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Les obligations du vendeur en Droit marocain.

Par AbdelKarim Moujanni

Se procurer des choses pour son usage personnel ou professionnel est un besoin que l'homme a
ressenti de tout temps, mais pour en pourvoir il a recouru au droit pour assurer l'acquisition
juridique de ces besoins. Il y a plusieurs manières dont l'homme peut user, soit par l'achat et la vente
, ou l'échange ou le louage .

Mais il n'en demeure pas moins que le contrat de vente connaît une grande importance vu sa
pratique la plus courante et surtout sa réglementation. Elle est d'ailleurs l'opération la plus encadrée
juridiquement , et il faut tenir compte des milliers de jurisprudence qu'a provoquée le sujet de la
vente au niveau du Maroc.

La vente a été définit par le D.O.C marocain et notamment son article 478: « La vente est un contrat
par lequel l'une des parties transmet la propriété d'une chose ou d'un droit à l'autre contractant,
contre un prix que ce dernier s'oblige à lui payer ».

Avec des millions de contrats de vente conclus quotidiennement, elle a pu constituer autour d'elle
tout un ensemble de lois nouvelles, tel que le droit de la consommation, droit immobilier et droit de
la concurrence, cela a fait de la vente un contrat complexe et éclaté

Conformément à l’article 498 du D.O.C le vendeur a deux obligations principales : la 1ère est celle
de délivrer la chose vendue, la 2ème celle de la garantie.

Si ces deux obligations principales semblent être assez bien cadrées par le droit commun (D.O.C) et
la jurisprudence marocaine, les obligations accessoires à ces dernières, en l’occurrence l’obligation
d’information et de sécurité des consommateurs, apparaissent comme assez mal connue. Or cette
connaissance est primordiale surtout en matière de vente des marchandises aux consommateurs et
plus particulièrement les denrées alimentaires.

C’est dans cette perspective que nous allons s’interroger sur la vente des biens de consommation on
se proposant de revenir, dans une première partie sur les obligations principales du vendeur et dans
une deuxième partie sur les obligations accessoires, dans la dimension consumériste, en matière de
vente de marchandises aux consommateurs notamment les produits alimentaires.

Enfin, il est important de signaler qu’il ne s’agit pas dans ce travail d’effectuer une analyse
exhaustive et approfondie des obligations du vendeur telles qu’elles existent à travers le droit
commun et tous les textes spéciaux marocains, mais une simple présentation générale permettant
d’arrêter la distinction entre les obligations majeures du vendeur marocain.

A noter en outre, que notre étude ne traitera pas les volets: VEFA, commerce électronique,
assurance et bien d’autres thématiques spécifiques.

I. Les obligations principales de délivrance et de garantie

La formation du contrat et son exécution entraîne la naissance d’obligations principales à la charge


du vendeur à savoir l’obligation de délivrance à l’égard de l’acheteur (1), mais également d’un
certain nombre de garanties (2). Ces dernières permettent d’engager sa responsabilité en cas de
défaillance.

{{2. L’obligation substantielle de délivrance}}


Traditionnellement, l’obligation de délivrance est entendue comme l’opération juridique par
laquelle le vendeur transfert un droit ou un bien à l’acheteur, indépendamment de l’opération
purement matérielle de la vente . Cette obligation se distingue par son contenu (A) et les sanctions
qu’elle génère lors de son inexécution (B).

{{A. Contenu de l’obligation de délivrance}}

L’obligation de délivrance est l’obligation pour le vendeur de livrer la chose vendue. Elle a lieu,
lorsque le vendeur ou son représentant se dessaisit de la chose et met l’acquéreur en mesure d’en
prendre possession sans empêchement (Art. 499 du D.O.C).

L’obligation de délivrance et le transfert de propriété découlent l’une et l’autre du contrat de vente,


ce sont deux effets parallèles de ce contrat mais ils ne sont en aucun cas dans la dépendance l’un de
l’autre.

D’une part, ce n’est pas le transfert de propriété qui découle de l’obligation de délivrance : celle-ci
peut exister et se trouver exigible avant que se réalise le transfert de propriété, il est ainsi des ventes
à tempérament avec clause réserve de propriété. La propriété n’est transmise que plus tard
postérieurement à la livraison.

D’autre part, ce n’est pas non plus la délivrance qui opère le transfert de la propriété. C’est ainsi que
dans les ventes de chose de genre, l’individualisation de la chose vendue résulte de la délivrance, et
cette individualisation opère le transfert de la propriété, le transfert de propriété et l’exécution de
l’obligation de délivrance sont alors concomitant. Le transfert de propriété et l’exécution de
l’obligation de délivrance sont alors concomitant ; Mais il y’a là qu’une pure coïncidence dans le
temps.

En revanche, dans la vente de corps certains, le transfert de propriété se produit dès l’échange des
consentements, il précède habituellement la délivrance. En effet, conformément à l'article 491 du
DOC et à une jurisprudence de la cour d'appel de Rabat : « l'acheteur acquiert de plein droit la
propriété de la chose vendue, dès que le contrat est parfait par le consentement des parties »

La prise de possession, en ce qui concerne la propriété immatriculée, ne se limite pas à la


possession matérielle. Elle comprend également la possession juridique de sorte que le vendeur
prenne toutes les mesures facilitant à l'acquéreur l'enregistrement de son achat au titre foncier. Tel
est l’objet de l’Arrêt de la chambre civile de la Cour Suprême N° C300 du 28/01/2003. Dans le
même sens, l’Arrêt de la Cour de cassation de Rabat N°2659/1/5/2008 du 20 janvier 2010, vient
confirmer que le vendeur d’un droit réel immatriculé est tenu de procéder au transfert du droit cédé
à l’acheteur, et de garantir ce transfert en prenant toutes les dispositions nécessaires pour la
publicité du contrat de vente en l’inscrivant sur le titre foncier. Cette obligation impose au vendeur
de parts indivises dans un bien immeuble d'établir un avenant au contrat de vente pour identifier le
nombre de parts cédées.

En matière de vente de fonds de commerce, l’obligation de délivrance exige l’accomplissement


d’un certain nombre de formalités, chacune répondant à un souci de protection de l’acquéreur : le
vendeur doit donc mettre les éléments du fonds à la disposition de l’acheteur et le présenter,
notamment, à la clientèle. De même, pour chacun des éléments qui le composent, ce transfert n’est
opposable aux tiers que selon les règles propres à chacun d’eux : pour le matériel et les
marchandises, la mise en possession sera nécessaire (articles 1141 et 2279 du Code civil), pour le
droit au bail il faudra une signification au bailleur, son acceptation n’étant pas nécessaire lorsque le
bail est céder avec le fonds (article 1690 du Code civil). Enfin pour les brevets ou les marques, une
inscription devra être prise à l’Institut National de la Propriété Industrielle.

Au terme de l’article 515 « tous les fruits et accroissements de la chose tant civils que naturels
appartiennent à l’acquéreur depuis le moment où la vente est parfaite et doivent lui être délivrés
avec elle s’il n’y a convention contraire ». L’article suivant ajoute « l’obligation de délivrer la chose
comprend également ses accessoires selon les conventions des parties ou selon l’usage ».

L’article 515 à 529 du D.O.C nous fournis toute une liste de choses devons constituer ou non
l’étendue de cette obligation de délivrance.

Enfin, Il est important de noter que l’obligation de délivrance est une obligation de résultat, c'est-à-
dire une obligation en vertu de laquelle le débiteur est tenu d’un résultat précis. L’existence d’une
telle obligation permet au créancier de mettre en jeu la responsabilité de son débiteur par la simple
constatation que le résultat promis n’a pas été atteint, sans avoir à prouver une faute .

{{B. Sanction d'inexécution de l'obligation de délivrance}}

En cas d'inexécution totale ou partielle de l'obligation de délivrance ce sont les règles générales du
droit des obligations qui seront appliquées et notamment l'exécution forcée, la résolution du contrat,
dommages intérêts ; et l'action se prescrit conformément aux dispositions du droit commun en
matière civile (15 ans) tout en sachant qu'en matière commercial ce délai est écourté à 5 ans, on va
décliner brièvement les différentes sanctions.

{{a- L'exécution forcée}}

Si le vendeur n'a pas exécuté son obligation de délivrance l'acheteur peut le forcer à exécuter son
obligation lorsqu'elle est possible. En effet, l'acheteur a la possibilité d'exercer une action en
délivrance c'est-à-dire en exécution forcée de la vente, pour obtenir la condamnation du vendeur
éventuellement assortie d'astreinte.

A noter qu’il faut faire la distinction entre la chose étant un corps certain ou la chose étant de genre.

Pour le premier cas : Le transfert de propriété s'étant immédiatement transféré, l'acheteur peut
exercer la revendication et la faire remettre avec le concours de la force publique.

Pour le deuxième cas : Quand l'objet de la vente est une chose de genre, l'acheteur se présente en
tant que créancier et la revendication n'est pas possible, la demande doit tendre au préalable à
l'individualisation de la chose par le vendeur, afin que sa propriété passe à l'acheteur, l'action en
exécution risque d'être paralysée si les marchandises cessent d'être disponible chez le vendeur, seule
reste ouverte la demande de dommage intérêts.

Dans les ventes entre commerçants, l'acheteur est autorisé à procéder à un achat de remplacement
(qui consiste pour l'acheteur à se fournir sur le marché), quitte à demander au vendeur de
l'indemniser s'il a dû le faire à un coût supérieur à celui du contrat.

Pour que l'acheteur puisse obtenir l'exécution forcée il doit commencer par adresser une mise ne
demeure au vendeur, un des intérêts de la mise en demeure est de mettre la chose au risque du
vendeur surtout pour les corps certains.

Autre moyen qui demeure à notre sens très efficace pour l'acheteur au cas où il n'a pas encore payé
consiste à retenir le prix, c'est l'exception d'inexécution.
{{b- La résolution du contrat}}

L'acheteur peut renoncer au contrat qui lui est ouvert dans les termes du droit commun. En effet
l'article 259 du D.O.C permet au créancier lorsque le débiteur est en demeure de le contraindre à
accomplir l'obligation si l'exécution en est possible.

Lorsque le vendeur mis en demeure de livrer, met à l'exécution du contrat des obstacles tels qu'ils
équivalent pratiquement à une impossibilité d'exécution, et lorsque le terme prévu pour la livraison
était une clause essentielle des accords, la résolution du contrat doit être prononcée selon l’Arrêt
jurisprudentiel de la Cour d'appel de Rabat du 27 Juillet 1920.

Les parties peuvent s'accorder sur la solution, la résolution est dite alors amiable, à défaut d'entente
il faut saisir le tribunal. L'acheteur ne peut prononcer la résolution de son propre chef elle doit être
prononcée par voie de justice (sauf dans le cas où c'est prévu dans le contrat que ce dernier sera
résolu dans le cas où l'une des parties n'accomplirait pas ses engagements), et pour qu'elle soit
prononcée par le juge il faut la constatation d'un manquement de certaine gravité.

En matière de droit commerciale, si la marchandise s'avère de qualité insuffisante mais qu'on peut
éviter la résolution et la réfaction du contrat qui consiste en une réduction du prix, l'usage de ce
procédé est fréquent, il a pour objet de maintenir l'opération.

{{c- Les dommages et intérêts}}

En cas d'inexécution par le vendeur de sa prestation, l'acheteur peut toujours mettre en jeu la
responsabilité contractuelle, l'allocation de dommages intérêts peut intervenir pour donner
satisfaction à l'acheteur surtout si le montant demandé est conforme à l'appréciation du juge et c'est
ce qui est affirmé par la jurisprudence marocaine.

En effet, dans l’Arrêt N°1081 du 16 mai 2001 (dossier n°: 778/1/4/97) de la cour suprême de Rabat
concernant l’affaire de la commande par un client français à une société de droit marocain de 2980
pantalons portant la marque « O ». Après exportation de la marchandise, le client de la société a
retourné 2050 pantalons en protestant la mauvaise qualité de la marque apposée. En plus la peinture
apposée était de mauvaise qualité. Par conséquent, le client a subi un préjudice moral et matériel, ce
dernier a sollicité la défenderesse à lui payer la somme de 356.870 Dh. Après expertise, le tribunal a
rendu un jugement approuvant les conclusions de l'expert et condamnant la défenderesse au
paiement de la somme de 319.420 DHS au titre de préjudice matériel et 25.000 DHS à titre de
préjudice moral. Ce jugement a été confirmé par la Cour d'Appel en le modifiant partiellement
quant au montant jugé.

Parallèlement à l’obligation de délivrance discutée, le vendeur est également tenu d’une obligation
générale de garantie, celle-ci recouvre plusieurs exigences.

{{C. L’obligation de garantie}}

Garantir, c’est promettre au créancier la possession paisible et utile de la chose qui lui est transférée.
L’idée que le débiteur d’une chose reste tenu de la garantir, une fois la livraison effectuée, a pris
historiquement naissance à propos de la vente, mais cette idée s’applique à tous les contrats à titre
onéreux (échange, louage d’immeuble, partage …etc.).

Les contrats à titre gratuits n’emportent pas, au contraire garantie et la différence s’explique sans
peine.
La garantie due par le vendeur est double, le vendeur doit d’abord garantir la procession paisible de
la chose vendue (c’est la garantie contre l’éviction). Il doit en outre la garantir contre les défauts ou
vices rédhibitoires de cette chose (ceux qui constituent un défaut).C’est ce qui découle de l’article
532 du D.O.C. La garantie que le vendeur doit à l’acquéreur a deux objets :
- Le premier est la jouissance et la possession paisible de la chose vendue. (Garantie pour
cause d’éviction).
- le second, les défauts de cette chose (garantie pour les vices rédhibitoires).

La garantie et due de plein droit, quand même elle n’aurait pas été stipulée. La bonne foi du vendeur
ne l’exonère pas de cette obligation.

{{A- Garantie contre l’éviction}}

La garantie due par le vendeur comporte celle de s’abstenir de tout acte de réclamation qui tendra à
inquiéter l’acheteur ou à le priver des avantages sur lesquels il avait le droit de compter au titre de la
chose vendue.

La garantie contre l’éviction oblige le vendeur à assurer à l’acquéreur une possession paisible de la
chose vendue. En d’autres termes, le contenu de cette obligation est :
• De ne pas troubler personnellement l’acquéreur.
• Intervenir en cas de trouble par un tiers (appel en garantie).

{{a. Contenu de la garantie contre l’éviction :}}

i. Garantie du fait personnel du vendeur

La garantie d’éviction implique que le vendeur ne doit lui-même causé aucun trouble à l’acheteur,
qu’il s’agisse de trouble sur la prétention d’aucun droit (art 533 du D.O.C) ou qu’il s’agisse d’un
trouble de droit (art 534 du D.O.C ).

Le trouble de fait est celui qui ne résulte pas d’une prétention juridique. Ce sera par exemple, le fait
d’empiété matériellement sur le bien vendu ou le fait pour le vendeur d’un fonds de commerce de
faire concurrence déloyale à l’acquéreur du fonds.

En revanche, le trouble de droit est celui qui dérive d’une prétention juridique élevée sur la chose,
c’est le cas que l’on peut imaginer lorsque le vendeur ou son héritier se prétend usufruitier ou
locataire de la chose vendue.

ii. Garantie du fait des tiers

Garantir l’acheteur contre l’éviction implique que le vendeur empêche les tiers d’évincer l’acheteur.

La garantie du fait des tiers va de pair avec celle du fait personnel. Toutefois, la garantie du fait des
tiers, à la différence de la garantie du fait personnel, ne joue pas en ce qui concerne les troubles de
fait. Si l’acheteur est troublé par un tiers qui ne prétend en aucune façon à un droit sur la chose
vendue, il n’y a là qu’une simple voie de fait dont le vendeur ne répond pas en vertu de l’art 546 du
D.O.C. En l’espèce, l’Arrêt de la chambre pénale de la Cour Suprême de Rabat N° P 722 du
10/05/2000 qui a cassé l'arrêt attaqué rendu par la cour d'Appel de Rabat en date du 20/7/1999
(dossier n° 2770/99) opposant un acquéreur d’un bien immobilier et son vendeur. Cet arrêt de la CA
a rendu un jugement, conformément à l’article 532 D.O.C [1], en dommage et intérêt, au profit de
l’acheteur, comme indemnité de la non-exploitation ainsi que la levée des charges dont sont grevées
la propriété (occupation par un tiers). L’arrêt de la cour suprême s’appuie sur deux attendus/
 Attendu que les demandeurs au pourvoi soulèvent dans la deuxième partie du premier
moyen la violation de l'article 546 du D.O.C prétendant que les faits se limitent à ce que l'occupant
qui a refusé d'évacuer les lieux n'a pas déclaré posséder des droits réels grevant la propriété. Par
ailleurs, conformément à l'article 546 du D.O.C, le vendeur n'est obligé à aucune garantie lorsque la
prise de possession de l'acheteur se trouve contrecarrée par l'action d'un tiers qui ne revendique
aucun droit réel sur la propriété. Ainsi lorsque la juridiction a fait endosser la responsabilité d'un
tiers aux vendeurs plusieurs mois après la date de la vente et de la prise de possession du bien
vendu, de ce fait la juridiction a violé la loi et expose son arrêt à la cassation.
 En effet, attendu que l'action en justice s'est achevée par la prononciation de l'arrêt attaqué et
avait pour but de déclarer les vendeurs responsables du fait d'autrui conformément à l'article 532 du
D.O.C la juridiction n'a pas pris soin de préciser la qualité des occupants ni la partie des droits qu'ils
soulevaient et sans savoir si l'occupation du bien constituait effectivement un obstacle à
l'exploitation des acheteurs de leur bien.
 De ce fait l'arrêt attaqué a violé l'article soulevé est insuffisamment motivé et doit être cassé.

Cependant, le trouble provenant d’un tiers et un trouble de droit, si le tiers se prétend titulaire d’un
droit sur la chose, le vendeur doit alors garantir tout au moins lorsque la cause de l’éviction lui est
imputable. C’est ce qui résulte de l’article 534 du D.O.C qui dispose que : le vendeur est également
tenu de droit à garantir l’acquéreur de l’éviction qu’il souffre en vertu d’un droit subsistant au
moment de la vente.

{{b. L’appel en garantie}}

Pour qu’il y ait lieu à garantie autrement dit, pour que le vendeur intervienne en cas de trouble de
jouissance, il faut :
1- qu’il y ait un trouble de droit.
2- que la cause d’éviction soit imputable au vendeur.

i. L’existence d’un trouble de droit

Cela sous-entend qu’un tiers a élevé une prétention juridique contre la chose. Selon l’article 537 du
D.O.C : « l’acheteur, actionné à raison de la chose vendu, est tenu, au moment où le demandeur a
produit ses preuves, de dénoncer la demande en éviction à son vendeur. Il faut donc en vertu de cet
article que le tiers ait réclamé sa chose, voir qu’il ait produit en justice, les preuves de sa prétention.

Dès l’instant où l’acheteur est troublé par la réclamation que fait un tiers d’un droit sur la chose
vendue, il peut appeler son vendeur en garantie, et si le vendeur avait lui-même acheté l’objet à une
autre personne, il appellera son propre vendeur en garantie. Le procès, finalement se localisera
surtout entre le dernier acheteur et le premier vendeur, tous les anneaux intermédiaires peuvent
disparaître. C’est alors le premier vendeur qui doit garantir le dernier acheteur.

Dans tous les cas l’acheteur ne doit pas attendre d’être condamné pour recourir contre son propre
garant, il doit le mettre dans l’affaire incidemment, il le fait entrer dans le procès notamment en
vertu des articles 103 à 108 du code de procédure civile du 28 sept. 1974.

Par contre s’il attend d’être condamné pour demander compte à son vendeur par un procès en
garantie principale, il risque de perdre à cause de la forclusion, qui résulte de l’application de
l’article 537 du D.O.C : « L’acheteur actionné à raison de la chose vendue est tenu, au moment où le
demandeur a produit ses preuves, de dénoncer la demande en éviction à son vendeur. Le tribunal
l’avertit à ce moment qu’en suivant l’action en son propre non personnel, il s’expose à perdre tout
recours son auteur. Si malgré cet avertissement il préfère se défendre directement à l’action, il perte
tout recours contre le vendeur ».

ii. La cause de l’éviction doit être imputable au vendeur

L’article 574 du D.O.C dispose : « Le vendeur même appelé en cause en temps utile, n’est tenu
d’aucune garantie, lorsque l’éviction a lieu par le dol , ou la faute qui a évincé ce dernier et
notamment :
 lorsque l’acquéreur a laissé accomplir contre lui une prescription déjà commencée du temps
de son auteur ou s’il néglige lui-même d’accomplir une prescription déjà commencée par ce dernier.
 lorsque l’éviction se fonde sur un fait ou une cause personnelle à l’acquéreur ».

L’Arrêt de la Chambre Civile de la Cour Suprême de Rabat N° C280 du 11/5/1965 qui institue que
l'immatriculation d'un immeuble intervenue au nom du vendeur postérieurement à la vente ne fait
pas disparaître l'obligation de garantie dont le vendeur était tenu à l'égard de l'acheteur. Par suite, et
nonobstant les dispositions de l'article 64 du dahir du 12 août 1913 sur l'immatriculation des
immeubles, l'acheteur lésé par cette immatriculation est recevable et fondé, même en l'absence de
dol, à réclamer à son vendeur des dommages-intérêts à raison de la violation de ses obligations
contractuelles.

{{c. Effets de la garantie contre l’éviction}}

Lorsque l’acheteur est évincé par un tiers cela veut dire que le vendeur a manqué à ses obligations.
Il a livré une chose sur laquelle il ne transférait pas les droits qu’il avait promis.

Dès lors lorsque les droits du vendeur sont incomplets, par exemple la chose vendue était déjà louée
ou hypothéquée ou engagée à l’insu de l’acheteur, le vendeur doit l’indiquer dans le contrat de
vente. Si non il garantit automatiquement à l’acheteur une propriété complète : L’article 535 du
D.O.C dispose : « L’éviction d’une partie déterminée de la chose équivaut à l’éviction du tout, si
cette partie est de cette importance par rapport au reste que l’acquéreur n’eût point acheté sans elle.
…»

Le droit positif distingue deux catégories d’éviction. L’éviction totale et l’éviction partielle.

L’éviction totale, dans ce cas l’acheteur a le droit de se faire restituer en vertu de l’article 538 du
D.O.C :
• Le prix déboursé et les loyaux coûts du contrat ;
• Les dépens judiciaires qu’il a engagés pour l’appel en garantie ;
• Les dommages qui sont la suite directe de l’éviction ;
• Si le vendeur est de mauvaise foi, l’acquéreur a droit à la plus-value, c'est-à-dire à la
différence de prix due à l’érosion monétaire.

L’éviction partielle, si elle n’est pas importante au point de vicier la chose vendue, l’acquéreur peut
à son choix, soit :
• Se faire restituer le prix de la partie évincée et maintenir la vente pour le surplus ;
• Ou bien demander la résolution de la vente et se faire restituer la totalité du prix si l’éviction
est grave.

{{B- Garantie contre les vices cachés}}

La garantie contre les vices cachés constitue l’une des pièces maîtresse du droit de la vente. Elle a
une portée large et vaut pour les immeubles comme pour les choses mobilières le résultat et que tout
vendeur y est tenu, même un simple particulier.
Avec cette garantie, le droit marocain a choisi de protéger l’acheteur plutôt que d’exonérer le
vendeur même lorsque ce dernier n’a commis aucune faute. Elle traduit une exigence de loyauté .

Sur le principe d’une telle garantie on peut penser qu’il y a dans la chose vendue autre chose qu’une
existence matérielle, autre chose qu’un droit de propriété , autre chose que la liberté et
l’affranchissement de toute charge , il y a encore des qualités qui la rendent plus au moins propre au
but que l’acheteur s’est proposé.

Il faut souligner que la garantie a pour essence d’être garantie car elle est le prolongement naturel
de la vente. La garantie doit être distinguée des services proprement proposés à l’acheteur lorsqu’il
s’agit d’appareil ou d’engins vendus en série. C’est le cas du service après-vente, par lequel est
assuré l’exécution de travaux de réparation nécessité par l’état de la chose qu’elle qu’en soi la
cause. Préventivement l’acquéreur peut aussi contracter un abonnement pour l’entretenir de la
chose, prestation appelée maintenance.

Or parce qu’ils font l’objet d’une rémunération particulière, ces services ne peuvent que s’ajouter
aux droits que l’acquéreur tient de la vente. Ils ne doivent pas chevaucher la garantie qui lui est due
en tout état de cause.
Même si la distinction ne pose pas de difficulté dans la pratique des glissements peuvent se
produire.

Les vices cachés appelés également vices rédhibitoires sont les défauts qui ne se révèlent pas au
premier examen (art 569 du D.O.C) et qui empêchent d’utiliser convenablement la chose vendue
(art 549 du D.O.C).

Par ailleurs selon, l’article 549 du D.O.C, le vendeur garantit les vices de la chose qui diminuent à
l’usage auquel elle est destinée d’après sa nature ou d’après le contrat. L’alinéa 2 précise que le
vendeur garantit également l’existence des qualités par lui déclarées, ou qui ont été stipulées par
l’acheteur.

Les vices cachés se distinguent ainsi des différences de qualité ou de quantité avec la chose
promise. Ces différences constituent, non pas un vice de la chose livrée mais une inexécution
partielle de l’obligation de délivrance.

Si la distinction entre l’inexécution totale ou partielle de l’obligation de délivrance est


théoriquement facile à faire, elle soulève en pratique de grandes difficultés parce que le vice caché
atteint sinon la quantité, du moins la qualité de la chose vendue.

C’est pour pallier ces difficultés que le législateur marocain a prévu, depuis 1913, en plus de la
garantie ordinaire, l’obligation de garantie d’existence de la qualité déclarée par le vendeur ou
stipulées par l’acheteur.

La rédaction de l’article 556 du D.O.C laisse apparaître en effet qu’il y a rédhibition soit pour cause
de vice, soit à raison de l’absence de certaines qualités expressément stipulées ou requises par
l’usage du commerce. L’arrêt de la Cour de Cassation de Rabat N°3784 du 29/12/2004 confirme
cette interprétation en matière immobilière. En effet, le vendeur est tenu de délivrer le bien vendu
conformément aux caractéristiques convenues dans la promesse de vente et du plan y annexé. C'est
à bon droit que le tribunal de Rabat a ordonné la résiliation du contrat et la restitution du prix,
lorsqu'il est apparu qu'une différence existe entre le terrain visé au contrat de vente et le plan joint à
la promesse.
Par ailleurs, l’Arrêt de la Cour d’Appel de Commerce de Fès N°1571 du 20/09/2012, qui a entériné
la décision 1047/5/2010 en première instance du tribunal de commerce de Fès, instaurant des
dommages et intérêt au profit d’un acheteur d’un bien immeuble présentant des caractéristiques
qualitatives différentes aux caractéristiques contenues dans la contrat de vente. Cet arrêt se base sur
les termes de l’article 556 de la D.O.C.

Dans le D.O.C les dispositions relatives aux vices cachés sont contenues dans les articles 549 à 575.

On étudiera les conditions (a), le domaine (b) et les effets de la garantie des vices cachés (c).

{{a. Les conditions de la garantie contre les vices cachés}}

Pour obliger le vendeur à la garantie, le vice de la chose doit présenter quatre caractères cumulatifs :
• Vice rédhibitoire et inhérent à la chose.
• Etre caché.
• Inconnu de l’acheteur.
• Antérieur à la vente (Antériorité).

i. Vice rédhibitoire et inhérent à la chose

Le vice doit empêcher ou diminuer l’usage auquel la chose est destinée d’après sa nature.
Autrement dit, l’impropriété de la chose doit trouver son origine dans la chose elle-même (vice
inhérent à la chose). Dans cette configuration deux cas sont possible ; le vice rend la chose impropre
à l’usage auquel elle est normalement destinée d’après sa nature, ou alors le vice diminue
sensiblement la valeur de la chose

Aux termes de l’article 549 « … les défauts qui diminuent légèrement la valeur ou la jouissance et
ceux tolérés par l’usage ne donne pas ouverture à la garantie ».

Le défaut doit présenter une certaine gravité et constituer un obstacle suffisamment sérieux qui
diminue la valeur de la chose vendue. Il faudra alors évaluer la gravité du vice par rapport à
l’intention de l’acheteur. Autrement dit l’acheteur aurait-il acheté aux prix fixé s’il avait connu ce
vice et ses conséquences.

En principe il faut dire que les incidents ou vices mineurs ne portent pas atteinte à un usage et ne
peuvent que diminuer légèrement la valeur d’une chose.

ii. Le vice doit être caché (ou occulte ou encore invisible)

Si le vice est apparent, il appartient à l’acheteur de s’en apercevoir. L’art 569 du DOC dispose que
le vendeur n’est point tenu des vices apparents.

Pour la jurisprudence, l’apparence d’un vice s’apprécie au regard de l’acheteur en ce sens que le
juge doit se demander si l’acheteur était lui-même capable de découvrir le vice .En conséquence il y
a vice caché par exemple lorsque le vice d’une voiture automobile, apparent pour un technicien
n’apparaît pas à l’acheteur qui ne possède pas les connaissances techniques suffisantes. En revanche
en considère que le vice est apparent lorsqu’un homme d’intelligence moyenne l’aurait découvert
en procédant à des vérifications élémentaires. D’une façon générale, plus le matériel est complexes
et moins l’acheteur est compétent, plus la garantie des vices cachés revêtira d’importance quant à
son appréciation.

C’est dans ce sens que la cour suprême a décidé le rejet d’une demande en pourvoi contre l'arrêt
attaqué, rendu par la Cour d'appel de Casablanca en date du 11/04/89, dossier 473/88. Les
défendeurs en pourvoi, les compagnies d'assurance Essaâda, Jadida et Remar, ont présenté une
requête exposant avoir assuré un chargement composé de 12.010 quartiers de viandes d'un poids de
979.011 tonnes, transportés à bord du navire Tizi Ntest à destination du port d'Agadir. Qu'à l'arrivée,
des manquants et des avaries ont été constatés par les experts Corcos et Shmareff, ainsi que par les
exposantes, qui se sont subrogées à leur assuré de plein droit, conformément aux dispositions de
l'article 367 du Code de commerce maritime. Sollicitant de condamner les défenderesses au
paiement solidaire de la somme de 893.435.26 Dhs, assortie des intérêts légaux. Le tribunal a jugé
conformément à la demande, confirmé en appel.

La cours suprême, dans son arrêt N°M5124 du 29 juillet 1998, estime que le certificat de constat
établissant la navigabilité du navire est une simple présomption susceptible de la preuve du
contraire, auquel ne peut se substituer le rapport de mer rédigé après le départ. Ecarter le rapport de
l'expert entre dans le cadre du pouvoir discrétionnaire du tribunal à apprécier les preuves.
L'exemption légale de responsabilité s'applique dans les cas nés des vices cachés, indécelables
même en cas d'examen approfondi. La motivation relative à la protestation objet de l'article 262 du
Code de commerce maritime, pour être générale, n'en conserve pas moins tous ses effets. Il en
résulte qu'il suffit de mentionner que la marchandise a subi des dommages.

iii. Le vice doit être inconnu de l’acheteur

Pour que la garantie du vendeur puisse entrer en jeu, il ne suffit pas que le vice ait été caché, il faut
encore qu’en fait l’acheteur ne l’ait pas découvert et qu’il ne l’ait pas connu au moment de la vente.

En effet si l’acheteur avait découvert le vice caché et acheté malgré tout, il a accepté d’acheter la
chose atteinte de vice puisqu’il connaissait l’existence de celui-ci. C’est pour cela que l’article 569
affirme que le vendeur n’est pas tenu des vices dont l’acheteur a connaissance ou qu’il aurait pu
facilement connaître . C’est connaissance des vices par l’acheteur sera souvent établie par le prix
qui a été stipulé, prix dont le moment réduit ne peut s’expliquer que par le fait que l’objet vendu
était un objet atteint d’un vice.

Tandis que la connaissance du vice par l’acheteur exclue la garantie, en revanche la bonne foi du
vendeur n’influe pas sur la nature du vice, que le vendeur ait connu l’existence du vice ou qu’il l’ait
ignoré, ce vice n’en est moins un vice donnant lieu à garantie. Le vendeur est censé connaître la
chose qu’il vend.

iv. Le vice doit être antérieur à la vente

Pour donner lieu à garantie, le vice doit être antérieur à la vente ou concomitant. Il est évident que si
la chose n’est pas atteinte du vice au moment de la vente, l’acheteur ne peut pas demander garantie
– la mesure de l’antériorité ne doit pas toujours être faite par référence à la date de la vente. Le
véritable critère de référence réside dans le transfert des risques. L’essentiel est que l’antériorité
puisse être établie, cela relève de l’appréciation du juge, la charge de la preuve incombe à
l’acheteur, la garantie des vices et une garantie légale.

{{b. Domaine de la garantie contre les vices cachés }}

Lorsque le vice présente les quatre caractères indiqués, il ouvre droit à la garantie, mais il faut que
la vente envisagée ne soit pas l’une de celles qui se trouvent exceptionnellement exclues de la
garantie contre les vices cachés.

En effet, les exclusions peuvent résulter, soit de la loi soit de la convention. L’article 575 du D.O.C
exclut de la garantie les ventes faites par l’autorité de justice. L’action rédhibitoire n’a pas lieu dans
les ventes faites par autorités de justice.

En dépit de la formule très large de cet article il faut entendre par là les ventes qui sont
obligatoirement faite par autorité de justice, à savoir, les ventes sur saisies et les ventes de biens de
mineurs non émancipés et de majeurs en tutelle (art 159 du code de statut personnel).

Au contraire, la garantie demeure en ce qui concerne les ventes pour lesquelles le recours à la
justice est simplement facultatif.

Les motifs de l’exception légale des ventes judiciaires sont d’une part, la large possibilité donnée à
ces ventes en second lieu, l’intérêt des créanciers qui comptent sur le prix pour être payés.

• Les modifications conventionnelles : Le principe de la liberté des conventions posé par


l’article 230 du D.O.C permet de conclure à la validité des aménagements conventionnels de la
garantie.

• Les conventions contenant des clauses aggravantes de la garantie : La validité de ces clauses
n’est pas douteuse, il est possible de rencontrer des cas où le vendeur ne garantit pas seulement
l’absence de vices caches mais il garantit en outre le bon fonctionnement la chose vendue pendant
un certain temps et cela l’oblige dans les limites de la convention à procéder pendant ce délai aux
réparations que nécessite le bon fonctionnement de la chose.

• Les conventions restreignant ou excluent la garantie : L’article 571 dispose que le vendeur
ne répond pas des vices de la chose ou de l’absence des qualités requises :
- s’il les a déclarés.
- s’il a stipulé qu’il ne serait tenu d’aucune garantie.

Le vendeur peut donc s’exonérer de la garantie légale qui pèse sur lui en vertu de l’article 549[1] à
condition que les vices n’aient pas été connus du vendeur, car on ne peut se prémunir contre les
conséquences de sa mauvaise foi. En effet, les clauses limitatives de responsabilité n’exonèrent pas
le vendeur de mauvaise foi de sa responsabilité contractuelle à raison des vices de la chose vendue
ou à l’absence de qualité promises. L’arrêt de la chambre civile de la Cours d’Appel de Casablanca
N°833/1 du 13/02/2008 illustre bien la notion de la clause d'exonération de responsabilité du
vendeur en matière de vices cachés. L’arrêt en question stipule que l'acheteur ayant déclaré dans le
contrat de vente immobilière avoir visité l'immeuble et l'avoir accepté dans l'état où il se trouvait au
moment de la vente, tout en s'interdisant d'intenter une action en dédommagement ou en réduction
du prix, ne peut agir à l'encontre du vendeur en garantie sauf à rapporter la preuve de sa mauvaise
foi.

{{c. Mise œuvre et effets de la garantie des vices}}

Le vice caché découvert, l’absence de certaines qualités constatées l’acheteur dispose d’une action
qui intentée dans un bref délai, aboutit à une résolution du contrat (c’est l’action rédhibitoire
accompagnée éventuellement d’une action en réparation « dommages & intérêts »). Si l’acheteur
préfère garder la chose, il n’a droit à aucune diminution des prix (action estimatoire). (Art 556 du
D.O.C). Enfin, pour la vente des choses fongibles, l’acheteur, conformément à l’article 557 du
D.O.C , a le droit de substitution des choses fongibles avec possibilité d’une action en réparation.

• L’option l’action rédhibitoire et la possibilité de garder la chose sans aucune diminution de


prix
Si l’acheteur préfère garder la chose atteinte d’une vie rédhibitoire ou manquante de ses qualités, il
n’a droit à aucune diminution de prix. Cette solution du droit marocain s’écarte de la législation
française en la matière. L’action rédhibitoire n’est autre chose que l’action en résolution de la vente
avec restitution du prix.

Si l’acheteur opte pour la résolution de la vente, il doit alors restituer au vendeur la chose vendue
affectée du vice rédhibitoire telle qu’il la reçue avec ces accessoires, ce qui en fait partie et les fruits
de la chose depuis le moment de la résolution (art 561 du D.O.C ).

L’acheteur n’a droit à aucune restitution ni diminution du prix s’il ne peut restituer la chose (Art 562
D.O.C) par contre si la chose vendue à périt à cause du vice dont elle était affectée la perte est pour
le vendeur (art 563 D.O.C).

• Substitution de la chose vendue

C’est le cas spécifique de la vente des choses fongible. En effet, l’article 557 du D.O.C stipule que
« …..Lorsque la vente a pour objet des choses fongibles, le vendeur ne peut exiger que la délivrance
d’une quantité de choses de la même espèce, exemptes des défauts constatée, sauf son recours pour
les dommages si le cas y échet ». En l’espèce, l’Arrêt de la Cour de Cassation de Rabat
N°2007/1/3/16, 28 octobre 2009 qui a cassé la décision de la Cour d’Appel Commerciale de Casa
qui a annulé le jugement en première instance édictant la résolution du contrat et des dommages et
intérêts au profit d’un acheteur d’une machine de conditionnement de blé défectueuse et ne
présentant pas les qualités requise objet du contrat de vente.

La CC revient sur le principe de vente de choses fongible et explique les choses fongibles sont
celles qui sont remplaçables et qui s’évaluent en fonction de leur quantité, poids (exemple : le blé).
Dans ce cas, il n’y a pas lieu à résolution et l’acheteur doit être contraint de délivrer la chose vendue
exempte de défauts, lorsque la vente a pour objet des choses fongibles. Cependant, la CC statue que
la machine de conditionnement du blé défectueuse n’est pas une chose fongible et par conséquent
les justificatifs de la cours d’appel sont infondés.

• L’action en dommages intérêts

L’acheteur dont la chose est affectée d’un vice caché peut ne pas se contenter de la résolution de la
vente. En effet, du fait de l’existence du vice, l’acheteur a pu éprouver un préjudice supplémentaire
que ne répare entièrement la restitution du prix. Il est ainsi par exemple si le vice a pour
conséquence a résolution de la vente d’une chose dont la cher. On peut également imaginer que le
vice a été à l’origine d’un accident qui a causé un préjudice à l’acheteur.

Par application de l'article 556 du Code des obligations et contrats, l'acheteur qui n'exerce pas
l'action rédhibitoire en vue de la résolution de la vente peut néanmoins obtenir des dommages et
intérêts en réparation du préjudice qu'il a subi par la faute du vendeur. Les rédacteurs du D.O.C [1]
ont estimé qu’en vertu de l’article 556 l’acheteur a droit aux dommages intérêt dans trois cas
d’espèces :

Premier cas : Lorsque le vendeur connaissait les vices de la chose ou l’absence de qualités par lui
promises et n’a pas déclaré qu’il vendait sans garantie : cette connaissance est toujours présumée,
lorsque le vendeur est un marchand ou un artiste qui vend les produits de l’art qu’il exerce. L’action
en dommages intérêts est facilitée pour l’acheteur lorsque le vendeur est un professionnel. La loi
considère ce dernier comme étant automatiquement de mauvaise foi parce qu’il aurait dû connaître
le vice de la chose vendue. La jurisprudence marocaine, notamment l’Arrêt de la Cour d’Appel de
commerce de Fès N°534 du 02/04/2009, confirme ce constat. En effet, l’arrêt en question lie le
professionnalisme du vendeur à l’obligation de connaissance des défauts (absence de qualité) des
choses vendues surtout face à un consommateur supposé profane. Cet état des lieux procure le droit
de dommage et intérêt au profit du consommateur.

En outre, dans une affaire opposant la société internationale Chanel et un commerçant marocain
ayant mis sur le marché une imitation de la marque "CH. 5 Eau de toilette Paris". Le TPI de Casa, à
travers le jugement N° 1513 du 05/05/1986 ; a déclaré que le commerçant professionnel et son
fournisseur doivent connaître les produits qu'ils mettent en vente et ne peuvent être considérés
comme étant de bonne foi au seul motif qu'ils ne sont pas les fabricants ou les importateurs du
produit d'imitation, alors surtout qu'ils ne peuvent ignorer, en raison de la différence de prix entre
les deux produits, qu'il ne peut s'agir du véritable produit Chanel. Tous deux sont solidairement
responsables du préjudice causé au propriétaire de la marque authentique, conformément à l'article
99 du D.O.C .

Aussi, Les clauses limitatives de responsabilité n'exonèrent pas le vendeur de mauvaise foi de sa
responsabilité contractuelle à raison des vices de la chose vendue ou de l'absence des qualités
promises. L'existence d'une telle clause dans un contrat portant vente d'une voiture d'occasion,
conclu entre un commerçant en automobiles et un particulier, ne met pas obstacle à la condamnation
de ce vendeur à des dommages et intérêts, lorsque sa mauvaise foi résulte des constatations des
juges du fait. Tel est le constat que dresse l’Arrêt de la Cour Suprême N° C73 du 17/1/1962 qui
opposait un acheteur d’une voiture d’occasion et la société Auto marocaine. Cet arrêt met l’accent
sur le triple nécessité pour les tribunaux, de protéger les acquéreurs d'une voiture d'occasion contre
les artifices ou manouvres déloyales, de renforcer cette protection lorsque, comme en l'espèce,
l'achat d’un particulier en face d'un professionnel, et enfin, de mettre un frein aux exigences
inconsidérées des acquéreurs.

Toutefois, on peut s’interroger sur la sévérité de cette position surtout lorsque la vente intervient
entre deux professionnels.

Deuxième cas : lorsque le vendeur a déclaré que les défauts n’existent pas à moins qu’il ne s’agisse
de vices qui ne sont révèles qu’après la vente, ou que le vendeur pouvait ignorer de bonne foi.

Troisième cas : Lorsque les qualités dont l’absence est constatée avaient été expressément stipulés
ou étaient requises par l’usage du commerce. L’action en dommages intérêts peut dans ce cas
résulter de l’absence de conformité par rapport à ce qui a été expressément convenu entre l’acheteur
et le vendeur ou tout simplement si la non-conformité de la chose et imputable à l’absence de
qualité requises par l’usage du commerce.

Concernant les délais dans l’acheteur doit agir en garantie, le législateurs a prévu les dispositions
suivantes :

- Délais d’action : l’article 573 du D.O.C dispose que toute action résultant de vices
rédhibitoires, ou du défaut des qualités promises, doit être intentée à peine de déchéance :

 Pour les choses immobilières dans les 365 jours après délivrance. En effet, la décision Cour
de .Cassation de Rabat N° 631 du 18/04/1984, relative à l’'action intentée par l'acquéreur d'un bien
immobilier pour défaut d’alimentation en électricité par le vendeur au mépris des termes du contrat.
Cette action a été considérée par la cours de cassation de Rabat résultant d'un défaut de qualité
promise. L'action devant être intentée dans les 365 jours après la délivrance, l'acheteur se trouve
déchu de cette action s'il ne l'a exercée que cinq ans après l'acquisition de son lot.
 Pour les choses mobilières et pour les animaux dans les 30 jours après la délivrance pourvu
qu’il ait été donné au vendeur l’avis dont il est parlé à l’article 553 (notification des vices au
vendeur aussitôt après leur découverte).

- Délai de notification : l’avis en question consiste en la notification immédiate au vendeur de


tout défaut constaté par l’acheteur après examen de l’état de la chose vendue aussitôt reçue. Le
législateur a fixé un délai de 7 jours après réception pour qu’il déclare le défaut constaté en matière
de meubles inanimés, il s’agit du délai d’information prévu par l’art 553.Cet article 553 décide que
les vices de la chose vendue, qui ne sont reconnaissable par un examen ordinaire doivent être
notifiés aussitôt après leur découverte.

Les délais de forclusion prévus aux articles 573 sont des délais impératifs et la jurisprudence est
constatée en la matière.

II. Les obligations complémentaires d’information et de sécurité

Le vendeur a d'autres obligations, qu’on peut qualifier d’accessoires aux deux obligations
principales déjà traitées, qui sont l'obligation d'information qui émanent du grand devoir de loyauté,
ces obligations se caractérisent par le fait qu'elle s'étendent de la période précontractuelle et même
de la période d'exécution du contrat ; certaines jurisprudences étrangères engagent la responsabilité
du vendeur pour insuffisance de conseils d'achat, sans faire allusion au débat de la responsabilité
délictuelle ou responsabilité contractuelle.

Dans l’objectif de se concentrer sur le contrat de vente des marchandises (spécialement les denrées
alimentaire), cette partie ne traitera pas, bien qu’important, l’obligation d’information préalable lors
du processus de formation du contrat d’assurance.

{{1. Obligation d’information}}

Informer une personne signifie avertir, instruire, mettre cette personne au courant d’une
information. Cette dernière est liée d’une manière juridique aux actes dans lesquelles une des
parties du contrat, ignore l’environnement dans lequel elle va éventuellement .s’engager.
L’obligation d’information est considérée par certains auteurs, comme la réponse à l’absolutisme
des deux principes fondamentaux en droit civil, à savoir, le principe de « consensualisme », et celui
de « le contrat est la loi des parties », que le cocontractant généralement expert en la matière puisse,
sans pour autant tomber dans l’un des cas des vices de consentement, user de sa connaissance pour
pousser .habilement autrui à adopter sa règle.

En effet, personne ne peut maitriser toutes les matières, et fréquemment on se trouve devant une
nécessité (ou commodité) qui nous oblige à contracter sans pourvoir connaitre, détails à l’appui, la
portée de l’acte pour lequel on s’engage, ce qui va frapper de plein fouet, les positions d’équilibre,
que nous estimons avoir dans une .relation contractuelle.

Le terme obligation d’information ou de renseignement a vu le jour pour la première fois, sur un


élan de réflexion, par le professeur Juglar . Ce dernier a estimé que dans les relations contractuelles
existe toujours une obligation morale qui pèse sur la partie en position de force, afin d’éclairer
l’autre partie sur les éléments. Ghestin , quant à lui, a lié l’existence d’une telle obligation à la
présence d’une loi, ou d’une clause conventionnelle, ce qui a limité son effet à l’existence .palpable
d’une règle effective. Il faut signaler à ce stade que l’obligation d’information doit être distinguée
de celle, de consultation ou de conseil , qui, dans la plupart des cas, constitue le piédestal sur lequel
s’érige l’obligation contractuelle. Ce qui signifie qu’une défaillance à son égard, rend la personne
responsable sur les bases de la responsabilité contractuelle, alors que l’obligation de d’information,
généralement appréciée en phase précontractuelle, fait appel au régime de responsabilité délictuelle,
puisqu’elle .est en dehors de l’acte.

Au Maroc, la place donnée à l’obligation d’information reste limitée, compte tenu de son
importance estimée, et sa présence sporadique est assez éparse entre plusieurs lois spéciales (loi 31-
¬08 sur la protection du consommateur, la loi 06¬-99 .sur la liberté des prix et de la concurrence,
la loi 13-83, la loi 28-07, la loi 24-09 sur la sécurité des produits et services, etc.). Cette obligation
n’est pas expressément reconnue en droit civil marocaine aucun cas ne fait office pour le moment
de jurisprudence en la matière au Maroc.

Aussi, aux termes, par exemple, de la loi 24-09 et de son décret d’application , les producteurs et les
importateurs de produits sont légalement tenus, sous peine de sanction, de fournir aux utilisateurs
les informations utiles qui leur permettent d’évaluer les risques et de s’en prémunir, de prendre les
mesures pour se tenir informés des risques que les produits peuvent présenter et d’engager les
actions nécessaires pour les maîtriser (retrait, mise en garde des consommateurs…). Ils sont tenus
en outre, d’informer immédiatement l’administration s’ils viennent à savoir ou devaient savoir
qu’un produit mis à disposition sur le marché ne répond pas aux exigences de sécurité et de
collaborer enfin avec l’administration afin de maîtriser les risques que présentent les produits mis à
disposition.

Le fabricant ou le vendeur doit en livrant la chose donner à l’acquéreur les informations relatives à
la chose vendue. Ils doivent décrire le produit, indiquer sa modalité d’utilisation et donner les mises
en garde nécessaires. L’obligation d’information et de mise en garde est particulièrement présentée
lorsqu’il s’agit de produits nouveaux ou de chose dangereuse et que le vendeur est un professionnel
et l’acquéreur un profane. Le produit qui réunit le plus souvent le caractère de danger et celui de
nouveauté est le médicament. Quant à la chose dangereuse, le vendeur doit prendre plusieurs
précautions non seulement un emballage solide mais une mise en garde. Cette obligation est moins
étendue lorsque la chose est dangereuse mais que l’acquéreur est un profane.

Par ailleurs, la loi 31-08 apporte le concept de l’obligation d’information du vendeur professionnel
à un consommateur. Aussi, plusieurs autres textes spécifiques et de jurisprudences marocaines
imposent également un devoir d’information et de conseil du vendeur. L’on peut citer à titre
d’exemple :
 La loi 06-99 notamment dans son chapitre I du Titre VII, Articles 47 et 48 qui impose
l’obligation d’information sur les prix ou les conditions particulières de vente par voie de marquage,
d’étiquetage, d’affichage ou tout autre moyen approprié ;
 Loi n°13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises, promulguée par dahir
n°1-83-108 du 9 moharrem 1405 (5 octobre 1984) ;
 La loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires et ses décrets
d’application
 La loi n°24-09 relative à la sécurité des produits et des services et complétant le dahir du 9
ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des obligations et des contrats, promulguée par le dahir
n°1-11-140 du 16 ramadan 1432 (17 aout 2011)
A noter que cette obligation vient élargir l’obligation de délivrance déjà traité et elle permet aussi à
l’acheteur de prendre sa décision en plein connaissance de cause, dans la mesure où son ignorance
est légitime. Par ailleurs, l’obligation d’information traduit l'exigence de confiance et de loyauté du
vendeur.

{{A. Le champ d’application de l’obligation d’information}}

{{a. La partie tenue de l’obligation d’information}}

Suivant les textes respectifs, traitant d’une manière lucide la notion de la partie obligée par
l’obligation d’information; C’est la personne « professionnelle » qui .est tenue par cette obligation.
C’est donc, en principe, le fournisseur qui, dans la mesure où il exerce sa fonction de manière
professionnelle, et habituelle, en vue d’en tirer des bénéfices, est tenu de mettre le consommateur en
mesure de connaitre les modalités du produit, c’est ainsi que l’article 2 de la loi 31-08[8]relative à la
protection du : consommateur stipule que Le fournisseur est défini comme « toute personne
physique ou morale qui agit dans le cadre d’une activité professionnelle ou commerciale… ».

Les personnes de droit privé, délégataires de la gestion d’un service public, sont soumises aux
obligations imposées au fournisseur ou client par la présente loi. Les personnes morales de droit
public sont soumises aux obligations imposées au fournisseur, sous réserve des règles et principes
qui régissent l’activité de service public qu’elles gèrent.

Par ailleurs, l’Arrêt de la Cour de Cassation de Rabat N°1449/3/1/2006, du 15 avril 2009, estime
que le client de la banque est considéré comme un consommateur non averti qui ne peut être au fait
de l'ensemble des pratiques bancaires.

{{b. La partie bénéficiaire de l’obligation d’information}}

L’article 3 de la loi 31-08 sur la protection du consommateur stipule que « Tout fournisseur doit
mettre, par tout moyen approprié, le consommateur en mesure de connaître les caractéristiques
essentielles du produit, du bien ou du service ainsi que l’origine du produit, ou du bien et la date de
péremption, le cas échéant, et lui fournir les renseignements susceptibles de lui permettre de faire
un choix rationnel compte tenu de ses besoins et de ses moyens ». C’est donc le consommateur qui
est en mesure de revendiquer l’effectivité de l’obligation d’information, puisqu’en principe il
constitue la partie faible du contrat.

Le professeur Boudahrain a présenté le consommateur comme « une personne physique non une
personne morale qui accomplit un acte de consommation ». Une personne morale peut aussi
prétendre à une consommation lorsque son acte se situe en dehors de l’exercice de son activité
morale et régulière. Le professeur Hamimaz quant à lui, a estimé que l’obligation profite à toute
personne qui utilise le bien, sur lequel repose l’acte, de manière personnelle ou familiale.

La loi 31-08 dans son article2 définit le consommateur comme toute personne physique ou morale
qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des produits, biens ou
services qui sont destinés à son usage personnel ou familial.

{{c. Obligation de délivrance de documents de ventes}}

En droit de la consommation marocain et dans le but de renforcer la transparence dans les relations
commerciales et par conséquent, l’ordre économique, y compris dans sa dimension fiscale, la loi
06-99 exige du vendeur la délivrance d’une facture, un ticket de caisse ou tout autre document
similaire . Ces documents de vente sont à délivrance facultative (sur demande de l’acheteur), mais
cette délivrance est obligatoire pour les vendeurs professionnels soumis à l’obligation de la tenue
d’une comptabilité régulière ou dans certains secteurs dont la liste est fixée par voie réglementaire.

Aussi, la loi 31-08[8] et son décret d’application, dans le cadre de la protection du consommateur
marocain, consacre l’obligation de délivrance de la facture en la rendant obligatoire pout toute
opération de vente.

Les factures qui ne comportent pas les mentions obligatoires à savoir la TVA, le montant total et le
cachet de la société, sont considérées comme des factures non conformes et non opposables aux
tiers. Tel est la substance de l’Arrêt de la Cour.d’Appel.de Commerce N° 3.01.2234 du 14-04-2005.
Aussi, en matière de droit de vente internationale, le vendeur est tenu de remettre les documents se
rapportant aux marchandises, cette obligation a pour base la convention de Vienne, cela s'explique
par le fait que souvent les documents sont représentatifs de la propriété de la marchandise. Mais la
disposition est susceptible de s'appliquer à toutes sortes de documents autres et qu'il est d'usage de
délivrer avec des marchandises : Certificats d'origine, de contrôle ou de qualité ; police d'assurance,
facture, documents techniques, notices d'utilisation et d'entretien... Les rédacteurs de la convention,
plutôt que de viser dans chaque texte la livraison des marchandises « ou des documents s'y
rapportant », ont préféré consacrer un texte particulier à la remise des documents, d'autant que ceux-
ci n'accompagnent pas nécessairement la marchandise ; mais ce texte ne contient aucune
disposition originale. Il énonce que les documents doivent être remis au moment, au lieu et dans la
forme prévue par le contrat. A défaut de précision dans le contrat, il conviendra de se reporter aux
usages ; à défaut, on s'attachera aux circonstances dans lesquelles la possession des documents
devient indispensable à l'acheteur.

{{B. Les éléments principaux qui forment l’information}}

Il parait judicieux de relever que l’obligation d’information consiste à fournir au consommateur des
informations préalable de nature objective sur les caractéristiques du produit objet du contrat. Ces
informations permettent un choix éclairé du client.

- Le prix : le prix du produit doit figurer de manière claire pour tous les produits en monnaie
nationale, que ces produits entrent dans la catégorie des biens ou des services, pour ce faire, il faut
procéder par certaines techniques d’affichage pratique, le marquage, …l’étiquetage Dans certains
cas, concernant certaines catégorie de produits, ces derniers doivent en particulier indiquer le prix
au litre ou au kilogramme (ex. : produits alimentaires). En cas de soldes, la différence entre l’ancien
et le nouveau prix doit être claire, c'est-à-dire que le prix ancien (dans la majorité des cas barré) doit
rester lisible, pour affirmer le trait de différence avec le nouveau prix.

Il est à noter en outre, que le décret d’application de la loi 31-08 N°2-12-503 prévoit en détail les
modalités d’information sur les prix selon qu’il s’agissent de biens ou de produits vendus au détail
(Article 10-11) ou encore les produits préemballés (Article15).

- L’étiquette et le marquage de conformité des produits avec des mentions obligatoires :


quantité, poids, ingrédients utilisés, marquage de conformité etc. Aussi, l’article 6 et 25 du décret
d’application de la loi 31-08 N°2-12-503 a réglementé le contenu, la forme et les mentions
obligatoires de l’étiquette. S’agissant des denrées alimentaires, le décret d’application de la loi 28-
07 N°2-12-389 fixe les conditions et les modalités d’étiquetage de ces produits.

- Les conditions de vente : conformément à la loi 31-08 et son décret d’application, le vendeur
doit également donner toutes les informations sur : les modalités de paiement (arrhes ou acomptes),
les délais de paiement ; le cas échéant le vendeur doit délivrer une facture, quittance, ticket suivant
les dispositions fiscales en vigueur , les délais de livraison, les conditions de résolution ou de
reconduction du contrat.

Il est à préciser par ailleurs, que la loi 06-99 (Article71) considère l’obligation d’information sur
les délais de livraison comme des pratiques restrictives à la concurrence et , par conséquent, le
défaut de fixation de la date de livraison ou encore le fait de prolonger indéfiniment ce délai en tant
que condition particulière de la vente est qualifié d’acte abusif sujet à des sanctions pénales.

- La publicité « mensongère » : il faut signaler d’emblée, que ce genre de publicité n’avait pas
la même dénomination dans les lois antérieures . Certains parlent même d’une escroquerie embellit,
qui a, semble-t-il, les mêmes effets sur la victime, à savoir, l’induire en erreur, sous quelque forme
que ce soit. lorsque cela porte sur un ou plusieurs des éléments intrinsèques des produits . Ces
derniers peuvent être : l’existence, la nature, la composition, les qualités substantielles, la teneur en
principes utiles, l’espèce, l’origine, la qualité, le mode et la date de fabrication, les propriétés, la
date de péremption, le prix ou le tarif et les conditions de vente des produits objets de la publicité,
etc. A noter que la question de la publicité mensongère était cadrée par l’article 10 de la loi 13-83
qui a été abrogé au profit de la loi 31-08 dans son article 21.

Le risque d’interprétation sera l’élément déclencheur de la condamnation, ce risque se manifeste sur


les bases de la psychologie du consommateur.

2. Obligation de sécurité et absence de tromperie et de falsification

À notre époque, la recherche de la sécurité dans tous les domaines est devenue une véritable
obsession. Il n'est donc pas surprenant que l'idée ait fait son chemin dans le droit de la vente. La
complexité croissante des produits avec bien souvent pour corollaire une dangerosité accrue n'a pu
que renforcer le besoin de sécurité.

L'obligation de sécurité incombant au vendeur a fini par être reconnue, au Maroc, en matière de
vente par la loi de protection du consommateur 31-08, la loi 24-08 relative à la sécurité des produits
et des services, modifiant le D.O.C marocain ou encore la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire
des produits alimentaires. Ces obligations concernent la responsabilité du fait des produits
défectueux. Dès lors, le principe de l'obligation de sécurité est posé : « Le producteur, le fabriquant
ou le vendeur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit, qu'il soit ou non lié
par un contrat avec la victime ». Seul le défaut de sécurité suffit à fonder la responsabilité du
vendeur ou du fabricant.

Cette obligation se compose de deux principaux types de sécurité :


 La sécurité générale des produits impliquant la sécurité physique des consommateurs. Cette
obligation est cadrée par la loi n°24-09 relative à la sécurité des produits et des services et
complétant le dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des obligations et des contrats,
promulguée par le dahir n°1-11-140 du 16 ramadan 1432 (17 aout 2011) et son décret
d’application ;
 La sécurité sanitaire des produits alimentaires objet de la loi n° 28-07, relative à la sécurité
sanitaire des produits alimentaires et ses décrets d’application, et à moindre degré la loi 13-83.

A noter, l’existence d’un troisième type de sécurité dite « sécurité sanitaire médicale », objet de la
loi 84-12 relative aux dispositifs médicaux, qui ne fera pas l’objet de notre développement dans ce
mémoire.

Par ailleurs, la tromperie sur les marchandises est cadrée par l’ancienne loi 13-83 relative à la
répression des fraudes sur les marchandises.

{{A. Obligation de sécurité générale des marchandises (loi 24-09)}}

Depuis l’entrée en vigueur de la loi 24-09[ ] pèse sur les producteurs et les importateurs de produits
ont une obligation générale de sécurité qui vient s’ajouter à l’obligation générale d’information des
consommateurs déjà traitée. L’obligation consiste à ne mettre à disposition sur le marché que des
produits ou des services sûrs .

Selon la loi en question, est considéré sûr le produit qui, dans des conditions d’utilisation normales
ou raisonnablement prévisibles y compris de durée, d’installation et de besoin d’entretien, ne
présente aucun risque ou seulement des risques réduits compatibles avec l’utilisation du produit et
considérés comme acceptables dans le respect d’un niveau élevé de protection de la santé et la
sécurité des personnes, des animaux domestiques des biens ou de l’environnement.
Un produit est considéré comme sûr quand il est conforme aux exigences de sécurité, dans des
conditions d'utilisation normales ou raisonnablement prévisibles, y compris de durée, d'installation
et de besoins d'entretien, auxquelles ledit produit doit répondre pour pouvoir être mis à disposition
du consommateur tel que prévu par la loi 24-09. Le produit étant présumé sûr quand il est conforme
aux normes nationales ou internationales,

Les producteurs, les importateurs de produits sont légalement tenus, sous peine de sanction, de ne
mettre sur le marché que les produits sûrs .

Pour leur part, les vendeurs sont tenus d’agir diligemment pour contribuer au respect des
obligations de sécurité applicable et de ne pas fournir des produits dont ils savent ou auraient dû
estimer qu’ils ne satisfont pas à ces obligations. Ils participent également au suivi de la sécurité des
produits mis sur le marché (transmission à l’administration des informations concernant les risques
des produits, tenue et fourniture des documents nécessaires pour tracer l’origine des produits et
collaboration aux actions engagées par les producteurs et l’administration afin de maîtriser les
risques).

Aussi, concernant le retrait et le rappel d’un produit dangereux, le responsable de la mise à


disposition sur le marché doit adresser un avis à toutes personnes à qui le produit a été fourni.

Des sanctions pénales sont attachées à l’inobservation des règles édictées par la loi 24-09 et ses
textes d’applications. A titre d’exemple, ceux qui mettent à disposition sur le marché des produits
ou services dont ils savent ou dont ils auraient dû savoir qu’ils ne sont pas conformes à l’obligation
générale de sécurité prévue par la loi sont passibles d’une amende de 50.000 à
1 million de dirhams et d’un emprisonnement de 3 mois à deux ans ou de l’une de ces deux peines
seulement.

Si aucun dommage n’a été causé à autrui et pour certaines contraventions limitées, l’administration
peut, de sa propre initiative ou à la demande du contrevenant, procéder à une transaction qui ne peut
plus intervenir si le dossier a déjà été transmis au procureur du Roi. La conclusion de la transaction
déchoit l’administration de son droit de poursuite.

Sur le plan de la responsabilité civile – c’est-à-dire de la réparation du dommage causé et non de la


punition des contrevenants – la loi a opté pour un système de responsabilité de plein droit. Le
producteur est en effet responsable du dommage causé par un défaut de son produit. Pour avoir
droit à réparation, la victime se contentera d’apporter la preuve du dommage qui lui a été causé par
le produit défectueux.

Elle n’a pas à prouver que le producteur a commis une faute. La loi 24-09 ayant d’ailleurs considéré
que le producteur pouvait engager sa responsabilité pour défaut du produit alors même que ce
produit a été fabriqué dans le respect des règles de l’art ou de normes existantes ou qu’il a fait
l’objet d’une autorisation administrative. Enfin, si le producteur ne peut être identifié, chaque
vendeur en est considéré comme producteur à moins qu’il n’indique à la victime, dans un délai de
15 jours, l’identité du producteur ou de celui qui lui a fourni le produit.

{{B. Obligation spéciale de sécurité sanitaire des produits alimentaires (loi 28-07)}}

La réglementation spéciale en matière de sécurité sanitaire des aliments (SSA) , en l’occurrence la


loi 28-07 et ses textes d’application, s’applique à tous les opérateurs du secteur alimentaire qui
procèdent à la vente de leurs produits au public. Cette législation spéciale permet d’obtenir un haut
niveau de sécurité sanitaire de la production agroalimentaire au Maroc. L’ensemble du dispositif
contribue à assurer un niveau élevé de protection du consommateur.

Tout exploitant d’un établissement produisant, manipulant, entreposant ou vendant des produits
alimentaires destinés à la consommation humaine ou même animale doit satisfaire à l’obligation
d’agrément ou autorisation de son activité auprès des autorités administratives compétente qui est
l’Office nationale de la sécurité sanitaire au Maroc . Cette autorisation administrative sanitaire a été
insaturée par le Décret n°2-10-473 du 7 chaoual 1432 (6 septembre 2011) pris pour l’application de
certaines dispositions de la loi n°28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires .

Pour atteindre l’objectif SSA, diverses obligations sont mises à la charge des vendeurs et
exploitants du secteur alimentaire. Ceux-ci doivent veiller, à toutes les étapes de la production, de la
transformation et de la distribution dans les entreprises placées sous leurs contrôles, à ce que les
denrées alimentaires ou les aliments pour animaux répondent aux prescriptions de la législation
alimentaire marocaine applicables à leurs activités et doivent vérifier le respect de ces prescriptions
(articles 4 et 10 de la loi 28-07). A ce titre, il est prévu une obligation de traçabilité à la charge des
vendeurs du secteur alimentaire.

En effet, selon l'article 10 de la même loi précitée, les vendeurs dans le secteur alimentaire et du
secteur de l'alimentation animale doivent être en mesure d'identifier toute personne leur ayant fourni
une denrée alimentaire, un aliment pour animaux, un animal producteur de denrées alimentaires ou
toute substance destinée à être incorporée dans des denrées alimentaires ou dans des aliments pour
animaux. Ils doivent disposer de systèmes et de procédures permettant d'identifier les entreprises
auxquelles leurs produits ont été fournis.

Dans le même ordre d'idées, les denrées alimentaires doivent être étiquetées ou identifies de façon
adéquate pour faciliter leur traçabilité (cf. obligation d’information au point »B » de ce document).
Est également prévue à la charge de l'exploitant du secteur alimentaire une obligation de retrait du
marché de la denrée alimentaire pour laquelle il a des raisons de penser qu'elle ne répond pas aux
prescriptions de sécurité en matière alimentaire. Cette dernière obligation peut être accompagnée de
l’information du consommateur (Chapitre VII relatif à la traçabilité, du retrait et du rappel des
produits du décret n°2-10-473 du 7 chaoual 1432 (6 septembre 2011) pris pour l’application de
certaines dispositions de la loi n°28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires).

Chaque exploitant du secteur alimentaire est responsable des produits qu’il met sur le marché. La
réglementation sanitaire marocaine (loi 28-07 et ses textes d’application) stipule dans son article 4 «
Aucun produit primaire ou produit alimentaire ne peut être mis sur le marché national, importé ou
exporté, s'il constitue un danger pour la vie ou la santé humaine. De même, aucun aliment pour
animaux ne peut être importé, mis sur le marché national ou exporté ou donné à des animaux s'il est
dangereux »

En outre, ladite législation fait primer l’obligation de résultat sur les obligations de moyen. Ces
derniers sont désormais définis sous la responsabilité de l’exploitant, qui doit donc choisir et mettre
en œuvre les mesures adaptées pour fabriquer des produits sains et sûrs et en rendre compte
notamment aux autorités compétentes. En cas de non-conformité de produits détectée, de plaintes
de consommateurs voire de personnes malades suite à la consommation de ces produits
(intoxication alimentaire), les exploitants, à tous les stades de la chaîne de production alimentaire,
doivent retirer ces produits du marché et informer les consommateurs qui les détiennent encore de
ne pas les consommer (mesure de rappel) afin de faire cesser l’exposition des consommateurs à un
danger manifeste.
Le droit sanitaire alimentaire marocain réserve une place importante à la mise en jeu de la
responsabilité pénale des exploitants du secteur alimentaire. Cette place n’est pas nouvelle, on en
prendra pour preuve les origines répressives que le droit marocain tient notamment dans le dahir du
14 octobre 1914 sur le répression des fraudes dans la vente des marchandises et la falsification des
denrées alimentaires et des produits agricoles et l’arrêté viziriel du 23 joumada II 1347 (6 décembre
1928) relatif à l'application de ce dahir. En effet, c’est avec constance que le législateur marocain
confie, en plus des sanctions des textes techniques sanitaire alimentaires, au droit pénal le soin de
sanctionner la méconnaissance du droit sanitaire alimentaire. Il en résulte que les socles de la
législation de la sécurité sanitaire alimentaire marocaine (LSAM) proposent aujourd’hui plusieurs
incriminations correctionnelles et contraventionnelles, sur le fondement desquelles la mise en
mouvement de l’action publique est libéralement ouverte aux associations de consommateurs
reconnues d’utilité publiques ou autres parties privées. La LSAM a ainsi fait du droit pénal un
dispositif essentiel de protection du consommateur.

La relative banalité des poursuites fondées sur La LSAM établit qu’il s’agit d’un dispositif
appliqué. Il n’échappe d’ailleurs pas aux critiques souvent formulées par les opérateurs
économiques lorsqu’ils sont confrontés à l’application du droit pénal : infractions formelles,
qualifications imprécises, présomptions de responsabilité pénale, inopportunité des poursuites ...

Sans entrer dans un débat sur la pertinence de ces reproches, on relèvera qu’ils traduisent avant tout
la rigueur avec laquelle sont appliquées les dispositions répressives de La LSAM. En effet, la
diversité des situations de fait saisies par les qualifications comme la mise en œuvre des règles
applicables à la détermination de l’élément moral des délits ou à l’imputation de la responsabilité
pénale, font du droit pénal de La LSAM un dispositif rigoureux pour les professionnels concernés.

De nombreuses infractions pénales peuvent être envisagées en matière de sécurité sanitaire des
produits alimentaires. Parmi celles-ci, on peut notamment évoquer :

Est notamment puni d’une peine de 2 à 6 mois d’emprisonnement et de 50.000 à 100.000 Dh


d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement le fait :«….de mettre sur le marché intérieur,
importé ou exporté tout produit primaire, tout produit alimentaire ou tout aliment pour animaux
présentant un danger pour la vie ou la santé humaine ou animale au sens de l'article 25 de la loi 28-
07 ou de s'abstenir de mettre en œuvre des procédures de retrait ou de rappel d'un tel produit qu'il a
importé, produit, transformé ou distribué, en méconnaissance de l'article 20 de la même loi ;

Voir articles suivants pour infractions connexes (défaut d’agrément, non respect d’une décision de
fermeture administrative, obstacle à l’exercice des fonctions des agents des services à effectuer les
contrôles institués par le règlement…)

On peut également penser à toutes les infractions réprimant les atteintes à la personne humaine, que
les conséquences de l’atteinte soient la mort (art. 432 du code pénal), ou de simples blessures,
pathologies ou infirmité (art. 433 du code pénal). On retrouve parmi ces infractions l’administration
de substance nuisible, particulièrement adaptée à la matière alimentaire.

L’infraction de mise en danger délibéré d’autrui peut être envisagé, dans l’hypothèse où un
exploitant de la filière alimentaire mettrait en circulation des produits qu’il sait dangereux, ou issus
d’une unité de production sur lesquels n’ont jamais été diligentés les autocontrôles prescrits par la
loi 28-07.

Dans ce sens des centaines de jugements , par an, des TPI des différents ville du Maroc sont
prononcés à l’encontre des dirigeants de restaurants rapides, snacks, traiteurs et autres points de
vente formels ou informels de fast food qui occasionnent des intoxications alimentaires graves chez
les consommateurs. La responsabilité des dirigeants en question a été engagée concernant les
infractions d’homicide involontaire, de blessures involontaires et autres.

A titre d’exemple, le courant de l’année 2016, la Chambre criminelle de la cour d’Appel de Rabat a
condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 5.000 dirhams le directeur administratif et
financier d'une société spécialisée dans l'élevage et la vente des viandes de volaille et dérivés, jugés
coupables de l’infraction de vente de produits alimentaires représentant un danger pour la santé
publique .

Par ailleurs, un arrêt historique rendu le 12 novembre 1963, contre Castelli Dominique, par la Cour
d'appel de Rabat (Dossier n°15713) qui l'a condamné à 15 jours d'emprisonnement avec sursis et 1
500 dirhams d'amende pour « blessures involontaires » et fraude alimentaire.

{{C. Tromperie et falsification sur les marchandises (loi 13-8)}}

La tromperie consiste à induire en erreur sur la marchandise objet de la transaction, qui ne présente
pas toutes les caractéristiques qu’elle devrait normalement avoir. Cette marchandise peut être soit
non conforme à la réglementation ou aux usages, soit non conforme aux clauses du contrat.

Cependant, la falsification consiste à modifier intentionnellement une marchandise dans le but de


tromper l’acheteur sur la nature, la qualité, la quantité de cette marchandise. Elle permet au fraudeur
de réaliser un bénéfice illicite.

Ainsi, La fraude peut être définie de manière large comme un acte du vendeur visant à tromper
l’acheteur (c.à.d. le cocontractant dans un contrat de vente par) en utilisant des moyens déloyaux.
La loi sur la répression des fraudes 13-83[8] qui constitue un des textes de base en matière de droit
de la consommation marocain liste et définit les grandes catégories de fraudes reconnues par le
législateur dont les tromperies et les falsifications. Ainsi d’un point de vue juridique, la tromperie et
la falsification sont des fraudes.

L’article 1 et 4 de la loi 13-83 réprime la tromperie sur les qualités et caractéristiques du produit
vendu :

« Sera puni d'un emprisonnement de 6 mois à cinq ans et d'une amende de 1200 à 24000 dirhams ou
de l'une de ces deux peines seulement quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, aura trompé ou
tenté de tromper le contractant, par quelque moyen ou procédé que ce soit, même par l'intermédiaire
d'un tiers :
1° Soit sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en
principes utiles de toutes marchandises ;
2° Soit sur la quantité des choses livrées ou sur leur identité par la livraison d'une marchandise autre
que la chose déterminée qui a fait l'objet du contrat ;
3° Soit sur l'aptitude à l'emploi, les risques inhérents à l'utilisation du produit, les contrôles
effectués, les modes d'emploi ou les précautions à prendre

La loi 13-83, en son article 2, prévoit une aggravation de ces peines dans l’hypothèse où la
tromperie avérée aurait engendré un danger pour la santé humaine, ou pour celle de l’animal :
« Les peines prévues à l'article premier sont portées au double, si les délits prévus audit article ont
eu pour conséquence de rendre l'utilisation de la marchandise dangereuse pour la santé de l'homme
ou de l'animal ; »

L’article 5 de la loi précitée sanctionne la falsification de denrées alimentaires ou d’informations sur


les qualités substantielles d’une denrée alimentaire :
« Seront punis des peines portées par l'article premier :
1° Ceux qui falsifieront des denrées servant à l'alimentation de l'homme ou des animaux, des
substances médicamenteuses, des boissons et des produits agricoles ou naturels destinés à être
vendus ;
2° Ceux qui importent, mettront en vente ou vendront des denrées servant à l'alimentation de
l'homme ou des animaux, des boissons et des produits agricoles ou naturels qu'ils sauront être
falsifiés ou corrompus ou toxiques ;
3° Ceux qui exposeront, mettront en vente ou vendront des substances médicamenteuses falsifiées ;
4° Ceux qui exposeront, mettront en vente ou vendront, connaissant leur destination, des produits,
objets ou appareils propres à effectuer la falsification des denrées servant à l'alimentation de
l'homme ou des animaux, des boissons ou des produits agricoles ou naturels et ceux qui auront
provoqué à leur emploi par le moyen de brochures, circulaires, prospectus, affiches, annonces ou
instructions quelconques.

Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux fruits frais et légumes frais, fermentés
ou corrompus. »

Pour comprendre l’ampleur de cette criminalité économique au Maroc, en 2008, la Coopérative


laitière de la Chaouia a été épinglée à 4 reprises pour fraude. D’après l’un des jugements (08/2409
n°5441), «son lait s’est avéré, suite à des analyses, contenir de l’eau et 7g/litre à peine de produits
gras (la norme étant 30g/litre)». Le juge a condamné cet opérateur laitier à verser 10.000 DH
d’amende. D’après son article premier de la loi n° 13-83, «est coupable de fraude par tromperie ou
falsification quiconque, par quelque procédé que ce soit, induit en erreur le contractant sur la
substance ou la qualité de la chose annoncée...».

Dans un autre jugement (08/2410 n°5176), c’est de la fraude dans le poids du sucre dont il s’agit. Et
qui, rappelons-le, fait partie, à l’instar de la farine nationale et du carburant, des produits
subventionnés. La Caisse de compensation réserve au sucre plusieurs milliards de DH par an. La
contrevenante n’est autre que la société Cosumar. L’amende à laquelle elle a été condamnée est de
10.000 DH.

D’autres entreprises opérant dans le secteur minotier, la pâtisserie et l’agroalimentaire sont


également en infraction par rapport à la législation : les Moulins de Fandy, Moulins Azohour (les
fleurs), Pâte La Marquise, Pâtisserie et Boulangerie Belvédère, société VMM. Le juge retient là
aussi comme charge la fraude sur la marchandise.

La loi 13-83 prévoit que son auteur est «puni d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d’une
amende de 1.200 à 24.000 DH ou de l’une de ces deux peines seulement». La publication de la
décision de condamnation dans un ou plusieurs journaux et son affichage à la porte de
l’établissement pourront être ordonnée. Certes, cette obligation est facultative. Mais dans tous les
jugements -11 condamnations pour fraude sans compter une trentaine pour non-mention de la date
de péremption- le juge n’exige pas la publicité de la décision. Même en cas de récidive, les peines
d’emprisonnement ne sont pas prononcées. Ce qui surprend par ailleurs, c’est que les jugements ne
mentionnent pas expressément la quantité et le nom des produits. Ils ne citent pas non plus un
article précis et se contentent de faire seulement référence à la loi applicable.
Les Grands Moulins, épinglée à deux reprises. Ce gros producteur de farine siège dans la zone
industrielle d’Oukacha. Les agents des services anti-fraude «ont prélevé des échantillons de
semoule et les analyses du Laboratoire national des analyses ont révélé que le produit ne respecte
pas les caractéristiques légales», selon l’arrêt n° 7/1568/1 de Casablanca. La semoule vendue est
«ensachée dans des sacs de 25 kilos». Le juge de première instance se réfère à la loi 13.83 relative à
la répression des fraudes sur les marchandises. La Cour d’appel confirme la condamnation tout en
ramenant l’amende à 5.000 DH. Il a été estimé que la sanction prononcée, une amende en
l’occurrence, ne correspondait pas aux faits reprochés. Les Grands Moulins de semoule sera
condamnée encore une fois durant la même audience du 24 février pour fraude.

Les Moulins d’Al Mizane, toujours à Casablanca, est sanctionnée à son tour pour fraude sur la
marchandise. Montant de l’amende, 3.000 DH.

La fameuse levure produite par Somader Germa qui est en porte-à-faux avec la loi. . Et sera
condamnée en appel à payer 4.000 DH d’amende. Encore une fois, l’argumentaire de la Cour ne
précise pas en quoi ce produit est non-conforme.

Somepi, un gros distributeur de carburant, est épinglé «pour vente d’essence super altéré». Ce sont
des officiers de la police judiciaire et non pas les agents assermentés de la répression des fraudes
qui ont constaté l’infraction. D’après l’article 20 de loi 13.83, ils sont habilités à «effectuer des
contrôles, opérer des prélèvements, dresser des PV ». Les agents de douane sont également
compétents en la matière. Leur rôle est d’autant plus décisif qu’ils interceptent les marchandises
importées, notamment alimentaires, avant d’accéder au territoire national.

En fin, l’Arrêt N° P438 de la Cour suprême, 19 novembre 1959 pose le principe suivant : «
Constitue le délit de fraude alimentaire le fait de mettre en vente, sous la dénomination «sardines à
l'huile », des conserves de sardines dont l'huile de couverture contient de l'huile de poisson dans une
proportion supérieure à 25 %. Dans les 25 % d'huile de poisson tolérés, on trouve les apports d'huile
provenant des sardines contenues dans la boîte ».

{{Biblio. et notes explicatives}}

-# Contrat donnant lieu au transfert de la propriété d'une chose


-# Contrat donnant lieu au bénéfice de la jouissance
-# C'est le contrat de tous les instants, N. Bellaguide La perfection de la vente en droit civil
marocain. Mémoire de D.E.S, FSJES Casablanca 1984-1985. Sous la présidence du Pr F. P. Blanc.
-# On compte jusqu'à 140 articles dans le DOC marocain (articles 478 à 618)
-# Pilier du commerce national et international
-# Article 6 du code de commerce marocain
-# Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre 1913)
tel que modifié et complété.
-# D. Manguy Contrats spéciaux, Dalloz 2004 P. 17.
-# L’obligation d'information est une obligation qui émane aussi des nouvelles exigences du
commerce et les affaires que sont : l'équilibre, la transparence et la loyauté. D. Legeais Droit
commercial et des affaires Armand Collin 14éme édition 2001 pp.16.
-# Au titre de l’article 3 de la loi 24-09 le consommateur est « Toute personne physique ou morale
qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des produits ou services
qui sont destinés à son usage personnel ou familial »
-# M. Chandid La vente commerciale internationale de marchandise études à la lumière des
conventions internationales, droit marocain et droit comparé 2001 P. 104 (ouvrage en arabe).
-# La délivrance a lieu, lorsque le vendeur ou son représentant se dessaisit de la chose vendue et
met l'acquéreur en mesure d'en prendre possession sans empêchement
-# [ ] Cour d'appel de Rabat, 21 MARS 1951 revue des arrêts de la cour d'appel de Rabat P. 49 DOC
annoté
-# Lexique des termes juridiques, 13eÉdition, Dalloz
-# El Hachoumy, Blog http://el-hachoumy.blogspot.com/2015/08/les-contrats-nommes-le-regime-
marocain.html, Disponible en ligne, Consulté le 26 avril 2017.
-# Adrien Sudaka, où en est la théorie des vices cachés dans la vente des véhicules d'occasion?,
Gaz. Pal 1966.1, Doctr, p 61.
-# Juglar (M) « L'obligation de renseignement dans les contrats » (Rev.T.D.Civ) 1945.
-# Ghestin (J) « Le contrat », 1972
-# Loi n°13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises, promulguée par Dahir n°1-
83-108 du 9 moharrem 1405 (5 octobre 1984), B.O. n°3777 du 20 mars 1985, page 152.
-# Loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 2
rabii I 1421 (5 juin 2000)), B.O.N° 4938 du 27/09/2001.
-# Décret n°2-12-502 du 2 Rejeb 1434 (13 Mai 2013) pris pour application du titre premier de la loi
n°24-09 relative à la sécurité des produits et des services et complétant le Dahir du 9 Ramadan 1331
(12 Août 1913) formant code des Obligations et des Contrats, B.O.N°6158 le 6 Juin 2013.
-# B.O. n°3777 du 20 mars 1985, page 152.
-# Dahir n° 1-10-08 du 26 safar 1431 (11 février 2010)portant promulgation de la loi n° 28-07
relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires.(B.O. n° 5822 du 18 mars 2010, page 214)
-# Prix, tarif ou honoraire
-# Conformément à l’article 18 de la loi 24-09.
-# Décret n°2-12-389 du 11 joumada II 1434 (22 avril 2013) fixant les conditions et les modalités
d’étiquetage des produits alimentaires (BO n°6152 du 16/05/2013, page 1936) (BO n°6158 du
06/06/2013, page 2004)
-# Article 12 de la loi 31-08
-# Dahir N°1-00-225 du 05 juin 2000 portant promulgation de la loi N° 06-99 sur la liberté des
prix et de la concurrence, publié au journal officiel N° 4938 du 27/09/2001.
-# Decroux, « la publicité mensongère et la protection du consommateur »r, R.J.P.E.M, N°7, 1980
-# Bendraoui, « la publicité mensongère et la protection du consommateur en droit marocain »,
Rev. . Gestion, ISCAE, N°7
-# Loi n°24-09 relative à la sécurité des produits et des services et complétant le dahir du 9ramadan
1331 (12 août 1913) formant code des obligations et des contrats, promulguée parle dahir n°1-11-
140 du 16 ramadan 1432 (17 aout 2011),BO 5984 du 06/10/2011, page 2166.
-# Article 30 de la loi 24-09
-# Article 3 de la loi 24-09
-# SSA : Sécurité sanitaire des Aliments
-# Loi n°28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires, promulguée par le dahir
n°1-10-08 du 26 safar 1431 (11 février 2010)- BO 5822 du 18/03/2010, page 214.
-# Loi n°25-08 portant création de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires,
promulguée par le dahir n°1-09-20 du 22 safar 1430 (18 février 2009). (BO n°5714 du 05/03/2009,
page 358.
-# BO n°5984 du 06/10/2011, page 2193.
-# Le terme « sans préjudice des dispositions du texte du code pénal » est constant dans tous les
textes techniques sanitaires alimentaires marocains.
-# A. Cherkaoui, L’opinion, édition du 13/02/2016. Consultable sur
http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&id_info=49844&date_ar=2016-2-17%201:16:00.
[Consulté en ligne le 25/05/2017]

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