En 2009 un code de la construction a été élaboré par le Pr Ibrahima Diallo. Ce code a été
élaboré pour résoudre les problèmes liés à la construction.
Introduction
L’objet de notre cour prend un intérêt certain dans un contexte Sénégalais marqué par
l’anarchie dans le secteur de la construction et du bâtiment. La prolifération incontrôlée des
constructions anarchiques a déterminé l’Etat du Sénégal à mettre en place une nouvelle
réglementation en 2009. En guise de propos introductifs on essayera d’étudier successivement
la notion de construction (1) ; l’objet du droit de la construction (2) et la séparation entre droit
de la construction et droit de l’urbanisme (3)
1. La notion de construction
(L’élément fondamental dans la définition d’une construction c’est qu’elle implique
l’intervention humaine. C’est pourquoi une grotte, une montagne… ne sont pas des
constructions. Mais un élément naturel peut devenir une construction à condition qu’il y’est
une intervention humaine)
Dans un premier sens la construction est l’action de construire, par exemple la construction
d’une maison. Dans ce sens elle a comme synonyme assemblage, édification.
Dans un second sens la construction renvoie à ce qui est construit. Elle correspond alors à
l’édifice, à l’immeuble, au bâtiment.
Dans un sens moins habituel, la construction renvoie à un ensemble de technique mise en
œuvre en vue de bâtir
La construction renvoie aussi à un secteur d’activité qui a pour objet de bâtir.
L’article 1er de la loi 2009-23 du 08 juillet 2009 portant code de la construction la définie
comme suit : « la construction est la partie de l’architecture qui concerne l’exécution d’un
projet d’ouvrage dans le respect de la stabilité, la solidité et la fiabilité ». L’avocat français
Laurent Sombret défini la notion de construction comme recouvrant « tout ouvrage façonné
par l’homme indépendamment de son caractère immobilier ou mobilier ou de sa destination,
de son implantation au sol ou en sous-sol ».
L’idée de construction appel d’autres notions comme le bâtiment, l’immeuble, l’édifice. Un
bâtiment est une construction immobilière exécuté à travers une intervention humaine pour
des besoins d’habitation, pour se mettre à l’abris des intempéries et pour assurer sa sécurité.
Le bâtiment est ainsi donc la construction bâtit.
L’immeuble est ce qui ne peut pas être déplacé. Il remplit des fonctions sociales, politiques et
culturelles.
L’édifice est un ensemble architecturale ou industrielle constitué d’un ou de plusieurs
bâtiments jointifs ou non ayant la même destination.
D’autres notions sont concernées dans l’activité de construction. Il en est ainsi des BTP. Ces
BTP renvoient à une activité professionnelle, de construction des routes, des voies et édifices
publics. L’architecture quant à elle correspond à l’art de penser, de concevoir, de dessiner des
constructions dans leurs formes comme dans leur intérieur. Le Génie civil consiste en une
science de conception et de construction des édifices. Les corps de métiers qui interviennent
en construction sont appelés corps d’état.
Souvent les constructions sont divisées en gros œuvres qui donnent la partie édifiée en
structures résistante c’est-à-dire la bâtissent. Le second œuvre qui concerne l’habillage de la
construction.
Pour les sources du droit de la construction pour le Sénégal on peut citer principalement la loi
2009-23 du 08 juillet 2009 portant code de la construction ; la loi 2008-43 du 20 aout 2008
portant code de l’urbanisme ; le décret 2009-1450 du 30 Déc 2009 portant partie
réglementaire du code de l’urbanisme. Le décret 2010-99 du 27 Janvier 2010 portant
application du code de la construction
2. L’objet du droit de la construction
Le droit de la construction est étudié comme discipline du droit privé et du droit public en
même temps. Il est une branche du droit privé qui appartient au droit civil et au droit
immobilier. Il étudie entre autre, les contrats de construction de maison individuelle et de leur
exécution, les marchés et conventions d’engagement des entreprises de construction, les
lotissements, les baux à constructions, le bail commercial, le bail emphytéotique, la réception
des travaux, les normes de constructions et d’habitabilité, le classement et la protection des
monuments historiques, les garanties et les assurances de déconstruction, la mitoyenneté
(exemple le mur qui sépare deux maisons) et les servitudes foncières.
A côté du droit privé de la construction il y’a un droit public de la construction qui reflète la
dimension attachée à la puissance publique et à la servitude exorbitante de droit commun en
matière de construction.
3. La distinction entre le droit de la construction et droit de l’urbanisme
Le droit de la construction se différencie du droit de l’urbanisme qui est une discipline du
droit public qui étudie les règles juridiques applicables à l’urbanisme des communes lequel
consiste dans la réalisation des ouvrages publics et privé dans une perspective d’intérêt public.
Sous ce rapport, l’urbanisme est un art, une science et un ensemble de technique en vue de
rationnaliser, d’ordonner, et d’améliorer l’occupation des sols. Remond Guillien et Jean
Vincent font prévaloir une définition finalitaire et utilitaire de la notion d’urbanisme. Dans
leurs acceptions, l’urbanisme est « L’ensemble des mesures juridiques et des opérations
matérielles qui tendent à réaliser un développement ordonné des agglomérations en fonction
des différentes sortes de besoins auxquels elles doivent satisfaire ».
En droit administratif, l’accent est mis sur le contrôle. Ainsi, l’urbanisme renvoie à
« l’ensemble des règlements permettant au pouvoir public de contrôler l’utilisation du sol en
milieu urbain ». Ces règlements s’appliquent aux règles d’urbanisme, aux dispositions, aux
plans aux procédures relatifs à l’urbanisation.
Au total la notion d’urbanisme comportent plusieurs dimensions : une dimension économique,
sociale, culturel, environnemental.
En conclusion, le droit de l’urbanisme est cette branche empirique complexe et patrimoniale,
selon les mots de madame Jacqueline Morend-de Villier du droit public qui étudie la
planification, l’aménagement et l’occupation des sols dans les agglomérations urbaines.
2
DESCOS : l’autorité de la police dans le domaine de la construction.
Dans le cadre des autorisations, si le maire ne donne pas une autorisation, le préfet substituer le maire en
donnant une autorisation.
3
Sauf exceptionnellement, pour des raisons d’intérêt général, on peut autoriser la construction, ou encore en
cas de nécessité extrême ()
par les servitudes tels les servitudes aéronautiques, radioélectrique ou phonique. Cependant en
cas de nécessité extrême la construction peut être autorisée sous réserve d’un strict
encadrement. Il n’est pas permis de construire sur des terrains non desservis par des voies
publiques ou privées4.
9
Des contrat qui lient le MD et maitre d’œuvre et autres.
A. Le contrat d’entreprise
Selon l’exposé des motifs du décret 2010-99 du 27 janvier 2010 portant partie réglementaire
du code de la construction, le contrat d’entreprise est celui liant l’entrepreneur de construction
au maitre d’ouvrage.
De façon plus général c’est le contrat qui régi la situation des personnes qui sont
engagées à l’égard de leur client à réaliser un travail indépendant contre une
rémunération. En d’autres termes le contrat d’entreprise est un contrat à travers lequel une
personne se charge de réaliser un ouvrage pour une autre personne avec une rémunération en
contrepartie.
De fait, ce type de contrat suppose une activité de conseil et d’assistance surtout dans le choix
de matériaux de construction.
Par extension, le gardiennage de bâtiment a été considéré comme un contrat d’entreprise par
la jurisprudence administrative sénégalaise. C’est ainsi que la CA de Dakar à travers son arrêt
CA 4 fév. 1977 SEAS c/ ASA a jugé que « le contrat par lequel une personne morale s’engage
à assurer la surveillance et gardiennage des locaux d’autres personnes s’analyse en un contrat
d’entreprise créant à la charge de l’entreprise de gardiennage des obligations de moyens qui
l’invite à mettre en œuvre toute mesure propres à écarter les risques de vols et le cas échéant
en atténuer immédiatement les conséquences en particulier faire acte de présence constant et
de surveillance suffisamment vigilent pour intervenir dès que le besoin s’en fait sentir ».
B. Les contrats de construction, exploitation, transfert d’infrastructure (CET)10
Certains contrats concernent les travaux publics notamment les constructions structurantes
d’utilités publiques à vocation sociale mais surtout économique. Parmi ces genres de contrat il
y’a les contrats de construction-exploitation-transfert- d’infrastructures.
Les contrats CET ont été formalisés en 2004 au Sénégal par la loi 2004-13 du 01 Mars 2004
relative au contrat CET. Cette loi cherchait à instaurer un cadre moderne et sécuriser pouvant
permettre de nouer des partenariats public-privé en vue de réaliser des projets
d’infrastructures en toute transparence et dans un souci d’efficacité économie accrue.
Pour ces modalités, la loi 2009-21 du 04 Mai 2009 modifiant la loi de 2004, conçoit le contrat
CET comme un contrat par lequel, une personne publique CAD l’État, les Collectivités
territoriales, les établissements publics donne comme mission à son co-contractant appelé
« opérateur de projet », le financement d’une infrastructure d’utilité publique, sa conception,
sa construction, son exploitation, son entretient. On peut citer comme ex : la covension de
concession pour conception de fiancement, la construction, l’exploitation et l’entretient de
l’autoroute à payage entre Pate-doit et Diamniadio.
L’autoroute « Ila Touba », l’autoroute à péage « Dakar-Diamniadio », l’aéroport Blaise Dagne
ont été réalisés par CET. En effet il a été signé une convention de concession pour conception,
le financement, la construction, l’exploitation, et l’entretien de l’autoroute à péage entre patte
d’oie et Diamniadio. C’est le décret 2013-1438 du 12 Nov. 2013 autorisant la passation d’un
10
Les grands travaux publics : souvent pour les grandes infrastructures à caractère sociale ou économique.
(Aéroport, hôpitaux etc. )
contrat complémentaire relatif à l’extension de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, objet
du contrat de conception, de financement, de construction, d’exploitation et de l’entretien
conclu le 02 juillet 2009 entre l’État du Sénégal et les sociétés Eiffage SA et Eiffage Sénégal
SA transférer à la société Sénac SA qui régit les modalités de ce partenariat.
Aujourd’hui, d’autres structures sont créées pour venir en appui, dans le cadre des contrats
CET. On peut citer parmi elles, la société de gestion des infrastructures publiques dans les
pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose. L’article 2 du décret 2016-329 du 23 Mars 2016
portant approbation des statuts de la SOGIP pose un cadre général pour cette catégorie de
contrat dans la zone concernée en rapport avec les attributions de la structure. Ainsi, la SOGIP
a pour objet : « la gestion des infrastructures publiques au sein des pôles urbains de
Diamniadio et de Lac Rose, La recherche de partenariat public et privé, nationaux et
internationaux pour le financement des projets d’intérêt public et la réalisation des projets
d’investissements ». Pour atteindre ces objectifs la SOGIP est chargée de rechercher des
partenaires capables d’assurer une exploitation optimale des infrastructures dans des
conditions techniques et financières satisfaisantes pour l’État notamment à travers des
schémas contractuels conforment au droit sénégalais.
C. Le contrat de promotion immobilière
C’est un contrat « consistant en un mandat d’intérêt commun pour lequel un promoteur
immobilier s’engage envers le maitre d’ouvrage à faire procéder pour un prix convenu et par
des contrats de louages à la réalisation d’un programme de construction d’un ou de plusieurs
immeubles ».
De manière plus formel, l’article 95 du code de la construction défini le contrat de promotion
immobilière comme étant « un mandat d’intérêt commun pour lequel une personne dite
promoteur immobilier s’oblige envers le maitre d’un ouvrage à faire procéder pour un prix
convenu au moyen de contrat d’entreprise à la réalisation d’un programme de construction
d’un ou de plusieurs édifices ainsi qu’à procéder elle-même ou faire procéder moyennant une
rémunération convenue à tout ou partie des opérations juridiques administratives et
financières concourant au même objet ».
Le prometteur immobilier doit veiller à réaliser toutes les opérations juridiques, financières et
administratives utiles pour l’exécution du contrat. Il doit assurer l’exécution des obligations
mise à la charge des personnes avec lesquelles il a traité au nom du maitre d’ouvrage. Il
dispose de pouvoirs importants, en effet, le prometteur pourra se permettre de passer des
contrats, de recevoir des travaux, de liquider les marchés, de remplir au nom du maitre de
l’ouvrage tous les actes nécessaires à l’exécution du programme de construction. Les actes du
prometteur relatifs aux emprunts et les actes de dispositions qui n’engagent pas le maitre de
l’ouvrage ne sont exécutés cependant que s’il y’a un mandat spécial dans ce sens. Ce mandat
doit être prévu par le contrat ou négocié ultérieurement. Pour le reste, le maitre de l’ouvrage
doit exécuter les actes pris en son nom par le promoteur si ces actes sont prévus par la loi ou
la convention qui les lies.
D. Le bail à construction
C’est un contrat de longue durée à travers lequel le preneur s’engage à édifier des
constructions sur le terrain dont il a jouissance en bénéficiant d’un droit de superficie.
Le code la construction le défini comme « le bail par lequel le preneur s’engage à titre
principal à édifier des constructions sur le terrain du bailleur et à les conserver en bon état
d’entretien pendant toute la durée du bail ». Il est procédé par celui qui a le droit d’aliéner.
Le bail donne au preneur un droit réel sur la propriété. Ce droit comme les immeubles édifiés
sur le terrain loué, peuvent être hypothéquer. Le preneur est responsable de la bonne tenue des
immeubles, à ce titre il peut démolir, reconstruire les bâtiments existant sauf stipulation
contraire. Il peut céder intégralement ou en partie ses droits ou les apportés en société.
Le preneur est tenu de toutes charges, taxes et des impôts en raison du terrain ou des
constructions.
E. Le bail à réhabilitation
Il est un contrat qui permet à un organisme d’habitation à loyer modéré ou à une société
d’économie mixte de s’engager à réaliser des travaux d’amélioration sur l’immeuble du
bailleur dans le but de le louer à usage d’habitation durant la validité du bail.
Le preneur jouit de droits réels qui peuvent être hypothéqués ou saisi. Le code de la
construction (art.119) précise que le contrat indique la nature des travaux, leur caractéristiques
techniques et leur délai d’exécution. Le bail est consenti par celui qui a le droit d’aliéner. Le
preneur bénéficie d’un doit réel immobilier sauf stipulation contraire, ce droit peut être céder
à condition que la cession porte sur la totalité de l’immeuble loué. Le cédant a la
responsabilité de veiller sur l’exécution du bail par le cessionnaire.
(Note : le droit réel se définit comme une prérogative directe d’une personne sur un bien
immobilier ou mobilier. C‘est un droit qui porte sur une chose. En droit immobilier, le droit
de propriété est un droit réel. Ce pouvoir confère à un propriétaire de bien immobilier des
droits directs (servitudes, droit d’usage, usufruit, etc.) sur son immeuble
F. La concession du droit de superficie
L’article 40 de la loi de 1976 portant code du domaine de l’Etat pose son cadre. La concession
du droit de superficie confère, le droit d’occuper et d’utiliser le sol pour y dresser des
constructions. Elle dure 25 ans au minimum et 50 ans au maximum. Elle ne peut porter que
sur les terrains situer dans les zones résidentielles ayant un plan d’urbanisme de détail et
destiner soit à la construction d’une habitation individuelle, ou à la construction d’immeuble
collectifs à usage d’habitation par toute personne intéressé au développement de l’habitat avec
l’agrément de l’Etat. Elle donne un droit réel susceptible d’hypothèque.
Il faut remarquer que la concession peut être résilier par l’Etat ou par le concessionnaire.
L’Etat résilie la concession par arrêté du Ministre des finances, trois (03) ans après mise en
demeure. Les modalités de fin de la concession sont similaires à celles de l’autorisation
d’occuper et du bail ordinaire.
G. Les contrats d’assurances
Ils occupent une place importante en matière de construction. On distingue souvent les
assurances tout risque et les assurances décennales.
L’assurance tout risque couvre les chantiers valablement pendant la phase de chantier et
pendant les opérations de maintenance. Elle garantit pendant les travaux, les dommages
matériels causés à l’ouvrage en construction que les biens qui se trouvent sur le chantier
appartenant au maître de l’ouvrage ou qui lui sont confiés.
L’assurance décennale dure elle dix ans, elle couvre les dommages pouvant résulter des
constructions.
Indépendamment de ces 2 types d’assurance, la suscription à une police d’assurance est
obligatoire, elle participe au contrôle des bâtiments. C’est ainsi que, l’obligation d’assurance
s’applique aux bâtiments neuf recevant du public, aux bâtiments anciens ou neuf qui
nécessitent des reprises en sous œuvre ou des travaux de soutènement d’ouvrage voisin sur
une hauteur supérieure à 5 mètres. Un contrôle technique est imposé pour contrôler la
souscription à une police. L’obligation est posée par l’article 30 du code qui dispose que toute
personne physique ou morale qui agit comme propriétaire de l’ouvrage, vendeur ou
mandataire du propriétaire s’il réalise des travaux de bâtiment doit souscrire à une police
d’assurance avant l’ouverture des chantiers par lui pour les propriétaires de l’ouvrage pour
couvrir le cas échéant les dommages résultants de la construction.
Le contrat d’assurance permet de couvrir les éventuelles responsabilités notamment la
responsabilité pénale et civile des constructeurs qui peut être engagé pour défaut d’assurance.
En matière pénale, celui qui contrevient aux dispositions pertinentes de construction est
passible de sanctions répressives. La non souscription par exemple à cette police d’assurance
tel que prévu aux articles L30 et 31 du code de la construction peut amener son auteur à
écoper de 2 à 3 mois de prisons et d’une amende 500.000 à 1M ou de l’une de ces deux
peines.