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Thème 2 (E):

La monnaie et le financement de l’économie

Livre : chapitres 4/5 (P 74 à 113)

2 – La monnaie et la création monétaire (P94/113)


On présentera l’évolution des formes de la monnaie et ses fonctions, ainsi que les
mécanismes de création monétaire ou de contrôle de la masse de la monnaie.

A – Les fonctions et formes de la monnaie


1/ Fonctions de la monnaie

Documents 1/2 P96

Dans ce 1er document, on met en avant la monnaie qui possède 3 fonctions distinctes et
complémentaires … la monnaie, c’est :

 un étalon des valeurs (étalonner = mesurer, échelonner) qui permet de hiérarchiser


et de donner un prix, en comparant les biens ou services.
 un intermédiaire des échanges qui permet de mettre en relation offre et demande et
d’acheter tout ce que son détenteur souhaite, dans une zone où sa validité est
reconnue.
 réserve des valeurs : elle peut être conservée et détenue pour une consommation
ultérieure (donc épargner), elle conservera sa valeur faciale (la valeur qui est inscrite
sur les pièces ou billets ou sur la somme que représente une dépense en CB), même
s’il y a un risque qu’elle perde de sa valeur (= de son pouvoir d’achat entre temps, à
cause de l’inflation), ce qui limite alors sa fonction d’intermédiaire des échanges.

Elle permet de résoudre le problème du troc qui suppose « la double coïncidence des
désirs », c'est-à-dire que pour troquer, il faut trouver une personne prête à échanger ce que
moi je veux consommer et qu’il soit prêt à prendre en échange ce que je possède … Par
ailleurs, certains biens ne sont pas divisibles, comment échanger un ordinateur contre une
coupe de cheveux, un portable contre une heure de cours privé de maths, une bouteille d’eau
minérale contre une casquette etc.

Le 2ème document permet de faire la distinction entre épargne et monnaie en mettant en avant
la notion de liquidité.

On ne peut par exemple acheter avec l’argent contenu dans notre tirelire mais pas avec
l’argent qui est sur notre livret jeune. Il faut aller le convertir en monnaie par exemple en
retirant les billets au distributeur ou en faisant un virement sur notre « compte courant » ou
également appelé « dépôt à vue » … à vue car mobilisable à tout moment. Sur ce compte là,
on peut ainsi payer par carte bancaire, par chèque, faire un virement etc.
Sur un livret jeune, en revanche, on peut y déposer son épargne et gagner des taux d’intérêt
« créditeurs » (voir I dans ce thème, avec le 1er polycop). La monnaie sur un livret jeune
permet alors de répondre à sa fonction de « réserve de valeur ».

On est donc amené à définir la liquidité qui décrit la capacité d’un actif à être rapidement
transformé en monnaie, sans délai, sans coût ou sans risque de perte en capital. La
monnaie est par définition l’actif liquide par excellence, c’est pour cela que l’on parle
parfois « de liquide » pour désigner la monnaie que l’on peut posséder « en mains propres ».
On classera ainsi les actifs monétaires en fonction de leur degré de liquidité.

On peut ainsi classer les actifs suivants proposés dans le livre « du plus liquide au moins
liquide » :

billet de banque – un livret de caisse d’épargne – un dollar US détenu par un français – de


l’argent détenu sur un PEL – un lingot – une action de l’entreprise Peugeot – un immeuble
locatif.

Documents 3/4 P97

Ces 2 documents non montrent que la monnaie va largement au-delà de sa seule fonction
économique.

Dans le document 3, Marcel Mauss (1872-1950), anthropologue mondialement renommé et


neveu de Durkheim, présente dans Essai sur le don (1923-24) montrait comment dans les
tribus amérindiennes, le potlatch désignait une forme d’échange par la monnaie qui représente
une dette. Le potlatch est s’inscrit dans une logique de don/contre-don obligatoire pour le
prestige, la renommée, le pouvoir, la domination. Cette compétition créait « des dettes
symboliques » car, accepter un don impliquait en contrepartie l’existence d’un contre-don
pour rééquilibrer l’échange.

On peut l’illustrer aujourd’hui par un repas et une invitation ou un cadeau que l’on « doit
rendre » ou la consommation ostentatoire dans certains biens qui permettent d’afficher un
statut (par exemple, les marques chez les jeunes qui permettent d’afficher un prestige.

La monnaie est aussi apparue historiquement comme une forme d’échange apaisée qui a
remplacée les sacrifices humains ou d’animaux.

Le document 4, on évoque les fonctions sociale et politique de la monnaie perçue comme


une institution.

La monnaie crée « des hiérarchies sociales » puisqu’elle est un bien particulier qu’on
accumule et qui met en exergues les inégalités sociales entre groupes sociaux. C’est un bien
recherché pour lui-même et ce qu’il permet de « faire ou d’être ».

La monnaie ne peut aussi reposer que sur la confiance que l’on a dans le pouvoir d’achat
immédiat qu’elle permet de libérer dans l’économie en tant qu’intermédiaire des échanges et
dans sa relative stabilité de valeur (inflation limitée).
La monnaie est donc un accord entre membres d’une même collectivité qui acceptent de se
donner un référent commun dans lequel on a confiance pour échanger mais qui a priori n’a
aucune valeur réelle. La confiance ne peut exister que par on fait aussi confiance à
l’institution qui émet cette monnaie : à l’époque les rois qui « battaient monnaie » et
aujourd’hui les Etats et leurs institutions monétaires (Banque nationales comme la Banque de
France et dans notre zone monétaire, la BCE, Banque centrale européenne).

On retrouve des signes qui garantissent la valeur de notre monnaie aujourd’hui par exemple
sur les billets en Euros : terme BCE, drapeau européen, signature de l’ancien Président Mario
Draghi, filigrane et diverses sécurités …

2/ Evolution des formes de la monnaie

Documents 1/2 P98

Le 1er document nous montre un ensemble de biens dont certains ont servi en tant
qu’intermédiaire des échanges. Ce sont donc des monnaies marchandises : des coquillages,
du tabac, des bœufs, du sel mais par le smartphone qui est un moyen de paiement uniquement.
Il y en a eu beaucoup d’autres comme l’huile le vin, des dents d’animaux, l’ambre, du blé, des
peaux d’animaux …
La monnaie métallique s’est ensuite peu à peu imposée pendant une période de notre histoire
monétaire. Des métaux précieux ont servi de support de circulation de ces monnaies
métalliques avec l’or et l’argent.
Cette monnaie était transportable, durable (non périssable), divisible (en différentes valeurs
entières et en centimes) et fusionnable (on pouvait fondre les métaux et refaire des pièces).
L’or avait aussi l’avantage d’avoir une forte valeur à partir d’un faible volume et une
grande valeur symbolique dans l’imaginaire collectif des sociétés occidentales.

Documents 3/4 P99

On va assister progressivement à une dématérialisation accélérée de la monnaie.

La monnaie papier a succédé progressivement à la monnaie métallique. Les billets vont


apparaitre et se généraliser en remplaçant la monnaie métallique. La valeur faciale (100
euros) est dissociée de la valeur intrinsèque (la vraie valeur qui dépendait du poids en or ou
en argent). Un billet de 100 euros ne vaut 100 euros que parce que la société l’a décidé et en
garantit la valeur faciale, en totale déconnexion avec sa valeur réelle ou intrinsèque (quelques
centimes en réalité).
Au départ, un billet est un papier représentant une valeur métallique en or, détenue dans un
coffre. Puis progressivement, comme les billets sont demandés pour eux-mêmes et la valeur
qu’ils représentent dans les échanges, on se rend compte que les clients ne viennent pas retirer
l’équivalent en métaux précieux et continue d’échanger uniquement avec cette « monnaie
papier ». Les banques commerciales émettent donc des « billets à découvert » lors des
opérations de crédit, sans qu’il y ait une contrepartie en or détenues dans les coffres de
banques. Progressivement, le volume des billets (et la valeur qu’ils représentent) est
déconnectée de la contrepartie en or et augmente bien plus vite. Les banques courent alors un
risque d’illiquidité (ne plus pouvoir transformer la monnaie papier en or ou argent détenus
dans les coffres). Cette monnaie papier repose donc sur la confiance uniquement d’où son
nom de monnaie fiduciaire (fiducia, confiance en latin), qui regroupe la monnaie papier et
la monnaie divisionnaire (les pièces).

La dématérialisation se poursuit dans le temps avec la généralisation de la monnaie


scripturale : la monnaie va consister en un jeu d’écriture qui circule de comptes en
comptes, entre les crédits et les débits. Cette monnaie circulent entre les « comptes courants »
ou autrement appelés « dépôts à vue » des agents économiques. Cette monnaie a ainsi besoin
de supports de circulation comme les paiements en carte bleue, les chèques, le virement
ou plus généralement, la monétique. Nous utilisons aujourd’hui massivement de la monnaie
scripturale (90% des transactions dans le monde).

La quantité de monnaie qui circule peut être mesurée au niveau macroéconomique grâce aux
agrégats monétaires déterminés par la BCE. Ils agrègent des actifs monétaires ou quasi-
monétaires avec :

 M1 = la monnaie au sens strict : pièces et billets (monnaie fiduciaire) + dépôts à vue


des comptes courants (monnaie scripturale) soit 7017.1 Mds d’€ en 2018.
 M2 = M1 + dépôts à terme et compte sur livret d’une durée inférieure à 2 ans
(par exemple, livret jeune, livret A…) soit 11577.1 Mds d’€.
 M3 = M2 + titres de créances dont la durée est inférieure à 2 ans sur les marchés
financiers (des titres à la bourse pour simplifier) soit 12198.2 Mds d’€.

B – La création monétaire

Documents 1/2 P100

Le 1er document montre l’importance des transactions en « espèces » pour les petites sommes
mais dès que le montant progresse, la part régresse très vite. Par exemple, au dessus de 100 €,
le total montre que sur 100 euros :

- 32 sont réglés avec de la monnaie - 4 en chèques (qui tendent à disparaitre)


fiduciaire (billets et pièces)
- 1 par Internet
- 56 en CB
- 7 autrement (virement etc)

En dehors des billets et pièces, le reste représente donc des supports de circulation de
monnaie scripturale.
La part de la monnaie fiduciaire se réduit logiquement avec la progression du montant des
transactions pour les inconvénients qu’elle comporte : encombrement, risques de perte, de
vols etc.

Regardez la vidéo « À l’origine de la monnaie » : https://youtu.be/jXUiy-Dibrc

Au début du film, on évoque le « clou » comme monnaie créée par un individu qui distribue
des « bouts de papier » avec promesse de remboursement en « boite de clous ». Chacun
dispose d’une promesse de remboursement et s’en sert comme un pouvoir d’achat lui
permettant d’acheter autre chose en échange (fonction d’intermédiaire des échanges de la
monnaie). Elle peut être aussi conservée comme réserve de pouvoir d’achat et donc épargnée
(fonction de réserve des valeurs de la monnaie). Cette attitude est possible uniquement si la
confiance règne entre les membres de l’échange parce que chacun pense que la promesse de
remboursement sera respectée.

On évoque aussi la capacité de la Banque IZ à créer de la monnaie pour son client en


distribuant des crédits qui finissent sur son compte courant (ou « dépôt à vue ») en « dépôts »
d’où l’expression, « ce sont les crédits qui font les dépôts ».

On voir apparaitre plusieurs monnaies dans ce film : monnaie « clous », les billets, les pièces,
la monnaie scripturale de la banque IZ ou AL, la monnaie Banque centrale qui circule entre
les comptes que les banque IZ et AL possèdent à la Banque centrale.

« Créer de la monnaie, c’est créer des promesses » car c’est un engagement à rembourser
qui repose sur de la confiance (pour ceux qui empruntent) et c’est aussi un engagement à
pouvoir utiliser une monnaie qui sera acceptée par tous dans l’économie. C’est en ce sens
que la monnaie constitue aussi une institution qui crée des règles et oblige chacun.

Dans le document 2, on voit le relevé de compte d’un client qui vient de voir son compte
créditer de 2500 euros grâce à l’obtention d’un crédit. Cette somme est déposée sur son
compte, dans la partie crédit (ou dépôt) d’où l’expression « les crédits font les dépôts ». On
parle ici des Banques de second rang (ou banques commerciales), c'est-à-dire celles que
l’on rencontre dans la rue, pour les différencier des Banques centrales (comme la Banque de
France ou la BCE).

Ce crédit permet de faire un certain nombre de dépenses dont 2525 euros sont réalisés dès le
21 avril après le paiement de 400 euros.

Il continue ensuite à dépenser « à découvert » et les bénéficiaires de ces dépenses peuvent


créditer leur compte (sur leur dépôt).

C’est sa banque qui lui a créé une capacité de dépenses en « créant de la monnaie
scripturale » par un jeu d’écriture, grâce au crédit qui se retrouve sur son compte courant ou
dépôt à vue …. à vue signifie bien ici « pour être utilisé et disponible à la vue du client ».

Quand son salaire tombera en fin de mois, ce montant comblera le « découvert » mais la
totalité de sa capacité de dépense sera amputée du montant de ce découvert, qui correspond
donc à une destruction monétaire.
Documents 3/4 P101 : activité à rendre sur Moodle pour le mercredi 8 avril à 12h : faire
les questions 1 à 4 (document 3) et 1 à 3 (document 4).

Correction donnée ultérieurement à compléter ici.


C – Les objectifs et outils de la politique monétaire

1/ Croissance ou lutte contre l’inflation


Documents 1/2 P104

Le 1er document analyse les effets que peut avoir la politique monétaire dans l’économie
avec 2 effets très différents :

 RELANCE DE LACTIVITÉ ET BAISSE DU CHOMAGE.

La création monétaire des banques permet de relancer l’économie en favorisant l’accès au


crédit, qui finance ensuite la consommation des ménages (une voiture, un ordinateur …),
l’investissement des ménages (une maison) ou l’investissement des entreprises (des
machines ou des bâtiments professionnels). Cela répond donc à la logique suivante en ayant
un impact sur l’activité économique et le chômage :

Création monétaire = hausse des crédits = hausse de la consommation ou de


l’investissement = hausse de la production = hausse de la croissance économique = baisse
du chômage

 RELANCE DE L’INFLATION

Si la relance monétaire est réalisée dans une économie qui a du mal à satisfaire la demande et
proche de la saturation, la hausse de la masse monétaire en circulation (mesurée par les
agrégats, voir plus haut dans le doc 4 P99), alimente la hausse de la demande qui a du mal à
être satisfaite. La rareté relative des produits se traduirait par une hausse des prix et donc de
l’inflation, définie comme une hausse générale et cumulative des prix.

L’inflation réduit alors la valeur de la monnaie car tout produit coût plus cher et donc :

- pour acheter la même quantité de produits, il faut plus de monnaie ou

- avec la même quantité de monnaie, on peut acheter moins de produits.

Le pouvoir d’achat d’une unité monétaire (l’Euro) se réduit donc comme vu dans le 1er
polycop avec les taux d’intérêt nominaux ou réels.

Le document 2 confirme cette relation avec une corrélation entre la croissance de la masse
monétaire nette de la croissance économique (axe horizontal) et le niveau d’inflation.

La croissance de la masse monétaire nette de la croissance économique =

croissance de la masse monétaire – croissance du PIB


Plus on va vers la droite sur l’axe des abscisses, plus cela signifie que la masse monétaire
a augmenté, sans relation avec l’économie réelle (la hausse du PIB). Cela traduit donc des
politiques de relance monétaire massive, comme analysée dans le document 1 P104. On a
crée beaucoup de monnaie sans avoir forcément beaucoup de produits à échanger.

De ce fait, plus on va vers l’infini (la droite) sur l’axe des abscisses et plus on voit le taux
d’inflation progresser sur l’axe des ordonnées (vers le haut) :

 par exemple, le chiffre entouré pour l’Argentine nous montre que la masse monétaire a
augmenté de 80% de plus que celle du PIB entre 1960 et 1990 et l’inflation a
progressé de 80% en moyenne par an.
 pour la France, la MM a augmenté de 5% de plus que celle du PIB sur la même
période et l’inflation a augmenté de 6% en moyenne par an.

Les pays qui ont vu leur masse monétaire durablement augmenter plus vite que celle de
leur PIB ont connu beaucoup plus d’inflation.

Documents 3/4 P105

Le document 3 met en avant une corrélation entre croissance de la masse monétaire et


croissance économique. On remarque qu’il y a un lien positif entre croissance de la masse
monétaire et croissance économique.
Augmenter la masse monétaire en circulation permet de générer plus de crédit et de
croissance : voir enchainement doc 1 P104.
Mais la relation est beaucoup moins forte que pour le lien croissance de la masse
monétaire – inflation.
Le dernier document montre les dégâts de l’inflation dans les économies à partir de
l’exemple désastreux du Venezuela : le pays a connu l’hyper inflation comme l’Allemagne
des années 20, après la 1ère Guerre Mondiale. En aout 2018, le café au lait coûtait 2.500.000
bolivars contre 0.08 bolivar en aout 2017 soit x par 31.250.000 avec une hausse de
31.249.900 % !!!

La monnaie n’a plus aucune valeur et l’inflation détruit la monnaie et la confiance dans
l’économie.

2/ Outils de la politique monétaire

Documents 1/2 P106

Le 1er document évoque le rôle de la Banque centrale, en Europe la BCE, avec


hiérarchiquement, les Banques centrales de chacun des pays qui mettent en œuvre la politique
monétaire commune dans la Zone euro.

Chaque banque de second rang ou banque commerciale, doit détenir un compte auprès de
la Banque centrale (en France, Banque De France). Dans ces comptes circule la monnaie
Banque centrale ou Base monétaire (sur le schéma) et les banques commerciales doivent
aussi y détenir obligatoirement des fonds appelées réserves obligatoires.
La monnaie centrale ou base monétaire est utilisée par :

 les clients des banques commerciales en monnaie fiduciaire (pièces et billets,


obligation de liquidité)
 les banques commerciales qui se font les paiements entre elles au niveau du compte
qu’elles possèdent auprès de la Banque centrale. On parle de paiements
interbancaires

La base monétaire représente 3212 Mds d’€ par rapport à 3408 Mds d’€ que représentent les
dépôts à terme soit 94.3%. Elle représente également 3212/12198 x100 soit 26.4% de M3.

Les banques de second rang doivent toujours conserver de la monnaie Banque centrale
auprès de la Banque centrale :

 pour leURS réserves obligatoires.


 pour régler entre elles les dépenses de leurs clients lorsqu’elles créent de la monnaie
en leur distribuant du crédit.

Ainsi, la Banque centrale a un moyen de contrôler indirectement la création monétaire des


banques de second rang puisqu’elle exige que ces dernières conservent suffisamment de
monnaie Banque centrale dans leurs compte auprès de la Banque centrale (réserves +
dépenses à régler entre elles). Si elles créaient trop de monnaie en distribuant des crédits
(sous forme de monnaie scripturale) mais qu’elles n’avaient pas les moyens d’honorer les
dépenses des clients entre banques, elles risqueraient de se retrouver dans une situation
d’illiquidité puis d’insolvabilité (ou risque de liquidité et de solvabilité).

Le document 2 nous montre une hiérarchie claire qui s’établit dans le contrôle de la masse
monétaire en circulation. La Banque centrale va influencer la création monétaire par
l’intermédiaire de son coût. Si la banque de second rang a besoin de monnaie fiduciaire, elle
« se tourne » vers la Banque centrale qui lui prête alors les liquidités moyennant un coût :
le taux d’intérêt. La banque de second rang prêtera à son tour à ses clients ses liquidités à un
autre coût (toujours le taux d’intérêt appelé taux directeur de la Banque centrale) et l’enjeu
pour elle est évidemment de prêter au client à un taux supérieur au taux d’intérêt qu’elle
paie elle-même auprès de la BC. En se retournant auprès de la Banque centrale, on dit que la
banque de second rang se refinance ou fait une opération de refinancement.
La Banque centrale a ainsi la possibilité de rendre l’accès à la monnaie Banque centrale
plus ou moins onéreux. Cela correspond aux 2 objectifs de politique monétaire déjà vus dans
le document 1 P104 :

 si elle veut encourager le crédit pour relancer l’économie, elle rendra ce crédit moins
onéreux et baissera le coût du refinancement des banques de second rang en
baissant ses propres taux d’intérêt directeurs.
 si elle veut freiner la création monétaire, elle augmente ses taux directeurs ou elle
exige que les banques de second rang possèdent plus de réserves obligatoires, ce
qui limite leurs possibilités de distribuer du crédit.

Documents 3/4 P107

On voit apparaître dans le document 3 la manipulation des taux d’intérêt par la Banque
centrale sur les 20 dernières années. Deux types de taux apparaissent :

 le taux directeur de la Banque Centrale Européenne pour la zone euro : c’est le


taux du refinancement que la BCE impose aux banques de second rang qui se
refinancent auprès d’elle (voir document précédent).
 le taux interbancaire : c’est le taux qui intervient sur le marché monétaire
interbancaire, c'est-à-dire le lieu ou les banques de second rang se refinancent
entre elles en monnaie Banque centrale puisqu’elles ont aussi la possibilité de se
prêter de la monnaie Banque centrale entre elles.
 le taux d’intérêt des emprunts immobiliers des ménages : c’est le taux que les
banques de second rang accordent aux ménages qui achètent de l’immobilier.

On voit clairement apparaître une hiérarchie des taux et la BCE oriente le marchés des
taux en fonction des décisions qu’elle prend : par exemple, après la crise de 2008, elle
baisse massivement son taux directeur et maintient une politique de taux très faibles
depuis … tous les autres taux ont baissé dans la suite logique.

Le taux interbancaire est inférieur au taux directeur car les banques commerciales se
prêtent entre elles des fonds à des conditions plus avantageuses que lorsqu’elles se
« retournent » vers la Banque centrale, en denier recours.

Le taux immobilier est évidement le plus élevé car, c’est cet écart entre taux directeur et
taux de l’immobilier, qui permet aux banques de second rang de « gagner de l’argent » en
faisant leur métier naturel qui est de financer l’économie.

Cette baisse générale du crédit a un seul objectif depuis 10 ans : relancer l’économie et
permettre aux ABF d’accéder à un crédit moins onéreux.

Vous comprenez bien le problème dans lequel on se trouve aujourd’hui : comme les taux
sont très bas, il n’y a plus de marge de manœuvre pour relancer l’économie par la seule
baisse des taux d’intérêt face à la crise actuelle du Covid19.
Le document 4 évoque enfin la mission majeure des Banques centrales à travers le pilotage
de la politique monétaire. On définira la politique monétaire comme l’activité qui vise à
contrôler le niveau de liquidité de l’économie en se fixant des objectifs de lutte contre
l’inflation et de croissance économique (voir doc 1 P104).

En Europe, la BCE a 1 mission officiellement reconnue par le Traité de Maastricht


(adopté par référendum en 1992) : maintenir un niveau d’inflation autour de 2% par an.

La BCE est indépendante des pouvoirs politiques des gouvernements de la zone euro, elle
agit donc sans ordre et répond simplement à l’objectif du traité de Maastricht.

Mais elle est aussi de plus en plus pragmatique est tient compte de la réalité pour
relancer l’économie lorsque c’est nécessaire :

 comme après la crise de 2008 avec une politique d’accès à un crédit quasiment gratuit
(voir document et graphique précédent).
 comme en ce moment avec la crise Covid19 en ayant annoncé un plan colossal total
de 1050 milliards d’euros pour racheter les titres publics des Etats et financer les
dettes publiques qui explosent avec les dépenses destinées à soutenir l’économie et
faire face à l’arrêt de la production. Le plan prévoit aussi d’acheter des titres privés
(obligations) pour soutenir les entreprises en difficultés.

Comme la BCE est indépendante et qu’elle a réussi à maintenir un faible niveau


d’inflation tout en intervenant plus massivement depuis 10 ans et très fortement
aujourd’hui face à la crise, elle bénéficie d’une grande crédibilité et d’une compétence
reconnue.

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