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Cas du coton

Des sources assurent que des souches du coton ont été introduites en Afrique par les Portugais. Il était
déjà connu des populations d'une partie du Tchad avant la colonisation. L'ethnie des Foulbé, installés au
pied des monts du Mandara, filait et tissait le coton, en particulier d'étroites bandes de coton servant de
cache-sexe. Avec la colonisation, l'aire originelle du cotonnier, la zone tropicale, a été élargie en
adaptant les variétés et les méthodes de culture.

À partir du milieu du xviie siècle, les Européens bâtissent des forts sur le littoral, pour la traite négrière
mais ne rentrèrent dans l'intérieur des terres que deux siècles et demi plus tard. La Compagnie royale
d'Afrique échoua totalement dans une première tentative en envoyant des esclaves de Jamaïque en
1720 pour développer le coton sénégalais.

À la fin du xixe siècle, la Côte d'Ivoire connaissait déjà le coton, cultivé en petites quantités avec des
rendements très faibles. En 1902, les filateurs français, créèrent l'Association cotonnière coloniale(ACC)
qui, pour l'Afrique de l'Ouest, s'installa à Bouaké. La production ivoirienne s'élevait à seulement 6
tonnes de coton-graine en 1912.

Dans le bassin du Niger, les essais de l'Association cotonnière coloniale ont débuté en 1903 et duré près
de dix ans, mais échoué car au Mali, alors appelé « Soudan français », l'automne est une saison très
sèche que les cotonniers américains implantés ne purent supporter. En 1914, une nouvelle direction fut
imprimée aux études : des cultures irriguées ont donné d'excellents résultats mais furent interrompues
immédiatement par la Première Guerre mondiale.

Des pays cherchent à limiter la dépendance de leur industrie textile, envers les États-Unis, qui ont forgé
l'histoire de la culture du coton. Côté français, les résultats furent décevants, sauf en Oubangui-Chari et
au Tchad à partir des années 1920, où l'Administration française recourut à des sociétés à charte
établies au Congo belge. La création d'une filière organisée du coton au Tchad est due à la présence
française, mais n'intervient pas tout de suite. Une loi de 1900 interdit d'abord à la métropole de
dépenser de l'argent dans ses colonies[20]. En 1905, la colonie de l'Oubangui-Chari, correspondant à la
Centrafrique actuelle, fut constituée. En 1910, les territoires français d'Afrique centrale furent organisés
en une fédération : l'AEF, dont faisait partie l'Oubangui-Chari avec le Tchad, le Moyen-Congo et le
Gabon. Les Français contrôlaient très partiellement ce territoire et de grandes compagnies
concessionnaires reçurent la charge d'exploiter les richesses naturelles de la colonie, en premier lieu
l'hévéa. Le Tchad en fut détaché en 1920. Les premiers essais officiels de la culture du coton y furent
tentés par les Français en 1921 et s'avèrent concluants. En 1924, l'administration coloniale imposa aux
paysans la culture du coton, pour un prix dérisoire, en Oubangui-Chari[20]. En 1926 des sociétés
d'égrenage s'installent au Tchad. La campagne de 1927 marque dans ce territoire le véritable départ
d'une culture[21], encouragée par le gouverneur général français Raphaël Antonetti, et accompagnée
par le développement de stations d'égrenage en 1928. Mais dans les années 1930, seulement 337
tonnes de coton-graine sont produites. Vingt-cinq ans plus tard, ce sera 60 000 tonnes de coton-graine,
chiffre qui va atteindre[22] 100 000 tonnes en 1971[23] puis monter à 175 000 tonnes en 1975 et
culminer à 263 475 tonnes en 1998.Une quinzaine d'années après les indépendance de 1960, la plupart
des pays transformèrent les filiales de la Compagnie française pour le développement des fibres textiles
en sociétés cotonnières nationales où la CFDT restait actionnaire : la Sodecoton au Cameroun, la
Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT) en Côte d'Ivoire, la Compagnie
malienne pour le développement du textile au Mali, la CotonTchad au Tchad, la Société centrafricaine
de développement agricole (Socada) en République centrafricaine, la Société togolaise du coton
(Sotoco) au Togo, la Sodefitex au Sénégal, la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) au
Bénin et la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) en Haute-Volta. Chacune de ces sociétés va
contribuer à la multiplication par cinq de la production de coton en Afrique francophone, entre 1980 et
2004. Malgré la rareté de l'irrigation, les pratiques agricoles sont reconnues comme dynamiques : entre
1950 et 1990, les rendements de coton fibre d’Afrique de l’Ouest ont quadruplé. Les producteurs sont
performants grâce à un encadrement rural, des services de formation et un prix achat garanti au
producteur[1]. Le coton fait vivre aujourd'hui plus de 15 millions de petits paysans en Afrique
subsaharienne[1].Dans les deux cas, le coton africain subit la perte de compétitivité causée par une
baisse amplifiée du dollar, entre 1985 et 1987, et entre 2003 et 2006.En 1987, s'y ajoute la baisse des
cours mondiaux du coton, qui taille en pièces l'équilibre financier des sociétés nationales cotonnières, ce
qui déclenche les programmes d’ajustement structurel recommandés par le Fonds monétaire
international et la Banque mondiale demandant à une partie des états africains de confier la gestion des
usines d’égrenage de coton, voire pour certains l’approvisionnement des producteurs en outils et
engrais, à des sociétés parapubliques ou privées. Ces réformes seront appliquées partiellement ou
tardivement et sans succès, coïncidant avec de nouvelles crises du coton à partir de 2004.

Cas du tabac

Comme le souligne le rapport de l’OMS, l’Afrique semble prendre le contre-pied des dynamiques
mondiales actuelles. Alors que la surface de culture dédiée aux feuilles de tabac a décliné dans le monde
de 15,7% entre 2012 et 2018, celle-ci a augmenté de 3,4% en Afrique dans le même intervalle de temps.
De la même manière, la production africaine de feuilles de tabac a enregistré une hausse de 10,6% en
six ans, là où la production mondiale s’est affaissée de près de 14%. De ce fait, le centre de gravité de la
culture de tabac semble se déplacer d’années en années vers l’Afrique qui représente désormais 18,1%
des surfaces tabacoles et 11,4% de la production mondiale.

Alors qu’en 1995, le Zimbabwe et le Malawi concentraient près de 69% de la production africaine de
tabac, cette dernière est désormais également portée par de nouveaux concurrents, comme la Zambie,
le Mozambique ou la Tanzanie. Dans l’ensemble, plus de 90% de la production africaine est aujourd’hui
issue de l’est du continent. Entre 2012 et 2018, le continent africain a sensiblement réduit ses
importations de feuilles de tabac, en même temps qu’il a vu accroître ses exportations : en six ans,
l’excédent commercial de l’Afrique a augmenté de 89% dans ce secteur. Toutefois, le déficit de la
balance commerciale africaine relative aux cigarettes s’est quant à lui considérablement creusé entre
2012 et 2018, passant de 322 à 701 millions d’euros.

Bien que la part du secteur tabacole dans l’économie africaine demeure encore résiduelle, à de rares
exceptions près comme le Malawi, cette hausse d’activité n’est toutefois pas le signe d’une croissance
durable. La culture du tabac, peu rentable et particulièrement polluante et dangereuse pour les
populations comme pour la faune ou la flore locale, est une menace à la fois économique comme
environnementale. Opposée aux objectifs de développement durable de l’ONU, la culture du tabac est
identifiée comme un vecteur de pauvreté endémique. A ce titre, la Convention-cadre de l’OMS incite les
Parties à privilégier autant que possible les cultures de substitution.

Résumé

L'histoire de la culture du coton en Afrique subsaharienne est marquée par une expansion dans la zone
franc au cours des années suivant la deuxième guerre mondiale, précédée par des cultures plus
artisanales dans de nombreux pays et des tentatives d'implantation à plus grande échelle au milieu du
xixe siècle.

Au Cameroun, bien avant la colonisation, les Dii connaissaient le coton arbustif, sùgud, et en faisaient un
usage différent selon les régions. Le coton fait vivre aujourd'hui plus de 15 millions de petits paysans en
Afrique subsaharienne.

La part de l’Afrique dans la production mondiale de feuilles de tabac semble s’intensifier. Couplé avec
des pratiques marketing agressives de la part de l’industrie, ce phénomène participe, selon les auteurs, à
expliquer la hausse des niveaux de consommation sur le continent. Ainsi, entre 2000 et 2018, le nombre
de fumeurs est passé de 64 millions à 73 millions, là où il a diminué de 60 millions à travers le monde
dans la même période.

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