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Introduction
Les « suites récurrentes » des vieux cours de taupe se nomment aujourd’hui « systèmes dynamiques
discrets ». « Un mot à la place d’un autre, ça n’a l’air de rien », disait Althusser… et pourtant ce
changement de dénomination permet d’interpréter la variable entière d’indexation n comme un
temps observé à des instants successifs, et souligne la parenté de ces systèmes avec les équations
différentielles, ou « systèmes dynamiques différentiables ». Mais n peut aussi désigner une variable
d’espace.
Il y a plusieurs types de suites récurrentes :
1) Les suites récurrentes simples un+1 = f(un) sont des systèmes dynamiques autonomes : la loi de
détermination de un+1 à partir de un est déterministe et invariante dans le temps.
2) Les suites récurrentes simples un+1 = f(n, un) sont des systèmes dynamiques non autonomes : la
loi de passage de un à un+1 est déterministe mais évolue dans le temps.
Les dynamiques autonomes un+1 = f(un) peuvent apparaître comme des cas limites de dynamiques
non autonomes, lorsque la loi d’évolution s’est stabilisée dans le temps.
3) Les récurrences doubles un+2 = f(un+1, un) sont des systèmes dynamiques autonomes à mémoire
plus longue. Mais elles se ramènent aussitôt à des récurrences simples sur les couples, car :
(un+2, un+1) = F(un+1, un) , avec F(x, y) = (f(x, y), y).
4) Les suites récurrentes doubles un+2 = f(n, un+1, un) non autonomes.
5) Enfin, il y a des suites récurrentes un+1 = f(n, un, un−1, …, u0) à mémoire longue, etc.
Les suites récurrentes sont l’analogue discret des systèmes différentiels : par exemple, la
récurrence un+1 = f(un) s’écrit un+1 − un = f(un) − un , ou encore ∆un = g(un), où g(x) = f(x) − x.
Elle est à rapprocher de l’équation différentielle y’(t) = f(t) − t. Cette analogie aide parfois à deviner
le comportement asymptotique de la suite (un).
Mais cette analogie peut être poussée plus loin : de même que les équations différentielles
combinent méthodes exactes (équations s’intégrant élémentairement) et qualitatives (linéarisation à
l’équilibre, fonctions de Liapounov, techniques de perturbation, etc.), de même les suites récurrentes
combinent méthodes exactes (suites se calculant élémentairement) et qualitatives (linéarisation à
l’équilibre, fonctions de Liapounov discrètes, techniques de perturbation, etc.). De sorte qu’il y
aurait intérêt à exposer les deux chapitres parallèlement.
Enfin, lorsque la loi de passage de un à un+1 n’est plus déterministe, mais aléatoire, on obtient les
suites un+1 = f(un) + ε, où ε est une variable aléatoire, gaussienne ou autre. C’est le point de départ
des processus stochastiques : chaînes de Markov, etc. Mais cela sort du champ de cette étude.
1
1. Systèmes dynamiques topologiques.
2
2 2
Chacun des ensembles B(1), B(j) et B(j ) est un voisinage de 1, j, et j resp.
Une expérimentation graphique montre que ces ensembles ne forment pas une partition de C, mais
qu’ils s’imbriquent les uns dans les autres, avec des frontières de formes fractales. B(1) est rouge ;
2
B(j) vert, et B(j ) violet.
Exercice 1 : Propriétés générales des ensembles de Julia et des bassins d’attraction. Montrer que :
−1
1) K est un Fσ tel que f(K) = K ∩ f(E) et f (K) = K ;
−1
∞) est un Fσδ tel que f(B(∞
2) B(∞ ∞)) = B(∞
∞) ∩ f(E) et f (B(∞)) = B(∞) ;
−1
3) Pour tout point fixe a de f, B(a) est un Fσδ tel que f(B(a)) = B(a) ∩ f(E) et f (B(a)) = B(a).
Exercice 2 : Soit a un entier naturel impair, b un entier > 0. On considère la suite (un) définie par
u0 = b , un+1 = un si un est pair , un+1 = un + a sinon.
2
1) Démontrer qu’on peut trouver un entier n tel que un ≤ a.
2) Démontrer que (un) est périodique à partir d’un certain rang. (Concours général 1996, extrait)
1
Cet algorithme, dû à Lothar Collatz (1930), est étudié dans J.-M. Ferrard, Maths et Maple (Dunod, 1998),
mais la conjecture à laquelle il donne lieu est toujours ouverte.
3
Si l’on traduit le théorème de point fixe en termes de systèmes dynamiques, on dira que le point
fixe a a pour bassin d’attraction E tout entier : c’est un point fixe attractif, ou un point d'équilibre
stable, et toutes les suites récurrentes convergent vers a à une vitesse géométrique.
Exercice 5 : Extension aux itérées.
(E, d) est toujours supposé complet. Si l’application f : (E, d) → (E, d) est telle qu’une itérée p-ème
p
f = f o f o ... o f ( p fois ) de f soit contractante, pour un p ≥ 1, alors f a encore un unique point fixe a,
et toute suite récurrente x0 ∈ E , xn+1 = f(xn) tend vers a.
Exercice 6 : Point fixe et compacité.
Soit (E, d) un espace métrique compact, f une application : E → E vérifiant :
2
∀(x, y) ∈ E x ≠ y ⇒ d(f(x), f(y)) < d(x, y) .
Montrer que f admet un unique point fixe a, et que toute suite récurrente x0 ∈ E, xn+1 = f(xn)
converge vers a. Comparer ce théorème de point fixe à celui de Picard-Banach, tant du point de vue
des hypothèses que de celui de la conclusion. [Ind. : considérer la fonction ϕ(x) = d(x, f(x)) ].
Exercice 7 : Classifier les points fixes de f(x) = x − 1 sin x. Quels sont leurs bassins d’attraction ?
2
Exercice 8 : Soit la suite récurrente zn+1 = 1 + 1 dans C. Classifier ses points d’équilibre.
zn
4
1.3. Décalage de Bernoulli.
« Accède à l’allègre ardeur du décalage, à la belle erreur du réel ! »
Georges Perec, A Claude Berge (Beaux présents)
Les travaux de George Birkhoff et Stephen Smale ont montré que les mouvements de la mécanique
céleste se ramènent dans certains régions, suivant une « analogie » très précise, à des décalages de
Bernoulli.
Problème
Soient Σ l’ensemble des suites infinies x = (x1, x2, x3, …) à éléments xi ∈ {0, 1}, et
U {0,1} l’ensemble des suites finies, ou « mots », à éléments ∈ {0, 1}.
n
M=
n≥1
Si x ∈ Σ et n ≥ 1, on note x|n = (x1, x2,…, xn). On dit le mot m = (m1, m2,…, mn) figure dans la
suite x ∈ Σ s’il existe k ≥ 0 tel que xk+i = mi pour 1 ≤ i ≤ n.
1. L’espace métrique Σ.
+∞ xn − yn
a) Montrer que d(x, y) = ∑n =1 2n
est une distance sur Σ. Quel est le diamètre de Σ ?
5
c) Soit x un élément de Σ. Montrer l’équivalence des propriétés :
n
i) x est une suite-univers ii) tout y∈ Σ est valeur d’adhérence de (σ (s)) iii) l’orbite O(x) est dense.
4. Conclusion.
En quel sens peut-on dire que le système dynamique (Σ, σ) défini par l’action de σ et de ses itérés
sur Σ est à la fois « déterministe » et « chaotique » ?
L’importance du décalage de Bernoulli provient de sa simplicité, et de ce que plusieurs systèmes
dynamiques réels lui sont « conjugués ».
Définition : Les systèmes dynamiques S = (E, f) et S’ = (F, g) sont dits topologiquement conjugués
s’il existe un homéomorphisme θ : E → F tel que θ o f = g o θ ; θ est appelé conjugaison
topologique. Si θ est une surjection continue, les systèmes sont dits semi-conjugués.
Il est clair que deux systèmes dynamiques topologiquement conjugués ont les mêmes propriétés.
Exercice 11 : La tente.
Soit I = [0, 1], t(x) = 2x si 0 ≤ x ≤ ½ , 2(1 − x) si ½ ≤ x ≤ 1.
1) Quels sont les points fixes de t ? Montrer que leurs bassins d’attraction sont denses.
2) Montrer que le système dynamique (I, t) est semi-conjugué du décalage de Bernoulli (Σ, σ).
Conséquences ?
6
b) Quel que soit l’ouvert non vide U de E, U n≥0
f n(U) est dense dans E ;
c) Quel que soit l’ouvert non vide V de E, U n ≥0
f n<−1>(V) est dense dans E ;
n
d) ∀x, y ∈ E ∀α, β > 0 ∃z ∈ E ∃n ∈ N d(x, z) ≤ α et d(y, f (z)) ≤ β.
Si ces conditions sont réunies, on dit que f est topologiquement transitive.
2) Montrer qu’il en est ainsi si f vérifie l’une des conditions suivantes :
a) Pour tout x, l’ensemble des ascendants de x est dense dans E ;
b) L’ensemble des points de E dont l’orbite est dense, est dense dans E ;
c) Tout ouvert non vide est infini et il existe un point dont l’orbite est dense.
Donner des exemples de fonctions topologiquement transitives.
Exercice 13 : Sensibilité aux conditions initiales.
Soit (E, d) un espace métrique. L’application continue f : E → E est dite sensible aux conditions
n n
initiales si : ∃δ > 0 ∀x ∈ E ∀ε > 0 ∃y ∈ E ∃n ∈ N d(x, y) < ε et d(f (x), f (y)) > δ.
Interpréter cette notion. Le décalage de Bernoulli est-il sensible aux conditions initiales ?
Dans son Introduction to Chaotic Dynamical Systems, R. Devaney se risque à formuler une
définition mathématique précise du chaos :
Définition : Soient (E, d) un espace métrique, f : E → E une application continue. Le système
dynamique (E, f) est dit chaotique si :
(CH 1) Les points périodiques de f sont denses ;
(CH 2) f est topologiquement transitive ;
(CH 3) f est sensible aux conditions initiales.
Cette définition n’est pas la seule possible : peut-on définir le Chaos ? Définir les choses, n’est-ce
pas tuer la poule aux œufs d’or ? Mieux vaut peut-être écouter l’extraordinaire Cahos qui débute les
Elémens du compositeur Jean-Féry Rebel (1738), ou lire Denis Diderot :
« Il n'existe dans la nature ni surface sans profondeur, ni
ligne sans largeur, ni point sans dimension, ni aucun corps
qui ait cette régularité hypothétique du géomètre. Dès que la
question qu'on lui propose le fait sortir de la rigueur de ses
suppositions, dès qu'il est forcé de faire entrer dans la
solution d'un problème l'évaluation de quelques causes ou
qualités physiques, il ne sait plus ce qu'il fait : c'est un
homme qui met ses rêves en équations, et qui aboutit à des
résultats que l'expérience ne manque presque jamais de
détruire. Si le calcul s'applique si parfaitement à l'astro-
nomie, c'est que la distance immense à laquelle nous sommes
placés des corps célestes réduit leurs orbes à des lignes
presque géométriques ; mais prenez le géomètre au toupet, et
approchez-le de la lune d’une cinquantaine de demi-
diamètres terrestres ; alors, effrayé des balancements
énormes et des terribles aberrations du globe lunaire, il
trouvera qu'il y a autant de folie à lui proposer de tracer la
marche de notre satellite dans le ciel que d'indiquer celle
d'un vaisseau sur nos mers, lorsqu'elles sont agitées par la
tempête. » (Sur Clairaut, Œuvres complètes, t.V, p.526)
Hiroshige, Les Tourbillons d’Awa
7
2. Systèmes dynamiques linéaires.
Pourquoi débuter l’étude des systèmes dynamiques par les récurrences linéaires ? Parce qu’elles
sont les plus simples, mais aussi parce que, lorsqu’on étudie un système non linéaire au voisinage
d’un point d’équilibre a, on a tout lieu de penser qu’il se comporte comme le système linéaire
tangent : Si un+1 = f(un) et a = f(a), on peut écrire au voisinage de a :
un+1 − a = f(un) − f(a) ≈ f’(a).( un − a ) ,
f’(a) étant la dérivée ou la matrice jacobienne de f en a. Il est alors naturel de poser Xn = un − a et
d’étudier la dynamique Xn+1 = f’(a).Xn . Il existe des théorèmes de linéarisation en bonne et due
forme, difficiles et hors programme, mais dont l’heuristique sous-jacente est tout à fait naturelle. Les
mêmes idées président à l’étude qualitative des systèmes différentiels : que l’on songe à la
linéarisation du pendule simple au voisinage de l’équilibre.
1) Calculer ces deux suites ; quelle est la limite de la suite des fractions ( xn ) ?
yn
2 2
2) Calculer xn − 2.yn et montrer que 2 est irrationnel.
8
3) Montrer que les fractions Fn = xn ne sont autres que les réduites du développement en fraction
yn
2
continue de 2 .
4) On revient au cas général x0 et y0 quelconques. Étudier et discuter la convergence et la limite
des deux suites (xn) et (yn) ; une figure est souhaitée.
2
Elles tendent vers √2 en spirale, et moins vite, que les itérations de Héron d’Alexandrie données par u0 = 1,
un+1 = (un + 2/un)/2, qui, elles, tendent en décroissant vers √2, et étaient connues des babyloniens (cf. Maurice
Caveing, L'irrationalité dans les mathématiques grecques jusqu'à Euclide).
9
Retrouver et préciser le résultat de 1). Récapituler les résultats obtenus.
4) On dit que A est ergodique si la suite (Mk) converge. Montrer l’équivalence des propriétés :
a) A est ergodique ;
k
b) la suite (A ) est bornée ;
c) ρ(A) < 1 ou ρ(A) = 1 et, pour chaque valeur propre de module 1 de A, l’espace propre et
l’espace caractéristique coïncident.
Retrouver et préciser le résultat de 2).
2) Montrer que ρ(u) est la borne inférieure des |||u||| calculées relativement à toutes les normes sur
E, et qu’on peut même se limiter aux seules normes hermitiennes sur E.
[ Indication : soit x → (x x) une norme hermitienne sur E, a > ρ(u) ; montrer que :
m −1
∑
m m 2m 2(m−i−1)
(∃m ≥ 1) (∀x) (u (x) | u (x)) ≤ a (x|x) ; définir < x | y > = a (ui(x) | ui(y)) .]
i =0
10
2.2. Systèmes non autonomes.
n
Les dynamiques linéaires non autonomes sont de la forme Xk+1 = Ak.Xk ( k ∈ N ), dans R ou
n
C . On a aussitôt Xk = Ak−1.Ak−2… A0.X0 ( k ∈ N ).
Pour n = 1, on est ramenés à la théorie des produits infinis. Lorsque les matrices Ak sont
simultanément diagonalisables, idem. Dans d’autres cas, il faut innover.
Problème
2 2
2) Soient (a, b) ∈ R , (u1, v1) ∈ R . On considère les suites (un)n≥1 et (vn)n≥1 définies par :
un+1 = un + a.vn et vn+1 = vn + b.un .
n(n+1) n(n+1)
a) On note tn= |un| + |vn| ; majorer tn+1 à l’aide de tn et de c = max( |a| , |b| ).
b) En déduire que (un) et (vn) sont bornées, puis convergentes. On note u et v leurs limites.
c) Développement asymptotique à deux termes des suites (un) et (vn) ?
Problème
On note Ea l’ensemble des suites réelles u = (un)n∈N telles que (∀n ≥ 1) un+1 = un + an−1.un−1 .
1) Structure et dimension de Ea ?
2) a) Montrer que toute suite u = (un)n∈N ∈ Ea est bornée.
[Ind. : montrer que Mn = sup( |un| , |un+1| ) vérifie Mn ≤ ( 1 + |an−1| ).Mn−1.]
b) Montrer que toute suite u = (un)n∈N ∈ Ea est convergente.
3) On suppose la suite a = (an)n∈N à termes ≥ 0. Soit L = limn un .
Montrer que : un = L − L.Rn−2 + o(Rn−2) , où Rn = ∑a
k ≥ n+1
k est le reste de la série.
4) Applications :
n−1
a) Soit 0 < r < 1. Étudier les suites u = (un)n∈N telles que (∀n ≥ 1) un+1 = un + r un−1 .
n −1 u
b) Étudier les suites u = (un)n∈N telles que : (∀n ≥ 1) un+1 = un + .
n.(n+1)
11
3. Suites récurrentes autonomes un+1 = f(un).
12
colimaçon convergent involution colimaçon divergent
Ces méthodes de monotonie peuvent se combiner avec des arguments de point fixe.
2 2 2
Exercice 1 : Etudier les suites : un+1 = 1 ( un + 1 ) , un+1 = un + 3 , un+1 = ( 1 − un ) .
2 16
2
Exercice 2 : Trouver les fonctions f continues R → R, telles que ∃a ∈ ]0, 1 ] (∀x) f(x) = f(x + a).
4
Exercice 3 : Etudier les suites : un+1 = cos un , u0 ∈ [0, π ] ; un+1 = 2 ,u ∈R ;
2 1+un2 0
un+1 = 1−u , u0 ∈ [0, 1] ; un+1 = exp(1 − un) , u0 ∈ R ; un+1 = sin(2un) , u0 ∈ R ;
2
n
1+u 2
n
un+1 = 3 3un +1 − 1 , u0 = 1 .
Exercice 4 : Etudier la convergence d’une suite (un) vérifiant u0 > 0 et (∀n) 0 < un+1 ≤ 2 − 1 .
un
Exercice 5 : Radicaux superposés.
1) Soit (un) donnée par u0 ∈ [−2, 2] , un+1 = 2+ un .
a) Convergence et limite de cette suite ?
b) Retrouver ces résultats en posant u0 = 2.cos θ , θ ∈ [0, π]. Cas où θ = π/2 ?
2) Soit (un) donnée par u0 ∈ [−2, 2] , un+1 = 2−un .
a) Montrer que (un) est définie. Convergence et limite.
b) Retrouver ces résultats en posant u0 = 2.cos θ , θ ∈ [0, π].
3) Mêmes questions pour la suite (un) donnée par u0 ∈ [−2, 2] , un+1 = 2− 2+un .
Exercice 6 : Soit f : [0, 1] → [0, 1] une application 1-lipschitzienne.
xn + f(xn)
Montrer que la suite x0 ∈ [0, 1], xn+1 = converge vers un point fixe de f.
2
13
Exercice 7 : Bifurcation en fourche.
Etudier les systèmes dynamiques xn+1 = k.Arctan xn (k > 0) en distinguant les cas 0 < k < 1, k = 1 et
k > 1. Le point fixe attractif donne naissance à trois points fixes, un point répulsif compris entre deux
points attractifs.
14
7) On suppose λ > 4.
a) Montrer que l’ensemble des x ∈ I tels que fλ(x) ∈ I est Λ1 = [ 1 − r²−4r , 1 + r²−4r ] .
2 2r 2 2r
n n
b) Montrer que l’ensemble Λn = { x ∈ I ; fλ (x) ∈ I } est réunion de 2 segments disjoints, et la
n
restriction de fλ à chacun de ces segments est une bijection de ce segment sur I.
c) Montrer que l’ensemble Λ = ∩ Λn est un ensemble de Cantor (compact, ne contenant aucun
intervalle de longueur > 0, et sans point isolé).
Remarque : On trouvera des programmes Maple illustrant ce problème dans J.-M. Ferrard, Maths et
Maple (Dunod, 1998).
• Equivalent de un − a.
On a aussitôt un+1 − a ∼ f’(a).( un − a ) (1) .
n
On peut en induire que ∃C ≠ 0 un − a ∼ C f’(a) (2) ,
n
mais attention, (2) ne se déduit pas de (1) : la suite ( n f’(a) ) vérifie (1) et pas (2).
Cependant, nous allons montrer qu’il en est bien ainsi lorsque :
s
f(x) = a + f’(a).( x − a ) + O( |x − a| ) (s > 1) au V(a).
2
Cette hypothèse est remplie dès que f est C au V(a), ou deux fois dérivable en a.
un − a un +1 −a un −a . f'(a) s−1
Soit vn = ln n . Alors vn+1 = ln n +1 = ln n +1 ( 1 + O( |un − a| ))
f'(a) f'(a) f'(a)
un − a s−1 n(s−1)
= ln n + O( |un − a| ) = vn + O(k’ ).
f'(a)
Par suite, ∑(vn+1 − vn) est absolument convergente, et, si L est sa somme, on a (2) avec C = exp(L).
• Développement asymptotique de un − a.
∞
Supposons f de classe C . Je dis qu’alors (un) admet un développement asymptotique à tous ordres
n 2n pn (p+1)n
un = a + c1.b + c2.b + … + cp.b + O(b ) , où b = f’(a) (1).
Ceci s’établit par récurrence sur p. Reprenons les résultats et notations ci-dessus.
2
Pour p = 1, on a : un+1 − a = f’(a).(un − a) + O(un − a) , d’où :
15
un +1 −a un −a . f'(a) 2 un − a 2 2n
vn+1 = ln n +1 = ln n +1 ( 1 + O(un − a) ) = ln n + O(un − a) = vn + O(b ).
f'(a) f'(a) f'(a)
+∞ +∞ +∞
∑(v ∑O(b ) = O( ∑b2k ) = O(b ) . On en déduit un = a + c1.b + O(b ).
2n n 2n
et L − vn = k +1 −vk ) = 2k
k =n k =n k =n
où les Bq,k sont les polynômes de Bell partiels, définis, étudiés et tabulés par L. Comtet 3.
q
∑f
q (k)
Identifions : cq.b = (a).Bq,k (c1 ,c2,...,cq − k +1) .
k =1
3
Analyse combinatoire, t. 1, p.144 et 184 (PUF).
16
3) Trouver le d. a. à 3 termes de la suite (un). Qu’en pense Maple ?
Il existe des théorèmes généraux analogues au précédent dans la cas où | f’(a) | = 1 (suite lentement
convergentes) et f’(a) = 0 (suites rapidement convergentes). Ce dernier cas se rencontre lorsque la
méthode de la tangente de Newton se passe bien. Cependant, nous préférons aborder ces sujets sur
un exemple classique.
Problème 11 : Sinus itérés.
Soit x ∈ ]0, π[ . On considère la suite
u0 = x , un+1 = sin un , notée aussi un = sinn x.
1) Étudier la convergence simple et la convergence
uniforme de cette suite.
2) Dans cette question et la suivante, x est fixé. On
cherche un équivalent de la suite (un).
a) Chercher β ∈ R tel que la suite 1 − 1 ait
unβ+1 unβ
une limite finie non nulle.
b) En déduire l’équivalent un ∼ 3 . Discuter la nature de la série ∑ uαn .
n
3) a) Trouver le développement asymptotique de 12 − 12 − 1 à la précision 1 .
un +1 un 3 n²
b) Montrer à l’aide des résultats précédents que :
17
3.4. Récurrences doubles.
Rappelons que les suites récurrentes doubles un+2 = f(un+1, un) sont des suites récurrentes simples
sur les couples : (un+2, un+1) = F(un+1, un) , avec F(x, y) = (f(x, y), y).
Voici quelques angles d’attaque :
− Faire des expérimentations en machine. On peut représenter dans le plan les couples Mn = (un+1,
un) et les joindre par une ligne polygonale, etc.
− Etudier les limites éventuelles : si f est continue et si (un) tend vers a, alors a = f(a, a), donc (a,
a) est point fixe de F.
− Etudier la monotonie de la suite (un).
− Le point fixe est attractif si ||| F’(a, a) ||| < 1 pour une certaine norme. Plus généralement, des
techniques de linéarisation à l’équilibre donnent un renseignement sur le comportement du système
au voisinage du point fixe.
un +1
Exercice 1 : Etudier la suite u0 > 0, u1 > 0, un+2 = .
1+un +1.un
Equivalent et développement asymptotique.
Problème 1
18
d) Equivalent de un − l − 1 ? En déduire que xn2 = 2n + lnn + C + o(1), où C est une
2n 2
constante, puis un d. a. à trois termes de (xn) .
+∞ +∞ (−1)n
e) Discuter selon les valeurs de λ la nature des séries ∑ x1λ
n =0 n
et ∑ λ
n = 0 xn
.
b) On suppose que 0 < a ≤ 1. Montrer que la suite (xn) tend vers +∞. De l’encadrement :
xn +1 xn2+1− xn2
xn.( xn+1 − xn ) ≤ ∫
xn
t.dt ≤ xn+1.( xn+1 − xn ) , déduire un équivalent de
2
.
2
• Si a = 1, indiquer un équivalent de xn. Montrer que la suite un = xn − 2.ln n converge. En
déduire un d. a. à deux termes de (xn).
2 2n1−a 2 2n1−a
• Si 0 < a < 1, montrer que xn ∼ , puis que la suite un = xn − converge. En déduire
1−a 1−a
un d. a. à deux termes de (xn).
exp(−un)
Exercice 2 : Soit (un) une suite définie par u1 ∈ R et ∀n ≥ 1 un+1 = .
n
Limite, équivalent, développement asymptotique à trois termes de cette suite.
Natures des séries ∑un et (−1)n.un ? ∑
Exercice 3 : Etudier la suite u0 > 0, un+1 = u0 +u1 +...+un . Limite, équivalent, développement ?
Exercice 4 : Soit (xn) la suite définie par x0 = 1, xn+1 = xn + 1 . Montrer que xn ∼ 2lnn .
x0 + x1 +...+ xn
Exercice 7 : Soit a > 1, (un) une suite telle que (∀n) un+1 = a.un − 1 . Etudier sa convergence.
n+1
2
Exercice 8 : Soit (un) la suite telle que (∀n) un+1 = 2un − n . Cns portant sur u0 pour que tous les un
soient > 0 ? Etudier la suite (un).
19
Exercice 9 : Etudier la suite un+1 = ( 1 + 1 ).sin un .
n+1
Problème 13
n+ an n+ an
i) Monotonie, limite de (an) ?
ii) Montrer que (n.an) tend vers une limite a ≥ 0 ; en déduire un = n + a + o( 1 ) .
n n
+∞
iii) En notant que a − n.an = ∑(k +1).a
k =n
k +1 −k.ak , montrer successivement :
un = n + a + a + o( 1 ) et un = n + a + a + ( a − a² ) 13 + o( 13 ).
n n² n² n n² 2 n n
__________
20
Un mathématicien pied-noir à la « gueule cassée » :
Gaston JULIA (Sidi-bel-Abbès 1893 - Paris 1978)
Issu d’un milieu pauvre, Gaston Julia fit des études élémentaires à Sidi-bel-Abbès, sous la
légendaire sœur Théoduline, puis au lycée d’Oran, Il fut reçu en 1911 premier à l’École
polytechnique et à l’École normale supérieure. Mobilisé pendant la première guerre mondiale, il est
grièvement blessé et perd le nez au Chemin des dames en janvier 1915, au cours d’une attaque
destinée à célébrer l’anniversaire du Kaiser. Sauvé par une infirmière norvégienne, il porta une
sangle de cuir à travers le visage pour le restant de ses jours. C’est à l’hôpital, où il subit plusieurs
opérations douloureuses, qu’il construit son œuvre mathématique : sa thèse de 1917 porte sur la
théorie des nombres. En 1918 il publie un important Mémoire sur l'itération des fonctions
rationnelles de 199 pages, qui lui vaut le Grand prix de l’Académie des sciences. Il entre à
l’Académie des sciences en 1934 et est professeur de géométrie à l’École polytechnique de 1936 à
1956. Julia fut un mathématicien français réputé de l’entre-deux-guerres.
Gaston Julia épousa en 1918 son infirmière, Marianne Chausson (1893-1971), troisième fille du
compositeur Ernest Chausson (1855-1899) ; ils eurent six fils. Marianne Chausson avait auparavant
rompu des fiançailles hasardeuses avec François Mauriac (1885-1970).
Les travaux de Julia traitent principalement de
l’étude des figures du plan complexe obtenues par
itérations successives de fonctions rationnelles.
Dans son mémoire de 1918, il donne une descrip-
tion précise de l’ensemble de Julia rempli d’une
fonction rationnelle. Des séminaires furent orga-
nisés en 1925 pour étudier son œuvre, auxquels
participèrent Brauer, Hopf et Reidemeister. H.
Cremer écrivit un essai sur son travail et visualisa
pour la première fois un ensemble de Julia.
L’œuvre de Julia fut oubliée après la seconde
guerre mondiale, jusqu’à ce que Benoît Mandel-
brot (1924-2010) s’en inspire pour développer la
théorie des fractales. Ainsi, Julia fut un des
précurseurs de la théorie moderne des systèmes
dynamiques.
Gaston Julia fut l’une des gloires de l’Algérie française. En 1934, l’Echo d’Alger a consacré une
pleine page à ce mathématicien qu’on ne disait pas encore « pied-noir ». Un livre récent de Michelle
Audin rappelle toutefois que l’astronome Pierre Fatou (1878-1929) s’était intéressé dès 1906 aux
systèmes dynamiques, et publia en 1920 des résultats très voisins de ceux de Julia en appliquant les
méthodes de Paul Montel. Pour une raison ou pour une autre, Fatou n’a pas concouru pour le Grand
Prix de 1918, avant de mourir jeune. L’œuvre de ce mathématicien discret mais talentueux a été
injustement occultée. Selon Michèle Audin, l’ensemble dit « de Julia » devrait plutôt s’appeler
ensemble de « Montel-Fatou-Julia ».
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Bibliographie
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R. Devaney : An Introduction to Chaotic Dynamical Systems, Addison Wesley, 1989.
H.-O. Peitgen, H. Jürgens, D. Saupe : Chaos and Fractals, Springer, 1991
R. Holmgren : A first course in discrete dynamical systems, Springer
J. Hubbard, B. West : Equations différentielles et systèmes dynamiques, Cassini
M. Demazure : Catastrophes et bifurcations, Ellipses
P. Naudin, C. Quitté : Algorithmique algébrique, Masson
J.-L. Ovaert & J.-L. Verley : Analyse, 1, Nathan, p. 217-260.
J.-M. Ferrard : Maths et Maple, Dunod, 1998
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Clarisse : Théorème de Sarkovski, RMS, nov. 1997.
Journées X-UPS 1994 et X-ENS Lyon 1996
Problème de Centrale 1989.
Encyclopedia universalis : Systèmes dynamiques différentiables (A. Chenciner)
Michelle Audin : Fatou, Julia, Montel (Springer, 2009)
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