « Nous
avons travaillé à acquérir des repères
collectifs forts qui nous permettent
toujours d’être en position de gagner
jusqu’au bout. L’équipe est en place
collectivement. Elle a des atouts, des
armes à disposition », s’est félicité
Galthié après le coup de force face
aux All Blacks.
u Le talent des maîtres
à jouer
Les planètes se sont alignées. Gal-
thié et ses adjoints ont, en plus, la
chance de pouvoir s’appuyer sur
une génération dorée, sur un effec-
tif qui puise en partie chez les dou-
bles champions du monde des
moins de 20 ans (en 2018 et 2019).
Ce n’est pas le cas du meilleur
joueur de cette équipe, Antoine Du-
pont. Son talent n’est plus à vanter.
Autant capable de bien faire jouer
ses partenaires que de faire la diffé-
rence tout seul par son sens du pla-
cement et son punch. Il a les clés du
camion avec son compère de
l’ouverture. À ce poste, le sélec-
tionneur a le choix entre deux bi-
gagné 12 sur 15. » Au pays de l’excel-
lence ovale, ces trois revers (avec ce-
lui face aux Springboks début octo-
bre) font tache : les Blacks
enregistrent leur pire bilan depuis
douze ans (14 succès, 4 revers).
Fin d’une saison éreintante. De-
puis le 28 août, les Kiwis ont en effet
quitté leur pays, vécu en vase clos
en raison des restrictions sanitaires
et enchaîné les matchs. Dix en tout !
Un rythme démentiel qui fait que
Sam Whitelock et ses partenaires
ont paru totalement émoussés, sa-
medi. Des fautes de main inhabi-
tuelles, des choix discutables, un
manque de tranchant évident.
Le bref réveil observé (trois essais
joux : le Bordelais Matthieu Jalibert
et le Toulousain Romain Ntamack
(sacré en 2018, lui). Le débat a fait
rage, les deux hommes ayant leurs
partisans. En caricaturant (à peine),
le premier est un brillant soliste, le
second un stratège à sang froid.
L’association des deux a déçu face à
l’Argentine et la Géorgie. Contre les
All Blacks, Fabien Galthié est reve-
nu à son idée de départ : Ntamack.
Et ce dernier a sans doute clos le dé-
bat samedi soir. Précis, complé-
ment idéal d’Antoine Dupont, avec
lequel il a déjà tout gagné (Top 14,
deux fois, et Coupe d’Europe) sous
le maillot toulousain, il a également
(dé)montré qu’il n’avait rien à en-
vier à son rival côté technique indi-
viduelle et grain de folie. Ses feintes
de passe ont mis au moins à deux
reprises la défense néo-zélandaise
complètement dans le vent (pour
un magnifique essai personnel). Et
que dire de sa relance magistrale
depuis son en-but à la 63e minute.
Échappant à trois défenseurs, il a
enclenché un fabuleux mouvement
qui a abouti, 80 mètres plus loin, à
une pénalité pour les Bleus et un
carton jaune pour les Blacks. Le
tournant de la rencontre. L’adver-
saire s’était rebiffé, avait inscrit
trois essais pour revenir à deux pe-
tits points (27-25). Ce chef-
d’œuvre estampillé French flair l’a
remis dans les cordes.
entre la 47e et la 59e minute) n’aura
pas suffi. La magie noire avait dis-
paru en cette fin d’année.
Fin de la génération dorée
La presse néo-zélandaise n’a pas mis
bien longtemps à allumer son équi-
pe. « Les All Blacks ont un certain
nombre de problèmes indéniables,
beaucoup sont trop profonds pour être
attribués à la fatigue à la fin d’une an-
née difficile », tranche le New Zea-
land Herald, principal journal du
pays. Et d’enfoncer le clou : « Le pro-
blème est que le reste du monde ne
craint plus les All Blacks, parce qu’il
n’y a pas de raison d’avoir peur. »
Déjà, lors de la dernière Coupe du
le figaro lundi 22 novembre 2021
17
u Le physique
des champions
Ça aussi, c’est nouveau. Les Bleus
tiennent désormais la distance
quatre vingts minutes durant. Plus
de panne d’essence à l’heure de
jeu. Les entraînements à haute in-
tensité, les séances physiques con-
coctées par le directeur de la per-
formance, Thibault Giroud, ont
doté le XV de France d’un moteur
endurant. Ils sont désormais capa-
bles de maintenir le curseur de
l’intensité dans des zones adaptées
au niveau international.
Cette résistance s’explique égale-
ment par le soin apporté à l’élabo-
ration du banc des finisseurs.
L’expression a fait sourire au dé-
but. Plus maintenant. L’émulation
a porté ses fruits. L’équipe de
France peut changer sa composi-
tion pour moitié, son excellence
demeure la même. À une excep-
tion près : Antoine Dupont. Le
demi de mêlée est tellement supé-
rieur à la concurrence et indispen-
sable au jeu tricolore qu’il reste sur
le terrain entre soixante quinze et
quatrevingts minutes. Il ne reste
qu’à prier pour qu’il ne se blesse
pas, car ses doublures (Couilloud,
Serin, Lucu…), aux temps de jeu
famélique, ne disposent pas (sans
parler du talent) des mêmes repè-
res collectifs, ni de la même expé-
rience internationale. ■
monde au Japon, la Nouvelle-Zélan-
de avait été balayée par la puissance
et l’agressivité des Anglais (19-7).
Et depuis, le sélectionneur Ian
Foster - qui a été prolongé jusqu’en
2023 - est la cible régulière des criti-
ques. Mais le problème est peut-être
ailleurs : après la génération dorée
des McCaw, Carter et autres Nonu
(champions du monde en 2011 et
2015), les All Blacks ont-ils autant de
joueurs de classe mondiale ? Pour la
presse locale, « cette équipe est offi-
ciellement en chute libre ». Les Néo-
Zélandais ont deux ans pour redresser
la barre avant de retrouver les Bleus
en ouverture de la Coupe du monde.
Même endroit. Même score ? ■
1
A
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

18 Sport

Formule 1 : le joli coup d’Alpine au Qatar

Après la victoire d’Ocon en Hongrie, l’écurie française a retrouvé le podium à Losail grâce à Alonso.
alexis relandeau £@RelandeauAlexis
Formule 1 Une délivrance. Sept ans
après, Fernando Alonso est de retour sur
un podium de Formule 1, à 40 ans. Depuis
le Grand Prix de Hongrie 2014, l’Espagnol,
alors chez Ferrari, n’avait plus connu cette
joie. Et cela tombe à pic. Engagé dans une
lutte de tous les instants avec Alpha Tauri
pour la 5e place des constructeurs, Alpine a
frappé un grand coup au Qatar, notam-
ment grâce au pilote espagnol, mais aussi à
Esteban Ocon.
Dès les premiers essais libres de vendre-
di, les sensations étaient bonnes chez les
Bleus. Une impression vite confirmée en
qualifications avec la 5e place d’Alonso et
la 9e d’Ocon. De quoi ouvrir certaines
perspectives pour la course, voire de rêver
à un podium. Il n’en fallait pas moins pour
réveiller l’instinct de compétiteur ultime
du double champion du monde espagnol.
« J’avais l’impression de voir un jeune pilote
de 20 ans », déclarait même, amusé, Alain
Prost, conseiller spécial chez Alpine. Troi-
sième sur la grille au départ, suite aux pé-
nalités infligées à Verstappen et Bottas,
l’Ibère se retrouvait 2e à la fin du 1er tour,
puis 3e à l’issue du 6e tour. Une position
qu’il n’allait plus lâcher, derrière l’intou-
chable Lewis Hamilton, vainqueur au Qa-
tar, et Max Verstappen, toujours leader au
championnat (avec 8 points d’avance). Sur
une stratégie à un seul arrêt à Losail, tout
comme Esteban Ocon, probant 5e, Fer-
nando Alonso a maîtrisé à la perfection ses
pneus tout au long des 57 tours, avec un
superbe premier relais en tendres et une
gestion impeccable des durs sur le second.
Une prouesse alors que les crevaisons se
multipliaient chez la concurrence.
Excellent retour
Une prise de risque payante pour la mar-
que tricolore, qui lui a permis au final de
récolter 25 points au Qatar et de prendre
une belle option sur la 5 place des
constructeurs, objectif déclaré en début de
saison, à deux courses de la fin.
Cette année 2021 commence à avoir
fière allure pour Alpine. Esteban Ocon
avait allumé la première mèche, cet été,
en remportant le Grand Prix de Hongrie,
pour signer son premier succès en carriè-
re et le retour au premier plan d’Alpine.
Fernando Alonso y apporte son écot avec
un deuxième podium pour l’écurie fran-
çaise cette saison. Son retour en F1 s’avè-
re excellent aussi bien sur le plan person-
nel que pour son équipe, et ce malgré un
accident de la route en février qui avait
perturbé sa préparation. Des doutes exis-
taient sur ses qualités, mais cela n’a ja-
mais perturbé le natif d’Oviedo, qui sem-
ble plus motivé que jamais : « C’est
beaucoup d’émotions sept ans après mon
dernier podium. La voiture était magnifi-
que, je suis heureux pour mon équipe. J’es-
père que je n’attendrai pas sept ans avant
mon prochain podium (sourire). »
Un message reçu par Alpine, qui semble
sur la bonne voie, et, avec les nouvelles ré-
glementations en 2022, la marque françai-
se pourrait bien monter davantage sur la
boîte dès la prochaine saison. ■
CLASSEMENT : GP du Qatar : 1. Hamilton ;
2. Verstappen ; 3. Alonso ; 4. Pérez ; 5. Ocon ;
6. Stroll ; 7. Sainz ; 8. Leclerc ; 9. Norris ; 10. Vettel ;
11. Gasly…
Championnat du monde pilotes : 1. Verstappen
351,5 pts ; 2. Hamilton 343,5 ; 3. Bottas 203 ;
4. Pérez 190 ; 5. Norris 153 ; 6. Leclerc 152 ;
7. Sainz 145,5 ; 8. Ricciardo 105 ; 9. Gasly 92 ;
10. Alonso 77 ; 11. Ocon 60…

en bREf

Après son 8e Tennis : Zverev et mahut-

Herbert au sommet
Vainqueur de Novak Djokovic

titre en rallye,
en demi-finale puis de Daniil
Medvedev en finale (6-4, 6-4),
Alexander Zverev a remporté
son deuxième Masters après

Ogier rêve
celui de 2018. L’Allemand,
qui n’a toujours pas remporté
de Grand Chelem, clôt une belle
année après son titre olympique.
Nicolas Mahut et Pierre-Hugues

des 24 Heures
Herbert se sont eux, imposés
pour la deuxième fois en double
en battant le duo Rajeev Ram/
Joe Salisbury (6-4, 7-6).

Karaté : Steven Da Costa

Au départ de quelques épreuves confirme sa suprématie
Après son titre olympique,
en 2022, il va se lancer un nouveau défi. Steven Da Costa a confirmé
sa domination en -67 kg en
réussissant à conserver son titre
ques différentes, Volkswagen mondial. Son frère jumeau,
martin couturié £@martincouturie (de 2013 à 2016), Ford (dans l’écurie Jessie, a lui, décroché le bronze
privée M-Sport en 2017 et 2018) et en -84 kg. En revanche, pas
rallye Comme une évidence, à Toyota (en 2020 et 2021). Une grande de titre par équipes avec leur
rendre fou le reste de la planète. En première depuis le Finlandais Juha frère aîné Logan.
remportant le rallye Kankkunen (sacré
de Monza, dernière en 1986, 1987, 1991, Voile : le duo Cammas-
épreuve de la saison records 1993). Et la confirma- Caudrelier se rapproche
ce dimanche, Sébas- de titres tion de la science de Aux prises une deuxième fois
tien Ogier a signé sa
54e victoire en WRC
depuis 1977 course du pilote né à
Gap (Hautes-Alpes) et
dimanche avec le Pot au noir,
le duo Cammas-Caudrelier
et décroché son hui- Neuf titres bercé aux émotions du (Edmond de Rothschild)
tième sacre mondial Sébastien Loeb rallye de Monte-Carlo comptait toujours 400 milles
en WRC. Et en y ajou- (2004 à 2012) qu’il a remporté ensuite d’avance sur Le Cléac’h-
tant les neuf titres Huit titres à huit reprises. Fils d’un Escoffier (Banque Populaire)
d’un autre Sébastien, Sébastien Ogier (2013 père chauffeur livreur dans la Transat Jacques Vabre.
Loeb celui-là, en- à 2018, 2020, 2021) de fuel et d’une mère L’arrivée est prévue en
tre 2004 et 2012, c’est Quatre titres comptable, diplômé Sébastien Ogier célèbre WRC et actuel patron, Jari-Matti La- neuvième sacre planétaire. Son ob- Martinique à partir de mardi.
bien une seule cou- Tommi Mäkinen d’un BTS en mécanique son 8e titre mondial tvala explique par trois qualités son jectif est ailleurs. Dans la catégorie
ronne mondiale qui a (1996 à 1999), et champion de France avec son copilote, impressionnante domination : « In- endurance. Avec son joyau : les 24 Golf : morikawa s’impose
échappé aux deux pi- Juha Kankkunen de… boule lyonnaise, Julien Ingrassia, telligence, connaissance de soi et ca- Heures du Mans. Le Français, qui re- Vainqueur de la finale
lotes français depuis (1986, 1987, 1991, 1993) Sébastien Ogier a bien dimanche, après pacité à anticiper ce qu’il lui faudra au garde sa carrière « avec pas mal de européenne, Collin Morikawa,
dix-huit ans (celle de Deux titres évidemment été inspiré leur victoire championnat. » fierté et de sourires » aux côtés de son numéro 2 mondial, est devenu
l’Estonien Ott Tänak Marcus Grönholm (2000, par « l’autre Sébas- au rallye de Monza, fidèle copilote Julien Ingrassia, rêve le premier Américain à
2002),
en Italie. Reine des compétitions
sacré en 2019). In- tien » qu’il a croisé chez ANDrEAS SoLAro/AFp
de participer et de s’imposer dans la remporter la Race to Dubai.
croyable domination Carlos Sainz (1990, 1992), Citroën en 2011 avant Moins médiatique et « calculateur » reine des compétitions. Cela tombe
et reconnaissance Massimo Biasion (1988, d’être écarté. Et c’est que son compatriote Loeb, mais plus bien, son constructeur Toyota en est 14e journée ligue 1
pour le sport automo- 1989), Walter Röhrl donc chez le concur- « bagarreur » selon Latvala, le Ga- une figure essentielle. Et défendra MONACO (8) 2-2 LILLE (12)
bile français et ses (1980, 1982) rent allemand qu’il a pençais ne devrait a priori pas l’éga- en 2022 sa couronne mancelle. PARIS SG (1) 3-1 NANTES (11)
constructeurs. Un titre démarré son irrésistible ler au firmament de la discipline. Après avoir tout gagné en rallye, Sé- RENNES (3) 2-0 MONTPELLIER (9)
Si Loeb a remporté Ott Tänak, Petter Solberg, ascension (et trouvé sa L’an prochain, l’octuple champion bastien Ogier semble avoir tous les BREST (13) 4-0 LENS (4)
sept de ses neuf titres Richard Burns, Colin femme présentatrice de du monde de bientôt 38 ans ne cour- atouts pour briller derrière un vo- ANGERS (6) 1-0 LORIENT (14)
mondiaux avec Ci- McRae, Didier Auriol télévision allemande) ra que quelques rallyes de la nouvel- lant d’endurance. Le pilote a montré METz (20) 3-3 BORdEAux (17)
troën (et deux avec (1994), Timo Salonen, pour finalement suivre le saison célébrant l’entrée en piste en WRC qu’il a le talent et le mental STRASBOuRG (7) 1-1 REIMS (16)
Ford), Ogier a fait en- Stig Blomqvist, Hannu la trace, et assurer la de nouveaux bolides à moteur hy- pour résister à la pression. Au Mans, TROyES (18) 0-1 ST-éTIENNE (19)
core plus fort en s’im- Mikkola, Ari Vatanen, succession de Loeb. bride. Difficile d’imaginer dans ces il n’en manquera pas. Deuxième CLERMONT (15) 1-2 NICE (2)
posant avec trois mar- Björn Waldegard Son ancien rival en conditions le voir décrocher un en 2006, Loeb connaît bien… ■ LyON (10) dim. MARSEILLE (5)
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A

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LE CARNET DU JOUR
Les annonces sont reçues
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(excepté les jours fériés)
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du lendemain,
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centenaires
Il y a dix ans, pour ses 90 ans,
Pierre et Viviane Lajoumard,
Maylis, Philippe et Baptiste,
Jérôme et Clémentine
souhaitaient
un bon anniversaire à
Marcel LAJOUMARD
« Papou ».
Depuis, Jules et Tessa
sont arrivés et se joignent
à toute la famille pour lui
souhaiter un bon anniversaire
à l'occasion de ses 100 ans.
communications
L'Association des Amis
de Pierre Teilhard de Chardin
propose un colloque
le samedi 27 novembre 2021
de 9 heures à 17 heures,
au Centre Sèvres,
35 bis, rue de Sèvres,
Paris (6e),
Dans notre monde en mutation
Une espérance active
Avec Bernard Perret,
Michel Morange,
Rudolph Biérent,
François Euvé, s.j.,
Marie-Jeanne Coutagne.
Participation à prévoir.
Inscription par mail :
secretariat@teilhard.fr
deuils
Isabelle Fleuriet,
Catherine Ayral,
Cécile Ayral,
ses filles,
ses petits-enfants
et son arrière-petite-fille
ont la grande tristesse
de vous faire part du décès de
Mme Thérèse AYRAL
le mardi 9 novembre 2021,
dans sa 99e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le jeudi 25 novembre, à 10 h 30,
en l'église Sainte-Cécile,
à Boulogne-Billancourt.
ANNIVERSAIRE
Fêtez-les
dans le Carnet du Jour
Téléphone : 01 56 52 27 27
carnetdujour@media.figaro.fr
Champigny-sur-Marne. Paris.
Riom-ès-Montagnes, Le Claux
(Cantal).
M. et Mme
Dominique Bouhours,
M. et Mme Jean Andraud,
ses enfants,
Marie, Pierre, Jérémie
et Quentin,
ses petits-enfants,
ont la tristesse
de faire part du décès de
M. Pierre ANDRAUD
survenu dans sa 96e année.
La messe d'obsèques
sera célébrée
le mardi 23 novembre 2021,
à 14 h 30,
en l'église du Claux (Cantal).
Marie-Thérèse et Agnès
Célérier
ont la tristesse
de faire part du décès de
Pierre CÉLÉRIER
survenu à Paris,
le 17 novembre 2021
dans sa 96e année.
L'inhumation aura lieu
dans l'intimité, au cimetière
du Montparnasse, Paris (14e),
le mercredi 24 novembre.
Toulouse.
M. Philippe Dethieux,
son époux,
M. Jean-Baptiste Dethieux,
son fils,
Chanita, Op, Jeanne
et Gaspard,
ses petits-enfants,
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Mme Henriette DETHIEUX
née Francière,
survenu le 19 novembre 2021,
à Toulouse.
La cérémonie religieuse aura
lieu le mardi 23 novembre,
à 10 heures, en l'église
Saint-Exupère, allée
Jules-Guesde, à Toulouse,
suivie de l'inhumation
dans le caveau familial,
au cimetière de Montaudran.
Martine et René Bard,
Annie et Bernard Chalancon,
Jean-Pierre et Nadine Beuffre,
Christian Beuffre,
Evodie Beuffre,
ses sœurs, frères
beaux-frères et belles-sœurs,
ses neveux et nièces,
Christian Leprette,
son ami,
Jean-Philippe Didier,
Emmanuel Didier,
Jean-Benoît Didier,
Barbara et Jozefa,
ses gouvernantes,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Mme Marie-Régine DIDIER
née Beuffre.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mercredi 24 novembre 2021,
à 10 h 30, en la basilique
Sainte-Clotilde,
rue Las Cases, Paris (7e),
suivie de l'inhumation
au cimetière
de Saint-Marcel-lès-Valence
(Drôme).
Sèvres (Hauts-de-Seine).
Charlotte Farcot-Levesque,
son épouse,
ses enfants,
Bakoly, Lauren, Benoît-Joseph,
leurs conjoints,
Mikael Rouxel,
Bruno Loiseau,
Bérengère Farcot,
et ses 9 petits-enfants
ont la tristesse
de faire part du décès de
M. Patrick FARCOT
survenu le 18 novembre 2021,
à l'âge de 74 ans, à Suresnes.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Romain,
1, rue de l'Église, à Sèvres,
le mercredi 24 novembre 2021,
à 10 h 30.
Mme Jean Housset,
née Madeleine Lereboullet,
son épouse,
ses enfants,
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants
ont la douleur
de vous faire part de la mort de
Jean HOUSSET
ingénieur en chef hors classe
honoraire de la SNCF,
survenue le 19 novembre 2021,
dans sa 93e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le jeudi 25 novembre,
à 14 heures, en l'église
Saint-Joseph, à Blois.
madeleine.housset@orange.fr
Solliès-Pont (Var).
M. et Mme Hubert
Jevardat de Fombelle
et leurs enfants,
M. et Mme Patrick
Darodes de Tailly
et leurs enfants,
M. Philippe
Jevardat de Fombelle
ont la tristesse
de faire part du décès de
Marie
JEVARDAT de FOMBELLE
née Le Proux de la Rivière,
survenu le 18 novembre 2021,
à l'âge de 92 ans.
Claire et Didier Koss,
ses enfants,
Martine Koss-Ruelland,
sa belle-fille,
Arnaud et Anne-Lorène,
ses petits-enfants,
Hadrien et Maxime,
ses arrière-petits enfants,
et Fabien leur père,
ont l'immense tristesse
de vous faire part du décès,
le 18 novembre 2021,
dans sa 107e année, de
Mireille KOSS
veuve du
docteur Armand Koss
Ses obsèques seront célébrées
dans l'intimité familiale,
le mercredi 24 novembre 2021,
à 11 h 15, au cimetière
Sud de Saint-Mandé.
Liliane Luciani,
sa compagne,
Catherine et Thierry
Guillot-Tantay,
André-Jean et Agnès Martinez,
François et Annie Martinez,
ses enfants,
ses 10 petits-enfants
et leurs conjoints,
ses 14 arrière-petits-enfants,
en union avec
Jeannine Martinez (†),
née Ruffin, son épouse,
ont la grande tristesse
de vous faire part du décès du
docteur Claude MARTINEZ
né à Saint-Denis-du-Sig,
département d'Oran,
le 7 septembre 1926.
La cérénomie religieuse
sera célébrée
le mercredi 24 novembre 2021,
à 14 heures, en l'église
Notre-Dame-de-la-Paix,
16, rue Paul-Bert,
à Arnouville-lès-Gonesse
(Val-d'Oise).
La vicomtesse Bernard
de Lesquen du Plessis Casso,
ses enfants,
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants
ont la tristesse
de faire part du décès du
général Bernard de LESQUEN
du PLESSIS CASSO
officier de la Légion d'honneur,
survenu le 19 novembre 2021.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mardi 23 novembre,
à 10 heures. en la chapelle
Saint-Louis de l'École militaire,
à Paris (7e)
(accès direct au 13, place Joffre
en face du palais éphémère
de la biennale).
Une messe aura lieu en
la chapelle de Port-Blanc
(Côtes-d'Armor),
le mercredi 24 novembre,
à 11 heures,
suivie de l'inhumation.
François et Chantal Mellerio,
Olivier et Laure Mellerio,
Jean Louis et Mado Mellerio,
Gonzague et Annick Mellerio,
Chantal et Patrick Boehm,
Sabine et Jacques Pialat,
Bruno et Blandine Mellerio,
Philippe Mellerio,
ses enfants,
ses 23 petits-enfants,
ses 31 arrière-petits-enfants
les familles Mellerio Guibaud,
Berticat, Reynard, Tassinari,
Gamble et Menu
font part du rappel à Dieu de
Mme Emile MELLERIO
née Marguerite Guibaud,
chevalier
de l'ordre du Saint-Sépulcre
de Jérusalem,
décédée le 19 novembre 2021,
dans sa 104e année.
Ils rappellent le souvenir
de son mari,
Emile Mellerio
décédé le 29 mai 1967.
La célébration religieuse
sera célébrée en l'église
Saint-François-de-Sales,
rue Ampère, Paris (17e),
le mercredi 24 novembre,
à 14 h 30.
(Pass sanitaire obligatoire).
L'inhumation aura lieu
au cimetière
de La Férté-Saint-Cyr
(Loir-et-Cher),
le jeudi 25 novembre,
dans l'intimité familiale.
La famille adresse
toute sa reconnaissance
aux religieuses et à tout
le personnel de la Providence,
à Paris, pour leurs soins
et leur dévouement.
77, rue des Martyrs,
75018 Paris.
Colombes (Hauts-de-Seine).
Mme Sophie Le Dain-Moine,
son épouse,
Romain et Gabrielle,
ses enfants,
ont la tristesse
de faire part du décès de
Yves MOINE
Institut national agronomique
Paris-Grignon 80,
survenu le 15 novembre 2021,
à Paris.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église du Sacré-Cœur,
360, rue Gabriel-Péri,
à Colombes, le mardi
23 novembre 2021, à 10 h 30.
Ni fleurs ni couronnes,
des dons à l'Institut Curie.
Saint-Germain-en-Laye
(Yvelines).
Jean-Yves et Sylvia Ravinet,
Béatrice et Christophe
Camaret,
Philippe et Emilie Ravinet,
Antoine Ravinet
et Camille de Vathaire,
Bertrand et Nathalie Ravinet,
Sébastien et Nadia Ravinet,
ses petits-enfants,
ses arrière-petits-enfants
ont la douleur
de faire part du décès de
Denise RAVINET
née Naville,
survenu le 15 novembre 2021,
à l'âge de 91 ans,
à Saint-Germain-en-Laye.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Joseph,
à Sartrouville (Yvelines),
le mercredi 24 novembre,
à 10 h 30.
L'inhumation aura lieu
le jeudi 25 novembre,
au cimetière
de La Baule-Escoublac,
à 10 h 45.
8, rue Voltaire,
78100 Saint-Germain-en-Laye.
lundi 22 novembre 2021
19
Aiguebelle (Gard).
Gilles et Béatrice Palatan,
Isabelle et Olivier Harnichard
avec leurs enfants,
Thierry, Dominique, Patrice,
Marie, Sylvia Lombard
avec leurs enfants,
les familles Palatan, Lombard,
Bosc et Leenhardt
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Cultiver
Daniel PALATAN
survenu le 14 novembre 2021,
à l'âge de 90 ans.
sa liberté,
Les obsèques ont eu lieu
dans la stricte intimité
familiale.
c’est cultiver
« Maintenant, Seigneur,
tu laisses ton serviteur
s'en aller en Paix. »
Luc 2, 29.
sa curiosité.
Douvres-la-Délivrande
(Calvados).
La supérieure générale
et les sœurs de
Notre-Dame de Fidélité,
Jean Marie et Nathalie
de Jacquelot du Boisrouvray,
Claude et Sylvie
de Jacquelot du Boisrouvray,
Gilles et Myriam
Sepulchre de Condé,
Yves et Bertrade
Sepulchre de Condé,
Etienne (†) et Hélène
Sepulchre de Condé,
Didier et Karine
Sepulchre de Condé,
Laurent et Adeline
Sepulchre de Condé,
Vincent et Agnès
Sepulchre de Condé,
Christophe et Hélène
Sepulchre de Condé,
ses nièces et neveux,
ses 79 petits-neveux
et arrière-petits-neveux, Recevez Le Figaro chaque jour et
toute sa famille
ses magazines le week-end.
vous font part de l'entrée
dans la Vie de Accédez aux versions numériques
Anne Marie du journal, des magazines et
SEPULCHRE de CONDÉ
en religion
des hors-séries culturels ainsi
sœur Marie qu’à l’application Jeux.
du Saint Nom de Jésus
chevalier
de l'ordre national du Mérite,
le 16 novembre 2021,
à l'âge de 94 ans,
dans la 73e année
de sa profession religieuse.
239€ 6pour
La célébration eucharistique
et l'inhumation auront lieu
à la Délivrande, Maison-Mère,
le mardi 23 novembre, à 15 h 30.
mois
au lieu de 528,40 €
On nous prie d'annoncer
le rappel à Dieu de
Florence TARI
née Thibout,
le lundi 8 novembre 2021, La culture de la liberté depuis 1826
dans sa 77e année.
La messe d'enterrement
a été célébrée
ABONNEZ-VOUS
dans l'intimité familiale,
par le père Gaëtan Joire,
à Rougemont (Suisse),
le samedi 13 novembre.
AU FIGARO
De la part de :
Pierre Jean Nicolas Tari,
son époux, À renvoyer dans une enveloppe affranchie à :
ses enfants,
LE FIGARO ABONNEMENT
Guillaume et Soledad Tari, 45 avenue du Général Leclerc 60643 CHANTILLY CEDEX
Benoît et Cristina Tari,
Louis et Kriti Tari,
ses petits-enfants,
OUI, je m’abonne à la Formule CLUB pour 239€
Charles, Gabriel, Augustin, au lieu de 528,40€, soit 55% de réduction. Je reçois
Alienor, Rodrigue, Clovis
et Anandayi. pendant 6 mois Le Figaro du lundi au samedi,
accompagné des cahiers thématiques et des
magazines du week-end. J’accède à leurs versions
numériques et aux hors-séries culturels ainsi qu’à
remerciements
l’application Jeux.
Mme Nicolas Parisot, Nom :
née Sophie Lecomte,
son épouse, Prénom :
ses grands-parents, Adresse :
ses parents,
ses beaux-parents,
Code postal : Ville :
ses frère et sœur,
Tél. :
ses beaux-frères, belles-sœurs
et neveux,
Pour accéder aux versions numériques, il est indispensable de
compléter votre adresse mail :
très touchés
des marques de sympathie E-mail :
qui leur ont été témoignées
en majuscules
lors de la mort accidentelle de
Nicolas PARISOT
Je joins mon règlement par : Date et signature :
vous prient de trouver ici,
leurs sincères remerciements. Chèque bancaire ou postal
à l’ordre du Figaro
CB N°
messes Expire fin : FAP2102
Une messe sera célébrée Offre France métropolitaine réservée aux nouveaux abonnés valable jusqu’au
le mardi 23 novembre 2021, 31/12/2021. Les informations recueillies sur ce bulletin sont destinées au
à 19 heures, en la crypte Figaro, ses partenaires commerciaux et ses sous-traitants, pour la gestion
de la chapelle Notre-Dame-
du-Saint-Sacrement, de votre abonnement et à vous adresser des offres commerciales pour des
20, rue Cortambert, produits et services similaires. Vous pouvez obtenir une copie de vos don-
à Paris (16e), nées et les rectifier en nous adressant un courrier et une copie d’une pièce
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souhaitez pas recevoir nos promotions et sollicitations, cochez cette case ❒.
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née Alix de Simard de Pitray, tenaires commerciaux pour de la prospection postale, cochez cette case ❒.
Nos CGV sont consultables sur www.lefigaro.fr
rappelée à Dieu le 15 août 2021.
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
20 champs libres
EnquêtE
À la Guillotière, dans le 7e arrondissement de lyon, une opération de police s’est déroulée vendredi, place Gabriel-péri en présence du maire eelV, Grégory Doucet.
En plein centre de Lyon,
la Guillotière livrée aux trafiquants
Nicolas Daguin
£@NicolasDaguin
M
«
a nièce, qui est encein-
te de huit mois, s’est
pris un coup de bâton
sur la tête il y a trois
semaines. Deux types
voulaient lui voler son
sac, et comme elle ne
s’est pas laissé faire, ils l’ont frappée. » Cette habi-
tante de la Guillotière, en plein centre de Lyon,
dans le septième arrondissement, se désole de
l’insécurité qui a gagné son quartier. « Les clients
viennent de moins en moins et je les comprends.
Pourquoi prendre le risque de se faire agresser à
n’importe quel coin de rue quand on peut aller
ailleurs ? » abonde Jacques, commerçant depuis
une dizaine d’années à deux pas de la place Ga-
briel-Péri, au cœur de la Guillotière. Ici le super-
marché Casino ferme ses portes à 17 heures au lieu
de 20 h 30, une fois passée la deuxième ronde ri-
tuelle de la police municipale. Le McDonald ne sert
plus en salle pour se protéger des violences. Le ke-
bab en face de la station de tramway s’est littérale-
ment barricadé, les commandes sont prises exclu-
sivement à la fenêtre.
« La Guill » est un endroit où « il ne faut être que
de passage », glisse un policier lyonnais rompu aux
interventions dans le secteur. Pour beaucoup de
riverains, le contournement de l’enclave Gabriel-
Péri est devenu une évidence. Pourtant, seuls un
pont et quelques centaines de mètres séparent le
lieu de l’emblématique place Bellecour. « Un pont-
levis », s’amusent certains. Il y a quelques mois
déjà, la maire écologiste de l’arrondissement, Fan-
ny Dubost, elle-même reconnaissait qu’il lui arri-
vait « de faire un détour » pour éviter le secteur.
Si la police, tant municipale que nationale, ef-
fectue régulièrement des descentes massives et
multiplie les rondes quotidiennes, elle est bien in-
capable de maîtriser l’afflux permanent d’indivi-
dus qui vont et viennent pour s’adonner aux tra-
fics de drogue, de cigarettes, de médicaments et
marchandises diverses. À défaut de pouvoir chan-
ger la donne, les hommes en bleu constatent, tra-
versant à pied ou en voiture la foule, dans la quasi-
indifférence des marchands clandestins. Trois
petits tours et puis s’en vont.
Violence décomplexée
La Guillotière n’est pas inscrite sur la liste des
80 zones de sécurité prioritaire françaises, pour-
tant elle est devenue une « zone de tous les droits »,
déplore Nathalie Balmat, la présidente du collectif
de riverains en colère. Au pied des immeubles an-
ciens, la rue présente toutes les caractéristiques
d’une « banlieue chaude » d’aujourd’hui. Les ha-
bitants s’interrogent sur la réalité des commerces :
« Ces fameux coiffeurs afros que vous voyez un peu
A
partout sont en fait des bars clandestins. On s’y prê-
te à toutes sortes de trafics jusqu’au bout de la nuit,
Joël PHIlIPPoN/PHoToPQR/lE PRoGRES/MAXPPP
Violences, trafics, explique l’un d’eux. Sérieusement, qui va se faire
couper les cheveux à trois heures du matin ? »
bagarres, vols, coups
Plusieurs centaines d’individus, dont beaucoup
ne parlent pas français, s’amassent chaque jour
autour de la station de tramway Guillotière-Ga-
de feu … L’insécurité s’est
briel-Péri. Des mineurs, isolés pour beaucoup, ve-
nus d’Afrique et d’Europe de l’Est. Des jeunes qui
installée au cœur du « n’ont rien à perdre puisqu’ils ont déjà connu l’enfer
dans leur pays », juge un restaurateur installé de
quartier lyonnais. Malgré longue date. Sur les mille interpellations effectuées
par les policiers lyonnais depuis le 1er janvier, envi-
la volonté affichée ron 40 % concernaient des mineurs, selon des chif-
fres de la préfecture du Rhône. Certains de ces jeu-
des pouvoirs publics nes garçons arpentent, erratiques, la place du Pont -
l’autre nom donné à la place Gabriel-Péri -, quand
d’enrayer le fléau, d’autres attendent, immobiles. La plupart évoluent
par groupes de deux ou trois. « C’est de ces mecs-là
les commerces ferment
qu’il faut se méfier », lâche un commerçant du cours
Gambetta. Trafiquants d’opiacés pour la plupart, ils
sont aussi les premiers consommateurs de leur mar-
leurs portes chandise. Ils sont complètement shootés dès le matin.
Ils prennent des espèces de pilules, “la Mère Coura-
et les riverains perdent ge”, comme ils l’appellent. Ça les rend agressifs et in-
contrôlables », abonde le même commerçant. En
espoir. plus d’un marché informel, la Guillotière est ainsi
devenue le théâtre d’une violence décomplexée. Les
vols de téléphone se font au couteau, les bagarres
sont fréquentes et les comptes se règlent à coups de
feu et aux tirs de mortiers d’artifice. Le tout sous
l’œil impassible des caméras de vidéosurveillance
2 km
qui quadrillent la zone.
Il ne fait pas bon non plus être une femme à la
Guillotière. « Quand ce ne sont pas les regards pe-
sants et les sifflements, ce sont les insultes, les mains
aux fesses et parfois les agressions… Évidemment
qu’il ne faut pas s’arrêter à Gabriel-Péri, c’est du
e bon sens. Surtout la nuit. Ça ne sert à rien de tenter
ôn Vaulx-en- le diable », lâche une passante.
Rh
e
Velin Si cet état de fait n’est pas tout à fait nouveau - la
n
Saô
IVe Guillotière est historiquement une porte d’entrée
IXe dans Lyon et un quartier connu pour sa petite dé-
Ier VIe
linquance -, il est exacerbé depuis la crise du Co-
La Guillotière vid-19, constatent les habitants. Dans un rayon de
V e
Villeurbanne
IIe IIIe deux cents mètres autour de la place du Pont, la
VII e saleté se retrouve partout. Les plantes des bacs à
fleurs ont laissé place à des tas d’immondices qui
Lyon VIIIe font le régal des corbeaux. « Square Mazagran,
c’est carrément des seringues que l’on retrouve, re-
late Nathalie Balmat. C’est notre “Stalincrack’’ à
nous. » Autrefois cosmopolite, le quartier est de-
Infographie
venu malsain et méphitique par endroits.
Que font les autorités ? Depuis des mois, riverains
et commerçants supplient la mairie de leur venir en
aide, en instaurant notamment une présence poli-
cière permanente à Gabriel-Péri. « Les petits ven-
On s’en fiche qu’il y ait des renforts
d’effectifs ponctuels, comme on a pu
l’entendre. Dès que le chat s’en va,
»
les souris se remettent à danser
un rivErain
deurs, ce sont des piétons. On en arrête dix, il y en a
dix autres qui reviennent. Il faut leur rendre la vie im-
possible. Il ne faut pas que ce soit une bonne affaire de
venir ici », s’insurge un habitant. La mairie de Lyon,
avec à sa tête l’écologiste Grégory Doucet depuis
juillet 2020, promeut-elle des actions « durables »
sur le plan social et urbain. En 2022, la place Ga-
briel-Péri sera par exemple entièrement équipée en
pissotières, pour limiter les épanchements d’urine
sur la voie publique. Autre action envisagée : la pié-
tonnisation d’une partie du quartier et la création
de traversées piétonnes. « De quoi élargir le marché
du trafic », s’étrangle un riverain. « Ils sont à côté de
la plaque. À part gaspiller l’argent public, concrète-
ment, on fait quoi ? », s’interroge Nathalie Balmat.
« Il faut arrêter de mettre des paillettes sur un tas
d’ordures », renchérit une habitante engagée dans
le milieu associatif de « la Guill ».
Il a toutefois suffi d’un coup de projecteur des
médias locaux et nationaux pour qu’en quelques
jours l’édile de Lyon fasse de la Guillotière son
nouveau cheval de bataille. Deux actions « coup de
poing » mobilisant quelque 130 policiers ont été
diligentées en une semaine. Prenant au pied levé la
place de son adjoint en charge de la sécurité Mo-
hamed Chihi face aux micros, Grégory Doucet
s’est rendu sur place lors de la deuxième interven-
tion, vendredi après-midi, aux côtés du préfet et
du procureur de la République. L’occasion pour les
trois figures d’autorité d’offrir à la presse une
conférence minutieusement coordonnée.
116 mineurs incarcérés
Des moyens « quotidiens » et « significatifs » sont
déployés pour gérer la situation à la Guillotière, a
ainsi répète le préfet Pascal Mailhos, rappelant que
350 opérations de police ont été réalisées depuis le
début de l’année, soit « plus d’une par jour ». Le
procureur de la République de Lyon Nicolas Jacquet
vante quant à lui « une autorité judiciaire mobili-
sée ». Le magistrat fait savoir que 482 mineurs ont
été déférés devant le juge des enfants depuis le pre-
mier janvier et que 116 ont été incarcérés. « On est
loin de cette notion d’impunité. La justice est là pour
juger des faits, un profil, un parcours », insiste-t-il.
Et de faire l’éloge d’un groupe local de traitement
de la délinquance (GLTD) créé en janvier 2021 dans
le but « de répondre aux problématiques spécifiques
d’insécurité et de délinquance constatées place Ga-
briel-Péri ». Enfin, Grégory Doucet réitère ses pro-
jets de transformation du quartier. Des « travaux »
vont être entamés « à partir de janvier 2022 pour re-
travailler l’aménagement urbain de cette place », an-
nonce-t-il. « Ça va bouger ! », veut-il croire.
Las, malgré cette volonté affichée des pouvoirs
publics d’enrayer le fléau de l’insécurité à la Guillo-
tière, dès le lendemain de l’opération « coup de
poing », les habitudes reprennent sur la place Péri.
Dealeurs, drogués, vendeurs à la sauvette : tous sont
au rendez-vous, qui à côté de son arbre, qui à côté
de son mur, qui à côté de sa vitrine habituelle. « On
s’en fiche qu’il y ait des renforts d’effectifs ponctuels,
comme on a pu l’entendre. Dès que le chat s’en va, les
souris se remettent à danser ! Encore et encore », se
désespère un riverain. Et la police de reprendre ses
rondes, en attendant la prochaine descente… ■
 lundi 22 novembre 2021

champs libres
le figaro

Politique 21

Métamorphose de la Sarthe électorale

séRIE (1/6)
Jacques Chirac s’imposait à Saint- gourmande en main-d’œuvre. à Ruaudin (à 10 kilomètres du Mans),
Jérôme Fourquet Mars-d’Outillé, historiquement la D’autres travaux permettent d’attester où jadis il « n’y avait point de pain »,
Directeur du département commune la plus gauche du canton ! Le la persistance de ce clivage religieux contre 1 510 euros à Téloché (à 17 km
Dans « La France opinion et stratégies
d’entreprise de l’institut
brouillage des repères s’accélérera en
2017, les communes les plus proches
jusqu’au début des années 1990. Jean-
René Bertrand relevait pour l’année
du Mans), où « les greniers étaient
pleins » et seulement 1 360 euros à
de sondages Ifop
sous nos yeux », du Mans optant massivement pour Em-
manuel Macron, quand les communes
1993, une plus forte proportion d’élè-
ves scolarisés dans l’enseignement pri-
Saint-Ouen-en-Belin, pourtant au
cœur du fertile terroir du Belinois, mais
Jérôme Fourquet et Jusqu’en 1981, l’effet les plus éloignées accordaient de
meilleurs scores à Marine Le Pen.
vé et d’enfants catéchisés dans le Beli-
nois que dans le reste du canton ou les
distant de 22 km du Mans.
Cette variable de la distance au Mans
d’un « traumatisme
Jean-Laurent Cassely historique »
À l’instar de Siegfried, Bois fait aussi
rentrer en ligne de compte le facteur
communes voisines. Mais depuis, le
déclin accéléré de la pratique religieuse
influe également sur la sociologie des
communes. Tout cela joue in fine sur
ont mis en Dans sa remarquable étude consacrée
à l’ouest de la France, André Siegfried
géologique. Le Belinois est un pays de
marnes jurassiques sur lesquelles la lu-
a arasé ce vieux clivage. les votes. Lors du second tour de
l’élection présidentielle de 2017, la li-
perspective les avait été frappé au début du XXe siècle
par certaines permanences électorales.
crative culture du chanvre était possi-
ble, alors qu’autour de cet îlot géologi-
le nouvel enJeu gne de clivage n’opposait plus les com-
munes de l’ouest et de l’est du canton,
de la distanCe
mutations que notre Parmi les territoires qui avaient retenu
l’attention du père de la science politi-
quement favorisé, les sols sableux et
lessivés n’offraient que de maigres par rapport au mans
comme pendant près de deux siècles ;
mais le nord du canton, densément
pays a connues que française, figure le Belinois, petit
terroir agricole situé dans le canton
rendements et ne permettaient pas la
culture du chanvre. Les communes du
Le chef-lieu du canton, Écommoy,
compte deux kebabs, un salon de ta-
peuplé, intégré à la couronne périur-
baine mancelle ayant massivement
depuis le milieu sarthois d’Écommoy, au sud-est
du Mans. Siegfried notait qu’il s’agis-
Belinois étaient peuplées de paysans
qui vivaient relativement bien de leurs
touage et une microbrasserie (là où l’on
produisait du cidre). Des cours de danse
opté pour Emmanuel Macron, aux
communes du sud, plus éloignées de
des années 1980. sait d’un îlot conservateur entouré de
communes votant à gauche, la frontiè-
productions, alors que les conditions
d’existence étaient plus précaires dans
country sont proposés à Saint-Ouen-
en-Belin et la commune de Saint-
l’agglomération, moins densément ha-
bitées, plus modestes et plus lepénis-
De cette grande re passant au milieu du canton, oppo-
sant « villages blancs » et « villages
les communes voisines. Ce clivage so-
ciologique opposait également des vil-
Mars-d’Outillé abrite l’association
Cheyenne Band Country. Dans la Sar-
tes. Alors que, dans ce terroir, la géo-
graphie électorale était restée
métamorphose bleus » (puis « rouges »).
Poursuivant à cinquante années d’écart
lages agricoles du Belinois vivant de
manière relativement fermée et des
the d’après, le canton d’Écommoy est
passé du souvenir de la chouannerie à la
immuable pendant deux siècles, les
transformations intervenues depuis le
est né ce qu’ils ont l’œuvre pionnière de Siegfried, l’histo-
rien Paul Bois s’était lui aussi penché
villages de l’est du canton, plus fré-
quemment en contact avec la popula-
pratique de la country.
Comme ailleurs, le nombre d’exploita-
milieu des années 1980 ont complète-
ment rebattu les cartes et fait voler en
appelé « la France sur la Sarthe. De même que, trente ans
plus tard, la géographe sarthoise Jeanne
tion urbaine à travers les commer-
çants, qui achetaient la toile produite
tions agricoles a très fortement diminué
et la désindustrialisation a frappé. En
éclat le vieux cadastre siegfriedien. ■

d’après ». Pour Dufour. Tels des carottages glaciaires,

les travaux de Siegfried (1913), Bois
par les tisserands. Cette ouverture per-
mit une plus grande pénétration des
novembre 2012, la scierie Belipa, entre-
prise centenaire et principal employeur TABLEAUX POLITIQUE
« Le Figaro », Jérôme (1960) et Dufour (1987) nous permet-
tent de suivre l’histoire politique de ce
idées « progressistes » puis révolution-
naires dans ces communes que dans le
d’Écommoy, fermait ses portes avec
118 licenciements à la clé. Trois ans plus
DE LA FRANCE QUI VIENT
Fourquet poursuit canton sarthois, de la Révolution fran-
çaise au début des années 1980. Bois
Belinois. « Chouans des pays du chan-
vre, républicains des pays de la toile »
tôt, la Cergo, petite usine de papeterie-
cartonnerie, employant une trentaine
retrouveZ :
ce travail à travers rappelle qu’en 1795, un des premiers
raids des chouans venant de l’ouest de
(Bois).
Le facteur religieux rentrait également
de personnes, avait elle aussi périclité.
L’Hyper U et ses 150 salariés consti-
2/6 - le ps ne règne plus
sur la nièvre mitterrandienne
six monographies la Sarthe vise le village de Saint-Mars-
d’Outillé (partie est du canton d’Écom-
dans l’équation. Les communes du Be-
linois étaient très catholiques, alors que
tuent désormais le poumon économi-
que de la commune. Écommoy compte
Mardi 23 novembre

qui illustrent les moy). Nous avons là une illustration du

concept, forgé par Bois, de « traumatis-
les villages avoisinants furent précoce-
ment déchristianisés. La limite ouest
également une très importante conces-
sion automobile, signe de la place cen-
3/6 - la seine-saint-denis ou la
dislocation de la banlieue rouge
bouleversements me historique ». Cette ligne de front tra-
versant le canton d’Écommoy a perdu-
des cantons « républicains » tracée par
Siegfried se superpose avec la ligne de
trale qu’occupe la voiture dans le mode
de vie de la population locale. La varia-
Mercredi 24 novembre

électoraux qui ré pendant près de deux siècles…

Jeanne Dufour a mis en évidence que les
démarcation entre la zone où le pré-
nom Marie était fréquemment donné et
tion du prix des carburants est aussi
sensible que l’était celui du blé sous
4/6 - la Corse : le crépuscule
des clans
en découlent. communes du Belinois, hostiles à la Ré-
publique pendant la Révolution puis à la
celle où il était plus rare. Mais cette
carte montre également que le prénom
l’Ancien Régime. Et quand le gouver-
nement annonça en novembre 2018
Jeudi 25 novembre

Premier volet : le gauche au XIXe siècle et au début du

XXe, n’accordèrent que de faibles sco-
terroir du Belinois, res aux candidats du Front populaire en
1936, alors que les communes voisines
dans la Sarthe. penchaient nettement plus à gauche.
Spectaculaire exemple des permanen-
ces électorales, cette singularité beli-
noise s’observait encore quarante-cinq
ans plus tard, lors de l’élection prési-
dentielle de 1981.
Sarthe
Clivages géologiques,
soCiologiques
et religieux
Mais cette géographie immuable va être
profondément chamboulée. Lors du se-
cond tour de la présidentielle de 1995,
Lionel Jospin vira en tête dans plusieurs
communes du Belinois (Saint-Biez-en-
Belin, Saint-Ouen-en-Belin, Saint-
Germain-en-Belin) et, inversement,
Marie était fréquemment donné dans
les communes du Belinois, qui appa-
raissent comme un isolat catholique se
distinguant du reste du canton
d’Écommoy et des communes avoisi-
nantes. Le clivage religieux déjà obser-
vé au moment de la Révolution était
donc encore actif au début du XXe siè-
cle, comme en atteste la prévalence
plus ou moins forte du prénom Marie.
Au début des années 1950, le géogra-
phe Jean Bienfait constatait encore une
plus forte pratique religieuse dans ce
terroir : « Dans le Belinois, 40 % des
hommes font leurs Pâques et une parois-
se telle que Saint-Gervais fournit 12 prê-
tres et séminaristes au diocèse. » Le
géographe notait également une rela-
tion entre la forte imprégnation catho-
lique et la natalité élevée dans cette
partie du canton, ces bras nombreux
étant utiles pour la culture du chanvre,
une hausse des taxes sur les carburants,
le canton d’Écommoy se caractérisa par
5/6 - le palimpseste alsacien
Vendredi 26 novembre
une forte participation au mouvement
des « gilets jaunes ». 6/6 - somewhere et anywhere
Terroir historiquement agricole, Écom-
moy et son canton sont devenus des
hexagonaux
Samedi 27 novembre
communes dortoirs de la grande péri-
phérie mancelle, que de nombreux ha-
bitants quittent quotidiennement pour
aller travailler. Jadis, la valeur du fon-
cier était directement indexée sur la
fertilité des sols et sur les rendements
■ la france
sous nos yeux
agricoles. « À Ruaudin, disait un dicton,
n’y a point de pain, à Brette, une miette, de Jérôme Fourquet
à Téloché, plein le grenier. » Cette hié- et Jean-Laurent
rarchie a été totalement inversée, car Cassely
SeuIl, 496 p., 23€.
désormais les prix du mètre carré va-
rient non plus en fonction de la qualité
des terres agricoles mais de la distance
au Mans. Selon le site meilleursa-
gents.com, le prix du mètre carré était
ainsi, en décembre 2020, de 1 730 euros
+@ » Retrouvez la version intégrale
sur le Figaro Premium
www.lefigaro.fr

1 Élection de 1936, un archétype 2 ... et lié à un fort ancrage 3 ... qui perdure jusqu’en 1981...
électoral hérité de la Révolution... conservateur et catholique... SCORES CUMULÉS DES CANDIDATS
SCORE DES CANDIDATS COMMUNISTES, SFIO ET RADICAUX DE GAUCHE LORS DE GAUCHE LORS DU 1ER TOUR DE
PROPORTION DE MARIE PARMI Absence d'information LA PRÉSIDENTIELLE DE 1981,
DES LÉGISLATIVES DE 1936, en % des exprimés
LES NOUVEAU-NÉES Limite des cantons « républicains » en % des exprimés
Plus de 60 PAR COMMUNE (1893-1903) déterminée par Siegfried
Plus de 50
De 52 à 58 Plus de 25 Limite du canton d’Écommoy
De 45 à 49
De 42 à 48 De 20 à 25
De 40 à 44
- 37 - De 15 à 20
Le Mans D’après Jeanne Dufour
De 27 à 33 De 10 à 15
Moins de 25 De 5 à 10
D’après Jeanne Dufour Moins
de 5 Mamers
Marnes jurassiques
du Belinois
Limite du canton
d’Écommoy
4 ... avant de s’effacer et
Mulsanne Brette-
les-Pins
La Ferté-
Bernard
de se métamorphoser
Moncé- SCORES AU PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE
en-Belin en % des exprimés
Téloché
St-Gervais- LIONEL JOSPIN EN 1995 MARINE LE PEN EN 2017
St-Mars-
en-Belin d’Outillé Plus de 60 Plus de 50
Laigné-
en-Belin De 55 à 60 De 44 à 50
De 50 à 55 De 40 à 44
St-Ouen- Le Mans
Moins de 50 Moins de 40
en-Belin
St-Biez- Écommoy Marigné-
en-Belin Laillé
Sablé-
sur-Sarthe

D’après Jeanne Dufour

Château-
La Flèche du-Loir
A

Infographie 3 km 10 km Source : Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, La France sous nos yeux. Economie, paysages, nouveaux modes de vie, Le Seuil
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
22 champs libres
Débats
entretien
Christophe
Guilluy
À quelques mois de
l’élection présidentielle,
Christophe Guilluy,
révélé par « Fractures
françaises », dresse
un tableau du paysage
politique et social actuel.
Celui-ci n’a, selon lui,
pas beaucoup changé
depuis 2017. pour le
géographe, le grand
clivage de notre époque
demeure l’opposition
entre la France
périphérique, qui
rassemble les perdants
économiques et
culturels du modèle
globalisé, et la France
des grandes métropoles,
composée par
les gagnants de
la mondialisation.
emmanuel Macron
reste le champion
incontesté de ces
derniers, tandis que
Marine le pen
et Éric Zemmour
se disputent les classes
moyennes et populaires.
À eux deux,
ils représentent un bloc
électoral d’au moins
35 %, note Guilluy.
s’il constate que
celui-ci peine
à trouver un débouché,
le géographe note
cependant sa solidité
et sa détermination.
Continuer à ignorer
ses aspirations ne peut
que conduire à une
impasse politique.
Fabien ClaireFond
A
« On nous fait craindre depuis trente ans
le retour du fascisme : c’est du théâtre ! »
PROPOS RECUEILLIS PAR
AlexAnDre Devecchio
£@alexDevecchio
LE FIGARO. - À quelques mois
de l’élection présidentielle, comment
appréhendez-vous la situation
politique actuelle ?
Christophe GUILLUY. - Au fond, il ne
s’est pas passé grand-chose depuis 2017.
Nous avions fait une interview sur le duel
Macron-Le Pen où je disais que c’était un
clivage chimiquement pur : classes po-
pulaires contre CSP+, métropole contre
France périphérique. Tout cela n’a abso-
lument pas changé. Le noyau de l’électo-
rat de Macron est toujours constitué des
bourgeoisies de droite et de gauche, des
boomers, des retraités, des gens intégrés.
Et pour cause, c’est le seul candidat qui
défend le modèle économique et culturel
de ces vingt dernières années. Par consé-
quent, l’électorat qui va le suivre est celui
qui est intégré à ce modèle, en bénéficie
ou en est protégé, comme les retraités par
exemple. Partant de là, il bénéficie d’un
socle hypersolide, avec ces 25 % qui ne
bougent pas depuis son élection.
En face, il y a les désaffiliés, ceux qui ne
sont plus intégrés économiquement, ce
qu’on appelait hier la classe moyenne.
Ces derniers sont, selon vous, en révolte
contre le modèle existant. Pourquoi ?
La division internationale du travail est le
point de départ d’une crise culturelle, so-
ciale, économique et géographique. Le
travail est parti en Chine, en Inde et par-
tout dans le monde.
Mais cette question de délocalisation
n’est pas seulement économique. Ce que
les tenants de l’économisme n’ont tou-
jours pas compris, c’est que les classes
populaires et moyennes, non seulement
étaient le ressort du modèle économique
(ils portaient le modèle économique et
social, ils finançaient l’État-providence
par leur travail), mais ils portaient égale-
ment un mode de vie majoritaire qui était
la référence culturelle pour la classe poli-
tique, le monde culturel et les nouveaux
arrivants.
La question de l’intégration et de l’assi-
milation n’est pas une question abstraite
à laquelle il suffirait de répondre par :
« réaffirmons les valeurs républicaines ».
Si c’était le cas, on n’aurait pas exacte-
ment la même question posée en Suède,
en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou
aux Pays-Bas. Tous ces pays ont des mo-
dèles et des valeurs complètement diffé-
rents qui aboutissent exactement au
même résultat : crise identitaire, cultu-
relle, qui balaye tout l’Occident. Cette
crise est donc liée à un phénomène éco-
nomique et culturel qui est la fin de la
classe moyenne occidentale.
Cette classe moyenne est-elle en train
de disparaître ?
Les gens ne disparaissent pas, ils sont en-
core là mais ne représentent plus un mo-
dèle attractif (non seulement pour
l’intelligentsia, mais aussi pour
les nouveaux arrivants). On
peut discutailler du sexe des
anges à l’infini sur ces
questions d’intégration.
Tant qu’on n’aura pas in-
tégré et réintégré éco-
nomiquement la ma-
jorité, il est vain
d’aborder ces sujets.
Quand on débarque d’un pays étranger,
quelle que soit sa culture, on observe son
voisin et on est prêt à s’assimiler seule-
ment si son mode de vie paraît attrayant.
Si l’autochtone a un travail et qu’il est
respecté culturellement - deux condi-
tions qui ont explosé dans les années 1980
-, alors il serait naturel que le nouvel ar-
rivant se conforme à ce mode de vie.
Malheureusement, les classes moyennes
et populaires ne sont plus intégrées éco-
nomiquement et géographiquement ni
respectés par le monde politique et le
monde culturel. L’essentiel des précep-
teurs d’opinion considère ces catégories
comme des losers, des « déplorables ».
Quand on débarque de l’autre bout du
monde, et qu’on nous dit que notre voisin
est raciste, à moitié débile, à fond dans la
consommation, son objectif de vie étant
de bouffer et de regarder la télé, on ne va
pas épouser ses valeurs.
«
l’essentiel des précepteurs d’opinion
considère les classes moyennes
et populaires comme des losers,
des « déplorables » » Blancs ».On ou-
Le chantier pour les trente ans à venir est
de savoir comment réintégrer la majorité
de la population. Ils n’ont plus leur place
dans le modèle économique qui compte
symboliquement, celui des grandes mé-
tropoles, de la globalisation économique.
Si le projet politique, économique et
culturel de demain n’est pas la réintégra-
tion de ces populations encore majoritai-
res, alors il est inutile de parler d’intégra- la diversité à la manière des publicitai-
tion, d’assimilation ou que sais-je
encore. C’est un sujet perdu d’avance si
l’on ne s’intéresse pas à ce qu’est intrin-
sèquement une société.
Y a-t-il une volonté politique
de réintégrer ces catégories ?
L’impasse politique du moment c’est
qu’on a un monde politique et médiati-
que qui ne veut pas lâcher le modèle des
grandes métropoles et de la globalisation
économique. Ils nous expliquent depuis
le Covid qu’il est possible de concevoir
qu’ils soient allés trop loin sur le libre-
« l’arrivée de Csp+ par exemple
échange. La main sur le cœur, ils ont
honte de détruire la planète. Je dis tou-
jours que la première mesure écologique
est d’arrêter de faire venir des produits
de Chine en cargo. Or les écolos ne sont
pas en faveur de la fin du libre-échange.
Le gros problème, c’est que les constats
sont faits, les diagnostics sont posés, mais
nous sommes dans un moment religieux
où il est impossible d’abandonner le dog-
me du libre-échange. Cela crée des poli-
tiques à la petite semaine, c’est-à-dire un
peu de péréquations, des politiques très
catégorielles, morcelées. Cette représen-
tation morcelée de la société empêche de
mener des réflexions sur le devenir de la
population majoritaire.
Mais la France n’est-elle pas réellement
de plus en plus morcelée ?
Pour les tenants du modèle actuel, l’un
des éléments les plus importants est de
déconstruire l’idée même d’une majori-
té, car cela leur permet de s’extraire des
conditions de la démocratie. Il n’y a plus
besoin d’être en démocratie s’il n’existe
que des minorités. Les élites entrepren-
nent ainsi une gestion des représenta-
tions. C’est ce que j’appelle la « netflixi-
sation ». Netflix crée des séries en
s’attachant à des panels. Il s’agit de créer
une narration qui va satisfaire une caté-
gorie spécifique. Toute la classe politi-
que est là-dedans, alimentée par Netflix
et Hollywood. Nous sommes aujour-
d’hui dans la lutte entre un monde fic-
tionnel et une réalité existentielle.
C’est pourquoi, quand on décrit
la France comme un pays
anomique, dispersé, en
perte de valeur, cela me
crispe. Il suffit de dis- métropoles-France périphérique. Les
cuter avec des gens
pour voir que ce
qu’ils veulent est contestation populiste, et Zemmour,
très précis. Ils
sont majoritai-
rement attachés
à leur territoire, bourgeoisie qu’il appelle « bourgeoisie
hyperattachés au
fait que l’État-
providence est lié
au travail. Ils veu-
lent juste préserver
leur mode de vie. Les
gens n’ont pas bougé
d’un iota. Quand on
s’étonne du potentiel électoral des po-
pulistes, pour ma part, je suis avant tout
surpris qu’on s’en étonne. Il y a une per-
manence, une rationalité, une solidité
qui dit tout le contraire d’une représen-
tation d’une France anomique, atomi-
sée, etc. Ces gens n’ont pas encore trou-
vé un débouché politique. Mais ils ont
tout à fait conscience de la fragilité de
leur existence. Les trois insécurités :
physique, sociale, culturelle, ils les vi-
vent. Il y a une mécanique que j’appelle
le soft power des classes populaires. La
question de l’immigration, par exemple,
pourquoi ressurgit-elle ? Ces questions-
là sont présentes au plus profond des
classes populaires quelles que soient
leurs origines. La question de la régula-
tion des flux migratoires travaille tout
autant les Français d’origine maghrébi-
ne ou africaine que ce qu’on appelle de
manière condescendante les « petits
Blancs ».
Les « gilets jau-
nes » ont ainsi
souvent été qua-
lifiés de « petits Le « monde d’après » sera-t-il
blie un peu
rapidement qu’
ils étaient par exemple très mobilisés
dans les DOM-TOM, par exemple. C’est
se tromper sur le fond du mouvement
que d’en faire un mouvement ethni-
que. C’était un mouvement très puis-
sant composé de gens d’origines diver-
ses mais qui ont intégré le mouvement
sans leur étendard identitaire. Je ne dis
pas cela pour faire l’éloge hypocrite de
res qui nous gouvernent. Je dis cela car,
quand on a des classes populaires en
mouvement, respectables, puissantes,
fortes, elles redeviennent attractives, y
compris pour des personnes de toutes
origines. Quand tu es respecté cultu-
rellement, tu crées les conditions de
l’assimilation des autres.
sur les littoraux et dans les beaux
villages de France fait qu’aujourd’hui,
les jeunes issus de milieux populaires
ne pourront pas vivre là où ils sont nés
Sur le plan politique, ce que vous appelez
la « majorité ordinaire » apparaît
cependant divisé. La percée d’Éric
Zemmour ne vient-elle pas contredire
l’idée d’un affrontement entre France
périphérique et France des métropoles ?
Tous ces débats de salon, conjoncturels,
ne touchent pas ou peu la société. La mé-
canique des gens ordinaires, ce que j’ap-
pelle le temps des gens ordinaires, est
plus importante, elle s’inscrit dans le
temps long et produit des effets sociaux et connue les grandes villes hier et il n’y
politiques. Qui a cassé le clivage gauche-
droite ? On dit que c’est Macron grâce à
son intelligence hors du commun. C’est
faux, cela fait vingt ans que les classes
moyennes et populaires ne se réfèrent
plus au clivage gauche-droite, notam-
ment les classes populaires allant de la
gauche vers l’extrême droite ou se diri-
geant vers l’abstention. C’est le mouve-
ment de cette majorité ordinaire qui tue
la gauche, renforce l’abstention ou les
partis populistes. Si on regarde les choses assises du territoire, des élus locaux di-
froidement et qu’on revient au résultat
de Marine Le Pen en 2017, on note que,
par rapport à son père, elle est passée de
18 % à 35 %. Ce chiffre constitue le prin-
cipal socle du bloc populiste. Zemmour
connaissant parfaitement les rouages po-
litiques, il parvient à capter une grosse
partie de cet électorat, mais cet ensemble
reste identique et représente globale-
ment 35 % du corps électoral. Je crois à la par la peur. La gestion par la peur
permanence de cette géographie électo-
rale qui aujourd’hui se structure globale-
ment autour de la dichotomie grandes
gens à l’écart du modèle économique
néolibéral se retrouvent dans cette
avec un discours plus droitier et intellec- bloc des retraités vers les partisans du
tuel capte la fraction la mieux intégrée de modèle globalisé. Les citoyens auront
cet électorat et une part marginale de la
patriote ».
Sur le fond, la question matérielle reste
déterminante. Si une partie de la bour-
geoisie de droite ou de gauche peut faire
le constat des échecs de la mondialisation
et du modèle multiculturel, la différence
essentielle, avec les 70 % qui gagne moins
de 2 000 euros par mois, tient toujours à
sa capacité de se protéger des effets néga-
tifs de ce modèle. À 5 000 euros par mois,
la bourgeoisie aura toujours la capacité
d’effectuer des choix résidentiels et sco-
laires qui la protège. Par ailleurs, il ne faut
jamais oublier que ces catégories supé-
rieures bénéficient depuis plusieurs dé-
cennies du modèle en renforçant la va-
leur de leur patrimoine. La valeur de leur
appartement à Paris a été multipliée
par 10. Leur résidence secondaire, par 3.
In fine, Macron est leur assurance-vie.
Du côté des classes moyennes et populai-
res, les gens ont au contraire besoin d’un
état qui régule, qui protège, puisqu’elles
n’en ont pas les moyens. Mais, actuelle-
ment, l’offre politique ne permet pas de
répondre à cette attente.
La majorité ordinaire a besoin d’un
champion qui dépasse l’extrême droite.
Boris Johnson ou Donald Trump
n’étaient pas des hommes seuls, ils se
sont appuyés sur des partis.
La pandémie a-t-elle bouleversé
le clivage que vous décrivez ?
caractérisé par un exode urbain ?
En effet, le marché immobilier des vil-
les moyennes, près des grandes métro-
poles, frémit un peu. Cela n’est cepen-
dant pas synonyme de rupture totale
avec les grandes métropoles. Ces per-
sonnes mobiles sont majoritairement
des CSP+ qui investissent dans des ter-
ritoires déjà convoités. Quand on voit
les marchés immobiliers qui frémis-
sent, ce sont les zones déjà gentrifiées,
notamment les littoraux atlantiques, les
beaux villages, etc.
Ce qui me fascine autour de cette inter-
rogation sur l’exode urbain, c’est le biais
qu’il révèle. On se fiche de savoir ce
qu’est le devenir de ceux qui vivent déjà
dans la France périphérique (entre 60 %
et 70 % des Français). Les élites pensent
que l’avenir de ces territoires dépend
de l’arrivée du bobo parisien, bordelais
ou lyonnais. En
réalité, l’arrivée
de CSP+ par
exemple sur les
littoraux et dans
les beaux villages
de France fait
» qu’aujourd’hui
les jeunes issus
de milieux popu-
laires ne pourront pas vivre là où ils sont
nés. Ils sont obligés de se délocaliser le
plus loin possible du littoral dans ce
qu’on nomme le rétro-littoral, voire
plus loin encore. Propriétaire à la mer,
c’est fini pour les classes populaires. La
vue sur la mer sera demain réservée aux
catégories supérieures qui se seront
rendues propriétaires de l’ensemble des
littoraux. Cette violence invisible, cette
appropriation, rappelle celle qu’ont
aura pas de retour en arrière.
On organise une société avec un modèle
économique ultra-inégalitaire qui ne
bénéficie qu’aux 20 % les plus aisés. On
laisse filer les logiques de marché et, lo-
giquement, les gens achètent leur rési-
dence secondaire là où c’est beau et on se
fiche du destin des jeunes issus des caté-
gories populaires, nés sur ce territoire et
qui vont devoir déménager. On tiendra
des grands discours, on organisera des
ront que c’est scandaleux, mais, comme
on ne veut pas bouger sur le fond, on
renforcera un ressentiment énorme des
catégories populaires. Ce ressentiment
alimente in fine le mouvement existen-
tiel et social des classes populaires et
moyennes occidentales. Et puisque les
élites ne veulent ou ne peuvent pas y ré-
pondre, elles tiendront les populations
consiste à promettre l’apocalypse,
qu’elle soit démocratique, écologique ou
sanitaire. L’apocalypse démocratique
consiste par exemple à nous faire croire
depuis trente ans à l’arrivée du fascisme.
C’est du théâtre et cela permet de rabat-
tre éternellement les indécis ou le gros
peur du fascisme, de l’apocalypse sani-
taire ou encore de l’apocalypse écologi-
que. Toutes ces peurs permettent à des
gouvernements impuissants de rabattre
vers eux des citoyens qui ne votent plus
par adhésion mais par crainte de l’apo-
calypse. Il n’y a aucune adhésion au ma-
cronisme. Seulement un vote de peur.
S’il est réélu, le lendemain il s’effondrera
dans les sondages. ■
 lundi 22 novembre 2021

champs libres
le figaro

OpiniOns 23

chronique
Nicolas Baverez L’ombre de Moscou s’étend sur l’Europe

V
£@NicolasBaverez

ladimir Poutine a ouvert
la voie à Xi Jinping
en s’assurant du pouvoir
à vie. La révision
de la Constitution de 2020
l’autorise en effet à exercer
la présidence de la Russie, qu’il occupe
depuis 1999, jusqu’en 2036.
Simultanément, le calvaire infligé
à Alexeï Navalny et la fraude massive
aux élections législatives de septembre
dernier ont éradiqué toute opposition.
Ayant les mains libres à l’intérieur,
le nouveau tsar entend profiter du trou
d’air des démocraties occidentales pour
donner un spectaculaire coup
d’accélérateur à ses ambitions de puissance
en Europe.
L’Union, affaiblie par le Brexit, est
paralysée par la mise en place de la
nouvelle coalition allemande
et par la campagne présidentielle française.
Elle se déchire autour de la gouvernance
de l’euro et du grand marché, du respect
de l’État de droit et des valeurs
démocratiques, de l’immigration
et du droit d’asile, du contrôle de ses
frontières. Dans l’ouest du continent,
on communie dans la discorde et le déni
des risques stratégiques. À l’est, on agit
et on avance sur tous les fronts.
La reconstitution de l’empire russe,
tout d’abord. Comme Bachar el-Assad,
Alexandre Loukachenko acquitte le prix
fort pour le sauvetage de son régime
par Vladimir Poutine après les élections
truquées d’août 2020. Il a dû signer
en septembre un programme d’intégration
qui transforme la Biélorussie en protectorat
russe. L’organisation des flux de migrants
vers la Lituanie et la Pologne est pilotée
depuis Moscou, par où transitent
désormais les réfugiés. Dans le même
temps, la Russie a massé 114 000 hommes
à la frontière ukrainienne, faisant planer
la menace d’une nouvelle invasion
du Donbass. À court terme, l’objectif
consiste à entretenir la stratégie
de la tension et du chaos pour interdire
toute stabilisation et tout développement
de Kiev. À moyen terme, il ne fait pas
de doute que Vladimir Poutine, qui ne
cesse d’invoquer l’unité des peuples russe
et ukrainien, vise à réintégrer l’Ukraine
dans la sphère d’influence russe dès qu’elle
sera suffisamment affaiblie et isolée.
Les démonstrations de force militaires,
ensuite. La Russie poursuit la
modernisation rapide de son arsenal
nucléaire et spatial. Avec pour dernière
manifestation la destruction du satellite
Kosmos 1408 par un système antisatellite
elle conforte et finance les mouvements
populistes afin de fragmenter et paralyser
les démocraties.
La stratégie russe est limpide : créer
le désordre et entretenir la peur
en Europe, tout en divisant l’Union
et en la coupant des États-Unis
et du Royaume-Uni. Elle fait le pari
de l’impuissance des Européens, tétanisés
par la menace du recours à la force armée.
Force est de constater qu’elle obtient des
résultats, alors qu’elle pourrait aisément
être enrayée.
Les coups de force masquent en effet
difficilement les faiblesses de la Russie.
La population diminue de
500 000 personnes par an, auxquelles
s’ajoutent 900 000 morts du Covid.
L’économie se réduit à la rente des
hydrocarbures et des matières premières
(65 % des exportations), vouée à
disparaître, sans parvenir à se diversifier.

@
Nudol, au prix de la dispersion de
1 500 débris et de mise en danger de la
100 000 citations
et proverbes sur evene.fr ENTRE GUILLEMETS Station spatiale internationale et de ses
cosmonautes.
22 novembre 1890 : naissance de Charles de Gaulle. Loin de la lourdeur et de la rigidité
qui caractérisaient l’Union soviétique,
la Russie est passée maître dans
la conduite de la guerre hybride. Au plan
économique, elle a orchestré l’explosion
« Le Fil de l’épée », 1932
Jean DieuzaiDe/BriDGeman imaGeS/LeemaGe
La Russie n’est forte que de
l’inconséquence et de la pusillanimité
des Européens. Face au défi géopolitique
lancé par Moscou qui transforme
les migrants en armes de déstabilisation
massive de la démocratie, ils se divisent -
l’Allemagne ayant cédé en engageant
des discussions directes avec
Loukachenko sur l’accueil des réfugiés -

des prix du gaz en limitant son offre, et ne réagissent que par des sanctions

Rien ne rehausse l’autorité aggravant le choc énergétique

qui provoque l’exaspération
des consommateurs européens. Et ce afin
mieux que le silence, splendeur de faire pression pour la certification
et l’ouverture rapide du gazoduc Nord
des forts et refuge des faibles» Stream 2, qui consacrera la dépendance
de l’Union envers le gaz russe. Au plan
technologique, elle multiplie les
cyberattaques, y compris sur les hôpitaux
et les autorités de santé au beau milieu
de la pandémie de Covid, et sème
la confusion dans les opinions publiques
à grand renfort de fake news sur
les réseaux sociaux. Sur le plan politique,
a minima. Il faut espérer que l’activisme
de Poutine finisse par provoquer un réveil
stratégique de l’Union. En poussant
les Allemands à rompre avec leur
mercantilisme irénique pour assumer
leurs responsabilités dans la défense
du continent. En alignant les intérêts
des Européens autour du contrôle
des frontières extérieures du continent
et de la riposte à la guerre hybride
engagée par les démocratures.
Ce doit être, à travers la « Boussole
stratégique », la priorité de la présidence
française de l’Union.

VOX
analyse
Guillaume Perrault Polémique Lisnard-Macron : qui … école

dit la vérité, les maires ou l’État ?

£@GuilPerrault
« En matière d’éducation,
il est facile d’agiter de

L
e 22 septembre 1900, le corporatisme et la mauvaise foi. et une minorité de contribuables paie grandes idées qui sont
date anniversaire
de la proclamation
La conjoncture a certes joué son rôle.
La victoire éclatante, lors de l’élection
encore cet impôt local, ce qui ne favorise
guère le civisme. souvent des slogans
de la République, en 1792,
un gigantesque banquet réunit
du président de l’AMF, de l’énergique
David Lisnard (LR), contre
Les inquiétudes envers
l’intercommunalité à marche forcée sont
creux », par Matthieu
22 000 maires à Paris dans
le jardin des Tuileries à l’invitation
son adversaire de centre droit soutenu
par l’Élysée, a donné au congrès,
également légitimes. Prenons le cas de
l’eau. Les municipalités qui, grâce à une
Lahaye, inspecteur général
du président de la République de
l’époque, Émile Loubet, et du président
cette année, une coloration politique
inhabituelle. Et comme il existe autant
gestion rigoureuse, avaient jusqu’alors
assuré un prix bas aux administrés
de l’Éducation nationale.

du Conseil, Waldeck-Rousseau,
à l’occasion de l’Exposition universelle.
C’est dire combien l’État entretient
avec les maires, en France, des relations
singulières. Ni les régions, fort jeunes
à l’échelle de l’histoire, ni même les
vénérables départements ne peuvent
rivaliser avec les communes en termes
de prestige. « Ce qu’il y a de plus
démocratique en France, ce qui constitue
les entrailles mêmes de la démocratie, c’est
l’esprit communal », jugeait Gambetta
dans son discours de Belleville en 1875.
Entre les maires et l’État, les différends
n’ont jamais manqué, mais aucun
des protagonistes n’oubliait que
leur destin était lié.
Aussi ne pouvait-on se défendre
d’un sentiment de tristesse en observant,
lors des discours de clôture du congrès
de l’Association des maires de France
(AMF), fondée en 1907, la virulence de
nombreuses passes d’armes entre les
représentants des édiles, surtout André
Laignel, et le président de la République.
L’AMF a accusé le chef de l’État de tous
les maux, de l’autoritarisme jusqu’à la fin
de l’autonomie fiscale des communes par
la recentralisation de ses ressources.
Emmanuel Macron s’est employé, par ses
réponses, à convaincre l’opinion que
l’AMF n’était qu’un groupe de pression,
refuge des vieux partis, marqué par
de maires LREM que de trèfles à quatre
feuilles, rien n’incitait l’AMF à la retenue.
Mais le mouvement est plus profond.
À mesure que se succèdent
les quinquennats, l’État et les maires
semblent se considérer toujours
davantage comme des ennemis.
Sans doute l’interdiction du cumul
des mandats a-t-elle amplifié ce divorce
en rompant tout lien - donc tout motif
de se ménager - entre les élus locaux
et l’Assemblée nationale.
Sur le fond, parmi griefs et réfutations
échangés lors de ce congrès, qui donc,
de l’AMF ou de l’État, a dit la vérité sur
l’autre et est fondé à se plaindre de son
interlocuteur ? Le drame est qu’il est
malaisé d’en décider en raison
de la complexité des rapports entre ces
acteurs institutionnels, gage de confort,
en définitive, pour les deux parties.
Au chapitre des reproches légitimes
des maires figure la suppression
(compensée par l’État) de la taxe
d’habitation pour 80 % des contribuables
locaux. Celle-ci rend amers les 20 %
de malheureux qui continuent
à l’acquitter à ce jour, certes avec
un abattement croissant (mais présenter
la suppression totale de cet impôt
en 2023 comme certaine n’est pas
sérieux). Pour l’heure, une majorité
de non-contribuables locaux élit le maire
…
risquent de voir leurs factures flamber
pour assurer un même tarif à l’échelle de
la communauté de communes. polémique
A contrario, il est exceptionnel que les
récriminations des maires fassent l’objet
« Cessons les pressions
d’une contre-enquête pour apprécier sur le juge Charles Prats ! »,
leur véracité au cas par cas. En France,
un maire qui se plaint a toujours raison. par six parlementaires
Or il arrive aux édiles, relayés par le
Sénat (désigné par un corps électoral de la droite et du centre,
composé pour plus de neuf dixièmes de
délégués des conseils municipaux), dont Bruno Retailleau et
d’abuser de la sympathie qui les entoure
afin de se présenter comme des victimes François-Xavier Bellamy.
- c’est un sport national - et de se
défausser des responsabilités qui leur
incombent. La puissance publique paye
ainsi une fraction des impôts décidés par les rencontres
les élus locaux en raison des exonérations
et des dégrèvements accordés à de du figaro
nombreux contribuables. Il arrive même
que certaines collectivités locales
augmentent une taxe dont l’État NICOLAS SARKOZY
a annoncé la suppression afin de recevoir le 30 novembre
un plus gros chèque lors de la réforme. à 20 h, Salle Gaveau.
On le voit, c’est l’histoire de deux demi-
vérités qui ne se rejoignent jamais. La
Tarif : 25 € -
technicité des sujets et l’enchevêtrement placement libre.
des compétences encouragent un jeu de réservations :
rôle délétère entre les communes et l’État. 01 70 37 18 18 ou
Et la dilution des responsabilités demeure
un des traits culturels qui caractérisent www.lefigaro.fr/
la vie publique en France. rencontres.

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions Philippe Gélie (International), Directeur artistique FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy
(actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Alexis Brézet Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France
14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Étienne de Montety Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux
ce journal
Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00 se compose de :
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Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal
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Marc Feuillée Anne Huet-Wuillème (Édition, (Politique, Société, Débats Opinions) Tél. : 01 57 08 50 00 est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous
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 GWÉNAËLLE
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CHARGÉE DE CLIENTÈLE

Cette année, j’ai accueilli 17 731

personnes dans mon bureau
de poste. Mes clients fidèles
m’appellent tous par mon
prénom. Mon défi, c’est de
réussir à en faire autant.
LA PROXIMITÉ, C’EST UN MÉTIER.

Gwénaëlle C. – La Poste – Rennes Villejean (35)

 lundi 22 novembre 2021 le figaro - N° 24 029 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> FOCUS
lefigaro.fr/economie RéfoRme
eN vue de
l’assuRaNCe-
teleCom italia bRexit empRuNteuR
le foNds KKR veut CoNvaiNCRe la ReCheRChe La pression monte autour de l’assu-
Rome et viveNdi bRitaNNique rance-emprunteur, souvent considé-
de lui CédeR l’opéRateuR Page 28 péNalisée Page 28 rée comme onéreuse par les ache-
teurs immobiliers. Le Sénat, dominé
par l’opposition de droite, s’est pro-

économie
noncé dans la nuit de vendredi à sa-

le risque de pénuries
medi en faveur de la création de nou-
veaux contrats, via un amendement
au projet de loi de finances pour 2022.
« Inclusifs », « sans sélection médi-
cale », ils seraient dotés d’un avanta-

accélère les achats de noël

ge fiscal pour les établissements.
« De nombreux candidats à l’emprunt
subissent des refus, des exclusions
de garanties et des surprimes très
importantes pour des raisons de san-
Les Français ont commencé plus tôt à acheter des jouets, tandis que les té », a justifié Laure Darcos (LR).
Cet amendement, voté contre l’avis
distributeurs ont anticipé leurs commandes. Il y aura néanmoins quelques ruptures. du gouvernement, a toutefois peu de
chances de survivre. Mais l’objectif
La saison des achats de Noël a débu- de 11 % en France par rapport un produit qu’il n’aurait pas acheté cite de plus en plus de Français à est tout autre. Le Sénat vient mettre
té bien plus tôt cette année. Frappés à 2019. Quant aux géants de la dis- en amont. Des pénuries dans cer- acheter des produits de seconde un peu plus de pression sur l’exécutif,
par les alertes sur les pénuries, les tribution, ils ont passé commande taines catégories sont inévitables. main pour les fêtes. Des fêtes qui, alors qu’une réforme de cette garan-
consommateurs ont anticipé. De plus tôt et ont accumulé des stocks. Cette peur de ne pas trouver l’arti- espèrent les commerçants, ne se- tie se prépare. Car Bercy, qui a long-
début octobre au 14 novembre, les Néanmoins, ils ne sont pas à l’abri cle voulu, ainsi que la nécessité de ront pas gâchées par de nouvelles temps été opposé à la résiliation à
ventes de jouets ont été en hausse d’un engouement inattendu pour préserver son pouvoir d’achat, in- contraintes sanitaires. tout moment de l’assurance-em-
prunteur, soutient désormais la pro-
èRuPtuRes de stock et inflation font le jeu des cadeaux d’occasion èla menace de nouvelles contRaintes sanitaiRes PageS 26 eT 27
position de loi en ce sens de la dépu-
tée Patricia Lemoine (Agir ensemble,
majorité présidentielle). Ce texte, déjà
adopté en commission, sera examiné

Chine-UsA : jeudi à l’Assemblée nationale en

séance. « La résiliation à tout mo-
ment doit permettre de mieux mettre
la nouvelle en concurrence et de réguler les prix.
Mais les banques n’en veulent pas. El-
guerre froide les ont ouvert un contre-feu en pro-
posant de bouger sur le risque médi-

du cinéma cal », estime Isabelle Delange, porte-

parole de l’Association pour la
promotion de la concurrence en as-
la tension entre surance des emprunteurs (Apcade),
formée par plusieurs acteurs de l’as-
les deux puissances
BERTRAND GUAY/AFP, MIGUEL MEDINA/AFP, sTock.ADoBE.coM

surance (April, Maif, MACSF…).

a gagné le septième art. Le mois dernier, le Crédit mutuel avait
créé l’événement en annonçant que,
Pékin verrouille sous certaines conditions, ses clients
son marché depuis au moins sept ans n’auraient
aux productions plus à se soumettre à un questionnai-
re médical pour l’achat d’un bien im-
américaines. Une mobilier. D’autres banques devraient
mauvaise nouvelle suivre. « Les banques ont, grâce aux
relevés de dépenses, énormément
pour hollywood, d’informations sur leurs clients. Ce qui
qui compte sur leur permet de très bien jauger le ris-
que qu’elles prennent », estime Astrid
le box-office chinois Cousin, porte-parole du courtier
pour amortir Magnolia. J. C.
Une projection de Detective Chinatown 3 à Taiyuan, en Chine.
ses blockbusters. Page 31

le PLUS du l'histoire le bras de fer avec

FIGARO écO 10 millions d’annonces de produits londres continue sur
bloc-notes de contrefaçon retirées en quatre mois les droits de pêche

C’
le jugement est un chiffre qui ne peut les annonces concernaient aussi bien Nouveau rebondissement dans licences et on ne lâchera rien du
d’intel sur l’état que pousser à l’inquiétude les domaines de la maroquinerie, la bataille franco-britannique tout », a-t-elle ajouté. Ven-
de la france à quelques jours du Black du prêt-à-porter ou de l’automobile que celui de la pêche. La ministre de la dredi, Emmanuel Macron
paR jaCques-olivieR maRtiN
Friday et du Cyber Monday… de l’industrie pharmaceutique. En d’autres Mer, Annick Girardin, a assuré avait déjà tenté de rassurer les
Page 30 Plus de 9,89 millions termes, aucun secteur n’est à l’abri, et cela dimanche aux pêcheurs des pêcheurs. « Nous ne lâcherons
d’annonces en ligne de produits ont encore davantage depuis la pandémie, puisque Hauts-de-France sa volonté de pas nos pêcheurs » et « avant
été retirées entre juillet et octobre par l’essor de l’e-commerce avec la crise « continuer le combat » contre Noël, la France aura pris une
des fabricants pour cause de contrefaçon, a provoqué une explosion des offres de faux Londres sur les droits de pêche position », avait-il affirmé.
dévoile l’Union des fabricants (Unifab), produits. L’association lance ainsi cette post-Brexit, après ses déclara- Si, d’après Annick Girardin,
libres à l’issue d’une enquête auprès de ses semaine une campagne de sensibilisation pour tions qui avaient suscité une « 80% des dossiers » sont
échanges adhérents. Ce qui porte à plus de 27 millions le Black Friday. Une véritable nécessité quand vive colère cette semaine. aujourd’hui réglés avec « plus
france, pays le nombre d’annonces illicites supprimées on sait que, d’après une étude Ifop, 37 % Jeudi, des centaines de pê- de 960 licences » de pêche ac-
depuis le début de l’année. « Les chiffres des consommateurs français âgés de 15 ans cheurs avaient crié au fiasco et cordées, environ 150 bateaux
de l’oCde qui reçoit au renoncement lorsque la français attendent toujours les
colossaux des annonces illicites et plus ont déjà acheté une contrefaçon en
le plus d’argent sont révélateurs pensant que le produit
ministre avait évoqué, lors des autorisations pour poser leurs
de ses travailleurs Assises de la pêche, un plan filets dans les eaux britanni-
de l’étendue était authentique. Cette
d’indemnisation pour les ba- ques. En conséquence, les re-
à l’étranger de la campagne survient teaux français qui resteraient à présentants des pêcheurs ont
paR jeaN-pieRRe RobiN contrefaçon alors qu’une proposition quai à l’issue des négociations. fait savoir qu’ils restaient dé-
Page 30 à tous les pans de loi « visant Un plan qui laissait entrevoir terminés à mettre en place des
de l’industrie », à moderniser la lutte un recul de la France dans ce mesures pour manifester leur
estime Christian contre la contrefaçon » conflit qui s’étire depuis près mécontentement. « Les pê-
Peugeot, déposée par d’un an entre Paris et Londres. cheurs vont bouger. Je crois
livres & idées le président des députés « On continuera le combat tel qu’ils ont été suffisamment pa-
de cette de la majorité doit être qu’on l’a annoncé », a-t-elle tients. Ça fait quand même onze
plaidoyer pour association qui examinée mercredi déclaré à l’issue de la rencon- mois qu’ils attendent », a ainsi
un droit du travail lutte contre la en commission des lois tre ce dimanche au cap Gris- affirmé Olivier Leprêtre, le
plus vivant contrefaçon. Et à l’Assemblée Nez, dans le Pas-de-Calais. président du comité régional
paR aNNe-hélèNe pommieR à raison, puisque nationale. ■ W. P. « Nous nous battons au quoti- des pêches Hauts-de-France.
A

Page 30 dien pour ces bateaux, pour ces W. P.

 lundi 22 novembre 2021 le figaro

26 l'événement
La crainte de pénuries bouleverse les achats
Les clients
anticipent
davantage
leurs courses.
Les distributeurs
doivent
redoubler
d’inventivité
pour les
satisfaire.

Marie Bartnik £@mariebartnik

distribution Les distributeurs

l’ont suffisamment martelé à leurs
clients : s’ils veulent avoir le choix
en cette période d’achats de Noël,
ils doivent faire leurs courses à
l’avance. Les soubresauts de la lo-
gistique mondiale et les difficultés
d’approvisionnement qu’ils susci-
tent perturbent la mécanique bien
huilée des achats de fin d’année. Ils
sont pourtant cruciaux pour les dis-
tributeurs. Dans le jouet, en parti-
culier, plus de 50 % du chiffre d’af-
faires de l’année se joue en
novembre et en décembre.
À la satisfaction des commer-
çants, les clients semblent suivre les
conseils qu’ils leur ont donnés. Les
achats de jouets ont déjà démarré,
plus tôt que les années précédentes. plus élevés qu’en 2019. Mais cela ne Plus que d’habitude, certains NPD constate que les jouets les plus
« Les deux premières semaines de no- veut pas dire que les clients trouve- best-sellers seront en rupture. S’il y populaires sont moins bien distri-
vembre ont été excellentes », consta- ront tout ce qu’ils convoitent sur le aura toujours des ordinateurs, des bués que les années précédentes. La
te Frédérique Tutt, experte du jouet marché. « Les distributeurs se sont télévisions, des jouets ou des vélos console de jeux PS5 de Sony est déjà
chez le panéliste NPD. De début oc- engagés sur de gros volumes long- électriques, les clients ne trouve- quasiment introuvable. Tout com-
tobre au 14 novembre, les ventes temps à l’avance, constate Olivier ront pas toujours la référence exac- me certains modèles de sneakers
sont en hausse de 11 % par rapport à Salomon, directeur en charge de la te qu’ils recherchent. « Nous avons (baskets) très demandés ou certains
2019. Les Français achètent des ca- distribution chez Alixpartners. de très belles offres. Certains pro- types de vélos électriques.
deaux un peu plus chers que d’ordi- Lorsque l’on doit faire des hypothèses duits très demandés partiront dès le Certains produits alterneront
naire à la même période, ce qui don- très en amont, on peut se tromper, et début du Black Friday », prévoit Ju- ruptures et disponibilités au gré des
ne à penser qu’ils se sont bien attelés manquer de produits qui se vendent lien Pierrafite, le directeur com- livraisons. Pour perdre le moins de
à leurs courses de Noël. Le jouet le très bien à l’approche de Noël. » mercial de Fnac-Darty. Le cabinet clients possible, l’enseigne King
plus vendu est un garage Mattel à
89 euros, « un vrai cadeau de Noël »,
constate Frédérique Tutt. « C’est
très encourageant, estime un porte-
parole de Joué Club. Cela montre que
les Français ont envie de consommer
Ruptures de stock et inflation font le jeu
et de fêter Noël avec leurs proches. »
En dehors du secteur du jouet,
des cadeaux d’occasion
c’est le Black Friday, cette opéra-
tion commerciale venue des États-
Unis dont le temps fort est prévu le « Vends bateau pirate Playmobil, France, qui vend deux produits Les sites spécialisés en ce domaine
vendredi 26 novembre, qui donne- 35 euros. Avec canons en état de d’occasion sur trois. « Il y a claire- ne manquent pas : Recommerce,
ra le top départ des achats de Noël. marche. » En cette deuxième quin- ment un effet pénurie. Les consom- Back Market, reBuy…
Il devrait être très prisé cette année : zaine de novembre, les annonces de mateurs ont vu les images des ports L’inflation contribue aussi à por-
les clients sont à la fois soucieux de jouets d’occasion commencent à internationaux engorgés. Or la se- ter le marché. Sur Leboncoin, le prix
faire leurs courses en amont et affluer sur Leboncoin, site spécialisé conde main, c’est la garantie d’un médian d’une boîte Playmobil ou
d’optimiser leur budget à l’heure où dans la publication en ligne de peti- produit disponible », ajoute le diri- d’un pack de Lego, les deux jouets
leurs dépenses contraintes comme tes annonces. « C’est un phénomène geant de ce site généraliste japonais les plus demandés, est de l’ordre de
l’essence ou l’électricité sont sujet- que l’on constate tous les ans, relève qui vend aussi bien des jouets que 20 euros, comme l’année dernière.
tes à l’inflation. une porte-parole de la plateforme. des livres et de l’électroménager. Celui de la Barbie est de 12 euros. At-
Les clients font de la place pour pou- tractif quand les dépenses contrain-
Livraisons avancées voir accueillir de nouveaux cadeaux. Produits techniques tes que sont le carburant, le gaz et
Pour faire face au pic de ventes qui Ainsi, l’offre et la demande s’équili- reconditionnés l’électricité, connaissent de leur
s’annonce, les distributeurs ont dû brent. Mais cette année, la perspecti- Face à la pénurie de vélos ou de pro- côté de fortes progressions.
se livrer à une gymnastique logisti- ve d’une pénurie sur certains pro- duits électroménagers, Decathlon D’autant plus qu’il n’est plus ta-
que inédite. Ils savent que les moins duits a accentué le phénomène. » Les et Boulanger n’hésitent pas à ren- bou, pour une part croissante de la
bien approvisionnés perdront des offres de jeux et de jouets sont 42 % voyer leurs clients vers leur offre de population, d’offrir un cadeau
parts de marché au profit de ceux plus nombreuses qu’il y a un an. La seconde main. Et pour les consom- d’occasion à Noël. Selon un sondage
qui auront du stock. « Nous avons progression est de 60 % pour les mateurs prêts à renoncer au dernier réalisé par Kantar pour eBay, 53 %
anticipé nos approvisionnements de consoles et jeux vidéo. Les consom- modèle de console de jeux Sony, ou des consommateurs iront piocher
longue date, explique Philippe Ber- mateurs s’y sont pris à la fois plus au dernier smartphone Apple, les du côté de l’offre de seconde main
lan, directeur général adjoint de La tôt, et de façon plus massive. offres croissantes de produits re- pour leurs cadeaux de fin d’année,
Redoute, en charge du commerce. Le marché de la seconde main ne conditionnés, c’est-à-dire remis à contre 50 % l’année dernière. Les
Depuis un an, nous nous bagarrons manquait pourtant pas de stimuli. Il neuf, permettent de satisfaire la de- jeunes générations y sont plus en-
pour avoir toute la marchandise dont pèse plus de 7 milliards d’euros en mande de produits techniques clines (64 % des 16-24 ans), ce qui
nous avons besoin. » Cdiscount a France selon le cabinet Xerfi, et (smartphones, ordinateurs), très dessine encore de belles perspecti-
préparé cette édition neuf mois à croît de 15 % à 20 % par an. Les touchés par les ruptures en rayon. ves pour la seconde main. ■ M. B.
l’avance au lieu de six en une année consommateurs y recourent à la
ordinaire. « Cela a été plus compli- fois pour des raisons budgétaires et
qué que d’habitude, notamment pour environnementales. Ces dernières
obtenir des produits techniques », années, le marché de l’occasion
explique Hugo Larricq, directeur s’est développé bien au-delà des lo-
commercial de Cdiscount. Pour être comotives que sont les plateformes
sûr d’avoir des jouets à proposer en Vinted et Leboncoin. La plupart des
temps et en heure, Joué Club a distributeurs traditionnels, de La
avancé ses livraisons. « Nous sa- Redoute à Ikea, en passant par De-
vions depuis décembre 2020 que ce cathlon, Auchan ou Carrefour, pro-
François Bouchon / Le Figaro

serait compliqué, explique l’ensei- posent désormais leur propre offre

gne. Alors nous avons fait rentrer
notre stock plus tôt, pour devancer
d’éventuels retards de livraison. »
Certains magasins ont déjà reçu la
totalité des jouets commandés,
contre 60 % les années précédentes
à cette époque de l’année.
Les grands distributeurs seront
finalement bien pourvus. Cdis-
A
de seconde main. Habillement,
meuble, bricolage, sport, luxe ou
électronique : aucun marché
n’échappe à la tendance.
Le spectre des ruptures de pro-
En haut, des clients anticipent leurs achats de Noël duits lui donne un coup de pouce
chez Jouéclub. L’enseigne spécialisée a avancé ses livraisons supplémentaire cette année. « La
en prévision des fêtes de fin d’année. croissance de nos ventes de produits
Ci-dessus, les cadeaux les plus populaires, comme la console d’occasion est 20 % plus forte que

count, Fnac-Darty ou La Redoute de jeu PS5 de Sony, certains modèles de sneakers (baskets) l’année dernière », constate Fabien Une annonce sur le site internet Leboncoin. Le marché de la seconde main
disposent par exemple de stocks ou de vélos électriques, qui risquent d’être introuvables. Versavau, le PDG de Rakuten en pèse plus de 7 milliards d’euros en France et croît de 15 % à 20 % par an.

de Noël
Jouet a équipé ses vendeurs de
smartphones qui indiquent en
temps réel la date de livraison des
produits manquants. « Ils peuvent
renseigner les clients de façon préci-
se. C’est mieux que lorsqu’on vous
invite à repasser ultérieurement sans
certitude », explique Patrick Jocteur
Monrozier, directeur pôle client du
spécialiste. Les sites internet des
enseignes, qui proposent parfois
d’alerter les clients lorsqu’un pro-
duit est disponible, seront d’une
aide précieuse.
Solutions de substitution
Les distributeurs espèrent aussi
qu’une partie de leurs clients se
contentera d’un produit approchant
de celui qui manque. Dans l’habille-
ment, « les enseignes proposent suf-
fisamment d’articles pour que le
client puisse se faire plaisir malgré les
difficultés d’approvisionnement »,
explique Yohann Petiot, le délégué
général de l’Alliance du commerce,
« savions
qui regroupe de grandes enseignes
de l’habillement. Même dans le
jouet, où les parents tentent de res-
pecter scrupuleusement le choix des
enfants, il y aura des solutions de
substitution. Le pack de démarrage
Lego Super Luigi possède par
exemple de grandes ressemblances
avec le pack Super Mario sorti l’an-
née dernière… Dans cette bataille,
les spécialistes du jouet estiment
avoir une carte à jouer. Alors que les
hypermarchés s’attachent à finir la
saison avec le moins d’invendus
possible pour faire place nette, les
spécialistes acceptent les livraisons
tardives. « Les quinze derniers jours
avant Noël, nous aurons les jouets que
d’autres n’auront pas », anticipe
Jean-Michel Grunberg, le président
de La Grande Récré.
Au-delà de ces difficultés logisti-
ques, les distributeurs espèrent que
les Français dépenseront davantage
cette année. Mais deux épées de Da-
moclès planent encore sur cette sai-
son : dans quelle mesure l’inflation
incitera-t-elle les consommateurs à
conserver leurs économies accu-
mulées pendant les confinements
plutôt qu’à les dépenser ? La situa-
tion sanitaire est une autre source
d’inquiétude grandissante, alors
que les commerces espéraient enfin
une fin d’année « normale », mar-
quée ni par les « gilets jaunes » et les
grèves ni par le Covid. ■
la menace de nouvelles
contraintes sanitaires
Ils se sont remis à scruter anxieu-
sement la courbe des contamina-
tions. Noël 2021 se présentait jus-
qu’à récemment sous de bons
auspices pour les commerçants :
pas de grandes grèves comme
en 2019, pas ou peu de manifesta-
tions des « gilets jaunes », qui
avaient fortement pénalisé le
cru 2018. Pas de restrictions sani-
taires dans les magasins non plus, à
l’exception du port du masque,
Nous
depuis la levée du passe sanitaire
dans les derniers centres commer-
ciaux concernés en septembre
dernier. Mais les commerçants
depuis commencent à craindre que le Co-
décembre vid ne leur gâche à nouveau la fête.
2020 que ce L’année dernière, la poussée de
l’épidémie avait contraint le gou-
serait vernement à fermer les commer-
compliqué. ces dits « non essentiels » en no-
Alors nous vembre, alors que leurs stocks,
avant Noël, étaient au plus haut.
avons fait « Aujourd’hui, notre préoccupation
rentrer notre
principale est que les magasins res-
stock plus tent librement accessibles, explique
Emmanuel Le Roch, le délégué gé-
tôt, pour néral de Procos, qui fédère 300
devancer grandes enseignes. Nous avons été
d’éventuels traumatisés par la fermeture de no-
vembre 2020. L’enjeu de décembre
retards de est énorme. Nous ne pourrons pas
livraison
Jouéclub
» nous permettre d’avoir des maga-
sins inaccessibles. »
La reprise de l’épidémie - la cin-
quième vague a été qualifiée di-
manche de fulgurante par Gabriel
Attal, le porte-parole du gouverne-
ment - contraint le gouvernement
à envisager de nouvelles mesures
de freinage dans les commerces, où
les clients se presseront bientôt
pour faire leurs courses. Une réu-
nion a eu lieu jeudi à Bercy pour
sonder les fédérations de commer-
çants et recueillir leurs proposi-
tions. L’imposition d’une jauge, à
8 ou 10 clients par m2 comme en
décembre 2020, ou l’obligation du
passe sanitaire comme dans les res-
taurants, est sur la table.
le figaro lundi 22 novembre 2021
l'événement 27
polémique
Black
friday
Devenu incontournable,
La plupart des commerçants cet événement
plaident pour la jauge, qu’ils ont commercial venu
appliquée par le passé sans que leurs des États-Unis suscite
ventes n’en souffrent trop. Les cen- des critiques croissantes
tres commerciaux sont a contrario de la part d’une frange de
vent debout contre le passe sanitai- la distribution française.
re, qui s’est imposé à eux seuls cet
Depuis plusieurs années,
été, et qui leur a fait perdre 25 % de
fréquentation. Ils craignent qu’en le mouvement « Make
cette fin d’année, l’administration Friday Green Again »
ne fasse un copié-collé du mois fédère de nombreuses
d’août. « Avec le passe sanitaire, marques (Aigle, Faguo)
nous perdrions les clients qui ne sont
pas vaccinés. Ils ne feraient pas for-
cément un test, désormais payant,
et quelques distributeurs
comme Camif et Maisons
du Monde. Cette année,
pour se rendre dans un centre com-
mercial, explique Jacques Creyssel,
1 200 marques appellent,
le délégué général de la Fédération dans une lettre à
du commerce et de la distribution Emmanuel Macron,
(FCD). Nous perdrions aussi les à « consommer moins
clients vaccinés qui ne veulent pas mais mieux ».
faire la queue pour se faire contrô- Pour cette édition 2021,
ler. » Si passe sanitaire il devait y une quinzaine de marques
avoir, la FCD demande que son
contrôle soit aléatoire comme à la
ont également lancé
le « Bleu Blanc Rouge
SNCF, et non systématique comme
Friday ».
cet été. « Il n’y a aucune raison pour
Objectif : proposer
que l’on nous impose des règles plus
contraignantes qu’aux services pu- des avantages dans
blics », poursuit Jacques Creyssel. le cadre du Black Friday,
Parmi les commerçants, seuls les à valoir sur des marques
grands magasins (Printemps, Gale-
ries Lafayette) sont favorables au
qui proposent uniquement
passe sanitaire plutôt qu’à la jauge.
des produits fabriqués en
France. Y participent Gobi,
Conseil de défense Papier Tigre ou encore
mercredi Bleu Blanc Ruche. Autant
Tous les commerçants s’accordent d’initiatives qui soulignent
par ailleurs à demander que le taux que la consommation
d’incidence ne soit plus l’indicateur des Français se polarise :
pris en compte pour juger de la gra- d’un côté, des clients
vité de la situation sanitaire. « Nous
soucieux de préserver
ne sommes plus en 2020. C’est le
taux d’hospitalisation qui doit pré-
leur pouvoir d’achat,
valoir », estime Gontran Thuring, le attachés au prix et aux
délégué général du Centre national promotions ; d’un autre
des centres commerciaux (CNCC). côté, une frange prête
Reste à convaincre le ministère de à dépenser plus pour un
la Santé et Matignon. Le gouverne- produit écologiquement
ment devrait rendre sa décision la plus vertueux. M. B.
semaine prochaine, à l’issue d’un
Conseil de défense mercredi. ■ m. B.
A
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

28 EntrEprisEs
Le monde associatif sort renforcé de la pandémie
Arrivés lors du pic du Covid, des dizaines de milliers de nouveaux bénévoles sont restés dans les organisations.
mardi. Si nombre d’actifs ont repris Bougère, aux Restos du cœur qui des populations en grande précari- épiceries étudiantes du Secours po-

23 000
corinne caillaud £@corinnecaillaud
social La crise sanitaire a provo-
bénévoles qué une prise de conscience collec-
tive en faveur des plus démunis, qui
occasionnels perdure. Au plus fort de la pandé-
aux Restos du cœur, mie, de nombreux salariés en acti-
en plus des 70 000 vité partielle ont proposé leurs ser-
bénévoles permanents vices auprès d’associations pour
prendre le relais de bénévoles se-
niors plus fragiles face au Covid-19.
« L’afflux de candidatures a été telle-
ment massif que nous n’avons pas pu
y répondre totalement, car nous
avons dû restreindre notre activité à
l’aide alimentaire », témoigne
Claude Bougère, la responsable des
bénévoles aux Restos du cœur, dont
la 37e campagne hivernale démarre
leur rythme professionnel depuis
lors, ils demeurent engagés. « Alors
qu’avant la pandémie, ils estimaient
ne pas avoir de temps entre leur tra-
vail et leur famille, aujourd’hui ils
restent impliqués. Mais depuis la
rentrée, ils adoptent de nouveaux
fonctionnements », observe Jean
Stellittano, secrétaire national du
Secours populaire.
Si ce nouveau public ne peut pas
offrir une large disponibilité, il ré-
pond présent quelques heures pour
des activités spécifiques, comme le
soutien scolaire, des maraudes,
l’apprentissage du Français, le sa-
medi ou pendant les vacances. Une
modification du temps d’engage-
ment que constate aussi Claude
comptent un effectif stable de
70 000 bénévoles, ponctuellement
renforcé par 23 000 bénévoles oc-
casionnels : « Nous étions entourés
de “castors”, des gens très présents
prenant tout en main. Aujourd’hui,
nous avons aussi des “papillons”, des
personnes qui viennent moins sou-
vent avec des compétences qui enri-
chissent le monde du bénévolat ».
Au Secours catholique, Claude
Bobey, directeur animation et en-
gagement, relève la même hausse
de l’engagement ponctuel mais
note une baisse de l’implication des
retraités fidèles, ce qui pose parfois
problème : « Nous avons du mal à
adapter nos activités à ce type de bé-
névolat, tout particulièrement auprès
té ». Comme, par exemple, des per-
sonnes très éloignées de l’emploi,
qui ont besoin d’un accompagne-
ment sur la durée.
Action des entreprises
Nombreuses sont les entreprises
qui, dans le cadre de leur politique
RSE, proposent une mise à dispo-
sition de leur personnel. « Certai-
nes nous appellent pour nous four-
nir l’aide d’une cinquantaine de
collaborateurs pendant une jour-
née. Récemment, toute une équipe
a réalisé du mobilier recyclable en
Seine-Saint-Denis », détaille
Claude Bobey.
Des solutions émergent face à cet-
te nouvelle donne. Ainsi, au sein des
pulaire, les seniors prennent la relè-
ve au moment des partiels des étu-
diants. Chez Emmaüs Solidarité, qui
recense 524 bénévoles représentant
26 équivalents temps plein, l’organi-
sation est en pleine réflexion sur l’in-
tégration des bénévoles aux côtés des
salariés, « qui doit être complémen-
taire pour être efficace », souligne
Bruno Morel, le directeur général.
« Si ces nouveaux venus vont d’une
association à l’autre ou s’engagent
dans plusieurs en même temps, le fait
qu’ils donnent de leur temps et four-
nissent des compétences est facteur de
cohésion sociale, remarque Claude
Bobey, du Secours catholique. Cet
élan leur donne du sens quand leur
travail ne répond pas à cette quête ». ■

Nouvel accès de fièvre sur Telecom Italia

Dimanche soir, le conseil d’administration examinait un projet de rachat du fleuron déposé par le fonds KKR.
Jacques-olivier martin £@jocjom
finance La vie de Telecom Italia
(TIM) n’est pas un long fleuve tran-
quille. Après des mois de bras de fer
entre Vivendi, son premier action-
naire (23,75 % du capital), l’État ita-
lien et le fonds activiste Eliott, qui
s’était emparé de la gouvernance de
l’opérateur avec la bénédiction de
Rome en 2019, on pensait la situa-
tion apaisée depuis la sortie du
fonds activiste. C’était sans comp-
ter sur un nouveau fonds, KKR, en
l’occurrence, qui compte déposer
une offre publique d’achat sur l’en-
semble du capital de TIM, qui ne va-
lait vendredi que 7,4 milliards
d’euros de capitalisation boursière.
Dimanche, le conseil de TIM a
examiné sans prendre de décision la
manifestation d’intérêt de KKR. Le
fonds envisage, sous réserve d’un
accès aux comptes, une OPA ami-
cale au prix de 0,505 euro par ac-
tion, soit une prime de 46 % par
rapport au cours de vendredi tombé
à 0,3465 euro après une glissade de
21% depuis le début de l’année. La
réussite de l’OPA serait condition-
née à l’obtention de 51 % du capital.
L’intérêt de KKR pour TIM est en
réalité une demi-surprise. Le fonds
a racheté l’an dernier 37,5 % de Fi-
berCop, le réseau de fibre du der-
nier kilomètre de l’opérateur qui
doit fusionner avec son concurrent
OpenFiber, contrôlé par la Caisse
des dépôts italienne et l’électricien
Enel. Au regard de la chute de la va-
lorisation de l’opérateur, il juge bon
de tenter de mettre la main sur le
groupe.
Il y a cependant loin de la coupe
aux lèvres. L’État italien, qui détient
9,8 % de TIM via la CDC italienne,
ainsi qu’une « golden share », peut
s’opposer à une telle OPA. Telecom
Italia (15,8 milliards de chiffre d’af-
faires et 6,7 milliards d’Ebitda en
2020) est à l’Italie ce qu’Orange est à
de TIM a annoncé deux avertisse-
ments sur résultats au cours des
quatre derniers mois consécutifs à
la dégradation des performances
d’un groupe lesté de 23,3 milliards
d’euros de dette nette. En fin de se-
maine, S&P a dégradé la note de la
dette d’un cran (de BB+ à BB). La
potion financière est amère pour
Vivendi. Vendredi, l’action valait
0,3465 euro, très loin du prix
moyen d’acquisition des 23,75 %,
qui s’élève à 1,07 euro par action…
Sur la sellette
L’opérateur est confronté à de
lourds investissements et à des
concurrents qui ne le ménagent pas,
notamment Xavier Niel, le Maverick
des télécoms italien. Un peu plus de
trois ans après son arrivée, Iliad, le
quatrième opérateur mobile italien,
a conquis 8,2 millions de clients.
Dans ce contexte et avant même de
connaître l’issue du projet d’OPA de
KKR, il n’est pas impossible d’imagi-
Le logo de Telecom la France… On voit mal Mario Dra- sommes là pour le long terme et nous ner un changement de gouvernance
Italia (TiM) ghi, soucieux de protéger ses fleu- n’avons pas l’intention de vendre au chez TIM. Vendredi prochain, un
à l’entrée de ses rons, laisser faire une telle prise de premier venu. Nous sommes proches conseil d’administration, convoqué
bureaux de Milan. contrôle par un fonds américain. En de l’État italien et n’avons aucun avant la déclaration de KKR, doit se
L’opérateur transalpin avril, le chef du gouvernement n’a contact avec KKR ou d’autres pencher sur les performances du
est confronté à de pas hésité à s’opposer au rachat de fonds », déclarait dimanche un por-
groupe et sa gouvernance. Luigi Gu-
lourds investissements
et à des concurrents 70 % du fabricant milanais de com- te-parole de Vivendi. bitosi pourrait passer un mauvais mo-
qui ne le ménagent posants pour l’industrie de semi- En revanche, le groupe français ment. Vincent Bolloré, qui préfère
pas. Stefano Rellandini/ conducteurs LPE par le chinois se pose de vraies questions sur les L’Iliade d’Homère au poème indus-
ReUteRS Shenzen Investment Holdings. performances de l’opérateur ita- triel de Xavier Niel, connaît ses classi-
Vivendi, premier actionnaire de lien. Luigi Gubitosi est loin de faire ques : « L’audace vaut mieux en toute
l’italien avec 23,75 % du capital, a l’unanimité auprès de son premier affaire quand on veut réussir, surtout à
également son mot à dire. « Nous actionnaire. Le patron opérationnel l’étranger. » ■

La recherche britannique, otage du Brexit

L’Union européenne fait traîner l’intégration du Royaume-Uni dans son programme Horizon Europe.

Florentin collomp £@fcollomp

sciences Des milliers de cher-
cheurs, universitaires, ingénieurs
ou fondateurs de start-up inno-
vantes britanniques sont dans le
flou le plus total. Ils devraient faire
Research on Research abrité par les
universités de Sheffield, au Royau-
me-Uni, et de Leiden, aux Pays-
Bas. Déjà, depuis le référendum
pour la sortie de l’UE en 2016, la
communauté scientifique britanni-
que s’est retrouvée de plus en plus
marginalisée dans les programmes
continuité de son intégration euro-
péenne, contre l’avis des politiciens
eurosceptiques. D’où le principe
obtenu de haute lutte d’une asso-
ciation à Horizon Europe, au même
titre qu’Israël, la Norvège, l’Islande
ou même la Turquie. « Le Royau-
me-Uni est prêt à formaliser son as-
à hauteur de 2,5 milliards d’euros
par an. La signature des protocoles
nécessaires à l’intégration est ra-
lentie par des bisbilles politiques.
Les chercheurs européens
se mobilisent
La commissaire européenne à la re-
ne pas se relever de ces « opportu-
nités manquées », selon un rapport
d’une commission de la Chambre
des communes. Elle s’apprête à
manquer les appels à projets prévus
à la fin de l’année. Selon Bruxelles,
les scientifiques britanniques peu-
vent y participer mais pas toucher

« sommes
Nous
partie depuis le début de l’année du
programme de soutien à la recher-
che et l’innovation de l’Union
des pions européenne, Horizon Europe, doté
d’un budget de 95,5 milliards
dans un jeu d’euros sur sept ans. Or, en raison
qui nous des tensions entre Londres et
dépasse »
James Wilsdon,
Bruxelles sur le Brexit, la formali-
sation de l’association est repous-
sée aux calendes grecques. En at-
directeur de
l’institut research tendant, les laboratoires de
on research recherche britanniques associés au
sein de consortiums avec des ho-
européens. Avant l’entrée en vi-
gueur du Brexit, le 1er janvier der-
nier, elle a mené un intense lob-
bying auprès du gouvernement de
Boris Johnson pour s’assurer de la
sociation à Horizon Europe au plus
tôt mais, malheureusement, il y a eu
des retards persistants de la part de
l’UE », souligne-t-on au gouverne-
ment britannique, prêt à participer
YVeS HeRMan/ReUteRS
cherche, Mariya Gabriel, a reconnu
que l’accord faisait les frais de la re-
mise en cause par Londres du pro-
tocole nord-irlandais lié à la sortie
de l’UE. « C’est un acte juridique fort
qui nous engagera sur sept ans.
Nous devons d’abord rétablir la
confiance sur ce que vaut la signatu-
re britannique », justifie une source
européenne.
Les chercheurs européens se
mobilisent en solidarité avec leurs
homologues d’outre-Manche. Une
de subventions pour l’instant.
Londres commence à évoquer
l’hypothèse d’un « plan B »: allouer
l’enveloppe prévue directement à
la recherche britannique, sans pas-
ser par l’ombrelle européenne. Les
fonds sont prévus au budget. Or,
pour l’heure, un tiers des publica-
tions scientifiques britanniques
sont le fruit de collaborations avec
des chercheurs du Continent. « On
ne peut pas changer de logiciel du
jour au lendemain. Il n’existe pas de

mologues européens ne sont pas fi-
nancés. Des dizaines de program-
mes sur la santé, le changement
climatique, les sciences humaines,
font face à des trous budgétaires. Et
certaines PME se retrouvent au
bord de la faillite.
« Nous sommes des pions dans un
A
lettre signée début novembre par
les responsables de plus de 1 000
universités du Continent presse la
présidente de la Commission Ursu-
la von der Leyen de concrétiser
l’engagement au plus vite, au ris-
que d’un « affaiblissement majeur »
La Bulgare Mariya Gabriel, commissaire européenne à la Recherche, de « la puissance et la compétitivi-
recherche “nationale” », proteste
James Wilsdon. « On espère ne pas
devoir passer à un plan B. Notre po-
sition est que la poursuite de notre
collaboration au sein d’Horizon Eu-
rope reste essentielle », ajoute le
professeur Robert Grimes, de l’Im-
perial College, membre de la Royal

jeu qui nous dépasse », déplore Ja- a reconnu que l’intégration du Royaume-Uni faisait les frais de la remise té » de la recherche européenne. La Society, l’académie scientifique
mes Wilsdon, directeur de l’institut en cause par Londres du protocole nord-irlandais lié à la sortie de l’UE. science britannique, elle, pourrait britannique. ■

avec
La directrice
générale
de Korian dresse
le bilan de la
pandémie, qui a
particulièrement
frappé
le grand âge.
PROPOS RECUEILLIS PAR
Marc Landré £@marclandre
ManageMent Sophie Boissard
dirige depuis 2016 le groupe
Korian, premier réseau européen
de maisons de retraite médica-
lisées, de cliniques spécialisées et
de soins à domicile. L’entreprise
gère plus de 1 000 établissements
dans sept pays, réalise près de
4 milliards d’euros de chiffre d’af-
faires par an, emploie plus de
57 000 collaborateurs, compte
90 000 lits et encadre plus de
400 000 patients de 75 ans d’âge en
moyenne… Korian a embauché en
2021, pour ses différentes activités
en France, plus de 8 000 personnes,
essentiellement des soignants, et
formé, à travers l’alternance et la
promotion professionnelle, plus
de 4 500 personnes dans toute l’Eu-
rope, dont la moitié de soignants.
LE FIGARO. - Comment le groupe
Korian sort-il de dix-huit mois
d’une crise liée au Covid-19
qui a particulièrement frappé
le secteur ?
Sophie BOISSARD. - Nous som-
mes en réalité sortis du mode
« crise » depuis plus d’un an,
après la fin du premier confine-
ment. Toute l’entreprise a dû ap-
prendre à vivre durablement avec
le virus. Et le vaccin a changé la
donne. Je suis impressionnée de
voir à quelle vitesse Korian et ses
parties prenantes ont été capables
de réagir et de s’adapter, dans un
contexte pandémique aussi trau-
matique qu’inédit. Sur beaucoup
de dimensions, la crise a agi
comme un accélérateur de chan-
gement. Nous avons fait des bonds
de géant en termes d’intégration à
l’échelle européenne ou dans
l’adoption du digital. La crise nous
a probablement fait gagner trois à
quatre ans. Nous avons aussi
complètement repensé nos pro-
cess de recrutement pour pouvoir
mieux anticiper nos besoins et
lancé en France un premier centre
de formation des apprentis des
aides-soignants (CFA) que nous
espérons compléter, en 2022, par
les premières écoles d’infirmiers.
Qu’est-ce que la crise vous
a personnellement enseigné ?
La force de l’engagement et
du collectif, profondément uni
autour de sa mission au service
des personnes âgées et fragiles.
Même dans les périodes aiguës de
la pandémie, avant les tests, alors
que l’incertitude était totale, les
collaborateurs ont toujours
répondu présent. Le niveau de
mobilisation du personnel a été
extraordinaire, et nos valeurs
d’entreprise – la confiance, l’ini-
tiative et la responsabilité - en
sont sorties renforcées. C’est la
plus grande leçon pour moi : une
entreprise tire sa force et sa
résilience de sa culture et de sa
mission. La pandémie a également
fait ressortir le rôle majeur des
quelque 1 000 directeurs d’éta-
blissement, qui ont assuré la
continuité du fonctionnement
tout au long de la crise. Ils sont la
pierre angulaire du groupe. Enfin,
cette crise a montré à quel point
ConfidenCes
la principale qualité d’un manager ?
  

La force d’entraînement.
Votre modèle dans la Vie ?
Nelson Mandela, pour sa force de résilience
et sa capacité de pardon.
Votre hobby secret pour décompresser ?
Les jeux de cartes en famille.
le figaro lundi 22 novembre 2021
décideurs 29
Les métiers de la santé et du grand
sophie
âge sont des métiers de sens et
d’engagement qu’on ne peut pas
faire à moitié. Et il est faux de dire
qu’ils n’attirent pas, au contraire.
Le « Ségur » a permis une revalo-
boissard
risation salariale importante et
bienvenue dans le secteur. Il faut
en parallèle travailler sur une
politique de santé et de sécurité au
« La crise a agi
travail ambitieuse pour faire
baisser les taux d’accidents du
travail, qui restent trop élevés, et
promouvoir un meilleur équilibre
comme un
entre une vie professionnelle très
intense et la vie personnelle. Dans
ce but, nous venons de signer un
premier protocole européen sur la
accélérateur »
santé et la sécurité du travail. Et je
crois que l’essentiel est, enfin, de
fédérer les collaborateurs autour
d’un projet d’entreprise mobi-
lisateur et de causes partagées.
Chez Korian, nous sommes fiers
de pouvoir agir contre les vio-
lences faites aux femmes : c’est
une cause qui résonne dans une
entreprise qui emploie à 85 % des
nous pouvions compter sur nos « Nous avons fait besoins concernent essentiel- les âges. Il faut enfin vraiment femmes. ■
« parties prenantes », les familles, des bonds de géant en lement les professions paramé- promouvoir la validation des
les autorités locales, et notam- termes d’intégration dicales – aides soignants, infir- acquis de l’expérience (VAE) dans
ment les maires, nos fournisseurs à l’échelle européenne miers, rééducateurs -, soumises à les métiers du soin.
et, bien sûr, les représentants du ou dans l’adoption des diplômes d’État. Il est donc retrouvez du lundi
du digital », explique au vendredi
personnel en interne. essentiel que les pouvoirs publics Les métiers du grand âge
Sophie Boissard. le « talK décideurs »
anticipent et planifient les besoins sont peu attractifs : mal payés,
La crise a-t-elle changé
SEBASTIEN SORIANO/
de formation et ouvrent sans pénibles physiquement
aujourd’hui : Arthur Barillas,
LE FIgARO confondateur d’Ovrsea
votre lien avec les salariés ? restriction la voie de l’alternance et psychologiquement… Comment
Elle a renforcé nos liens, la pour tous ces diplômes, pour tous attirer et fidéliser les candidats ? En vidéo sur lefigaro.fr/decideurs
fréquence des échanges directs
avec les équipes de terrain. Grâce
à l’usage intensif de la visio-
conférence, elle a fait naître de
nouvelles formes de commu-
nication interactives, par exemple
des « cafés virtuels », très utiles
pour prendre le pouls. J’ai une
immense reconnaissance pour ce
que chacun des collaborateurs du
groupe a fait. Et, réciproquement,
je sais qu’ils sont conscients qu’il y
a toujours eu un capitaine à la
barre et que l’engagement de
l’équipe de direction à leurs côtés
a été total.
Noël
Korian fait l’objet d’un « Ehpad
bashing » permanent, qui pèse
sur le moral et la motivation
des équipes. Comment les rassurer
et les protéger ?
C’est vrai, le secteur du grand âge
en France est la cible d’un « Ehpad
bashing », et cela rejaillit sur
Korian, qui en est l’un des acteurs 2021
majeurs. Ce n’est pas facile pour
les équipes, tant les critiques sont
caricaturales et éloignées de la
Des idées, des cadeaux,
réalité. Ces critiques trouvent
pour beaucoup leur origine dans
des envies
un déni et une angoisse de notre
société face à la grande dépen-
dance et à la mort. Or, on l’oublie
souvent, la grande majorité des
personnes vivent chez elles jus-
qu’à un âge avancé. Même à
95 ans, une personne sur deux vit
encore chez elle. Il faut continuer
à faire de la pédagogie pour mon-
trer le dévouement des collabo-
rateurs et le rôle essentiel que
jouent nos maisons, y compris
dans le maintien à domicile et le
soutien aux aidants. Et, bien sûr, il
faut accélérer la transformation
des maisons de retraite en vrais
pôles gériatriques de proximité
qui font de la consultation
médicale et proposent autant un
accueil de jour que des solutions
d’hébergement permanent.
Votre secteur recrute,
mais manque de candidatures.
Que doivent faire les pouvoirs
publics pour vous aider à pourvoir
les postes que vous proposez ?
La bonne nouvelle, c’est que notre
secteur de la santé et du grand âge
crée des emplois pérennes en
nombre et, compte tenu des pers-
pectives démographiques, ce n’est
qu’un début. Il va nous falloir for-
mer en France entre 50 % et 80 % Nos collections de mythologie et de littérature
de professionnels de santé en plus Nos ouvrages d’art, d’histoire et de langue française
par an dans la décennie à venir. Il Les aventures de Largo Winch et de Tintin…
faut s’y mettre maintenant. Les
Et de nombreuses autres idées cadeaux à découvrir…

A
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

30 chroniques
La France, pays de l’OCDE recevant le plus
bloc notes
jacques-olivier martin £ @jocjom d’argent de ses travailleurs à l’étranger
le jugement d’intel Peu attractif pour ses natifs, l’Hexagone exporte ses talents en Europe.

sur l’état de la France
Dans quel pays Intel va-t-il ins-
taller son immense usine de pu-
ces ? Depuis des mois, les pays
européens font assaut d’amabilité
et de propositions financières al-
léchantes pour attirer le cham-
pion américain. C’est le dossier
qu’il ne faut pas perdre. Cette usi-
ne, une centaine de milliards de
F
cutif dans le contexte compliqué
de la pandémie. Ainsi, l’institu-
tion décerne des bons points pour
mieux pointer les faiblesses et les
chantiers qui restent à engager.
L’exécutif et la majorité y trouve-
ront donc des motifs de satisfac-
tion et les oppositions matière à
nourrir les critiques à l’encontre
amilles, je vous aime :
pour les 281 millions
d’immigrés répertoriés
ré d’adopter car il sent bon l’ancien
français - les revenus des transfron-
taliers franchissant quotidienne-
veloppement, qui passe dorénavant
au sein même des familles. Au point
que les migrations économiques sont
par l’Organisation des ment une frontière : logique, ils ra- vues comme le meilleur instrument
nations unies, ce n’est mènent le fruit de leur labeur dans de financement des pays du Sud par
pas un vain mot. Ils leur famille. les organisations internationales, qui
auront fait parvenir quelque 751 mil- les encouragent…
liards de dollars en 2021 à leurs pro- Migrations économiques Pour sa part, la France occupe une
ches restés au pays. La statistique Muni de ce viatique conceptuel, on place singulière dans les classements
émane de la Banque mondiale, qui saisit toute l’importance économi- de la Banque mondiale. Certes, elle
comptabilise tous les ans ces envois que que signifient désormais les mi- figure parmi les pays relativement
d’argent, « remittances » en anglais. grations. Les 589 milliards de dollars gros émetteurs et les 11 milliards

dollars d’investissement en une
décennie, est à elle seule un gi-
gantesque plan d’investisse-
ment… trois fois les montants de
France 2030 !
L’industriel est dans la dernière
ligne droite. Son choix est atten-
du dans les prochaines semaines.
Emmanuel Macron a déroulé le
tapis rouge pour s’entretenir avec
son PDG l’été dernier. Mario Dra-
ghi et Angela Merkel ont fait de
même. Séduire Intel serait politi-
quement du meilleur effet à quel-
ques mois de la présidentielle,
mais surtout la preuve de l’at-
tractivité de notre pays et un ex-
traordinaire signal en matière de
réindustrialisation. Produire des
semi-conducteurs, c’est la pro-
messe de recruter des milliers de
personnes directement ou indi-
rectement (15 000 au minimum).
La France ne manque pas d’atouts
qu’elle a détaillés au roi des puces:
son électricité abondante et dé-
carbonée (merci le nucléaire), la
qualité de ses ingénieurs, de ses
chercheurs, et sa capacité d’inno-
vation technologique. Mais le
groupe de semi-conducteurs ré-
fléchit aussi en fonction de la lo-
calisation de ses futurs clients,
qu’il s’agisse de constructeurs
automobiles, d’équipementiers,
de fabricants de machines. Or,
sur ce dernier critère, l’Allema-
gne mais aussi l’Italie du Nord ont
une puissance qui dépasse de loin
celle de la France. Intel pourrait
juger que la désindustrialisation
du quinquennat Macron. Chacun
y piochera ce qu’il souhaite y
trouver, comme toujours.
En réalité, seules les compa-
raisons avec les autres pays per-
mettent de mesurer le chemin
réellement parcouru dans le ré-
tablissement de notre vieille na-
tion. Or, les graphiques de
l’OCDE sont sans appel. Sur à peu
près tous les sujets, la France est
toujours à la traîne de la moyenne
des pays développés. Ainsi la dé-
pense publique de la France rap-
portée au PIB est 15 points supé-
rieure à celle de nos amis
d’outre-Rhin. Autre comparai-
son instructive pour comprendre
nos maux : le taux d’emploi en
Allemagne est près de 10 points
supérieur au nôtre, quel que soit
l’âge. De là notre chômage élevé
et le casse-tête du financement
des retraites. Le « travailler plus »
est plus que jamais le défi du pro-
chain quinquennat.
la leçon moderna
et Biontech
À l’heure des bilans de fin d’an-
née, Moderna et BioNTech occu-
pent une place exceptionnelle.
Jamais l’histoire économique n’a
vu des entreprises grandir si vite
et si haut. En un an, le labo alle-
mand partenaire de Pfizer dans le
vaccin contre le Covid aura mul-
tiplié son chiffre d’affaires par
100, et son concurrent américain
à peine moins. Les deux start-up
de l’ARN messager sont devenues
L’étude calcule pour chaque pays les
fonds qu’il reçoit de la part de ses
propres émigrés et ceux qu’il émet,
les envois d’argent des immigrés vi-
vant sur son territoire. Ces transferts
ont connu une étrange publicité ré-
cemment, lorsque Arnaud Monte-
bourg, candidat à la présidentielle, a
suggéré de les bloquer à l’encontre
des pays d’Afrique du Nord refusant
de rapatrier leurs ressortissants visés
par une mesure d’expulsion en
France.
À cet égard, la Banque mondiale,
et ce n’est pas le moindre mérite de
son rapport, nous rappelle que
l’Hexagone reçoit plus d’argent de
ses nationaux travaillant à l’étranger
(20,2 milliards d’euros) que n’en
transfèrent dans leur pays d’origine
les immigrés résidant chez nous
(11 milliards). Les chiffres en euros,
communiqués par la Banque de
France, correspondent exactement à
ceux de la Banque mondiale pour la
bonne raison que l’organisation fi-
nancière internationale, cousine du
FMI, puise ses données chez les ban-
ques centrales comptables des flux
de capitaux !
Sur un sujet où les nerfs sont à vif,
il n’est pas inutile de rappeler un
certain nombre de définitions pour
éviter de s’écharper en vaines que-
relles. Tout d’abord, selon l’ONU, est
« migrant toute personne qui a résidé
dans un pays étranger pendant plus
d’une année, quelles que soient les
causes . Les 281 millions d’immigrés
ainsi définis - il s’agit d’un « stock »
et non pas d’un flux annuel, bien
liBres
des « remittances » que recevront
cette année les seuls pays émergents
ou en développement représentent
échanges plus de trois fois les fonds distribués
jean-pierre roBin au titre de l’aide publique au déve-
loppement par les pays avancés
(États-Unis, Europe, Japon essen-
tiellement). Et ils dépassent de moi-
tié la totalité des investissements in-
ternationaux des entreprises dont
bénéficient annuellement les pays
du Sud. La Banque mondiale le souli-
gne avec émerveillement, tout com-
me d’ailleurs le secrétaire général de
l’ONU, qui avait craint qu’avec la
pandémie cette manne puisse se ta-
rir. Or, ce n’a pas été le cas : après un
recul de 1,7 % en 2020, les « remit-
tances » devraient avoir rebondi de
7,3 % cette année. Familles, nous
vous aimons : malgré le Covid et une
récession économique historique,
les migrants se sont saignés aux qua-
tre veines ; la diaspora libanaise aura
ainsi contribué à 34,8 % du PIB du
Liban, les migrants népalais à 24,8 %
de celui du Népal, etc.
On assiste de facto depuis une
quinzaine d’années à une privatisa-
tion de l’aide internationale au dé-
« Les 450 000 transfrontaliers
ont ramené 11,9 milliards d’euros
de Suisse, 5,4 milliards du
Luxembourg, 2,1 milliards de Belgique
et 1,9 milliard d’Allemagne en 2020 » travailler à côté. ■
d’euros, en 2020, se distribuent ainsi :
Maroc (2,2 milliards), Algérie (1,7),
Tunisie (0,7), Portugal (1,1), Espagne
(0,7 ), le reliquat se répartissant en-
tre les pays d’Afrique subsaharien-
ne. La véritable originalité française
est de figurer au septième rang mon-
dial des pays récipiendaires, derrière
l’Inde, la Chine, le Mexique, les Phi-
lippines, l’Égypte et le Pakistan. Le
seul État de l’OCDE égaré chez les
« pauvres ». Les déclinistes y ver-
ront un motif supplémentaire de la-
mentation.
L’explication est que chaque
jour, ou plusieurs fois par semaine,
quelque 450 000 Français franchis-
sent l’une des six frontières de
l’Hexagone. Ils ont ainsi rapporté
l’an dernier 11,9 milliards d’euros
de Suisse, 5,4 milliards du Luxem-
bourg, 2,1 milliards de Belgique et
1,9 milliard d’Allemagne… Au total,
21,8 milliards d’euros considérés à
juste titre comme des « remittan-
ces » ; de ces recettes il faut retran-
cher 1,6 milliard de sorties (essen-
tiellement des travailleurs alle-
mands et belges), d’où un solde net
de 20,2 milliards, calcule la Banque
de France. Exemple emblématique,
chacun sait qu’une infirmière ga-
gne trois fois plus à Genève qu’à
Annemasse. Alors qu’Emmanuel
Macron et ses ministres nous cas-
sent les oreilles avec «l’attractivité
de la France, championne d’Euro-
pe », celle-ci est nulle et non ave-
nue pour ses natifs, qui préfèrent

de notre pays est trop avancée
pour accueillir son usine. Rappe-
lons-nous que Musk a préféré
installer sa « Gigafactory » Tesla
en banlieue de Berlin plutôt qu’en
région parisienne… Le choix d’In-
tel en dira très long sur l’état réel
(ou perçu) de la France.
toujours
l’allemagne…
C’est bien connu, les conseilleurs
ne sont pas les payeurs. Cela
n’exonère pas nos dirigeants po-
litiques de jeter un œil sur les rap-
ports consacrés à la France, sur-
tout en fin de quinquennat. La
récente étude de l’OCDE sur la si-
tuation de notre pays permet de
mesurer la réalité du travail de
transformation engagé par l’exé-
des majors de la pharmacie et
n’ont plus grand-chose à envier à
leurs aînés. Moderna vaut en
Bourse déjà plus que le géant GSK
et presque autant que Sanofi. Les
profits des champions de la vac-
cination se comptent en milliards
d’euros chaque trimestre.
C’était, il est vrai, prévisible.
Leurs vaccins permettent depuis
des mois de freiner l’épidémie et à
l’économie mondiale de rebondir
de façon spectaculaire. Plus large-
ment, les réussites de BioNTech et
de Moderna prouvent, si d’aucuns
en doutaient encore, que la re-
cherche et l’intelligence sont les
meilleures armes pour relever les
défis auxquels nos sociétés font
face. Qu’il s’agisse des défis sani-
taires ou climatiques. ■
sûr - représentent environ 3,6 % de
la population mondiale et consti-
tuent virtuellement le quatrième
pays au monde par le nombre (après
la Chine, l’Inde et les États-Unis).
Ces migrants économiques (appe-
lons un chat un chat) ne doivent pas
être confondus avec les 30 millions
de réfugiés politiques (en incluant les
Palestiniens et les Vénézuéliens) re-
censés par l’agence des Nations
unies pour les réfugiés (là aussi, un
KaTrin /sTocK.adoBe.com
stock, pas un flux !). Autre précision,
les « expats », qu’ils soient ouvriers,
cadres ou religieux, ne sont pas
identifiés en tant que migrants car ils
dépendent juridiquement de l’en-
treprise ou de l’ordre qui les a en-
voyés conquérir les marchés et les
âmes. En revanche, la Banque mon-
diale traite comme des « remittan- la France reçoit plus d’argent de ses nationaux travaillant à l’étranger (20,2 milliards d’euros)
ces » – terme qu’on serait bien inspi- que n’en transfèrent dans leur pays d’origine les immigrés résidant chez nous (11 milliards).

LIVRES IDÉES Anne-Hélène Pommier £@ahpommier1

Plaidoyer pour un droit du travail plus vivant

Le droit du travail n’est pas l’en-
nemi de l’économie, et l’on peut
assurer la protection des salariés
tout en garantissant la perfor-
mance des entreprises. C’est la
thèse développée par l’avocat en
droit social Jacques Barthélémy et
l’économiste Gilbert Cette, dans
leur dernier ouvrage commun,
Travail et changements technologi-
ques, publié aux Éditions Odile
Jacob. La collaboration des deux
experts n’est pas nouvelle, tout
comme cette conviction qu’ils
précisent depuis plusieurs années,
au fil de leurs ouvrages. Leur
constat : l’impact de la révolution
technologique sur le marché du
travail fait craindre une destruc-
tion massive d’emplois. Leur cre-
do : s’il faut garantir la protection
A
tées par le numérique » de s’adap-
ter à un droit social conçu pour la
« société de l’usine ». La solution :
réformer le droit du travail par la
négociation collective et le rendre
plus vivant.
Malgré les avancées apportées
par les ordonnances travail de
2017 et qui accordent « une place
grandissante à la négociation col-
lective pour l’édification des nor-
mes sociales », l’évolution est
jacques Barthélémy
et GilBert cette
Travail eT changemenTs
Technologiques
« inachevée » et « nécessite des ap-
profondissements », pour les deux
auteurs. « Que des normes légales,
centralisées par les pouvoirs pu-
blics, doivent s’appliquer partout
ne nous semble pas bon (…). La
France a la particularité de cumuler
un chômage de masse et les mêmes
difficultés de recrutement que les
pays qui ont un taux de chômage
très bas. Cela signifie qu’il y a des
rigidités », explique Gilbert Cette.
Droit de l’activité
professionnelle
L’idée serait donc de substituer au
droit du travail un droit de l’acti-
vité professionnelle pour sortir de
la seule protection du salarié. « Un
droit des travailleurs unifié, mais
dont les fonctions protectrices se
affirment les auteurs, qui s’inter-
rogent par exemple sur la nécessi-
té pour les stars du foot de bénéfi-
cier de la protection du code du
travail. La question se pose en re-
vanche davantage pour les chauf-
feurs et livreurs des plateformes,
comme Uber ou Deliveroo. Gilbert
Cette et Jacques Barthélémy sa-
luent à ce titre la voie originale
choisie par la France de renoncer
à créer un statut alternatif au sala-
riat pour ces travailleurs, qui sou-
haitent le plus souvent rester in-
dépendants, en leur donnant la
possibilité d’élire leurs représen-
tants au premier semestre 2022,
puis de fixer par la négociation
collective un socle de droits fon-
damentaux.
« Ces évolutions se feront
vont booster les libertés et les droits
fondamentaux du “travailleurs-ci-
toyens” », expliquent-ils. Le juris-
te et l’économiste consacrent
d’ailleurs une partie de leur
ouvrage aux nouveaux défis
qu’apporte le développement du
télétravail. « Il implique des chan-
gements dans les méthodes mana-
gériales, mais aussi une adaptation
du code du travail. La référence au
temps de travail n’a par exemple
plus de sens et la charge de travail
serait une référence plus efficien-
te », précise Jacques Barthélémy.
Une chose est sûre, ces évolutions
sont aussi un défi pour les syndi-
cats, à qui les auteurs n’attribuent
pas de monopole pour parler au
nom des travailleurs. De la repré-
sentativité des négociateurs dé-

des salariés, ce n’est pas « aux déclinent diversement pour tenir d’autant plus aisément que les pro- pendra en effet la légitimité des
nouvelles formes de travail susci- odile Jacob compte du degré d’autonomie », grès technologiques et le numérique accords obtenus. ■

médias et publicité
Hollywood
victime
de la nouvelle
guerre froide
Pékin n’accepte plus qu’au compte-
goutte les productions américaines.
Un casse-tête financier pour les studios.
caroline Sallé £@carolinesalle
cinéma Lentement, mais sûre-
ment, la Chine s’applique à effacer
Hollywood du générique. L’in-
dustrie cinématographique n’est
pas un secteur économique com-
me les autres. Dans un environne-
ment de tensions croissantes entre
Pékin et Washington, elle tient
lieu de champ de bataille stratégi-
que. C’est une arène, où les deux
superpuissances s’affrontent sur le
terrain de l’influence culturelle.
Le 9 novembre dernier, la China
Film Administration a justement
rendu public son 14e « plan quin-
quennal » pour le développement
de sa filière cinématographique.
Objectif ? Faire de la Chine, à l’ho-
rizon 2035, « une puissance cultu-
relle forte », dont les films consti-
tueraient le bras armé. Si Pékin y
encourage à « ouvrir les marchés
étrangers » en étant présent dans
les grands festivals de films inter-
nationaux tels Cannes, la priorité
est surtout donnée à son marché
domestique, un formidable vivier
de près de 1 milliard et demi de
consommateurs. Au cours des
cinq prochaines années, le pays
étendra ainsi son parc à 100 000
salles de cinéma, soit un quart de
plus qu’aujourd’hui. À titre de
comparaison, les États-Unis en
totalisent actuellement 40 000 et
la forte poussée de la consomma-
tion des films en streaming incite
plutôt à réduire la voilure…
À mesure qu’il augmente la
taille de son marché cinématogra-
phique, Pékin en verrouille l’ac-
cès. Une décennie plus tôt, le box-
office chinois était dominé par les
blockbusters hollywoodiens,
Jurassic World, Avengers, Aqua-
man… Plus question désormais
qu’ils s’y taillent la part du lion. De
nouvelles mesures doivent entrer
en vigueur afin que les films natio-
naux trustent l’essentiel du box-
office annuel. En 2019, la produc-
tion locale avait déjà atteint 64 %
des recettes et même 84 % l’an
dernier, d’après les chiffres four-
nis par le service de billetterie
Maoyan.
Bascule historique
Pour occuper le terrain et gagner
des parts de marché, reste à ren-
forcer la production locale. « Chi-
nawood » devra être en capacité
de produire au moins dix bloc-
kbusters majeurs par an « à la fois
populaires et acclamés par la criti-
que », en plus d’une cinquantaine
de longs-métrages très rentables.
En réalité, le « made in China » à
déjà le vent en poupe auprès du
public local. Trois des cinq films
les plus rentables au monde cette
année sont des superproductions
chinoises. D’après les chiffres du
site spécialisé Box Office Mojo, La
Bataille du lac Changjin a engrangé
882 millions de dollars de recettes,
devant Hi, Mom avec 822 millions.
Mieux que la franchise Fast and
Furious 9, avec 721 millions de
dollars. Mieux, également, que le
dernier James Bond et ses 710 mil-
lions de dollars. Sur la cinquième
marche du podium, Detective Chi-
natown 3 a récolté 686 millions.
Dans cette guerre froide ciné-
matographique, la Chine rêve de
prendre l’avantage sur Holly-
wood. L’an dernier, à la faveur de
la crise sanitaire, elle a inscrit son
nom tout en haut de l’affiche : le
pays est devenu le premier mar-
ché mondial du septième art, lais-
sant le second rôle aux États-Unis.
Une bascule historique. 2020, il est
vrai, était atypique. L’empire du
Milieu a remporté le match finan-
cier mais ce fut, en quelque sorte,
faute de combattants : les salles de
cinéma américaines sont restées
longtemps fermées et la produc-
tion de films « made in USA » s’est
retrouvée à l’arrêt complet durant
des mois. Pékin a profité de ce
moment de faiblesse pour lancer
les grandes manœuvres. Mainte-
nant qu’elle a détrôné les États-
Unis, la Chine compte bien
conserver sa couronne et ne re-
tient plus ses coups.
En avril, la China Film Adminis-
tration et le Propaganda Depart-
ment ont tiré une première salve.
Les deux organismes ont exigé que
les cinémas privilégient, jusqu’à la
fin de l’année, les films locaux. Et
pas n’importe lesquels. Les salles
obscures sont tenues de projeter,
deux fois par semaine, aux
meilleurs créneaux horaires, des
films patriotiques à la gloire du
Parti communiste chinois (PCC),
dont le centenaire a été célébré
début juillet.
Lien de cause à effet ? En 2021, le
nombre de films américains diffu-
sés dans le pays est en chute libre.
Autour d’une vingtaine. Loin du
« Administration
quota officiel de 34 longs-métra-
ges US pourtant autorisés en
Chine chaque année… Plus loin
encore des 52 films yankees sortis
en 2019 - en incluant les copro-
ductions sino-américaines, qui
permettent de contourner les
quotas - et des 63 longs-métrages
diffusés en 2018…
Lorsque les films hollywoodiens
obtiennent néanmoins le feu vert,
Pékin s’arrange souvent pour
qu’ils ne soient pas mis en avant
durant les périodes de forte af-
fluence, comme le Nouvel An lu-
naire. Manière de laisser le champ
libre aux productions nationales.
Vu des collines de Hollywood, la
Grande Muraille n’a jamais semblé
aussi haute à franchir. Ceux qui
salivaient à l’idée de transformer
ce marché gigantesque en un lu-
cratif relais de croissance voient
leurs espérances rapetisser sous
les coups de boutoir du président
Xi Jinping et de sa politique ultra-
nationaliste.
Au point que les studios améri-
cains se retrouvent avec une mi-
graine carabinée. Ce n’est pas
Disney qui dira le contraire. La
plus grande entreprise de diver-
tissement au monde a récemment
produit deux gros films, Mulan
puis Shang-Chi et la légende des
dix anneaux, pensés notamment
pour séduire le marché chinois. Le
premier, un remake du dessin
animé, est inspiré d’une ancienne
légende de l’empire du Milieu. Ce
long-métrage, qui a coûté
200 millions de dollars à produire,
a bien été autorisé à sortir en
Chine. Mais il a été immédiate-
ment torpillé par la critique au
motif d’avoir mal adapté à l’écran
ce célèbre conte issu du folklore
local. Sans parler des appels au
boycott du film en Occident, car
des scènes avaient été tournées
dans la région du Xinjiang, où Pé-
kin est accusé de violations des
droits des Ouïghours.
Le second blockbuster, Shang-
Chi et la légende des dix anneaux
est le tout premier film de super-
héros Marvel à présenter un ac-
teur asiatique dans le rôle princi-
La Bataille du lac pal en plus d’un casting majori-
Changjin, numéro 1 tairement asiatique. Un super-hé-
du box-office mondial, ros chinois, pour éviter les four-
a réalisé l’intégralité ches caudines de la censure et
de son chiffre d’affaires s’ouvrir en grand les portes du
sur son marché premier marché au monde ?
domestique.
www.alamy.com/alamy
Disney s’en frottait déjà les mains.
Stock Photo/abaca
Raté. Lancé le 3 septembre aux
États-Unis et à l’international, le
blockbuster n’a toujours pas de
date de sortie prévue en Chine.
Peut-être que les commentaires
de la star du film, Simu Liu, quali-
fiant la Chine de pays du « tiers-
monde », y sont pour quelque cho-
se. Tenus en 2017, ces propos peu
élogieux avaient opportunément
refait surface sur les réseaux so-
ciaux chinois en septembre…
Le flop organisé
de « Jungle Cruise »
Quand la Chine ne met pas son
veto, c’est le public qui boude. Mi-
novembre, Jungle Cruise, le film
d’aventures incarné par les stars
Dwayne Johnson et Emilie Blunt, a
La China Film
récolté pour son premier week-
end en Chine la somme dérisoire
de 3,3 millions de dollars. Un flop
au regard des 200 millions de dol-
et le lars investis par Disney dans la
Propaganda production de ce blockbuster. Pé-
Department kin, il faut le dire, n’a pas vrai-
ment aidé le film à percer. Il a
ont exigé que
les cinémas
privilégient,
jusqu’à la fin
de l’année,
les films locaux.
Les salles
obscures
‘‘Leplusbeaucadeau
sont tenues
de projeter,
quem’aapporté
deux fois
par semaine,
lePrix?
aux meilleurs
créneaux
horaires,
des films
patriotiques à la
gloire du Parti
communiste
chinois » coachingBCorp ’’
© The Invisible Collection
Inscriptions et détails du prix sur notre site
lefigaro.fr/madame rubrique Business.
Date limite des candidatures : 10 décembre 2021.
En partenariat
donné son feu vert plus de trois
mois après sa sortie en salle et en
streaming sur Disney+ aux États-
Unis. Entre-temps, le piratage
était passé par là.
Bref, Hollywood se retrouve
dans une impasse. Au moment où
la dépendance des studios améri-
cains à l’égard du marché chinois
est la plus forte, Pékin ferme le ro-
binet, pour des raisons réglemen-
taires ou des questions de censure.
Ces dernières années, en effet, les
majors ont fait fructifier leur mo-
dèle en concentrant de plus en
plus leurs investissements dans
quelques grandes franchises. Im-
possible à présent de les faire
prospérer sans les salles chinoises.
L’empire du Milieu, qui pourrait
cette année encore décrocher le
titre de premier marché mondial
du septième art, est devenu in-
contournable quand les films sont
autorisés et projetés. La preuve : le
neuvième opus de Fast and Fu-
rious, par exemple, y a généré plus
d’argent (204 millions de dollars)
qu’aux États-Unis (173 millions de
dollars). Dans le cas de Godzilla vs
Kong, c’est même quasiment deux
fois plus : 189 millions en Chine
contre 100 millions outre-Atlanti-
que. Tout l’inverse des superpro-
ductions chinoises. La Bataille du
Isabelle Dubern-Mallevays / The Invisible Collection
Finaliste édition 2021
L’accélérateur
Googleetun
Retrouvez cette série de vidéos sur
les finalistes du prix sur madame.lefigaro.fr
rubrique business et nos réseaux sociaux
le figaro lundi 22 novembre 2021
31
lac Changjin, numéro 1 du box-
office mondial, a réalisé l’intégra-
lité de son chiffre d’affaires sur son
marché domestique…
En réussissant à gripper la ma-
chine hollywoodienne, Pékin
remporte une manche. « Si j’étais
un investisseur, je serais très pré-
occupé par une stratégie qui dépen-
drait de l’accès au marché chinois
et des bonnes grâces des régula-
teurs chinois du cinéma », expli-
quait récemment au Financial Ti-
mes Aynne Kokas, auteur de
Hollywood made in China et pro-
fesseur d’études à l’université de
Virginie. De son point de vue, pro-
duire des films à gros budgets en
prévision d’une sortie sur le mar-
ché chinois mais sans la garantie
qu’ils y soient projetés serait…
« financièrement irresponsable ».
Bannis du box-office chinois,
les super-héros survivront-ils
longtemps ? Venom, Black Widow,
avec Scarlett Johansson, ou enco-
re Eternals, le dernier Marvel,
n’ont pas obtenu leur passeport.
Compliqué, dans ces conditions,
d’atteindre et de dépasser le mil-
liard de dollars de recettes au box-
office mondial, comme au temps
des Avengers. Sauf exception, les
super-héros hollywoodiens n’ont
donc pas fini de broyer du noir. ■
c’étaitvous?
vous ?
Etsi
c’était
A
 Réalisé par 14HAUSSMANN

LE NOUVEAU LUXE
COMTEMPORAIN
Découvrez le nouveau F
mardi 23 novembre avec votre quotidien Le Figaro
 lundi 22 novembre 2021 le figaro - N° 24 029 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

style HigH-tecH
Tendance hORlOgèRe, BRuiTS de cOulOiR SPORT, SanTé… deS mOnTReS
eT OBjeT féTiche… ce qu’il fauT SavOiR cOnnecTéeS POuR TOuS leS uSageS
ceTTe Semaine Page 36 Page 37
Tudor

Comédie-Française et Cinéma,
TUDOR, POLAR, cOLL. cOméDie-FRAnçAise

les liaisons douCereuses

la nouvelle génération de comédiens membres de l’institution est de plus en plus sollicitée
par l’industrie du cinéma. deux activités parfois concurrentes, souvent complémentaires. enquête. PageS 34 et 35

cHurcHill à la conquête
des lumières du sud
un beau livre retrace en pHotos et en autant de tableaux son itinéraire de peintre
sur la côte d’azur.
ton qui peignait Antibes. Ne nous emballons voyage. Souvent, un garde du corps l’ac-
Françoise Dargent fdargent@lefigaro.fr
pas. Certes, Churchill savait manier le pin- compagne et déploie son matériel. On a

S
ceau, mais ses paysages restent sages. Ne les beau être peintre, on reste toujours officier.

« ’
il n’y avait pas la peinture,
je ne pourrais pas vivre, je
ne pourrais pas supporter le
poids des choses. » Pour
Churchill, le fait était en-
tendu bien avant que l’art-thérapie devien-
ne un concept à la mode. Le « Vieux Lion »
avait trouvé dans la peinture à l’huile un
dérivatif puissant à ses angoisses existen-
tielles. D’après Paul Rafferty, spécialiste de
l’œuvre de Churchill, celui-ci aurait peint
pas moins de 600 tableaux. Hélas, très rare-
ment signés, et encore moins datés. C’est
donc à un véritable jeu de piste que s’est li-
vré l’Anglais pour retracer l’itinéraire de
l’homme politique sur la Côte d’Azur, où il
aimait poser son chevalet, et qui donne lieu
aujourd’hui à un beau livre abondamment
illustré et préfacé par le prince Charles.
« Quel homme c’était et quel œil il avait ! »,
écrit Charles, pas peu fier, qui croit voir un
appelait-il pas « (ses) petits barbouillages » ?
Il découvre la peinture en 1915 à l’âge de
40 ans. Il est alors un ministre sans influen-
ce au sein du « war cabinet », affecté par le
désastre de la guerre. Entre l’armée et la
peinture, mieux vaut ne pas mélanger les
pinceaux, ses premières toiles sont donc
signées du nom de Charles Morin - il les ex-
pose en 1921 dans une galerie parisienne.
Stetson et parasol
Il découvre ces mêmes années l’attrait de la
lumière du Sud et n’aura de cesse de trou-
ver des points de vue idéaux sur la mer.
Saint-Jean-Cap-Ferrat, le cap d'Antibes, la
Sainte-Victoire, les calanques de Cassis, la
baie de Cannes, tout y passe. Cela tombe
bien, il est invité partout. Les vacanciers
interloqués le découvrent au détour d’un
chemin de ronde. Il faut dire qu’il ne passe
pas inaperçu avec sa blouse blanche, son
Willy Sax, son marchand de couleurs, lui
met le ciel en tube : le « bleu Churchill »,
disponible en clair et en foncé, devint par la
suite le « bleu royal ». Lui, bonhomme,
écrit en 1948 dans La Peinture, mon passe-
temps : « La peinture à l’huile est bien diffi-
cile, mais c’est bien plus beau que la peinture
à l’eau. »
En temps de guerre, il redevient l’homme
inflexible que l’on sait. Fini de rêver ! Une
seule toile connue de la période 1939-1945.
Il s’agit d’un tableau marocain intitulé
La Tour de la mosquée Koutoubia. Il l’avait, à
l’époque, offerte au président Roosevelt, et
c’est l’actrice Angelina Jolie qui l’a mise en
vente en mars dernier. La toile a pulvérisé
les estimations en atteignant la somme de
près de 9,6 millions d’euros. Pas mal pour
un « petit barbouillage ». ■
Churchill peint la Côte d’Azur,
de Paul Rafferty, traduit par Antoine Capet,
A

peu de notre Monet national dans le Wins- Stetson, son parasol et son chevalet de Albin Michel, 210 p., 39 €.
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

34 l'événement
Suliane Brahim, deniS
podalydèS, dominique
Blanc ou laurent
Stocker… de pluS en
pluS d’acteurS de
la maiSon de molière
S’illuStrent au cinéma.
Nathalie SimoN nsimon@lefigaro.fr
et aNthoNy Palou apalou@lefigaro.fr

L
a Comédie-Française est un vi-
vier pour le cinéma. Jean-Louis
Barrault, Isabelle Adjani, Jeanne
Moreau ou Michel Galabru sont
passés par là. Plus récemment,
Pierre Niney y a laissé son empreinte
avant d’être happé par le septième art.
Dominique Blanc, Guillaume Gallienne,
Laurent Laffitte ou Laurent Stocker alter-
nent régulièrement les deux.
Il n’y a jamais autant eu d’acteurs de la
Comédie-Française à s’illustrer sur le
grand écran. Adeline D’Hermy est la
maîtresse d’école dans Le Petit Nicolas,
Benjamin Lavernhe est avocat dans Les
Choses humaines, d’Yvan Attal, qui sorti-
ra en janvier. Même l’administrateur gé-
néral du lieu Éric Ruf tourne ces jours-ci
Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan, de
Martin Bourboulon. « En 1985, je tournais
La Femme de ma vie, de Régis Wargnier,
et Le Mariage de Figaro sous la direction de
Jean-Pierre Vincent, se souvient Domini-
que Blanc, entrée au Français il y a quatre
ans et demi. Au début je n’ai pas pu faire

La Comédie-Française quel
de cinéma tellement le programme était
chargé. »
« Il y a une espèce d’estime de la part des
producteurs et des directeurs de casting
quand on est à la Comédie-Française »,
assure Julien Frison, 28 ans, pensionnaire
depuis 2016, et qui entend bien y rester.
Lorsque, dans le générique d’un film, Jé-
rémy Lopez, sociétaire depuis 2017 et déjà
plus de trente pièces dans la grande mai-
son, voit son nom suivi de la fameuse que le spectacle dans lequel on joue ne soit envie de dire l’inverse. Au théâtre, malgré échappe. On est dans le présent. Au bout
mention - cette clause figure dans le rè- pas pénalisé », signale Denis Podalydès. l’importance du metteur en scène, j’ai l’im- d’une journée de tournage, le texte est
glement intérieur de la maison depuis D’ailleurs, il arrive souvent que les tour- pression que les comédiens sont quand oublié. Au théâtre, on peaufine, on redé-
1995 -, il sourit : « Ça fait long sur l’écran, nages soient reportés. même maîtres de la situation. Ils ont le couvre la pièce chaque soir. » Alors qu’il
c’est marrant. » « Cela demande une grande organisa- pouvoir de modifier une représentation, jouera L’Avare mis en scène par Lilo Baur
« Je vis avec la pensée de la quitter, mais tion, reprend l’acteur, qui sera en décem- l’accélérer ou la ralentir. C’est un pouvoir salle Richelieu dès avril 2022, Laurent
j’y suis trop attaché », confie Denis Poda- bre dans le prochain Arnaud Desplechin, que n’a pas l’acteur de cinéma ». Stocker sera sur les écrans dans Mes très
lydès. Le pensionnaire de la Comédie- Tromperie. « C’est parfois fatigant. » En chers enfants, d’Alexandra Leclère, Hom-
Française en 1997 devenu sociétaire en janvier-février, il sera très occupé. Le Des silences différents mes au bord de la crise de nerfs, d’Audrey
2000 a tourné les films de son frère jour, il tournera Making of, le film de Ils ne chôment pas les comédiens du Dana, et Goliath, de Frédéric Tellier.
Bruno, Versailles rive gauche et Dieu seul Cédric Kahn. Le soir, il jouera Tartuffe au Français. Passent ainsi des planches aux « Bien entendu, j’ai demandé des congés
me voit (Versailles-Chantiers), avant Français. « On peut anticiper », résume-t- plateaux sans relâche. Passent des nuits pour tourner. Des congés sans solde car
d’entrer au Français. Depuis vingt- il. « Ça tombe rarement bien ! On est sou- blanches. Pas le temps de souffler. Ces c’est la production qui nous paye. Les jour-
cinq ans, le comédien continue de se vent obligé de refuser des films, mais quand deux dernières années, Jérémy Lopez a nées de tournage sont défalquées de notre
nourrir du répertoire « ancien et nou- on ne les sent pas, la Comédie-Française enchaîné les tournages : Délicieux, d’Éric salaire de la Comédie-Française, qui est
veau » du Français, de cinéma et de mises est une bonne excuse », observe en sou- Besnard, Les Tuche 4, d’Olivier Baroux, Si notre premier employeur. »
en scène. « J’ai cette chance », lâche-t-il, riant Julien Frison, qui, heureuse coïnci- on chantait, de Fabrice Maruca, Novem- Suliane Brahim, sociétaire de l’institu-
faisant chorus avec Dominique Blanc. dence, donne la réplique à Ruf en Riche- bre, donc, de Cédric Jimenez, et Couleur tion depuis janvier 2016, a mis un peu de
Comme Muriel Mayette, qui, en son lieu dans Les Trois Mousquetaires. «Il de l’incendie, de Clovis Cornillac. À l’ins- temps à passer du théâtre au cinéma.
temps (de 2006 à 2014), a encouragé essaie de nous remplacer dans la mesure du tar de ses camarades sociétaires, il a de Mais force est de constater que le cinéma
« ses » comédiens à se diversifier, Éric possible », ajoute l’acteur belge, qui a l’énergie, il est heureux de travailler offre plus de rôles aux hommes qu’aux
Ruf donne souvent son « feu vert » à ses également été disponible pour le tour- comme deux, observe plein de sagesse : femmes. Et que les critères physiques en-
ouailles, jongle avec le programme de la nage de La Nuit du 12, de Dominik Moll. « Plus on en fait, moins on est fatigué. » trent beaucoup plus en ligne de compte
maison pour les contenter. Celle qui avait « Je ne pourrais me passer ni de l’un, ni Plusieurs journées en une, voilà une pour les secondes que pour les premiers.
engagé Pierre Niney et Laurent Lafitte y de l’autre », affirme Denis Podalydès. gymnastique difficile mais nécessaire afin D’ailleurs, les femmes sont moins nom-
voit plusieurs avantages : les acteurs se Selon Julien Frison, le cinéma n’est pas de « ne pas s’enfermer dans un mécanis- breuses à la Comédie-Française : 24
font davantage connaître du grand public « plus facile ». Parfois, c’est même le me, un confort ». On ne présente plus contre 34 hommes. « Il y a toute une nou-
et cela rejaillit sur la Comédie-Française, contraire : « Tout dépend du scénario, des Laurent Stocker. À 48 ans, son pedigree velle génération qui n’arrête pas de tour-
le cinéma donne aux acteurs accès à des exigences du metteur en scène », expli- donne le vertige. Quarante-deux pièces ner », se réjouit toutefois Dominique
rôles différents de ceux du répertoire et que-t-il. Jérémy Lopez a, lui, tourné cet au Français, une trentaine de films, un Blanc, moins sollicitée par le septième art
complète ceux qui leur sont proposés sur été Novembre, de Cédric Jimenez, avec Molière, deux César… « J’aime beaucoup pour des personnages de son âge, remar-
le plateau. Jean Dujardin, et répétait au Français Les passer du théâtre au cinéma. Lorsqu’on est que-t-elle.
Démons sous la direction de Guy Cassiers. au théâtre, on a tendance à décupler les Il semblait à Suliane Brahim, 43 ans,
Allers-retours complémentaires Pour le trentenaire à l’affiche d’Eiffel, choses, à se faire entendre, c’est un peu qu’elle ne pouvait pas trouver à l’image
« Je voulais que les acteurs soient heureux, de Martin Bourboulon, ce n’est pas le l’infiniment grand. Au cinéma, on est dans l’équivalent de ce qu’elle ressent sur une
c’est merveilleux pour eux de déployer leur même métier mais « parfois, dit-il, j’ai la chose microscopique, l’image vous scène. Puis, peu à peu, elle a réalisé que se
artisanat. Les acteurs du cinéma ne font
pas forcément du théâtre, mais tous les ac-

marina handS : « l’alternance permet de S’émanciper »

teurs de théâtre peuvent faire du ciné. »
« Il y a des rôles qu’on ne peut pas jouer au
théâtre », confirme Julien Frison, pas en-
core « bankable », actuellement laquais
dans La Cerisaie, dans la mise en scène de
Clément Hervieu-Léger. Selon Domini-
que Blanc, le cinéma est « l’art de l’arra-
che. Ce saut dans l’inconnu est jouissif. Au
théâtre, il y a deux mois de répétition »,
observe l’actrice, qui en mars a tourné
L’Origine du mal, réalisé par Sébastien
Marnier.
Les allers-retours entre les deux se-
raient bien complémentaires : « Les ac-
teurs jouent différemment au cinéma et au
théâtre, observe Muriel Mayette. Le suc-
cès d’“Au théâtre ce soir” s’explique parce
qu’ils jouaient pour les caméras. » On doit
d’ailleurs à l’ex-administratrice générale
la collection des films du répertoire au ci-
néma (L’Illusion comique, de Corneille,
par Mathieu Amalric, Les Trois Sœurs de
Tchekhov par Valeria Bruni-Tedeschi, Le
Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux
par Valérie Donzelli…). « Les jours de
A
Marina Hands : « J’ai un respect infini
La comédienne a quitté la Comédie-
Française en 2007, un an après y être
entrée. Elle y est revenue en avril 2020
et a créé depuis avec Serge Bagdassa-
rian Mais quelle Comédie ! En janvier,
elle jouera Elvire dans le Tartuffe de
Ivo van Hove avec Denis Podalydès et
Dominique Blanc.
LE FIGARO.- Pourquoi aviez-vous
quitté la Comédie-Française ?
Marina HANDS.- J’avais été engagée
par Marcel Bozonnet. Muriel Mayette
est arrivée et sa manière de diriger
était différente. Je me sentais mal à
l’aise, j’étais intimidée. J’avais l’im-
pression que c’était le passé de la Co-
médie-Française et son histoire rigo-
riste qui revenaient. J’étais jeune, je
me sentais jugée, ça ne me correspon-
eu un César pour Lady Chatterley (le
film de Pascale Ferran).
Muriel Mayette avait dit à l’époque
que vous pouviez revenir quand vous
le souhaitiez.
Oui, elle s’est assouplie. Ça a été un
crève-cœur de partir, j’adorais la
troupe, mais cela me paraissait com-
pliqué de composer avec le système. Je
suis partie en bons termes, j’ai toujours
aimé la Comédie-Française, mais j’ai
besoin de fluidité, d’évidence et d’har-
monie dans ma façon de travailler.
Vous les avez trouvées en jouant
Sœurs de Pascal Rambert et une série
d’Arte (Mytho) ?
Oui, la rencontre avec un rôle et un
metteur en scène est de l’ordre de l’ex-
m’aide à grandir dans ma perception
des choses, mes choix et mon identité.
Je crois au terrain, aux expériences.
La Comédie-Française vous a-t-elle
manqué ?
Tout le temps, j’ai des copains là-bas et
un respect infini pour cette maison.
Éric Ruf est venu voir mes spectacles.
L’idée de revenir a mûri. Je lui ai de-
mandé conseil avant qu’il devienne
administrateur général. À la Comédie-
Française, les conditions de travail
sont exceptionnelles, tout est dévoué à
l’artistique, on a plus de temps qu’à
l’extérieur. On est dans un bain de
création extrêmement privilégié.
L’idéal est de jongler avec cinéma et
théâtre. On dit que les voyages for-
ment la jeunesse, mais l’alternance

tournage sont déduits de notre salaire de la pour la Comédie-Française. » dait pas. J’avais l’impression de ne pas ceptionnel, le reste c’est de l’entraîne- permet de s’émanciper.
Comédie-Française, on s’arrange pour Stéphane Lavoué, coLL. comédie-FrançaiSe avoir le choix. Au même moment, j’ai ment. Je continue à apprendre, cela PROPOS RECUEILLIS PAR N. S.
 le figaro lundi 22 novembre 2021

Culture Culture 35

Au cinéma, les acteurs se font

davantage connaître du grand public, Rocio Molina
Pèlerinage aux sources
et cela rejaillit sur la Comédie-
Française, tels, notamment,
Suliane Brahim, Denis Podalydès,
Dominique Blanc ou Laurent Stocker
(de haut en bas).
À Chaillot, la danseuse et Chorégraphe revient au plus pur du flamenCo.
pour un speCtaCle Curieusement sage et d’une beauté parfaite.
cise : poignets qui tournent d’un mouve- cien, celui de la vie quotidienne et de ses
AriAne BAvelier £@arianebavelier ment sec, bras qui se lèvent lentement simples objets. Ces petits riens sont tout,

L
a scène noire du Théâtre de
Chaillot semble couverte d’une
page de papier blanc. Une chaise
Les journées en paille, un micro et, derrière
de tournage sur le noir, une bassine. Une vi-
sion iconique de ce qui est pur et simple ?
sont défalquées Que veut dire ce décor ? À force de déchi-
de notre salaire rer le monde sous ses talons pour en faire
surgir Dieu sait quelles formes, Rocio Mo-
de la Comédie- lina, la furieuse, l’insoumise, aurait-elle
Française, qui changé de pied ? Elle apparaît au fond. Vi-
sage pointu de chat, chevelure tirée. Sa
est notre premier robe semble taillée dans un nuage. Elle
employeur »
Laurent Stocker, Sociétaire
sourit. Elle s’approche doucement. Un
homme s’assied. Elle lui tend une guitare.
Se tisse dans ses gestes, leur douceur,
de La coMédie-FrançaiSe leur économie, quelque chose d’infini-
ment vaporeux et amorti. L’envers de la
colère qu’on lui connaît si vive. Une pa-
tience, une manière de suspendre les ins-
tants dans une paix qui rappelle les Mado-
nes de Murillo emportées vers les nimbes,
et escortées d’angelots. Cela dure. On
comme on s’étire, puis tracent au-dessus
de la tête une couronne, une caresse.
Souveraineté sereine
Rocio écoute la guitare d’où fuse une
gamme d’états d’âme entre les doigts ha-
biles de Rafael Riqueni. C’est un maître
aux cheveux blancs et au visage buriné. Il
est compositeur et instrumentiste. Elle
aussi à sa manière, du haut de ses 37 prin-
temps. Elle lui répond de tout son corps,
qu’elle sait faire musiquer du bout des
doigts et du talon. Elle s’approche de lui,
pose sa tête dans son dos, sort un éven-
tail. Sa danse s’épanouit en cambrés tirés
ou rabattus par la main qui tient l’objet.
Elle les trace de profil avec cette souve-
raineté sereine qui marque chacun de ses
gestes. Il y a dans le dessin raffiné de ce
corps qui s’éploie quelque chose de la
beauté des geishas du kabuki.
Un autre éventail vient dans son autre
main. Elle s’accroupit devant la bassine,
les trempe l’un après l’autre dans l’eau.
comme chez Morandi, dans le même jour
crémeux. Rocio Molina, genoux pliés et
jambes écartées, martèle des figures pro-
saïques entre des pauses toute de délica-
tesse. La scène s’ombre, les étoiles mon-
tent sur la page blanche. Rocio Molina
danse au milieu de la voie lactée. La poé-
sie ne change pas. Rocio Molina, tout
sourire, danse une paix allègre, saisie au
creux de chaque seconde qui passe.
Joliment, elle invite le guitariste à dé-
ménager. Elle le sort du blanc, l’installe
sur le noir. Le cajole. Elle détache le tissu
blanc du sol et se drape dedans. Elle reste
de dos un temps encapuchonnée, figure
de l’Espagne éternelle et mystique des
moines de Zurbaran. La danseuse tire
cette corolle gigantesque autour d’elle. La
moniale devient fleur, enfant naissant
d’un ventre, posé sur le dos et agitant ses
membres. Inicio dure une heure et quart.
Après une heure d’entracte lui succède Al
Fondo Riela. Deux soli puissants et pre-
nants où la danse travaille sur l’écoute, le

Agenda s’étonne. On guette le coup de talon qui

fracassera ce vertige comme une fusillade
Les gouttelettes paillettent l’espace. Ro-
cio écoute la guitare mais aussi, mais sur-
dialogue, la naissance des images. ■
Au Théâtre national de Chaillot

des films dans une aube ouatée. Mais rien. Juste des
gestes nés par hasard et que la danse pré-
tout, entre ses notes tressées, le temps qui
passe : celui de la complicité avec le musi-
jusqu’au 26 novembre. Rés. : 01 53 65 31 00.
theatre-chaillot.fr
● En ce moment

cinéma !
Suliane Brahim
Zone Blanche de thierry Poiraud
et Julien despaud, série diffusée
sur France 2.

● 1er décembre 350 VIGNERONS, 2 500 VINS, 26 MASTER CLASS

Benjamin lavernhe
Les Choses humaines d’Yvan SÉLECTIONNÉS PAR LE GUIDE BETTANE+DESSSEAUVE
attal.

retrouver dans des décors réels, devant ● 8 décembre

une caméra, avait cette étrange vertu, Jérémy lopez
celle de voler des choses. Alors, elle ima- Les Tuche 4 d’olivier Baroux.
gine chaque plan comme un plan-sé-
quence : « Au cinéma, tout ne repose pas
sur nous. Sur une scène, les choses qui
● 15 décembre
laurent Stocker
échappent au comédien sont beaucoup plus
rares. C’est un peu pécher de fourcher, de Mes très chers enfants
ne pas savoir dire son texte, on est beau- d’alexandra Leclère.
coup plus dans le contrôle. Ce n’est pas la
même adrénaline. » La comédienne, qui a ● 29 décembre
tourné dans Hors normes, d’Olivier Na- Denis Podalydès
kache et Éric Toledano, et La Nuée, de Tromperie d’arnaud desplechin.
Just Philippot, a cette belle formule lors-
qu’elle parle du silence, qui ne serait pas
le même au cinéma : « Au théâtre, il faut le
briser. » Elle ajoute : « Théâtre et cinéma,
en 2022
ce n’est pas le même langage mais c’est
quand même le même métier. On est là
● 9 mars
laurent Stocker
pour raconter des histoires, que ce soit
avec un texte de Racine où le scénario
Goliath de Frédéric tellier.
d’untel ou untel. Vous savez, il n’y a pas
plus de tricherie au cinéma qu’au théâtre : ● Mars (date à venir)
lorsqu’on parle à un bout de scotch à côté Marina Hands et laurent Stocker
d’une caméra, c’est la même chose que Hommes au bord de la crise
lorsqu’on raconte une tempête en soufflant de nerfs d’audrey dana.
dans une pièce de Shakespeare. »
● 2 novembre
Un luxe

LE GRAND
Dominique Blanc
Démarche un peu différente du côté de L’Origine du mal de Sébastien
chez Benjamin Lavernhe, qui commença Marnier.
devant la caméra avant d’entrer à la Co-

TASTING
médie-Française, dont il est sociétaire
depuis 2019. C’était dans Radiostars, de
● Dates à venir
Romain Lévy (2012). « Quand on entre
Éric ruf et Julien Frison
jeune dans cette maison, on est comme as- Les Trois Mousquetaires :
piré par un immense programme. Jusqu’à D’Artagnan de Martin
sept pièces par an. Alors, il faut jongler Bourboulon.
pour faire du cinéma. » Face aux
Jérémy lopez
contraintes du lieu, plusieurs acteurs, et
Novembre de cédric Jimenez.
pas des moindres, comme Judith Chemla,
Grégory Gadebois, Marina Hands (lire ci-

LE GÉNIE DU VIN A SON FESTIVAL

dessous) ou Julie-Marie Parmentier l’ont
quitté pour voler de leurs propres ailes.
La Comédie-Française et le cinéma ne
naviguent pas forcément de conserve

59
mais leurs rapports sont anciens. À une
époque, Gisèle Casadessus a dû choisir.

Paris • Carrousel du Louvre

On lui interdisait le moindre tournage.
Après tout, ce qui compte, c’est qu’il y ait
des comédiens derrière le rideau quand il
se lève. Passer des planches aux plateaux, 3 et 4 décembre 2021 • Tarifs et inscriptions : grandtasting.com
pour Benjamin Lavernhe, c’est avoir de
« beaux problèmes ». Un luxe. Ainsi a-t-il
enchaîné début 2020 The French Dispach,
de Wes Anderson, Délicieux, d’Éric Bes-
nard, ou encore Les Choses humaines, comédiens Un événement
d’Yvan Attal. dans la Maison de Molière
Car, aujourd’hui, la Comédie-Française
aime prêter ses comédiens. A-t-elle be-
soin de ces escapades pour s’attirer un pu-
blic différent, un public intimidé par son
prestige ? Qu’importe. Une chose est cer-
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
A

taine : cet adultère consenti est sacrément

réjouissant. ■
 lundi 22 novembre 2021 le figaro
Style
36
L’OBJeT FÉTicHe De…
Jean-Charles
de CastelbaJaC
■ Son exposition atelier
au Centre Pompidou,
« Le Peuple de demain »
(à la Galerie des enfants
jusqu’au 9 mai 2022), donne
la part belle au dessin, « comme
outil de réalisation », explique
le créateur, septuagénaire
mais au cœur d’éternel bambin.
« Pour l’expo, j’en ai réalisé
plus de 800 au Posca. Je voue
une passion à ce marqueur
depuis ma rencontre
avec Keith Haring, trois ans
avant sa mort. Je le revois
encore, dans mon salon,
réaliser des cadavres exquis
avec mes enfants en utilisant
ces très gros feutres.
C’est à la suite de cette amitié
que j’ai commencé à dessiner
dans la rue mes fameux
visages d’anges. Avec
un Posca, je peux dessiner
partout, sur des vitres,
du métal. Il possède ce trait
irrégulier
et permet
les accidents
esthétiques qui
caractérisent
mon style. Il me
semblait logique
d’en proposer
une boîte dans
la boutique
du musée. »
Forcément
collector.
16,20 €
la pochette
de 4 Posca,
pour
le Centre
Pompidou,
Jean Charles
de
Castelbajac
(Paris 4e).
Un coffret pour
tous les amoureux d’histoire
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Les 100 Dates clés
de l’histoire de France
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rGe Zucconi
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el et MattHieu Mo
don, Judikael Hir
Par Valérie Gué
La mOnTre De pLOngÉe,
un succès insubmersible
■ Cet automne, Adrien
Brody est partout :
à l’affiche de The
si Ce Classique horloger ne voit pas souvent French Dispatch
les vagues, il demeure la star inContestée des poignets. de Wes Anderson,
C
dans la saison 3
apable d’affronter les em- fines pour se glisser sous une manche ■ L’Oyster Perpetual Submariner de la série du moment,
bruns, de rester étanche de chemise et se marier à un costume. » de Rolex (9 050 €), revue
àdes centaines de mètres de Sans compter que nombre de modèles et élargie l’an passé, revendique
Succession, et,
profondeur comme de résis- subaquatiques sont devenus des lé- un boîtier de 41 mm étanche désormais chez Kith, la
ter à la douche quotidienne, gendes : Rolex Submariner, Omega à 300 mètres, un mouvement marque de streetwear
la montre de plongée remporte tous Seamaster, Tudor Pelagos, Longines dernier cri et différentes lunettes de New York, dont il
les suffrages. « Ce succès, on le constate Hydroconquest, Panerai Luminor… de couleurs en céramique.
Arden SoftwAre ; ClAude BoSSel/rolex ; BlAnCpAin ; ZrC ; lonGineS ; tudor
tous les jours en magasin, confirme est la nouvelle égérie.
Nathalie Célia, directrice générale Le mélange des genres
France de Bucherer, le temple horloger En la matière, les exploits de l’agent 007 ■ Selon Lyst,
du boulevard des Capucines, à Paris. Et comme le succès jamais démenti des
ce, même si son usage est détourné, car créations de Rolex donnent le la du le moteur de recherche
elle est très souvent utilisée en ville et ne marché. Ainsi, les amateurs pratiquent de la mode, les jeans
voit pas beaucoup la mer ! » Comment de plus en plus, dans la vie comme dans à coupe ample
expliquer un engouement aussi leurs choix horlogers, le mélange des
constant pour une montre inventée genres. « La montre de plongée s’adapte
de Levi’s sont plus
dans les années 1920 ? à tout , estime Nathalie Célia. En cela, populaires que jamais :
D’abord parce qu’elle est taillée elle est dans l’air du temps. De nos jours, + 52 % de requêtes
pour durer. « Elle est conçue pour ré- vie professionnelle et vie personnelle
sister à des conditions extrêmes. Or au s’entremêlent. On télétravaille, on fait
en 2021, deux fois
regard du prix d’une belle montre, il est dusport, on passe d’une sphère à l’autre plus que les modèles
rassurant pour le consommateur de ne plusieurs fois dans la même journée. » Au ■ Ce modèle GF 3 000 en titane près du corps.
pas risquer de la détériorer à la moindre point désormais de porter ces classiques de ZRC 1904 (3 990 €), boîtier
mauvaise utilisation ! », poursuit l’ex- sur un bracelet Nato plus accessible ou monobloc de 42 mm, surprend
perte. Au-delà de sa solidité, son look de bousculer les codes de son design à avec sa couronne vissée ■ Gucci retrouvera
sport chic (boîtier et bracelet en mé- l’instar de la très atypique et urbaine à 6 heures. Garanti étanche les podiums de la
tal, lunette tournante de couleur…) fait Tambour Street Diver de Louis Vuitton, à 3 000 mètres, il a été testé Fashion Week de Milan
toute la différence. « Les plongeuses, couronnée montre de plongée de l’an- à 5 100 mètres de profondeur.
V. G. qui à l’origine étaient des instruments née lors des derniers Oscars de l’horlo- en février, après une
professionnels, sont de nos jours assez gerie, à Genève. ■ J. H. absence de deux ans.
■ Mercredi dernier,
lors de sa présentation
par son nouveau club,
le FC Barcelone, le
présente footballeur Dani Alves
portait un costume à
col châle et des tongs.
■ La Fifty Fathoms Bathyscaphe
en titane de Blancpain (10 780 €) Une association pour
est la dernière descendante en le moins étrange.
date d’une collection remontant
aux années 1950. D’un diamètre
de 43 mm, elle est étanche ■ Les cours
à 300 mètres. du coton atteignent
des niveaux records,
si bien qu’une
augmentation
de 5 à 10 % des prix
des vêtements serait
à prévoir dans
les prochains mois…
■ Le Dauphiné libéré
rapporte qu’un avion
■ Avec sa Pelagos FXD (3 650 €),
parti de Londres pour
Tudor reprend la mer au poignet Zurich, le 7 novembre,
des soldats d’élite du commando a dû faire demi-tour
Hubert. Elle associe boîtier
de 42 mm en titane, cadran bleu
à cause d’une
et calibre Manufacture. odeur inquiétante
à bord… qui s’est
avérée provenir
de chaussettes
sales présentes
dans la cabine.
Les 100 lieux
qui ont fait la France
Les 100 inventions
qui font la fierté de la France ■ Depuis son lancement en 2007,
l’Hydroconquest de Longines
(1 680 €), descendante
OUT
de la Conquest de 1957, bat
des records de vente. En acier
21,90€ ACTUELLEMENT DISPONIBLE
dans tous les points de vente et sur www.figarostore.fr
avec lunette en céramique, cette
plongeuse à prix sage de 41 mm
est étanche à 300 mètres.

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est l’objet nomade par
excellence. Légère, dis-
crète, toujours au poi-
gnet, la montre connec-
tée porte les plus grandes
espérances de l’homme moderne (ou
de la femme) hyperconnecté. En lien
direct avec le smartphone, elle permet
d’accéder à de nombreuses informa-
tions en restant concentré, sans devoir
sortir son téléphone de sa poche. Noti-
fications, appels, suivi de l’activité
physique, quantité d’oxygène dans le
sang, tension artérielle, alertes en cas
de fibrillation auriculaire… Les possibi-
lités sont tellement nombreuses qu’on
veillera à ne laisser s’afficher que celles
que l’on estime indispensables pour ne
pas se retrouver harcelé par sa propre
montre. Un comble ! On ne compte
plus le nombre de marques et de réfé-
rences sur le marché. Spécialistes de la
montre de luxe, fabricants de smart-
phones ou acteurs du monde du sport,
tous déclinent leur vision de l’heure
connectée à l’aune de leur domaine de
prédilection. Et même s’ils tendent à
proposer les mêmes fonctionnalités de
base, ils peuvent se classer selon le ni-
veau de priorité qu’ils leur concèdent.
Suivez le guide.
uSanté
Depuis de nombreuses années, c’est
l’Apple Watch qui mène le bal en trus-
tant la première place des ventes.
Avantageusement intégrée à l’écosys-
tème Apple, elle se présente comme le
choix incontournable pour les posses-
seurs d’iPhone. Toujours à la pointe de
l’élégance, la Serie 7 (à partir de 429 €)
étrenne un écran agrandi et une abon-
dance d’applications de santé : cœur,
sommeil, stress, détection de chute
avec appel des secours. Tout est fait
pour garantir la sécurité de son por-
teur. Pensée pour un usage semi-mé-
dical, elle intègre également la mesure
de la saturation du sang en oxygène ou
l’électrocardiogramme pour détecter
les éventuelles anomalies cardiaques.
Parmi, les fonctionnalités les plus uti-
les, signalons la possibilité de payer
sans contact sur les terminaux bancai-
res ou encore celle de piloter
les objets connectés de la
maison (lumières, portes,
caméras…).
Dans le même esprit, la
Samsung
Watch 4 Classic (à
Galaxy
partir de 399 €, boî-
tiers 40 et 44 mm) cu-
mule un impression-
nant nombre d’outils
dans le domaine de la san-
té : podomètre, cardio-
fréquencemètre, électrocar-
diogramme, tensiomètre,
oxymètre, bio-impédance. Le
coréen semble vouloir suivre
la même voie que son éternel
rival Apple. À cela, il ajoute
les connexions sans fil aux
réseaux Bluetooth, Wi-Fi
et GPS. Si la Galaxy
Watch se différencie par
la première mesure de
bio-impédance disponi-
ble sur une montre (pour
déduire la masse musculaire
et la masse graisseuse) ainsi
que la mesure de la pression
artérielle sans équipement addi-
tionnel, elle perd des points en
réservant cette dernière fonc-
tion aux seuls possesseurs de
smartphones Samsung. Béné-
ficiant d’un design léché et
d’un bel écran tactile de
34,6 mm, la Watch Classic
comblera sans problème ces
derniers.
Les utilisateurs d’Android et
d’iOS pourront se tourner vers
des produits offrant plus de
compatibilité tels que la
ScanWatch Horizon du français
Withings (500 € en 43 mm). Le
spécialiste historique des me-
sures de santé présente un mo-
dèle étanche hybride, associant
le design des légendaires mon-
tres de plongée, à lunette rota-
tive et index luminescents, à un
tous à l’heure digitale
outil de précision capable d’effectuer
des électrocardiogrammes de grade
médical, de mesurer la saturation du
sang en oxygène et de dresser un suivi
détaillé des activités physiques comme
du sommeil. Autre atout notable, il re-
vendique une autonomie exceptionnel-
le de trente jours, contre un à deux
jours pour la plupart de ses concur-
rents. Autre acteur incontournable,
l’américain Fitbit, désormais dans le
giron de Google, vient de dévoiler le
Charge 5 (179 €). Cet élégant bracelet
étrenne un score d’aptitude (en fonc-
tion du niveau d’activité, de la variabi-
lité de la fréquence cardiaque et des ha-
bitudes de sommeil, il privilégie les
entraînements intenses ou les phases de
récupération), un ECG en 30 secondes
et, surtout, un outil de suivi de la gly-
cémie totalement inédit. On regrettera
l’obligation de contracter un abonne-
ment pour accéder à certaines données
clés. Cinq jours d’autonomie.
uSport
Grand ordonnateur de technologie
sportive portable, le finlandais Polar a
mitonné pour les sportifs du
monde entier une Grit X Pro
(500 €) de qualité militai-
re, résistante aux rayures
grâce à sa lentille en
verre Saphyr. Elle peut
plonger à 100 m de pro-
fondeur et fonctionner
de - 20 °C à + 50 °C. Al-
liant suivi de la fré-
quence cardiaque et pré-
cision GPS, elle guide les
athlètes confirmés comme
amateurs sur des itinéraires
étudiés pour eux, affichés direc-
tement sur son cadran. Au re-
tour, elle analyse la qualité du
sommeil et de la récupération.
Plus accessible, l’Amazfit
GTR3 Pro (200 €) propose
le même type de presta-
tions et se synchronise
aux plateformes de santé
traditionnelles (Apple
Santé, Google Fit, Strava,
Relive, Runkeeper…)
pour partager les données
sportives. On retiendra son
autonomie de douze jours.
uStyle
Les amateurs de montres
connectées restent souvent
freinés par la taille imposante
de certaines références, ainsi
que par leur design très mas-
culin. Difficile d’adresser ce
type de reproche à la Huawei
Watch Fit mini. Avec sa taille
compacte et son poids plume
de 20 g, elle siéra à merveille
aux poignets féminins, tout en
leur dispensant une connecti-
vité irréprochable et des en-
traînements sportifs variés
(85 modes dont la corde à
sauter, le rameur ou la dan-
se…). En bonus, elle affiche
quatorze jours d’autonomie et
un prix doux de 99 €. Les
amoureux du style se régale-
ront des différentes variations
Ci-dessus : en milieu de gamme,
la montre chinoise Amazfit GTR3 Pro se
synchronise aux plateformes de santé
traditionnelles pour partager
les données sportives.
Ci-dessous de haut en bas :
Toujours à la pointe de l’élégance, l’Apple
Watch Série 7 étrenne un écran agrandi.
La Mobvoi TicWatch Pro 3 Ultra propose
une connexion 4G pour téléphoner
sans disposer d’un mobile à proximité.
Désormais dans le giron de Google,
Fitbit vient de dévoiler le bracelet Charge 5
doté de cinq jours d’autonomie.
peepo/Getty ImaGes, apple, mobvoI , FItbIt
IL EXISTE UNE CULTURE FRANÇAISE
À l’occasion de la parution de Promenades, un livre sur la culture, Nicolas Sarkozy sera l’invité
d’Alexis Brézet et de Vincent Trémolet de Villers, salle Gaveau. L’ancien Président dévoile pour
la première fois sa passion pour l’art, explique ses choix culturels et insiste sur la nécessité pour la France
d’avoir une politique culturelle ambitieuse comme réponse aux crises.
de la Fossil Gen 6. Proposée dans quatre
coloris avec le boîtier de 44 mm et trois
coloris avec le boîtier de 42 mm (et une
infinité de bracelets interchangeables),
elle intègre le suivi continu du rythme
cardiaque, un capteur SpO2 et un haut-
parleur pour passer et recevoir des ap-
pels en mode connecté. Passons rapi-
dement sur la Mobvoi TicWatch Pro 3
Ultra (400 €) avec connexion 4G pour
téléphoner sans disposer d’un mobile à
proximité, pour terminer avec un pro-
duit hors catégorie : la Xplora X5 Play
(170 €). Destinée aux enfants, elle per-
met aux parents de passer des appels à
leur progéniture et de connaître leur
position à tout moment. Intrusif ? Oui.
Mais tellement rassurant. ■
NICOLAS
SARKOZY
MARDI 30 NOVEMBRE 2021
20H00 - SALLE GAVEAU
45-47 rue La Boétie, 75008 Paris
JEUDI 2 DÉCEMBRE 2021
18H00 - CONFÉRENCE EN LIGNE
TARIF SALLE GAVEAU : 25 €
Placement libre
TARIF EN LIGNE : 16 €
Réservez vos places sur
www.lefigaro.fr/rencontres
Informations au 01 70 37 18 18
le figaro lundi 22 novembre 2021
37
en bref
casque audio
à énergie solaire
Une autonomie illimitée ! Voilà
la promesse du casque Bluetooth
Los Angeles de la marque
suédoise Urbanista (199 €).
Grâce à un bandeau invisible
situé sur l’arceau, cet élégant
monolithe noir se recharge en
permanence lorsqu’il est exposé
à la lumière, à l’extérieur comme
à l’intérieur. Il exploite une appli
mobile pour iOS et Android
afin de visualiser le niveau
de charge et de personnaliser
les commandes physiques
(réduction de bruit, assistant
vocal). Il produit un son
chaleureux, gorgé de basses,
idéal pour l’écoute des musiques
urbaines et électriques.
rasoir infatigable
Grâce à sa tête innovante,
le rasoir Braun Series 9 (330 €)
reste efficace et doux sur tous
les types de poils (1, 3 ou 7 jours).
Sa puissance s’adapte
automatiquement à la densité
de chaque barbe. Idéal pour les
nomades, il profite également
d’un étui rechargeable offrant
six semaines de rasage sans fil
et sans recharge. Coffret Series 9
+ Power Case 400 €.
cadre intelligent
Même à distance, le cadre Aura
Carver (189 €, auraframes.fr)
permet de partager ses photos
depuis son téléphone ou ceux
de ses proches et de les afficher
sur un écran haute définition
de 10,1 pouces (25,65 cm
de diagonale). Idéal pour garder
contact avec sa famille,
il bénéficie d’un stockage illimité
et de l’orientation automatique :
une image en mode paysage
ou deux photos côte à côte
en mode portrait.
DESSIN CLAIREFOND
A
 lundi 22 novembre 2021 le figaro

38 Télévision
« service volé », Julie de Bona Joue le match d’une vie
l’actrice interprète de Façon poignante le rôle
de la chaMpionne de tennis isabelle deMongeot, en quête
de justice après avoir été victiMe de violences sexuelles.
testinaux et de constipation douloureuse
laureNt lOuët £@LaurentLouet sans raison apparente, l’ex-championne

E
n 2005, l’affaire avait boulever-
sé le monde si secret du sport.
Pour la première fois, une
championne révélait avoir été
victime de violences sexuelles
perpétrées par son entourage. Isabelle
Demongeot affirmait avoir subi pendant
neuf ans, durant toute son adolescence,
les viols de son entraîneur de tennis. Sans
en parler à personne. Totalement sous
l’emprise de cet homme. L’ex-numéro 2
française était l’une des premières spor-
tives à avoir le courage de dénoncer les
violences sexuelles.
Adapté de son livre éponyme paru en
2007, le téléfilm Service volé, réalisé par
Jérôme Foulon avec la collaboration de
Sophie Deschamps et Claire Lemaréchal,
ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet.
En août 1980, Isabelle Demongeot a
14 ans. Jeune prodige du
tennis, elle remporte son
premier titre de cham-
pionne de France sous le
regard admiratif de ses ○○○¡
21.05
parents. À la sortie du
court, la jeune Tropézienne reçoit les féli-
citations de son entraîneur : « Si tu es prê-
te à tout donner, on va aller très loin tous
les deux. Tu vas voir… »
Le contraste entre l’innocence d’une
jeune fille conquérante et l’emprise d’un
homme au pouvoir établi est saisissant.
D’autant qu’à l’écran l’enfant laisse place
à une femme meurtrie au plus profond
d’elle-même lors d’une scène boulever-
sante. Vingt-cinq ans plus tard, souffrant
de douleurs abdominales, de troubles in-
consulte. Et entend le médecin lui dire
que son cas rappelle ceux de patientes
abusées sexuellement. « Le corps se sou-
vient, souffle le praticien. Il a acquis un
réflexe de protection : il se ferme, verrouille
tout… » « Il n’y a que deux personnes qui
savent », répond-elle. Et le docteur,
après avoir diagnostiqué un choc post-
traumatique, d’ajouter : « Vous savez s’il y
a eu d’autres victimes ? »
« Accord moral »
Plus tard, les yeux fixes et le regard vide,
la comédienne Julie de Bona, qui inter-
prète Isabelle Demongeot, témoigne à la
barre du tribunal. Aujourd’hui, l’actrice
parle avec des trémolos dans la voix de
ce rôle si particulier dans sa carrière.
« Je cherchais du sens à mon métier,
quand j’ai lu le scénario, confie-t-elle au
Figaro. Cela m’a paru comme une évi-
dence qu’il fallait que je le
fasse. C’était important
que je défende cette per-
sonne que je découvrais
et cette cause au cœur de
l’actualité. »
Avant de se lancer, Julie de Bona a sou- Julie de Bona incarne la joueuse des points ensemble », relève Julie de c’était chouette. Je l’ai vue craquer aus-
haité rencontrer Isabelle Demongeot. de tennis Isabelle Demongeot Bona. si… » Grâce à des dialogues ciselés, le
Elle avait besoin de « lui demander son ac- (ici lors de la scène reconstituant Durant le tournage qui a eu lieu à rythme du film permet d’avancer dans
cord moral » et de « la ressentir dans son le procès de son ancien entraîneur). Saint-Tropez, Isabelle Demongeot dînait l’intrigue au pas de charge. L’ancienne
histoire, son émotion, sa vibration, pour cHrisTOPHe cHeVaLin/TF1 souvent avec l’équipe du film et les ac- joueuse se lance à corps perdu dans la re-
(se) glisser dans la peau du personnage ». teurs Laurent Lucas (l’entraîneur), Sa- cherche d’autres victimes potentielles.
Une condition remplie. « En vingt-quatre muel Labarthe (l’enquêteur) et Florence Avec l’aide d’un gendarme, elle réussira à
heures, elle a réussi à se confier. Et j’ai per- Pernel (la mère). « C’était éprouvant pour recueillir vingt-quatre autres témoigna-
çu toute sa peine, sa souffrance et sa dé- Julie, qui a puisé dans quarante ans de vie ges, dont deux non prescrits. Une course
tresse », lors d’une première rencontre et de combat, a-t-elle expliqué à TV Ma- contre la montre judiciaire engagée afin
qui a donné le coup d’envoi à une réelle gazine. Parfois, elle venait chercher du de pouvoir faire gagner la vérité plus de
complicité. « On a tout de suite marqué courage auprès de moi entre les prises, et vingt ans après les faits. ■

Freddie Mercury, the show Must go on

un nouveau docuMentaire retrace la destinée unique du chanteur de queen, disparu en 1991.

Olivier Nuc £@oliviernuc nique à l’adolescence, étudiant en art, Bahlouli, rédacteur en chef de Rolling mentaire propose sa toute dernière in-
chanteur phénoménal, fêtard invétéré, Stone France : « Mercury n’aurait jamais terview télévisée, en 1987, alors qu’il

L
Freddie Mercury, une rock star
à la personnalité unique et paradoxale.
Leemage/Bridgeman images
e roi Freddie Mercury est mort
il y a trente ans tout juste,
des suites du sida. Mais son
aura est restée considérable. Le
groupe qui l’a porté au som-
met, Queen, est devenu une référence
absolue de la culture britannique, juste
derrière les Beatles. Ce long documen-
taire, signé Stéphane Basset, un vrai pro
du genre, rend hommage à la personna-
lité unique de cette rock star paradoxale.
C’est en allant enquêter à Londres que le
réalisateur a assemblé les témoignages
qui offrent un portrait composite du
personnage. Fils d’immigrés d’origine
indienne arrivé dans la capitale britan-
Lundi 22 novembre
Freddie Mercury mènera une vie courte pu être américain. » préparait une carrière solo parallèlement
mais intense. Les témoins, biographes au groupe. Il travaille alors avec la canta-
ou journalistes en tête, replacent la mu- « Orgies felliniennes » trice espagnole Montserrat Caballé.
sique de Queen dans le contexte des an- Trois ans après l’épouvantable biopic Bo- Les fans sont au cœur du film, appor-
nées 1970 et 1980. Du succès de Bohe- hemian Rhapsody, qui tordait le mythe, le tant leur enthousiasme et leur connais-
mian Rhapsody aux adieux poignants de documentaire restaure les paradoxes de sance exhaustive du sujet, ce qui rend le
The Show Must Go On, Queen aura ex- l’homme, qui aimait aider les autres, documentaire particulièrement vivant.
ploré le rock, le hard rock, le funk, le mais insistait pour que cela ne se sache On aurait aimé en savoir plus sur l’alchi-
disco et le rockabilly au fil des tubes. pas, et donnait des fêtes en forme d’« or- mie qui liait les quatre musiciens de
Dire qu’au départ, avant l’arrivée de gies felliniennes » d’après Mike Moran, Queen, en particulier l’apport de Brian
Mercury, Smile, formation originale, qui y a participé. Épuisé par des années May, « guitar hero sous estimé », selon
prétendait rivaliser avec le blues rock d’excès, Mercury annonce sa maladie au Bahlouli. S’il a divisé de son vivant,
flamboyant de Cream… Détesté par la groupe, mais fait en Freddie Mercury, aussi ré-
critique mais adulé par les foules, à une sorte de travailler afin servé et drôle dans le privé
exception près : les États-Unis, où
Queen ne percera jamais. Trop British,
de leur laisser énor-
mément de matériel
○○○¡
21.00 qu’il était exubérant sur
scène, a fini par faire
sans doute, comme le pointe Belkacem à exploiter. Le docu- l’unanimité. ■

MOTS CROISÉS Par Vincent Labbé RONDE DES MOTS ©

1 2 3 4 5 6 7 8 Trouvez les mots correspondant aux définitions centrales et inscrivez-les autour de la case qui leur revient. La première lettre de chaque
PROBLÈME N° 5829 mot est indiquée par le triangle. Chaque mot se lit dans le sens des aiguilles d’une montre.
HORIZONTALEMENT 1
1. Modèle absolu de château fort, à la charnière du
Quercy et de l’Agenais. - 2. S’impose sans avoir à la 2
Exemple L A C Z S R
déclarer. - 3. Représentation diplomatique sans ambas-
sade. - 4. Chérie de Chéri. Être à plusieurs. - 5. Mars 3 E I
gaulois. Hors d’enceinte. - 6. En témoin oculaire (deux MUNIR
AFFAIRE CONTRÔLE JURON BEIGNETS AGITATION
mots). - 7. Hubert ou Keanu, ils sont dans les étoiles. - 8. 4 D'UNE FER-
À RÉGLER DU CORPS FAMILIER ITALIENS EN MER
METURE
Abréviation de mots croisés. Chargé d’affaires. - 9. Al-
longées de force. - 10. Sujettes à contestation. Faisait 5 G T
bonne mesure pour Mao. - 11. Apparu… dans le milieu du
cinéma. Ogre de l’ocre. - 12. Rougit la lune nouvelle. 6 I
VERTICALEMENT 7 EXPLOITA-
1. Membre de la plus ancienne et de la plus inclassable FABLIAU
BUFFETS A LOUÉ LA ACTIVITÉ DÉVOTE DE TION EN
corporation estudiantine de Suisse. - 2. Ont du relief et 8 DU MOYEN
DU CŒUR VEDETTE NAUTIQUE DIONYSOS BORD
ne tournent pas rond. A conservé ses parties. - 3. Pro- ÂGE DE MER
duction de cornichon. - 4. Langage informatique né chez 9
Bull. Prirent des mesures rigoureuses. - 5. Ils sont
proches de Morzine. Invitation à venir voir. Elle court 10 P T I A A I
parfois deux lièvres à la fois, en un sens. - 6. S’oppose
au mouvement de sécession. Bien utile pour faire le 11
point. - 7. Figures charismatiques. École de voile. - 8. SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
Mouvements hostiles à la presse. Rousse corse. 12
3 9 2 8 7 5 4 6 1 8 5 7 1 4 2 6 3 9 2 9 1 7 8 4 5 6 3 LETTRES EN PLUS
5 1 8 4 3 6 9 2 7 9 1 4 3 6 5 2 8 7 7 8 3 1 5 6 9 4 2 CACHET - FORMEL - JOVIAL - TURBOT.
SOLUTION DU PROBLÈME N° 5828
SOLUTION DU N°3828

SOLUTION DU N°3829
SOLUTION DU N°3827

6 4 7 9 2 1 3 8 5 6 2 3 8 9 7 5 1 4 6 5 4 9 3 2 1 8 7
1 5 3 6 9 4 8 7 2 7 8 2 9 5 3 1 4 6 3 1 6 2 9 8 4 7 5 LETTRES EN MOINS
HORIZONTALEMENT 1. Affleure. - 2. Variétés. - 3. Élancent. - 4. RSCG. Sth. - 5. tiâeB. Ré. - 6. Ifs. Omet.
8 7 6 3 1 2 5 9 4 4 3 1 2 7 6 9 5 8 9 4 5 3 6 7 2 1 8 Les mots à trouver sont :
- 7. Si. Tua. - 8. Sacreras. - 9. Éblé. Cha. - 10. Uléma. Mn. - 11. Serpolet. - 12. Escalade. 9 2 4 5 8 7 6 1 3 5 6 9 4 1 8 7 2 3 8 2 7 4 1 5 6 3 9 RUMBA (Romain, grader, oindre, virage,
7 3 5 1 6 9 2 4 8 2 7 6 5 8 4 3 9 1 5 3 2 6 7 1 8 9 4 presse).
VERTICALEMENT 1. Avertisseuse. - 2. Falsifiables. - 3. Fracas. Clerc. - 4. Linge. Trempa. - 5. EEC. Boue. MAIRE (Repli, liner, pogne, fonce, bille).
A

2 8 9 7 4 3 1 5 6 1 4 5 7 3 9 8 6 2 4 6 9 8 2 3 7 5 1
AOL. - 6. Utes. Marc. Là. - 7. Rentre. Ahmed. - 8. Esthétisante. 4 6 1 2 5 8 7 3 9 3 9 8 6 2 1 4 7 5 1 7 8 5 4 9 3 2 6
 le figaro lundi 22 novembre 2021

télévision Tous les programmes

dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag météo par 39
ÉPHÉMÉRIDE Ste-Cécile
À LA DEMANDE Soleil : Lever 08h11 - Coucher 17h02 - Lune décroissante

21.05 21.10 21.05 MATIN

Service volé L’art du crime Secrets d’histoire 4
Téléfilm. Dramatique Série. Policière Magazine Mixte 60
4
4 3 4
6 4
4 5
7
4 3 3
3
4
4 5 4
5
Fra. 2021. Réal. : Jérôme Foulon. 1h. Fra. 2021. Avec Nicolas Gob. Prés. : Stéphane Bern. 1h30. Série. Le 1er septembre 1963, jour
Avec Julie De Bona. Inédit. Un coeur de pierre. Inédit. Thérèse, la petite sainte de Lisieux. de la rentrée au Lycée Voltaire, 60 4
la révolution est en marche. Le 5
Pendant 30 ans, Isabelle Demon- Antoine et Florence doivent élucider Sainte Thérèse de Lisieux a tracé son 3
geot, jeune prodige du tennis féminin le meurtre d’une riche collection- chemin de la Normandie jusqu’au vénérable établissement accueille 5
promise à un bel avenir, s’est tue. Ella neuse, grande amie de Pierre Chas- Vatican jusqu’à devenir l’une des en effet pour la première fois 5 4
a subi pendant 9 ans les viols de son sagne, passionnée de Camille Claudel. saintes catholiques les plus aimées onze filles dans ses classes de 6 12
entraîneur. dans le monde. Avec Lou Gala dans le seconde. Leur présence, bien que 7
22.45 L’art du crime. Série. Policière. 7 4
rôle de Sainte Thérèse. largement minoritaire, chamboule
22.05 Service volé. Téléfilm. Drama- Un fantôme à l’opéra. Avec Nicolas
la vie de l’école. Si certains sont 10 12
tique. Avec Julie De Bona. Inédit. Gob. 23.11 Sirima, juste un prénom. Docu.
ravis de cette évolution socié- 9 20
tale, d’autres s’inquiètent de ses
conséquences. La scénariste 11
Marie Roussin qui a fait ses armes APRÈS-MIDI
sur «Les Bracelets Rouges»
21.11 20.55 21.05 braque un puissant microscope
50
8
L’amour flou Gosford Park L’amour est dans le pré sur cet événement historique
7
Série. Humoristique Film. Drame Téléréalité pour mieux prendre le pouls de la
société française à l’aube de mai 8 6 7
9 8
68. La reconstitution est soignée
7 7
et montre que les thèmes abor- 10
dés gardent aujourd’hui toute leur 9 7 8
7
actualité. 7
9 8 8
8

Fra. 2021. Saison 1. Avec Romane EU/GB/Ita. 2001. Réal. : Robert Alt- Fra. 2021. 0h55. 2 épisodes. Inédit. 7 8
Bohringer. 2 épisodes. Inédit. Romane man. 2h11. Avec Kristin Scott Thomas. Les agriculteurs n’ont guère de temps Aujourd’hui, 60 6 7
s’installe chez Patrick, les Aurélien Un couple d’aristocrates invite ses pour les choses de l’amour. Des lundi 22 novembre 10 11
recueillent Lou, enceinte et abandon- amis et proches pour une partie de célibataires se présentent, espérant sur lefigaro.fr 11 15
née par son mari, et Philippe décide chasse au cours de laquelle le mari trouver parmi les téléspectateurs qui 13
de louer le multiplex à des touristes. est poignardé. Un inspecteur sagace leur écriront leur âme soeur. 12 heures : « Le BuzzTV » 10 10
mène l’enquête. (avec TV Magazine) 15 15
22.11 L’amour flou. Série. Humoris- 23.20 L’amour vu du pré. Divertisse-
tique. Avec Romane Bohringer. Inédit. 23.05 Le dossier 51. Film. Espionnage. ment.Episode 13. Inédit. – Invitée : Julie de Bona, actrice 14 30
dans le téléfilm Service volé
sur TF1. Interview menée 16
par Philippe Larroque
et Damien Canivez. T (en °c)
<-10 à 0 0 à 10 10 à 20 20 à 30 30 à >40
➜ 18 heures : « Points de vue »
20.40 Touche pas à mon poste ! 19.50 Les Marseillais vs le reste du 18.25 L’avant Quotidien. Divertisse-
L’émission de décryptage
monde. Série. Téléréalité. Inédit. ment.
21.19 Le retour de Don Camillo de l’actualité présentée
Film. Comédie. Fra/Ita. 1953. 21.05 Taken 19.25 Quotidien, première par Vincent Roux. Avec Bruno ALGER 14/17 AMSTERDAM 4/9 ATHÈNES 11/18
Réal. : Julien Duvivier. 1h55. Film. Thriller. Fra/EU/GB. 2008. partie Jeanbart, vice-président
BARCELONE 11/14 BELGRADE 4/10 BERLIN 4/6
Avec Fernandel. Inédit. Réal. : Pierre Morel. 1h30. Divertissement. Prés. : Yann Barthès. d’OpinionWay, à propos
de l’actualité politique. Élise BERNE 3/5 BRUXELLES 4/7 BUDAPEST 5/10
Le Pô est en crue : la menace d’inon- Avec Liam Neeson. Un ancien agent 0h45. Inédit. Entouré de son équipe,
dation qui pèse sur Brescello entraîne des services secrets américains l’animateur présente une grande ses- Richard, auteur de Cessons de COPENHAGUE 1/5 DUBLIN 2/7 LISBONNE 12/14
la collaboration inattendue du curé apprend que sa fille de 18 ans a été sion d’information qui mêle humour maltraiter nos vieux (Éditions LONDRES 4/10 MADRID 7/10 PRAGUE 5/7
avec son vieil ennemi, le maire. enlevée en plein coeur de Paris. et impertinence. du Rocher) et Dimitri Casali, RABAT 12/19 ROME 11/17 TUNIS 11/20
historien, auteur de L’Histoire
23.26 Le petit monde de Don Camillo. 22.45 Insaisissables 2. Film. Thriller. 20.10 Quotidien. Div. Inédit. de France par ses grands
personnages (Flammarion). MARDI MERCREDI JEUDI
➜19 h 30 « Audition publique » 1/8 0/6
Aurélien Pradié, secrétaire 2/7
20.00 C à vous la suite. Talk-show. 20.10 Occasions à saisir. 19.25 Enquêtes au Moyen Age. général de LR, invité de 2/9 0/6 3/9 -1/6 2/8 0/6
l’émission politique de Public
20.55 Out of Africa 21.05 TGV Paris / Bordeaux : 20.50 Les Moches, mysté- Sénat, de LCP et du Figaro. 1/7 0/8
Film. Drame. EU/GB. 1985. la ligne de tous les records rieuse civilisation péruvienne 3/5
Animée par Elizabeth
Réal. : Sydney Pollack. 2h34. Documentaire. Fra. 2021. Documentaire. Esp. 2012. Réal. : José Martichoux, avec Brigitte 2/12 8/14 9/11 9/13 8/9 10/11
Avec Meryl Streep. L’amour fou d’une Réal. : Olivier Lacaze. 1h05. Manuel Novoa. 0h52. La civilisation Boucher (LCP), Steve Jourdin
romancière danoise malheureuse La ligne à grande vitesse Paris – Moche s’est développée entre le Ier (Public Sénat), Yves Thréard,
en ménage et d’un chasseur épris Bordeaux, inaugurée le 2 juillet 2017, siècle avant JC et le VIe siècle après
d’aventure, dans l’Afrique coloniale du représente un aboutissement. JC sur la côte Nord du Pérou.
directeur adjoint de la rédaction
du Figaro et Vincent Roux,
lachainemeteo.com
début du XXe siècle. rédacteur en chef Par téléphone : LIVE 24/24 Sur L’APPLI
22.10 Trains : deux siècles d’innova- 21.45 Le seigneur de Sipán. Docu-
du Figaro Live. GRATUITE
23.35 C ce soir. Talk-show. tion. Documentaire. mentaire. Réal. : José Manuel Novoa. 2,99 €/appel La Chaîne Météo

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 lundi 22 novembre 2021 le figaro

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rebond cet entrepreneur parisien est le cofondateur
des maisons simon de cyrène, à l’origine de la création
de maisons partagées permettant la cohabitation
entre personnes valides et handicapées.

Laurent de Cherisey,
passeur de confiance

SEBASTIEN SORIANO/LE FIgARO

Alban Barthelemy
abarthelemy@lefigaro.fr
se rappelle que, plus jeune, il avait un pe-
tit carnet dans lequel il les notait. « J’aime
la page blanche, la page du possible », ex-
plique-t-il. À 18 ans, il lance sa première
entreprise avec son frère et deux as-

C
sociés : « Nous avons fini avec un déficit de
30 000 francs, ce n’était pas très brillant ! »

’
est un paradoxe heu- La suite est pourtant impressionnante : il
reux : les plus belles cofonde plusieurs entreprises, dans le
aventures humaines domaine du conseil et de la communica-
naissent souvent au tion, rencontrant succès après échecs.
cœur de nos plus Puis il revend ses parts et entame, avec sa
grandes fragilités. La femme journaliste et leurs quatre enfants,
vie de cet entrepre- un périple à travers vingt et un pays, à la
neur parisien de rencontre de « passeurs d’espoir », des
presque 50 ans, cofondateur des maisons personnes en recherche de solutions pour
Simon de Cyrène, en est un exemple lu- transformer le monde. Ils en tireront une
mineux. Dans ces communautés, des série de documentaires, ainsi que deux
personnes accidentées et porteuses de livres, vendus à plus de 100 000 exem-
handicap partagent le quotidien de per- plaires.
sonnes valides. « Ce sont des grands vi- D’où lui vient cette énergie, qui le rend
vants », résume-t-il. si volubile lorsqu’il évoque ce qui lui tient
Aussi loin qu’il s’en souvienne, Laurent à cœur ? De son tempérament, assuré-
de Cherisey a toujours adoré les projets. Il ment ; de ce qu’il a vécu, aussi : un soir, en
Turquie, sur un bateau avec des amis, il se
rend compte qu’il s’est éloigné de sa vie
spirituelle, et se remet à prier. « J’ai vrai-
ment senti une profonde onction d’amour.
Ça m’a libéré de mes peurs. J’ai compris
que la grande affaire de l’être humain,
c’était d’aimer et d’être aimé. » Mais, sur-
tout, un coup de fil, reçu alors qu’il était
encore en école de commerce, fait bascu-
ler sa vie alors qu’il n’a que 19 ans. « J’ai
appris que ma sœur avait eu un très grave
accident. » Cette dernière survivra, grâce
au Samu. Cependant, elle se retrouve
lourdement handicapée, et dépendante
de ses proches.
46 avenue Montaigne, Paris
« Je crois qu’il existe deux grands mo-
teurs dans la vie, explique l’entrepreneur.
Le premier, c’est la passion, car la tiédeur
ne nous fait pas avancer. Et son pendant,
c’est la colère, qui jaillit lorsque nous sen-
tons que la dignité humaine est bafouée. »
Sa colère à lui, face au destin de sa sœur,
abandonnée par la société qui l’avait
pourtant sauvée, se transformera peu à
peu, pour créer le réseau des compa-
gnons Simon de Cyrène - près de vingt-
cinq maisons aujourd’hui, réparties dans
sept villes en France. « Les personnes avec
un handicap nous disent que leur plus
grande souffrance, avant toute chose, c’est
la solitude », constate-t-il.
Chacun a sa propre histoire
Pour faire face à ce défi, Laurent de Che-
risey a systématisé un processus. « Social
ou non, je reste un entrepreneur, dit-il
presque en s’excusant. Créer des maisons
en habitat partagé est long et coûteux.
Alors, nous proposons d’abord de faire des
tables d’hôtes. Des personnes handicapées
et valides se rencontrent, et préparent des
repas ensemble. » L’idée semble simplis-
sime, pourtant elle fonctionne : à Saint-
Malo, l’un des groupes les plus récents,
les convives se réunissent à plus de
140 personnes !
Après notre entretien, Laurent de Che-
risey tient à nous emmener déjeuner avec
les résidents d’une des maisons, à Van-
ves. Il y a Maria, qui ne parle pas et dont le
sourire rayonne pourtant autour d’elle.
Fabien, qui écrit des poèmes d’amour.
Chacun a sa propre histoire, et son propre
appartement ; seuls les repas et les sorties
sont communs, en plus de l’aide médi-
cale, le tout encadré par des jeunes béné-
voles et quelques salariés.
« Une société qui met le plus fragile au
centre est une société qui se réconcilie, ex-
plique le fondateur. Au fond, notre peur de
l’autre, c’est d’abord une peur de nous-
même, de ne plus être capable, de ne plus
être aimé. C’est là que les personnes moins
valides peuvent venir nous guérir, en di-
sant : “Je te fais confiance, et j’ai besoin de
toi.” Et j’ai pu voir, comme entrepreneur,
combien l’enjeu de la confiance était le pré-
requis fondamental de la croissance. »
Comme pour appuyer ses propos, les
maisons Simon de Cyrène sont en plein
essor : lancée à l’époque par le film Intou-
chables, l’association vise un doublement
du nombre de maisons dans les qua-
tre ans. « Une goutte d’eau, rappelle son
fondateur, face aux 40 000 personnes en-
viron qui chaque année deviennent dépen-
dantes à la suite d’un accident de vie. » Ces
communautés fonctionnent de façon
autonome, un élément « essentiel » selon
lui. « Ma sœur vit dans l’une de ces mai-
sons. Mon moteur premier, c’est la pérenni-
té. » Une longévité qui tient grâce aux
subventions publiques ainsi que, pour une
part importante, à l’aide de donateurs.
« Un jour, je devrai lâcher tout cela,
convient celui qui s’y voyait à l’origine
seulement engagé pour quelques années.
C’est parfois difficile. Mais à la fin de ma
vie, je crois que je serai heureux d’avoir été
au bout. C’est, aujourd’hui, ce qui fait mon
bonheur. » ■

UN derNier mot
edemontety@lefigaro.fr
Par étienne de Montety

exploit (èk-sploi) n. m.
Action d’une geste en gestation.

E
n battant les redoutables All Blacks, les joueurs de rugby français ont accompli
Noël 2021 un authentique exploit.
Photographie par Tyler Mitchell loewe.com Le mot vient du latin explicitum, « mené à bien », participe passé du verbe
explicare, qui signifie « dérouler ». Samedi soir, l’explication entre les deux équipes
a été menée à bien.
Depuis la nuit des temps, les Français sont fréquemment dominés par les
Néo-Zélandais : à côté de ces derniers, nos joueurs font figure de petits exploitants.
Les Anciens s’en souviennent : devant la force des Blacks, combien de fois
les ex ont ployé ?
Comment, dans ses conditions, aller à l’exploit ?
En explorant ses ressources, et en les employant au mieux.
L’exploit des Français est d’abord d’avoir tenu le choc.
Ensuite, ceux-ci ne se sont pas contentés d’exploiter les faiblesses de l’adversaire.
Ils ont déployé leurs talents.
L’exploit est donc incontestable : nul besoin de dresser celui d’un huissier
pour constater la belle performance des joueurs français. ■

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ

Le prix Press Club, humour
et politique sera remis le 7 décembre
La troisième et dernière sélection du jury
du prix Press Club, humour et politique,
STEPHANE gRANgIER/LE FIgARO MAgAzINE

créé par Jean Miot et présidée par Olivier

de Lagarde (photo), est désormais connue.
Cette récompense va à l’auteur de la phrase
la plus hilarante de l’année, qu’il s’agisse
indistinctement d’humour volontaire ou
involontaire. Les meilleures « petites phrases »
retenues sont : « Il n’y aura pas de meilleur
candidat que moi, si je ne l’emporte pas, ce sera
la fin pour tout le monde » (Xavier Bertrand) ;
« Xavier Bertrand voulait être hypersonique,
il est subsonique ; il n’a pas passé le mur du son »
(Pierre Charon) ; « Je suis fort chez les gens
qui sont à la limite du vote » (Nicolas Dupont-
Aignan) ; « Michel Barnier a un côté prince charmant pour les maisons
de retraite » (François Hollande) ; « Moi présidente de la République,
je préfère la paix à la guerre » (Sandrine Rousseau). Le vainqueur sera
A

connu le 7 décembre.