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Introduction
Il s’agit dans cette introduction de présenter la matière (PP) eu égard aux disciplines
voisines (I), d’en rehausser l’importance et l’enjeu (II), d’en esquisser à grands traits
I – Présentation de la matière
recherche et le jugement de leurs auteurs. Elle peut être définie comme l’ensemble des règles
qui fixent l’organisation et la compétence des juridictions et des organes répressifs et qui
déterminent les formalités à observer, les actes à accomplir et les garanties de la défense à
l’instruction, qu’en ce qui concerne le jugement, les voies de recours et l’application des
peines.
Cette matière comprend, ainsi, l’ensemble des règles relatives à la conduite de l’enquête
auxiliaires de la justice pénale (officiers de police judiciaire, greffiers, experts, avocats) ainsi
qu’à certaines mesures liées à l’application des peines (casier judiciaire, exécution de la peine
2
procédure pénale et dans divers textes particuliers maintes fois remaniés (Voir, IV sources de
la PP marocaine).
Droit pénal général et du Droit pénal spécial) du Droit pénal ou Droit criminel qui se
définit comme la branche du Droit qui s’assigne pour objet la lutte contre la criminalité sous
à la sanction pénale à travers des règles de fond (ou matérielles) et de forme (ou procédurales).
s’attache à l’étude des règles communes à toutes les infractions pénales, aux conditions de la
Ces règles sont énoncées essentiellement dans le livre I (Art 13 à 109) et dans le livre II
(Art 110 à 162) du code pénal. Ainsi pour l’essentiel, le DPG détermine les éléments
constitutifs généraux des infractions pénales, les conditions générales sur la base desquelles la
responsabilité de l’auteur (et du complice, le cas échéant) peut être engagée, exclue ou atténuée
et les formes et typologies des sanctions, les modalités de leur individualisation par le juge ,
aussi que les causes de leur suspension ou de leur extinction avec ou sans effacement de la
condamnation.
Le Droit pénal spécial (DPS), autre matière de fond, mais d’analyse du Droit criminel
Il s’agit donc d’un catalogue des incriminations prévues par la loi, chacune étant
envisagée isolément quant à ses éléments constitutifs et sa sanction, mais aussi quant aux
3
certains cas, quant aux spécificités procédurales à observer. Le DPS puise ainsi, ses règles
dans le livre III (Art 163 à 612) du code pénal et dans divers textes particuliers.
Mais bien qu’ayant une large surface propre , la PP a des interférence avec les autres
complément indispensable, étant entendu que toute infraction figurant dans le catalogue des
incriminations légales, donc dans le DPS, suppose dès sa commission la mise en oeuvre de
règles et de mécanismes de forme pour sa constatation et, le cas échéant, pour la recherche , la
Dans le même ordre d’idées, tout en étant distincte en tant que discipline normative, la PP a
une aire commune avec certaines disciplines relevant des sciences criminelles dénommées à
juste titre « sciences auxiliaires du Droit pénal ». Il s’agit d’abord de la criminologie qui
étudie le phénomène criminel dans ses causes, ses manifestations et ses conséquences et dont
les analyses et les conclusions intéressent à bien des égards la procédure pénale , notamment
place (étant entendu que l’accroissement de la criminalité entraîne la multiplication des procès
et donc l’engorgement des tribunaux…) ; mais aussi pour ce qui a trait par exemple aux
juridictions financières…).
Il s’agit , ensuite, de la criminalistique dite aussi police scientifique qui comprend les
infractions et dans la recherche de leurs auteurs telles que l’anthropométrie (qui a pour objet
4
l’examen des empreintes digitales en vue d’identifier les suspects), la police technique (qui
s’emploie à rechercher et à analyser les indices et les traces laissés par les malfaiteurs ainsi
que les instruments et objets utilisés dans la commission de l’infraction), la médecine légale
(qui permet de préciser les causes et les circonstances d’un décès au moyen notamment de
l’autopsie) et la toxicologie (qui renseigne par exemple sur la substance toxique utilisée en
préparatoire.
Il s’agit, enfin, de la science pénitentiaire ou pénologie qui se focalise sur l’étude des
diverses mesures pénales (peines et mesures de sûreté) sous l’angle de leurs natures et leurs
finalités, mais aussi sous l’angle de leur valeur pratique et leur efficacité sociale. A ce titre elle
offre, assurément, une matière riche d’analyses et d’enseignements dont la procédure pénale
gagnerait à tirer bénéfice dans son élaboration et dans son application, sachant qu’elle
de la peine de mort, de la détention préventive, des peines privatives de liberté, des peines
C’est un lieu commun de dire qu’une bonne procédure pénale est celle qui
s’efforce de concilier au mieux la sécurité avec l’équité, les droits de la société avec ceux de
l’individu; celle qui parvient donc à « tenir compte de la double nécessité d’assurer l’efficacité
de la répression et de garantir les libertés des citoyens ». Cet axiome, déjà, expressément
5
énoncé dans la note de présentation du premier code de procédure pénale du Maroc
nouveau code entré en vigueur depuis le premier octobre 2003(2). Ainsi, la révision accomplie
y est justifiée par le double souci « d’assurer les conditions d’un procès équitable et de
respecter les libertés et les droits individuels conformément aux normes internationales d’une
L’enjeu est de taille et le défi est considérable quand on sait que la question des droits
de l’Homme – et particulièrement des droits de l’Homme aux prises avec la justice- est plus
que jamais à l’ordre du jour et que le Maroc s’est résolument inscrit dans une dynamique de
promotion et de protection de ces droits, mais aussi quand on sait que l’insécurité gagne du
terrain au point de franchir la cote d’alarme sous le poids d’une criminalité galopante et
De là, à peine est-il besoin de dire qu’il ne s’agit pas de raisonner en termes de dilemme
ou de priorité, mais d’équilibre et de juste mesure tant il est vrai que le couple « sécurité -
équité » ou « ordre public- droits de l’Homme » peut faire bon ménage. Equilibre et juste
mesure qui sont tout l’art du législateur qui doit s’y employer au moyen d’un dispositif
culpabilité de tout prévenu ou accusé et donc de ne condamner que les coupables , jamais les
innocents ; ce qui passe par le respect scrupuleux, et à tous les stades du procès pénal, de la
mais aussi par la protection de la liberté individuelle et la garantie de tous les droits de la
défense (droits de ne pas témoigner contre soi même, d’être assisté par un avocat, de produire
En ce sens, on peut affirmer, dans le sillage d’autres pénalistes et défenseurs des droits
de l’Homme , que si le code pénal peut être considéré comme « un code des malfaiteurs»
puisqu’il s’agit essentiellement d’un catalogue des incriminations et des sanctions applicables
aux délinquants, le code de procédure pénale, doit normalement être considéré comme « un
code des honnêtes gens »( 1) puisqu’il est censé constituer principalement, un ensemble de
accabler, par erreur ou par abus, les personnes innocentes (les honnêtes gens), donc pour ne
condamner que les véritables coupables. Cette assertion est confortée par deux maximes : la
seconde décrétant que dans la doute « mieux vaut laisser courir cent coupables que
De là à dire que la procédure pénale peut être considérée comme une matière protectrice
des droits de l’Homme il n’y pas à hésiter, étant entendu que sous cet angle de vue l’impératif
des droits de l’Homme implique le respect des droits de la personne aux prises avec la police
sécurité.
(1 )- Voir en ce sens :
- (Marc) Ancel, La défense sociale nouvelle , édit cujas 1981 , p. 222.
- (Mohamed Jalal ) Essaid , La présomption d’innocence, édit La porte , 1971, n° XXII.
- (Mohieddine) Amzazi, Précis de Droit criminel , Pub, A.P.R.E.J 1994, p. 171.
(2 )Maxime fortement significative qui s’inspire , d’ailleurs, de l’affirmation de voltaire : « Il vaut mieux hasarder de sauver un
coupable que de condamner un innocent ».
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Dans quelle mesure le régime de procédure pénale en vigueur au Maroc permet –il de
réaliser cette conciliation ? Pour pouvoir répondre à cette question, il faut, à l’évidence, passer
en revue l’ensemble dudit régime, ce qui constitue, justement, l’objet de ce cours. Mais d’ores
et déjà force est de souligner qu’en dépit du dispositif de protection de l’innocence et des
et de garanties reste encore fragilisée par bien des maillons faibles qui laissent visiblement
planer le risque d’abus ou d’erreurs judiciaires et qui semblent , du reste, traduire le primat de
l’impératif de la sécurité et de l’ordre public sur les exigences des droits de l’Homme.
quelques règles mises en évidence de-ci de-là par le Fiqh musulman, généralement sur la base
de la Charia et qui ont trait à l’exigence de l’équité, au rôle majeur du juge, à la présomption
dans notre régime de procédure. En fait, dans son esprit comme dans sa matière, la PP
l’évolution historique qui s’est opérée au niveau de ce système . Dès lors, il n’est pas inutile
de retracer sommairement cette évolution qui a été marquée par la succession de trois
systèmes, la procédure ayant été d’abord accusatoire, puis inquisitoire avant de devenir mixte.
(1 ) A l’exemple de la règle en vertu de laquelle la charge de la preuve d’un acte ou d’un fait incombe au demandeur : « اﻟﺒﯿﻨﺔ ﻋﻠﻰ
واﻟﯿﻤﯿﻦ ﻋﻠﻰ ﻣﻦ أﻧﻜﺮ،» اﻟﻤﺪﻋﻲ
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C’est la forme la plus ancienne de procédure pénale qui était en vigueur en Grèce et à
Rome pendant la période antique et dans l’ancien Droit français. Ce système qui se distingue
par son caractère populaire présente les traits saillants suivants : - Le procès ne peut être
engagé que s’il y a une accusation, laquelle peut émaner soit de la victime ou ses parents soit
de tout autre individu ; - Le juge n’est pas un professionnel, c’est un simple particulier qui est
accepté par les parties et qui ne peut donc se saisir d’office ; son rôle consiste à arbitrer les
débats entre les parties qui se livrent à un véritable duel judiciaire dans lequel elles se font
assister par des groupes de défenseurs aux moyens de témoignages et de serments (les
cojureurs). - Ainsi organisée, la procédure est publique (elle peut même se transformer en
véritable clans de supporters), orale et contradictoire (c-a -d que la présence des parties est
obligatoire) ; - Pour rendre sa sentence, le juge se fonde sur son intime conviction, constituée
défense du fait que les citoyens participent eux-mêmes à l’administration de la justice. Mais il
comporte aussi des inconvénients majeurs notamment le fait de laisser de nombreux crimes
impunis en l’absence d’accusateur attitré (ce qui est nuisible à l’ordre social) et le fait que le
rôle d’investigation du juge se limite à tirer les conclusions des preuves rapportées par les
parties sans pouvoir prendre l’initiative d’une véritable instruction pour corroborer sa
procédure accusatoire, tendait à assurer une répression rigoureuse et efficace et pour ce faire,
conférait aux organes judiciaires des pouvoirs excessifs de manière à leur permettre de trouver
9
coûte que coûte des « coupables », serait-ce au dépens de l’équité et du respect de la liberté
individuelle.
représentent la société et qui sont à l’origine de notre ministère public actuel. - Ces magistrats
agissent comme partie au procès. - Quant au juge de jugement, il n’est pas désigné par les
parties ; c’est un fonctionnaire public qui exerce sa fonction de manière permanente et qui a
un rôle actif dans la constatation des infractions, la découverte des auteurs et la recherche des
Dans son esprit et sa finalité, le système inquisitoire tendait ainsi à privilégier le souci
de l’ordre étatique et de la sécurité sur les droits et les intérêts des particuliers ; ce qui favorisait
le recours à la torture et aux séquestrations arbitraires pour extorquer des aveux et engendrait
c-a-d secrète, écrite et non contradictoire. Toutefois, le caractère inquisitoire a été atténué par
une réforme (introduite par la loi du 8 décembre 1897) qui autorisait l’inculpé à se faire assister
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par un avocat lors de sa première comparution devant le juge d’instruction et qui permettait
dahir du 12 Août 1913 ayant rendu applicable devant les tribunaux modernes (en zone du
1897. La même procédure mixte a été reprise avec quelques aménagements par le code de
procédure pénale du 24 octobre 1953 puis par le code de procédure pénale du 10 février 1959.
procédural.
en matière pénale. En l’absence de code et devant les rares règles de forme prévues par le Droit
musulman, ils appliquaient une procédure empirique où le respect (même approximatif) des
garanties de la défense était fonction de leur conscience voire parfois de leur caprice.
d’influence :
étranger était en cause, c’était le code français d’instruction criminelle de 1808 qui était
appliqué par des tribunaux dits modernes dont l’organisation et la structure hiérarchique
étaient identiques à celles des juridictions répressives françaises. Pour les procès entre
marocains, les tribunaux dits « makhzen » (Pâcha et Caïd) continuaient d’être compétents pour
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les infractions qualifiées délits. Flanqués d’un commissaire du gouvernement, organe français
des peines d’emprisonnement d’une durée maximum de deux ans, conformément au dahir du
4 Août 1918. Quand aux infractions plus graves, elles relevaient du Haut tribunal chérifien qui
rendait la justice conformément à un autre dahir de même date que celui précité.
Alors que dans la zone du protectorat français, le code de 1808 a été remplacé par un
code de procédure pénale en date du 24 octobre 1953, les autres textes sont restés en vigueur
jusqu'en 1957, date à laquelle le code de 1953 a vu son application étendue à toutes les zones
décolonisées du pays avant d’être lui-même abrogé par le premier code de procédure pénale
- Après l’indépendance, le Maroc s’est doté d’un code de procédure pénale (dahir du 10
février 1959) qui, d’après la note de présentation, entendait « répondre aux impératifs de l’Etat
Au cours de son application (jusqu’en 2003), il a été à maintes reprises retouché et parfois
sensiblement remanié et complété, notamment par les deux dahirs portant loi du 15 juillet 1974
d’arrondissement et par le dahir portant loi du 28 septembre 1974 édictant des mesures
transitoires en matière de procédure pénale. Ayant fait son temps, ce code a été récemment
abrogé et remplacé par un nouveau code entré en vigueur en 2003 (Voir ci - dessous).
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2°) Les sources du Droit positif
Il convient de mettre l’accent sur des sources d’ordre extralégal (a) avant d’indiquer les
dispositions d’ordre procédural. Elle proclame des garanties essentielles telles que
conditions et formes prévues par la loi (art 23), la présomption d’innocence et le droit à un
procès équitable (art 23), l’indépendance du pouvoir judiciaire (art 107). La Constitution
énonce, par ailleurs, le principe de l’inviolabilité du domicile en précisant que les perquisitions
ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes prévues par la loi ; Tout comme
elle proclame le principe du secret des communications privées en précisant que seule la justice
peut y déroger dans les conditions et selon les formes prévues par la loi (art 24).
que source de la procédure pénale au Maroc. On sait que notre pays qui souligne dans le
préambule de la Constitution son attachement aux droits de l’Homme tels qu’ils sont
relatifs aux droits de la personne humaine dont certains recèlent bien des dispositions ayant
trait à la procédure pénale. On sait également que ces textes internationaux constituent en
principe, après leur ratification par le Maroc et leur publication au BO, partie intégrante du
1
Adoptée par voie de référendum, le 1er Juillet 2011, et promulguée par le dahir n°1-11-91 du 29 Juillet 2011 (B.O Edition de
traduction officielle n°5964 Bis du 30/07/2011).
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Droit interne1. A titre d’illustration, on peut mentionner le pacte international relatif aux
droits civils et politiques (ratifié par le Maroc le 3 mai 1979 et publié au BO n° 3524 du 21
mai 1980) qui énonce notamment, dans son article 14, une série de garanties de procédure en
sa défense, à être assisté d’un avocat et le cas échéant d’un interprète, à être jugé sans retard
excessif, à ne pas être forcé de témoigner contre soi-même ou de s’avouer coupable, à exercer
les voies de recours. On peut également faire mention de la convention relative à l’interdiction
Maroc le 21 juin 1993 et publiée au BO n° 4440 du 19 décembre 1996) qui prévoit des règles
Outre les conventions internationales, le Maroc a conclu avec de nombreux pays comme la
par le dahir n°1-02-255 du 3 octobre 2002 (B.O n°5078 du 30 janvier 2003, p. 315 -Version
arabe-) et modifiée et complétée notamment par la loi n° 03-03 relative à la lutte contre le
terrorisme promulguée par le dahir n° 01-03-140 du 28 mai 2003 (BO n° 5114 du 5 juin 2003,
1
Il ressort clairement du préambule de la Constitution qu’en cas de disharmonie, les conventions internationales dûment ratifiées et
publiées dans le respect de la Constitution, de la loi et de l’identité nationale immuable, ont la primauté sur le droit interne du pays.
14
Outre le code de procédure pénale entré en vigueur le 1er octobre 2003, il existe de nombreux
textes particuliers également en vigueur et dont certains ont été maintes fois modifiés et
loi n°108-13 relative à la justice militaire (entrée en vigueur le 1er juillet 2015), la loi organique
40 du 24 mars 2016 et la loi organique n°106-13 portant statut des magistrats (promulguée par
Chapitre I
15
Les magistrats
instituées à cet effet. A l’exception du tribunal militaire qui comprends des juges officiers
militaires (aux côtés de juges civils), les juridictions sont composées de magistrats
issu à l’origine du dahir portant loi du 11 novembre 1974, (maintes fois modifié et complété
avant d’être abrogé), est, depuis 2016, constitué par la loi organique n°106-13 promulguée par
le dahir n°1-16-41 du 24 mars 2016. Les magistrats soumis à ce statut sont tous des ex-lauréats
de l’Institut supérieur de la magistrature (I.S.M). Après avoir passé avec succès le concours
des attachés de justice et effectué pendant deux années un stage de formation juridique,
théorique et pratique, à l’ISM, dans des cours d’appel et des tribunaux de première instance et
dans des établissements pénitentiaires et des entreprises publiques et privées ; et après avoir
subi avec succès l’examen de fin de stage, les lauréats sont nommés magistrats par le conseil
supérieur du pouvoir judiciaire1. Dès lors, le magistrat jouit des droits liés à son statut, mais
secret professionnel…
Les présents développements sont donc axés sur les magistrats en distinguant, sous
l’angle notamment de leurs statuts et rôles respectifs, les magistrats du ministère public, qui
veillant à la protection de l’ordre public (Section I) et les magistrats du siège qui exercent soit
1
Nomination soumise à approbation par dahir royal (article 57 de la Constitution).
16
en qualité de juges d’instruction, soit en qualité de juges de jugement (section II). Mais
d’emblée, il faut apporter deux précisions; d’une part cette distinction ne repose sur aucun
critère de spécialisation. Il s’agit plutôt d’une répartition des tâches dans le souci d’une bonne
(généralement après avoir exercé, pendant une certaine période, en qualité de magistrats du
ministère public ou du siège) sont justiciables d’un statut administratif particulier dont l’étude
Dénommés aussi magistrats du parquet ou encore magistrats debout (vu qu’ils présentent leur
réquisitoire en étant debout), ces organes judiciaires n’ont pas la mission de mener une
de l’inculpé. Ils ont plutôt pour mission essentielle de veiller à préserver l’ordre public et à
lutter contre la criminalité notamment en exerçant des poursuites contre les auteurs soupçonnés
d’infractions. Avant de préciser ce rôle dans le cadre des attributions du parquet ( §3), il
importe de fixer l’attention sur la composition de ce corps au sein des diverses juridictions
représenté au sein des diverses juridictions pénales du Royaume, tant celles de Droit commun
du Roi et un ou plusieurs substituts- dont un premier substitut- qui exercent l’action pénale
17
sous le contrôle du procureur général du Roi près la Cour d’appel du même ressort judiciaire.
- Devant la Cour d’appel, le parquet est constitué d’un procureur général du Roi et
de substituts dont le nombre est variable selon l’importance de la Cour et dont l’un d’eux est
désigné premier substitut. Dans l’exercice de leurs fonctions, ces magistrats disposent d’un
assisté des avocats généraux – dont un premier avocat général- (dénommés ainsi vu leur
ressort et en appel des infractions à l’organisation et à la discipline militaires commises par les
militaire d’appel et la chambre correctionnelle militaire, par un procureur général du Roi, chef
délits ou de contraventions) le ministère public est représenté par un procureur du Roi et ses
substituts qui exercent l’action publique sous le contrôle du procureur général du Roi.
A noter que les membres du ministère public auprès du tribunal militaire sont nommés par le
Roi parmi les magistrats militaires (voir article 26 et 27 de la loi n°108-13 relative à la justice
militaire)1.
1
Loi promulguée par le dahir n°1-14-187 du 10 décembre 2014 (B.O n°6410 du 05/11/2015 – Edition traduction officielle).
18
§2 – Statut particulier du ministère public
obéissent, dans l’exercice de leurs fonctions, à un régime particulier, distinct à bien des égards
de celui gouvernant les magistrats du siège. En effet, de par leur qualité de représentants de la
Les magistrats du parquet sont placés sous l’autorité et le contrôle de leurs supérieurs
du Roi qui est le supérieur hiérarchique des substituts) leur chef hiérarchique commun étant le
procureur général du Roi près la cour de cassation qui peut leur adresser des instructions ou
des injonctions écrites telle que l’injonction d’exercer des poursuites dans l’intérêt de la Loi.
En tant que membre d’un corps hiérarchisé, ces magistrats sont donc en principe tenus dans
l’exercice de leurs fonctions, de se plier aux ordres et injonctions conformes à la loi émanant
de l’autorité dont ils relèvent. Ce qui n’est pas le cas des magistrats du siège qui ne sont
intime conviction. Toutefois, l’obligation pour les magistrats du parquet d’obéir à leurs
supérieurs est assortie d’une limite importante selon laquelle ils peuvent dans l’intérêt de la
justice développer oralement (c-à-d à l’audience) un point de vue autre que celui qu’ils ont
développé par écrit (dans leur réquisitoire) conformément aux ordres reçus du supérieur
hiérarchique (art 38 CPP). Cette prérogative qui semble plus théorique que réelle est tirée d’un
19
Le principe de la subordination des magistrats du parquet a pour conséquence
notamment qu’ils sont amovibles, contrairement aux magistrats du siège qui sont inamovibles
conformément à l’article 108 de la Constitution (Voir plus loin les développements concernant
Les membres d’un même parquet sont considérés comme constituant un même et unique
défenseur de l’ordre public. Aussi, sont–ils admis à se remplacer au cours de la même instance
sans pour autant entacher la régularité de la procédure. Or tel n’est pas le cas pour les
magistrats du siège qui ne peuvent au cours du jugement d’une affaire se remplacer, sous peine
de nullité de la procédure.
Vis à vis, d’abord, des juridictions d’instruction et de jugement, le parquer est indépendant en
ce sens que celles-ci ne sauraient lui donner des instructions ni encore moins lui adresser des
affaire ; elles doivent attendre les réquisitions du ministère public (exercice de l’action
publique).
Vis-à-vis, ensuite, des parties privées au procès, le parquet est indépendant car, conformément
au principe de l’opportunité des poursuites (voir 2ème partie), d’une part il n’est pas tenu
d’exercer l’action publique sur simple plainte de la victime, et quand bien même il reste
constituant partie civile, celui-ci n’est pas tenu de soutenir l’accusation. D’autre part, et sauf
exceptions, le parquet reste libre d’engager des poursuites même en l’absence de plainte de la
victime, tout comme il reste libre de requérir la condamnation de l’inculpé même en cas de
aussi, depuis l’entrée en vigueur en 2016 de la loi organique n°106-13 portant statut des
magistrats, vis-à-vis des autorités administratives ; ce corps de magistrats, rappelant le, étant
désormais placé sous l’autorité et le contrôle du procureur général du Roi près la cour de
cassation (et non plus, comme ce fût le cas auparavant, sous celles du ministre de la justice).
Par conséquent, les membres du ministère public ne sont tenus d’obtempérer qu’aux
leurs supérieurs hiérarchiques relevant du même corps et ne peuvent donc recevoir d’ordre, ni
La récusation est la procédure par laquelle une partie au procès (l’inculpé, le civilement
jugement car elle a des raisons d’en suspecter la partialité à son égard (en raison par exemple
d’un lien de parenté ou d’intérêt avec la partie adverse). Or, contrairement aux magistrats du
siège qui peuvent faire l’objet d’une procédure de récusation, les magistrats du ministère
public sont irrécusables (art 274 CPP). Cela s’explique par le fait que le parquet est une partie
principale au procès pénal agissant au nom et dans l’intérêt de la société et qu’il est donc
impossible de récuser son propre adversaire . Mais cela reste difficilement défendable, car il
ne faut pas confondre l’institution du parquet, partie publique au procès censée agir de manière
objective, avec le magistrat qui la représente(1) et qui comme tout être humain peut céder au
l’instance, voire dans son dénouement est particulièrement lourd. De là à dire que le principe
de l’irrécusabilité du ministère public demande à être reconsidéré dans l’intérêt d’une bonne
justice, il n’y a guère témérité. (sur la récusation des magistrats du siège, voir les articles 273
A la différence des parties privées, le parquet ne peut être condamné ni aux frais du
procès, ni à des dommages - intérêts lorsque ses accusations se sont révélées non fondées suite
à l’acquittement de l’inculpé. Autrement dit, ce dernier n’est pas admis à réclamer une
réparation du fait qu’il a été poursuivi à tort et éventuellement incarcéré en attendant son
jugement (par son placement sous mandat de dépôt ou sa mise en détention préventive ( 1).
Cette sorte d’immunité instituée au profit du parquet s’expliquerait par le fait que celui-
ci agit au nom de la société dont il défend les intérêts et qu’à cet effet, il importerait de lui
laisser les mains libres. Reste cependant à préciser que cette irresponsabilité n’est pas sans
limite : le magistrat du parquet qui commet une fraude ou une faute volontaire (tout comme,
(1 ) Ce qui est déplorable au regard des droits de l’Homme et particulièrement de la protection de la liberté individuelle. Notons
qu’à cet égard, l’ancien Conseil consultatif des droits de l’Homme (remplacé en 2011 par le Conseil National des droits de l’Homme)
a eu l’audace et la sagesse de préconiser l’institution (à la charge de l’Etat) du droit à indemnisation au profit de la personne acquittée
ayant fait l’objet d’une incarcération avant jugement : Voir CCDH Rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme au Maroc
2003, p 53-54. Aussi une réforme en ce sens du CPP est-elle plus que souhaitable au regard du double souci de justice et du respect
de la liberté individuelle ; D’autant plus que la victime d’une erreur judiciaire (c-à-d suite à un jugement définitif la condamnant par
erreur) a, quant à elle, droit à une réparation à la charge de l’Etat conformément aux articles 122 de la Constitution et 573 du CPP.
(2) - Voie de recours extraordinaire (exercée devant la cour de Cassation) permettant à un plaignant d’attaquer un magistrat afin
d’obtenir une réparation pécuniaire lorsqu’il prétend avoir été victime d’un dol, d’une fraude d’une concussion ou d’une faute
professionnelle.
22
§3- Attributions du ministère public
Le ministère public exerce plusieurs fonctions : Ayant la haute main sur la police
supervision de l’activité des membres de la police judiciaire relevant de leur ressort et peuvent
ainsi, leur donner des ordres et des instructions concernant la constatation des infractions et la
recherche des auteurs. Il leur appartient d’ailleurs d’apprécier souverainement la suite à donner
aux procès-verbaux qu’ils reçoivent à cet effet. Le magistrat du parquet peut, en sa qualité
d’officier supérieur de police judiciaire (V. infra chap II, Section I), accomplir lui même des
actes d’enquête et recevoir des plaintes et des dénonciations dont il apprécié la suite à donner.
Il peut aussi placer sous mandat de dépôt la personne inculpée d’une infraction punissable
garanties suffisantes de représentation ou s’il est jugé dangereux (art 47 et 74 CPP). Le parquet
est également chargé de l’exécution des décisions de justice, y compris les ordonnances des
juges d’instruction et exerce, le cas échéant, contre les décisions rendues les voies de recours
légales.
Ainsi, en cas de crime ou de délit punissable d’un emprisonnement d’une durée égale ou
supérieure à 2 ans, le procureur général du Roi et le procureur du Roi sont habilités à ordonner,
et le blocage des frontières à l’encontre de celle-ci( 1) (en principe , pour une durée ne
Aux termes de l’article 400 (CPC) al 2 : « L’Etat est civilement responsable des condamnations à des dommages- intérêts
prononcées à raison des faits ayant motivé la prise à partie contre les magistrats, sauf son recours contre ces derniers »..
(1 ) En fait le code a légalisé une pratique existante.
23
dépassant pas un mois, mais susceptible d’être prolongée jusqu’à la clôture de l’enquête)(1),
tout comme ils sont en droit de délivrer des mandats d’arrêt internationaux pour les besoins de
la procédure d’extradition (Art 40 et 49). Le procureur général du Roi est également admis,
pour certaines infractions graves expressément déterminées par l’article 108 (notamment:
d’otages…), à requérir le premier président de la cour d’appel d’ordonner, pour les besoins de
l’interception de courriers ; tout comme, il peut ordonner lui-même ces procédés dans les
conditions prévues par le texte susvisé notamment en cas d’urgence, prérogative certes
exceptionnelle(2) mais qui n’en demeure pas moins critiquable( 3). D’autre part, le procureur
(1 ) Les articles 40 et 49 du CPP précisent que cette prolongation a lieu lorsque le retard dans la clôture de l’enquête est imputable
à l’intéressé et qu’en tout cas il est mis fin à cette mesure dès le renvoi de l’affaire devant la juridiction d’instruction ou de jugement
ou la prise d’une décision de classement sans suite.
Dans le préambule du code , cette mesure est justifiée par plus d’une considération : non seulement elle offre aux organes chargés
de lutter contre le crime, l’opportunité de procéder suffisamment aux vérifications et à la recherche des preuves, mais aussi elle est
de nature à assurer la présence de l’intéressé sans recourir à sa garde à vue et à lui permettre de disposer de plus de temps pour
préparer sa défense.
Si on s’en tenant à ces considérations, on ne peut qu’y souscrire et se dispenser d’épiloguer sur l’opportunité de la mesure,
on se doit, en revanche, d’opposer deux séries d’objections à la réglementation qui préside à sa mise en œuvre : il y a lieu de relever
d’abord, qu’outre qu’elle n’est pas circonscrite dans un délai strict (non susceptible de prolongation), ladite mesure n’est pas limitée
à des infractions déterminées revêtant , de par leur nature, une gravité particulière, de sorte qu’elle peut être utilisée à l’occasion
d’infractions qui n’ont rien de crapuleux comme les délits de presse et les infractions politiques. Mais il y a lieu de relever, surtout,
que la faculté accordée au parquet de prendre une telle mesure n’est ni subordonnée à l’autorisation de la magistrature assise, ni
soumise au contrôle de celle-ci (en tant que gardienne naturelle de la liberté individuelle), ni même susceptible d’un recours
quelconque.
Notons que le Conseil Consultatif des droits de l’Homme (CCDH) avait recommandé de soumettre impérativement cette
mesure à l’autorisation préalable et au contrôle de la magistrature assise (Voir, Note sur le projet du CPP, in Actes de la journée
d’étude organisée par la Chambre des représentants le 29 mars 2002 , Pub de la Chambre des représentants, 2002 p 268).
(2 )Suivant l’article 108 du CPP, cette mesure (qui peut également être ordonnée par le juge d’instruction) est en principe interdite,
et ne peut avoir lieu que dans les conditions édictées.
(3 ) Il s’agit d’un procédé de preuve malsain et immoral dans la mesure où il suppose le recours à l’artifice pour piéger la personne
visée et l’amener à témoigner contre elle-même et qu’il risque de faire tâche d’huile et d’être ainsi utilisé au-delà des restrictions
légales.
Sans doute peut-on admettre que cette mesure est de nature à faciliter la manifestation de la vérité et à éviter le recours à
d’autres procédés « d’investigation » encore plus immoraux et plus fâcheux comme la torture, mais encore faut-il qu’elle soit
entourée de garanties et de précautions suffisantes. Or, dans sa réglementation actuelle, elle accuse au moins deux faiblesses de
taille qui laissent planer le risque d’abus : - D’abord, aucun recours n’est prévu au profit des personnes dont les communications ou
les courriers ont été interceptés et qui auraient des raisons de croire qu’elles ont été victimes d’abus ou d’irrégularité de procédure ;
- Ensuite, aucune précision n’est donnée sur les personnes susceptibles d’être soumises à la mesure d’interception ; ce qui laisse
entendre que celle-ci est applicable non seulement aux suspects mais aussi à tout individu jugé susceptible de détenir des
renseignements utiles à « la manifestation de la vérité » (proches du suspect, son avocat, expert, témoins…). Qui pis est, aucune
garantie spécifique n’est prévue compte tenu de la qualité particulière de certaines personnes pouvant fait l’objet de ladite mesure
tels que les avocats et autres professionnels tenus au secret et les parlementaires (En France, par exemple, la mise sur écoute d’un
avocat ou d’un parlementaire doit donner lieu à une information préalable du bâtonnier, dans le premier cas, et du président de
l’assemblée d’appartenance, dans le second cas).
24
du Roi peut décider de ne pas engager l’action publique en cas de conciliation entre les parties
commise est punissable d’une peine d’emprisonnement inférieure ou égale à 2 ans ou d’une
amende ne dépassant pas 5000 DH ; ce procédé assurément de bonne justice, est de nature à
poursuites et à exercer l’action publique, et à ce titre, il joue à la fois le rôle de partie principale
Alors que dans les instances civiles, le ministère public fait le plus souvent figure de
partie jointe (V art 6 à 10 du Code de procédure civile), dans les procès pénaux, il joue en
principe le rôle de partie principale et nécessaire. Certes, ce principe n’est pas absolu puisque
devant la Cour de Cassation, le parquet intervient souvent comme partie jointe au pourvoi
formé par les parties .Cependant, même devant cette haute juridiction, le parquet peut agir
comme partie principale notamment lorsqu’il introduit un pourvoi dans l’intérêt de la loi, soit
d’office, soit sur ordre du procureur général du Roi près la Cour de Cassation.
En tant que partie principale agissant au nom et dans l’intérêt de la société, le parquet
exerce l’action publique même au cas où celle-ci a été mise en mouvement par suite d’une
constitution de partie civile. (On reviendra plus amplement sur ce point dans la 2ème partie du
cours).
Par rapport aux autres parties au procès pénal, c'est-à-dire l’inculpé et la partie civile
procureur général du Roi ou le procureur du Roi selon les cas) qui répartit librement (selon
ses préférences !) les dossiers à instruire entre les juges d’instruction (en cas de pluralité) et
saisit le juge choisi par un réquisitoire introductif. D’ailleurs, même lorsque le magistrat
instructeur est directement saisi d’une plainte de la partie civile, il doit la communiquer au
chef du parquet pour qu’il prenne ses réquisitions. De même lorsque le juge d’instruction
entend inculper, il doit en référer au parquet pour que celui-ci prenne de nouvelles réquisitions
ou un réquisitoire supplétif.
les 24 heures (art 89 CPP) ; il donne son avis (décisif) sur la délivrance par le juge
d’appel (art 222 CPP), et ce à la différence des autres parties au procès pénal qui ne peuvent
interjeter appel que de certaines ordonnances limitativement déterminées (art 223 et 224
CPP).( 1)
il n’y a pas à hésiter bien que le juge soit, en principe, en droit de mener librement ses
(1 ) A cela s’ajoute la prérogative, reconnue également à l’inculpé, par laquelle le parquet est admis, soit de sa propre initiative, soit
à la demande de la partie civile, à saisir la chambre correctionnelle de la Cour d’appel, par une ordonnance motivée tendant à retirer
l’affaire des mains du juge d’instruction pour la confier à un autre dans le souci de la bonne marche de la justice (art 91 CPP).
Par ailleurs, de par son rôle de direction et de surveillance de la police judiciaire, le parquet a la haute main sur le juge d’instruction,
lorsque celui-ci entreprend des opérations de police judiciaire en sa qualité d’officier supérieur de police judiciaire, de sorte que le
parquet est en droit de le requérir ou lui donner des instructions concernant la constatation des infractions et la recherche des
auteurs.
26
investigations et de refuser de donner suite aux mesures requises par le parquet (par exemple
délivrance d’un mandat d’arrêt ou de dépôt) en rendant à cet effet dans un délais déterminé (5
jours ou 24 heures selon les cas) une ordonnance motivée (art 89 et 134 CPP) .
2°) A l’audience, le ministère public exerce en tant que demandeur particulier au procès
pénal, trois attributions : - il développe ses conclusions dans un réquisitoire oral ; - il présente
les preuves de ses allégations ; - il requiert selon les cas, soit la condamnation de l’inculpé et
l’application de la peine prévue par la loi, soit l’acquittement de celui-ci (possibilité sans doute
rare en pratique puisque même en l’absence de preuves à charge suffisantes, le parquet préfère
décision du juge).
peut, par ailleurs, s’il le juge utile, exercer les voies de recours contre cette décision (appel ou
pourvoi en cassation, selon les cas) et à cet effet, il dispose de délais de recours particuliers
A la lumière de cette présentation qui n’est pas exhaustive, on ne peut manquer d’être
frappé par la place privilégiée voire envahissante du parquet au sein du système judiciaire de
par les pouvoirs exorbitants qui sont conférés à ce corps, non seulement aux différents stades
du procès pénal, mais aussi lors de la phase préparatoire (enquête policière). Or cette
superpuissance, ne risque t-elle pas de tourner à l’omnipotence et d’être nuisible à une bonne
27
Tout comme bien des auteurs et des défenseurs des droits de l’Homme, on ne peut
hésiter à répondre par l’affirmative (1). En fait, avant même l’élargissement de ses attributions
par le code de procédure entré en vigueur en 2003, l’institution du parquet n’a guère été
ménagée par les critiques doctrinales portant qui sur son utilité même au sein du système
judiciaire marocain( 2) ; qui sur la qualité d’officier supérieur de policier judiciaire conférée
aux membres du ministère public; qui sur le pouvoir dévolu au chef du parquet de désigner
pour chaque affaire le magistrat instructeur qui en sera chargé et son droit de regard démesuré
sur le déroulement de l’instruction préparatoire ; qui enfin sur le délai d’appel excessif ( 30
jours avant la réforme et 60 jours actuellement) qui lui est réservé (à la différence du délai
Or curieusement, le législateur s’est obstiné à faire la sourde oreille à ces critiques non
seulement lors des réformes ponctuelles de l’ancien code, mais aussi à l’occasion de la refonte
concrétisée par l’adoption du nouveau code. Bien plus, ce dernier est venu renforcer et élargir
déséquilibre se creuse davantage au détriment non seulement des autres organes judiciaires,
mais aussi des autres parties au procès pénal (4). Ce qui n’est guère de nature à favoriser les
(1 )Voir Notamment :
- Conseil Consultatif des droits de l’Homme , Rapport annuel sur les droits de l’homme au Maroc, 2003 (Version arabe),
Imp Cadra, p 53 et 54 ;
- (Mohammed –Jalal) Essaid, Le procès équitable dans le code de procédure pénale de 2002, Imp Najah EL Jadida
Casablanca , édt. 2008 , p 36 et s et 80 et s ;
- (El Habib) Bihi, commentaire du nouveau Code de procédure pénale (en arabe) T 1, édit Dar Nach Al Maghrbia, 2006 , p
144 et s ;
- (Mohieddine) Amzazi, le minitère public en question : à propos de l’ouvrage de procédure pénale de Drisi Alami
Machichi, Rev. Juridique, politique et économique du Maroc, (RJPEM), n°15 , 1984 , p 117 et s.
- (Mohamed) Jawhar, le rôle stratégique du ministère public dans un Etat de droit (en arabe) in mélanges en hommagé au
Pr M.J. Essaid, T2 , Imp CANAPRINT , 2006 p 145 ets.
(2 )(Mohamed Drissi) Alami Machichi, Procédure pénale. Imp Kamar, Casablanca, 1981, p 73 et 184.
(3 ) Voir les références cité dans les deux notes précédentes.
(4 ) Voir (M-J) Essaid , Ibid.
28
Aussi, persiste t-on à en appeler à une réforme de nature à établir un certain équilibre
entre les attributions des différents organes judiciaires et entre toutes les parties au procès ( 1),
réforme qui devrait notamment s’orienter dans le sens de la redéfinition des rapports entre les
Il s’agit des juges d’instruction et des juges de jugement. Ils sont dénommés
étant assis, à la différence des magistrats du parquet qui présentent leur réquisitoire en étant
debout. De même, à la différence de ces derniers qui agissent en tant que partie au procès pénal
défendant l’ordre public et l’intérêt de la société, les magistrats du siège ne représentent que
l’intérêt de la justice et de l’équité. Etant au dessus des parties au procès, ils doivent œuvrer à
conviction constituée sur la base des éléments du dossier et des preuves en présence.
C’est pourquoi au cas où leur indépendance ou leur impartialité sont sujettes à caution,
(1 ) Cette réforme réclamée il y a longtemps (V notamment M. Amzazi, étude précitée in RJPEM) est plus que jamais souhaitable.
(2 ) Voir : chap III , Section III, §1 , II, E.
(3 ) L’article 273 du CPP qui pose que « tout magistrat du siège peut être récusé », énumère les différentes causes qui peuvent
justifier la demande de récusation, notamment: au cas où le juge ou sa femme a un intérêt personnel au jugement de l’affaire;
lorsqu’il y a parenté ou alliance entre lui ou sa femme et l’une de parties jusqu’au degré de cousin germain inclusivement; Lorsqu’il
y a un procès en cours ou terminé depuis moins de deux ans opposant l’une des parties et le magistrat ou son conjoint ou leurs
ascendants ou descendants; s’il y a un lien de subordination entre le juge ou son conjoint et l’une des parties; si le juge est débiteur
29
C’est pourquoi aussi, ces magistrat sont gouvernés par des principes communs qu’il faut
souligner (§1) avant de dégager certaines particularités tenant aux fonctions respectives de
juge de jugement ( §2) et de juge d’instruction (§3), étant entendu que l’étude des juridictions
§ 1- Principes communs
1°) L’indépendance
L’indépendance des magistrats du siège s’entend aussi bien à l’égard des pouvoirs
constitue un corollaire du principe de la séparation des pouvoirs et signifie qu’ils doivent, dans
l’exercice de leurs fonctions, être à l’abri de toute immixtion (ou ingérence) de la part des
qui proclame dans son article 107 que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir
judiciaire ». Cette disposition est confortée par d’autres, notamment l’article 109 qui dispose :
« Est proscrite toute intervention dans les affaires soumises à la justice. Dans sa fonction
ou créancier de l’une des parties; s’il a un lien d’amitié ou un sentiment d’inimitié notoires avec l’une des parties; s’il est l’auteur
de la plainte…
Le droit de récusation appartient à l’inculpé, au civilement responsable et à la partie civile (art 276).
La demande de récusation est adressée par écrit au premier président de la Cour d’appel lorsqu’elle concerne un magistrat du ressort
de cette Cour, ou au premier président de la Cour de Cassation lorsqu’elle vise un magistrat de cette haute juridiction (art 278).
Seulement, sans préjudice des peines susceptibles d’être encourue, le cas échéant, du chef d’outrage à magistrat, l’auteur de la
demande de récusation est condamné, en cas d’ordonnance de rejet, à une amende de 1.200 à 2.500 dirhams (art 285).
30
judiciaire le juge ne saurait recevoir d’injonctions ou instructions, ni être soumis à une
quelconque pression. Chaque fois qu’il estime que son indépendance est menacée, le juge doit
en saisir le conseil supérieur du pouvoir judiciaire. Tout manquement de la part du juge à ces
préjudice des conséquences judiciaires éventuelles. La loi sanctionne toute personne qui tente
Dans ce sens, le code pénal incrimine les actes, paroles ou écrits publics qui ont pour
objet de faire pression sur les décisions des magistrats ou qui tendent à jeter un discrédit sur
les décisions juridictionnelles et qui sont de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice
traduit par le fait que le juge n’est pas nécessairement tenu de déférer ni aux réquisitions du
parquet, ni aux demandes de l’inculpé ou de la partie civile et que sa décision ne peut donc
être dictée que par sa conscience et son intime conviction sur la base des éléments du dossier
et des preuves rapportées. L’indépendance du juge trouve ainsi appui sur diverses dispositions
légales. On peut faire mention de la garantie qui lui est assurée au moyen de l’incrimination
déjà signalée, de toute pression ou atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance (Art
266 CP), ainsi que de l’incrimination de l’outrage à magistrat (art 263 et 264 CP)( 2). On peut
1
Voir aussi les articles 108, 110, 115, 124 de la Constitution ; Et voir les articles 39, 42, 48 de la loi organique portant statut de
magistrat.
(2 ) Art 263 CP : « Est puni de l’emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 250 à 5000 dirhams, quiconque dans
l’intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l’exercice de leurs
fonctions où à l’occasion de cet exercice, un magistrat , un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique, soit
par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d’objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendus publics… »
31
aussi rappeler la faculté accordée aux justiciables qui ont des raisons de suspecter la partialité
procédure de récusation, qu’il soit écarté de l’instruction ou du jugement de l’affaire (Art 273
à 285 du CPP).
2°) L’inamovibilité
Cette règle fondamentale est consacrée, par l’article 108 de la Constitution. Elle signifie
que les magistrats du siège ne peuvent être déplacés, suspendus ou révoqués que selon une
procédure exorbitante du droit commun disciplinaire. Cette procédure prévue par le statut des
magistrats (dahir de 11 novembre 1974 tel que modifié et complété) est du ressort du Conseil
essentielle tendant à assurer l’indépendance du juge en le mettant à l’abri des pressions et une
Elle se traduit par la règle énoncée à l’article 52 du CPP aux termes duquel les juges
Art 264 CP : « est considéré comme outrage et puni comme tel, le fait par une personne de dénoncer aux autorités publiques
une infraction qu’elle sait ne pas avoir existé ou de produire une fausse preuve relative à une infraction imaginaire, ou de déclarer
devant l’autorité être l’auteur d’une infraction qu’elle n’a ni commise , ni concouru à commettre ».
(1 ) Voir notamment :
- M.D. Alami Machichi, procédure pénale, Imp. Kamar, Rabat 1981, p 23-24.
- M. Ancel, La défense sociale nouvelle, éd Cujas 1981, p 221.
- E. Bihi opcit, T1 p 146-147.
32
d’instruction, qui s’est déjà formé une opinion, aurait tendance, s’il est admis à participer au
celle-ci serait libre de toute gêne ou influence et serait donc mieux à même de statuer sans
juge d’instruction, estiment-ils, connaît l’affaire mieux que quiconque de sorte que le double
ampliations et ses explications de vive voix et lors des délibérations, de sa contribution dans
la prise de la décision.
Dans la perspective qui nous occupe présentement, on se bornera à souligner que sous
réserve des juges militaires qui siègent au sein du tribunal miliaire, les juges de jugement sont
des magistrats professionnels c-à-d des juges de carrière qui exercent au sein d’une juridiction
et qui ont pour fonction de dire le Droit et de trancher les litiges en se prononçant sur
applicable. Ils prennent leurs décisions, soit à titre de juge unique, soit dans le cadre d’une
formation collégiale selon les cas, conformément à leur intime conviction constituée sur la
A la différence des magistrats du parquet qui, on l’a vu, sont indivisibles et des juges
d’instruction qui, pour des actes d’instruction déterminés, peuvent se faire remplacer par un
33
autre juge, voire par un officier de police judiciaire (au moyen des commissions rogatoires( 1)),
les juges de jugement ne sont pas interchangeables. En effet, aux termes de l’article 297 du
CPP les jugements ou arrêts « doivent être rendus, à peine de nullité, par des juges ayant
Mis à part les organes instructeurs au niveau des juridictions spéciales qui sont affectés
à cette fonction suivant des modalités particulières, les juges d’instruction exerçant au sein des
tribunaux de première instance et des cours d’appel, sont nommés en cette qualité pour 3 ans
renouvelables parmi les magistrats du siège desdites juridictions. La nomination se fait par le
conseil supérieur du pouvoir judiciaire sur proposition, selon les cas, du président du tribunal
de première instance ou du premier président de la Cour d’appel. Il peut être mis fin à leur
fonction de juge d’instruction dans les mêmes formes (auquel cas, ils gardent bien entendu
Quant à la désignation, pour chaque affaire, du juge d’instruction qui en sera chargé
lorsque la même juridiction comprend plus d’un magistrat instructeur, rappelons qu’elle relève
des attributions du parquet (Art 90 CPP), le juge choisi étant alors saisi par un réquisitoire à
fin d’informer (dit aussi réquisitoire introductif d’instance). Or, pour sa part, cette prérogative
de désignation dévolue au parquet n’échappe pas à la critique doctrinale puisqu’elle est jugée
garanties d’un procès équitable, le parquet pouvant avoir tendance à choisir (tout au moins
pour les affaires graves ou ayant un certain enjeu au regard de l’ordre public notamment) le
magistrat instructeur qu’il estime le plus « docile » c'est-à-dire le plus à même de s’aligner sur
à cet égard, consisterait dans le retour à la solution initialement prévue par le code de
procédure pénale de 1959 (avant d’être modifié en 1962) en vertu de laquelle c’était le juge
d’instruction doyen (c-à-d le plus ancien) au sein de la juridiction qui procédait à la répartition
Le magistrat instructeur chargé d’une affaire fait figure de juridiction d’instruction dont
d’appel. Bien que l’instruction préparatoire ne soit obligatoire que pour certains crimes et
délits déterminés(Cf Chap III, Section I), le rôle du juge d’instruction est extrêmement
à cet effet (ou par suite) des actes sous forme de mandats et des décisions juridictionnelles par
voie d’ordonnances.
Le juge d’instruction, tout comme les autres magistrats, dispose dans l’exercice de sa
CHAPITRE II
Les auxiliaires de la justice pénale
(1 ) Voir sur ce point : - M.J. Essaid, op.cit ; p 81 ; -E.Bihi, op.cit. T1 (en arabe) p.145.
35
Ce sont des personnes attitrées ou des corps professionnels qui apportent, à des niveaux
différents, leurs concours pour assurer le bon fonctionnement de la justice pénale. Certains
(section I), d’autres sont des collaborateurs indépendants de l’autorité judiciaire (section II).
judiciaire
Il s’agit d’une part, de la police judiciaire qui occupe une place particulière et importante
dans l’administration de la justice pénale et qui mérite, dès lors, de retenir longuement notre
attention (§1). Il s’agit, d’autre part, des greffiers qui sont également nantis d’un rôle important
mais qui n’est pas spécifique à la procédure pénale de sorte que leur étude est généralement
abandonnée au Droit judiciaire privé (ou procédure civile). Pour notre part, nous ne leur
consacrerons que des développements laconiques pour illustrer leurs principales attributions
empêcher les infractions et en tant quel telle elle relève de la direction et du contrôle de
un rôle répressif en ce sens qu’elle n’intervient que lorsqu’une infraction est commise pour
entreprendre des actes de constatation et de recherche et à ce titre elle est placée sous la
36
distinguent théoriquement par leurs rôles respectifs et par l’autorité de direction et de contrôle,
dans la pratique les différentes tâches susvisées sont souvent assurées par les mêmes
police administrative) peut être amené à constater les infractions (contraventions routières ou
autres délits ou crimes) au cas où elles viennent à se produire (opération de police judiciaire).
Sous le bénéfice de ces précisions, il y a lieu de s’arrêter aux divers titulaires des
fonctions de police judiciaire (I) avant de mettre l’accent sur les attributions (II) et sur le
mission habituelle de police judiciaire (A) et les fonctionnaires et agents auxquels la loi
Cette catégorie est composée d’organes ayant tous la qualité de magistrat. Il s’agit ainsi
des magistrats du ministère public (Procureur général du Roi, procureur du Roi et leurs
(1 ) Les présents développements ayant trait à la police judiciaire de « droit commun », il convient de signaler au passage la
composition particulière de la police judiciaire en ce qui concerne la justice militaire. Ainsi, outre les magistrats du ministère public
auprès du tribunal militaire (procureur général du Roi et ses substituts et procureur du Roi et ses substituts) et le juge d’instruction
militaire qui ont qualité d’officiers supérieurs de PJ, elle comprend en qualité d’officiers de PJ : 1- Les officiers, sous-officiers et
commandants de brigade de la gendarmerie ; 2- Les chefs de postes militaires ; 3- les officiers d’administration assermentés des
divers services de l’armée ; 4- les officiers de la gendarmerie militaire ainsi que les sous-officiers et les gendarmes exerçant sous
leurs ordres dans les cas prévus à l’article 149 de la loi 108-13 relative à la justice militaire (notamment en temps de guerre ou sur
les lieux d’opérations militaires). Voir l’article 40 de la loi susvisée qui précise en outre que la PJ militaire est placée sous l’autorité
du procureur général du Roi près le tribunal militaire.
D’autres responsables militaires (commandants de garnisons ou d’unités et chefs de services militaires) sans avoir la qualité d’OPJ
sont admis à effectuer certains actes déterminés de PJ (article 41).
37
Alors que les magistrats du parquet exercent un pouvoir de direction sur les membres
de la police judiciaire et peuvent accomplir eux-mêmes les divers actes relevant des
attributions de celle-ci, les juges d’instruction, sans avoir ce même pouvoir, peuvent
néanmoins leur donner des ordres, sous forme de mandats, ou leur déléguer certains actes
magistrats du parquet, ils ne peuvent accomplir eux-mêmes les actes de police judiciaire qu’en
cas de crimes ou délits flagrants, à charge d’en référer au chef du parquet compétent pour qu’il
En tout état de cause, l’attribution au juge d’instruction de la qualité d’OSPJ est depuis
longtemps sujette à des critiques aussi virulentes que pertinentes(1) ; car non seulement elle
de la vérité, mais aussi et surtout elle conduit à placer directement ce magistrat instructeur en
tant qu’organe de police judiciaire sous l’autorité et la direction du parquet, ce qui compromet
ministère de l’intérieur, soit du département chargé de la défense nationale. Le code (art 20)
en distingue deux ordres : les OPJ de plein droit et les OPJ désignés.
(1 ) Voir à ce sujet : - E.Bihi op.cit., p 82 ; - CCDH, rapport précité (année 2003), p 53, - Omar Abou Tayeb, La magistrature
d’instruction et ses attributions, in Code de procédure pénale, (Travaux de la journée d’étude organisée par la Chambre des
représentants, édit de la chambre des représentant 2002 (en arabe), p 119 et s.
(2 ) C’est pourquoi certaines législations, à l’exemple du code de procédure pénale français, ont fini par retirer au juge d’instruction
cette qualité d’officier de police judiciaire (pour le soustraire à la direction et au contrôle du parquet), sans pour autant le dépouiller
des pouvoirs de police Judiciaire en cas d’infraction flagrante.
38
a – Les OPJ de plein droit sont : - Le directeur général de la sûreté nationale ; - Les
préfets de police ; - Les contrôleurs généraux de la police ; -Les commissaires de police ; - Les
officiers de police ; - Les officiers et les gradés de la gendarmerie ; - Les gendarmes ayant le
surveillance du territoire national ainsi que les préfets de police, les contrôleurs généraux de
la police, les commissaires de police et les officiers de police relevant de cette administration
en ce qui concerne les infractions prévues à l’article 108 du code de procédure pénale (atteinte
pratique à continuer, aujourd’hui, à attribuer la qualité d’OPJ aux agents d’autorité susvisés
pénale a omis de conférer cette qualité à une catégorie de fonctionnaires relevant du ministère
b- les OPJ désignés sont : - les inspecteurs de police ayant 3 ans de service en cette
qualité et qui sont désignés par arrêté conjoint des ministres de la justice et de l’intérieur ; -
les gendarmes ayant 3 ans de service et qui sont désignés par arrêté conjoint du ministre de la
(1 ) Voir : Miloud Hamdouchi, La police judiciaire et ses attributions (en arabe), in code de procédure pénale, travaux de la
journée d’étude organisée par la Chambre des représentants, précité , p 107 et s.
39
3- Les officiers de police judiciaire chargés des mineurs
Bien que le code les envisage en tant que catégorie à part dans l’énumération des
membres de la police judiciaire (art 19), il s’agit en fait de fonctionnaires faisant partie
des OPJ susmentionnés et qui sont désignés pour enquêter spécialement sur les infractions
commises par des mineurs ( V . Art 460 CPP)( 1). Il reste que le code fait preuve d’innovation
louable qui s’inscrit en droite ligne dans la dynamique nationale et internationale de protection
phénomène dit de l’enfance délinquante. Mais, encore faut-il que les OPJ chargés des mineurs
soient réellement formés pour les besoins de la cause, notamment en matière psycho-
pédagogique.
Sans avoir la qualité d’OPJ, certains fonctionnaires et agents se voient assigner, sous
des conditions déterminées, des attributions limitées en matière de police judiciaire. Il s’agit
d’abord de ceux que le code appelle les agents de police judiciaire (APJ) ; ensuite, des Wali et
gouverneur ; enfin, de certains fonctionnaires et agents publics nommément visés par des
textes particuliers.
Tels qu’ils sont énumérés par l’article 25 du CPP, ce sont d’une part tous les
fonctionnaires des services actifs de la police et les gendarmes qui n’ont pas la qualité
d’officiers de police judiciaire ; et d’autre part les Khalifas de pachas et les Khalifas de caïds.
Leur rôle se limite à seconder les OPJ dans l’exercice de leurs fonctions, à rendre compte
à leur chef hiérarchique des infractions dont ils ont connaissance et à recueillir tous
(1 ) En dépit du silence du code , cette désignation se fait logiquement par le procureur général du Roi dans le ressort de sa
compétence sous l’autorité duquel la police judiciaire exerce ses fonctions (art 17 et 49 CPP).
40
renseignements utiles à la découverte des auteurs conformément aux ordres de leurs chefs et à
la réglementation du corps auquel ils appartiennent (art 26). En revanche, ils ne sont pas admis
à prendre l’initiative d’une enquête et à entreprendre des actes qui s’y rattachent telles que les
2- Le Wali et le gouverneur
de la préfecture, ils ont, entre autres fonctions, de veiller au maintien de l’ordre et de prévenir
les infractions et à ce titre ils font normalement partie de la police administrative. Or, en delà
de cette mission habituelle, le CPP leur confrère le pouvoir d’accomplir personnellement tous
requérir par écrit à cet effet les OPJ compétents. Certes, on peut y voir une atteinte au principe
de la séparation des pouvoirs et une menace pour la liberté individuelle. C’est pourquoi, tout
des limites strictes tenant à la nature des infractions pour lesquelles ils peuvent agir, à la notion
pouvoirs de police judiciaire qu’en cas de crime ou de délit contre la sûreté intérieure ou
extérieure de l’Etat.
infractions susvisées ou à requérir par écrit à cet effet les OPJ compétents que si son
intervention revêt un caractère urgent. Le code ne définit pas la notion d’urgence, mais on
admet généralement qu’il y a urgence chaque fois que les circonstances justifient une action
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gouverneur. En tout cas, l’article 28 interdit à ces autorités administratives d’agir lorsqu’elles
c- Quant à la durée des pouvoirs du Wali ou du gouverneur à cet égard , elle est
également soumise à une limite stricte en ce sens que lorsque cet organe local de
l’administration centrale fait usage de ces pouvoirs, il est tenu d’en aviser immédiatement le
représentant du parquet auprès de la juridiction compétente et dans les vingt quatre heures qui
suivent l’ouverture des opérations, de se dessaisir au profit de celui–ci en lui transmettant les
pièces et en lui présentant toutes les personnes appréhendées. C’est alors à ce dernier qu’il
ces fonctionnaires et agents sont désignés par des textes spéciaux pour exercer des pouvoirs
de police judiciaire dans des conditions et des limites déterminées (Art 27 CPP). Ils
administration ou service. A cet effet, ils peuvent notamment requérir la force publique,
effectuer des saisies et procéder, en présence d’un OPJ, à des visites domiciliaires et des
perquisitions, tout comme ils peuvent rédiger des procès-verbaux qu’ils adressent à leur
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Sous réserve des limitations et des spécificités signalées à propos des APJ et des
police judiciaire. Outre qu’elle exécute les mandats et les délégations des juridictions
d’instruction et défère aux ordres de celles-ci et du parquet 1, elle a des attributions générales
qui consistent à constater les infractions à la loi pénale, à en rassembler les éléments de preuve
et à en rechercher les auteurs (art 18). A cet effet, elle est investie d’une fonction spécifique
qui consiste à procéder à des enquêtes soit d’office soit sur les instructions du parquet. L’étude
a-En ce qui concerne la réunion des éléments de preuve et la recherche des auteurs
d’infractions, la tâche de la police judiciaire consiste en fait à rassembler des indices comme
des traces ou des empreintes, à recueillir des témoignages, à recevoir des aveux, des
et consiste à porter cette infraction à la connaissance de la polie judiciaire (ou devant toute
autorité judiciaire, administrative ou militaire). Elle est souvent spontanée mais dans certains
cas, elle constitue une obligation assortie d’une sanction pénale (V par exemple l’art 209 du
Code pénal qui incrimine et punit la non- révélation d’attentat contre la sûreté de l’Etat).
La plainte est également une dénonciation, mais qui émane de la victime de l’infraction.
Elle peut être portée soit devant un OPJ soit directement devant le ministère public ou le juge
d’instruction, soit encore devant toute autre autorité spécialement désignée à cet effet par la
loi.
1
Article 128 de la Constitution : « La police judiciaire agit sous l’autorité du ministère public et des juges d’instructions ».
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b-En ce qui concerne la constatation des infractions, elle est matérialisée dans des procès
verbaux qui sont en réalité des actes écrits soumis à un formalisme rigoureux dont dépend leur
validité. Ils doivent ainsi comporter certaines énonciations, notamment la qualité du rédacteur
et sa signature, l’identité du suspect, les fait constatés et leurs dates, la date et l’heure de la
rédaction et celles des actes effectués , la mention, le cas échéant, du refus de signature ou
La valeur probante des procès –verbaux est fonction de la gravité des faits constatés : ainsi
si en cas de crime, le p-v ne vaut que comme simple renseignement, le juge ayant par
aux eaux et forêts ou à la pêche maritime (dont la constatation est confiée à des
fonctionnaires ou agents investis de certains pouvoirs de police judiciaire), les p-v établis
De fait, la force probante ainsi attribuée aux p-v , se révèle bien souvent quasi
inattaquable tant il est extrêmement difficile d’établir la preuve contraire des énonciations
à charge. Et du reste, elle est à juste titre fustigée par la doctrine et les défenseurs des droits
de l’Homme qui y voient non seulement une entorse de taille au principe de la liberté du
juge dans l’appréciation des preuves conformément à son intime conviction, mais aussi une
énonciations des p-v sont de nature à accabler le suspect (Voir développements relatifs à la
44
La police judiciaire est soumise au contrôle de l’autorité judiciaire. Ses membres fautifs
s’exposent donc à des sanctions disciplinaires. Ils peuvent, par ailleurs, engager leur
A – Le contrôle disciplinaire
Les membres de la police judiciaire exercent leur mission sous la direction du procureur
du Roi et sont placés dans chaque ressort de cour d’appel sous l’autorité du procureur
et 17), contrôle qui s’étend , d’ailleurs, même aux fonctionnaires et agents investis
Ainsi, tout manquement relevé à l’encontre d’un OPJ ou d’un fonctionnaire ou agent
susvisé dans l’exercice de ses attributions de police judiciaire est déféré à la Chambre
correctionnelle de la cour d’appel par le procureur général du Roi près ladite Cour. Après
enquête et audition du mis en cause (qui peut se faire assister par un avocat) si les faits se
révèlent fondés, la Chambre correctionnelle peut, sans préjudice d’autres sanctions relevant
peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation dans les conditions du Droit commun. Au cas
où la Chambre correctionnelle estime que l’OPJ a commis une infraction pénale, elle
ordonne en outre la transmission du dossier au chef du parquet général à toutes fins qu’il
une infraction, engage sa responsabilité pénale et s’expose par conséquent aux sanctions
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prévues à cet égard(1) . Mais dans les conditions édictées par les articles 268 et suivants du
CPP, il est poursuivi et jugé suivant des règles de compétence exceptionnelles aménagées
- Ainsi, lorsque l’imputation vise un procureur général du roi près la cour d’appel (qui
pouvoirs de PJ) pour un crime ou délit commis dans l’exercice ou hors de l’exercice de
leurs fonctions, ou lorsque l’imputation vise un OPJ habilité à exercer ses fonctions sur
tout le territoire marocain (tel que le directeur général de la sûreté nationale) pour un crime
ou délit commis dans l’exercice de ses fonctions (V. art 268 al 3), c’est la Chambre
pénale de la Cour de Cassation qui est compétente pour juger l’affaire suite à sa saisine
par le procureur général près ladite Cour et, s’il y a lieu sur réquisition de celui-ci, après
une instruction effectuée par un ou plusieurs de ses membres. L’arrêt rendu est susceptible
d’appel (dans un délai de 8 jours) et c’est la cour de Cassation toutes Chambres réunies, à
l’exclusion de la Chambre pénale qui a rendu l’arrêt, qui statue sur cet appel. L’article 265
précise, par ailleurs, qu’aucune constitution de partie civile n’est recevable devant la Cour
de Cassation, la victime qui entend réclamer une réparation étant alors acculée à saisir la
procureur général du roi près cette Cour ou un procureur du roi près le tribunal de première
instance (tous des OSPJ) pour un crime ou un délit commis dans l’exercice ou en dehors
(1 ) Voir code pénal, notamment les articles 224 à 232 (des abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre les particuliers et
de la pratique de la torture) ; les articles 237 à 240 (de l’empiétement des autorité administratives et judiciaires et du déni de
justice) ; les articles 241 à 247 (des détournements et des concussions commis par des fonctionnaires publics) ; les articles 248 à
256 (de la corruption et du trafic d’influence) et les articles 257 à 260 (des abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre
l’ordre public).
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de l’exercice de leurs fonctions, la Chambre pénale de la Cour de Cassation, saisie par le
procureur général du roi près ladite Cour, décide s’il y a lieu d’informer et dans
l’affirmative désigne une Cour d’appel autre que celle dans le ressort de laquelle le mis en
cause exerce ses fonctions. Si le juge d’instruction ou le conseiller commis pour instruire
par le premier président de ladite Cour d’appel décide à l’issue de ses investigations qu’il
y a lieu à suivre l’affaire, il rend une ordonnance de renvoi soit devant la chambre criminelle
de la cour d’appel lorsqu’il s’agit d’un crime, soit devant la chambre délictuelle d’appel
le tribunal de première instance (les deux étant des OSPJ) pour un crime ou un délit
général du roi près la cour d’appel de saisir le premier président de cette Cour ; lequel
décide s’il y a lieu d’informer et dans l’affirmative, commet à cet effet un juge d’instruction
l’affaire est alors déférée pour jugement (comme pour l’hypothèse précédente) soit à la
chambre criminelle de la Cour d’appel lorsqu’il s’agit d’un crime, soit à la chambre
- Lorsque l’imputation vise un OPJ autre que ceux visés ci- haut, pour un crime ou un
général du roi près la cour d’appel de saisir le premier président de ladite cour qui désigne,
s’il y a lieu à informer, un conseiller chargé de l’instruction. Celui-ci peut, au terme de ses
investigations, ordonner le renvoi de l’affaire soit à la Chambre criminelle s’il s’agit d’un
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crime, soit à un tribunal de première instance en dehors du ressort où l’inculpé exerce ses
A cet égard , on est en droit de se demander pourquoi l’OPJ qui commet un crime ou un
délit hors de l’exercice de ses fonctions n’est pas soumis à ces règles exceptionnelles de
compétence et reste ainsi justiciable du régime de droit commun, étant entendu que dans
Toute personne qui s’estime être victime d’un dommage causé par un membre de la police
judiciaire, peut mettre celui-ci en cause pour lui réclamer une réparation dans les conditions
du droit commun soit en engageant une action civile devant la juridiction civile (V. Art
10 CPP), soit – sous réserve du cas susvisé où la compétence est dévolue à la Cour de
régis par un texte particulier (Décret royal du 2 février 1967 maintes fois modifié). Présents
auprès de chaque juridiction dans le cadre d’un secrétariat du greffe, l’importance de leur
les diverses opérations des autorités judiciaires. A l’audience, il prend note sous forme
d’un procès verbal d’audience (dit aussi plumitif) des requêtes et moyens de défense des
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parties ou de leurs avocats, des déclarations des témoins, des principaux faits qui ont
émaillé les débats ainsi que du dispositif de la décision rendue; procès-verbal qu’il cosigne,
notamment les art 305 et 308 CPP) . Une fois la décision rendue, il veille notamment à sa
notification aux intéressés, tout comme il prend acte, le cas échéant, de l’exercice des voies
Ces tâches auxquelles s’ajoutent bien d’autres (telle que la tenue du casier judiciaire des
personnes condamnées) donnent une idée sur l’ampleur et la gravité du rôle des greffiers,
protection des droits de la défense. Ce qui explique, d’ailleurs que le secrétariat – greffe au
sein de chaque juridiction soit souvent divisé en plusieurs services ou sections, coiffés par
triple souci de la vérité, de l’efficacité et de l’équité. Il s’agit d’une part, de l’expert qui, le cas
échéant, fait œuvre « d’éclaireur » de l’autorité judiciaire (§1) et d’autre part de l’avocat qui
§1 –L’expert
L’expert exerce une profession libérale au sein d’un corps considéré comme
indépendant des pouvoirs publics. Lorsqu’il est commis par la juridiction qui entend être
éclairée sur des questions à caractère technique ou médical, l’expert apporte normalement son
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concours en dehors de toute influence des autorités judiciaires, des parties et des témoins. Sans
s’appesantir sur le régime juridique de l’expertise (V les art 194 à 209 CPP) on se limitera à
I - La désignation de l’expert
ordonner une expertise soit d’office, soit à la demande du ministère public ou des autres
juridiction peut, au besoin, désigner un expert non inscrit à ce tableau. Dans ce cas, l’homme
de l’art commis prête serment devant la juridiction de donner son concours à la justice en son
Cette mission qui doit être précisée dans la décision de la juridiction ordonnant
l’expertise ne peut porter que sur des questions à caractère technique et doit en principe être
accomplie dans le délai fixé par ladite juridiction. L’inobservation injustifiée du délai imparti
peut entraîner, non seulement le remplacement de l’expert qui devra alors restituer les objets
et documents qui lui ont été confiés, mais aussi éventuellement sa condamnation à des
demande et conformément à certaines conditions et règles de forme, tous les moyens à même
de faciliter sa tâche, peuvent être mis à sa disposition, notamment la consultation des pièces
(1 ) Au stade de l’enquête préliminaire, l’OPJ et le représentant du parquet peuvent recourir à l’expertise dans les conditions
particulières prévues par les art 64 et 77 du CPP.
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du dossier, l’accès aux scellés et l’audition de l’inculpé et des tiers en vue de recueillir des
recherches effectuées et ses conclusions. Le code de procédure pénale est muet sur la valeur
probante du rapport d’expertise. Par contre, il est établi en jurisprudence comme en doctrine
que les conclusions de ce rapport ne s’imposent pas à la juridiction qui peut, en vertu de son
pouvoir d’appréciation, en tenir compte ou non, tout comme elle peut, d’ailleurs, ordonner un
complément d’expertise ou une contre-expertise. Bien plus, suivant l’article 66 dernier alinéa
du code de procédure civile : « le juge n’est pas obligé de suivre l’avis de l’expert désigné… »
Cette solution applicable en matière civile doit l’être à fortiori en matière pénale. Cela dit, en
pratique, et à moins qu’il ordonne un complément d’expertise ou une contre- expertise, on voit
mal, un juge qui est embarrassé par des difficultés techniques se détourner purement et
éléments du dossier. En tout cas, il est tenu de motiver sa décision lorsqu’il entend écarter les
§2 – L’avocat
L’organisation et l’exercice de la profession d’avocat sont régis par le Dahir portant loi
du 10 septembre 1993 tel que modifié et complété par la loi n° 39-96 promulguée par le dahir
du 10 Août 19961. Aux termes de l’article 1er « les avocats font partie de la famille judiciaire,
leur profession est une profession libérale et indépendante ». Il ne s’agit pas ici de présenter le
statut de l’avocat, ses diverses attributions et sa responsabilité, aspects dont l’étude relève
1
Ainsi que par la loi n°28-08 promulguée par le dahir n°1-08-101 du 20 octobre 2008 (B.O édition en langue arabe n°5680 du 06
novembre 2008).
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procédure pénale ses deux principales missions, à savoir celle d’assistance (I)et celle de
Elle consiste pour l’avocat à défendre son client et à plaider sa cause dans le respect des
règles légales et de l’intérêt de la société. Ainsi, contrairement à une opinion répandue, l’avocat
n’est pas un défenseur inconditionnel de son client. Certes, il doit s’employer à établir
s’efforçant de réfuter les preuves produites contre celui-ci ou de remettre en cause la régularité
de la procédure. Mais lorsqu’il est lui même convaincu de la culpabilité de son client et que
indiscutables…), il ne s’agit pas de faire « l’avocat du diable » au risque de nuire à son client.
Mieux vaut dans ce cas plaider coupable et solliciter conformément à la loi l’atténuation
plaider oralement et par écrit pour le compte de son client et du privilège de l’indépendance
vis-à-vis des juridictions et du client (qui ne peut par exemple imposer à l’avocat la démarche
à suivre ni refuser une mesure demandée dans son intérêt par ce dernier).
commis d’office pour lui prêter ses services gratuitement, c’est-à-dire assurer sa défense et
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II –La mission de représentation
Etant le mandataire légal de son client, l’avocat est habilité à effectuer de plein droit
tous les actes de la procédure à moins qu’il s’agisse de dénier l’écriture ou de déférer ou référer
le serment, actes pour lesquels l’article 29 du dahir susvisé de 1993 exige un mandat écrit
spécial. L’avocat est ainsi habilité à accomplir diverses formalités judiciaires tels que le dépôt
il ne peut continuer à assister son client devant la cour de Cassation que s’il est agréé près cette
cour.
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