?

16 220/122

L'ESPAGNE
Historique , Littéraire
ET MONUMENTALE.
171
JE
. s
or

G
S.
 !!!!3
!
mm

Huyot, Soulo. Toulouse

TOUR INCLINÉE À SARAGOSSE . TORRE INCLINADA EN SARACOSA .

 L'ESPAGNE
HISTORIQUE,LITTÉRAIRE ET MONUMENTALE ,
PAR M. P. A. GAUZENCE DE LASTOURS ,

ILLUSTRÉE

QUES ARD GADIE am mais ANAL MOL BUURME 333 AMMAR

TOULOUSE ,
DELSOL , LIBRAIRB- ÉDITEUR ,
Pue Tarponcière , 10 .

1846 .
 L'ESPAGNE
HISTORIQUE , LITTÉRAIRE ET MONUMENTALE .
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
A pensée d'une publication se
rieuse sur l'Espagne a longtemps
occupé notre esprit, bien que les
grandes difficultés d'exécution
nous aient causé jusqu'ici un ef
froi légitime. Les matériaux de
( l'ouvre se présentent, il est vrai,
abondants, riches, féconds; mais
ils semblent taillés pour s'unir
aux proportions d'un de ces monuments éternels que la
science et le génie élèvent quelquefois à la mémoire des
grands peuples. Tout est beau dans le passé de l'Espa
gne, fastes littéraires et gloires historiques : cependant le
pouvoir politique présente depuis un siècle environ une
triste décadence . La dernière dynastie qui a présidé aux
destinées de ce peuple magnanime a laissé l'activité de
l'esprit s'affaiblir et s'éteindre ; l'incurie des gouvernans
est passée peu à peu dans les diverses hiérarchies , de
là dans les individus et dans les meurs . La nalion
trop comprimée s'est repliée sur elle-même ; elle a été
forcée de languir dans l'inertie et le découragement.
Néanmoins la vie ne l'avait pas entièrement abandonné
dans celte période , elle était passée du centre à la cir
conférence et s'y conservait, pour étonner le monde
dans les moments où la patrie était en danger. Les
provinces de la peninsule ont toujours su garder
une puissante virilité , et l'Espagne n'est réellement
déchue que dans son influence extérieure , car à l'inté
rieur, elle a su garder plus de vitalité morale que les
autres peuples , et les vices du gouvernement n'ont pas
entaché la nation. Ainsi les avantages qu'elle a perdus
dans ce sommeil intellectuel de cent ans , au de - là des
quels, elle nous parait si grande d'illustration , seront
moins regrettables , si l'on considère la décrépitude
CONSIDERACIONES PRELIMINARES.
OR mucho tiempo ha sido obje
to de nuestra meditacion una
publicacion formal sobre la
España , pero las dificultades
que hemos esperimentado, ban
sido tan graves é imponentes ,
l quehasta el dia no hemos osa
do realizar nuestro pensami
ento ; pues si por una parte los
materiales de la obra son preciosos y abundantes , por
otra se presentan como cortados para ajustarlos a las
proporciones de uno de aquellos gigantescos y elernos
monumentos que la ciencia y el genio consagran alguna
vez á la memoria de los pueblos. La España encierra
muchas riquezas historicas y literarias con recuerdos de
antigua gloria, mas hace cerca de un siglo , que el poder
político ofrece una triste decadencia ; la última dinastia
que ha presidido a los destinos de este gran pueblo , ha
dejado atenuarse y extinguirse la actividad del espiritu ;
la incuria de los gobiernos ha pasado insensiblemente
á las diferentes gerarquias , y de estas á los individuos
y á las costumbres; y la nacion escesivamente comprimi
da se ha replegado sobre simisma , viendose forzada á
gemir en la inercia , y en el desaliento . Sin embargo
en este período no la habia abandonado del todo la
vida , que retirada del centro y diseminada en la cir
cunferencia se conservaba alli para asombrar al mundo
en los momentos de grandes crisis y peligros de la
patria. Las provincias de la Península han conservado
siempre una poderosa virilidad , y la España solo ha
perdido realmente en su influencia esterior, babiendo
sabido retener en el interior mas fuerza y vitalidad
moral que los demas pueblos , sin que los defectos y
vicios del gobierno la hayan infectado ; de manera que
1
 2 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
morale et religieuse , où sont arrivées , dans le même
temps , les contrées les plus avancées dans la civili
sation industrielle et scientifique.
Aujourd'hui, les conditions d'existence politique sont
étrangement modifiées pour l'Espagne; mais tout en ac
ceptant la rigueur des faits accomplis, on doit certes dé
plorer la manière dont les changements ont eu lieu . L'a
venir jugera sans doute sévèrement le présent , et ce
n'est pas à nous qu'il appartient de soulever le voile qui
couvre ses mystères. En écrivant sur l'Espagne , nous
n'avons à peindre que son passé , qui renferme de
beaux enseignements et de nobles souvenirs. Toutefois,
la réserve que la prudence nous impose , en présence
des événements actuels , ne nous interdit pas d'expri
mer notre opinion sur eux. Nous avons toujours pensé
que la réaction brutale et sanglante qui dure encore ,
s'est opérée au point de vue européen et sous l'in
fluence spéciale des idées françaises , plutôt que d'après
un besoin immédiat , impérieux , généralement senti
dans la nation . Ceux qui ont préparé ou secondé cette
révolution n'ont pas vu , sans doute, qu'ils n'étaient que
les pales copistes de cette époque terrible que tout le
monde connait , parce qu'elle est restée , comme un
grand effroi , dans la mémoire des hommes. Ils ont
persuadé à l'Espagne qu'elle ne pouvait pas demeurer
ainsi en dehors de ce mouvement , dont les commotions
si souvent répétées , depuis cinquante ans , ébranlent
les bases de tous les pouvoirs . L'Espagne , violemment
séparée de tout son passé , a été jetée dans ce grand
tourbillon révolutionnaire , d'où il ne lui sera plus
permis de sortir peut- être. A la voix de prétendus
apotres de la liberté , l'anarchie s'est levée , le bras nu
et sanglant ; elle a hurlé son cri de mort dans la Pénin
sule ; puis , se mettant à l'æuvre , elle a démoli les
églises , banni les prêtres , vendu la cellule des reli
gieux, profané l'autel et chassé sur la terre étrangère les
plus nobles fils de l'Espagne. Les descendants des Ibères,
des Cantabres , des Goths , citoyens d'une même patrie,
sont allés , proscrits ensemble , mendier un asile aux
autres races ; car l'anarchie avait fouillé dans la sépul
lure de leurs ancêtres , pour meurtrir la face des
enfants , avec les ossements blanchis de leurs pères.
Les terribles novaleurs , qui régénèrent ainsi les
peuples par le fer et le pillage , ignorent certainement
que les faits politiques doivent se développer succes
sivement , comme conséquences les uns des autres ,
et que ceux qui demeurent , après les tempêles popu
laires , ne doivent leur durée qu'à leur ressemblance
las ventajas de que le ha privado un letargo intelectual
de cien años , antes de los cuales muestra una extraor
dinaria celebridad é ilustracion , pueden muy bien com
pensarse con la decrepitud moral y religiosa á que han
llegado al mismo tiempo los paises mas a delantados
en la civilizacion industrial y científica .
En el dia las condiciones de su existencia política
se hallan extremamente modificadas, aunque aceptando
el rigor de los hechos consumados, se debe seguramente
deplorar la manera con que se han obrado los cambios.
Sin duda el porvenir juzgará con severidad lo presente,
mas nosotros no somos llamados á descorrer el velo que
cubre sus misterios , y escribiendo sobre la España ,
solo nos proponemos describir sus tiempos pasados ,
donde á la vez se encuentran altas advertencias, y nobles
recuerdos. Esto no obstante , la reserva que nos impone
la prudencia sobre los acontecimientos actuales , no nos
impide manifestar nuestra opinion á cerca de ellos .
Siempre hemos pensado , que la reaccion brutal y san
grienta que todavia sigue su curso , se ha ejecutado
mas bien por alcanzar el nivel de la Europa, y bajo la
influencia especial de las ideas francesas , que por una
necesidad inmediata , imperiosa , y generalmente sen
tida en la Nacion. Ciertamente los que han preparado ,
ó secundado esta revolucion , no han tenido presente
que no eran mas que pálidos copistas de aquella época
terrible, que todo el mundo conoce , porque está gravada
con espanto en la memoria de los hombres . Ellos han
persuadido á la España que no podia continuar como
estaba aislada y fuera del movimiento , cuyos sacudi
mientos tan frecuentemente repetidos de cincuenta años
á esta parte, han conmovido las bases de todos los po
deres , y separada con violencia de cuanto le ha prece
dido , ha sido lanzada en el gran torbellino revolucionario
de donde acaso ya no le sea dado salir. A la voz de los
pretendidos apóstoles de la libertad , la anarquia se ha
erguido con el brazo desnudo y sangriento , ha dado
su grito de muerte en la Península , y poniendo despues
en práctica su obra de exterminio y destruccion , ha
demolido las iglesias, desterrado los sacerdotes , ven
dido la morada de los religiosos , y arrojado à tierra
extrangera los mas ilustres hijos de la España . Los des
cendientes de los Godos , de los Iberos , y de los Cán
tabros , ciudadanos de una misma patria , y proscriptos
juntamente han ido á implorar asilo á las demas razas,
pues la anarquia habia penetrado en la sepultura de sus
antepasados para ajar y golpear el rostro de los hijos
con los huesos emblanquecidos de sus padres.
Los terribles novadores que regeneran asi los pueblos
con el yerro y la rapiña , ignoran sin duda que los
hechos políticos deben desarollarse sucesivamente y
como consecuencias los unos de los otros , y que la
duracion de los que permanecen despues de las bor
rascas populares , depende solamente de su armonia
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
prochaine avec ceux qui les ont précédés. Cet ordre
est leur seule garantie morale , leur condition absolue
d'existence . Les libertés illusoires que la révolte pro
clame sont toutes remises en question , lorsque le
calme revient , ou bien elles deviennent des causes
permanentes de ruine , parce que la véritable sanction
leur manque .
Ainsi , lorsque nous remontons des faits aux lois
qui les déterminent, nous trouvons que la vie sociale
subit la double influence du climat et des institutions
qui , modifiant dans des proportions diverses , le lan
gage et les mœurs , impriment aux événements un
caractère spécial qui les explique. L'action du climat
est constante , mais non pas uniforme , tandis que les
institutions doivent agir uniformément , et tendre à
l'unité qui donne la force , la durée et la perfectibilité
morales aux sociélés. Toutefois ces résultats heureux
ne pourront jamais s'obtenir en dehors de la religion ,
qui renferme le droit de sanction sur les principes
politiques , parce qu'elle les domine ; la religion com
prend la plus vaste unité possible , puisqu'en unissant
l'homme à l'homme , elle réunit l'humanité à Dieu .
La science moderne a d'ailleurs jugé le grand procès
des révolutions , lorsqu'elle a proclamé que l'unité
morale réside dans la monarchie , qui résume la
commune et concentre les forces isolées de la munici
palité. Nous dirons à notre tour , que l'unité reli
gieuse , antérieure au pouvoir politique , réside dans
le catholicisme, et que de leur union intime dépend
la vitalité du corps social . Cette vérité nous apparait
évidente dans l'histoire de la Péninsule . La foi reli
gieuse et le respect de la monarchie illuminent son
passé d'un éclat merveilleux, aux époques de lutte ou
de constitution sociale . Ces deux principes unis se
posent en vainqueurs de l'invasion étrangère , de l'indi
vidualité des provinces , du fractionnement du sol et
des élémens divergents qui s'introduisirent dans l'orga
nisation politique. L'unité religieuse se montre d'abord
salutaire et bienfaisante dans le plus ancien monument
législatif de l'Europe , au moyen age. Le Forum ju
dicum ou Fuero juzgo , donné à l'Espagne gothique
par des prélats catholiques , révèle une science profonde
et une connaissance distincte de l'origine des pouvoirs.
On y voit , la pieuse mansuétude du christianisme
alliée sans effort , au respect de la dignité humaine ;
le catholicisme s'imposant à la barbarie, la dépouillait
peu à peu de sa rudesse sauvage , par les sublimes en
seignements de l'Évangile.
A coté du Fuero juzgo , dont nous aurons à parler
dans la suite , nous trouvons en Espagne , les Fueros
ou chartes municipales , comme second élément poli
tique , étranger au premier , parce qu'il dérivait de la
conquête et du souvenir ravivé de l'organisation ro
3
y semejanza con los que antes existian, siendo este órden
su única garantia moral, su condicion absoluta de exis
tencia , pues las ilusorias libertades que la insurreccion
proclama , son puestas todas en cuestion , luego que
la calma se restablece , ó vienen a ser causas perma -
nentes de ruina , porque les falta la verdadera sancion.
Si de los hechos remontamos á las leyes que los es
plican , vemos que la vida social sufre la doble in
fluencia del clima y de las instituciones , que modifican
de una manera diversa el lenguage y las costumbres ,
imprimiendo a los acontecimientos un carácter especial.
La accion del clima es constante , pero no uniforme,
al paso que las instituciones deben obrar universal y
uniformemente con tendencia a la unidad , que es la que
da a las sociedades la fuerza , la duracion у la perfec
tivilidad , no pudiendo obtenerse estos felices resultados,
sin que la religion ejerza su derecho de sancion sobre
los principios políticos que domina . Ella compren de la
mas perfecta y vasta unidad posible , uniendo el hombre
al hombre y le humanidad a Dios .
La ciencia moderna por otra parte ha juzgado ya el
gran proceso de las revoluciones , reconociendo que la
unidad moral reside en la monarquia que reasume la
comunidad , y concentra las fuerzas aisladas de la mu
nicipalidad ; y nosotros diremos tambien , que la uni
dad religiosa anterior al poder político se encuentra
solo en el catolicismo, y que de su intimo enlace depende
la vida del cuerpo social. Esta verdad resalta y aparece
mas evidente en la historia de la Península . La fé reli
giosa y el respeto de la monarquia iluminan , y hacen
resplandecer prodigiosamente sus tiempos pasados en
las epocas de grandes luchas, o de constitucion social,
presentandose los dos principios unidos como vencedo
res de la invasion extrangera , de la individualidad de
las provincias , de la division natural del suelo , y de los
distintos elementos , que se introdujeron en la organiza
cion política. La unidad religiosa se muestra desde luego
saludable y benefica en el mas antiguo monumento le
gislativo que ofrece la Europa en la edad media . El
Forum Judicum o Fuero Juzgo dado a la España gotica
por Prelados católicos revela una ciencia profunda , y
un conocimiento claro y distinto del origen de los po
deres. En el se ven hermanadas la piadosa mansedum
bre del christianismo y el respeto de la dignidad hu
mapa , y asi fué como la religion católica se impuso
á la barbarie despojandola poco a poco de su rudeza
salvage por las sublimes lecciones del Evangelio .
Al lado del Fuero Juzgo de que tendremos ocasion de
hablar mas adelante , se presentan como segundo ele
mento político diferente del primero , los Fueros , ó
Cartas municipales , resultado de la conquista y de la
memoria reanimada de la organizacion romana. En
 4年 L'ESPAGNE HISTORIQUE ,
maine . Puis , dans les siete partidas de Ferdinand et
d'Alphonse X , vient la constitution de la royauté ,
dont les conditions morales étaient , d'ailleurs , dans
le Forum judicum . Ce principe grandit en défiance
des libertés jalouses de la commune qu'il craint et
respecte en même temps. Enfin , le quatrième élément
se trouve dans les Fueros de la noblesse d’Aragon ,
de Navarre et de Catalogne , qui formaient le code de
l'aristocratie et le droit individuel des armes . Il est
facile de se convaincre , d'après cet exposé , que l'action
simultanée des trois derniers éléments sociaux aurait
produit , après l'expulsion des Maures , des brisernents
continuels dans le sein du gouvernement , si le principe
religieux ne s'était élevé au-dessus d'eux , afin de les
dominer par son unité compacte ; car la monarchie ,
qui affectait le despotisme dans ses formes , trouvait
à sa base la démocratie fière et inquiète .
Ainsi , tous les plus beaux souvenirs de l'Espagne
sont dans les mæurs religieuses. C'est le catholicisme
qui sanctionna l'unité politique et scella les fondements
d'une vigoureuse nationalité. La croix de Pelage réunit
en faisceau toutes les provinces , à mesure qu'elles
s'affranchissaient par la guerre ; car , lorsque la bataille
du Guadalete eut mis fin à la dynastie des Wisigoths,
livré le pays au joug des tribus orientales et africaines ,
la religion releva seule l'étendard royal abattu ; puis ,
l'ayant marqué du signe de la rédemption , elle donna
par lui une vie nouvelle à ce peuple vaincu et créa
une véritable nation espagnole ; l'unité morale sortit
avec elle de Cavadonga , lutta huit siècles, repoussa les
Maures au désert , et constitua la plus étonnante puis
sance que l'homme ait vue sur la terre .
Que l'on ne s'étonne donc pas de trouver la pensée
catholique incrustée partout dans la Péninsule : elle
couvrit si long -temps le pouvoir et la nation de son
égide vénérée ! La loi de nature , qui séparait entr'eux
les habitans des régions diverses de l'Espagne , fut
vaincue par elle ; elle donna en même temps aux
maurs de l'ensemble et de l'harmonie , fondit et méla
toutes les races , en même temps qu'elle imprimait au
caractère général ce relief de haute dignité qui produit,
par la conscience morale , la vraie liberté. Ce peuple ,
que tous les grands écrivains ont admiré , a conservé
jusqu'à nos jours le courage indomptable de ses pères ,
la fidélité aux promesses et la saintelé du serment.
Il a mérité que Jacob Savari lui rendit , dans son
dictionnaire , ce glorieux témoignage de probité :
« Jamais , dit-il , l'Espagnol ne fut infidèle à l'étranger
qui le prit pour confident ; il a toujours conservé
« cette loyauté au milieu des guerres les plus san
glantes. L'attrait de l'or ne lui fit jamais violer un
u pacte stipulé ! .... »
On a souvent répété que le catholicisme , en rendant
seguida vienen las sicte Partidas de Fernando III y de
don Alfonso X , donde se establece la constitucion del
Reinado , erigiéndose y robusteciéndose este principio
en desconfianza de las libertades comunales que teme y
respeta al mismo tiempo. Por último , el cuarto elemento
se encuentra en los fueros de la nobleza de Aragon ,
de Navarra , y de Cataluña , que forman el código de
la aristocracia у el derecho individual de la fuerza . Es
pues fácil convencerse por lo que se acaba de manifestar
que la accion simultanea de los tres últimos elementos
sociales hubiera producido despues de la espulsion de
los Moros continuas oscilaciones y rompimientos en la
máquina del gobierno , si el principio religioso po hu
biese descollado sobre todos ellos , dominandolos con su
unidad compacta , mientras que la monarquia afectando
el despotismo en sus formas , encontraba en su base la
altiva , y agilada democracia.
Asique , todos los mas bellos recuerdos de la España
se hallan en sus costumbres religiosas. El catolicismo
fué el que sancionó la unidad politica, y selló los funda
mentos de una vigorosa nacionalidad . La cruz de Pelayo
ligó todas las provincias conforme iban sacudiendo el
yugo por la guerra , pues cuando la batalla de Guada
lete donde desapareció la dinastia de los Visigodos , so
melió el pais á la dominacion de las tribus orientales y
africanas , la religion sola enarboló el estandarte Real
abatido , é imprimiendole el signo de la redencion , dió
por el una nueva vida al pueblo vencido , y creó una
verdadera nacion española. La unidad moral salió con
ella de Cavadonga , combatió por espacio de ocho siglos ,
arrojó los Moros al desierto , y creó el imperio mas ad
mirable que se ha conocido en el mundo .
No debe pues estrañarse que el pensamiento católico
sobresalga por lodas partes en la Peninsula ; el cubrió
por mucho tiempo el poder y la nacion con su ejida
venerada ; el venció la ley de la naturaleza , que sepa
raba entre si á los habitantes de las diversas regiones
de la España ; el dió a las costumbres el conjunto y la
armonia , mezcló y confundió todas las razas , grabando
al mismo tiempo en el carácter general aquel realce de
alta dignidad , que produce por la conciencia moral la
verdadera libertad. Asi es que este pueblo , objeto de la
admiracion de todos los grandes escrilores , ha conser
vado hasta nuestros dias el ánimo y resolucion indo
mable de sus padres , la fidelidad a las promesas , y la
santidad del juramento , habiendo merecido que Jacob
Savari le consigne en su diccionario un glorioso testi
monio de probidad , diciendo que el Español nunca fué
infiel al extrangero que lo adimtió en su confianza. El
ha conservado siempre esta lealtad aun en medio de
las guerras mas encarnizadas y sangrientas , sin que el
vil interés haya podido jamas hacerle faltar á un pacto
estipulado.
Se ha repetido muchas veces que el catolicismo ha
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
les mœurs fortes et graves , en imprimant aux insti
tutions son cachet de perpéluilé , avait trop séparé
l'Espagne du progrès général des arts et des sciences ;
mais ce reproche est si peu fondé , que la plus grande
partie des esprits scientifiques de cette nation appar
tiennent aux ordres religieux. Nous prouverons dans la
suite que le catholicisme s'est associé à toutes les
gloires de la patrie , à tous ses triomphes. Loin d'en
rayer le génie national , il l'a toujours secondé et
souvent éveillé. Quoi qu'il en soit de l'accusation en
elle -même, nous sommes tenté de croire quelquefois
que le peuple n'a pas peu gagné à son isolement; on
pourrait le regarder comme un véritable bonheur , en
comparaison des malheurs du présent. Il s'est garanti
par là des excès du philosophisme et des guerres de
religion qui en ont été les premières conséquences , et
le pays a été préservé long-temps des orages révolu
tionnaires , où la moralité s'éteint et l'esprit de natio
nalité succombe. Il est d'ailleurs aisé d'expliquer
pourquoi l'Espagne n'a pas suivi les diverses phases
de la civilisation européenne : c'est qu'elle était arrivée
avant les autres peuples aux avantages majeurs qui
en sont résultés ; elle avait depuis long-temps l'égalité
civile et politique, car sa représentation nationale date
du 12me siècle. Elle est si peu éludiée , sous cet aspect ,
que ceux même qui affectent de la plaindre , la ca
lomnient. Quant aux conquêtes secondaires de l'in
dustrie et du commerce, elles ont été arrêtées par la
faute d'une administration incapable qui gouvernait
avec des idées étrangères. Le peuple doit être absous
de ces faules ; il a conservé partout le sentiment de
la dignité nationale , au point qu'il n'est pas un
Espagnol , parmi les exilés en France ou en Angleterre ,
qui envie à ces deux contrées leur liberté entravée et
leur indépendance mensongère. Lorsque les franchises
ne sont pas dans les meurs , c'est vainement qu'on
les cherche dans la loi ; il n'est pas de liberté possible
pour les nations corrompues.
Néanmoins le mouvement a gagné la Péninsule ;
elle s'est plus intimément associée avec les idées ré
volutionnaires dont l'emphase oratoire l'a séduite .
Renonçant à son antique prudence , elle a brisé depuis
20 ans , le cercle protecteur qui l'avait préservée des
innovations violentes . La démocratie a fait irruption
et a donné, pour résultats premiers, la guerre civile ,
la banqueroute , la proscription . Le principe monar
chique , vaincu par ses propres excès , a laissé toutefois
debout encore , mais ébranlé , l'élément religieux ; il
peut seul préserver le pays des conséquences extrêmes
de l'anarchie , comme il le racheta autrefois de la
domination élrangere. Lorsque tout meurt et succombe
chez les peuples , la religion leur rend la vie et le
mouvement , en leur ouvrant de nouveau les portes
de l'avenir .
5
alejado la España del progreso general de las ciencias,
haciendo las costumbres fuertes y graves, é imprimiendo
á las instituciones su carácter de perpetuidad ; pero este
cargo es tan ipfundado que la mayor parte de los espi
ritus cientificos de la nacion pertenecen a las órdenes
religiosas , y nosotros probaremos en otro lugar, que el
catolicismo ha estado asociado a todas las glorias y
triunfos de la patria , y que lejos de haber comprimido
y eclipsado el genio nacional , siempre lo ha secundado,
y en no pocas ocasiones le ha dado impulso , sacándolo
de su endormecimiento . Sea lo que quiera de la acusa
cion en sí misma , nosotros nos hemos inclinado á
creer que el pueblo no ha dejado de ganar en este
aislamiento , que se podria mirar como una verda
dera felicidad , si se compara con las desgracias pre
sentes. El lo ha garantido contra los excesos del filoso
fismo, y las guerras de religion que han sido las prime
ras consecuencias , y preservado el pais por mucho
tiempo de las tormentas revolucionarias donde desapa
rece la moral , y el espíritu de nacionalidad sucumbe .
Es fácil por otra parte esplicar porque la España no
ba seguido las diversas fases de la civilizacion Europea .
Ella habia tocado antes que los demas pueblos sus mas
ventajosos resultados ; ella poseia desde muy antiguo la
libertad civil y política , remontando su representacion
nacional al siglo 12º, y bajo este aspecto ha sido tan
poco conocida , que aun aquellos que afectan compa
decerla , la calumnian . En cuanto a la industria y el
comercio , la incapacidad de una administracion que go
bernaba con ideas extrangeras , ha detenido sus progre
sos y adelantos ,y el pueblo debe ser absuelto de estas fal
tas. El ba conservado por todas partes el sentimiento
de la dignidad nacional hasla tal punto que no hay un
Español de los desterrados en Francia é Inglaterra ,
que envidie á estos dos paises su menguada libertad ,
y su mentida independencia. Cuando las franquicias no
están en las costumbres , en vano se buscan en la ley ;
no hay libertad posible para las naciones corrompidas.
Con todo , el movimiento ha ganado la Península ;
seducida por el aparato y énfasis oratoria de las ideas
revolucionarias se ba asociado mas intimamente a ellas ,
у renunciando á su sensatez proverbial y antigua pru
dencia , ha roto de veinte años á esta parte el círculo
protector que la tenia á cubierto de inconsideradas y
violentas innovaciones . La democracia ha hecho su ir
rupcion , y dado por funeslos é inmediatos resultados la
guerra civil, la bancarrota y la proscripcion. Mas el prin
cipio monárquico vencido por sus propios excesos , ha
dejado todavia de pié , aunque conmovido , el elemento
religioso. Este solo puede preservar el pais de las conse
cuencias extremas de la anarquía , como en otro tiempo
lo rescaló del yugo y dominacion extrangera. Cuando
todo muere y se extingue en los pueblos , la religion les
vuelve la vida y el movimiento , abriendoles de nuevo
las puertas del porvenir.
 6 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
Telles sont les données générales sur lesquelles
reposeront les développements ultérieurs de notre plan
d'études . Nos lecteurs pourront , d'après cet exposé ,
suivre plus facilement notre pensée , et même saisir
peut-être les rapports qui existent entre le présent et
le passé de la Péninsule , entre sa position topogra
phique et les institutions , entre la vie morale et l'exis
tence politique , à mesure que les faits se produiront
dans les divers ordres de développement.
Mais , avant de parler de l'Espagne comme nation , et
d'ouvrir au lecteur ses fastes historiques et littéraires ,
nous devons la présenter sous le point de vue du sol
et du climat. Jamais aucun peuple n'a dépendu peut
elre, plus que celui qui nous occupe , de la contrée
qu'il habita ; jamais aucun ne s'est montré plus em
preint de ce patriotisme vigoureux que nous appelons
de localité.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
L'Espagne , que l'on désigne aussi sous le nom de
Péninsule Ibérique , est comprise entre le 1er degré de
longitude Est , et le 120 Ouest du méridien de Paris ;
elle s'étend dans la latitude Nord , entre le 360 et le
43°46'40 " . L'Océan la baigne au Nord ainsi qu'à
l'Ouest , la Méditerranée au Sud ; sa superficie totale
est de 23,723 lieues carrées , et sa plus grande lon
gueur, du cap Roca, près de Lisbonne , au cap Creux ,
dernier échelon pyrénéen , est de 230 , tandis que sa
plus grande largeur n'est que de 195. La frontière
française, du cap Higuier au cap Cervera , est de 92
lieues . La forme de l'Espagne serait carrée , sans le
prolongement de la Catalogne à l'est et celui de
l'Andalousie vers l'Afrique. La température , quoique
un peu froide vers le Nord , est en général salutaire.
Ce pays , compris entre les climats 40 et 7° , a ses plus
longs jours de 14 h . 30 m . dans les provinces méri
dionales , et de 15 h . un quart dans celles du Nord .
Lorsque le méridien de Catalogne indique midi , il
n'est que 11 h. 9 m . , en Galice et Portugal . Celle
contrée est à une hauteur moyenne de 130 mètres au
dessus du niveau de la mer , et s'élève insensiblement
· par des plateaux ou parameras superposés , liant ainsi
la surface brisée et toute accidentée de la Péninsule .
Il n'y a pas de pays en Europe plus favorisé par
la nature , et mieux disposé pour arriver à tous
les avantages de la civilisation , à la plus extrême
prospérité. Protégé au Nord par une immense chaîne
de montagnes qui forment sa défense naturelle sur
une superficie de 5020 lieues , il a une grande élendue
de côtes et des ports nombreux sur les deux mers ; son
climat , heureusement varié , produit les fruits des
zones tempérées , mêlés à ceux des tropiques .
Sobre estos principios y datos generales descansarán
los desarrollos ulteriores del plan que nos hemos tra
zado. En vista de ellos los lectores podrán seguir mas
facilmente nuestro pensamiento , y abrazar mejor acaso
las relaciones que ligan lo presente y lo pasado de la
Península , y las que se hallan entre su posicion topo
gráfica y las instituciones , entre la vida moral y la exis
tencia politica , teniendo presentes los hechos que se
vayan produciendo en los diferentes órdenes de expo
sicion .
Pero antes de hablar de la España como nacion , y
abrir sus fastos históricos y literarios , debemos presen
tarla bajo el doble aspecto del suelo y del clima. Ningun
pueblo acaso ha dependido mas que el que nos ocupa ,
del pais que habita , como en ninguno otro se en
cuentra mas impreso aquel patriotismo vigoroso , que
nosotros llamamos de localidad .
GEOGRAFIA FISICA.
La España que se designa tambien con el nombre de
Península ibérica , está comprendida entre el 1° grado
longitud este , y el 12° oeste del meridiano de Paris , es
tendiendose en la latitud norte entre el 36 ,y el 43° , 46' ,
40” . El Oceano la baña al norte y al oeste , y el Medi
terraneo al sud ; su superficie total es de 16,614 leguas
cuadradas, su mayor longitud desde el cabo Roca cerca
de Lisboa hasta el cabo Creus ultimo escalon pirineano,
de 238 leguas , y su mayor latitud de 195. La frontera
francesa desde el cabo Higuier al cabo Cervera tiene 92
leguas . La España ofreceria una forma cuadrada sin la
prolongacion oriental de la Cataluña , y la de la Anda
lucia hacia el Africa. La temperatura algo fria en la
parte del norte , es en general saludable. Esta comarca
que se halla entre los climas 40 y 70, tiene los dias mas
largos de 14 horas y 38 minutos en las provincias me
ridionales , y de 15 y 114 en las del norte. Cuando el
meridiano de Cataluña marca el medio dia , no son mas
que las once y nueve minutos en Galicia y Portugal. Se
encuentra á una altura media de 300 á 400 pies sobre
el nivel del mar , elevandose insensiblemente por me
setas que se sobrepujan , y presentan la superficie de la
Peninsula cortada y enteramente variada.
Es el pais de Europa mas favorecido por la natura
leza , y el mejor dispuesto para llegar al mas alto grado
de prosperidad . Protegido al norte por una inmensa ca
dena de montañas , que hacen su defensa natural sobre
una superficie de 5,020 leguas , posee una enorme exten
sion de costas , y numerosos puertos sobre los dos mares ;
lo felizmente variado de su clima permite las produc
ciones de las zonas templadas y las de los trópicos.
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
RACES PRIMITIVES.
L'Espagne prend son point de départ dans l'unité ;
la première race que l'histoire y place est celle des
Ibères , effluve sorti de l'Asie qui fut le berceau du
genre humain . Les Atlantes d'Afrique y envoyèrent
dit- on , des colonies sous la conduite de Bacchus, Betus ,
Lusus et Tagus. Le premier établissement phénicien
remonte à l'an 2,000 avant notre ère. Quoi qu'il en
soit de ces traditions et de celle qui fait remonter å
Tubal l'origine de ce peuple , le domaine de l'histoire
" De nous permet de reconnaitre en Espagne que deux
races , les Ibères , hommes du fleuve , et les Celtes ou
Galls , hommes des forêts ; les deux races se mélèrent,
s'unirent et formèrent une population mixte appelée
Celtibères. Les Celtes formaient cinq tribus : les Can
tabres, Astures, Vascons, Gallaïciens et Lusitains. Les
Ibères se divisaient en plusieurs peuplades qui s'éten
daient du détroit aux pieds des Pyrénées. Les Celti
bères occupèrent le centre et formèrent quatre tribus.
Strabon dit qu'on trouvait des traces de civilisation
chez ces peuples , dont quelques -uns avaient une
langue régulière , une grammaire et des lois écrites.
Les Phéniciens fondèrent Cadix de l'an 2,000 à 1,500 .
Un roi des Cynètes, appelé Habys, construisit sept villes,
et donna des lois écrites. Dans le 14me siècle avant
J.-C. , les Grecs de Zacinthe fondèrent Sagonte et un
siècle plus tard , Hercule laissa une colonie à Calpé.
Cependant une puissante nation s'était formée du
mélange des Ibères et des Celtes , tandis que les Ty
riens établissaient leurs comploirs à Tarses , que les
Rhodiens , les Samiens , les Phocéens , arrivaient
successivement sur ces rivages . Carthage s'étant élevée
dans la décadence de Tyr , aborda à son tour en
Espagne et s'y établit après neuf combats , en 488.
Le peuple romain , après avoir soumis toutes les parties
de la Péninsule italique , trouva les Carthaginois en
Sicile, les poursuivit dans leurs possessions d'Espagne,
dont elle fit une de ses provinces l'an 200 avant J.-C.
Les Romains y introduisirent leurs lois , leurs coutu
mes et leur langue , après avoir vaincu les longues
résistances qu'opposa la race conquise dans Numance
et Calagurris, sous Viriate et Sertorius. Auguste qui pa
cifia le pays, après avoir vaincu les fils de Pompée , le
divisa en trois provinces , sous les noms de Lusitanie ,
Bétique et Tarragonaise. La première comprenait les
régions occidentales et confinait par le Duero et le
Tormés à la seconde ; elle renfermait l'Estramadure
et une grande partie du Portugal, avec Emerita Augusta
( Merida ) pour capitale. La Bétique , qui avait Cordoue
pour capitale , était séparée de la Lusitanie par les
monts Mariani , à partir de l'embouchure de la Gua
7
RAZAS PRIMITIVAS.
La España toma en la unidad su punto de partida. La
primera raza que segun la historia se conoció en
ella , es la de los Iberos , efluvio salido del Asia , que
fué la cuna del género humano . Los Atlantes de Africa
enviaron colonias conducidas por Betus , Lusus y Tagus.
El primer establecimiento fenicio remonta al año
2,000 antes de nuestra era.Mas sea lo que quiera deestas
tradiciones y de la que fija en Tubal el origen de este
pueblo , nosotros no podemos reconocer historicamente
en España mas que dos razas , los Iberos , hombres del
rio , y los Celtas ó Gals , hombres de los bosques ; en
trambas se mezclaron , se unieron , y formaron una po
blacion llamada Celtiberos. Los Celtas componian cinco
tribus, los Cántabros, Asturianos , Vascos, Gallegos ,
y Lusitanos. Los Iberos se dividian en muchas colonias,
que se estendian desde el estrecho hasta las faldas de
los Pirineos. Los Celtiberos ocuparon el centro distri
buidos en cuatro tribus. Segun Strabon , se veian en
estos pueblos señales de civilizacion , teniendo algunos
una lengua regular, una gramática y leyes escritas. Los
Fenicios fundaron á Cadiz en los años de 2,000, á 1,500 .
Un Rey de los Cinetas llamado Habis construyó siete
Ciudades, y dió leyes escritas en el siglo 14º antes de
J.-C. Los Griegos deZacintho fundaron á Sagunto , y Hér
cules un siglo despues estableció una colonia en Calpe.
Entre tanto una poderosa Nacion se formaba del otro
lado del Mediterraneo de la mezcla de los Iberos y
de los Celtas , mientras que los Tirianos sentaban sus
factorias en Társis , y los Rodios, los Samienses y los
Focios abordaban sucesivamente a estas riveras. Cartago
que se habia levantado en la decadencia de Tiro , llegó
á España á su vez , y se fijó en ella despues de nueve
combates en 488. El pueblo romano laego que subyugo
todos los de la Península Itálica , encontró á los Carta
ginenses en Sicilia , y los persiguió en sus posesiones de
España , de que formó una de sus Provincias en el año
de 200 antes de J.-C. Los Romanos , habiendo vencido
las largas resistencias que les opuso la raza conquistada
en Numancia , y Calagurris, bajo Viriato y Sertorio, intro
dugeron sus leyes, sus costumbres y su lengua. Vencidos
los hijos de Pompeyo por Augusto , este dió la paz al
pais , y lo dividió en tres Provincias con los nombres de
Lusitania , Bética y Tarraconense. La primera com
prendia las regiones occidentales, y confinaba con la se
gunda por el Duero y el Tórmes , abrazando la Estre
madura y una gran parte del Portugal con Emerita
Augusta (Mérida) que era la capital. La Bética se ha
llaba separada de la Lusitania por los montes Mariani
desde la embocadura del Guadiana hasta Despeñaper
ros , y de la Tarraconense por una línea que pasara por
8 L'ESPAGNE HISTORIQUE
diana jusqu'à Despeña Perros , el de la Tarragonaise
par une ligne qui passerait par Ciudad Real et le fleuve
Almanzor .
La Tarragonaise était la plus étendue , et fut ensuite
divisée en trois parties. Nous ne pouvons pas nous
arrêter à énumérer les populations de ces diverses
parties , connues de nom , mais dont on ignore l'ori
gine. Ces divisions disparurent à l'invasion gothique en
456 , après que les Alains , les Suèves et les Vandales
eurent passé sur elles . La Bétique reçut, des peupla.
des qui l'occupèrent , le nom de Vandalousie. Les
Suèves s'établirent aux environs de Braga , et les
Goths qui vinrent ensuite , occupèrent Tolede ; ceux - ci
soumirent les autres barbares el les réduisirent lous ,
ainsi que les Romains , à l'état de serfs , se réservant
la dénomination existante encore aujourd'hui, de lijos
del Godo . Après 256 ans de domination agilée et peu
unilaire , la bataille de Xerez de la frontera intro
duisit en Espagne une nouvelle race , une autre langue
une nouvelle dénomination de lieux , et d'autres
divisions de territoire. Les traces de la conquêle Arabe
sont encore profondément marquées en Espagne ,
dans les noms de fleuves et de montagnes surtout ;
mais comme les divisions politiques furent soumises
aux succès de leurs armes , à leurs conqueles el å
leurs défaites , il y eut une grande confusion dans la
Géographie. On ne peut guère s'en faire une idée
claire avant le temps de Ferdinand roi d'Aragon ,
qui réunit, par son mariage avec Isabelle de Castille ,
toutes les couronnes qui constituèrent ensuite la mo
narchie espagnole.
Dans les beaux jours de la domination des Arabes ,
leur capitale était Cordoue ; mais bien qu'ils eussent
soumis la plus grande partie de la contrée , ils ne
pénétrèrent jamais ni en Galice, ni en Cantabrie , qu'ils
appelaient Valed Roumi , terre romaine , tandis qu'ils
désignaient toute la Péninsule par le nom général
d'Andalousie. L'Espagne se divisa avec eux en une
infinité de petits royaumes , tantot indépendants de
celui de Cordoue , tantot soumis aux Califes , et dont
on ne peut se faire qu'une idée confuse , d'après
l'ouvrage du géographe maure Gerif el Edrisi. Nous
savons , toutefois que l'Espagne fut divisée par l'Emir
Ayoub en qualre grandes parties , savoir : 1 ° Al-Gouf ,
le Nord , 2° Al-Sharqyah , (l'Orient ) ; 3º Al-Garb , (l'Oc
cident , d'où Algarve ) ; 4. Al-Keblah , (le Midi)
Sous l'émir Yousouf , en 749 , elle comprenait cinq
provinces ; 1° l'Andalousie ; 2 ° Tolède , depuis Guada
lajara á Valence et Carthagène ; 30 Mérida , avec la Lu
sitanie et la Galice ; 40 Saragosse , avec Pampelune et
Tortose ; 5° la province d'Arbona (Narbonne en Septi
manie ) , comprenant Carcassonne et Nimes.
Toutefois , lorsque Pelage et ses successeurs eurent
Ciudad Real y el rio Almanzora , teniendo á Córdoba
por capital.
La Tarraconense que era la mas extensa , fué despues
dividida en tres partes ; no pudiendo detenernos en enu
merar las diferentes poblaciones contenidas en ella ,
porque solo se saben sus nombres , ignorándose su eti
mologia. Estas divisiones desaparecieron en la invasion
Gótica en 456 , despues de la dominacion pasagera de los
Alanos , los Suevos y los Vándalos. La Bética recibió de
las ordas que a la vez la ocuparon , y devastaron , el
nombre de Vandalucia . Los Suevos se establecieron en
los contornos de Braga, y los Godos que llegaron despues
ocuparon a Toledo; estos sometieron los demas pueblos
bárbaros , y los redujeron a todos, como a los Romanos
al estado de esclavos, reservándose la denominacion
que todavia se conserva de hijos del Godo . Al cabo de
256 años de una dominacion agitada la batalla de
Xerez de la Frontera introdujo en España una nueva
raza , otra lengua , una nueva denominacion de lugares ,
y otras divisiones del territorio. Los vestigios de la con
quista Arabe se encuentran todavia grabados en los
nombres de los rios, y particularmente en los de las
montañas ; pero como las divisiones políticas dependian
del suceso de sus armas , de sus conquistas , y de sus
derrotas , resultó en la geografia una confusion tan
extraordinaria , que no es posible adquirir una idea
clara de ella antes del tiempo de D. Fernando rey de
Aragon que enlazándose en matrimonio con D. Isabel
de Castilla , reunió todas las coronas de que se formó
despues la monarquia Española .
En los mas bellos dias de la dominacion de los Arabes
su capital era Córdoba , y aunque llegaron a subyugar
la mayor parte del pais , nunca pudieron penetrar en
Galicia , ni en Cantabria , que ellos llamaban Valed Ru
mi, tierra Romana , designando toda la Península con el
nombre general de Andalucia . La España se dividió con
ellos en un numero prodigioso de pequeños reinos
independientes los unos del de Córdoba , y sometidos los
otros á los Califas , de los cuales solo da una idea confusa
la obra del geógrafo Moro Gerif el Edrisi . Pero sabemos
que el Emir Ayoub dividió España en cuatro partes , á
saber : 10 Al-Gouf (el norte ); 2. Al-Sharqyah ,(el oriente);
3 ° Al-Garb, (el occidente) de donde se hizó despues Al
garbe en Portugal; 40 Al- Seblah , (el sur ).
En el año 749 , bajo el Emir Yusuf , la España com
prendia cinco provincias. 10 Andalucia ; 20 Toledo,
desde Guadalajara hasta Valencia y Cartagena ; 3º La
provincia de Mérida , con la Lusitania y la Galicia ;
40 Zaragoza , con Pamplona y Tortosa ; 5° la provincia
de Arbona (Narbona ) en Septimania , desde Carcasona
hasta Nimes .
Mas luego que Pelayo y sus sucesores enarbolaron en
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
élevé sur les monts des Asturies et de Biscaye , la
croix , symbole de liberté et d'affranchissement , les
royaumes de Galice et de Léon se formerent des
lambeaux arrachés à l'infidèle par ces montagnards
rudes et tenaces. Ils rachetaient , jour par jour , pied
à pied , le glaive au poing , ce noble héritage perdu
par une race dégénérée. Alors des principautés ,
seigneuries furent créées , indépendantes d'abord , puis
fédéralisées , mais conservant leurs premières déno
minations , leurs limites , leur caractère particulier
avec des priviléges qui rappellent encore la part de
chacun dans la conquête. C'est ainsi que l'Espagne
se trouva divisée , au 15e şiècle , en quinze parties
distinctes , mais réunies dans une puissante monar
chie. Cette division , qui se lie à celle du territoire ,
a besoin d'être connue pour l'intelligence de l'histoire.
La conquête chrétienne partagea l'Espagne ainsi qu'il
suit :
Royaume de Galice. Royaume de Murcie.
Principauté des Asturies. Royaume de Valence .
Royaume de Léon. Principauté de Catalogne.
Vieille Castille. Royaume d'Aragon.
Nouvelle Castille . Royaume de Navarre.
La Manche . Provinces Basques.
L'Estramadure . Iles Baléares.
Andalousie .
Ces grandes divisions en supposent une infinité
d'autres dont nous aurons occasion de parler plus
tard , à mesure que le cercle de nos travaux s'élargira.
Il nous importe aujourd'hui de tracer la configuration
physique de la Péninsule , car tout le passé et le
présent de l'Espagne sont dans cet exposé. Il n'y a
pas de peuple qui porte plus profonde l'empreinte du
sol et des influences climatériques.
SYSTÈME DE MONTAGNES.
Quelques géographes ont cru que toutes les chaines
de la Péninsule se rapportaient directement ou indi
rectement au système pyrénaïque ; mais il est facile
de se convaincre que cette opinion est au moins
hasardée", si elle n'est pas absurde. Des études longues
et patientes ont fait reconnaitre sept systèmes divers
presque tous parallèles à l'équateur: 10 le Pyrénaïque ;
l'Ibérique ; 3° le Carpetan vétonique ; 40 le Lusitanien ;
50 le Marianique ; 6° le Cunéique ; 7° le Bétique.
L'Espagne morale se trouve tout entière dans ses
montagnes ; les limites des sierras ont donné un ca
ractère distinct à chacune des contrées qu'elles enser
rent ; mais , en les séparant ainsi , elles les ont
isolées de l'Europe par les Pyrénées , afin que
chaque individualité fùt forcée , pour ainsi dire ,
d'adhérer à l'unité . Des parameras , formées par les
9
las montañas de Asturias y de Vizcaya , el estandarte de
la cruz símbolo de libertad é independencia, se formaron
los reinos de Galicia y Leon del terreno arrancado al
infiel por aquellos rudos y obstinados montañeses , que
con la espada en la mano recobraban dia por dia y palmo
á palmo la noble herencia perdida por una raza dege
nerada. Entonces se crearon principados y señorios , que
independientes al principio , fueron despues confedera
dos , manteniendo siempre sus antiguas denominaciones ,
sus limites geográficos y su carácter particular , con
privilegios que aun recuerdan los tiempos de su con
quista y de su gloria ; de manera que en el siglo 15º se
vió dividida la España en quince partes distintas que
sin embargo estaban reunidas en una poderosa monar
quia. Para la inteligencia de la historia es preciso dar
conocer esta division que se encuentra ligada a la del
territorio . He aqui como dividió la España la conquista
Cristiana.
Reino de Galicia . Reino de Murcia .
Principado de Asturias. Reino de Valencia .
Reino de Leon . Principado de Cataluña.
Castilla la vieja. Reino de Aragon.
Castilla la nueva . Reino de Navarra .
La Mancha . Provincias Vascongadas.
Estremadura . Islas Baleares.
Andalucía .
Estas grandes divisiones suponen otras infinitas deque
tendremos que hablar a medida que se vaya ensanchan
do el círculo de nuestros trabajos. Ahora nos importa pre
sentar la configuracion fisica de la Península, porque to
do lo pasado y lo presente de la España se halla en esta
exposicion, y en ningun otro pueblo está mas profunda
mente grabada la impresion del suelo , y de las influen
cias del clima.
SISTEMA DE MONTAÑAS .
Algunos geógrafos han creido que todas las montañas
de la Peninsula correspondian directa o indirectamente
al sistema Pirenaico'; pero es fácil convencerse de que
esta opinion , sino es absurda , es aventurada al menos .
Los estudios profundos y estensos , que se han hecho
sobre la materia , dan á conocer siete sistemas dife
rentes , casi todos paralelos al ecuador : 1° el Pire
naico. 20 el Ibérico . 3º el Carpetano Vetónico. 40 el Lu
sitano. 50 el Marianico . 60 el Cuneico . 70 el Bético .
Toda la España moral se encuentra en sus montañas.
Los límites de las Sierras han dado un carácter diverso
á cada una de las comarcas que encierran , y separán
dolas entre si , las han dejado al mismo tiempo aisladas
de la Europa por los Pirineos a fin de que cada indivi
dualidad se viese como forzada á aderirse á la unidad .
Parameras formadas por las prolongaciones de las coli
2
10 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
prolongement des collines , s'étendent sur les divers
systèmes jusqu'à leurs crêtes , et les réunissent l'un á
l'autre pour former quatre grands versants qui cons
tituent , mieux que les systèmes de montagnes , la natu
re diverse du sol et la différence des climats. Il ré .
sulte de cette contexture admirablement étendue de
la Péninsule quatre grands versants , 1º le Cantabrique
ou septentrional ; 20 l'Ibérique ou oriental ; 30 le
Lusitanien ou occidental ; 4° le Bétique ou méridional.
Les principales paraméras sont celles d'Avila , de
Soria ; celles qui s'étendent entre l'Ebre supérieur et
les sources de la Pisuerga , celles qui se détachent
des monts hespériens .
Le système Pyrénaïque sépare le versant Ibérique
du Lusitanien , et commence dans les plaines du
Roussillon , au cap Creus , pour se prolonger jusqu'à
l'extrémité de la Galice . Son étendue totale est de
375 lieues , et forme quatre différents groupes . Cette
longue chaine détache plusieurs rameaux dans sa
partie occidentale jusqu'à l'embouchure du Duero et
du Minho , vers le cap Finistère et Ortegal ; son groupe
central est le plus élevé , et l'on peut regarder comme
ses contreforts les hauteurs que forment en Catalogne,
en Aragon et en Navarre, ces crètes saillantes, ces pics
décharnés qui séparent entr'eux les affluents septen
trionaux de l'Ebre . Les points culminants du système
sont : le Netou , haut de 3,482 mètres , au-dessus du
niveau de la mer ; le pic de Pesets de 3,437 ; le
Mont perdu de 3,404 ; le cylindre de Marboré de
3,368 , et le Vignemale de 3,353 .
Le système Ibérique, qui part des sources mêmes de
l'Ebre près de Reynosa , est séparé des Pyrénées par des
paraméras ; il serpente , se rapproche de l'Est , et se
dirige ensuite vers le Sud comme pour se réunir à la
Sierra Morena. La partie septentrionale de ce système
présente le groupe vaste et majestueux des monts Oca
et Moncayo, dont les cimes apparaissent déjà des plaines
de Saragosse et de Burgos. Là prennent leur source
le Tage et le Duero. Des monts Ibériques se détache
au Sud-Est la Sierra Molina qui , s'unissant aux monts
Albaracin et de Cuenca , forme un groupe appelé
Hespérique , avant d'aller mourir ensuite à Minaya et å
San Clemente . Les routes de Madrid en Navarre et à
Saragosse coupent cette chaine à une hauteur de 227 å
259 mètres. Quatre cours d'eau naissent dans ces points
élevés et prennent différentes directions , entr'autres
le Guadalquivir et le Gabriel. C'est dans l'Albaracin ,
sur les rives mêmes de l’Alambra , qu'on voit ces
immenses amas de fossiles dont parle Bowles , et qu'on
avait d'abord pris pour des ossements humains. De
cette errreur est venu le nom de Calaveras donné à
ce lieu . Les Sierras Madera et Ministra sont les appen
dices de cette chaîne , où l'on trouve encore la Sierra
Menera qui renferme les plus riches mines de fer de
nas ó mesetas , se estienden sobre todos los sistemas basta
sus crestas, y reuniendo los unos á los otros , presentan
cuatro grandes vertientes, que constituyen mejor que
aquellos la distinta naturaleza del suelo , y la variedad de
los climas. Las cuatro grandes vertientes que resultan
de esta admirable estructura son , 1° la Cantábrica , Ó
septentrional ; 20 la Ibérica ú oriental ; 3. la Lusitana á
occidental ; 40 la Bética ó meridional. Las principales
Parameras son las de Avila , las de Soria ,,las que se es
tienden entre el Ebro superior y el nacimiento del Pi
suerga , y las que se desprenden de los montes Hesperia
DOS .
El sistema Pirenaico que separa la vertiente ibé
rica de la Lusitana , parte de las llanuras del Ro
sellon en el cabo Creus , y se prolonga hasta la
estremidad de la Galicia . Su estension total es de
375 leguas , formando cuatro grupos diferentes. Esta
larga cadena despide muchos ramales en la parle
occidental hasta la embocadura del Duero y del
Minho , hacia el cabo Finisterre y Ortegal. Su
grupo central es elevado, y se pueden considerar como
sus estribos las alturas que forman en Cataluña ,
Aragon y Navarra , aquellas crestas elevadas y picos
descarnados , que dividen las avenidas septentriona
les del Ebro. Los puntos culminantes del sistema
son el Neton de 10,719 pies de altura sobre el nivel
del mar ; el pico de Pesets de 10,580 ; el monte per
dido de 18,479 ; el cilindro de Marbore de 10,363 ; y
el viñamale de 10,322 .
El sistema ibérico principia en los manantiales y
fuentes del Ebro cerca de Reinosa. Separado de los
Pirineos por Parameras , serpentea y se aproxima al
este , dirigiéndose despues hacia el sud , como para
reunirse á la Sierra Morena. En la parte septentrional
de este sistema aparece el vasto y magestuoso grupo de
losmontes de Oca y Moncayo , cuyas cimas se dis
linguen desde las llanuras de Zaragoza y Burgos;
alli tienen su nacimiento el Tajo y el Duero. De los
montes ibéricos se desprende al sud - este la Sierra
Molina , que uniéndose á las de Albarracin y de
Cuenca forman un grupo llamado Hispérico , y van
despues á morir á Minaya y S. Clemente. Esta cadena
está cortada por las carreteras de Madrid á Navarra
y Zaragoza á una altura de 700 á 800 pies ; cuatro
corrientes de agua nacen en estos punlos elevados ,
y entre las diferentes direcciones que toman , se hallan
el Guadalquivir y el Gabriel . En Albarracin se ven
sobre las riberas del Alambra aquellos montones de
fosiles, de que habla Bowles, y en que se creyó encon
trar despojos humanos , habiendo producido este error
el nombre de Calaveras dado á aquel lugar. Las
Sierras Madera y Ministra sirven de apendices á esta
cadena , que tambien abraza la Sierra Menera , donde
 L'ESPAGNE HISTORIQUE
toute l'Espagne. Dans ces contrées , la roule est
toujours à une hauteur de 1,559 mètres. De ce système
sortent les Sierras de Gador et de Jiloca , dont les
ramifications , après avoir embrassé celle de Bayles ,
pénètrent dans le royaume de Valence , comme pour
abriter ce pays favorisé du ciel , avec leurs grands
bras arrondis et allongés jusqu'à Péniscola d'un coté ,
et le cap Orospeda de l'autre. Au -dessus de ces mon
tagnes , s'élève la Muela de Arès avec ses horribles es
carpements et ses affreux précipices ; la gigantesque
Pena Golosa qui se dresse de 1,949 mètres sur les cra
tères éteints qu'elle domine,
Sur l'immense plateau qui s'étend vers les bases
occidentales et septentrionales du système Ibérien ,
commence le Carpetan -Vetonique : c'est une cordillière
tortueuse , étroite , escarpée , et célèbre par les monts
Somosierra , St- Ildefonse et Guadarrama qui voit sur
son versant méridional le majestueux et sombre édifice
de l'Escurial ; la chaine entière couvre et protége la
Nouvelle Castille. La route qui traverse le Guadarrama
est la plus belle d'Espagne ; on y trouve un lion de
marbre qui détermine la limite de ces deux versants,
et de sa cime on peut voir en même temps la vieille
et la nouvelle Castille . A la suite de cette Sierra vient
celle de Gredos avec ses hautes parameras , et dont
les versants donnent naissance au Tormès' , å l'Alber
ché , au Tietar . Sur un de ses pics appelé le Palais
du Maure Almanzor , se conservent des neiges per
pétuelles. La constitution de la Sierra est de ce granit
brun dont la couleur sombre a contribué à donner à
la magnifique architecture de l'Escurial cette teinte de
sévère tristesse qui le caractérise. Le cours de l'Alagon
sépare la Sierra de Gredos de celles de Gata dont le
prolongement forme celles d'Estrella et de Cintra.
Le système Lusitanique se présente moins élevé
que le précédent ; ses racines se perdent dans les
paraméras qui séparent les monts de Tolède de ceux
de Cuenca ; c'est une chaîne basse qui se prolonge
sinueuse entre le Tage et le Guadiana ; ses versants
orientaux descendent jusque sur le grand plateau de
la nouvelle Castille . Elle se prolonge par les Sierras
de Guadalupe dont le monastère est célèbre , de
Montanchos , de los Santos , de San Pedro et de
San Mamed , qui , après avoir décrit mille lignes brisées
et capricieuses , enlacent celle de Estremoz, qui semble
ne s'étendre elle -même que pour séparer le Sado du
Guadiana .
Les anciens appelaient Montes Mariani le système
connu aujourd'hui sous le nom de Sierra Morena ,
et qui se développe du Nord - Est au Sud -Est comme
pour rallier plusieurs montagnes. La route de Madrid ,
par la nouvelle Castille et la Manche , la traverse ;
11
se ve la mas rica mina de yerro de toda la Fspaña.
TI
En estas comarcas el camino se encuentra siempre à
una altura de 4,800 pies. De este sistema salen las
Sierras de Gador y Jiloca , cuyas ramificaciones
abrazan la de Bailes , y penetran en el reino de
Valencia para ceñir y defender este risueño pais
favorecido del cielo con sus grandes brazos prolon
gados hasta Peñiscola por un lado , y hasta el cabo
de Orospeda por el otro . En estas montañas se eleva
la muela de Arres con sus horribles cortaduras y des
filaderos , y con sus espantosos precipicios , y la gigan
tesca peña Golosa , que se remonta á 5999 pies sobre
las crateras apagadas que domina.
En la enorme mesa ó esplanada que se estiende
hacia las bases occidentales y septentrionales del
sistema ibérico , principia el Carpetano Vetónico , que
es una cordillera tortuosa , estrecha , escarpada y
celebre por los montes de Somosierra , S. Ildefonso
y Guadarrama que cubre en su vertiente meridional
el sombrio y magestuoso edificio del Escorial. Toda
la cadena resguarda y protege á Castilla la Nueva.
La carrera que atraviesa Guadarrama , es la mas
bella de España , encontrándose en ella un leon de
mármol que señala el límite de sus dos vertientes , y
pudiéndose ver desde su cima las dos Castillas.
A continuacion de esta Sierra se presenta la de Gredos
con sus altas Parameras , y cuyas vertientes dan na
cimiento al Tormes , al Alberche y al Tietar. Sobre
uno de sus picos llamado el palacio del Moro Almanzor
se conserva perpetuamente la nieve. La constitucion
de la Sierra es de un granito de color pardusco , que
contribuye á dar à la magnifica arquitectura del
Escorial aquel aire de severidad que le distingue.
El curso del Alagon separa la Sierra de Gredos de la
de Gata , cuya prolongacion forma la de Estrella , y
la de Cintra .
El sistema Lusitano menos elevado que el prece
dente , y cuyas raices se pierden en las Parameras que
separan los montes de Toledo de los de Cuenca , es una
cadena baja que se prolonga describiendo sinuosidades
entre el Tajo y el Guadiana , y descendiendo sus ver
tientes orientales hasta la grande esplanada de Castilla
la Nueva , se dilata por las Sierras de Guadalupe celebre
por el monasterio de su nombre , de Montanchos , de
los Santos , de S. Pedro y de S. Mamed , las cuales
tienen mil lineas cortadas y caprichosas , y enlazan
la de Estremoz , que parece se estiende solo para
separar el Sado del Guadiana .
Los Antiguos llamaban montes Mariani el sistema
que en el dia es conocido con el nombre de Sierra
Morena . Se desarrolla del nord - este al sud - este como
para entrelazar muchas montañas , y lo atraviesa la
carretera de Madrid por Castilla la Nueva y por la
 12
L'ESPAGNE HISTORIQUE .
son sommet le plus élevé n'est pas au-delà de 1,000
mètres . A sa droite est la Sierra de Cordoue , qui s'unit
à la Constantine. A la Sierra Morena se rattachent
celles de Guadalcanal et Monasterio , par lesquelles
on a tracé la roule d'Estramadure à Séville. Quelques
contreforts de ce système se dirigent au Nord comme
pour le réunir au Lusitanique , à travers lequel le
Guadiana s'est frayé un passage. La Sierra Morena
présente des pentes douces et des sommets ondulés ;
ses versants opposés offrent une végétation différente :
d'un coté sont les romarins , les cystes et les thyms ;
de l'autre les plantes africaines , les chènes verts ,
les lentisques et les arbousiers. La montagne est de
nature schisteuse , et renferme des mines de mercure ,
de plomb et d'argent.
Le système Cunéïque ou des Algarves n'est , à
vrai dire , qu'une suite de roches qui méritent à peine
une mention à coté des groupes plus nobles que nous
avons parcourus : on pourrait le réunir à la Sierra
Morena , si l'embouchure du Guadiana ne l'en sépa-
rait . Le fleuve , après s'être ouvert un passage à travers
un éperon de la Sierra d'Aracena et la base cunéïque ,
s'élance dans la mer par le Saut du Loup , au Pas de
Serpa. La Cordillière se compose des Sierras de
Calderon et de Munchingue . La première , toute volca-
nique se dirige vers l'Orient , et la seconde s'avance
jusqu'au cap St- Vincent.
Le système Bétique est le plus admirable pour son
élévation . Il a des cimes plus hautes que les Pyrénées,
et conserve , dans une température méridionale , des
glaces éternelles. La plus longue chaine de ce système
court de l'Est à l'Ouest et détache par intervalles ,
jusqu'à Gibraltar et Tarifa , des contreforts par lesquels
elle correspond avec l'Afrique, dont le rivage montre
aussi l'anneau de l'Atlas que le détroit a rompu . Dans
ses versants occidentaux sont les Sierras de Gibralbin ,
Xerez , Espera , Bornos et Pajarete , toutes riches en
vins délicats. Mais ces monts s'effacent en présence
de l'Ubrique et du Grazalema, dont le point culminant
( San Christoval ) apparait de la Giralda de Séville , à Giralda deSevilla á distancia de 25 leguas,hacinándose
une distance de 25 lieues. Autour du géant glorieux ,
se groupent les Sierras d'Algonodales , Montellano et ,
Gastor , à travers lesquelles se glisse le Guadalete ,
qui va se jeter dans la baie de Cadix. Entre le Gua-
diaro , qui a son embouchure dans la Méditerranée
et le Guadalgorce qui baigne les terres de Malaga ,
est un groupe de montagnes plus élevées , qu'on appele
Serrania de Ronda . La ville qui leur a donné son
nom est bâtie à 1,000 mètres au-dessus du niveau de
la mer ; elle semble jetée lå , entre les immenses
fissures de monts rompus ou profondément sillonnés ,
qui portent l'empreinte effrayante de cette antique
colère de la nature , lorsqu'elle réunit la Méditerranée
à l'Océan . Les épaulements de cette chaîne sont les
Mancha. Su cima mas elevada no pasa de 3,000 pies .
A su derecha está la Sierra de Córdoba , que se une
á la Constantina. A la Sierra Morena se agregan la
de Guadalcanal y Monasterio , por las cuales se ha
abierto la carretera de Estremadura á Sevilla. Algunos
estribos de este sistema se dirigen hacia el norte como
para unirlo al Lusitano , por medio del que se ha hecho
paso el Guadiana . La Sierra Morena presenta pen
dientes suaves , y cimas descuviertas y onduladas ,
con una vegetacion distinta en sus vertientes opuestas ;
en una parte se hallan los romeros , los codesos y
los tomillos , y en la otra las plantas Africanas , los
robles , los lantiscos у los madroños . La montaña es
alegre y pintoresca , y encierra minas de mercurio ,
de plomo y de plata .
El sistema Cuneico o de los Algarves verdaderamente
no es mas que una serie de rocas , que apenas merece
una mencion particular , despues de los grupos mas
nobles que hemos recorrido , y se le podria agregar a la
Sierra Morena , sino los separase la embocadura del
Guadiana . Este rio atraviesa un estribo de la sierra de
Aracena y la base cuneica , y corre hacia el mar por el
salto del lobo en el paso de Serpa . La Cordillera se com
pone de las sierras de Calderon y de Munchinca , diri
giéndose la primera que es enteramente volcánica hacia
el oriente , y avanzando la segunda hasta el cabo de
San Vicente .
El sistema Bético es el mas admirable por su eleva
cion , tiene cimas mas altas que los Pirineos , y con
serva yelos perpetuos en una temperalura meridional .
La mas larga cadena de este sistema corre del este al
oeste , despidiendo por intervalos hasta Gibraltar y
Tarifa estribos por los que se comunica con el Africa ,
cuya ribera presenta tambien la cadena del Atlas que
ha roto el estrecho. En sus vertientes occidentales se
hallan las sierras de Gibralbin , Xerez , Espera , Bornos
y Pajarete , ricas todas en vinos esquisitos , y que desa
parecen ante las de Ubrique y Grazalema , cuyo punto
culminante que es San Cristobal , se descubre desde la
al rededor del Gigante glorioso las sierras de Algodo
nales , Montellano y Gastor por medio de las cuales se
desliza el Guadalete , y lleva el tributo de sus aguas a la
baía de Cadiz . Un grupo de montañas mas elevadas se
presenta entre el Guadiaro que desemboca en el Medi
terraneo , y el Guadalgorce que baña las tierras de Má
laga ; se llama Serranía de Ronda , y la Ciudad que le
ha dado su nombre , se halla construida á 3,000 pies
sobre el nivel del mar, pareciendo arrojada alli entre
las estrechas gargantas , é inmensas y profundas corta
duras, que llevan el sello espantoso de la antigua cólera
de la naturaleza , cuando unió el Mediterraneo al
Oceano. Las sierras de Moron y de Jeguar constituyen
los derrames de esta cadena , teniendo por apendices la
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
Sierras de Morron et Jeguar , avec le Tolox et le Mijas
pour appendices ; le cours du Guadalgorce sépare la
Serrania de Ronda de la Sierra d'Araix , qui se lie
à celle d’Alama par un amas confus de roches dé
pouillées qu'on appelle El Torcal.
Cependant les plus belles cimes du système bétique
sont celles de la Sierra Nevada , dont la couronne de
glaces plane sur un vaste horizon , dans un climat brû
lant . De cet immense belvédère , on peut voir la Sierra
Morena , à 30 lieues au nord , et les cotes d'Afrique à
45 au midi. Le Mulahacen , dont la cime haute de
3,500 mètres , atteint presque celle de Teneriffe , dresse
fièrement son front cristalisé et domine sur la terre et
sur les eaux . A coté de lui , s'élance pour arriver au
même sommet , le Picacho de Veleta , et s'arrête à 40
mètres seulement dans le domaine des frimats , où toute
végétation finit. La montagne arrondissant ensuite ses
immenses crètes , se dessine un peu plus bas en forme
de cirque , comme pour recueillir l'eau de ses neiges
qui formele Genil ; cet affluent du Guadalquivir
sort du Coral de Veleta , coule sur ses schistes durcis
avec rapidité , et baigne ensuite les roches primitives
qui servent d'assises au groupe tout entier. Des som
mets des Alpujarras , on découvre un vaste Panorama
encadré par la Méditerranée et présentant , comme sur
une immense carte en relief, les plus fertiles contrées
de l'Espagne rehaussées par les souvenirs glorieux
qu'elles renferment. Les sierras de Gador et Contra
viessa en sont les contreforts.
Les pentes déclives de ces montagnes présentent la
plus heureuse situation ; sillonnées de délicieuses val
lées au fond desquelles coulent de nombreux ruis
seaux , elles jouissent des frais courants d'un air pur,
qui tempèrent délicieusement les ardeurs brûlantes
du soleil. Tous les sites cultivés s'arrosent facilement,
et la terre voit croître ensemble l'arbre à coton et la
canne à sucre ; elle a donné, en outre , droit de natura
lisation aux plantes de la zone torride , au cafier , à
l'ananas , à l'indigotier . Le Genil qui serpente gracieu
sement dans lout le système bétique, le coupe vers Loja,
et se sépare des versants dont les sources portent, comme
lui, leur tribut au Guadalquivir.
Cette exposition que nous avons abrégée afin de ne
pas fatiguer le lecteur , pourrait se simplifier encore ,
en réunissant le système marianique au betique , dont
les cimes ondulées offriraient alors la forme d'un s
coupé, dans sa partie supérieure par le Guadiana , et
dans l'inférieure par la Guadarmena , qui descend
du plateau de la manche ; on pourrait unir de même la
chaîne Ibérique à la Vétonique par les hautes Para
meras de Soria , et borner la division générale à quatre
grands systèmes.
13
de Toloj y la de Mijas. El curso del Guadalgorce separa
la serranía de Ronda de la sierra de Araix , y esta se
liga a la de Alama por una multitud de rocas desnudas
y confusamente amontonadas conocida generalmente
por el Torcal.
Pero donde aparecen las mas bellas cimas del sistema
Bético , es en la sierra Nevada que en un clima ar
diente hace brillar sobre un dilatado horizonte su corona
de yelos , pudiéndose ver desde este inmenso mirador
la Sierra Morena á 30 leguas al norte , y las costas de
Africa al medio dia. Mulahacen cuya cima se eleva á
10,939 pies , y compile con la de Tenerife , ostenta
su cabeza altiva y cristalizada , dominando la tierra y
los mares , ya su lado sale el Picacho de Velela , que se
esfuerza para llegar a la misma cúspide , y se detiene a
120 pies en la region de los yelos donde acaba toda
vegetacion. Redondeando despues sus inmensas crestas la
montaña se representa algo mas bajo en forma de circo ,
para recoger el agua de sus nieves que forman el Genil.
Este afluente del Guadalquivir parte del Coral de Veleta ,
corre rapidamente sobre sus esquilos duros ó pizarras ,
y baña en seguida las rocas primitivas que sirven de
sillares a todo el grupo . Desde las cumbres de las Alpu
jarras se ofrece a la vista un vasto panorama rodeado
por el Mediterraneo , y presentando como en un mapa
construido sobre una grande escala , las mas fertiles
comarcas de España, realzadas por los gloriosos recu
erdos que encierran ; las sierras de Gador y Contra
viesa son sus estribos.
Los declives ó descendencias de estas montañas for
man la mas alagueña situacion que puede ofrecer la
naturaleza . Cortadas por deliciosos valles , por medio
de los cuales corre una multitud de arroyos y riachuelos,
gozan de la frescura de un aire puro , que templa agra
dablemente los rayos abrasadores del sol. Todos aque
llos sitios se riegan con facilidad , y en ellos prosperan los
algodones y la caña dulce ; alli estan naturalizadas tam
bien las plantas de la zona tórrida , el café, el ananas y el
añil . El Genil serpentea graciosamente en todo el sis
tema Bético , cortándolo bacia Loja , y separándose de los
afluentes que se desprenden de las montañas y desaguan
en el Guadalquivir.
Para no fatigar al lector, hemos abreviado esta expo
sicion , que aun podria simplificarse mas , reuniendo
el sistema Mariánico al Bético , y entonces presentarian
sus cimas onduladas la forma de una S cortada por el
Guadiana en su parte superior, y por el Guadarmena
que desciende de la esplanada ó mesa de la Mancha
en la inferior ; tambien se podria unir la cadena Ibé
rica a la Vetónica por las altas Parameras de Soria , y
reducir la division general á cuatro grandes sistemas.
14 L'ESPAGNE HISTORIQUE ,
PARTIE LITTÉRAIRE.
POÉSIE PRIMITIVE.
ANS l'ordre simul
tané de nos études ,
les analyses littérai.
res doivent précéder
les esquisses histo
riques ; car nous admettons que la
poésie influa puissamment en Es
pagne , sur les évènements publics,
et qu'elle révèle une des faces les plus in
téressantes du caractère national. L'exposé
des faits civils et politiques serait d'ail
leurs insuffisant, stérile pour le cæur et l'es
prit , si l'induction ne savait pénétrer dans
la vie intime des peuples, afin d'y construire
la loi des actes divers qu'ils produisent. La philosophie
humaine nous donne pour guide , dans cette laborieuse
investigation , des formules et des systèmes arrêtés ; mais
nous sommes trop habitués à ses incertitudes , à ses
erreurs pour nous fier aux prescriptions impératives ,
absolues qu'elle impose. En présence des faits sou
mis à l'observation , elle part d'un doute, dans lequel elle
rentre nécessairement, en construisant ses plus hautes
synthèses. Le doute est pour l'homme une barrière
infranchissable placée par l'orgueil entre la vérité et
le mensonge , un cercle vicieux qui le rend impropre ci hafilosofia comienza por la duda en que recae necesa
à la pratique du bien , à l'intelligence du beau. Nous sui
vons donc un autre guide pour remonter l'échelle des
temps et la série des ages , dans le but de trouver une
issue consolante à la vie terrestre.
Il est en effet évident pour nous que la science ,
bornée à la constatation rigoureuse des faits dans les
divers ordres qu'elle embrasse , n'est qu'une nomen
clature vaine , un amusement puéril et ridicule , un
problème dont les termes multipliés à l'infini, ne pro
mettent jamais solution ; c'est pour cela que nous sou
mettons la science elle même à la foi religieuse ; nous la
rattachons à ce principe qui la vivifie , l'éclaire et la
POESIA PRIMITIVA .
n el orden simultáneo
que seguimos en nues
tros estudios , las ana
lisis literarias deben
preceder á los bosque
jos históricos , puesto que admitimos que
la poesía influyó muy eficazmente en Es
paña sobre los acontecimientos públicos,
y que espone una de las fases mas intere
santes del carácter nacional . No bastara ,
en efecto , el estudio aislado de los hechos
civiles y políticos , y aun semejante operacion
fuera estéril para el corazon y el espíritu ,
si la induccion no pudiese penetrar los secretos de
la vida intima y reservada de los pueblos , para des
cubrir y esponer las causas de los diferentes actos
que producen. La filosofia humana , para conducir
nos en esta dificil y penosa investigacion , nos ofrece
sistemas fijos y formulas precisas, pero hemos recibido
demasiadas pruebas de sus ilusiones , é incertidum
bres , para que nos inspiren una entera confianza
los preceptos absolutos que impone. En presencia de
los hechos que quiere someter á la observacion , la
riamente al construir sus mas altas síntesis. La duda
es para el hombre un obstáculo insuperable que el orgu
llo ha establecido entre la verdad y la mentira , y un
círculo vicioso que lo hace incapaz de obrar el bien y de
comprender lo sublime : nosotros seguimos otra guia
que nos parece mas segura para recorrer la larga serie de
los tiempos hasta las edades mas remotas, y encontrar
un término consolador a este mundo transitorio .
Tenemos por evidente que la ciencia concretada uni
camente al exámen y comprobacion de los hechos en
los distintos ramos que comprende , no es mas que una
nomenclatura vana , un entretenimiento pueril y ridi
culo , y un problema insoluble , cuyos términos se
multiplican hasta lo infinito sin jamas promoter una
solucion . Esta consideracion nos mueve á someter la
ciencia misma à la fe religiosa , principio vivificador ,

L'ESPAGNE HISTORIQUE.
domine , en donnant à l'homme un point de départ, à į que la esclarece y domina , y da al hombre un punto
son existence une application et une destinée conformes
à ce que nous , chrétiens , croyons de Dieu et de ses
attributs .
Lorsque nous pénétrons profondément dans la vie des
siècles ,en tenant d'une main ferme le flambeau divin de
la croyance, l'humanité nous révèle l'empreinte plus ou
moins affaiblie d'une origine céleste et la marque per-
manente d'une dégradation dont elle tend à se purifier
constamment. La destinée de l'homme est de chercher
par des efforts individuels et collectifs une double réha-
bilitation , l'une de rédemption par la pratique du bien
l'autre de perfectionnement par la contemplation et la
reproduction du beau . Ainsi , conquètes morales par la
religion et par la poésie , conquêtes intellectuelles par
la science et l'industrie , tel est son développement sur
la terre que nous devons ennoblir et fertiliser , par
la foi, le travail et la liberté. Chaque siècle est appelé
à porter sa pierre à l'édifice qui s'élève lentement à la
gloire de l'Eternel , afin que Dieu n'ait plus à se re-
pentir de son @uvre , et que le sang du Christ n'ait
pas été versé inutilement pour l'homme.
Sans doute , il faut se placer haut dans la sphère de
l'intelligence pour soumettre ainsi à l'examen les gé
nérations de la terre et trouver aux divers ages la
pensée providentielle réalisée , à mesure qu'elles pas-
sent , rapides comme les ondes d'un fleuve sans fin .
Elles ne laissent sur le rivage que des symboles vagues
incertains , que ceux qui viennent à la suite con-
templent, imitent , renversent ou perfectionnent : jalons
précieux qui nous aident ou nous accusent , nous con-
solent ou nous condamnent ; voilà tout ce qui reste des
familles, des tribus, des nations qui nous ont précédés ;
et le nom de Jéhovah s'élevant au-dessus de tous ces
débris ! Quelquefois même , les traces incertaines du
passage se perdent entièrement; le sable du désert
couvre le sentier qu'on veut parcourir : le voyageur
foule avec effroi des tombes muettes et des sépulcres
sans inscription. Il y a des langues , des arts et des
sciences qui n'ont rien dit å la postérité. Souvent , au
milieu dés Babylones écroulées , l'explorateur, perdu
dans les décombres , n'a - t-il pas découvert d'étranges
symboles qui restent un mystère pour tous ? Ils nous
disent cependant que là vécurent en société des hom-
mes qui pensaient, avaient foi et science , mais qu'ils
ne sont plus.
Heureusement pour nous , la Providence n'a pas
permis que tout fut perdu dans le monde moral, car
lorsque le génie s'éteint sur un point du globe , il se
rallume aussitot sur un autre , d'après une mystérieuse
succession , toujours bienfaisante et salutaire. La lumière
peut bien disparaitre dans de ténébreuses époques , mais
elle se montre bientot de nouveau , afin que le monde
se rassure , espère encore .
-
15
de apoyo , y à su existencia una aplicacion y un destino
conformes a nuestras creencias cristianas sobre Dios
y sus propiedades y atributos.
Si avanzamos y profundizamos en la vida de los
siglos a la luz divina de la fe, la humanidad nos ro
vela la impresion mas o menos débil de un origen ce
leste , y la señal indeleble de una degradacion de la
cual aspira constantemente á purificarse : su destino
es buscar por esfuerzos individuales y colectivos la
doble reabilitacion , ya de redencion con la práctica
del bien , ya de perfeccion con la contemplacion y re
produccion de lo sublime. Desarrollar la facultad mo
ral é intelectual , adquiriendo por la religion y la poesia
las virtudes que rectifican la voluntad , y por la ciencia
y la industria las que ilustran el entendimiento , he
aquí á lo que está llamado el hombre sobre la tierra
para ennoblecerla y fecundarla con la creencia , el
trabajo y la libertad. Cada siglo añade su piedra al
edificio , que lentamente se levanta a la gloria del Eter
no , para que Dios no tenga que arrepentirse de su obra,
y que el fundador de la mas sublime doctrina no haya
derramado inutilmente su sangre para propagarla.
Es menester sin duda ocupar un punto culminante
en la esfera de la inteligencia para interrogar las ge
neraciones , y ver realizado el designio de la provi
dencia en las diversas edades , segun van pasando
como las rápidas corrientes de un rio que no tiene fin ,
dejando solo en la orilla imágenes vagas é inciertas,
que los siglos siguientes contemplan, imitan , destruyen
ó perfeccionan; miras preciosas que nos sirven de apoyo ,
ó deponen contra nosotros , y nos alivian ó nos con
denan , ved ahí lodo lo que queda de las familias , de
las tribus y de las naciones que nos han precedido ; y
sobre estos despojos aparece el nombre de Jehovah :
á veces hasta los vestigios que obscura y confusamen
te indicaban su paso , se pierden enteramente , cubri
endo las arenas del desierto el camino que se quiere
recorrer , y no ofreciendo al viagero mas que tumbas
silenciosas, y sepulcros sin inscripcion . Hay ademas len
guas , artes y ciencias que nada han dicho a la posteri.
dad . Con frecuencia el esplorador perdido entre los es
combros de Babilonias derruidas ha encontrado símbolos
incomprehensibles y misteriosos para todos , los cuales
dicen sin embargo que alli vivieron en sociedad hombres
que pensaban , creían y sabian , pero que no existen ya .
La Providencia por dicha nuestra no ha permitido
que todo acabase en el mundo moral, y asi vemos que
cuando el genio se estingue en una parte del globo , sus
inspiraciones y destellos resplandecen al momento en
otro punto : puede por cierto la luz desvanecerse y disi
parse en dias de densas tinieblas , mas no tarda en apa
recer de nuevo, para que el mundo se tranquilice y espere
todavia .
16 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
Il y aurait pour l'âme de trop profondes mélancolies
dans le déclin des grandes littératures , si le spectacle
général de l'humanité ne nous consolait des décadences
partielles qui nous affligent. En nous élevant à de
hautes contemplations, nous voyons qu'elles ne sont que
le grand développement du principe de successions et
d'unité , par lequel les productions de l'esprit s'éten
dent et s'équilibrent , en élargissant toujours leur cer
cle. Les époques de transition ne sont que des secousses ,
par lesquelles le flot du progrès est poussé dans de nou
velles voies , pour fertiliser de nouveaux sols , donner
l'éveil à de nouveaux génies. La poésie , l'art et la
science meurent en Asie; la doctrine des Mages dis
parait ; mais l'Egypte en recueille pieusement les débris
et les conserve pour un temps . Lorsque la terre des
Ptolémées s'épuise à son tour , le manteau d'Hermès
couvre les épaules de Platon et de Pytagore ; la Grèce
devient la patrie et le sanctuaire de l'art ; puis c'est
Rome qui arrive à la grandeur littéraire , au moment
où la terre semble retourner à la barbarie . Le voile qui
s'étendit sur le génie lorsque l'empire romain s'affaissa
sur sa base gigantesque , ne fut que temporaire . Le
soleil éclipse en Europe se leva radieux en Asie ; sa
lumière resta faible et obscure pendant les regnes agi
tés des premiers successeurs du prophète ; mais il reprit
sa splendeur humaine sous les califes Al Rachid et Al
Maimoun . L'esprit avait accompli sa longue révolution
scientifique d'Asie en Europe , en passant par la Grèce ,
l'Italie et l'Afrique , sans trouver une base stable ; l'oc
cident devait à son tour recevoir la semence du progrès
et s'éveiller à la vie poétique , en même temps qu'il s'é
purait par la croyance chrétienne .
Comment s'est opérée cette transmission merveilleuse
du progrès social et religieux ? certes ce n'est ni par l'his
toire ni par la philosophie ; car, l'une se tait long -temps
chez tous les peuples, et l'autre attend les faits avant de
les constater ou de les juger. Le progrès est dans les
meurs , dans les traditions , avant que la science l'aper
çoive et le proclame. Il nous faut chercher ailleurs le
lien mystérieux de communication , et c'est dans la
poésie que nous le trouverons. Elle parle la première au
cæur des nations , y perpétue les grands enseignements ,
en même temps qu'elle éclaire et illumine le passé . Le
poète et le prêtre n'ont jamais manqué à l'humanité ;
l'un et l'autre président à la naissance et à la formation
des sociétés , les guident et les accompagnent d'abord
dans leur pélerinage successif sur la terre , sont leur
sauve-garde, jusqu'à ce que l'orgueil et la corruption les
dédaignent et les exilent ensemble ; mais ils reviennent
En la declinacion de las grandes literaturas el alma
quedaria sumergida en la mas profunda afliccion , si
la perspectiva general que presenta la humanidad , no
nos consolase de sus decadencias parciales. Efectiva
mente , cuando nos elevamos á altas meditaciones , en
contramos que ellas no son mas que el amplio desar
rollo del principio de sucesion y unidad , por el cual se
dilatan y equilibran los trabajos del espíritu , ensan
chando continuamente su círculo , sin que se reconozca
otra cosa en las épocas de transicion , que los esfuerzos
que hace en su movimiento y agilacion el curso cons
tante del progreso para ganar otras vias , regar y ferti
lizar nuevos suelos , y despertar otros genios. La poesia ,
las artes y las ciencias mueren en el Asia con la doctrina
de los Magos; pero el Egipto recoge sus despojos, y les
sirve por un tiempo de piadoso asilo , hasta que llegado
su turno å la tierra de los Ptolemeos , esta se agota tam
bien ; entonces el manto de Hermés cubre los hombros
de Platon y de Pitagoras , y la Grecia llega a ser la pa
tria y el santuario de las artes . Despues , y cuando el
universo conocido parecia retroceder , y undirse en la
barbarie , las letras se muestran en Roma en el grado
mas eminente de esplendor y perfeccion. La obscuri
dad que se estendió sobre el genio , luego que el im
perio se desplomó sobre su enorme base , fue solamente
lemporal , y el sol eclipsado en Europa derramó sus
felices y brillantes influencias en el Asia , pues aunque
su luz se dejó ver débil y opaca en los reinados turbu
lentos de los primeros sucesores del profeta , él volvió
à resplandecer bajo los califas Al Ractud , y Al Mai
moun . El entendimiento humano babia consumado
su larga revolucion científica del Asia en Europa
pasando por Grecia , Italia y Africa , sin hallar un
apoyo fijo y permanente ; el occidente debia pues reci
bir a su vez la impulsion é influjo del progreso , y en
trar en la vida poética , al mismo tiempo que en él se
esparcia y fructificaba la semilla Evangélica
& Y de que modo se ha obrado esta prodigiosa
transmicion del progreso social y religioso ? No se debe
seguramente ni a la historia , ni á la filosofia ; la una
enmudece y guarda silencio por mucho tiempo en todos
los pueblos , y la otra espera los hechos para compro
barlos ó juzgarlos , encontrándose el progreso en las
costumbres y en las tradiciones antes que la ciencia le
reconozca y proclame. Nos es forzoso por consiguiente
buscar en otra parte el lazo oculto de comunicacion ;
y en la poesia unicamente podremos encontrarle . Con
su razon llena de entusiasmo ella habla la primera al
corazon de las naciones , graba sin pena y para siempre
en su espíritu las grandes instrucciones que necesitan , y
esclarece é ilumina los tiempos que han pasado. No
habiendo dejado jamas de asistir a la humanidad , el
poeta y el sacerdote presiden al nacimiento y formacion
de las sociedades , las guian y acompañan en su pere
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
ensuite prier et pleurer sur la cendre de ceux qui ne
sont plus.
L'histoire relate froidement les événements que le
poéte éclaire et féconde , en leur donnant une vie nou
velle. La poésie est pour nous le véritable témoin des
temps , la sainte messagère de l'antiquité ; elle renoue
la chaine interrompue des générations et sert de lien
puissant de civilisation . Le poète est croyant , avant
d'étre homme ; et c'est pour cela qu'il n'a de son es
pèce que la noblesse et la grandeur ; il trace ses voies
dans les régions supérieures de l'intelligence , où la
science ne saurait l'atteindre ou le suivre. Que la phi
losophie nous dise quelle est celte fervente et prophé
tique créature que les anciens appelaient Vates , et chez
qui toutes les joies et toutes les douleurs humaines re
tentissent, en développant une harmonie ! Quelle nous
donne le sécret des larmes qui tombent quelquefois
sur la harpe de l'homme inspiré ! D'où nous viennent
ces voix qui parlent aux nations, de Dieu et de liberté ?
Que demandent ces âmes tourmentées dans lesquelles la
pensée ne peut dormir? Sans doute elles sont à l'étroit
dans la chair qui les enveloppe , car elles s'efforcent de
donner des charmes aux épines de la vie terrestre , en
l'attirant sans cesse dans le domaine des heureuses vi
sions. Le vrai poète ne vit que dans l'aspiration de l'in
fini; il croit et espère, pleurs et chants remplissent ses
jours , sur lesquels l'amour répand amertumes et béné
dictions .
Toutes les fois que la poésie touche à la vie humaine ,
elle la rehausse et l'ennoblit; lorsque la lyre sainte se
brise dans les mains de la muse fervente , elle prend
l'instrument du barde guerrier , et module, en accords
belliqueux, en sublimes accents , l'amour de la patrie .
Elle célèbre les prouesses du champ de bataille et les
exploits des héros , perpétuant, éternisant toutes les
grandeurs et toutes les infortunes , en jetant sur son
passage des consolations à la terre qu'elle bénit ; mais
après avoir parcouru le cercle des gloires et des misères
de l'humanité , le poète s'éteint pour revivre en Dieu ,
comme les dernières vibrations d'un chant inachevé .
Toutefois, confiant ou découragé, il enseigne à d'autres
poètes les voies mystérieuses qui guident à l'immortalité .
La poésie présente dans le passé toutes les phases des
sociélés qu'elle a favorisées ; nous la voyons confiante et
crédule , dans les âges de foi simple et naïve ; elle devient
belliqueuse , héroïqne, lorsque les hommes , au lieu de
se partager la terre , se la dispuient . Elle assiste en
pleurant à la ruine des villes , qu'elle avait aidé à cons
17
grinacion sucesiva sobre la tierra , y son su salva guar
dia , hasta que el orgullo y la corrupcion los repudian y
proscriben juntos , pero bien pronto vuelven a suplicar
у llorar sobre las cenizas de aquellos , a quienes cubre
ya el velo impenetrable de la eternidad .
La historia refiere con frialdad los sucesos , que la
poesia ilustra y fecunda , imprimiéndoles un movi
miento y una vida nueva . Consideramos la poesía co
mo el verdadero testigo de los tiempos , y la santa
mensagera de la antigüedad , la cual renueva la cadena
interrumpida de las generaciones , y es un medio eficaz
y poderoso de civilizacion . Creyente antes de ser hom
bre , el poeta solo conserva de su especie la dignidad y
la grandeza , marchando por las regiones superiores de
la inteligencia , donde la ciencia no podria alcanzarle
ó seguirle, y sino, que nos diga la filosofia. ¿ Cual es esta
fervienle y profética criatura llamada por los antiguos
Vates, y en quien resuenan con armonía todas las ale
grías y todos los dolores humanos ? ; Que nos revele el
arcano de las lágrimas que a veces caen sobre el arpa
del hombre inspirado ! ¢ De donde proceden aquellas
voces que hablan de Dios у de libertad a las naciones ?
¿ Que piden aquellas almas inquietas y martirizadas en
las que no puede descansar el pensamiento ? Sin duda
están con estrechez, no cabiendo en la carne que las
envuelve , puesto que tantos esfuerzos hacen para
calmar y suavizar las zozobras y penalidades terrestres,
trasportándose al dominio de las felices y encantado
ras visiones . El verdadero poeta vive en la aspiracion
de lo infinito, cree y espera , llora y canta , y estas emo
ciones ocupan todos sus dias , sobre los cuales el amor
derrama amarguras y bendiciones.
La poesía no toca a la vida humana , sino para real
zarla y ennoblecerla. Cuando la lira santa se rompe en
las manos de la musa ferviente , esta toma al instante
instrumento del Bardo guerrero , y animada de un
celo ardiente, modula en conciertos belicosos, y en su
blimes y armoniosos acentos el amor de la patria, cele
brando las proezas insignes del campo de batalla, y per
petuando la memoria de todas las grandezas y de todos
los infortunios , arrojando a su paso consuelos sobre la
tierra que ensalza . Pero despues que ha recorrido el
círculo de las glorias y miserias de la humanidad , el poeta
se estingue para revivir en Dios , como las últimas vibra
ciones de un canto no acabado , mostrando sin embar
go á otros poetas, con confianza ó desaliento , el sen
dero misterioso que conduce a la alta cumbre de la
inmortalidad .
La poesía presenta en lo pasado todas las fases de
las sociedades que ha favorecido , ya la vemos confiada
y crédula en las edades de fe simple y sencilla ; belicosa
у heroica en el momerto que los hombres en vez de
repartirse la tierra , se la disputan ; ó ya concurre llo
rando a la caida y ruina de las poblaciones que habia
3
18 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
truire ; et lorsque la science et les arts parent de leur
éclat et de leur luxe nos cités populeuses , elle cherche
encore à les préserver de la corruption qui trop souvent
les entache. La poésie , comme la religion, échappe à la
tyrannie des pouvoirs impies et à celle des vices . Elle
doit avoir son point de départ dans le ciel et sa mission
sur la terre ; car si elle oublie son origine céleste , en
égarant les sociétés , au lieu de les ramener à la vertu ,
son mandat est vicié. Le poéte qui flatte les passions de
la foule , en jetant son encens à la fortune, livrant son
ameaux mauvaises passions , perd aussitôt le privilege
du génie ; sur son front humilié , pálit et se dessèche la
couronne ; il n'est plus qu'un ange déchu .
Telle nous apparait la destinée de cette faculté pré
cieuse à laquelle nous donnons , comme privilege
spécial , l'enseignement de tout ce qui est juste, noble
et beau , dans l'ordre moral et religieux. C'est ainsi
que nous comprenons sa mission civilisatrice parmi
les hommes. Cependant ce caractère général de la poésie
implique une variété infinie de modifications qu'il est
nécessaire d'éludier soigneusement chez les peuples ,
si l'on veut comprendre quelle est sa part dans la vie
nationale d'abord , dans celle de l'humanité ensuite.
C'est elle qui résume la vie morale et religieuse des
sociétés que nous trouvons liées les unes aux autres ,
dans cette filiation providentielle qui leur donne une
même origine et une même fin ; ce n'est guères qu'avec
son secours et celui de la révélation , que nous pouvons
rattacher les familles diverses à celles qui les ont pré
cédées , le monde nouveau au monde ancien ; c'est
elle , en un mot , qui remplit les grandes lacunes que
nous trouvons dans les annales des peuples. Ainsi,
l'histoire civile de l'Espagne moderne ne remonte pas au
delà du 13e siècle ; mais cette contrée entre par ses poèles
dans la civilisation romaine , et les chants nationaux
renouent pour elle la série des événements dont la
chaine se brise à chaque instant dans les historiens.
Le poème Ibérien sur l'expédition d'Auguste chez les
Cantabres est le plus précieux monument dont puisse
s'enorgueillir un peuple , et le seul qui reste des idio
mes modernes antérieurs à la langue latine.
Nous trouvons d'ailleurs dans tous les ages , le
caractère espagnol disposé à la poésie par son élévation
et sa gravité ; il se montre plus que tout autre doué
de cet enthousiasme particulier dont les anciens dési
gnaient la présence par cette idée sublime : Deus est
in nobis. La parenté de ce peuple avec le numen poé
tique , semble un privilége commun à la nation entière,
ayudado a edificar ; y cuando la ciencia y las artes osten
tan su fasto esplendoroso y su lujo en las ciudades
populosas , procura preservarlas de la depravacion de
las costumbres , en que frecuentemente se abisman .
La poesia , como la religion , está fuera del alcance
de la tiranía de los poderes impios , y del de los vicios ,
y debe descender del cielo , donde está su principio
para ejercer su mision sobre la tierra. Si olvida sa
origen divino y estravia las sociedades , en lugar de
proclamar verdades útiles al género humano , y en
señar la moral y los deberes de la vida civil , falta á su
mas grave , importante y esencial objeto. El poela que
adula los deseos inconstantes y desordenados de la mul
tilud , elevando inciensos a la fortuna , y entregando su
alma á las malas pasiones , pierde desde luego el privile
gio del genio , y en su frente humillada deseca la corona
gloriosa ; no es mas que un ángel rebelde y decaido.
Tal aparece á nuestros ojos la aplicacion de esta
preciosa facultad , en la que reconocemos como una
prerogativa especial la instruccion y enseñanza de
cuanto es justo , noble y elevado en el orden moral у
religioso ; y de esta manera comprendemos su destino
de reproducir y propagar la civilizacion entre los
hombres. Este carácter general de la poesia supone
no obstante una multitud innumerable de modifica
ciones que es necesario estudiar delenida у cuidado
samente en los diversos pueblos , si queremos compren
der la parte que tiene en la vida nacional y en la de
la humanidad .
Ella reasume la vida moral y religiosa de las socie
dades , que encuentra mas ligadas unas á otras en esta
filiacion providencial, que les asigna un mismo prin
cipio y fin ; solamente con su ausilio y el de la
revelacion , podemos unir las diferentes familias á
las que nos han precedido , y el mundo nuevo al
mundo antiguo ; ella es , en una palabra , la que llena
los grandes vacíos que se notan en los anales de las
naciones. Así es , que la historia civil de la España
moderna , no pasando mas allá del siglo 13 , entra
sin embargo por sus poetas en la civilizacion roma
na , y sus cantos nacionales renuevan la serie de
los acontecimientos , que se interrumpe á cada paso
en los historiadores. El poema Iberiano sobre la
espedicion de Augusto á la Cantabria es el mas pre
cioso monumento , de que pueda envanecerse una nacion ,
y parece el único que ha quedado de los idiomas mo
dernos anteriores a la lengua latina .
Vemos por otra parte resplandecer en los Españoles
de’lodas las edades el genio de la poesia , por la ele
vacion , gravedad , fuerza y entusiasmo particular ,
que son sus caractéres distintivos , de modo que sin
violencia se les puede aplicar la idea y espresion
sublime de los antiguos , Deus est in nobis. Este pais
tiene un parentesco con el númen poélico , que parece
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
et son histoire littéraire contient mille preuves de ce
que nous avançons ici contre le préjugé opposé. Les
poètes que la Péninsule donna à Rome sont en plus
grand nombre que ceux de toutes les autres nations
réunies ; et les génies qu'elle produisit pour sa gloire,
le disputent à ceux qui prirent naissance dans le sein
même de la république. Nous avons le beau témoignage
de Ciceron en faveur des poètes populaires du Bætis et
du Tage. L'Espagne se glorifie de compter Silius Itali
cus , Sénèque le tragique , Latronius, Lucain et Martial
au nombre de ses enfants .
Lorsque la ville impériale fut tombée sous les coups
de la barbarie, et que le sol de la Péninsule eut été ra
vagé par cinq races ennemies ; après que le glaive du
Vandale , du Suève , du Silinge , des Alains et des
Goths eut effacé les traces ibériques et romaines , cette
contrée vit avec horreur les tribus orientales et afri
caines assises à ses foyers déserts , se partageant les
fruits de son heureux climat. Dans ce moment d'agonie,
l'Espagnol , exilé sur les pics des monts asturiens , ne
trouva , pour reconstruire sa nationalité morcelée ,
anéantie , que la poésie et la croyance chrétienne. Ces
deux éléments présidèrent seuls à son affranchissement,
et servirent de base à un avenir de gloire et d'illustra
tion : ils s'unirent et grandirent ensemble, pour enfanter
la période héroïque de la poésie castillane et l'âge d'or
de la littérature , sous le règne de Philippe et de Jean II .
Ainsi considérée , la poésie castillane moderne se
partage naturellement en deux époques distinctes ; la
première forme une période dont le point de départ ne
peut être fixé chronologiquement, puisqu'elle date de la
formation de l'idiome lui-même ; la seconde s'étend
du règne de Charlequint jusqu'à nos jours . Dans ces
deux ages , tout est distinct et presque opposé par
l'esprit général des compositions , par les sources où
les auteurs puisaient, par le but qu'ils voulaient at
teindre, et par les moyens qu'ils avaient d'y parvenir.
Pendant la première époque , la poésie n'est pas seule
ment le privilége de quelques génies de choix et de
rare puissance ; mais bien le goût dominant de la
nation , la passion de la multitude : période merveil
leuse où chacun était héros ou poète. Ceux qui com
battaient pour la foi , pour la liberté , voyaient à côté
d'eux les bardes improvisés de Léon et de Castille qui
chantaient leurs exploits glorieux. Quelques-uns te
naient , comme le grand Ercilla , le glaive d'une main ,
et de l'autre le burin qui immortalisait en beaux vers
les hauts faits de ces temps héroïques. Ainsi durent se
composer ces épopées appelées romances , dont les
Homères sont inconnus. L'art ne s'était pas encore
individualisé ; il rayonnait partout au sein de la nation ,
19
un privilegio comun á la nacion entera , y su historia
literaria ofrece mil pruebas de esta asercion verda
dera, a pesar de la opinion contraria . La Peninsula
sola dió mas poetas à Roma , que todos los demas
pueblos juntos , sometidos á su imperio , igualando o
compitiendo con los mejores , que nacieron en el seno
mismo de la República Existe el bello testimonio de
Ciceron en favor de los poetas populares del Bétis y
del Tajo , y la España se gloria de contar entre sus
hijos á Silio Itálico , Seneca el trágico , Latroniano ,
Lucano y Marcial .
Despues que la ciudad imperial cayó a los golpes
de la barbarie , que el suelo de la Península fué
devastado por cinco razas enemigas , y que el hierro
de los Vándalos , de los Suevos , de los Silingos , de
los Alanos y de los Godos borró todos los vestigios
ibéricos y romanos ; el Español retirado entre las
cimas escarpadas de las montañas de Asturias , miró
con horror las tribus orientales y africanas sentadas
en los hogares desiertos , apaderándose y disfrutando
de las producciones de su hermoso y fecundo clima .
Preciso le fué en circunstancias lan angustiadas enco
mendarse á la poesia , y á la creencia cristiana para
la reconstruccion de su nacionalidad dividida y anona
dada , y aquellos dos elementos presidieron solos á su
libertad , arrojando los fundamentos de su futura gloria
é ilustracion . Ambos se unieron y crecieron juntos para
dar luz el período heroico de la poesia castellana , y
la edad de oro de su literatura , bajo el reinado de Feli
pe y Juan II.
Considerada de esta manera , la poesía castellana
moderna se divide naturalmente en dos épocas dife
rentes . La una data desde la formacion del idioma
mismo , y por lo tanto no es posible fijar cronologica
mente su punto de partida en el espacio de tiempo que
abraza . La otra principia en el reinado de Carlos I“ ,
y se estiende hasta nuestros dias , siendo todo en ellas
distinto y casi opuesto por el espíritu general de las
composiciones , por las fuentes ó autores á que re
currian , por el fin que se proponian , y por los medios
que empleaban para conseguirlo. Durante el primer
periodo la poesía , no se presenta como el patrimonio
esclusivo de genios privilegiados y de raros talentos,
antes bien como el gusto dominante de la nacion y
la pasion de todos los Españoles ; época portentosa ,
en que cada uno era héroe ó poeta , y en que los que
combatian por la fe y la libertad , encontraban á su
lado los Bardos improvisados de Leon y Castilla , que
cantaban sus memorables hazañas , teniendo algunos ,
como el grande Ercilla , la espada en una mano , y en
la otra el buril que trasmitia en bellos versos á la
mas remota posteridad los sublimes y brillantes hecho ;
de aquellos tiempos heroicos. No de otro modo debieron
componerse aquellas epopeyas , llamadas Romances ,
20 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
échauffait les âmes , transportait tous les cæurs ; il
attirait , captivait toutes les intelligences par son allure
libre et confiante. Guidé par le sentiment du beau ,
il produisit la romance héroïque et la chanson guerrière.
Ce genre de composition précéda sans doute la chute de
la monarchie gothique , puisque nous en trouvons
partout la trace dans les souvenirs populaires , en même
temps qu'il forme toute l'histoire de l'Espagne jusqu'à
l'expulsion des Maures. Les romances renferment un
enchainement chronologique des faits , du progrès des
meurs , du gout , de l'opinion et du langage. L'admi
ration pour les actions extraordinaires se perpétua au
moyen de la poésie , par l'enseignement de famille.
Au lieu d'écrire , on chantait des épopées qui sont pour
cette contrée de glorieuses annales. La muse primitive ,
insouciante et naïve , ne cherchait pas å imiter ; fière
et dédaigneuse de modèles , elle animait , fécondait ses
moindres productions , en les marquant d'un puissant
caractère de patriotisme et de ferveur religieuse , qui
nous les fait tant admirer aujourd'hui .
Dans le second age le goût s'épure ; la langue s'en
richit et se polit ; la romance , devenue élégante , s'é
lance au hasard dans le domaine de la fiction ; elle
chante des chevaliers errants , au lieu de ses héros ,
et perd un moment la source des belles inspirations ;
mais l'étude de l'antiquité vint au secours du génie
national qui faiblissait , et d'autres merveilles poétiques
parurent de nouveau , pour faire de la cour de Jean II
le séjour des arts d'imagination . L'exemple des grands
maitres et l'influence des chefs - d'ouvre durèrent deux
siècles ; c'est dans cette brillante période que parurent
toutes ces gloires littéraires qui forment la couronne
poétique de l'Espagne. Parmi tous les beaux noms
qui se présentent en foule , on peut citer Don Esteban
Villegas , l'Anacréon de la Péninsule , qui enrichit la
poésie de la féconde variété des rythmes grec et latin :
Ercilla y Zuniga qui écrivit , au Chili , sur les champs
de bataille , le poème de l'Araucana : Quevedo , Gue
vara , Marc Aleman , l'immortel Cervantes , Bernardo
de Quiros , dont le style possède la douce mélodie
d'Hésiode ; Lope de Vega qui fut long - temps une mine
littéraire, où l'Europe entière puisa , etc. , etc. Dans
le 16e siècle , le Guadalquivir a vu plus de cygnes sur
ses rives , que le Méandre dans ses ondes . C'est
d'ailleurs un avantage particulier à l'Espagne , que
tous ses plus beaux génies furent des hommes distingués
par leur position sociale. Elle compte dans ses fastes
les Villena , les Mendoza , les Guzman , les Manrique ,
les Garcilasso de la Vega . Les lettres furent dignement
cultivées par toute cette noble famille de princes ,
ducs , ambassadeurs , hauts dignitaires du royaume .
cuyos Homeros son desconocidos. El arte , que aun
no se habia individualizado , despedía una luz clari
sima en la nacion entera , inflamaba las almas , y
trasportaba los corazonos . Por su marcha libre y
confiada arrebataba y cautivaba todas las inteligencias ;
y guiado por el sentimiento de lo grande , produjo el
romance heroico y la cancion guerrera , cuyó género
de composicion precedió sin duda a la destruccion de la
Monarquía Gótica , puesto que por todas partes se hallan
sus señales en los recuerdos populares, al paso que for
ma toda la historia de España hasta la espulsion de
los Moros . Los romances contienen un encadenamiento
cronológico de los hechos, del progreso de las costum
bres, del gusto, de la opinion y del lenguage, habiendo
la poesia perpetuado con la enseñanza de familia , la
admiracion por las acciones estraordinarias , pues en
vez de escribir , se cantaban epopeyas ' , que sirven á
este pais de gloriosos anales. La musa primitiva lejos
de imitar , era altiva y desdeñosa de modelos, animaba
con el fuego de su genio hasta los mas pequeños obje
tos, é imprimia á sus producciones un carácter poderoso
de patriotismo y fervor religioso , que tanto admiramos
todavia .
En la segunda edad , el gusto se depura , la lengua se
suaviza , se aumenta y perfecciona , y el romance ya
elegante, lanzándose en el dominio de la fábula, canta
caballeros andantes en lugar de sus héroes , y pierde
por un momento la fuente de las bellas inspiraciones ;
pero el estudio de la antigüedad acudió al socorro del
genio nacional debilitado , y otros prodigios poéticos se
produjeron de nuevo para formar de la corte de Juan 20
la morada de las artes de imaginacion . Dos siglos dura
ron el egemplo de los grandes maestros y la influencia
de las obras clásicas, y en este brillante periodo parecie
ron todas las glorias literarias que han formado la co
rona poética de la España , pudiéndose citar entre los
nombres para siempre celebres , que presenta en abun
dancia su historia , à Don Esteban Villegas , el Ana
creonte de la Península , que enriqueció la poesía con la
infinita variedad del metro griego y latino , Ercilla y Zu
ñiga que escribió en Chile sobre el campo de batalla el
poema de la Araucana; Quevedo , Guevara , Marcos Ale
man , el inmortal Cervantes , Bernardo de Quiros , cuyo
estilo posee la dulce melodia de Hesiodo ; el famoso Lope
de Vega , que fue por mucho tiempo una mina literaria ,
que sirvió a toda la Europa , y otros. En el siglo 16 , el
Guadalquivir vió mas cisnes en sus orillas , que el Mean
dro en sus ondas ; habiendo sido tambien una felicidad
para la España el que todos sus mejores genios fuesen
hombres distinguidos por su rango y posicion social . En
sus fastos se hallan los Villenas , los Mendozas , los Guz
manes , los Manriques, los Garcilasos de la Vega , y las
letras fueron dignamente cultivadas por esta noble fami
lia de principes, duques, embajadores , y altas digni
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
Leur influence domina l'esprit public et imprima au
langage ce cachet particulier d'élévation qui formait
le fond de leur caractère.
Néanmoins , le prestige dont s'entoure la littérature
dans les 16e et 17e siècles , ne saurait nous aveugler
dans notre appréciation . Elle est plus variée et plus
régulière , mais elle est loin de l'attrait puissant que
la poésie primitive puisait dans son caractère exclusi
vement national ; elle ne respire plus la même virilité
forte d'autrefois. On voit que la source locale de l'ins
piration s'était affaiblie, lorsque les règles vinrent au
secours de l'enthousiasme plus pauvre. Dès que les
Espagnols firent des emprunts aux étrangers, les auteurs
se trouvèrent tous les jours plus près de la traduction .
Le génie , perdant sa haute indépendance , imita au
lieu de fournir des modèles d'imitation , et la poésie
en décadence , après deux siècles de triomphes , s'é
teignit dans le faux gout et l'extravagance. Lorsque
les mæurs dépouillent les faits sociaux de leur gran
deur , l'art soutient en vain le génie ; il expire , s'il
ne s'illumine du rayonnement de l'intelligence natio
nale.
Toutefois , nous sommes loin de cette triste décadence
de l'art dans la Péninsule , puisque notre plan d'études
nous reporte à la première époque poétique de l'Espagne.
On nous pardonnerait sans doute la préférence que nous
lui accordons sur la seconde , si nos lecteurs savaient
combien elle est féconde et riche de sublime enthou
siasme ; elle nous intéresse d'ailleurs puissamment par
son caractère entièrement indigène , ne ressemblant à
rien de ce que les autres nations ont produit dans les
phases diverses de l'art .
Les plus anciennes romances sont évidemment in
connues. Tout porte à croire que ce genre de composi
tion précéda la conquête Maure , puisque nous trouvons
encore un chant qui lui est antérieur de plusieurs siècles.
Toutefois celles qui nous restent dans les collections se
rapportent à Charlemagne et à ses douze pairs , dont
les exploits ont été diversement poétisés en Europe .
Nous regrettons d'autant plus la perte des poésies popu
laires primitives , que nous aurions pu trouver par elles
les traces de l'idiome qui servit d'intermédiaire au latin
et à l'espagnol moderne. Si l'on en croit Aulugėle et
Quintilien , cet idiome avait prêté quelques-uns de ses
mots à la langue de Rome.
La richesse poétique des premiers temps se compose
de Romances , Ballades et pièces lyriques qui , sous le
nom de Canciones, Villancicos et Cancionetas , remplis
sent une grande partie des collections. En essayant de
donner une idée de cette masse d'inspirations indigènes ,
nous devons nous contenter d'une esquisse rapide , dans
la crainte qu’une analyse trop méthodique ne fatigue
nos lecteurs. Nous exposerons les larges traits de l'en
semble , sans trop descendre dans les détails , afin
21
dades del reino. Su influencia dominó el espíritu público ,
é impuso al lenguage el sello particular de elevacion
que formaba el fondo de su carácter .
Mas sin dejarnos alucinar por el prestigio que rodea á
la literatura de los siglos 16 y 17 , al apreciarla justa
mente , encontramos que , si incontestablemente es mas
variada y regular, dista mucho de aquel poderoso atrac
tivo que la poesia primitiva tomaba en su carácter
esclusivamente Nacional , y no respira la misma fuerza
y virilidad que antes la distinguia , viéndose que la
fuente local de la inspiracion se habia disminuido, cuan
do las reglas vinieron aapoyar el entusiasmo decaido.Des
de que los Españoles tomaron de los estrangeros , los
autores se hallaron todos los dias mas cerca de la tra
duccion ; el genio perdió su alta independencia , imitó
en vez de ofrecer modelos de imitacion , y la poesia en
decadencia ya , despues de dos siglos de triunfos, murió
en el falso gusto y en la estravagancia. Cuando las cos
tumbres quilan á los hechos sociales su grandeza , es
inútil que el arte intente sostener el genio; este se estin
gue del todo, si no es reanimado por los rayos luminosos
de la inteligencia nacional.
Sin embargo , aun estamos lejos de esta triste deca --
dencia del arte , pues segun el plan que nos hemos pro
puesto , debemos ocuparnos de la primera época
poélica de la España . Esperamos que se nos disimule la
preferencia que le damos sobre la segunda , si nuestros
lectores atienden a su fecundidad y riqueza de sublime
entusiasmo , siendo ademas muy interesante por su ca
rácler enteramente indigeno , que hace no se parezca
á nada de cuanto han producido las demas naciones
en las distintas fases del arte .
Los mas antiguos romances son evidentemente des
conocidos; y es de creer que este género de composicion
precedió a la conquista de los Moros , pues hallamos to
davia un canto que existia muchos siglos antes . Sin em
bargo los que se conservan en las colecciones , se refie
ren á Carlo-Magno , y á sus doce pares, cuyas hazañas
se han poetizado en Europa de diferente manera . Nos
es tanto mas sensible la pérdida de las poesías populares
primitivas , cuanto que ellas nos habrian mostrado las
huellas del idioma , que sirvió de intermediario al latin
y al español moderno, y que segun el sentir de Aulo
Gelio y Quintiliano habia prestado algunas de sus pala
bras á la lengua de Roma .
La riqueza poélica de los primeros tiempos consiste en
romances, redondillas y piezas líricas, que son conocidas
con el nombre de canciones , villancicos y cancionelas ,
y que llenan una buena parte de las colecciones.Creemos
deber limitarnos á presentar una ligera reseña de esta
masa de inspiraciones indigenas , y mostrar sus grandes
rasgos , huyendo de una análisis demasiado prolija y
metódica que no dejaria de cansar á nuestros lectores ,
y å fin de evitarles en lo posible el enfado que produ
22 L'ESPAGNE HISTORIQUE ,
d'éviter en partie l'ennui des longues citations . Il existe
d'ailleurs une difficulté presque insurmontable pour les
étrangers qui étudient la poésie castillane , en dehors
de la langue , et nous espérons que le lecteur nous en
tiendra compte : c'est que la littérature de cette nation
supporte peu les extraits et les traductions ; son excel
lence ne consiste pas dans des beautés isolées et saillantes
que le goût du critique présente comme des modèles
classiques , mais bien dans cet admirable esprit natio
nal qu'elle respire et qui , pareil à un grand et fécond
principe , ressort de l'ensemble et de l'harmonie.
Notre division ne saurait toutefois laisser en dehors
la période sarrasine qui s'unit intimément à la poésie
espagnole , bien qu'elle n'ait exercé une influence réelle
que sur l'art et la forme de la romance. Il est indispen
sable de juger celle face du génie poétique dans la
Péninsule , afin que nous puissions distinguer les deux
éléments dans les compositions diverses que nous ferons
passer sous les yeux des lecteurs . Le développement
soudain de la littérature Arabe esl , d'ailleurs , un
étonnant phénomène dans l'histoire de l'esprit humain .
Au septièmesiècle , l'Arabie s'embla s'éveiller à la
poésie , à la science , après un sommeil sans date
précise , qui l'aurait séparée par un long oubli , d'une
ère antérieure indéterminée. Cetle contrée extraordi
naire parut , non pas découvrir , mais retrouver tout à
coup des trésors négligés , recueillir un héritage de
littérature, et non pas en créer une. Elle s'élança dans
le vaste champ de l'intelligence , comme dans un do
maine de famille , non point avec la timide hésitation
d'un explorateur qui découvre peu à peu , mais avec la
conscience révélatrice du génie qui connait sa puis
sance, est familier avec les créations merveilleuses ; on
eùt dit que les Arabes étaient rentrés , après une
courte interruption , dans une vie de doux rêves et de
sublimes enseignements. En effet, cent ans s'étaient à
peine écoulés depuis l'ère barbare de Mabomet , et la
cour du Calife Haroun était déjà le centre des arts et
de la science . Cent vingt ans après le prétendu in
cendie des livres d'Alexandrie, des bibliothèques pu
bliques s'élevaient dans toutes les grandes cités :
Bagdad , Balsora , Cufa , Ispahan , Balkh et Samar
cande rivalisaient par leurs colleges et leurs doctcurs ;
des rois venaient assister aux leçons de la philoso
phie , apprenant la sagesse à son école . L'Empire res
semblait à une vaste académie , où chacun , tour -a - tour
disciple et maitre , écoutait la doctrine , et la commu
niquait. Certes , le problème sur la constitution scien
tifique de la société aurait été résolu pendant cette
période étonnante , si Dieu avait livré l'humanité aux
docteurs et aux philosophes. Malheureusement pour
nous , les travaux immenses des Arabes sont presque
tous perdus ; le souffle de la colère de l'Éternel est
cirian las citas y alegaciones, si descendiesemos á por
menores y detalles. Existe ademas una dificultad casi
invencible para los estrangeros que estudian la poesia
castellana sin el ausilio de la lengua, y de que nos pro
metemos se hará cargo el lector, y es , lo mucho que pa
dece la literatura de esta nacion con los estractos y las
traducciones . Su excelencia no estriba en algunos trozos
aislados que resaltan , y en bellezas que el gusto de la
crilica ofrece como modelos clásicos , sino en aquel ad
mirable espíritu nacional que respira , y que , como un
vasto y fecundo principin , sale del conjunto , y lo pone en
perfecta regularidad y consonancia .
No obstante la division que hemos hecho de la poesia
española , estimamos importante el hablar del periodo
sarraceno que tan intimamente se une a ella , aunque
solo ejerza una influencia positiva sobre el arte у la
forma del romance. No podemos prescindir de juzgar
por este lado el genio poético de la Península , para
distinguir los dos elementos en las distintas composicio
nes que pondremos a la vista de los lectores , siendo
por otra parte el súbito desarrollo de la literatura arabe
un acontecimiento prodigioso en la historia del espíritu
humano . En el 70 siglo , la Arabia se despertó á la
poesía y á las ciencias despues de un sueño sin época fija
y precisa , que la hubiera separado , por un largo olvido ,
de una era anterior indeterminada , pareciendo este
pais estraordinario , no que descubria , sino que volvia
á encontrar de repente tesoros abandonados , que reco
gia una herencia de literatura , y no que la formaba. Ella
se arrojó en el ancho campo de la inteligencia , como
en una posesion de familia sin la perplejidad y timidez
de un esplorador que va descubriendo insensiblemente ;
antes bien con la conciencia reveladora del genio crea
dor y poderoso. Se hubiese dicho que los Arabes habian
entrado , despues de una corta interrupcion , en una vida
de dulces des varios , y de sublimes instrucciones. En
efecto , apenas habian trascurrido cien años desde la
celebre era de Mahoma, cuando la corte del califa Haroun
se mostró ya como el centro de las artes y ciencias . En
todas las grandes ciudades se formaban bibliotecas pú
blicas , ciento veinte años despues del pretendido incen
dio de los libros de Alejandria : Bagdad , Balsora ,
Cufa , Ispahan , Balkh y Samarcande rivalizaban por
sus colegios y sus doctores. Hasta los reyes acudian
á las lecciones de la filosofia , y aprendian la sabiduria
en su escuela , presentando el imperio el aspecto de una
grande academia , donde cada uno era sucesivamente
maestro y discipulo, escuchando y comunicando la doc
Irina. En este admirable periodo se habria resuelto
seguramente el problema de la constitucion científica
de la sociedad, si Dios hubiese entregado la humanidad
á los doctores y á los filósofos. Casi todos los inmensos
trabajos de los Arabes han desaparecido por desgracia
nuestra : el soplo de la cólera divina a pasado sobre esla
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
passé sur cette civilisation éphémère , et c'est à grand
peine que nous en trouvons quelques rayonnements
mêlés à la doctrine de l'Occident. Nous savons , néan
moins , que toutes les sciences exactes ou de spéculation
furent cultivées avec un égal succès par les Arabes ;
les progrès de leur littérature furent aussi rapides que
leurs conquêtes ; le cercle des arts s'étendit et se varia
par eux , comme les territoires qu'ils avaient envahis .
Toutefois, c'est dans la poésie que les effets de celte
soudaine ascension nous semblent plus extraordinaires.
Il importe peu de savoir , en effet , par quels degrés
passent les sciences plus graves , avant d'arriver à la
perfection ; la connaissance est toujours la même ,
qu'elle soit le résultat de travaux patients , ou d'une
révélation instantanée. Il n'en est pas de même pour
la poésie, dont les progrès doivent etre successifs et
gradués , si l'on veut que les formes qu'elle revêt
conservent force et durée. Cette faculté est plus dépen
dante des mœurs , des habitudes générales , et ne
saurait jamais se trouver en trop grande opposition
avec elles. Dans son enfance , les matériaux de la ré
flexion et les éléments de la création s'accumulent en
s'équilibrant sur la puissance de l'intelligence , et sur la
délicatesse du sentiment esthétique . Un développement
trop prématuré annonce loujours une décadence rapide.
Cette vérité de raisonnement ne parait pas applicable
aux Arabes. Une communication instantanée de la
science les jela immédiatement dans les régions les
plus élevées de la pensée ; leur poésie porta tout-à - coup
ce cachet de profonde méditation psychologique , qui
est toujours précédé de plusieurs siècles d'activité et
préparé par de longues séries de poésies narratives.
Les souvenirs ne furent pas chez eux , comme en
Espagne , conservés dans des ballades et des romances .
La stérilité de la croyance et le despotisme des mæurs
avait tari , à la source , ces brillants récits d'aventures
guerrières et de haute bravoure que l'amour rehaussa ,
dans le christianisme , d'un merveilleux éclat. L'absence
de ce genre fécond en beaux enthousiasmes a frappé
leur poésie d'une monotonie de pensée et d'expression
qui fatigue et décourage. Elle est , comme leur carac
tère , un composé de subtilité et de passion qui réjouit
quelquefois l'imagination , mais en la trompant le plus
souvent par un excés de raffinement et d'analyse. Car ,
après avoir exalté l'esprit par la hardiesse des images ,
elle l'égare ensuite dans l'extravagance et le délire.
Souvent elle se montre éclatante par la majesté de la
passion qu'elle exprime et nous remplit de rêves déli
cieux par la peinture du calme , du bonheur de la vie
pastorale ; puis , elle retombe dans les déclamations
ampoulées sur des maux imaginaires qui , ne venant
pas du cæur , ne sauraient l'atteindre.
La poésie de l'Espagne chrétienne et chevaleresque
23
civilizacion efemera, y con no poco trabajo encontramos
algunos destellos mezclados á la doctrina del Occidente ,
sabiendo solo con certeza que todas las ciencias exactas
ó especulativas fueron cultivadas con igual suceso por los
Arabes . La propagacion y adelantos de su literatura
fueron tan rápidos como sus conquistas , y el círculo
de las artes se estendió y varió como las comarcas que
habian invadido .
Pero en la poesía es donde se nos figuran mas es
traordinarios los efectos de esta pronta ascension . No
es muy interesante en verdad saber por que grados
pasan las ciencias mas graves antes de tocar à su per
feccion , pues el conocimiento siempre es el mismo , ya
se le considere como el resultado de constantes y asiduos
trabajos, ó como el de una revelacion momentanea . No
sucede asi con la poesía , cuyos progresos deben ser
sucesivos y graduales a fin de que las distintas formas
que toma conserven fuerza y estabilidad . Esta facultad
depende mas de las costumbres y hábitos generales , y
jamas podrá hallarse en demasiado grande oposicion
con ellos : en su infancia , los materiales de la reflexion
y los elementos de creacion se acumulan , y equilibran
sobre el poder de la inteligencia y la delicadeza del
sentimienlo estético : un desarrollo muy anticipado y
prematuro indica siempre una decadencia rápida . Mas
esta verdad de razonamiento no parece aplicable á los
Arabes . Una comunicacion instantanea de la ciencia los
arrojó inmediatamente en las mas eminentes regiones
del pensamiento , y en su poesia se gravó de repente el
sello de profunda meditacion sicológica , que siempre
es precedido de muchos siglos de actividad , y preparado
por largas series de poesias narrativas .
Ellos no conservaron los recuerdos como en España
en baladas y romances. La esterilidad de la creencia y
el despotismo de las costumbres habia secado la fuente
de las brillantes relaciones de aventuras guerreras y
de alta bravura , que el amor realza en el cristianismo
con un prodigioso esplendor. Por carecer de este género
fecundo en nobles y bellos entusiasmos , su poesia se
resiente de una monotonia de pensamiento y de espre
sion , que fatiga y desalienta , componiéndose como su
carácter de sutileza y pasion , que alegra á veces la
imaginacion , pero que con mucha frecuencia la engaña
por demasiado refinamiento y análisis : habiendo pues
exaltado el espíritu con la valentia de las imágenes ,
ella lo estravia despues en la estravagancia y el
delirio. Muchas veces se muestra brillante por la ma
gestad de la pasion que espresa , y nos llena de delicio
sas ilusiones con la pintura de la calma y felicidad de
la vida pastoril , mas luego recae en las declamaciones
pomposas y enfáticas sobre males imaginarios , que no
partiendo del corozan , no pueden por lo mismo alcan
zarle .
La poesia de la España cristiana y caballeresca con
24 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
émeut fortement le cæur par son pathétique sans art ,
tandis que celle des Arabes cherche à l'éblouir. La
première s'impose par sa puissante unité ; l'autre
s'efforce d'intéresser par la variété de ses expressions ;
l'une s'empare de la vie pour la féconder ; l'autre
semble vouloir tromper la pensée et la surprendre.
La première pourrait se comparer å ces gothiques cathé
drales du moyen age , tout majestueuses , enveloppées
d'ombres et de mystère , où l'âme attirée dans le do
maine des consolations religieuses , se recueille et se
fortifie ; l'autre , pareille aux édifices fantastiques de
l'Orient , nous apparait tout éclatante et splendide ,
symétrisée , fractionnée , riche de couleurs et de gra
cieux détails ; mais elle distrait l'ail , l'égare et l'éblouit
par l'éclat varié des spirales , par des minarets et des
portiques , où le caprice de l'artiste se joue de celui
qu'il séduit et captive.
Tel était l'état de l'art chez les Arabes , lorsque la
bataille de Xerez de la frontera introduisit , en 711 ,
ces populations conquérantes en Espagne , et mit en
contact la civilisation orientale avec l'Occident encore
dans la barbarie. Les plus belles provinces de la Pé
ninsule furent alors ajoutées à leur immense empire.
Sous leur domination , Grenade , Cordoue , Séville et
Valence, disputèrent la palme de l'intelligence à Bagdad
et à Balsora . Le prosélytisme farouche et sanglant qui
avait présidé à la formation de l'empire mahométan ,
ne trouvant plus d'obstacles , s'adoucit peu à peu , et
les sujets chrétiens des Abassides et des Ommiades
furent d'abord peu maltraités . Beaucoup d'entr'eux se
mélèrent aux vainqueurs ; en acceptant les mêmes in
térêts , ils eurent les mêmes sentiments , et participèrent
aux mêmes arts , quoique les deux nations fussent
toujours profondément séparées par la croyance reli
gieuse. Les cruautés et les persécutions ne se manifes
tèrent que long-temps après la conquele. Elles augmen
tèrent à mesure que le pouvoir s'aſſaiblissait chez les
Maures , et les animosités furent dans toute leur force ,
lorsque l'Espagne , après avoir élargi le cercle d'affran
chissement, eut réduit les califes au seul territoire de
Grenade.
Les deux peuples présentent , à cette époque , un
contraste étonnant et digne de la méditation des sages.
Les Espagnols régénérés avaient alors un noble langage,
énergique , expressif ; mais ils étaient sans littérature.
Riches d'intelligences poétiques , ils n'avaient pas de
poésie écrite : les évènements se transmettaient, non
dans la forme rigoureuse de la chronique , mais bien
sous l'apparence mobile et diversifiée de la tradition , à
laquelle chaque génération ajoutait de nouveaux orne
ments , de nouvelles grâces . Pour ces hommes coura
geux et fervents , l'art militaire et les vertus de simple
morale élaient tout , tandis que chez les Arabes , la gloi
re des combats et les prouesses du champ clos étaient
mueve fuertemente el corazon por su patético natural,
al paso que la de los Arabes procura seducirle : aquella
se impone por su poderosa unidad , y esta se esfuerza en
interesar con la variedad de sus impresiones : la una se
apodera de la vida para fecundarla , y la otra parece que
se propone engañar el pensamiento y sorprenderle : la
primera podria compararse a las catedrales góticas de
la edad media , magestuosas y embueltas en la sombra
y el misterio , se recoge , medita y fortifica , la segunda
semejante a los edificios fantásticos del Oriente , se nos
representa brillante y ostentosa , simetrizada , dividida,
abundante en colores y graciosos detalles , pero distrae
la vista , la estravia y la deslumbra por el esplendor va
riado de las espirales , por las torres y pórticos , donde
el capricho del artista se burla de aquel á quien quiere
seducir y cautivar .
En este estado se hallaba el arte entre los Arabes ,
cuando la batalla de Xerez de la frontera introdujo , en
711 , estos pueblos conquistadores en España, y puso en
contacto la civilizacion oriental con el occidente, que aun
gemia en la barbarie , incorporando a su inmenso im
perio las mas bellas provincias de la Península. Bajo
su dominacion Granada , Córdoba , Sevilla y Valencia ,
disputaban la palma del saber á Bagdad , y á Balsora.
El atroz y sangriento prosekitismo que habia presidido
à la creacion del imperio Mahometano, no teniendo mas
obstáculos que vencer, se fué dulcificando insensible
mente , y los súbditos Cristianos de los Abasides y Omia
des no sufrieron ya tantos maltratos . Muchos de ellos se
unieron a los vencedores, y aceptando los mismos inte
reses , tuvieron iguales sentimientos y participaron de
las propias artes , aunque la creencia religiosa separase
profundamente y para siempre a las dos naciones. Las
crueldades y persecuciones no se manifestaron sino mu
cho tiempo despues de la conquista ; ellas se aumentaron
á proporcion que el poder se debilitaba entre los Moros ,
habiendo llegado a su colmo, cuando España , avan
zando considerablemente en la obra de su independen
cia , redujo los Califas al solo territorio de Granada.
Los dos pueblos presentan en esta época un contraste
admirable , y digno de la meditacion de los sabios. Los
Españoles regenerados poseían ya entonces un lenguage
noble , enérgico , y espresivo ; pero no tenian literatura ,
y ricos en inteligencias poéticas, carecian de poesia es
crita . Los acontecimientos se trasmitian , no en la forma
rigorosa de la crónica , sino bajo la aparencia movible v
diversificada de la tradicion , a la que cada generacion
añadia nuevos adornos y nuevas gracias . Estos hom
bres bravos y fervorosos no conocian mas que el arte
militar y las simples virtudes morales , al paso qne los
Arabes estimaban en poco la gloria de los combates , y
las proesas del campo cerrado. Los Españoles estaban
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
peu de chose. Les Espagnols s'entouraient de romances,
comme les Goths leurs ancêtres , vivaient dans des rêves
belliqueux. Les Arabes , au contraire , se plongeaient
dans l'étude des subtilités métaphysiques, et dans un
idéologisme extravagant. Ils abandonnaient peu à peu
l'esprit de nationalité , et rejetaient les souvenirs d'un
passé qui ne leur appartenait pas tout entier, dont la
gloire était partagée par plusieurs peuples. Aussi les
grandes images d'illustration patriotique et de no-
blesse de famille n'occupèrent jamais l'esprit du poète.
Il ne cherchait la sympathie que pour lui seul , pour ses
espérances et ses craintes, ses bonheurs privés ou ses in-
fortunes. Il tournait sans cesse dans le cercle étroit de
l'inspiration égoïste, et ne produisait que des æuvres in-
dividuelles et solitaires. Les Espagnols, au contraire, en-
touraient leur histoire des embellissements de l'imagi-
nation ; ils se complaisaient à parer les grands noms
d'une auréole de grands exploits. En concentrant sur
un seul point les plus beaux souvenirs, où chacun pou-
vait trouver sa noble part , ils réunissaient les éléments
inépuisables d'une poésie nationale assise sur les bases
éternelles de l'enthousiasme religieux et patriotique.
Des rapports de plusieurs siècles entre deux nations
rivales ne pouvaient pas néanmoins rester sans effet.
L'Arabie exerça d'abord sur l'Espagne l'influence de la
science sur l'ignorance , mais elle éprouva ,à son tour ,
le pouvoir que les caractères grands et impérieux exer-
cent sur les esprits d'une trempe plus faible , quoique
plus cultivés.Ainsi , pendant que la littérature espagnole
se polissaitpar l'élément oriental, l'esprit chevaleresque
se fesait sentir chez les Arabes ,et s'introduisait dans leur
poésie. Le sentiment de la dignité nationale se formait ;
car nous voyons la courtoisie des manières, la rafinerie
et la galanterie , paraitre dans la suite , pour jeter par
leurs diverses nuances, un puissant intérêt sur les guerres
civiles de Grenade .
Cette influence morale , bien que réciproque dans les
deux littératures , s'exerça dans des proportions diffé-
rentes ; elle n'existe pas dans la poésie narrative , tandis
qu'elle est frappante dans celle de sentiment. Les ro-
mances n'ont rien du caractère oriental, qui se produit
par la diffusion , l'accumulation des images et l'exagé-
ration. L'épopée de l'Espagne , au contraire , est admi-
rable de simplicité; marchant rapide et ferme, elle s'in-
quiète peu des ornements ; se hate d'atteindre le but,
sans jamais s'égarer dans sa marche toujours noble et
touchante.
L'Espagne rejeta évidemment la fiction arabe, parce
qu'elle n'était pas à l'unisson du caractère national , et
c'est pour cela qu'on ne la trouve ni dans les romances ,
ni dans les ballades. La gravité castillane dédaigna ces
créations capricieuses du panthéisme oriental , dont les
25
rodeados de romances , como sus predecesores los Go
dos , vivian en sueños bélicos. Los Arabes por el con
trario entregados al estudio de las sutilezas metafisicas ,
y á las estravagancias é ilusiones de la ideologia, aban
donaban poco a poco el espíritu de nacionalidad , y des
deñaban la memoria de un tiempo que no les corres
pondia esclusivamente , y de cuya gloria participaban
otros muchos pueblos , tampoco se ocupó jamas el poeta
de las grandes imágenes de ilustracion patriótica y de
nobleza de familia , aspirando a la simpatia para si uni
camente , para sus esperanzas y sus temores , y para
sus felicidades privadas ó sus infortunios, y no saliendo
del círculo mezquino de la inspiracion egoista , y no
produciendo mas que obras individuales y aisladas. Los
Españoles por la inversa engalanaban su historia con
los adornos de la imaginacion , y se complacian
en coronar los grandes nombres con una aureola de
grandes hazañas. Concentrando en un solo punto los
mas brillantes recuerdos en que cada cual podia encon
trar la honrosa parte que en ellos le pertenecia , reunian
de esta manera los elementos inagotables de una poesia
nacional que descansaba en las bases eternas del entu
siasmo religioso y patriótico.
Las relaciones de muchos siglos entre dos naciones
rivales no podian sin embargo dejar de producir su
efecto. La Arabia tuvo al principio sobre España el in
flujo que la ciencia ejerce sobre la ignorancia ; pero á su
tiempo esperimento tambien el poder que los genios
elevados é imperiosos obtienen sobre las inteligencias
de un temple menos fuerte , aunque mas cultas. Asi
es que mientras la literatura española se perfeccio
naba con las luces orientales , el espíritu caballeresco
se apoderaba de los Arabes, introduciéndose en su poesía .
El sentimiento de la dignidad nacional iba formándose ,
pues vemos que la urbanidad en los modales , la corte
sanía y el galanteo , aparecen poco a poco para dar con
sus varios matices un vivo interés å las guerras civiles
de Granada.
Ese influjo moral , aunque reciproco , no tuvo la mis
ma fuerza en ambas literaturas ; en efecto, le vemos con
evidencia en la poesia sentimental, y no se halla en la
poesia narrativa. Los romances no se resienten del genio
oriental, el cual se da a conocer por la acumulacion de
imágenes , por su prolijidad y exageracion ; al contra
rio , la epopeya española , admirable por su sencillez ,
dejando los adornos, corre de un paso firme y rápido
hacia su objeto , sin jamas estraviarse en su carrera
simpre noble y patética.
La fábula de los Arabes no pudo probablemente in
troducirse en España, porque ne era conformeal carácter
nacional ; por lo que no se halla en los romances ni en
las balatas. La seriedad castellana desdeñó las creaciones
caprichosas del panteismo oriental , cuyos vestijios se
4
26 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
traces se retrouvent dans les premières romances des
Franks et dans les fabliaux des trouvères. C'est à l'A
rabie que fut empruntée cette brillante fantasmagorie
avec laquelle Berni et l'Arioste ont amusé l'Europe. Les
palais au désert, tout resplandissants d'or et de dia
mants ; les baguettes mystérieuses et les anneaux ma
giques ; les chevaux ailés , ces talismans et ces armures
impénétrables, avec la hiérarchie redoutée des génies
et des magiciens, qui font planer sur la vie humaine de
profondes terreurs ou d'extravagants espoirs; ou bien,
:):
ces contes joyeux pleins de comiques et folles aventures ,
qui ont séduit Bocace et les nouvellistes italiens; tel est
le monde exploité par l'invention arabe .....
La poésie narrative espagnole présente un caractère
entièrement opposé , parce qu'elle était peu susceptible
de variations. En effet , dans le récit des évènements , il
y a toujours un point qui domine , certains faits majeurs
qui sont racontés de la même manière aux diverses épo
ques , des caractères fortement accentués qui n'obéissent
ni aux modifications des meurs , ni à la politesse des
manières ; tandis que le sentiment lyrique suit les di
verses phases par lesquelles passe la vie sociale , et que
son expression varie d'âge en age. Il ne faut pas oublier
d'ailleurs que la plus grande partie des traditions espa
gnoles se rapportent à un temps que l'influence arabe ne
pouvait atteindre. Les faits dramatiques du passé élaient
devenus familiers à l'esprit national, jusques dans leurs
plus petits détails ; ils étaient pour ainsi dire consacrés
et inaltérables , avant la période d'invention et d'embel
lissement. Toutefois les Espagnols prirent, dans la suite,
de leurs voisins l'habitude de l'analyse et les règles ap
pliquées à l'expression lyrique , tandis que les Arabes
empruntérent à la Péninsule les sujets des ballades dont
l'esprit chevaleresque avait précédé la conquête , et de
vait lui survivre .
Aucun pays ne possède une mine de matériaux poé
tiques plus riche que celle que nous offre l'Espagne.
Son histoire est mêlée de biens et de maux , de gloires
et de défaites ; et renferme tout ce qui exalte l'imagi
nation , tout ce qui agite , impressionne , élève le cæur
de l'homme. Le souvenir du désastre qui mit fin à la
dynastie des Wisigoths, la terrible vengeance de Julien ,
la destinée mystérieuse de Rodérik , se présentaient
naturellement en face de la noble défense de Pélage aux
Asturies , et des exploits de Bernard del Carpio : ces
contrastes , fortement caractérisés et rehaussés de l'éclat
que la religion répandait sur eux , devaient exciter au
plus haut point l'enthousiasme du poète. Si à ces gran
des et fécondes images nons ajoutons les exploits du
Cid , sa querelle héroïque , son exil , ses triomphes
parmi les infidèles et sa mort plus poétique encore que
tous ses exploits ; nous aurons découvert les sources où
vinrent puiser les premiers génies de l'Espagne.
presentan otra vez en los primeros romances de los
Francos y en los cuentos en verso de los trobadores:
y esa brillante fantasmagoria con que Berni y el Ariosto
han divertido la Europa , debe su nacimiento a los
Arabes. Palacios en el desierto , resplandecientes de
oro y diamantes ; varitas misteriosas y sortijas mági
cas ; caballos con alas , talismanes y armaduras im
penetrables ; una formidable gerarquía de genios y
mágicos que llenan la vida humana de profundos
terrores ó estravagantes esperanzas ; por otra parte ,
cuentos alegres llenos de cómicas y locas aventuras que
tanto han seducido á Bocacio y á los novelerositalianos ;
tal es el mundo cultivado por la invencion arabe .....
La poesía narrativa española presenta un carácter
enteramente opueslo , no siendo muy susceplible de
variacion : de modo que en la relacion de los sucesos
hay siempre un punto dominante , ciertos hechos de
mayor importancia que se hallan relatados de un
mismo modo en diferentes épocas , ciertos caractéres
constantes poco accesibles a las modificaciones de las
costumbres y á la civilidad de los modales ; en vez
qne el sentimiento lírico , cuya espresion varia de un
siglo á otro , sigue las diferentes fases por donde pasa
la vida social. No se debe ademas olvidar que la mayor
parte de las tradiciones españolas se refieren á un
tiempo que el influjo de los Arabes no pudo alcanzar ,
habiéndose grabado tan profundamente en el espíritu
nacional , los hechos dramálicos de los tiempos pa
sados , hasta en sus mas estensos pormenores , que
eran ya , por decirlo asi , sagrados é inalterables , ante
que llegase la época de adornos é invencion. Los Es
pañoles sin embargo tomaron mas tarde de sus vecinos
la costumbre de analizar y las reglas aplicadas á la
espresion lírica , y los Arabes recibieron de la Penín
sula los asuntos de las balatas, cuyo espíritu caballeresco
existia antes de la conquista a la que debia sobrevivir.
Ninguna nacion posee una mina mas rica en mate
riales poéticos que la que España nos ofrece. Su historia,
conjunto des bienes y males , de glorias y humillacio
nes , abraza , todo lo que puede exaltar la imaginacion ,
é impresionar y elevar el corazon del hombre. La me
moria del desastre que dió fin á la dinastia de los Visi
godos , la terrible venganza de Juliano , el destino
misterioso de Rodrigo , formaban un contraste profun
damente caracterizado con las hazañas de Bernardo del
Carpio , y la noble defensa de Pelayo en las Asturias .
Esos hechos realzados con el esplendor que les daba
la religion , no podian dejar de excitar en supremo
grado el entusiasmo del poeta . Si á esas grandes y
fecundas imágenes añadimos las hazañas del Cid , su
contienda heroica , su destierro , sus victorias sobre los
infieles , y su muerte aun mas poética que todas sus ba
zañas ; habremos descubierto la fuente donde venieron á
inspirarse los primeros genios de España.
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
LE CRI DE GUERRE DES ASTURIENS .
00000
LÉGENDE POPULAIRE.
ous qui gardez au cœur la
foi des anciens jours,comme
un doux héritage et une con
solation pour les douleurs
solitaires de la vie ; vous
aussi qui passez , sans dé
dain ni superbe, devant nosmo
numents chrétiens, et qui souf
frez, lorsqu'une lévre impie veut
insulter à nos saintes traditions , dites
moi : n'auriez -vous pas, curieux pélerins
aux terres catholiques, découvert par hasard
un tableau que je vais décrire aujourd'hui ?
Il est resté vivant dans les impressions de ma jeunesse ,
bien que le souvenir du lieu où il m'apparut soit effacé.
Je vois , encore présente à mon esprit , la noble image ,
tout empreinte de cette haute conception poétique, dont
la religion illumine quelquefois l'artiste inspiré.
Sur le premier plan se présente un guerrier de haute
slature , couvert d'un casque d'or ombragé de plumes
flottantes : dans sa main droile une épée , que le sang
ne doit pas souiller , étincelle : son aspect met en fuite
une armée nombreuse , comme si Dieu lui-même la
dispersait devant le souffle de sa colère. Cependant, le
guerrier reste calme et plein de majesté, tandis que sous
lui bondit , piétinant sur la terre sanglante , un puissant
coursier de bataille qui s'élance dans la mêlée . En avant
du cheval et du cavalier , un ange dont les ailes bleues
se fondent dans les gazes légères d'un nuage , tient une
bannière blanche où resplendit la croix rouge de Pélage ;
sous l'étendart qui ondoie sont représentés, en désordre,
des bataillons musulmans poursuivis par des soldats qui
suivent la croix triomphante , symbole mystérieux de
double redemption , car il sauve les hommes de l'enfer,
et les rachette de l'esclavage. Un Alfaquin tremblant,
invoque , sur la montagne , le prophète menteur , et
27
LEYENDA POPULAR .
ARA vosotros que guardais
en el fondo del corazon la
Р fe de vuestros padres , co
mo una rica y consoladora
herencia en medio de los
sinsabores y aflicciones soli
tarias de la vida ; para vosotros
tambien que pasais sin orgullo ni
soberbia delante de los monumen
tos cristianos , y que padeceis , cuando
se quiere vilipendiar , y ultrajar con sa
crilega impiedad las venerandas tradi
ciones que el tiempo ha santificado , para
vosotros pues me propongo describir hoy un cuadro que ,
como curiosos peregrinos en tierras católicas , tal vez
hayais podido descubrir , y que vive todavia en las im
presiones de mi juventud , aunque la memoria no con
serve el lugar donde se me apareció. Presente en mi
espiritu veo aun la noble imágen , con el sello de
aquella elevada concepcion poética , con que la religion
ilumina á veces el artista inspirado.
Un guerrero de alta estatura se presenta en primer
término , cubierto de un casco de oro que sombrean
plumas flotantes : en su mano derecha brilla una es
pada que la sangre po debe empañar , y á su vista
sola huye un egército numeroso , como si el mismo Dios
los dispersase al soplo de su cólera . No obstante , el
guerrero se muestra sereno y magestuoso , montado
en un arrogante corcel que hollando briosamente la
tierra ensangrentada , se precipita en la pelea. Por de
lante del caballo y caballero , un ángel, cuyas plumas
azuladas se confunden con las gasas trasparentes de
una nube , desplega una bandera blanca , donde res
plandece la cruz roja de Pelayo ; y bajo el estandarte
que ondea , están representados batallones musulmanes
en desórden , perseguidos por soldados que siguen la
cruz triunfante , simbolo misterioso de doble reden
cion , pues que liberta á los hombres de los tormentos
eternos, y los rescata de la esclavitud . Un alfaquí tré
 28 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
dans le lointain , au pied d'un autel de gazon , un
prélat chrétien prie , comme un autre Moïse , le Sabaoth
des batailles , pour ses frères opprimés.
Deux peuples , deux religions sont là combattant,
comme au jour de la bataille du Clavigo , en 845 de
notre ère. Dans le tableau , de même que dans la lutte
d'autrefois , un saint est venu se placer entre les soldats
du Koran et ceux de l'Évangile , pour soutenir un petit
nombre de héros contre les troupes réunies de l'Yémen ,
l'Atlas et de la Mauritanie.
C'est un noble fait d'armes et un grand triomphe des
åges fervents que celte victoire chrétienne , dont les
peuples ont gardé le souvenir pendant mille ans , et
que leur piété célèbre encore ; tant il est vrai, qu'il ne
doit rester parmi les hommes , que les actes qui unissent
la terre au ciel , et les âmes à Dieu .
Le lieu que le peintre a choisi , que la tradition a im
mortalisé se nommait Alvelda , aujourd'hui le Clavigo ;
il est situé dans une de ces gorges profondes que for
ment les monts asturiens , par leurs ramifications pro
longées. Le pittoresque sévère de la camposition est
rehaussé par le grandiose sublime dont le christianisme
entoura ses premières merveilles. Les soldats qui triom
phent sont de rudes et pieux habitants de ces mon
tagnes , que leurs prêtres et leurs lévites guident au
combat :quoique les ennemis soient venus de Damas, de
Médine, de Fez , de Tunis , leurs efforts devaientse briser
contre ce dernier rempart de la foi évangélique en
Espagne. Chaque tentative des Khalifes de Cordoue était
suivie d'une nouvelle défaite , d'une nouvelle honte .
Cependant l'armée qui fuyait au Clavigo était formi
dable par le nombre, la discipline et la science mili
taire , tandis que celle qui la repousse ne compte que
des soldats sans expérience et mal armés . Mais entre
l'infidèle et le chrélien est venu se placer le saint patron
de l'Espagne; Dieu , comme disent les chroniqueurs,
l'avait envoyé, dans ce moment suprême , au secours
de Ramiro , successeur d'Alfonse le Chaste ; l'humanité
aurait succombé , sans l'intervention providentielle , dans
cette æuvre d'affranchissement ,qui avait commencé cent
ans auparavant à Cavadonga , pour ne finir qu'après
sept siécles de guerres continuelles , sanglantes , achar
nées , sous les murs de Grenade.
Parmi les fuyards on distinguait Idris le terrible roi
maure de Tunis : Abd -El- Rahman , le second des Om
miades , déjà célèbre par de grandes victoires sur ses
rivaux . Leur riche coiffure flotte en désordre et le ci
meterre est tombé de leur main tremblante. La veille
encore , ils réclamaient , à la tête de cent mille hommes ,
l'humiliant tribut dont l'infame Mauregal avait payé
son usurpation ; ce honleux traité avait été effacé ,
mulo invoca sobre la montaña el falso profeta , y alla á
! lo lejos, al pie de un altar de césped, un prelado cristiano
implora , cual otro Moises, al Dios de las batallas por
sus hermanos oprimidos.
Dos pueblos y dos religiones se ven combatiendo en
este cuadro , como en el dia de la batalla de Clavijo, en
845 de nuestra era . Tanto en el uno como en el otro ,
un santo se interpuso entre los soldados del coran y los
del Evangelio , para sostener un puñado de héroes con
tra todas las tropas reunidas del Yemen , del Atlas , y
de la Mauritania .
Es un insigne y noble hecho de armas , y un gran
triunfo de las edades fervorosas, esta victoria cristiana
que atravesando diez siglos , ha quedado gravada en la
memoria de los pueblos , y se celebra todavia por la
piedad de los fieles : tan cierto y verdadero es , que de
los actos humanos solo se conservan aquellos que unen
la tierra al cielo , y las almas á la divinidad .
El sitio que ha elegido el pintor , y que la tradicion ha
inmortalizado , se llamaba antiguamente Alvelda , y en
la actualidad Clavijo , encontrándose en una de aquellas
profundas gargantas que forman los montes de Astu
rias por sus ramificaciones prolongadas. Lo pintoresco
severo de la composicion está realzado por la grandio
sidad y magnificencia que acompañaron a las primeras
maravillas del cristianismo. Los soldados que triunfan
son toscos y piadosos montañeses, que sus sacerdotes y
levitas animan , y conducen al combate : los enemigos
son procedentes de Damasco , de Medina , de Fez y de
Tunez ; pero sus esfuerzos debian estrellarse en este úl
timo baluarte de la fe evangélica en España . Cada ten
tativa de los califas de Córdoba era seguida de una nueva
derrota , y de una nueva afrenta. Sin embargo el ejér
cito que huia en Clavijo , era formidable por el número ,
la disciplina y la ciencia militar , y el que lo rechaza ,
solo cuenta un pequeño número de soldados bisoños y
mal armados . Mas entre el infiel y el cristiano vino á
colocarse el santo patron de la España , que segun los
cronistas , habia enviado Dios al socorro de Ramiro ,
sucesor de Alfonso el Casto . La humanidad hubiera su
cumbido , sin la intervencion y ausilio providencial en
esta gloriosa obra de la restauracion que cien años antes
habia tenido principio en Cavadonga , y no debia termi
narse sino al cabo de siete siglos de continuas , sangri
entas y encarnizadas luchas contra la arraigada domi
nacion agarena , bajo los muros de Granada .
Entre los fugitivos se distinguia á Idris , terrible rey
moro de Tunez , y Abd -el-Rahaman , el segundo de los
Ommiades , celebre ya por las grandes victorias oble
nidas sobre sus rivales , flotando desordenadamente sus
ricos turbantes , y dejando caer sus cimitarras en el
terror que les ciega. A la cabeza de cien mil hombres
todavia reclamaban la víspera el degradante tributo ,
con que el infame Moragato habia pagado su usurpa
 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
il est vrai , par Alfonse à la bataille de Lutos , mais le
roi de Cordoue voulait encore des vierges nobles pour
orner le harem de ses walis africains. Voilà pourquoi le
Khalife a juré par le prophète d'exterminer tous les
chrétiens des Asturies ; sous son étendard étaient ac
courues les tribus barbares de l'Atlas , les soldats de
l'Espagne musulmane et tous les chefs renommés de
ses états. Cette armée formidable s'avance portant de
vant elle la terreur et le carnage. Après avoir franchi
les barrières de la sierra deGredos,elle s'étendit, de
comme un torrent dévastateur , dans le pays de Zamora ,
de Rioja et de Burgos , refoulant dans les hautes mon
tagnes les populations consternées .
Un vaste cri d'alarme , répété de proche en proche ,
retentit dans toutes les Asturies et jusqu'au rivage de la
mer de Galice ; la trompette fit entendre sur les cimes
des monts le signal prolongé du combat ; elle appelait
aux armes , mais peu de guerriers pouvaient encore
l'entendre.. Cette glorieuse terre, qui avait enfanté des
héros pendant un siècle, était épuisée ; la nature n'a
vait pu suffire au carnage : le sang mélangé des vieux
Ibères , des Cantabres et de la race gothique avait coulé
sur mille champs de bataille , et chaque succès avait
coûté de nombreux trépas. Ramire, qui complait sur le
repos d'une trève pour réparer ses pertes et soulager les
maux de ce généreux peuple , ne trouva autour de sa
personne qu'un bien faible reste de nobles défenseurs ;
jamais l'occasion n'avait été plus favorable aux infidèles.
Néanmoins le cri de détresse souleva la population et
troubla jusqu'au silence du cloitre ; les religieux en sor
tirent en armes , précédés de la croix , et se dirigerent
vers le Clavigo , tandis que les évèques d'Oviédo et de
Léon parcouraient les villages , les pieds nus , portant
le cilice et préchant la croisade : ils demandaient au
nom du ciel et de la liberté , une nouvelle offrande de
sang á celle héroïque génération . Dieu bénit leur zèle
intrépide , car tout homme en élat de tenir un glaive , de
lancer une flèche , de porter une arme , accourut des
bouches du Minho aux bords de l'Arlanzon , de Burgos
à Mondonedo . La Navarre envoya quelques -uns de ses
guerriers , à la léle desquels marchaient les enfants de
Roncal, deux fois ennoblis par Alphonse et Bermudo ;
ils portaient sur leur cuirasse bosselée ces feuilles de
figuier , emblème de leur vaillance et premiers écussons
de l'Europe chevaleresque . Mort à l'infidèle ! s'écriaient
les mères en saluant leurs fils qui partaient! Guerre
au Maure ! disaient les vieillards restés des anciens
combats.
Puis , descendirent des monastères , des ermitages
29
cion ; y aunque Alfonso borró en la batalla de Lutos
este ignominioso tratado , el rey de Córdoba queria mas
virgenes nobles para enriquecer el serrallo de sus valis
africanos. Por esta razon el califa juró por el profeta
esterminar el nombre cristiano en las Asturias , y al
efecto acudieron al rededor de su estandarte las tribus
bárbaras del Atlas , los soldados de la España musul
mana , y todos los gefes afamados y de mas valia de sus
estados. Estas fuerzas imponentes avanzan , llevando
delante de si el espanto y la desolacion , y despues de
haber traspasado las barreras de la sierra de Gredos ,
se derraman como un torrente devastador por el pais de
Zamora , de Rioja y Burgos , y arrinconan las pobla
ciones consternadas en las cimas escarpadas de las
montañas,
Un grito general de alarma, repetido sin cesar, resono
en todas las Asturias , hasta las orillas del mar de Gali
cia ; la trompeta llamaba á las armas , despidiendo la
señal prolongada del combate sobre los picos y crestas
de los montes , pero pocos guerreros podian oirla ya ...
Aquella ilustre tierra que por espacio de un siglo habia
producido tantos hombres insignes , y capitanes famosos,
se hallaba agolada, y la naturaleza no habia podido repa
rar la mortandad : la sangre mezclada de los antiguos
Iberos , de los Cantabros y de la raza gótica habia cor
rido en mil batallas , y cada victoria se habia ganado á
costa de innumerables existencias. Ramiro que en virtud
de una tregua contaba con el reposo de la paz para re
sarcir sus pérdidas , y aliviar los males de este pueblo
generoso , no encontró al rededor de sí mas que débiles
restos de nobles defensores ; nunca pues los infieles ha
bian tenido ocasion mas favorable. No obstante , al grito
de opresion y ahogo , los pueblos se levantaron en masa ,
y, turbado hasta el silencio del claustro , los religiosos
salieron de sus conventos armados y precedidos de la
cruz , y se encaminaron hacia Clavijo , al mismo tiempo
que los obispos de Oviedo y de Leon descalzos y mortifica
dos con el cilicio , recorrian todos los lugares predicando
la cruzada , y pidiendo en nombre del cielo y de la liber
tad una nueva ofrenda de sangre á este pais clásico del
heroismo. Dios bendijo su celo intrépido, y todo hombre
con aplitud de manejar una espada , y de lanzar una
flecha corrió á las armas levantadas por el peligro desde
las bocas del Miño hasta las márgenes del Arlanzon , y
desde Burgos hasta Mondonedo. La Navarra tambien
envió su belicosa gente , y á su cabeza marchaban los
hijos del Roncal, dos veces ennoblecidos por Alfonso
y Bermudo , llevando sobre sus corazas cinceladas hojas
de higuera , emblema de su denuedo y bizarría , y pri
meros blazones de la Europa caballeresca. ¡ Muerte al in
fiel! esclamaban las madres , saludando a sus hijos en
el momento de partir. ¿Guerra al Moro ! prorumpian
los ancianos , restos venerables de anteriores combates .
En seguida descendieron de los monasterios , de las
30 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
élevés , des grottes solitaires, les moines et cénobiles
qui chantaient les psaumes des jours de deuil : ils al
laient tous au secours de la patrie menacée, et traver
saient , en longue procession , les hameaux presque
déserts , où les femmes et les enfants à genoux sur
leur passage , demandaient à ces martyrs qui allaient
mourir , une dernière bénédiction . Oh ! combien la
religion chrétienne peut se montrer fière de ces pieux
et sublimes dévouements du passé , de ces miracles de
grandeur morale et de résignation , dont s'enrichissent
ses annales . L'ame s'y complait et s'y repose , la piété
s'y retrempe et l'humanité grandit en les racontant.
Lorsque tous ces généreux défenseurs de la foi se
trouvèrent réunis , le roi les forma successivement en
ordre de bataille , et parcourut les rangs pour s'assurer
de leur nombre et de leurs dispositions . En arrivant
au milieu des prêtres et des lévites qui avaient quitté
l'autel et le sanctuaire pour revêtir une armure , il se
découvriten signe de respect, et versa de pieuses larmes.
Sans doute , au milieu des périls qui l'environnaient , il
songeait aux terribles conséquences d'une défaite , à la
destinée qui attendait ses frères, si les Maures élaient
vainqueurs. Mais il se rassura bientot , en se rappelant
toutes les preuves de protection miraculeuse que Dieu
avaitaccordées à l'Espagne chrétienne , depuis Pélage ;
il espera que tout le sang précieux qui allait se ré
pandre , ne serait pas versé en vain ...
Après cette douloureuse revue , chaque soldat ayant
déposé ses armes , s'agenouilla devant un religieux et
confessa ses péchés ; tous se préparèrent à la mort
par la prière et la communion . Le sacrifice d'expiation
fut offert à Dieu dans toute la divine simplicité de ces
ages fervents , et l'évéque de Léon bénit cette armée qui
portait en elle la destinée de la chrétienté. Les sol
dats , encouragés par l'exemple de Ramiro, se précipitent
aussitôt contre un ennemi dix fois supérieur en nombre,
et jettent d'abord le désordre et l'effroi dans les rangs des
Musulmans ; néanmoins, ce premier avantage nefut pas
de longue durée ; bientot les Espagnols enveloppés de
toute part soutiennent vaillamment un combat inégal :
serrés et calmes , ils se heurtent contre les Maures qui
les pressent avec fureur et en font un horrible carnage .
Enfin la nuit sépare les combattants, et Ramiro, qui
avait perdu la moitié de son armée, ordonna la relraile
et réunit les débris de ses troupes sur une colline voisine
du champ de bataille. Les Arabes, le croyant en déroute,
poussent des cris dejoie; et le khalife heureux d'un succès
qui le rend maitre de la Péninsule, voit s'ouvrir devant
lui ces retraites des montagnes, asile jusqu'alors inviola
ble de la religion et de la liberté.
ermitas , y de las grutas solitarias, los monges y ceno
bitas que cantaban los salmos de los dias de angustia y
afliccion , y acudian todos a la defensa y amparo de la
patria amenazada , atravesando en larga procesion las
aldeas casi desiertas , donde las mugeres y los niños se
arrodillaban á su paso , y pedian la última bendicion á
estos mártires que tambien iban á abrazar la muerte
como un medio de vida . Cuanto puede gloriarse la reli
si
gion cristiana de estos piadosos y nobles actos de res
peto y afeccion que muestran los tiempos pasados, de
estos prodigios de grandeza moral y de resignacion de
que abundan los anales! El alma se complace y descansa
en ellos , la piedad se vivifica , y la humanidad se en
sancha y eleva al recordarlos.
Luego que se vieron reunidos todos estos animosos
defensores de la fe , el rey los formó sucesivamente en
órden de batalla , y recorrió las filas para cerciorarse de
su número y de sus disposiciones. Al hallarse en medio
de los sacerdotes y levitas que habian dejado el altar y .
el santuario para vestir una armadura , se descubrió en
señal de respeto , y sus ojos se bañaron en compasivas
lágrimas . A la vista de los peligros que le rodeaban ped
saba seguramente en las espantosas consecuencias de
una derrota , y en la suerte cruel que estaba reservada
á sus hermanos , si los Moros salian vencedores. Pero
no tardó en tranquilizarse , presentándose á su memoria
la estraordinaria proteccion que Dios habia interpuesto
siempre en favor de la España cristiana desde el tiempo
de Pelayo , y confiando en que la preciosa sangre que iba
á correr , no seria derramada inutilmente.
Terminada tan patética ceremonia , cada soldado de
puso sus armas , se hinco de rodillas delante de un re
ligioso, y confesó sus pecados preparándose tados para
la muerte con la oracion y comunion . Se ofreció a Dios el
sacrificio de expiacion con la divina sencillez deaquellas
edades de celo y de fervor, y el obispo deLeon dió la ben
dicion al ejército en que se encontraba cifrado el destino
de la cristiandad. Los soldados animados con el ejemplo
de Ramiro se arrojan al momento sobre un enemigo diez
veces superior en número , é introducen la confusion y
el temor en las hordas musulmanes. No duró mucho sin
embargo esta primera ventaja ; los Españoles envueltos
por todas partes sostienen con bizarría un combate tan
desigual; estrechados unos con otros y llenos de sereni
dad , chocan con los moros , mas estos , acometiéndoles
con furor, los dispersan y les causan un horroroso estra
go. La noche vino á separar los combatientes , y Ramiro
que habia perdido la mitad de su ejército , mandó la re
lirada , y reunió el resto de sus fuerzas en una altura in
mediata al campo de batalla . Los Arabes, creyéndole en
derrota , dan gritos de alegría , y el califa , feliz por una
victoria que le hacia dueño de la Península , se promelia
ya un fácil acceso al interior de las montañas , asilo in
violable hasta entonces de la religion y de la libertad.
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
Lorsque le roi rentra dans sa tente , il y trouva les
évèques priant le front incliné dans la poussière :
a Notre vie appartient à Dieu , disaient-ils : c'est lui qui
chálie et récompense : que sa volonté sainte s'accom-
plisse. Humilions -nous devant l'Éternel , à lui est la
puissance et la justice . » Ramiro , livré aux plus cruelles
angoisses , fléchit le genou auprès des saints prélats et Ramiro , entregado á las mas crueles
pria long - temps ; mais succombant enfin aux fatigues rodilla cerca de los santos prelados , y estuvo en oracion
qui l'accablaient , il se pencha peu à peu vers la terre et
s'endormit ... Alors Dieu prit en pitié ce prince décou-
ragé, et lui envoya une vision consolatrice.Le ciel parut
s'entrouvrir à ses regards éblouis ; parmi des cheurs
d'anges et de séraphins , le fils de Bermudo vit des
cendre un cavalier céleste entouré d'une vive lumière ;
il tenait dans sa main l'épée des saintes batailles , et sur
sa cuirasse d'or brillait la croix triomphale ; puis , le
divin messager s'approcha de Ramiro et , lui souriant
avec une douceur ineffable , il lui dit ces paroles :
« Relève -toi , roi de Léon , sois fort, et retourne avec
confiance au combat, je serai avec toi dans la mélée. »
Le prince s'éveilla aussitôt, mais la vision avait disparu.
Les deux évèques priaient toujours auprès de lui , tandis
que les premiers rayons de l'aurore se dessinaient à
peine sur l'azur du ciel , et que les étoiles palissaient
à l'orient.
Les Asturiens avaient veillé sous leurs armes prêts à
un nouveau combat ; ils n'attendaient que les ordres
de leur chef ; bientot ils le virent sortir de sa tente le
front calme et rayonnant d'espérance. Les évèques
communiquérent à l'armée entière l'heureuse vision
de la nuit , et leur paroles l'animèrent d'un saint en-
thousiasme . Ils marchent à l'ennemi aux cris mille fois
répétés , Santiago ! Santiago ! et dans ce moment ap-
parut l'apôtre guerrier de l'Espagne , portant devant lui
la terreur et l'épouvante. Les Maures surpris fuyaient
ou tombaient sous les coups des Chrétiens; ils furent
poursuivis , immolés dans les gorges des montagnes , et
leur khalife , échappé au carnage , regagna presque seul
la ville de Cordoue , et cacha long -temps sa honte au
fond de son palais.
Alors fut institué , disent les traditions , en mémoire
de cette journée , l'ordre de Santiago surnommé Mata-
moros , qui se trouve ainsi le premier consacré en
Europe par la religion. L'armée victorieuse entonna
l'hymne de délivrance , et des feux allumés sur les
sommets des montagnes annoncèrent à la Castille que
Léon était libre et vengé. Un autel fut dressé sur le
champ de bataille du Clavigo , avec les lances, les bou-
cliers et les autres armes abandonnées par les infidèles ;
31
Habiéndose el rey retirado a su tienda , encontró en
ella á los obispos en oracion , con la frente inclinada
hacia la tierra . Nuestra vida pertenece a Dios, decian :
él es quien castiga y premia : cumplase su santa volun
tad : resignados á los sucesos, prosternémonos delante
del Eterno , en quien reside el poder y la justicia. D
congojas, dobló la
mucho tiempo ; mas cediendo al fin á las fatigas que le
agoviaban , se fué bajando poco a poco hacia el suelo ,
y quedó dormido . Compadecido Dios entonces de este
principe abatido y desalentado , le envió una vision con
soladora , y pareciéndole que el cielo se entreabria á
sus ojos ofuscados , el hijo de Bermudo vió descender
entre coros de ángeles y serafines un campeon celeste á
caballo , rodeado de una luz resplandeciente, teniendo
en su mano la espada de las santas batallas , y brillando
la cruz triunfal sobre su coraza de oro. El divino mensa
gero se dirige bácia Ramiro , y con una sonriza de
inefable dulzura, le dijo estas palabras : « Levántate , rey
de Leon , ten ánimo , y vuelve con confianza al com
bate , yo estaré a tu lado en la pelea » . El Principe se
desperlo al instante , pero la vision habia ya desapareci
do. Estaban todavia los dos Obispos rezando cerca de él,
cuando los primeros rayos de la aurora se dibujaban á
penas en la bóveda azulada del cielo , y las estrellas
descaecian de su brillo en el oriente .
Los Asturianos habian estado entre tanto sobre las
armas , prontos á un nuevo combate , esperando
solamente las órdenes de su gefe , y no tardaron en
verle salir de su tienda , retratada eu su apacible y
serena frente la esperanza que le animaba. Los obispos
comunicaron al ejército entero la feliz vision de aquella
noche , y sus palabras le llenaron de un santo entu
siasmo. Marchan pues al enemigo á los gritos mil
veces repelidos, Santiago ! Santiago ! y en aquel mismo
momento apareció el Apóstol guerrero de la España ,
sembrando por todas partes el terror y el espånto. Los
Moros sorprendidos , ó se ponian en fuga , ó caían á
los golpes de los cristianos , siendo perseguidos é
inmolados en los desfiladeros y gargantas de las mon
tañas. Su Califa que pudo escapar de la mortandad ,
llevó casi solo á Córdoba su humillacion y derrota , y
se retiró por mucho tiempo en lo interior de su
palacio.
En conmemoracion de esta batalla se instituyó en
tonces , segun dicen las tradiciones , la orden de San
tiago llamado Matamoros , que aparece la primera
de la Europa consagrada por la religion . El ejército
victorioso enlonó el himno de salvacion , y por medio
de fuegos encendidos sobre las cimas de las montañas ,
se anunció a la Castilla que el reino de Leon se
encontraba libre y vengado , habiéndose elevado un
allar en el campo de batalla de Clavijo con las lanzas ,
32 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
noble trophée qui attesta long - temps la gloire de ce
grand triomphe !
De ce jour mémorable date la vénération des Espa
gnols pour Santiago. La Galice lui éleva un temple
magnifique , où se rendaient en pélerinage les souve
rains et les sujets , le rois de France , les princes de
Béarn et les ducs de Guyenne , mêlés aux humbles chré
tiens de ces pauvres montagnes. La piété des populations
n'offrit d'abord que les prémices des fruits et des trou
peaux ; mais lorsque l'Espagne libre et puissante , eut
chassé les Maures et conquis l'Amérique, on porta à
Santiago l'or du Pérou et les pierres précieuses du Nou
veau -Monde.
Cette victoire du Clavigo est une des plus célèbres
dans l'histoire miraculeuse de la restauration . Dès ce
jour, le royaume fondé par Pélage prit une importance
qui augmenta de siècle en siècle , pour dominer l'Eu
rope et le monde , sous Charles- Quint et Philippe II. Le
cri de guerre des Asturiens a depuis bien souvent éclaté
en Italie , en Amérique , en Allemagne , mais il s'est
affaibli successivement, pour s'éteindre à la fin , dans
les jours de décadence , avec la foi qui l'avait consacré.
Ce cri belliqueux troubla souvent le sommeil voluptueux
de rois musulmans , et poursuivit l'islamisme au désert ,
après l'avoir chassé de l'Espagne; il ne reste aujour
d'hui que dans l'histoire qui le vénère encore , tandis
que les soldats modernes l'ont oublié,
SE
VG
T
RAMIRO jer
escudos , y demas armas abandonadas por los infieles ;
noble trofeo que por mucho tiempo conservó la me
moria de este grande y glorioso triunfo .
En este dia por siempre celebre principio la vene
racion de los Españoles á Santiago. La Galicia le
erigió un templo magnifico , á donde iban en pere
grinacion los soberanos y los súbditos , los reyes de
Francia , los principes de Bearn y los duques de Guyena,
confundidos con los humildes cristianos de aquellas
pobres montañas. La piedad de los pueblos no ofreció
en el momento mas que las primicias de los frutos y
de los ganados ; pero cuando la España , libre y po
derosa , consiguió la espulsion de los Moros , y con
quistó la América , se ofreció a Santiago el oro del
Perú , y las piedras preciosas del nuevo mundo.
La victoria de Clavijo es una de las de mas claro
renombre de cuantas ha recogido la historia portentosa
de la restauracion . El reino de Pelayo adquirió entonces
una importancia que fué creciendo de siglo en siglo ,
para dominar la Europa y el mundo , bajo Carlos Vo y
Felipe II '. El grito de guerra de los Asturianos ha esta
llado despues con frecuencia en Italia , en América y
en Alemania ; pero se ha debilitado sucesivamente
y entibiado al fin en los dias de decadencia , con la
fe que lo habia consagrado. Este grito belicoso , que
turbó tantas veces el sueño voluptuoso de los reyes
musulmanes , y persiguió al islamismo hasta en el
desierto , se halla olvidado por los soldados modernos ,
y solo se conserva en la historia que todavia lo venera .

L'ESPAGNE HISTORIQUE.
PARTIE HISTORIQUE.
ooooo
ESPAGNE IBÉRIQUE, PHÉNICIENNE , GRECQUE ET
CARTHAGINOISE.
ous ceux qui s'occu
pent de la vie des
peuples anciens , et
qui cherchent à l'aide
de la science philolo
gique , à les rattacher
à une origine com
mune , comprennent ,
au début de leurs étu
FUVO
des , qu'un voile est
tombé, pendant quel
ques siècles , sur la destinée de la plupart d'entr'eux.
Nous croyons qu'il est inutile de chercher à le soulever,
car les hypothèses , en cette matière , sont toujours , ou
ridicules , ou dangereuses. L'écriture sainte qui nous
donne le point dedépart de l'humanité , a laissé dans
l'oubli les développements partiels des divers rameaux
que nous voudrions étudier régulièrement. D'un autre
coté , les traditions fabuleuses des nationalités différen
tes, les mythes variés , mais souvent incompris , qu'elles
ont placés en tête de leur histoire , ne sauraient nous gui
der avec sùreté. Aussi , devons-nous révoquer en doute
се que les auteurs espagnols racontent sur l'arrivée de
Tubal , sur les règnes de Tagus, Betus , Geryon , et
sur l'expédition de l'Hercule Lybien au détroit , pour
nous arrêter aux Ibères. L'empreinte de ces peuples ,
profondément marquée dans la Péninsule , a laissé
des traces irrécusables , jusqu'à nos jours ; leur carac
tère se retrouve encore , dans les mæurs et sur le sol .
L'Espagne ancienne est toute entière dans cet élément
qui sert de fil conducteur , à travers le dédale de son
histoire; nous le voyons partout saillant , au milieu
de la fusion des races , des familles , malgré les révo
lutions diverses que le pays a subies . C'est par lui que
l'Espagne s'unit aux archives primitives du genre hu
main . Le Cantabre, que l'Evangile a seul pu conquérir
et soumettre , retiré sur les montagnes vierges de do
mination , résume le type primitif , et présente le double
caractère qui a toujours distingué la race antique :
l'attachement au sol et la haine de l'étranger . Le Can
33
ESPANA IBÉRICA , FENICIA , GRIEGA Y CARTAGINENSE .
Odos los que se ocu
pan de la vida de los
pueblos antiguos , y
procuran con el ausi.
lio de la ciencia filo
lógica reunirlos en un
origen comun , echan
de ver al empezar sus
estudios el velo que
cubre por espacio de
algunos siglos el des
tino de la mayor parte de ellos, y que en vano se
intentaria levantar , puesto que las hipótesis son
siempre , o ridiculas , ó peligrosas. La Sagrada Escri
tura que nos da á conocer el nacimiento del linage
humano , ha pasado en silencio los desarrollos par
ciales de las distintas ramas que deseariamos estu
diar naturalmente . Por otra parte , las tradiciones
fabulosas de las diversas sociedades , y las diferentes
parraciones mitológicas , muchas veces incompren
sibles que estas han colocado en cabeza de su historia ,
no podrian servirnos de guias seguras é infalibles. De
biendo por lo mismo poner en duda lo que refieren los
historiadores españoles sobre la llegada de 'Tubal, sobre
los reinados de Tagus, Belus , Gerion , etc. , y ultima
mente sobre la espedicion de Hércules Libiano al es-
trecho , fijarémos nuestra consideracion en los Iberos.
Aun se conservan de una manera irrecusable los vesti
gios de su conquista tan profundamente grabados en
la Península , y su carácter se encuentra en el dia en
las costumbres y en el suelo . Toda la España antigua
está comprendida en este elemento cuya luz nos con
duce en lo intrincado y oscuro de su historia , sobresa
liendo por todas partes , en medio de la fusion de las
razas у de las familias, y á pesar de las varias revolu
ciones que el pais ha esperimentado, y siendo el que
une esta nacion á los anales mas remotos de la huma
nidad . El Cantabro , á quien solo el Evangelio pudo
conquistar y someler , relirado en sus montañas virgenes
de dominacion , resume el tipo primitivo , y presenta
5
34 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
tabre a toujours repoussé la civilisation ; il a bravé les
peuples qui le menaçaient de la guerre , et ceux qui
l'attiraient par l'appåt du luxe et de la fortune . Cet in
flexible débri des vieilles générations s'est conservé pur ,
tandis que la Péninsule obéissait à des maîtres ; il a
défié le Tyrien , le Grec , le Romain , le Wisigoth et
l'Arabe , afin de sauver , du grand naufrage des natio
nalités antiques , sa langue, son caractère , son indé
pendance ; il n'a courbé sa tele allière qu'au joug de la
foi chrétienne , dont les premiers apotres lui apporté
rent les bienfaits . Le Cantabre est encore pour nous le
témoin glorieux des luttes et des sanglants rendez -vous
dont la contrée fut le théatre ; il est toujours le même
dans cette Péninsule célèbre que toutes les ambitions
ont convoitée , que les Phéniciens occupèrent, dont
Alexandre rêva la conquête , où Carthage fut souvent
vaincue et Rome humiliée ; seul , il ne pactisa jamais
avec l'esclavage.
La situation de l'Espagne à l'extrémité de la Médi
terranée marqua , șans doute long-temps , le terme des
migrations conquérantes et des explorations maritimes
des races civilisatrices. Toutes vinrent aboutir à ce point
et s'y fondirent , dans une halte commune , en atten
dant un nouveau pélérinage ; les Arabes seuls en furent
repoussés par le christianisme .
Les Ibéres , partis des contrées qui séparent le
Pont-Euxin de la mer Caspienne , s'établirent des
premiers en Espagne. On peut encore suivre , par la
philologie et les meurs cette race asiatique, sur le lit
toral de notre mer , dans les iles de l'Italie, de la Grèce et
jusques dans les contrées habilées par les tribus calybes
du Caucase : les rapports qui existent entre la langue
Basque et le Sanskrit rattachent cet idiome à la grande
famille sémitique.
Le caractère ibérien se manifeste par l'isolement ,
la persistance et le patriotisme local. Différent du
Celte aventureux , l’lbere ne fesait ni lignes ni Irailés ,
n'avait pas de gout pour les expéditions lointaines et
n'attaquait jamais la liberté des autres peuples ; il se
pliait difficilement à l'organisation politique. Le mépris
de la mort, la confiance superbe en la bravoure per
sonnelle , le dédain pour les batailles rangées et jusqu'à
celle guerre de ruses et d'embuscades , dont parlent les
historiens , tout nous révèle la trace Ibérique chez l'Es
pagnol moderne. Il y a dans Strabon des passages qui
semblent écrits de nos jours , tant ils sont frappants de
vérité . « Le noir , dit -il , est la couleur nationale , et les
habits sont de grosse laine : les habitants portent des
chaussures de crin , qu'ils tressent autour de la jambe ;
sobres el patients , ils vivent d'un pain faitavec du gland
el doble distintivo de la raza antigua , que es el apego y
amor a la tierra natal , y la aversion y odio al estran
gero . Resistiendo siempre a la civilizacion , él ha insul
tado a los pueblos que le amenazaban con la guerra ,
como á los que querian seducirle con el atractivo del
lujo y de la fortuna ; este resto inflexible de las viejas
generaciones que se habia mantenido puro , cuando la
Península obedecia a los que pudieron ganar su domi
nio y señorio , desafió al Tiriano , al Griego , al Ro
mano , al Visigodo , y al Arabe para salvar del gran
naufragio de las antiguas nacionalidades su lengua , su
carácter y su independencia , no habiendo doblado su
cerviz altiva mas que á la fe cristiana , cuyos beneficios
le llevaron los primeros apóstoles . El Cántabro puede
ser mirado ademas , como el testigo glorioso de las
luchas y sangrientas citas de que fué teatro la co
marca , apareciendo siempre el mismo en esa Penin
sula célebre , blanco de todas las ambiciones , que los
Fenicios ocupáron , en cuya conquista pensó Alejandro ,
y donde Cartago fué vencida muchas veces y Roma
humillada; entregado á sus propias fuerzas jamas tran
sigió con la esclavitud .
La situacion de la España en la estremidad del Me
diterráneo señaló seguramente por mucho tiempo el
término de las emigraciones conquistadoras , y de las
esploraciones marítimas de las razas civilizadoras . Lle
gadas a este punto , todas se paráron y detuvieron en
él , esperando una nueva peregrinacion , y solo los
Arabes fueron repelidos por el cristianismo.
Los Iberos que sin duda habian salido de las co
marcas que separan el Pont - Euxin del mar Caspio ,
fueron los primeros que se establecieron en España , y
aun se puede seguir por la filologia y las costumbres á
esta raza asiática en el litoral de nuestro mar , en las
islas de Italia y de la Grecia , y hasta en los paises
habitados por las tribus calibes del Cáucaso . Las rela
ciones que existen entre la lengua vascuence y el sanscrit
la unen a la gran familia semítica .
El carácter ibérico se muestra todavía en el aisla
miento , la persistencia y el patriotismo local. Diferente
del Celta aventurero , el Ibero no formaba ligas ni
tratados , no era aficionado a las espediciones lejanas,
jamas atacaba la libertad de los demas pueblos , y difi
cilmente se adaptaba á la organizacion politica. El des
precio de la muerte , la confianza altiva y arrogante en
el valor personal , la esquivez y despego por las batallas
campales, y hasta aquella guerra de montaña , ó de zala
gardas y emboscadas de que hablan los historiadores ,
todo nos revela las señales ibéricas en el Español moderno .
Estrabon trae algunos pasages que parece se han escrito
en nuestros dias, tanto en ellos resalta la verdad. « El ne
gro , dice , es el color nacional , y los vestidos son de lana
burda ; los habitantes llevan calzado de crin que en
trelazan en las piernas ; sobrios y sufridos, se alimentan
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
doux , etc. , etc. » Tous ces trails conviennent encore au
montagnard qui porte toujours la mante rayée et la
sandale (Abarca ),comme l'Ibère au Tésin et à Trasimè-
ne , lorsqu'il ravageait l'Italie, sous les ordres d'Annibal.
Les meurs séparent entièrement les Ibères des autres
types européens , et les rapprochent de la race cauca-
sienne ; cependant , ces peuples donton ne peut déter-
miner la venue en Espagne , ne tardèrent pas à entrer
en contact avec l'élément germanique. Les Celtes que
M. Humbolt place à la tête des migrations primitives
d'Asie en Europe , aboutirent aux Pyrénées et vinrent
dispuler aux Ibères la possession de la Péninsule.
L'étymologie de leur nom qu'on fait venir de Ceiltach ,
(homme des forêts ),indique la direction qu'ils suivirent;
tandis que le mot Ibère, homme du fleuve), désigne une
invasion maritime . Tous les historiens s'accordent sur
la lutte sanglante el acharnée qui s'engagea , entre les
deux races également intrépides ; cependant , elles fini-
rent par se partager le pays , et une population mixte se
forma du mélange des deux peuples ; elle est connue sous
la dénomination de Celtibere. Néanmoins , le premier
élément prévalut , et les Ibères conservèrent la supré-
matie , puisque leur langue était commune à toutes les
contrées de la Péninsule .
Lorsque les Phéniciens arrivèrent en Espagne , vers
le 15e siècle avant J.-C. , après avoir jeté de nombreuses
colonies sur les cotes et dans les îles de la Méditerranée,
ils trouvèrent les deux peuples en paix . Les Ibères
s'étendaient du détroit au pied des Pyrénées et formaient
une foule de tribus dont les principalés étaient : les
Betures (au nord -ouest ), les Turdelans que Strabon
regarde comme les plus instruits des Ibéres ( en Lusi-
tanie ) , les Bastules ( à Grenade ) , les Turdules ( à
Gibraltar ) , les Bastians ( à Murcie ) , etc.
Les Celtes restérent en possession du versant nord et
de la cole du Portugal ; ils formaient cinq tribus toutes
courageuses et indomptables ; on les désigne sous le
nom d'Astures, Cantabres, Vascons , Gallaïciens et Lusi- ! Asturos , Cantabros , Vascones , Gallegos y Lusitanos ;
tains; on trouve chez ces derniers un grand nombre de
monuments druidiques , et l'on dit que leur caractère
était haineux et féroce .
Les Cellibères s'étendirent à l'est et confinaient aux
deux autres peuples ; ils avaient les sierras d'Urbino et
de Oca au nord , l'Orospeda au sud , les sierras de
Segura et d'Alcaraz å l’est . Il parait que les Celtibères
eurent de fréquents rapports avec les étrangers ,car, selon
Depping , on retrouve chez eux plusieurs divinités phé-
niciennes , telles que Baal , Antubal, Saturnius et jus-
qu'à la Salambo babylonienne qui était adorée à Séville.
Un taureau découvert en Catalogne représente une tète
d'homme , jointe à celle de l'animal ; d'un autre coté,
l'anneau d'Almelda annonce par son inscription grecque
35
con un pan hecho debellota dulce, etc. , etc. ) Todos estos
rasgos convienen aun al montañés que usa siempre la
manta rayada , y la sandalia ó abarca , como el Ibero en
el Tesin y en Trasimenes , cuando devastaba la Italia
bajo las órdenes de Anibal .
Los Iberos se diferencian completamente de los demas
tipos europeos por las costumbres que los asemejan á
la raza Caucasiana. Sin embargo , estos pueblos de
cuya venida á España no se puede fijar la época , no
tardáron en ponerse en contacto con el elemento ger
mánico . Los Celtas , que Humbolt coloca al frente de
las primitivas emigraciones del Asia á la Europa , lle
gáron a los Pirineos, y vinieron a disputar a los Iberos
la posesion de la Peninsula. La etimologia de su nom
bre que se hace derivar de Ceiltach , ú hombre de los
bosques , da a entender la direccion que siguiéron , asi
como la palabra ibero , ú hombre del rio , indica una
invasion maritima . Todos los historiadores estan con
formes en la sangrienta y encarnizada lucha que se
empeñó entre las dos razas igualmente valerosas y es
forzadas , y que terminaron repartiéndose el pais , y
formando de la union de ambos pueblos uno mixto que
es conocido con la denominacion de Celtibero. El pri
mer elemento prevaleció, esto no obstante, y los Iberos,
cuya lengua se hallaba generalizada y estendida en toda
la Península , conserváron la superioridad.
Cuando los Fenicios arribaron á España hacia el siglo
15º antes de Jesucristo , despues de haber sembrado de
colonias las costas é islas del Mediterráneo , encon
tráron á los pueblos en paz . Los Iberos se estendian
desde el estrecho hasta las faldas de los Pirineos , for
mando un escesivo número de tribus , de las cuales eran
las principales los Beturios al norueste , los Turdetanos ,
á quienes Estrabon tiene por los mas instruidos de los
Iberos , en la Lusitania , los Bastulos en Granada , los
Turdulos en Gibraltar , los Bastianos en Murcia , etc.
Los Celtas continuáron ocupando la vertiente norte y
la costa de Portugal , y formaban cinco tribus todas in
trépidas é indomables ; se les designa con el nombre de
en su territorio se ven una multitud de monumentos de
los Druidas , y se dice que su carácter era rencoroso y
feroz.
Los Celtiberos se estableciéron en la parte del este , y
confinaban con los otros dos pueblos , teniendo las sier
ras de Urbino y de Oca al norte , la de Orospeda al sud ,
y las de Segura y Alcaraz al este . Parece qne los Celti
beros mantuviéron continuas relaciones con los Tiria
nos , pues , segun Deping , se han hallado en ellos mu
chas divinidades fenicias , como Baal , Antubal , Salur
nius , y hasta la Salambo de Babilonia que se adoraba
en Sevilla . Un toro descubierto en Cataluña representa
una cabeza de hombre unida a la del animal ; por otra
parte la inscripcion griega del anillo de Almelda anun
36 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
la trace d'un autre peuple (1). Les Celtibères , moins
riches en métaux précieux que les habitants du nord
et du Sud , excellaient cependant à fabriquer des armes
de guerre ; ils combattaient à pied et à cheval, portaient
des tuniques noires et des bracelets , se couvraient du
casque et du bouclier , se servaient de l'épée et du
poigoard ; ils étaient moins farouches que les autres
peuplades, plus faciles au commerce et à la civilisation ;
On les voit de tout temps , passionnés pour les combats
de Taureaux , car leurs plus anciennes monnaies re
présentent cet animal , quelquefois seul , quelquefois
poursuivi par un homme armé. Un monument découvert
à Clunia , confirme pleinement cette assertion .
Bien qu'on puisse signaler des nuances dans les
meurs et les habitudes des trois races , elles présentent
néanmoins , pour caractère commun , la sobriété , le
courage , le mépris de la vie , l'indépendance et la
défiance. Aussi les bases de l'unité manquèrent-elles
toujours ; le pays resta fractionné et faible en présence
de l'invasion . Les tribus résistaient à la conquête avec
un héroïsme extraordinaire , et ne purent cependant
en empêcher aucune. Les meurs qui étaient partout
belliqueuses ne surent jamais adhérer long-temps à
l'unité nationale. Le sacerdoce antique y était sans
influence , et la femme dans un état voisin de la servi
tude. Toutefois , les historiens ont rendu un noble
témoignage aux vertus morales et guerrières des vieux
Espagnols. Prælia aggrediuntur carminibus. Ils allaient
au combat en chantant , et les mères racontaient à
leurs jeunes fils les exploits de leurs pères. Thucydide
les appelle les plus braves des barbares , et Silius Italicus
les peint admirablement par ce vers énergique :
Segne viris quidquid sine duro Marte gerendum est. ( 2 )
On peut consulter à ce sujet Diodore, Strabon ,
Lucius Florus et Tite - Live lui-même . Il nous suffira
de mentionner ici le jugement d'Hugon Simpilius qui ,
bien que plus moderne , résume heureusement tous les
traits généraux du caractère national , aux divers ages :
« Les Espagnols , dit-il , sont fidèles en amitié , graves
dans leurs meurs , sobres dans le boire et le manger.
Leur jugement est sain et droit : ils ont naturellement
du génie et supportent aisément la faim et la soif à la
guerre. Ils se montrent habiles aux stratagèmes . ( De
Math . 1. 8 , p. 135. ) Il est cependant nécessaire , en
parlant de ce peuple , de distinguer l'homme de l'en
( 1 ) Sur la Cornaline est écrit :
Τον Θεον σοι υψίστον μη με ασικήσεις : peya TO ovoua .
N'attire , ni sur toi , ni sur moi , la colère du Dieu très-haut:
c'est un grand nom .
(2) Ils n'estimaient que les jeux sanglants de Mars.
cia los vesligios de otro pueblo ( 1 ) . Los Celtiberos aun
que menos ricos en metales preciosos que los habitantes
del norte y del sud , escedian y aventajaban a todos en
la fabricacion de armas de guerra. Ellos peleaban á pié
у á caballo , usaban túnicas negras y brazaletes , se cu
brian con el casco y el escudo , y se servian de la espada
y del puñal ; menos feroces que las otras tribus, pro
pendian mas al comercio y á la civilizacion . Se les
ve apasionados en todos tiempos por los combates 6
corridas de toros , pues sus mas antiguas monedas figu
ran á este animal unas veces solo , y otras perseguido
por un hombre armado , corroborando esta asercion un
monumento descubierto en Clunia.
Aunque se puedan señalar algunos matices en los
usos y costumbres de las tres razas , ellas ofrecen por
carácter comun , la sobriedad , el valor , el desprecio de
la vida , la independencia , y la desconfianza . Pero
tambien les faltáron siempre las bases de la unidad ; y
el pais quedó dividido y sin vigor al frente de la inva
sion . Las tribus oponian á la conquista una resistencia
estraordinaria y heroica , y a pesar de ello no pudieron
impedir ninguna . Las costumbres que por do quiera
eran belicosas, no llegáron jamas á adherirse por mu
cho tiempo a la unidad nacional . El sacerdocio antiguo
carecia de influencia , y la muger se hallaba casi en
estado de esclavitud . Con todo , los historiadores han
tributado un testimonio honroso á las virtudes mora
les y guerreras de los viejos Españoles. Prælia aggre
diuntur carminibus ; ellos marchaban cantando a los
combates , y las madres contaban á sus tiernos hijos las
hazañas de sus padres. Tucidides los llama los mas
bravos de los bárbaros , y Silio Itálico los retrata de una
manera admirable en este verso enérgico :
Segne viris quidquid sine duro Marte gerendum est (2).
Se puede consultar sobre este particular á Diodoro ,
Estrabon , Lucio Floro y aun al mismo Tito Livio ,
considerando suficiente el mencionar aquí el juicio de
Hugon Simpilio , el cual , aunque mas moderno, resume
felizmente todos los rasgos generosos del carácter na
cional en las diferentes edades. Los Españoles, dice ,
son fieles à la amistad , graves en sus costumbres , so
brios en el comer y beber ; su juicio es sano y recto ,
tienen talento natural , y sufren facilmente la hambre у
la sed en la guerra , mostrándose diestros y hábiles en
las estratagemas ( De Math . , 1.8 , p. 135. ). Es menester
sin embargo, cuando se habla de este pueblo , distinguir
(1) Sobre la Cornerina está escrito :
Τον Θεον σοί υψίστον μη με ασικήσις " μεγα το evolelle .
No llames sobre tí , ni sobremíla cólera del Dios allísimo :
es un gran nombre.
(2) Ellos no aprecían mas que los juegos sangrientos de Marte.
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
nemi ; car , dans l'état de guerre , la justice , la pilié,
l'humanité disparaissent , pour faire place à la fureur
et à la cruauté. »
ESPAGNE PHÉNICIENNE , GRECQUE ET CARTHAGINOISE.
Les traits moraux que nous avons esquissés, n'ap
partiennent pas aussi caractérisques à toutes les contrées
de la Péninsule ; ils důrent subir des modifications et
s'effacer un peu , dans la partie méridionale surtout ,
par le mélange des éléments étrangers ; ce n'est donc
pas dans la région africaine et sur les cotes de la Médi
terranée , que nous trouverons l'antique Espagne; mais
bien au milieu des montagnes , sur les Sierras élevées ,
où se retira la vieille et forte race que l'invasion
repoussait; elle s'appuya sur cette barrière immense
des Pyrénées , qui la garantit du contact et la conserva
fortement accentuée. L'Ibère , comme l'aigle , se réfugia
fièrement vers la cime des monts , pour y vivre pauvre ,
mais libre. Rome seule , dont la dévorante ambition
con voilait tous les genres de triomphe , fit escalader
à ses légions les forteresses naturelles qui protègent
la Cantabrie. Ses soldats suivirent les gradins gigan
tesques des Sierras , jusques sur leurs plateaux im
menses , mais ils en descendirent sans gloire.
Il est , certes , difficile de déterminer exactement
jusqu'où s'étendirent les possessions des Phéniciens en
Espagne ; on ignorera , sans doute , toujours l'époque
précise de l'arrivée de ces peuples colonisateurs , par
excellence, bien que les conjectures fixent au 15me siècle
la construction des premières villes. Il est probable ,
toutefois , qu'ils s'établirent dans la Bétique sans oppo
sition , et que leur colonisation fut d'abord toute paci
fique. Le mythe d'Hercule ( Harokel ) séparant le détroit
et jetant les fondements de Gadir (Cadix), est un symbole
de navigation, puisque le Dieu Tyrien est représenté sur
les médailles , sous la figure d'un pilote gouvernant
un vaisseau; cependant , lorsqu'il tient un arc à la main,
il est emblème de la marche du soleil ; son temple, dont
les ruines existent encore dans l'ile Erytheia , annonce
une haute antiquité. Au milieu de la confusion qui domi
ne cette époque reculée , nous ne pouvons affirmer autre
chose, si ce n'est que les Phéniciens, attirés par les riches
ses merveilleuses de la Bétique, s'établirent sur unegran
de partie du rivage. Ils couvrirent le littoral d'opulentes
cités , et firent des excursions jusques sur les cotes
d'Irlande. Par eux s'élevèrent Tartessus , Malaca ( en
Phén. Malka) , ville royale ; Cordova ( en Phén . Karta
Tuba ), cité riche ; Sibilia ( en Phén. Iseb - bal ), idole ,
où demeure Sainte , etc... Tous les historiens pensent
37
el hombre del enemigo , mediante que en el estado de
guerra el furor y la crueldad se sustituyen á la justicia , á
la piedad , y á la humanidad .
ESPANA FENICIA , GRIEGA Y CARTAGINENSE.
Los rasgos morales , de que hemos dado una ligera
idea , no son característicos de todos los puntos y co
marcas de la Península , pues debiéron modificarse , y
aun oscurecerse en algun tanto , en la parte meridional
muy particularmente , por la mezcla de los elementos
estrangeros ; no es por consiguiente en la region afri
cana , y en las costas del Mediterráneo , donde habrémos
de encontrar la antigua España , sino en medio de
aquellas altas y escarpadas sierras , donde se acogió la
vieja y fuerte raza que la invasion rechazaba y reducia ,
apoyándose en la inmensa barrera de los Pirineos que
la preservó del contacto , y la mantuvo en una divisa y
distincion singular. El Ibero , semejante al águila , se
refugió orgullosamente en las cimas de las montañas ,
para vivir allí pobre y desafortunado sí , pero libre é
independiente. Solamente Roma , cuya insaciable am
bicion la bacia correr en pos de toda clase de triunfos ,
obligó á sus legiones á escalar las fortalezas que la
naturaleza habia formado para proteger la Cantabria ,
y aunque sus soldados siguieron los escalones gigan
tescos de las sierras hasta sus enormes mesas ú espla
nadas , al fin tuviéron que retroceder sin gloria .
Es dificil seguramente determinar con exactitud hasta
donde se estendieron las posesiones fenicias en España ,
y siempre se ignorará el tiempo preciso de la llegada de
este pueblo colonizador por escelencia, aunque las con
jeturas fijan en el siglo 15º la construccion de las pri
meras poblaciones; siendo con todo probable que se
estableció en la Bélica sin oposicion , y que la coloni
zacion fué desde luego enteramente pacifica. La fábula
mitológica de Hércules (Karokel) separando el estrecho ,
y arrojando los cimientos de Gadir (Cadiz ) , es un sim
bolo de navegacion y de la marcha del sol , puesto que
el Dios Tiriano está representado en medallas bajo la
figura de un piloto , ya dirigiendo un navio , ó ya te
niendo un arco en la mano. Su templo , cuyas ruinas
todavia existen en la isla Eriteia , anuncia una grande
antigüedad . En medio de las tinieblas que envuelven
una época tan remota , unicamente podemos afirmar que
los Fenicios atraidos por las estraordinarias y maravi
llosas riquezas de la Bética , ocuparon una estensa parte
de la ribera del mar , coronando el litoral de opulentas
ciudades , y haciendo correrías y escursiones hasta en
las costas de Irlanda . Ellos edificáron Tartesus
Malaca ( en fen . Malka ) villa Real ; Córdoba ( en fén .
Karta - Tuba ) ciudad rica ; Sibilia ( en fén . Iseb - bal )
idolo ó morada san ta , etc. , etc. Todos los historiadore
38 L'ESPAGNE HISTORIQUE.
que les relations commerciales des Phéniciens s'éten
dirent dans toute la Péninsule etjusque dans le nord ,
où l'on a découvert des médailles Tyriennes .
La Méditerranée fut la grande voie des premières
migrations. Les colonies asiatiques s'étendirent d'abord
sur ses côtes , jusqu'à ce que la Providence , ouvrant
la barrière qui la séparait de l'Océan , eùt livré le
monde aux explorations du commerce et de l'industrie.
La direction de l'est à l'ouest se présentait facile par
cet immense bassin qui sépare deux continents , tandis
que le mouvement de la terre qui faisait apparaître le
soleil, éteignant ses feux dans des contrées qui atten
daient l'activité humaine , semblait tracer la route aux
migrations aventureuses des premières races . Les
grands cours d'eau permettaient, d'ailleurs , de péné
trer sans danger dans l'intérieur des terres , et gui
daient les explorateurs , que nous voyons s'arrêter
toujours, au fond des golfes ou sur les rives des fleuves.
Entre les Tyriens et les Carthaginois , nous trou
vons des colonies Grecques à Rbodas ( Rosas) fondée
mille ans avant J.-C. Cette ville, réduite aujourd'hui
à quelques maisons de pêcheurs , fut siége épiscopal,
sous les rois Goths. Les Rhodiens introduisirent dans
celle contrée l'art de frapper les monnaies ; leurs traces
se retrouvent encore aux iles Gymnésiennes, dans le
nom d'Ophiusa qui fut primitivement celui de Rhodes .
Au 12me siècle , les naturels de Zante avaient fondé
Sagonte et construit un temple à Denia ( Diania ). Leur
cité s'accrut par le commerce , et devint une des plus
florissantes de l'Espagne ; elle est d'ailleurs aussi célé
bre par son opulence que par sa ruine. Dans une épo
que postérieure , Amporias (@u.Tógia ) située à la base
orientale des Pyrénées, donna droit d'hospitalité aux
Phocéens de Marseille , et reçut le nom de Dyopolis ,
(double ville), à cause du mur qui séparait les nouveaux
étrangers des indigènes. La mer des baléares fut alors
appelée Phocaïque. Ainsi , tous les peuples apportaient
sur le sol de l'Espagne leurs dieux , leur industrie ,
leurs arts et leur langue , (puisqu'aux traditions Phéni
ciennes , Grecques , Babyloniennes, Lybiennes , nous
pouvons joindre les deux inscriptions hébraïques , trou
vées à Murviedro au 16 me siècle ) , et néanmoins dans
celle immense fusion , la nationalité Ibérienne se
conservait toujours.
Les Phéniciens avaient soumis la Bétique et chassé ,
dit- on , quelques tribus Africaines qui l'occupaient
avant eux ; mais , les Ibères refoulés dans l'intérieur ,
les tenaient en échec , pendant que la ville de Car
thage s'élevait , par la décadence de Tyr. Cette puis
sante république avait exploré les Baléares et formé
à Ebusus un premier établissement ; elle surveillait les
piensan que las relaciones comerciales de los Fenicios
se difundieron por toda la Península , y llegaron hasta el
norte , donde se han encontrado medallas Tirianas.
El Mediterráneo fuéla grande ruta de las primeras emi
graciones , y lascolonias asiáticas se derramáron al prin
cipio sobre sus costas , hasta que la Providencia , rom
piendo el antemural que lo separaba del Océano , entregó
el mundo a las esploraciones del coinercio y de la in
dustria . La direccion del este al oeste se presentaba fácil
por esa inmensidad de aguas que divide dos continen
tes , al mismo tiempo que el movimiento de la tierra ,
mostrando el sol que se pone en regiones que aun es
peraban la actividad humana , parecia marcar el ca
mino que debian llevar las emigraciones aventureras ,
revistiendo de los colores mas seductores у alagüeños
lo que entonces era desconocido. Ademas , las grandes
corrientes de agua permitian penetrar sin riesgo en
lo interior de las tierras , y guiaban a los esploradores
que vemos detenerse siempre en el fondo de los golfos ,
ó en las márgenes de los rios.
Entre las colonias tirianas y cartaginenses vemos otras
griegas en Rodas ó Rosas, poblacion erigida mil años
antes de Jesucristo , y que se encuentra reducida en el
dia á algunas casas de pescadores ; tuvo silla episcopal
bajo los reyes godos,, y su bahía es una de las mas her
mosas del Mediterráneo. Los Rodios introdujéron en
esta comarca el arte de acuñar las monedas , y aun se
conservan sus vestigios en las islas gimnesianas en el
nombre de Ofiusa que fue primitivamente el de Rodas .
En el siglo 12º los naturales de Zante fundaron Sa
gunto , y construyeron un templo en Denia ( Diania );
su ciudad se aumentó por el comercio , y llegó á ser
una de las mas florecientes de España , apareciendo
tan célebre por su opulencia , como por su ruina . En
una época posterior , Amporias ( fue trópic ) situada en la
base oriental de los Pirineos , concede derecho de hospi
talidad a los Foceos de Marsella , y recibe el nombre de
Diopolis , doble poblacion ó villa , por el muro que sepa
raba á los indígenas de los nuevos estrangeros ; el mar
de las Baleares fué llamado entonces Foceico. Así que ,
todos los pueblos llevaban al suelo de la España sus
dioses , su industria , sus artes , y su lengua , puesto que
podemos juntar á las tradiciones fenicias , griegas , ba
bilonias y libianas , las dos inscripciones hebraicas en
contradas en Murviedro en el siglo 16° , conservándose
sin embargo en esta inmensa fusion la nacionalidad
ibérica .
Los Fenicios habian sometido la Bética , y espulsado ,
segun se dice , algunas tribus africanas que la ocupaban
anles que ellos , pero los Iberos retirados en el interior,
los tenian en alarma , y entre tanto la ciudad de Cartago
se formaba en los dias de decadencia de Tiro . Esta po
derosa república habia esplorado las Baleares y fijado
en Ebusus su primer establecimiento , desde donde
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
Phéniciens de ce point et leur cherchait des ennemis,
chez les Turdetans , les Bastules et les Turdules , les
poussant tous àla révolte,par la promessedepuissants socorrerlos.
secours . Les Tyriens avaient une ligne de fortifica
dolosalainsurreccionconla
tions qui protégeait la partie de la Bétique , renfermée
entre la ville d'Arcobriga, sur le fleuve Iber, Turdetum
( Xerez ) , Malaca , Corduba et Assidonia . Mais , il est
probable que ces divers points étaient mal défendus ,
car il suffit d'une insurrection et d'un seul combat,
pour les leur faire perdre. Le célèbre Baucius Capetus,
prince des Turdetans , les vainquit et les assiégea dans
Assidonia qui fut enlevée et livrée aux flammes par les
insurgés. En un instant , les établissements Phéniciens
sont ravagés, et l'indépendance Ibérienne est proclamée,
après plusieurs siècles d'oppression . Gadir seule résis
tait encore , mais les habitans privés des secours de la
métropole, sont bientot réduits à la dernière extremité.
Dans ce danger, ils se jettent entre les bras de Carthage,
et l'implorent au nom de l'origine commune aux deux
peuples. La république saisit avec avidité l'occasion que
ses intrigues avaient fait naître. Sa politique triomphait,
et bientot une flotte arriva à Cadix , sous les ordres de
Maharbal. La possession du détroit permettait à Car
thage d'embrasser la Méditerranée de l'est à l'ouest ,
en ouvrant à son commerce d'inépuisables sources de
richesses. La période Phénicienne finit en 517 avant
J.-C. , lorsque de nouveaux envahisseurs touchèrent
les rives du Bétis..
C'est par le pillage et la dévastation que les Carthagi
nois s'annoncèrent à l'Espagne; aussitôt les Turdetans
reprennent les armes , à la voix de Baucius; surprennent
le camp de Maharbal , taillent son armée en pièces et
forcent le général à se réfugier dans Gadir . Toutefois,
cette victoire n'amena pas l'affranchissement des Ibères ,
dont les peuplades diverses , toujours désunies et
jalouses les unes des autres , ne purent jamais adhérer
à l'unité nationale ; en même temps , leurs mæurs
simples et confiantes les livraient , sans défense ,
aux étrangers plus rusés. Les Carthaginois vaincus
envoyèrent des ambassadeurs et se présentèrent en amis
et conciliateurs pacifiques, entre les indigènes et les Gadi
tains ; ils firent accepter aux deux peuples une paix
fallacieuse également funeste à tous , puisque Car
thage se fit accorder , par ce traité, la possession d'une
partie du littoral à l'est de Gadir. Bientôt le cercle de sa
puissance s'élargit ; les meilleures positions furent en
vahies , et des trailés particuliers isolèrent peu à peu
les tribus Ibères , au point que la révolte devint
impossible.
Dès que les Carthaginois eurent affermi leur domi
nation , ils tournèrent leurs armes contre les Gaditains ;
et pour couvrir d'un prétexte louable leur odieuse
39
vigilaban a los Fenicios , y les buscaban enemigos entre
los Turdetanos , los Bastulos , y los Turdulos , concitán
promesade apoyarlos y
Los Tirianos contaban con una gran linea de
fortificaciones que protegia la parte de la Bética compren
dida entre la villa de Arcobriga sobre el rio Iber , Turde
tum ( Xerez ) , Malaca , Córduba , y Asidonia . Mas es ve
rosimil que estos distintos puntos se hallaban mal defen
didos , cuando fué bastante una rebelion y un solo com
bate para hacérselos perder. El célebre Baucius Capelus,
principe delos turdetanos despues de haberlos vencido, los
silió en Asidonia que fué tomada y entregada á las lla
mas por los sublevados. Las posesiones fenicias fueron
desoladas , y la independencia ibériana se proclamaba al
cabo de muchos siglos de opresion . Solamente Gadir
resistia ; pero los habitantes que carecian de los ausilios
de la metrópoli , y se veían ya reducidos á la última
estremidad , se arrojan en tan crítica y apurada situa
cion en los brazos de Cartago , implorando su amparo á
nombre del origen comun de ambos pueblos. La repú
blica se aprovechó ansiosa de estas circunstancias crea
das por sus intrigas , y como su política triunfaba , no
tardó en aparecer una flola en las aguas de Cadiz bajo
las órdenes de Maharbal. Cartago podia muy bien por
la ocupacion del estrecho abrazar el Mediterráneo del
este al oeste , y abrir al mismo tiempo á su comercio
fecundos manantiales de riquezas. El periodo fenicio
terminó en 517 antes de Jesucristo , cuando estos nue
vos conquistadores llegaron a las orillas del Bétis.
Los Cartaginenses se anunciaron a la España por el
pillage y la devastacion ; por eso los Turdetanos vuelven
á tomar las armas a la voz levantada por Baucius , sor
prenden el campo de Maharbal, derrotan completamente
su ejército , y obligan al general á buscar su salvacion
en Gadix . Con todo , esta victoria no dió por resultado
el recobro de la libertad é independencia de los Iberos,
cuyas diferentes tribus , divididas y celosas siempre las
unas de las otras , no pudiéron jamas adherirse á la
unidad nacional , mientras que sus sencillas é incautas
costumbres los daban a merced de los estrangeros mas
sagaces y solapados . Vencidos los Cartaginenses , enviá
ron embajadores , y se presentaron como amigos y
conciliadores pacificos entre los indígenas y los Gadi
lanos , haciendo aceptar a los dos pueblos una paz falsa
y engañosa , igualmente funesla á ambos partidos.
Cartago consiguió se le concediese por este tratado la
posesion de una parte del litoral, al este de Gadix ; pero
no tardaron en ensanchar y estender su poder , inva
diendo las mejores posesiones , y reduciendo insensi
blemente á los Iberos por convenios particulares hasta
un estremo tal que hizo imposible ya la insurreccion .
Luego que los Cartaginenses aseguraron de este modo
su dominacion , volviéron sus armas contra los Gadi
lanos , y para cohonestar su irritante y odiosa agresion ,
 40 L'ESPAGNE HISTORIQUE ,
aggression , ils les accusent de tyrannie et d'injustice
envers les Espagnols , Gadir fut assiégée et prise par
eux , à l'aide du bélier qu'on employa , dit-on , alors
pour la première fois. Après la ruine de ce dernier
établissement Phénicien , Carthage ne trouva de résis
· tances que dans les colonies Grecques, dont elle fut
obligée de respecter l'indépendance ; néanmoins, comme
elle élait réellement en possession de la partie méridio
nale de la Péninsule , elle voulut rendre son occupation
durable , en l'étendant par de nouvelles entreprises.
Le génie colonisateur de Tyr revivait chez les Cartha
ginois , et tout nous autorise à croire que leurs expédi
ditions auraient amené la découverte des continents ,
que nous ne connaissons que depuis le 15me siècle de
notre ère , si la conquête romaine n'avait arrêté l'élan
du commerce et da la navigation . L'organisation muni
cipale de ce peuple trop admiré , en concentrant dans
son unité tyrannique les diverses nations des trois
continents , imposa une longue halte aux progrès de la
civilisation industrielle , et retarda de vingt siècles peut
être , la découverte de l'Amérique.
Certes , on devait tout espérer du caractère aventu
reux des Carthaginois , lorsque nous voyons , en 441,
deux flottes expédiées du détroit de Gibraltar , sous
les ordres d'Himilcon et d'Hannon , pour aller explorer
les cotes occidentales de l'Espagne et de l'Afrique.
Le premier parti de Tarifa visita d'abord tout le
littoral , entre Gadir et le promontoire sacré (Cap Saint
Vincent), reconnut le pays des Cynètes etcelui des Lusi
tains , avec le Tagus qui se jetait alors dans l'Océan par
quatre embouchures ; puis , ayant dépassé le Duero et
le Minho ( Durius et Minius ), il doubla le cap Ortegal
( Prom . Trileucum ) , pénétra dans la mer de Gaule,
visita les Cassitérides ( Archipel de Scilly ) déjà connues
des Phéniciens , et découvrit même , dit-on , l'ile de
Shetland . Ce voyage qui dura quatre mois suppose une
science nautique très -avancée ; mais l'expédition d'Han
non nous élonne bien plus encore , par sa hardiesse et
son succès. Celui-ci entreprit en effet une navigation
plus périlleuse que celle de son collègue. Parti du détroit
en même temps qu'Himilcon, il longea la cote d'Afrique,
et reconnut , d'abord , les iles fortunées et Teneriffe ,
doubla le cap Bojador , et parvint jusqu'à l'embouchure
du mystérieux Niger. Pline affirme qu'il passa l'équa
teur et qu'il arriva même au Golfe Arabique, ayant
ainsi exécuté le grand périple. Cette navigation , qui
prouve les hautes vues du sénat de Carthage, dura
cinq ans et fut accomplie dix-huit siècles avant que
les Portugais suivissent la même route.
Tout semblait favoriser en Espagne l'ambition des
Carthaginois ; les divisions sanglantes des Lusitains
et des Turdetans affermissaient chaque jour leur domi
los acusan de tiranía é injusticia hacia los Españoles.
Gadix es sitiada y tomada á poco tiempo por medio del
ariete que se dice fué empleado entonces por la pri
mera vez . Despues de la ruina de este último esta
blecimiento fenicio , Cartago no encuentra ya otras
resistencias que las de las colonias griegas , cuya in
dependencia tuvo que respetar. Sin embargo, como se
hallaba realmente en posesion de la parte meridional
de la Península , queria hacer su ocupacion estable y
duradera , dilatándola con nuevas espediciones. El
genio colonizador de Tiro se despertaba en los Carta
ginenses , y todo nos autoriza a creer que sus repetidas
empresas habrian mostrado la existencia de los con
tinentes que no se conociéron hasta el siglo 15º de nues
tra era , si la política romana no hubiese detenido los
vuelos del comercio y de la navegacion. La organizacion
municipal de este pueblo , reconcentrando en su unidad
tiránica las distintas naciones del mundo antiguo , a
trasó veinte siglos el descubrimiento de la América , y
paralizó por mucho tiempo los progresos de la civiliza
cion industrial .
Todo se debia esperar sin duda del carácter aventu
rero de los Carlaginenses , cuando vemos en 441 salir
dos flotas del estrecho de Gibraltar bajo las órdenes de
Himilcon y de Hannon para ir a esplorar la costa occi
dental de la España , y la de Africa . La primera , que
partió de Tarifa , despues de haber visitado el litoral
comprendido entre Gadix y el promontorio Sagrado ó
cabo de San Vicente , y reconociendo el pais de los Ci
netas y el de los Lusitanos , con el Tagus que desaguaba
entonces en el Océano par cuatro bocas , pasó mas allá
del Duero y del Miño ( Durius y Minius) , dobló el cabo
Ortegal (promontorium Trileucum ), penetró en el mar
de Galia , registró las Casitérides ( archipiélago de
Seilly ) conocidas ya de los Fenicios , y llegó a descubrir ,
segun se cuenta , basta la isla de Shelland. Este viage
que duró cuatro meses , supone ciertamente una ciencia
náutica muy adelantada , pero la espedicion de Hannon
nos admirará mucho mas todavía por su atrevimiento
у feliz éxito . Este emprendió en efecto una navegacion
incomparablemente mas arriesgada que la de su com
pañero. Habiendo salido del estrecho al mismo tiempo
que Himilcon , costeó el Africa , reconoció las islas For
tunadas y Tenerife , dobló el cabo Bojador, y avanzó
hasla encontrarse en la embocadura del misterioso
Niger. Plinio afirma que pasó el Ecuador , y que aun
llegó al golfo Arábigo , cumpliendo así el gran derro
tero. Esta navegacion que prueba las altas miras del
Senado de Cartago , se hizo en el espacio de cinco años ,
diez y ocho siglos antes que los Portugueses siguiesen
el mismo rumbo .
Todo pues parecia favorecer en España la ambicion
de los Cartaginenses , y hasta las sangrientas divisiones
de los Lusitanos y Turdetanos contribuían á consolidar
 L'ESPAGNE HISTORIQUE .
nation , lorsque la révolte de la Sicile commença pour
eux une série de luttes et de combats , où leur politique
devait succomber. La race Métis , qui s'était formée
dans la Péninsule des étrangers et des indigènes , four
nit alors des levées considérables et les Baléares don
nèrent leurs habiles frondeurs ; ce fut avec ces in
trépides auxiliaires que les Carthaginois vainquirent
les Siciliens et comprimèrent la révolte . Pendant cette
expédition , leur joug avait moins pesé en Espagne ;
mais après le succès, Hannon gouverneur de la Bétique
provoqua, par ses rapines et ses cruautés, un soulèvement
général; il est attaqué , vaincu et forcé, pour se maintenir,
de faire un appel aux terribles Numides qui livrèrent la
contrée à la dévastation. Carthage, effrayée à la nouvelle
de ces atroces représailles , rappela son général et le
fit périr ensuite avec toute sa famille , sous la pré
vention d'un crime, trop monstrueux, pour être possible.
Dės ce moment , la domination punique devint op
pressive et sanglante. Cependant, sur l'autre Péninsule,
la puissance Romaine grandissait et se préparait à la
conquête du monde , par cinq cents ans de luttes ;
bientôt les deux puissances rivales se rencontrèrent
en ennemis sur le détroit de Messine. Une première
guerre qui dura 22 ans , fit perdre à Carthage humiliée ,
la Sicile , la Sardaigne et une partie de sa marine. C'est
dans ces malheureuses circonstances qu'Amilcar ame
nait en Espagne son fils Annibal , après lui avoir
fait jurer , sur l'autel des dieux , une haine éternelle au
nom romain .
A l'arrivée d'Amilcar á Gadir, les Turdetans accourent
au - devant de lui , et l'aident à réconquérir la Bétique.
L'habile gouverneur , ayant comprimé les insurrections
partielles , visita la cote orientale et construisit , sur les
bords de l'Ebre , la forteresse de Dertosa ( Tortose ).
Tout le littoral fut soumis , à l'exception de Sagonle ,
qui bravait toujours la puissance de Carthage . Amilcar,
dissimulant son ressentiment , fonda ou agrandit
Barcino sur le Llobregat et s'allia aux peuplades
Gauloises des Pyrénées. Il posait déjà les premières
bases de cette audacieuse expédition d'Italie , qui
semble la propriété de toute la famille des Barca ,
lorsqu'il fut tué dans un combat contre les Edetans.
Asdrubal, gendre d'Amilcar , fut nommé en 229
avant J.-C. , pour lui succéder ; celui - ci compléta
le système d'occupation en construisant Carthagène ,
dont il fit l'entrepot du commerce et le centre de ses
opérations militaires dans la Péninsule. Cette ville ,
qui a conservé jusqu'à nous sa première importance ,
élait admirablement située pour contenir le pays à
l'intérieur , en le garantissant des ennemis du dehors.
Cependant le sénat romain , inquiet des progrès d'une
41
su dominacion , cuando la sublevacion de la Sicilia les
abrió una serie de luchas y combates , donde su política
debia sucumbir. La raza métis formada en la Península
de los estrangeros y de los indígenas les suministró en
tonces alistamientos considerables , y las Baleares les
acudieron tambien con sus diestros y hábiles honderos ,
habiendo vencido á los Sicilianos y sofocado la insur
reccion con estos intrépidos ausiliares. Durante esta
espedicion , su pesado yugo se hizo sentir menos en
España ; pero despues del triunfo , las rapiñas y cruel
dades de Hannon , gobernador de la Bética , llegaron
á un estremo tal que provocáron un levantamiento ge
neral ; el fué atacado , vencido y obligado para sos
tenerse , á llamar en su socorro å los terribles Numidas
que entregaron el pais á la devastacion : Cartago cons
ternada al saber tan atroces represalias , llamó á su
general , y le hizo perecer despues con toda su familia ,
bajo la imputacion de un crimen demasiado monstruoso
para que sea posible. Desde este momento la dominacion
púnica sobre la raza ibérica principio á ser opresiva y
sangrienta , mientras que el poder romano , adquirido
á costa de dos cientos años de combates , tomaba incre
mento en Italia , y se preparaba á la conquista del
mundo por quinientos años de luchas. No tardaron los
dos poderes rivales en encontrarse como enemigos en
el estrecho de Mesina . La primera guerra que duró
22 años , hizo perder a Cartago humillada , la Sicilia ,
la Cerdeña y una parte de su marina ; en estas tristes
y aciagas circunstancias Amilcar traia á España á su
hijo Anibal , despues de haberle hecho jurar un odio
eterno al nombre romano .
A la llegada de Amilcar á Gadix , los Turdelanos
corren á su encuentro , y le ayudan a reconquistar la
Bética . El hábil gobernador reprimió las insurrecciones
parciales, visitó la costa oriental , y levantó en las
márgenes del Ebro la fortaleza de Dertosa ( Tortosa ).
Todo el litoral fué sometido , escepto Sagunto que de
safiaba siempre al poder de Cartago. Amilcar , ocul
tando su resentimiento , fundo o engrandeció a Barcino
sobre el Llobregat, y contrajo alianza con las tribus
Galas de los Pirineos , poniendo de esta manera las
bases de aquella atrevida espedicion de Italia que pa
recía la propiedad de toda la familia de los Barcas,
cuando fué muerto en un combate contra los Edelanos .
Asdrubal, yerno de Amilcar , fué nombrado en 229
antes de Jesucristo para sucederle , y este completo
el sistema de ocupacion construyendo á Cartagena , de
que hizo el emporio del comercio , y el centro de sus
operacionos militares en la Península . Esta ciudad , que
ha conservado hasta nuestros dias su antigua impor
tancia , se hallaba admirablemente situada para con
tener el pais en el interior , y preservarlo al mismo
tiempo de los enemigos de afuera.
Entretanto el senado romano , á quien causaban in
6
42 L'ESPAGNE HISTORIQUE
rivale qu'il croyait découragée , voulut entraver ses
projets d'agrandissement ; il s'unit d'abord avec Mar-
seille , ville commerçante et rivale de Carthage , faisant
entrer dans une même ligue Ampurias et Sagonte ,
qui se placèrent ainsi sous sa protection . La race
Ibérique s'appuya, dès-lors, sur Carthage; car la crainte
de Rome fut assez puissante pour rapprocher deux peu-
ples qui étaient restés face à face , les armes à la main ,
pendant deux cents ans. Asdrubal, voyant que la guerre
était près d'éclater , appela d'Afrique Annibal , qu'il
nomma son lieutenant , dans le temps que Rome pro-
clamait l'indépendance de ses alliés d'Espagne , impo-
sait l'Ebre pour limite aux possessions de Carthage , et
déclarait Sagonte libre , quoiqu'elle fut située sur la rive
droite du fleuve .
Carthage n'osant pas d'abord répondre à cette inso-
lente provocation , se montra docile. Cependant, Asdru
bal se préparait å venger sa patrie , lorsqu'il tomba
sous le fer d'un assassin obscur , dont le bras fut armé ,
plutot par l'or de Rome que par la haine. Après sa mort,
les troupes proclamèrent d'enthousiasme le célèbre An-
nibal , que la postérité place au rang des plus illustres
capitaines de l'antiquité. Les historiens latins , qui ne
pouvaient oublier le mal qu'il avait fait à Rome ,
le peignent sous des couleurs odieuses. Ils le repré-
sentent comme un mélange extravagant de vices et
de vertus , de grandeur d’ame et de cruauté ; mais ,
en dégageant les faits des opinions, nous reconnaitrons
dans Annibal un génie vaste et une activité infa-
tigable ; Il avait durci son corps à la fatigue , nourri
son âme de pensées nobles et ambitieuses ; il haïssait
Rome plus qu'il n'aimait la gloire et sa patrie. Auda-
cieux et prudent à la fois , il ne reculait devant aucun
obstacle , ne négligeait aucun moyen de succès. Tel
était cet homme qui occupa trente ans la scène du
monde, toujours lultant avec gloire, contre la plus cou-
rageuse et la plus habile république de la terre . Il est
difficile de concilier la débauche , la barbarie et le
mépris des dieux , avec toutes ces vertus d'un grand-
homme et d'un excellent général .
Annibal , comprenant que le sort de Carthage
dépendait de sa domination en Espagne , s'unit aux
indigènes par une politique babile. Son mariage avec
une fille de race royale , appelée Himilce , lui procura
d'immenses richesses, et lui donna dans la Bétique
une grande influence ; son trésor s'augmenta du produit
des mines qu'il fesait exploiter lui-même , et qui sont
connues encore aujourd'hui, sous le nom de puils
d'Annibal . Après avoir domplé les intrepides Olcades,
les Vaccéens et les Carpetans , il leva le masque et jela
audacieusement son défi à Rome , en mettant le siège
inquietud los progresos de una rival que creía abatid ay
desalentada , trató de frustrar sus proyectos de engran
decimiento , y al efecto se coligó primeramente con Mar
sella , ciudad comerciante y competidora de Cartago ,
cuyo ejemplo siguiéron despues Ampurias y Sagunto ,
colocándose así bajo la proteccion del pueblo romano . La
raza ibérica se apoyo desde entonces en Cartago , pues
el temor que les inspiraba Roma , unió estos dos
pueblos que habian estado frente a frente con las armas
en la mano por espacio de dos cientos años . Asdrubal ,
viendo que la guerra iba á estallar , llama de Africa
á Anibal , y lo hace su lugarteniente , mientras que
Roma proclamaba la independencia de sus aliadas de
España , fijaba en el Ebro los límites de las posesiones
de Cartago , y declaraba libre á Sagunto , a pesar de
encontrarse situada en la ribera derecha del Ebro .
Cartago , sin osar responder á tan 'descarada pro
vocacion , se sometió a estas duras condiciones ;
Asdrubal se preparaba á vengar su patria , cuando
puso fin á sus dias el hierro de un asesino oscuro , cuyo
brazo fué armado por el oro de Roma , ó por la ene
mistad y el odio. Despues de su muerte , las tropas
aclamáron con entusiasmo al famoso Anibal , à quien
la posteridad coloca entre los mas insignes capitanes de
la antiguedad. Los historiadores romanos que no po
dian olvidar el mal que habia hecho a Roma , lo pintan
con colores odiosos , representándolo como una mezcla
de vicios y virtudes , de grandeza de alma y de
crueldad ; pero dejando á parte las opiniones , los ho
chos nos hacen reconocer en Anibal un genio profundo
y una actividad infatigable; endurecido en las faligas, y
alimentada su alma de pensamientos nobles y ambi
ciosos , el odio que profesaba a Roma era sin embargo
mayor que el amor de la gloria y de su patria ; audaz á
la par que prudente , ningun obstáculo le arredraba ,
y ningun medio omitia para realizar sus designios. Tal
era este hombre estraordinario que ocupó treinta años
la escena del mundo , luchando siempre con honor y
reputacion contra la mas fuerte y la mas diestra y avi
sada república de la tierra . Es dificil hermanar la cor
rupcion , la barbarie y el desprecio de los dioses con
todas las virtudes de un grande hombre y de un exce
lente general.
Anibal , conociendo que la suerte de Cartago dependia
de su dominacion en España , se unió á los indígenas
por una política hábil . Su matrimonio con una joven de
raza real , llamada Himilce , le proporcionó inmensas
riquezas y una considerable influencia en la Bélica ,
habiendo aumentado su tesoro con el producto de las
minas que el mismo hacia beneficiar , y que todavía
existen con el nombre de pozos de Anibal. Despues de
haber sojuzgado los intrépidos Olcades, los Vacéos , y
los Carpetanos , se quitó la máscara , y desafió a Roma
con resolucion y arresto , poniendo sitio á Sagunto. El
 L'ESPAGNE HISTORIQUE . 43

devant Sagonte. Le sénat instruit de cette aggression , senado instruido de esta agresion , intervino por medio
intervint par ses ambassadeurs; mais leurs menaces de sus embajadores , pero sus amenazas no diéron otro
servirent qu'à irriter le général Carthaginois. Les resultado que irritar mas al general cartaginés. Los
Sagontins, pressés de tous cotés par une armée f