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Cours D’Economie Générale I

Chapitre 2 : La pensée économique

La compréhension de l’analyse économique passe par l’étude de son historique, autrement


dit, il faut savoir comment la pensée économique s’est progressivement élaborée au fil de
l’histoire. Il s’agit alors de remonter aux origines de cette pensée et de passer en revue les
principales écoles et par la suite les auteurs qui ont le plus fortement marqué la formulation
de l’analyse économique contemporaine, de montrer aussi comment s’articulent les idées et
de présenter les apports de chaque courant.

La multiplicité des définitions de la science économique à été la conséquence de la


diversité des courants de pensée économique, ces derniers peuvent être regroupés en deux
grands discours : le discours de l’économie politique (les classiques, les néoclassiques et
les keynésiens) et le discours critique de l’économie politique (les marxistes).

Le premier courant considère que les lois de fonctionnement économique sont des lois
naturelles ou encore universelles et éternelles, par conséquent le système capitaliste est
universel et éternel, répondant dans son fonctionnement à l’harmonie de la nature, c’set à
dire sans contradiction. Par contre le second courant considère que les lois de
fonctionnement économique sont historiques puisque l’activité économique est un fait
humain et donc social.

Nous étudierons d’une façon successive les mercantilistes, les physiocrates, les classiques,
les néoclassiques, les keynésiens et les marxistes.

I- Le mercantilisme

Le terme mercantilisme correspond à un regroupement d’auteurs ayant pour principal point


commun de traiter de la phase de transition entre le féodalisme décadent et le capitalisme
ascendant.

1- Les principales idées mercantilistes

Les principales idées des mercantilistes sont :


- Prendre des mesures favorisant les marchands (source d’enrichissement du peuple et
du souverain).

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- Obtenir un excédent commercial : encourager les exportations afin d’avoir une


balance commerciale excédentaire.
- Bénéficier d’une entrée d’or sur le continent provenant de ce commerce extérieur
excédentaire.
- Enrichir l’Etat en proportion des nouvelles rentrées fiscales émanant de ce
commerce.
- Avoir en conséquence un souverain puissant et une nation forte.

2- Les mesures de politique économiques

Ces mesures sont liées à un objectif ultime qui consiste à accumuler de l’or par le
biais d’un commerce extérieur excédentaire :

· Il faut développer des industries modernes en vue de stimuler les exportations.


· Il faut inciter les industriels à exporter tout en créant des barrières
protectionnistes : éviter la sortie d’or et d’argent du royaume par l’interdiction de
la sortie des matières premières et la limitation d’entrée des produits étrangers.
· Il faut conserver les richesses minières et agricoles afin de favoriser l’industrie
nationale qui doit disposer facilement des matières premières.
· Il faut mener une politique coloniale et du développement du territoire national
pour accroitre la puissance de l’Etat.

Le mercantilisme qui s’est prolongé sur une période de trois siècles à été caractérisé
par la naissance de l’Etat moderne qui s’enrichie à travers la monnaie, l’industrie et
le commerce. Certaines des théories développées sont aujourd’hui d’actualité.

II- Les physiocrates

Le terme physiocratie résulte de la fusion de deux mots grecs : physis : la nature et


kratos : la puissance, il signifie puissance de la nature. Les physiocrates sont en
opposition manifeste avec les mercantilistes, pour eux l’économie ne doit plus être au
service des seuls puissants (le souverain) mais elle doit servir les producteurs et les
citoyens.

A l’encontre des mercantilistes qui privilégient la raison d’Etat, ils avancent une
philosophie plus libérale.

1- Les physiocrates contre les mercantilistes

Les physiocrates s’opposent aux mercantilistes sur plusieurs points :


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- Ils s’opposent au protectionnisme mercantiliste et à tous les privilèges fiscaux. Ils


favorisent la notion de circulation des biens afin de stimuler la production st la
richesse de tous.
- Les physiocrates pensent à l’inverse des mercantilistes ‘l’accumulation physique de
l’or est source de richesse) qu’il faut une agriculture riche, créatrice d’un surplus qui
bénéficie aux propriétaires et aux artisans.
- Le mode de représentation en termes de circuit de Quesnay (l’inspirateur de l’école
des physiocrates, l’économiste français François Quesnay) démontre que tout obstacle
à la circulation des richesses limite la croissance de la production.
- Les physiocrates privilégient l’agriculture et non l’industrie. Leur idée est que
l’initiative privée ne doit pas être affaiblie par des règlements ou encore par
l’intervention des pouvoirs publics.

2- L’économie politique des physiocrates

Cette économie consiste en une théorie de la production, une théorie de la circulation et


une théorie de la répartition.

a) Théorie de la production
Les physiocrates insistent sur la productivité exclusive de la terre « mère de tous les
biens » selon Mirabeau, seule richesse à pouvoir se multiplier et à fournir un produit net,
c'est-à-dire un surplus économique. Ils considèrent l’industrie et le commerce comme de
activités stériles.
b) Théorie de la circulation

F. Quesnay eut la pensée que l’activité économique toute entière était animée par la
circulation du produit net entre les différents groupes sociaux. Cette circulation du
produit net décrit le tableau économique établi par Quesnay.

Il propose d’éviter toute sorte d’imposition et d’empêcher tout ce qui limite la circulation
des biens et des services pour que le flux de richesse irrigue parfaitement tout le corps
économique.

c) Théorie de la répartition

Les physiocrates divisent la société en trois classes de citoyens selon le critère de la


participation à la richesse nationale :

w La classe productive : tous ceux qui travaillent la terre.


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w La classe des propriétaires fonciers : qui comprend le souverain, les propriétaires des
terres et les collecteurs d’impôt.
w La classe stérile : constituée par les artisans, les industriels et les marchands.
III- Les classiques
Au cœur de la révolution industrielle et principalement au royaume uni, se constitue la
pensée classique qui marque encore largement les théories économiques modernes.
L’apparition du courant classique dans la pensée économique s’est accompagnée par de
nombreuses transformations structurelles qui ont touché la mentalité, les techniques et les
modes de production.
Quatre économistes tiennent une place centrale dans le courant de pensée classique : A.
Smith, J. B Say, T. R Malthus et D. Ricardo.
1- Les apports de Smith
A.Smith a élaboré un système économique et social basé sur la liberté et l’intérêt
individuel. Pour comprendre les fondements du système de Smith, il y a lieu de savoir ses
idées sur la main invisible, la source de richesse te la notion de valeur.
a) Théorie de la main invisible

Smith affirme que « l’individu en poursuivant son propre intérêt sert de manière plus
efficace l’intérêt de la société sans y penser ». c’est la théorie de la main invisible de Smith
qui signifie que l’intérêt individuel permet d’assurer l’intérêt collectif.

Cette main invisible n’est que la concurrence.

b) La source de richesse

Dans son ouvrage « recherche sur la nature te les causes de la richesse des nations », Smith
montre que la véritable richesse réside dans la production matérielle. Les moyens
permettant d’accroitre cette dernière sont :

- La spécialisation et la division du travail : Smith a montré que la division du travail


est le seul véhicule du progrès puisqu’elle permet d’accroitre la productivité.
- Le libre-échange : une autre voie d’enrichissement selon Smith passe par le libre-
échange : selon Smith « laisser faire laisser passer », c'est-à-dire favoriser le
commerce à travers la libre circulation des marchandises. Il s’agit pour une nation de
se procurer les produits au meilleur prix, la spécialisation internationale est alors
nécessaire.

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- Le non interventionnisme : si on laisse le marché fonctionner librement, il aboutit


au meilleur état possible pour la société, l’Etat ne doit pas intervenir dans son
fonctionnement.
c) La théorie de la valeur
Dans la conception de Smith, le travail est le fondement de la mesure de la valeur,
autrement, la valeur d’un bien dépend de la quantité de travail nécessaire pour produire ce
bien. Pour Smith, il faut tenir compte aussi du profit du capital et de la rente foncière
incorporés dans chaque produit.
2- Les apports de J. B Say

J. B Say souligne que « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits ». Il a
marqué la pensée économique par sa loi des débouchés largement reprise aujourd’hui par
les théoriciens de l’offre : « l’offre crée sa propre demande » ou encore « les produits
s’échangent contre les produits ».

Selon Say, l’achat d’un produit ne pouvait être fait qu’avec la valeur d’un autre produit :

Pour une marchandise qui est offerte sur le marché, des salaires ont été versés à ceux qui
ont contribué à la production de cette marchandise. Ces salaires vont être dépensés, ils
serviront à acheter d’autres marchandises, de nouveaux revenus sont ainsi payés et enfin la
marchandise offerte trouvera sa propre demande.

3- Les apports de D. Ricardo

Les éléments les plus célèbres de l’analyse de Ricardo sont essentiellement : la théorie de
la valeur, la théorie de la rente, qui commande la répartition des profits et des salaires et la
théorie des avantages comparatifs.

a) La théorie de la valeur

Tout comme A. Smith, Ricardo cherche à trouver un dénominateur commun qui


permettrait de mesurer la valeur de deux marchandises différentes. Il répond que c’est le
travail, ainsi la valeur des biens est liée aux quantités de travail incorporées dans les
produits.

Selon Ricardo, la valeur d’échange d’un bien la quantité de travail direct et indirect
incorporée dans sa production et sur sa rareté. Il s’agit donc des biens reproductibles car
pour les biens dits non reproductibles, le travail ne permet pas d’augmenter la quantité et la
valeur de ces biens ne dépend que de leur rareté.

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b) La théorie de la rente

Ricardo cherche à expliquer comment le produit de la terre se partage entre les classes de
la société à savoir : les propriétaires fonciers, les débiteurs de fonds ou les capitalistes
entrepreneurs et les travailleurs.

La rente représente le revenu d’un facteur qui est la terre, c’est « la part du revenu de la
terre que l’on paie aux propriétaires pour avoir le droit d’exploiter les facultés productives
du sol ».
c) La théorie des avantages comparatifs

Cette théorie va constituer une justification importante du libre-échange qui reste la base
du raisonnement néoclassique actuel en matière d’échanges extérieurs.

Partisan du libre-échange, Ricardo démontre que la spécialisation entre deux pays doit se
faire selon le principe des avantages comparatifs : « chaque nation doit vendre aux autres
les biens pour lesquels les couts relatifs nationaux sont plus faibles qu’à l’étranger et
acheter aux autres les biens pour les couts relatifs nationaux sont plus élevés qu’à
l’étranger ».

Cette théorie tend à favoriser les pays les plus avancés déjà spécialisés dans des produits à
haute valeur technologique (prix élevé), tandis que les pays les moins développés sont
condamnés à exporter des produits primaires (prix faible).

4- Les apports de T. Malthus

Les apports de Malthus se résument essentiellement dans ses travaux : « essai sur la
population » et « principes d’économie politique ».

a) Essai sur la population


Avant Malthus, la tendance générale était de voir dans les hommes le fondement même de
la puissance et de la prospérité, selon ce principe de J. Bodin : « il n’ya de richesse que
d’hommes ».

Désormais, avec le principe de population de Malthus, la position est renversée et c’est


plutôt le surcroit de population qui devient source de problèmes. Pour Malthus, la
population croit selon une progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16, …) et double tous les 25
ans, alors que production suit une progression arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, …), d’où un écart,
un déséquilibre qui va affecter le niveau de vie de la population.

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La solution pour Malthus est de procéder à une restriction des naissances, cette politique à
été suivie par plusieurs pays dans le monde y compris en Tunisie à partir des années
soixante.

b) Principes d’économie politique

Malthus à combattu la loi des débouchés de J. B Say dont l’expression courante est que
« les produits s’échangent contre les produits », c'est-à-dire qu’au départ de l’activité
économique, il y a la production ou l’offre et d’où l’idée de l’impossibilité d’une
surproduction générale, que cette offre crée sa propre demande.

Du point de vue de Malthus, c’est plutôt la consommation ou la demande qui se situe au


départ de l’activité économique, c’est la demande qui va créer l’offre.

Conclusion

Les arguments des théoriciens de l’école classique que nous venons de citer, en faveur de
la concurrence et du libre-échange restent des éléments essentiels de l’analyse néoclassique
actuelle. Mais ceci n’a pas mis à l’abri cette école des critiques adressées surtout par les
marxistes et les keynésiens.

IV- Les néoclassiques

Le courant néoclassique s’est développé à la fin du 19ème siècle en réaction contre l’analyse
marxiste. Les néoclassiques restent très marqués par la pensée classique puisqu’ils sont des
défenseurs du libéralisme et de la propriété privée.

Les principaux auteurs néoclassiques sont le français L. Walras, l’anglais S. Jevons,


l’italien V. Pareto et l’autrichien K. Menger.

Les apports des néoclassiques sont essentiellement :

1- Le marginalisme

On appelle marginalisme ou raisonnement à la marge, qui est un raisonnement en termes


de différentielles. Pour un individu rationnel, qu’il soit consommateur ou producteur, ce
qui compte, ce n’est pas seulement la satisfaction totale ou le profit total, mais celle que lui
rapporte la dernière unité consommée ou produite par rapport à ce qu’elle lui coutera.

L’individu rationnel raisonne non pas sur les quantités globales mais sur les quantités
additionnelles, c'est-à-dire à la marge.

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Les néoclassiques avancent alors leur théorie de l’utilité marginale décroissante qui
signifie que : l’utilité qui est accordée par le consommateur à une première unité
consommée d’un bien donné est supérieure à l’utilité que ce même consommateur
accordera à la seconde unité du même bien. On parle alors de l’utilité marginale
décroissante.

Exemple : lorsqu’on a soif, l’utilité que l’on accorde au premier verre d’eau est supérieure
à l’utilité que l’on accorde au deuxième verre.

2- La tendance à l’équilibre et à l’autorégulation

Selon les néoclassiques, l’ajustement entre l’offre et la demande se fait par l’intermédiaire
des prix. C'est-à-dire qu’il existe un système de prix qui en situation de concurrence assure
l’équilibre sur tous les marchés.

Si une perturbation, en particulier exogène (extérieure au champ économique) provoque un


désajustement, celui-ci est passager, car les mécanismes autorégulateurs vont assurer le
retour à l’équilibre : c’est la flexibilité des prix qui entraine automatiquement un équilibre
stable et durable, non seulement sur chaque marché particulier (équilibre partiel), mais
aussi au niveau de l’économie en général (équilibre général).

Les néoclassiques montrent que l’ordre naturel ou l’équilibre général est respecté si les
conditions de la concurrence pure et parfaite sont réunies. Dans ces conditions, l’équilibre
peut être partiel, sur chaque marché à part ou général (walrasien) sur tous les marchés à la
fois.

Selon les néoclassique, tous les marchés sont efficaces, c'est-à-dire qui permettent le retour
automatique à l’équilibre par le mécanisme de la flexibilité des prix. Sur le marché du
travail, l’équilibre est un équilibre de plein emploi, c'est-à-dire que le chômage n’existe pas
et s’il existe c’est que celui-ci est volontaire (lié à la volonté des travailleurs qui refusent
de travailler pour certaines raisons).

3- La concurrence pure et parfaite

La concurrence pure et parfaite signifie le libre jeu des mécanismes du marché, elle se
définit par cinq caractéristiques :

- Atomicité : les agents économiques sont nombreux et de taille comparable.


- Homogénéité des produits : un produit donné n’existe que sous une seule forme.

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- Parfaite transparence du marché : chaque agent (producteur ou consommateur) est


parfaitement informé de ce que font les autres et des prix auxquels le produit se vend.
- Libre entrée : c'est-à-dire absence des barrières à l’entrée.
- Parfaite mobilité des facteurs de production : le facteur travail et capital circulent
librement entre les secteurs.
4- Rôle limité de la monnaie
Pour les classiques ainsi que les néoclassiques, le rôle de la monnaie ne peut avoir aucune
influence sur le secteur réel. La monnaie permet seulement de faciliter les échanges, c’est
dire qu’elle est neutre.
La monnaie est une marchandise comme une autre, sa seule fonction est de servir
d’intermédiaire des échanges.
Selon les néoclassiques, la neutralité de la monnaie signifie que toute accroissement de la
quantité de monnaie n’affecte pas le niveau de production mais provoque seulement une
augmentation des prix (inflation).

Conclusion

La crise économique de 1929, crise de surproduction générale de grand ampleur, vient


mettre à défaut la construction classique et consacre à la fois la faillite des schémas
d’équilibre et l’échec des politiques économiques d’inspiration néoclassique.
La persistance du déséquilibre et la montée du taux de chômage durant la crise, témoigne
sur l’insuffisance de l’explication classique et néoclassique en faveur d’un équilibre stable
et durable de plein emploi, de l’impossibilité d’une crise de surproduction, des mécanismes
automatiques de retour à l’équilibre et du chômage volontaire.
V- Le marxisme (1818-1883)
Marx est un philosophe et historien avant d’être économiste. Son objectif initial est
l’analyse du processus historique du développement des sociétés occidentales, à leur stade
capitaliste en particulier.
Marx étudie en effet la société capitaliste anglaise, première nation industrielle afin d’en
tirer certaines lois. Il s’agit avant tout d’une étude historique du développement et de
l’essor du capitalisme. Cette critique est contenue dans son œuvre majeure « le capital ».
1- La recherche de la plus-value
Le courant marxiste s’oppose à la théorie libérale en démontrant que l’organisation
capitaliste de la société aboutit à l’exploitation de la plus grande partie de la société par les
détenteurs des moyens de production. La société se divise alors en deux grandes classes

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qui s’affrontent : le prolétariat (qui détient la force de travail) et la bourgeoisie (qui


détient le capital).
Selon Marx, la valeur d’une marchandise M est déterminée comme suit :
M = C + V + PV
C : capital constant (machines) qui ne procure aucun surplus.
V : capital variable
PV : plus-value
La condition de survie du capitaliste est d’avoir un maximum de profit. La plus-value
constitue la source de ce profit. Pour se développer, le capital à besoin d’une main
d’œuvre, d’une force de travail échangée sur le marché de l’emploi.
Cette force de travail va être exploitée par le capitaliste afin de créer une plus-value. La
plus-value est donc la différence entre la valeur crée par la force de travail et ce qu’a coûté
cette force, en d’autres termes la plus-value est l’expression monétaire du sur travail
(travail non payé).
2- La loi d’accumulation capitaliste
L’accumulation signifie que la plus-value devient capital, en effet cette dernière est
convertible en capital parce que le produit net dont elle est la valeur, contient les éléments
matériels d’un nouveau capital.
La loi d’accumulation capitaliste est une relation entre le mouvement du capital et du
travail et qui fait que le capital vient de remplacer le travail en créant alors une armée de
réserves constituée par des chômeurs.
Le capital va trouver dans cette armée de réserve, une main d’œuvre disponible qui va lui
permettre d’exercer une pression sur les salaires.
L’explication historique du capitalisme montre que si on investit plus, il ya une diminution
relative du capital variable par rapport au capital constant (amélioration des équipements,
agrandissement de l’échelle de production, modernisation des machines).
3- La loi de la baisse tendancielle du taux de profit
C’est la conséquence de la conversion de la plus-value en capital constant. La concurrence
entre les capitalistes fait que pour une même production, le capitaliste utilise de plus en
plus du capital et de moins en moins de travail et élève par conséquent la composition
organique du capital (capital constant/ capital variable). Or seul le travail est source de
plus-value et la plus-value est source de profit.
L’accumulation signifie alors une augmentation de la composition organique du capital,
cette augmentation provoque une diminution de la plus-value et par la suite une baisse du

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taux de profit. On assiste dans ce cas à un processus contradictoire : la nécessité


d’accumuler provoque une chute du taux de profit.
Il s’agit d’une crise de suraccumulation, qui signifie qu’une partie du capital social ne joue
plus le rôle du capital, dans la mesure où cette partie du capital n’exploite plus le travail au
degré voulu, c'est-à-dire absence de plus-value qui est la source de profit.

Conclusion :

En analysant le fonctionnement du capitalisme, Marx montre que c’est un système


contradictoire et les crises qu’il connait sont de nature structurelle. Cette vision est à
l’encontre de celle développée par les classiques, qui soutiennent qu’en cas de
déséquilibre, il ya autorégulation à travers les mécanismes du marché.

V I– L’école Keynésienne (J. M Keynes)

Témoin de la crise de 1929 et de ses conséquences, en particulier en ce qui concerne le


chômage (plus de 12 millions aux Etats unis et 6 millions en Allemagne), Keynes à écrit un
célèbre ouvrage en 1936, qui s’intitule « théorie générale de l’emploi, de la monnaie et de
l’intérêt », dans lequel, il a contesté des propositions classiques et néoclassiques
concernant l’emploi.

Il a mené une analyse en termes macroéconomique dans le but de trouver les déterminants
du volume d’emploi ou les politiques susceptibles d’éviter le chômage dans le cadre d’une
société capitaliste.

Keynes pense que le marché ne peut pas s’équilibrer automatiquement, il estime qu’une
intervention de l’Etat est nécessaire pour réguler l’économie : on parle alors de révolution
keynésienne. Les principaux apports de Keynes sont :

1- Equilibre de sous-emploi

Keynes rejette la théorie de l’équilibre de plein emploi classique et par la suite le chômage
volontaire. Pour lui, le déterminant majeur de l’emploi est l’investissement. Ainsi il se
demande : « comment faire pour qu’il y ait un volume d’investissement tel que toute la
main d’œuvre disponible soit utilisée.

Il avance plutôt une situation d’équilibre de sous-emploi dont les principales causes sont
essentiellement l’insuffisance de la demande effective et la faiblesse de l’incitation à
investir.

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a) La faiblesse de l’incitation à investir

Elle est liée à l’insuffisance de l’efficacité marginale du capital, c'est-à-dire du taux de


rendement interne de l’investissement par rapport au taux d’intérêt (cout du capital) :

Rendement du capital < coût du capital

En d’autres termes, l’entrepreneur va procéder à une estimation du rendement futur des


capitaux qu’il va engager, ensuite il va comparer ce rendement attendu du capital avec le
cout qu’il doit subir pour acquérir ce capital (taux d’intérêt).

De ce fait, on peut dire qu’un taux d’intérêt faible (inférieur au taux de rendement) incite
les entrepreneurs à investir ou encore, l’investissement n’est avantageux que si l’efficacité
marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt.

Exemple : dans les pays ou les taux d’intérêt sont faibles, tels que le cas des pays
développés, on remarque que le taux d’investissement est élevé en comparaison avec les
pays où les taux sont élevés telle que la Tunisie. Ainsi un investisseur tunisien n’aura pas
la même motivation à investir en comparaison avec un japonais par exemple, car le taux
d’intérêt au Japon est largement inférieur à celui qu’en Tunisie.

b) Insuffisance de la demande effective

La demande effective signifie la demande future anticipée par les entrepreneurs. Pour
Keynes, les entrepreneurs anticipent à la fois ce que les consommateurs vont décider de
consommer (biens de consommation) et ce que les entreprises et l’Etat vont décider
d’investir (biens de productions).

Ces deux composantes de la demande globale (biens de consommation et biens de


production) constituent la demande effective, sur la base de laquelle, les entrepreneurs
déterminent leurs plans de production et d’embauche.

Le niveau d’emploi effectif est alors celui qui permet de réaliser la production
correspondante à la demande effective. Il peut ne pas correspondre au plein emploi (sous-
emploi).

On remarque alors que l’insuffisance de la demande effective est la cause de sous-emploi,


c'est-à-dire la cause du chômage. Ainsi, si les anticipations des milieux d’affaires sont
pessimistes, le niveau de l’emploi sera faible, ce qui entrainera une croissance du chômage.

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Keynes propose dans ce cas une intervention de l’Etat afin d’encourager cette demande
effective et par la suite diminuer le niveau du chômage.

2- Intervention de l’Etat

Selon Keynes, la demande effective se trouve au cœur des décisions de production et du


niveau de l’emploi et puisqu’il n’existe pas des mécanismes autorégulateurs automatiques
comme le pensent les néoclassiques, l’Etat doit intervenir pour soutenir l’activité
économique.

L’Etat doit alors stimuler la demande en agissant sur ses composantes : demande des biens
de consommation et demande des biens de production. Pour ce faire, l’Etat dispose de
multiples moyens se traduisant par différentes politiques :

a) Politique budgétaire

Appelée aussi politique de dépenses publiques d’investissement et qui permet de financer


des investissements publics (les grands travaux, routes, barrages, ports, aéroports) qui en
dehors de l’utilité sociale qu’ils représentent, permettent de distribuer des revenus, de créer
des emplois, donc d’activer la demande effective.

L’action de l’Etat se traduira par une politique budgétaire expansive (dépenses > recettes),
plus précisément, l’Etat va chercher à augmenter ses investissements publics.

Selon Keynes « mieux vaut payer des chômeurs à creuser des trous plutôt qu’à les laisser
absolument sans travail ».

b) Politique fiscale

Elle a pour objectif d’assurer une certaine distribution des revenus favorisant les
catégories les plus pauvres qui consacrent une plus grande partie à la consommation.

c) Politique monétaire

Cette politique doit favoriser la circulation d’une quantité assez abondante de monnaie
pour absorber la production et maintenir un taux d’intérêt assez bas, de nature à
encourager l’investissement.

Pour Keynes, la monnaie n’est pas neutre (seulement un instrument d’échange), en ce


sens que l’accroissement des quantités de monnaie n’influence pas seulement le niveau des

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prix (pour les néoclassiques, toute augmentation de la quantité de monnaie provoque


seulement une augmentation des prix) mais également le niveau de production :

Selon Keynes, la monnaie à un rôle actif dans l’économie.

Exemple : durant la crise économique mondiale actuelle, les banques centrales


interviennent par une politique monétaire expansive en vue de relancer l’économie.

3- Contestation de la loi des débouchés

Keynes a contesté la loi classique de J. B Say qui signifie que l’offre crée sa propre
demande, c'est-à-dire qu’au départ de l’activité économique, il ya la production ou l’offre.

Pour Keynes, c’est le niveau de la demande effective qui devient l’élément moteur et actif
et non pas l’offre, c’est à dire que c’est la demande qui détermine l’offre et non pas
l’inverse.

Conclusion :

La pensée de Keynes à eu une très profonde influence sur les politiques économiques
menées par les grands pays capitalistes durant la période 1940-1970. Tout en restant dans
le cadre de l’économie de marché, Keynes se prononce en faveur d’une action menée par
l’Etat pour stimuler la croissance et lutter contre le chômage.

Toutefois, la crise des années 70 a relevé des insuffisances de l’analyse keynésienne, qui à
été fortement critiqué par un nouveau courant de pensée : l’école monétariste avec M.
Friedman, c’est la théorie néoclassique sous forme de la théorie monétariste.

La crise économique des années 70 a généré le phénomène de stagflation : crise qui frappe
à la fois les emplois (chômage) et la hausse des prix (inflation). Ce phénomène de
stagflation vient de mettre en cause l’explication keynésienne. Par la suite une vague de
libéralisme commence à apparaitre partout dans le monde et on vient d’assister à un
désengagement progressif de l’Etat de l’activité économique.

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Cours D’Economie Générale I

Testez vos connaissances

A- Questions à choix multiples :

1- Les mercantilistes sont pour:

a- Le développement des industries modernes ;


b- La libéralisation du commerce ;
c- L’exportation de l’or ;
d- La création des barrières protectionnistes.

2- Pour A. Smith, la source de richesse est:

a. La concurrence ;
b. L’agriculture ;
c. L’industrie et le commerce ;
d. Le travail.

3-La théorie des avantages comparatifs de Ricardo signifie que:

a. Chaque pays doit produire et exporter tous les biens ;


b. Chaque pays doit exporter les biens pour lesquels il dispose d’un
avantage ;
c. Chaque pays doit exporter les biens pour lesquels il est spécialisé ;
d. Chaque pays doit exporter les biens pour lesquels il n’est pas spécialisé.

4- Pour Marx, la baisse du taux de profit est due à :

a. L’accumulation du capital physique ;


b. La diminution du capital constant ;
c. L’augmentation de la plus-value ;
d. La diminution de la plus-value.

5- Les néoclassiques s’opposent aux keynésiens sur les points suivants :

a. La neutralité de la monnaie ;
b. La source de richesse ;
c. Les causes du chômage ;
d. Le rôle de l’Etat.

B- Répondez par VRAI ou FAUX en justifiant votre réponse dans les deux cas
(avec un maximum de trois lignes) :

1- Pour les mercantilistes, la terre est la principale source de richesse.

2- Les physiocrates accordent plus d’importance au commerce et à l’industrie.


3- La théorie de la main invisible d’A. Smith signifie que l’intérêt collectif
permet d’assurer l’intérêt individuel.

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Cours D’Economie Générale I

4- Pour Keynes, le marché dispose de mécanismes autorégulateurs qui


permettent le retour à l’équilibre.

5- Pour Malthus, l’homme est source de richesse.

6- Les mercantilistes ont pour objectif de faire accumuler de l’or à travers le


développement des importations.

7- Les mercantilistes et les physiocrates ont pris des mesures protectionnistes


(tarifs douaniers) de leurs économies.

8- La théorie de la rente de Ricardo signifie que la valeur d’un bien est liée à la
quantité nécessaire pour produire ce bien.

9- Pour J. B. Say ainsi que pour Keynes, l’offre crée sa propre demande.

10- Pour Marx, l’accumulation du capital physique est source de profit.

11- Pour les néoclassiques, la monnaie n’est pas neutre.

12- Pour Keynes, il y a toujours équilibre de plein emploi.

13- La loi de population de Malthus signifie que la production croit avec un


rythme plus faible que la population.

14- Les mercantilistes ont pris des mesures de politiques économiques favorisant
la dominance du marché et un rôle limité pour l’Etat.

15- Pour les physiocrates, l’accumulation physique de l’or est source de richesse.

16- Pour Keynes, la faiblesse de l’incitation à investir est liée à la diminution du


taux d’intérêt.

17- Pour Ricardo, le paiement de la rente n’est pas nécessaire.

18- Pour les néoclassiques, le chômage est involontaire.

19- Les mercantilistes ont une vision plus libérale que les physiocrates.

20- Pour Malthus, la loi des débouchés de J. B. Say est vérifiée.

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