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Jacques Rabemananjara

photo © 1978 Présence Africaine


Studio Ethel, Paris

Jacques Rabemananjara est né à Maroantsetra dans la baie d’Antongil sur la côte Est de Madagascar le
23 juin 1913. Après un bref séjour au petit séminaire sur l’ile Sainte Marie, il rejoint la capitale,
Antananarivo, pour finir ses études au grand séminaire. En 1935-36, dix numéros du mensuel Revue
des jeunes de Madagascar, dont il assume la direction, sont publiés mais les autorités coloniales
considèrent leur contenu dangereux et en interdisent la publication.

En 1939, alors agé de 26 ans, Rabemananjara est choisi pour faire partie de la délégation malgache
devant participer à la commémoration du 150ième anniversaire de la révolution française. Dès son
arrivée à Paris, il s’inscrit à l’université de la Sorbonne où il y poursuit ses études en Lettres Classiques
et y obtient une licence. Quelques mois après son arrivée en France il publie à Gap son premier recueil
de poèmes, Sur les marches du soir. C’est également à cette époque qu’il fait la rencontre de Léopold
Sédar Senghor et surtout d’Alioune Diop aux côtés duquel il participera, dans l’immédiat après-guerre,
au projet de la revue Présence Africaine.

En 1946, il rencontre les docteurs Raseta et Ravoahangy et ensemble, depuis Paris, ils fondent le
MDRM (mouvement démocratique de la rénovation malgache). Élu deputé de la région de Tamatave
en 1946, Rabemananjara ne pourra cependant pas siéger à l’Assemblée Nationale. En effet, aux
lendemains de l’insurrection malgache de mars 1947, Jacques Rabemananjara, suspecté d’en être l’un
des instigateurs, est arrêté, torturé, jugé et condamné à la prison à perpétuité. C’est au cours de ces
longues années passées en prison qu’il écrira les poèmes Antsa, Lamba et Antidote qui lui vaudront le
titre de « chantre de la négritude ».

Gracié en 1956, il n’est cependant autorisé à rentrer dans son pays qu’au moment de l’indépendance en
1960. Il participe alors à la première république malgache au cours de laquelle il occupera tour à tour
divers ministères au sein des gouvernements du Président Philibert Tsiranana. Après la révolution de
1972, il choisit l’exil et ne retournera à Madagascar qu’en 1992. Jacques Rabemananjara vit
actuellement à Paris.

Jacques Rabemananjara s’est éteint en France le samedi 1er avril 2005 à l’âge de 92 ans. Un
communiqué de la présidence malgache a annoncé que des funérailles nationales doivent être
organisées pour ce « Raiamandreny chef de lutte et député MDRM ».

Des extraits d’un entretien réalisé avec l’auteur en juin 2000 seront mis en ligne prochainement sur Île
en île.

– Magali Compan-Barnard
Oeuvres principales:
Poèmes:
Sur les marches du soir. Gap: Ophrys, 1940.
Rites millénaires. Paris: Seghers, 1955.
Antsa. Paris: Présence Africaine, 1956.
Lamba. Paris: Présence Africaine, 1956.
Antidote. Paris: Présence Africaine, 1961.
Les ordalies, sonnets d’outre-temps. Paris: Présence Africaine, 1972.
Oeuvres complètes, poésie. Paris: Présence Africaine, 1978.
Thrènes d’avant l’aurore: Madagascar. Paris: Présence Africaine, 1985.
Rien qu’encens et filigrane. Paris: Présence Africaine, 1987.
Essais:
Témoignage malgache et nationalisme. Paris: Présence Africaine, 1956.
Nationalisme et problèmes malgaches. Paris: Présence Africaine, 1958.
Théâtre:
Les dieux malgaches. Gap: Ophrys, 1947.
Agape des dieux Tritiva: Une tragédie. Paris: Présence Africaine, 1962.
Les boutriers de l’aurore. Paris: Présence Africaine, 1957.
Articles sélectionnés:
« L’Europe et nous ». Présence Africaine 8-9-10 (juin-novembre 1956): 20-28.
« Les fondements de notre unité tirés de l’époque coloniale ». Présence Africaine 24-25 (février-mai
1959): 66-81.
« 50ième anniversaire de la mort de Jean-Joseph Rabearivelo ». Présence Africaine (1987): 3-4.
« 40ième anniversaire de la revue Présence Africaine ». Présence Africaine. 144 (1987): 11-17.
Récit:
Le prince Razaka. Paris: Présence Africaine, 1995.
Distinctions littéraires:
1988 Grand Prix de la Francophonie
1997 Salon de la Plume Noire (Paris, 10-12 octobre), consacré au poète Jacques Rabemananjara
Membre de l’Academie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences de Madagascar
Sur Jacques Rabemananjara:
Ouvrage collectif:
Interculturel Francophonies 11 (juin-juillet 2007), numéro spécial consacré à Rabemananjara,
coordonné par Jean-Luc Raharimanana. Articles de : Andrea Calì, Magali Compan, Norbert Dodille,
Nivoelisoa Galibert, Robert Jaovelo, Frédéric Mambenga, Magali Nirina Marson, Serge Meitinger,
Ayelevi Novivor, Cristiane Rafidinarivo, François-Xavier Razafimahatratra et Claire Riffard.
Entretiens et témoignages de : Alain Mabanckou, Jean-Luc Raharimanana, François-Xavier
Razafimahatratra, Michèle Rakotoson et Jacques Taurand.
Études, essais:
Albert, Christine and Marie-Claire Chatelard. « Écriture et Captivité chez J. Rabemananjara. » Recueil
en hommage à la mémoire d’Yves-Alain Favre. Ed. Christine Van Rogger Andreucci. Pau:
Publications de l’Université de Pau, 1993: 203-212.
Bourjea, Serge. « Jacques Rabemananjara: À la croisée du cri et du silence. » Six conférences sur la
littérature africaine de langue française. Ed. Wolfgang Leiner. Tubingen: Attampto, 1981: 13-33
Boucquey-Schutter, Eliane. Jacques Rabemananjara. Paris: Seghers, 1964.
Dzou, Jean-Paul. La création mythologique chez le poète Jacques Rabemananjara. Thèse, Université
Paris XII, 1989.
Kadima-Nzuji, Mukala. Jacques Rabemananjara: L’ homme et l’oeuvre. Paris: Présence Africaine,
1981.
Kadima-Nzuji, Mukala. « Une proposition poétique: Antsa de Jacques Rabemananjara. » L’Afrique
littéraire et artistique 38 (1975): 22-30.
Koening, Jean-Paul. Le théatre de Jacques Rabemananjara. Paris: Présence Africaine, 1989.
Ranaivoson, Dominique. Jacques Rabemananjara. Paris/Antananarivo: Sépia/Tsipika, 2015.
Versinger, Georgette. « Jacques Rabemananjara, Grand Prix de la francophonie 1988. » Présence
Africaine 146 (1988): i-iv

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