Cariele
Cariele
Le pays de Cariele
Un premier contact
“Les Marches du Nord de l’Ancien Empire d’Anuire
renferment d’immenses étendues où l’homme ne s’est jamais
aventuré. Près de la frontière du nord, me disait-on, la vie
était difficile; mais cette existence transformait les gens qui
vivaient à cet endroit, les rendant plus robustes que n’importe
quel autre habitant des ruines de l’Empire.
Je remarquai également que les peuples de la région
agissaient avec moins de civilités que leurs cousins du Sud.
Mais j’arrivais à comprendre leur façon d’appréhender la vie
- étant constamment dans la peur d’une invasion, ils avaient
peu à peu acquis un style de vie qui reposait sur le présent
davantage que sur un futur hypothétique. Quelle pouvait bien
être l’utilité d’un investissement sur le long terme, lorsque
même le lendemain cachait des mystères  ?
Tout autour de nous, encadrant le sentier sur lequel
la caravane progressait à une allure mesurée, les immenses
sapins et conifères de la mythique forêt d’Aelvinnwode
trônaient comme des sentinelles d’un autre temps, lorsque les
Elfes dominaient Anuire. Les arbres étaient hauts et
majestueux, et répandaient une forte odeur de sève, de vie,
malgré leurs branches ployant sous la neige.
«  Ne vous éloignez pas, vieil homme  », me jeta un escorteur
depuis son cheval, alors que j’envisageait de voir ces arbres
gigantesques de plus près.
«  Et pourquoi, je vous prie, jeune homme  ? demandais-je non
sans un certain orgueil blessé.
-  Les Elfes. Les Elfes sont dans la forêt, et si vous ne pouvez
les voir, eux vous voient.
-  Il y a tant d’Elfes dans Aelvinnwode  ?
-  L’Empire d’Anuire s’arrête au bord du sentier  » répondit le
garde.
La nuit fut rude, ponctuée de hurlement d’animaux
sauvages et d’autres, pires encore mais heureusement plus
lointains, que je n’avais jamais entendus - et que j’espérais ne
jamais plus entendre. Le lendemain, j’étais encore vivant, et
j’en remerciai les Dieux. Le reste des hommes de la caravane,
des habitants de Cariele, restèrent complètement
imperturbables alors qu’ils repliaient les tentes et éteignaient
soigneusement les feux avec de la neige.
«  Pourquoi éteignez-vous les feux de camp  ? Croyez-vous
donc qu’ils vont mettre le feu à une forêt enneigée  ?
-  C’est pour les Elfes  », répondit un garde. Grand, taciturne,
musclé, il était habillé de fourrures de bonne qualité et d’un
pantalon de toile robuste. Une lourde hache couperet était
accrochée son dos. L’habitant de Cariele typique. «  Ils
n’aiment pas que l’on fasse des feux. Et encore moins qu’on
les laisse brûler après notre départ. Un ami à moi est mort
dans une embuscade tendue par les Elfes, parce que les
caravaniers étaient trop pressés pour éteindre leurs feux. De
simples représailles. C’est normal.  »
Sa dernière remarque me surpris un peu, mais je ne
répliquai pas. Nous repartîmes. Vers le milieu de la journée,
nous aperçûmes deux panaches de fumée, surgissant de
l’horizon à travers les arbres, qui laissaient un sillon brun sur
-1-
le ciel bleu profond. C’était Tar-Akhàn et Ur-Akhàn, les deux
volcans qui marquaient la frontière des terres de Cariele,
comme si la terre transperçait le couvert de végétation de la
forêt pour toucher le ciel. Nous arrivions.
Tard dans la journée, après avoir passé un poste
frontière de Cariele, nous nous retrouvâmes dans le royaume,
quoique la différence était peu marquée. Mais, sous les
frondaisons des arbres et loin du sentier où nous
progressions, j’apercevais les toits de chaume de nombreuses
habitations, et même des cabanes dans les branches des
conifères. Les gens que nous croisions, fort nombreux au sein
de cette forêt, nous saluaient au passage. Progressant
toujours avec la même lenteur monotone, sous le soleil
d’hiver décroissant rapidement, nous nous retrouvâmes au
bord d’un précipice titanesque. Détourner le Maesil à la
hauteur de la Cité d’Anuire n’aurait pas suffit à le remplir.
«  C’est la Passe de Cariele, anticipa le garde qui m’avait
parlé le même matin. Mhelliviene, les Portes du Destin. C’est
le seul chemin praticable pour une armée, pour aller d’Anuire
à Dhoesone et à Rjurik. Ou réciproquement. Sinon, il faut
prendre le bateau.
-  Je suppose que la passe est défendue  ?
-  C’est le moins qu’on puisse dire, dit le garde avec un
étrange sourire. Et si l’armée de Cariele ne détruit pas un
assaillant, l’hiver fait le reste.
-  Euh… Les guerres arrivent souvent  ?
-  Non. Tant que Dhoesone tient face aux Rjuriks, nous
sommes en paix. Oui, tant que Dhoesone tiendra, répéta le
garde pour lui-même. Mais les Gobelins sont toujours là, et
ils n’ont pas besoin de prendre le bateau pour attaquer nos
villages.  »
Le lendemain, nous arrivâmes à Caelinien, le Joyau
au Coeur de la Forêt. Dans une immense clairière, des
champs et des prés entouraient une cité de forte proportion;
les bâtiments étaient de briques et de pierre, et avaient des
toits d’ardoise.
Au centre de la cité, trônait fièrement l’origine de
son surnom  :  Caerlihannon, la Tour de Cristal. Haute de près
de cent mètres, la citadelle aux murs de verre dépoli reflétait
le soleil et dominait la ville, tel une épée jetée de la main
d’un Dieu, du haut du ciel, et qui se serait plantée dans la
terre, au centre d’une puissante cité.
Oui, j’était bien arrivé au Joyau du Coeur de la
Forêt, plus splendide que je ne l’avais jamais rêvé. Cariele
me réserva bien d’autres surprises.  »
-- d’après Kalarn Endrien,
Notes de routes sur Anuire
Fondation de Cariele
Cariele est un symbole. Un symbole géographique, et
culturel, qui démarque le royaume des autres puissances
d’Anuire.
Avant l’arrivée des premiers humains par le détroit
d’Aerele, les Elfes régnaient sur Cerilia. Leur pouvoir n’était
pas absolu : des Gobelins étaient en concurrence avec eux
pour la possession des meilleures terres, et des Nains vivaient
Cariele
dans les montagnes où les autres peuples refusaient d’aller, et
y affrontaient leurs ennemis héréditaires, les Orogs.
Les Sept Tribus changèrent cela à tout jamais. Des
humains, bravant les dangers de la Grande Mer du Sud, et,
franchissant le détroit d’Aerele, se retrouvèrent sur la côte sud
de Cerilia. Les autres peuples humanoïdes les acceptèrent
comme une nouvelle addition exotique à leur environnement
familier, et, selon leur caractère, commencèrent à faire du
commerce avec eux, ou des raids sur leurs campements.
Mais les humains étaient nombreux, et de plus en
plus venaient s’ajouter à ceux déjà présents au sud d’Anuire.
Ce qui devait arriver arriva, et la première des guerres
opposant Humains et Elfes commença. Les Elfes, bien que
plus habiles, sur une base individuelle, que les Humains,
étaient loin d’être aussi déterminés qu’eux, et moins
nombreux. Ils ne disposaient pas non plus de la Magie Divine,
et cette nouvelle puissance les terrorisa et leur fit perdre de
nombreuses batailles.
Les Elfes finirent par être repoussés dans les forêts de
Cerilia. Laissant libre cour à leur haine, ils entrèrent dans une
sorte de croisade anti-humaine, la gheallie Sidhe, la Chasse
des Elfes. La croisade, revenant périodiquement parmi les
peuples Elfes, est un massacre systématique des humains
rencontrés au cours des raids - hommes, femmes, enfants.
Les humains, ne pouvant s’aventurer dans la forêt
pour se venger, se mirent à lutter contre la forêt elle-même.
Les bois d’Anuire reculèrent d’années en années, jusqu’aux
limites actuelles d’Aelvinnwode. Alors que les luttes se
durcissaient entre les peuples, la Bataille du Mont Deismaar
finit par avoir lieu.
Des siècles de chaos s’ensuivirent. De ces luttes qui
semblaient sans fin, Roele réussit à émerger, avec le rêve de
paix d’une unité des Anuiréens. Il fonda l’Empire d’Anuire.
L’Empire s’étendit rapidement, et l’Empereur Roele
décida de développer son influence au nord. La Seconde
Armée Impériale fut envoyée au nord, pour soumettre les
humains Rjuriks. La progression de l’armée fut lente dès que
les troupes pénétrèrent l’Aelvinnwode; des embuscades Elfes
harassaient les troupes. Progressant dans des terres inconnues,
l’armée humaine finit par arriver au contact avec une barrière
qui semblait infranchissable : les Monts de la Couronne de
Pierre1. L’armée finit par trouver une passe, un immense
précipice boisé s’étendant entre deux volcans. Les troupes s’y
engagèrent.
Les récits de la bataille qui se déroula dans la
montagne sont fragmentaires, mais apocalyptiques. Le gros
des forces Elfiques attendait dans le défilé, et attaquèrent avec
sauvagerie les troupes humaines, envoyant sur elles des
nuages de flèches. Les Humains réussirent à envoyer des
régiments sur les flancs du précipice, pour prendre les Elfes à
revers.
Au total, trois quarts des combattants présents ce
jour-là perdirent la vie au cours du combat, ou peu après, des
suites de leurs blessures. La Seconde Armée Impériale n’était
plus que l’ombre d’elle-même. Mais les humains avaient
gagné. Ils tenaient le défilé, et le seul passage pour aller par
voie de terre entre Rjurik et Anuire. Le défilé prit le nom des
Portes du Destin, et les terres avoisinantes, comme l’oeil du
cyclone au coeur de la forêt Elfique, reçurent le nom de
Cariele.
L’oeil du cyclone
1
Stonecrown Mountains.
-2-
Le pays collait bien à ce surnom. Plutôt que de parler
de pays, en fait, mieux valait dire “colonie” : Cariele était un
point fortifié, attaqué de toute part, et qu’il fallait garder. Une
puissante armée veillait sur le territoire, et, si les soldats
n’avaient pas amené leurs familles avec eux, il n’y aurait pas
eu la moindre femme à Cariele.
L’Empire d’Anuire continua à se développer. Une
nouvelle Armée Impériale franchit le défilé soigneusement
gardé, quelques années plus tard, et les Rjuriks tombèrent
sous la coupe de la dynastie des Roele. En même temps,
Dhoesone, une baronnie, fut créée au nord de Cariele, l’ultime
avancée de l’Empire au nord. Au-delà de cette limite, les
terres et les peuples ne méritaient guère que le qualificatif de
“contrôlés”, et encore.
Le commerce finit par se développer en Cariele.
Avec les essences rares des bois qu’une ancienne forêt Elfique
avait su préserver, les bûcherons de Cariele firent rapidement
fortune. D’autres vinrent les remplacer en essayant d’avoir le
même succès, et le transport et la coupe du bois en planches
amena encore des artisans et des caravaniers au pays. Cariele
commençait a exister.
En temps de paix, même le commerce avec les
Rjuriks se créa et se développa. Cariele était le point de
passage obligé de toutes ces caravanes, et voyageurs et
escorteurs étaient contraints de faire une pause dans la
contrée. La seule alternative à cet itinéraire était la Mer des
Orages, qui ne porte pas son nom pour rien; et les marchands
préféraient - avec bon sens - voyager par la terre.
La chute de l’Empire
En 0 MR, Michael Roele, dernier Empereur
d’Anuire, pensa qu’il pourrait tuer la Gorgone en combat
singulier. Il échoua. Sa mort marqua la fin du plus grand
Empire que la terre ait jamais porté.
Cariele se trouva dans une position délicate. Les
Hordes Rjuriks du nord, soudain libérées, envisagèrent de se
venger d’Anuire. Et les garnisons de Cariele furent
rapidement rapatriées au coeur de l’Empire pour participer
aux nombreuses guerres civiles qui s’y déroulaient. Enfin, les
Elfes envisageaient de reprendre le défilé, qu’eux appelaient
Toriendor Cuachlimyr, la Passe des Fous.
C’est une succession de coups du sort qui sauvèrent
Cariele du désastre.
Au nord, Dhoesone réussit à contenir les Rjuriks.
Malgré les guerres civiles, les plus puissants nobles d’Anuire,
au sud, savaient qu’ils ne pourraient se battre à la fois contre
leurs pairs et contre les hordes du nord; aussi, ils envoyèrent
chacun des détachements pour assister Dhoesone dans sa lutte
contre les barbares.
A l’ouest, le salut vint, curieusement, des Gobelins.
Les hordes de Gobelins finirent par prendre l’avantage sur les
Elfes, dans la forêt d’Aelvinnwode, et massacrèrent ces
derniers. Il faut dire qu’à la suite de la Bataille de la Passe,
qui amena la création de Cariele, la forêt d’Aelvinnwode fut
coupée en deux; les Elfes ne pouvaient plus y circuler
librement. Les tribus Elfes de l’ouest avaient été les plus
durement affectées par le conflit, et ne réussirent jamais à s’en
relever. Les Gobelins leurs portèrent le coup de grâce.
A l’est, des troubles internes entre les Elfes pour la
succession du Roi de Thuarievel mobilisèrent l’attention des
tribus Elfes. Enfin, au sud, Anuire passait le plus clair de son
temps à s’entre-déchirer, sans chercher à s’intéresser à ce qui
pouvait se passer ailleurs.
Cariele
Cariele réussit à survivre. Et, comme pour ses
habitants, la rigueur de la situation obligea le pays à se
développer où à périr. C’est le commerce qui sauva Cariele, et
les guildes de bûcherons amenèrent la plus grande partie de sa
fortune au pays. Des trappeurs et des chasseurs firent le reste.
Survol de Cariele
Cariele est un petit domaine, composé de seulement
trois provinces. D’un autre côté, chacune de ces provinces est
puissante, développée, et riche. Chacune dispose d’une
économie et d’une force que bien des pays n’arrivent pas à
égaler, même dans la province de leur capitale.
A l’est, la province de Mountainsedge est la moins
développée des trois provinces de Cariele. Hors de l’axe de la
Passe, la région ne commença a être exploitée que beaucoup
plus tard que les deux autres, lorsque les bois rares
commencèrent à y manquer. La province est sillonnée de
routes et de chemins qui permettent l’acheminement des
troncs vers les centres de coupe, absents de la région.
Le gibier abonde; il vient essentiellement de
Thuarievel, et, les animaux ne connaissant pas les frontières,
ils finissent par se retrouver dans des collets ou des pièges mis
en place par les nombreux trappeurs qui sillonnent la
province.
Les Elfes sont nombreux dans le pays, et observent
d’un mauvais oeil ces Humains qui coupent le bois.
Régulièrement, des bûcherons ne reviennent jamais au
campement le soir. D’un autre côté, les Elfes se montrent
discrets et se contrôlent pour éviter d’aller trop loin - malgré
toute la haine qu’ils peuvent éprouver contre les humains, ils
savent qu’ils ne sont plus les maîtres de la forêt.
Les Rangers de Cariele connaissent les bois aussi
bien que les Elfes, même si ceux-ci s’en défendent. Pourtant,
les Rangers sont arrivés à un tel niveau de compétence et
d’affinité avec l’Aelvinnwode qu’ils arrivent parfois à
surprendre des Elfes en train de tendre une embuscade.
Au sud, Mhelliviene tire son nom de la Passe de
Cariele; le nom de la province, venant de l’ancien Anuiréen,
signifie les Portes du Destin. C’est là où l’activité
commerciale est la plus forte. de véritables routes ont été
mises en place de part et d’autre du défilé, pour faciliter les
déplacements. En fait, la route est une immense piste, qui va
de Sonnelind, la capitale de Dhoesone, jusqu’à Shieldhaven,
Ruimache, et Endier au sud. Cet axe très emprunté est le seul
itinéraire commercial pour traverser les Monts de la Couronne
de Pierre sans affronter les tempêtes perpétuelles de la Mer
des Orages.
De nombreux villages parsèment la province, offrant
gîte et couvert aux marchands et à leurs escorteurs, qu’ils
viennent du sud ou du nord. Les marchands en provenance de
Rjurik sont plus nombreux chaque année, et eux aussi
s’inquiètent de la tension grandissante entre leurs pays et
Dhoesone - une lutte armée signifierait la fin de leur
commerce. A cause de l’influence que peuvent avoir les
marchands, les habitants de la province se sont mis à devenir
progressivement bilingues, et un voyageur peut entendre tout
aussi bien le Rjuven ou l’Anuiréen en entrant dans une
auberge où en se promenant au milieu d’un marché.
La province a beaucoup subit l’influence des Elfes, et
ils sont nombreux à s’être mêlé aux humains. Ces Elfes sont
très appréciés pour leurs connaissances des bois, et les Demi-
Elfes sont très nombreux; un Demi-Elfe beau parleur professe
même partout où il peut que les Demi-Elfes sont une race à
part entière; ce zélote est lui-même fils de deux Demi-Elfes.
-3-
Cependant, les Elfes qui ont accepté de vivre parmi les
Humains sont considérés comme des parias par leurs frères de
la forêt, et ils risquent leur vie à chaque fois qu’ils pénètrent
dans les bois.
Tar-Akhàn et Ur-Akhàn sont deux volcans qui
trônent dans les montagnes, non loin de la Passe de Cariele.
Deux panaches de fumées marquent l’entrée de Cariele aux
visiteurs venus par le sud. Ces volcans ne sont jamais entrés
en éruption, sauf une fois, un siècle après la Bataille du Mont
Deismaar. Mais leur fumée continue à flotter, comme une
menace persistante. Les volcans posent un autre problème,
quelque peu indirect : les Gobelins de l’ouest adorent des
Dieux, dont un des symboles primitifs est le volcan en
éruption. Il n’en faut pas plus pour que des “croisades”
Gobelines essayent périodiquement d’arracher le contrôle de
la province aux Humains.
Au nord, Riverford est le coeur et le poumon du
royaume de Cariele. C’est l’endroit où les guildes produisent
le plus. Un réseau de routes sillonne la province, et des piles
de troncs coupés se retrouvent partout dans le paysage, aussi
loin que l’oeil puisse voir, et jusqu’à la berge du Ruide,
l’ancienne limite nord de l’Empire d’Anuire.
Autrefois, le commerce de fourrure était la première
richesse de Riverford, mais peu à peu l’exploitation des bois
prit l’avantage. Les Guildes sont conscientes de la nécessité
d’entretenir soigneusement leur gagne-pain, cependant, et une
politique de reboisement est appliquée avec soin, garantissant
le renouvellement des arbres dans les zones les plus touchées
par l’exploitation forestière. Les arbres, à croissance rapide,
ne sont pas d’aussi bonne qualité que ceux qui sont coupés,
cependant. Leur pousse a tout de même permis à
l’Aelvinnwode de retrouver un peu de sa splendeur perdue
dans certaines clairières de coupe, et les animaux des bois
reviennent progressivement dans les limites de la province.
Caelinien est au sud de Riverford. Techniquement, la
capitale fait partie de la région; en pratique, elle est au coeur
de Cariele, a la croisée des trois provinces. Le village est
devenu ville au fil du temps, puis une véritable cité.
Caerlinien est un centre pour tout Cariele, car c’est le seul
endroit du royaume où un individu peut trouver tout ce dont il
a besoin et qui sort de l’ordinaire, sans avoir à le commander
à une caravane de colporteurs qui coûte beaucoup plus cher.
C’est la présence d’un pic de Quartz naturel qui
amena les colons à s’installer à cet endroit - et aussi pour
humilier les Elfes qui considéraient le lieu comme sacré.
Certains disent que le Quartz se planta dans le sol après la
Bataille du Mont Deismaar, et qu’il serait un fragment de la
montagne; mais des sources concordantes font état de son
existence avant cette date. Depuis, un seigneur de Cariele fit
construire une puissante forteresse autour du morceau de
cristal, et un mage très puissant, au nom oublié depuis
longtemps, draina la magie de Cariele pour donner à la
forteresse le même aspect que le Quartz qu’elle entourait.
Cette citadelle a donc prit le nom de Caerlihannon,
la Tour de Cristal - le nom n’est pas Elfique, il vient de
l’ancien Anuiréen. La Tour mène une garde vigilante dans la
forêt, et les guetteurs peuvent porter leurs observations à des
milles à la ronde. Malgré tout, cette observation ne sert guère
qu’à repérer les incendies qui se produisent parfois en été; une
armée peut tout à fait marcher sous le couvert des arbres sans
se faire repérer depuis la Tour de Cristal. La citadelle reste
tout de même une splendide fortification, qui permet de
donner un refuge à toute la population environnante au cas où
une armée de Gobelins marcherait sur le royaume.
Cariele
Cariele est une contrée développée, et riche. Le
régent qui gouverne Cariele doit faire de son mieux pour
protéger le royaume des dangers extérieurs et intérieurs, car
certains ne reculeraient devant rien pour s’approprier une
partie de cette richesse.
Le peuple
Les habitants de Cariele sont typique des Anuiréens
qui vivent au nord, dans des conditions de vie difficile  : ils
sont robustes, calmes, et affrontent les dangers sans ciller. Les
Anuiréens du sud les trouvent parfois un peu désagréables et
rustres, mais tous admettent leur courage et leur volonté.
Cariele, malgré son développement et sa richesse, est
un pays difficile à vivre. L’hiver est très dur à supporter,
essentiellement parce qu’il est long; les gens les moins riche
ont du mal à subvenir à leurs besoins pendant toute la durée
de l’hiver, les mauvaises années. Par chance, la solidarité qui
règne dans les petites communautés fait que rares sont les
personnes qui meurent de faim. Quant au froid, ce n’est pas le
bois de chauffage qui manque.
Un certain nombre d’habitants a adopté un mode de
vie Elfique, en partie. C’est souvent surprenant pour un
visiteur de lever la tête et d’apercevoir des huttes, des cabanes
et des coursives de bois entre différents arbres, à une dizaine
de mètres du sol.
Le climat
Cariele a un climat plutôt favorable. Des courants
chauds en automne et au printemps, venus de la Mer des
Orages, maintiennent une agréable fraîcheur, et assurent des
précipitations bienvenues pour la forêt. L’été est chaud et sec,
mais les pluies de printemps suffisent à faire germer les
quelques cultures qui se pratiquent dans les clairières
d’Aelvinnwode.
L’automne en Cariele est un spectacle à couper le
souffle. la forêt s’embrase de mille couleurs, chaque arbre,
chaque feuille, étant d’une teinte différente. La saison a
inspiré de nombreux poètes et peintres, et les ballades sur
Cariele en automne sont des grands classiques sentimentaux
de toutes les bonnes auberges d’Anuire…
L’hiver, cependant, est moins agréable. Il gèle
souvent, mais la présence de la forêt limite la chute de
température. Loin de la protection de la forêt d’Aelvinnwode,
au sud, il arrive qu’il fasse plus froid en hiver là-bas qu’en
Cariele. Le principal défaut de l’hiver est sa durée; les
courants de vent s’inversent durant la saison, soufflant vers
l’ouest, et amènent avec eux l’air froid de Markazor et de la
Gorgone - une légende répandue dit que l’hiver est le souffle
du monstre, qui tente de paralyser les défenseurs de la forêt
pour la soumettre à son contrôle. De plus, les précipitations
sont nombreuses et le pays est invariablement noyé sous la
neige, un spectacle magnifique pour la forêt, mais moins
intéressant pour le commerce, la progression devenant lente
pour les caravanes, même sur les pistes.
De temps à autres, les vents s’affaiblissent et
changent de sens, repoussés par le Souffle de Grêle, un violent
vent venu du nord. Il charrie son content de nuages en
provenance des Silverheads Mountains en Rjuriks, et il n’est
pas rare qu’après un jour ou deux de ce vent (qui souffle
rarement pendant plus d’une semaine), des orages aux
proportions énormes éclatent sur le pays, la foudre frappant
les plus hauts arbres de Cariele.
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Situation Politique
Au coeur de la variété
Cariele est dans une situation politique unique. Peu
de royaumes humains peuvent se targuer d’avoir une telle
diversité parmi leurs voisins - ce qui n’est pas toujours un
avantage.
Le royaume a toujours manifesté assez peu
d’attention aux royaumes frontaliers, en dépit des menaces
qu’ils représentent. En retour, Cariele reçoit peu d’intérêt de
la part de ces pays, ce qui est un avantage précieux.
La forêt de Thuarievel
Autrefois, avant l’arrivé des hommes sur Anuire, les
Elfes dominaient le continent de Cerilia. Les humains
apportèrent avec eux une nouvelle forme de magie, la magie
cléricale, et grâce à elle arrivèrent à repousser les Elfes dans
les forêts, avant de repousser les forêts elles-mêmes.
Thuarievel est une enclave au milieu des terres
humaines. Les immortels sont nombreux au coeur de la forêt,
et entourés de menaces qui pourraient les anéantir, même sur
leur terrain. De ce fait, les maîtres de Thuarievel tiennent leur
peuple dans une posture défensive. D’un autre côté, tout
humain qui s’aventure dans Thuarievel est abattu sans
sommation, ou capturé, et on n’en entend plus jamais parler -
en de rares occasions, et pour des raisons inconnues, il arrive
toutefois qu’un humain arrive à entrer et à ressortir des bois
en vie. Mais ce n’est pas une garantie suffisante, et les
bûcherons vont chercher leur bois ailleurs, car il n’y manque
pas. La gheallie Sidhe est toujours un fort sentiment parmi les
Elfes d’Aelvinnwode.
Récemment, les Elfes de Thuarievel sont restés
étrangement calmes. Aucun raid n’est à déplorer sur la
frontière est de Cariele. Pour les habitants du royaume, cela
peut signifier deux choses : soit les Elfes sont en train de
préparer une offensive majeure, soit ils ont rencontré une
menace bien pire que les humains, et qui monopolise toute
leur attention.
Markazor
Engoncé entre la mythique forêt d’Aelvinnwode et le
puissant royaume de Mhoried, Markazor a l’air bien faible. Il
n’en est rien. Les hordes de Gobelins qui vivent dans cette
contrée déferlent sur leurs voisins avec une régularité
inquiétante. Mhoried arrive à les repousser sans trop de
problèmes, mais Cariele ne dispose pas de la même puissance
militaire et a donc plus de mal.
Les attaques de Gobelins frappent périodiquement la
province de Mountainsedge, et la seule pensée réconfortante
est que les Elfes de Thuarievel subissent les mêmes raids. La
province est difficilement défendable du fait de son terrain
boisé et de la rapidité des Gobelins, souvent montés sur des
loups. Chaque offensive laisse son content de villages
incendiés et de réserves de grain pillées. Les habitants des
provinces ont tenté de s’organiser, construisant des pièges et
organisant des patrouilles; mais, après avoir subit quelques
revers, les Gobelins n’ont pas abandonné la partie malgré une
difficulté accrue - une indication inquiétante sur la volonté qui
les pousse à faire ces incursions. Les Gobelins attaquent
maintenant de nuit et sont donc quasiment impossibles à
arrêter.
Cariele
Malheureusement, Markazor est beaucoup plus
puissant qu’il en a l’air. La Gorgone, le mythique
awnsheglien qui menace Anuire et Cerilia, réside dans le pays
de Gorgon’s Crown, au nord-est de Markazor, et contrôle ce
dernier. Le pays n’est en effet qu’un régime fantoche
manipulé par la créature perverse, qui l’utilise comme une
plate-forme pour la conquête d’Anuire. Et Cariele en fait
partie. La Gorgone utilise souvent des escarmouches pour
tester la force de l’ennemi avant de lancer son attaque; Cariele
n’est pas sur le chemin de la Cité d’Anuire, mais la Gorgone
pourrait avoir envie de tester ses armées avant de les lancer
sur les restes de l’Empire d’Anuire.
Dhoesone
A moitié recouvert de steppes gelées balayées par les
vents, et à moitié recouvert de la forêt d’Aelvinnwode,
Dhoesone, à la différence de Cariele, est un pays sauvage et
presque inexploré. Malgré ses nombreux camps de bûcherons,
le pays est le foyer de nombreuses tribus Elfes dont on dit
qu’elles vivent au milieu des sapins. Les Humains qui vivent
dans les bois agissent avec discrétion et gardent leurs pensées
pour eux - ils peuvent ressentir la présence des Guildes parmi
eux, et un “accident” se produit parfois contre ceux qui ont
prononcés un mot de trop; ou leur famille. En revanche, pour
les quelques élus qui réussissent à gagner leur confiance, le
peuple de Dhoesone apparaît comme amical et même
secourable - spécialement envers ceux qui agissent contre les
Guildes.
Le peuple des steppes est composé d’éleveurs de
moutons, et chaque habitant est constamment à l'affût des
nombreux dangers du pays - les ravins, les crevasses, les
chasseurs Rjuriks, et des Géants en furie. Cette vie difficile,
associée au vent glacial et au pays inhospitalier, donne un
aspect assez peu Anuiréen à la population; celle-ci ressemble
davantage aux Rjuriks du nord.
Dhoesone est contrôlé par une Demi-Elfe, fille du
vieux Baron de Dhoesone et de la précédente reine de
Thuarievel. Fiele Dhoesone est engagée dans une guerre de
longue haleine avec les guildes de son royaume, qui le
contrôlent presque autant qu’elle. Des rumeurs viennent
périodiquement faire étalage de la faiblesse de la souveraine,
qui essaye de décourager de tels racontars; mais, à moins de
les interdire par un décret (ce qu’elle ne se résoudrait jamais à
faire), elle a peu de moyen de contredire l’indéniable vérité.
Paradoxalement, Dhoesone entretient une puissante
armée. En fait, Fiele Dhoesone ne contrôle qu’une partie de
cette force; le reste vient de Boeruine, de Mhoried, et de
Ghoere, de puissantes contrées d’Anuire qui se sont mises
d’accord pour protéger les frontières du nord de l’ancien
Empire. En plus de cela, une unité de Gobelins de Thurazor,
et des Elfes envoyés par Thuarievel finissent de constituer
l’armée la plus hétéroclite qui ait jamais existé - une armée
hétéroclite, mais nombreuse.
Mhoried
La dynastie des Mhor remonte à l’Empire d’Anuire.
En fait, Mhoried est la survivance d’un des Douze Duchés.
Daeric Mhoried est un piètre politicien, faible et dénué
d’ambition. Il est incapable d’anticiper, au point de n’ériger
les lois que quand son peuple en fait la demande - et il faut un
sacré manque dans la législation pour que des délégués
viennent se plaindre au palais.
D’un autre côté, le régent de Mhoried est aussi bon
chef militaire qu’il est piètre politicien. Ce qui en fait un
-5-
stratège très dangereux. Son pays est en première ligne face
aux hordes de la Gorgone, et c’est donc à lui de repousser ces
forces au mieux. De ce fait, le Duc entretient une puissante
force armée, grâce à la vigueur économique de son royaume,
et peut encore ajouter des unités militaires en piochant parmi
les miliciens de son peuple. Un fois, il est arrivé que les
armées de Mhoried arrivent à repousser la Gorgone à elles
seules.
Mhoried est désintéressé et isolationniste. Il ne
s’intéresse guère à ce qui se passe hors de son domaine,
excepté pour lutter contre son vieil ennemi, le baron Gavin
Tael de Ghoere, et pour essayer d’anticiper les attaques en
provenance de Markazor.
De ce fait, Daeric Mhoried a toujours considéré
Cariele comme un voisin complètement neutre. Le baron n’a
cure de ce qui se passe dans le royaume, et les relations entre
les deux domaines sont réduites au minimum depuis des
dizaines d’années.
Les Cinq Pics
Au sud-ouest, Cariele partage une frontière mal
définie avec les Gobelins des Cinq Pics. Par leur seule
présence, les hordes qui pullulent dans les montagnes boisées
menacent tous les pays avec lesquels la région peut avoir une
frontière - et Cariele ne fait pas exception.
Dire que les Cinq Pics sont en révolution permanente
est encore largement en-deçà de la vérité. La seule forme de
gouvernement de la région est l’organisation tribale - un gros
Gobelin pour être le chef, un chaman, et un ou deux fils du
chef pour exécuter les basses oeuvres. Il y a des dizaines de
tribus. Le gros problème qui se pose, c’est que cette forme
d’organisation ne permet aucune forme de trêve. Jamais les
tribus ne parviendront à un accord unanimement respecté.
Pire, si une tribu fait la paix avec un voisin, une autre,
ennemie de la première, se chargera de faire le chien dans un
jeu de quille en accomplissant des raids sur le voisin en
question, juste pour ajouter un peu au chaos ambiant.
De toutes façon, aucun accord n’est respecté. Un chef
ne reste à la tête de son clan que quelques semaines, le temps
de se faire renverser ou assassiner. Avec une pointe d’ironie,
on pourrait dire que les Cinq Pics sont une reproduction du
sud d’Anuire à une échelle réduite… Les Cinq Pics
prêteraient à rire si leurs hordes indisciplinées ne tentaient pas
régulièrement de se déverser sur Mhelliviene.
Cariele n’a jusqu’à présent pas eu trop de mal à se
protéger des Gobelins. Les Gobelins ne sont pas stupides; ils
préfèrent attaquer là où c’est le plus facile. Les unités
militaires en garnison le long de la frontière au sud, associée
au terrain particulièrement défavorable, suffisent à empêcher
les raids.
Il y a aussi une force supérieure dans les Cinq Pics.
Un (une ?) mage, qu’on appelle l’Eyeless One, dispose d’un
camp quelque part dans les montagnes. Personne ne sait si
c’est un homme ou une femme, ou même seulement s’il est
humain. Malheureusement, il semble beaucoup plus pervers
que les Gobelins - et beaucoup plus puissant. Jusqu’ici, le
mage a évité toute interaction avec Cariele. C’est une bonne
chose.
Thurazor
Le pays est aussi une nation Gobeline, mais, à la
différence des Cinq Pics, un semblant d’unité règne sur la
région, ce qui amène à la fois des avantages et des
inconvénients.
Cariele
Sans aucun doute, Thurazor est la plus civilisée des
nations Gobelines d’Anuire. Bien que ses habitants exploitent
la terre sans ménagement, le royaume est bien mieux tenu que
celui des Cinq Pics ou Markazor. Les Gobelins essayent de
respecter leur environnement - ils replantent des arbres après
en avoir coupés, et rebouchent les mines après en avoir extrait
leurs richesses. La préoccupation des Gobelins pour leur pays
est quelque chose que peu d’Anuiréens auraient jamais pensé
voir.
Bien sûr, ces considérations ne signifient pas pour
autant que les Gobelins se soient détournés de leurs pratiques
malsaines de guerre et de pillage - loin s’en faut. C’est juste
que le Roi de Thurazor, un vieux Gobelin vicieux du nom de
Tie’skar Graecher, a détourné leur attention des pratiques
traditionnelles d’attaques surprises et de carnages vers
d’autres champs d’activité, comme le commerce, qui lui
profitent plus. Ses sujets semblent comprendre les
Manipulations Royales, mais semblent aussi avoir peur de les
contrer. Les Gobelins de l’endroit travaillent donc, dans les
mines, à cultiver, ou à couper du bois. Les plus violents sont
envoyés à Dhoesone ou aux Cinq Pics pour servir comme
mercenaires.
Tie’skar Graecher a une diplomatie un peu aléatoire,
en plus de posséder un nom presque imprononçable. Le Roi
semble partir en guerre de temps à autres, juste pour se
débarrasser des éléments les plus gênants de sa population,
qu’il met en fer de lance de ses attaques. Le seul problème,
c’est qu’il lui faut un ennemi pour faire la guerre, et qu’il
tourne donc régulièrement son attention vers ses voisins.
Cependant, il respecte les traités qu’il signe avec Cariele,
même si ceux-ci sont de courte durée et donc qu’il faut les
renégocier périodiquement.
Personnages importants
Entier Gladanil, Roi du comté de Cariele
Le Roi de Cariele n’a pas oublié son caractère en
coiffant la Couronne Royale. Entier Gladanil (MA; T5; An,
minor, 20; NE) est arrivé au pouvoir à Cariele grâce à l’appui
des Guildes. Il n’a pas oublié qu’il a été jaugé, estimé, et
placé à ce poste parce que les Guilders le voyaient comme un
être malléable et faible - une grosse erreur qu’il tient à leur
faire payer. Très cher.
Ce fut une longue route, à partir d’une famille noble
de Riverford, qui amena le jeune homme aux cheveux noirs
de jais jusqu’au trône du comté de Cariele. Une route parmi
les Guildes de Cariele, pour se faire accepter d’elles en
cachant délibérément ses sentiments, et qu’Entier Gladanil
parcourut en se faisant passer pour un être faible et indécis,
malgré le fort Sang qui coulait dans ses veines. Le plan
ambitieux finit par porter ses fruits : correspondant au profil
que Mheallie Bireon recherchait, les Guildes firent pression
sur le vieux comte de Cariele pour qu’il prenne Entier comme
héritier. Le vieil homme décéda mystérieusement, peu après -
des rumeurs se mirent à dire que le comte n’avait plus grand-
chose à perdre et envisageait, enfin, d’essayer de reprendre le
contrôle du royaume aux Guildes. Il n’en eut pas le temps.
Entier Gladanil est trop intelligent pour se permettre
ce genre d’erreurs. En fait, au cours de ses multiples contacts
avec les marchands de la population de Cariele, il a pu
apprendre énormément de choses sur leurs techniques
d’assassinat, d’espionnage, et de chantage - au point de ne
plus les craindre. Et Entier est un bel homme, dans la force de
-6-
l’âge, et doté d’une grande vivacité naturelle, son trait de
caractère qu’il eut le plus de mal à cacher en attendant
d’arriver à la position qu’il occupe. Il ne sera pas une proie
aussi facile que le vieil homme qui l’a précédé sur le trône.
Entier sait néanmoins qu’il marche sur un terrain
dangereux : le moindre faux pas pourrait lui être fatal. Mais il
est bien décidé à tenter sa chance : reprendre Cariele au
contrôle des Guildes. Entier est un Anuiréen du Nord, et il ne
se laisse pas effrayer facilement.
Mheallie Bireon,
Reine souterraine et
Maîtresse Guilder
Mheallie Bireon (FA; T8; Br, major, 37) dirige d’une
poigne de fer, et sans prendre la peine de mettre des gants de
velours, les trois Guildes de Cariele. Autrefois indépendantes,
ces trois guildes, Stonecrown Coster, Source of the Maesil, et
Northlands Exchange, sont maintenant sous la coupe de la
marchande.
Mheallie Bireon est réputée pour une parole : « Un
jour, Cariele m’appartiendra » aurait-elle dit. Que ceci soit la
vérité ou de simples affabulations, il faut bien reconnaître que
c’est pratiquement la vérité dans les faits. La femme contrôle
absolument tout le commerce de Cariele, y compris ses
approvisionnements les plus vitaux, comme la nourriture en
hiver, et les outils de métal indispensables à la survie dans une
forêt.
De plus, Mheallie dispose aussi de la majorité du
contrôle de la Loi, et ce sur l’ensemble du domaine. Son
contrôle est principalement défensif, pour empêcher la levée
de taxes sur ses revenus, et maintenir les impôts à un niveau
acceptable; mais uniquement pour améliorer ses marges, pas
au nom d’un quelconque intérêt pour la population de Cariele.
Mheallie s’oppose à toute forme de contrôle qui pourrait lui
nuire : ainsi, l’armée de Cariele est réduite à un strict
minimum, la Guilde fournissant avec réticences des unités
mercenaires supplémentaires lorsque les tensions auprès des
frontières deviennent trop fortes.
La Maîtresse Guilder est âgée d’un peu plus de
quarante ans. Venant du sud, du coeur d’Anuire, elle a
beaucoup de finesse dans ses propos et agit avec des manières
qui dénotent une excellente éducation, propre aux plus hauts
nobles. Il est dommage que sous cette charmante façade se
cache un coeur de pierre et une brutalité sans aucune subtilité.
Larra Nielems, Grande Prêtresse de Sarimie
Sarimie est la Déesse de la richesse et du commerce.
Bien que son culte principal soit en Brechtür, la Déesse trouve
en Cariele un parterre de choix d’adorateurs, avec les Guildes
qui gèrent la vie de chaque habitant.
Autrefois, Aeric, le Dieu des Lieux sauvages, et
Haelyn, le patron d’Anuire et le défenseur de l’Empire,
étaient les Divinités majeures adorées en Cariele. Au fil du
temps, leur influence décrut et disparut complètement -
heureusement, leurs cultes perdurent dans d’autres endroits
d’Anuire et de Cerilia.
Larra Nielems est une jeune prêtresse ambitieuse.
Sous son commandement, le temple a beaucoup gagné en
importance, dans d’autres pays que Cariele. Elle voit son
église comme une organisation destinée à gagner de l’argent,
et elle y arrive bien. Larra s’efforce de développer l’influence
de Sarimie dans les villes et les cités plutôt que dans les petits
villages perdus au coeur de l’Aelvinnwode.
Cariele
En effet, c’est dans les grandes zones d’habitations
humaines qu’il y a le plus d’argent à prendre. Malgré tout, de
petites chapelles ponctuent les provinces plus sauvages.
Larra n’est pas toujours présente à la Cour de
Cariele; elle est souvent à Sonnelind, en Dhoesone, pour
essayer de convaincre la baronne du royaume de lever
quelque loi qui entraverait encore un peu la puissance
triomphante des Guildes.
Les Holdings de Cariele
Les forces en présence
Tout régent à la tête d’un pays se doit de composer
avec les autres puissances - commerciales, spirituelles, ou
magiques - de l’endroit. Ne pas le faire revient à entamer un
long et douloureux bras de fer avec d’autres régents, dont la
puissance réelle est difficile à estimer au premier abord. Les
autres Porteurs de Sang d’Anuire ont tous les liens entre eux,
et un régent calculant mal la force de sa cible risque toujours
de déclencher une réaction en chaîne catastrophique.
Au début de l’année 551 MR, la situation des
holdings de Cariele est la suivante :
Cariele
Province Loi Temple Guilde Source
Mhelliviene MB (3) NRC (5) MB (5) DD (0)
(5/2) EG (2) HA (0)
Mountainsedge MB (2) NRC (3) MB (3) EO (0)
(3/4) EG (1) HA (0)
Riverford (5/2) MB (3) NRC (5) MB (5) DD (0)
EG (2) OA (0) EO (0)
MB : Mheallie Bireon (Stonecrown Coster, Source of the
Maesil, Northland Exchange)
EG : Entier Gladanil
NRC : Nothern Reformed Church of Sarimie (Larra
Nielems)
HA : Haelyn’s Aegis (Antia Maricoere)
OA : Oaken Grove of Aeric (Günther Brandt)
DD : Daeric Dhoesone
EO : The Eyeless One
Les holdings de Loi
Cariele vit en paix. Les plus gros problèmes que le
pays doit affronter sont internes - et c’est une chance, car si
les menaces extérieures s’affirmaient, le royaume serait bien
en peine pour y répondre efficacement, du fait de son
instabilité intérieure.
Entier Gladanil dispose d’une partie du contrôle de
Cariele, mais en fait, ce contrôle est juste suffisant pour
l’empêcher de faire quoi que ce soit. Mheallie Bieron
maintient Entier Gladanil dans un état de servitude volontaire
qui convient tout à fait à l’ambition qu’elle a sur le royaume.
La Maîtresse Guilder contrôle le reste de la Loi. Elle
s’assure de ce fait que le régent ne fasse rien qui puisse
d’opposer à son commerce; mais elle n’en a pas eu besoin
dernièrement, considérant qu’Entier Gladanil est un pauvre
hère un peu inerte, ce qui la satisfait grandement. Mais Entier
compte bien profiter de ce relâchement pour faire comprendre
son erreur à la marchande.
Les Temples
Cariele, considérant sa position au coeur du
commerce, dispose évidemment d’une puissante religion,
choisie par Mheallie Bieron, et qui sied parfaitement aux
-7-
guildes : la Nothern Reformed Church of Sarimie. L’église
repoussa les anciennes croyances de la région avec la subtilité
d’un Gnoll qui charge - une méthode qui se montra pourtant
efficace. Maintenant, l’église de Sarimie assiste les Guildes
dans leur lutte pour la possession totale de Cariele - mais les
anciens cultes de la Passe de Cariele refont leur apparition,
avec la ferme intention de retrouver leur splendeur passée
dans le pays.
Les temples de Sarimie correspondent assez à ce à
quoi on est en droit de s’attendre de la part de la Déesse du
commerce. Une grosse délégation d’acolytes et de prêtres
canalisent les adorateurs, et les temples agissent comme lieux
d’échanges et arbitres pour les négociations, avec des salles
confortables réservées à cet effet.
Le petit peuple, quant à lui, peut se recueillir sur la
Fortune (ou plutôt son absence), et peut utiliser les balances et
les poids mis à disposition par les prêtres du temple pour les
ventes de légumes ou d’herbes cueillies dans la forêt -
moyennant un petit pourcentage sur la transaction pour
l’église de Sarimie, bien sûr.
Haelyn’s Aegis est un culte guerrier dédié au Dieu
Protecteur d’Anuire. Autrefois très suivi par les soldats en
garnison dans la passe qui traverse les Monts de la Couronne
de Pierre, le culte a perdu en importance avec leur départ,
pour ensuite se faire grignoter son influence par Sarimie. Mais
aujourd’hui, Antia Maricoere, à la tête d’un temple répandu
dans tout Anuire, espère bien repousser le temple de Larra
Nielems.
Oaken Grove of Aeric est un temple dédié aux lieux
sauvages, et à la nature. Très fort en Rjurik, le culte d’Aeric
ne se développa qu’assez peu en Anuire, la zone de
prédilection étant tout de même l’immense forêt
d’Aelvinnwode; ce qui représentait tout de même assez peu
d’adorateurs, les quelques rangers et bûcherons humains à
opérer au milieu des bois anciens. Actuellement en prise avec
l’église de Sarimie en Dhoesone, Günther Brandt, un Rjurik
au regard pénétrant et à la grande sagesse, espère redonner de
l’influence à son culte en empiétant sur la chasse gardée du
culte de Sarimie, Cariele.
Les Guildes
Trois guildes se partagent l’économie du pays. La
première, la plus ancienne, Stonecrown coster, se spécialisa
dans les caravanes et le transport de ravitaillement, destiné
aux gardes de l’Empire d’Anuire en garnison à la passe de
Cariele.
La seconde, Source of the Maesil, est une compagnie
de transport fluviale qui détient des barges sur le Maesil, le
plus grand des fleuves, qui court à travers Anuire, comme la
plus grande voie de communication à travers les restes de
l’Empire. La compagnie commença son activité avec le
transport des troncs coupés et des peaux, et étendit peu à peu
son activité vers d’autres marchandises.
La dernière, Northland Exchange, n’est pas originaire
de Cariele. Conglomérat disparate de petites Guildes ayant
besoin d’un porte-parole, Northland Exchange a des intérêts
commerciaux dans de nombreux pays. La Guilde transporte et
vend du matériel aussi bien que des denrées périssables, mais
jamais de matériel. Etant la plus en contact avec la
population, c’est celle que les habitants de Cariele connaissent
le mieux.
Mais ceci n’est qu’une frontière illusoire pour le petit
peuple. Entier Gladanil, et quelques autres régents d’Anuire,
savent que ces trois établissements ont peu à peu été dévorés
Cariele
de l’intérieur par une femme, Mheallie Bieron. Le régent à la
tête des établissements commerciaux utilise une variété de
noms pour donner le change, mais cela ne réussit guère qu’à
berner le petit peuple.
Malheureusement, Bieron dispose aussi d’un réseau
d’informateurs et de gros bras étendu et efficace, qui,
employé judicieusement, invite les régents trop curieux à
regarder dans une autre direction. Chacune des guildes est
protégée par des fortifications et des unités de mercenaires
cachées à la vue et aux investigations d’Entier; chercher à
trop en apprendre dans ce domaine pourrait faire tomber le
masque d’innocence qu’Entier Gladanil s’efforce de donner à
Mheallie Bieron.
Les Sources
La coupe des arbres est une activité tellement
importante dans le domaine que les mages du nord d’Anuire,
écoeurés, ont préféré aller prendre des sources ailleurs, dans
des endroits où la nature était moins menacée. Deux mages
sont revenus sur leur décision, et ont commencé à drainer une
partie de l’énergie magique du pays - quoi qu’à un niveau si
faible que personne ne leur accorde la moindre importance.
Daeric Dhoesone est le cousin de Fiele Dhoesone,
actuellement à la tête du pays qui porte son nom. Daeric est
désintéressé de Cariele : il ne veut que les sources du pays,
qui ne profitent guère à quiconque, pour mieux lutter contre
sa cousine Clumine Dhoesone, qui contrôle aussi une partie
des sources de Dhoesone. En fait, Entier Gladanil ne
s’intéresse pas beaucoup au mage, mais espère sincèrement
que la lutte d’énergie magiques qui occupe les deux sorciers
ne dérivera pas sur Cariele.
Le second mage à posséder des sources à Cariele, à
Mountainsedge et Riverford, est le mystérieux Eyeless One
des Cinq Pics. Son arrivée très récente indique bien que le
mage a commencé à s’intéresser sérieusement aux sources
magiques de Cariele, et ceci est plutôt un mauvais présage
pour le comté.
Situation et possessions d’Entier Gladanil
Les holdings ne sont pas tout dans un pays. Le régent
doit aussi garder à l’oeil certains paramètres, ou son domaine
partira à vau-l'eau, le pays se rebellant ou finissant en
banqueroute.
Les armées du pays comportent 9 unités, distribuées
équitablement dans le royaume; chaque province dispose
d’une unité de scouts, d’une unité d’archers, et d’une unité
d’infanterie.
Toutes ces unités coûtent seulement 3 GB par tour à
entretenir. C’est qu’Entier Gladanil ne paye réellement que
les archers; les autres troupes sont possédées et entretenues
par Mheallie Bieron - et en contrepartie, elles interviennent
comme le souhaite la maîtresse des Guildes.
Ces forces sont sans doute suffisantes pour protéger
le pays contre une invasion, à l’heure actuelle. La défense des
provinces contre les multiples raids le long des frontières est
en revanche plus difficile à garantir.
Les holdings et les provinces de Cariele coûtent 2 GB
par tour à entretenir (pour payer l’administration, et entretenir
les routes et les bâtiments). Chaque province est fortifiée : à
Riverford, Caerlinien est protégée par sa citadelle de cristal,
un château de niveau 5. Chacune des autres provinces du
domaine est protégée par une série de fortins frontaliers qui
donnent un niveau de fortification de 3. L’entretient de ces
-8-
défenses revient à 3 GB par tour, mais elles sont extrêmement
efficaces.
La Cour de Cariele est affligeante d’après les
standards diplomatiques habituels. Mais elle ne coûte que
1 GB par tour. Le niveau de Cour actuel de 1 entraîne une
pénalité de 4 au D20 sur toutes les actions diplomatiques.
Dans toutes les province, l’imposition est faible, Entier ne
pouvant se permettre plus d’imposition sans faire que les
provinces ne se rebellent. Evidemment, Mheallie Bieron a
interdit toute forme de taxation des guildes et des temples, et
Entier Gladanil s’est jusqu’ici plié à ses exigences. Jusqu’ici.
Le contrôle de la Loi est si faible que changer la politique de
taxation tournerait les habitants des provinces contre Entier, et
risquerait de ne pas rapporter beaucoup plus de revenus. De ce
fait, les taxations en vigueur sont les plus hautes possibles.
Ceci fait une balance équilibrée, quoiqu’un peu
faible. Avec un coût d’entretient total de 9 GB, contre un gain
de 9 GB, le royaume n’a aucune marge de manoeuvre
financière, et Entier est obligé de puiser dans les réserves pour
financer ses actions. Entier connaît un secret, cependant : le
trésor de Cariele se monte à 27 GB, suite à des époques un
peu plus fastes, et une gestion efficace. Personne ne sait que
le trésor a une telle ampleur, et les régents successif de
Cariele ont réussi à le cacher aux représentants des guildes et
des temples. Cet or pourrait être une sacrée surprise pour des
régents comme Mheallie Bieron, qui voient Cariele comme
faible et dépendant.
La loyauté du peuple est haute dans toutes les
provinces. Entier a gagné la confiance de son peuple : tous
espèrent qu’il saura les délivrer de l’influence néfaste et
contraignante des Guildes.
Rumeurs, Complots, et Secrets
Comme tous les pays d’Anuire, la lutte politique, les
intrigues, et les rumeurs de corruption forment l’essentiel des
ragots qui courent dans les rues des cités et des villages
forestiers, et finissent invariablement par rejoindre le maître
du comté. Généralement de mauvaise augure, les rumeurs et
les complots transportent toujours une part de vérité qu’il est
bon de prendre en considération.
De plus, tout régent a accès, de part sa position, à
certaines informations. Entier Gladanil ne fait pas exception à
cette règle, grâce à des informateurs, ou simplement par
recoupements. Les secrets révélés après ne sont connus que du
maître de Cariele et d’une poignée d’autres individus, et
pourraient bien changer une défaite en victoire.
Un accord caché
Entier Gladanil n’était pas regardant lorsque, peu
après son accession au trône de Cariele, il chercha un moyen
de mettre un terme à la domination souterraine de Mheallie
Bieron. Avec la plus grande finesse possible, il chercha des
alliés à l’étranger. Dhoesone ne fut finalement pas intéressé.
Les négociations avec le pays commencèrent toutefois avec
un peu de retard : le premier messager se fit tuer par une
embuscade Elfe alors qu’il portait la demande d’alliance à
Sonnelind.
Un Gobelin de Thurazor, en maraude du mauvais
côté de la frontière, tomba sur la dépouille du messager, et, le
fouillant, découvrit le message. Incapable de comprendre quoi
que ce soit, mais, voyant la qualité des vêtements du défunt,
Cariele
le Gobelin se mit à raisonner et vit qu’il pourrait tirer une
petite récompense de ce bout de parchemin.
Toujours est-il qu’un peu plus tard, Tie’skar
Graecher, le Roi de Thurazor, se trouva en possession du
parchemin qui ne lui était pas vraiment destiné. Mais il y
répondit.
Le Roi Gobelin de Thurazor offrit spontanément son
aide à Cariele dans sa lutte contre Mheallie Bieron, au cas où
la lutte d’influence tourne au conflit armé. Tie’skar Graecher
dit qu’il mettrait jusqu’à six unités de Gobelins à disposition
d’Entier Gladanil.
On peut se poser des questions sur la fiabilité du Roi
et la confiance qu’on peut lui accorder. Entier osera-t-il, si
l’occasion se présente, utiliser cette alliance et faire pénétrer
des Gobelins sur le territoire de Cariele ?
D’un autre côté, le Gobelin a montré de part le passé
qu’il était capable de tenir parole dans ses traités de paix, et a
peut-être envie d’envoyer à la mort une partie de ses ennemis
- habituellement, il les place à la tête de troupes destinées à
perdre la prochaine bataille. Cet accord en dit donc long sur
les chances de réussite que le Gobelin donne à Entier; mais
même un Roi Gobelin pourrait être surpris…
De toutes façons, les troupes sont toujours bonnes à
prendre si le cas se présente. Des rapports d’espionnage
indiquent que le Roi aurait pu être poussé par Adare Donheim
ou Gaelin Thuried, deux guilders de la région, implantés dans
le royaume Gobelin, entre autres, et qui voient dans la
déconfiture de Mheallie Bieron, si elle venait à perdre
Cariele, une opportunité à saisir.
Troubles à Thuarievel
Le royaume de Thuarievel fait face à de sérieux
problèmes internes. Il est assez difficile de savoir ce qui se
trame à l’intérieur d’un royaume Elfique, mais l’agitation qui
secoue le pays est si grande que certaines informations
arrivent à filtrer à l’extérieur de l’épaisse forêt qui tient lieu
de royaume aux Elfes.
Fhileraene, le Roi de Thuarievel, héritier d’une
extraordinaire lignée de Sang de Reynir, et proche parent de
Rhuobe Manslayer, l’Elfe Awnsheg qui règne sur un domaine
magique au sud-ouest, vient de mourir. Personne ne sait au
juste comment le Roi des Elfes a pu disparaître, même si les
Elfes semblent être au courant. Un portail sur le Monde des
Ombres pourrait être la cause du problème, Fhileraene étant
mort l’épée à la main, en défendant son royaume contre les
hordes de morts-vivants se déversant par l’ouverture sur
Cerilia.
Pourtant, quelque chose ne cadre pas dans cette
version des faits. C’est la seconde rumeur en provenance de la
forêt d’Aelvinnwode et de Thuarievel : avant de mourir, le
Roi des Elfes aurait transmis sa Bloodline à une femme,
humaine, dont il était épris, et qui porterait son enfant. La
jeune femme, dont le nom n’est pas connu, aurait juré de
transmettre le Sang à son enfant Demi-Elfe à naître, lorsqu’il
serait à même de régner sur Thuarievel, en tant qu’héritier
légitime de Fhileraene.
Cette histoire semble trop incroyable pour être prise
au sérieux, et pourtant l’agitation dans Thuarievel confirme
bien que quelque chose de grave vient de s’y dérouler.
Comment un Roi Elfe, qui, il y a encore quelques années, se
livrait à la gheallie Sidhe - la Grande Chasse des Elfes contre
les Humains - sur les frontières de son domaine, aurait-il pu
succomber aux charmes d’une humaine ?
-9-
Quoiqu’il en soit, la jeune femme fait face à des
troubles certains. La faction anti-humaine de la Cour du
royaume Elfique est loin d’avoir disparu avec le Roi, et
personne ne sait si la jeune humaine arrivera à se faire
accepter par les Elfes au point de pouvoir assumer la régence
en attendant la naissance de l’enfant - même de son vivant,
Fhileraene avait des ennemis, et une femme enceinte n’a pas
la même facilité à se défendre qu’un Roi Elfe. Il est à craindre
que l’humaine ne se fasse assassiner.
Le Jaillissement de Meblaigh
Cariele, malgré son terrain boisé, n’est plus un
domaine magiquement puissant : les guildes et les camps de
bûcherons ont finit par rompre la force de la mebhaighl en
bien des endroits, et la puissance magique du pays est bien
moindre que celle à laquelle on serait en droit de s’attendre de
la part d’un domaine forestier.
Les sources du pays ne sont toujours pas occupées,
cependant. Les mages de deux pays frontaliers ont commencé
à étudier la possibilité de tirer de la magie des zones encore
sauvages, mais pour l’instant ce contrôle est minimal.
Entier Gladanil est au courant d’un secret plutôt
intéressant. Après des investigations poussées dans les
archives de Caerlihannon, Entier trouva des récits indiquant
comment un ancien mage, Aren Muirambar, arriva à lancer le
fabuleux sortilège qui transforma la forteresse, de pierre en
cristal. La magie requise pour le sortilège était énorme, et
Cariele n’aurait pu la fournir. Mais le mage réussit pourtant. Il
y avait là un mystère.
Après quelques investigations, dans le royaume et
dans les archives, Entier trouva une piste. Et la piste se
confirma. Cariele dispose d’une source magique cachée d’une
puissance phénoménale. A la source du Maesil, une zone
montagneuse difficilement accessible et épargnée des guildes
de bûcherons, se trouve un nexus de pouvoir magique, un
caerbhaighlien. Une cascade magnifique, entourant une
clairière vibrante de vie et d’énergie magique, en est la
représentation.
En termes de jeu, le nexus magique est considéré
comme une source (7). Cette source est unique et indivisible -
un magicien doit créer une source (0) à cet endroit, et la
puissance du nexus propulsera directement son contrôle au
niveau (7). Cet endroit est considéré comme “hors de la
province” de Mountainsedge; cela signifie donc que la source
actuelle du mage appelé l’Eyeless One est sans rapport avec
cet endroit. Mais la percée récente du mage maléfique dans le
comté de Cariele pourrait bien indiquer qu’il est à la
recherche de quelque chose…
Dans les archives, Entier a vu également que le nexus
était imprévisible. La source magique, pour puissante qu’elle
soit, peut disparaître et réapparaître selon un schéma
irrégulier, qui possède certainement une logique, mais dont
Entier n’a pas réussi à percer le secret. Ce serait tout de même
regrettable que seul l’Eyeless One soit en mesure de profiter
du nexus…
Il conviendrait donc d’essayer de trouver un Mage de
la Cour de Cariele, ou un arrangement avec Daeric Dhoesone,
en échange de la révélation du secret de la source magique au
jaillissement du Maesil, le plus grand fleuve d’Anuire.
Stratégie et conseils
Cariele
Cariele est un comté qui subit depuis des siècles une
longue tradition : le contrôle des Guildes. Cette mainmise,
quasi institutionnelle, a peu à peu amené les régents à la tête
du comté à être de simples pantins, des valets sacrifiables, au
service du commerce de la région.
Entier Gladanil est un régent courageux et subtil qui
est bien décidé à rompre cette ligne de conduite. Pour
l’instant, personne n’est au courant de son dessein. Il va donc
falloir qu’il joue en subtilité au début, pour prendre de la
puissance sans attirer l’attention, avant de passer à la phase
décisive de son plan contre Mheallie Bireon : la rébellion. Ce
chemin est long et difficile, mais Entier est bien décidé à le
tenter - pour lui, et pour le royaume.
Pour ceci, Entier devrait essayer de commencer par
faire des entraînements ou des actions diplomatiques, pour se
fortifier lui-même ainsi que sa position, et se trouver des alliés
solides. Ce champ d’investigation n’est d’ailleurs pas limité
aux voisins immédiats de Cariele; Entier pourrait sans doute
obtenir une aide significative en s’adressant à des concurrents
de Mheallie Bireon dans d’autres parties d’Anuire.
Ensuite, ces actions ne coûtent pas trop cher et
évitent de dilapider la réserve d’or du royaume. Pour
améliorer la situation financière du royaume, la taxation des
Guilde et des Temples est possible, mais dangereuse, car
révélatrice de la position d’Entier. Une alternative
intéressante serait de monter la province de Mountainsedge au
niveau 4 : alors que Mheallie Bireon se jetterait sur le
nouveau niveau de Guilde à prendre, Entier capterait la Loi
pendant ce temps, et contrôlerait dès lors 50% de la Loi de la
province, ce qui lui permettrait de lever plus d’impôts sans
affecter sa popularité, en plus de revenus augmentés à cause
de la progression de la province. Un investissement serait
donc rentable dans cette province. La technique peut être
employée pour Riverford ou Mhelliviene; mais
l’accroissement de 1 de provinces aussi développé est coûteux
et a moins de chances de réussir.
L’autre possibilité est dangereuse, mais pleine de
potentialités. A la suite d’actions d’espionnage dans d’autres
région, Entier pourrait trouver des endroits où Mheallie
Bireon n’est pas implantée; il pourrait essayer de fonder des
guildes à ces endroits, et des Routes de Commerce qui lui
rapporteraient énormément d’or et d’influence. Le problème
de cette ligne de conduite, c’est que la maîtresse des trois
Guildes de Cariele peut toujours apprendre l’existence de
cette nouvelle guilde, et le nom de son propriétaire. Le second
danger, c’est que les Guilders concurrents de Mheallie, et qui
en seraient arrivés à soutenir Entier, ne reviennent sur leur
décision d’aider le royaume.
Les temples du royaume de Cariele sont inféodés à
Mheallie Bireon, à travers le culte de Sarimie. Pour affaiblir
la position de la marchande, il est indispensable de réduire
l’influence de ces temples. Engager des actions contre eux
risque d’être un peu trop visible, et Larra Nielems pourrait
engager le pays sur la voie de la révolte avec des campagnes
d’agitation. Non, mieux vaudrait se contenter d’appuyer avec
le niveau de province les actions des temples concurrents en
Cariele. Ce moyen est plus discret, plus facile, et plus
économique.
La magie est un autre problème. L’Eyeless One fait
peser un danger sur le comté par sa seule présence, et devrait
être bouté hors du royaume, si possible avant que le sombre
mage ne parvienne à prendre le contrôle du nexus magique à
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la source du Maesil - s’il parvient à détenir cette source,
Cariele ira au devant de gros ennuis. Daeric Dhoesone est un
mage amical et bienveillant, mais trop lié à la reine de
Dhoesone pour pouvoir faire office de Mage de la Cour. Il est
indispensable de trouver un lieutenant pour accomplir ce rôle,
un lieutenant mage porteur de Sang, même à une faible force;
la magie est un avantage dans toutes les batailles, et Mheallie
Bireon ne dispose pas de cet appui. Il faut donc la prendre de
vitesse sur ce point.
Au niveau des lieutenants, il serait également
judicieux de trouver un Guerrier pour commander
efficacement la petite armée du royaume, et superviser sa
défense. Il n’aurait pas besoin d’être porteur de Sang pour
cela; en revanche, il serait bon qu’il soit le plus expérimenté
possible. Les terres du nord, Rjuriks, regorgent de tels
individus.
Lorsqu’Entier sera devenu plus puissant, pour être
efficace comme régent, et pour résister plus facilement à des
tentatives d’assassinat qui deviendront inévitables, et que les
coffres du royaume déborderont d’or, il sera temps de penser
à déterrer la hache de guerre contre Mheallie.
Pour ce faire, une action de décret suffira à couper
toutes les routes de commerce en partance ou à destination du
royaume; cela devrait réduire drastiquement les revenus de la
Guilde. Ensuite, la taxation systématique des holdings, et leur
attaque répétée - ainsi que sur les holdings de Loi - par des
actions de contestation pourraient lancer Mheallie dans une
guerre d’usure à son désavantage. Cependant, si à ce moment
les temples du royaume sont toujours possédés par Larra
Nielems, Entier aura du mal à demander à ce temple les
nécessaire cérémonies d’investiture pour prendre le contrôle
des holdings contestés. C’est une raison supplémentaire de
chasser le culte du pays.
Le Roi de Cariele pourrait aussi employer la force,
mais cela semble être une mauvaise idée. La Guilder possède
déjà des troupes plus fortes que l’armée de Cariele sur le pays,
et personne ne sait exactement à quel point ses holdings de
Loi et de Guilde sont défendus.
La prudence reste de mise, car, dès ce moment,
Mheallie Bireon commencera aussi à agir contre le royaume.
Entier doit surveiller sa popularité. Si Mheallie
Bireon envisage de prendre le contrôle de Cariele, elle peut y
arriver, et dispose de plusieurs moyens pour cela. En tirant le
contrôle de la Loi d’Entier, et à la suite d’une campagne
d’agitation, la maîtresse de Guilde pourra arriver à
déstabiliser les provinces; il ne restera plus alors qu’à s’en
investir, grâce aux temples de Sarimie, complètement
inféodés à sa cause.
L’autre façon de gagner le contrôle de Cariele est
militaire; la Guilder dispose sans aucun doute d’un trésor
considérable, même en regard de celui de Cariele, qui lui
permettrait de lever une force mercenaire capable de faire la
différence dans le pays, malgré les fortifications qui le
parsèment. Heureusement, Entier dispose de quelques atouts
dans sa manche pour se défendre; mais si la lutte d’influence
devient militaire, le peuple de Cariele souffrira, sans aucun
doute, et l’issue du conflit restera bien incertaine.
Entier Cariele a réussit à se hisser au plus haut poste
du comté de Cariele, en usant de sa maîtrise supérieure de ses
sentiments et d’une absence totale de scrupules envers
quiconque. Ces qualités, digne d’un grand politicien,
suffiront-elle à lui faire reprendre le contrôle du pays ?
Stephane Montabert