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Par
Meryem DAOUDIM
Résumé
Les années 60 ont été le témoin de l’avènement du concept d’efficience des marchés
financiers développé à la suite des travaux de FAMA et de MARKOVITZ. Aujourd’hui,
même si ce concept constitue le noyau dur de la finance moderne, il fait l’objet de nombreuses
critiques émanant des défenseurs de la Finance Comportementale qui ont relevé un certain
nombre d’anomalies visant à contredire la théorie de l’efficience des marchés financiers
notamment pendant la crise des années 2000 et plus récemment celle des Subprimes. En effet,
les récentes études émanant de la Finance Comportementale montrent que les investisseurs
sont sujets à des biais cognitifs qui sont susceptibles de modifier à la fois leurs croyances mais
aussi leurs préférences. Ces travaux ont donc remis en cause l’hypothèse de rationalité des
investisseurs et par la même occasion le corolaire de l’efficience informationnelle des
marchés financiers.
Mots clés
Abstract
The 1960s witnessed the advent of the concept of Financial market efficiency developed
as a result of the work of FAMA and MARKOVITZ. Today, even if this concept constitutes
the hard core of modern finance, it is the subject of many criticisms from Behavioural Finance
advocates who have noted a number of anomalies aimed at contradicting the theory of the
efficiency of Financial markets, particularly during the crisis of the 2000s and more recently
the Subprime crisis. Indeed, recent studies from Behavioural Finance show that investors are
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subject to cognitive biases that are likely to change both their beliefs and their preferences.
This work has therefore called into question the hypothesis of investor rationality and, at the
same time, the corollary of the informational efficiency of Financial markets.
Keywords
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Introduction
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Donc, le grand sujet et la question à se poser pour réussir en bourse sur le long terme
c'est de comment investir de manière rationnelle ? et Quelles sont les causes de nos échecs ?
Le concept de finance comportementale a émergé au début des années 80 avec les premiers
travaux d'un groupe de professeurs de finance Hersh Shefrin, Robert Schiller, Werner De
Bondt, Richard Thaler. Ces professeurs se sont intéressés à étudier les comportements des
traders en relation avec les mouvements des marchés financiers. Les premières années de la
finance comportementale furent très riches en découverte tant sur le comportement individuel
des traders que sur la compréhension globale des mouvements du marché.
Le Krach d'Octobre 1987, c'est le second séisme boursier, depuis le célèbre Lundi Noir
d'Octobre 1929 qui avait à l'époque été le déclencheur de la grande dépression des années 30,
l'après Krach a créé une remise en cause de la théorie de l'efficience des marchés, et Andrei
Shleifer (2000) a introduit cette notion dans son ouvrage "Inefficient Markets, An
introduction to behavioral Finance" mettant en avant un nouveau programme de recherche.
L'objectif de ce théoricien c'était de réfléchir à de nouveaux modèles de gestion de
portefeuille en faisant des stratégies d'investissement incluant le comportement humain,
s'agissant donc des comportements irrationnels des traders.
Durant les années 90, les débats scientifiques autour de l'efficience des marchés
deviennent de plus en plus rares laissant place au développement de modèles intégrant des
variables psychologiques en lien directe avec les marchés financiers. C'est à cette période, en
fait, que la finance comportementale commençait à acquérir une certaine reconnaissance
académique qui était encore non officielle à cette époque et c'est pour cette raison que Richard
Thaler et Robert Shiller commençaient à débuter de nombreuses conférences sur ce sujet dès
les années 90 puis ils ont fait également de nombreux séminaires. Alors, ces premières années
ont permis de mettre en lumière de nombreuses découvertes concernant le comportement des
investisseurs en distinguant un ensemble de types de comportements :
La finance comportementale a connu des travaux sur les prises des décisions des
investisseurs qui avaient été développés par Daniel Kahnman et Amos Tversky en 1979 dans
leur théorie des perspectives, cette théorie est intéressante puisqu'elle montre que
l'investisseur a une plus grande sensibilité aux pertes qu'aux gains. Ils défendent le point de
vue selon lequel, les gens prennent des décisions en fonction de la manière dont leur est
présenté un choix à faire et pas uniquement en fonction des critères de résultats potentiels et
de probabilité qui sont rationnels. Tout dépend en fait du cadre lors de la prise de décision de
chacun, de la présentation qui peut être faite d'une situation.
Investissez dans mon projet avec lequel vous avez 10% de chances de perdre votre
capital investi.
Investissez dans mon projet avec lequel vous avez 90% de chances de gagner 50 000
euros.
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Il y a beaucoup plus de chances que vous acceptiez si on vous présente le projet avec la
deuxième formulation plutôt qu'avec la première. Pourtant, cela revient strictement au
même. Le vocabulaire utilisé, la formulation, la présentation sont importants dans le choix qui
est tout sauf rationnel de ce fait.
Cela prouve que la façon dont un choix est présenté influe sur la prise de décision. La
théorie des perspectives a bien entendu une grande place dans le marketing, les discours
politiques... Tout est une question de présentation, d'emballage pour influencer votre choix.
C'est pour cela que l'homme ayant travaillé sur soi connait mieux ses failles. En les
connaissant, il devient plus libre, plus maitre de ses décisions car il peut se méfier d'un choix
qui lui paraitrait à priori rationnel. Celui-ci étant en fait peut-être influencé par ses propres
failles narcissiques.
Mise en lumière de biais cognitifs appliqués aux traders influençant les prises de
décision dans l'action d'achat ou de vente à savoir :
a) Biais de Familiarité
Le Biais de familiarité apparaît dès lors qu’un individu est amené à favoriser une option
par rapport à une autre uniquement parce qu’elle lui est plus familière. A la suite de divers
questionnaires, HEATH et TVERSKY (1991) ont montré qu’entre deux paris offrant la même
probabilité de succès, les individus vont choisir celui qu’il connaisse le mieux. Les auteurs ont
également démontré que même si la probabilité de succès est plus faible, une minorité
d’individus optera toujours pour le pari le plus familier.
Nous allons maintenant tenter de comprendre les implications que peut avoir ce biais
sur l’allocation d’actifs. Dans ce registre, FRIEDER et SUBRAHMANYAM (2005) ont mis
l’accent sur le côté marketing et ont obtenu que les sociétés, ayant les marques les plus
connues du grand public, soient également celles qui ont l’actionnariat non institutionnel le
plus important. De ce fait, on peut d’ores et déjà en tirer une conclusion importante à savoir
que :
Les investisseurs seraient donc plus aptes à investir dans des sociétés qui proposent des
produits reconnaissables du grand public plutôt que des sociétés moins familières.
A noter que trois cas particuliers du biais de familiarité ont suscité l’attention des chercheurs :
Le biais national : Il stipule que les investisseurs ont tendance à surpondérer leurs actions
domestiques au sein de leur portefeuille. Dans leur papier, SERCU et VANPEE (2007) ont
fait une revue des principales études menées sur le sujet et on conclut que l’ampleur de ce
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biais dépendait de la façon de le mesurer, mais aussi des coûts de transaction, de l’asymétrie
d’information ou bien encore des politiques de gouvernance d’entreprise.
Le biais local : Il pousse les investisseurs à opter pour les actions des sociétés implantées
dans leur région : COVAL et MASKOWITZ (1999) ont montré que ce biais existe aussi chez
les gérants de fonds. Les gestionnaires américains ayant tendance à surpondérer les titres dont
le siège social est situé à proximité de leurs bureaux.
En résumé, on constate que le principal problème des biais de familiarité est qu’il
débouche sur une sous-diversification des portefeuilles.
Le biais de représentativité rend compte du fait que les individus ont l’habitude de
percevoir des tendances là où il n’y en a pas. Ainsi, les investisseurs peuvent être amenés à
surestimer la probabilité qu’un évènement se reproduise dans le futur, et cela d’autant plus
qu’ils ont récemment observé l’évènement. C’est ce que l’on décrit généralement comme
l’effet momentum. Dans leur article publié, JEGADEESH et TITMAN (1993) ont montré sur
la période 1965-1989, que les stratégies momentum visant à mettre en portefeuille les titres
dont les rendements qui performent le mieux durant les 3 à 12 derniers mois et à vendre les
titres dont les rendements sont les plus faibles durant la même période, permettent de dégager
des rendements positifs durant les 3 à 12 mois suivants. L’efficacité de cette règle de gestion,
a également été testée et vérifiée sur d’autres marchés internationaux. (ROUWENHORST
(1998)).
d) Le biais de confirmation
Ce biais va plus loin que le biais de conservatisme dans la mesure où il stipule que les
individus recherchent expressément des informations qui soutiennent leurs opinions et évitent
d’être confrontés à des informations discordantes. Le biais de confirmation relève d’une
démarche générale bien connu de l’être humain : la réduction de la dissonance cognitive mis
en exergue par FESTINGER (1957). Puis reprise par GOETZMANN et PELES (1997), pour
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expliquer que l’argent rentre plus vite dans les fonds qui performent très bien qu’il ne sort des
fonds qui performent très mal ; les investisseurs mettant du temps à accepter que leur argent
n’est pas placé au meilleur endroit.
e) L’effet de disposition
f) Biais d’optimisme
Plusieurs modèles ont été consacrés à l’explication des phénomènes de bulle, et ont tous
souligné l’importance de l’optimisme des investisseurs durant la phase de gonflement de ces
bulles. A ce propos, SCHEINKMAN et XIONG (2003), ont bâti un modèle dans lequel les
investisseurs sont prêts à acheter un titre à un prix supérieur à sa valeur fondamentale parce
qu’ils anticipent la possibilité de le revendre à des investisseurs encore plus optimistes
qu’eux. A noter que ce modèle repose sur une hypothèse forte : l’absence de Vente à
Découvert, déjà présente dans un modèle développé par MILLER (1977), où ce dernier
montre que seuls les investisseurs optimistes prennent des positions longues puisque
l’interdiction des ventes à découvert empêche les investisseurs pessimistes d’œuvrer
massivement sur les marchés. Plus la différence d’opinion entre les investisseurs optimistes et
pessimistes est forte, et plus les prix seront élevés sur les marchés. Les prix reflètent
essentiellement l’opinion des investisseurs optimistes et atteignent alors un niveau supérieur
aux fondamentaux. Ces études ont donc aisément été reprises pour tenter d’expliquer la
formulation de la bulle internet où il était impossible de vendre à découvert la majorité des
petites sociétés cotées.
publique n’aura finalement rétablit la situation. Le biais d’auto-attribution est ensuite inséré
dans ce modèle afin d’expliquer l’autocorrélation positive qui peut exister à court terme.
Même si l’information publique est contraire à l’information privée dont bénéficient les
investisseurs, cette première est négligée ; à l’inverse l’information publique va renforcer leur
propre information et intensifier le phénomène de surconfiance.
_ Un second groupe, les investisseurs momentum qui basent naïvement leurs prévisions sur
l’évolution récentes des prix.
Il en ressort que le momentum à court terme est induit par les délais d’incorporation de
l’information privée dans le prix des titres, alors que le comportement moutonnier du
deuxième type d’agents entraine une sur-réaction à long terme.
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De nombreuses observations ont permis de montrer que nos émotions sont la source de
plusieurs biais qui touchent notre processus de prise de décisions. Nos humeurs peuvent avoir
un impact non négligeable sur notre perception des risques notamment Right et Bower ont en
parlé en 1992, ils ont expliqué que le fait d'être de bonne humeur nous poussent à l'optimisme
et donc nous invite à une plus grande prise de risque, à l'inverse, la mauvaise humeur accentue
notre esprit critique. Ce qui est le plus intéressant dans ces études c'est la mise en évidence de
la capacité à maitriser nos émotions.
En plus d'avoir mis en lumière l'irrationalité des traders et des investisseurs dans leur
prise de décisions, la première ère de la finance comportementale a remis en cause la théorie
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d'efficience des marchés de Fama 1970 qui était jusqu'alors le courant dominant en Finance
classique, nous citons des exemples de remise en cause de cette théorie comme :
La théorie de Fama indique que le cours d'un actif tend à revenir à sa valeur
fondamentale. Cependant, Kenneth Froot et Emil Dabora en 1999 ont également remis en
cause cette théorie car de nombreux exemples montrent que le prix de marché diffère
largement de leur valeur fondamentale évidente.
Chan Wung Kim et Jinwoo Park en 1994 ont démontré une corrélation entre les
marchés et entre les événements climatiques ou calendaires (effet d'ensoleillement, les
différents jours de la semaine, jours fériés...etc.)sur les marchés actions.
Il a été démontré par des études de Narasimhan Jegadeesh et Sheridan Titman en 1993
qu'il existe des cycles de marché qui intègrent dans un premier temps un effet momentum
donc la continuation d'une tendance à court et moyen terme puis dans un second temps, il y a
un effet contrarian. Ce renversement de tendance cette fois à moyen et long terme. Ces effets
se traduisent par les biais comportementaux des traders qui agissent soit avec retard ou excès
aux informations du marché, cela peut s'expliquer notamment par les différents biais de
confirmation et de représentativité mais aussi du comportement moutonnier.
Internet a changé considérablement nos habitudes en tant qu'individu et en tant que trader :
la simplicité et l'accélération des flux d'informations qui ont ouvert de nouvelles voies dans
les décisions d'investissement. Un chercheur qui s'appelle Robert Sheiller en 2000, a mis en
lumière qu'Internet avec les blogs et les forums de discussion combinés à l'incapacité des
traders à distinguer le bruit d'une information pertinente se trouve parfois à l'origine de
mouvements pris.
Un point intéressant sur les interactions sociales c'est le comportement moutonnier, André
Orléan qui est un chercheur en 2001 a indiqué que les marchés financiers sont en fait
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dynamisés par des individus qui n'arrêtent pas de se copier entre eux. Les comportements
moutonniers sont courant et les traders s'arrêtent sur des critères simples comme les effets de
mode, ce comportement est un problématique car la majorité particulière investissent en
bourse quand le cours est à son plus haut juste avant un retournement de tendance ou une
correction à la baisse.
Dans le même ordre ce qui est intéressant dans les bais cognitifs c'est le biais de familiarité
qui est courant, il incitera les individus à investir dans des sociétés qui pensent connaitre en
étant simple client.
Conclusion
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Références bibliographiques
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